Weiwen : quel avenir - Perspectives chinoises
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Weiwen : quel avenir - Perspectives chinoises
Perspectives chinoises 2013/1 (2013) Au nom de l'État : Interactions entre administrateurs locaux et citoyens ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Karita Kan Weiwen : quel avenir ? ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Karita Kan, « Weiwen : quel avenir ? », Perspectives chinoises [En ligne], 2013/1 | 2013, mis en ligne le 01 mars 2013, consulté le 01 février 2014. URL : http://perspectiveschinoises.revues.org/6502 Éditeur : Centre d'Études Français sur la Chine contemporaine http://perspectiveschinoises.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://perspectiveschinoises.revues.org/6502 Ce document est le fac-similé de l'édition papier. © Tous droits réservés Actualités Synthèse de presse du perspectives c hinoi se s cefc Weiwen : quel avenir ? Le maintien de la stabilité à l’ère du XVIIIe Congrès du Parti KARITA KAN A lors que l’on commence à y voir plus clair sur le transfert de pouvoir entre générations accompli par le Parti communiste chinois après de longues luttes de factions et d’intenses négociations à huis clos, les appels à une réforme politique deviennent plus forts. Pour leurs détracteurs, la décennie passée au pouvoir par Hu Jintao et Wen Jiabao a été décevante. Le rédacteur en chef du Study Times Deng Yuwen a ainsi rédigé une critique accablante énumérant dix graves problèmes (shida wenti 十大 问题) constituant l’héritage politique (zhengzhi yichan 政治遗产) du duo, déclarant que les problèmes créés lors de la dernière décennie pourraient bien peser plus lourd que les réussites (1). Dans Foreign Affairs, Damien Ma rend le gouvernement responsable d’avoir laissé derrière lui « un environnement politique probablement plus corrompu et oppressant que l’ère relativement entrepreneuriale et libérale des années 1990 » (2). Le spécialiste de politique chinoise David Shambaugh décrit Hu comme « un apparatchik hyper-conservateur, précautionneux, détestant prendre des risques et obsédé par la stabilité » (3). Gao Wenqian, conseiller de Human Rights in China, va plus loin en suggérant que le « plus grand héritage politique » du président sortant « est le maintien de la stabilité d’une main de fer » (4). En effet, l’expression weiwen, l’abréviation chinoise de « maintien de la stabilité » (weihu wending 维护稳定 ), s’est retrouvée associée de près à l’approche répressive du gouvernement Hu-Wen et à l’expansion draconienne de l’appareil politico-juridique et sécuritaire qui a eu lieu sous leur supervision. D’abord utilisé par Deng Xiaoping et introduit dans le discours officiel à la une du Quotidien du Peuple – « Stabilité par dessus tout » (wending yadao yiqie 稳定压倒一切) – lors du premier anniversaire de la répression de Tiananmen de 1989, l’utilisation du terme weiwen a coïncidé avec des conflits sociaux de grande importance tels que la campagne nationale de 1999 contre les membres de Falun Gong, organisation décrétée illégale (5). Mais c’est à partir de la seconde moitié de la décennie 2000, à l’époque du XVIIe Congrès et en tandem avec le slogan de Hu sur la construction d’une « société harmonieuse » (hexie shehui 和谐社会), que le weiwen a visiblement gagné en puissance rhétorique pour devenir une priorité nationale fondamentale. Le terme a depuis acquis de manière irréversible une connotation négative alors que l’État, poursuivant une politique sécuritaire, utilisait des méthodes violentes et autoritaires contre ses propres citoyens au nom de la protection de la stabilité. Les retombées de l’affaire de Chongqing, et l’exposition conséquente des excès des campagnes menées d’une poigne de fer par Bo Xilai et son conseiller en matière de sécurité Wang Lijun, ont néanmoins créé une occasion exceptionnelle de limiter le pouvoir croissant de l’appareil politicojuridique et de remettre en question la sacralisation du weiwen. Alors que nous entrons dans l’ère du XVIIIe Congrès du Parti, y a-t-il des signes de changement ? Le présent article suggère qu’en dépit des indices indiquant une No 2013/1 • perspectives chinoises réforme, les nominations récentes montrent que l’élite du pouvoir central reste préoccupée par les questions de stabilité et que la résistance au changement demeure aussi forte au niveau national qu’au niveau local. La réduction apparente de l’appareil politico-juridique s’est accompagnée de l’émergence parallèle du régime de « gestion de la société » (shehui guanli 社会管理 ), qui n’est qu’une forme réinventée de contrôle social. Il existe néanmoins des signes encourageants en faveur de la réforme des institutions complices de la répression des « mauvaises conduites » des citoyens, mais pour obtenir des changements significatifs, il faudrait une réforme en profondeur dans la définition et la mesure d’une gouvernance réussie. Un appareil politico-juridique affaibli ? L’annonce de la nouvelle équipe du Comité permanent du bureau politique (CPBP) en novembre 2012 a mis fin à des mois de spéculation avec une liste de noms qui a déçu les espoirs des réformistes. Non seulement Wang Yang et Li Yuanchao, relativement libéraux, ne font pas partie des sept membres retenus, mais nombreux au sein du CPBP sont ceux qui entretiennent des liens étroits avec l’ancien président Jiang Zemin, ce qui montre le triomphe du conservatisme politique et l’influence des anciens du Parti. On peut pourtant voir un signe important de progrès dans la réduction de la taille du CPBP de neuf à sept membres, ce qui s’est traduit par le déclassement du portefeuille de la sécurité intérieure. Le secrétaire de la Commission centrale des Affaires politiques et juridiques, ou zhengfawei (政法委), ne siègera plus au sein de l’organe de décision suprême mais seulement au sein du Bureau politique en compagnie de 24 autres membres. Cette rétrogradation représente pour le moins « une grosse réprimande » pour Zhou Yongkang, l’ex-tsar de la sécurité, qui avait largement étendu l’empire de cet appareil pendant ses cinq années de règne (6). 1. Deng Yuwen, « Hu Wen de zhengzhi yichan » (L’héritage politique de Hu et Wen), Caijing, septembre 2012, www.politicalchina.org/newsinfo.asp?Newsid=226783 (consulté le 25 janvier 2013). La traduction anglaise de l’article de Deng est disponible sur le site The China Story, www.thechinastory.org/2012/09/the-ten-grave-problems-facing-china (consulté le 25 janvier 2013). 2. Damien Ma, « Before and After Hu », Foreign Affairs, 7 novembre 2012, www.foreignaffairs.com/articles/138419/damien-ma/before-and-after-hu (consulté le 25 janvier 2013). 3. William Wan, « China’s Hu seeks to exert influence long after he leaves power », Washington Post, 6 novembre 2012. 4. Human Rights in China, « Dancing in Shackles: on Xi Jinping and the 18th Party Congress », China Rights Forum, décembre 2012, www.hrichina.org/crf/article/6428 (consulté le 25 janvier 2013). 5. À propos de l’usage du terme weiwen dans la Chine des réformes, voir l’analyse détaillée de Qian Gang sur le China Media Project, http://cmp.hku.hk/2012/09/14/27074 (consulté le 25 janvier 2013). 6. Shi Jiangtao, « Beijing begins the big political reshuffle », South China Morning Post (ci-après SCMP), 20 novembre 2012. 93 Actualité s Le puissant zhengfawei supervise non seulement le ministère de la Sécurité publique (c’est-à-dire de la police), le ministère de la Sécurité d’État (c’està-dire la police secrète), le Parquet et les tribunaux, mais exerce aussi son contrôle sur la milice et la Police armée du peuple (force paramilitaire responsable de l’ordre civil), en même temps qu’il supervise les forces de sécurité « officieuses » telles que les informateurs citoyens engagés par les gouvernements locaux (7). Une récente enquête du Yanhuang Chunqiu montre qu’il n’a pas toujours joui de pouvoirs aussi larges. Pendant les années 1980 ont eu lieu des tentatives claires des réformistes de limiter ses fonctions, et pour un temps après 1988 le zhengfawei fut remplacé par un Petit groupe dirigeant pour les Affaires politiques et juridiques (zhengfa lingdao xiaozu 政法领导小组) (8). Après Tiananmen, le zhengfawei fut toutefois ranimé pour des raisons évidentes et entama un premier cycle de renforcement de ses pouvoirs au début des années 1990 (9). Le besoin d’éliminer Falun Gong devint un prétexte pour continuer à renforcer l’appareil de weiwen en 1999, lorsque le Petit groupe dirigeant pour le Travail de maintien de la stabilité (zhongyang weiwen gongzuo lingdao xiaozu 中央维稳工作领 导小组) fut mis en place (10). Quand Zhou Yongkang prit la tête du zhengfawei en 2008, la Chine vivait sa « première vague » (diyige langjian 第一个浪尖 ) d’incidents de masse (quntixing shijian 群体性事件 ) (11). Pour étendre la portée de son pouvoir, Zhou se mit à construire des infrastructures de maintien de l’ordre à l’échelle du pays entier, créant des bureaux de weiwen à tous les niveaux gouvernementaux jusqu’au bas de l’échelle dans les bourgs et les cantons (12). Une dynamique puissante permit de maintenir ce système monolithique en mouvement. L’évaluation et la promotion des fonctionnaires furent ajustées de telle manière que la capacité à maintenir la stabilité devint un facteur clé dans l’évaluation de leur performance (13). L’introduction de la politique du « veto par une voix » signifie que les cadres qui échouent à maintenir la stabilité peuvent être sanctionnés même s’ils enregistrent d’excellentes performances économiques (14). La logique biaisée exprimée dans la formule « la compétence, c’est aplanir les difficultés ; la stabilité, c’est régler les problèmes ; le talent, c’est l’absence d’incidents » (baiping jiushi shuiping, gaoding jiushi wending, meishi jiushi benshi 摆平就是水平、搞定就是稳定、 没事就是本事 ) génère une forte motivation qui prédispose les agents de l’État à utiliser n’importe quel moyen disponible afin d’éradiquer toute agitation dès les premiers signes (loutou jiuda 露头就打) afin d’assurer l’avancement de leur carrière. Cette approche répressive a bien sûr conduit à l’effet pervers d’exacerber les tensions et d’inciter à des manifestations de plus en plus perturbatrices. Malgré son apparente inefficacité, et sans parler de son coût non négligeable en termes de restriction des droits des citoyens et de l’État de droit, le gouvernement central comme les pouvoirs locaux ont aligné leurs intérêts avec la poursuite du système. Pour les fonctionnaires locaux, en plus des succès politiques (zhengji 政绩), il y a eu des récompenses financières à récolter. Le prétendu besoin de maîtriser les individus « menaçants » comme les activistes autorise les bureaux locaux de la sécurité à demander de plus gros budgets et l’affectation de fonds spéciaux. Par exemple, avant son évasion, les « dépenses » engagées pour assigner l’avocat aveugle Chen Guangcheng à résidence étaient de 60 millions de yuan pour l’année 2011 seule et impliquaient 100 personnes, policiers locaux et cadres (15). Cette somme était accordée au gouvernement du canton dans lequel Chen était retenu sous la forme d’un transfert ponctuel depuis le district, avec de nombreuses couches d’intérêts captant des bénéfices financiers entre les deux (16). La politique de weiwen rapporte donc de l’argent aux fonctionnaires : des arres94 tations et des détentions sont réalisées uniquement pour que les ressources continuent à affluer. Le gouvernement central, de son côté, peut garder les mains propres en déléguant l’usage de la violence aux forces de sécurité locales. Si des actions violentes contre les citoyens sont révélées, le gouvernement central peut commodément fuir ses responsabilités et même renforcer son image de probité en punissant les fonctionnaires locaux malfaisants (17). L’opposition publique au maintien de la stabilité a grandi avec les années. En 2010, le groupe de recherche en développement social du département de sociologie de l’Université Tsinghua publia le premier rapport universitaire détaillé présentant une critique systématique de la logique faussée de la politique de weiwen (weiwen beilun 维稳悖论) et du cercle vicieux qu’elle a engendré (18). Sous le titre non-assumé Institutionnaliser la représentation de l’intérêt pour réaliser la stabilité sociale à long terme, le rapport de 30 pages est une tentative concertée d’un groupe d’universitaires, donc font partie Sun Liping, Shen Yuan et d’autres, pour attirer l’attention sur les dangers de « la recherche de la stabilité sans égard à son coût » (buxi daijia zhiqiu wending 不惜代价、只求稳定). L’approche par campagnes politiques (yundongshi zhili 运动式治理 ), qui se base sur un modèle rigide de commandement vertical et de mobilisation politique (chuizhi mingling zhengzhi dongyuan 垂直命令、政治动员), a conduit à substituer à la loi un pouvoir débridé (yiquan daifa 以权代法). Ce mépris effréné pour l’État de droit a directement contribué à l’état actuel de détérioration des relations sociales jusqu’au point critique d’un possible effondrement du régime (shehui kuibai 社会溃败). Les symptômes d’un effondrement imminent, avertissent les universitaires, sont déjà présents : le pouvoir exécutif s’exonère de tout contrôle (xingzheng quanli shikong 行政权力失控) ; les conglomérats d’intérêts ne subissent aucune contrainte (qiangshi liyi jituan siwujidan 强势利益集团肆 无忌惮) ; les forces obscures et maléfiques contrôlent le pouvoir local (difang wei hei’e shili suo shentou he kongzhi 地方为黑恶势力所渗透和控制 ) et l’équité sociale et la justice ont subi une grave érosion (shehui gongping zhengyi zaoshou yanzhong qinshi 社会公平正义遭受严重侵蚀). Le coût insupportablement élevé de la politique de weiwen, payé par les gouvernements locaux a également attiré des critiques généralisées. Dé7. Willy Lam, « Chen Guangcheng fiasco shows dim prospects for political-legal reform », China Brief, vol. 12, n° 10, 11 mai 2012. 8. Zhou Yongkun, « Zhengfawei de lishi yu yanbian » (L’histoire et l’évolution du zhengfawei), Yanhuang Chunqiu, septembre 2012, p. 7-14. 9. Ibid. 10. Xie Yue, « The Political Logic of weiwen in contemporary China », Issues and Studies, vol. 48, n° 3, septembre 2012, p. 1-41. 11. Selon une estimation, le nombre d’incidents de masse organisés a augmenté de 124 000 en 2008 à plus de 280 000 en 2009. En comparaison, il y avait à peu près 87 000 incidents en 2005. He Qinglian, « China’s stability maintenance system faces financial pressure », China Rights Forum, décembre 2012. 12. Xie Yue, art. cit. 13. Xie Yue, art. cit. 14. Xie Yue, art. cit. Sur le système « veto par une voix », voir « Yipiao foujue bei lanyong » (Les abus du système « veto par une voix »), China Newsweek, n° 598, 28 janvier 2013. 15. Wang Nan, « Chen Guangcheng zaoyu baoguang weiwen jingjiquan » (L’épisode Chen Guangcheng met à jour l’économie du weiwen), Voice of America, 1er mai 2012, www.voanews.com/chinese/news/20120502_for_local_officials_suppressing_chen_is_also_a_business_endeavor-149907 315.html (consulté le 25 janvier 2013). 16. Ibid. 17. Peter Mattis, « Zhou Yongkang and the tarnished reputation of China’s police », China Brief, vol. 12, n° 7, 30 mars 2012. 18. Groupe de recherche sur le développement social, « Yi liyi biaoda zhiduhua shixian shehui de changzhi jiu’an » (Institutionaliser la représentation des intérêts pour atteindre une stabilité sociale sur le long terme), Tsinghua University, avril 2010. perspectives chinoises • No 2013/1 Karita Kan – Weiwen : quel avenir ? nonçant le « trou noir » financier occasionné par cette politique (tianjia weiwen de wudidong 天价维稳的无底洞 ), un éditorialiste du Guangming Ribao note que dans de nombreuses localités, le coût de la politique de weiwen égale les montants dépensés en aides sociales, voire les dépasse (19). À Canton, 4,4 milliards de yuan ont été dépensés pour le maintien de la stabilité en 2007, chiffre à mettre en comparaison avec les 3,52 milliards de yuan consacrés au fonds de sécurité sociale (20). La situation est particulièrement désespérée dans les régions plus pauvres de l’intérieur, dans lesquelles les gouvernements locaux sont sujets à une forte pression fiscale et obligés de réaliser des coupes dans les aides sociales. En mars 2012, le coût de la politique de weiwen a fait les gros titres alors que les dépenses de sécurité publique étaient sur le point d’augmenter de 11,5 % à 700 milliards de yuan, à comparer aux 670 milliards de yuan du budget de la défense (21). L’analyste He Qinglian estime qu’au moins 80 % de cette somme sont destinés à financer des organismes de violence étatique, au moins la moitié de cet argent allant à la sécurité publique et à la police paramilitaire (22). Les critiques se sont aussi portées contre la logique biaisée sous-jacente à l’approche répressive du maintien de la stabilité. L’avocat Chen Youxi soutient que l’obsession gouvernementale pour le weiwen traite par erreur les citoyens comme des ennemis de l’État et comme une masse ignorante (buming zhenxiang de qunzhong 不明真相的群众 ), adoptant ainsi des méthodes machiavéliennes (quanmoushi 权谋式) qui ne traitent pas la source du mécontentement populaire. Chen critique également la foi superstitieuse dans le pouvoir de la police (mixin gongquanli 迷信公权力) qu’il qualifie de naïve et irréfléchie (23). De la même manière, le critique Xia Nan attaque la mécanique perverse visant à atteindre la stabilité absolue (dui juedui wending de bingtai zhuiqiu 对绝对稳定的病态追求). Pour Xia, l’impératif prioritaire de « résoudre les conflits dès le plus bas niveau » (ba maodun huajie zai jiceng 把矛盾化解在基层 ) contribue directement à l’inquiétante normalisation de méthodes abusives lors de la formation des fonctionnaires de base jusqu’à créer une insensibilité morale (24). La purge de Bo Xilai et le réexamen de ses campagnes anticorruption (dahei 打黑 ) à Chongqing ont ouvert la voie à plus d’avis divergents. Les récits de victimes des abus soufferts en conséquence d’un exercice incontrôlé du pouvoir à Chongqing ont fourni une base solide aux appels à la réforme (25). En mai, un groupe de vétérans du Parti communiste a écrit à Hu Jintao pour l’exhorter à renvoyer Zhou Yongkang (26). Le rapport de travail de Hu lors du XVIIIe Congrès du Parti et le Livre blanc sur la réforme judiciaire dévoilé en octobre 2012 offrent également des signes d’espoir annonçant une plus grande importance accordée à l’État de droit (27). taires du zhengfawei provincial (30). De l’autre côté, les nominations de nouveaux chefs régionaux démontrent toujours une préférence pour les fonctionnaires ayant une expérience du weiwen. Wang Rulin et Xia Baolong, gouverneurs promus récemment secrétaires provinciaux du Parti, respectivement du Jilin et du Zhejiang, ont tous deux travaillé par le passé comme secrétaires du zhengfawei provincial (31). Même les prétendues nouvelles stars de la « sixième génération » ont des états de service au mieux douteux. Hu Chunhua, 49 ans et nouveau secrétaire du Parti de la province du Guangdong, était précédemment chef du Parti en Mongolie intérieure où il est reconnu pour avoir réprimé « avec succès » les manifestations ethniques des minorités mongoles. Son transfert vers le Guangdong a créé la suspicion que Pékin se prépare à appliquer une politique plus ferme pour discipliner cette province capricieuse. En ce qui concerne l’avenir, une évolution notable est l’accent renouvelé mis sur la « gestion de la société ». L’expression a suscité une large attention après le discours de Hu Jintao de février 2011 dans lequel il appelait à la construction innovante d’un « système de gestion sociale socialiste à caractéristiques chinoises » afin d’« assurer une société harmonieuse et stable ». La même année, la Commission centrale pour la gestion globale de la sécurité publique (Zhongyang shehui zhi’an zonghe zhili weiyuanhui 中央 社会治安综合治理委员会 ) était renommée Commission centrale pour la gestion sociale globale (Zhongyang shehui guanli zonghe zhili weiyuanhui 中央社会管理综合治理委员会 ), nom raccourci en zongzhiwei. Le changement de nom s’accompagna de l’expansion de l’appareil du zongzhiwei avec l’adjonction de 11 nouvelles subdivisions, de telle manière que l’institution peut se prévaloir de 51 départements. Selon le Century Weekly, de nombreuses provinces ont, ces dernières années, rehaussé le niveau de l’agence en faisant de leurs secrétaires provinciaux du Parti ou des vice-secrétaires du Parti les présidents du zongzhiwei (32). Au niveau municipal, on trouve des cas dans lesquels le secrétaire du Parti et le maire assurent conjointement le rôle de chef du zongzhiwei (shuangzhuren zhi 双主任制). Dans la rhétorique officielle, la gestion sociale doit apporter une approche de la gouvernance plus orientée vers les services, mettant l’emphase sur la Réinventer la gouvernance sociale 25. Pour ce genre de comptes-rendus, voir par exemple la série en quatre parties du South China Morning Post sur les campagnes de Bo Xilai à Chongqing, la première étant : Keith Zhai, « In the dungeon of Bo Xilai », SCMP, 19 décembre 2012. 19. « Tianjia weiwen de wudidong you duoshen? » (Le puits sans fond du coût du maintien de la stabilité), Guangming Ribao, 9 juin 2010. 20. Ibid. 21. « 700b yuan bill to guard against enemy within », Reuters, 6 mars 2012. 22. He Qinglian, art. cit. 23. Chen Youxi, « Gaoya weiwen de cuowu » (Les erreurs du maintien répressif de la stabilité), Economic Observer, 26 décembre 2011. 24. Xia Nan, « Yihua de weiwen » (L’aliénation du weiwen), Caijing, 12 septembre 2011. L’ampleur des changements réels reste toutefois incertaine. D’un côté, le déclassement du poste du secrétaire du zhengfawei implique une limitation sans ambiguïté du pouvoir de Meng Jianzhu, le successeur de Zhou Yongkang. Meng n’est plus « son propre juge » car il aura « à répondre » devant un membre du Comité permanent du bureau politique (28). Des rumeurs circulent selon lesquelles le ministre de la Sécurité publique pourrait être sorti de la structure du zhengfawei et placé sous le contrôle du Conseil des Affaires de l’État, une décision qui affaiblirait sûrement davantage la position de Meng (29). Au niveau régional, les signaux sont moins clairs. D’un côté apparaît une réduction des pouvoirs du zhengfawei. En janvier 2013, seuls sept directeurs de bureaux provinciaux de la Sécurité publique étaient en parallèle secréNo 2013/1 • perspectives chinoises 26. Michael Bristow, « China veterans urge sacking of Zhou Yongkang », BBC, 16 mai 2012. 27. Carl Minzner, ibid. 28. Chris Buckley, « Exclusive: China considers downgrading domestic security tsar in next line-up », Reuters, 29 août 2012. 29. Peter Mattis, « Year-end questions on political-legal reform », China Brief, vol. 13, n° 24, 14 octobre 2012. 30. Ces sept provinces sont l’Anhui, le Hebei, le Gansu, le Ningxia, le Jiangxi, le Hunan and le Guizhou. « Shengji zhengfa renshi tiaozheng kaiju » (Le remaniement commence pour le personnel du zhengfawei de niveau local), Caixin, 6 janvier 2013, http://china.caixin.com/2013-0106/100480037.html (consulté le 25 janvier 2013). 31. Willy Lam, « Regional chief selections highlight continuity in leadership development », China Brief, vol. 13, n° 1, 4 janvier 2013. 32. Chen Baocheng, « Zongzhiwei bianshen yinian kao » (Évaluer le zongzhiwei un an après sa transformation), Century Weekly, 21 septembre 2012. Les informations sur la composition de l’équipe dirigeante du zongzhiwei dans le reste du paragraphe sont tirées du même article. 95 Actualité s construction de quartiers (shequ jianshe 社区建设) et la promotion des organisation sociales (shehui zuzhi 社会组织). Sebastian Veg observe toutefois que l’émancipation de la société, plutôt que d’entraîner un relâchement du contrôle, pourrait en fait être le signe d’une transition vers un nouveau genre de gouvernance dans lequel « des structures non gouvernementales soigneusement approuvées sont utilisées pour attirer certains secteurs de la société dans l’orbite de l’État, et en dernier lieu leur sous-traiter le contrôle de la société » (33). En particulier, le zongzhiwei, redynamisé, bénéficie de liens étroits avec le zhengfawei et ses avatars. Dans de nombreuses localités, les deux organismes partagent les mêmes équipes et bureaux (heshu bangong 合署办公). La pratique d’un gouvernement par un « numéro un » (yibashou 一把手) qui dirige plusieurs départements est généralisée. Avant le remaniement des chefs régionaux, les chefs du zhengfawei des provinces du Hebei, de l’Anhui et du Yunnan étaient simultanément chefs de la sécurité publique et du zongzhiwei. Dans d’autres endroits, il n’est pas rare que des chefs de la sécurité publique, des présidents de tribunaux, des procureurs généraux et même des militaires remplissent en même temps les fonctions de directeurs adjoints du zongzhiwei. Le zongzhiwei bénéficie donc de larges pouvoirs inter-départementaux au sein du Parti, du gouvernement et de l’armée, sans aucun doute utiles à « l’organisation et la coordination » (zuzhi xietiao 组织协调) des efforts visant à « maximiser les facteurs contribuant à l’harmonie et [à] minimiser ceux qui lui sont néfastes » (34). À la lumière de la perte de légitimité du zhengfawei et de l’appareil de sécurité publique, la montée en puissance du zongzhiwei et le recours plus fréquent à la rhétorique de la gestion sociale comme nouveau jargon politique sont notables et posent la question cruciale de savoir s’ils correspondent à une forme réinventée de contrôle social (35). Réformer les institutions de répression L’ère du XVIIIe Congrès du Parti pourrait aussi être celle de progrès dans la réforme de quelques institutions violentes au bas de la chaîne de production (chanyelian 产业链 ) du weiwen. Ces institutions, légales ou extralégales, remplissent la fonction spécifique d’aider les gouvernements locaux à neutraliser les individus déviants – pétitionnaires, manifestants, défenseurs des droits de l’homme – afin de préserver l’ordre social. Il est question ci-dessous de trois de ces institutions, à savoir le système de rééducation par le travail, les établissements psychiatriques et le réseau national de « prisons noires » [illégales], ainsi que des tentatives récentes pour ramener ces institutions dans le cadre d’un État de droit. La rééducation par le travail L’une des institutions les plus connues de l’appareil de maintien de la stabilité est le système de rééducation par le travail (laodong jiaoyang 劳动教 养), communément appelé laojiao. Institué sur le modèle du goulag soviétique, le système fut initialement mis en place au milieu des années 1950 pour incarcérer les personnes arrêtées au cours de la Campagne de suppression des contre-révolutionnaires (zhenya fan geming yundong 镇压反革命 运动) du début des années 1950 (36). Il fut rapidement utilisé par Mao Zedong pour enfermer les opposants pendant le Mouvement anti-droitiers (fanyou yundong 反右运动) et mettre en détention les délinquants. Ses règles arbitraires ont transformé le système en un outil commode pour les autorités locales, des communes aux brigades de production. Le nombre des réformés 96 par le travail passa de 36 983 en 1957 à près de 500 000 en 1960 (37). L’utilisation du laojiao déclina pendant la Révolution culturelle, mais l’institution fut vigoureusement revitalisée, étendue, et de fait légalisée par une série d’avis et de règlementations annoncées à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Il s’est produit depuis « une vaste explosion du nombre de délits passibles de laojiao », puisque le système à été employé contre les manifestants en faveur de la démocratie après la répression de Tiananmen en 1989, les pratiquants de Falun Gong et d’autres groupes religieux ainsi que contre ceux qui s’opposaient à la politique de l’enfant unique (38). De nos jours, le système du laojiao permet de placer une personne derrière les barreaux sans procès pour trois ans, et dans certains cas pour quatre ans si cette personne est considérée comme « insuffisamment rééduquée » (39). Un rapport de 2009 du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies estimait que quelques 190 000 Chinois étaient retenus dans 320 centres de rééducation répartis dans tout le pays. Un expert du ministère de la Justice plaça la barre à 60 000 détenus en janvier 2013, auxquels il faut ajouter 200 000 anciens toxicomanes (40). Il est de notoriété publique que les conditions de détention dans les centres de laojiao, gérés par le ministère de la Justice, sont déplorables. Ils sont par ailleurs dénoncés par certains pour être des « ateliers clandestins placés de tout contrôle » dans lesquels les détenus sont, d’après certaines sources, obligés de travailler 12 heures d’affilée à de lourds travaux de construction pour des promoteurs privés (41). Avec la priorité accordée au maintien de la stabilité, le laojiao est désormais systématiquement utilisé contre les pétitionnaires et les activistes. Comme la peine est prononcée par la police, le système procure « un outil pratique pour infliger une sanction sans intrusion d’un juge ou d’un avocat », permettant aux gouvernements locaux de faire sortir un grand nombre de « fauteurs de troubles » de l’espace public. Le cas le plus controversé a récemment impliqué Tang Hui, du Hunan, mère d’une enfant de 11 ans qui a été enlevée, violée, et vendue comme prostituée par sept hommes. Tang Hui fut envoyée au laojiao pour 18 mois pour avoir soumis des pétitions répétées aux autorités locales pour demander une punition plus sévère contre les auteurs de ces actes. Elle fut libérée en une semaine après que son cas eut attiré une grande attention sur internet. Un autre cas très médiatisé a concerné un ancien fonctionnaire de village de 25 ans, Ren Jianyu, 33. Sebastian Veg, « Over Eighteen: China’s Political Spectrum Today », The China Story, 15 janvier 2013, www.thechinastory.org/2013/01/over-eighteen-chinas-political-spectrum-today (consulté le 25 janvier 2013). 34. Texte intégral du rapport de Hu Jintao lors du XVIIe Congrès du Parti, http://news.xinhuanet.com/ english/2012-03/26/c_131489727_8.htm (consulté le 25 janvier 2013). 35. Pour plus d’informations sur la gestion sociale, voir David Cohen, « Decoding ‘social management’ », The Diplomat, 21 septembre 2011, http://thediplomat.com/china-power/decoding-social-management/ (consulté le 25 janvier 2013) ; Joseph Fewsmith, « “Social management” as a way of coping with heightened social tensions », China Leadership Monitor, n° 36, 2012 ; Samantha Hoffman, « Portents of change in China’s social management », China Brief, vol. 12, n° 15, 4 août 2012. 36. Zhou Yongkun, « Laojiao zhidu de lishi yu feichu husheng » (L’histoire du système de rééducation par le travail et les appels à son abolition), Yanhuang Chunqiu, décembre 2012, p. 22-28. 37. Ibid. 38. Stanley Lubman, « Re-examining re-education through labor », Wall Street Journal, 11 septembre 2012, http://blogs.wsj.com/chinarealtime/2012/09/11/examining-chinas-re-education-on-laborcamps (consulté le 25 janvier 2013) ; Mark Magnier, « China thinks of closing its reeducation prisons », Los Angeles Times, 5 mars 2007, http://articles.latimes.com/2007/mar/05/ world/fg-reeducate5 (consulté le 25 janvier 2013). 39. Zhao Yinan, « Re-education through labor under review », People’s Daily, 10 octobre 2012, http://english.peopledaily.com.cn/90882/7972615.html (consulté le 25 janvier 2013). 40. « Ministry of Justice expert: 60,000 Chinese currently receiving laojiao », Nandu News, 7 janvier 2013, http://ndnews.oeeee.com/html/201301/07/14439.html (consulté le 25 janvier 2013). 41. Mark Magnier, art. cit. perspectives chinoises • No 2013/1 Karita Kan – Weiwen : quel avenir ? qui fut condamné à deux ans de laojiao pour avoir propagé « des commentaires et des informations négatifs » sur internet et pour avoir moqué la campagne rouge de Bo Xilai comme un retour à la Révolution culturelle (42). Ren fut libéré neuf mois avant la fin de sa peine, mais la plainte qu’il déposa contre le Comité du laojiao de Chongqing pour plaider son innocence fut classée sans suite (43). L’appel en faveur de la réforme de ce système controversé s’invita sur le devant de la scène avant les réunions du XVIIIe Congrès du Parti. En octobre 2012, Jiang Wei, le fonctionnaire en charge du Petit groupe dirigeant pour la Réforme judiciaire, annonça que les autorités avaient « trouvé un consensus » sur la nécessité de réformer le système, en particulier la procédure d’approbation par laquelle les autorités décident si un individu doit aller au laojiao. En janvier 2013, Xinhua et d’autres porte-parole du gouvernement rapportèrent que Meng Jianzhu, le nouveau secrétaire du zhengfawei, étudierait les possibilités de supprimer le laojiao avant la fin de l’année. En fait, les essais pilotes d’un système de remplacement appelé « éducation et rectification des atteintes à la loi » (weifa xingwei jiaoyu jiaozhi 违法行为教育 矫治) avaient déjà commencé en août dans les villes de Nankin, Zhengzhou et Jinan (44). Il reste à voir si ce substitut – censé en être une variante à plus petite échelle et pourvue de procédures plus raisonnables – sera quelque chose de fondamentalement différent ou un « changement de nom purement fallacieux » (45). En effet, ce n’est pas la première fois que la réforme du laojiao a été annoncée depuis sa réinstauration. Les propositions visant à mettre un terme au système avaient émergé dès le milieu des années 1980. En 2003, sept membres du Comité du Guangdong de la Conférence consultative politique du peuple chinois proposèrent d’expérimenter son abolition dans leur province. En 2007, 420 députés de l’Assemblée nationale populaire avaient déposé des propositions visant à modifier ce système à la mauvaise réputation (46). Il reste à voir si l’élan est suffisant pour entraîner cette fois des changements conséquents. organisation chinoise de défense des droits de l’Homme, les pétitionnaires en sont les victimes les plus fréquentes. Dans un cas révélé au grand jour, le fait de soumettre des pétitions de manière répétée a même été avancé comme unique cause de détention (51). Le manque évident de règles unifiées sur les centres psychiatriques signifie que les hôpitaux sont libres de rédiger leurs propres règlements, avec pour conséquence des abus généralisés contre les détenus, avec l’utilisation de méthodes médicales comme des doses extrêmement fortes de médicaments, des injections, et l’utilisation d’aiguilles d’acuponcture électrifiées. Dans un cas révélé par le New York Times, le fermier Lu Xindong fut enfermé pendant six années au cours desquelles il reçut 54 traitements à base de chocs électriques en plus des injections de routine de drogues puissantes. Son « crime » initial était d’avoir présenté de nombreuses pétitions contre le gouvernement local avec lequel il était en conflit à propos d’un litige foncier (52). Un autre homme dans le Hubei fut gardé sous surveillance psychiatrique pendant presque 14 ans pour avoir mis en lumière des cas de corruption au sein du gouvernement (53). Les premières ébauches de la Loi sur la Santé mentale commencèrent dès 1985, mais le premier projet de loi ne vit le jour qu’en 2011 (54). Le projet contient de nombreuses dispositions extrêmement contestées (55). Les articles 26 et 27 permettent par exemple de faire interner contre leur volonté les individus suspectés d’être atteints par une maladie mentale lorsqu’ils présentent un comportement qui menace la sécurité publique (weihai gonggong anquan 危害公共安全) ou qui trouble l’ordre public (raoluan gonggong zhixu 扰乱公共秩序 ) (56). L’article 24 donne le droit aux parents proches d’une personne suspectée de maladie mentale de l’envoyer à l’hôpital, ce qui les rend vulnérables aux pressions extérieures. Alors que ce dernier article reste inchangé dans la version finale (sous le nom d’article 26), la loi telle qu’elle a été votée introduit une réglementation plus stricte pour empêcher l’internement contre la volonté du patient, notamment en assurant à ce dernier le droit de demander une réévaluation de son cas par un psychiatre qualifié de son choix s’il n’accepte pas le diagnostic initial. Les individus Les établissements psychiatriques Un pas ferme vers plus de contrôle a été réalisé dans le domaine des établissements psychiatriques. Le 26 octobre 2012, la Chine a adopté la première Loi sur la santé mentale (jingshen weisheng fa 精神卫生法) du pays, une tentative explicite de répondre au phénomène troublant des individus sains d’esprit déclarés malades mentaux et internés dans des institutions psychiatriques pour des raisons politiques (bei jingshenbing 被精神病). Selon le portail d’informations Caixin, au moins 300 000 personnes ont été envoyées de force dans les hôpitaux psychiatriques en 2008 (47). Ces institutions ne sont pas vues comme purement médicales, mais aussi, de manière plus gênante, comme des corps disciplinaires chargés de faire appliquer la loi et visant les fauteurs de troubles. En plus des ministères de la Santé et des Affaires civiles, celui de la police supervise également le fonctionnement des institutions psychiatriques (48). Le ministère de la Sécurité publique gère son propre système d’hôpitaux Ankang (ankang yiyuan 安康医院) dans lesquels il n’est pas nécessaire d’obtenir l’autorisation d’une cour pour effectuer un internement (49). La pratique de la détention psychiatrique motivée par des raisons politiques existe depuis le début des années 1950 alors que la Chine prenait exemple sur le réseau d’hôpitaux psychiatriques spéciaux gérés par le ministère de l’Intérieur de l’Union soviétique (50). Dans les années 1990, l’attention se porta sur ces opérations secrètes lorsque Human Rights Watch accusa la Chine de l’utiliser contre les membres de Falun Gong et les dissidents politiques. De nos jours, selon une base de données compilée par une No 2013/1 • perspectives chinoises 42. Bai Tiantian, « ‘Red song’ detention appealed », Global Times, 11 octobre 2012, www.globaltimes .cn/content/737605.shtml (consulté le 25 janvier 2013). 43. « Shenshi laojiao » (Évaluer la rééducation par le travail), China Newsweek, n° 590, 29 novembre 2012. 44. « Cities pilot alternative to ‘re-education through labor’ », Economic Observer, 29 août 2012, www.eeo.com.cn/ens/2012/0829/232678.shtml (consulté le 25 janvier 2013). Voir aussi Stanley Lubman, art. cit. 45. Andrew Jacobs, « Labor camp critics spread in China », International Herald Tribune, 17 décembre 2012. 46. Zhou Yongkun, ibid. 47. Du Liya, « Activists hail court ruling », Global Times, 10 octobre 2012. 48. Wan Yanhai, « The Madness of China’s mental health system », Foreign Policy, 26 janvier 2011. 49. Robin Munro, « The Ankang: China’s Special Psychiatric Hospitals », Journal of Comparative Law, vol. 1, n° 1, 2005, p. 41-87. 50. Ibid. 51. Sharon LaFraniere et Dan Levin, « Assertive Chinese held in mental wards », New York Times, 11 novembre 2010. 52. Après trois tentatives de suicide, Xu fut relâché en avril 2010 avec 300 000 yuan de dédommagement. Sharon LaFraniere et Dan Levin, art. cit. 53. « Internet post frees man confined 14 years in mental hospital », Xinhua, 8 janvier 2011, www.china.org.cn/china/2011-01/08/content_21697817.htm (consulté le 25 janvier 2013). 54. Projet de loi intégral sur la santé mentale, www.law-lib.com/fzdt/newshtml/20/2011 0611091442.htm (consulté le 25 janvier 2013). 55. Elizabeth M. Lynch, « Analysis of Chinas draft mental health law – an Interview », China Law and Policy, 24 octobre 2011, http://chinalawandpolicy.com/2011/10/24/analysis-of-china% E2%80%99s-draft-mental-health-law-%E2%80%93-an-interview (consulté le 25 janvier 2013). 56. Ces phrases ont été retirées de la version finale. Texte intégral de la loi sur la santé mentale, www.npc.gov.cn/huiyi/cwh/1129/2012-10/27/content_1741177.htm (consulté le 25 janvier 2013). 97 Actualité s peuvent également porter plainte contre le gouvernement ou les institutions médicales si leurs droits n’ont pas été respectés. Il n’est pas clair si ce progrès du gouvernement central sera ou non mis en œuvre au niveau local. En 2010, seules six villes sur 283 s’étaient dotées d’un règlement sur la santé mentale (57). Les autorités locales ne se laissent pas décourager d’utiliser la santé mentale comme une tactique pour cibler les individus « instables ». Le South China Morning Post rapporta en octobre que les centre de santé de quartier à Shanghai avaient reçu des ordres pour mener des enquêtes psychiatriques dans lesquelles on demandait aux résidents locaux d’identifier les personnes de leur voisinage qui se disputent, s’expriment par énigmes, se parlent à elles-mêmes ou rient toutes seules, ou encore celles qui arborent des expressions étranges. Trop parler, se mêler des affaires des autres et être froid figurent aussi parmi les signes d’instabilité mentale (58). L’activiste Wan Yanhai a noté des événements semblables dans le Zhejiang, et il a exprimé sa préoccupation au sujet du « retour perturbant d’un climat de suspicion » rappelant la Révolution culturelle lorsque les voisins étaient incités à se dénoncer les uns les autres (59). Ces derniers événements constituent des rappels pertinents du fait que les lois votées au niveau national demeurent fragiles et au mieux théoriques lorsque les gouvernements locaux sont peu incités à les mettre en œuvre. Prisons noires Un troisième réseau d’institutions extrajudiciaires qui s’est développé de manière significative au cours des années 2000 est le recours à des installations de détention illégales connues sous le nom de prisons noires (hei jianyu 黑监狱) ou maisons noires (hei fangzi 黑房子). Comme les camps de travail et les hôpitaux psychiatriques, les prisons noires neutralisent généralement les indésirables et limitent les activités de déstabilisation sociale. Elles ciblent en particulier les pétitionnaires qui se mettent en route depuis tous les coins du pays vers les capitales provinciales et vers Pékin dans le but de présenter leurs doléances à des autorités supérieures. Comme un chiffre de pétitionnaires élevé est interprété comme un signe de la faible capacité des fonctionnaires locaux à résoudre les conflits au sein de leur juridiction, ce qui a pour conséquence de nuire à leur carrière, ces fonctionnaires emploient des « intercepteurs » pour enlever les pétitionnaires sur leur route ou après leur arrivée à la capitale (60). Ces intercepteurs, souvent des malfrats employés par des compagnies de sécurité, retiennent les pétitionnaires captifs dans des endroits secrets comme des hôtels ou des lieux abandonnés jusqu’à ce qu’ils reçoivent l’ordre de les renvoyer chez eux (61). De telles activités extra-légales s’intensifient et atteignent un pic chaque année pendant les deux sessions (lianghui 两会) de l’Assemblée nationale populaire et de la Conférence consultative politique du peuple chinois (62). Ironiquement, l’une des causes directes de la croissance récente des prisons noires est l’abolition de la procédure arbitraire de détention et rapatriement (shourong qiansong 收容遣送), un système de détention pour vagabondage mis en œuvre par 700 centres officiels de shourong sur tout le territoire qui permettait à la police d’arrêter, de détenir et de rapatrier tout citoyen contrôlé sans permis de résidence (hukou 户口) du lieu (63). En 2003, la vague d’indignation déclenchée par la mort tragique de l’étudiant migrant Sun Zhigang, due aux abus commis dans un centre de rapatriement à Canton, a forcé le gouvernement à supprimer cette procédure arbitraire. La fermeture des installations ne permit toutefois pas de véritablement refréner les pouvoirs de détention arbitraire acquis par la police, mais provoqua simplement la prolifération des prisons noires et conduisit les pratiques mises hors la loi à se faire 98 en secret. Depuis 2003, l’utilisation des prisons noires a évolué vers un commerce lucratif entretenu par des jeux d’intérêts croisés. Dans un cas rendu public, il est apparu que la société de sécurité privée Anyuanding s’est considérablement développée depuis sa création en 2004, attirant toujours plus de clients « dont des gouvernements de villages isolés » (64). Les fonctionnaires locaux, déterminés à éliminer toute perturbation qui pourrait mettre en jeu leur carrière politique, sont prêts à engager des voyous, que l’on connaît sous le nom de « récupérateurs » (jiefang renyuan 截访人员), payés jusque 250 dollars américains pour chaque enlèvement de pétitionnaires réussi. Les gestionnaires des prisons noires, quant à eux, reçoivent chaque jour de l’argent en liquide des gouvernements locaux, selon le nombre de détenus, à un taux différent selon qu’il s’agisse d’un pétitionnaire citadin ou rural (65). Malgré des preuves irréfutables, les autorités sont restées fermement dans le déni de l’existence de ces prisons noires. Défié par des médias étrangers, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères répondit lapidairement : « de telles choses n’existent pas en Chine. » (66) Pour préserver le silence officiel, les cas rendus publics furent soit rapidement censurés, soit caractérisés comme des incidents isolés (67). Dans l’affaire Anyuanding en 2010, deux dirigeants furent arrêtés puis relâchés sans être inculpés. La police de Pékin effectua même une descente dans les locaux du magazine Caijing, qui avait couvert l’affaire (68). Plus récemment, en décembre 2012, Xinhua et Le Quotidien du Peuple rapportèrent le cas d’un tribunal de Pékin ayant condamné dix personnes à la prison pour avoir illégalement emprisonné et agressé un groupe de pétitionnaires du Henan, mais ces dépêches furent mystérieusement retirées avant la fin de la journée (69). Les événements prirent un tour inhabituel lorsque le 6 décembre 2012 des centaines, voire des milliers de pétitionnaires furent relâchés de l’une des plus importantes prisons noires de Pékin. Que cet acte inattendu se produise lors de la Journée de promotion de l’État de droit fut interprété par certains comme le signe que les deux nouveaux dirigeants Xi Jinping et Li 57. Sharon LaFraniere et Dan Levin, art. cit. 58. Alice Yan, « Shanghai citizens quizzed on friends’ mental health », SCMP, 17 octobre 2012. 59. Wan Yanhai, art. cit. 60. Selon des documents non publiés d’un gouvernement local, des pénalités sont appliquées à l’encontre des fonctionnaires locaux qui sont incapables de prendre des mesures destinées à empêcher les pétitionnaires de leur ressort géographique de chercher réparation par voie légale dans les capitales provinciales et à Pékin. Voir « China: Secret “black jails” hide severe rights abuses », Human Rights Watch, 12 novembre 2009. 61. Sur les conditions dans les prisons noires, voir les rapports d’enquêtes « China’s ‘black jails’ uncovered », Al Jazeera, 27 avril 2009 ; Melissa Chan, « Seeking answers inside China’s ‘black jails’ », Al Jazeera, 13 mars 2012 ; Aidan Hartley, « The terrible secrets of Beijing’s ‘black jails’ », The Spectator, 10 octobre 2007 ; Lara Farrar et Kevin Voigt, « Chinese petitioners claim hotel used as “black jail” », CNN, 14 novembre 2012. 62. Xu Zhiyong, « The Plight of a young Chinese volunteer », Seeing Red in China, 12 July 2012, http://seeingredinchina.com/2012/07/23/the-plight-of-a-young-chinese-volunteer-by-xuzhiyong (consulté le 25 janvier 2013). 63. Human Rights Watch, An Alleyway in Hell: China’s abusive ‘black jails’, novembre 2009. 64. « ‘Black jails’ investigated for illegally holding petitioners », China Daily, 27 septembre 2010. 65. Selon Xu Zhiyong, les gouvernements locaux payent 200 yuan par jour par pétitionnaire citadin, et 150 pour un pétitionnaire rural. Human Rights Watch, art. cit., p. 14. Les comptes rendus d’un cas rendu public par des pétitionnaires relâchés révèlent que ceux-ci sont détenus en fonction de leur origine. Il y a dans la prison noire une salle réservée aux pétitionnaires du Zhejiang, une autre salle séparée pour ceux du Shandong, etc. Mandy Zuo et Shi Jiangtao, « Many freed from Beijing’s biggest ‘black jail’ », SCMP, 6 décembre 2012. 66. « China’s ‘black jails’ uncovered », Al Jazeera, 27 avril 2009. 67. Une prison noire fut découverte en 2011 dans le district de Changping à Pékin, et par la suite démantelée. Le responsable de la communication du bureau municipal de sécurité publique déclara qu’il s’agissait d’un cas isolé et qu’il n’y avait aucun autre lieu de détention illégal dans toute la ville. Wang Huazhong, « Former inmate reveals existence of new ‘black jail’ », China Daily, 3 août 2011. 68. Phelim Kine, « Beijing’s Black Jails », Foreign Policy, 15 mars 2012. 69. Andrew Jacobs, « ‘Black jail’ verdict that never was », New York Times, 2 décembre 2012. perspectives chinoises • No 2013/1 Karita Kan – Weiwen : quel avenir ? Keqiang étaient déterminés à juguler les emprisonnements illégaux (70). L’adoption un peu plus tôt en mars 2012 par la législature chinoise d’amendements à la Loi de procédure pénale offre toutefois une vision moins optimiste. En dépit de mesures visant à renforcer les droits des suspects, et notamment l’interdiction de la violence pour obtenir des preuves et l’enregistrement obligatoire des interrogatoires, la nouvelle révision de la loi contient des dispositions qui permettent effectivement de garder des individus hors de chez eux dans des lieux tenus secrets pour une durée indéterminée. Le controversé article 73, surnommé « clause de disparition » ou « clause KGB », confère aux agences chargées de faire respecter la loi le pouvoir de mettre en détention des individus suspectés d’implication dans des cas de corruption, de terrorisme, ou de « sécurité nationale » – ce qui par le passé a été interprété au sens large pour inclure les critiques envers le gouvernement (71). Selon la nouvelle loi, les membres de la famille doivent être informés dans les 24 heures ; mais cette mesure de protection ne s’applique pas s’ils ne peuvent pas être joints, ou si l’on estime que cette communication pourrait entraver l’enquête, ce qui ouvre la voie à l’arbitraire (72). Nicholas Bequelin, de Human Rights Watch, suggère que l’intégration de l’article 73 dans la loi révisée consolide la suprématie de l’État sécuritaire et démontre que les partisans de la ligne dure et les conservateurs restent forts au sein du Parti (73). Quel avenir pour le weiwen ? Réformer de manière significative les institutions de violence susmentionnées requerrait, a minima, un changement fondamental des critères d’évaluation des cadres. Pour les gouvernements locaux, ces trois institutions sont des moyens utiles pour réduire le nombre de fauteurs de troubles et maintenir l’apparence de la stabilité sociale. Aussi longtemps que ces objectifs continueront à être dominants pour l’examen de l’avancement des carrières, les fonctionnaires locaux resteront incités à recourir à de telles mesures arbitraires et extralégales afin de s’assurer des succès politiques. Toute réforme au niveau de la législation nationale qui ne corrigerait pas l’effet pervers de la structure des récompenses s’avérerait probablement inefficace. Toutefois, le pouvoir central, comme nous l’avons vu, tire également des bénéfices de cet état de fait qui lui permet d’éviter d’endosser la responsabilité des actes de répression violente en faisant de ses agents locaux des boucs émissaires. Ainsi, renoncer au gouvernement par le weiwen exigerait une nouvelle réflexion sur la gouvernance de la part de Pékin. Pour le moment, il y a des signes que le weiwen, s’introduisant dans le monde de la presse et d’Internet, se traduira par une forme de contrôle plus insidieux, capable de couper court aux tentatives d’organiser des actions collectives avant qu’elles n’atteignent la rue. Selon une estimation, la ville de Pékin dépense quelques 40 millions de yuan par mois pour le maintien de la stabilité en ligne (wangluo weiwen 网络维稳 ), et peut s’enorgueillir d’une équipe de deux millions de commentateurs payés (wumao 五毛) sur Internet (74). Un peu plus tôt, en mars 2012, les autorités avaient pris la décision controversée de rendre obligatoire l’inscription sur Weibo avec une identité authentique. Les cyber-citoyens doivent s’enregistrer en utilisant leur vrai nom, et dans certains cas en envoyant leurs numéros de documents d’identité personnels et de téléphone avant d’être autorisés à publier des informations (75). En décembre 2012, l’Académie chinoise des sciences sociales a publié le Livre bleu de la société chinoise 2013 dans lequel elle attire l’attention sur le pouvoir de mobilisation des citoyens permis par l’Internet mobile. Dans une référence explicite à Hong Kong, le rapport mentionne le No 2013/1 • perspectives chinoises mouvement civique de grande ampleur contre l’éducation patriotique qui, est-il écrit, « a été de manière plutôt inattendue organisé par trois lycéens sur Facebook » (76). À la lumière du « comportement impulsif et extrémiste » de certains jeunes Chinois du continent lors des manifestations contre la pollution ou contre la Japon, lesquelles ont provoqué « l’inquiétude et la controverse au sein de la société », le rapport appelle le gouvernement à superviser de manière plus stricte l’expression des opinions en ligne dans le but d’assurer le weiwen (77). Renforcer des formes de contrôles d’Internet serait aussi une mesure permettant de repérer les « rumeurs irresponsables » (bu fuzeren de yaoyan 不负责任的谣言) répandues sur la Toile, bien que le rapport fasse l’éloge de la récente campagne en ligne contre la corruption des fonctionnaires (wangluo fanfu lüjian qigong 网络反腐屡建奇功) (78). Il reste à voir si le nouveau gouvernement de Xi Jinping et Li Keqiang tiendra compte de ces conseils et évoluera vers un régime de maintien de la stabilité plus strict dans les médias. L’incident du Nanfang Zhoumo au début de l’année, considéré comme le « premier gros scandale politique de 2013 », est un rappel inquiétant de la pression que continuent d’affronter les médias (79). C’est à Xi Jinping de montrer qu’il est capable d’apporter de vrais changements au cours de la nouvelle période inaugurée par le XVIIIe Congrès du Parti. z Traduit par Florent Chevallier. z Karita Kan est doctorante en politique à l’université d’Oxford et assitante de recherche au CEFC ([email protected]) Cette synthèse de presse est compilée à partir d’une sélection des revues de presse bimensuelles du CEFC, disponibles sur www.cefc.com.hk. 70. Mandy Zuo et Shi Jiangtao, art. cit. 71. « China passes new law allowing secret detentions », CNN, 14 mars 2012. 72. « Article 73 sparks controversy on secret detentions », Caixin, 12 mars 2012. 73. Nicholas Bequelin, « Legalizing the tools of repression », International Herald Tribune Global Opinion, 29 février 2012. 74. « Beijing wumao erbaiwan ren? » (Pékin fait-il face à 2 millions de commentateurs sur Internet ?), House News, 18 janvier 2012, http://thehousenews.com/politics/%E5%8C%97%E4%BA%AC%E4%BA%94%E6%AF%9B-%E4%BA%8C%E7%99%BE%E8%90%AC%E4%BA%BA (consulté le 25 janvier 2013). 75. « Weibo launches real-name registration », Global Times, 15 mars 2012. 76. À propos des manifestations anti-éducation patriotique, se reporter à la synthèse de presse du CEFC publiée dans le numéro 2012/4 de Perspectives chinoises. 77. « Report urged China to supervise online public opinions to preserve stability » (Baogao cu Zhongguo jiancha wangluo shixian weiwen), BBC, 18 décembre 2012. 78. « Public Opinion in the virtual world », éditorial du Ming Pao, 20 décembre 2012. 79. Sur l’incident du Nanfang Zhoumo, consulter les notes de la revue de presse du 11 janvier disponible sur le site internet du CEFC. 99