dossier prod une femme seule 010911

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dossier prod une femme seule 010911
!
UNE FEMME SEULE
Projet théâtral et filmique
Texte Dario Fo et Franca Rame
Mise en scène Véronique Widock
La compagnie les Héliades est soutenue par
le Ministère de la Culture / DRAC Ile-de-France,
L’Etat / Préfecture des Hauts-de-Seine, le Conseil Régional d’Ile-de-France,
le Conseil Général des Hauts-de-Seine et la Ville de Colombes
« On ne naît pas femme, on le devient ... »
Simone de Beauvoir
« Au rythme actuel du progrès, il faudrait 475 ans pour arriver à la parité. »
Le Bureau international du travail
« L'égalité des chances entre hommes et femmes ne se rencontre dans aucune société
actuelle »
Rapport mondial sur le développement humain 1995 de l'ONU
« Un paysage conceptuel et social s'est construit, dès les longues origines de l'humanité, à
partir de l'observation du fait « scandaleux » et inexplicable que les femmes font les enfants
des deux sexes, que la procréation, celles des enfants de sexe masculin notamment et la
reproduction du social dépendraient ainsi du bon vouloir de la féminité dans le corps des
femmes. Des systèmes symboliques, conceptuels et sociaux se sont mis en place pour
subvertir et domestiquer ce donné. Un superbe système conceptuel que nous retrouvons
en filigrane dans nos pensées, est celui d'Aristote qui ne voit dans la femme que matière
(…)
A ce socle dur de l'observation et d'une dépossession conceptuelle des femmes de leur
privilège s'adjoint pour que le modèle fonctionne avec efficacité, un système social de
répartition du pouvoir de donner la vie. Ce sont des hommes qui échangent des femmes
entre eux, principe de base qui accompagne la prohibition de l'inceste, et dont l'évidence
universelle a jusqu'ici empêché qu'on le questionne : de quel droit est-ce ainsi ? Où se
situe en droit naturel la justification de cette appropriation des filles par le père, des soeurs
par le frère, de l'épouse par l'époux. »
Françoise Héritier in « Masculin / Féminin II Dissoudre la hiérarchie »,
Odile Jacob, 2002
INTENTION
Des années 60 aux années 2000,
le paysage de la condition
féminine a changé. On pourrait
croire que la vague féministe a
balayé les machismes et tordu le
cou aux adeptes de la domination
masculine. Pourtant, les états des
lieux très sérieux effectués sur le
sujet montrent que la violence
n'a en rien perdu de sa réalité. Si
dans la sphère du social les
femmes ont gagné du terrain, au
sein de la relation familiale et du
couple,
les
principes
de
domination et de soumission restent très fortement ancrés. Ainsi le disent les chiffres : une
femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint en France. Ces
chiffres devenant bien plus alarmants encore dans d'autres régions du monde.
Les raisons de la montée de la violence sont souvent facilitées par la culpabilité et la peur
de la femme face à la légitimité de l'autorité masculine. Et même si la plupart savent que "
c'est illégal" comme le dit Giulia, l’héroïne du monologue « Une femme seule », bon
nombre de femmes n'oseront encore pas dénoncer un harcèlement ou une violence
conjugale.
C'est au cœur de l'intime qu'il est nécessaire de se poser les questions et c'est
précisément à l'endroit de ces rouages si complexes et délicats que le texte d’ "Une
femme seule" opère.
FORMATS
Dans sa version tout public, le projet propose une représentation du monologue « Une
femme seule » et la diffusion du documentaire / interview de Françoise Héritier.
La représentation pourra être suivie d’un débat entre le public, l’équipe artistique et des
intervenants spécialisés (universitaire, historien, sociologue …)
Il est possible de mettre en place un projet spécifique dédié à un public scolaire (collège à
partir de la 4ème et lycée) reposant sur une démarche innovante et transversale associant
équipes pédagogiques, interventions culturelles et sociales en amont et aval des
représentations.
Une version « à domicile » de la création pourra également circuler dans des
appartements, locaux associatifs ou tout autre lieu.
Jauge conseillée : 100 personnes ou trois classes de collège ou lycée
L’EQUIPE ARTISTIQUE
Mise en scène
Scénographie
Costumes
Distribution
Création lumière
Création sonore
Réalisation documentaire
Véronique Widock
Nieves Salzmann
Didier Jacquemin
Ioana Craciunescu
Pierre Yves Boutrand
Margarida Guia
Eric Mariette
CALENDRIER DE DIFFUSION 2011-2012
Mar 18.10.11 à 14h00
Jeu 20.10.11 à 14h00
Mar 8.11.11 à 20h30
Mer 9.11.11 à 20h30
Jeu 10.11.11 à 20h30
Lun 14.11.11 à 14h00
Jeu 17.11.11 à 14h00
26 mars au 11 avril 2012
Vend 13.04.12 à 9h30 et 14h
Sam 14.04.12 à 20h30
Mai-juin 2012
représentation au Hublot – Colombes
représentation au Hublot – Colombes
représentation au Hublot – Colombes
représentation au Hublot – colombes
représentation au Hublot – Colombes
représentation au Hublot – Colombes
représentation au Hublot - Colombes
tournée Hauts-de-Seine
Le Studio / Asnières
Le Studio / Asnières
Festivals de Sibiu et Baia Mare - Roumanie
NOTE DE MISE EN SCÈNE
Ce court texte, écrit par Dario Fo et
Franca Rame, a été imaginé par ses
auteurs pour créer une
alchimie
explosive entre le public et le théâtre
hors des cadres habituels de la
représentation.
Le projet était de provoquer le choc,
puis la réflexion par l'échange sur des
sujets alors brûlants dans l'Italie des
année 70 : le manque de liberté des
femmes, la toute puissance de la
religion, le machisme, la privation des
droits élémentaires à l'égalité des
sexes. Après chaque représentation,
dans les usines occupées, dans des locaux syndicaux, dans des petites salles aménagées
pour la circonstance; les débats alimentaient parfois la réécriture de telle ou telle partie de la
pièce.
Un théâtre en marche qui créait parfois l'émeute, la fermeture de la salle, l'expulsion des
comédiens et du public, la censure du Vatican.
Selon la belle pensée de Dario Fo, qui titre l'une de ses pièces "l'ouvrier connaît 300 mots, le
patron 1000 voilà pourquoi il est le patron", la culture devait être l'étincelle qui mettrait le feu
à la paresse, bousculant les habitudes, faisant reculer la bêtise et la peur.
Magnifique projet d'un théâtre militant, porté par des artistes utopistes qui étaient aussi des
poètes et des saltimbanques éclairés. Une quarantaine de pièces écrites pour révolutionner
la société, l'entraîner vers plus de justice et de liberté. Le peuple émancipé par la culture, le
théâtre au corps à corps avec le politique.
En 1997, Dario Fo reçoit le prix Nobel de littérature "pour avoir, selon la tradition des bateleurs,
fustigé le pouvoir et restauré la dignité des humiliés" et Franca Rame, élue en 2006, siège
toujours aujourd'hui au Sénat italien. En 2010 "Mystère Bouffe" entre au répertoire de la
Comédie Française et leurs pièces aujourd'hui parcourent les grandes scènes théâtrales, en
même temps qu'elles connaissent un grand succès public. Sans doute redynamisée par le
libéralisme ambiant, l'aventure militante poursuit sa route et reprend une nouvelle dimension.
Giulia, l'héroïne de "Une Femme seule" a été créée par Franca Rame. Elle est le personnage
idéal pour porter cette parole engagée : elle a la simplicité, le courage intérieur et la verve de
ceux qui ont beaucoup souffert.
Giulia a vécu une quarantaine d'années sans avoir jamais analysé sa vie. Mère sans l'avoir
vraiment voulu, soumise par habitude culturelle à son mari, elle n'a jamais trouvé la voie pour
se libérer des oppressions qu'elle subit sans sourciller : Est-elle consciente seulement de
l'agressivité de son voisin d'en face, de la libido de son beau frère, du mépris et de la tyrannie
de son mari? Elle se fond dans cette violence ordinaire, multipliant les tentatives de suicide,
mais au fond d'elle, elle garde une sorte d'ironie joyeuse, une flamme intérieure qui la sauvera.
C'est sa curiosité pour le monde qui l'aidera à se saisir de sa vie et de son autonomie.
Giulia est à la fois réelle et improbable, son désarroi et sa vitalité rassemblent et disent toutes
les femmes. Giulia est unique et universelle. Elle est notre miroir et notre conscience. Fidèles à
leur projet de provoquer la réflexion, Dario Fo et Franca Rame ont choisi d'être incisifs et
percutants. Ils n'ont pas craint d'aller fouiller dans les sombres recoins de l'âme, pour
dénicher ce qu'habituellement on tait, de mettre en scène les situations les plus délicates, voir
les plus choquantes. Mais dans le même temps ils n'ont pas oublié non plus d'être drôles, de
provoquer le recul par le rire, de se frotter aux extrêmes pour devenir explosifs, de faire de la
place à l'humain et au sensible pour toucher juste.
Voilà pourquoi l'écriture d’ « Une femme seule » virevolte avec grâce du plus sombre au plus
drôle, voyage du sensible au poétique, du réalisme au métaphorique.
La scénographie place volontairement Giulia au centre d'un espace métaphorique très
particulier : la salle de bain. Lieu stratégique et paradoxal où le meilleur comme le pire peut
advenir. Espace ordinairement dédié à la douceur, au plaisir, à la rêverie, la salle de bain
convoque aussi l'idée du froid, de l'étrangeté, de l'angoisse. L'endroit idéal pour travailler
l'intime et explorer la grande solitude dans laquelle baigne Giulia.
Si l'on suit les didascalies, Giulia est censée s'adresser par la fenêtre ouverte à une voisine
hypothétique. Mais comment croire en 2011 à un dialogue nourri de fenêtre à fenêtre? La
mise en scène choisit de prendre au pied de la lettre ce que dit Giulia à son mari "Lorsque je
suis seule, je me parle à moi même". Giulia s'est inventée une amie compatissante pour
dépasser le bruit de la télé, seule compagne réelle de son enfermement. Ironie du confort
moderne que cette télé qui lui déverse dans les oreilles un monde de bêtise, de messages
convenus pour le plus grand nombre, à elle qui cherche une solution personnelle, une vision
juste d'elle même. Un chemin hors des sentiers battus.
Ce dialogue absurde entre la télé et elle, met en scène, entre tragédie et comédie, la petite folie
qui habite Giulia. A force d'être coupée du monde, les limites de l'acceptable deviennent
floues, la réalité perd de ses contours, Quelle est la vérité objective?
Le mari au téléphone, le beau frère à l'interphone, le voyeur sous la trappe, l'agressivité qui
fuse fait basculer l'univers du quotidien au fantastique.
Dans cet espace temps où tout dérape, Giulia s'accroche aux mots. Giulia parle. Et de
constats ironiques en pensées nostalgiques, la révolte s'organise. La véritable arme du texte
c'est la parole. C'est elle qui va provoquer l'action, inciter Giulia à prendre le fusil. Et c'est par
le véhicule de l'auto-analyse que cette femme ordinaire va faire basculer la situation et se
révéler.
Dans l'eau réside la mémoire, Giulia plonge dans son bain comme pour s'y laver de cette
culpabilité qui l'anéantie, comme pour y retrouver aussi l'élan premier de cette rencontre avec
le jeune homme qui a ouvert son désir d'émancipation. Dans le bain, corps à corps avec le
désir, l'amour et la mort qui menace. Avec ironie, l'univers sonore joue avec le temps. Gouttes
d'eau, plongeon, comptine, séquençage et répétition des dialogues télévisuels. La machine
sonore, de douce devient obsédante, tissant ensemble les voix du beau frère, les pleurs du
bébé, les sonneries du téléphone jusqu'au silence enfin trouvé, où Giulia attend fusil à la main,
l'arrivée du mari.
Mouvementée, chargée d'humanité, "Une femme seule" fait la place grande à l'interprétation et
à la créativité de l'interprète. C'est une partition qui requiert une actrice de grand talent et
capable d'engager toute son humanité et son intuition féminine pour donner la dimension
requise au personnage. Ioana Craciunescu est une comédienne d'une grande expérience et
douée d'un univers très personnel. Sensible et bouillonnante, elle a le charisme et l'audace
nécessaire pour, au delà du rire, nous troubler et nous bouleverser en nous emmenant là où on
ne s'y attendait pas.
A la fin du monologue, la lumière ne s'éteint pas, l'action se poursuit par la projection sur le
rideau de la baignoire d'un court documentaire mettant en scène la personnalité et la pensée
de Françoise Héritier. Anthropologue émérite, héritière des travaux de Lévi Straus, elle nous
invite à voyager sur les fondements de l'identité liée au genre et à réfléchir à la hiérarchie
établie de longue date entre le masculin et le féminin. De réflexions en témoignages, sa
pensée aiguisée nous fait quitter les sphères de l'émotionnel et de l'intime pour aborder le
champ du symbolique. En un temps très court, au fil d'un échange non dénué d'humour,
Françoise Héritier parvient à nous ouvrir les portes de la recherche. Chacun peut entendre et
analyser cette pensée précise et y donner les perspectives qu'il lui convient d'établir. La
démarche de Françoise Héritier se veut résolument ouverte au monde en route et incite avec
finesse à l'écoute et à l'agir.
Réunies le temps de la représentation par la juxtaposition des formes, théâtrale et filmique, les
personnalités singulières de Ioana Craciunescu et de Françoise Héritier additionnent leurs
talents pour donner corps et âme à un réquisitoire inhabituel en faveur de la liberté.
Véronique Widock
EXTRAITS
« Voilà-t-il pas que mon mari, à me voir si hébétée, s’est imaginé que je buvais ! il a mis le Fernet
sous clef ! L'idiot ! Ensuite il a eu des soupçons… il m’a fait suivre. Un jour j’étais là, dans la
chambre du jeune homme… debout, nue… lui aussi était là, debout, nu, nous nous disions bonjour
« Comment vas-tu ? Bien et toi ? », la porte s’ouvre mon mari entre tout habillé. Comme je ne
savais pas quoi dire, j’ai dit : « Ah, c’est toi ? » Eh, madame, ça n’arrive pas tous les jours de se
retrouver là, toute nue, avec un étranger, tout nu, et le mari en pardessus. Qu’est ce que je n’avais
pas dit : « Oui, c’est moioi ! « Il se met à crier comme un fou… il voulait étrangler le garçon… en
même temps il voulait m’étrangler, moi… mais il n’a que deux mains, il avait beau serrer, il n’y
arrivait pas… pourtant je collaborais, je l’aidais… je serrai mon cou contre celui du jeune homme et
j’avais même cessé de respirer… je fermais la bouche. Mais mon nez se mettait à respirer tout seul.
J’ai un nez indépendant !! Arrive la mère, la sœur, la grand-mère.. et moi qui étais là, nue comme
un ver, avec mon nez indépendant. Je me sauve à la salle de bains, je m’enferme… je prends une
lame de rasoir qui se trouvait là et tsam, tsam, tsim, tsann… je me taillade toutes les veines que je
trouve ! Je les cherchais. En voilà encore une : tsam ! Une autre : tsam ! Quelle coupaillerie ! Et on
en a, des veines ! Je les tailladais dans le sens de la longueur… Pour mourir plus vite… Mais mon
mari voulait me tuer de ses propres mains, il a enfoncé la porte à coups d’épaule… quand il m’a
vue là avec tout ce sang… rouge ! Car j’ai le sang très rouge… il me fait : « Je ne veux plus te tuer.
Je t’emmène à l’hôpital ». Il m’a enroulée dans une belle couverture, pour ne pas salir sa voiture… il
m’a emmenée à l’hôpital… et puis il m’a pardonné… il a été très généreux. Mais depuis ce jour-là, il
m’enferme à la maison. »
« Une femme seule » Dario Fo / Franca Rame
EXTRAITS DU DOSSIER PEDAGOGIQUE
REMIS AUX ENSEIGNANTS
Lorsqu’un partenariat est mis en œuvre avec des établissements scolaires, un dossier pédagogique
est remis aux enseignants partenaires du projet « Une femme seule ». Cet outil, construit par
l’ensemble des partenaires associés à notre démarche (chercheurs, universitaires, enseignants,
opérateurs sociaux et culturels …), doit permettre de préparer les différentes phases du projet
(interventions sociales et culturelles, diffusion du spectacle et débat) mais également permettre aux
enseignants d’imaginer tout au long de l’année grâce à la boîte à outils présente dans ce dossier
d’intégrer le thème de la discrimination fondée sur le genre dans leur programme.
MODULE D’ARTS PLASTIQUES
Incitations autour du stéréotype :
Créez une publicité pour une femme parfaite (dessin, couleur, collage, texte imprimé…). Travail
sur le slogan, la mise en page, le cadrage… Questionnement sur la perfection chez une femme
(beauté, intelligence ?…), le public visé (homme/femme ?) et sur le statut d’une « femme
objet » dans notre société?
Femme(s). Représentez la femme dans le passé, dans le présent et imaginez celle du futur.
Techniques libres. Ce travail permet de mettre à plat tous les stéréotypes existant autour du
mot femme dans la tête de nos élèves (Le passé est-il lointain ? Cette femme est-elle
universelle ? Les élèves se basent-ils sur des faits précis et existants ?...)
Incitations autour de la tension (lycée)
Scène(s) de Ménage(s)… Ce dispositif peut se faire en deux temps. Premièrement, une planche
d’observation d’objets cassés, brisés… qui sera réinvestie dans un deuxième travail plastique
sous le thème de la scène de ménage. Questionnement sur la tension, la représentation
figurative ou abstraite de la violence (inclusion de mots, projections de peinture…). Je vous
renvoie plus particulièrement aux quatre dernières références artistiques.
(…)
MODULE DE LITTERATURE FRANÇAISE
Question 1 : Pour Simone de Beauvoir, qu’est-ce qui différencie l’homme et la femme dans leur
rapport au travail ?
Question 2 : À partir de la réponse de Simone de Beauvoir, reconstituer les propos de Maurice
Clavel.
Question 3 : Pour Maurice Clavel, en quoi l’homme est-il supérieur à la femme et la femme
supérieur à l’homme ?
Question 4 (pour les lycéens) : Parmi les arguments développés par Simone de Beauvoir et Maurice
Clavel, lesquels relèvent de la raison, de l’instinct, et de la spiritualité ? Pourquoi ?
Exercice : Jeu de rôle
Imaginer et jouer un débat entre Maurice Clavel et Simone de Beauvoir
Par groupe de 3 élèves : 1 élève soutient la thèse de Simone de Beauvoir, le second de Maurice
Clavel, et le troisième le modérateur du débat.
Le but est que les élèves s’exercent à développer des arguments et à soutenir une thèse.
(…)
MODULE DE SCIENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES
LE JOUET
“Aux petites filles, la séduction, les rêves de princesse, de fées et de mariage, puis de maternité,
avec ses obligations, enfin, des tâches domestiques et ménagères. Aux petits garçons l'univers, et
plus prosaïquement l'espace public, le monde professionnel, technique et matériel, règne de
l'imaginaire et de la science-fiction, des sciences, des loisirs, des sports et des arts. (…)
Il est stupéfiant d'observer le réalisme des jouets pour petite fille. Les dînettes, les poupées, les jeux
de marchande, comme les coffrets pour la séduction sont de la plus grande précision. Comme
pour de vraies poussettes, et de vrais robots électroménagers, les descriptions de jouets sont des
copies des objets adultes (…).
Les rares métiers féminins esquissés sont en lien avec la fonction maternelle. A l'heure où les
femmes ont investi massivement le monde du travail, il est curieux que les catalogues de jouets
reflètent si peu les évolutions sociales (…).
S'intéresser aux jouets semble une broutille. Ceux qui pensent que la bataille de l'égalité des sexes
est gagnée n'ont qu'à ouvrir les catalogues de jouets. Les vieux stéréotypes sont à l'œuvre.”
Tiré de l'article Le père Noël, ce vieux sexiste - Libération 10 décembre 2001
Serge Chaumier, maître de conférences à l’université de Bourgogne
MODULE D’HISTOIRE DES ARTS
Il nous a semblé que pour mieux préparer les élèves à la « rencontre sensible et raisonnée » avec le
spectacle proposé par le Hublot, il pouvait être intéressant de les faire réfléchir, à partir de
documents artistiques, à la dimension consumériste de ces années qu’on appelle « les trente
glorieuses » et à la place de la femme dans cette économie d’après-guerre, mais aussi au jeu de
l’amour et de la mort (symbolique) à l’œuvre dans l’art, enfin à la forme littéraire choisie par les
auteurs pour « dénoncer l'hypocrisie et l'injustice » (D. Fo).
(…)
DARIO FO et FRANCA RAME
Dario Fo naît en 1926 à San Giano dans une famille prolétaire
de tradition démocratique et antifasciste. Il découvre très
jeune le théâtre populaire et la tradition orale, par
l’intermédiaire de son grand-père, « fabulatore » connu. Doué
en dessin et en peinture, il commence par étudier l’art et
l’architecture à Milan. En 1952, il écrit pour la radio ses
premiers monologues comiques, fait ses débuts d'acteur et
écrit des revues de critique sociale.
Née en 1929 à Parabiago, Franca Rame est une « Enfant de
la balle » : à 8 jours, déjà, elle est sur une scène de théâtre.
Les compagnies de théâtre ambulant ne résisteront bientôt
pas à la télévision. Franca Rame rejoint le " grand théâtre ".
Sur les photos des années 1950, elle ressemble à toutes les
starlettes italiennes du temps. Puis elle rencontre Dario Fo :
avec lui, qui cherche alors la voie d'un art retrouvant ses
origines populaires, face au théâtre bourgeois et face au
formalisme issu du fascisme, elle va définitivement s'éloigner du chemin tout tracé de la vamp à
paillettes. Dario Fo et Franca Rame se marient en 1954, et deviennent les inséparables partenaires
que l’on connaît.
Ensemble ils fondent leur première compagnie professionnelle : la compagnie Fo-Rame. Jusqu’en
1967, Dario Fo écrit et interprète des comédies destinées aux théâtres « bourgeois », mais dans
lesquelles il explore la culture populaire et promeut une critique sociale et politique de l’époque. En
1968 a lieu une rupture essentielle dans leur parcours : ils fondent l’association « Nuova Scena et
s’extraient du circuit du théâtre « bourgeois ». Cependant, l’association est vite dissoute à cause de
conflits idéologiques. Naîtra alors un autre groupe de travail, appelé La Comune.
Ces années sont celles des grands succès : Mystère Bouffe qui apporte à Dario Fo une renommée
mondiale ; Mort accidentelle d’un anarchiste, et Faut pas payer !
L’anti-conformisme de Dario Fo, ainsi que son engagement politique et social l’entraînent dans
d'innombrables procès et controverses en Italie, avec l'Etat, la police, la télévision, le pape.
En collaboration, Dario Fo et Franca Rame écrivent une série de monologues inspirés par la lutte
des Italiennes pour le droit au divorce et la légalisation de l'avortement. Franca Rame commence à
interpréter ses propres textes comme Tutta casa, letto e chiesa, Grasso è bello !, La madre. En
mars 1973, elle est kidnappée par l’extrême droite et subit des violences physiques et sexuelles.
Elle relatera ces évènements dans son livre Lo stupro.
Artiste hors normes, Dario Fo reçoit en 1997 le Prix Nobel de Littérature pour avoir « dans la
tradition des bateleurs médiévaux, fustigé le pouvoir et restauré la dignité des humiliés. »
Franca Rame quant à elle, se porte candidate aux élections sénatoriales et est élue sénatrice du
Piémont en 2006.
FRANCOISE HERITIER
Françoise Héritier est anthropologue. Elle est professeur
honoraire au Collège de France, où elle a enseigné l’étude
comparée des Sociétés Africaines de 1982 à 1998.
Françoise Héritier a d’abord travaillé sur les systèmes de
parenté dans la lignée des travaux de Claude Levi-Strauss,
mais les séminaires de recherche qu'elle a animés au Collège
de France et à l'EHESS s'inscrivent dans la problématique
générale du rôle de l'anthropologue dans la Cité (inceste,
violence, identité / altérité …)
Ses recherches l’ont amenée à proposer le concept de "
valence différentielle des sexes ", un invariant anthropologique
qui se situe au fondement de la domination masculine. Selon
elle la valorisation du masculin au détriment du féminin est
présente dans toutes les cultures. Elle a sa source dans l’asymétrie profonde qui donne pouvoir
aux femmes de procréer des enfants des deux sexes.
Quel est le levier essentiel pour sortir de ce piège ? Le droit à la contraception constitue une
révolution puisqu’il agit au cœur même du lieu où la domination s’est produite. Mais, des trois
privations qui constituaient les bastions de la domination masculine - la privation de liberté, de
savoir et de responsabilité – seules les deux premières ont cédé. La troisième reste tenace.
Comment faire évoluer les mentalités ?
Françoise Héritier s’est également engagée dans des réflexions comparatives sur des questions
aussi contemporaines que l’éthique de la reproduction et de la sexualité, et a développé un rôle
d’expert en tant que présidente du Conseil national du sida (1989-1994), puis membre du Comité
consultatif national d’éthique.
Véronique WIDOCK
La metteur en scène
Sortie du Conservatoire National Supérieur d’Art
Dramatique en 1984, elle joue sous la direction de Daniel
Mesguich les rôles de Juliette dans Roméo et Juliette au
Théâtre de l’Athénée, et de la Marquise Cibbo dans
Lorenzaccio au TGP.
Elle fonde la Compagnie « Les Héliades » et crée sa
première mise en scène au TGP, Les Rescapés de Stig
Dagerman. Parallèlement, elle continue de jouer avec
différents metteurs en scène comme Jean-Louis Martin
Barbaz, Jean-Pierre Sarrazac, Anita Picchiarini…
En 1992, elle choisit d’impliquer sa compagnie et son
travail de mise en scène au service d’un territoire et fonde
« Le Hublot », chantier de construction théâtrale, dans
une ancienne usine de métallurgie à Colombes. Elle crée,
en lien avec les habitants : Visions du monde d’Eugène
Durif au théâtre de Gennevilliers, Portraits Vidéo à la
Coupole / Scène Nationale de Sénart, et au Bateau-Feu / Scène Nationale de Dunkerque, et Trame
de Roselyne Brunet-Lecler au Théâtre Paris-Vilette.
Elle travaille sur des écritures contemporaines mouvementées souvent issues d’un répertoire
étranger. Elle crée notamment Dans le petit manoir de Witkiewicz et Le jeu de la vérité de Stig
Dagerman au Hublot, Le chemin du serpent de Torgny Lindgren à la Coupole / Scène Nationale de
Sébart, La rose tatouée de Tenessee Williams à L’Avant-Seine / Théâtre de Colombes et 27
remorques pleines de coton de Tenessee Williams au Sudden Théâtre.
Elle met en scène deux travaux d’écriture personnelle au Hublot : L’Atalante fugitive d’après Maiër
et Fleur de peau en co-écriture avec Eric Mariette.
Ses dernières créations : Tuta Blu de Tommaso di Ciaula au Hublot, Barbe-Bleue, espoir des
femmes de Dea Loher au Théâtre de la Tempête (Cartoucherie) et en 2008, Gengis Parmi les
Pygmées de Gregory Motton.
Ioana CRACIUNESCU
La comédienne
Théâtre
Grande actrice roumaine, Ioana Craciunescu, après avoir été
formée à l’Institut de Théâtre et Cinéma de Bucarest, a été
engagée par l’un des plus prestigieux théâtres roumains, le Théâtre
Nottara où elle a joué une quarantaine de rôles principaux et plus
de trente rôles du répertoire classique et moderne roumain.
Elle a reçu deux fois le prix d’interprétation féminine décerné par
l’A.C.I.N. (équivalent du César d’interprétation féminine) ainsi que
la Licorne d’Or du festival du film d’Amiens.
Etablie en France depuis 1991, elle a joué dans de nombreux
théâtre et festivals : La Cartoucherie de Vincennes, Théâtre du
Lucernaire, Théâtre de L’isle Saint-Louis, Sudden Théatre, Théâtre
Mouffetard, Festival d’Avignon, Théâtre de Grandville, Théâtre de
Limoges, Festival de Châlon Sur Saone…
Cinéma
Au cinéma, elle a joué près d’une vingtaine de rôles principaux
dans des films roumains, elle a également joué dans trois films français : Quelque-part vers
Conakry de Fr. Ebrard, Mensonge de Fr. Margolin et Pullman Paradiso de M. Rosier.
Télévision
Iona Craciunescu a travaillé pour la télévision roumaine : mise en scène, scénario, et interprétation
d’une série de 14 épisodes sur l’œuvre des principaux poètes roumains pour la TV Culturelle de
Bucarest.
Elle a obtenu de nombreux rôles dans des adaptations télévisées et l’un des rôles principaux dans
la série Lumières et Ombres, diffusée sur la principale chaîne roumaine. Elle est également
scénariste et interprète du groupe parodique REFLEXES.
Poésie
Auteur reconnu, elle a reçu le Prix Littéraire de l’Union des Ecrivains de Roumanie en 1980 pour
Hiver Clinique. Elle est la Fondatrice à Bucarest de la COMPAGNIE DU CAPRICORNE (adaptation
et mise en scène de nombreuses productions de théâtre de poésie). Sept volumes de ses poésies
ont été traduits en Grande-Bretagne, USA, Pologne, Pérou, Allemagne, Belgique et deux recueils
de ses vers en français ont été publiés « La Machine à vapeur » et « Soupe à l’oignon ».
En France, elle a adapté, mis en scène et interprété le spectacle POETES, VOS PAPIERS ! Elle a
également participé au Festival de Poésie du Haut Allier, et joué un spectacle de poésie roumaine
au Théâtre du Rond-Point des Champs-Elysées.
Eric MARIETTE
Le réalisateur
Après quinze années dans l’aéronautique pendant lesquelles il
travaille parallèlement l’écriture dramatique, c’est en 1990 qu’Eric
MARIETTE décide de se consacrer pleinement au théâtre.
Il sera notamment formé par Julian Knab (European Theater
School), Paul Golub (Théâtre du Volcan Bleu), Joel Pommerat (Cie
Louis Brouillard), Dominique Verrier et Simon Abkarian (Théâtre du
Soleil).
Auteur/metteur en scène
il crée plusieurs spectacles : « Les Praticiennes », « L’envers du
décor », « Les Naufragés de la mare », « Les Médiévales », « Les
Petits Choix », « Kristalnacht ».
Auteur , il écrit « Fleur de peau », « Extase », « Maman Lise et
Jean-Pierre », « Babel », « Hasard » .
Metteur en scène de « Polards », triptyque théâtral avec Mona
Muche en 2001, « Cantates » de J. S. Bach, avec la Maîtrise des Hauts-de-Seine et la chorale de
l’Opéra de Paris au Palais des Congrès-Nanterre en 1995.
Assistant à la mise en scène de Joël Pommerat sur « Treize étroites Têtes » aux Fédérés - CDN de la
région Auvergne à Montluçon et au Théâtre Paris-Villette en 1997.
Concepteur lumière du « Jeu de la Vérité » de Stig Dagerman, au Hublot en 1997, de « Trame » de
Roselyne Brunet-Lecler, au Théâtre Paris-Villette en 1997, de « Présences », mise en scène de Joël
Pommerat au Hublot et au Théâtre 71-Malakoff en 1996, et du « Cri des Hannetons », mise en
scène de Dominique Verrier au Hublot en 1994.
Réalisateur vidéo/théâtre et documentaire
Il crée « Les Rires d'en face » en 2006 au Bathyscaphe et « La Grande Cour » en 2000 au Hublot.
En 2007, il réalise le film du spectacle « Barbe bleue, espoir des femmes ». En 2008, il réalise un
documentaire sur Mayotte et sur la tournée du groupe de musique Tsenga.
INFORMATIONS PRATIQUES
Cie Les Héliades
87 rue Félix Faure
92700 COLOMBES
FRANCE
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01 47 60 10 33
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06 60 69 54 63
CONTACT PRODUCTION
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CONTACT DIFFUSION
Claire DEMAISON
La Strada et compagnies
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06 60 26 23 67