Elevage - Chambre d`Agriculture de Nouvelle Calédonie

Transcription

Elevage - Chambre d`Agriculture de Nouvelle Calédonie
Partenaire d’un
développement agricole
durable
N°124 • Décembre 2010
500 F
Végétale
Agir efficacement
contre le Bunchy Top > p.8
Dossier
Elevage
le premier groupement
de défense sanitaire
calédonien est lancé
PORTRAIT
René Panue Wacapo
arboriculteur à Lifou > p. 40
Agri-tourisme
A la découverte du miel de Thia
sommaire
4 > Brèves et revue de presse
6 > Dossiers de la CANC
• Mission Identification bovine et
interprofession viande
• Formation, renforcer le rôle des
agriculteurs
6
8 > Filière végétale
Le Bunchy Top, un fléau toujours d’actualité
16 > Technique
Produits phytosanitaires, mieux se protéger
8
22 > Dossier
• Elevage, vers une gestion concertée
des problématiques sanitaires
• Pour une lutte intégrée contre la tique
• Rapport d’étape sur l’identification
individuelle des bovins
• L’UPRA Bovine, en charge de la
Certification de Parenté Bovine
• Interview de Gérald Blomme et de
Raymond Hugueny, éleveurs de bovins
16
34 > Organisation professionnelle
Pewake I Ba
36 > Juridique
Réforme du registre de l’agriculture
34
38 > Partenaire
Un nouveau terrain d’application pour
les formations agricoles
40 > Mieux connaître l’agriculture
calédonienne
Portrait de René Panue Wacapo,
arboriculteur à Lifou
44 > Fiche produit
La pêche, un fruit de diversification
46 > Agriculture et société
Qualité environnementale :
les agriculteurs s’engagent
38
50 > Formation - métier
• Formation et insertion,
l’agriculture comme moteur
• Frédéric Barjon, Technicien du GDCSA
54 > Agri-tourisme
A la découverte du miel de Thia
56 > Petites annonces
N°124 • Décembre 2010
La Calédonie Agricole est une publication de la Chambre
d’agriculture de Nouvelle-Calédonie, BP 111 - 98845 Nouméa
cedex, tél. 24 31 60 - Fax : 28 45 87. Directeur de publication :
Gérard Pasco. Directeur de rédaction : Yannick Couete. Rédacteur en chef : Pierre Ardorino, Sophie Golfier. Rédacteurs :
Thierry Vanhaecke, Clément Gandet, Pierre Ardorino,
Florence Castanet, Jean-Michel Favier, Vincent Galibert,
Sophie Golfier, GFA. Photos : Sébastien Mérion,
Pierre
Ardorino.
Réalisation
:
International
Concept Pacifique, tél. 24 35 20. Régie publicitaire :
Agence Calédonienne de Publications, tél. 24 35 20.
Publicité : Daniel, tél. 78 22 41. ISSN : 1257 - 0397.
La Calédonie Agricole est tiré à 4000 exemplaires sur les
presses de Artypo.
N°124 DECEMBRE 2010
édito
L’année 2010 s’achève, et de toute évidence, elle
ne figurera pas parmi les bons crus de l’agriculture calédonienne. Les conditions climatiques,
notamment la sécheresse, ont fortement pénalisé
la production agricole, aussi bien l’élevage bovin
que les productions végétales. L’utilisation de
la ressource en eau pour nos productions est
dorénavant devenue une préoccupation majeure,
tout comme la dramatique érosion des surfaces
foncières agricoles. A l’évidence, les sujets
d’inquiétude ne manquent pas… Néanmoins, si
notre profession veut se construire un avenir, elle
est indéniablement condamnée à s’organiser, se
structurer et aller de l’avant.
En étroite collaboration avec l’ensemble des
partenaires impliqués dans la filière bovine, la
Chambre d’agriculture a créé un Groupement
de Défense Sanitaire Animal qui s’inscrit parfaitement dans cette logique. Un dossier y est
consacré dans ce numéro. Il s’agit de vous faire
découvrir les missions confiées à ce GDS Animal en termes de lutte contre la tique, de suivi
sanitaire des troupeaux et d’identification des
bovins. Son objectif est avant tout d’apporter
un service complémentaire aux éleveurs, afin
de faciliter le suivi de leur élevage et d’améliorer la rentabilité de leur exploitation.
Dans le même esprit et conformément à notre
feuille de route, nous venons de finaliser notre
proposition d’évolution des textes du Registre
de l’agriculture, ainsi que des statuts de notre
Chambre. Fruit d’un travail long et minutieux, ces
évolutions doivent permettre à notre institution
consulaire de fonctionner de façon optimale.
J’en finirais en vous souhaitant, ainsi qu’à vos
proches, de bonnes fêtes de fin d’année. En tant
que président de la Chambre d’agriculture, vous
pouvez compter sur mon total engagement pour
relayer en 2011 vos préoccupations auprès des
partenaires institutionnels et œuvrer avec les élus
et techniciens pour vous apporter des solutions
concrètes.
Gérard Pasco,
Président de la Chambre d’agriculture
de Nouvelle-Calédonie
LA CALÉDONIE AGRICOLE
3
En bref...
UPRA Bovine
Le conseil
est renforcé
L’UPRA bovine a recruté Romain
Mirouze, un nouveau technicien
spécialisé en élevage allaitant. Il
travaillait en métropole pour une
union de coopératives d’insémination animale et s’occupait de
la commercialisation d’animaux
reproducteurs limousin et blond
d’aquitaine. Basé à Koumac, il
aura pour mission d’accompagner les éleveurs de la province
Nord dans leurs démarches de
sélection : contrôle des performances, conseil dans le choix
des animaux pour le renouvellement, coordination des activités
d’insémination artificielle et
de transfert embryonnaire. Il
travaillera également avec les
agents provinciaux en charge du
développement de l’élevage.
Biocalédonia
Reconnaissance
officielle
Prix de la pomme de terre
Augmentation
sous réserve
Agriculture responsable
Premiers audits
Les audits de certification en
Agriculture Responsable ont
démarré chez les producteurs
de fruits et légumes. Dans le
prochain numéro de LCA, un
article sera consacré aux premiers producteurs certifiés. Le
signe de qualité « Agriculture
Responsable » sera étiqueté
sur les produits et sera visible
en magasin dès la délivrance
du certificat aux producteurs.
La grande distribution, déjà
partie prenante de cette
démarche, devrait participer à
l’identification des produits sur
les étals via une communication en magasin.
Suite à une demande des Syndicats
des Exploitants Agricoles, le gouvernement a décidé, sur proposition du
conseil d’administration de l’OCEF,
de revaloriser les prix d’achat des
pommes de terre.
A compter de la récolte 2010, les prix
maximum d’achat seront donc les
suivants :
- Pommes de terre de consommation
courante : 71 F / kg
- Pommes de terre de transformation
55 F / kg
- Pommes de terre à chair ferme :
130 F / kg.
La prime ERPA de 4 F / kg sur la Red
Ruby est maintenue pour cette campagne.
Le conseil d’administration de l’OCEF
a souhaité conditionner cette augmentation et la réserver aux producteurs
s’engageant dans une démarche
d’Agriculture Responsable.
Pour adhérer à l’Organisme De Gestion
(ODG) des signes de qualité (Syndicat
pour une agriculture respectueuse de
l’environnement), contactez
Julie Deffieux au 24 63 74.
Mission
en Nouvelle-Calédonie
Depuis 2009, l’association
Biocalédonia œuvre pour le
développement de l’agriculture
biologique en Nouvelle-Calédonie. Ces efforts aboutissent
aujourd’hui à une reconnaissance par la CPS (Communauté
du Pacifique Sud) et le POETCOM
(Pacific Organic and Ethical Trade
Community), l’autorisant officiellement à utiliser la Norme Océanienne d’agriculture biologique,
le logo BIOPASIFIKA et validant le
fonctionnement de son système
participatif de garantie. Cette
reconnaissance est une première
dans la région.
4
LA CALÉDONIE AGRICOLE
Un expert
de l’agriculture
Didier Marteau, agriculteur
dans le département de
l’Aube, ancien vice-président
de la FNSEA et membre de
l’APCA, président de Chambre
d’agriculture, était en mission
du 17 au 27 octobre dernier
en Nouvelle-Calédonie. Sa
mission, accompagnée par
le cabinet SODIE PACIFIQUE
et par le gouvernement, était
de rencontrer les partenaires
agricoles pour dresser un état
des lieux avec propositions de
pistes de travail. En France,
il est notamment chargé du
dossier Ecophyto.
Thèse
La mouche des
fruits
Le 15 octobre Christian Mille, ingénieur
à la Station de Recherche Agronomique de Pocquereux, a soutenu sa
thèse sous la co-direction de Laurent Wantiez (LIVE-UNC) et de Serge
Kreiter (Sup-agro de Monpellier) «Les
mouches des fruits en Nouvelle Calédonie (Diptera, Tephritidae) : Systématique, comportement, dynamique et
gestion des populations ».
N°124
DECEMBRE 2010
Revue de presse...
Un rempart
contre les délocalisations
Selon deux études sur l’impact économique et territorial des « signes
d’identification de la qualité et de l’origine », réalisées en 2007 et 2008
portant sur cinq produits emblématiques de Midi-Pyrénées, les labels
de qualité permettent une « valorisation économique supérieure » par rapport à leurs homologues génériques. Ils constituent aussi une « porte
d’entrée » dans la grande distribution, induisant un accroissement des
volumes vendus. « Il y a en outre la certitude que les signes d’identification
sont des générateurs d’emploi et des remparts contre les délocalisations », a
souligné Jacques Poux, directeur d’Irqualim. Les labels liés à une
origine géographique fixent l’activité économique sur un territoire
et empêchent sa délocalisation du fait de la non reproductibilité des
démarches qualité. De manière générale, les filières qualité ont tendance à « tirer vers le haut » la production globale d’une région.
Lettre agrisalon du 22/10/2010
La Norvège crée un indice
pour évaluer l’état de la nature
La Norvège a créé un indice qui permet d’évaluer l’état de la nature. Mis au point cette année, cet indice a été présenté lors de la
convention sur la diversité biologique de l’ONU qui s’est tenue en
octobre à Nagoya, au Japon. Selon Heidi Soerensen et d’autres responsables norvégiens, l’indice pourrait n’être qu’une étape avant
la valorisation de la nature dans le calcul du produit intérieur brut
(PIB), ce qui constituerait une révolution de l’économie traditionnelle. «Ce peut être un excellent outil qui pourrait venir en aide aux comptes
nationaux. Ce n’est pas le cas avec l’indice, mais c’est un très bon point de
départ». Un rapport de l’ONU chiffre le coût des dégâts causés au
capital de la nature entre 2 et 4,5 milliards de dollars par an. Or, ces
pertes ne sont pas prises en compte dans le calcul du PIB.
Le monde 21/10/2010
Documentation
Guide
des écogestes
Depuis l’année dernière, la Maison
de la femme et la direction de
l’Environnement ont travaillé de
concert sur un projet éco citoyen. Leur
travail a abouti à l’élaboration d’un
guide pratique qui vise
à minimiser l’impact sur
l’environnement.
Ce guide est
téléchargeable sur le site
de la province sud
www.province-sud.nc
rubrique environnement
Vous pouvez également
le consulter sur
place à la Chambre
d’agriculture.
Salons
Deux salons
sur l’agriculture
à Paris
Chaque année, la planète perd
l’équivalent de l’Italie en surfaces
cultivées
Jusqu’à 30 millions d’hectares de surfaces cultivées, soit l’équivalent de la superficie de l’Italie, sont perdus chaque année a souligné
jeudi 21 octobre un rapport de l’ONU. La combinaison entre la
dégradation de l’environnement, l’urbanisation et les acquisitions
de grandes surfaces par des investisseurs étrangers constitue «un
cocktail explosif» souligne Olivier de Schutter, rapporteur spécial des
Nations unies sur le droit à l’alimentation. A l’échelle de la planète.
«5 à 10 millions d’hectares de terres agricoles sont perdus chaque année du
fait d’une dégradation sévère de l’environnement et 19,5 millions de plus sont
perdus du fait de l’industrialisation et de l’urbanisation». La pression des très
grands exploitants agricoles a accentué ce phénomène. «Chaque année, des
investisseurs expriment leur intérêt dans l’acquisition de plus de 40 millions
d’hectares de terres arables. Ces développements ont un impact énorme sur les
petits exploitants, les peuples indigènes, les bergers et les pêcheurs qui dépendent de l’accès à la terre et à l’eau pour leur existence».
Le monde 21/10/2010
N°124 DECEMBRE 2010
Le salon international de l’agriculture
(SIA) et le salon du machinisme
agricole (SIMA) se dérouleront à Paris
respectivement du 19 au 27 février
et du 20 au 24 février. Ces deux
salons font référence en matière de
découverte du monde agricole. L’un
s’attache à faire découvrir l’agriculture
au grand public tandis que l’autre
est plus « professionnel » (mondial
des fournisseurs de l’agriculture et de
l’élevage).
LA CALÉDONIE AGRICOLE
5
de le Chambre d’agriculture
Les dossiers
Mission
Identification bovine et
interprofession viande
n Du 27 septembre au 9 octobre, des représentants de la
CANC, du Syndicat des éleveurs bovins et de la DAVAR ont
effectué une mission en métropole pour travailler sur l’identification bovine et l’interprofession viande.
La délégation a rencontré des partenaires de l’identification bovine afin
d’asseoir le projet IPG. Une convention tri partite Institut Elevage Bovin /
DAVAR/ CANC a été signée à cette
occasion.
En deuxième semaine, accompagnée
par une représentante de l’OCEF susceptible d’être permanente de l’Interprofession Viandes en Nouvelle-Calédonie (IVNC), la mission a rencontré
divers représentants des interprofessions en métropole (INTERBEV, Nationales et Régionales).
La fin de la mission s’est déroulée
au sommet de l’élevage de Cournon,
première manifestation d’élevage en
France. Partenaires, matériels agricoles, animaux et techniques d’élevage ont tout particulièrement intéressé les membres de la mission.
Convention cadre
L’identification permanente
des animaux de l’espèce bovine
Cette convention trie partite, signée le
12 octobre 2010 et pour une durée d’au
moins 5 années, a pour objectif de définir
les modalités de l’appui technique apporté
par la DAVAR, la CANC et l’institut de l’élevage dans la mise en œuvre de l’identification. La convention fixe notamment les
missions de l’institut de l’élevage dans
son soutien auprès de la DAVAR et de la
Chambre d’agriculture. Que ce soit dans la
mise en place et la gestion de l’outil ou les
modalités de mise en œuvre sur le terrain.
Formation,
Renforcer le rôle
des agriculteurs
n La Chambre d’agriculture a réuni lundi 18 octobre les
membres de la commission formation pour aborder la place
que doivent prendre les agriculteurs dans les dispositifs de
formations agricoles. Un débat est nécessaire pour renforcer
l’efficacité des dispositifs.
Suite aux constats partagés par de
nombreux acteurs professionnels
agricoles (manque de lisibilité des
besoins de formation, mesure difficile de l’insertion des formés dans
l’agriculture, adéquation entre les
formations agricoles proposées / les
publics à former / les professionnels
à renforcer), la CANC souhaite occuper une place importante afin devenir
le référent privilégié sur les questions
de formations agricoles (pour les
adultes principalement). En 2010,
la Nouvelle-Calédonie, suivie de la
DAFE, a reconnu le rôle évident que
doit avoir la CANC en tant que repré6
LA CALÉDONIE AGRICOLE
sentant des agriculteurs.
Les agriculteurs sont les acteurs
de la formation
L’objectif est de replacer les agriculteurs comme acteurs dans ce dispositif, avec l’appui des partenaires. Pour
y parvenir, le pôle formation devra se
restructurer et s’étoffer pour couvrir de
nouveaux champs d’activités, complémentaires : la formation, l’emploi et
l’insertion, l’installation en agriculture.
Faire émerger les attentes formation
Concrètement, l’une des premières actions serait de faire un point avec tous
les acteurs agricoles, les représentants
des agriculteurs, des membres de groupements, syndicats, associations pour
faire émerger leurs attentes en terme
de formation. Ensuite, ces attentes
seraient débattues avec les centres de
formation agricole pour leur mise en
place.
Reste à réunir le budget nécessaire
pour ce projet qui doit fédérer tous les
partenaires afin de rapidement transformer cette belle idée et permettre finalement une meilleure efficacité des
dispositifs mis en place.
N°124
DECEMBRE 2010
végétale
Filière
Le Bunchy Top,
un fléau toujours
d’actualité
Certains semblent l’avoir oublié, mais le Bunchy Top continue de sévir. Le
grand Nouméa, Farino et Poindimié-Touho, les 3 lieux d’infection d’origine,
demeurent un réservoir important du virus. Sans une vigilance constante et une
prise de conscience générale, les plantations de bananes pourraient disparaître. Le
point sur ce fléau toujours vivace.
Arbofruits, en partenariat avec
l’Agence de prévention et d’indemnisation des calamités agricoles ou naturelles, mène une veille sanitaire depuis 1999 pour lutter contre le Bunchy
Top. Ce virus se transmet d’une
souche de bananier à l’autre, via le
puceron du bananier qui circule dans
la sève, bouche les vaisseaux et empêche la production de bananes. Dans
les pays où aucun contrôle n’a été
effectué, jusqu’à 95 % de la production de fruits a disparu dans les trois
8
LA CALÉDONIE AGRICOLE
années qui ont suivi l’introduction de
la maladie. En Nouvelle-Calédonie, la
gestion effectuée par Arbofruits a permis de maintenir la production de bananes et de limiter la propagation du
virus. Aujourd’hui, trois foyers sont
toutefois atteints : Poindimié-TouhoPonérihouen, Farino-Sarraméa et le
Grand Nouméa.
Aujourd’hui, seule l’éradication des
pieds malades avec leur souche, et
en annexe le traitement du puceron,
vecteur du virus, permet de lutter
contre cette maladie. Une équipe de
techniciens aidée de guides, sillonne
une partie du territoire pour surveiller
la progression de la maladie et sensibiliser la population aux risques
encourus. Mais cette lutte est aussi
l’affaire de chacun, et il est important
de continuer à signaler les cas suspects en dehors de ces zones et de ne
pas transporter de plants, pour ne pas
faire migrer la maladie.
N°124
DECEMBRE 2010
Filière
végétale
“
La lutte contre le
Bunchy Top est l’affaire
de tous !
Action de la province Nord
La province Nord entreprend une
action d’envergure depuis 2008, en
partenariat avec Arbofruits, dans les
zones où le virus du Bunchy Top est
durablement installé, sur les communes infectées de Poindimié et de
Touho. Là, le SIVAP n’intervient
plus, mais la province Nord prend le
relais, pour continuer à sensibiliser
et faire des opérations de destruction
massive avec des guides de tribus, parfois des associations. Dans ces zones,
on prône des destructions manuelles
à la barre à mine, pour que les propriétaires de bananiers s’approprient
la méthode et voient qu’il n’est pas
nécessaire d’avoir du matériel spécifique pour gérer la maladie. Ce travail
est plus fastidieux, mais il a aussi le
mérite d’être plus respectueux de l’environnement.
N°124 DECEMBRE 2010
Rappel des symptômes
• Au début de la maladie, les dernières
feuilles sorties sont plus courtes, s’enroulent vers l’intérieur et leur bord est
jaune fluo.
• Lorsque la maladie progresse, les
feuilles sont étroites et cassantes, les
bords des feuilles se recourbent vers le
haut et jaunissent.
• Au dernier stade, les feuilles forment
un bouquet touffu d’où son nom anglais : Bunchy Top.
”
Ouégoa :
Une parcelle d’essai
pour des bananes de
qualité
Billonnage, analyse de terre,
fertigation, choix des rejets,
désaisonnement,
gestion
de
l’enherbement : autant de
techniques vulgarisées dans la
parcelle d’essai d’Henri Dubois,
à l’initiative de la province Nord
et en partenariat avec Arbofruits.
Avec l’installation des nouveaux
périmètres irrigables, ce champ
de démonstration fait déjà recette,
puisque déjà 3 producteurs se
(re)lancent dans des projets de
production raisonnée de bananes
poingos ou william. Le lointain
bassin de production de Ouégoa
Pouébo a l’avantage de son climat
plus chaud ; et le Bunchy Top y est
encore absent. Chaque année, des
prospections y sont organisées.
LA CALÉDONIE AGRICOLE
9
végétale
Agir
contre le Bunchy top
Filière
La lutte contre le virus est l’affaire de tous. Rencontres et témoignages
des acteurs qui œuvrent au quotidien pour contenir ce fléau.
Alain DUBOIS,
producteur de Ouégoa
J’ai commencé par replanter 900 pieds
qui vont produire à partir de janvier
2011, puis je continue à planter au fur
et à mesure (encore 0,5 ha de poingos
et 0,5 ha de William). Je suis intéressé
par le label agriculture responsable et
je suis les conseils techniques de la
DDE et Arbofruits. Le Bunchy Top ?
Un très grand danger pour la commune. Le travail de prospection mené
par Arbofruits est indispensable. Moi,
je connais la maladie car je l’ai vue
chez un ami à Nouméa, mais je ne
sais pas si les habitants de la commune ou de Pouébo connaissent bien
ses symptômes.
Ferrand KECINE, technicien de la
province Nord, en charge de la zone
infectée du nord :
Pour détruire, on a complètement
abandonné le glyphosate. La méthode
que nous montrons, c’est le manuel :
les gens peuvent faire eux-mêmes, ils
ont tout le matériel chez eux, et c’est
respectueux de l’environnement.
Ils brûlent le cœur des feuilles pour
éliminer tous les pucerons, puis ils
dessouchent à la barre à mine. Mon
mot d’ordre : « Quand tu rentres dans
ton champ de taros, tu tires les mauvaises
herbes… et bien là, dès que tu traverses
ton champ de bananes, tu arraches les
pieds malades. Il faut que ce soit un automatisme… »
Jean Marcel SIU, dit ‘Pousse’,
producteur de bananes à Dumbéa
en conversion vers l’agriculture biologique. (11 000 pieds de bananes dessert produisant 5 à 6 tonnes par mois)
« Il y a 10 ans on a tout détruit. J’ai re-
planté des vitroplants. Malheureusement,
il y a eu des refus dans le voisinage et la
maladie est restée. Chaque semaine, mon
employé passe dans les champs pour piquer les fleurs au Dipel. Il repère les pieds
atteints de Bunchy Top. On repasse plus
tard pour arracher à la barre à mine. Il
nous faut environ 3 jours par mois pour
assainir nos plantations. On pourrait estimer à une moyenne de 2 ou 3 % de pieds
touchés par le Bunchy Top sur l’ensemble
de mes champs. Les gens traitent chez eux
s’ils connaissent. Ceux qui ne connaissent
pas, ils laissent. C’est une erreur. »
10
LA CALÉDONIE AGRICOLE
Mathieu GIRARD,
technicien à Touho en zone infectée :
« Le travail d’un guide de tribu, c’est plus
que juste un boulot ponctuel, c’est une
mission pour la tribu ; la personne qui
travaille doit aussi être impliquée tout au
long de l’année : elle devient la référente
si d’autres ont des doutes sur la maladie.
Le problème, c’est que le bananier, c’est
une plante facile ! Tu la laisses dans la
brousse, elle produit, cela ne demande pas
beaucoup de soin… C’est pour cela que
les gens n’ont pas pris l’habitude de s’occuper des bananiers… Notre travail, c’est
de les convaincre de changer d’attitude. »
N°124
DECEMBRE 2010
Témoignages
Emmanuel KOLELE,
président du conseil
des clans de Tiwae (Touho), « guide »
agent de destruction du Bunchy Top :
« Au bout d’un moment certaines tribus
ont réalisé que leurs bananiers ne produisaient plus. Au début, on en avait beaucoup
détruits ; alors ils ne voulaient plus qu’on
détruise. Maintenant, ils réalisent qu’il
faut de nouveau planter, et qu’il faut arracher les souches malades. »
Kaloï :
Petit chef de Bayes - vice président
du district de Bayes, Poindimié.
« Je cultive 400 pieds de poingos depuis
2001. Je ne vends pas, je donne. Ce que je
voudrais mettre en avant, c’est que le régime est très important dans la coutume.
Il ne faut pas se laisser aller. J’encourage
les techniciens à continuer le travail et les
autorités coutumières à faire de la prévention. Il faut donner du temps à la parole. »
Jean-Paul LOLO,
technicien d’Arbofruits à Lifou
Nous avons distribué des prospectus
à la foire des îles, les réactions c’est
« Nous ne voulons pas de Bunchy Top
chez nous ! ». Les gens du fret à Aircal
qui vérifient les marchandises confisquent les bananiers s’ils en trouvent…
André GOPOEA,
Maire de Ponérihouen
( Zone tampon du Bunchy Top : )
« Nous sommes tous concernés par le
Bunchy Top parce qu’on ne peut pas envisager la disparition du bananier. Le Bananier fait partie de notre vie. On le trouve
partout dans notre alimentation et dans
nos échanges coutumiers. Le développement actuel du Bunchy Top nous inquiète
beaucoup, surtout s’il s’ancre durablement dans Ponérihouen et ne régresse pas.
Si rien n’est fait, le stock va diminuer, et
à terme on pourrait envisager le pire, ne
plus avoir de bananiers. Ceux qui veulent
toujours n’en faire qu’à leur tête, en transportant des plants des zones infestées vers
les zones indemnes, devraient commencer
à le comprendre. Certains sont réceptifs :
ils prennent des précautions.
Pour mieux agir, il faut continuer à faire
des informations au niveau des tribus,
maintenir une veille sanitaire, voire sévir
en infligeant une amende.
Enfin, on ne sait pas toujours qui a planté
les bananiers en premier : ce sont tous les
vieux, et de ce fait les gens y sont très attachés, car on ne connaît pas leur histoire.
S’ils les ont plantés là, c’est pour une raison. Ici, tout se respecte, alors certains hésitent à faire disparaître ce qui a été planté
par les anciens. Si donc, la lutte contre le
Bunchy Top n’est pas bien expliquée aux
habitants des tribus, on peut rencontrer
des freins dans le travail à faire. »
Le Bunchy Top continue de progresser
N°124 DECEMBRE 2010
LA CALÉDONIE AGRICOLE
11
végétale
Filière
Témoignages
Interview :
Elodie Dubois
Phytopathologiste au Service d’Inspection
Vétérinaire Alimentaire et Phytosanitaire
(SIVAP) et coordinatrice technique au SIVAP
pour le Bunchy Top.
Depuis quand la Nouvelle-Calédonie
agit-elle contre le Bunchy Top ?
Plus de 10 ans maintenant. La maladie a été déclarée en 1999. Il y a eu 2
phases : la phase d’éradication qui a
été menée par la Nouvelle-Calédonie
puis une phase de surveillance qui lie
depuis 2003 l’APICAN, Arbofruits et
la DAVAR.
La lutte était considérée comme trop
radicale au début. Comment et pourquoi
la méthode de lutte a-t-elle évolué ?
A l’époque, le but était d’éradiquer la
maladie par la manière forte c’est-àdire en détruisant tous les plants atteints. Il y avait une incompréhension
sur les raisons de ce choix et sur les
risques encourus. Les gens étaient plus
ou moins récalcitrants. Le fait qu’il y
ait eu des bananiers « cachés » et donc
un maintien de la maladie dans certaines zones nous a poussés à changer
de stratégie. Réduire au maximum la
progression de cette maladie plutôt
que chercher à la faire disparaître. Aujourd’hui, on est dans une démarche
de sensibilisation pour que les gens
prennent conscience de cette maladie
et arrivent à la reconnaitre et limiter
eux-mêmes les dégâts, par une destruction.
tampons pour contenir la maladie et
préserver les zones saines.
Vous insistez sur la prévention. Que
faire en cas de doute ?
Il est important que chacun connaisse
les symptômes du Bunchy Top et ait
le réflexe de contacter Arbofruits
au plus vite en cas de suspicion. Le
Bunchy Top est un virus dévastateur.
Par exemple, nos voisins Fidjiens, autrefois exportateurs de bananes n’ont
aujourd’hui plus aucune production
commerciale. La Nouvelle-Calédonie
ne souhaite pas en arriver là.
Il y a également des zones infectées
où il n y’a plus de lutte car le Bunchy
Top y est trop important. Les gens
doivent savoir que cette maladie existe
toujours et qu’ils peuvent aider à
améliorer la situation actuelle en dessouchant eux-mêmes leurs bananiers
malades.
Pourquoi la règlementation interdit-elle
le transport des bananiers ?
Pourquoi l’APICAN et le SIVAP continuentils d’intervenir contre le Bunchy Top ?
La règlementation définit des zones
saines, des zones tampons et des zones
infectées. Souvent les gens n’identifient
pas les symptômes sur leurs bananiers
et s’imaginent qu’ils sont sains. En
donnant un bananier à leur famille
pour aller le planter en Brousse, ils
sont susceptibles d’introduire « le loup
dans la bergerie ». Le transport des bananiers est donc interdit pour ne pas
infecter des zones saines. Arbofruits
est chargé d’intervenir dans les zones
C’est une maladie à répercussion mondiale : elle est redoutable au niveau
sanitaire et d’un impact économique
majeur. C’est pourquoi on intervient
et on tient à continuer à intervenir. Le
but de cette surveillance est de protéger les zones de production comme
Ouégoa et Pouébo par exemple.
12
LA CALÉDONIE AGRICOLE
Les Australiens et d’autres ont mis en
place des moyens de lutte semblables
aux nôtres, mais quelles sont les spéci-
ficités de la Nouvelle-Calédonie ?
Le milieu tribal rend très spécifique
cette lutte contre le Bunchy Top de par
l’isolement des tribus mais également
leur style de vie et leurs coutumes. Les
techniciens font du porte à porte et il
faut parfois beaucoup discuter pour
que les gens comprennent et acceptent
leur intervention. Les gens en tribu
sont encore plus concernés que les
gens en ville ou en zone plus rurale :
ils vivent de ce bananier, et y sont aussi
coutumièrement liés. De plus, les bananiers ne sont pas plantés bien droits en
ligne ; il y a ceux des anciens champs
aujourd’hui en jachère, ceux des endroits tabous ou ceux plantés par les
chasseurs dans la montagne. Les refus
et la non compréhension des propriétaires sont les principales barrières
à franchir pour atteindre l’objectif
fixé. Toute la Nouvelle-Calédonie est
concernée ! En Australie, la maladie
a pratiquement été éradiquée et cela
n’aurait pas pu être possible sans la
coopération de tous.
Quelle serait la conclusion?
Je pense que l’essentiel aujourd’hui est
de communiquer sur cette maladie. Les
gens sont souvent surpris quand je leur
parle du Bunchy Top : ils n’en entendent plus vraiment parler, ils pensent
que la maladie a été éradiquée. Le travail réalisé par Arbofruits est important
mais nécessite une prise de conscience
et une implication générale.
N°124
DECEMBRE 2010
Technique
Produits
phytosanitaires,
mieux se protéger
Maux de tête, vertiges, nausées, irritations cutanées, troubles
respiratoires… une mauvaise utilisation de produits phytosanitaires peut en
être la cause. Pour préserver sa santé, il est indispensable de mieux connaître
les risques liés à leur utilisation et prendre en conséquence des mesures pour
limiter leur dangerosité. Retour sur les Journées Santé Sécurité 2010 de la
Direction Territoriale de l’Emploi avec le Service Médical Interentreprises du
Travail (SMIT), à la station IAC de Pocquereux, le jeudi 15 octobre.
On évoque généralement la santé des
consommateurs lorsque l’on aborde le
sujet sensible des produits phytosanitaires. Mais une mauvaise utilisation
de ces produits touche en premier lieu
les applicateurs eux-mêmes et leur entourage. Les produits phytosanitaires,
bien qu’ils soient élaborés pour lutter
contre des insectes ou des mauvaises
herbes, peuvent également avoir une
action indirecte sur l’homme : un herbicide a beau être conçu pour détruire
les adventices, il n’est pas sans consé16
LA CALÉDONIE AGRICOLE
quence pour l’applicateur. Ces produits sont des préparations destinées
à protéger les végétaux ou les produits végétaux contre les organismes
nuisibles ou prévenir leur action. Ils
exercent une action sur les processus
vitaux des nuisibles, en agissant sur
leur système nerveux (neurotoxique)
ou en modifiant le fonctionnement
hormonal.
La probabilité de subir des effets néfastes sur la santé dépend de la nature
des produits utilisés, de la quantité à
laquelle on est exposé, de la durée et
de la fréquence de l’exposition. En
matière de santé des agriculteurs, la
prévention est à privilégier, il est donc
nécessaire de bien connaître les effets des produits phytosanitaires pour
adapter ses comportements et se protéger efficacement.
Quelles sont les voies de
pénétration dans l’organisme ?
Elles sont multiples : cutanée, digestive, respiratoire et oculaire.
N°124
DECEMBRE 2010
“
Il est important de bien connaître
les matières actives utilisées.
Notre peau est relativement épaisse
mais elle peut être facilement traversée par des substances solubles dans
les graisses. Or on rajoute fréquemment des adjuvants pour améliorer
l’accroche (tensio-actif) des produits.
Des produits comme le mazout augmentent la pénétration des matières
actives au travers de la peau.
La voie digestive, c’est l’absorption
par la bouche avec un effet corrosif
sur le tube digestif. L’absorption se
fait souvent lorsque l’on boit, fume
ou mange pendant les applications ou
après si les mains n’ont pas été correctement nettoyées.
L’absorption peut aussi être indirecte
par une pénétration via les mucosités
nasales et respiratoires (absence de
masque ou masque pas adapté). Dans
les voies respiratoires, la pénétration
dépend de la taille des gouttes dans
l’atmosphère.
L’absorption par voie respiratoire
peut se produire lorsqu’on travaille à
partir de poudres, dans une ambiance
de gouttelettes en suspension dans
l’air (brouillards) ou de vapeurs. Le
risque lié à une application à basse
N°124 DECEMBRE 2010
pression est assez faible, étant donné
que les gouttelettes sont trop grosses
pour demeurer en suspension dans
l’air. L’application à l’aide d’un équipement à haute pression, à très faible
volume ou de type brumisateur peut
augmenter le risque parce que les
gouttelettes sont plus fines et qu’elles
peuvent voyager dans l’air sur des
distances considérables. Ces petites
gouttelettes vont plus profondément
dans les poumons et sont mieux absorbées. Les produits qui présentent
un risque d’inhalation élevé portent
une étiquette où figurent des instructions concernant le port d’un appareil
de protection respiratoire.
En synthèse, on peut retenir que le
risque de pénétration dans l’organisme est variable selon la formulation des produits phytosanitaires. Le
risque est plus important pour les aérosols et les poudres. Il est plus réduit
pour les liquides et presque nul pour
les granulés et les briquettes. S’il est
important de bien connaître les matières actives utilisées, il ne faut pas
pour autant oublier de prendre en
”
Les missions du SMIT
• Consultation d’un médecin spécialiste en Médecine du Travail.
• Expertise sur les lieux de
travail assurée par une équipe de
spécialistes afin de promouvoir la
Santé, la Sécurité au Travail.
• Nombreuses interventions pour
aider les entreprises agricoles
à pratiquer leur activité dans le
maintien, le respect de la Santé et
de la Sécurité.
• Consultations centralisées ou
près de vos exploitations tous les
2 ans ou plus pour les postes à
risques.
• Avis du médecin sur l’aptitude
du salarié pour son poste de
travail.
• Examens complémentaires,
interventions sur le plan de l’hygiène de la sécurité gratuits.
Service Médical Interentreprises
du Travail (SMIT), tél : 35 23 52
LA CALÉDONIE AGRICOLE
17
Technique
compte les propriétés des adjuvants et
des additifs.
Quels sont les effets sur la santé ?
Plus souvent, une mauvaise utilisation de produits phytosanitaires
a une incidence sur le système nerveux (le système de notre organisme
qui contrôle les nerfs et les muscles).
Les effets généraux sur la santé sont
différents qu’il s’agisse d’une exposition aiguë (court terme) ou d’une
intoxication chronique (exposition
faible mais régulière). Certains effets
néfastes sur la santé dus à l’exposition
à un pesticide peuvent se faire sentir
immédiatement. Certains symptômes
peuvent apparaître plusieurs heures
après l’exposition. D’autres effets
peuvent se manifester après plusieurs
années, par exemple le cancer. Certains symptômes dus à l’exposition à
un pesticide cessent dès la fin de l’exposition. D’autres peuvent mettre un
certain temps à disparaître. Chez les
personnes exposées régulièrement à
des pesticides, les effets à long terme
sur la santé sont plus préoccupants.
Quelles sont les causes
les plus fréquentes d’accidents ?
La majorité des accidents avec les produits phytosanitaires n’est jamais due
au hasard mais à une mauvaise utilisation des équipements, à du matériel
inadapté notamment des équipements
de protection périmés, au non respect
des consignes de sécurité. Les incidents les plus fréquents sont dus à des
projections accidentelles lors de la
préparation des bouillies. Il est donc
18
LA CALÉDONIE AGRICOLE
nécessaire avant tout traitement de
prendre le temps de choisir le bon produit, le bon matériel et de porter un
équipement de protection, ce qui n’est
pas toujours facile compte tenu de
notre climat. La précipitation, (vouloir faire vite) et la sous-estimation de
l’importance du choix et du port des
équipements de sécurité sont les principales causes d’accidents.
Comment puis-je travailler
en toute sécurité avec les
produits phytosanitaire?
On n’insistera jamais assez sur l’importance de travailler en toute sécurité
avec des produits phytosanitaires ou
en présence de ces derniers. Le port
d’équipements de protection individuels, s’il est nécessaire, ne constitue
pas la solution qui dispense de toutes
autres mesures de protection, d’autant qu’en matière de combinaison
le choix sur le marché est restreint et
qu’elles sont contraignantes à porter
sur une longue période.
La protection commence donc bien
en amont du traitement. Choisir
en priorité les produits les moins
toxiques possibles, prendre attentivement connaissance des précautions
d’emploi et une préparation minutieuse des opérations à effectuer sont
des règles essentielles à observer. Les
équipements de protection se situent
en bout de chaîne, ils viennent en
complément de ces mesures de sécurité préalables.
Pour l’application, le tracteur équipé
d’une filtration à haute efficacité
entretenue et vérifiée est considéré
comme une protection de qualité.
De nombreux incidents surviennent
lorsque des produits phytosanitaires
sont mélangés ou sont préparés en vue
de leur utilisation. Il convient donc de
respecter les points ci-dessous :
• Assurez-vous que le local dans lequel vous mélangez vos produits est
bien ventilé et éclairé.
• Mélangez toujours les pesticides
selon la concentration et la quantité
recommandées. Ne mesurez pas « à
l’aveuglette ».
• Calculez à l’avance la quantité de
bouillie nécessaire pour éviter d’en
préparer trop.
• Ne pas manipuler les produits tant
que vous n’avez pas mis vos équipements de protection.
• Gardez le contenant sous le niveau des
yeux pour éviter les éclaboussures ou le
déversement dans le visage et les yeux.
• Utilisez un couteau ou des ciseaux
servant UNIQUEMENT à ouvrir les
sacs de produits phytosanitaires.
Que dois-je faire lorsque j’applique
des produits phytosanitaires?
• Lire la Fiche de Données de Sécurité de
la substance avant chaque application.
• Gardez l’équipement en bon état.
Par exemple, n’utilisez pas de vaporisateurs dont les tuyaux coulent ou
dont les raccords sont lâches.
• Adaptez votre équipement de protection au produit utilisé et assurezvous de son bon état
• Appliquez toujours le produit au
moment recommandé et dans des
conditions météorologiques favorables. Ne vaporisez jamais un jour
N°124
DECEMBRE 2010
“
Protégez-vous et pensez à vous former. La Chambre d’agriculture vous
accompagne dans la formation.
de grand vent, et assurez-vous que
le brouillard ne se déplace pas vers
vous ni vers personne d’autre.
• Réduisez la dérive du brouillard
en approchant la buse du vaporisateur de la cible. Utilisez le type de
buse qui produit les gouttelettes les
plus grosses qui sont néanmoins
efficaces.
• Après l’application, éloignezvous jusqu’à la fin du délai de sécurité après traitement indiqué sur
l’étiquette.
• Lavez-vous les mains et le visage
après avoir effectué un traitement.
On doit toujours se laver les mains
avant de manger ou de fumer, avant
de quitter le travail.
• Changez de vêtements après avoir
appliqué un traitement. Lavez vos
vêtements séparément avant de les
porter à nouveau. Faites un cycle
de rinçage à vide avant de laver
d’autres vêtements (hors du cycle
des vêtements civils).
Que faire en cas d’accident?
En cas d’accident, il convient de
rapidement prévenir les secours
(Samu, pompiers, dispensaire), il
est donc nécessaire d’afficher sur
le local de stockage des produits
phytosanitaires les numéros de téléphone d’urgence. Dans l’attente
de l’arrivée des secours, vérifier :
• L’état de conscience de la personne accidentée,
• Son pouls, sa fréquence respiratoire, ses éventuelles difficultés respiratoires
• Vérifier les consignes de premiers
N°124 DECEMBRE 2010
”
secours indiquées sur la Fiche de
Données de Sécurité : faut il faire
ou ne pas faire vomir ? Faire boire
ou pas de l’eau ? Les FDS des produits utilisés doivent donc être stockées dans le local phytosanitaire.
Mettre des personnes le long de
la route ou de la piste pour baliser
l’itinéraire aux secours et penser à
laisser libre la ligne de téléphone.
Applicateurs, protégez
vous en vous formant
La formation au diplôme
« distributeurs et applicateurs de
produits antiparasitaires à usage
agricole » (DAPA) dispensée par
la Chambre d’agriculture a pour
objectif de former à l’application
des produits antiparasitaires à
usage agricole et des produits assimilés, dans les règles de sécurité
des personnes et de l’environnement.
Info : Chambre d’agriculture
Tél. : 24 63 73
[email protected]
ou [email protected]
Symptômes généraux pouvant indiquer une intoxication par
des produits phytosanitaires
Intoxication
légère
Intoxication
modérée
Intoxication grave
Un ou plusieurs des symptômes suivants :
•irritation des voies nasales,
de la gorge, des yeux ou de la
peau
•Difficulté respiratoire
•maux de tête
•étourdissements
•perte d’appétit
•soif
•nausée
•diarrhée
•transpiration
•faiblesse ou fatigue
•agitation
•nervosité
•humeur changeante
•insomnie
Un ou plusieurs des symptômes d’intoxication légère et
des symptômes suivants :
•vomissements
•salivation excessive
•toux, asthme
•sensation de constriction
au niveau de la gorge et du
thorax
•sensation de main cartonnée (intoxication à long terme)
•crampes abdominales
•vision trouble
•pouls rapide
•transpiration excessive
•grande faiblesse
•tremblement
•incoordination motrice
•confusion
Un ou plusieurs des symptômes d’intoxication légère,
des symptômes d’intoxication
modérée et des symptômes
suivants :
•infertilité (intoxication à long
terme)
•incapacité de respirer
•sécrétions abondantes
(mucosité) dans les voies
respiratoires
•rétrécissement des pupilles.
•brûlures chimiques sur la
peau
•augmentation du rythme
respiratoire
•perte de réflexes
•secousses musculaires
irrépressibles
•perte de conscience
•mort
LA CALÉDONIE AGRICOLE
19
Le dossier
Elevage,
vers une gestion concertée
des problématiques sanitaires
Le premier groupement de défense sanitaire calédonien vient de voir le
jour. Sa mission, fédérer les intervenants de la filière pour une gestion concertée
des problématiques sanitaires. Les deux premières actions du GDS sont la lutte
contre la tique et l’identification pérenne généralisée. Explications…
L
a Chambre d’agriculture a
créé, en partenariat avec le
gouvernement, le premier
groupement de défense sanitaire (GDS) calédonien. Pour la
première fois dans l’histoire calédonienne, l’administration partage avec
une organisation professionnelle, la
Chambre d’agriculture, la maitrise
et la conduite d’une politique agricole publique. C’est clairement, une
démarche de confiance et de responsabilisation des éleveurs. L’objectif
premier d’un groupement de défense
sanitaire est de veiller au bon état sanitaire des troupeaux. Il a pour mission de fédérer les éleveurs, les organisations professionnelles (Chambre
d’agriculture, groupement technique
vétérinaire, UPRA Bovine, syndicat
des éleveurs de bovins) et l’administration afin de permettre aux éleveurs
d’accéder, sur l’ensemble du territoire,
aux mêmes services de conseil et de
gestion des problématiques sanitaires.
Un fonctionnement novateur
Le GDS est partie intégrante de la
Chambre d’agriculture. Il fonctionne
autour d’une Commission GDS qui
se charge d’étudier les décisions et
mesures à prendre pour remplir ses
missions.
Les décisions sont prises par le bureau
de la Chambre d’agriculture sur avis
conforme de la DAVAR. Le président est nommé parmi les élus de la
Chambre d’agriculture. Le président
actuel est Guy Monvoisin.
22
LA CALÉDONIE AGRICOLE
Les règles de fonctionnement
sont les suivantes :
• La Commission sert de lieu
d’échanges et de concertation. Elle
donne les orientations qui doivent ensuite être entérinées par le bureau de la
Chambre d’agriculture, dans le respect
des termes de la convention d’objectifs
et de moyens signée le 22 juin 2010
entre la Chambre et la DAVAR. Les
décisions sont prises de manière collégiale par consensus ou à l’unanimité.
Les propositions et les orientations
sont préalablement discutées au sein
de groupes de travail.
• Les groupes de travail ont pour mission de préparer les protocoles d’interventions du GDS. Ils font le lien entre
les différents intervenants afin de faciliter
le travail et de préparer les commissions.
Des groupes de travail spécialisés
Deux groupes de travail ont pour le
moment été constitués. L’un est chargé
de la lutte contre la tique, l’autre de
l’identification pérenne généralisée.
D’autres groupes pourront être envisagés pour mener toutes nouvelles mis-
N°124
DECEMBRE 2010
L’équipe du GDS
De gauche à droite, le Dr Vincent Galibert (vétérinaire conseil et responsable du GDS), Karim Salem, (technicien santé
animale SIVAP), Cindy Hermant (secrétaire du GDS, responsable de la tenue du serveur ORANI, de l’enregistrement des
données) et Emmanuelle Marlier (technicienne GDS)
sions sanitaires nécessaires à la protection et l’amélioration du cheptel bovin.
Chaque groupe de travail est composé
de permanents du GDS, d’un représentant des partenaires les mieux à même
de travailler sur la problématique. Leur
composition peut évoluer en fonction
des questions à traiter. L’essentiel est
de mettre autour de la table les différents intervenants afin de travailler ensemble dans la même direction.
Le groupe de travail « Tiques » réunit
des représentants de la DDR, DDEE,
GTV,UPRA Bovine, IAC, LNC, SIN°124 DECEMBRE 2010
VAP et deux représentants des éleveurs parmi les élus de la chambre
(actuellement Philipe Rolland et Jean
Michel Delathière).
Le groupe de travail « Identification »
réunit des représentants du SESER,
DDR, DDEE, UPRA Bovine, SIVAP
et deux représentants des éleveurs parmi les élus de la chambre (actuellement
Guy Monvoisin et Jean Michel Nagle).
Ce nouvel outil est géré par des professionnels pour les professionnels. Il
a la charge d’organiser sur le terrain
l’activité des différents intervenants,
en impliquant davantage les éleveurs.
Il centralise les données liées à l’identification et aux aspects sanitaires.
Il a la lourde tâche de pérenniser la
production de viande bovine d’un
point de vue sanitaire et de permettre
aux éleveurs de mieux vivre de leur
production tout en garantissant aux
consommateurs une viande de qualité, toujours plus respectueuse de l’environnement, des animaux.
Qui fait quoi ?
• Le travail des techniciens est de réaliser le suivi terrain des problèmes de tiques et d’identification, l’encadrement technique des traitements et la gestion de
l’approvisionnement des centres de distribution en
tiquicide sur le territoire. Une équipe encadrée par
les éleveurs élus à la CANC au service des éleveurs.
• La Commission GDS est animée par le vétérinaire
conseil et est composée de quatorze membres :
- 5 éleveurs parmi les élus de la CANC ou nommés
par son bureau
- Le président du syndicat des éleveurs bovins ou
son représentant
- Le président de l’UPRA Bovine ou son représentant
- Le directeur de la DAVAR ou son représentant
- Le directeur de l’APICAN ou son représentant
- Le directeur DDR province Sud ou son représentant
- Le directeur DDE province Nord ou son représentant
- Le directeur DDE province des Iles ou son représentant
• Le président du GTV ou son représentant
• Le directeur de l’IAC ou son représentant
LA CALÉDONIE AGRICOLE
23
Le dossier
Pour une lutte
intégrée contre la tique
La présence de tique du bétail (Boophilus microplus) représente l’une
des principales contraintes environnementales de l’élevage calédonien.
La lutte chimique ayant atteint ses limites, le GDS travaille à la mise en place
d’une nouvelle stratégie, la lutte intégrée.
L’introduction de la tique semble remonter à 1942 avec l’importation de
mules américaines. Depuis cette date,
aucune stratégie de lutte ne s’est avérée réellement efficace. Le gouvernement a toujours mis à disposition des
éleveurs les molécules nécessaires à
la conduite d’une lutte dite chimique.
Mais, cette stratégie a systématiquement débouché sur l’apparition
de résistances (entre 7 et 15 ans en
moyenne). Aujourd’hui, l’industrie
pharmaceutique n’ayant pas de nouveaux principes actifs à mettre sur le
marché, cette approche, qui consiste
à enchainer les produits jusqu’à leur
24
LA CALÉDONIE AGRICOLE
inefficacité, conduit à une impasse.
Une remise en cause des pratiques
s’impose. Cette nouvelle méthode
de travail s’appelle la lutte intégrée.
Il faut noter qu’au-delà des problématiques de production, cette lutte
intégrée s’inscrit clairement dans une
démarche de développement durable.
La mise en place de la lutte intégrée
contre la tique est l’une des missions
prises en charge par le GDS. L’autre
mission du GDS est la réalisation de
l’Identification Pérenne Généralisée
(IPG) du cheptel Calédonien (voir article page…),un outil de gestion et de
conduite de l’élevage.
Fédérer les acteurs
Le rôle du GDS est de fédérer, par
la concertation, les différents acteurs pour gérer les problématiques
sanitaires liées à la filière. Eleveurs,
organisations professionnelles, administration travailleront ensemble.
La lutte intégrée contre la tique
Pour mettre en place un système
d’intervention au cas par cas et dans
toutes les exploitations, la transition
se fera progressivement.
La priorité est donnée aux élevages
déclarés résistants ou tolérants à
N°124
DECEMBRE 2010
“
Il faut rompre le cycle de la tique
par la mise en place de rotations
et la mise en défens.
l’amitraze afin de ralentir autant que
possible la diffusion de résistances.
Ces éleveurs devront choisir un vétérinaire qui servira de référent auprès du
GDS et de l’administration. Ensemble,
avec l’appui du GDS et de techniciens,
ils définiront un protocole de lutte
contre la tique. Ce protocole servira
de feuille de route pour l’éleveur et de
contrat de financement et de suivi dans
sa lutte contre la tique.
Pour les autres élevages, la distribution
et l’usage des produits resteront pour
l’instant identiques.
A terme, chaque élevage sera suivi individuellement par son vétérinaire et le
GDS, afin de faire profiter à chacun des
avis des personnes les plus compétentes
en matière de lutte contre la tique.
Dans un premier temps, l’intégralité
des traitements sera prise en charge
financièrement par le GDS. Mais,
chaque éleveur devenu résistant devra
choisir entre poursuivre sa production
en race sensible avec des contraintes
nouvelles ou entamer une transition
génétique partielle ou totale vers
une race résistante. Pour ce travail
l’UPRA Bovine est le partenaire privilégié pour le choix et la conduite
de cette transition. Il est important
de comprendre qu’il n’existe pas de
situation type transposable à tous les
élevages et que seul le dialogue et la
concertation permettront la poursuite,
dans les meilleures conditions, de
l’élevage de bovins.
Changer ses habitudes
Pour fonctionner efficacement, il est
impératif de pouvoir adapter à chaque
situation une méthode de gestion du
problème tique. Il faut changer les
habitudes et pour cela, il n’y a qu’un
seul moyen, la formation et l’information. Depuis 50 ans, les connaissances
en matière de lutte contre la tique ont
profondément évolué. Nous sommes
passés d’un bain préconisé tous les
15 jours, à la notion de bain à vue.
Aujourd’hui, il faut poursuivre et aller encore plus loin. Voir des tiques
N°124 DECEMBRE 2010
sur son bétail n’est pas inacceptable.
Il faut gérer les tiques en fonction de
la saison, de la pluviométrie, du type
de pâturage, de la température, de la
présence d’ombre, d’humidité etc.…
L’idéal n’est pas d’agir sur les tiques
visibles sur le bétail mais de gérer la
population de tiques présentes dans
les runs. Il faut rompre le cycle de la
tique par la mise en place de rotations
et la mise en défens. L’intérêt majeur de traiter les troupeaux avec un
produit rémanent est d’effectuer ces
traitements avant de faire basculer les
animaux dans un run ayant une forte
densité de tiques afin de travailler à
assainir les parcelles. Enfin, il faut
chercher à modifier l’environnement
dans les pâtures afin d’isoler les zones
d’hébergement des tiques favorables à
la ponte (gyrobroyage, entretien des
bordures de marais, isolement des
zones humides…).
Les élevages qui font le choix d’utiliser des molécules rémanentes bénéficieront d’une visite de suivi annuelle,
financée par le GDS. Cette visite aura
pour objectif de faire le point sur les
pratiques de l’exploitation, les conditions de travail (nombre d’animaux,
surface, races…) et devra permettre
de déterminer avec l’éleveur, un protocole de lutte contre la tique adapté
à l’exploitation. Ce protocole combinera différentes méthodes de lutte. La
lutte chimique sera complétée par une
lutte agronomique (système de rotation, contrôle de charge parasitaire à
l’ha…) et éventuellement en fonction
de la stratégie à long terme retenue
par l’éleveur, d’une lutte génétique. Le
protocole détaillera les grandes lignes
à suivre, rythme des traitements, le
choix des produits. Enfin, il servira
de contrat d’engagement de l’éleveur
à s’équiper en fonction de ses besoins
et des recommandations qui lui seront
faites (et qu’il aura acceptées et comprises). Enfin, il servira de base de
suivi du financement de la lutte contre
la tique dans son élevage.
”
Du bon usage
de la lutte chimique
La lutte chimique n’est pas une fin en soi mais
un moyen de contenir le niveau d’infestation
à un niveau compatible avec la pratique de
l’élevage. Les dernières molécules actives
disponibles sont plus un moyen d’assainir les
parcelles pâturées en faisant baisser la charge
parasitaire (en particulier larvaire).
Ces molécules sont les Ivermectines longue action (Ivomec GoldND) et les inhibiteurs de synthèse de la chitine, un composant important de
la carapace des tiques (AcatakND ou Génésis :
FluazuronND). Les éleveurs rentrant dans un
schéma de traitement intégrant ces molécules
doivent bien en percevoir les contraintes et limites d’action.
Pour des raisons scientifiques et techniques, il
faut envisager un maximum de 3 traitements
rémanents par an. Un rythme supérieur est le
signe clair d’une situation non contrôlée au niveau parasitaire.
Enfin, l’usage de l’amitraze (ParatrazND) et de
la deltaméthrine (ButoxND) reste d’actualité.
L’action du GDS est de raisonner leur utilisation
en les associant avec des méthodes de lutte
agronomique et génétique.
Rappel
Il est important de rappeler que les dernières
molécules disponibles après l’Amitraze et la
Deltaméthrine sont les Avermectines et le Fluazuron. Leur usage doit s’accompagner d’un
double avertissement :
• en cas de résistance avérée à l’une de ces
deux molécules, la poursuite de l’élevage avec
des races sensibles (Bos taurus) sera quasiment impossible à envisager ;
• les formes longues actions (ou rémanentes)
seront obligatoirement encadrées. Le troupeau
devra pour cela être identifié IPG et l’éleveur
devra tenir un carnet de traitement, à jour,
animal par animal, et ce afin de garantir aux
consommateurs une viande de qualité.
LA CALÉDONIE AGRICOLE
25
Le dossier
Rapport d’étape
sur l’identification individuelle
des bovins en Nouvelle-Calédonie.
Depuis des décennies, les éleveurs bovin calédoniens marquent au fer
rouge leurs animaux afin d’identifier le propriétaire. Bien que cette pratique
soit la seule identification officielle à ce jour, elle ne permet pas de réaliser de suivi
individuel par l’éleveur, ni de quantifier la production locale et son évolution. La
mise en place l’identification pérenne généralisée (IPG) est le moyen le plus efficace d’analyser sa production et de faire le suivi des naissances, filiations, sorties.
Rapport d’étape.
Pour pallier cette limite, les éleveurs
ont utilisé au fil du temps des boucles
auriculaires ou de marquages individuels (tatouage ou marquage au fer).
La nécessité d’identifier individuellement pour les sélectionneurs adhérents à l’UPRA Bovine, l’obligation
pour ceux en suivi sanitaire, l’intérêt
trouvé par certains pour une amélioration de la productivité, ont engendré
une multiplication des systèmes. A
cela s’est rajouté depuis 2007, l’identification et la déclaration de naissances
des veaux, liées à une prime à la production de veaux.
Une volonté des professionnels
A partir de cette incitation et face à
une volonté croissante des éleveurs,
les professionnels, accompagnés
par le gouvernement, ont souhaité
prendre en charge l’homogénéisation
et l’uniformisation de l’identification
pérenne généralisable (IPG), via le
GDS. «L’augmentation de sang Bos indicus sur le territoire donne des animaux
à grandes oreilles, donc nous pourrions
apposer plus de boucles sur nos vaches,
au risque de ne plus rien comprendre »
confiait ironiquement un éleveur.
L’ensemble des organisations professionnelles (syndicat des éleveurs,
UPRA bovine et CANC) ainsi que
les administrations (DAVAR, services
26
LA CALÉDONIE AGRICOLE
provinciaux en charge du secteur
agricole) ont trouvé un accord pour
mettre en place un système d’identification unique.
Le principe du double bouclage, identique à celui du « bouclage DAVAR »
des veaux actuels, a été retenu. La gestion des boucles et informations liées
à l’identification est confiée progressivement au GDS. Déjà, une centaine
d’élevages sont en suivi depuis plus
d’un an. Chez les sélectionneurs, ce
N°124
DECEMBRE 2010
système est actuellement à l’essai : dès
janvier 2011, l’ensemble des veaux
nés dans les troupeaux en sélection
seront identifiés avec ce système.
L’objectif est de proposer un système
d’identification simple d’utilisation,
peu contraignant mais suffisamment
1- Identification
de tous les animaux
• L’identification des animaux
adultes est réalisée par l’éleveur avec
la présence d’un agent GDS, en une
fois. Un registre des animaux présents dans l’élevage est donc créé.
• L’identification des veaux à la
naissance est ensuite faite par l’éleveur, de façon régulière.
Tous les animaux identifiés et tatoués UPRA gardent leur numéro et
leur identification UPRA.
Tous les animaux identifiés et bouclés DAVAR depuis 2007 gardent leur
identification.
Boucle électronique : A
mettre de préférence à
l’oreille gauche.
A placer au fond de l’oreille
sur la partie haute
complet pour qu’il rende service aux
éleveurs et aux partenaires techniques.
En pratique, les éleveurs qui entrent
dans le dispositif IPG doivent s’engager à mener deux actions majeures :
Identifier et Notifier.
N°124 DECEMBRE 2010
Boucle de travail ou
conventionnelle : A
utiliser comme N° de
travail par l’éleveur
NC 99
..............................
Code pays
NouvelleCalédonie
8 chiffres
et
n° d’ordre
Un n° à 10 chiffres précédés de la mention NC. Toutes
les informations reliées à ce
n° d’ordre sont disponibles
dans une base de données.
LA CALÉDONIE AGRICOLE
27
Le dossier
2- Notification des mouvements
sur un seul document
• Les mouvements d’animaux (naissances, entrées, sorties) sont notifiés
tous les trimestres par l’éleveur. Ces
documents sont transmis au GDS.
Pour les animaux en sélection, les mouvements sont notifiés chaque mois.
• Les déclarations de naissances doivent contenir les informations suivantes : N° de boucles posées ; sexe ;
date de naissance, type racial.
Pour les dates de naissance des animaux
inscrits à l’UPRA, l’éleveur doit notifier en plus (sur la partie grisée) toutes
les informations qu’il déclarait au préalable à l’UPRA dans la déclaration de
naissance.
Un accompagnement des éleveurs est
réalisé par les techniciens GDS et/
ou ceux des provinces, surtout dans
les premiers temps. Dans la mesure
où ces deux actions sont faites régulièrement par l’éleveur (identifier et
28
LA CALÉDONIE AGRICOLE
notifier tous les mouvements), il en
découle les avantages suivants :
• Le GDS s’engage dans les 48 heures
après réception des feuilles de notification à transférer les informations
relatives à l’identification à l’UPRA
Bovine, pour les animaux en sélection, et à la DAVAR pour la mise en
paiement de la prime VA aux éleveurs
qui y émargent.
• De mettre à disposition des éleveurs
leur registre des animaux mis à jour
régulièrement ; ces registres pourront
être utilisés par les techniciens d’élevage sur accord de l’éleveur.
• Ces données d’identification seront
utilisées dans le cadre du suivi de
lutte conte la tique, notamment dans
les élevages résistants à l’Amitraz, et
pour tout type de suivi sanitaire (Babésiose, prophylaxies…).
Cette adhésion à l’identification reste
volontaire. Cependant, elle est incitée
par des aides, notamment la prime à
la vache allaitante par le bouclage des
veaux. Elle devient règlementaire ou
obligatoire dans les élevages en sélection ou ceux ayant fait le choix d’utiliser des produits rémanents dans la
lutte contre la tique.
L’harmonisation de l’identification
implique des interfaces informatiques
entre les différents systèmes et nécessite de reprendre les informations existantes sans modifier complètement les
habitudes et en conservant l’existant.
Ces travaux, managés par le GDS et
supervisés par la Commission GDS
avec l’assistance technique de l’institut de l’élevage, sont en cours. Nous
avons besoin du soutien de tous, y
compris des éleveurs, premiers bénéficiaires de ce service offert par le GDS.
N°124
DECEMBRE 2010
Le dossier
L’UPRA Bovine,
en charge de la Certification
de Parenté Bovine (CPB)
L’UPRA Bovine de Nouvelle-Calédonie est
le partenaire des éleveurs dans tous les domaines relatifs à l’amélioration génétique
des troupeaux. Son rôle est de conseiller les
éleveurs dans leur choix de race, de lutte génétique contre la tique et d’amélioration des performances animales (aptitudes reproductrices,
poids, conformation, rendement carcasse….).
Plusieurs solutions peuvent être envisagées pour répondre aux attentes des
éleveurs : le travail en race pure ou en
croisement, l’utilisation de l’insémination artificielle, du transfert d’embryon ou de taureaux testés…
Néanmoins, le point de départ de
toute démarche visant à améliorer le
niveau génétique d’un troupeau doit
passer par la certification de parenté
bovine (CPB) des animaux en sélection. La CPB est l’aboutissement
d’une démarche qui permet d’assurer
qu’un veau est bien issu d’une mère et
d’un père donné.
Pour cela, l’UPRA utilise :
• Les informations transmises par l’éleveur lors de la déclaration de naissance.
• Les informations gérées par la base
de données IPG : sexe et âge des parents, localisation géographique des
parents…
• Les informations gérées par la base
de données UPRA : Intervalle Vêlage-Vêlage, date d’insémination ou
de transplantation embryonnaire…
• Dans des cas litigieux, le recours à
un contrôle de filiation ADN peut être
réalisé.
Le lien avec la cellule identification
du GDS est donc indispensable. Ce
lien est cours de mise en place et déjà
testé sur les troupeaux des stations pu30
LA CALÉDONIE AGRICOLE
bliques du territoire.
Une fois la CPB réalisée, l’UPRA attribue un code race à l’animal afin de
l’inscrire dans un livre généalogique.
Le code est fonction de la race des parents. Il existe actuellement 14 livres
généalogiques gérés par l’UPRA Bovine (Cf. Tableau récapitulatif des
codes races). Deux autres sont en
cours de création pour les croisements
Sénépol/Charolais et Sénépol/Limousin.
La connaissance de cette filiation permet à l’UPRA Bovine, après l’analyse
des performances de chaque individu,
de définir des lignées d’animaux génétiquement supérieurs ou inférieurs
à la moyenne des animaux du fichier
racial. L’objectif étant d’accoupler
les meilleurs animaux entre eux car
l’amélioration des performances génétiques (conformation, poids carcasse, fertilité…) augmentera la rentabilité des élevages.
Tableau 1 : Récapitulatif codes races
Race Pure
Code lettre
Code chiffre
Limousin
LM
34
Charolais
CH
38
Santa-Gertrudis
SG
27
Prim-Holstein
PH
66
Hereford
HE
85
Brahman
HA
81
Devon
DV
45
Maine-Anjou
MA
41
Blonde d’Aquitaine
GR
79
Race
Composite
Code
lettre
Code
chiffre
Droughtmaster
DM
44
Sénépol
ND
54
Brahmousin
BM
24
Brahford
BF
25
Charbray
CB
32
Sénélais
SL
55
Sénésin ou SEMOUSIN
SM
56
N°124
DECEMBRE 2010
Le dossier
Interview
Gérald Blomme,
éleveur de bovins à Nessadiou
LCA : Quelle perception avezvous sur l’IPG réalisée dans votre
troupeau ?
GB : Pour le moment, rien à redire.
La réactivité est bonne, hier encore,
la secrétaire du GDS m’a appelé
pour m’expliquer mes oublis sur une
déclaration de naissance. Elle avait
déjà effectué les corrections. Il faut
admettre l’utilité et la nécessité de
la traçabilité. C’est plus facile de
travailler les bêtes avec cet outil.
LCA : Comment percevez vous
l’avenir avec la montée croissante
des résistances chimiques des
tiques aux produits disponibles ?
GB : Pas brillant, mais je tacherai de
tout mettre en place pour combattre
la tique avec d’autres races. J’ai commencé il y a 4 mois à travailler avec
du Droughmaster. Je me suis aperçu
que cette race était résistante. Il faudra apprendre à travailler avec. Certains jours, il y a une montée de tiques
et deux jours plus tard il n’y a plus
rien, les animaux n’en souffrent pas.
GB : C’est difficile à dire. J’ai le
sentiment de repartir de zéro. Je fais
du limousin depuis 30 ans, mais aujourd’hui, le troupeau est porteur
de tiques résistantes (à l’amitraze,
ndlr). Je suis aussi inquiet de la différence de rentabilité des carcasses,
le limousin, c’est mon préféré. Il faut
savoir s’adapter et aller de l’avant.
J’aimerais bien trouver des femelles,
adultes ou génisses, mais ça reste
très difficile à trouver. Pourquoi ne
pas ouvrir un marché à l’import ?
LCA : Comment vous est venu le
choix pour le Droughmaster ?
On est venu me parler du Brahman,
et je n’ai rien contre, mais il faut reconnaître que sur des petites propriétés, voisins contre voisins, c’est beaucoup plus difficile à travailler que le
Droughmaster. Mes taurillons sont
doux comme des agneaux, c’est très
agréable.
LCA : Quelles sont les principales
difficultés rencontrées dans la
mise en place de cette approche
génétique de la lutte contre la
tique ?
32
LA CALÉDONIE AGRICOLE
N°124
DECEMBRE 2010
Interview
Raymond Hugueny,
éleveur de bovins à Gouaro/Boghen*
LCA : Comment percevez-vous la
mise en place de l’IPG ?
RH : Professionnellement c’est utile,
on aura des données réelles sur le
poids de l’élevage dans l’agriculture
calédonienne. Pour l’instant on reste
trop dans l’à peu près. Peut être que
ça donnera une indication claire aux
politiques que l’élevage calédonien
décline avec des difficultés croissantes pour se rémunérer et s’installer.
LCA : En tant que sélectionneur
limousin, comment percevez-vous
l’importance de la génétique dans
la lutte intégrée contre la tique ?
RH : je travaille sur du charbrais.
L’introduction de races résistantes
(Brahman, Sénépol, Santa Gertrudis,
Droughmaster, Jersiaise, ndlr) est une
nécessité pour sortir du tout chimique,
mais on se pose beaucoup de questions rapport aux rendements carcasse
des produits issus de ces races. La
solution privilégiée pour le moment
est de travailler en croisement pour
amener la qualité bouchère d’un côté
et la résistance aux tiques de l’autre.
nancière des investissements conduits
depuis de nombreuses années (IA,
transfert d’embryon). Mais compte
tenu des limites de la lutte chimique,
c’est une solution technique sûre.
LCA : Comment imaginez-vous
l’organisation de la filière dans ce
système de races croisées ?
RH : Si nous voulons préserver une
production bouchère de qualité en
faisant du croisement, il faut préserver des troupeaux limousins et cha-
rolais purs en sélection et travailler
en insémination. La filière va avoir
besoin d’un appui public fort si nous
voulons que ça marche. Les qualités bouchères des races croisées (ex :
limousinxBrahman=Bramousin) ne
garantissent plus dans les même conditions le maintien des revenus. Ou alors,
il faut envisager une classification des
carcasses (dont dépend le paiement
à l’éleveur par l’abatteur) spécialement adaptée aux nouvelles carcasses.
LCA : Comment percevez-vous le
changement de race. Vous restez
très attaché au limousin ?
RH : C’est un sentiment de perte fi*Vice-président du Syndicat des éleveurs de bovins de Nouvelle Calédonie
N°124 DECEMBRE 2010
LA CALÉDONIE AGRICOLE
33
professionnelle
Organisation
Pewake I Ba,
une association en devenir
L’OGAF de Houaïlou arrive à son terme. L’association Pewake I Ba (APIB),
créée en 2006 pour porter ces actions, continue de se développer et voit
plus loin. Objectif, continuer à accompagner et développer la dynamique agricole
initiée il y a 4 ans. Aperçu du travail réalisé et perspectives.
L’objectif principal d’une opération
groupée d’aménagement foncier
(OGAF) est d’initier une dynamique
de développement en s’appuyant sur
les ressources locales, humaines et
naturelles. La commune de Houaïlou
dispose de nombreux atouts pour
répondre à cette approche, un fort
potentiel humain, des pratiques agricoles qui continuent à rythmer le
quotidien des habitants et l’existence
d’un foncier aux fortes potentialités
agronomiques.
Aujourd’hui, avec 150 adhérents et
plus de 300 fournisseurs sur la commune, l’APIB a su, en seulement
quatre ans, insuffler cette dynamique.
Pour ce faire elle s’est attachée à structurer les filières commerciales en organisant la commercialisation des
productions et en ouvrant un centre
d’approvisionnement en petit matériel. Un travail d’animation important
a de plus été réalisé, afin de mieux
coordonner les partenaires liés au développement agricole et d’améliorer
la diffusion de l’information vers les
producteurs.
S’appuyer sur les forces locales
Pour rendre ces actions pérennes, l’association s’est d’abord appuyée sur les
forces de la commune. Une population
à forte tradition agricole n’utilisant pas
ou peu d’intrants. La mise en place d’un
service efficace de collecte a rapidement
permis de prendre la mesure des potentialités, confie Aurélien Degoy, chef de
projet de l’OGAF. « La première année,
nous avons acheté 20 tonnes de produits agricoles, 51 tonnes l’année suivante et cette année nous avons dépassé les 50 tonnes à la fin
du mois d’août, malgré des conditions météo
catastrophiques pour les producteurs ».
L’association s’est également fortement
impliquée dans l’agriculture biologique.
34
LA CALÉDONIE AGRICOLE
« La majeure partie des produits agricoles
provient de très petits producteurs. Leurs pratiques sont proches de celles nécessaires pour
obtenir l’agrément agriculture biologique. Il
faut se fixer des objectifs ambitieux, et se dire
qu’on peut avoir 50 producteurs labellisés à
Houaïlou d’ici 5 ans », précise Aurélien.
L’association travaille également à la
mise en place d’un atelier de transformation pour la restauration scolaire et
de la mine. Comme chaque action mise
en place par l’association, celle-ci a vocation à s’inscrire dans la durée. « Il faut
travailler des produits qui permettent d’offrir
un prix rémunérateur aux producteurs, tout
en assurant un prix de revente raisonnable
pour la restauration. On croit beaucoup à
des produits mal valorisés en brut, comme la
chouchoute, la citrouille ou le manioc ».
« Il y a beaucoup d’intervenants sur le terrain mais on constate souvent un manque
de coordination entre eux. L’objectif de l’association est de permettre la professionnalisation des producteurs dans leurs pratiques
mais également dans leurs démarches administratives ». Pour obtenir l’agrément
« agriculture biologique » par exemple,
il faut être ressortissant de la Chambre
d’agriculture. « Au sein de l’association
nous avons beaucoup travaillé sur l’animation, l’information et la formation. Il faut
continuer, faciliter l’accès à l’information en
regroupant les agents de terrains des différents partenaires par exemple, créer du lien
entre les différents dispositifs ».
Les producteurs ont pris conscience
de l’importance de faire vivre « l’outil
du peuple », un outil qui leur appartient. Ils ont démontré le potentiel de
la commune, en répondant présent
au niveau de l’approvisionnement en
produits agricoles. De son côté l’association œuvre quotidiennement pour
apporter un service de qualité aux
agriculteurs.
Pewake I ba en chiffres
10 administrateurs
6 employés
150 adhérents
350 fournisseurs de produits agricoles
51 tonnes achetée en 2009 pour une
valeur de 11 millions (2009)
9 formations thématiques pour
80 participants (2009)
N°124
DECEMBRE 2010
Juridique
Registre de
l’agriculture
la réforme en cours
La Chambre d’agriculture poursuit son travail sur la refonte du
registre de l’agriculture.
Un travail de fond en plusieurs étapes.
Après de longs mois de travail et de
réunions de concertation entre élus et
techniciens de la Chambre d’agriculture, le projet de texte qui réforme le
registre de l’agriculture a été récemment présenté aux élus de la Chambre
d’agriculture, ainsi qu’aux partenaires
institutionnels.
Le projet a reçu l’aval des partenaires dans la mesure où il répond
aux attentes des professionnels : à
savoir, rendre les conditions d’accès
au registre plus difficiles pour éviter
les abus liés aux inscriptions de personnes qui ne souhaitent qu’en tirer
des avantages fiscaux et autre ; créer
un registre des chefs d’exploitation
agricole et un registre des exploitations agricoles en les définissant
clairement, exiger une capacité pro36
LA CALÉDONIE AGRICOLE
fessionnelle ou un engagement à l’acquérir dans un délai d’un an.
Telles sont les grandes lignes de cette
réforme qui s’inscrit dans une véritable volonté des élus de la Chambre
d’agriculture de professionnaliser le
registre de l’agriculture.
Le projet final de ce texte sera présenté lors de la prochaine Assemblée
Générale de la Chambre d’agriculture le 11 décembre. Ensuite, le projet
sera soumis au vote du Congrès avant
les élections des élus de la Chambre
d’agriculture en décembre 2011.
L’étape suivante consistera à réformer
le barème du registre de l’agriculture,
travail qui devrait débuter en 2011.
Droits
d’enregistrement
réduits
Tout agriculteur inscrit au registre qui
achète un terrain destiné exclusivement à l’agriculture peut bénéficier
des droits d’enregistrement réduits
(droit fixe de 7000F) sous certaines
conditions. Les droits d’enregistrement correspondent à une taxation
fiscale obligatoire pour certains actes
notariés. Pour en bénéficier, l’exploitation doit être mise en valeur par
l’exploitant inscrit au registre qui doit
y consacrer au moins 50% de son
temps de travail au bout de la 5ème
année, et s’engager à ne faire que de
l’agriculture sur ce terrain durant 5
ans. Attention, il faut être inscrit au
registre de l’agriculture avant de
faire le dossier de droits d’enregistrement réduits.
N°124
DECEMBRE 2010
Partenaire
Un nouveau terrain d’application
pour les formations
agricoles à la CANC
Au terme d’une année de travail, trois membres du Gouvernement,
Pierre Ngaiohni, Jean-Louis d’Anglebermes et Bernard Deladrière se sont rendus,
le 13 octobre dernier, sur le site de l’association l’Accueil, à Dumbéa, pour soutenir
le projet de mutualisation présenté par la CANC et l’association l’Accueil.
L
e bail mettant à disposition
l’actuel terrain d’application
de la CANC (à Nouville) utilisé pour les formations en
techniques agricoles, expire fin 2011.
Compte tenu des projets sur ce terrain, il devenait indispensable pour
la CANC de trouver une solution durable. Une rencontre entre les équipes
de l’association l’Accueil et du service
formation de la CANC, en août 2009,
a permis de fixer les bases de ce nouveau partenariat.
Une terre d’accueil pour la CANC
L’association l’Accueil dispose d’un
terrain de 15 ha à Dumbéa, dont
près de la moitié est utilisée pour de
l’agriculture, pour des ateliers de production poulets de chair, du maraîchage, de l’apiculture... Egalement en
recherche de partenaire, l’association
l’Accueil cherchait à renforcer sa vocation agricole. C’est dans ce contexte
que le partenariat a été scellé.
Un partenariat gagnant – gagnant
Le rapprochement entre l’Accueil
et la CANC conforte cette vocation
première en permettant une diversification des activités et des débouchés.
L’objectif principal des formations de
38
LA CALÉDONIE AGRICOLE
la CANC est l’insertion ou la qualification des publics dans l’agriculture.
La vocation de l’Accueil est de réinsérer les accueillis au travers de leur
implication sur des activités de socialisation, d’insertion et de professionnalisation. L’association et la CANC
disposent chacune d’installations et
de matériels qui seront mutualisés.
Le rapprochement entre la CANC
et l’association va permettre aux activités mises en place conjointement
de répondre aux enjeux de la formation, tout en s’assurant de leur suivi,
leur entretien par les accueillis (personnes accompagnées par l’Accueil)
qui pourront bénéficier de l’apport
formation.
Ce projet renforce donc la dynamique
de projets, autour de l’agriculture,
donne du sens et permet une émulation positive entre les publics, assure
le maintien et le développement des
activités réalisées par la CANC et
amène à moyen terme, de nouveaux
débouchés, aux productions agricoles
conduites conjointement.
Un soutien
de la Nouvelle-Calédonie
Le 13 octobre, en présence de trois
membres du Gouvernement, Pierre
Ngaihoni, Jean-Louis d’Anglebermes
et Bernard Deladrière et du maire de
Dumbéa, Georges Naturel, la CANC
et l’association l’Accueil, représentés
par Gérard Pasco et Jean-François
Torre ont fait visiter le site de Dumbéa. Une présentation du projet a
ensuite permis d’échanger et d’avoir
la confirmation du soutien de la Nouvelle-Calédonie pour permettre à la
CANC d’’installer son terrain d’application sur Dumbéa et de donner toute
sa dimension à ce beau partenariat.
La CANC et
l’Association l’Accueil
L’association l’Accueil a pour but
de répondre au besoin d’un public
en situation d’exclusion, autour de
l’accueil humanitaire, la resocialisation et l’accompagnement vers l’insertion et la réinsertion.
Le service formation de la CANC
est chargé de la formation des apprentis agricoles et de la réalisation
de formations thématiques.
N°124
DECEMBRE 2010
calédonienne
Mieux connaître l’agriculture
Portrait,
René Panue Wacapo,
arboriculteur à Lifou
René Wacapo est
installé chez lui à
Lifou dans la tribu
de Hnacaom, à
Kep. Amoureux de
l’agriculture, il nous
parle de son parcours
et bien entendu de
son exploitation, AGRIHNAWEJ.
Après avoir suivi un CAPA à Bourail
en 1991, René Wacapo s’est formé
auprès du CFPPA à Lifou de 1996 à
1998. Là il a appris le travail d’arboriculteur et de maraîcher. « Toutes ces
personnes m’ont bien aidé car j’étais revenu à Lifou dans le but de travailler ma
terre ». C’est en 2000 qu’il monte son
exploitation sur son terrain palabré de
six hectares. Il a donc commencé à y
travailler seul, à défricher au sabre et
40
LA CALÉDONIE AGRICOLE
à planter ses premiers litchis, puis des
avocatiers. « C’était très difficile au début
car je ne disposais d’aucun outil, tout était
manuel ». Sa motivation était sa force.
En 2003 grâce à une DIA et à une
aide de la province des Îles, le matériel arrive (tracteur, dock, clôtures,….). Aujourd’hui, il possède
deux hectares plantés principalement
en avocatiers en plein rendement et
environ un hectare de maraîchage.
Deux hectares supplémentaires sont
en cours d’être plantés en avocatiers.
Ses projets consistent à exploiter au
maximum son terrain de six hectares,
avec quatre hectares en avocatiers et
deux hectares de maraîchage. Son
projet est également de disposer d’un
demi hectare de plantation de vanille.
Une production diversifiée
René produit annuellement 4 à 5
tonnes d’avocats et plusieurs tonnes
de carottes, concombres, courgettes,
aubergines, pommes de terre, oignons, pastèques, ignames et taros de
montagne.
Les avocats sont commercialisés à
l’UCPA (unité de Conditionnement
de produits agricoles) à Lifou. Tous
ses produits issus du maraîchage sont
vendus aux principaux magasins de
Lifou et aux marchés. Une partie de
sa production part nécessairement
aux coutumes mais cela ne lui pose
pas de problème, car « c’est normal ici ».
Il estime à environ l’équivalent d’un
peu moins d’une tonne d’avocats par
an donnés aux coutumes.
Développer la production
biologique
Avec des pratiques proches de l’agriculture biologique et fasse à une
demande croissante de la part des
consommateurs pour ces produits,
René a suivi une formation au CFPPA sur l’agriculture biologique. « On
fait déjà du bio, mais il faut aller plus loin
et pouvoir offrir des produits certifiés biologiques ». Maintenant le relais est pris
avec Julien Drouin de Biocalédonia
pour accompagner le producteur dans
sa démarche de conversion à l’agriculture biologique.
L’exploitation de René possède une
particularité : ses coupe-vents sont des
neems. C’est en 2003 que Michel Guihard, véritable pionner en agriculture
biologique sur le caillou, conseille
N°124
DECEMBRE 2010
Interview
au producteur de planter ces arbres
comme brise vent. Ils sont souvent
utilisés dans l’agriculture principalement dans le maraîchage comme
insecticide naturel pour lutter contre
les maladies et les ravageurs. Aujourd’hui, ces brises vents mesurent
plus de 30 mètres de haut.
S’impliquer dans la profession
René est aussi élu de la Chambre
d’agriculture de Nouvelle-Calédonie depuis 2006. Il est aussi membre
du syndicat des arboriculteurs Ne
Drehu (le SAND) de Lifou. Ce syndicat, créé en 2003, a pour but de
rassembler les arboriculteurs afin
de partager leurs connaissances et
de se faire entendre par les pouvoirs
publics. Ils sont une dizaine d’adhérents et se retrouvent tous les lundis
pour travailler ensemble sur l’exploitation de l’un d’entre eux. René est
très impliqué dans le développement
de l’agriculture sur Lifou. D’ailleurs,
il s’investit pour fédérer les différents
partenaires pour maintenir les jeunes
à la terre.
Il pense à l’avenir de son exploitation et aimerait bien que son fils
de 16 ans reprenne l’exploitation. «
Depuis qu’il est tout petit il travaille
avec moi sur l’exploitation. Il maitrise déjà un peu tout. Quand il aura
fini ses études, j’espère qu’il voudra
prendre la suite et continuer le travail
que j’ai entamé».
Des Neems comme brise vent
René est pour une agriculture durable, propre. Il utilise un insecticide naturel
à base de feuilles de neem. Ces feuilles, une fois macérées dans l’eau, broyées
et filtrées, donnent de nombreux composés naturels dont le principal l’azadirachtine, substance naturelle chimique qui peut être directement appliqué
sur les cultures.
La solution obtenue agit contre les noctuelles, les nématodes, les papillons,
les sauterelles, les pucerons…
Il a donc créé une pépinière de ces neems qu’il propose désormais à la vente.
N°124 DECEMBRE 2010
Votre vision de l’agriculture sur Lifou ?
Les jeunes sont découragés de s’installer en agriculture. Entre les problèmes d’accès à l’eau, la disponibilité du broyeur de la province et
les problèmes fonciers, la difficulté
de signer un palabre, c’est vraiment
difficile pour un jeune de se dire
qu’il va faire le choix de s’installer.
Ils ont tendance à se décourager et
préfèrent partir chercher du travail
sur Nouméa ou sur Goro.
Un conseil pour un jeune qui voudrait s’installer ?
Il faut d’abord aimer la terre. Mais
ça ne suffit pas, il faut aussi une
bonne dose de motivation ! Malheureusement on voit beaucoup trop
de jeunes partir. On a de la chance
d’avoir de bonnes terres. Mais pour
la mettre en valeur il faut investir
dans du matériel et aller jusqu’au
bout. Ici il y a du potentiel !
LA CALÉDONIE AGRICOLE
41
Fiche produit
La Pêche,
un fruit de diversification
Avec quatre principaux producteurs de pêches en
province Sud, la pêche est encore un marché de niche.
Deux producteurs détaillent leurs productions.
semaine de novembre à la troisième
semaine de décembre.
En 2010, l’association Arbofruits a
réalisé pour le compte de la DAVAR
un inventaire du verger de NouvelleCalédonie.
Le recensement des exploitations à
vocation marchande comptabilise
3.272 pieds de pêchers recensés sur le
territoire contre plus de 10.000 manguiers, 22.000 mandariniers et 35.000
orangers.
C’est donc une production de niche
pour le territoire. Idem au niveau de
chaque exploitation. En effet, il est
constaté que la pêche n’est jamais
la production principale. On trouve
quatre producteurs principaux de
pêches en Nouvelle-Calédonie, tous
situés en province Sud.
Il est estimé qu’en 2009, l’ensemble de
ces producteurs a mis sur le marché
30 tonnes de fruits. La consommation
totale est évaluée sur la même période
à 120 tonnes, sur un marché total de
3.700 tonnes de fruits frais locaux.
44
LA CALÉDONIE AGRICOLE
Zoom sur deux producteurs,
au Sud de Nouméa
Marc Viallon, situé au Mont Dore,
cultive la variété de pêche blanche
Flordalgo. Son verger a été planté
en 1996, lorsqu’il n’était pas encore
gérant de la Ferme du Sud, mais il
a tenu à garder cette production. La
première récolte a pu se faire en 2001,
avec la première réelle pleine production deux ans plus tard. Actuellement,
la totalité du verger est irrigué. Soucieux des bonnes pratiques agricoles,
l’acquisition de sécateur électrique a
facilité le travail de taille, et surtout
amélioré la cicatrisation. En 2009 il
n’y a eu aucun traitement sur cette
culture.
Le rendement moyen est depuis environ de 5 tonnes, avec des aléas,
comme cette année où les conditions
climatiques ne permettront que d’atteindre une tonne à peine. La récolte
s’étale généralement de la troisième
Claudine Verger, est quand à elle situé
au col de Mouirange.
Elle a acquis ces 500 pieds de pêcher,
chez monsieur Moglia en 2004. Elle a
pour sa part optée pour deux variétés,
la Flordalgo et la pêche Floragles, de
couleur brune.
Ses arbres, plantés sur des sols pentus, et sans irrigation, ont commencé à fournir des fruits dès 2008. Les
principaux soucis sanitaires sont l’attaque des fourmis électriques, et les
cochenilles. Un seul traitement a été
nécessaire en combinaison avec deux
méthodes douces : un ramassage des
fruits tombés à terre, et la plantation
de rosier autour du verger.
Ces deux producteurs encouragent les
agriculteurs à planter des pêches.
Une récolte manuelle, à une maturité
bien calculée et des fruits conditionnés avec soin vous permettent d’avoir
sur votre table des prunes juteuses et
savoureuse.
N°124
N°124 decembre
DECEMBRE 2010
société
Agriculture et
Qualité
environnementale
en agriculture ; les agriculteurs s’engagent
n Les consommateurs évoluent. L’agriculture aussi. L’esthétisme et le calibrage des
produits ne sont plus les seules préoccupations des consommateurs. Pour tous, la
qualité doit aussi s’attacher à préserver la santé et l’environnement. La multiplication de
groupements de producteurs calédoniens œuvrant pour le développement de modes de
production innovants et respectueux de l’environnement, montre que le monde agricole, lui
aussi, change sa conception du « bon produit ».
Les producteurs se regroupent et
s’engagent pour la qualité
L’association Biocalédonia, le syndicat
pour une agriculture respectueuse de l’environnement et le Groupement de Défense
des Cultures sous Abri (GDCSA), sont
trois exemples concrets de mobilisation des producteurs sur les problématiques sanitaires et environnementales.
Si tout le monde connaît plutôt bien
l’agriculture biologique qui exclut les
substances chimiques de ses pratiques
(et qui concerne aujourd’hui 54 producteurs activement engagés), la protection biologique intégrée (PBI) et
l’agriculture responsable (AR) sont
deux démarches moins évidentes
pour le consommateur lambda.
Pourtant, elles sont déjà mises en œuvre
46
LA CALÉDONIE AGRICOLE
chez près de 30 producteurs. A eux
seuls, les producteurs de ces groupements fournissent environ la moitié de
la production locale de produits maraîchers ainsi que la moitié de la production de bananes. Ces chiffres ne sont pas
négligeables : à terme, les impacts sur la
qualité sanitaire des produits et sur la
protection de l’environnement peuvent
donc être conséquents et les produits
certifiés seront suffisamment nombreux
sur le marché pour être repérables par le
consommateur.
Le syndicat pour une agriculture respectueuse de l’environnement, est l’organisme de défense et de gestion des
signes de qualité AR et PBI. Il vise, en
collaboration étroite avec le GDCSA,
à promouvoir ces démarches dans le
but, à terme, de faire certifier les exploitations et de voir leurs produits
clairement identifiés sur le marché.
Le GDCSA, groupement d’appui
technique, expérimente actuellement
la mise en place de la PBI sur les exploitations. Cette pratique vise à limiter considérablement l’utilisation
des insecticides sur les cultures grâce,
principalement, à l’introduction d’insectes auxiliaires luttant contre les ravageurs des cultures.
Pour pratiquer la PBI dans les
meilleures conditions et en obtenir la
certification, l’exploitant doit, au préalable, répondre aux exigences de l’AR.
N°124
DECEMBRE 2010
Agriculture et
société
Qu’apporte l’AR par rapport à
l’agriculture conventionnelle ?
L’agriculture responsable fait évoluer la gestion globale de l’exploitation en intégrant, dans ses pratiques,
l’ensemble des paramètres pouvant
influer sur la biodiversité et sur la qualité sanitaire des produits.
Les producteurs sont amenés à respecter des impératifs sur la base des thématiques suivantes :
La formation du chef d’exploitation ; La
connaissance des zones sensibles de l’exploitation ; La santé et la sécurité au travail ; La gestion des sols ; La fertilisation
minérale et organique ; La protection des
cultures ; L’irrigation ; La gestion des déchets ; Le paysage et la biodiversité ; La
transformation, le transport, le stockage
et la distribution des produits.
Pour toutes ces thématiques, un même
impératif : la traçabilité. Celle-ci doit
être assurée grâce à l’enregistrement
systématique des pratiques de l’exploitant en vue des contrôles (cahiers
de culture, entretien du matériel…).
Le contrôle des enregistrements est
complété par des contrôles documentaires (factures, fiches techniques…),
par une interrogation orale de l’exploitant et de ses salariés et par des
repérages sur le terrain.
Le contrôle des pratiques par un orN°124 DECEMBRE 2010
ganisme certificateur indépendant et
impartial est un élément clé en termes
d’avancées pour le consommateur,
mais aussi pour le producteur qui bénéficie d’un œil extérieur dont la critique et le jugement ne peuvent être
remis en cause. Son approbation est
une véritable reconnaissance de sa démarche de qualité.
Concrètement, quelles sont les
avancées de l’AR en matière de
phytosanitaire ?
En « agriculture responsable », chaque
décision de traitement doit être justifiée et adaptée. Elle doit être précédée
d’une observation attentive. En outre,
les méthodes de lutte alternatives sont
fortement encouragées (prophylaxie,
pièges à insectes, produits biologiques,
rotations culturales, …).
L’agriculture responsable est également
très regardante sur l’utilisation des appareils de traitement : ceux-ci doivent
être adaptés et parfaitement entretenus.
Ces obligations de moyens sont essentielles pour faire évoluer les pratiques.
Mais les producteurs calédoniens engagés dans la démarche souhaitent
déjà apporter des garanties supplémentaires aux consommateurs. Des
garanties sur le résultat.
Dans ce but, les résultats d’analyses
A ce jour, les agriculteurs ne disposent
d’aucun registre indiquant les usages
ainsi que les doses homologués des
produits phytosanitaires en Nouvelle
Calédonie. L’ACTA (registre des
homologations métropolitaines), le
Novachem (« ACTA néozélandais »)
et les étiquettes (quand elles sont
traduites) sont les seules sources
d’information disponibles. De fait, les
pratiques des agriculteurs ne peuvent
être homogènes.
La profession agricole demande
également, avec insistance, une
réévaluation des Limites Maximales
de Résidus (LMR) comme cela s’est
fait en Europe, afin de disposer de
références fiables, ne pouvant être
soumises à interprétations.
A savoir que le gouvernement planche
actuellement sur une nouvelle
réglementation en matière de
phytosanitaires.
Cette refonte du dispositif
réglementaire devra être
accompagnée de l’édition d’un
registre des usages des produits
phytosanitaires et d’une clarification
des LMR pour retrouver un climat
apaisé dans le débat sur la qualité
sanitaire des productions locales.
LA CALÉDONIE AGRICOLE
47
société
Agriculture et
de résidus de pesticides réalisées par
le SIVAP seront pris en compte dans
le processus de contrôle de l’AR.
Mais au préalable, une refonte de la
réglementation en matière de phytosanitaires s’impose. Selon les producteurs, celle-ci est aujourd’hui obsolète
et incomplète et constitue un frein
au développement des démarches de
qualité en agriculture (voir encadré).
Dans l’attente, et ceci est une avancée
conséquente, les résultats d’analyse de
résidus seront tout de même utilisés
dans le cadre du contrôle des exploitations certifiées : tout résultat nonconforme donnera lieu à un contrôle
sur le terrain pour en identifier les
causes, apporter les corrections nécessaires, mais aussi pour mettre en exergue, le cas échéant, les incohérences
de la réglementation.
Dès que possible, en fonction des
avancées réglementaires, les résultats
d’analyse de résidus feront l’objet
d’une simple obligation de résultats
pouvant se révéler d’office disqualifiante. Notons que l’Agriculture raisonnée en métropole n’intègre pas ce
type d’exigence.
L’AR : un levier pour le développement des signes de qualité ?
Dans le contexte de mise en place des
signes officiels de qualité calédoniens,
l’agriculture responsable sera la première
certification à prendre place sur le marché. Elle est en effet la plus accessible
(gestion globale de l’exploitation pour
toutes productions végétales) mais aussi
la plus évidente puisqu’elle répond à des
préoccupations essentielles de notre société : la protection de l’environnement
et la sécurité sanitaire des aliments.
En métropole, en 2005, une étude du
ministère de l’agriculture démontrait la
complémentarité entre l’agriculture rai-
sonnée et les autres démarches de qualité en agriculture. Aujourd’hui, on peut
constater que de nombreux producteurs
engagés dans l’agriculture raisonnée
ont développé d’autres démarches de
qualité sur leurs exploitations.
Dans son rapport d’expertise du cahier
des charges de l’AR, l’IAC indiquait « le
référentiel AR constitue une étape importante
dans la formalisation de bonnes pratiques
agricoles en Nouvelle-Calédonie. Il pourra
constituer un socle de référence pour d’autres
modes de production ».
Destinée à toucher le plus grand nombre
d’agriculteurs, l’agriculture responsable
calédonienne constituera probablement, comme en métropole, un levier
pour la mise en place de certifications
plus exigeantes. Certains agriculteurs
en sont d’ores et déjà demandeurs en
participant aux expérimentations sur la
protection biologique intégrée.
L’agriculture responsable illustrée...
ce poster est à votre disposition pour l’afficher dans votre exploitation.
MIEUX COMPRENDRE
L'AGRICULTURE RESPONSABLE
L'Agriculture Responsable respecte un cahier des charges
de plus de 50 exigences réparties par grands thèmes. IMPACT DES PRODUCTIONS ANIMALES
Lorsque il y a un élevage sur l’exploitation,
son impact environnemental est également maîtrisé.
PROTECTION DES CULTURES
L’observation quotidienne des cultures (ex : plaques engluées jaunes)
permet un suivi rigoureux de leur état sanitaire.
Les traitements sont réalisés si nécessaire en respectant de nombreuses
exigences permettant d' assurer la protection de l’applicateur,
du consommateur et de l’environnement.
Les traitements systématiques sont interdits.
GESTION DES SOLS, FERTILISATION
Des analyses de sol sont réalisées pour une meilleure connaissance de la terre.
Calculer au plus juste la quantité d’engrais permet d’éviter les excès et donc
de préserver la qualité et la fertilité des sols.
TRACABILITÉ DES PRATIQUES
Tous les apports de produits phytosanitaires ou d’engrais
sont enregistrés et suivis.
Chaque traitement est justifié.
STOCKAGE DES PRODUITS PHYTOSANITAIRES
Les produits sont stockés dans un local sécurisé
(fermé à clef, réservé à ce seul usage, aéré…).
Aucun risque de fuites dans l’environnement.
STOCKAGE DES ENGRAIS
Les engrais sont stockés de manière à éviter toute contamination.
Les sacs sont rangés sur palettes, dans un local couvert
et séparés des matières dangereuses.
RÉGLAGE DU PULVÉRISATEUR
Un diagnostic et un réglage du pulvérisateur, réalisé par un spécialiste,
permet d’éviter les surdosages et les fuites de produits dans la nature.
48
LA CALÉDONIE AGRICOLE
GESTION DES DÉCHETS
Les déchets sont triés, stockés dans une zone réservée à cet usage.
L’incinération des déchets sur place est interdite. L’exploitation est maintenue propre.
GESTION DE L'EAU
L’exploitant dispose d’une autorisation de captage d’eau.
Une bande enherbée de 10 mètres minimum de large en bordure des cours d’eau
permet de protéger la ressource en eau.
N°124
DECEMBRE 2010
Formation
Formation et insertion,
l’agriculture
comme moteur
Au rythme de quatre journées par semaine et ce pendant 6 mois, dix
détenus volontaires et motivés du camp Est ont pu suivre la formation dispensée
par le CFPPA. Au programme, maraîchage et travaux paysagers avec l’objectif de
développer leurs compétences et, pour certains, leur donner l’envie d’aller plus loin.
C
ertains détenus du camp Est,
ayant une peine courte ou
proche de la sortie et disposant d’une forte motivation
ont la possibilité de suivre une formation agricole pendant leur période de
détention. L’objectif, mettre à profit
cette période grâce à la formation pour
augmenter les chances de réinsertion
à la sortie. Pour Erick Aouchar, directeur d’insertion et de probation du
ministère de la justice « il s’agit d’assurer une continuité entre la formation qu’ils
suivent ici et les formations qualifiantes
qu’ils peuvent suivre après leur période de
détention. On appuie la démarche de ceux
qui sont motivés en renforçant les liens avec
les différents centres de formation ».
Orienter vers
des formations qualifiantes
Le centre de détention du camp Est
dispose d’un terrain qui se prête parfaitement à la réalisation de formations agricoles. Comme le souligne
Denis Scharwatt, formateur au CFPPA sud en charge de la coordination
de cette formation : « Quand les cours
ont commencé, ce terrain était en friche,
50
LA CALÉDONIE AGRICOLE
maintenant regardez le résultat. Les stagiaires ont fait du bon boulot. La formation permet d’insuffler une dynamique, de
travailler en équipe et surtout de voir directement les résultats du travail accompli.
Leur production est consommée dans le
centre. Ca donne un sens au travail réalisé.
L’intérêt de ce type de formation est que
ceux qui le souhaitent peuvent poursuivre
et intégrer une formation diplômante.
Cette année, 2 stagiaires vont poursuivre
avec un BEPA ».
Mettre en valeur ses propres terres
Pour certains stagiaires, cette formation est un plus pour se changer les
idées. Pour d’autres c’est la possibilité
de développer leurs compétences et de
les lier à leurs projets personnels.
Emile 22 ans, stagiaire :
« On a appris plein de choses pendant cette
formation. J’ai envie de continuer, d’approfondir et d’apprendre dans d’autres
domaines comme l’informatique et la mécanisation. J’ai des terres et, avec ce que
j’ai appris et ce que je vais apprendre au
BEPA je vais pouvoir monter mon projet
en maraîchage ».
Pierre 31 ans, stagiaire :
« Quand on a commencé la formation,
c’était la brousse. Après 6 mois de travail
en équipe, le terrain est transformé. Notre
production est consommée sur place et ça
fait plaisir de voir les autres manger nos
produits. Comme Emile, j’ai envie de
continuer avec le BEPA pour monter mon
propre projet, sur mes terres ».
Thierry 22 ans, élève
au CFA de la Chambre d’agriculture
Contacté par Serge Gos conseillé social au CFA, Thierry a intégré en 2009
le capa travaux paysagers. La formation arrive à sa fin et Thierry souhaite
poursuivre les études. « J’ai envie de
continuer parceque je veux monter les échelons. J’ai une fille de trois ans et j’ai envie
de bien gagner ma vie. Je savais pas qu’on
pouvait faire ces formations. On manque
d’information. Quand j’ai parlé de ça à
mes amis, ça en a motivé certains de venir
suivre cette formation. J’ai travaillé à Botanéa, c’était du boulot mais j’ai vraiment
appris et je veux pas m’arrêter là»
N°124
DECEMBRE 2010
Technicien du GDCSA
Frédéric a un parcours
véritablement atypique !
Après des études menées
dans le secteur informatique, il
décide finalement de rechercher un emploi dans un autre
secteur qui lui convenait mieux.
C’est ainsi qu’il découvre le
secteur agricole et se forme aux
techniques agricoles.
Aujourd’hui, il est technicien
du GDSA.
Frédéric Barjon est le technicien du
Groupement de défense des cultures
sous abri en Nouvelle-Calédonie
(GDCSA). Au travers ce groupement,
il accompagne les 16 agriculteurs en
suivant de très près les cultures de
leurs. Ses missions consistent à passer
régulièrement, chaque semaine pour
inspecter les cultures et conseiller sur
la lutte contre les organismes nuisibles.
La finalité de son action étant que les
adhérents au groupement ne pratiquent
plus de façon systématique des
traitements phytosanitaires.
D’où l’intérêt de l’observation et du
suivi régulier afin de traiter uniquement
quand cela est nécessaire.
En plus de l’appui pour traiter au bon
moment et dans le respect des bonnes
pratiques, Frédéric est chargé de la
promotion de techniques alternatives
aux produits phytosanitaires chimiques.
« En revenant sur le territoire, je voulais
rester dans l’agriculture ». Aujourd’hui,
technicien pour le GDCSA, il a trouvé
toute sa place. « C’est un métier qui me
plaît, de part la variété des cultures et
de part la rencontre avec la diversité
d’agriculteurs de Nouvelle-Calédonie».
Et c’est ainsi que Frédéric s’est pris de
N°124 DECEMBRE 2010
passion pour la Protection Biologique
Intégrée. « C’est hyper intéressant la
PBI ! On travaille sur des êtres vivants.
C’est complexe, et c’est tout l’intérêt, de
connaître et de comprendre comment
les insectes vivent et fonctionnent ». Etre
agriculteur c’est selon Frédéric, travailler
avant tout avec du vivant, et c’est ce
qui en rend l’agriculture passionnante.
De plus, pour lui, « c’est un véritable
challenge de tenter de travailler sans
produit chimique. Réussir à travailler
en symbiose avec le vivant, avec son
environnement, c’est tout l’enjeu de
l’agriculture aujourd’hui ! ».
En quoi consiste son métier ?
• En plus des missions d’observation
et de conseil sur les stratégies de lutte,
Frédéric apporte un accompagnement
technique aux adhérants du groupement
pour être certifiés en Agriculture
Responsable et plus tard en PBI.
• Il forme et aide les adhérents, à la
tenue de cahiers de culture adaptés à la
situation de chaque exploitation.
• Il conseil également les adhérents du
groupement, pour la mise aux normes
de leurs locaux de stockage des produits
phytosanitaires.
Fiche métier
Frédéric Barjon
Parcours
Après un Bac électrotechnique en
poche, il obtient un deug informatique
en métropole. Puis, il change de voie et
s’oriente vers les espaces verts.
Pendant 5 ans, il devient jardinier pour
des particuliers et réalise des jardins
privatifs. Après 5 ans en métropole,
il choisit de revenir en NouvelleCalédonie et de s’investir pleinement
dans le secteur agricole.
Tout d’abord, il se forme au CFPPA sud,
dans la filière production horticole,
puis est recruté comme technicien
du GDCSA. Dans ce poste qu’il
occupe depuis deux années, il doit en
permanence se remettre en question
sur ses connaissances et continuer
à se former. Frédéric vient ainsi de
se perfectionner à la PBI auprès des
agriculteurs réunionnais et de leurs
services d’appui technique.
LA CALÉDONIE AGRICOLE
51
tourisme
Agri-
A la découverte
du miel de Thia
La passion des abeilles… C’est ce que vous propose de partager Lyliane et
Gérard Dorchy. A 3 km de l’entrée de La Foa, l’exploitation Miel de Thia propose
aux visiteurs de découvrir ou de s’initier au monde fascinant des abeilles… Visite
guidée avec les exploitants.
80 000 abeilles dans une ruche ! « Quand
nos visiteurs découvrent la réalité d’une
ruche, ils sont toujours très surpris ».
Liliane et Gérard Dorchy sont installés
sur La Foa depuis 2004 et ont ouvert
leur propriété en 2006. C’est leur passion pour les abeilles qui les a amené à
ouvrir leurs portes. Le réseau Bienvenue
à la ferme les a découvert à l’occasion
des nombreux marchés sur lesquels ils
vendaient leur production de miel et
notamment à la Foire de Bourail. Et
c’est tout naturellement que le réseau
leur a proposé d’intégrer Bienvenue à la
Ferme. L’impact est fort puisque les visites de l’exploitation se font essentiellement avec les outils de communication
du réseau, dont le livret, qui draine de
nombreux visiteurs. « Nous recevons de
plus en plus de visiteurs. Avant, c’était
de l’ordre de 10 personnes par mois. Aujourd’hui, nous sommes autour de 30
personnes par mois». Nous apprécions
54
LA CALÉDONIE AGRICOLE
de pouvoir échanger avec des amateurs
de miel et leur faire partager notre passion. Certains se prennent au jeu et souhaite mettre en place des ruchers ». Mais
attention, Gérard apporte quelques précisions sur le métier d’apiculteur. « ll faut
d’abord investir dans le matériel et commencer par une ruche ou deux. Ne pas
se lancer dans une grosse exploitation
tout de suite. Il faut du matériel de qualité, et ce matériel doit être régulièrement
changé. Il faut en permanence disposer
de matériels d’avance».
Dans un premier temps, il ne faut pas aller trop vite… La réflexion doit primer
sur l’action.
Ferme pédagogique
Mieux connaître la vie des abeilles ?
Comment extrait-on le miel ? Les visiteurs sont tous différents. La plupart
sont des touristes, souvent japonais ou
réunionnais, ou des familles qui se dé-
placent pour connaître tous les détails
de l’apiculture.
« Nous avons des relations privilégiées
avec Alpha International. C’est presque
un rituel maintenant. Nous avons un
groupe de japonais toutes les semaines,
à la même heure. Les relations avec le
tour opérator se sont tissées suite aux
Etats généraux du tourisme à la Foa
». Séduits par la chaleur de l’accueil et
l’originalité de l’exploitation, la ferme
de découverte fait désormais partie du
circuit des touristes nippons.
Les apiculteurs sont aussi amenés à intervenir dans les écoles en présentant,
grâce à une ruche vitrée, comment préparer le miel.
70 ruches
La ferme est composée de 70 ruches,
d’une miellerie, d’un laboratoire, avec
un bac, un extracteur, et un maturateur.
Il y a également un dock qui se révèle
N°124
DECEMBRE 2010
tourisme
Agri-
être un atelier où se déroule la construction des ruches et leur assemblage. Un
travail préalable et indispensable. Un
autre local permet aussi d’exposer les
produits pour favoriser la vente directe.
Plusieurs systèmes de ruches sont présentés dont la célèbre ruche « kenyanne
authentique ».
Thia propose toutes sortes de miels…
Ruchers de forêt, ruchers d’arbres fruitiers, ruchers dans la savane à niaouli
très léger et très clair, ruchers dans les
cafés, ou encore miels de toutes fleurs,
plus sucré et plus épais.
Recyclage des cires
Le recyclage des cires avec un certificateur solaire permet de faire des bougies,
des savons ou de la cire encaustique.
« Le propolis à mâcher, récolté dans les
ruches, est aussi efficace pour les petites
piqûres d’insectes » précise les exploitants. C’est un argument qui à l’air de
plaire aux clients.
Pour les autres produits, l’exploitation
propose du vinaigre de miel, ou encore
du pollen frais en saison.
Une nouvelle initiative remporte un
franc succès, il s’agit de stages de sensibilisation à l’apiculture qui sont organisés deux fois par an. Le dernier s’est
d’ailleurs déroulé en octobre. Sur deux
journées, les apiculteurs offrent l’occasion aux amateurs de découvrir le fonctionnement d’une ruche et de s’initier à
Le livret BAF 2010
Il répertorie les structures adhérentes au réseau. Il est disponible
à la CANC et dans ses antennes,
dans les offices du tourisme et
chez les adhérents…
Renseignements au 44 23 48
www.bienvenue-a-la-ferme.com
N°124 DECEMBRE 2010
la pratique. Un plus certain pour donner
l’envie de faire une halte chez ces adhérents du réseau Bienvenue à la ferme.
Initiative
Le Miel de Thia
Liliane et Gérard Dorchy
Thia - La Foa
Tél : 44.18.02 / 76.48.87
[email protected]
Ouvert tous les jours mais sur
réservation, 48 heures à l’avance.
• Nouvelles du réseau
Bienvenue à la Ferme
La fin de l’année se termine par deux
marchés avec les adhérents du réseau :
• le marché de Névaho le 4 décembre et
• le marché de Poindimié le 5 décembre
2010.
LA CALÉDONIE AGRICOLE
55
Les petites annonces agricoles
A vendre
Un lot de 8 veaux
Prix : 360 000 F
Contact : 89 06 23 / 41 22 58
Urgent, SCA de 20 Ha sur
Tontouta donne herbage pour
chevaux/bétail contre coupe,
participation financière possible.
Contact : 24 04 12 soir / 82 87 55
4 taureaux, 2 de race limousine,
1 Brahman pur, 1 Brahman/Limousin
Contact : 35 10 69
Maïs vert à la coupe
pour retaille
Contact : 82 26 25
Chiens Teckel noir et feu, 2
femelles et 2 mâles, vaccinés et
vermifugés.
Prix : 30 000 F
Contact : 78 35 01
Taureaux Brahman
Australie – Rouge
Prix 350 000 F
Taureaux Brahman inscrit UPRA
rouge et gris de 18 à 30 mois
Prix : 200 000 F à 300 000 F
Tél : élevage de la Bakia 78 37 50
1 groupe électrogène
J. Deere de 30 KVA, 7000 h, vendu
avec un coffret inverseur automatique, suivi par le concessionnaire.
Prix : 700 000 F (à débattre)
1 groupe électrogène J. Deere de
150 KVA, 2800 h, suivi par concessionnaire, état impeccable.
Prix : 1 300 000 F (à débattre)
Contact : 78 20 04/79 93 35
Un Dodge pour propriété
5,7 litres diesel
Prix : 300 000 F
Contact : 85 92 11
Cause départ vend :
1 girobroyeur Quivogne s.a
Prix : 250 000 F
2 rotavator cultivateur à axe
horizontal RV-NAR-05L NARDI
Prix : 60 000 F
3 billonneuse à deux disques
Quivogne s.a
Prix : 100 000 F
Contact : 41 62 08
Bull AD12 Fiat cabine de
débroussaillage-Ripper-lot de
pièces
Prix : 2 500 000 F
Contact : 79 66 54/79 53 31
Recherche
Silo 2,5 t (granulés) d’occasion
Faire offre au 79 94 11
Miel en vrac, tous types
Prix intéressant
Contact : 42 72 64
Ensileuse + remorque
Contact : 78 95 19
A vendre
Quad agri Suzuki 300 4 wd pneus
agri + pulV 50 et 60 litres
+ épandeur engrais
Prix : 650 000 F
Contact : 43 18 98
56
LA CALÉDONIE AGRICOLE
Tuyaux galvanisés diam : 120,
100 et 80 et un enrouleur 90-300
Contact : 82 26 25
Tracteur international 633 double
pont, uniquement pour les pièces
Faire offre au 42 57 34
A vendre
Entre Bourail et le Cap propriété
de 80 Ha dont 50 améliorés, creek,
stock yard
Prix : 55 M
Contact : 44 14 32
Pocquereux, La FOA, 44 ha
magnifiques dont 16 ha de plaines
et de vallées défrichées clôturées
à 1.90m et 28 ha de forêts sèches
et forêts humides. Creek. Accès
privatif sécurisé. Chasse, loisirs,
agriculture.
Contact : M. Niemant au : 46.99.00
ou [email protected]
Propriété de 118ha sur Bourail
avec 1 maison style broussard, de
nombreux arbres fruitiers, 1 forage,
tout le matériel agricole neuf,
20 000 pieds d’ananas, 2 groupes
électrogènes + 2 systèmes énergie
solaire.
Prix : 1U4/ha
Contact : 46.91.89 HR
Urgent cause départ, propriété
de 3ha au Mt Dore avec 210 pieds
de litchi, maison neuve +
dépendance, 130 m² de deck, spa
pool, grande terrasse couverte,
2 containers 40 pieds, 2 containers
20 pieds, pépinière plus matériel
agricole.
Prix : 59 M à débattre
Contact : 76 40 08/35 19 38
Propriété de 75 ha à Bourail,
possibilité de subdiviser en 2 lots
Contact : 46 91 29/78 35 01
A louer
Pocquereux, La FOA, plusieurs
hectares de terres arables
(surface à définir) pour cultures +
N°124
N°124 DECEMBRE 2010
Les petites annonces agricoles
maison de 120 m².
Contact : M. Niemant au : 46.99.00
ou [email protected]
Vente ou location ou location/
vente
Propriété à la Foa, terre
d’alluvion, bordure rivière, 9 ha,
irrigation en place par aspersion et
goutte à goutte. Pour maraîchage
ou grande culture.
Prix : 25 M
Contact : 44 32 65/76 37 73
Recherche propriété de rapport
élevage/culture en province Sud
Etudie toutes propositions
Contact : 85 86 96
Recherche
150 pieds de Bois de fer
et 150 pieds de Gaiac.
Faire offre au 77 39 73
Recherche un responsable
d’exploitation maraichère
(hydroponique/plein champ)
et fruitière.
Contact : 43 59 20/ 77 29 22
Cherche personne sérieuse
autonome et motivée pour
entretien et mise en valeur d’une
propriété région Ouenghi à temps
complet ou partiel, permis et
conduite matériel agricole souhaité.
Contact : 79 34 13
Pacifique jardin jardinerie recrute en CDD évolutif en CDI un
vendeur polyvalent pour les rayons
plantes et horticole, niveau BEP, BT,
BTS issu de la filière horticole.
Envoyer CV + lettre de motivation
+ photo à pdoisy@pacifiquejardin.
nc ou par courrier BP 3516 – 98846
Nouméa cedex
Afin de vous aider à vendre ou acheter, à recruter ou à trouver du travail,
La Calédonie Agricole met en place une rubrique “Petites annonces“.
Il suffit de remplir cette fiche et de la renvoyer à la Chambre d’agriculture :
BP : 111 - Nouméa - Tél : 24 31 60 (service gratuit).
Nom :
Prénom :
Cochez la rubrique
correspondant
à votre annonce :
Adresse :
Téléphone :
Rédigez votre annonce en majuscule, une lettre par case, un vide entre chaque mot
58
LA CALÉDONIE AGRICOLE
q Demande d’emploi
q Offre d’emploi
q Matériel
q Terrain
q Animaux
q Autres
N°124
N°124 DECEMBRE 2010

Documents pareils

La tropicalisation du cheptel bovin, pour un élevage durable et

La tropicalisation du cheptel bovin, pour un élevage durable et Dans le domaine de la santé animale et des zoonoses, l’Organisation mondiale de la Santé animale est la référence pour la définition de mesures applicables au commerce international d’animaux et de...

Plus en détail