Couler une dalle de béton SOMMAIRE: L`OUTILLAGE CHAPE OU

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Couler une dalle de béton SOMMAIRE: L`OUTILLAGE CHAPE OU
Couler une dalle de béton
Document rédigé par Hubert de Crécy, ex-rédacteur en chef de la revue Système D
Photos réalisées par Flo.S
En intérieur comme en extérieur, la dalle de béton armé est le support universel pour bon nombre
de réalisations : sols, terrasses, abris de jardin, barbecues, etc...
SOMMAIRE:
L'OUTILLAGE
CHAPE OU DALLE ?
LA FOUILLE
LE COFFRAGE
LES JOINTS
LA COUCHE DE FOND
L'ISOLATION
L'ARMATURE
LE DOSAGE
LES ADJUVANTS
LA COULÉE
LA FINITION
LE BÉTON A GACHER SOI-MEME, OU A FAIRE LIVRER ?
L'OUTILLAGE
- pelle de maçon, pioche, brouette, niveau, cordeau, dame ou rouleau, scie à bois, massette, règle
de maçon en métal, auge à gâcher (pour les petites surfaces) ou bétonnière, truelle, taloche.
CHAPE OU DALLE ?
Les dalles (parfois qualifiées de semelles), sont généralement des ouvrages porteurs, posés
directement sur le sol naturel, après une certaine préparation, ou sur un plancher béton.
D'une épaisseur d'environ 8 à 10 cm, elles doivent, aussitôt qu'elles dépassent les 2 m2, et surtout
si elles doivent supporter un poids important, être armées d'un treillis et de fers qui assureront sa
rigidité. On les utilise pour la réalisation de terrasses, de fondations légères, d'allées, etc.
Les chapes, quand à elles, d'une épaisseur moindre (5 cm au maximum), sont destinées à
recouvrir des dalles grossières, des sols compacts irréguliers, ou à apporter une assise plane avant
la pose d'un carrelage, ou tout simplement d'un revêtement souple.
LA FOUILLE
Selon le type de réalisation, il faut avant tout calculer la profondeur de la fouille, en fonction de
l'épaisseur de la dalle et de l'endroit qu'elle devra affleurer.
Il faut donc déterminer si elle arrivera au ras du sol ou créera une surépaisseur.
Tracez alors sur le sol les dimensions de la future dalle, augmentées de 10 cm environ, avec du
plâtre en poudre.
Vous pouvez aussi effectuer ce repérage au moyen de piquets et d'une cordelette, méthode qui
permet de conserver ses repères même après le début du creusement.
Exemple de fouille réalisée pour une descente de garage.
Photo Flo.S
¨ Creusez dans le cadre ainsi constitué sur une profondeur variable en fonction de l'état du terrain
et de l'épaisseur totale prévue pour la dalle et son revêtement.Prenez en compte, lors de ce calcul,
les épaisseurs respectives de l'assise (8 à 10 cm), de la dalle proprement dite (8 à 10 cm), de la
chape de lissage (2 à 3 cm) et éventuellement du revêtement final.
Ceci évitera des différences de niveau ou des surépaisseurs.
¨ Si la dalle est destinée à constituer une terrasse extérieure, songez à lui donner une pente
générale d'environ 2 cm par mètre orientée vers le jardin ou vers un drain, qui permettra
l'évacuation de l'eau.
¨ Si la dalle est destinée à recevoir un bâtiment maçonné d'un poids conséquent, même sur un
étage unique, il faut alors creuser profondément sur tout le pourtour de l'excavation générale, et
sur le tracé exact des murs à venir, une saignée de 20 cm de profondeur, sur une largeur égale,
qui sera remplie de béton lors de la coulée.
Ajoutée à l'épaisseur de la dalle, cette fondation supplémentaire, dûment ferraillée, conférera à
l'ensemble une rigidité appréciable.
¨ Pour assainir un sol humide, avant de le bétonner, bêchez profondément la fondation, évacuez
1/4 environ de la terre, et épandez de la fleur de chaux (ou chaux aérienne éteinte) à raison de 25
kg pour 10 m2 environ, en évitant au maximum le contact avec les mains. Compactez
longuement le sol à la dame ou au rouleau. Il en sortira ainsi plus ferme, et moins sujet aux
remontées d'humidité.
LE COFFRAGE
Afin de ne pas déborder des limites de l'ouvrage et pour faciliter le tirage final, la réalisation d'un
cadre est nécessaire. Utilisez des planches dites "à coffrage" vendues chez les détaillants, ou des
planches de récupération, d'une largeur égale à l'épaisseur prévue pour la dalle.
Photo Flo.S
Le niveau doit être parfait, on partira donc de l'endroit le plus élevé.
Des petites cales de bois ou des pierres de différentes grosseurs sont nécessaires pour la mise à
niveau. Un lit de mortier facilite encore l'opération, et permet la mise à l'horizontale par quelques
coups de marteau.
Pour la fixation (temporaire) du coffrage, utilisez des piquets de bois. Plantés de part et d'autre
des planches, ils ne doivent pas en dépasser la hauteur pour ne pas entraver le tirage.
LES JOINTS
Photo Flo.S
Au delà de 10 m2, une dalle, pour une terrasse, par exemple, doit être fractionnée en pièces de 3
à 4 m. de côté, afin d'éviter les jeux et les cassures, surtout en extérieur.
Pour ce faire, divisez l'ouvrage par des joints de dilatation qui seront marqués, lors du coffrage,
par des planches de même hauteur que celles du cadre, mais éventuellement moins épaisses (10 à
15 mm environ). Elles seront ôtées avant le tirage complet du béton, et remplacées après coup
par un matériau compressible, étoupe, polystyrène, etc.
Utilisez le même principe le long des maçonneries adjacentes.
LA COUCHE DE FOND
Photo Flo.S
Pour une assise stable et résistante, autant que pour un drainage efficace, la constitution d'un
hérisson est nécessaire, particulièrement sur un sol naturel très meuble.
Des chutes de pierre, briques cassées, cailloux moyens etc. empliront parfaitement cet office. De
même, l'occasion est bonne de se débarrasser des gravats. Mais évitez les déchets plâtreux.
Les espaces seront rapidement comblés au sable, et l'ensemble soigneusement tassé, à la dame ou
au rouleau.
L'ISOLATION
En intérieur, une dalle posée directement sur le sol naturel, ou sur un plancher situé au dessus
d'un local non chauffé, doit être isolée pour limiter les déperditions de chaleur.
Employez simplement des feuilles de polystyrène expansé ou, mieux encore, extrudé, de 3 ou 4
cm d'épaisseur, disposées sur toute la surface, par-dessus le hérisson, et croisées pour combattre
les ponts thermiques.
Pour l'isolation phonique, la semelle doit être séparée du plancher par un matériau absorbant
(résilient), celui-ci devant également remonter le long des murs pour bloquer la propagation du
son.
On emploie couramment une feuille de dérivé caoutchouteux épais, ou encore des fibres
spéciales, matériaux détenant la particularité d'absorber les ondes de choc, et de les noyer dans
leur masse.
¨ Pour l'étanchéité, l'isolant ou le hérisson peut être recouvert d'un film de polyane (bâche
plastique imputrescible) destiné à empêcher les remontées d'humidité. Les dimensions de la
pièce ne permettant pas toujours de couvrir la surface en une seule fois, il peut être nécessaire
d'employer deux feuilles qui seront posées en comptant un recouvrement d'au-moins 30 cm, ceci
pour empêcher la migration capillaire de l'eau contenue dans le sol.
L'ARMATURE
Photo Flo.S
Indispensable, le ferraillage a pour but d'armer le béton pour éviter les mouvements structurels et
répartir les forces. Il s'effectue au moyen de barres d'acier tors de différents diamètres.
Mais un simple treillis soudé de 4 mm de section suffit dans la plupart des cas, notamment pour
des dalles de petites dimensions, ou n'ayant pas de poids important à supporter.
Si plusieurs feuilles doivent être employées, le grillage sera croisé (recouvrement de deux
mailles environ) pour uniformiser l'armature de la dalle.
¨ Les fers plus épais peuvent trouver leur utilité dans le pourtour de la dalle, surtout si celle-ci
doit recevoir un mur ou des éléments pesants.
La rouille ne gène en rien la tenue de l'armature dans la dalle, elle a plutôt un rôle de fixateur. Il
n'est donc pas nécessaire de décaper les fers avant de les noyer dans le béton.
Leur pose s'effectue sur des cales destinées à les séparer du sol. Le béton, lors de la coulée,
s'étend sous la structure métallique.
Éventuellement, le ferraillage peut s'effectuer entre deux coulées, notamment s'il s'agit d'un
treillis soudé, assez difficile à caler.
LE DOSAGE
Quatre ingrédients principaux entrent dans la composition du béton : Du ciment, du sable, des
graviers et de l'eau. Il se différencie donc du simple mortier par la présence de graviers.
Le ciment (liant) le plus employé actuellement est le ciment gris "Portland", CPA ou CPJ.
Il se prête à tous les travaux, se trouve chez tous les détaillants ou grossistes, et se situe parmi les
moins onéreux (parfois moins de 30 F. le sac de 50 Kg).
¨ Le sable et le graviers (matériaux inertes, ou agrégats) quand à eux, sont vendus en vrac dans la
majorité des cas, ce qui soulève le problème, à la livraison, du transport depuis le lieu de
déversement, jusqu'au lieu de travail.
Mais les agrégats peuvent également se trouver en sacs de 25 à 50 kg, notamment dans les
grandes surfaces de bricolage.
Ces petits conditionnements sont destinés à faciliter le transport et sont surtout destinés aux
petites réalisations.
¨ L'eau enfin, ne peut être que de l'eau douce, eau du robinet ou eau de pluie si vous disposez
d'une citerne. Attention, prévoyez toujours une quantité importante.
Un m3 de béton en nécessite de 140 à 200 l., sans compter le nettoyage des outils et du chantier.
¨ Le dosage d'un béton conditionne sa résistance. Pour une dalle de forte épaisseur, le mélange
comportera un volume de ciment pour deux de sable et trois de graviers. Le dosage s'effectuant à
la pelle, la précision est donc relative. Avec un peu d'habitude, on finit par se référer à la teinte
pour juger de la bonne teneur du mélange.
LES ADJUVANTS
Plusieurs adjuvants (ou additifs) peuvent être ajoutés au béton lors de la gâchée.
Ces produits chimiques détiennent des fonctions variées, vouées à faciliter l'application, à donner
au béton une meilleure résistance avant qu'il ne soit sec ou à améliorer ses performances finales.
Ainsi, les retardateurs permettent de rallonger le temps de prise et donc, de travailler dans
regarder sa montre. Les accélérateurs détiennent la fonction inverse.
Les fluidifiants permettent de réduire la quantité d'eau ce qui limite le retrait au tirage. Les
antigels autorisent la gâchée du béton même en plein hiver, sans craindre que le froid
n'interrompe la prise, ce qui aurait des effets désastreux.
Enfin, les hydrofuges améliorent l'étanchéité du béton qui n'est ainsi plus sujet aux remontées
capillaires
LA COULÉE
Quand le coffrage est en place, il suffit enfin de déverser le béton au centre du cadre (lorsque
cela est possible), en deux coulées successives.
Il est ensuite étalé du mieux possible au râteau ou à la truelle, selon l'étendue de l'ouvrage, et
sommairement foulé pour le faire pénétrer dans les interstices du hérisson, entre les plaques
d'isolant, etc. A ne pas oublier, il est nécessaire de remonter le treillis ou les fers d'armature au
milieu de l'épaisseur de la dalle.
Il suffit pour ce faire, de crocheter le grillage ou les barres avec les dents du râteau, et de secouer
brièvement.
Photo Flo.S
¨ Lorsque le niveau requis est atteint uniformément, les piquets de maintien intérieurs des
planches de coffrage sont ôtés (la pression du béton suffit à les maintenir contre les piquets
externes), puis la dalle est tirée à la règle métallique (ou avec un chevron bien rectiligne), celle-ci
reposant sur les rebords du coffrage.
Mieux vaut effectuer cette opération à deux, chacun se plaçant à une extrémité de la règle et
pressant fermement vers le bas pour éviter les différences de niveau.
Photo Flo.S
La règle se manie latéralement, en tirant simultanément à soi. Il peut être nécessaire d'effectuer
de temps à autre un retour en arrière de quelques dizaines de cm, et de déblayer à la pelle ou à la
truelle le surplus de béton qui s'accumule derrière la règle et rend plus difficile son maniement.
Il est important de ne pas déplacer les coffrages lors du travail.
Photo Flo.S
LA FINITION
La surface d'une dalle de béton brut est pour le moins grossière, hérissée d'irrégularités causées
par les graviers affleurant.
Il est possible de la lisser directement à la taloche maniée en larges mouvements circulaires, à
mesure du tirage à la règle, en ôtant les cailloux visibles ou en les enfonçant du manche de la
truelle.
Cette solution imparfaite doit être réservée aux dalles devant être recouvertes d'un dallage épais
ou d'un carrelage, la colle ou le mortier nécessaires pour leur pose comblera les dernières
imperfections.
¨ Si une finition plus soignée est nécessaire, dans le cas où la dalle est destinée à rester nue, ou à
être simplement recouverte d'un revêtement de sol souple (moquette, revêtement vinylique.), elle
sera réalisée après séchage de la semelle, deux à trois jours en moyenne selon l'épaisseur et les
conditions atmosphériques.
La méthode consiste à couler sur la surface grossière une chape fine composée d'une part de
ciment pour trois part de sable fin.
Cette finition suppose bien entendu que l'épaisseur nécessaire ait été conservée lors de la coulée
du béton brut ! Lorsque le mortier de chape est coulé dans le coffrage, il suffit enfin de le tirer à
la règle de maçon en prenant appui sur les planches latérales.
Travaillez régulièrement, en imprimant à la règle des mouvements latéraux de va et vient qui
tasseront le mortier et le lisseront parfaitement. L'aplanissement final est obtenu à la taloche. Une
opération qui peut s'avérer acrobatique, d'autant qu'il est hors de question de marcher sur la
surface encore fraîche !
¨ Après deux jours de séchage au maximum, il ne reste plus qu'à décoffrer délicatement (au pied
de biche ou "pince à décoffrer"). Les dernières lacunes sont comblées manuellement, au mortier
fin, en prenant garde de ne pas dégrader l'uniformité de la surface. Le lissage final du mortier
rajouté s'effectue à la taloche, et peut être encore affiné du plat de la truelle si des irrégularités
persistent (bavures du chant de la taloche, légers creux.)
¨ Si la chape doit rester nue, sol de garage, par exemple, ou allée de jardin, il peut être utile de
passer sur la surface, avant séchage, une boucharde crantée (une planchette hérissée de clous
peut faire l'affaire ou un balai de cantonnier).
Le résultat final donnera un léger relief qui évitera les glissades.
Cette même technique peut être employée si le revêtement final est différé.
Le relief permettra l'accrochage du mortier de ragréage ou de la colle à carrelage.
LE BÉTON A GACHER SOI-MEME, OU A FAIRE LIVRER ?
La différence de prix entre le coût des matériaux achetés dans le commerce spécialisé, et celui du
béton livré à la toupie est assez peu importante (100 à 200 F. environ par mètre cube), en faveur
du béton gâché sur place, mais encore faut-il ajouter à ce dernier le coût de la location de la
bétonnière, de l'électricité ou de l'essence pour la faire tourner, de l'eau nécessaire au gâchage,
etc. Sans oublier le temps passé à manier la pelle.
La solution "livraison à domicile", plus rentable (pour un cubage conséquent, puisque les prix
baissent en fonction de la quantité commandée), est aussi nettement moins astreignante (le travail
ne débute qu'au moment du déversement à l'endroit de la dalle).
Seul inconvénient, la toupie doit pouvoir accéder à moins de cinq mètres de la pièce.
Dans le cas contraire, il faudra envisager un relevage à la pompe, dont la location augmente le
devis global.
Ou éventuellement un déversement dans un endroit propre et un déplacement à la brouette de la
quantité nécessaire.