Lettre ouverte au Président d`IBM
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Lettre ouverte au Président d`IBM
Confédération Générale du Travail CGT IBM FRANCE 11 bd du Mont-d’Est 93160 Noisy-le-Grand TEL : 01 58 84 07 90 Monsieur Alain BENICHOU Président d’IBM France 17 avenue de l’Europe 92270 Bois-Colombes Noisy-le-Grand, le 11 mars 2014 Lettre ouverte au Président d’IBM-France Monsieur le Président, De quoi avez-vous peur ? Le 6 novembre 2013, le CHSCT Centre a voté une délibération consécutive à l’annonce brutale par IBM France de la fermeture des sites de proximité franciliens. La délibération fixait précisément le périmètre de l’expertise : « étude complète sur les impacts et les enjeux de la nouvelle organisation qui découle de ces fermetures. L’expertise prendra en compte l'ensemble de ces aspects pour les salariés du CEPB et pour les salariés de province qui sont amenés à utiliser les espaces de proximité et de passage, en particulier le site de Gare de Lyon ». La direction d’IBM pouvait contester cette délibération, exclusivement par la voie judiciaire. Vous ne l’avez pas fait : elle a donc force exécutoire. La méthodologie du cabinet d’expertise Sécafi comportait la diffusion d’un questionnaire établi par lui et accepté par les membres du CHSCT sans que la direction d’IBM ne conteste ce contenu. Le 3 février 2014, Sécafi a envoyé le questionnaire à tous les employés d’IBM sur ParisBanlieue, par courrier électronique. Vous avez alors brusquement contesté cet envoi et avez exercé une pression incroyable sur le cabinet Sécafi, en violation de son indépendance institutionnelle, afin qu’il détruise les données contenant les réponses de nos collègues. ./… Que contenait donc ce questionnaire qui fasse tellement peur à IBM France ? Le questionnaire envoyé ce 5 mars par Sécafi et passé par les ciseaux d’IBM, a été réduit de 12 pages à 4 pages. La version censurée, qui n’a pas été présentée aux élus du CHSCT, ne prend plus du tout en compte les risques psychosociaux et les conditions de travail liés à la fermeture des sites de proximité. En foulant aux pieds la lettre de mission du CHSCT, vous avez commis une entrave manifeste envers le CHSCT. Fallait-il que les enjeux soient grands pour en arriver à une telle extrémité ! peut être que toutes les données concernant les risques psychosociaux, notamment le stress dû à des conditions de travail inacceptables, ne sont pas bonnes à révéler sur la place publique ? peut être qu’IBM, depuis 10 ans qu’elle nous abreuve de ses accords frelatés et des commissions qui vont avec, n’est pas très fière des résultats ? Et de se dire que moins on les connait, mieux ça vaut pour la direction. Aujourd’hui, dans la foulée du PSE et du PDV, IBM se lance dans une campagne d’intoxication baptisée « qualité de vie au travail ». Monsieur Benichou, l’honnêteté intellectuelle et le respect des salariés imposent de retirer ce pseudo futur accord du cycle des pseudo-négociations avec les organisations syndicales. La « qualité de vie » ne se décrète pas. Ni par accord, ni par la loi. Si vous aviez la volonté d’améliorer les conditions de travail et de vie chez IBM, rien ne vous en empêche, bien au contraire ! C’est donc un choix conscient que vous avez fait de sacrifier l’humain à la finance, et il est insupportable de constater le déni que vous en faites. Ce n’est pas parce que vous êtes assuré d’obtenir les signatures validant un accord d’entreprise, qu’il faille ainsi travestir la vérité, et fouler aux pieds la souffrance de beaucoup et la mémoire de quelques-uns. Monsieur Bénichou, tout ce que vous faites, tout ce que vous dites, n’est qu’un rideau de pétales de roses pour faire joli devant les media et le grand public. Mais à l’intérieur de votre société, ça ne sent pas la rose !!! Vous connaissez parfaitement votre responsabilité pénale dans le domaine de la protection de la santé physique et mentale des salariés, envers laquelle vous avez une obligation de résultat. Ce mois-ci, IBM vient d’être à nouveau condamnée pour faute inexcusable à l’encontre d’une ancienne collègue victime de harcèlement moral structurel. Combien de drames humains, combien de condamnations vous faudra-t-il pour changer votre politique de gestion du Personnel ? Bien que sans illusions sur la capacité des dirigeants d’IBM de revenir à une conception humaniste de la gestion de l’entreprise, la CGT tient à vous rappeler que trop c’est trop, et que la vie, la vraie vie, passe avant toute autre considération. Marc GRIMAULT secrétaire général syndicat CGT des salariés IBM Paris-banlieue