En savoir plus - Le Musée d`Art Moderne et d`Art Contemporain

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En savoir plus - Le Musée d`Art Moderne et d`Art Contemporain
Si aujourd’hui la Fondation Maeght est un lieu incontournable parmi les institutions
muséales du XXème siècle consacrées à l’art moderne et contemporain, son histoire
commence dans les années cinquante grâce à la destinée extraordinaire du couple Aimé
et Marguerite Maeght. Tout commence en 1950, lorsqu’ils achètent une propriété à
Saint-Paul-de-Vence sur la colline des Gardettes. Par la suite, Georges Braque les incite
à entreprendre, afin de surmonter la mort de leur fils, la création d’un lieu d’art
moderne où se rencontreraient les artistes dans cette nature calme et paisible. Aimé
Maeght est un marchand d’art tout à fait exceptionnel, mais il est avant tout un éditeur
d’art. Tous deux se complètent et basent leur collaboration avec les artistes sur une
confiance réciproque. Ces artistes sont ceux de la galerie Maeght, que le couple a ouvert
en 1945 à Paris. Ils seront toujours soudés avec les Maeght par une forte amitié et une
étroite collaboration dans leur travail, notamment des éditions pour Maeght Editeur et
des illustrations pour la prestigieuse revue Derrière le Miroir.
A la fin des années cinquante, avoir la volonté de créer une fondation d'art
contemporain loin de la capitale parisienne est un pari risqué. Mais pour Aimé Maeght, le
site magnifique de Saint-Paul-de-Vence apparaît idéal pour réaliser son rêve afin de
résoudre les problèmes de muséographie qui peuvent se rencontrer dans les grandes
villes. Les Maeght cherchaient à fonder un édifice dont la priorité était de servir l’art
et ses créateurs, mais certaines conditions furent posées. Le bâtiment devait être
« anti-monumental » afin de pouvoir s’intégrer totalement au paysage méditerranéen par
l’utilisation de techniques et matériaux à la pointe de la technologie.
Inaugurée le 28 juillet 1964 par André Malraux, alors Ministre des Affaires Culturelles,
la Fondation a entièrement été conçue et financée par Marguerite et Aimé Maeght, Ce
lieu exceptionnel est doté d’une des plus importantes collections en Europe de peintures,
sculptures et oeuvres sur papier du XXème siècle : Bonnard, Braque, Calder, Chagall,
Giacometti, Léger, Miró…Peintres et sculpteurs ont étroitement collaboré à cette
réalisation avec l'architecte Josep Lluís Sert en créant des œuvres s’intégrant
parfaitement à l’architecture et aux jardins : labyrinthe Miró, cour Giacometti,
sculpture monumentales de Calder, bassin de Georges Braque, l’immense stabile de
Calder : Les Renforts.
L’osmose entre l’environnement, l’architecture et les œuvres est parfaite : la Fondation
Maeght est une œuvre d’art totale.
L’aspect inédit de la Fondation Maeght réside dans son statut de fondation, reconnue
d’utilité publique le 15 mai 1964. En effet, dans les années soixante, elle constitue la
première création d’art vivant en France.
Elle présente de nombreuses expositions thématiques, lui ouvrant ainsi de nouveaux
horizons et lui permettant de se démarquer de la galerie parisienne. Il est étonnant de
constater le nombre d'expositions à la Fondation pour lesquelles on conserve le souvenir
précis d'un accrochage inattendu. La première exposition de la Fondation, « Dix ans
d’art vivant 1945-1955 », sera renouvelée en 1967 pour les dix années qui suivirent. La
majorité des expositions des dix premières années de la Fondation furent des
rétrospectives consacrées aux grands maîtres du XXème siècle, dont certains étaient
défendus par la galerie Maeght : Wassily Kandinsky en 1966, Marc Chagall en 1967, ou
encore Alexander Calder en 1969. Les expositions ont toujours gardé l’originalité et le
prestige à l’image de la fameuse exposition du « Musée Imaginaire » d’André Malraux
en 1973. Dans tous les cas, les rétrospectives réalisées par la Fondation Maeght sont le
plus souvent inattendues et toujours reconsidérées. La Fondation préfigure la
conception moderne du musée en multipliant ses activités dans une grande diversité de
manifestations artistiques et culturelles. La Fondation Maeght, après cinquante ans
d'existence, a acquis sa place parmi les quelques hauts lieux de l'art moderne et d’art
contemporain dans le monde.
C’est en 1947 qu’Alexander Calder fait la connaissance de Marguerite et Aimé Maeght
lorsqu’ils organisent dans leur galerie l’Exposition Internationale du Surréalisme. Calder
réalise une lithographie originale pour le catalogue préfacé par André Breton.
En juillet 1950 Calder expose cinquante Mobiles et Stabiles à la Galerie Maeght à Paris,
le catalogue Derrière le Miroir comprend des textes de James Johnson Sweeney, Henri
Hoppenot, Henri Laugier et Fernand Léger. En 1954, Calder réalise d’importants
Stabiles-Mobiles : tel L’empennage exposé à la galerie Maeght (et donné par l’artiste à
la Fondation Maeght en 1968), cinq ans après la galerie Maeght organise sa première
grande exposition de Stabiles à Paris.
L’œuvre gravé d’Alexander Calder est une continuité thématique et organique de sa
sculpture, il prend réellement son essor dans les années 60-70. En 1969, la Fondation
Maeght lui consacre une importante rétrospective.
Durant trente années Calder réalise plus de 200 lithographies ou eaux-fortes originales
pour les éditions Maeght Il collabore à plusieurs livres de bibliophilie pour Maeght
éditeur dont Fêtes 1971 de Jacques Prévert, comportant un portfolio de sept eauxfortes originales et Le Sacrilège d’Alan Kent 1976 d’Erskine Caldwell avec vingt eauxfortes originales. Pour chacune des onze expositions à la Galerie Maeght, il participe aux
éditions de la revue Derrière le Miroir (chacune comportant des lithographies originales
et une affiche en lithographie originale.). Lors de la rétrospective qui lui est consacrée
en 1969 à la Fondation Maeght, il supervise le catalogue et réalise une affiche en
lithographie originale.
L’amitié qui lie la famille Maeght à Alexander Calder durera jusqu’à sa mort en novembre
1976.
La Fondation Maeght et le Mamac ont collaboré dans le cadre de manifestations en
s’accordant à plusieurs reprises des prêts mutuels comme les œuvres de l’artiste
Ellsworth Kelly dans le cadre de l’exposition « Le noir est une couleur » en 2006. Dans
ce dialogue avec la Fondation Maeght, il nous a semblé pertinent et fructueux de
construire un dossier Calder autour de l’œuvre maîtresse Stabile-Mobile
1970
conservée dans les collections du Mamac.
Il est peut-être utile de faire connaître une péripétie liée à l’implantation de cette
œuvre à Nice. Cette sculpture a été installée au début des années 70 devant le théâtre
de Nice dirigé à l’époque par Gabriel Monnet. La structure abritant le théâtre a été
démontée dans les années 80 pour laisser place au nouveau TNN et au Mamac. La
sculpture de Calder a été déposée à la même occasion.
En 1994, le Mamac prépare en partenariat avec la Villa Arson, l’exposition « Nouvelle
Vague » (février-avril 1994) qui rassemble douze artistes issus de l’école nationale. Dans
la sélection, que je mets en place avec Christian Bernard, apparait l’artiste Philippe
Ramette. Ce dernier souhaite installer, sur le parvis du musée, une chaise placée en haut
d’un mât et nous demande de l’aider à trouver un tel support. Je me rends dans un dépôt
de la ville où l’on stocke d’anciens candélabres et négocie en prêt un mât de fibre de
verre d’environ 7 mètres de hauteur. Dans ce dépôt, je constate la présence d’une pièce
de piétement métallique que j’identifie comme faisant partie d’un Calder. En poursuivant
mes investigations sur le site, je découvre deux autres éléments de grande dimension :
le " pied ", la partie " stabile " de l’œuvre est là dans son intégrité, prête à être
remontée. Au fond du dépôt, " je trouve " le balancier et les trois disques portant
quelques restes de couleur. Le " mobile " peut à son tour être reconstitué. Le " StabileMobile " est remonté sur le parvis entre le musée et le théâtre et accueille depuis les
nombreux visiteurs du Mamac.
Le Mamac a dernièrement rendu hommage à Alexander Calder par le choix porté sur
l’installation de l’artiste belge Arne Quinze située sur le parvis qui est composée d’une
multitude de planches en bois. Son titre sans équivoque, Hommage à Alexander Calder,
reprend l’idée de l’aspect frêle et mobile de la sculpture semblant pouvoir s’animer au
moindre souffle de vent, et le côté très stable des socles en béton. Ainsi, dans un
dialogue avec la Fondation Maeght, le choix du Mamac de construire un dossier Calder
autour de l’œuvre maîtresse défiant la monumentalité Stabile-Mobile (1970) conservée
dans le fonds permanent est apparu comme une évidence. Depuis plus de vingt ans,
Stabile-Mobile est présenté devant le théâtre. La sculpture composite réunit dans une
finalité hybride l’aplomb à travers les quatre pieds qui s’encrent sur la pierre grise du
parvis, et la mobilité de la flèche bougeant au gré du vent.