Pape FRANÇOIS en Terre Sainte

Transcription

Pape FRANÇOIS en Terre Sainte
PÈLERINAGE DU PAPE FRANÇOIS EN TERRE SAINTE
À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM
ENTRE LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE ATHÉNAGORAS
24-26 MAI 2014
PROGRAMME
Samedi 24 mai 2014
Rome
08h15 Départ en avion de l’aéroport Fiumicino de Rome pour Amman
13h00 Arrivée à l’aéroport international Queen Alia de Amman
13h45 Cérémonie de bienvenue au palais royal Al-Husseini à Amman
Visite de courtoisie au roi et à la reine de Jordanie
14h20 Rencontre avec les autorités du Royaume de Jordanie
Discours du Saint-Père
16h00 Messe à l’International Stadium de Amman
Homélie du Saint-Père
19h00 Visite au site du Baptême à Béthanie au-delà du Jourdain
19h15 Rencontre avec les réfugiés et avec de jeunes handicapés en l'église latine Discours du Saint-Père
à Béthanie au-delà du Jourdain
Dimanche 25 mai 2014
08h15 Congé de Jordanie à l’aéroport international Queen Alia de Amman
08h30 Départ en hélicoptère de l’aéroport international Queen Alia de Amman
pour Bethléem
09h20 Arrivée à l’héliport de Bethléem
09h30 Cérémonie de bienvenue au palais présidentiel à Bethléem
Visite de courtoisie au président de l'État de Palestine
10h00 Rencontre avec les autorités palestiniennes
Discours du Saint-Père
11h00 Messe sur la place de la Mangeoire à Bethléem
Homélie du Saint-Père
Prière du Regina Cœli
Paroles du Saint-Père
13h30 Déjeuner avec des familles palestiniennes au Couvent franciscain Casa
Nova à Bethléem
15h00 Visite privée à la grotte de la Nativité à Bethléem
15h20 Salut aux enfants des camps de réfugiés de Dheisheh, Aida et Beit Jibrinau Paroles du Saint-Père
Phoenix Center du camp de réfugiés de Dheisheh
15h45 Congé de l'État de Palestine à l’héliport de Bethléem
16h00 Départ en hélicoptère de l’héliport de Bethléem pour l’aéroport
international Ben Gurion de Tel Aviv
16h30 Cérémonie de bienvenue à l’aéroport international Ben Gurion de Tel Aviv Discours du Saint-Père
17h15 Transfert en hélicoptère à Jérusalem
17h45 Arrivée à l’héliport de Jérusalem du Mont Scopus
18h15 Rencontre privée avec le Patriarche œcuménique de Constantinople à la Signature
d'une
Délégation apostolique à Jérusalem
déclaration commune
19h00 Célébration œcuménique à l'occasion du 50e anniversaire de la rencontre Discours du Saint-Père
à Jérusalem entre le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras en la
Basilique du Saint-Sépulcre
20h15 Dîner avec les patriarches et les évêques, et avec la suite papale au
Patriarcat latin à Jérusalem
Lundi 26 mai 2014
08h15 Visite au Grand Mufti de Jérusalem dans le bâtiment du Grand Conseil sur Discours du Saint-Père
l'esplanade des Mosquées
09h10 Visite au Mur occidental à Jérusalem
09h45 Dépôt de fleurs au Mont Herzl à Jérusalem
10h00 Visite au Mémorial de Yad Vashem à Jérusalem
Discours du Saint-Père
10h45 Visite de courtoisie aux deux Grands Rabbins d'Israël au Centre Heichal Discours du Saint-Père
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Shlomo, près de la Jerusalem Great Synagogue
11h45 Visite de courtoisie au Président de l'État d'Israël au palais présidentiel à Discours du Saint-Père
Jérusalem
13h00 Audience privée au premier ministre d'Israël au Notre Dame Jerusalem
Center
13h30 Déjeuner avec la suite papale au Notre Dame Jerusalem Center à Jérusalem
15h30 Visite privée au Patriarche œcuménique de Constantinople dans le
bâtiment devant l'église orthodoxe de Viri Galileai sur le Mont des Oliviers
16h00 Rencontre avec les prêtres, religieux, religieuses et séminaristes dans Discours du Saint-Père
l'église du Gethsémani près du Jardin des Oliviers
17h20 Messe avec les ordinaires de Terre Sainte et avec la suite papale dans la Homélie du Saint-Père
salle du Cénacle à Jérusalem
19h30 Transfert en hélicoptère de l’héliport du Mont Scopus à Jérusalem à
l’aéroport international Ben Gurion à Tel Aviv
20h00 Congé de l'État d'Israël à l’Aéroport international Ben Gurion à Tel Aviv
20h15 Départ en avion de l'aéroport international Ben Gurion à Tel Aviv pour
l’aéroport Ciampino de Rome
23h00 Arrivée à l’aéroport Ciampino de Rome
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RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉS JORDANIENNES
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Amman
Samedi 24 mai 2014
Majestés,
Excellences,
chers frères Evêques,
chers amis,
Je remercie Dieu de pouvoir visiter le Royaume Hachémite de Jordanie, sur les traces de mes
prédécesseurs Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, et je remercie Sa Majesté le Roi Abdullah II pour ses cordiales
paroles de bienvenue, dans le vivant souvenir de notre récente rencontre au Vatican. J’étends mon salut aux
membres de la famille royale, au Gouvernement et au peuple de Jordanie, terre riche d’histoire et de
signification pour le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam.
Ce pays fait un accueil généreux à un grand nombre de réfugiés palestiniens, irakiens, et provenant d’autres
régions en crise, en particulier la Syrie toute proche, bouleversée par un conflit qui dure depuis trop
longtemps. Un tel accueil mérite, Majesté, l’estime et le soutien de la communauté internationale. L’Eglise
Catholique, selon ses possibilités, veut s’engager dans l’assistance aux réfugiés et à ceux qui vivent dans le
besoin, surtout par l’intermédiaire deCaritas Jordanie.
Alors que je constate avec douleur la permanence de fortes tensions au Moyen Orient, je remercie les
Autorités du Royaume pour ce qu’elles font et je les encourage à continuer de s’engager dans la recherche
d’une paix durable, souhaitée pour toute la région ; dans ce but une solution pacifique à la crise syrienne est
plus que jamais nécessaire et urgente, ainsi qu’une solution juste au conflit israélo-palestinien.
Je profite de cette occasion pour renouveler mon profond respect et mon estime pour la communauté
musulmane, et manifester mon appréciation pour le rôle de guide joué par Sa Majesté le Roi dans la promotion
d’une plus juste compréhension des vertus proclamées par l’Islam, et la sereine cohabitation entre fidèles des
différentes religions. Vous êtes connu comme un homme de paix, un artisan de paix : merci ! J’exprime ma
reconnaissance à la Jordanie pour avoir encouragé diverses initiatives importantes en faveur du dialogue
interreligieux pour la promotion de la compréhension entre Juifs, Chrétiens et Musulmans, parmi lesquelles le
« Message Interreligieux d’Amman », et pour avoir promu au sein de l’ONU la célébration annuelle de la
« Semaine d’Harmonie entre les Religions ».
Je voudrais maintenant adresser un salut plein d’affection aux communautés chrétiennes, accueillies par ce
Royaume, communautés présentes dans le pays depuis les temps apostoliques : elles offrent leur contribution
au bien commun de la société dans laquelle elles sont pleinement insérées. Bien qu’étant aujourd’hui
numériquement minoritaires, elles peuvent développer une action qualifiée et appréciée dans les champs
éducatif et sanitaire, par des écoles et des hôpitaux, et elles peuvent professer avec tranquillité leur foi, dans le
respect de la liberté religieuse qui est un droit humain fondamental et que je souhaite vivement être tenu en
grande considération partout au Moyen Orient et dans le monde entier. Celui-ci « comprend à la fois au niveau
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individuel et collectif, la liberté de suivre sa conscience en matière religieuse et la liberté de culte… la liberté de
choisir la religion que l’on juge être vraie et de manifester publiquement sa propre croyance » (Benoît XVI,
Exort. Ap. Ecclesia in Medio Oriente, n. 26). Les chrétiens se sentent et sont citoyens à part entière, et ils
entendent contribuer à la construction de la société avec leurs concitoyens musulmans, en offrant leur
contribution propre et spécifique.
J’adresse enfin un souhait spécial pour la paix et la prospérité du Royaume de Jordanie et de son peuple, avec
le vœu que cette visite contribue à augmenter et à promouvoir les bonnes et cordiales relations entre chrétiens
et musulmans. Et que le Seigneur Dieu nous défende tous contre cette peur du changement à laquelle Sa
Majesté à fait référence.
Je vous remercie pour votre accueil chaleureux et votre courtoisie. Que Dieu Tout Puissant et Miséricordieux
accorde à Vos Majestés bonheur et longue vie, et qu’il comble la Jordanie de ses bénédictions. Salam !
MESSE
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS
International Stadium (Amman)
Samedi 24 mai 2014
Dans l’Évangile, nous avons entendu la promesse de Jésus aux disciples : « Je prierai le Père, et il vous donnera
un autre Paraclet, pour qu’il soit avec vous à jamais » (Jn 14,16). Le premier Paraclet est Jésus lui-même ; l’«
autre » est l’Esprit Saint.
Nous nous trouvons ici non loin du lieu où l’Esprit Saint est descendu avec puissance sur Jésus de Nazareth,
après que Jean l’ait baptisé dans le Jourdain (Cf. Mt 3,16) ; et je vais m’y rendre aujourd’hui. L’Évangile de ce
dimanche, ainsi que ce lieu, dans lequel par la grâce de Dieu je suis en pèlerinage, nous invitent à méditer sur
l’Esprit Saint, sur ce qu’il accomplit dans le Christ et en nous, et que nous pouvons résumer ainsi : l’Esprit
accomplit trois actions : il prépare, il oint, il envoie.
Au moment du baptême, l’Esprit se pose sur Jésus pour le préparer à sa mission de salut ; mission caractérisée
par le style du Serviteur humble et doux, prêt au partage et au don total de soi. Mais l’Esprit Saint, présent dès
le début de l’histoire du salut, avait déjà opéré en Jésus au moment de sa conception dans le sein virginal de
Marie de Nazareth, réalisant l’événement admirable de l’Incarnation : “ l’Esprit Saint viendra sur toi, il te
couvrira de son ombre – dit l’ange à Marie – et tu enfanteras un Fils auquel tu donneras le nom de Jésus ”
(Cf. Lc 1, 35). Ensuite, l’Esprit Saint avait agi en Siméon et Anne le jour de la présentation de Jésus au Temple
(Cf. Lc 2,22). Tous deux dans l’attente du Messie ; tous deux inspirés par l’Esprit Saint, Siméon et Anne ont
l’intuition, à la vue de l’enfant, qu’il est vraiment Celui qui est attendu par tout le peuple. Dans l’attitude
prophétique des deux vieillards s’exprime la joie de la rencontre avec le Rédempteur et, dans un certain sens,
une préparation de la rencontre entre le Messie et le peuple a lieu.
Les diverses interventions de l’Esprit Saint font partie d’une action harmonique, d’un unique projet divin
d’amour. La mission de l’Esprit Saint, en effet, est de générer l’harmonie – lui-même est harmonie – et de faire
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la paix dans les différents contextes et entre les sujets divers. La diversité de personnes et de pensée ne doit
pas provoquer refus et obstacles, parce que la variété est toujours un enrichissement. Par conséquent,
aujourd’hui, invoquons avec un cœur ardent l’Esprit Saint, en lui demandant depréparer la route de la paix et
de l’unité.
En deuxième lieu, l’Esprit Saint oint. Il a oint intérieurement Jésus, et il oint les disciples, pour qu’ils aient les
mêmes sentiments que Jésus et puissent ainsi assumer dans leur vie les attitudes qui favorisent la paix et la
communion. Avec l’onction de l’Esprit, notre humanité est marquée de la sainteté de Jésus Christ et cette
onction nous rend capables d’aimer nos frères avec l’amour même dont Dieu nous aime. Par conséquent, il est
nécessaire de poser des gestes d’humilité, de fraternité, de pardon, de réconciliation. Ces gestes sont les
prémices et la condition pour une paix vraie, solide et durable. Demandons au Père de nous oindre afin que
nous devenions pleinement ses enfants, toujours plus conformes au Christ, pour nous sentir tous frères et ainsi
éloigner de nous rancunes et divisions et pouvoir nous aimer fraternellement. C’est ce que Jésus nous a
demandé dans l’Évangile : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements ; et je prierai le Père, et il
vous donnera un autre Paraclet pour qu’il soit avec vous à jamais » (Jn 14, 15-16).
Et enfin l’Esprit Saint envoie. Jésus est l’Envoyé, rempli de l’Esprit du Père. Oints du même Esprit, nous sommes
aussienvoyés comme messagers et témoins de paix. Combien le monde a besoin de nous comme messagers de
paix, comme témoins de la paix ! C’est une nécessité qu’a le monde. Alors, le monde nous demande de faire
ceci : porter la paix, témoigner de la paix !
La paix ne peut s’acheter, elle ne se vend pas. La paix est un don à rechercher avec patience et à construire «
artisanalement » par des petits et des grands gestes qui impliquent notre vie quotidienne. Le chemin de la paix
se consolide si nous reconnaissons que nous avons tous le même sang et faisons partie du genre humain ; si
nous n’oublions pas que nous avons un unique Père dans le ciel et que nous sommes tous ses enfants, faits à
son image et à sa ressemblance.
Dans cet esprit je vous embrasse tous : le Patriarche, mes frères Evêques, les prêtres, les personnes consacrées,
les fidèles laïcs, les nombreux enfants qui, aujourd’hui, reçoivent la première communion, ainsi que leurs
parents. Mon cœur s’adresse aussi aux nombreux réfugiés chrétiens ; et nous tous également, avec notre
cœur, adressons-nous à eux, aux nombreux réfugiés chrétiens provenant de la Palestine, de la Syrie et de l’Irak
: portez à vos familles et à vos communautés mon salut et ma proximité.
Chers amis, chers frères ! L’Esprit Saint est descendu sur Jésus près du Jourdain et a commencé son œuvre de
rédemption pour libérer le monde du péché et de la mort. Demandons-lui de préparer nos cœurs à la
rencontre avec nos frères au-delà des différences d’idées, de langues, de cultures, de religions ; demandons-lui
d’oindre tout notre être de l’huile de sa miséricorde qui guérit les blessures des erreurs, des incompréhensions,
des controverses ; demandons-lui la grâce de nous envoyer avec humilité et douceur sur les sentiers exigeants,
mais féconds, de la recherche de la paix. Amen !
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RENCONTRE AVEC LES RÉFUGIÉS ET LES JEUNES HANDICAPÉS
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Église latine, Béthanie au-delà du Jourdain
Samedi 24 mai 2014
Autorités, Eminences, Excellences,
Chers frères et sœurs,
J’ai beaucoup souhaité vous rencontrer au cours de mon pèlerinage, vous qui, à cause de conflits sanglants,
avez dû laisser vos maisons et votre Patrie et avez trouvé refuge en cette terre hospitalière de Jordanie; et en
même temps, j’ai voulu vous rencontrer, chers jeunes qui faites l’expérience du poids de quelque limite
physique.
Le lieu dans lequel nous nous trouvons nous rappelle le baptême de Jésus. En venant ici au Jourdain se faire
baptiser par Jean, Jésus montre son humilité et partage notre condition humaine : il s’abaisse jusqu’à nous et,
par son amour, il nous rend la dignité et nous donne le salut. Cette humilité de Jésus, le fait qu’il se penche sur
les blessures humaines pour les guérir, nous touche toujours. Jésus se penche sur toutes les blessures
humaines pour les guérir. Et à notre tour nous sommes profondément touchés par les drames et les blessures
de notre temps, spécialement par celles provoquées par les conflits encore ouverts au Moyen Orient. Je pense
en premier lieu à la Syrie aimée, déchirée par une lutte fratricide qui dure depuis désormais trois ans, et qui a
déjà fait d’innombrables victimes, obligeant des millions de personnes à se faire réfugiées et exilées en d’autres
pays. Tous nous voulons la paix ! Mais en voyant ce drame de la guerre, en voyant ces blessures, en voyant tant
de personnes qui ont quitté leur patrie, qui ont été obligés de s’en aller, je me demande : qui vend les armes à
ces gens pour faire la guerre ? Voilà la racine du mal ! La haine et la cupidité de l’argent dans la fabrication et
dans la vente des armes. Cela doit nous faire penser à qui est derrière, qui donne à tous ceux qui sont en conflit
les armes pour continuer le conflit ! Pensons, et dans notre cœur disons aussi une parole pour ces pauvres gens
criminels, afin qu’ils se convertissent.
Je remercie les Autorités et le peuple jordanien pour l’accueil généreux d’un nombre très élevé de réfugiés
provenant de la Syrie et de l’Irak, et j’étends mes remerciements à tous ceux qui font œuvre d’assistance et de
solidarité envers les réfugiés. Je pense aussi aux œuvres de charité réalisées par des institutions de l’Église
comme Caritas Jordanie, et d’autres, qui, en portant assistance à ceux qui en ont besoin, sans distinction de foi
religieuse, d’appartenance ethnique ou idéologique, manifestent la splendeur du visage charitable de Jésus qui
est miséricordieux. Que Dieu Clément et Tout-Puissant vous bénisse tous et chacun pour vos efforts, afin de
soulager les souffrances causées par la guerre !
Je m’adresse à la communauté internationale pour qu’elle ne laisse pas seule la Jordanie, si accueillante et
courageuse, à faire face à l’urgence humanitaire venant de l’arrivée sur son territoire d’un nombre si élevé de
réfugiés ; mais qu’elle continue et accroisse son action de soutien et d’aide. Je renouvelle mon appel le plus
pressant pour la paix en Syrie. Que cessent les violences et que soit respecté le droit humanitaire, en
garantissant l’assistance nécessaire à la population qui souffre ! Que tous abandonnent la prétention de laisser
aux armes la solution des problèmes et que l’on revienne sur le chemin de la négociation. La solution, en effet,
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ne peut venir que du dialogue et de la modération, de la compassion pour celui qui souffre, de la recherche
d’une solution politique et du sens de la responsabilité envers les frères.
A vous les jeunes, je demande de vous unir à ma prière pour la paix. Vous pouvez le faire aussi en offrant à
Dieu vos peines quotidiennes, et ainsi votre prière deviendra précieuse et efficace. Et je vous encourage à
collaborer, par votre engagement et votre sensibilité, à la construction d’une société respectueuse des plus
faibles, des malades, des enfants, des personnes âgées. Même dans les difficultés de la vie, soyez signe
d’espérance. Vous êtes dans le cœur de Dieu, vous êtes dans mes prières, et je vous remercie pour votre
chaleureuse, joyeuse et nombreuse présence. Merci !
Au terme de cette rencontre, je renouvelle le souhait que prévalent la raison et la modération et, qu’avec l’aide
de la communauté internationale, la Syrie retrouve le chemin de la paix. Que Dieu convertisse les violents !
Que Dieu convertisse ceux qui ont des projets de guerre ! Que Dieu convertisse ceux qui fabriquent et vendent
les armes, qu’il fortifie les cœurs et les esprits des artisans de paix et qu’il les récompense de ses bénédictions.
Que le Seigneur vous bénisse tous.
RENCONTRE AVEC LES AUTORITÉ PALESTINIENNES
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Bethléem
Dimanche 25 mai 2014
Monsieur le Président,
Chers amis,
Chers frères,
Je remercie le Président, Monsieur Mahmoud Abbas, pour ses paroles de bienvenue et j’adresse ma cordiale
salutation aux représentants du Gouvernement et à tout le peuple palestinien. Je suis reconnaissant à Dieu
d’être aujourd’hui ici avec vous en ce lieu où est né Jésus, le Prince de la Paix, et je vous remercie pour votre
accueil chaleureux.
Le Moyen Orient, depuis des décennies, vit les conséquences dramatiques du prolongement d’un conflit qui a
produit tant de blessures difficiles à cicatriser ; même quand heureusement la violence ne se déchaîne pas,
l’incertitude de la situation et l’incompréhension entre les parties produisent insécurité, droits niés, isolement
et exode de communautés entières, divisions, carences et souffrances de tout genre.
En manifestant ma proximité à tous ceux qui souffrent le plus des conséquences de ce conflit, je voudrais dire
du plus profond de mon cœur qu’il est temps de mettre fin à cette situation, qui devient toujours plus
inacceptable, et ce pour le bien de tous. Que redoublent donc les efforts et les initiatives destinés à créer les
conditions d’une paix stable, basée sur la justice, sur la reconnaissance des droits de chacun et sur la sécurité
réciproque. Le moment est arrivé pour tous d’avoir le courage de la générosité et de la créativité au service
du bien, le courage de la paix, qui s’appuie sur la reconnaissance, de la part de tous, du droit de deux États à
exister et à jouir de la paix et de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues.
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Je souhaite vivement qu’à cette fin on évite de la part de tous des initiatives et des actes qui contredisent la
volonté déclarée d’arriver à un vrai accord et qu’on ne se lasse pas de poursuivre la paix avec détermination et
cohérence. La paix apportera avec elle d’innombrables bénéfices pour les peuples de cette région et pour le
monde entier. Il faut donc marcher résolument vers elle, même en renonçant chacun à quelque chose.
Je souhaite aux peuples palestinien et israélien et à leurs respectives autorités d’entreprendre cet heureux
exode vers la paix avec ce courage et cette fermeté nécessaires à tout exode. La paix dans la sécurité et la
confiance mutuelle deviendront le cadre de référence stable pour affronter et résoudre les autres problèmes
et offrir ainsi une occasion de développement équilibré, tel qu’il devienne un modèle pour d’autres zones de
crise.
Je tiens à mentionner l’active communauté chrétienne, qui offre sa contribution significative au bien de la
société et qui participe aux joies et aux souffrances de tout le peuple. Les chrétiens entendent continuer à
remplir ce rôle comme citoyens de plein droit, ensemble avec leurs autres concitoyens considérés comme des
frères.
Monsieur le Président, vous êtes connu comme un homme de paix et un artisan de paix. La récente rencontre
au Vatican avec vous, et ma présence aujourd’hui en Palestine attestent des bonnes relations existantes entre
le Saint-Siège et l’État de Palestine, dont je souhaite qu’elles puissent ultérieurement se renforcer pour le bien
de tous. A ce sujet, j’exprime mon appréciation pour l’engagement en vue d’élaborer un Accord entre les
Parties, concernant divers aspects de la vie de la Communauté catholique du pays, avec une attention spéciale
à la liberté religieuse. Le respect de ce droit humain fondamental est, en effet, une des conditions inaliénables
de la paix, de la fraternité et de l’harmonie ; il dit au monde qu’il est nécessaire et possible de trouver un bon
accord entre cultures et religions différentes ; il témoigne que les choses que nous avons en commun sont si
nombreuses et si importantes qu’il est possible de trouver une voie de cohabitation sereine, ordonnée et
pacifique, dans l’accueil des différences et dans la joie d’être frères parce que enfants d’un unique Dieu.
Monsieur le Président, chers frères réunis ici à Bethléem, que Dieu tout-puissant vous bénisse, qu’il vous
protège et qu’il vous accorde la sagesse et la force nécessaires pour poursuivre le courageux chemin de la paix,
de manière que les épées se transforment en charrue et que cette Terre puisse à nouveau fleurir dans la
prospérité et dans la concorde. Salam !
MESSE
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS
Place de la Mangeoire (Bethléem)
Dimanche 25 mai 2014
« Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un enfant emmailloté et couché dans une mangeoire »
(Lc 2, 12).
Quelle grande grâce de célébrer l’Eucharistie en ce lieu où est né Jésus ! Je remercie Dieu et je vous remercie
vous qui m’avez accueilli pendant mon pèlerinage : le Président Mahmoud Abbas et les autres Autorités ; le
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Patriarche Fouad Twal, les autres Évêques et les Ordinaires de Terre Sainte, les prêtres, les bons franciscains,
les personnes consacrées et tous ceux qui œuvrent pour tenir vive la foi, l’espérance et la charité en ces
territoires ; les représentations de fidèles provenant de Gaza, de la Galilée, les migrants de l’Asie et de
l’Afrique. Merci de votre accueil !
L’Enfant Jésus, né à Bethléem, est le signe donné par Dieu à qui attendait le salut, et il reste pour toujours le
signe de la tendresse de Dieu et de sa présence dans le monde. L’ange dit aux bergers : « Voici le signe qui vous
est donné : vous trouverez un enfant… ».
Aujourd’hui également les enfants sont un signe. Signe d’espérance, signe de vie, mais aussi signe “diagnostic”
pour comprendre l’état de santé d’une famille, d’une société, du monde entier. Quand les enfants sont
accueillis, aimés, défendus, protégés dans leurs droits, la famille est saine, la société est meilleure, le monde
est plus humain. Pensons à l’œuvre que réalise l’Institut Effetà Paolo VI en faveur des enfants palestiniens
sourds-muets : c’est un signe concret de la bonté de Dieu. C’est un signe concret que la société s’améliore.
Dieu, aujourd’hui, nous répète à nous aussi, hommes et femmes du XXIème siècle : « Voici le signe qui vous est
donné », cherchez l’enfant…
L’enfant de Bethléem est fragile, comme tous les nouveau-nés. Il ne sait pas parler, et pourtant il est la Parole
qui s’est faite chair, venue changer le cœur et la vie des hommes. Cet enfant, comme tout enfant, est faible et
a besoin d’être aidé et protégé. Aujourd’hui également les enfants ont besoin d’être accueillis et défendus,
depuis le sein maternel.
Malheureusement, dans ce monde qui a développé les technologies les plus sophistiquées, il y a encore de
nombreux enfants dans des conditions inhumaines, qui vivent en marge de la société, dans les périphéries des
grandes villes ou dans les zones rurales. De nombreux enfants aujourd’hui encore sont exploités, maltraités,
tenus en esclavage, objets de violence et de trafics illicites. De nombreux enfants sont aujourd’hui déracinés,
réfugiés, parfois noyés dans les mers, spécialement dans les eaux de la Méditerranée. De tout cela nous avons
honte aujourd’hui devant Dieu, ce Dieu qui s’est fait Enfant.
Et nous nous demandons : qui sommes-nous devant l’Enfant Jésus ? Qui sommes-nous devant les enfants
d’aujourd’hui ? Sommes-nous comme Marie et Joseph, qui accueillent Jésus et en prennent soin avec amour
maternel et paternel ? Ou bien sommes-nous comme Hérode, qui veut l’éliminer ? Sommes-nous comme les
bergers, qui vont en toute hâte, s’agenouillent pour l’adorer et offrent leurs humbles présents ? Ou sommesnous indifférents ? Sommes-nous peut-être des rhéteurs et des piétistes, des personnes qui exploitent les
images des enfants pauvres à des fins lucratives ? Sommes-nous capables de nous tenir à côté d’eux, de
« perdre du temps » avec eux ? Savons-nous les écouter, les défendre, prier pour eux et avec eux ? Ou bien les
négligeons-nous, pour nous occuper de nos intérêts ?
« Voici le signe qui nous est donné : vous trouverez un enfant… ». Peut-être cet enfant pleure-t-il ! Il pleure
parce qu’il a faim, parce qu’il a froid, parce qu’il veut rester dans les bras… Aujourd’hui également, les enfants
pleurent, ils pleurent beaucoup, et leurs pleurs nous interpellent. Dans un monde qui met au rebut chaque jour
des tonnes de nourriture et de médicaments, il y a des enfants qui pleurent, en vain, de faim et de maladies
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facilement curables. En un temps qui proclame la sauvegarde des mineurs, se commercialisent les armes qui
finissent dans les mains d’enfants-soldats ; se commercialisent des produits confectionnés par de petits
travailleurs-esclaves. Leurs pleurs sont étouffés : les pleurs de ces enfants sont étouffés ! Ils doivent combattre,
ils doivent travailler, ils ne peuvent pas pleurer ! Mais leurs mères, Rachel d’aujourd’hui, pleurent pour eux :
elles pleurent leurs enfants, et ne veulent pas être consolées (cf. Mt 2, 18).
« Voici le signe qui vous est donné » : vous trouverez un enfant. L’Enfant Jésus né à Bethléem, chaque enfant
qui naît et qui grandit en chaque partie du monde, est un signe “diagnostic”, qui nous permet de vérifier l’état
de santé de notre famille, de notre communauté, de notre nation. De ce diagnostic franc et honnête, peut jaillir
un nouveau style de vie, où les relations ne soient plus de conflit, d’oppression, de ‘‘consommation’’, mais
soient des relations de fraternité, de pardon et de réconciliation, de partage et d’amour.
Ô Marie, Mère de Jésus,
toi qui as accueilli, enseigne-nous à accueillir ;
toi qui as adoré, enseigne-nous à adorer,
toi qui as suivi, enseigne-nous à suivre. Amen.
PAPE FRANÇOIS
REGINA COELI
Bethléem
Dimanche 25 mai 2014
En ce lieu, où est né le Prince de la paix, je désire adresser une invitation à Vous, Monsieur le Président
Mahmoud Abbas, et à Monsieur le Président Shimon Peres, pour faire monter ensemble avec moi une prière
intense en invoquant de Dieu le don de la paix. J’offre ma maison, au Vatican, pour accueillir cette rencontre de
prière.
Tous nous désirons la paix ; beaucoup de personnes la construisent chaque jour par de petits gestes ;
nombreux sont ceux qui souffrent et supportent patiemment les efforts de beaucoup de tentatives pour la
construire. Et tous – spécialement ceux qui sont placés au service de leur peuple – nous avons le devoir de
nous faire instruments et artisans de paix, avant tout dans la prière.
Construire la paix est difficile, mais vivre sans paix est un tourment. Tous les hommes et toutes les femmes de
cette Terre et du monde entier nous demandent de porter devant Dieu leur aspiration ardente à la paix.
Chers frères et sœurs,
Tandis que nous nous apprêtons à conclure cette célébration, nous tournons notre pensée vers la très Sainte
Marie, qui ici même à Bethléem a donné le jour à son fils Jésus. La Vierge est celle qui, plus que quiconque, a
contemplé Dieu dans le visage humain de Jésus. Aidée par saint Joseph, elle l’a enveloppé dans les langes et l’a
couché dans la mangeoire.
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Nous lui confions ce territoire et tous ceux qui y habitent, afin qu’ils puissent vivre dans la justice, dans la paix
et dans la fraternité. Nous lui confions aussi les pèlerins qui viennent pour s’abreuver aux sources de la foi
chrétienne – il y en a, présents aussi, à cette Messe.
Veille, ô Marie, sur les familles, sur les jeunes, sur les personnes âgées. Veille sur tous ceux qui ont perdu la foi
et l’espérance ; réconforte les malades, les prisonniers et tous les souffrants ; soutiens les Pasteurs et toute la
Communauté des croyants, pour qu’ils soient ‘‘sel et lumière’’ en cette terre bénie ; soutiens les œuvres
d’éducation, en particulier laBethlehem University.
En contemplant la Sainte Famille ici, à Bethléem, ma pensée va spontanément à Nazareth, où j’espère pouvoir
me rendre, si Dieu le veut, en une autre occasion. J’embrasse d’ici les fidèles chrétiens qui vivent en Galilée et
j’encourage la réalisation à Nazareth du Centre International pour la Famille.
Confions le sort de l’humanité à la Vierge Sainte, afin que s’ouvrent dans le monde les horizons nouveaux et
prometteurs de la fraternité, de la solidarité et de la paix.
RENCONTRE AVEC LES ENFANTS DES CAMPS DE RÉFUGIÉS
DE DHEISHEH, AIDA ET BEIT JIBRIN
SALUT DU PAPE FRANÇOIS
« Phoenix Center » du camp de réfugiés de Dheisheh
Dimanche 25 mai 2014
Le Pape
Avant tout, je vous salue tous. J’espère que vous êtes en bonne santé, que votre famille va bien et que vous
êtes bien.
Je suis très content de vous rendre visite et je vois que vous avez beaucoup de choses dans le cœur ; j’espère
que le Bon Dieu vous accordera tout ce que vous désirez.
On m’a dit que vous voulez chanter. C’est vrai ?
Un enfant
Cher pape François,
nous sommes les enfants de la Palestine. Depuis 66 ans nos parents subissent l’occupation. Nous avons ouvert
les yeux sur cette occupation et nous avons vu la nakba dans les yeux de nos grand parents, quand ils ont
quitté ce monde. Nous voulons dire au monde : assez de souffrances et d’humiliations !
Le Pape
Je vous remercie pour les chants. Ils sont très beaux ! Vous chantez très bien.
Et je te remercie pour les paroles que tu as prononcées au nom de tous.
Je remercie pour le cadeau, il est très significatif !
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J’ai lu ce que vous avez écrit sur les feuilles ; j’ai compris ce qui était écrit en anglais, et le père m’a traduit ce
qui était écrit en arabe. Je comprends ce que vous êtes en train de me dire et le message que vous me donnez.
Ne faites jamais en sorte que le passé détermine votre vie. Regardez toujours devant. Travaillez et luttez pour
obtenir les choses que vous voulez. Mais, sachez une chose : que la violence ne se vainc pas par la violence ! La
violence se vainc par la paix ! Avec la paix, avec le travail, avec la dignité de faire aller de l’avant la patrie !
Merci beaucoup pour m’avoir reçu ! Et je demande à Dieu de vous bénir ! Et à vous je demande de prier pour
moi ! Merci beaucoup !
CÉRÉMONIE DE BIENVENUE
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Aéroport international Ben Gurion (Tel Aviv)
Dimanche 25 mai 2014
Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Eminences, Excellences, Mesdames et Messieurs, Frères
Je vous remercie cordialement pour l’accueil dans l’État d’Israël, que j’ai la joie de visiter au cours de mon
pèlerinage. Je suis reconnaissant au Président, Monsieur Shimon Pérès, et au Premier Ministre, Monsieur
Benjamin Netanyahu, pour les courtoises paroles qu’ils m’ont adressées, et je me souviens volontiers des
rencontres avec eux au Vatican. Comme vous le savez, je viens en pèlerin 50 ans après le voyage historique du
Pape Paul VI. Depuis lors, beaucoup de choses ont changé entre le Saint-Siège et l’État d’Israël : les relations
diplomatiques, qui existent entre nous désormais depuis une vingtaine d’années, ont favorisé l’accroissement
de relations bonnes et cordiales, comme en témoignent les deux Accords déjà signés et ratifiés et celui en voie
de perfectionnement. Dans cet esprit, j’adresse mon salut à tout le peuple d’Israël et je souhaite que se
réalisent ses aspirations à la paix et à la prospérité.
Sur les traces de mes prédécesseurs je suis venu comme pèlerin en Terre Sainte, où s’est déroulée une histoire
plurimillénaire et où se sont produits les principaux événements liés à la naissance et au développement des
trois grandes religions monothéistes, le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam ; c’est pourquoi elle est le point de
référence spirituel pour une bonne partie de l’humanité. Je souhaite donc que cette Terre bénie soit un lieu où
il n’y ait aucune place pour celui qui, en instrumentalisant et en exacerbant la valeur de sa propre
appartenance religieuse, devient intolérant et violent envers celle d’autrui.
Durant mon pèlerinage en Terre Sainte, je visiterai certains lieux parmi les plus significatifs de Jérusalem, ville
de valeur universelle. Jérusalem signifie ‘‘cité de la paix’’. C’est ainsi que Dieu la veut et c’est ainsi que tous les
hommes de bonne volonté désirent qu’elle soit. Mais malheureusement, cette ville est encore tourmentée par
les conséquences de longs conflits. Nous savons tous combien la nécessité de la paix est urgente, non
seulement pour Israël, mais encore pour toute la région. Par conséquent, que se multiplient les efforts et les
énergies en vue d’arriver à une résolution juste et durable des conflits qui ont causé tant de souffrances. En
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union avec tous les hommes de bonne volonté, je supplie tous ceux qui sont investis de responsabilité de ne
laisser passer aucune tentative pour la recherche de solutions équitables aux difficultés complexes, de manière
qu’Israéliens et Palestiniens puissent vivre en paix. Il faut entreprendre toujours avec courage et sans se lasser
la voie du dialogue, de la réconciliation et de la paix. Il n’y en a pas d’autre. Par conséquent, je renouvelle
l’appel que, de ce lieu, Benoît XVI a lancé : qu’il soit universellement reconnu que l’État d’Israël a le droit
d’exister et de jouir de la paix et de la sécurité dans des frontières internationalement reconnues. Qu’il soit
également reconnu que le Peuple palestinien a le droit à une patrie souveraine, à vivre avec dignité et à
voyager librement. Que la ‘‘solution de deux États’’ devienne réalité et ne demeure pas un rêve.
Un moment particulièrement touchant de mon séjour dans votre pays sera la visite au Mémorial de Yad
Vashem, en souvenir des six millions de juifs victimes de la Shoah, tragédie qui demeure comme un symbole du
point où peut arriver la méchanceté de l’homme quand, fomentée par de fausses idéologies, il oublie la dignité
fondamentale de chaque personne, qui mérite un respect absolu quel que soit le peuple auquel elle appartient
et la religion qu’elle professe. Je prie Dieu pour que plus jamais ne se produise un tel crime, dont ont été
victimes en premier lieu les juifs et aussi tant de chrétiens et d’autres. Nous souvenant toujours du passé,
promouvons une éducation où l’exclusion et l’affrontement laissent place à l’inclusion et à la rencontre, où il
n’y ait pas de place pour l’antisémitisme, quelle que soit la forme sous laquelle il se manifeste, ni pour une
quelconque expression d’hostilité, de discrimination ou d’intolérance envers des personnes et des peuples.
Le cœur profondément affligé je pense à tous ceux qui ont perdu la vie dans l’atroce attentat survenu hier à
Bruxelles. Déplorant vivement un tel acte criminel de haine antisémite, je confie à Dieu miséricordieux les
victimes et je prie pour la guérison des blessés.
La brièveté du voyage limite inévitablement les possibilités de rencontres. Je voudrais d’ici saluer tous les
citoyens israéliens et leur exprimer ma proximité, en particulier à ceux qui vivent à Nazareth et en Galilée, où
sont présentes aussi de nombreuses communautés chrétiennes.
Aux Évêques et aux fidèles chrétiens, j’adresse mon salut fraternel et cordial. Je les encourage à poursuivre
avec confiance et espérance leur témoignage serein en faveur de la réconciliation et du pardon, en suivant
l’enseignement et l’exemple du Seigneur Jésus, qui a donné sa vie pour la paix entre l’homme et Dieu, entre
frère et frère. Soyez ferment de réconciliation, porteurs d’espérance, témoins de charité. Sachez que vous êtes
toujours dans mes prières.
Je désire adresser une invitation à Vous, Monsieur le Président, et à Monsieur le Président Mahmoud Abbas,
pour faire monter ensemble avec moi une prière intense en invoquant de Dieu le don de la paix. J’offre ma
maison, au Vatican, pour accueillir cette rencontre de prière. Tous nous désirons la paix ; beaucoup de
personnes la construisent chaque jour par de petits gestes ; nombreux sont ceux qui souffrent et supportent
patiemment les efforts de beaucoup de tentatives pour la construire. Et tous – spécialement ceux qui sont
placés au service de leur peuple – nous avons le devoir de nous faire instruments et artisans de paix, avant tout
dans la prière. Construire la paix est difficile, mais vivre sans paix est un tourment. Tous les hommes et toutes
les femmes de cette Terre et du monde entier nous demandent de porter devant Dieu leur aspiration ardente à
la paix.
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Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs, je vous remercie de nouveau
pour votre accueil.
Que la paix et la prospérité descendent en abondance sur Israël. Que Dieu bénisse son peuple avec la
paix ! Shalom !
RENCONTRE PRIVÉE AVEC LE PATRIARCHE ŒCUMÉNIQUE DE CONSTANTINOPLE
DÉCLARATION COMMUNE DU PAPE FRANÇOIS ET DU PATRIARCHE BARTHOLOMÉE
Délégation apostolique (Jérusalem)
Dimanche 25 mai 2014
1. Comme nos vénérables prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Patriarche Œcuménique Athénagoras, qui se
sont rencontrés ici à Jérusalem, il y a cinquante ans, nous aussi, le Pape François et le Patriarche Œcuménique
Bartholomée, nous étions déterminés à nous rencontrer en Terre Sainte «où notre commun Rédempteur, le
Christ Notre-Seigneur, a vécu, a enseigné, est mort, est ressuscité et monté au ciel, d’où il a envoyé le Saint
Esprit sur l’Église naissante» (Communiqué commun du Pape Paul VI et du Patriarche Athénagoras, publié
après leur rencontre du 6 janvier 1964). Notre nouvelle rencontre, entre les Évêques des Églises de Rome et de
Constantinople, fondées respectivement par les deux Frères, les Apôtres Pierre et André, est pour nous source
d’une profonde joie spirituelle. Elle offre une occasion providentielle pour réfléchir sur la profondeur et sur
l’authenticité des liens existant entre nous, qui sont les fruits d’un parcours rempli de grâce au long duquel le
Seigneur nous a conduits, depuis ce jour béni d’il y a cinquante ans.
2. Notre rencontre fraternelle, aujourd’hui, est une nouvelle et nécessaire étape sur la route de l’unité à
laquelle seul l’Esprit Saint peut nous conduire, celle de la communion dans une légitime diversité. Nous nous
rappelons, avec une profonde gratitude, les étapes que le Seigneur nous a déjà rendus capables
d’entreprendre. L’accolade échangée entre le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras, ici, à Jérusalem, après
tant de siècles de silence, a préparé le chemin pour un geste important, le retrait de la mémoire et du sein de
l’Église des actes d’excommunication mutuelle en 1054. Ce geste a été suivi par un échange de visites entre les
Sièges respectifs de Rome et de Constantinople, par une correspondance régulière et, plus tard, par la décision,
annoncée par le Pape Jean-Paul II et le Patriarche Dimitrios, tous deux d’heureuse mémoire, d’initier un
dialogue théologique en vérité entre Catholiques et Orthodoxes. Tout au long de ces années, Dieu, source de
toute paix et de tout amour, nous a enseignés à nous regarder les uns les autres comme membres de la même
Famille chrétienne, sous un seul Seigneur et Sauveur, Jésus Christ, et à nous aimer les uns les autres, de sorte
que nous puissions professer notre foi au même Évangile du Christ, tel qu’il fut reçu par les Apôtres, exprimé et
transmis à nous par les Conciles Œcuméniques ainsi que par les Pères de l’Église. Tandis que nous sommes
conscients de ne pas avoir atteint l’objectif de la pleine communion, aujourd’hui, nous confirmons notre
engagement à continuer de marcher ensemble vers l’unité pour laquelle le Christ notre Seigneur a prié le Père
« afin que tous soient un » (Jn 17, 21).
3. Bien conscients que l’unité est manifestée dans l’amour de Dieu et dans l’amour du prochain, nous
attendons avec impatience ce jour où, finalement, nous partagerons ensemble le Banquet eucharistique.
Comme chrétiens, nous sommes appelés à nous préparer à recevoir ce don de la Communion eucharistique,
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selon l’enseignement de Saint Irénée de Lyon (Contre les Hérésies, IV, 18, 5, PG 7, 1028), par la confession de la
même foi, une prière persévérante, une conversion intérieure, une vie renouvelée et un dialogue fraternel. En
atteignant ce but espéré, nous manifesterons au monde l’amour de Dieu par lequel nous sommes reconnus
comme de vrais disciples de Jésus Christ (cf. Jn 13, 35).
4. À cette fin, le dialogue théologique entrepris par la Commission Mixte Internationale offre une contribution
fondamentale à la recherche pour la pleine communion entre Catholiques et Orthodoxes. Aux temps successifs
des Papes Jean-Paul II etBenoît XVI, et du Patriarche Dimitrios, les progrès de nos rencontres théologiques ont
été substantiels. Aujourd’hui, nous exprimons notre sincère appréciation pour les acquis, tout comme pour les
efforts en cours. Ceux-ci ne sont pas un pur exercice théorique, mais un exercice dans la vérité et dans l’amour
qui exige une connaissance toujours plus profonde des traditions de l’autre pour les comprendre et pour
apprendre à partir d’elles. Ainsi, nous affirmons une fois encore que le dialogue théologique ne recherche pas
le plus petit dénominateur commun sur lequel aboutir à un compromis, mais qu’il est plutôt destiné à
approfondir la compréhension de la vérité tout entière que le Christ a donnée à son Église, une vérité que nous
ne cessons jamais de mieux comprendre lorsque nous suivons les impulsions de l’Esprit Saint. Par conséquent,
nous affirmons ensemble que notre fidélité au Seigneur exige une rencontre fraternelle et un dialogue vrai.
Une telle quête ne nous éloigne pas de la vérité ; tout au contraire, à travers un échange de dons, sous la
conduite de l’Esprit Saint, elle nous mènera à la vérité tout entière (cf. Jn 16, 13).
5. Cependant, même en faisant ensemble cette route vers la pleine communion, nous avons maintenant le
devoir d’offrir le témoignage commun de l’amour de Dieu envers tous, en travaillant ensemble au service de
l’humanité, spécialement en défendant la dignité de la personne humaine à toutes les étapes de la vie et la
sainteté de la famille basée sur le mariage, en promouvant la paix et le bien commun, et en répondant à la
souffrance qui continue d’affliger notre monde. Nous reconnaissons que la faim, la pauvreté, l’analphabétisme,
l’inéquitable distribution des ressources doivent constamment être affrontés. C’est notre devoir de chercher à
construire une société juste et humaine dans laquelle personne ne se sente exclu ou marginalisé.
6. C’est notre profonde conviction que l’avenir de la famille humaine dépend aussi de la façon dont nous
sauvegardons – à la fois prudemment et avec compassion, avec justice et équité – le don de la création que
notre Créateur nous a confié. Par conséquent, nous regrettons le mauvais traitement abusif de notre planète,
qui est un péché aux yeux de Dieu. Nous réaffirmons notre responsabilité et notre obligation d’encourager un
sens de l’humilité et de la modération, de sorte que tous sentent la nécessité de respecter la création et de la
sauvegarder avec soin. Ensemble, nous réaffirmons notre engagement à sensibiliser au sujet de la gestion de la
création ; nous appelons tous les hommes de bonne volonté à considérer les manières de vivre plus
sobrement, avec moins de gaspillage, manifestant moins d’avidité et plus de générosité pour la protection du
monde de Dieu et pour le bénéfice de son Peuple.
7. De même, il y a une nécessité urgente pour une coopération effective et engagée des chrétiens en vue de
sauvegarder partout le droit d’exprimer publiquement sa foi, et d’être traité équitablement lorsqu’on promeut
ce que le Christianisme continue d’offrir à la société et à la culture contemporaines. À ce propos, nous invitons
tous les chrétiens à promouvoir un authentique dialogue avec le Judaïsme, l’Islam et d’autres traditions
religieuses. L’indifférence et l’ignorance mutuelles ne peuvent que conduire à la méfiance, voire,
malheureusement, au conflit.
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8. De cette sainte ville de Jérusalem, nous exprimons nos profondes préoccupations partagées pour la situation
des chrétiens au Moyen Orient et pour leur droit de rester des citoyens à part entière de leurs patries. Avec
confiance, nous nous tournons vers le Dieu tout-puissant et miséricordieux, dans une prière pour la paix en
Terre Sainte et au Moyen Orient en général. Nous prions spécialement pour les Églises en Égypte, en Syrie et
en Irak, qui ont souffert le plus douloureusement en raison des récents événements. Nous encourageons
toutes les parties, indépendamment de leurs convictions religieuses, à continuer d’œuvrer pour la
réconciliation et pour la juste reconnaissance des droits des peuples. Nous sommes persuadés que ce ne sont
pas les armes, mais le dialogue, le pardon et la réconciliation qui sont les seuls moyens possibles pour obtenir
la paix.
9. Dans un contexte historique marqué par la violence, l’indifférence et l’égoïsme, beaucoup d’hommes et de
femmes sentent aujourd’hui qu’ils ont perdu leurs repères. C’est précisément à travers notre témoignage
commun de la bonne nouvelle de l’Évangile que nous pouvons être capables d’aider nos contemporains à
redécouvrir la voie qui conduit à la vérité, à la justice et à la paix. Unis dans nos intentions, et nous rappelant
l’exemple, il y a cinquante ans, du Pape Paul VIet du Patriarche Athénagoras, nous lançons un appel à tous les
chrétiens, ainsi qu’aux croyants de toutes les traditions religieuses et à tous les hommes de bonne volonté, à
reconnaître l’urgence de l’heure qui nous oblige à chercher la réconciliation et l’unité de la famille humaine,
tout en respectant pleinement les différences légitimes, pour le bien de toute l’humanité et des générations
futures.
10. En entreprenant ce pèlerinage commun à l’endroit où notre unique et même Seigneur Jésus Christ a été
crucifié, a été enseveli et est ressuscité, nous recommandons humblement à l’intercession de la Très Sainte et
toujours Vierge Marie nos futurs pas sur le chemin vers la plénitude de l’unité, en confiant l’entière famille
humaine à l’amour infini de Dieu.
« Que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son
visage, qu’il t’apporte la paix ! » (Nb 6, 25-26).
CÉLÉBRATION ŒCUMÉNIQUE À L'OCCASION DU 50e ANNIVERSAIRE DE LA RENCONTRE À JÉRUSALEM ENTRE
LE PAPE PAUL VI ET LE PATRIARCHE ATHÉNAGORAS
PAROLES DU PAPE FRANÇOIS
Basilique du Saint-Sépulcre (Jérusalem)
Dimanche 25 mai 2014
Sainteté, chers frères Evêques, chers frères et sœurs,
dans cette Basilique que chaque chrétien regarde avec profonde vénération, arrive à son point culminant le
pèlerinage que j’accomplis avec mon frère bien-aimé en Christ, Sa Sainteté Bartholomée. Nous l’accomplissons
sur les traces de nos vénérés prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras, qui, avec courage et
docilité à l’Esprit Saint, ont donné lieu, il y a cinquante ans, dans la Cité sainte de Jérusalem, à la rencontre
historique entre l’Évêque de Rome et le Patriarche de Constantinople. Je vous salue cordialement vous tous ici
présents. En particulier, je remercie vivement, pour avoir rendu possible ce moment, Sa Béatitude Théophile,
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qui a voulu nous adresser d’aimables paroles de bienvenue, ainsi que Sa Béatitude Nourhan Manoogian et le
Révérend Père Pierbattista Pizzaballa.
C’est une grâce extraordinaire d’être réunis ici en prière. Le Tombeau vide, ce sépulcre neuf situé dans un
jardin, où Joseph d’Arimathie avait déposé avec dévotion le corps de Jésus, est le lieu d’où part l’annonce de la
Résurrection : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est
ressuscité, comme il l’avait dit. Venez voir l’endroit où il reposait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : ‘‘Il est
ressuscité d’entre les morts’’ » (Mt 28, 5-7). Cette annonce, confirmée par le témoignage de ceux à qui le
Seigneur Ressuscité est apparu, est le cœur du message chrétien, transmis fidèlement de génération en
génération, comme, depuis le début, l’atteste l’apôtre Paul : « Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moimême reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est
ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures » (1 Cor 15, 3-4). C’est le fondement de la foi qui nous
unit, foi grâce à laquelle, ensemble, nous professons que Jésus Christ, Fils unique du Père et notre unique
Seigneur, « a souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli ; il est descendu aux enfers, le
troisième jour est ressuscité des morts » (Symbole des Apôtres). Chacun de nous, chaque baptisé dans le Christ,
est spirituellement ressuscité de ce tombeau, puisque dans le Baptême nous avons tous été réellement
incorporés au Premier Né de toute la création, ensevelis ensemble avec Lui, pour être avec Lui ressuscités et
pouvoir marcher dans une vie nouvelle (cf. Rm 6, 4).
Accueillons la grâce spéciale de ce moment. Tenons-nous près du tombeau vide dans un recueillement
respectueux, pour redécouvrir la grandeur de notre vocation chrétienne : nous sommes des hommes et des
femmes de résurrection, non de mort. Apprenons, de ce lieu, à vivre notre vie, les souffrances de nos Églises et
du monde entier à la lumière du matin de Pâques. Chaque blessure, chaque souffrance, chaque douleur, a été
chargée sur ses propres épaules par le Bon Pasteur, qui s’est offert lui-même et qui, par son sacrifice, nous a
ouvert le passage vers la vie éternelle. Ses plaies ouvertes sont comme le chemin par lequel se déverse sur le
monde le torrent de sa miséricorde. Ne nous laissons pas voler le fondement de notre espérance, qui est ceci
: Christòs anesti ! Ne privons pas le monde de la joyeuse annonce de la Résurrection ! Et ne soyons pas sourds
au puissant appel à l’unité qui résonne précisément de ce lieu, à travers les paroles de Celui qui, en tant que
Ressuscité, nous appelle tous ‘‘mes frères’’ (cf. Mt 28, 10 ; Jn 20, 17).
Certes, nous ne pouvons nier les divisions qui existent encore entre nous, disciples de Jésus : ce lieu sacré nous
en fait ressentir le drame avec une souffrance plus grande. Et pourtant, à cinquante ans de l’accolade de ces
deux vénérables Pères, nous reconnaissons avec gratitude et un étonnement renouvelé comment il a été
possible, par l’impulsion de l’Esprit Saint, d’accomplir des pas vraiment importants vers l’unité. Nous sommes
conscients qu’il reste encore du chemin à parcourir pour aboutir à cette plénitude de communion qui puisse
s’exprimer aussi dans le partage de la même Table eucharistique, que nous désirons ardemment ; mais les
divergences ne doivent pas nous effrayer, et paralyser notre chemin. Nous devons croire que, comme la pierre
du sépulcre a été renversée, de la même façon, pourront être levés tous les obstacles qui empêchent encore la
pleine communion entre nous. Ce sera une grâce de la résurrection, que nous pouvons dès aujourd’hui
savourer à l’avance. Chaque fois que nous demandons pardon les uns aux autres, pour les péchés commis
contre d’autres chrétiens et chaque fois que nous avons le courage de concéder et de recevoir ce pardon, nous
faisons l’expérience de la résurrection ! Chaque fois que, ayant dépassé les anciens préjugés, nous avons le
courage de promouvoir de nouvelles relations fraternelles, nous confessons que le Christ est vraiment
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ressuscité ! Chaque fois que nous pensons l’avenir de l’Église à partir de sa vocation à l’unité, brille la lumière
du matin de Pâques ! A ce propos, je désire renouveler le vœu déjà exprimé par mes prédécesseurs, de
maintenir un dialogue avec tous les frères en Christ pour trouver une forme d’exercice du ministère propre de
l’Évêque de Rome qui, en conformité avec sa mission, s’ouvre à une situation nouvelle et puisse être, dans le
contexte actuel, un service d’amour et de communion reconnu par tous (cf. JEAN-PAUL II, Enc. Ut unum sint,
95-96).
Tandis que nous nous trouvons comme des pèlerins en ces saints Lieux, notre souvenir priant va à toute la
région du Moyen Orient, malheureusement si souvent marquée par des violences et des conflits. Et nous
n’oublions pas, dans nos prières, tant d’autres hommes et femmes qui, en diverses parties de la planète,
souffrent à cause de la guerre, de la pauvreté, de la faim ; comme les nombreux chrétiens persécutés pour leur
foi dans le Seigneur Ressuscité. Quand des chrétiens de diverses confessions se trouvent à souffrir ensemble,
les uns à côté des autres, et à s’entraider les uns les autres avec une charité fraternelle, se réalise un
œcuménisme de la souffrance, se réalise l’œcuménisme du sang, qui possède une particulière efficacité non
seulement pour les contextes dans lesquels il a lieu, mais aussi, en vertu de la communion des saints, pour
toute l’Église. Ceux qui par haine de la foi tuent, persécutent les chrétiens, ne leur demandent pas s’ils sont
orthodoxes ou s’ils sont catholiques : ils sont chrétiens. Le sang chrétien est le même.
Sainteté, Frère bien-aimé, vous tous très chers frères, mettons de côté les hésitations que nous avons héritées
du passé et ouvrons notre cœur à l’action de l’Esprit Saint, l’Esprit d’Amour (cf. Rm 5, 5), pour cheminer
ensemble, d’un pas allègre, vers le jour béni de notre pleine communion retrouvée. Sur ce chemin, nous nous
sentons soutenus par la prière que Jésus lui-même, en cette Ville, la veille de sa passion, de sa mort et de sa
résurrection, a élevée vers son Père pour ses disciples, et que nous ne nous lassons pas de faire nôtre avec
humilité : « Qu’ils soient un… pour que le monde croie » (Jn 17, 21). Et quand la désunion nous rend
pessimistes, peu courageux, méfiants, allons tous sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu. Quand dans
l’âme chrétienne il y a des turbulences spirituelles, c’est seulement sous le manteau de la Sainte Mère de Dieu
que nous trouvons la paix. Qu’elle nous aide sur ce chemin.
VISITE AU GRAND MUFTI DE JÉRUSALEM
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Bâtiment du Grand Conseil sur l'esplanade des Mosquées (Jérusalem)
Lundi 26 mai 2014
Excellence,
Fidèles musulmans,
Chers amis musulmans,
Je suis reconnaissant de pouvoir vous rencontrer dans ce lieu sacré. Je vous remercie de tout cœur pour
l’aimable invitation que vous avez voulu m’adresser, et en particulier, je vous remercie, Excellence, ainsi que le
Président du Conseil suprême musulman.
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Mettant mes pas dans ceux de mes Prédécesseurs, et en particulier dans le sillage lumineux du voyage de Paul
VI, il y a cinquante ans, le premier d’un Pape en Terre Sainte, j’ai vivement désiré venir en pèlerin pour visiter
les lieux qui ont vu la présence terrestre de Jésus Christ. Mais mon pèlerinage ne serait pas complet s’il ne
prévoyait pas aussi la rencontre avec les personnes et les communautés qui vivent en cette Terre, et donc je
suis particulièrement heureux de me retrouver avec vous, fidèles Musulmans, chers frères.
En ce moment, ma pensée va vers la figure d’Abraham, qui vécut comme pèlerin sur ces terres. Musulmans,
Chrétiens et Juifs reconnaissent en Abraham, bien que chacun de façon différente, un père dans la foi et un
grand exemple à imiter. Il se fit pèlerin, laissant son propre peuple, sa propre maison, pour entreprendre cette
aventure spirituelle à laquelle Dieu l’appelait.
Un pèlerin est une personne qui se fait pauvre, qui se met en route, est tendu vers un but grand et désiré, vit
de l’espérance d’une promesse reçue (cf. He11, 8-19). Telle fut la condition d’Abraham, ce devrait être aussi
notre attitude spirituelle. Nous ne pouvons jamais nous estimer autosuffisants, maîtres de notre vie ; nous ne
pouvons pas nous limiter à rester fermés, sûrs de nos convictions. Devant le mystère de Dieu, nous sommes
tous pauvres, nous sentons que nous devons être prêts à sortir de nous-mêmes, dociles à l’appel que Dieu nous
adresse, ouverts à l’avenir que Lui veut construire pour nous.
Dans notre pèlerinage terrestre, nous ne sommes pas seuls : nous croisons le chemin d’autres fidèles, parfois
nous partageons avec eux un bout de chemin, parfois nous vivons ensemble une étape qui nous donne du
courage. Telle est la rencontre d’aujourd’hui, et je la vis avec une particulière gratitude : c’est une halte
commune heureuse, rendue possible par votre hospitalité, dans ce pèlerinage qu’est notre vie et celle de nos
communautés. Nous vivons une communication et un échange fraternels qui peuvent nous donner du
réconfort et nous offrir de nouvelles forces pour affronter les défis communs qui se présentent à nous.
Nous ne pouvons pas oublier, en effet, que le pèlerinage d’Abraham a été aussi un appel pour la justice : Dieu
l’a voulu témoin de son agir et son imitateur. Nous aussi nous voudrions être témoins de l’agir de Dieu dans le
monde et pour cela, justement dans notre rencontre, nous entendons résonner en profondeur l’appel à être
artisans de paix et de justice, à demander ces dons dans la prière et à apprendre d’en-haut la miséricorde, la
grandeur d’âme, la compassion.
Chers frères, chers amis, de ce lieu saint, je lance un appel pressant à toutes les personnes et aux
communautés qui se reconnaissent en Abraham :
Respectons-nous et aimons-nous les uns les autres comme des frères et des sœurs !
Apprenons à comprendre la douleur de l’autre !
Que personne n’instrumentalise par la violence le Nom de Dieu !
Travaillons ensemble pour la justice et pour la paix !
Salam !
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VISITE AU MÉMORIAL DE YAD VASHEM
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Jérusalem
Lundi 26 mai 2014
‘‘Adam, où es-tu ?’’ (cf. Gn 3, 9). Où es-tu, homme? Où es-tu passé ? En ce lieu, mémorial de la Shoah, nous
entendons résonner cette question de Dieu : ‘‘Adam, où es-tu ?’’.
En cette question il y a toute la douleur du Père qui a perdu son fils. Le Père connaissait le risque de la liberté ;
il savait que le fils aurait pu se perdre…mais peut-être, pas même le Père ne pouvait imaginer une telle chute,
un tel abîme ! Ce cri : ‘‘Où te trouves-tu ?’’, ici, en face de la tragédie incommensurable de l’Holocauste,
résonne comme une voix qui se perd dans un abîme sans fond…
Homme, qui es-tu ? Je ne te reconnais plus. Qui es-tu, homme ? Qu’est-ce que tu es devenu ? De quelle
horreur as-tu été capable ? Qu’est-ce qui t’a fait tomber si bas ? Ce n’est pas la poussière du sol, dont tu es
issu. La poussière du sol est une chose bonne, œuvre de mes mains. Ce n’est pas l’haleine de vie que j’ai
insufflée dans tes narines. Ce souffle vient de moi, c’est une chose très bonne (cf. Gn2, 7).
Non, cet abîme ne peut pas être seulement ton œuvre, l’œuvre de tes mains, de ton cœur… Qui t’a corrompu ?
Qui t’a défiguré ? Qui t’a inoculé la présomption de t’accaparer le bien et le mal ?
Qui t’a convaincu que tu étais dieu ? Non seulement tu as torturé et tué tes frères, mais encore tu les as offerts
en sacrifice à toi-même, parce que tu t’es érigé en dieu. Aujourd’hui, nous revenons écouter ici la voix de
Dieu : ‘‘Adam, où es-tu ?’’.
Du sol s’élève un gémissement étouffé : Prends pitié de nous, Seigneur ! A toi, Seigneur notre Dieu, la justice, à
nous le déshonneur au visage, la honte (cf. Ba 1, 15). Un mal jamais survenu auparavant sous le ciel s’est
abattu sur nous (cf. Ba 2, 2). Maintenant, Seigneur, écoute notre prière, écoute notre supplication, sauve-nous
par ta miséricorde. Sauve-nous de cette monstruosité. Seigneur tout-puissant, une âme dans l’angoisse crie
vers toi. Écoute, Seigneur, prends pitié. Nous avons péché contre toi. Tu règnes pour toujours (cf. Ba 3, 1-2).
Souviens-toi de nous dans ta miséricorde. Donne-nous la grâce d’avoir honte de ce que, comme hommes, nous
avons été capables de faire, d’avoir honte de cette idolâtrie extrême, d’avoir déprécié et détruit notre chair,
celle que tu as modelée à partir de la boue, celle que tu as vivifiée par ton haleine de vie. Jamais plus, Seigneur,
jamais plus ! ‘‘Adam, où es-tu ?’’. Nous voici, Seigneur, avec la honte de ce que l’homme, créé à ton image et à
ta ressemblance, a été capable de faire. Souviens-toi de nous dans ta miséricorde.
VISITE DE COURTOISIE AUX DEUX GRANDS RABBINS D'ISRAËL
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Centre Heichal Shlomo, près de la Jerusalem Great Synagogue (Jérusalem)
Lundi 26 mai 2014
Estimés Grands Rabbins d’Israël,
Chers frères et sœurs,
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Je suis particulièrement heureux de pouvoir être aujourd’hui avec vous : je vous suis reconnaissant pour
l’accueil chaleureux et pour les aimables paroles de bienvenue que vous m’avez adressées.
Comme vous le savez, depuis le temps où j’étais Archevêque de Buenos Aires j’ai pu compter sur l’amitié de
nombreux frères juifs. Et il y a ici aujourd’hui deux rabbins amis. Avec eux nous avons organisé de fructueuses
initiatives de rencontre et de dialogue, et j’ai vécu aussi avec eux des moments significatifs de partage sur le
plan spirituel. Dans les premiers mois du pontificat j’ai pu recevoir diverses organisations et différents
représentants du judaïsme mondial. Comme déjà pour mes prédécesseurs, ces demandes de rencontre sont
nombreuses. Elles s’ajoutent à beaucoup d’initiatives qui ont lieu à l’échelle nationale ou locale, et tout cela
montre le désir réciproque de mieux se connaître, de s’écouter, de construire des liens de fraternité
authentique.
Ce chemin d’amitié représente un des fruits du Concile Vatican II, en particulier de la déclaration Nostra aetate,
qui a eu tant de poids et dont nous évoquerons l’an prochain le 50ème anniversaire. En réalité, je suis convaincu
que tout ce qui est arrivé ces dernières décennies dans les relations entre juifs et catholiques a été un
authentique don de Dieu, une des merveilles qu’il a accomplies, pour lesquelles nous sommes appelés à bénir
son nom : « Rendez grâce au Seigneur des Seigneurs, / éternel est son amour. / Lui seul a fait de grandes
merveilles, / éternel est son amour » (Ps 136, 3-4).
Un don de Dieu qui, toutefois, n’aurait pas pu se manifester sans l’engagement de très nombreuses personnes
courageuses et généreuses, tant juives que chrétiennes. Je désire en particulier faire mention ici de
l’importance qu’a eu le dialogue entre le Grand Rabbinat d’Israël et la Commission du Saint-Siège pour les
Relations religieuses avec le Judaïsme. Un dialogue qui, inspiré par la visite du saint Pape Jean-Paul II en Terre
Sainte, commença en 2002 et en est désormais à sa douzième année d’existence. J’aime penser, en référence
au Bar Mitzvah de la tradition juive, qu’il est maintenant proche de l’âge adulte : j’ai confiance qu’il puisse
continuer et qu’il a un avenir lumineux devant lui.
Il ne s’agit pas seulement d’établir, sur un plan humain, des relations de respect réciproque : nous sommes
appelés, comme chrétiens et comme juifs, à nous interroger en profondeur sur la signification spirituelle du
lien qui nous unit. Il s’agit d’un lien qui vient d’en-haut, qui dépasse notre volonté et qui demeure intact,
malgré toutes les difficultés de relations malheureusement vécues au cours de l’histoire.
Du côté catholique, il y a certainement l’intention de considérer pleinement le sens des racines juives de sa
propre foi. J’ai confiance, avec votre aide, que se maintienne également du côté juif, et si possible s’accroisse,
l’intérêt pour la connaissance du christianisme, également sur cette terre bénie où il reconnaît ses propres
origines, et spécialement parmi les jeunes générations.
La connaissance réciproque de notre patrimoine spirituel, l’appréciation pour ce que nous avons en commun et
le respect devant ce qui nous divise, pourront servir de guide dans le développement futur de nos relations,
que nous remettons entre les mains de Dieu. Ensemble nous pourrons donner une grande contribution à la
cause de la paix ; ensemble nous pourrons témoigner, dans un monde en rapide transformation, la signification
éternelle du plan divin de la création ; ensemble nous pourrons contrer avec fermeté toute forme
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d’antisémitisme et les diverses autres formes de discrimination. Que le Seigneur nous aide à marcher avec
confiance et force d’âme dans ses voies. Shalom !
VISITE DE COURTOISIE AU PRÉSIDENT DE L'ÉTAT D'ISRAËL
DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS
Palais présidentiel (Jérusalem)
Lundi 26 mai 2014
Je vous remercie, Monsieur le Président, pour vos paroles et votre accueil. Et avec mon imagination et ma
fantaisie, je voudrais inventer une nouvelle béatitude, que je m’applique aujourd’hui en ce moment :
« Bienheureux celui qui entre dans la maison d’un homme sage et bon ». Et je me sens heureux. Merci de tout
cœur.
Monsieur le Président,
Excellences,
Mesdames et Messieurs,
Je vous suis reconnaissant, Monsieur le Président, pour l’accueil qui m’a été réservé et pour vos aimables et
sages paroles de salutation, et je suis heureux de pouvoir vous rencontrer à nouveau ici à Jérusalem, ville qui
abrite les Lieux Saints chers aux trois grandes religions qui adorent le Dieu qui a appelé Abraham. Les Lieux
Saints ne sont pas des musées ou monuments pour touristes, mais des lieux où les communautés des
croyants vivent leur foi, leur culture, leurs initiatives caritatives. Aussi doit-on perpétuellement les
sauvegarder dans leur sacralité, protégeant ainsi non seulement l’héritage du passé mais aussi les personnes
qui les fréquentent aujourd’hui et les fréquenteront dans l’avenir. Que Jérusalem soit vraiment la Ville de la
paix ! Que resplendissent pleinement son identité et son caractère sacré, sa valeur religieuse et culturelle
universelle, comme trésor pour toute l’humanité ! Comme c’est beau quand les pèlerins et les résidents
peuvent accéder librement aux Lieux Saints et participer aux célébrations !
Monsieur le Président, vous êtes connu comme un homme de paix et un artisan de paix. Je vous exprime ma
reconnaissance et mon admiration pour votre attitude. La construction de la paix exige avant tout le respect
pour la liberté et la dignité de chaque personne humaine, que Juifs, Chrétiens et Musulmans croient également
être créée par Dieu et destinée à la vie éternelle. A partir de ce point ferme que nous avons en commun, il est
possible de poursuivre l’engagement pour une solution pacifique aux controverses et aux conflits. À cet égard,
je renouvelle le souhait que soient évités de la part de tous des initiatives et des actes qui contredisent la
volonté déclarée de parvenir à un véritable accord et qu’on ne se lasse pas de poursuivre la paix avec
détermination et cohérence.
Il faut repousser avec fermeté tout ce qui s’oppose à la recherche de la paix et d’une cohabitation
respectueuse entre Juifs, Chrétiens et Musulmans : le recours à la violence et au terrorisme, à tout genre de
discrimination pour des motifs raciaux ou religieux, la prétention d’imposer son propre point de vue aux
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dépens des droits d’autrui, l’antisémitisme sous toutes ses formes possibles, tout comme la violence ou les
manifestations d’intolérance contre des personnes ou des lieux de culte juifs, chrétiens et musulmans.
Dans l’État d’Israël diverses communautés chrétiennes vivent et travaillent. Elles sont partie intégrante de la
société et participent à part entière à ses affaires civiles, politiques et culturelles. Les fidèles chrétiens désirent
apporter, à partir de leur propre identité, leur contribution au bien commun et à la construction de la paix,
comme citoyens de plein droit qui, en rejetant tout extrémisme, s’engagent à être des artisans de
réconciliation et de concorde.
Leur présence et le respect de leurs droits – comme du reste, des droits de toute autre dénomination religieuse
et de toute minorité – sont la garantie d’un sain pluralisme et la preuve de la vitalité des valeurs
démocratiques, de leur réel enracinement dans la praxis et dans le concret de la vie de l’État.
Monsieur le Président, vous savez que je prie pour vous, et je sais que vous priez pour moi, et je vous assure de
mon incessante prière pour les Institutions et pour tous les citoyens d’Israël. De manière particulière, j’assure
de ma constante supplication à Dieu pour l’obtention de la paix et avec elle des biens inestimables qui lui sont
étroitement liés, tels que la sécurité, la tranquillité de vie, la prospérité, et – ce qu’il y a de plus beau – la
fraternité. Je tourne enfin ma pensée vers tous ceux qui souffrent à cause des conséquences des crises encore
ouvertes dans la région moyen-orientale, afin que, le plus tôt possible, ils soient soulagés de leurs peines grâce
à un règlement honorable des conflits. Paix sur Israël et dans tout le Moyen Orient !Shalom !
RENCONTRE AVEC LES PRÊTRES, RELIGIEUX, RELIGIEUSES ET SÉMINARISTES
MÉDITATION DU PAPE FRANÇOIS
Église du Gethsémani près du Jardin des Oliviers (Jérusalem)
Lundi 26 mai 2014
« Il sortit pour se rendre… au mont des Oliviers, et ses disciples le suivirent » (Lc 22, 39)
Quand arrive l’heure marquée par Dieu pour sauver l’humanité de l’esclavage du péché, Jésus se retire ici, à
Gethsémani, au pied du mont des Oliviers. Nous nous retrouvons dans ce lieu saint, sanctifié par la prière de
Jésus, par son angoisse, par sa sueur de sang ; sanctifié par-dessus tout par son « oui » à la volonté d’amour du
Père. Nous avons presque peur de nous rapprocher des sentiments que Jésus a éprouvés en cette heure ; nous
entrons sur la pointe des pieds dans cet espace intérieur où s’est décidé le drame du monde.
En cette heure, Jésus a senti la nécessité de prier et d’avoir auprès de lui ses disciples, ses amis, qui l’avaient
suivi et avaient partagé de plus près sa mission. Mais ici, à Gethsémani, le suivre se fait difficile et incertain ; le
doute, la fatigue et la terreur prennent le dessus. Dans la rapidité du déroulement de la passion de Jésus, les
disciples auront diverses attitudes à l’égard du Maître : des attitudes de proximité, d’éloignement,
d’incertitude.
Cela nous fera du bien à nous tous, évêques, prêtres, personnes consacrées, séminaristes, de nous
demander en ce lieu : qui suis-je devant mon Seigneur qui souffre ?
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Suis-je de ceux qui, invités par Jésus à veiller avec lui, s’endorment, et au lieu de prier, cherchent à s’évader en
fermant les yeux devant la réalité ?
Ou bien est-ce que je me reconnais en ceux qui se sont enfuis par peur, abandonnant le Maître à l’heure la plus
tragique de sa vie terrestre ?
Peut-être y-a-t-il en moi la duplicité, la fausseté de celui qui l’a vendu pour trente pièces, qui avait été appelé
ami, et qui pourtant a trahi Jésus ?
Est-ce que je me reconnais dans ceux qui ont été faibles et qui l’ont renié, comme Pierre ? Peu de temps avant,
il avait promis à Jésus de le suivre jusqu’à la mort (cf. Lc 22, 33) ; puis, poussé dans ses derniers retranchements
et assailli par la peur, il jure de ne pas le connaître.
Est-ce que je ressemble à ceux qui désormais organisaient leur vie sans lui, comme les deux disciples
d’Emmaüs, insensés et lents à croire les paroles des prophètes (cf. Lc 24, 25) ?
Ou, grâce à Dieu, est-ce que je me retrouve parmi ceux qui ont été fidèles jusqu’à la fin, comme la Vierge Marie
et l’apôtre Jean ? Quand sur le Golgotha, tout devient sombre et que toute espérance semble finie, l’amour
seul est plus fort que la mort. L’amour de la Mère et du disciple bien-aimé les pousse à rester au pied de la
croix, pour partager jusqu’au bout la douleur de Jésus.
Est-ce que je me reconnais dans ceux qui ont imité leur Maître jusqu’au martyre, témoignant combien il a été
tout pour eux, la force incomparable de leur mission et l’horizon ultime de leur vie ?
L’amitié de Jésus à notre égard, sa fidélité et sa miséricorde sont le don inestimable qui nous encourage à
poursuivre avec confiance notre marche à sa suite, malgré nos chutes, nos erreurs, et aussi nos trahisons.
Mais cette bonté du Seigneur ne nous dispense pas de la vigilance face au tentateur, au péché, au mal et à la
trahison qui peuvent traverser aussi la vie sacerdotale et religieuse. Tous nous sommes exposés au péché, au
mal, à la trahison. Nous percevons la disproportion entre la grandeur de l’appel de Jésus et notre petitesse,
entre la sublimité de la mission et notre fragilité humaine. Mais le Seigneur, dans sa grande bonté et dans son
infinie miséricorde, nous prend toujours par la main, afin que nous ne nous noyions pas dans la mer du
désarroi. Il est toujours à nos côtés, il ne nous laisse jamais seuls. Donc, ne nous laissons pas vaincre par la peur
et par le découragement, mais avec courage et confiance, allons de l’avant sur notre chemin et dans notre
mission.
Vous, chers frères et sœurs, vous êtes appelés à suivre le Seigneur avec joie sur cette Terre bénie ! C’est un don
et c’est aussi une responsabilité. Votre présence ici est très importante ; toute l’Église vous est reconnaissante
et elle vous soutient par la prière. De ce lieu saint je désire, de plus, adresser un salut affectueux à tous les
chrétiens de Jérusalem : je voudrais les assurer que je me souviens d’eux avec affection et que je prie pour eux,
sachant bien la difficulté de leur vie dans la cité. Je les exhorte à être des témoins courageux de la passion du
Seigneur, mais aussi de sa résurrection, avec joie et dans l’espérance.
Imitons la Vierge Marie et saint Jean, et restons près des nombreuses croix où Jésus est encore crucifié. C’est la
route sur laquelle notre Rédempteur nous appelle à le suivre : il n’y en a pas d’autre, c’est celle là !
« Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur » (Jn 12, 26).
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MESSE AVEC LES ORDINAIRES DE TERRE SAINTE ET AVEC LA SUITE PAPALE
HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS
Salle du Cénacle (Jérusalem)
Lundi 26 mai 2014
C’est un grand don que le Seigneur nous fait, de nous réunir ici, au Cénacle, pour célébrer l’Eucharistie. Alors
que je vous salue avec une joie fraternelle, je désire adresser une pensée affectueuse aux Patriarches
Catholiques Orientaux qui ont pris part, ces jours-ci, à mon pèlerinage. Je désire les remercier pour leur
présence significative, pour moi particulièrement précieuse, et je les assure qu’ils ont une place spéciale dans
mon cœur et dans ma prière. Ici, en ce lieu où Jésus consomma la dernière Cène avec ses Apôtres ; où,
ressuscité, il apparut au milieu d’eux ; où l’Esprit Saint descendit avec puissance sur Marie et sur les disciples.
Ici est née l’Église, et elle est née en sortie. D’ici elle est partie, avec le Pain rompu entre les mains, les plaies de
Jésus dans les yeux, et l’Esprit d’amour dans le cœur.
Au Cénacle, Jésus ressuscité, envoyé du Père, communiqua aux Apôtres son Esprit-même et, avec sa force, il les
envoya renouveler la face de la terre (cf.Ps 104, 30).
Sortir, partir, ne veut pas dire oublier. L’Église en sortie garde la mémoire de ce qui est arrivé ici ; l’Esprit
Paraclet lui rappellechaque parole, chaque geste et en révèle le sens.
Le Cénacle nous rappelle le service, le lavement des pieds que Jésus a accompli, comme exemple pour ses
disciples. Se laver les pieds les uns les autres signifie s’accueillir, s’accepter, s’aimer, se servir réciproquement.
Cela veut dire servir le pauvre, le malade, l’exclus, celui qui ne m’est pas sympathique, celui qui me gêne.
Le Cénacle nous rappelle, avec l’Eucharistie, le sacrifice. Dans chaque célébration eucharistique, Jésus s’offre
pour nous au Père, pour que nous aussi nous puissions nous unir à Lui, en offrant à Dieu notre vie, notre travail,
nos joies et nos peines…, tout offrir en sacrifice spirituel.
Le Cénacle nous rappelle aussi l’amitié. « Je ne vous appelle plus serviteurs – dit Jésus aux Douze – … je vous
appelle mes amis » (Jn 15, 15). Le Seigneur fait de nous ses amis, il nous confie la volonté du Père et se donne
Lui-même à nous. C’est cela l’expérience la plus belle du chrétien, et d’une façon particulière du prêtre :
devenir l’ami du Seigneur Jésus, et découvrir dans son cœur qu’il est un ami.
Le Cénacle nous rappelle le départ du Maître et la promesse de se retrouver avec ses amis : « Quand je serai
parti, … je reviendrai et je vous emmènerai auprès de moi, afin que là où je suis, vous soyez, vous aussi » (Jn14,
3). Jésus ne nous laisse pas, il ne nous abandonne jamais, il nous précède dans la maison du Père et là il veut
nous emmener avec Lui.
Mais le Cénacle rappelle aussi la bassesse, la curiosité – « qui est celui qui trahit ? –, la trahison. Et cela peut
être chacun de nous, pas seulement et toujours les autres, qui revit ces attitudes, quand nous regardons avec
suffisance le frère, quand nous le jugeons ; quand nous trahissons Jésus par nos péchés.
Le Cénacle nous rappelle le partage, la fraternité, l’harmonie, la paix entre nous. Que d’amour, que de bien a
jailli du Cénacle ! Que de charité est sortie d’ici, comme un fleuve de sa source, qui au début est un ruisseau,
puis s’élargit et devient grand… Tous les saints ont puisé ici ; le grand fleuve de la sainteté de l’Église prend
toujours son origine ici, toujours de nouveau, du Cœur du Christ, de l’Eucharistie, de son Esprit Saint.
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Le Cénacle enfin nous rappelle la naissance de la nouvelle famille, l’Église, notre sainte mère l’Eglise
hiérarchique, constituée par Jésus ressuscité. Une famille qui a une Mère, la Vierge Marie. Les familles
chrétiennes appartiennent à cette grande famille, et trouvent en elle lumière et force pour marcher et se
renouveler, à travers les peines et les épreuves de la vie. Tous les enfants de Dieu de tout peuple et de toute
langue, tous frères et enfants de l’unique Père qui est dans les cieux sont invités et appelés à faire partie de
cette grande famille.
C’est l’horizon du Cénacle : l’horizon du Ressuscité et de l’Église.
D’ici part l’Église en sortie, animée par le souffle vital de l’Esprit. Recueillie en prière avec la Mère de Jésus, elle
revit toujours l’attente d’une effusion nouvelle de l’Esprit Saint : que descende ton Esprit, Seigneur, et qu’il
renouvelle la face de la terre (cf. Ps 104, 30) !
CONFÉRENCE DE PRESSE DU PAPE FRANÇOIS
AU COURS DU VOL DE RETOUR DE LA TERRE SAINTE
Vol papal
Lundi 26 mai 2014
(Père Lombardi)
Maintenant, nous remercions beaucoup le Pape d’être ici : après un voyage aussi exténuant, il est à disposition
pour nous rencontrer. Donc, nous lui en sommes très reconnaissants.
Alors, nous nous sommes organisés – les agents de l’information se sont organisés entre eux – par principaux
groupes linguistiques, pour qu’ils présentent des personnes qui feront les demandes. Je n’ai pas donné de
limites car je sais que vous voulez travailler sans restriction, à moins que vous vouliez dire d’abord quelque
chose en introduction…Répondons aux questions.
Alors, la première question est posée par le groupe italien :
Q. Saint-Père, ces jours-ci vous avez accompli des gestes qui se sont propagés dans le monde entier : la main
sur le mur de Bethléem, le signe de la croix, le baiser aux survivants, aujourd’hui à Yad Vashem, mais aussi le
baiser au Saint Sépulcre, hier à Jérusalem, avec Bartholomée, et tant d’autres. Nous voulions vous demander si
tous ces gestes vous y aviez pensé, voulus ; pourquoi y avez-vous pensé et ensuite quelles seront, selon vous,
les retombées que pourront avoir ces gestes, en particulier – naturellement – celui, très grand, d’avoir invité
Peres et Abu Mazen au Vatican…
R. (Le Saint-Père)
Les gestes, ceux qui sont les plus authentiques, sont ceux auxquels on ne pense pas, ceux qui viennent comme
ça, non ? J’ai pensé : on pourrait faire quelque chose… , mais le geste concret, aucun de ceux-ci n’a été pensé
ainsi. Certaines choses, par exemple l’invitation aux deux Présidents à la prière, on avait pensé un peu à le
faire, mais il y avait tellement de problèmes logistiques, tellement ; parce qu’ils doivent aussi tenir compte du
territoire, où on le fait, et ce n’est pas facile. Cela, on y avait pensé un peu, à une réunion, mais à la fin est
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sortie cette invitation ; et j’espère que ce sera bien. Mais ils n’ont pas été réfléchis et… je ne sais pas, il me
vient à l’idée de faire quelque chose, mais c’est spontané, c’est ainsi. Au moins, pour dire la vérité, quelqu’un
avait dit… ‘on pourrait faire quelque chose’ mais concrètement cela ne me vient pas.Par exemple, à Yad
Vashem, rien ; et ensuite c’est venu. C’est ainsi.
(Père Lombardi)
Bien, Alors, une seconde question, de la part du groupe de langue anglaise :
Q. Vous avez parlé avec des paroles très dures contre les abus sexuels des mineurs de la part des clercs, des
prêtres. Vous avez créé une commission spéciale pour mieux affronter ce problème au niveau de l’Église
universelle. Pratiquement, nous savons désormais que, dans toutes les Églises locales, il y a des normes qui
imposent l’obligation morale, et souvent légale, de collaborer d’une manière ou d’une autre avec les autorités
civiles locales. Que ferez vous si un Evêque, clairement, n’a pas observé ces obligations ?
R. (Le Saint-Père)
En Argentine, nous disons aux privilégiés : « c’est un fils à papa ». Dans ce problème, il n’y aura pas de fils à
papa. En ce moment, trois Evêques sont sous enquête : sous enquête, trois ; et un a déjà été condamné, et on
est en train d’évaluer la peine à infliger. Il n’y a pas de privilèges. Cet abus des mineurs est un crime tellement
laid, tellement…nous savons que c’est un problème grave partout, mais c’est l’Eglise qui m’intéresse. Un prêtre
qui fait ça trahit le Corps du Seigneur, parce que ce prêtre doit porter cet enfant, ce jeune homme cette jeune
fille, à la sainteté. Et ce jeune, cet enfant fait confiance ; et lui, au lieu de les conduire à la sainteté, abuse
d’eux. Et c’est très grave ! C’est vraiment comme…je ferai seulement une comparaison : c’est comme faire une
Messe noire, par exemple. Tu dois le conduire à la sainteté et tu le conduis à un problème qui durera toute la
vie… Prochainement il y aura, à Sainte Marthe, une Messe avec quelques personnes qui ont subi des abus, et
ensuite une réunion avec eux : moi et eux, avec le Cardinal O’Malley qui est de la commission. Là-dessus on
doit aller de l’avant : tolérance zéro.
(Père Lombardi)
Merci beaucoup, Sainteté. Alors, maintenant le groupe de langue espagnole :
Q. Dès le premier jour de votre pontificat, vous avez lancé ce message fort d’une Église pauvre et pour les
pauvres, pauvre en simplicité, en austérité. Que voulez-vous faire pour qu’il n’y ait pas de contradictions à ce
message d’austérité ? (La question a fait référence à des situations dont on a parlé ces derniers temps, dont
une opération à l’IOR, de 15 millions d’euros)
R. (Le Saint-Père)
Le Seigneur Jésus a dit une fois à ses disciples – c’est dans l’Évangile – « il est inévitable qu’il y ait des scandales
». Nous sommes humains, tous pécheurs. Et il y en aura. Il y en aura. Le problème est d’éviter qu’il y en ait
davantage ! Dans l’administration économique, honnêteté et transparence. Les deux commissions, celle qui a
étudié l’IOR et la commission qui a étudié tout le Vatican, ont donné leurs conclusions et ont proposé des plans
; et maintenant, avec le ministère, disons ainsi, avec le Secrétariat pour l’Economie que dirige le Cardinal Pell,
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nous ferons aller de l’avant les réformes que ces commissions ont conseillées. Mais il y aura des
inconséquences, il y en aura toujours, parce que nous sommes humains, et la réforme doit être continuelle. Les
Pères de l’Église disaient : « Ecclesia semper reformanda ». Nous devons être attentifs à réformer chaque jour
l’Eglise, parce que nous sommes pécheurs, nous sommes faibles et il y aura des problèmes. L’administration
que ce Secrétariat de l’économie porte en avant aidera beaucoup à éviter les scandales, les problèmes…Par
exemple, à l’IOR, je crois que, jusqu’à présent, ont été fermés plus ou moins 1.600 comptes de personnes qui
n’avaient pas le droit d’avoir un compte à l’IOR. L’IOR est faite pour aider l’Église ; y ont droit les Evêques des
diocèses, les employés du Vatican, leurs veuves ou leurs veufs, pour toucher la retraite…C’est ainsi. Mais n’y
ont pas droit d’autres personnes privées… Les ambassades, tant que dure l’ambassade, et rien de plus. Ce n’est
pas une chose ouverte. Et ça c’est un bon travail : fermer les comptes qui n’ont pas le droit. Je voudrais dire
une chose : la demande que vous avez faite ; vous avez mentionné cette affaire des 15 millions. C’est une chose
qui est à l’étude ; ce n’est pas clair. Peut-être est-ce vrai, mais pour le moment ce n’est pas définitif, cette
question est à l’étude pour être juste. Merci.
(Père Lombardi)
Alors, maintenant donnons la parole au groupe de langue française :
Q. Saint-Père, après le Moyen Orient, retournons maintenant en Europe. Etes-vous préoccupé par la montée
du populisme en Europe, qui s’est manifesté encore hier dans les élections européennes ?
R. (Le Saint-Père)
Ces jours-ci j’ai eu juste le temps de prier le Notre Père…, mais je n’ai pas de nouvelles des élections, vraiment.
Je n’ai pas les informations ; qui a gagné, qui n’a pas gagné. Je n’ai pas reçu d’informations. Mais le populisme,
en quel sens me le dites vous ?
Q. Dans le sens qu’aujourd’hui beaucoup d’Européens ont peur, pensent qu’il n’y a pas d’avenir en Europe. Il y
a beaucoup de chômage et le parti anti-européen a beaucoup monté dans ces dernières élections…
R. C’est un sujet dont j’ai entendu parler. L’Europe, la confiance ou la méfiance dans l’Europe. Egalement
l’Euro, certains veulent retourner en arrière…Je ne comprend pas bien toutes ces choses. Mais vous avez dit un
mot clé : le chômage. Cela est grave. C’est grave parce que je l’interprète ainsi, en simplifiant. Nous sommes
dans un système économique mondial où le centre c’est l’argent, ce n’est pas la personne humaine. Dans un
vrai système économique, au centre doivent être l’homme et la femme, la personne humaine. Et aujourd’hui,
au centre, il y a l’argent. Pour se maintenir, pour s’équilibrer, ce système doit avancer avec des mesures de «
rejet ». Et on rejette les enfants – le niveau de naissance en Europe n’est pas très haut. Je crois que l’Italie a 1,2
%, la France, vous avez 2, un peu plus, l’Espagne moins que l’Italie : je ne sais pas si elle arrive à 1…On rejette
les enfants. On rejette les personnes âgées : ils ne servent pas, les vieux. En ce moment, passagèrement, on va
les trouver parce qu’ils sont retraités, et on en a besoin, mais c’est passager. On rejette les anciens également
avec les situations d’euthanasie cachée, dans beaucoup de pays. Ainsi, on donne les médicaments jusqu’à un
certain point, et ainsi… Et actuellement on rejette les jeunes, et c’est très grave : c’est très grave. En Italie, je
crois que le chômage des jeunes est de presque à 40% , je ne suis pas sûr ; en Espagne, je suis sûr : il est de 50
%. Et en Andalousie, dans le Sud de l’Espagne, il est de 60 % ! Cela signifie qu’il y a toute une génération de
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« ni-ni » : ils n’étudient pas et ils ne travaillent pas, et cela est très grave ! On rejette une génération de jeunes.
Pour moi, cette culture du rejet est très grave. Mais ce n’est pas seulement en Europe : c’est un peu partout,
mais en Europe cela se sent très fort. Si on fait la comparaison, il y a 10 ans, avec la culture du bien être. Et cela
est tragique. C’est un moment difficile. C’est un système économique inhumain. Je n’ai pas eu peur d’écrire
dans l’exhortation « Evangelii gaudium » : ce système économique tue. Et je le répète. Je ne sais pas si j’ai
rejoint un peu vos préoccupations… Merci.
(Padre Lombardi)
Alors, maintenant, il y a le groupe de langue portugaise :
Q. Je voudrais vous demander, Sainteté, comment résoudre la « question de Jérusalem » pour obtenir une paix
stable, comme vous l’avez dit, et durable ? Merci.
R. (Le Saint-Père)
Il y a beaucoup de propositions sur la question de Jérusalem. L’Église catholique, le Vatican disons, a sa position
du point de vue religieux : ce sera la ville de la paix des trois religions. Ceci du point de vue religieux. Les
mesures concrètes pour la paix doivent sortir des négociations. On doit négocier. Je serai d’accord pour que
des négociations vienne peut-être : cette partie sera capitale d’un État, de l’autre….mais ce sont des
hypothèses. Je ne dis pas ‘‘ce doit être ainsi’’ : non, ce sont des hypothèses qu’ils doivent négocier. Vraiment, je
ne me sens pas compétent pour dire ‘‘qu’on fasse ceci ou ceci ou cela’’, parce que ce serait une folie, de ma
part. Mais je crois qu’on doit emprunter le chemin des négociations avec honnêteté, fraternité et confiance
mutuelle. Et là, tout se négocie : tout le territoire, et aussi les relations. Il faut du courage pour faire cela, et
moi je prie beaucoup le Seigneur afin que ces deux leaders, ces deux gouvernements aient le courage
d’avancer. C’est cela l’unique chemin pour la paix. Je dis seulement ce que l’Église doit dire et a toujours dit :
que Jérusalem soit protégée comme capitale des trois religions, comme référence, comme une ville de la paix –
il me venait même le motsacrée, mais ce n’est pas juste – mais de paix et religieuse.
(Père Lombardi)
Merci, Sainteté. Maintenant demandons de venir au représentant de langue allemande.
Q. – Merci, Sainteté. Durant votre pèlerinage, vous avez beaucoup parlé avec le Patriarche Bartholomée et
vous l’avez rencontré plusieurs fois. Nous nous demandons si vous avez parlé aussi des pas concrets de
rapprochement, et si l’occasion s’est offerte aussi pour en parler. Je me demande aussi si peut-être l’Église
catholique pourra apprendre quelque chose des Églises orthodoxes – je me réfère aux prêtres mariés, une
question qui tient à cœur à beaucoup de catholiques en Allemagne. Merci.
R. – (Saint-Père)
Mais, l’Église catholique a des prêtres mariés, non ? les grecs catholiques, les coptes catholiques…non ? Il y en
a, dans le rite oriental, il y a des prêtres mariés. Parce que le célibat n’est pas un dogme de foi, c’est une règle
de vie que moi j’apprécie beaucoup et je crois que c’est un don pour l’Église. N’étant pas un dogme de foi, la
porte reste toujours ouverte : en ce moment, nous n’avons pas parlé de cela, comme programme, au moins
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cette fois-ci. Nous avons des choses plus fortes à entreprendre. Avec Bartholomée, ce thème n’a pas été
abordé, parce que c’est secondaire, vraiment, dans les relations avec les orthodoxes. Nous avons parlé de
l’unité : mais l’unité se fait au long de la route, l’unité est un chemin. Nous ne pouvons pas réaliser l’unité dans
un congrès de théologie. Et lui, il m’a dit que c’est vrai ce que je savais, à savoir qu’Athénagoras avait dit à Paul
VI : ‘‘Nous, allons ensemble, tranquilles et tous les théologiens, enfermons-les sur une île, qu’ils discutent entre
eux, et nous, avançons dans la vie !’’ C’est vrai : je pensais que c’était… Non, non, c’est vrai ! Bartholomée me
l’a dit ces jours-ci. Marcher ensemble, prier ensemble, travailler ensemble, sur tant de choses que nous
pouvons faire ensemble, nous entraider. Par exemple, avec les églises. À Rome, et dans de nombreuses villes,
beaucoup d’orthodoxes utilisent des églises catholiques selon tel horaire ou tel autre, comme une aide pour
cette marche commune.Une autre chose dont nous avons parlé, qui peut-être sera prise en considération dans
le Concile pan-orthodoxe, c’est la date de Pâques, parce que c’est un peu ridicule : Dis-moi, ton Christ quand
ressuscite-t-il ? – La semaine prochaine. – Eh, le mien est ressuscité la semaine dernière… Oui, la date de
Pâques est un signe d’unité. Et avec Bartholomée, nous parlons comme des frères. Nous nous apprécions bien,
nous nous racontons des difficultés de notre gouvernement. Et, une chose dont, oui, nous avons beaucoup
parlé, c’est le problème de l’écologie : lui, il est très préoccupé, et moi aussi, nous avons beaucoup parlé de
réaliser ensemble un travail conjoint sur ce problème. Merci.
(Père Lombardi)
Alors, maintenant, étant donné que nous ne sommes pas uniquement européens ou américains ou ainsi de
suite, mais également asiatiques, ici, demandons au représentant du groupe asiatique de poser une question,
puisque vous vous préparez à faire aussi des voyages en Asie…
Q. – Votre prochain voyage sera en Corée du Sud et donc je voudrais vous poser une question sur les régions
asiatiques. Dans des pays proches de la Corée du Sud il n’y a pas de liberté de religion ni de liberté
d’expression. Que pensez-vous faire en faveur des personnes qui souffrent de ces situations ?
R. - (Saint-Père)
En ce qui concerne l’Asie, il y a au programme deux voyages : celui en Corée du Sud, pour la rencontre des
jeunes asiatiques, et puis en janvier prochain, un voyage de deux jours au Sri Lanka et ensuite aux Philippines,
dans la région qui a subi le typhon. Le problème du manque de liberté pour pratiquer la religion n’est pas
seulement dans quelques pays asiatiques : dans quelques uns, oui, mais aussi en d’autres pays du monde. La
liberté religieuse est une chose que tous les pays n’ont pas. Certains ont un contrôle plus ou moins léger,
tranquille, d’autres adoptent des mesures qui débouchent sur une vraie persécution des croyants. Il y a des
martyrs. Il y a des martyrs, aujourd’hui, des martyrs chrétiens. Catholiques et non catholiques, mais martyrs. Et
à certains endroits, on ne peut pas porter le Crucifix et tu ne peux avoir une Bible. Tu ne peux pas enseigner le
catéchisme aux enfants : aujourd’hui ! Et moi je crois - mais je crois ne pas me tromper - qu’à notre époque il y
a plus de martyrs qu’aux premiers temps de l’Église. Nous devons nous approcher, à certains endroits avec
prudence, pour aller les aider ; nous devons prier beaucoup pour ces Églises qui souffrent : elles souffrent
beaucoup. Et puis les Évêques, et aussi le Saint-Siège travaillent avec discrétion pour aider ces pays, les
chrétiens de ces pays. Mais ce n’est pas une chose facile. Par exemple, je te dis une chose. Dans un pays, il est
interdit de prier ensemble : c’est interdit. Mais les chrétiens qui sont là veulent célébrer l’Eucharistie ! Et c’est
un tel, qui travaille comme ouvrier, qui est prêtre. Et il va là, à table, ils feignent de prendre le thé, et célèbrent
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l’Eucharistie. Si les policiers arrivent, ils cachent immédiatement les livres et ils sont en train de prendre le thé.
Ceci arrive aujourd’hui. Ce n’est pas facile.
(Père Lombardi)
Alors, continuons avec la série du groupe de langue italienne :
Q. - Sainteté, dans votre pontificat, vous faites face à un grand nombre d’engagements et vous le faites même
de manière très soutenue, comme nous l’avons vu ces jours-ci. Si demain, disons un jour lointain, vous deviez
sentir que vous n’avez plus la force pour accomplir votre ministère, pensez-vous que vous feriez le même choix
que votre prédécesseur, c’est-à-dire, que vous abandonneriez le pontificat ?
R. – (Saint-Père)
Je ferai ce que le Seigneur me dira de faire : prier, chercher la volonté de Dieu. Mais je crois que Benoît XVI
n’est pas un cas unique. Il est arrivé qu’il n’avait plus les forces et honnêtement, - c’est un homme de foi, très
humble - il a pris cette décision. Moi, je crois qu’il est une institution : il y a 70 ans, les Évêques émérites
n’existaient presque pas. Et maintenant, il y en a de nombreux. Que se passera-t-il avec les Papes émérites ? Je
crois que nous devons le regarder comme une institution. Il a ouvert une porte, la porte des Papes émérites. Y
en aura-t-il d’autres, ou non ? Dieu le sait. Mais cette porte est ouverte : moi je crois qu’un Évêque de Rome,
un Pape qui sent ses forces diminuer – parce que maintenant on vit longtemps - doit se poser les mêmes
questions que le Pape Benoît.
(Père Lombardi)
A présent, revenons aux groupes de langue anglaise :
Q. – Saint-Père, aujourd’hui même vous avez rencontré un groupe de survivants de l’Holocauste. Évidemment,
vous savez bien qu’une figure qui suscite encore de la perplexité pour son rôle durant l’Holocauste, est votre
prédécesseur, le Pape Pie XII. Avant votre pontificat vous avez écrit ou dit que vous estimiez Pie XII mais que
vous auriez voulu voir les archives ouvertes avant d’arriver à une conclusion définitive. Donc, nous voudrions
savoir si vous avez l’intention de poursuivre la cause de Pie XII, ou d’attendre un autre retournement dans la
procédure avant de prendre une décision. Merci.
R. – (Saint-Père)
Merci à vous. La cause de Pie XII est ouverte. Je me suis informé : il n’y a encore aucun miracle, et s’il n’y a pas
de miracles, on ne peut pas avancer. Elle est arrêtée là. Nous devons attendre la réalité, comment évolue la
réalité de cette cause, et puis penser à prendre des décisions. Mais voici la vérité : il n’y a aucun miracle et au
moins un est nécessaire pour la béatification. Voilà où en est aujourd’hui la cause de Pie XII. Et moi, je ne peux
pas penser : ‘‘Je béatifie ou non’’, parce que le processus est lent. Merci.
(Père Lombardi)
Alors maintenant nous allons en Argentine, une autre question du groupe de langue espagnole.
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Q. Vous êtes devenu un leader spirituel, même un leader politique, et vous êtes en train d’ouvrir beaucoup
d’attentes aussi bien à l’intérieur de l’Église que dans la communauté internationale. Dans l’Église par exemple,
qu’arrivera-t-il avec la communion aux divorcés remariés, et dans la communauté internationale, cette
médiation avec laquelle vous avez surpris le monde, pour laquelle il y aura cette rencontre au Vatican… La
question est : ne craignez-vous pas un échec, en soulevant beaucoup d’attentes : ne craignez-vous pas qu’il
puisse y avoir quelque échec ? Merci.
R. (Saint-Père)
D’abord, je ferai un éclaircissement sur cette rencontre au Vatican : ce sera une rencontre de prière, ce ne sera
pas pour faire une médiation ou chercher des solutions : non. Nous nous réunirons pour prier, seulement. Et
puis, chacun retourne chez soi. Mais je crois que la prière est importante et prier ensemble, sans faire de
discussions d’un autre type, cela aide. Peut-être que je ne me suis pas bien expliqué, au début, comment cela
pourrait être. Ce sera une rencontre de prière : il y aura un rabbin, il y aura un musulman et il y aura moi. J’ai
demandé au Custode de Terre Sainte d’organiser un peu les choses pratiques.
Deuxièmement, et merci pour la question sur les divorcés. Le Synode sera sur la famille, sur le problème de la
famille, sur les richesses de la famille, sur la situation actuelle de la famille. L’exposé préliminaire qu’a fait le
cardinal Kasper avait cinq chapitres : quatre sur la famille, les belles choses de la famille, le fondement
théologique, certaines problématiques familiales ; et le cinquième chapitre, le problème pastoral des
séparations, des nullités matrimoniales, les divorcés… Dans ce problème rentre celui de la communion. Et il ne
m’a pas plu que beaucoup de personnes – même dans l’Église, des prêtres – aient dit : « Ah, le Synode pour
donner la communion aux divorcés », et il sont allés vraiment jusque là, à ce point. J’ai senti comme si tout se
réduisait à une casuistique. Non, la chose est bien plus vaste. Aujourd’hui, tous nous le savons, la famille est en
crise : elle est en crise mondiale. Les jeunes ne veulent plus se marier, ou ils ne se marient plus ou ils vivent
ensemble ; le mariage est en crise, et aussi la famille. Et je ne voudrais pas que nous tombions dans cette
casuistique : on pourra, on ne pourra pas ?... Pour cela je remercie beaucoup pour cette question, parce qu’elle
me donne l’opportunité de clarifier cela. Le problème pastoral de la famille est très, très vaste, très vaste. Et on
doit l’étudier cas par cas. Une chose que le Pape Benoît a dite par trois fois sur les divorcés m’aide beaucoup.
Une fois, dans le Val d’Aoste, une autre fois à Milan, et la troisième lors du Consistoire, le dernier Consistoire
public qu’il a fait pour la création des Cardinaux : étudier les procédures de nullité matrimoniale, étudier la foi
avec laquelle une personne va se marier et clarifier le fait que les divorcés ne sont pasexcommuniés, alors que
bien des fois ils sont traités comme des excommuniés. Et c’est une chose sérieuse. Voilà sur la casuistique de ce
problème. Le Synode sera sur la famille : les richesses, les problèmes de la famille. Solutions, nullité, tout cela.
Et il y aura aussi ce problème, mais dans l’ensemble. Maintenant je voudrais vous dire pourquoi un Synode sur
la famille : cela a été une expérience spirituelle très forte pour moi. Au second mois du pontificat, Monseigneur
Eterovic, alors secrétaire du Synode, est venu chez moi avec trois thèmes que le Conseil post-synodal proposait
pour le prochain Synode. Le premier était très fort, bon : l’apport de Jésus Christ à l’homme d’aujourd’hui.
C’était le titre. Et dans la continuité du Synode sur l’évangélisation. J’ai dit oui, nous avons parlé un peu sur la
réforme de la méthodologie et à la fin, j’ai dit : « Mettons quelque chose de plus : l’apport de Jésus Christ à
l’homme d’aujourd’hui et à la famille ». Cela allait bien. Puis, je suis allé à la première réunion du Conseil postsynodal, et j’ai vu qu’on disait le titre tout entier, complètement mais lentement on disait : « Oui, oui, l’apport
à la famille », « Qu’apporte Jésus Christ à la famille »…, et sans s’en apercevoir, la commission post-synodale a
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fini en parlant de la famille. Je suis sûr que cela a été l’Esprit du Seigneur qui nous a guidés jusqu’au choix de ce
titre : j’en suis sûr, parce qu’aujourd’hui, vraiment la famille a besoin de beaucoup d’aides pastorales. Merci.
(Père Lombardi)
Alors maintenant nous avons encore le groupe français :
Q. Pouvez-vous nous dire, Sainteté, quels sont les obstacles à votre réforme de la Curie romaine, et à quel
point nous en sommes aujourd’hui ?
R. (Saint-Père)
Mais le premier obstacle c’est moi… [il rit]. Non… nous sommes à un bon point, parce que je crois que… je ne
me rappelle pas la date, mais trois mois… ou un peu moins après l’élection a été nommé le Conseil des huit
cardinaux…
(Père Lombardi)
… un mois après l’élection…
R. (Saint-Père)
… un mois après l’élection. Puis, les premiers jours de juillet nous nous sommes réunis pour la première fois et
depuis ce moment, on travaille. Que fait le Conseil ? Le Conseil étudie toute la constitution « Pastor Bonus » et
la Curie romaine. Il a fait des consultations avec tout le monde, avec toute la Curie et il commence à étudier
certaines choses. « Ceci peut se faire de cette façon, cela d’une autre façon… ». Regrouper certains dicastères,
par exemple, pour alléger un peu l’organisation… Un des points clé a été l’économique, et ce dicastère de
l’économie aidera beaucoup. Il doit travailler avec la Secrétairerie d’État, parce que les choses sont liées, tout
se fait ensemble… Maintenant nous avons, en juillet, quatre jours de travail avec cette commission, et puis en
septembre, je crois, quatre autres. Mais on travaille, on travaille beaucoup. Et les résultats ne se voient pas
encore tous, mais la partie économique est celle qui est apparue d’abord parce qu’il y avait certains problèmes
dont la presse a beaucoup parlé, et nous devons les voir. Les obstacles sont les obstacles normaux de tout le
processus. Étudier la route… La persuasion est très importante. Un travail de persuasion, d’aide. Il y a quelques
personnes qui n’y voient pas clair, mais toute réforme comporte ces choses. Mais je suis content : vraiment, je
suis content. On a beaucoup travaillé et cette commission nous aide beaucoup. Merci.
(Père Lombardi)
Sainteté, merci pour votre disponibilité, excusez-moi si j’interromps votre conversation : vous avez été très
généreux d’autant plus après un voyage extraordinaire qui nous a tous émus, je ne dis pas comme vous, mais
presque. Nous avons suivi intensément les moments d’émotion spirituelle que vous avez vécus dans les Lieux
Saints et nous l’avons ressentie, et cela nous a touchés. Nous vous souhaitons de bien poursuivre ce voyage et
l’infinité d’autres choses que vous mettez continuellement en route, en particulier cette rencontre de prière,
qui est la continuation naturelle et le complément de ce voyage : qu’elle puisse porter les fruits que vous en
désirez et que tous nous désirons, je crois, pour la paix dans le monde. Merci de tout cœur, Sainteté !
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(Saint-Père)
Je vous remercie beaucoup pour la compagnie, pour la bienveillance… et s’il vous plaît, je vous demande de
prier pour moi. J’en ai besoin, beaucoup ! Merci.
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