Épisode n°7 : Au détour d`un rayon…

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Épisode n°7 : Au détour d'un rayon…
«'ab Pourquoi faut-il tous les ans que Noë'ebl tombe le 25 dé'e9cembre ? »'bb
Une fois n’est pas coutume, à'e0 J-4, je n’ai acheté'e9 aucun cadeau. En priorité'e9 et quelques heures seulement, je
dois trouver celui qu’une main innocente tirera au sort demain, lors d’un brunch entre amis – avant-goû'fbt de ré'e9veillon
sauce fous rires. Mais Mathilde et Lé'e9onie en ont dé'e9cidé'e9 autrement. Au menu de la premiè'e8re viré'e9e entre filles
depuis des mois : la nocturne d’un grand magasin. Donc : l’inventaire des par trois fashionistas aux petits cris perç'e7ants
(«'ab j’adooooooooore ! »'bb). Donc : des essayages loufoques qui nous font hurler de rire.
Mais, quand, au dé'e9tour d’une paire de ballerines taille Bozo le clown, je tombe sur les chaussures auxquelles je
rê'eave en dé'e9cortiquant tous les magazines de mode, je reprends mon sé'e9rieux. MES escarpins à'e0 double boucle !
©Armelle Tissier
Ceux que toutes les icô'f4nes ont aux pieds depuis dé'e9jà'e0 un mois ! «'ab Ils sont superbes ! Mais t’as vu la taille du
talon ? T’as pas l’habitude, Lila…'85 Tu vas pouvoir marcher avec ?
— J’ai dit que je voulais marcher avec ? »'bb
Je m’assieds et dé'e9fais mes lacets en moins de temps qu’il n’en faudra pour dé'e9gainer ma carte bleue si jamais ce
36 me va. Le temps s’est arrê'eaté'e9. L’instant est critique. C’est aussi le moment que choisit Mathilde pour arriver de nulle
part en courant. «'ab Lila ! Gaspar ! J’ai croisé'e9 Gaspar ! »'bb
Lunettes noires et leur antivol sur le nez, Mathilde avance à'e0 pas de loup, dos
courbé'e9, dans le rayon «'ab Dé'e9co d’inté'e9rieur »'bb. Extraite d’un vieux film,
Mathilde poursuit sa filature sans se faire repé'e9rer. Lé'e9onie et moi la talonnons.
Aprè'e8s la grande allé'e9e – qui, soit dit en passant, me ferait ressembler à'e0 une
princesse de conte de fé'e9es si j’avais é'e9té'e9 chaussé'e9e –, Math’ s’immobilise
enfin. «'ab T’es sû'fbre que c’é'e9tait lui ?
— À'c0 99%, oui. Le 1% manquant, c’est parce qu’il ne m’a pas reconnue, moi, ta
meilleure amie. Mais bon, il a de bonnes excuses : on s’est jamais parlé'e9, et, surtout,
je suis là'e0 incognito ! »'bb ré'e9pond-elle en abaissant ses lunettes. «'ab Tu me fais
pas confiance ? Tiens, regarde, il est là'e0-bas ! Alors, tu vois ?
— Non, je le vois pas…'85 Je vois rien. Tu me fais marcher. Et pieds nus, qui plus
est ! Allez, on n’a rien à'e0 faire ici…'85
— Oh, et ce bracelet, quelle merveille !
On m’a toujours ré'e9pé'e9té'e9 que la curiosité'e9, comme la gourmandise, est un
bien vilain dé'e9faut. Mais je ne me souviens jamais du dicton qu’aprè'e8s coup. Et
là'e0, quel coup bas ! Math’ connaî'eet bien mon pé'e9ché'e9 mignon, les bijoux, et
savait pertinemment quelle allait ê'eatre ma ré'e9action. «'ab Où'f9 ç'e7a ? »'bb Trois
rayonnages plus loin, au stand d’exposition Multimé'e9dia, Gaspar, le camé'e9scope
au poing et l’œ'9cil dans le viseur, est surpris de me voir apparaî'eetre dans son
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Épisode n°7 : Au détour d'un rayon…
panoramique. «'ab Souris ! Tu passes à'e0 la té'e9lé'e9 ! »'bb
s’esclaffe Lé'e9onie. Dans le dos de Gaspar, un é'e9cran plasma
gé'e9ant retransmet tout ce qu’il filme et renvoie une image de moi
au sourire crispé'e9. Gaspar me fait signe. Gros plan sur mes yeux.
Je ne cille pas. À'c0 quatre pattes, les filles contiennent mal leur
hilarité'e9 et s’é'e9loignent en pré'e9textant qu’elles doivent sortir
du champ si elles veulent assister au happy end.
«'ab Lila ? Qu’est-ce que tu fais là'e0 ? »'bb Plus le temps de
ré'e9flé'e9chir à'e0 une mise en scè'e8ne : je vais lui dire la
vé'e9rité'e9. «'ab Gaspar ? Quelle surprise ! Et toi, que fais-tu
ici ?»'bb Je perds mes moyens dè'e8s le premier dialogue…'85
«'ab Lila ? Tout va bien ?
— Bien sû'fbr ! Quelle question ! Je suis trè'e8s, trè'e8s heureuse
de te revoir !
— Moi aussi, moi aussi…'85 Mais…'85 Lila, dois-je m’inquié'e9ter
de te retrouver en chaussettes au milieu d’un grand magasin ?
— Tu é'e9tais bien pieds nus quand on s’est rencontré'e9s ! »'bb
Excellente ré'e9plique ! Bon. Où'f9 ai-je pu oublier mes
chaussures ? «'ab Tu m’excuses une seconde ?
— Bien sû'fbr. Je t’attends ici. »'bb
Gaspar aurait pu prendre ses jambes à'e0 son cou, mais il ne
bouge pas d’une semelle tandis que je reviens sur mes pas. Nulle
trace de mes belles Converse mordoré'e9es. Je retrouve seulement
les escarpins. Il faut que je pré'e9vienne les filles : Menu / Messages
/ Ecrire / Nouveau / «'ab Converse introuvables ! Tu vas me le(s)
payer ! »'bb / Envoyer à'e0 / Ré'e9pertoire / Mathilde / Envoyer /
Confirmer…'85 Qui a dit qu’il fallait moins d’une minute pour envoyer
un SMS ? Ah, ç'e7a y est : «'ab Message envoyé'e9 »'bb. La paire de chaussures neuves à'e0 la main, je rejoins Gaspar,
toujours trè'e8s amusé'e9, semble-t-il, par mes bouts de pieds rayé'e9s multicolores.
«'ab Laisse-moi deviner pourquoi tu ne les as pas mises : ce ne sont pas les tiennes.
— Exact. Mais elles le deviendront si je…'85
Bip-bip, brrrrrrr-brrrrrrr…'85 Mathilde a ré'e9pondu illico texto : «'ab T’inquiè'e8te,
c’est moi qui les ai. Profite de ton prince charmant, Cendrillon. On reste dans le
coin. »'bb Super !
«'ab Alors, quoi de neuf depuis le pique-nique ?
— Non ! Cette fois, c’est ton tour, Lila ! J’en ai dé'e9jà'e0 suffisamment dit
sur moi. »'bb
Ok. Important : ne pas parler boulot, ne pas parler boulot, ne pas parler boulot.
«'ab Laly ? C’est vous ? »'bb
C’est une blague ?! Où'f9 est la camé'e9ra caché'e9e ?©Armelle
«'ab Laly ? Tissier
Oh, quelle
coï'efncidence ! Si j’avais su que je vous croiserai ici ! Dites, ç'e7a tombe bien :
vous avez vu ce qu’ils ont fait avec les produits Cristal d'Arques ? Il faut absolument
que vous y alliez ! Vous avez un numé'e9rique avec vous ? Dommage. Faudra
revenir. »'bb D’un geste bienveillant mais autoritaire, ma boss m’attrape le bras
et m’entraî'eene (ou me traî'eene, au choix) vers l’escalator. J’ai tout juste le
temps de prendre Gaspar par la main pour l’inviter à'e0 rester prè'e8s de moi.
«'ab Voilà'e0…'85 C’est tout simplement ma-gni-fique ! Je veux une photo – vous
la prendrez. Avec un claim trè'e8s festive entertaining. Et un texte – un tout petit
texte de rien du tout : une demie page, pas plus. Comme un descriptif, au verso.
Ce sera notre carte de vœ'9cux, en interne. Et plus si affinité'e9s. Sur ce…'85
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Épisode n°7 : Au détour d'un rayon…
Les sports d’hiver m’attendent. Si mes souvenirs sont bons, vous n’ê'eates
pas en vacances, vous, entre les deux ré'e9veillons. Envoyez-moi donc la
maquette. Dè'e8s qu’elle est prê'eate – le 26, premiè'e8re heure. Je validerai
par mail. Au revoir, Laly. Bon week-end. Et joyeux Noë'ebl. »'bb Faux Pli tourne
les talons et me laisse sidé'e9ré'e9e, toujours accroché'e9e à'e0 la main de
Gaspar.
«'ab C’est vrai que c’est chouette, cette mise en scè'e8ne ! C’est du
Longchamp Folies, ç'e7a aussi ? En tout cas, ç'e7a y ressemble…'85 »'bb
Je me retourne sur Gaspar, plus stupé'e9faite encore. «'ab Comment le saistu ?
— Lila, ç'e7a a é'e9té'e9 un de nos principaux sujets de conversation, dans
le Parc…'85»'bb La question, c’est surtout : comment aurais-je pu
oublier ? «'ab Alors, que penses-tu de cette vitrine ? »'bb Un é'e9norme diamant,
construit avec des centaines de verres à'e0 facettes noires Black Elegance,
pivote au ralenti sur un sol de miroirs tandis que une gigantesque bouteille
de champagne arrose é'e9ternellement une pyramide de Longchamp Folies
Black & White. Ce stand est incroyable, les verres des nouvelles collections
Cristal d'Arques reflè'e8tent tous les é'e9clats de lumiè'e8re : des né'e9ons
et lustres du magasin aux guirlandes coloré'e9es dans la rue, en passant par
les flashs admiratifs des clients et des passants…'85
La sculpture absorbe toutes les pensé'e9es, tous les regards é'e9merveillé'e9s.
Dire que je vais devoir faire un papier à'e0 propos de ce chef-d’œ'9cuvre !
Je ne suis pas sû'fbre de pouvoir briller autant dans l’art de la ré'e9daction !
Re-bip-bip, re-brrrrrrr-brrrrrrr…'85 «'ab Ton carrosse va bientô'f4t se transformer en citrouille…'85 »'bb Mathilde a le chic
pour me ramener à'e0 la dure ré'e9alité'e9. Elle n’est pas la seule : «'ab Il est 23h40. Le magasin va bientô'f4t fermer ses
portes. Nous invitons notre aimable clientè'e8le…'85 »'bb
«'ab Viens demain.
— Pardon ? »'bb s’é'e9tonne Gaspar.
Je prends sa main puis un stylo dans ma poche et marque sa paume – douce, si douce – de mon numé'e9ro. «'ab On
dé'e9jeune avec mes amis, on dé'e9balle des cadeaux avant l’heure, on s’amuse comme des fous. Viens demain. Tu te
rappelles de ce que tu as dit, tout à'e0 l’heure ? «'ab C’est ton tour, Lila »'bb Oui, à'e0 mon tour de devoir te quitter
pré'e9cipitamment, Gaspar. Mais pas sans te laisser une chance de me revoir. Parce que j’en ai trè'e8s envie. Viens demain.
S’il te plaî'eet. »'bb Je lâ'e2che sa main et les escarpins, qui tombent à'e0 ses pieds. Gaspar se penche pour les ramasser
et j’en profite pour me dé'e9rober à'e0 ses yeux fascinants.
À'c0 quelques mè'e8tres de la sortie, mon portable bippe-bippe et brrrrrrre-brrrrrrre de nouveau. Cette fois, c’est un
appel…'85 de Mathilde. «'ab Oui, j’arrive ! »'bb
— Je sais ! Et surtout, ne te retourne pas : ç'e7a perdrait toute sa magie.
— Parce que recevoir tes messages pendant que…'85
— Ton futur cavalier ne te lâ'e2che pas des yeux, tu sais…'85
— C’est vrai ?
Tissier
— Soit il est sous le charme, soit il veut s’assurer que tu es complè'e8tement folle : Lila, tu es en ©Armelle
train de quitter
le
magasin en chaussettes ! »'bb
Décembre 2007
Retrouvez les aventures de Lila-Rose sur www.cristaldarquesparis.fr