[CONCARNEAU - 14] TB/SUD/PAGES 09/11/12
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14. Cornouaille. Le dossier du jour Vendredi 9 novembre 2012 Le Télégramme Théâtre. Le navire amiral quimpérois si important, souligne le directeur, de fidéliser le public afin de développer sa curiosité sur les formes les plus novatrices de la création artistique. « Ce qui me fait mal au cœur, c’est que sur la base de financements qui restent stables et de recettes qui ne compensent pas tout, on grignote l’artistique », indique Franck Becker, qui convient que la belle équation 50 % pour l’artistique et 50 % pour le fonctionnement, prônée par le ministère, il y a dix ans, est devenue impossible à tenir. « Péniblement, on s’accroche à 45 % dévolus à l’artistique », avec un budget de 3,6 à 3,7 M¤ qui place le Théâtre de Cornouaille au niveau des 30 premières scènes nationales sur 70, mais encore loin derrière Brest. Le paysage culturel cornouaillais ne manque pas d’atouts. Avec ses 4.700 abonnés et près de 50.000 spectateurs à l’année, le Théâtre de Cornouaille, à Quimper, fait figure de mastodonte. Sans dédaigner les collaborations avec les petites structures. Soixante-treize spectacles sont à l’affiche de la nouvelle saison du Théâtre de Cornouaille. Les 13 et 14 novembre prochains, un Shakespeare burlesque avec « Les Trois Richard, un Richard III », de Dan Jemmett. En ce début de saison, le nombre d’abonnés atteint en fin d’année dernière est déjà dépassé, à savoir 4.700 abonnés dont 500 nouveaux venus. Environ 50 % de ces abonnés viennent de Quimper et de son agglomération et 40 % de la Cornouaille. Un public majoritairement constitué d’adultes (60 %), mais aussi d’une proportion non négligeable de jeunes de moins de 26 ans (36 %), auxquels s’ajoutent collégiens et lycéens accueillis, exclusivement, sur des séances tout public, en soirée. « Quimper ne déroge pas à ce que l’on rencontre partout, un creux sur cette population de jeunes adultes à un âge de la vie où on construit sa vie de couple et où l’âge des enfants ne permet pas de sortir tous les soirs, sans compter les soucis financiers qui se posent dans certains foyers », reconnaît Franck Becker, le directeur de la Scène nationale. Dopée par la crise Des explications à cette dynamique. « Elle est plutôt générale et nationale alors qu’on s’est posé beaucoup de questions sur ce qui allait être une crise majeure », « Les fonds européens ont incité les communes à s’équiper d’une salle. Certaines sont allées au bout du projet et essayent de faire vivre une petite programmation ». Franck Becker, directeur du Théâtre de Cornouaille souligne Franck Becker. Au contraire, constate-t-il, la crise a généré un besoin et la création artistique a joué le rôle d’échappatoire par le biais du divertissement, mais aussi en incitant le public à aller vers des œuvres qui le questionnent. Une dynamique que l’équipe du théâtre, composée de 24 permanents, a aussi accompagnée en s’ouvrant, dit-il, à des disciplines comme le théâtre d’objets pour adultes ou le cirque. « Cette dynamique a aussi été nourrie par des projets qui nous ont amenés à sortir de nos murs et à tou- cher de nouveaux publics à l’échelle de la Cornouaille ». Et de mettre en avant cette saison partagée avec 45 spectacles ou projets menés en partenariat avec les MPT de Quimper, le CLC du Guilvinec, Très Tôt Théâtre, Ti Ar Vro ou l’Athéna, à ErguéGabéric. « On grignote l’artistique » Si l’occasion est donnée de mettre un pied au théâtre par le biais du concert de Camille ou d’un spectacle comme « La Jurassienne de réparation », il est tout aus- > Tour d’horizon L’Archipel : la petite salle qui grandit vite DOUARNENEZ ENTRE DEUX EAUX Douarnenez ne possède pas d’équipement culturel à proprement parler. Mais une réflexion est en cours pour transformer les halles du centre-ville en « salle polyvalente à dominante spectacles ». En attendant, deux salles municipales sont à disposition : au centre-ville, la salle des fêtes propose un espace de 300 m² équipé d’une scène, de loges, d’un bar et de rangements et 350 places assises. Elle convient notamment à l’organisation de conférences, bals, festoùnoz, expositions ou lotos. Cet espace est mis à la disposition des associations selon un planning géré par le service culturel municipal. L’autre, l’auditorium, est situé dans le bâtiment de la médiathèque et du Port-musée, sur le Port-Rhu. Il accueille concerts, conférences, projections et lectures… Il a une capacité de 107 places assises. Le service culturel élabore chaque année sa propre programmation culturelle, avec une moyenne de sept rendez-vous musicaux. Avec 12.000 spectateurs la saison passée, l’Archipel (Fouesnant) est devenue la troisième scène la plus fréquentée du Finistère, cinq ans après sa création. Son directeur, Frédéric Pinard, explique cette vitalité. NAUTILE : « AVEC UN PETIT BUDGET, ON MARCHE AUX COUPS DE CŒUR » « J’essaye d’élaborer une programmation populaire, familiale et associative mais c’est difficile », confie le directeur du Nautile, à La Forêt-Fouesnant, Luc Bazet. Impossible de concurrencer les grandes salles du Finistère avec le modique budget de 30.000 ¤. Les frais cumulés en cachet des artistes, droits d’auteur, rémunération des techniciens et location de matériel lui paraissent vite exorbitants. Alors, le directeur du Nautile a adopté sa propre stratégie. « Je favorise les locations de la salle par des associations ou les coréalisations avec certains artistes. Comme ça, je conserve mon budget pour programmer quatre belles affiches en coup de cœur ». Le public peut venir de toute la Cornouaille pour assister aux spectacles, comme le mémorable show des Soweto Entsha, en juin 2011, dont on lui parle encore aujourd’hui. Pourtant, aucune affiche n’a encore permis de vendre les 536 places disponibles. Luc Bazet cherche encore le meilleur créneau horaire. « Même Pierre Richard et Fabien Ruiz n’ont pas fait salle comble. Pire, la talentueuse Claire Denamur n’a permis de vendre que 28 places ! Peut-être que ce serait mieux le vendredi soir », commente-t-il. Heureusement qu’il peut jouer de la capacité d’adaptation du gradin amovible de sa salle, qui ne semblera jamais vide. Mais le directeur du Nautile espère profiter de la fermeture du ChapeauRouge. Il songerait même à casser sa tirelire pour faire venir prochainement une belle tête d’affiche à La Forêt-Fouesnant. Qu’avez-vous en tête lorsque vous montez une saison ? D’abord le projet d’établissement validé par les élus en 2007. L’Archipel est un théâtre municipal pluridisciplinaire, dont l’ambition demeure d’aller chercher chaque spectateur là où il est, avec ses goûts, ses envies. Y compris d’ailleurs, les publics a priori les plus éloignés du théâtre. Ça implique donc de programmer des spectacles de genres (théâtre, musique, danse, jeune public, cirque, marionnette, etc.) et répertoires différents tout en ayant la volonté de soutenir la création théâtrale, puisque c’est un peu la spécificité de notre scène de terri- L’importance des petites salles « Si le Théâtre a vocation d’irriguer au-delà de Quimper, est-ce qu’on a les moyens de labourer un terrain aussi large que la Cornouaille ? », s’interroge cependant Franck Becker. « D’où l’importance que les petites salles existent, se fédèrent et concentrent leurs moyens sur l’artistique », poursuit-il. Et de rappeler que le théâtre tisse régulièrement des collaborations avec ces structures, citant l’exemple du spectacle du Cirque Inextrémiste sur lequel il a travaillé avec l’atelier culturel de Landerneau et qui sera accueilli à ErguéGabéric et Briec, dans le cadre du Festival Circonova. Une mutualisation des moyens que des questions de calendrier des uns et des autres rendent aussi parfois très compliquée. Delphine Tanguy en travaillant sans doute autour des contes, de la transmission orale, dans la veine de ce que nous avons initié cet été avec nos veillées hors les murs, qui ont très bien marché auprès du public. « Mon but, en proposant un spectacle par semaine, est de provoquer une sorte d’addiction du public », explique Frédéric Pinard, directeur de l’Archipel. toire. Nous tenons à cet accompagnement d’artistes, qui n’est pas exclusif au théâtre d’ailleurs puisque nous l’avons aussi fait avec Dominique A ou Alexis HK. Mon but, en proposant un spectacle par semaine, c’est de provoquer une sorte d’addiction du public. J’ai eu une enfance rurale, je tiens à ce que les habitants du Pays fouesnantais aient l’opportunité d’approcher l’émergence artistique, y compris d’ailleurs dans sa tendance à mixer les disciplines, en dehors des réseaux des grandes salles. On essaie de donner du sens à tout cela en provoquant des cafés-débats autour de spectacles, de rencontres avec des artistes, en programmant, par exemple, une semaine à la fois artistique et pédagogique autour de la marionnette, en développement des partenariats (Aprèm’Jazz, festival CornouailleQuimper avec Dan Ar Braz et Talents en scène…), en étant complémentaires voire associés sur certaines dates avec d’autres centres culturels, en suivant fidèlement certains artistes… Comme Yann Denécé (Théâtre du Miroir), l’artiste associé ? Oui, c’est la dernière année avec Yann, qui a fait vivre beaucoup de belles choses à l’Archipel, aux Fouesnantais. Nous allons changer d’esthétique à partir de 2013, Qui est le public de l’Archipel ? Cinquante pour cent des spectateurs sont fouesnantais, environ 25 % vivent dans le pays de Fouesnant en dehors de la commune, et 25 % viennent du Finistère, de Bretagne voire d’ailleurs très ponctuellement. Nous avons enregistré 12.000 spectateurs la saison dernière, dont 500 abonnés, cinquante de plus que la saison précédente. Cette saison, nous avions déjà 250 abonnés dans les dix premiers jours après l’ouverture (NDLR : 446, mardi). Avec quel taux d’occupation des fauteuils ? De l’ordre de 96 % la saison dernière, jusqu’en mars. Ensuite, le taux était plus proche des 85 %. De quels moyens disposezvous pour l’artistique ? 170.000 ¤, dont 140.000 ¤ de subvention communale et 30.000 ¤ venant de l’extérieur, du conseil général et de la Région, qui font un bon travail de soutien. La billetterie a dégagé 160.000 ¤ en 2011-2012. Recueilli par Bruno Salaün