Yakari. Les Suisses à la rencontre des
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Yakari. Les Suisses à la rencontre des
Sommaire 3 4 5 6 8 17 17 18 19 19 20 Présentation du directeur Présentation du commissaire Présentation de l'exposition Les deux auteurs DERIB+Job Parcours de l'exposition Le commissaire d'exposition Le catalogue Agenda et activité Le musée Sponsor principal L'affiche Les partenaires Éléments à retenir Exposition : du 9 octobre 201 5 au 31 janvier 201 6 Vernissage : 8 octobre 201 5 à 1 8h30 Conférence de presse : 8 octobre 201 5 à 1 2h30 (suivi d'un buffet) Contact presse : Camille Verdier / [email protected] Éléments de l'exposition : -Textes de Job -Quarante planches originales de Derib -Partenaires : Bernisches Historisches Museum Nordamerika Native Museum -Dessins inédits de R.F. Kurz et F. Feller -Robe de bison pour la première fois exposée 2 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Présentation du directeur Le Musée des Suisses dans le Monde plonge à nouveau le visiteur dans l'univers coloré de la bande dessinée. Après les expositions Le Marin et le Photographe, Corto Maltese et Marco D'Anna en 201 2, rendant hommage au dessinateur Hugo Pratt, et Objectif Penthes. Tint'interdits, pastiches et parodies en 201 4 qui a offert les exemples de caricatures hergéennes les plus désopilantes de la production suisse, nous célébrons cette année 201 5 l’œuvre de deux Suisses, Derib et Job, à travers l'un des personnages de BD les plus attachants : Yakari . Ce petit Sioux qui parle aux animaux et qui, depuis 40 ans, a bercé et berce encore l'enfance de nombreuses têtes blondes, est sans doute le représentant le plus connu du Neuvième Art helvétique. Et quel meilleur endroit que le château de Penthes, en République de Genève, pour exposer la bande dessinée suisse ? En effet, le créateur et théoricien de la BD, Rodolphe Töpffer (1 799-1 846) est Suisse et Genevois et ses « histoires en estampes », comme Monsieur Jabot (1 833), lient de manière narrative et séquentielle l'image et le texte, sur un ton humoristique et fantaisiste. Certes les lettres de noblesse de la bande dessinée occidentale ont été acquises en Belgique, mais la Suisse a produit des dessinateurs fameux comme Derib qui, dans l'apprentissage de son art, à Bruxelles auprès de Peyo, est un Suisse de l'étranger. Mais revenu sur les rives du Léman, le Vaudois Derib apparaît comme le premier auteur suisse à obtenir un succès international. Mais que serait Yakari sans son deuxième « père », le Jurassien Job, qui goûte dorénavant à la chaleur de la garrigue nîmoise, dans une maison Bauhaus dont la porte nous a toujours été ouverte. Je souhaiterais ainsi adresse mes remerciements à Claude et à André, de leur prénom, pour avoir offert la possibilité de réaliser cette exposition qui, je l'espère, réjouiront les plus jeunes et les grands enfants. Anselm ZURFLUH Directeur Musée des Suisses dans le Monde Enfin, j'espère que les visiteurs ressentiront le même émerveillement que moi, lorsque j'ai découvert la richesse des cultures d'Amérique du Nord et les aventures pleines de sensibilité du jeune Yakari. 3 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Présentation du commissaire Le jour où Anselm Zurfluh, directeur du Musée des Suisses dans le Monde m'a annoncé vouloir faire une exposition sur le personnage de bande dessinée Yakari, que je connaissais pour m'avoir accompagné dans mon enfance, j'ai appris que les deux auteurs étaient Suisses. Nous avons alors rencontré en 201 4 André Jobin, dit Job, et la conception de l'exposition m'a été confiée. Comment alors parler du petit Sioux et de sa tribu sans évoquer les cultures des Natifs américains, notamment de la région des Plaines. Comme chaque enfant, j'ai été bercé par les Western hollywoodiens et par l'idée que les « Indiens » massacrent les valeureux pionniers américains, ces cow-boys dont John Wayne est l'archétype. Mais déjà, des films comme Danse avec les Loups (1 990) ou Le Dernier des Mohicans (1 992), adaptation de l'oeuvre de Cooper et Pocahontas (1 995) ont redonnée cette image romantique des cultures indiennes et nostalgique de leur quasi-disparition. L'exposition démarre donc par la présentation des objets iconiques des peuples natifs, ceux occupant les Plaines, et qui interpellent l'imaginaire et le merveilleux. Ces « clichés archéologiques » sont mis en relation avec les œuvres graphiques de Suisses qui sont partis au XIXe siècle explorer l'Amérique du Nord. Karl Bodmer (1 809-1 893), Friedrich Kurz (1 81 8-1 871 ) et Frank Feller (1 848-1 908) nous ont laissé des témoignages exceptionnels des tribus qu'ils ont rencontrées durant leur périple. Ces dessins précieux pour l'ethnographie sont des instantanés de ces cultures bouleversées par le contact avec le colonisateur et poussées à l'extinction par les déportations. Loin de la tragédie amérindienne, j'ai décidé, en collaboration avec le scénariste Job, d'évoquer le monde de Yakari, qui parle aux animaux, à travers le bestiaire que le petit Sioux rencontre au cours de ses aventures. En effet, les tribus accordaient beaucoup d'importance à leur rapport avec la nature et les mythes autour des animaux en sont un symbole fort. Nous ne pouvons songer au mode de vie des Plaines sans réfléchir aux valeurs d'écologie qui caractérisent les courants de pensée actuels et qui transpirent dans les aventures de Yakari. Camille VERDIER Commissaire d'exposition Directeur artistique Musée des Suisses dans le Monde Cette exposition, adressée principalement à la jeunesse, n'est qu' une évocation de la richesse de la culture amérindienne, de l'importance de l'ethnologie helvétique et du foisonnement de l'univers de Yakari. 4 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Présentation de l'exposition Yakari. Les Suisses à la rencontre des Amérindiens est une exposition centrée sur le personnage de Yakari, le petit Indien créé en 1 973 par les Suisses Job (André Jobin) et Derib (Claude de Ribeaupierre). Le visiteur explorera la civilisation des Indiens des plaines dont font partie les Sioux, la tribu de Yakari, à travers une sélection d’objets issus de la culture matérielle des peuples amérindiens. Ces artefacts seront liés à l'image caricaturée de ces peuples ; image véhiculée par les arts graphiques, dont la bande dessinée. Puis il découvrira le monde des Natifs américains à travers des dessins et gravures originaux de Karl Bodmer (1 809-1 893), Rudolf Friedrich Kurz (1 81 8-1 871 ) et Frank Feller (1 848-1 908), trois Suisses ayant exploré l’Amérique du Nord au cours du XIXe siècle et se faisant témoins d'une culture qui connut son crépuscule quelques décennies après. Le visiteur entamera ensuite une aventure pleine de sensibilité dans l’univers dessiné de Yakari et de ses créateurs. Avec une sélection d'une quarantaine de planches originales du dessinateur Derib et des explications données par le scénariste Job, les plus jeunes comme les moins jeunes découvriront les mythes et légendes amérindiens à travers leurs personnages fétiches comme le cheval Petit Tonnerre, le totem énigmatique Grand Aigle, les castors malicieux ou encore le lapin magicien Nanabozo. Tambour de cérémonie et sa baguette Lakota/Dakota, XIXe - XXe siècle Bois, cuir, pigments, pointes de métal Zurich, Nordamerika Native Museum, 0000-NA-00114/00116 Ustensiles et armes indiens Karl Bodmer – 1832-1834 Gravure et aquatinte Zurich, Nordamerika Native Museum 1963-BO-03219 5 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Les deux auteurs DERIB+JOB Rien ne prédestinait André Jobin, né le 25 octobre 1 927 à Délémont, à devenir scénariste de BD. Il obtient, à Lille, les diplômes de l'École supérieure de Journalisme et de l'Institut des Sciences sociales et politiques. En 1 953, il est engagé en qualité de rédacteur au quotidien Le Pays, à Porrentruy. Membre du Comité directeur du Rassemblement jurassien, il milite pour la création d'un 23 e canton helvétique. Après le vote du Conseil national en faveur de cet établissement, il crée à Delémont l'hebdomadaire Samedi-Jura, qui connaîtra une parution éphémère. En 1 964, Pro Juventute, l'éditeur de L'Écolier romand, cherche à faire de ce mensuel un hebdo traitant de l'actualité. Sollicité, André Jobin se lance dans l'aventure et devient rédacteur en chef – et unique rédacteur – du Crapaud à lunettes . C'est pour Le Crapaud à lunettes qu' André Jobin entreprendra avec le dessinateur Claude de Ribaupierre, alias Derib, la série des Aventures de Pythagore , la première expérience suisse d'envergure – après Rodolphe Töpffer – dans le domaine de la bande dessinée, qu'on n'appelait pas encore 9 e Art. Il prend alors, en tant que scénariste, le pseudo de Job. En 1 974, il lance le mensuel Yakari, dirigé un temps par son fils Christophe, dit Kiko, et qui cessera de paraître en 1 955. Tous les épisodes des aventures du petit Sioux – jusqu'au 22 e, La Fureur du ciel – ont paru en première exclusivité dans ce périodique sous la double signature de DERIB+JOB. Depuis 1 999, André Jobin et son épouse Monique vivent dans la garrigue nîmoise. 6 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Né le 8 août 1 944 à La Tour-de-Peilz, dans le canton de Vaud, Derib, de son vrai nom Claude de Ribaupierre, a fait ses premières armes de dessinateurs de BD à Bruxelles en entrant, à 20 ans, au Studio Peyo où il participe à l'album Le Schtroumpfissime . Il crée graphiquement entre deux schtroumpfs le personnage de Yakari en 1 963. En 1 969, pour le journal Spirou, il dessine les aventures médiévales du chevalier Arnaud de Casteloup sur un scénario de Charles Jadoul. Sur un scénario de Maurice Rosy, il met aussi en images les mésaventures humoristiques d'Attila, chien doué de la parole et agent du contre-espionnage helvétique. En 1 967, de retour en Suisse, Derib conçoit avec le scénariste Job Les Aventures de Pythagore, pour l'hebdomadaire Le Crapaud à lunettes. C'est pour cette même publication qu'en 1 969, DERIB+JOB créent le bestiaire enchanté du petit Indien Yakari. Il en résultera une série best-seller de quelque 38 albums aujourd'hui éditée par Le Lombard. En 1 971 , Derib entame une collaboration avec le journal Tintin et les Éditions du Lombard. Il y publie d'abord Go West, un western semiréaliste scénarisé par Greg. En 1 972, il y entreprend (scénario et dessin) la saga de Buddy Longway qui le fera connaître du grand public. En 1 981 , il écrit et dessine Celui-qui-est-né-deuxfois , une trilogie réaliste axée sur la culture amérindienne. En 1 988, il lui apporte un prolongement contemporain avec le cycle Red Road, quatre albums inspirés par les conditions de vie actuelles des Indiens d'Amérique du Nord. En 1 991 , Derib publie Jo, une BD qui met en garde les adolescents contre le danger mortel du sida et que diffuse notamment la Fondation pour la Vie qu'il a créée à cet effet. En 1 996, dans le même esprit et en partenariat avec le Mouvement du Nid, il dénonce les processus de l'exploitation sexuelle des jeunes dans Pour toi, Sandra. En 2002, après une interruption de quinze ans, Derib reprend la saga du trappeur Buddy Longway et l'amène à un épilogue attendu par des milliers de bédéphiles. Auteur éclectique et résolument humaniste, Derib est également la figure tutélaire de la BD suisse, dont il reçoit fréquemment les jeunes auteurs les plus prometteurs. 7 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Parcours de l'exposition Les Amérindiens Culture matérielle et fictionnalisation des Indiens d'Amérique Tipi miniature Frederick Weygold, Kentucky, vers 1900 Textile, cuir, pigments, bois Zurich, Nordamerika Native Museum 0000-NA-01075 L'Indien d'Amérique, ce noble sauvage chevauchant vers le soleil couchant. Cette vision romantique des Natifs d'Amérique du Nord, véhiculée par la culture du Western durant près d'un siècle, occupe notre esprit. Des romans comme les Histoires de Bas-de-Cuir (1 823-1 841 ) dont fait parti Le Dernier des Mohicans, de James Fenimore Cooper ou comme Winnetou (1 893) de Karl May, des spectacles comme « Buffalo Bill's Wild West » (vers 1 883-1 91 1 ), des films western mettant en vedette John Wayne ou des productions plus romantiques comme Danse avec les loups (1 990) avec Kevin Costner ou plus kitchs comme le Pocahontas des studios Disney, ont fortement influencé la manière européenne de percevoir les Natifs américains, occultant complètement la réalité ethnographique. Pour créer leurs propres « Indiens », les Européens et les Américains du XIXe et du XXe siècles se sont concentrés sur les tribus des Plaines, remarquables par leurs coiffes à plumes et leur mode de vie : la chasse au bison, la vie sous un tipi, l'équitation, la bravoure et leurs méthodes guerrières. La coiffe à plumes est devenue un symbole tellement attaché aux Natifs américains qu'aujourd'hui encore, certains Européens ignorent que les Amérindiens ne portent pas tous des plumes et que la culture des Plaines n'est qu'une culture parmi tant d'autres chez les peuples natifs d'Amérique du Nord. Des centaines de cultures différentes sont présentes en Amérique du Nord, parlant différentes langues et dialectes, et présentant une culture matérielle très diverse. Colonisation, résistance et anéantissement 8 On estime la population des Indiens d'Amérique du Nord à environ dix millions lors de la découverte des Amériques par Christophe Colomb en 1 492. En 1 890, décimés par les épidémies, les déportations et les guerres, seulement 300 000 d'entre eux survivaient dans les réserves. En 1 763, la Proclamation royale, qui fut une des raisons du soulèvement des colonies américaines, donnait les Appalaches pour frontières entre les possessions européennes et les territoires amérindiens, les tribus ayant été déjà expulsées vers l'intérieur des terres. De 1 790 à 1 840, l'armée des États-Unis déporta de nombreuses tribus au-delà du Mississippi jusqu'à la Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Parcours de l'exposition région des Plaines où rapidement, toutes ces tribus rivalisèrent pour le contrôle des ressources et des territoires. Elles connurent alors une longue histoire de résistance contre la colonisation euro-américaine, avec une période particulièrement intense durant l'époque du « Wild West » aux alentours de 1 840 à 1 900, appelée les Guerres indiennes. Un des épisodes les plus connus reste la bataille de Little Big Horn, en 1 876, qui opposa le lieutenant-colonel Custer et le 7e de cavalerie, aux Sioux de Sitting Bull et aux Cheyennes de Two Moon pour le contrôle des montagnes aurifères des Blacks Hills, territoires sacrés amérindiens. La victoire des Natifs sur les forces euro-américaines fut écrasante et marqua pour longtemps les esprits. Malgré cette résistance, l'armée vainquit les dernières tribus vers la fin du XIXe siècle et les forcèrent à s'installer dans des réserves où leurs cultures dépérirent. Coiffe à plume XXe siècle Textile, plumes Berne, Bernisches Historisches Museum 1985.130.95 Mocassins de femme perlés Fin du XIXe – début du XXe siècle Cuir, perles de verre Zurich, Nordamerika Native Museum 1935-NA-00290 Les Suisses à la rencontre des Amérindiens Les Suisses et l'Amérique En 1 81 5, il y a maintenant deux cents ans, le Bernois Rudolf von Steiger (1 787-1 857), mercenaire au service britannique au Canada, peignit les délégués indiens venus rendre visite à George Prévost (1 767-1 81 6), gouverneur général de l'Amérique du Nord britannique, et qui était par ailleurs d'origine suisse. Rudolf von Steiger fait partie d'une longue tradition de peintres suisses ayant dépeint l'Amérique du Nord. Les liens entre la Suisse et les peuples indigènes d'Amérique du Nord sont nombreux et vieux de 450 ans. D'après les sources connues, Diebold von Erlach (1 541-1 565) fut le premier Suisse à avoir posé le pied dans le Nouveau Monde. Il avait pris part à l'expédition française de 1 564 qui avait pour mission de contrôler la Floride. Mais l'expédition fut anéantie durant les conflits avec les Espagnols. Le XVII e siècle vit alors le début de l'émigration suisse vers le Nouveau Monde. Au début du XVIII e siècle, Christoph von Graffenried (1 661 -1 743) établit une colonie de Suisses et d'Allemands palatins dans le nord de la province de Caroline, aujourd'hui la Caroline du Nord. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, de nombreuses colonies suisses furent fondées sur le continent, dont New Bern (en Caroline du Nord en 1 71 0), New Helvetia (l'actuelle 9 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Parcours de l'exposition Sacramento en Californie, en 1 839) et New Glarus (dans le Wisconsin en 1 845). L'un des premiers Suisses à avoir laissé un nom parmi les américanistes fut John Webber (nom anglicisé de Johann Wäber, 1 751 -1 793). Ce fils de Bernois, né à Londres, voyagea vers la côte Nord-Ouest de l'Amérique du Nord au cours du troisième périple de James Cook dans l'océan Pacifique (1 7761 780). En tant qu'artiste officiel de l'expédition, il fut l'un des premiers à laisser des témoignages visuels des indigènes et des paysages de ces régions. Karl Bodmer l'ethnographe Karl Bodmer (1 809-1 893) de Zurich voyagea à travers l'Amérique du Nord en compagnie de l'anthropologiste et naturaliste allemand Maximilian, prince de Wied (1 782-1 867) dans les années 1 832-1 834. En 1 81 5-1 81 7, le prince de Wied conduisit une première expédition au Brésil, dont les descriptions dans ses journaux sont agrémentées de peintures de sa main. Considérant ses talents inférieurs à ceux d'artistes expérimentés, il décida d'engager un peintre professionnel pour son expédition en Amérique du Nord. Bodmer quitta Zurich en 1 828 pour s'installer à Coblence, où il attira l'attention du prince alors qu'il exécutait des vues du Rhin et de la Moselle destinées à la vente aux touristes. Ils partirent donc pour l'Amérique du Nord et leur voyage suivit le même itinéraire que celui du peintre américain George Catlin (1 796-1 872), connu pour ses peintures d'Indiens. Depuis la côte Est, ils descendirent la rivière Ohio pour remonter le Missouri jusqu'à Fort Union, à la frontière des actuels États du Dakota du Nord et du Montana. Bodmer documenta les paysages du nord des États-Unis et les cultures amérindiennes qu'ils rencontrèrent. En 1 834, ils repartirent vers New-York pour prendre le bateau en direction de l'Europe. Catlin, Wied et Bodmer ont été les derniers explorateurs à pouvoir documenter la culture mandan dans la première moitié du XIXe siècle, avant que la petite vérole n'extermine 90 % de cette population. À la suite de l'épidémie, les survivants des Mandans et des tribus voisines Hidatsa et Arikara se regroupèrent dans un seul village. Leur sort a sans doute influencer cette image d'une « race mourante ». 10 Pehriska-Ruhpa. Guerrier Mannitarri costumé pour la Danse du Chien Karl Bodmer – 1832-1834 Gravure et aquatinte Zurich, Nordamerika Native Museum 1963-BO-032210 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Parcours de l'exposition Rudolph Friedrich Kurz l'esthète Le Bernois Rudolph Friedrich Kurz (1 81 8-1 871 ) de Langnau se donna pour mission de documenter la culture des Amérindiens avant qu'ils ne disparaissent. Peintre expérimenté, il passa quelques années à Paris, où il rencontra Karl Bodmer et Alexander von Humboldt. Comme Bodmer avait déjà exploré la région du Missouri supérieur, Kurz décida de partir pour l'actuel sud-ouest des États-Unis, alors territoire mexicain, et d'y rencontrer des Natifs américains qu'aucun peintre n'avait étudiés. En 1 847, il arriva à la Nouvelle-Orléans, mais le déclenchement de la guerre américano-mexicaine en 1 848 l'obligea à changer ses plans. Il partit pour Saint-Louis puis pour Saint-Joseph, Minnesota, où il travailla comme cafetier jusqu'en 1 850. Là, il rencontra les Iowas dont il exécuta de nombreux dessins et aquarelles. En 1 851 , il s'occupa du commerce de fourrure et remonta le Missouri jusqu'à Fort Union. Durant ses déplacements, il rassembla une large collection d'objets qu'il vendit en partie pour financer ses voyages vers la Suisse. Ses carnets à dessins et ses peintures, faisant désormais partie de la collection du Musée historique de Berne, montrent son goût pour l'esthétisme des corps chez les Amérindiens. Sans nom Rudolph Friedrich Kurz – vers 1851 Gouache sur carton Berne, Bernisches Historisches Museum, 1995.404.165 Frank Feller le témoin Le Bernois Frank Feller (1 848-1 908), de Bümpliz, actif à Londres en 1 870, est connu pour ses peintures de bataille. Bien que moins célèbre et moins bien documenté que Karl Bodmer ou que Rudolph Friedrich Kurz, il laissa un certain nombre de dessins et de peintures qui témoigne de l'époque des Guerres indiennes, dont la fameuse bataille de Little Big Horn en 1 876, durant laquelle l'armée euro-américaine subit une lourde défaite face aux Amérindiens. On peut voir dans ses peintures des guerriers natifs américains théâtralisés, au crépuscule de leur civilisation. Un portrait dépeint aussi le célèbre lieutenant-colonel George Custer (1 839-1 876), mort à l'issue de la bataille de Little Big Horn. Comme Bodmer, Feller utilisait plusieurs croquis, très détaillés, pour composer de plus larges peintures et ses scènes de bataille. Avec Feller s'achève la tradition des peintres américanistes suisses avec le développement de la technique de la photographie, qui avait déjà commencé à remplacer la peinture depuis les années 1 840. Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes George Armstrong Custer (1839-1876) Frank Feller – moitié du XIXe siècle Gouache sur carton Berne, Bernisches Historisches Museum, 1971.410.13 www.penthes.ch 11 [email protected] Parcours de l'exposition L'univers de Yakari Un grand duc et un petit Sioux : l'histoire d'une double paternité Dès qu'il commença à animer Le Crapaud à lunettes, André Jobin comprit assez vite que son journal devait publier une bande dessinée. Il esquissa donc un scénario mettant en scène Ketty, Matthieu et Octane, trois enfants sortis victorieux d'un concours de modélisme automobile lancé par lord Traf Phalgar, un généreux mécène. Il rencontra alors Derib, Claude de Ribaupierre, qui venait de faire ses classes sur les bancs de l'École de Marcinelle où brillaient ses phares : Franquin, Jijé et Peyo. Et c'est ainsi qu'aux côtés du bédéiste qui avait affûté ses crayons dans l'atelier de Peyo, le journaliste apprit le B.A-BA de son deuxième métier : scénariste de BD. Ils créèrent le personnage de Pythagore, le fantasque hibou , dont le premier épisode, sous-titré « Contre Brazerro », débuta, en noir et blanc, dans Le Crapaud à lunettes du 6 janvier 1 967, à la cadence d'une planche par semaine. C'est ce jour-là qu'apparut pour la première fois, dans la presse, la double signature Derib+Job. Après la publication de cet épisode, les abonnés réclamèrent un album « tout en couleurs ». Alors que les dernières planches d'Opération « Rhino », le deuxième épisode des aventures de Pythagore, paraissaient dans Le Crapaud, Derib retrouva dans ses cartons un petit Sioux à califourchon sur son poney pie. Il l'avait dessiné un soir de grand cafard bruxellois, du temps où il travaillait chez Peyo. D'instinct, Derib baptisa Yakari l'enfant de la Prairie. Il proposa à Job de raconter son histoire. D'emblée, le scénariste trouva le nom de Petit Tonnerre pour celui qui allait se révéler un fougueux mustang. Abandonnant momentanément Pythagore, Derib et Job firent vivre le petit Sioux et son univers dans Yakari et Grand Aigle. Puis ils retournèrent à leur hibou dans Les Géants de la Toundra. Mais contrairement à ce qui avait été annoncé en son temps, le quatrième épisode, Pythagore chez les Dauphins ne paraîtra pas, l'imagination des auteurs ayant été captée sans partage par Yakari. 12 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Parcours de l'exposition Un succès international Avec 38 albums sur quarante années de travail , Yakari est devenu un véritable phénomène. Et en plus de parler aux animaux, Yakari a appris 24 langues afin de conter ses aventures aux enfants du monde entier, en allemand ou italien, en norvégien, suédois et finnois, en corse, breton, occitan et catalan, et jusqu'en chinois mandarin, arabe et inuktitut, la langue des Inuits. La 39 e aventure de Yakari est désormais en préparation dans l'imaginaire de Job et de Derib. Yakari et les animaux. Tout un mythe ! André Jobin conte la mythologie des animaux et les rites indiens à travers des textes de sa main et une sélection d'une quarantaine de planches originales tirées des albums Yakari. Sont abordées légendes de l'ours, du loup, de l'aigle, du bison, des castors et même de l'orque, animal central dans la dernière aventure de Yakari. Masque pour la danse de l'orque Marcus Alfred, Kwakwaka'wakw (Kawkiutl), 2011 Bois de cèdre, peinture, textile Zurich, Nordamerika Native Museum 2012-NA-02778 13 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Parcours de l'exposition 14 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes Yakari au pays des loups Derib+Job – Le Lombard – 1983 www.penthes.ch [email protected] Parcours de l'exposition La Barrière de feu Derib+Job – Le Lombard – 1993 Yakari et la Tueuse des mers Derib+Job – Le Lombard – 2014 Les Seigneurs des plaines Derib+Job – Le Lombard – 1987 Le Grand Terrier Derib+Job – Le Lombard – 1984 Le Secret de Petit Tonnerre Derib+Job – Le Lombard – 1981 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch 15 [email protected] Parcours de l'exposition Celui qui est né deux fois La série Celui qui est né deux fois suit les aventures du Sioux Pluie d'Orage qui, sous les enseignements du chaman Ours qui court vite, deviendra un homme-médecine. Loin du ton humoristique et sensible des péripéties de Yakari, ces albums mettent en valeur de la façon la plus réaliste possible les rites, les coutumes et la vie des Lakotas au XIXe siècle, Derib reprenant ainsi l'esprit qui avait animé Karl Bodmer lors de son périple. Les Indiens Lakotas, descendants des tribus dont l'histoire est contée dans Celui qui est né deux fois, ont reconnu l'exactitude de la représentation de la culture de leurs aïeux dans le travail de Derib. Celui qui est né deux fois Derib – Le Lombard – 1983-1895 16 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Le commisaire d'exposition Camille Verdier a obtenu un Master en histoire et archéologie médiévales à l'université de Lyon et a intégré comme collaborateur scientifique l'équipe du Musée des Suisses dans le Monde, organe culturel de la Fondation pour l'Histoire des Suisses dans le Monde, à Genève. De 201 2 à 201 5, il a été chargé par la Fondation de coordonner l'installation des expositions René Burri – Utopia (201 3), Objectif Penthes. Tint'interdit, pastiches et parodies (201 4), Ici l'Afrique (201 4), Peter Knapp, Elles, 101 regards sur les femmes (201 4) et La Suisse par les Russes (201 4). En 201 5, il a œuvré comme cocommissaire de l'exposition à la réalisation de Suisse-Arménie. La collection Kalfayan, sur le chemin de la mémoire. En plus des expositions temporaires, il fait partie de l'équipe chargé de renouveler la scénographie de l'exposition permanente. Le catalogue Yakari. Les Suisses à la rencontre des Amérindiens Éditions de Penthes – 64 pages – 25.Le catalogue prend la forme d'un album de bande dessinée à couverture souple, dans le même format que le catalogue Tint'tinterdit. Pastiches et Parodies (Éditions de Penthes, 201 4) et Les Aventures suisses de Tintin (BCU Friburg, 201 3). Le graphisme a été développé par Grafix SA – Fribourg. Le catalogue reprend la structure de l'exposition et développe son contenu. Tirage : 1 700 exemplaires. 17 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Agenda et activités Un parcours d'exploration Munis d'un carnet d'exploration, les enfants pourront suivre Yakari à travers l'exposition et se mettre dans la peau de l'explorateur et dessinateur suisse Karl Bodmer. À l'issu du voyage, les petits Sioux en herbe découvriront l'apparence de leur totem protecteur : l'aigle, le loup, l'ours ou le castor. Un jeu de 7 à 1 2 ans. Un parcours pédagogique En partenariat avec l'atelier Mille et une Feuilles (www.1 001 feuilles.org), le Musée des Suisses dans le Monde propose des ateliers et des visites pour partir à la découverte des Natifs nord-américains et du monde sensible et drôle du jeune Yakari. Visite et atelier pour les 4-1 2 ans Les mercredis suivant de 1 4h à 1 6h : Visite pédagogique et accessible sur réservation à [email protected] octobre : 1 4 - 28 novembre : 1 1 - 25 décembre : 9 janvier : 6 – 20 Visite à compréhension facilitée : dimanche 8 novembre 201 5 de 1 4h à 1 6h Visite tactile et descriptive : dimanche 1 5 novembre 201 5 de 1 4h à 1 6h Visite en langue des signes : dimanche 24 janvier 201 6 de 1 4h à 1 6h Visite guidée sur réservation à [email protected] Plus d'information sur www.penthes.ch Conférences Derib exposera son goût pour l'histoire des Amérindiens et leur place de son oeuvre au cours d'une conférence. Date à confirmer, courant novembre 201 5 Une conférence réunira plusieurs auteurs autour de Derib pour évoquer l'histoire et l'avenir de la bande dessinée helvétique. Date à confirmer, courant janvier 201 6. 18 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] Le musée Le Musée des Suisses dans le Monde Niché dans un magnifique parc, le Château de Penthes abrite une institution unique en son genre : le Musée des Suisses dans le Monde, au cœur de la Genève internationale, où les visiteurs peuvent découvrir une histoire méconnue : celle des Suisses qui, de tous horizons, sont partis au-delà des frontières et ont contribué à forger le destin de leur pays d’accueil, créant ainsi un lien solide entre la Suisse et le vaste monde. Ainsi, le Château de Penthes célèbre l’ouverture de Genève et de la Suisse sur le monde en accueillant des expositions d’envergure qui questionnent le monde ! Ouvert du mardi au dimanche De 1 0h00 à 1 7h00 Fermé le lundi Domaine de Penthes 1 8 chemin de l'Impératrice CH - 1 292 Pregny-Chambésy www.penthes.ch Sponsor principal Les Amis de Penthes Fondée en 2002, les Amis de Penthes, de leur nom officiel la Société des Amis de l’Institut des Suisses dans le Monde, a pour mission de soutenir le développement des activités du Musée des Suisses dans le Monde et de son Centre de recherche et de documentation. 19 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected] L'affiche Une affiche originale Derib a créé pour l'exposition une affiche originale, sur laquelle Yakari chevauche le fougueux Petit Tonnerre, dans la plaine du Domaine de Penthes. Au loin, on devine la silhouette reconnaisable du château. Un petit puma se cache derrière le tronc du grand séquoïa foudroyé, alors que Grand Aigle veille sur le domaine depuis le ciel. Une invitation pour découvrir une exposition inédite à Genève ! Partenaires L'exposition a été rendue possible grâce à nos partenaires Harsch. The Art of Moving SRO-Kundig SA - Versoix Grafix - Fribourg AS'Créations La Mobilière PerspectivesArt9 En collaboration avec Nordamerika Native Museum - Zurich Bernisches Historisches Museum - Berne 20 Musée des Suisses dans le Monde - Domaine de Penthes www.penthes.ch [email protected]