Effet de la lumière artificielle sur les chauves

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Effet de la lumière artificielle sur les chauves
GIRAULT Apolline
N° de carte d'étudiant 21008651:
Année universitaire : 2012/2013
Mémoire de stage effectué à :
Muséum d'Histoire Naturelle de Bourges
Dans le cadre de la troisième année de Licence Biologie /
Ecologie
Effet de la lumière artificielle sur
les chauves-souris
Encadrant : Mr Laurent ARTHUR, conservateur-adjoint du
Muséum d'Histoire Naturelle de Bourges
Le contenu de ce mémoire est de la seule responsabilité du candidat et de l'organisme d'accueil et n'engage pas la responsabilité
scientifique de l'université
1
Description de la structure d’accueil
Un Muséum d'Histoire Naturelle a pour rôles principaux :
− la diffusion de la culture scientifique auprès du grand public
− la conservation du patrimoine :
− les collections
− le patrimoine naturel
Celui de Bourges est essentiellement financé par la Ville de Bourges. Le ministère de
l'enseignement supérieur est sa tutelle, et ponctuellement, il reçoit des aides financières par le
Ministère de l'environnement, le Conseil Général ou par du partenariat.
En plus de sa vocation première, ce Muséum a choisi de se spécialiser depuis 1987 dans l'étude des
chiroptères. Il effectue, entre autres, le recensement des sites connus, mène des actions de protection
et de sensibilisation en faveur des chauves-souris et contribue, par ses recherches, à la connaissance
de ces mammifères.
Le Muséum a permis de réaliser une série d'actions, avec le Conseil Général, la Ville de Bourges,
les bureaux d'études, les administrations, les communes et les associations, telles que :
− expertises environnementales diverses (inventaire, conseil en cohabitation, chantiers
environnementaux)
− gestion des ouvrages d'art et construction de nouveaux ponts favorables aux chauvessouris
L'association « Chauve Qui Peut » est la structure qui permet les transferts financiers pour les
actions en faveur des chauves-souris.
Description des activités
J'ai effectué mon stage au Muséum d'histoire naturelle de Bourges, du 08 avril au 30 avril 2013,
avec comme sujet d'étude l'effet de la lumière artificielle sur les chauves-souris. Cette étude est
traitée en deux parties distinctes :
− amorce du projet de modification de l'éclairage des monuments du département en
faveur de la biodiversité présente. Ce travail s'est partagé entre prises de contact avec les
différents partenaires et déplacements sur le terrain.
− la mortalité routière des chauves-souris le long d'une route partiellement éclairée (travail
effectué à partir de données chiffrées déjà existantes et de tracés)
Afin de pouvoir mener à bien ce projet, Laurent Arthur m'a apporté différentes formations
sur les chiroptères : reconnaissance des traces et indices, des espèces cavernicoles, distinction des
genres sortant de leurs gîtes (selon le comportement, l'heure,...). Autant de connaissances que j'ai pu
mettre en pratique lors des comptages à l'envol crépusculaire. Les autres stagiaires travaillant sur le
transit des chauves-souris le long d'une passerelle, j'ai pu bénéficier de formations sur l'acoustique.
J'ai appris à me servir d'une Batbox (détecteur transcodeur d'ultrasons en hétérodyne), d'un Anabat
(détecteur transcodeur d'ultrasons en division de fréquence) et à interpréter les signaux de ces outils.
Laurent Arthur ayant un certificat de capacité pour ces espèces, nous avons pu apprendre à
manipuler les chauves-souris et à apporter les soins nécessaires à une chauve-souris blessée.
J'ai aussi participé à des interventions de sensibilisation du grand public (école,...) et sur des
problèmes de cohabitation.
2
Introduction
Les chauves-souris font partie des mammifères les plus diversifiés et les plus dispersés
géographiquement. Elles forment, après les rongeurs, l'ordre le plus large des mammifères (1) avec
plus de 1200 espèces. En France, 34 espèces sont répertoriées. Au fil des siècles, elles ont appris à
cohabiter avec l'Homme et ont su tirer avantage des bâtiments. Ceux-ci sont maintenant
indispensables au maintien des populations d'espèces les plus anthropophiles. Cependant, ces
mammifères discrets sont aujourd'hui souvent menacés par cette cohabitation : pesticides, trafic
routier, pollution lumineuse...
La pollution lumineuse, concept tardif mis en avant en 1988, (2) est une véritable nuisance,
pour les animaux nocturnes. Elle s'est amplifiée avec l'augmentation de la population et
l'accroissement du milieu urbain. L'humain a besoin de lumière mais l'éclairage excessif et
inapproprié -notamment des monuments publics- peut provoquer une série en chaîne d'impacts
négatifs sur la biodiversité. (3)
La corrélation négative de la lumière sur les chauves-souris n'est plus à démontrer : retard
dans le temps d'émergence nocturne accompagné d'une perte significative des opportunités de
chasse (4), diminution de la croissance des juvéniles (5), augmentation de la demande énergétique
affectant le fitness et donc la reproduction (6)...
Un projet de modification de l'éclairage des monuments par le SDE18 (Syndicat
Départemental d’Énergie du Cher) a été proposé au Pays de Vierzon. Il s'agit d'économiser l'énergie
et de réduire les coûts financiers en remplaçant les éclairages actuels des façades d'églises par la
mise en place de réseaux de LED. En parallèle, le Pays de Vierzon a sollicité le Muséum de
Bourges en tant qu'expert chauves-souris, afin de préserver la biodiversité présente dans ces
édifices. Le Muséum va donc travailler de pair avec le Pays de Vierzon et le SDE18 afin de repenser
l'orientation de certaines nouvelles lampes LED pour laisser des zones d'ombre propices pour les
passages de ces mammifères crépusculaires.
Autre cause importante de mortalité chez les Chiroptères : le réseau routier en constante
expansion. Plusieurs études ont démontré l'accroissement de la mortalité des chauves-souris sur ce
réseau (7,8,9) Cependant, presque aucune étude ne s'est encore penchée sur l'influence de l'éclairage
routier lié à cette mortalité.
L’intérêt de ce projet est donc de faire un bilan sur l'effet de la lumière artificielle sur les
chauves-souris dans le département du Cher. Il s'articulera en deux études :
− amorce du projet de modification de l'éclairage des monuments du département en
faveur de la biodiversité présente. Quelles églises sont occupées ou favorables à
l'installation de chauves-souris ? Quelles espèces trouve-t-on ?
− la mortalité routière des chauves-souris le long d'une route partiellement éclairée. Le but
est de chercher s'il existe une corrélation entre l'implantation des lampadaires et l'endroit
où les cadavres ont été trouvés. Qu'en conclure selon les espèces présentes ?
Grâce aux résultats obtenus, il sera possible de repenser l'éclairage et de proposer, pour la
suite, des aménagements en faveur des chiroptères au niveau des églises.
À l'issue de l'étude sur la mortalité routière, nous pourrons peut-être aboutir à une meilleure
compréhension du comportement des chiroptères face à la lumière et mettre en place une gestion
plus judicieuse des éclairages routiers.
3
Éclairage et accessibilité des églises du Vierzonnais pour les Chiroptères
Au fil des siècles, les chauves-souris ont su tirer profit de l'architecture des églises. Elles
s'installent aussi bien dans les combles que sous la charpente, dans la nef à l'arrière des chemins de
croix... Ces monuments servent de gîte pour l'élevage des petits en période estivale, de site
d'hibernation et de site de swarming (site précis où les chauves-souris d'une grande aire
géographique se retrouvent pour l'accouplement lors de la saison de reproduction en automne).
Cependant la gestion de ces édifices pourrait poser problème pour la colonisation.
Le but de cette étude est de faire un bilan sur 22 communes du Pays de Vierzon sur un sujet
environnemental lié à l'éclairage des monuments. Nous cherchons à connaître l'incidence de la
lumière et l'accessibilité des églises aux chauves-souris.
I) Matériel et méthodes :
Dans un premier temps, un questionnaire (Annexe n°1 : Questionnaire envoyé aux
communes du Pays de Vierzon) a été envoyé par le Pays de Vierzon dans 22 communes afin d'avoir
connaissance de la présence de chauves-souris, de grillage anti-pigeons et d'éclairage des façades et
des combles des églises. Les mairies n'ayant pas répondues ont été contactées par téléphone par le
Muséum. Faute de réponses ou pour vérification définitive certaines églises ont été visitées afin
d'avoir les informations nécessaires. (Annexe n°2 : Réponses des 22 communes au questionnaire)
→ Prise en compte de l'éclairage :
Pour étudier l'accessibilité des monuments aux
chauves-souris, six églises ont été choisies pour être
prospectées selon les critères de l'éclairage et du grillage:
• trois églises possédant de l'éclairage de tous
les côtés et du grillage.
• trois églises n'ayant ni éclairage ni grillage.
On prendra en compte, pour toutes les églises, les
éclairages directs et les luminaires périphériques
Illustration 1: Éclairage de l'église et éclairages (éclairage public des routes, terrain de sport,...). De plus,
périphériques. Exemple de l'église de Nohant-en- on considère que l'éclairage est prépondérant par rapport
Graçay.
au grillage.
→ Prise en compte du grillage :
Quelques types de grillages sont dangereux pour
certaines espèces, comme le grillage à poules (5cm
d'ouverture), qui peut piéger les grandes espèces qui se
coincent les avant-bras dans les mailles. D'autres, ceux à
mailles plus petites, empêchent l'accessibilité des combles
pour des espèces comme les Rhinolophes qui accèdent au
bâtiment en volant. Certaines espèces de chauves-souris
peuvent toutefois coloniser l'église, malgré le grillage : les
espèces rampantes comme les Pipistrelles (genre
Pipistrellus), les Sérotines communes (Eptesicus
serotinus) et les Grands Murins (Myotis myotis) vontIllustration 2: Sérotine commune s'étant coincée
l'avant-bras dans du grillage à poules.
parfois pouvoir passer là où le grillage est mal posé.
Pour minimiser l'effet des variables externes de l'étude (milieu entourant l'église, présence
4
d'habitats favorables à proximité,…) nous avons choisi des églises se trouvant dans un même type
d'habitat favorable (présence d'arbres et d'eau à proximité).
• les églises possédant éclairage et grillage sont dans les communes de Nohant-en-Graçay,
Méreau, Poisieux.
• les églises n'ayant aucun de ces deux paramètres se trouvent à Quinçy, Saint Laurent et
Sainte-Thorette.
Les comptages s'effectueront à la fin du mois d'avril, lorsque les colonies sont déjà en grande partie
installées. Les conditions météorologiques devront être homogènes sur tout le département, le temps
doux, sans vent fort ni précipitations.
Les chauves-souris seront comptées à l'unité près et à la vue, lors du départ crépusculaire. Le plan
du bâtiment prospecté et la localisation des points de sorties observés seront à noter pour chaque
comptage, ainsi que le positionnement des diverses lampes éclairant l'église et les lampadaires
alentours. Les chauves-souris pouvant utiliser plusieurs sorties (Annexe n°3 : Schéma des différentes
possibilités de sorties empruntées par les Chauves-souris), il conviendra qu'il y ait au moins deux
personnes pour compter par église, l'idéal étant autant de personnes que de façades. Pour éviter les
doublons, chacun devra se concentrer uniquement sur sa façade et ne compter que ce qui en émerge.
Si rien n'est sorti 1h30 après le coucher du soleil et qu’aucun cri n’est perceptible, le gîte sera
considéré comme inoccupé et l'opération sera interrompue.
Afin de pouvoir déterminer l'espèce émergente, plusieurs indices sont à prendre en compte :
1. la taille :
- grosse espèce, de la taille d'un merle : Grands Murins, Grands Rhinolophes (Rhinolophus
ferrumequinum), Sérotines communes.
− petite espèce, de la taille d'un moineau : Pipistrelles, Murins à oreilles échancrées
(Myotis emarginatus), Petits Rhinolophes (Rhinolophus hipposideros), …
2. le comportement :
- des cris sociaux émis 10 minutes avant l'envol, audibles jusqu'à 20 mètres, à l'extérieur du
bâtiment : Pipistrelles, Sérotines communes,...
- si l'individu fait des allers-retours entre le site et l'extérieur comme un mouvement
pendulaire, ce sont probablement des Rhinolophes.
- si l'individu quitte le site d'un coup et vole en descendant, le long des structures avec un
vol lent pour disparaître dans la végétation, il s'agit probablement de Grands Murins ou d'autres
Myotis.
- si l'individu quitte le site d'un coup et file tout droit, il s'agit soit de Pipistrelles (vol haut et
rapide) soit de Sérotines communes.
3. l'heure de sortie :
- crépusculaire, du coucher du soleil à la première demi-heure après : Sérotines communes,
Pipistrelles, Rhinolophes...
- nocturne, d'au delà de 30 minutes à 1 heure 30 minutes après le coucher du soleil : les
espèces les plus lucifuges comme les Myotis.
Il faudra donc se trouver sur les lieux 30 minutes environ avant le coucher du soleil. Le coucher
du soleil est déterminé à l'aide du site http://www.leshorairesdusoleil.com/ avec Vierzon comme
station référence la plus proche.
En croisant ces trois facteurs comportementaux, nous avons de fortes probabilités de reconnaître
l'espèce, d'autant plus que nous disposons d'un détecteur d'ultrasons (Batbox) ou d'un Anabat.
5
II) Résultats :
Cf Annexe n°4 : Tableau récapitulatif des comptages de Chiroptères au niveau des églises.
•
•
•
•
•
→ Les églises éclairées
Aucune Chauve-souris n'a été aperçue dans les églises de Nohant-en-Graçay et Méreau.
L'église de Poisieux se situe dans le village à une centaine de mètres d'un étang. Lors du
comptage, entre 21h10 et 21h20, nous avons aperçu une colonie de 25 individus du
genre Pipistrellus émergeant de l'édifice. Entre temps, d'autres espèces sont sorties de
leur gîte plus loin dans le village. Toutes ces chauves-souris tournaient autour de l'église
avec un comportement de chasse. L'éclairage des façades s'est allumé à 21h37. Deux
minutes plus tard, plus aucune bête n'était visible et aucun son ne sortant de la Batbox
n'était audible. Nous pouvons émettre l'hypothèse qu'elles sont parties chasser vers
l'étang. Il est à noter que seulement deux éclairages sur quatre fonctionnaient. Les
chauves-souris sont sorties sur les deux façades où l'éclairage fonctionnait.
→ Les églises non éclairées
Selon les réponses du questionnaire, l'église de Quinçy n'était munie d'aucun éclairage ni
de grillage. Cependant, une fois sur place, nous avons constaté que les abat-sons étaient
grillagés et que les projecteurs d'un terrain de tennis adjacent éclairaient toute la façade
gauche de l'église. Pour cette dernière, seul un chiroptère du genre Pipistrellus a été
dénombré, émergent du côté resté dans l'ombre.
Pour l'église de Sainte-Thorette, cinq individus du genre Pipistrellus ont été aperçus
sortant du bâtiment. Trois autres ont été observés en train de chasser dans les environs.
De plus, une présence de Fouine (Martes foina) a été notée dans l'église (cri au niveau
des combles).
Parmi les églises suivies, l'église de Saint Laurent, ne disposant d'aucun grillage antipigeons, est celle avec la plus forte densité de chauves-souris. En effet, trois espèces
différentes ont été comptées à l'envol : une colonie de 16 individus du genre Pipistrellus,
2 Petits Rhinolophes et une colonie de 18 chauves-souris, probablement des Sérotines
communes. De plus, nous avons trouvé une colonie de Sérotines communes juste à côté
de l'église. Il est à noter que le côté de façade où la plupart des chauves-souris sont
sorties n'était pas du tout soumis aux éclairages publics alentours.
III) Interprétation et Discussion :
Pour l'ensemble des églises étudiées, les résultats des comptages sont cohérents. Deux sur trois
des églises éclairées ne servent pas de gîte pour les chauves-souris. L'église de Poisieux, cas
particulier, contient une colonie de Pipistrelles qui s'envole avant la mise en route des éclairages de
façade.
Toutes les églises ne possédant pas d'éclairage de façade sont peuplées de chiroptères. De plus, une
espèce très lucifuge, le Petit Rhinolophe, a été recensée à l'église de Saint Laurent ; église, de plus,
non munie de grillage. Observation intéressante : toutes les chauves-souris - Pipistrelles incluses quittant le gîte semblent sortir par les endroits les moins éclairés. La présence de zone d'ombre est
donc une variable essentielle pour le passage de ces mammifères lucifuges.
Toutes les églises étudiées se trouvent dans un habitat favorable : existence d'eau à proximité de
l'église (étang, cours d'eau, lavoirs,...) , présence d'arbres autour du monument et de boisements plus
ou moins importants aux alentours. Pour s'ajouter à ceci, les toitures de ces monuments sont toutes
en ardoise. Ce matériau est apprécié des chauves-souris car il conditionne des gîtes chauds ce qui
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est idéal pour l'élevage des petits. Preuve que l'éclairage a un rôle déterminant dans la colonisation
du site.
IV) Conclusion :
Les églises, par leur diversité de gîtes, servent à maintenir les populations et permettent un
brassage génétique non négligeable, pour les espèces comme les Pipistrelles où elles servent de site
de swarming (Com. Pers. L. Arthur). D'un autre côté, les normes de construction actuelles tendent à
supprimer tous les espaces inoccupés favorables à ces mammifères. En effet, la mise en place de
systèmes d'isolations plus performants dans les habitations va occasionner une raréfaction de lieux
de mise-bas pour les chiroptères anthropophiles. Les églises vont donc être de plus en plus
recherchées par les colonies qui n'auront plus accès à leurs anciens sites d'estivage. Toutefois,
l'éclairage rend les sites rédhibitoires pour l'installation des chauves-souris. La raréfaction des sites
ne pourra pas être compensée ce qui pourrait induire une diminution des populations au niveau
local.
Les éclairages dotés d'une minuterie servant à éclairer du coucher du soleil à minuit partent d'une
bonne intention ( Arrêté du 25 janvier 2013 relatif à l'éclairage nocturne des bâtiments non résidentiels afin de
limiter les nuisances lumineuses et les consommations d'énergie). Mais cela ne résout en rien les problèmes
liés à la faune sauvage car c'est exactement le créneau de sortie des espèces nocturnes. Il impacte
donc la faune de la même manière que les éclairages restant allumés toute la nuit.
Il est donc nécessaire de toujours laisser une zone d'ombre propice aux passages des chiroptères.
Pour rendre les églises plus accessibles aux chauves-souris, il convient aussi de conserver au
minimum un abat-son ouvert sur un coté dans une zone obscure ou de mettre en place des
ouvertures ou des dispositifs afin que des espèces comme les Rhinolophes puissent coloniser les
églises. Il serait également judicieux de mettre en place des prototypes de « hottes » au niveau des
abat-sons, qui permettent aux chauves-souris de pénétrer dans l'église mais empêchent les pigeons
de passer. Ce dispositif fait d'ailleurs l'objet d'une demande de projet Ambre par le Muséum de
Bourges et le Pays de Vierzon pour les années à venir. → Annexe n°5 : projet Ambre.
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Mortalité routière liée à l'éclairage de la route RD2076 en limite de la zone Natura
2000 Carrières de Bourges.
Le but de cette étude est de chercher s'il existe une corrélation entre les éclairages le long
d'une route et les endroits où ont été trouvés des cadavres de chiroptères.
L'étude se situe sur une route à grande circulation, de 16 mètres de large, sur deux
kilomètres de distance et est soumise à un éclairage partiel par des lampadaires de 8 mètres de
hauteur.
Pour les années 1998, 1999, 2001 et 2002, du mois de Mai au mois d'Octobre, des cadavres de
chauves-souris trouvés le long de la route RD2076 ont été ramassés une fois par semaine. Il n'est
pas tenu compte du prélèvement des prédateurs, qui fait perdre une grande quantité de cadavres
(9).Tous les cadavres n'ont pas pu être déterminés et seuls ceux allant jusqu'à l'espèce seront utilisés
pour les données statistiques.
Ces données n'avaient encore jamais été exploitées et ont été ressorties pour la présente étude.
Les lampadaires sont espacés d'environ 40 mètres et chaque lampadaire émet un cône lumineux
stable d'une quinzaine de mètres de rayon, de sorte qu'il y a une zone de moindre éclairage entre
chaque lampadaire. De ce fait, il n'y a des lampadaires que sur un côté à la fois.
Illustration 3: Exemple de route éclairée avec des
lampadaires émettant un cône lumineux d'une quinzaine de
mètres.
I) Matériel et méthodes :
Les cadavres trouvés ont été annotés sur un plan de façon précise, et c'est à partir de ce plan
que les distances entre cadavres et lampadaire le plus proche ont été mesurées.
Quand certaines chauves-souris sont trouvées entre deux lampadaires, on ne prend en compte que la
distance la plus courte.
Pour tous les résultats, il peut y avoir une marge d'erreur de 2-3 mètres, entraînée par la projection
du corps due à l'impact du véhicule, qui ne peut être calculée.
Sur les quatre années, 91 cadavres ont été répertoriés et déterminés jusqu'à l'espèce sur la zone
d'étude.
→ Annexe n°6 : Tableau récapitulatif de la mortalité routière sur les quatre années.
Les deux kilomètres de la zone de prospection n'ont pas été couverts de la même façon d'une
année sur l'autre. Pour éviter une trop grande variance des distances, nous allons faire la moyenne
des zones éclairées et des zones d'ombre sur les quatre années afin d'obtenir une longueur moyenne
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exploitable.
À l'aide du nombre d'individus répertoriés et des pourcentages des zones éclairées et des zones
d'ombre, nous allons pouvoir calculer le nombre théorique d'individus dans chaque zone, et le
comparer aux effectifs observés à l'aide d'un test statistique.
La Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) et la Pipistrelle de Kuhl (Pipistrellus kuhli) ,
espèces peu lucifuges, seront traitées séparément pour les calculs statistiques. Sans compter les
Pipistrelles, nous avons donc 38 individus, toutes espèces confondues.
II) Résultats :
Le tableau du nombre de cadavres sur les quatre années fait ressortir une grande différence
de proportion. Certaines espèces sont représentées en très petites proportions : seul deux Grands
Rhinolophes (Rhinolophus ferruquinum) ont été répertoriés. De même, on ne retrouve qu'un Murin
de Natterer (Myotis nattereri) et deux Grands Murins (Myotis myotis). On remarque que les
Pipistrelles communes sont très nombreuses, leur effectif représentant plus de la moitié de l'effectif
total.
Pour avoir les effectifs théoriques, il faut donc calculer la longueur de la route éclairée (Le)
et la longueur de route dans l'ombre (Lo) afin d'avoir le pourcentage de zone éclairée ( Le/ Lo+Le)
et le pourcentage de zone d'ombre (Lo/Lo+Le).
→ Pour l'année 1998, la longueur de zone éclairée est de 4,64km et la longueur de la zone
d'ombre est de 647m. Pour l'année 1999, la zone éclairée fait 3,405km et la zone d'ombre fait
1,013km. Pour l'année 2001, la zone éclairée est de 2,983km et de 818m pour la zone d'ombre. La
zone éclairée, en 2002, fait 3,499km et la zone d'ombre fait 1,083km.
Cela nous fait une zone d'éclairage moyenne de 3,632km et une zone d'ombre de 890m.
→ Le pourcentage de zone éclairée (%Le) est donc de [3,632/(3,632+890)]*100 = 80,32 %.
On en déduit le nombre théorique de chauves-souris en zone éclairée :
Ne = 38 * %Le = 31 individus
→ Le pourcentage de zone d'ombre (%Lo) est de [0,890/( 0,890+3,632)]*100 = 19,68 %.
On en déduit le nombre théorique de chauves-souris dans la zone d'ombre :
No = 38 * %Lo = 7 individus.
Sur les quatre années, nous avons observé 11 individus dans les zones éclairées et 27 individus dans
les zones d'ombre.
Distance
Nb de cadavres
< 15 m
1998
1999
2001
2002
Total
>15 m
4
3
2
2
11
6
10
9
2
27
Tableau 1: Nombre de cadavres selon la distance aux
lampadaires sur les quatre années.
Nous allons réaliser des tests statistiques afin de voir si une corrélation entre présence de
lumière et mortalité routière apparaît.
→ Tests statistiques :
Hypothèse nulle H0 : La présence de lumière émise par les lampadaires n'influence pas
significativement la mortalité routière des chauves-souris.
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La variable explicative est la distance des cadavres par rapport au lampadaire le plus proche,
qui est divisé en deux catégories (plus ou moins de 15 mètres) : c'est une variable qualitative. Nous
allons comparer les effectifs théoriques et observés pour chaque catégorie de la variable. Pour cela,
nous allons utiliser un test du Chi².
→ Test du Chi² pour toutes espèces confondues, excepté le genre Pipistrellus :
La formule du Chi² observé est X² obs= Σ [(observé-théorique)² / théorique].
Nous obtenons un Chi² observé de [(11-31)²/31]+[(27-7)²/7] = 70,046.
Avec un degré de liberté de 1 et un seuil de 5%, le Chi² théorique est de 3,841.
X²obs > X²théo, on rejette H0. On en conclue de ce test qu'il y a une différence significative du
nombre de cadavres selon la distance au lampadaire. Lorsque l'on regarde le tableau, on peut voir
qu'il y a significativement plus de cadavres dans les zones d'ombre que dans les zones éclairées.
→ Test du Chi² pour les espèces du genre Pipistrellus :
Pour les Pipistrelles, nous utilisons aussi un test du Chi² afin de mesurer l'écart entre les fréquences
attendues et les fréquences observées.
51 cadavres du genre Pipistrellus ont été ramassés pendant ces 4 ans. Ce qui nous donne un
effectif théorique de Ne pip= 51 * 80,32% = 41 individus en zone éclairée et un effectif théorique
de No pip = 51 * 53,73=10 individus en zone d'ombre.
Pendant les quatre années, 10 individus ont été répertoriés dans les zones éclairées et 41 dans les
zones d'ombre.
Nous obtenons un X²observé de 119,539 et un X²théorique (1 ddl, 0,05) de 3,841. X²obs> X²théo,on
rejette H0.
Il y a une différence significative de nombre de cadavres du genre Pipistrellus selon la luminosité.
Il y a plus de mortalité dans les zones d'ombre.
III) Interprétation :
À l'aide des tests statistiques, nous avons trouvé que pour toutes espèces confondues, il y
avait significativement plus de cadavres dans les zones d'ombre que dans les zones éclairées.
Autour de la zone d'étude se trouve différents sites servant de gîtes aux chauves-souris. Selon le site
et sa période d'occupation, l'explication de la mortalité n'est pas la même. → Annexe n°7 :Plan des
différentes colonies par rapport à la zone étudiée.
• Les sites d'estivage :
− une colonie de Pipistrelles communes à l'Ouest, à 1,4 kilomètre de la zone d'étude
− une colonie de Pipistrelles communes au Nord à 2 kilomètres
− une colonie de Pipistrelles communes au Nord-Est à 2,3 kilomètres
− 200 Grands Murins à 200 mètres de la zone d'étude dans des carrières.
− une colonie de Grands Rhinolophes au Nord-Est, à 1 kilomètre de la zone d'étude.
− une colonie de Grands Rhinolophes, plein Nord, à 1 kilomètre de la zone d'étude
Ces sites sont occupés du mois de mars au mois de septembre. Pendant cette période, il y a activité
de chasse et de transit.
• Le site d'hibernation :
Autour de la zone d'étude se trouve aussi un site d'hibernation, se situant dans les Carrières
de Bourges, zone Natura 2000, et comprenant 600 Grands Rhinolophes, 60 Murins de Daubenton
(Myotis daubentoni), 120 Murins à Moustaches (Myotis mystacinus), 80 Petits Rhinolophes
(Rhinolophus hipposideros) et 2700 Grands Murins.
Toutes ces chauves-souris cavernicoles quittent leur site d'hibernation entre mars et mai et
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reviennent en août-septembre.
• Les colonies du centre ville :
Nous savons qu'il y a dans le centre de Bourges, 43 colonies de Pipistrelles, 4 colonies de
Sérotines communes (Eptesicus serotinus), une colonie d'Oreillards (genre Plecotus). Ces colonies
sont éloignées de la zone d'étude de plus de 2 kilomètres. Il y a donc peu d'interactions : sur les 43
colonies de Pipistrelles, beaucoup ne passeront pas sur le secteur d'étude.
Pour tous les sites, nous trouvons très peu de cadavres de Grands Rhinolophes, de Grands
Murins, de Murins de Natterer... alors que leur site d'hibernation se trouve à 200 mètres de la route
majoritairement éclairée et qu'elles chassent et transitent autour du secteur étudié. Une explication à
cette mortalité dans les zones d'ombre est l'évitement des zones éclairées. En effet, ces espèces étant
parmi les plus communes et les plus lucifuges (com. Pers. L. Arthur), elles vont fuir les zones de
lumière et vont transiter au niveau des zones d'ombre et être victimes de collision. La lumière
agirait donc comme un effet barrière pour les Grands Murins et les Grands Rhinolophes.
Nous savons que la Pipistrelle commune et la Pipistrelle de Kuhl ne sont pas considérées
comme des espèces lucifuges :elles n'hésitent donc pas à chasser près des éclairages publics qui
attirent les insectes (lampes à incandescence) (11). La route étudiée se trouve sur le territoire de
chasse et de transit des colonies les plus proches. Cependant, elles sont retrouvées, de façon
significative, plus dans l'ombre que dans les zones éclairées.
Nous pouvons émettre une hypothèse : il se peut que les Pipistrelles, même si elles savent exploiter
l'abondance de proies attirées par l'éclairage, semblent toutefois préférer transiter dans des zones
d'ombre. Elles feraient donc preuve d'opportunisme pour la nourriture mais resteraient lucifuges
comme toutes les chauves-souris pour leur transit. Cet opportunisme pourrait amener à un avantage
sur les autres espèces plus lucifuges. (11)
Le comportement face à la lumière est encore peu connu pour certaines espèces. Cette étude
peut permettre de renforcer certaines hypothèses.
Prenons l'exemple du Murin de Daubenton. 11 cadavres ont été ramassés dont 7 dans l'obscurité.
Théoriquement, nous devrions avoir 9 individus dans la zone d'éclairage et 2 dans l'ombre.
À l'aide d'un test du Chi², nous obtenons un X²observé de 15,278 et une X² théorique de 3,841. Le
X²observé étant supérieur au X² théorique,nous pouvons conclure qu'il n'y a pas de différence
significative entre le nombre de cadavres dans l'ombre et dans la zone éclairée. Le Murin de
Daubenton ne semblerait donc pas parmi les espèces les plus lucifuges des Myotis et peut-être
aurait comme une sorte d'indifférence vis-à-vis de la lumière artificielle.
IV) Conclusion :
Cette étude met en évidence le lien des éclairages de bordure de route et la mortalité routière
des chiroptères. De plus, la liste des espèces victimes de collision prouvent que toutes sont
concernées par cette mortalité.
Les espèces les plus lucifuges évitant le plus possible la lumière artificielle, ces éclairages routiers
pourraient permettre de les dévier et donc d'éviter les possibles collisions ; mais ceci aux détriments
d'espèces moins lucifuges et plus opportunistes comme les Pipistrelles communes.
Le but de cette étude n'est pas de remettre en cause la circulation routière, mais de constater l'impact
des éclairages routiers pour, par la suite, trouver des solutions et mieux prévoir les éclairages en
bordure de route.
11
Conclusion
Lors de cette étude nous avons pu voir que l'éclairage des églises et le grillage anti-pigeons
pouvaient rendre l'édifice inaccessible aux chauves-souris alors que ce sont des sites précieux pour
la reproduction et la protection de ces mammifères menacés. Il est donc nécessaire de les rendre
propices à la colonisation des chiroptères. Pour cela, il serait judicieux, pour les églises éclairées et
non colonisées, de faire des tests liés à l'éclairage : éteindre les éclairages de façades pendant au
moins une saison et observer s'il y a colonisation du site. Cela permettrait de savoir quelle église
pourrait être aménagée et comment par le SDE18. Les résultats obtenus vont donc permettre de
commencer le projet de modification de l'éclairage des monuments du département en faveur de la
biodiversité présente. Même si les LED ont le même impact que les lampes à haute pression de
mercure actuelles (4) , en gérant le flux lumineux de ces lampes moins énergivores de façon à :
• laisser une zone d'ombre propice aux passages des chauves-souris,
• diminuer l'éclairage inapproprié (2, 12,13),
ce projet répond aux demandes environnementales et écologiques actuelles.
Cette étude montre aussi le côté « répulsif » des éclairages routiers. En effet, nous avons
démontré que les chiroptères étaient plus fréquemment victimes de collisions dans les zones
d'ombre que dans les zones éclairées. Les éclairages publics auraient un effet « barrière » pour les
espèces très lucifuges comme les Grands Murins et les Grands Rhinolophes qui se feraient moins
heurter par le trafic routier. De plus, cette étude affirme le côté lucifuge des Pipistrelles pour le
transit. Ces résultats ne sont qu'une ébauche qui laisse la porte ouverte à d'autres recherches afin de
confirmer les résultats obtenus et de mieux comprendre ce phénomène. Cependant la gestion du
flux lumineux des éclairages routiers pourrait aussi permettre une meilleure conservation des
chauves-souris (12,13). Au niveau routier, pour les espèces les plus lucifuges, la lumière pourrait
ponctuellement être utilisée pour dévier les chauves-souris de là où existe les risque de collisions
vers des passages sécurisés afin de les faire traverser en toute sécurité.
La lumière artificielle est une nuisance pour ces mammifères protégés nocturnes (Convention de
Berne, Convention de Bonn, Directive Natura 2000) et les perturbations qu'elle occasionne vont à
l'encontre des lois européennes. Il est donc essentiel de mieux gérer le flux lumineux et de
considérer l'évaluation de l'impact de la lumière artificielle sur l'environnement, notamment pour les
chauves-souris anthropophiles.
12
Bibliographie :
1.
2.
3.
4.
Walker's Bats of the world, NOWAK R.N., 1994, The Johns Hopkins University Press.
Éclairage urbain responsable, NORPAC, IDDR, Fiche technique.
http://www.lifeatnight.si/en/
Conserving energy at a cost to biodiversity ? Impacts of LED lighting on bats. STONE E.L.,
JONES G. & HARRIS S., 2012, Global Change Biology.
5. The effects of the illumination of buildings on house-dwelling bats and its conservation
consequences, BOLDOGH S., BOBROSI D. & SAMU P., 2007, Acta chiropterologica vol
9(2).
6. Experimental evidence of light disturbance along the commuting routes of ponds bats
(Myotis dasycneme), KUIJPER D. P.J., SCHUT J., VAN DULLEMEN D., TOORMAN H.,
GOOSSENS N., OUWEHAND J. & LIMPENS H.J.G.A.,2008, extrait de "Lutra" n°51-1.
7. Diagnostic sur la mortalité de chauves-souris par collision, dans le Lot, sur FA 20 entre
Cahors nord et la Dordogne, et propositions d'aménagements. NERI K, Symbioses n°15,
octobre 2006 actes des dixièmes rencontres nationales « chauves-souris » de Bourges..
8. Quatre ans d'étude de mortalité sur deux kilomètres routier proche d'un site d'hibernation.
CAPO G., CHAUT J.-J. & ARTHUR L.,Symbioses n°15, octobre 2006 actes des dixièmes
rencontres nationales « chauves-souris » de Bourges.
9. Étude du transit des chauves-souris et aménagements autour de la rocade est de Bourges.
LEMAIRE M., ARTHUR L., MORIN A. & PREVOST C., Symbioses n°15, octobre 2006
actes des dixièmes rencontres nationales « chauves-souris » de Bourges.
10. Les chauves-souris maîtresses de la nuit, ARTHUR L., LEMAIRE M., 2009, Édition La
bibliothèque du Naturaliste, Delachaux et Niestlé.
11. Les Chauves-souris de France, Belgique, Luxembourg et Suisse, ARTHUR L., LEMAIRE
M., 2009, Éditions Biotope, Collection Parthénope.
12. Bats and lighting in the UK : Bats and the Built Environment Series, Bat Conservation
Trust, mai 2009.
13. Statement on the impact and design of artificial light on bats , Bat Conservation Trust, mai
2011.
Remerciements
Je tiens tout d'abord à remercier le Muséum d'Histoire Naturelle de Bourges de m'avoir accueilli
comme stagiaire. Je remercie particulièrement M. Arthur et Mme. Lemaire pour leurs précieux
conseils et la confiance qu'ils m'ont accordé tout au long de mon stage. Je tiens également à
remercier Emélie, Laurie et Nicolas, stagiaires au Muséum, pour leur aide et leur bonne humeur. Je
remercie particulièrement Gunther Capo qui a fait les ramassages le long de la route pendant quatre
ans et Jean-jacques Chaut qui a identifiés tous les cadavres. Enfin, je remercie tous les bénévoles
passionnés de Chauves-souris. Toutes ces personnes ont contribué, par leur disponibilité et leur
bonne humeur, à rendre mon stage enrichissant et motivant.
13
Annexe n°1: Questionnaire envoyé aux
communes du Pays de Vierzon
Enquête sur la présence de chauves-souris dans les églises du Pays de Vierzon
Les églises ont été au fil des siècles des bâtiments très appréciés par les chauves-souris pour y
élever leurs petits. Les combles sont chauds, tranquilles et personne n’y monte…
Aujourd’hui ces édifices ont souvent été aménagés et la plupart des colonies se sont rabattues vers
des maisons particulières ou des bâtiments administratifs, ne pouvant plus accéder au bâtiment
pour diverses raisons.
Le Pays de Vierzon et le muséum d’histoire naturelle de Bourges vont mener une étude sur les
églises du vierzonnais pour savoir combien d’entre elles sont encore colonisées par ces petits
mammifères volants. Pour ce faire, nous allons avoir besoin de votre aide et de quelques
renseignements.
Vous trouverez ci-dessous trois questions auxquelles on peut répondre en cochant une des
propositions suivantes.
Nom de la commune : ……………………………………………………………….
1 : Avez-vous connaissance de la présence de chauves-souris dans l’église de la commune ?
OUI → Nichent-elles plutôt dans : les COMBLES NON
le
CLOCHER -
la NEF
2 : L’église est-elle munie de système anti-intrusion pour les pigeons ?
OUI → S’agit-il de : GRILLAGE à POULES NON
AUTRE
(…………………………………………………)
3 : L’église est-elle éclairée la nuit par des projecteurs ?
OUI →
NON
sur la
FAÇADE UNIQUEMENT - A MOITIE -
DE TOUS
LES COTES
4 : si vous disposez de photo numériques de l’église, de jour ou de nuit, nous sommes preneurs :
vous pouvez les faire parvenir à l’adresse suivante : [email protected]
Merci beaucoup pour votre aide, et bien sûr, si vous connaissez une colonie de chauves-souris mais
dans un autre bâtiment de la commune, le muséum serait également intéressé.
Nous vous recontacterons dans le courant du mois d’avril pour peut-être faire un petit comptage
au crépuscule, quand les chauves-souris partent chasser les insectes.
Le Pays de Vierzon & Le muséum de Bourges
14
Annexe n°2 : Réponses des 22 communes du Pays de Vierzon au questionnaire.
Communes
Chery
Présence
Grillage
présence
éventuelle dans
grillage à poules
le clocher
Éclairage
non
Genouilly
non
non
à moitié
Graçay
non
grillage à poules
non
Mery-sur-Cher
non
grillage à poules
non
Nohant-enGraçay
non
petites mailles
tous les côtés, de la
tombée de la nuit à
minuit
Quincy
non
non
non
Sainte-Thorette
non
non
non
Lazenay
Saint Laurent
Birnay
Foëcy
Lury-sur-arnon
Poisieux
Vignoux-surBarangeon
Saintt Outrille
Massay
St geores sur la
Prée
Thénioux
Limeux
Preuilly
Cerbois
Méreau
oui
non
non
non
non
non
non
oui
sûrement
non
?
?
?
?
?
filets plastique
non
à moitié
non
en haut du clocher
grillage à poules
non
sur la façade
oui
non
grillage à poule
oui
non
oui
grillage à poules
sur le clocher
grillage sur ouverture au sol et sur l'église
grillage à poules
grillage à poules
non
grillage carré
grillage à poules
grillage à poules
un seul côté
non
non
non
devant
tous les côtés
15
Informations supplémentaires
Présence d'éoliennes à coté du
village
Éclairage prochainement de tous les
côtés, plusieurs colonies dans le
village
Présence de chauves-souris au
niveau de la laiterie
Projet de rénovation
Église éclairée jusqu'à 11h, toute
refaite, pigeons peuvent entrer dans
clocher
Présence de quelques pigeons.
Présence de beaucoup de pigeons
Annexe n°3 : Schéma des différentes possibilités de sorties empruntées par les Chauves-souris.
Sortie par trous
dans la toiture du
clocher
Sortie par les abats-sons
Sortie par des trous dans la toiture
Sortie par interstices entre
toiture du clocher et mur
Sortie par les interstices entre le
mur et la toiture (au niveau de la
charpente)
16
Annexe n°4 :Tableau récapitulatif des comptages de Chiroptères au niveau des églises.
Communes
Grillage
hermétique
Éclairage sur l'église
Orientation
Type
MEREAU
grillage à poules
hermétique
spot au sol de
chaque côté, en
direction des murs
NOHANT-ENGRACAY
grillage à poules
hermétique
spot au sol et sur
les côtés gauche
et droit
POISIEUX
grillage à poules
mais pas
hermétique
spot au sol de
chaque côté, en IP62 230V 50Hz
direction des murs
QUINCY
ST LAURENT
STE-THORETTE
grillage à poules
hemétique
pas de grillage
pas de grillage
/
/
/
Chauves-souris occupant l'église
Heure d'éclairage éclairages alentours
Couverture église
lampadaires de route à
50% + batbox
environ 5 m
/
/
/
21h37 côté gauche lampadaires de route
et droit devant et
(env. 15m.) allumés à 75% + batbox
derrière en panne
21h58
/
/
1 lampadaire à 5m
côté droit, 1
lampadaire à 10m
devant, éclairage
terrain tennis côté
gauche
lampadaires autour
( env. 10-15 m)
allumés à 21h17
/
Légende : ■ sites favorables n'ayant ni éclairage ni grillage
75% + batbox
espèce
endroit de sortie heure de sortie
Autres espèces
Conditions météorologiques
20°C, couverture nuageuse :
5% , pas de vent, pleine lune,
coucher du soleil à 20h54.
début comptage à 20h45, fait
le 25/04/2013
/
/
/
0
Environ 10 pipistrelles
chassant autour de
l'église
/
/
/
0
fait le 21/04/2013, 12°C, vent
3-4 pipistrelles en
faible, début comptage 20h40,
chasse plus loin
lune au ¾, heure du coucher
(entendues à la batbox)
du soleil 20h48
* trou toiture ou
mur
* petite + vol direct *trou abats-sons
*trou mur coté
droit
* trou toiture du
* petite + vol direct
clocher
*grosse+ vol
descendant
100% + 1 anabat
*grosse+ vol
posé coté gauche
descendant
et droit par
*petite+ vol droit
intermittence
*petite+ vol
pendulaire
100% + 1 anabt
Nombre
* 21h10, 21h22
*21h25
*21h17, 21h20
* 21h04
*abats sons
gauche
*21h15, 21h21,
*abats sons devant
21h25, 21h30
*interstice près du
*21h15
clocher, façade
*21h06, 21h09
gauche
*21h21
*abats sons
gauche
* trou toiture du
* petite + vol direct
clocher
* 19
*4
*2
individus genre
Pipistrelle et colonie de
Sérotines, en chasse
venant en direction du
village
*1
15°C, couverture nuageuse : 05%, lune au ¾, coucher du
Martinets, quelques
soleil à 20h51, vent très faible,
Pipistrelles en chasse
début comptage à 20h40, fait
le 23/04/2013
*6, 6, 2, 1
*3
*5, 11
*2
15 sérotines dans la
maison en face de
l'église ( env.10m) entre
21h16 et 21h35.
Noctules communes en
chasse captées par
anabat
20°C, couverture nuageuse :
5% , pas de vent, pleine lune,
coucher du soleil à 20h54,
début comptage à 20h45, fait
le 25/04/2013
*5
3 pipistrelles en
chasse. Présence de
Fouine occupant les
lieux.
18°C, couverture nuageuse :
5%, pleine lune, pas de vent,
coucher du soleil à 20h49,
début comptage : 20h40, fait
le 24/04/2013
■ sites favorables possédant éclairage et grillage
17
18°C, couverture nuageuse :
5%, pleine lune, pas de vent,
coucher du soleil à 20h54,
début comptage : 20h40, fait
le 24/04/2013
Annexe n°5 : Projet Ambre.
Appel à projet Ambre : églises et chauve-souris
La mise en place du Plan climat et les isolations systématiques des bâtiments en découlant vont
provoquer dans les décennies à venir une raréfaction de lieux de mise-bas pour les espèces
anthropophiles comme les chauves-souris. Les vastes charpentes des églises ne seront pas
concernées par ces mesures indispensables d'économie d'énergie. Réparties de manière homogène
sur tout le territoire, ces édifices pourront servir de gîte de repli pour beaucoup de colonies qui
n’auront plus accès aux autres bâtiments. Si toutefois les églises demeurent, ou redeviennent
accessible à ces espèces aux exigences spécifiques.
En 2013, la communauté de commune du Pays de Vierzon à sollicité le muséum d'histoire naturelle
de la Ville de Bourges pour une étude sur les potentialités d'une vingtaine d'églises du secteur à
accueillir des populations de chauves-souris. Il s'agit d'observer dans un premier temps l'incidence
sur les différentes espèces des éclairages mettant en valeur l'édifice. Un recensement des accès
potentiels au niveau des abat-sons et des autres ouvertures interviendra en parallèle pour juger s'ils
permettent aux Chiroptères une accessibilité aisée à l'intérieur des combles ou s'ils sont condamnés
par des huisseries étanches ou des engrillagements anti-pigeons.
Parallèlement à cette étude et suite à la mise en place par le Syndicat d'Electrification du Cher
(SDE), d'un programme de maîtrise de la consommation énergétique, il est prévu de remplacer les
éclairages actuels des façades d'églises par la mise en place de réseau de LED moins énergivores.
Les biologistes du muséum profiteront de la nouvelle scénographie lumière pour proposer, avec le
SDE, et en accord avec les communes volontaires, un protocole permettant de conserver dans
l'ombre les zones les plus propices aux passages de ces mammifères lucifuges. Toutes les églises du
Pays de Vierzon seront soumises à une étude et des diagnostics plus précis seront menés sur les sites
les plus intéressants : étude acoustique nocturne, visite des combles, comptage crépusculaire...Des
propositions pourront éventuellement être faites pour le reste de la faune sauvage nocturne, s'il
apparaissait que d'autres espèces sauvages occupent les lieux.
Pour chaque mairie désireuse d'encourager la prise en compte de sa biodiversité, une série
d'actions concrètes seront proposées sur la gestion des édifices et de leur périphérie :
- gestion des flux de lumière sur les façades et sur les axes de transits utilisés par les animaux
- maintien d'une ouverture minimum pour permettre l'accessibilité aux espèces les plus menacées
comme les Rhinolophidés et les Myotis.
- Pose de "hottes à chauves-souris", systèmes de chicanes filtrantes, spécifiques au passage des
chiroptères et interdisant le passage des pigeons.
Nous sollicitons une aide à projet d'Ambre pour aider au financement d'une partie de ces suivis,
pour la concevoir les prototypes de "hottes à chauves-souris", leur réalisation et leur pose sur place.
Chaque hotte sera étudiée pour correspondre à un édifice, avec l'accord des Bâtiments de France
pour ceux classés. Les hottes seront conçues en menuiserie, pérennes et posées par des artisans
locaux, aux endroits les plus propices et en accord avec les gestionnaires des lieux. Un suivi sera
effectué sur le long terme pour juger de l'efficacité des différents prototypes. Le but final étant que
les expériences tirées de ces aménagements puissent être étendues au delà du Cher, à l'ensemble de
la région Centre, voire au-delà pour que les économies d’énergie soient en plus compatibles avec la
protection de la faune sauvage.
18
Annexe n°6 : Tableau récapitulatif de la mortalité routière sur les quatre années.
espèces
Murin de
Daubenton
Pipistrelle
commune
Murin de
Beschtein
Oreillard
Barbastelle
Grand
Rhinolophe
Murin à
oreilles
échancrées
Murin à
moustache
Année
distance (m)
1998
1999
2001
2002
12
17
20
22
28
11,5
14
16
22
8
18
10,5
15
24,5
64
8
8
12
18,5
18
20
20
21
22
24,5
24
33
40,5
48,5
59,5
74
102,5
115
178
212
225,5
336
8,5
10,5
13,5
19
19
27
31
105
137
13
13,5
19
21
24,5
25,5
25,5
26,5
31
35
51
76,5
80
97
116
126,5
22,5
61
211
27
29
9,5
23,5
26,5
15
28,5
12
12
28
313,5
73,5
23,5
22
20
11,5
14
27,5
312,5 20,5 (juvé)
11,5
Pipistrelle
de Kuhl
Murin de
Natterer
Grand Murin
Légende :
18,5
21
235,5
24,5
29
■ Cadavre trouvé à moins de 15 mètres d'un lampadaire.
■ Cadavre trouvé à plus de 15 mètres d'un lampadaire.
19
Annexe n°7 : Plan des différentes colonies par rapport à la zone étudiée.
Légende :
■ colonie de Pipistrelles communes
■ colonie de Grands Murins
■ site d'hibernation
▬ Portion de route étudiée
20
■ colonie de Grands Rhinolophes
Résumé
La pollution lumineuse peut devenir une véritable nuisance pour la faune sauvage, et les
chauves-souris n'échappent pas à la règle. Le but de ce projet est d'analyser l'effet de la lumière
artificielle sur les chauves-souris à l'aide de deux études : l'éclairage et l'accessibilité des églises en
faveur des chauves-souris et la mortalité routière liée à l'éclairage public. Nous allons démontrer
que la gestion des églises influence la colonisation des chiroptères en faisant des comptages dans
des églises éclairées et non éclairées. En effet, l'éclairage mais aussi le grillage anti-pigeons peuvent
rendre les sites rédhibitoire à cette colonisation. De plus, l'étude sur la mortalité routière va nous
permettre de mettre en avant une corrélation négative de la lumière artificielle sur la mortalité des
chauves-souris. Autant de résultats qui montre bien que les chiroptères sont des mammifères
lucifuges et que leur protection doit aussi passer par celle de leur milieu. Ce projet propose donc,
pour la suite, une série d'actions concrètes visant la gestion des éclairages et l'accessibilité des gîtes
pour ces mammifères volants.
Abstract
Light pollution may be a real problem for wildlife and bats aren't an exception. The purpose
of this project is to analyze the effect of artificial light on bats with two studies : floodillumination
and access to churches for bats and road casualties related to road lighting. We will demonstrate that
the management of churches influence colonization by counting bats in lit and unlit churches.
Indeed, illumation and nettings against pigeons impede colonization. In addition, the study of road
casualties will allow us to highlight a negative correlation of artificial light on the mortality of bats.
Results which shows that bats are lucifugous mammals and their survival is linked to a good
management of their environment. This project proposes to run a series of concrete actions to
control lighting and accessibility of sites used by those flying mammals.
21

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