«Le piano, c`est une machine!»

Transcription

«Le piano, c`est une machine!»
MUSIQUE 39
jeudi 23 septembre 2010
«Le piano, c'est une machine!»
Rencontre avec le pianiste Francesco Tristano, entre baroque et boîte à rythmes.
Entretien avec notre journaliste
Romain Van Dyck
Malgré des prédispositions pour
le classique, vous êtes très tôt
parti explorer d'autres genres musicaux. Pourquoi?
Francesco Tristano : J'ai commencé mon apprentissage par la
musique classique, le piano, le solfège, et tout le cursus... Mais dès mes
débuts, j'ai senti le besoin d'improviser. Il y avait un piano à la maison,
c'est venu naturellement. Après, je
ne réfléchis pas en termes de genre.
La musique, c'est un continuum.
Quel est votre premier souvenir
sonore?
Ma mère est très mélomane.
Quand j'étais enfant, elle écoutait
tout aussi bien de la musique baroque, Ravi Shankar, Pink Floyd, ou
même Kraftwerk et Jean-Michel
Jarre... Après, je dirais que mon pre-
mier souvenir c'est soit Bach, soit
Vivaldi, car c'est une musique que je
reconnais tout de suite, et qui restera avec moi pour la vie.
Que représente Not for Piano, votre premier album à renfermer
vos propres compositions?
C'était une sorte de carte blanche
pour faire ma musique. C'est une
symbiose entre musique acoustique
et électronique.
Comme je l'ai
dit, ma façon de
composer s'est retrouvée très tôt
inspirée par la
musique électronique et le minimalisme,
cette
notion que les
Français appellent musique répétitive même si
je ne suis pas fan
de ce terme.
Sur certains morceaux, vous
semblez en effet rechercher un effet de transe, comme en techno...
C'est exactement ça. La transe est
quelque chose de très puissant, avec
des sons répétés mais qui deviennent un tout, sans narration à proprement dit. J'essaie de ne pas chercher forcément à assembler tous les
éléments, mais à me limiter sur
quelques-uns, et d'essayer de trou-
«
ver la plus grande variation dans la
répétition.
Des critiques ont estimé que cet
album n'était pas accessible car le
fossé entre musique électronique
et classique était encore trop
grand...
Là encore, c'est quand on réfléchit
en termes de genre. Moi je suis pianiste, donc dans ma création il y a le
piano, mais je
m'exprime aussi
dans ma composition, et l'électronique permet
une espèce de
prototype
de
nouveau piano,
de recontextualiser le piano au
XXIe siècle.
Certains considèrent peut-être
que le piano est
un instrument à
part qu'il ne faut surtout pas bidouiller comme une banale machine...
Mais justement, le piano c'est une
machine. Une machine très compliquée dans son mécanisme et qui a
une palette de sons hallucinante.
C'est une espèce de monstre qu'il
faut dompter. Moi, je le fais avec
l'électronique, mais on peut tout
imaginer.
«
Avec un CV long comme le bras (diplômé de la Juilliard School, fondateur
du New Bach Players Ensemble, plusieurs CD...), le Luxembourgeois Francesco Tristano aurait pu se contenter
de faire son trou dans le milieu feutré
de la musique classique. Mais ce nomade réfute l'idée de frontière, à la
vie comme à la scène. Quitte à customiser son piano avec tout ce que la
musique contemporaine permet...
L'idée que
la musique
doit être belle
est révolue
Chaque bruit est une musique?
Exactement. Depuis John Cage, et
il l'a dit il y a plus de 50 ans, l'idée
que la musique doit être belle est révolue. Pour moi, tout est musique.
La musique est dans la nature.
Quand on entend un oiseau chanter, ce n'est pas un bruit, c'est de la
musique.
Vous dites ça parce que vous
avez l'oreille absolue?
J'ai l'oreille absolue, mais ce n'est
pas pour ça que je le dis. La musique, c'est du son, pas plus, pas
moins. Une fois qu'on a compris
que la musique est faite de sons, et
non pas de fonctions harmoniques
qui plaisent à l'oreille et qu'on doit
respecter parce que c'est la règle, on
peut aller très loin.
Auricle Bio On, votre deuxième
album chez le label InFiné, tranche avec le premier : le piano est
très lointain, l'électronique omniprésente...
J'essaie de ne pas me répéter. Not
for Piano, contrairement au titre, disposait de beaucoup de piano. Alors
que Auricle, c'est même pas un peu
de piano, c'est pas de piano du tout.
Je fonctionne avec des samples, des
enregistrements de mes propres
prestations au piano.
Cet album comprend deux
morceaux... de plus de 20 minutes
chacun. Ce n'est pas comme ça
que vous allez passer en radio!
(rires) Non, mais je ne cherche pas
un public spécifique, je fais une musique qui m'est propre. En même
temps, Auricle a été nommé en 2008
dans le top 10 de plusieurs magasines et sites... Mais je n'imagine pas
qu'on écoute mon album en rentrant chez soi pour faire la vaisselle,
ce n'est pas une musique d'ambiance...
Vous vous produisez en solo au
Nancy Jazz Pulsations le 9 octobre. À quoi faut-il s'attendre?
Je vais certainement jouer les pièces qui sont dans ma tête ces joursci, donc surtout des morceaux de
mon prochain album.
Qui s'appellera?
C'est Idiosynkrasia, il sortira en novembre. Pour ce troisième album,
c'est encore une autre démarche. Là,
il s'agit vraiment d'album de studio,
avec synthé, plein de boîtes à rythmes, de logiciels... J'ai fait une espèce de musique de chambre entre
le piano et les instruments électroniques...
Vous faites aussi partie d'un
groupe, Aufgang, avec le pianiste
libanais Rami Khalifé et le batteur
Aymeric Westrich...
C'est encore une autre façon de vivre la musique. Là, c'est plus orienté
dance floor, on joue dans les festivals, c'est du gros son. On joue pas
mal, ça commence à bien marcher!
Avec tout ça, avez-vous le temps
de suivre un peu ce qui se passe au
Luxembourg?
Pas vraiment, malheureusement!
Je vis entre Luxembourg et Barcelone, mais la moitié du temps, je
suis en vadrouille. C'est la vie de nomade, avec ses contraintes, mais ça
ne me déplaît pas!
Francesco Tristano
DISCOGRAPHIE
Not for Piano (InFiné, 2007)
Auricle Bio On (InFiné,2008)
Aufgang (InFiné, 2009)
INTERNET
www.myspace.com/francescotristano
www.francescoschlime.com
Auteur de nombreux enregistrements baroques, Tristano multiplie également les projets transversaux, en solo comme avec son groupe Aufgang.
NEW'S ZIK
Pas de doute,
ils reviennent
Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule. Non
content de préparer un nouvel album, No Doubt
partira en tournée
pour le soutenir.
Le bassiste de la formation, Tony Kanal, promet en effet «plus de
concerts» et affirme que ceux-ci auront lieu «tout autour du monde».
Il se sera écoulé dix années entre la
sortie de Rock Steady en 2001 et celle
du futur album de No Doubt, prévu
pour 2011. Actuellement en studio, le
groupe a déjà enregistré neuf morceaux et continue sur sa lancée, dans
le cadre de son retour après une longue pause durant laquelle Gwen Stefani (photo) a notamment mené une
carrière solo à succès.
Infidélité
passagère
Steven
Tyler
(photo) ne cachait
pas son envie de
se lancer dans une
aventure en solo.
Ce sera bientôt
chose faite. Le
chanteur d'Aerosmith va sortir son premier single. Le
titre porte le nom de Love Lives et est
destiné à figurer dans la B.O. du film
japonais Space Battleship Yamato.
Alors que Joe Perry, le guitariste d'Aerosmith, avait laissé entendre que
Steven Tyler avait quitté la formation
sans donner de nouvelles, le chanteur
l'avait contredit, l'an passé. Au cours
d'un concert de Joe Perry - qu'il avait
rejoint le temps de jouer Walk This
Way - il avait affirmé : «Je veux que
New York sache que je ne quitte pas
Aerosmith.»
Indécis
Comment Radiohead va-t-il diffuser ses prochains
morceaux? Le bassiste Colin Greenwood (photo) indique que la formation a de nouveaux titres en réserve et réfléchit à leur diffusion
«dans un paysage numérique qui a
encore changé». Le musicien admet
que la distribution du dernier album
du groupe (In Rainbows avait été
vendu à un prix fixé par chaque acheteur) lui avait plu. Mais il regrette
aussi l'époque où la musique était
diffusée à travers un support physique...
Les nouveaux morceaux de Radiohead seront réunis dans un album
qui devrait voir le jour bientôt, avant
la fin de l'année espère le groupe.
Il en a sous
le chapeau!
Une
nouvelle
étape dans l'histoire du disque
vient d'être franchie. Jack White
(photo) a en effet
inventé une forme
inédite de vinyle,
baptisée Triple Decker Record, pour la
sortie du single Blue Blood Blues des
Dead Weather. L'objet se présente
sous la forme d'un 33 tours classique
que l'on peut écouter et ouvrir pour
ensuite dévoiler un 45 tours caché à
l'intérieur renfermant une chanson
inédite. En marge de cette trouvaille
technologique, Jack White poursuit
une carrière bien remplie, avec la sortie du deuxième album des Dead
Weather et celle du CD et DVD Under
Great White Northern Lights avec son
groupe phare White Stripes.
PROCHAINE DATE
Le 9 octobre, au festival NJP à
Nancy. Ticket : 18 euros.
Moonwalk
pour tous
Ce jeu vidéo ne
sera pas que pour
les enfants. «Michael Jackson : The
Experience» débarquera le 25 novembre. Il permettra de chanter et
danser (en rythme s'il vous plaît) sur
les chansons de feu le roi de la pop.
Disponible sur Wii et DS (ainsi que
Xbox 360 et PS3, début 2011), le jeu
proposera une dizaine des titres les
plus mythiques du chanteur. Bad,
Beat It, Smooth Criminals, Black or
White ou encore Billie Jean seront au
programme. De quoi ravir les amateurs de Moonwalk.
Une sortie qui pourra consoler les
admirateurs de Michael Jackson,
alors que se poursuivent les querelles
judiciaires autour de sa mort...