Revue de presse de juin 2011 - Fondation Médéric Alzheimer
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Revue de presse de juin 2011 - Fondation Médéric Alzheimer
Revue de presse juin 2011 : Articles reçus du 16 mai 2011 au 9 juin 2011 Sommaire numéro 69 Parole p2 Recherche sur la maladie — Diagnostic et détection p5 Recherche sur la maladie — Déterminants de la maladie p9 Recherche sur la maladie — Prévention p 13 Recherche sur la maladie — Thérapeutiques : approches biomédicales p 17 Recherche sur la maladie — Thérapeutiques : approches psychosociales p 20 Acteurs — Les Personnes malades p 30 Acteurs — Les Aidants / Les Familles p 36 Acteurs — Les Professionnels p 37 Repères — Politiques p 41 Repères — Initiatives p 58 Représentations de la maladie — Médias grand public p 62 Représentations de la maladie — Art et culture p 69 Ouvrages scientifiques et professionnels p 70 Faits et chiffres p 74 Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 1/77 Parole En cette année Mediator, la nébuleuse du médicament connaît parfois quelques turbulences. Les thérapeutiques biomédicales de la maladie d’Alzheimer n’échappent pas toujours à ces alertes. Prenons pour exemples deux molécules particulièrement symboliques de la lutte contre cette maladie : la mémantine et l’Aricept. L’efficacité de la première est plus que jamais contestée dans un nombre important de cas. Des experts des Universités de Californie du Sud, de l’Institut de santé publique de Cambridge et du groupe Cochrane de l’Université d’Oxford dressent, au terme de trois essais cliniques, un constat plus que mitigé : au stade léger, la mémantine n’est pas plus efficace qu’un placebo ; au stade modéré, la différence d’efficacité par rapport au placebo reste faible (Archives of Neurology, 11 avril). Quant à l’Aricept, il se heurte à une pétition de l’association Public Citizen de Washington auprès de l’agence de sécurité sanitaire américaine pour qu’elle retire du marché la formulation à vingt-trois milligrammes, récemment autorisée, - alors que le brevet du comprimé à dix milligrammes vient de tomber dans le domaine public. Le directeur de la recherche de Public Citizen a mis en avant que ce dosage fort pouvait entrainer des effets secondaires graves (www.aboutlawsuits.com, 20 mai ; www.agevillage.com, 23 mai). L’avenir n’est pas beaucoup plus encourageant. Même si les molécules actuellement en essai clinique de phase III (à grande échelle chez l’homme) réussissent à apporter la preuve de leur efficacité, ces médicaments n’éradiqueront pas la démence. Sans apporter d’effet curatif, ils pourraient contribuer à prolonger la durée de vie avec la maladie mais il est improbable que ces molécules arrivent sur le marché avant 2020. Ce sont quelquesunes des conclusions d’un groupe de prospective biomédicale réuni par la Fondation Médéric Alzheimer (Journal of the American Geriatrics Societies, 13 avril). On ne s’étonnera donc pas que la planète Alzheimer s’ouvre, de plus en plus, à d’autres perspectives. « Changer de mode de vie, d’alimentation, pratiquer une activité physique et sportive, engager un travail avec un psychologue… Pourquoi ces initiatives trouvent-elles difficilement leur place dans la prise en charge médicale alors qu’elles sont complémentaires aux traitements médicamenteux ? Comment un déséquilibre aussi important peut-il exister dans le recours à ces thérapeutiques, comparé aux traitements médicamenteux qui sont davantage mis en exergue dans l’opinion du public et des professionnels de santé ? » Ce n’est pas la Fondation Médéric Alzheimer qui pose, comme à son habitude, cette intéressante question, mais la Haute autorité de santé (HAS), à la demande de la direction de la Sécurité sociale du ministère de la Santé (www.has-sante.fr, 7 juin). Et la Haute autorité de pousser plus loin encore cette véritable révolution culturelle. Elle propose de réfléchir à « l’évolution de la façon dont la collectivité (professionnels et patients) se représente la notion de traitement. Les représentations collectives sont, à l’heure actuelle, principalement centrées sur l’action médicamenteuse dans une perspective curative. Il importe de promouvoir une conception plus globale de la notion de traitement dans laquelle les prises en charge médicamenteuses et non médicamenteuses apparaissent comme complémentaires dans un objectif à la fois curatif et préventif » (ibid.). Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 2/77 On ne saurait mieux dire. De nombreuses voix commencent à se faire entendre qui traduisent la même préoccupation. « Aucune spécialité médicale n’a l’expertise pour répondre à la complexité des problèmes cognitifs, physiques, sociaux et émotionnels associés à la démence », constatent, par exemple, Jacob Grant et ses collègues du département de psychologie de l’Université de Victoria (Colombie britannique, Canada). Et de préconiser une approche multi-disciplinaire de la maladie (Journal of Multidisciplinary Healthcare, 2011 ; 4). Les personnes malades sont souvent déjà prêtes à entendre ce discours. Peter Mittler est professeur émérite de psychologie clinique à l’Université de Manchester (Grande Bretagne). « En tant qu’ancien chercheur, écrit-il dans un éditorial de la revue Dementia, je salue l’engagement dans la recherche. Mais en tant que personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, je m’interroge sur le degré de priorité donné à la recherche bio-médicale par rapport à la recherche qui améliorerait la vie quotidienne et la qualité de vie des personnes atteintes de démence » (Dementia, 11 mai). Le principe est donc en train de s’afficher, ce qui constitue déjà un indéniable progrès. Mais quand commencera-t-il à se traduire dans la réalité de tous les jours ? A quand les ordonnances d’ergothérapie ou de musicothérapie remboursées par la Sécurité sociale ? Peut-être du reste le débat est-il en partie biaisé. Quand les autorités osent enfin parler de thérapeutiques non médicamenteuses, sans doute gardent-elles en réserve une restriction mentale : il faut, bien sûr, que ces modes de soin soient préalablement évalués. Mais que se passe-t-il quand l’avantage pour les personnes malades n’est pas évaluable ? Est-ce que l’on peut, par exemple, vraiment évaluer (c’est-à-dire, d’une certaine façon, quantifier), la supériorité éthique de telle ou telle pratique ? « La Fondation Médéric Alzheimer, rappelle son président, Bruno Anglès d’Auriac, a été amenée à expliciter les règles d’éthique qu’elle souhaite voir respecter dans les études auxquelles elle apporte son soutien ». Quand des personnes présentant des troubles cognitifs y sont impliquées, « il faut en particulier prendre en compte tous les risques que cette participation peut faire peser sur le bien-être, l’estime de soi, l’intimité ou la vie privée des personnes et de leur entourage ». Dans cet esprit, la Fondation « estime qu’un cadre d’éthique de la recherche commun à l’ensemble des disciplines des sciences humaines pourrait permettre de sensibiliser les chercheurs et les conduire à se poser les question en amont » (www.espace-ethique-alzheimer.org, www.fondation-mederic-alzheimer.org, mai 2011). C’est ainsi que la très sélective revue scientifique Nature ouvre ses colonnes à l’éthique du consentement éclairé des personnes atteintes de troubles cognitifs pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer (Nature Reviews Neurology, 24 mai). Ou encore que le service de gériatrie de l’Université de Lausanne propose aux professionnels un guide éthique en huit étapes sur l’alimentation artificielle des personnes âgées en incapacité grave » (Journal of Parenteral Nutrition, mai-juin 2011). On en arrive même parfois à des perspectives et des interrogations qui ne vont pas sans rappeler le 1984 de George Orwell : le Human Brain Project, en quête de financements européens, ne vise à rien de moins qu’à modéliser le cerveau humain sur un supercalculateur, capable de faire un milliard de milliards d’opérations par seconde. Le neurobiologiste français Jean-Pierre Changeux, qui s’est associé à ce projet en tant que responsable des dimensions éthiques, n’élude pas le risque d’une « manipulation des conduites humaines », d’un accès au « contrôle des pensées ». « Si on est capable de simuler un comportement, dit-il, on est aussi capable de le manipuler » (AFP, www.google.com, 19 mai). Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 3/77 Mais les moins évaluables, les moins quantifiables des thérapeutiques psychosociales, ce sont peut-être celles qui tournent autour de la notion de plaisir. C’est pourtant, paradoxalement, l’Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM) qui introduit ce concept dans son étude sur « l’accompagnement pluridisciplinaire au bénéfice de l’aidé, de l’aidant et du lien aidantaidé, dans les structures de répit et d’accompagnement ». Parmi les critères de la pertinence des interventions et de leurs effets, notons « l’autonomie, le plaisir de faire et la valorisation de la personne, le bien-être psychique de l’aidé et de l’aidant ». « L’individu se caractérise par sa singularité (…) Aussi les réponses à apporter aux besoins/désirs des personnes (de soins psychiques, de lien social, de réhabilitation) sontelles à personnaliser » (www.anesm.sante.gouv.fr, mars 2011). « Il est possible d’être malade et cependant d’être dans un état de bien-être. C’est ce sens du bien-être que visent les initiatives artistiques pour les personnes atteintes de démence », écrivent Katie Salisbury et ses collègues du centre de développement de services pour la démence de l’Université de Bangor (Pays de Galles). Outre une amélioration de la qualité de vie (à travers l’irruption du principe de plaisir), ces programmes apportent une aide à la communication non-verbale, à la réminiscence, à la re-découverte d’un certain sens de l’identité (Journal of Dementia Care, mai-juin 2011). Un mot, peut-être, nous fournit le mot-clé de toutes ces nouvelles démarches : le mot « parole ». C’est à juste titre, en effet, que l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer la définit comme « maladie de la communication » (www.espaceethique-alzheimer.org, mai 2011). Parole des personnes malades, qui sont, -il faut en faire l’hypothèse- capables de « parler pour elles-mêmes » (P. Mittler, in Dementia, op.cit.): il s’agit toujours d’écouter, mais aussi de décrypter et de respecter. Parole des soignants et des aidants : il convient de mener une réflexion sur la façon de dire ou ne pas dire, ou d’exprimer en ne disant pas. Parole sur la maladie et les personnes malades : sans doute faudrait-il commencer par réviser notre vocabulaire, par bannir ce que le sociologue Bernard Ennuyer appelle les « mauvais mots », ceux qui aboutissent à stigmatiser. Par quel mot remplacer « dépendance » ? (www.lejdc.fr, 21 mai 2011). Jacques Frémontier Journaliste bénévole Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 4/77 Recherche sur la maladie — Diagnostic et détection Programme européen sur les maladies neurodégénératives : biomarqueurs L’Agence nationale de la recherche (ANR) s’associe à la programmation conjointe sur les maladies neurodégénératives (JPND-Joint Programme in Neurodegenerative Diseases) pour lancer un appel à projets transnational : il s’agit d’encourager le développement de nouveaux biomarqueurs plus performants et l’harmonisation de leur utilisation en Europe. Cet appel à projets associe vingt pays, avec un budget de plus de quinze millions d’euros. Le comité exécutif de ce programme européen est présidé par le Français Philippe Amouyel, directeur général de la Fondation Plan Alzheimer. Le programme JPND comprend trois volets : recherche fondamentale, recherche clinique, services de santé. www.neurodegenerationresearch.eu/, 16 mai 2011. Malades jeunes : oubliés du diagnostic Une étude espagnole, menée par le centre Alzheimer de l’Université de Barcelone et portant sur quarante patients jeunes, âgés en moyenne de 54.5 ans et atteints d’une forme précoce de maladie d’Alzheimer (confirmée à l’autopsie), montre que la durée de la maladie est d’environ onze ans avec un délai au diagnostic de 3.1 ans. Dans plus d’un tiers des cas (37.5%), les personnes ne présentaient pas de troubles de la mémoire, 53% avaient eu un diagnostic initial incorrect, et 47% n’avaient toujours pas eu de diagnostic correct au moment de leur décès. Certains avaient des problèmes de vision, d’autres des troubles du langage ou encore des troubles du comportement. Au plan génétique, 59% de ces personnes présentaient un génotype normal pour le gène de l’apolipoprotéine E4 (ε3/ε3), la présence d’une forme mutante (ε4) étant trois fois plus fréquente chez les personnes ayant des antécédents familiaux de maladie d’Alzheimer. 45% des patients avaient une pathologie de démence à corps de Lewy concomitante, localisée dans la plupart des cas, et sans manifestation clinique importante. Pour le Professeur Florence Pasquier, du centre mémoire de ressources et de recherches (CMRR) de Lille et coordonnatrice du Centre national de référence pour les malades Alzheimer jeunes (CNR-MAJ), ces difficultés de diagnostic proviennent d’une part des médecins ayant du mal à détecter une maladie que l’on croit réservée aux personnes les plus âgées, et d’autre part dans l’acceptation de cette détection par la personne malade et sa famille. Balasa M et al. Clinical features and APOE genotype of pathologically proven early-onset Alzheimer disease. Neurology 2011; 76(20): 1720-1725. 17 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21576687. www.informationhospitaliere.com, 18 mai 2011. http://bigbrowser.blog.lemonde.fr, 17 mai 2011. www.nordeclair.fr, 17 mai 2011. www.agevillagepro.com, 23 mai 2011. Nouveaux critères diagnostiques américains : les réactions Le Professeur Bruno Dubois, directeur de l’Institut de la mémoire et de la maladie d’Alzheimer à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris, commente les nouveaux critères diagnostiques de l’Institut national du vieillissement américain, dont il est l’un des instigateurs : « jusqu’à il y a peu encore, le seul véritable diagnostic de la maladie d’Alzheimer se faisait post-mortem. Maintenant, les techniques d’imagerie du cerveau ainsi que des biomarqueurs permettent de rattacher les troubles cliniques à la maladie. On peut, par exemple, mesurer la concentration de protéines bêta-amyloïdes dans le liquide Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 5/77 céphalo-rachidien, ou vérifier s’il y a une atrophie hippocampique ». Et en France ? « Nous sommes en phase avec les connaissances scientifiques. Nous ajustons nos méthodes de diagnostic en fonction des dernières découvertes. Les neurologues et les gériatres recourent de plus en plus à ces biomarqueurs pour observer l’évolution de la pathologie. Toutefois, ceux-ci constituant un instrument très nouveau, ils ne peuvent pas être utilisés couramment pour poser un diagnostic clinique. Depuis l’annonce du plan Alzheimer par le président de la République, le nombre de consultations mémoire a augmenté, évitant aux patients d’attendre des mois avant un rendez-vous. On a ainsi favorisé en France le diagnostic précoce en affinant les paramètres d’investigation. Ainsi, nous serons prêts à traiter les patients Alzheimer le plus tôt possible, dès qu’on aura trouvé un traitement approprié », déclare le neurologue. www.informationhospitaliere.com, 12 mai 2011. Recommandations chinoises La Chine publie ses recommandations de diagnostic et de prise en charge du déficit cognitif et de la maladie d’Alzheimer. Jia JP et al. Chinese guidelines for diagnosis and management of cognitive impairment and dementia. Zhonghua Yi Xue Za Zhi 2011; 91(9). Mars 2011 (articles en chinois). 577-581 (tests de diagnostic), www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21600124; 651-655 (sous-types et classification),www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21600169; 735-741 (tests psychométriques), www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21600097; 867-875 (examens complémentaires), www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21600111. Jia JP et al. Chinese guidelines for diagnosis and management of cognitive impairment and dementia. Zhonghua Yi Xue Za Zhi 2011; 91(15). Avril 2011 (articles en chinois). 940-945 (thérapeutiques), www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21609542; 1013-1015 (soins infirmiers), www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21609633; 1081-1083 (soins et consultation éthique), www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21609586. Services de soins de suite et réhabilitation : repérage de la démence Une étude menée dans cinq établissements du groupe ORPEA auprès de deux cent quatrevingts résidents âgés de plus de soixante-quinze ans, montre une prévalence de 37.5% de troubles cognitifs et 22% de démence. La systématisation du repérage des démences dès l’entrée en établissement de soins de suite et réadaptation (SSR) est donc opportune, en liaison avec les consultations mémoire et le médecin traitant. Porte P et al. Dépistage précoce des démences en SSR. Revue francophone de gériatrie et de gérontologie 2011 ; 18(174) : 178-184. www.capgeris.com, 17 mai 2011. Démence et dépendance : activités de base de la vie quotidienne Une étude internationale (Espagne, Suède, Royaume-Uni, Etats-Unis), menée par Anders Gustavsson, de l’Institut Karolinska de Stockholm, portant sur mille deux cents personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, montre que le facteur prédictif le plus important des coûts sociétaux de la maladie pour les personnes vivant à domicile est la capacité à réaliser les activités de base de la vie quotidienne, quel que soit le pays. Une réduction d’un point sur l’échelle d’évaluation de la dépendance chez les personnes démentes (DADDisability Assessment for Dementia) a pour conséquence une augmentation de 1.4% des coûts en moyenne en Espagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, et de 2% en Suède. La sévérité des scores neuropsychiatrique (échelle NPI) et cognitif (test MMSE) apparaît moins importante. Pour les auteurs, la dépendance pour les activités de base de la vie Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 6/77 quotidienne (se laver, s’habiller…) devrait donc être une mesure centrale dans l’évaluation économique des traitements de la maladie d’Alzheimer. Gustavsson A et al. Predictors of costs of care in Alzheimer's disease: A multinational sample of 1222 patients. Alzheimers Dement 2011 ; 7(3) :318-27. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21575872. Démence et dépendance : activités instrumentales de la vie quotidienne Au stade du déficit cognitif léger ou du stade léger de la maladie d’Alzheimer, les déficits dans l’aptitude à réaliser les activités instrumentales de la vie quotidienne (utiliser un téléphone, préparer à manger, conduire une voiture…) ont pour conséquence une perte précoce de productivité et entraînent un besoin d’aide important. Un modèle du centre Alzheimer de l’Université de Harvard (Boston, Etats-Unis), construit à partir de huit cents dossiers cliniques de l’étude ADNI (Alzheimer’s Disease Neuroimaging Initiative) montre que les déficits des fonctions exécutives sont un déterminant clé des incapacités dans les activités instrumentales de la vie quotidienne, quel que soit le degré de sévérité des troubles de la mémoire dans le continuum du déficit cognitif. Marshall GA et al. Executive function and instrumental activities of daily living in mild cognitive impairment and Alzheimer's disease. Alzheimers Dement 2011; 7(3) : 300-308. Mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21575871. Démence et déficits sensoriels : perte de la vision Sue Copper, de la Fondation Thomas Pocklington, spécialisée dans la cécité et la basse vision, fait le point sur la première conférence organisée au Royaume-Uni sur les besoins des personnes atteintes à la fois de démence et de basse vision. Les travaux seront intégrés dans au programme stratégique britannique Vision 2020. Plusieurs signes peuvent alerter les proches ou les soignants quant à une perte de la vision chez des personnes atteintes de démence : la personne renverse ses aliments ou sa boisson, entrechoque ses couverts, semble « jouer » avec la nourriture, alors qu’elle n’est en fait pas capable de la voir, utilise ses doigts pour chercher sa nourriture, ou la mange d’un seul côté de l’assiette. La personne peut aussi se rapprocher très près du poste de télévision, ou arrêter de la regarder avec d’autres personnes ; avoir des difficultés à identifier des personnes ou des objets, ou encore ne pas supporter les reflets. Cooper S. The sight loss challenge. J Dementia Care 2011; 19(3)16-17. www.pocklingtontrust.org.uk/news/news/news_channels/Dasligreport. Démence et déficits sensoriels : perte de l’audition (1) Les troubles de l’audition touchent 30% à 40% de la population âgée de soixante-cinq à soixante-quatorze ans, et 50% à 80% de la population âgée de soixante-quinze ans et plus, selon les critères de perte auditive retenus. L’association américaine pour la parole, le langage et l’audition (American Speech-Language-Hearing Association) recommande un test de détection des déficits auditifs tous les dix ans jusqu’à l’âge de cinquante ans et tous les trois ans au-delà. En pratique clinique toutefois, les deux problèmes de l’audition et de la cognition sont généralement traités séparément, et rares sont les spécialistes de l’une des disciplines à adresser leurs clients aux spécialistes de l’autre. Le risque d’erreur de diagnostic est patent. Les troubles auditifs sont peu souvent pris en compte ou compensés dans la détection des troubles cognitifs. Deux critères du test MMSE (minimental state examination) concernent la compréhension du langage, lorsqu’il est demandé à la personne de répéter immédiatement trois mots ou une phrase. L’appareillage auditif lors de ces tests reste une exception. En ce qui concerne la détection des troubles de Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 7/77 l’audition, en dehors de l’inspection visuelle des oreilles, les méthodes habituelles (anamnèse, voix chuchotée, audiométrie tonale, auto-évaluation de la difficulté à entendre, détection par téléphone ou par Internet) exigent des capacités cognitives (attention, mémoire de travail, connaissance sémantique) pour être attentif, comprendre, se rappeler, exécuter les instructions et communiquer avec l’examinateur. Lemke U. Hearing impairment in dementia – how to reconcile two intertwined challenges in diagnostic screening. Audiology research 2011; 1:e15. www.doaj.org/doaj?func=abstract&id=753373 (texte intégral). Démence et déficits sensoriels : perte de l’audition (2) L’oto-rhino-laryngologiste suisse Ulrike Lemke, de la société Phonak, a mené, en Allemagne et aux Etats-Unis, vingt-cinq entretiens qualitatifs auprès d’ORL et d’audioprothésistes ayant l’habitude d’appareiller des personnes atteintes de démence. Les professionnels observent chez ces personnes une nervosité et insécurité associées à une situation nouvelle ou irritante ; des difficultés à comprendre des instructions orales ; l’oubli des instructions intermédiaires ; une irritation causée par la pose du casque sur la tête ; une distraction causée par un environnement non familier, de nouvelles personnes, des mouvements. Aux premiers stades de la démence, il est généralement possible d’utiliser l’audiométrie tonale (dans laquelle la personne lève la main lorsqu’elle entend un son), moyennant quelques modifications. A des stades plus avancés, des tests objectifs (émission oto-acoustique, réponse auditive à l’état stable) peuvent être nécessaires pour estimer les seuils auditifs. Des prothèses peuvent généralement être adaptées aux besoins particuliers des personnes atteintes de démence. Les professionnels proposent plusieurs recommandations : appeler les personnes chez elles ; prendre suffisamment de temps pour conduire l’examen dans des conditions détendues ; permettre à l’aidant d’accompagner la personne malade, y compris dans la cabine ; simplifier les instructions, utiliser des phrases courtes, permettre des pauses ; donner des exemples, montrer, permettre les essais ; laisser le patient répéter ce qu’il doit faire, pour être sûr qu’il comprend la procédure ; permettre au patient de répondre « oui », plutôt que de presser un bouton ou de lever un doigt ; lui rappeler de répondre tout au long de l’examen ; présenter impulsions sonores plutôt que des sons en continu ; créer une atmosphère amicale, être empathique, s’exprimer avec des mimiques et des gestes. Au Royaume-Uni, un programme de recherche de trois ans (Deaf with dementia), soutenu par la Société Alzheimer britannique, vise à faire reconnaître la surdité chez les personnes atteintes de démence, afin de concevoir une offre de services et un soutien individuel culturellement adaptés. Ce programme est développé en partenariat avec l’Université de Manchester (programme de recherche avec les personnes sourdes et équipe de recherche sur la démence et le vieillissement), l’University College de Londres (sciences du langage et de la communication) et l’Association royale des personnes sourdes. Lemke U. Hearing impairment in dementia – how to reconcile two intertwined challenges in diagnostic screening. Audiology research 2011; 1:e15. www.doaj.org/doaj?func=abstract&id=753373 (texte intégral). J Dementia Care, mai-juin 2011. Démence et déficits sensoriels : perte de l’audition (3) Fabrizzio Vechio, du service de neurosciences de l’hôpital Fatebenefratelli de Rome (Italie) et Sara Määttä, du service de neurophysiologie de l’hôpital Universitaire de Kuopio (Finlande), proposent une revue de la littérature sur les potentiels évoqués auditifs (ERPFondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 8/77 event-related potentials), comme instruments non invasifs reflétant l’activité des neurones du cortex cérébral, et susceptibles d’aider au diagnostic précoce de la démence. En Turquie, Leman Birdane et ses collègues, de l’Université Osmangazi à Eskisehir, dans une étude portant sur vingt personnes atteintes de maladie d’Alzheimer et dix personnes atteintes de déficit léger, comparées à trente personnes d’un groupe témoin sans troubles cognitifs ni otologiques, suggèrent que la mesure des potentiels évoqués du vestibule de l’oreille (réflexe sacculocolique) pourrait être utilisée comme marqueur précoce de la maladie d’Alzheimer. Vecchio F et Määttä S. The Use of Auditory Event-Related Potentials in Alzheimer's Disease Diagnosis. Int J Alzheimers Dis 2011; 2011 : 653173. 14 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21629759. Birdane L et al. Sacculocolic reflex in patients with dementia: is it possible to use it for early diagnosis? Neurol Sci, 11 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21559855. Démence et déficits sensoriels : perte de l’odorat Trois ans après le diagnostic d’un déficit cognitif léger, le risque de survenue de la maladie d’Alzheimer est estimé entre 18% et 30%. Un déficit olfactif seul ne constitue pas un facteur prédictif précis de déclin cognitif, montre une étude de l’Institut de psychiatrie et neurologie de l’Université de Varsovie (Pologne), menée auprès de quarante-neuf personnes atteintes de déficit cognitif léger : la sensibilité est de 57% et la spécificité de 44%, alors que les tests neuropsychologiques ont une sensibilité de 88% et une spécificité de 89%. Toutefois, le cumul d’un déficit olfactif et d’un faible score aux tests cognitifs apparaît comme un facteur prédictif plus fiable du risque de démence, avec une sensibilité de 100% et une spécificité de 84%. Lojkowska W et al. Follow-up Study of Olfactory Deficits, Cognitive Function, and Volume Loss of Medial Temporal Lobe Structures in Patients with Mild Cognitive Impairment. Curr Alzheimer Res, 18 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21592056. Recherche sur la maladie — Déterminants de la maladie Conquérir la planète cerveau Comprendre le cerveau « est le défi ultime pour l'homme », a déclaré Henry Markram, promoteur du Human Brain Project, un ambitieux projet de chercheurs européens, en quête de financement, visant à fédérer les connaissances disparates sur le cerveau et les meilleures équipes de chercheurs, des neurobiologistes aux informaticiens, afin de réussir, d'ici 2023, à modéliser un cerveau humain sur un supercalculateur. Pour reproduire le fonctionnement de cent milliards de neurones ayant de multiples connections, il faudra un ordinateur capable de faire un milliard de milliards d'opérations par seconde. Dès 2018, IBM devrait en sortir un, assure Henry Markram, fondateur du projet Blue Brain lancé en 2005 à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse). La justification du projet : « percer les secrets du cerveau permettrait non seulement de traiter de nombreuses maladies (maladies d’Alzheimer, de Parkinson, schizophrénie, autisme...), mais entraînerait aussi d'importantes avancées en informatique et en robotique ». Le financement recherché auprès de l’Union européenne est d’au moins 100 millions par an pendant dix ans. Avant même que l'UE se prononce au printemps 2012 sur le choix des projets-phares retenus, le neurobiologiste français Jean-Pierre Changeux insiste sur les « enjeux sociaux et éthiques considérables de ce projet de simulation du cerveau humain » Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 9/77 auquel il s'est récemment associé en tant que responsable des dimensions éthiques, afin de garantir « le respect de la personne humaine ». Une meilleure lecture du cerveau peut poser le problème de la confidentialité des données, dit-il, voire le risque d'une « manipulation des conduites humaines », d'un accès au « contrôle des pensées » : « si on est capable de simuler un comportement on est aussi capable de le manipuler », relève ce responsable du "pilier" éthique du HBP qui veut garantir le « respect de la personne humaine ». Et en cas de signes avant-coureur d'une future maladie, faudra-t-il dire à chacun ce qui va se passer dans son cerveau lorsqu'il aura soixante ans ? s’interroge l’AFP. AFP, www.google.com, 19 mai 2011. Angiopathie amyloïde cérébrale, micro-irrigation et risque cardio-vasculaire L’angiopathie amyloïde cérébrale (AAC) affecte la micro-irrigation du cerveau. Sa prévalence augmente avec l’âge. Elle est retrouvée à l’autopsie chez plus de 30% des personnes de plus de quatre-vingts ans. Le plus souvent asymptomatique, elle peut s’exprimer par des hématomes récidivants dans les lobes du cerveau ou le cervelet, par des crises d’épilepsie ou un syndrome démentiel. L’angiopathie amyloïde cérébrale est la deuxième cause d’hémorragie intracérébrale spontanée, après l’hypertension artérielle, chez les personnes âgées de plus de soixante-dix ans. Un diagnostic d’AAC contre-indique l’initiation ou la reprise de tout traitement anticoagulant. Or, chez le sujet âgé, elle est fréquemment associée à des facteurs de risque cardio-vasculaire ou à une fibrillation auriculaire, justifiant un tel traitement. Pour l’équipe d’Eric Pautas, de l’unité gériatrique aigüe de l’hôpital Charles-Foix à Ivry–sur-Seine (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), cette association de l’AAC à une pathologie thrombo-embolique artérielle pose la question d’un dépistage de l’AAC par imagerie cérébrale avant d’initier un traitement antithrombotique. Une étude de l’équipe du Professeur Philip Scheltens, de l’Université libre d’Amsterdam (Pays-Bas), portant sur cent quarante patients d’un centre mémoire, montre que la mesure de prévalence des micro-hémorragies cérébrales varie de 23% à 40% selon la méthode d’imagerie utilisée (Goos JD et al). Une étude coordonnée par le professeur Monique Breteler, du département d’épidémiologie de l’Université Erasmus de Rotterdam (PaysBas), portant sur deux cents personnes âgées de soixante-et-un à quatre-vingt-quinze ans, montre que les micro-hémorragies cérébrales se produisent significativement plus souvent dans le lobe temporal, une zone davantage affectée par l’angiopathie amyloïde cérébrale (Mesker DJ et al). Monti A et al. Angiopathie amyloïde cérébrale et fibrillation auriculaire chez le sujet âgé : à propos d’un cas illustré. Revue de Gériatrie 2011 ; 36(3) : 155-159. Mesker DJ et al. Lobar distribution of cerebral microbleeds. Arch Neurol 2011; 68(5): 656-659. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21555643. Goos JD et al. Clinical Relevance of Improved Microbleed Detection by Susceptibility-Weighted Magnetic Resonance Imaging. Stroke, 12 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21566235. Démence vasculaire : à l’origine de la perte des fonctions exécutives (1) Le diagnostic de la démence peut être compliqué. Darcy Lewis, dans la revue Heart Insight de l’American Heart Association, consacre un article à « l’autre démence », la démence vasculaire, distincte de la maladie d’Alzheimer. La démence mixte (association d’une démence de type Alzheimer et d’une démence vasculaire), toucherait 45% des personnes atteintes de démence, selon l’Association Alzheimer américaine. Le neurologue Richard Obrien, de l’Institut Johns Hopkins de Baltimore (Maryland, Etats-Unis), propose une revue sur le sujet. Gustavo Roman, directeur du centre Alzheimer national à l’Institut Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 10/77 neurologique de Houston, et à l’origine des critères de diagnostic de la démence vasculaire en 1993, explique : « on m’adresse souvent des personnes avec un diagnostic de maladie d’Alzheimer. Mais quand je fais faire une imagerie des vaisseaux cérébraux, je trouve souvent des signes de démence vasculaire. Si nous pouvons contrôler les facteurs de risque cardiovasculaires tels que l’hypertension élevée, nous pourrions peut-être ralentir le déclin cognitif lié à la démence vasculaire ». Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) multiples sont la cause principale de démence vasculaire. Un tiers des personnes de soixante-cinq ans et plus survivant à un AVC développent une démence vasculaire dans les trois mois. Mais chez la plupart des personnes atteintes de démence vasculaire, la détérioration des micro-vaisseaux du cerveau survient très graduellement, parfois de façon non détectable (AVC silencieux ou attaques ischémiques transitoires) : pour chaque AVC visible, on estime qu’il se produit cinq AVC silencieux. Lorsque l’accumulation de ces accidents silencieux a provoqué une détérioration grave, le déclin cognitif est rapide. L’athérosclérose (durcissement des artères) et l’angiopathie amyloïde cérébrale (accumulation de protéine amyloïde sur la paroi des vaisseaux) provoquent des hémorragies, explique le neurologue canadien Vladimir Hachinski, de l’hôpital universitaire Western Ontario. Heart Insight, Mai 2011.Obrien RJ. Vascular dementia: atherosclerosis, cognition and Alzheimer’s disease. Curr Alzheimer Res, 11 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21557721. Démence vasculaire : à l’origine de la perte des fonctions exécutives (2) Les AVC silencieux à l’origine du déficit cognitif d’origine vasculaire n’ont pas pour première conséquence des troubles de la mémoire, contrairement à la démence de type Alzheimer. Ils affectent typiquement les zones du cerveau qui contrôlent notamment des fonctions motrices (Levin et al) et des fonctions exécutives, telles que les compétences pour la prise de décision et la maîtrise des impulsions. Vladimir Hachinski explique : « imaginez que vous jouez aux cartes. Le téléphone sonne. Vous vous arrêtez sur le champ de penser à vos cartes, vous les posez, vous vous levez, vous poussez votre chaise, vous trouvez le téléphone même si vous ne le voyez pas, vous vous dirigez vers le téléphone en évitant de trébucher sur le chien, vous répondez au téléphone et vous conversez. Une fois l’appel terminé, vous reprenez ces étapes en sens inverse et vous reprenez votre partie de cartes. Et vous faites tout cela sans y penser. Chez les personnes atteintes de déficit cognitif vasculaire, ce processus apparemment intuitif peut dérailler à chaque étape, et il leur est très difficile de passer d’une tâche à une autre ». Malheureusement, le déclin induit par la démence vasculaire est souvent irréversible. Mais il est parfois possible d’en ralentir la progression en agissant sur les facteurs de risque cardiovasculaires, notamment chez les personnes jeunes, diagnostiquées tôt, et qui prennent soin de leur santé, ainsi qu’en réduisant le risque d’un second AVC. Et « l’affection des proches est probablement plus efficace que n’importe quel médicament », estime le neurologue Gustavo Roman. Heart Insight, Mai 2011. Levin OS et al. The specific features of neurological disorders in Alzheimer’s disease and vascular dementia. Russian Med J 2011; 2: 14. www.medlit.ru, 31 mai 2011. Déclin cognitif, réserve cognitive, facteurs de risque cardiovasculaire : quel lien ? Une réserve cognitive élevée (stock de neurones disponibles pour les fonctions cognitives) est associée à un risque réduit de survenue de la démence. Un modèle épidémiologique, portant sur sept mille quatre cents personnes âgées en moyenne de cinquante-six ans et suivies pendant dix ans (cohorte Whitehall II), élaboré par Archana Singh-Manoux et ses Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 11/77 collègues, de l’unité INSERM U1018 à l’Hôpital Paul Brousse de Villejuif, en collaboration avec des chercheurs de l’University College de Londres et de l’hôpital Sainte-Périne de Paris, a analysé l’impact de trois marqueurs de la réserve cognitive (la taille, le niveau d’éducation et l’activité professionnelle) sur la mémoire, le raisonnement, le vocabulaire et la fluence verbale) sur le déclin cognitif. Toutes les fonctions cognitives, sauf le vocabulaire, déclinent au fil du temps. Globalement, la performance cognitive est plus élevée dans les groupes ayant la réserve cognitive la plus élevée. La vitesse de déclin cognitif semble plus rapide chez les personnes ayant l’activité professionnelle la plus intense. La même équipe confirme qu’un profil de risque cardio-vasculaire général élevé (nouveau score de risque de Framingham) est associé à une détérioration de la fonction cognitive. Le déclin est plus rapide chez les hommes. Singh-Manoux A et al. Does cognitive reserve shape cognitive decline? Ann Neurol, 11 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21606085. Kaffashian S et al. Predictive utility of the Framingham general cardiovascular disease risk profile for cognitive function: evidence from the Whitehall II study. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21563209. Déclin cognitif et maladie d’Alzheimer : une progression plus lente en population générale La progression de la maladie d’Alzheimer est hautement variable. La plupart des estimations sont faites à partir d’échantillons de personnes consultant en centre mémoire ou dans des centres de recherche, ce qui introduit des biais de sélection. Une étude a été menée par le centre d’études épidémiologique de l’université de l’Utah, en collaboration avec des équipes des Universités de Boston, Washington, Johns Hopkins et Duke (EtatsUnis), auprès de trois cent vingt-huit personnes ayant un diagnostic possible ou probable de maladie d’Alzheimer, en population générale, suivies en moyenne pendant 3.8 ans (The Cache County Dementia Progression Study). Une proportion importante (30% à 58%) des personnes malades progressent lentement : moins d’un point par an sur les échelles MMSE (Mini-mental State Examination), CDR (Clinical Dementia Rating) et NPI (Neuropsychiatric Inventory), à la différence des populations vues par les centres spécialisés. Ni les médicaments spécifiques de la maladie d’Alzheimer, ni la présence de marqueurs génétiques APOE epsilon 4 n’ont d’influence sur la vitesse de progression de la maladie d’Alzheimer en population générale. Tschantz JT et al. Progression of Cognitive, Functional, and Neuropsychiatric Symptom Domains in a Population Cohort With Alzheimer Dementia: The Cache County Dementia Progression Study. Am J Geriatr Psychiatry 2011; 19(6):532-542. Juin 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21606896. Déclin cognitif chez les personnes très âgées Les personnes âgées de quatre-vingt-cinq ans et plus constituent le segment de la population américaine qui connaît la croissance la plus forte (+40% pour la prochaine décennie). Paradoxalement, les études épidémiologiques sur ces personnes très âgées restent rares. Une difficulté est de disposer de tests cognitifs standardisés pendant une longue période. Une autre difficulté est de mener ces études en population générale plutôt que dans des centres spécialisés, pour réduire les biais de sélection. Des épidémiologistes italiens ont entrepris une étude prospective de cohorte auprès de deux mille personnes âgées de quatre-vingts ans et plus dans la région de Varèse, après avoir formé des psychologues pour faire passer des tests standardisés (Lucca U et al). Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 12/77 Kristin Yaffe et ses collègues du service de psychiatrie de l’Université de Californie à San Francisco (Etats-Unis) ont fait passer des tests neuropsychologiques à mille trois cents femmes âgées en moyenne de quatre-vingt-huit ans (Women Cognitive Impairment Study of Exceptional Aging) : la prévalence combinée des troubles cognitifs atteint 41% (démence 17.8%, déficit cognitif léger 23.2%). Pour les cas de démence, la maladie d’Alzheimer et la démence mixte sont les deux pathologies les plus fréquentes, représentant chacune 40% des cas. La prévalence du déficit cognitif léger s’accroît très légèrement avec l’âge : 24.5% après quatre-vingt-dix ans contre 22.7% entre quatre-vingtcinq et quatre-vingt-neuf ans. En revanche, la prévalence de la démence double : 28.2% après quatre-vingt-dix ans contre 13.9% entre quatre-vingt-cinq et quatre-vingt-neuf ans. Les déficits cognitifs sont plus fréquents chez les femmes ayant un faible niveau d’éducation, un antécédent d’accident vasculaire cérébral et une dépression chronique. Lucca U et al. A Population-based study of dementia in the oldest old: the Monzino 80plus. Study Design, methodological challenges, and population characteristics. BMC Neurol 2011; 11(1):54. 25 mai 2011. www.biomedcentral.com/content/pdf/1471-2377-11-54.pdf. Yaffe K et al. Mild cognitive impairment, dementia, and their subtypes in oldest old women. Arch Neurol 2011; 68(5): 631-636. Mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21555638. www.eurekalert.org, 9 mai 2011. Incontinence urinaire : un facteur de risque de chute Le service de médecine familiale et l’Institut d’ergothérapie de l’Université médicale de Kaohsiung (Taiwan) ont mené une étude auprès de cent cinquante-neuf personnes atteintes de démence (stade léger 50%, stade modéré 38%, stade sévère 12%), et âgées de soixante-huit à quatre-vingt-six ans (59% d’hommes). 34% avaient fait une chute dans l’année. Les chutes sont associées à des incapacités physiques, un déficit de l’équilibre, une humeur dépressive, à l’état nutritionnel, à la polymédication et à l’incontinence urinaire. Une analyse multivariée révèle que le seul facteur de risque indépendant pour le risque de chute chez les personnes âgées atteintes de démence est l’incontinence urinaire (risque multiplié par 4.9), facteur encore mal reconnu. Il faut en effet se lever pour aller aux toilettes. Lee CY et al. Urinary incontinence: An under-recognized risk factor for falls among elderly dementia patients. Neurourol Urodyn, 2 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21538498. Recherche sur la maladie — Prévention Peut-on modifier les comportements de prévention chez les personnes âgées ? Peut-on modifier la perception des facteurs de risque pour la santé chez les personnes âgées ? En Allemagne, le Professeur Wolfgang von Renteln-Kruse, du centre gériatrique des Albertines à l’Université de Hambourg, a mené un essai contrôlé randomisé auprès de deux mille six cents patients de vingt-et-un médecins généralistes (étude PRO-AGE). Dans le groupe d’intervention, les patients et les médecins ont reçu des recommandations écrites, et les patients ont eu le choix entre des séances de groupe (éducation à la santé par un gériatre, un kinésithérapeute, un travailleur social et un nutritionniste) ou à domicile par une infirmière. 66% des patients ont utilisé le soutien proposé (87% de séances de groupe et 13% de visites à domicile). Un an après l’intervention, par rapport au groupe témoin, les personnes du groupe d’intervention ont utilisé davantage les services de prévention (par Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 13/77 exemple +70% pour le vaccin grippe) et ont modifié leur comportement de santé (par exemple, consommation de fruits et de fibres multipliée par 2). La formation des médecins généralistes seule n’a eu aucun effet. Dapp U et al. A Randomized Trial of Effects of Health Risk Appraisal Combined With Group Sessions or Home Visits on Preventive Behaviors in Older Adults. J Gerontol A Biol Sci Med Sci 2011; 66A(5) : 591-598. Mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21350242. Prévention de la maladie d’Alzheimer : quel message pour le grand public ? Pour Madolyn Bowman Rogers, du réseau de recherche Alzheimer Research Forum, la conférence de consensus des Instituts nationaux de santé américains (NIH) sur la prévention de la maladie d’Alzheimer, qui concluait à l’absence de preuves scientifiques solides en la matière, avait envoyé « un mauvais message au public ». L’Association Alzheimer américaine et certains chercheurs pensent au contraire que les données épidémiologiques étayent l’hypothèse qu’un style de vie actif et une bonne santé peuvent retarder le déclin cognitif, et suggèrent que les cliniciens le conseillent à leurs patients. Un nouvel article de Martha Daviglus, de l’Université Northwestern à Chicago, et des experts du panel NIH, reflète l’intensité du débat sans remettre en cause les conclusions du consensus. Cependant, le panel d’experts concède que les données montrent des associations cohérentes (mais faibles) entre un risque élevé de survenue d’une maladie d’Alzheimer et le diabète, l’hyperlipidémie au milieu de la vie et la consommation de tabac. Une réduction du risque de survenue de maladie d’Alzheimer est associée à l’exercice physique et cognitif, à la consommation modérée d’alcool, à l’apport en acide folique (vitamine B9) et à une alimentation diminuant le risque cardio-vasculaire. Le panel juge « faible » le niveau de preuves scientifique concernant ces associations, et conclut « en attendant des résultats plus convaincants, chacun doit continuer à rechercher un style de vie sain, actif mentalement et physiquement, et prévenir le risque de maladie chronique en agissant sur les facteurs de risque modifiable bien établis ». www.alzforum.org, 16 mai 2011. Daviglus ML et al. Risk factors and preventive interventions for Alzheimer’s disease: state of the science. Arch Neurol, 9 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21555601. La démence ne va pas disparaître Même si les molécules actuellement en essai clinique de phase III (à grande échelle chez l’homme) réussissent à apporter la preuve de leur efficacité, ces médicaments n’éradiqueront pas la démence ; sans apporter d’effet curatif, ils pourraient contribuer à prolonger la durée de vie des personnes malades ; il est improbable que ces molécules arrivent sur le marché avant 2020. En attendant, retarder même de deux ans la survenue de la maladie aurait des effets économiques et sociétaux importants (réduction de la prévalence de la démence de 16% vingt ans plus tard). Ce sont les principales conclusions d’un groupe de prospective biomédicale réuni par la Fondation Médéric Alzheimer, qui a fait le point sur l’évolution de sept domaines de recherche : épidémiologie, facteurs de risque et prévention ; nouvelle compréhension des liens entre vieillissement cognitif et démence, et entre les différentes formes de démence ; bases moléculaires de la neurodégénérescence ; détection et diagnostic : neuro-imagerie et biomarqueurs ; nouvelles cibles thérapeutiques ; immunothérapie et thérapie génique ; technologies d’assistance. Le groupe, coordonné par le Professeur Henry Brodaty (Ecole de psychiatrie, Université de Nouvelle-Galles-du Sud à Sydney), était constitué de Monique Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 14/77 Breteler (professeur d’épidémiologie à l’Université Erasmus de Rotterdam et à l’Ecole de santé publique de Harvard), Steven DeKosky (vice-président et doyen de l’Ecole de médecine de l’Université de Virginie), Pascale Dorenlot (ancienne responsable du pôle Etudes et recherche de la Fondation Médéric Alzheimer), Laura Fratiglioni (professeur d’épidémiologie à l’institut Karolinska de Stockholm), Christoph Hock (professeur de biologie psychiatrique à l’Université de Zürich), Paul-Ariel Kenigsberg (économiste à la cellule de coordination, prospective et stratégies de la Fondation Médéric Alzheimer), Philip Scheltens (professeur de neurologie cognitive et directeur du centre Alzheimer de l’Université libre d’Amsterdam) et Bart De Strooper (professeur à l’Institut interuniversitaire de biotechnologie de l’Université catholique de Louvain). Brodaty H et al. The world of dementia beyond 2020. J Am Geriatr Soc, 13 avril 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21488846. Facteur de croissance analogue à l'insuline : quel effet ? Le facteur de croissance I analogue à l'insuline (IGF-I) est une hormone du sang qui contribue, entre autres, à la croissance et à la prise de masse osseuse. Le niveau de cette hormone est plus élevé chez les personnes en bonne santé et qui font de l’exercice physique. Une étude de l’Académie Sahlgrenska (Suède), portant sur quatre cents patients ayant eu un accident vasculaire cérébral et suivis pendant deux ans, montre pour la première fois qu’un niveau élevé d’IGF-I durant la phase de réhabilitation est associé à une meilleure récupération à long terme. Il est trop tôt pour dire si l’administration de facteur IGF-I, voire d’insuline, aurait un effet sur le pronostic des séquelles d’accident vasculaire cérébral. Aberg D et al. Serum IGF-I Levels Correlate to Improvement of Functional Outcome after Ischemic Stroke. J Clin Endocrinol Metab, 20 avril 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21508132. Anti-inflammatoires : des résultats peu probants Un essai de prévention du déclin cognitif utilisant des anti-inflammatoires non-stéroïdiens a été mené par Jeannie-Marie Leoutsakos et ses collègues, de l’Université Johns Hopkins de Baltimore (Etats-Unis), qui a modélisé l’évolution du score MMSE (mini-mental state examination) de deux mille quatre cents personnes au stade pré-clinique de la maladie d’Alzheimer, traitées par célécoxib ou naproxène, et suivies pendant quatre ans (étude ADAPT). Les chercheurs identifient trois classes de patients selon la vitesse de déclin cognitif (pas de déclin, déclin lent, déclin rapide). Dans le groupe déclinant lentement, les personnes sous placebo ont perdu 6.6 points sur l’échelle MMSE, et ceux sous naproxène 3.1 points (différence non significative). Dans le groupe déclinant rapidement, les personnes sous placebo ont perdu 11.2 points sur l’échelle MMSE ; ceux sous célécoxib ont d’abord décliné, puis gagné des points, montrant au total une stabilisation relative : l’effet est inattendu et inexpliqué, la différence est significative ; les patients sous naproxène ont décliné beaucoup plus rapidement que le placebo (24.9 points). Les effets de ces anti-inflammatoires non stéroïdiens sont donc contrastés et diffèrent selon le type de patient et l’évolution de la maladie. Leoutsakos JM et al. Effects of non-steroidal anti-inflammatory drug treatments on cognitive decline vary by phase of pre-clinical Alzheimer disease: findings from the randomized controlled Alzheimer's Disease Anti-inflammatory Prevention Trial. Int J Geriatr Psychiatry, 10 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21560159. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 15/77 Résistance aux soins bucco-dentaires Rita Jablonski est professeur assistant à l’Ecole infirmière de l’Université d’Etat de Pennsylvanie (Etats-Unis). Dans une étude pilote à la Fondation Brookdale, elle a réussi à brosser complètement les dents de personnes atteintes de démence ayant la réputation de se battre et de mordre lors du brossage. Elle s’est inspirée de méthodes développées par Jane Chalmers à l’Université d’Iowa, et de ses propres essais et erreurs. Elle explique aux aidants lecteurs de l’Alzheimer’s Reading Room : tenter de convaincre une personne atteinte de démence du besoin ou de l’intérêt de se brosser les dents ne sert qu’à alimenter la résistance. Il faut utiliser l’environnement, pour ne plus penser à la brosse, mais à réactiver la mémoire ancienne, en plaçant des indices pour la personne malade ; placer un miroir à hauteur des yeux, au-dessus du lavabo ou de l’évier ; sourire le plus possible, une expression neutre pouvant être interprétée comme menaçante ; prendre une voix plus grave pour que les instructions soient plus intelligibles ; laisser la personne faire elle-même le plus possible ; ne pas guider la main, mais mimer le geste pour que la personne malade l’initie par elle-même (monkey see monkey do) : l’aidant place le dentifrice sur la brosse et la tend à la personne malade ; s’il y a un dentier, faire gonfler les joues et laisser la personne enlever son dentier elle-même ; utiliser de l’eau tiède pour rincer, les gencives étant plus sensibles à l’eau froide. Utiliser des instructions simples, respectueuses, avec une instruction par étape, en laissant à la personne malade du temps pour traiter l’information avant de la répéter ; ne pas parler à la personne malade comme à un bébé : « une personne atteinte de démence peut oublier le nom de son conjoint ou de ses enfants, mais elle n’oublie jamais qu’elle est un adulte »… Les Ecoles d’infirmières des Universités Penn State, Boston College et de l’Université du Michigan (Etats-Unis) ont développé, au stade pilote (sept patients), une intervention destinée à réduire le comportement de résistance aux soins en matière d’hygiène buccale. L’intervention, dite MOUTH (Managing Oral Hygiene Using Threat Reduction) associe la réduction du niveau de menace (threat) aux meilleures pratiques d’hygiène buccale. Jablonski RA et al. Spec Care Dentist 2011 ; 31(3) : 77-87. An intervention to reduce careresistant behavior in persons with dementia during oral hygiene: a pilot study. Mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21592161. www.alzheimersreadingroom.com, 16 mai 2011. Incontinence urinaire : réhabilitation des personnes malades Une étude préliminaire de l’Université de Bari (Italie) , portant sur trois personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, montre que celles-ci sont capables d’apprendre à utiliser des dispositifs d’alarme d’incontinence et des rappels des aidants pour éliminer les grands accidents urinaires. Dès le premier jet d’urine, le système d’alarme vibre et émet des sons, l’aidant encourage la personne malade à arrêter d’uriner et l’accompagne aux toilettes pour qu’elle vide sa vessie. Après cela, l’aidant apporte une attention sociale positive à la personne malade. L’utilisation de l’alarme a permis d’éliminer presque totalement les grands accidents urinaires chez les trois personnes malades, qui se sont remis à utiliser les toilettes toutes seules dans 35% à 75% des cas. Cinquante-deux aidants ont participé à une validation sociale de la méthode, et préfèrent le système d’alarme à la miction programmée (timed toileting), aussi bien pour les personnes malades que pour eux-mêmes. Lancioni GE et al. Persons with mild or moderate Alzheimer's disease learn to use urine alarms and prompts to avoid large urinary accidents. Res Dev Disabil, 13 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21571500. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 16/77 Recherche sur la maladie — Thérapeutiques : approches biomédicales Programme européen sur les maladies neurodégénératives : sciences de la santé, sciences humaines et sociales (2) Le groupe de réflexion stratégique sur la recherche en santé et services de santé s’est réuni le 31 mars 2011 à Londres. Plusieurs thématiques ont été discutées : recherche sur les services de santé et les services sociaux (Jill Manthorpe, King’s College de Londres), épidémiologie (Carol Brayne, Université de Cambridge, Royaume-Uni) ; sociologie et recherche sur les services de proximité (Myrra Vernooij-Dassen, Université Radboud de Nimègue, Pays-Bas) ; économie de la santé (Anders Wimo, Institut Karolinska de Stockholm, Suède) ; prévention (Martin Knapp, London School of Economics) ; interventions (hôpital neurologique national, Londres) ; incapacité et qualité de vie (Thomas Gasser, Université de Tübingen, Allemagne). www.neurodegenerationresearch.eu/, 16 mai 2011. Nouveaux médicaments : quel délai de développement ? La Société Alzheimer britannique souhaite ramener le délai de développement de nouveaux traitements médicamenteux à sept ans, en testant des médicaments déjà disponibles, dans le cadre d’essais cliniques sur des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer. La Société Alzheimer souhaite tester trois molécules en trois ans, pour un coût de 15 millions de livres (16.8 millions d’euros). « A titre de comparaison, il faudrait un milliard de dollars (684 millions d’euros) sur vingt ans pour mettre sur le marché un médicament en partant de zéro », explique Julian Hughes, directeur général de la Société Alzheimer, qui dénonce le manque d’essais thérapeutiques en Grande-Bretagne. Il estime que ce projet (Drug Discovery) nécessitera un financement de 4 000 livres sterling (4 488 euros) par jour pendant dix ans. Pour le groupe expert de prospective biomédicale réuni par la Fondation Médéric Alzheimer (Brodaty et al), il est improbable qu’une molécule efficace arrive avant 2020. Alzheimer Europe Newsletter, mai 2011. Brodaty H et al. The world of dementia beyond 2020. J Am Geriatr Soc 2011; 59(5): 923-927. Mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21488846. Aricept 23 mg : contesté par une association de consommateurs L’association Public Citizen de Washington (Etats-Unis) a lancé une pétition auprès de l’agence de sécurité sanitaire américaine (FDA-Food and Drug Administration) pour qu’elle retire du marché la formulation à 23 milligrammes d’Aricept (donépézil), autorisé quatre mois après que le brevet protégeant un comprimé dosé à 10 milligrammes soit tombé dans le domaine public. Public Citizen met en cause le risque de survenue d’effets indésirables plus élevé pour une efficacité marginale très faible. Selon l’association, la dose plus forte est dangereuse, avec un risque 3.5 fois plus élevé de vomissements, qui peuvent être particulièrement dangereux pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Selon le Dr Sidney Wolfe, directeur de la recherché de Public Citizen, des vomissements répétés peuvent conduire à des pneumonies, des hémorragies gastro-intestinales massives, une rupture œsophagienne et la mort. Concernant l’efficacité, Public Citizen note qu’un seul essai clinique a été soumis à la FDA, et qu’il ne démontre pas de différence d’efficacité entre les formulations 10 mg et 23 mg. En 2010, les ventes d’Aricept se sont élevées à 417 millions de dollars (315 millions d’euros) pour les laboratoires Pfizer et 323 Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 17/77 millions de dollars (244 millions d’euros) pour les laboratoires Eisai. Les trente-quatre pétitions précédentes de Public Citizen ont abouti au retrait de vingt-deux médicaments. www.aboutlawsuits.com/aricept-recall-petition-public-citizen-18331/, 20 mai 2011. www.agevillage.com, 23 mai 2011. Mémantine : quelle efficacité au stade léger de la maladie d’Alzheimer ? Aux Etats-Unis et en Europe, l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour la mémantine concerne le traitement de la forme modérée à sévère de la maladie d’Alzheimer, sur la base des scores cognitifs MMSE (mini-mental state examination). Cependant, la mémantine est souvent prescrite hors AMM au stade léger de la maladie d’Alzheimer, voire au stade du déficit cognitif léger, cet usage étant étayé, selon certains prescripteurs, par une méta-analyse soutenue par un laboratoire pharmaceutique suggérant que la mémantine serait efficace au stade léger de la maladie d’Alzheimer. Des experts des Universités de Californie du Sud (Los Angeles, Etats-Unis), de l’Institut de santé publique de Cambridge (Royaume-Uni) et du groupe Cochrane de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni) ont analysé l’efficacité de la mémantine dans trois essais cliniques incluant quatre cent trente-et-une personnes au stade léger de la maladie d’Alzheimer et six cent quatre-vingt-dix-sept personnes au stade modéré. Au stade léger, la mémantine n’est pas plus efficace qu’un placebo. Au stade modéré, la différence d’efficacité de la mémantine par rapport au placebo reste faible : -1.33 sur l’échelle ADAS-Cog (Alzheimer’s Disease Assessment Scale – sous-échelle cognitive) et -0.16 sur l’échelle CIBIC-plus (Clinician’s interview-based impression of change plus caregiver input). Schneider LS et al. Lack of Evidence for the Efficacy of Memantine in Mild Alzheimer http://archneur.amaDisease. Arch Neurol, 11 avril 2011. assn.org/cgi/content/short/archneurol.2011.69. Nilvadipine : financement européen La Commission européenne a alloué 6 millions d’euros au consortium international NILVAD, comprenant dix-huit Universités, hôpitaux, laboratoires pharmaceutiques et Alzheimer Europe, pour le développement d’un traitement de la maladie d’Alzheimer utilisant la nilvadipine, un antihypertenseur. Alzheimer Europe Newsletter, mai 2011. Rivastigmine générique Le comité d’évaluation des médicaments à usage humain (CHMP) de l’Agence européenne du médicament (EMA) a recommandé l’autorisation de mise sur le marché de la rivastigmine Actavis pour le traitement symptomatique de la maladie d’Alzheimer aux stades léger à modéré. L’autorisation de mise sur le marché doit être donnée par la Commission européenne. Alzheimer Europe Newsletter, mai 2011. Observance thérapeutique Pour le Professeur Jean-Luc Novella, de l’hôpital de jour de neurologie gériatrie, et ses collègues du CHU de Reims, la maladie d'Alzheimer pose de nombreux problèmes aux cliniciens, en termes de physiopathologie de la maladie, de présentation atypique des signes, de diagnostic et de traitement : « face à cette pathologie évolutive, il apparaît nécessaire de structurer le mieux possible nos stratégies cliniques. L'observance et la persistance thérapeutiques pourraient être un reflet indirect de la qualité de la prise en Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 18/77 charge engagée ». Les auteurs proposent une synthèse sur l’optimisation de l’observance et du maintien sous traitement. Novella JL et al. Observance et persistance du traitement : particularités dans la maladie d'Alzheimer. Annales de gérontologie 2011 ; 4: 21-27. Février 2011. http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=24022009. Démence fronto-temporale Il n’existe pas de traitement spécifique de la démence fronto-temporale, mais certains médecins prescrivent, hors indication, des médicaments de la maladie d’Alzheimer. Geoffrey Kerchner et ses collègues, du centre médical de l’Université de Stanford, proposent une revue de la littérature sur le sujet. Kerchner GA et al. Abhorring the vacuum: use of Alzheimer’s disease medications in frontotemporal dementia. Exp Rev Neurother 2011; 11(5): 709-717. Mai 2011. www.expert-reviews.com/doi/abs/10.1586/ern.11.6. Antipsychotiques atypiques : détérioration de la fonction cognitive Une étude multicentrique coordonnée par Lon Schneider, professeur de psychiatrie, neurologie et gérontologie à l’Université de Californie du Sud (USC) à Los Angeles, a évalué l’effet des antipsychotiques atypiques (olanzapine, quiétiapine, rispéridone) sur la cognition de quatre cent vingt-et-un patients externes atteints de maladie d’Alzheimer et présentant une psychose ou un comportement agité ou agressif (Etude CATIE-AD : Clinical Antipsychotic Trials of Intervention Effectiveness-Alzheimer's Disease). Les antipsychotiques atypiques sont associés à une détérioration cognitive importante à trente-six semaines : score MMSE (mini-mental state examination) diminué de -2.4 points et score ADAS-Cog (Alzheimer's Disease Assessment Scale) diminué de -4.4 points. La fonction cognitive s’est davantage détériorée chez les personnes ayant reçu un antipsychotique que chez celles ayant reçu un placebo. Un risque accru de déclin cognitif est donc un risque supplémentaire induit par les antipsychotiques atypiques chez ces patients. Vigen CL et al. Cognitive Effects of Atypical Antipsychotic Medications in Patients With Alzheimer's Disease: Outcomes From CATIE-AD. Am J Psychiatry, 15 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21572163. Hospitalisation : évaluation et orientation aux urgences Pour Lavinia Valeriani, de la Casa di cura San Raffaele Nomentana de Rome (Italie), le recours à l’hospitalisation des personnes âgées, notamment dans les services spécialisés, va croissant. Est-ce la meilleure réponse ? s’interroge-t-elle, soulignant les effets indésirables de l’hospitalisation (immobilisation, état de confusion aigüe lié à la sédation, risque de chutes, occlusion intestinale). En revanche, l’hospitalisation permet un hébergement temporaire (shelter) pendant lequel il est possible de pratiquer un diagnostic technique et le traitement rapide de maladies somatiques aigües. Toutefois, en ce qui concerne les personnes atteintes de démence, l’hôpital doit savoir identifier les caractéristiques de la personne (déficit cognitif, état fonctionnel, co-morbidités somatiques, situation sociale et familiale) et ses besoins individuels. Pour Lavinia Valeriani, il est fondamental que l’évaluation et l’orientation diagnostique soient faites au service d’urgence, qui reçoit l’essentiel des patients à l’hôpital. Valeriani A. Management of Demented Patients in Emergency Department. Int J Alzheimers Dis, 5 avril 2011. www.sage-hindawi.com/journals/ijad/2011/840312/abs/ (texte intégral). Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 19/77 Santé à domicile et autonomie : quatre centres experts labellisés Le ministère de l’Economie, de l’industrie et de l’emploi avait mis en place fin 2009 le Centre national de référence Santé à domicile et autonomie (CNR-Santé), visant à aider au développement et au bon usage de solutions pour prendre en charge la santé et la dépendance au domicile (télémédecine et télésanté, habitat et logement favorables à la santé et à l’autonomie, services à la personne et soin à domicile, objets domestiques et gérontechnologies, dispositifs médicaux communicants pour le suivi à domicile, l’autotraitement et l’auto-surveillance des pathologies chroniques). Le CNR-Santé a annoncé la labellisation de quatre premiers centres experts, chargés d’animer le réseau des acteurs spécialisés, de concevoir des offres dédiées, et d’aider à identifier la chaîne de valeur et les principaux acteurs, à comprendre les problématiques métiers (bonnes pratiques, compétences requises), à identifier les besoins en technologies et en nouvelles compétences métier pour orienter et accompagner les acteurs souhaitant se développer sur ces marchés. Les centres labellisés sont le centre e-santé de Toulouse (télésanté, télémédecine et enrichissement du dossier médical personnalisé) ; le Technopôle des Alpes santé à domicile de Grenoble (démonstration « grandeur nature » de nouvelles technologies et de nouveaux services favorisant la santé à domicile et l’autonomie) ; le laboratoire Autonom’Lab de Limoges (conduites d’expérimentations de technologies en situation réelle et en intermédiation dans la conception de produits et de services innovants, avec une participation active des usagers) ; le centre d’Innovation et d’usages santé de Nice (développement, promotion, diffusion, expérimentation, évaluation). www.gerontechnologie.net, 27 mai 2011. www.agevillagepro.com, 6 juin 2011. Recherche sur la maladie — Thérapeutiques : approches psychosociales Accompagnement multidisciplinaire « Aucune spécialité médicale n’a l’expertise pour répondre à la complexité des problèmes cognitifs, physiques, sociaux et émotionnels associés à la démence ». Jacob Grant et ses collègues du département de psychologie de l’Université de Victoria (Colombie britannique, Canada) publient une revue sur les aspects cliniques et les approches multidisciplinaires des soins et de l’accompagnement de la démence, tant au plan biomédical que psychosocial. Grand JHG et al. Clinical features and multidisciplinary approaches to dementia care. J Multidiscipl Healthcare 2011; 4: 125-147. www.dovepress.com/clinical-features-andmultidisciplinary-approaches-to-dementia-care-a7469 (texte intégral). Des thérapeutiques non médicamenteuses bientôt sur ordonnance ? « Changer de mode de vie, d’alimentation, pratiquer une activité physique et sportive, engager un travail avec un psychologue… Pourquoi ces initiatives trouvent-elles difficilement leur place dans la prise en charge médicale alors qu’elles sont complémentaires aux traitements médicamenteux ? Comment un déséquilibre aussi important peut-il exister dans le recours à ces thérapeutiques, comparé aux traitements médicamenteux qui sont davantage mis en exergue dans l’opinion du public et des professionnels de santé ? » La Haute autorité de santé (HAS) publie, à la demande de la direction de la sécurité sociale (DSS) du ministère de la Santé, un rapport d’orientation intitulé « Développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées », visant à « identifier les freins organisationnels, économiques, socioculturels et Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 20/77 symboliques qui existent sur le terrain. La levée des freins doit alors créer les conditions propices à la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses ; des voies d’amélioration du système de santé sont proposées dans ce sens ». Pour la HAS, « La principale condition du développement de la prescription des thérapeutiques non médicamenteuses est l’évolution de la façon dont la collectivité (professionnels et patients) se représente la notion de traitement. Les représentations collectives sont à l’heure actuelle principalement centrées sur l’action médicamenteuse dans une perspective curative. Il importe de promouvoir une conception plus globale de la notion de traitement dans laquelle les prises en charge médicamenteuses et non médicamenteuses apparaissent comme complémentaires dans un objectif à la fois curatif et préventif. Haute autorité de santé. Développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées. Avril 2011. www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/201106/developpement_de_la_prescription_de_therapeutiques_non_medicamenteuses_rapport .pdf (texte intégral). www.psychomedia.qc.ca, Le Monde, Le Généraliste, Impact Santé, 7 juin 2011. Le Point, France Soir, 8 juin 2011. www.20minutes.fr, 9 juin 2011. Démence et troubles de l’apprentissage : quelle prise en charge ? Les personnes ayant des troubles de l’apprentissage vivent plus longtemps, et présentent de plus en plus des pathologies liées au vieillissement, dont la maladie d’Alzheimer. Dans ce dernier cas, leurs besoins médicaux et sociaux posent de nombreuses difficultés pour les services de prise en charge. Penny Llewellyn, de l’Université de Glamorgan (Pays-deGalles) publie une analyse de la littérature publiée entre 1996 et 2006 concernant les besoins spécifiques de cette population. Llewellyn P. The needs of people with learning disabilities who develop dementia : a literature review. Dementia 2011; 10(2): 235-247. 11 mai 2011. http://dem.sagepub.com/content/10/2/235.abstract. Désir d’institutionnalisation Une étude de Damien Gallagher, psychologue à l’hôpital Saint James’s de Dublin (Irlande), portant sur cent deux couples de personnes atteintes de maladie d’Alzheimer ou de déficit cognitif léger et leurs aidants, montre que le désir des aidants de faire entrer la personne malade en établissement d’hébergement est associé de façon significative à plusieurs variables potentiellement modifiables, telles que le style des aidants pour faire face à la situation, l’efficacité personnelle de l’aidant, la dépression, le fardeau et la présence d’un besoin de service non satisfait. Les seuls facteurs prédictifs indépendants les uns des autres sont le fardeau des aidants, la dépression et le fait de ne pas être un conjoint. Gallagher D et al. Determinants of the desire of institutionalize in Alzheimer’s caregivers. Am J Alzheimers Dis Other Demen 2011; 26(3): 205-211. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21378063. Plateformes de répit : le respect de la dignité (1) Dans le cadre de la mesure 1c du plan Alzheimer 2008-2012, l’ANESM (Agence nationale de l’évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux) publie un cadre théorique et un constat des pratiques professionnelles de « l’accompagnement pluridisciplinaire au bénéfice de l’aidé, de l’aidant et du lien aidantaidé, dans les structures de répit et d’accompagnement ». Ce travail constitue une contribution à la réflexion en cours sur le répit et l’accompagnement en vue de l’amélioration de la qualité de la prise en charge du couple aidant-aidé et de l’élaboration Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 21/77 du nouveau cahier des charges dans le cadre du développement des « plateformes de répit et d’accompagnement» (accueil de jour, hébergement temporaire, séjour de vacances, bistrot mémoire, groupe de parole pour les aidants, formations pour les aidants, garde itinérante de nuit…). Marie-Jo Guisset-Martinez et Marion Villez, du pôle Initiatives locales de la Fondation Médéric Alzheimer, étaient membres du comité de pilotage de cette étude. Le document met tout d’abord en avant le respect de la dignité de la personne humaine : « la reconnaissance d’une même humanité en toute circonstance et le respect de la dignité constitue un préalable à tout accompagnement. La personne malade ne peut être réduite qu’à ce seul statut. Une attention particulière est portée aux capacités de la personne, sans oublier les registres créatifs et émotionnels, pour les valoriser. La personne est informée, associée et écoutée et son assentiment doit être recueilli, autant que faire se peut. La question éthique concerne également l’aidant qui doit pouvoir disposer d’un droit à être relayé et à ne pas être assigné à ce seul rôle en ayant recours aux différents dispositifs d’accompagnement et de répit. Afin de disposer des repères pour l’action et la réflexion, les professionnels s’appuieront, notamment, sur les recommandations de l’ANESM (questionnement éthique dans les établissements et services médico-sociaux ; la bientraitance, définition et repère pour la mise en œuvre; mission du responsable d’établissement et rôle de l’encadrement dans la prévention et le traitement de la maltraitance). ANESM. L’accompagnement pluridisciplinaire au bénéfice de l’aidé, de l’aidant et du lien aidant-aidé, dans les structures de répit et d’accompagnement. Cadre théorique et pratiques professionnelles constatées. Mars 2011. www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/11%2003%2011%20Etude%20ANESM%20V6%20%20FINAL%20p our%20PDF%2010%200511.pdf (texte intégral). Plateformes de répit : l’accompagnement pluridisciplinaire (2) Les professionnels des structures de répit et d’accompagnement proposent un accompagnement pluridisciplinaire visant des objectifs diversifiés : veiller à la santé de l’aidé et de l’aidant ; favoriser l’autonomie de la personne accueillie en lui proposant un accompagnement visant à la réhabilitation de certaines fonctions, ainsi que des soins relationnels visant à valoriser la personne en privilégiant le plaisir de faire ; proposer un soutien psychologique pour l’aidant et l’aidé afin de prendre en compte l’éventuelle souffrance psychique liée au vécu de la maladie ; aménager l’environnement physique afin de promouvoir l’autonomie et le bien-être de la personne ; soutenir le lien social sous ses différentes formes, tant pour l’aidé que pour l’aidant, et accompagner la relation aidant/aidé, afin de prévenir l’isolement social ; favoriser l’accessibilité des différents services. Les professionnels peuvent, notamment, s’appuyer sur les recommandations de la Haute autorité de santé (HAS) et de l’ANESM : diagnostic et prise en charge de la maladie d’Alzheimer (HAS) ; maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : suivi médical des aidants naturels (HAS) ; accompagnement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou apparentée en établissement médico-social (ANESM). Il n’existe pas de hiérarchie entre les différents volets de l’accompagnement mais bien une complémentarité, indique l’ANESM. Chaque approche présente des limites et aucune n’est détentrice d’une connaissance et d’une opérationnalité absolues. En effet, il existe des interrelations complexes entre les différentes composantes de l’être humain, le biologique, le psychologique, le social, l’environnement, la citoyenneté. La personne ne peut être réduite à un seul aspect ; l’individu se caractérise par sa singularité ; la Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 22/77 personne s’inscrit dans la temporalité et dans une dynamique évolutive. Aussi, les réponses à apporter aux besoins/désirs des personnes (de soins psychiques, de lien social, de réhabilitation…) sont-elles à personnaliser, d’où la nécessité de proposer des solutions souples, diversifiées, cohérentes, organisées sous forme de plateforme ou de réseau et mises en œuvre dans une perspective pluridisciplinaire, tant pour l’aidant que pour l’aidé. A ces fins, les professionnels et les intervenants auront recours à des professionnels formés des secteurs médical, paramédical, médico-social et social. ANESM. L’accompagnement pluridisciplinaire au bénéfice de l’aidé, de l’aidant et du lien aidant-aidé, dans les structures de répit et d’accompagnement. Cadre théorique et pratiques professionnelles constatées. Mars 2011. www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/11%2003%2011%20Etude%20ANESM%20V6%20%20FINAL%20p our%20PDF%2010%200511.pdf (texte intégral). Plateformes de répit : l’accompagnement pluridisciplinaire (3) L’accompagnement est organisé à partir d’un projet de service, qui précise : les missions du service ; le public accueilli (aidant et/ou aidé) et les indications d’admissions (en terme de pathologie, de degré d’autonomie, d’âge…) ; les modalités de mise en œuvre des missions et les partenariats avec les autres acteurs et établissements complémentaires ; les valeurs et les principes d’intervention ; la qualification des professionnels, les compétences requises et les formations complémentaires nécessaires. Le projet de service doit être actualisé régulièrement, souple et s’adapter aux besoins et aux demandes des personnes accueillies et à l’évolution de leur maladie. La pertinence de certaines pratiques doit pouvoir être réinterrogée dans une dynamique d’auto-évaluation régulière. Les évaluations régulières des personnes accompagnées, lors des réunions d’équipe pluridisciplinaires, permettent de proposer un accompagnement personnalisé et adapté, et si besoin de réajuster le projet de service. Les professionnels peuvent s’appuyer sur les recommandations de l’ANESM : élaboration, rédaction et animation du projet d’établissement et de service ; les attentes de la personne et le projet personnalisé. ANESM. L’accompagnement pluridisciplinaire au bénéfice de l’aidé, de l’aidant et du lien aidant-aidé, dans les structures de répit et d’accompagnement. Cadre théorique et pratiques professionnelles constatées. Mars 2011. www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/11%2003%2011%20Etude%20ANESM%20V6%20%20FINAL%20p our%20PDF%2010%200511.pdf (texte intégral). Plateformes de répit : quelle évaluation ? (4) Dans un premier temps, l’ANESM estime préférable de faire porter cette évaluation sur la pertinence des interventions proposées, eu égard aux demandes et besoins de l’aidé et de l’aidant : « une intervention n’est efficace que si elle a du sens tant pour l’aidé que pour l’aidant. Elle n’a de sens que si elle respecte la dignité de la personne humaine et ne la réduit pas à ses déficiences et incapacités. Dans cette perspective, les professionnels veillent à associer, informer et écouter en permanence les personnes qu’ils accompagnent ». Dans un second temps, l’évaluation doit porter sur les effets des interventions. Les interventions ont-elles permis de répondre aux besoins et demandes explicites ou implicites de l’aidé et de l’aidant ? Ces interventions n’ont pas uniquement pour objectif d’améliorer ou de maintenir les capacités fonctionnelles et cognitives de la personne, elles ont des objectifs pluriels, personnalisés, ciblés et évolutifs dans le temps : la santé physique de l’aidé et de l’aidant ; l’autonomie, le plaisir de faire et la valorisation de la personne ; le bien être psychique de l’aidé et de l’aidant ; le lien social, tant pour l’aidant que pour l’aidé ; l’accès aux droits et aux services adaptés. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 23/77 Ce travail d’évaluation de la pertinence des interventions et de leurs effets est mis en œuvre en continu par les professionnels de terrain dans le cadre de l’évaluation des pratiques professionnelles. Néanmoins, estime l’ANESM, « ces modalités d’évaluation des pratiques professionnelles sur le terrain, telles que rappelées, n’excluent pas la nécessité d’évaluations scientifiques, de recherches conduites tant dans le domaine des sciences humaines et sociales, psychologie, sociologie, philosophie, droit, économie…, que dans le champ médical, en appliquant les méthodologies de recherche et les cadres conceptuels propres à chaque discipline ». ANESM. L’accompagnement pluridisciplinaire au bénéfice de l’aidé, de l’aidant et du lien aidant-aidé, dans les structures de répit et d’accompagnement. Cadre théorique et pratiques professionnelles constatées. Mars 2011. www.anesm.sante.gouv.fr/IMG/11%2003%2011%20Etude%20ANESM%20V6%20%20FINAL%20p our%20PDF%2010%200511.pdf (texte intégral). Ergothérapie à domicile : quelle efficacité ? La revue Ergothérapies, de l’Association nationale française des ergothérapeutes (ANFE), publie une traduction française de l’essai contrôlé et randomisé mené par Maud Graff et ses collègues, de l’Université Radboud de Nimègue (Pays-Bas), publié en 2007 dans Journals of Gerontology, montrant l’efficacité d’une intervention d’ergothérapie à domicile portant sur cent trente-cinq couples de personnes atteintes de démence et leurs aidants. L’intervention consistait en dix séances d’ergothérapie en milieu ordinaire de vie incluant des interventions cognitives et comportementales pour entraîner les patients à l'utilisation d'aides pour compenser le déclin cognitif, et pour entraîner les aidants à adapter leurs comportements et leur surveillance. L'ergothérapie améliore le fonctionnement quotidien des patients et réduit la charge des aidants, malgré les capacités limitées d'apprentissage des personnes malades. Les effets étaient encore présents à douze semaines, ce qui justifie la mise en œuvre de ces interventions. Graff MJ et al. Ergothérapie en milieu ordinaire de vie pour des patients atteints de démence et pour leurs aidants : essai contrôlé randomisé. Ergothérapies 2011 ; 41 : 5-16. http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=24015122. Graff MJ et al. Effects of community occupational therapy on quality of life, mood, and health status in dementia patients and their caregivers: a randomized controlled trial. J Gerontol A Biol Sci Med Sci 2007; 62(9): 1002-1009. Septembre 2007. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17895439. Accompagnement social L’équipe du Professeur Henry Brodaty, du centre de recherche collaboratives sur la démence de l’Université de Nouvelle-Galles-du-Sud à Sydney (Australie), publie une revue systématique des différents modèles d’accompagnement social (non-medical care) des personnes âgées, en établissement ou dans des services de proximité. Trente-cinq articles ont été retenus, et sont de qualité méthodologique hétérogène. Les études randomisées montrent que le case management améliore les capacités fonctionnelles et le bon usage des médicaments, accroît l’utilisation des services de proximité et réduit l’entrée en établissement. Les études centrées sur l’usager semblent améliorer la satisfaction par rapport aux services et accroître l’utilisation des services de proximité. Aucun des modèles ne permet d’améliorer l’état clinique des personnes malades. Low LF et al. A systematic review of different models of home and community care services for older persons. BMC Health Serv Res 2011; 11(1): 93. 9 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21549010. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 24/77 Marchons, marchons Une étude contrôlée et randomisée australienne, menée par l’Ecole de sociologie et travail social de l’Université de Tasmanie, a évalué l’effet d’un programme d’activité physique sur les capacités fonctionnelles de quarante personnes atteintes de maladie d’Alzheimer vivant à domicile (âge moyen 74.1 ans, score MMSE moyen 22). Le programme comprenait des exercices quotidiens et de la marche sous la surveillance de l’aidant. A quatre mois, le score cognitif s’est amélioré significativement (+2.6), ainsi que la mobilité (-2.9 secondes au test Timed up and go) et une amélioration du score de réalisation des activités instrumentales de la vie quotidienne (+1.6). Vreugdenhil A et al. A community-based exercise programme to improve functional ability in people with Alzheimer's disease: a randomized controlled trial. Scand J Caring Sci, 12 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21564154. Trajectoires et transitions Mary Mittelman et ses collègues, de l’Université de New York (NYU) ont modélisé les trajectoires et les transitions de prise en charge de quatre-cent-six conjoints aidants de personnes atteintes de maladie d’Alzheimer vivant à domicile, participant à un essai contrôlé et randomisé de soutien des aidants (NYU Caregiver Intervention) suivis durant une période moyenne de 9.5 ans (trois fois par an la première année et deux fois par an ensuite). Les femmes sont plus nombreuses que les hommes à déclarer une réduction du fardeau dans les mois suivant l’entrée de la personne malade en établissement, et présentent une réduction plus grande des symptômes dépressifs. Gaugler JE et al. Modeling trajectories and transitions: results from the New York University caregiver intervention. Nurs Res 2011; 60(3 Suppl) : S28-37. Mai-juin 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21543959. Réhabilitation cognitive Une équipe polonaise, de l’Université médicale de Wroclaw, a mené un essai randomisé pour évaluer l’efficacité d’un programme de réhabilitation cognitive utilisant une technologie multimédia (quatre séances par semaine durant une semaine, pendant six semaines), chez des personnes atteintes de déficit cognitif léger et de maladie d’Alzheimer au stade précoce. L’intervention apporte une amélioration en termes de fonctionnement cognitif (fonctions linguistiques, mémoire, attention, coordination visuelle et motrice) et de qualité de vie. Wojtinska R et al. The evaluation of the effectiveness of the program of the cognitive rehabilitation of patients with MCI and early dementia of Alzheimer’s type. Communication P01-500, 19è congrès européen de psychiatrie, Vienne, 12-15 mars 2011. Eur Psychiatry 2011; 26(suppl. 1), 504. Redonner le goût de vivre « Attention, Monsieur, vous n’avez pas bien regardé avant de traverser ! », avertit Adeline Milet, ergothérapeute de la nouvelle équipe mobile Alzheimer de Nantes. Elle accompagne Christian, âgé de quatre-vingt-deux ans, qui se dirige vers la boulangerie, située à quelques centaines de mètres de sa maison. Un matin, il s’est perdu sur ce chemin qu'il connaît par cœur. Les jours suivants, il n'a plus voulu sortir. Avec Adeline, il réapprend le plaisir de la balade, saluant le voisin prothésiste, souriant à la commerçante. « Redonner une motivation à la personne, lui montrer qu'elle peut encore faire plein d'activités, la valoriser, c'est une de nos missions », explique l’ergothérapeute. Sur prescription médicale, les équipes mobiles peuvent intervenir pour douze à quinze séances à domicile, Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 25/77 prises en charge à 100%. La première visite permet d'évaluer la situation du malade dans son logement afin d'y apporter des réponses pratiques : modifier l'architecture pour le rendre plus sécurisé, réfléchir à une aide à domicile ou encore à un placement temporaire en accueil de jour. « Nous nous sommes rendus compte que beaucoup de gens sont isolés et n'ont pas forcément accès à ces informations. Quatre mille personnes seraient atteintes à Nantes », indique Gérard Nappez, directeur du Sadapa (Soins à domicile aux personnes âgées) de l'Association des centres de soins de la région nantaise. Il s'agit aussi d'écouter et de conseiller les aidants. Monique, la femme de Christian, est épuisée : « c'est comme si j'avais avec moi un enfant en bas âge qui commence à marcher. Je dois le surveiller, tout contrôler ». Le soutien d'Aline et de ses collègues la rassure. « Je sais que je ne suis pas seule », confie Monique. « Dans d'autres pays d'Europe, où ce type de service s'est généralisé, il a été démontré que le malade peut rester dix-huit mois à deux ans de plus chez lui, dans de bonnes conditions », conclut Gérard Nappez. www.saint-nazaire.maville.com, 14 mai 2011. Plateaux-repas compartimentés : pour ou contre ? (1) La maison de retraite Nightingale, dans le sud de Londres (Royaume-Uni), teste l’utilisation de boîtes bento (boîtes repas d'origine japonaise qui permettent d'emporter son repas et de le consommer n'importe où), garnies de mets appétissants, colorés, riches en protéines, et faciles à manger du bout des doigts (finger food), mais avec style. Le personnel trouve ces boîtes particulièrement utiles pour les résidents qui ne dorment pas la nuit. J Dementia Care, mai-juin 2011. Plateaux-repas compartimentés : pour ou contre ? (2) L’assiette institutionnelle n’aggrave-t-elle pas l’incapacité à se servir d’un objet usuel, l’assiette (apractognosie) ? s’interroge Valérie Delaide, cadre de santé à l’hôpital Chastaingt du CHU de Limoges. Selon elles, les personnes en bonne santé ne prêtent pas attention aux trois actes élémentaires qui constituent l’activité de manger : la préhension, la mastication et la déglutition. Lorsqu’une limitation fonctionnelle survient pour l’un de ces trois actes, « les repas deviennent des moments de gêne et de honte : les personnes concernées préfèrent dire qu’elles ont déjà mangé ou qu’elles n’ont pas faim et refuser l’aide qui leur est proposée. Cette situation peut progressivement aggraver leur sousalimentation et avoir une influence néfaste sur leur handicap et sur les symptômes psychiques et physiques de leur maladie ». « La prise de conscience des échecs répétés, dans l’action et la relation à l’autre, va être la cause de blessures narcissiques profondes ». Cette expérience anxiogène de l’échec peut expliquer le retrait, l’isolement et le désintérêt « comme un évitement de la situation devenue trop complexe. L’agressivité souvent observée lors des soins, comme lors de l’aide au repas, peut s’expliquer en partie par une réaction vive et personnelle à la dépendance » : « le moment du repas devient, pour les patients comme pour les soignants, l’activité de la journée la plus anxiogène ». L’équipe soignante de l’unité de vie protégée Alzheimer, qui accueille trente-deux résidents, s’est questionnée sur le plateau dans lequel était servi le repas : un rectangle compartimenté qui semblait déstabiliser les personnes âgées, certaines verbalisant même : « c’est quoi ce bac ? ». L’équipe a mis en place auprès de quatre personnes un projet de recherche infirmier (Praxalim, impact de la forme des assiettes sur la préservation des praxies dans l’alimentation chez les personnes âgées souffrant de démences sévères de type Alzheimer ou mixtes en institution). Lorsque le repas est distribué plat par plat, la routine entretient les capacités restantes. Faire cesser Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 26/77 l’automatisme quelques jours peut entraîner une perte complète de la gestuelle. Avec l’assistance d’une aide médico-psychologique (AMP) lors du déjeuner, le repas est distribué dans une assiette ronde, plate ou creuse, de couleur blanche (pour éviter les distractions visuelles), lisses (les aspérités pouvant être confondue avec des débris d’aliments), et avec un liséré (pour trouver un contraste entre l’objet et la table). Les personnes malades débutent seules leurs repas, en utilisant leurs couverts, et retrouvent parfois l’automatisme de porter les aliments à la bouche. Delaide V. Démence et gestuelle de la prise des repas. Soins Gérontol 2011 ; 89 : 34-36. Mai-juin 2011. Musique et soins infirmiers A Taiwan, une étude menée par Huei-Chuan Sung et ses collègues de l’Université technologique Tzu Chi de Hualien, en collaboration avec Gramen Smith, de l’Ecole infirmière de l’Université d’Edimbourg (Ecosse), auprès de deux cent quatorze infirmières, montre que les infirmières ont une attitude positive concernant l’utilisation de la musique chez les personnes atteintes de démence ; 30.6% l’ont déjà utilisée dans leur pratique professionnelle et 72.9% estiment avoir une connaissance et de compétences limitées dans ce domaine. Plus de la moitié déclarent manquer de ressources et de temps pour mettre en œuvre un programme de musicothérapie appliquée à la démence. Pour Maribeth Gallagher, directrice depuis cinq ans du programme sur la démence de l’unité de soins palliatifs Hospice of the Valley de Phoenix (Arizona, Etats-Unis), et doctorante en sciences infirmières à l’Université de l’Arizona (Etats-Unis), il est possible de réduire l’agitation chez les personnes atteintes de démence au stade avancé en soins palliatifs en leur faisant écouter de la musique personnalisée. Dans une étude portant sur vingt-quatre professionnels des soins palliatifs, elle montre la faisabilité d’un programme de formation à ce protocole. http://nursingandhealth.asu.edu/news/6819, 11 mai 2011. Gallagher M. Evaluating a protocol to train hospice staff in administering individualized music. Int J Palliat Nurs 2011; 17(4):195-201. Avril 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21537322. Radio Voix d’Or Une chanson de Jean Sablon, un poème sur la nature au printemps, une rétrospective des progrès de la condition féminine, sont quelques-uns des programmes radiophoniques de mars de la société Sonora, qui propose aux hôpitaux et maisons de retraite des programmes radiophoniques. Dans sa version actuelle, la Voix d’Or comprend des programmes de six à sept heures, renouvelés chaque mois, comprenant éphémérides, jeux, contes, chroniques, musique. Ils sont enregistrés sur une carte mémoire de type SD à insérer dans un appareil ressemblant à un vieux poste de radio (« le transistor »). « Il suffit d’un mot, d’une chanson, ça nous fait resurgir des souvenirs et ça permet des relations entre nous », explique une résidente de La Villette d’Or, gérée par la Ville de Lyon. Le programme est en cours d’évaluation par l’équipe du Professeur Pierre Krolak-Salmon, au Centre mémoire de ressources et de recherches (CMRR) de Lyon, selon qui les premiers résultats montrent une « diminution significative » de l’anxiété et de l’agitation des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer écoutant les programmes radiophoniques de la Voix d’Or, ainsi qu’une réduction du stress des soignants. Trente établissements sont abonnés à la Voix d’Or, pour un coût de 120 euros mensuels. Pierre Hamon, adjoint au maire de Lyon délégué aux personnes âgées, a offert l’abonnement aux quatre EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de la Ville de Lyon. Six mille trois cents euros ont été investis pour équiper les établissements et former treize Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 27/77 agents (animateurs, psychologues, aides-soignantes) : « il faut qu’il y ait de l’interactivité entre les soignants et les résidents. Cela demande beaucoup d’implication des personnels », explique Annick Varrot, directrice de l’EHPAD de La Villette d’Or. Lina Braunschweig, directrice de Sonora, réfléchit à une meilleure intégration dans les métiers pour que La Voix d’Or « ne soit pas une surcharge de travail », ainsi qu’à une version pour les personnes malades vivant à domicile et leurs aidants. www.leprogres.fr, 31 mai 2011. Démence et apprentissage : méthode Montessori (1) Depuis une douzaine d’années, le psychologue Cameron Camp et son équipe du Myers Research Institute de Menorah Park (Cleveland, Etats-Unis) ont développé un programme d’apprentissage de compétences (skill building) pour des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée (Montessori-based dementia programming), conçu sur le modèle d’apprentissage chez l’enfant de Maria Montessori, médecin et pédagogue italienne (1870-1952). Il s’agit de préserver les capacités restantes et de faire participer les personnes. La méthode consiste à solliciter les capacités de la personne âgée désorientée au niveau social, moteur, cognitif, émotionnel, à stimuler la mémoire des savoir-faire gestuels ritualisés de la vie quotidienne (faire sa toilette, s'habiller, se nourrir...) pour réactiver des automatismes qui font appel à la mémoire ancienne. Ce programme a été récompensé par un prix d’excellence en recherche et formation par l’American Association of Homes and Services for the Aging (AAHSA) et par le prix 2004 de la Société américaine du vieillissement (American Society on Aging). Cette méthode est encore peu connue en France, mais se développe dans une vingtaine de pays. La Fondation Médéric Alzheimer et l’association Alzheimer’s Disease International (ADI) ont décerné en 2010 un prix mondial de l’intervention psychosociale la plus prometteuse au Pr Lin, de l’Université nationale Yang Ming à Taipei (Taiwan) pour son projet intitulé « efficacité de l’acupression et des activités de type Montessori pour réduire les comportements d’agitation chez les personnes atteintes de démence ». Pour la première fois en France, la méthode Montessori adaptée aux personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer, est introduite à grande échelle. Le groupe Médica France, après expérimentation sur quatre sites, a décidé d'intégrer cette méthode au sein de l'ensemble de ses maisons de retraite, pour aider les résidents ayant des troubles cognitifs à réapprendre les gestes de la vie quotidienne et à se faire comprendre. www.capgeris.com, 12 mai 2010. www.fondation-mederic-alzheimer.org, 24 mars 2010. J Am Geriatr Soc. Lin LC et al. Using acupressure and Montessori-based activities to decrease agitation for residents with dementia: a cross-over trial. J Am Geriatr Soc 2009; 57(6):1022-1029. Juin 2009. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19507295. Lin LC et al. Using spaced retrieval and Montessori-based activities in improving eating ability for residents with dementia. Int J Geriatr Psychiatry 2010; 25(10): 953-959. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20054841. Skrajner MJ et Camp CJ. Resident-Assisted Montessori Programming (RAMP): use of a small group reading activity run by persons with dementia in adult day health care and long-term care settings. Am J Alzheimers Dis Other Demen 2007 ; 22(1):27-36. Février-mars 2007. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/17533999. Démence et apprentissage : méthode Montessori (2) Pour le groupe Médica France, « le fondement de Montessori, c'est aider la personne âgée désorientée à retrouver une autonomie dans les actes simples de la vie quotidienne, à lui rendre sa dignité, une estime d'elle-même. L'objectif thérapeutique de Montessori consiste à diminuer les troubles cognitifs en apportant des solutions avec un environnement et des Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 28/77 activités adaptées à chaque personne ». Le Dr Didier Armaingaud, directeur médical et qualité du groupe, explique : « nous sommes toujours à la recherche de nouvelles méthodes d'accompagnement thérapeutique non-médicamenteuses pour améliorer la qualité de vie et l'autonomie des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. La méthode Montessori valorise les capacités persistantes de l'adulte âgé désorienté et contourne les défaillances liées à la perte de la mémoire. Son approche est positive. C'est ce qui nous a séduit et la raison pour laquelle nous avons souhaité l'intégrer au sein de nos structures » : « la méthode apprend aux équipes pluridisciplinaires (l'animatrice, le médecin coordonnateur, l'infirmière, l'auxiliaire de vie...) à observer les habitudes de vie du résidant, ses habitudes gestuelles, à changer son regard pour une meilleure interprétation des troubles du comportement, de la communication non verbale. Ainsi l'ensemble de l'équipe va proposer de manière individuelle à chaque résidant des activités qui ont du sens, en lien avec son projet de vie individualisé (son chemin de vie, ses goûts passés et actuels). Le soignant, l'animatrice de la résidence se positionnent comme des facilitateurs qui vont aider la personne âgée à faire seule ». www.capgeris.com, www.bientraitance.fr, 12 mai 2010. www.senioractu.com, www.reseau-alzheimer.fr, 13 mai 2011. Démence et apprentissage : méthode Montessori (3) Pour la directrice de la résidence du Quincy-Sous-Sénart (Essonne), « c'est du bon sens, de l'empathie, de la gentillesse. Le regard Montessori permet de découvrir une nouvelle personne. On occulte les défaillances et on valorise les réussites. Grâce à la formation Montessori, nos équipes ont appris à écrire dans la bonne dimension, à mettre les objets au bon endroit en fonction des habitudes gestuelles de vie de chaque résidant. Sur notre établissement, une personne âgée réussit à nouveau à faire sa toilette du visage seule. Ce progrès visible est très encourageant pour les équipes et les familles. C'est aussi primordial pour la personne âgée qui retrouve sa dignité ». Le médecin coordonnateur de la résidence de Saint Avertin (Indre-et-Loire) témoigne : « nous avons eu des résultats intéressants au niveau de la coordination des gestes et au niveau de la gestion des troubles du comportement. En proposant à chaque résidant une activité qui fait appel à sa mémoire ancienne - une activité chant par exemple pour une personne qui faisait partie d'une chorale, mettre le couvert chaque soir pour une personne qui avait l'habitude de préparer le repas - nous détournons l'obsession qui génère de l'anxiété et un trouble du comportement ». Les spécificités de la méthode Montessori adaptée aux personnes désorientées, sa mise en pratique et ses résultats seront présentés lors de conférences aux familles ainsi qu'aux professionnels de santé libéraux amenés à intervenir régulièrement sur les établissements. « Un tel changement ne peut émerger sans l'implication de tous. Il est très important que les familles soient un relais. L'approche Montessori permet aux équipes soignantes de créer des échanges constructifs avec les familles sur des éléments positifs pour le bien-être du résident et par rebond pour le bien-être de sa famille », conclut le Dr Armaingaud. www.capgeris.com, www.bientraitance.fr, 12 mai 2010. www.senioractu.com, www.reseau-alzheimer.fr, 13 mai 2011. Art, démence et bien-être « Le bien-être est décrit comme un état d’acceptation de l’ « ici et maintenant », dans le corps et l’esprit. Il est possible d’être malade et cependant d’être dans un état de bienêtre. C’est ce sens du bien-être que visent les initiatives artistiques pour les personnes atteintes de démence », écrivent Katie Salisbury et ses collègues du centre de Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 29/77 développement de services pour la démence de l’Université de Bangor (Pays-de-Galles), qui proposent une revue scientifique sur les programmes d’art et de qualité de vie destinés aux personnes atteintes de démence. Outre une amélioration du bien-être et de la qualité de vie, ces programmes apportent une aide à la communication non-verbale, à la réminiscence et à la promotion d’une conversation porteuse de sens, permettent aux personnes malades de retrouver un sens de l’identité et aux aidants de mieux comprendre ce que vivent les personnes dont ils prennent soin. Salisbury K et al. Arts programmes and quality of life for people with dementia - a review. J Dementia Care 2011; 19(3): 33-37. Mai-Juin 2011. Soutien téléphonique à l’aidant après l’entrée en établissement de la personne malade Jennifer Duncan Davis, de l’hôpital de Rhode Island, et ses collègues des Universités Brown et du Connecticut (Etats-Unis), ont évalué, dans une étude randomisée préliminaire portant sur quarante-six aidants de personnes atteintes de démence, l’efficacité d’une intervention téléphonique de soutien aux aidants restés seuls après l’entrée en établissement de la personne malade (dix contacts téléphoniques durant trois mois). L’intervention réduit significativement le sentiment de culpabilité associé à l’institutionnalisation, et améliore significativement la perception positive par l’aidant des interactions avec le personnel de l’établissement. Duncan Davis J et al. A telephone-delivered psychosocial intervention improves dementia caregiver adjustment following nursing home placement. Int J Geriatr Psychiatry 2011; 26(4): 380-387. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20842759. Acteurs — Les Personnes malades Consentement éclairé La très sélective revue scientifique Nature ouvre ses colonnes à l’éthique du consentement éclairé des personnes atteintes de troubles cognitifs pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Pour Scott Kim, du centre de bioéthique et sciences sociales de l’Université du Michigan à Ann Arbor (Etats-Unis), malgré des décennies de débat, la réglementation reste mal définie. Si de nombreuses études soulignent les difficultés d’obtenir un consentement éclairé chez des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, de nouvelles preuves scientifiques émergent, montrant que ces personnes et leurs représentants (surrogates) sont capables de prendre des décisions quant à la participation à la recherche, en cohérence avec les valeurs des patients. Le débat politique et scientifique devrait prendre en compte l’influence de ces nouvelles approches sur les réticences éthiques à inclure dans les essais cliniques des patients en situation d’incapacité à consentir. Kim SY. The ethics of informed consent in Alzheimer disease research. Nat Rev Neurol 2011, 24 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21610690. Un cadre éthique pour la recherche en sciences humaines et psychosociales « Le soutien à la recherche étant au cœur de ses missions, la Fondation Médéric Alzheimer a, très tôt, été confrontée à deux interrogations, qu’elle a d’emblée identifiées comme d’authentiques question d’éthique », écrit Bruno Anglès d’Auriac, président de la Fondation, dans un éditorial publié sur le site de l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer (EREMA). « En premier lieu, elle a dû définir les domaines de recherche qu’elle entendait soutenir. Cela s’est traduit par un premier choix éthique fort : Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 30/77 celui de consacrer la totalité de ses ressources destinées à la recherche non pas aux études biomédicales mais aux études en sciences humaines et sociales (visant à comprendre les conséquences sociétales de la maladie) et aux études évaluant de manière rigoureuse les interventions psychologiques, sociales et environnementales destinées à améliorer la qualité de vie des personnes malades et de leurs aidants. Ce premier choix a fait naître une seconde interrogation. Dans la recherche psychosociale comme dans la recherche biomédicale, impliquer dans les études des personnes qui présentent des troubles cognitifs suppose des garanties éthiques très strictes. Il faut en particulier prendre en compte tous les risques que cette participation peut faire peser sur le bien-être, l’estime de soi, l’intimité, ou la vie privée des personnes et de leur entourage. Pour cette raison, la Fondation Médéric Alzheimer a été amenée à expliciter les règles d’éthique qu’elle souhaite voir respecter dans les études auxquelles elle apporte son soutien ». En proposant un Cadre éthique (www.fondation-mederic-alzheimer.org/fre/Soutien-a-laRecherche/Cadre-ethique), « la Fondation Médéric Alzheimer n’entend pas se substituer aux comités d’éthique qui pourraient, dans le futur, être amenés à examiner les projets de recherche en sciences humaines. Elle est consciente du fait que chaque discipline scientifique a sa propre méthodologie et, parfois, ses propres règles déontologiques. Elle sait également que des règles éthiques trop strictes risquent de paralyser la recherche et de décourager les chercheurs, sans nécessairement mieux protéger les intérêts et l’autonomie des personnes. Cependant, dans un contexte (notamment celui du Plan Alzheimer 2008-2012) où la préoccupation de l’éthique est devenue centrale, et où la recherche en sciences humaines et la recherche psychosociale ont enfin trouvé toute leur place, la Fondation Médéric Alzheimer estime qu’un cadre d’éthique de la recherche commun à l’ensemble des disciplines des sciences humaines pourrait permettre de sensibiliser les chercheurs et les conduire à se poser les questions en amont ». Ce cadre éthique « souple » a vocation à évoluer dans le temps. www.espace-ethique-alzheimer.org, www.fondation-mederic-alzheimer.org/fre/Soutiena-la-Recherche/Cadre-ethique, mai 2011. Alzheimer et dépendances : mieux comprendre pour mieux agir Comment, au début de la maladie, anticiper l’apparition des dépendances ? La personne malade peut-elle exprimer ses souhaits concernant la gestion de ses biens, l’organisation de son lieu de vie ? Comment l’aidant vit-il la mise sous tutelle de la personne malade ? Est-ce toujours un soulagement ? La mise sous tutelle doit-elle exclure toute demande d’avis à la personne malade pour les décisions concernant son patrimoine ? De quelle manière la personne malade perçoit-elle sa dépendance et quelles en sont les conséquences sur son comportement, sa sécurité et l’épuisement de l’aidant principal ? Que se passe-t-il dans la vie quotidienne quand la personne ne se rend pas compte ou évalue mal sa dépendance à autrui ? A contrario, comment est vécu par l’aidant le comportement de ceux qui, reconnaissant sans doute implicitement leur dépendance, collent à chaque pas de l’aidant principal : est-ce pour l’aidant un facteur de sécurisation ou d’épuisement ? Telles sont quelques-unes des questions posées par l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer (EREMA) dans le cadre de la consultation participative : Alzheimer et dépendances : mieux comprendre pour mieux agir. Il s’agit pour l’EREMA de mettre en commun des savoirs, des expériences, des situations de vie, des témoignages, permettant « de couvrir le plus exhaustivement possible les multiples formes de dépendance engendrées par la maladie d’Alzheimer et d’émettre des propositions légitimes ». L'expression individuelle est « libre et anonyme, pour favoriser un débat d'idées qui, avec l’aide de modérateurs professionnels rompus à ce type d’exercice Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 31/77 (House Of Common Knowledge), fera apparaître recommandations d’actions ». www.espace-ethique-alzheimer.org, 1er juin 2011. des solutions nouvelles, des Choisir et décider ensemble En lien avec différents partenaires institutionnels et associatifs, dont France Alzheimer et la Fondation Médéric Alzheimer, et dans le cadre du plan Alzheimer 2008-2012, l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer (EREMA) organise le 12 septembre 2011 une université d’été. « C’est en terme de droit et non de morale qu’il nous faut aborder les devoirs de la société à l’égard de ses membres vulnérables dans la maladie. Nous devons être respectueux de la dignité des personnes et justes dans les décisions qu’il convient de prendre dans leur intérêt supérieur. Un tel énoncé, on le constate, apparaît bien fragile et illusoire au regard des réalités quotidiennes auxquelles les personnes malades et leurs proches sont confrontés », explique Emmanuel Hirsch, responsable de l’EREMA. www.espace-ethique-alzheimer.org, mai 2011. Malades jeunes : quelle prise en charge ? Selon le professeur Florence Pasquier, du centre mémoire de ressources et de recherches (CMRR) de Lille et coordonnatrice du Centre national de référence pour les patients jeunes atteints de maladie d’Alzheimer ou de maladie apparentée (CNR-MAJ), 90% des malades jeunes restent à domicile, avec des difficultés financières, l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) étant réservée aux personnes âgées de soixante ans et plus. Les Conseils généraux rechigneraient à accorder des dérogations aux personnes malades de moins de soixante ans pour leur permettre d’accéder à un hébergement. L’étude en cours sur les malades jeunes montre l’inadaptation des EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes, 80% des hébergements) et des établissements psychiatriques (20%), dans lesquels les personnes jeunes atteintes d’une maladie d’Alzheimer ou apparentée côtoient des malades totalement différents. Quelle prise en charge pour les malades jeunes ? Un appel à projets a été lancé par le CMRR pour faire le point sur les expériences de prise en charge existant en France. Pour Marie-Anne Montchamp, secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la cohésion sociale, il faudra »concilier l’extrême spécialisation de la prise en charge avec l’exigence de proximité, les personnes concernées étant peu nombreuses ». www.nordeclair.fr, 17 mai 2011. Les personnes très âgées sont-elles satisfaites de leur vie ? Les études chez les personnes très âgées sont rares. Des gériatres de l’Université de Lund et de l’hôpital universitaire de Malmö (Suède) ont analysé, auprès de six cent quatre-vingtune personnes âgées de soixante-dix-huit à quatre-vingt-dix-huit ans (étude Good Aging in Skåne), la relation entre la satisfaction dans la vie, la capacité fonctionnelle, le « locus de contrôle » (les personnes croyant que leur performance ou leur sort dépendent surtout d'eux-mêmes ont un locus de contrôle dit « interne » ; celles persuadées du contraire, c'est-à-dire que l'issue est avant tout déterminée par des facteurs extérieurs, hors de leur influence, ont un locus de contrôle dit « externe »), l’état de santé et d’autres facteurs connus pour influencer la satisfaction dans la vie des personnes très âgées. Un modèle statistique montre que le statut marital, le locus de contrôle (interne et « autres puissants »), l’humeur dépressive et l’âge sont des facteurs prédictifs significatifs de la Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 32/77 satisfaction dans la vie trois ans plus tard. Les diagnostics d’accident vasculaire cérébral, de démence ou de maladie cardiaque ne sont pas associés à la satisfaction dans la vie. L’autonomie physique est associée à une satisfaction dans la vie inchangée à trois ans. Pour les auteurs, soulager les symptômes et prêter attention aux facteurs de personnalité apparaissent comme des facteurs clé dans l’accompagnement des personnes très âgées. Enkvist A et al. What factors affect life satisfaction (LS) among the oldest-old ? Arch Gerontol Geriatr, 7 mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21555158. Quelle éthique en situation de catastrophe ? L’Institut de bioéthique de l’Université Johns Hopkins de Baltimore (Maryland, Etats-Unis) demande que les besoins spécifiques des personnes vulnérables, notamment celles atteintes de démence et d’incapacité mentale, soient pris en compte dans la planification de l’organisation des secours en cas de catastrophe (tremblements de terre, tornade, inondation, sinistres d’origine humaine), au même titre que les personnes blessées ou souffrant de stress post-traumatique. « Les ressources disponibles en cas de désastre sont limitées. Ces groupes sont spécialement vulnérables : ils ne peuvent pas parler pour euxmêmes ». Les auteurs demandent que soit élaborée une recommandation cohérente : « il s’agit d’un mandat moral, justifié par les principes de bienfaisance (beneficence), de justice et de respect de l’autonomie ». « Une attention particulière doit être donnée aux unités de vie pour personnes dépendantes et aux maisons de retraite hébergeant de nombreux résidents atteints de déficit cognitif important. Si l’on force ces personnes à être évacuées, elles peuvent ne pas comprendre complètement qu’il y a crise, et courir un risque extrême de souffrance émotionnelle. Les secouristes au contact de ces personnes doivent être formés de façon à respecter la dignité de ces personnes ». Rabins PV et al. Challenges for Mental Health Services Raised by Disaster Preparedness: Mapping the Ethical and Therapeutic Terrain. Biosecur Bioterror, 10 avril 2011. http://maciej.bioinfo.pl/pmid:21476900. Alimentation artificielle : prise de décision et résultats Le service de gériatrie de l’Université de Lausanne propose aux professionnels un guide éthique en huit étapes sur l’alimentation artificielle des personnes âgées en incapacité grave. Il s’agit d’identifier les éléments de la situation, d’analyser les valeurs conflictuelles ayant pour résultat un dilemme éthique, et arriver éventuellement à un consensus sur le plan de soins le plus pertinent (Monod S et al). JM Teno, de l’Université Brown à Providence (Rhode Island, Etats-Unis), a mené une étude dans cinq Etats américains, auprès de cinq cents aidants représentant neuf mille six cents personnes décédées avec une démence. 10.8% des aidants déclarent que leur proche a été nourri artificiellement ; 17.6% des aidants ont décidé de ne pas utiliser de sonde pour la nutrition ; 71.6% déclarent qu’il n’y a pas eu de décision quant à la nutrition artificielle. Chez les aidants dont le proche était nourri artificiellement, 13.7% déclarent qu’il n’y a pas eu de discussion concernant l’insertion d’une sonde, et 41.6% que la discussion a duré moins de quinze minutes. Une fois sur trois, les risques liés à la nutrition artificielle n’ont pas été discutés. 51.8% des aidants pensent que l’établissement était fortement en faveur de l’alimentation artificielle, et 12.6% se sont sentis sous la pression du professionnel pour la mettre en place. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 33/77 La personne en fin de vie faisait souvent l’objet d’une contrainte physique (25.9% de cas) ou pharmacologique (29.2%). La probabilité qu’un aidant déclare que la fin de vie s’était déroulée dans d’excellentes conditions était de 42%. Monod S et al. Ethical issues in nutrition support of severely disabled elderly persons: a guide for health professionals. JPEN J Parenter Enteral Nutr 2011; 35(3):295-302. Mai-juin 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21527592. Teno JM et al. Decision-making and outcomes of feeding tube insertion: a five-state study. J Am Geriatr Soc 2011; 59(5): 881886. Mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21539524. Acharnement thérapeutique et prise de décision Aux Etats-Unis, le cas d’Al Barnes, personne atteinte de démence au stade avancé et qui est morte récemment dans un hôpital du Minnesota après des mois d’acharnement thérapeutique, illustre les difficultés fréquentes de la prise de décision pour des personnes malades incapables de le faire par elles-mêmes. Ces difficultés peuvent amener les représentants légaux à choisir des traitements qui peuvent être efficaces mais lourds, et incohérents avec les valeurs, les buts ou les préférences que la personne malade a exprimés au préalable, soit oralement, soit dans une directive anticipée. La division de médecine interne de la clinique Mayo de Rochester (Minnesota) détaille les avantages et les limites des directives anticipées. Swetz KM et al. Surrogate decision-making and the need for advance care planning: issues raised by the Al Barnes case. Minn Med 2011 : 94(4): 43-46. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21560883. Loi sur la capacité de décision des personnes malades : qu’en savent les professionnels ? En Angleterre et au Pays-de-Galles, le Mental Capacity Act, qui concerne notamment l’évaluation des capacités de décision des résidents de maisons de retraite, est entré en vigueur en octobre 2007. Jill Manthorpe et ses collègues, de l’unité de recherche en travail social du King’s College de Londres, ont mené des entretiens qualitatifs auprès de trentedeux professionnels de maison de retraite : indépendamment de leur connaissance de la loi, l’éthique appliquée aux pratiques (working ethos) apparaît conforme à l’esprit de la loi, mais avec une variation considérable de la compréhension de ses termes et de ses principes. Les professionnels interrogés connaissent peu le détail de la loi et proposent des explications « de bon sens » quant à leurs actions et à la prise de décision. Ce faible niveau de connaissance peut ne pas être adapté aux exigences du régulateur ou des besoins des résidents. Manthorpe J et al. « Early days » : knowledge and use of the Mental Capacity Act 2005 by care home managers and staff. Dementia, 10 mai 2011. http://dem.sagepub.com/content/early/2011/04/28/1471301211403970.abstract. Protection des personnes vulnérables Au Royaume-Uni, la Commission des lois a publié un rapport appelant à une réforme profonde du système des aides et services sociaux en Angleterre et au Pays-de-Galles, et suggérant de créer une obligation légale pour les conseils locaux (local councils) de protéger les adultes vulnérables de la maltraitance, de proposer des allocations individuelles pour les dépenses en maison de retraite, et d’accroître le soutien aux aidants. En France, le gouvernement n’envisage pas de modifier le financement des mesures de protection juridique confiées aux préposés d’établissements sociaux ou médico-sociaux Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 34/77 accueillant des personnes âgées ou des adultes handicapés, désignés en qualité de mandataires judiciaires à la protection des majeurs, ainsi que le lui demandait la Fédération hospitalière française (FHF). Sabine Fourcade, directrice générale de la cohésion sociale précise : « dans le cas des établissements hébergeant des personnes âgées, les frais liés à l’exercice des mesures de protection confiés aux préposés de ces structures qui ne sont pas couverts par la participation financière des personnes protégées continuent à être intégrés dans le tarif hébergement (…). Ces frais peuvent être mutualisés entre établissements dans le cadre de conventions ou de groupements de coopération ou encore entre les établissements sociaux et médico-sociaux et l’établissement de santé gestionnaire de ces établissements. Enfin, lorsque les personnes protégées ne disposent pas de ressources suffisantes pour financer l’intégralité des frais liés à l’exercice de leur mesure de protection par les préposés, la collectivité publique intervient également à titre subsidiaire, mais selon des modalités différentes de celles applicables à l’activité des autres mandataires judiciaires à la protection des majeurs (aide sociale départementale, assurance maladie, selon le mode de tarification et de financement de l’établissement) ». Family Caregiver Alliance, 25 mai 2011. Direction générale de la cohésion sociale, 4 mai 2011. Maltraitance : des courts-métrages de formation L’association Habéo propose une série de courts-métrages mettant en scène des situations concrètes présentant un risque de maltraitance, à partir de l’expérience de soignants, qui jouent dans les scènes. Ces situations sont ensuite décryptées par une représentante de l’association France Alzheimer Essonne ; le Dr Duportet, président d’Habéo ; Geneviève Laroque, présidente de la Fédération nationale de gérontologie ; une formatrice ; Jérôme Pélissier, chercheur en psycho-gérontologie, et Sandra Sapio, psychologue d’Habéo. Les situations sont alors rejouées en fonction des recommandations. Ces courts-métrages de cinq minutes ne proposent pas de solutions ni de règles absolues, mais invitent au débat en équipe. Parmi les thèmes proposés : le réveil, la sexualité, les tensions avec les familles, le repas de force. www.habeo.org, www.agevillagepro.com, 16 mai 2011. Conduire ou vieillir Moins d’accidents, mais plus de décès : c’est l’un des paradoxes des statistiques des accidents de la route. Les personnes âgées de plus de soixante-cinq ans deviennent plus vulnérables face à la conduite. Les effets du vieillissement par rapport à la conduite portent essentiellement sur trois axes : la vision (difficultés à évaluer les distances, rétrécissement du champ de vision latéral, diminution de la capacité à changer de mise au point entre ce qui est proche et ce qui est éloigné, sensibilité aux éblouissements la nuit) ; l’audition (obtenir l’information sonore, percevoir un danger proche) ; la motricité et les capacités de réaction (diminution de la vitesse de réaction, troubles de la mémoire, diminution de l’attention, difficultés de concentration et d’interprétation, difficultés à réaliser des doubles tâches, à tourner la tête rapidement). Un certain nombre de ces phénomènes sont augmentés par des médicaments pouvant ralentir ou réduire la capacité à prendre des décisions ou à traiter rapidement l’information. Mais l’âge n’est pas en soi un handicap qui interdit de conduire, pour la Mutuelle générale des affaires sociales. Selon les dernières statistiques nationales, 62% des personnes âgées de soixante-cinq à soixantequatorze ans ont le permis et 49% conduisent souvent. Au-delà de soixante-quatorze ans, 47% des personnes âgées ont le permis et 29% conduisent. La « démotorisation » intervient Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 35/77 de plus en plus tard. Entre soixante-dix et soixante-dix-neuf ans, 10% des hommes et 24% des femmes ayant le permis n’ont pas de voiture ; après quatre-vingts ans, ce sont 36% des hommes et 58% des femmes. Le Lien mutualiste des Affaires sociales, mai 2011. Fin de vie : mourir la nuit Le programme de développement des soins palliatifs 2008-2012 a instauré une expérimentation pour mesurer l’impact du recours à une infirmière de nuit sur la prise en charge de la fin de vie dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Depuis le 15 novembre 2010, vingt-deux EHPAD dans vingt-deux régions expérimentent donc une astreinte opérationnelle de nuit. Cette expérimentation, financée à hauteur de 50 000 euros par EHPAD, se termine fin juin 2011, rappelle Fabienne Dubuisson, conseiller technique à la direction générale de la cohésion sociale. Le Mensuel des maisons de retraite, avril 2011. Acteurs — Les Aidants / Les Familles Modifier l’environnement Gilbert Guide, de www.caring.com, propose une liste d’actions pour améliorer la sécurité des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en modifiant leur environnement : réduire le désordre ; faire le ménage dans les armoires ; limiter le choix dans les armoires et les tiroirs pour rendre le choix des vêtements plus simple ; ne pas modifier l’agencement des meubles sauf en cas d’absolue nécessité, pour rendre l’intérieur familier ; rendre accessible les objets les plus utilisés ; aux stades avancés de la maladie, couvrir ou enlever les miroirs, qui peuvent déconcerter les personnes malades ; enlever ou recouvrir le mobilier ou le papier peint ayant des motifs compliqués ou pouvant évoquer des insectes ou des objets ; rendre la lumière apaisante, claire, uniforme et chaude ; créer des indices visuels ; mettre à l’abri les documents importants ; décider des zones de déambulation autorisées. www.caring.com, 17 mai 2011. Coupes budgétaires En Irlande, le Dr Karena Meehan, psychiatre à l’Université de Galway, alerte sur l’impact des récentes réductions des budgets des services sociaux sur les quarante mille personnes atteintes de démence : « la diminution des services à domicile est énorme. Il est maintenant très difficile d’obtenir une aide pour les personnes atteintes de démence, sauf si elles ont des besoins physiques. Parmi les premières fermetures figurent des places de répit » www.irishtimes.com, 10 mai 2011. Family Caregiver Alliance, 25 mai 2011. Déclin cognitif chez l’aidant Les conjoints aidants de personnes atteintes de démence ont-ils eux-mêmes un risque de déclin cognitif plus élevé que des conjoints non aidants ? Peter Vitaliano, du service de psychiatrie et sciences du comportement au département de santé environnementale de l’Université de l’Etat de Washington à Seattle (Etats-Unis), en collaboration avec des chercheurs des Universités de Colombie britannique (Canada) et de Californie, proposent une revue de la littérature sur le sujet, dans le cadre d’un modèle théorique du stress Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 36/77 chronique. Le conjoint aidant d’une personne atteinte de démence court en effet un risque accru de déficit cognitif ou de démence. Les auteurs attribuent le déclin cognitif à plusieurs facteurs contributifs : des facteurs psychosociaux (dépression, solitude, isolement social et troubles du sommeil), des facteurs comportementaux (exercice physique et régime alimentaire) et des facteurs physiologiques (obésité, syndrome métabolique, inflammation). Pour prévenir la « tragédie ironique » dans laquelle les deux membres du couple aidant/aidé sont atteints de démence, les auteurs appellent à détecter et accompagner la souffrance psychologique de l’aidant, et promouvoir des comportements alimentaires sains ainsi que l’exercice physique. Vitaliano PP et al. Does caring for a spouse with dementia promote cognitive decline? A hypothesis and proposed mechanisms. J Am Geriatr Soc 2011; 59(5): 900-8. Mai 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21568959. Acteurs — Les Professionnels Droit, éthique et travail social Pour Jean-Marc Lhuillier, docteur en droit public et professeur à l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP), la place que prend le droit suscite des oppositions radicales chez certains travailleurs sociaux, lorsque ceux-ci estiment qu’il faut violer le droit pour pouvoir agir de façon juste avec les usagers. Plus généralement, la contestation du droit prend la forme d’une critique contre la technicité, contre l’envahissement du travail personnel par les normes. « Les outils inscrits dans la loi obligent à s’interroger sur les pratiques et imposent un minimum d’obligation dans tous les établissements et services ». Lorsqu’il s‘agit de personnes vulnérables, « il convient d’être particulièrement prudent dans l’application du droit, notamment dans la contractualisation avec les usagers ». Quelle place pour l’éthique ? Pour le juriste, « la réponse n’est pas dans le non-respect de la règle juridique en agissant seul en son âme et conscience. Sans nul doute, la réponse est dans la discussion collective de la règle » au sein d’un comité d’éthique. Le protocole est une règle qui aide à l’action. Actualités sociales hebdomadaires, 20 mai 2011. Prévenir la maltraitance Jo Crossland, formatrice à l’Université de Bradford (Royaume-Uni), explique comment le référentiel infirmier Dementia Care Mapping peut être utilisé dans les enquêtes concernant la maltraitance des personnes atteintes de démence. Pour l’auteur, « des soins et un accompagnement déshumanisants constituent un terreau fertile pour des pratiques répréhensibles ou une maltraitance institutionnelle. Au lieu de trouver des réponses après l’événement, l’approche doit être préventive, proactive, et s’intéresser à la qualité des soins ». Parmi les signes précurseurs de maltraitance pouvant être repérés avec le Dementia Care Mapping, l’auteur identifie la privation émotionnelle, la douleur ressentie, des situations perçues comme désagréables, les périodes pendant lesquelles les besoins sont ignorés ou restent sans réponse, les périodes de désengagement des personnes malades, un personnel insuffisamment formé, dévalorisé ; une équipe qui ne connaît pas ou ne comprend pas réellement les personnes dont elle a la charge ». Crossland J. Dementia Care Mapping as a tool for safeguarding. J Dementia Care 2011; 19(3) : 22-23. Mai-Juin 2011. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 37/77 Le répertoire de communication de la personne qui ne peut plus parler (1) Les personnes atteintes de démence perdent la capacité de parler au stade avancé de la maladie. Cependant, à travers la conversation, elles s’engagent dans des comportements de communication, tels que des sons et des gestes, qui indiquent leur désir et leur capacité à interagir. Maggie Ellis, et Arlene Astell, de l’Ecole de psychologie de l’Université de St Andrews (Ecosse, fondée en 1413), présentent une méthode (interaction adaptative) pour faciliter la communication entre le personnel soignant et les personnes atteintes de démence vivant en institution qui ne sont plus capables de parler. Il ne faut pas être pressé : la séance standard dure dix minutes, en laissant trente secondes à la personne malade pour répondre à chaque question. Cela permet de comprendre le répertoire de communication de la personne malade (sons, mouvements, direction du regard, expressions faciales, imitations…). Ellis M et Astell A. Dementia Care Mapping as a tool for safeguarding. J Dementia Care 2011; 19(3): 24-26. Mai-Juin 2011. Le répertoire de communication de la personne qui ne peut plus parler (2) La méthode Marte Meo (en latin : « en mon propre pouvoir ») a été développée aux PaysBas, dans les années 1970-1980, par l’éducatrice de jeunes enfants Maria Aarts qui s’est aperçue des difficultés de faire comprendre à d’autres personnes le jargon scientifique et pédagogique des éducateurs dans la vie de tous les jours. La méthode s’appuie sur l’enregistrement vidéo de situations de la vie courante. Les interactions peuvent être ensuite discutées, afin de résoudre les problèmes par une meilleure communication. La méthode Marte meo a été appliquée à la communication entre infirmières et personnes atteintes de démence, dans quatre unités spécifiques Alzheimer, par Rigmor Einang Alnes, doctorante en sciences de la santé à l’Université d’Aalesund (Norvège), sous la direction de Marit Kirkevold, professeur de sciences infirmières et santé publique aux Universités d’Oslo (Norvège) et Aarhus (Danemark), et Kirsti Skovdahl, de l’école de santé de l’Université d’Örebro (Suède). La méthode a permis aux infirmières de mieux interpréter les expressions des résidents, et apprécier leurs compétences. Les infirmières ont pris conscience de l’importance de prendre leur temps, de trouver le rythme des interactions, de maintenir le contact visuel et de décrire la situation par des mots lors de l’interaction. Einang Alnes R. Insights gained through Marte Meo counselling: experiences of nurses in dementia specific care units. Int J Older People Nurs 2011; 6(2):123-132. Juin 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21539717. Maltraitance envers les professionnels (1) Peu d’études documentent de façon systématique les effets psychologiques de l’agression des travailleurs sociaux par des personnes atteintes de démence. Ann Scott, de l’Université Queens de Belfast (Royaume-Uni) et ses collègues de l’Université d’Ulster et de l’hôpital général de Newcastle, ont invité quatre-vingt-seize infirmières et deux-cent-vingt-huit aides-soignantes de neuf maisons de retraite à remplir un questionnaire (IES-E : Impact Events Score-extended). Le taux de réponse a été de 35% ; 69% des professionnels ont été impliqués dans un incident au cours duquel ils ont eu peur pour leur sécurité personnelle, et 71% ont été témoins d’un incident pendant lequel ils ont craint pour la sécurité personnelle d’un collègue. 34% des répondants se déclarent être « très en danger » (very unsafe) et 18% « terrifiés » (terrified). Pour les auteurs, les personnels ayant répondu à l’enquête manquent de formation pour identifier les facteurs déclencheurs de la violence ou apprécier le rôle qu’ils jouent dans l’activation de l’agression. La résistance des professionnels à s’occuper des résidents agressifs compromet les soins. La qualification des Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 38/77 aides-soignants aux spécificités de la démence pourra élever les standards de prise en charge. Des infrastructures de soutien au personnel victime de violence (assaulted) pourraient réduire le sentiment d’isolement, favoriser le recrutement, limiter les départs de personnel, et apporter un soutien social. Scott A et al. Psychological trauma and fear for personal safety as a result of behaviours that challenge in dementia: the experiences of healthcare workers. Dementia 2011; 10: 2257-2269. Mai 2011. http://dem.sagepub.com/content/10/2/257.abstract. Maltraitance envers les professionnels (2) Un second article des mêmes auteurs présente une revue critique de la littérature sur le sujet. L’ampleur de la violence dans les maisons de retraite dépasse les frontières culturelles. Pour les auteurs, la peur d’être sanctionné, l’insécurité de l’emploi et la « résignation devant le fait que la maltraitance envers les professionnels doive être acceptée comme partie intégrante du travail » apparaissent uniques à la prise en charge de la démence. L’effet cumulé de la maltraitance psychologique conduit à un épuisement émotionnel et une dépersonnalisation, qui conduit les professionnels à se retirer physiquement de l’interaction avec les résidents. Soumis à la maltraitance, sous-estimés, non soutenus et manquant de compétences essentielles pour faire face à la situation, certains professionnels peuvent perdre leur capacité à délivrer des soins centrés sur la personne. Dans La Tribune de Genève, la psychologue Mikaëla Halvarsson explique : « une angoisse d’abandon chez le patient peut se traduire par une sollicitation encore plus soutenue du soignant. Avec des cris incessants, voire des coups. Fatigué, le personnel peut s’énerver ». Or un tel comportement agressif est souvent le signe de défense d’une personne qui ne comprend pas son environnement et le perçoit comme hostile. Le rapport de force qui menace est dangereux, prévient Louis Ploton, professeur de gérontologie à l’Université Louis-Lumière-Lyon 2 : « vous ne serez jamais gagnant avec un malade, il se laissera mourir ». Scott A et al. Perceptions and implications of violence from care home residents with dementia: a review and commentary. Int J Older People Nurs 2011; 6(2): 110-122. Juin 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21539716. La Tribune de Genève, 31 mai 2011. Médecins coordonnateurs-hôpitaux publics : partenariat La Fédération française des associations de médecins coordonnateurs en EHPAD (FFAMCOEHPAD) et la Fédération hospitalière de France (FHF) ont officialisé une coopération portant notamment sur l’organisation de journées thématiques communes, des prises de position communes sur des sujets partagés, l’élaboration et la diffusion d’outils à destination de leurs adhérents (formations communes sur les thérapies non médicamenteuses, alternatives à la contention, préparation des coupes Pathos pour estimer la charge en soins, statut des médecins coordonnateurs), la recherche et les enquêtes cliniques, épidémiologique et médico-économiques en EHPAD. www.agevillagepro.com, 24 mai 2011. Intervention des médecins libéraux en EHPAD : pas d’obstacle constitutionnel Le SNGIE (Syndicat national des généralistes et gériatres intervenant en EHPAD) avait appelé au boycott des contrats régissant les relations entre médecins libéraux et EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), dont le contenu avait été négocié notamment avec le FFAMCO (Fédération française des associations de médecins coordonnateurs). Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) avait Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 39/77 interrogé le Conseil d’Etat sur la légitimité de ces contrats. La question prioritaire de constitutionnalité a été rejetée par le Conseil d’Etat (arrêt CE n° 347098 du 20 mai 2011), « la question n’étant ni nouvelle ni sérieuse ». En effet, précise le Conseil d’Etat, l’exercice libéral peut être subordonné par le législateur à des conditions particulières ; « l’atteinte à la liberté d’entreprendre » est justifiée par « l’intérêt général qui s’attache à ce que soit assurée la qualité du suivi médical des personnes âgées dépendantes » ; et ne relève « aucun moyen sérieux permettant de s’interroger quant à la constitutionnalité du principe du libre choix par le malade de son médecin ». www.agevillagepro.com, 6 juin 2011. Entrée en foyer-logement : qu’en pensent les professionnels ? Britt Marie Horttana, doctorante à l’Université d’Örebro (Suède), sous la direction de Gunilla Fahlström, du bureau national de protection sociale de Stockholm et Gert Ahlström, professeur de sciences infirmières à l’Université de Lund, a mené une enquête qualitative auprès de six travailleurs sociaux d’un foyer-logement municipal, pour recueillir leurs perceptions sur l’emménagement de deux personnes atteintes de démence. L’un des récits s’intitule : « marcher sur la corde raide : trouver l’équilibre entre des besoins conflictuels » et un autre « trouver l’équilibre entre la proximité et la distance ». Le processus d’emménagement apparaît complexe pour les travailleurs sociaux, avec un dilemme entre leurs valeurs et les problèmes pratiques de la vie quotidienne qui peuvent faire obstacle à une prise en charge de qualité et à la sécurité. Se ranger à l’avis des proches (supporting next of kin) dans la décision de déménagement présuppose un temps de dialogue et de réflexion avec le personnel. Il faut s’attendre à un risque de souffrance morale (distress) : les travailleurs sociaux doivent être accompagnés par une supervision, des comités d’éthique et des recommandations locales. Horttana BM et al. Experiences of relocation in dementia care from the perspective of six care workers. Int J Older People Nurs 2011. 6(2): 93-101. Juin 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21539714. Formation en gérontologie : l’utilité d’un apprentissage intergénérationnel Le centre de gérontologie Scripps de l’Université Miami à Oxford (Ohio, Etats-Unis) a comparé l’impact d’un cours de gérontologie, seul ou associé à un projet d’apprentissage intergénérationnel pour personnes atteintes de démence, sur les attitudes des étudiants envers les personnes âgées, les services de proximité pour les personnes âgées, et le travail avec des personnes atteintes de démence. Les étudiants ayant suivi le cours de gérontologie, seul ou associé au programme intergénérationnel, ont des attitudes significativement plus positives envers les personnes âgées. Les étudiants n’ayant suivi que le cours de gérontologie, ont des attitudes significativement moins positives que les étudiants ayant suivi les deux enseignements en ce qui concerne le travail auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les étudiants d’un groupe témoin ayant suivi d’autres cours (sociologie) n’ont pas modifié leurs attitudes. Les auteurs soulignent l’intérêt d’intégrer des programmes de service intergénérationnel dans le cursus d’études gérontologiques pour changer le regard des étudiants concernant le travail auprès de personnes atteintes de démence. Yamashita T et al. The impact of a gerontology course and a service learning program on college students’ attitudes toward people with dementia. J Applied Gerontol, 26 avril 2011. http://jag.sagepub.com/content/early/2011/04/26/0733464811405198.abstract. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 40/77 Formation des personnels en zone rurale L’équipe d’Anthea Innes, du centre de développement de services pour la démence de l’Université de Stirling (Ecosse), a évalué la mise en place d’un atelier de formation pour le personnel de dispositifs sanitaires et médico-sociaux situés en zone rurale éloignée. Les participants rencontrent des obstacles à la mise en œuvre de ce qu’ils ont appris, et ont besoin de formations complémentaires pour mieux comprendre le processus de diagnostic et la délivrance de services post-diagnostiques. Szymcynska P et Innes A. Evaluation of a dementia training workshop for health and social services in rural Scotland. Rural remote health 2011; 11(2) : 1611. Avril-juin 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21526884. Approches ethniques et culturelles Comment le travail social se confronte-t-il à l’épreuve du fait religieux ? Pour Jean-Paul Scot, historien spécialiste de la laïcité, « la laïcité et l’action sanitaire et sociale sont deux notions qui se sont croisées et rencontrées en permanence ». Pour Michel Paquet, d’Actualités sociales hebdomadaires, « l’expression religieuse dans les quartiers a pris à contre-pied le travail social : laïque par nécessité, il fait face aujourd’hui à une situation inédite depuis la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat. Problème de compréhension des demandes religieuses, méconnaissance de la laïcité et instrumentalisation des débats se conjuguent pour placer les professionnels dans une position critique ». Actualités sociales hebdomadaires, 3 juin 2011. Repères — Politiques Presse nationale Nouvelles têtes Les exploitants de résidences avec services pour les personnes âgées se sont regroupés en syndicat pour peser dans le débat sur la dépendance et mieux se faire connaître des collectivités, en proposant un lieu intermédiaire entre domicile et maison de retraite médicalisée. Les résidences avec services offrent un logement indépendant assorti d’une assistance en continu ou d’un restaurant. Ils représentent une alternative à l’établissement d’hébergement pour les personnes en perte partielle d’autonomie. Le nouveau syndicat national des résidences avec services pour les aînés (SNRA), qui regroupe les Jardins d’Arcadie, Cogedim Club, Groupe Lagrange et Steva, représente les deux-tiers des créations de résidences. Il est présidé par François Georges, président des Jardins d’Arcadie. www.agevillagepro.com, 17 mai 2011. Conflits d’intérêt : retrait de la recommandation Alzheimer de la HAS (1) « L’affaire Mediator a marqué un tournant dans le paysage sanitaire français et impose à tous de renforcer les efforts de transparence et de gestion des conflits d’intérêts. La Haute Autorité de Santé souhaite marquer son engagement dans ce sens auprès des Français et prend aujourd’hui des mesures fortes pour lever le doute sur la solidité scientifique et l’indépendance de ses travaux », déclare la Haute autorité de santé (HAS). Prenant acte de la récente décision du Conseil d’Etat, la HAS a retiré la recommandation sur le diabète de type 2 « sur un motif de forme, à savoir la non-exhaustivité des Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 41/77 déclarations publiques d’intérêts des experts du groupe de travail ». Dans le prolongement de cette décision, la HAS a retiré d’elle-même la recommandation Alzheimer mise en cause dans une procédure similaire auprès du Conseil d’Etat. La HAS « mettra en chantier de nouvelles recommandations sur le sujet après l’été, une fois qu’elle disposera de la réévaluation des médicaments spécifiques de la maladie d’Alzheimer par la Commission de la Transparence prévue en juillet ». Par ailleurs, la HAS lance l’analyse de toutes les recommandations élaborées entre 2005 et 2010 pour vérifier qu’elles sont conformes aux règles en matière de déclarations publiques d’intérêt. Cette mission est confiée au groupe déontologie et indépendance de l’expertise de la HAS, présidée par le conseiller d’Etat Christian Vigouroux. La HAS fera réaliser en 2012 un audit externe de l’ensemble de ses activités. « Pour plus de transparence, la HAS s’engage à retransmettre les débats de la Commission de la Transparence sur son site Internet avec comme premier rendez-vous la réévaluation de la classe des médicaments anti-Alzheimer en juillet ». www.has-sante.fr, www.lequotidiendumedecin.fr, 20 mai 2011. Conflits d’intérêt : retrait de la recommandation Alzheimer de la HAS (2) Le retrait « spontané » de la recommandation Alzheimer a été annoncé durant l’émission « Le téléphone sonne » de France Inter du 18 mai 2011 par le Professeur Jean-Luc Harousseau, président de la HAS, invité avec Christian Lajoux, président du LEEM (Les entreprises du médicament), représentant l’industrie pharmaceutique, et Philippe Foucras, président du Formindep, association qui milite « pour une formation et une information médicales indépendantes de tout autre intérêt que celui de la santé des personnes », à l’origine de l’action judiciaire contre la HAS. Le Formindep « se réjouit de ce succès important qui favorise la qualité de l’information médicale produite par la HAS, la confiance qu’on peut lui accorder, et les soins et décisions médicales qui en découlent ». Le Formindep qui se défend de « toute connotation moralisante », crie victoire : « il s’agit de l’aboutissement positif de plus de deux années de travail et de démarches pour mettre en évidence et réduire le risque sanitaire que représentent les conflits d’intérêts dans le soin », qui constituent maintenant « un risque démontré d’information et de formation médicales biaisées, et de soins de moindre qualité, plus coûteux, plus dangereux ». Pour le Formindep, il faut mettre en place une protection des soins aux usagers efficace et durable contre ce risque sanitaire. Alors que les publications internationales s’accumulent, que les décisions d’autorités sanitaires à l’étranger se multiplient pour révéler ce risque et en protéger les patients et les professionnels, les autorités sanitaires françaises n’en ont pas encore pris la mesure et, dans l’état actuel des choses, n’améliorent leur comportement que sous la pression et la vigilance citoyennes et professionnelles. Il faut mettre en place en France, pour les autorités, l’expertise, les professionnels, les usagers, les medias, etc., des moyens de formation à la gestion de ce risque devenu majeur. En attendant, le Formindep continuera d’exercer sa vigilance, avec d’autres, dans le seul intérêt des patients ». http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/letelephonesonne/index.php?id=105003, 18 mai 2011. www.formindep.org, 22 mai 2011. Médicaments à service médical rendu faible : une notion sans existence juridique Dans un arrêt du 27 mai 2011 (arrêt CE n° 337369), le Conseil d'Etat vient d'annuler partiellement le décret du 5 janvier 2010 instaurant un taux de remboursement de 15 % par l'Assurance maladie pour des médicaments dits « de confort », dont le service médical rendu a été jugé « faible » par la Haute Autorité de santé. « Le Conseil a reconnu que la notion de service médical faible n'avait pas d'existence juridique dans le Code de la Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 42/77 Sécurité sociale », estime Bernard Geneste, représentant les petits laboratoires français. Le gouvernement parle de son côté d'une « annulation purement procédurale ». Environ deux cents produits sont concernés par cette annulation. Le passage du taux de remboursement de ces médicaments de 35% à 15% était censé permettre à l'Assurance maladie d'économiser une centaine de millions d'euros par an. Le Conseil d'Etat a donné un délai de cinq mois au gouvernement pour revoir sa copie. Les Echos, 31 mai 2011. www.annuaire-secu.com/html/news455.html, 5 juin 2011. www.easydroit.fr/jurisprudence/Conseil-d-etat-27-Mai-2011/J291696/, 27 mai 2011. Vieillir individuellement, vieillir collectivement (1) Marie-Christine Bernard-Hohm est ethnologue et urbaniste. Pour elle, l’axe individuel et l’axe collectif du vieillissement sont antinomiques. L’aspect social et collectif de la vieillesse est nié. Les personnes âgées « pleines de rêves de mobilité et nourries d’aspirations hédonistes, qui ont enfin la liberté de consommer, d’être libres voire encore de voyager, refusent totalement de se projeter dans un schéma où elles sont collectivement menacées d’inutilité, d’immobilité et d’isolement. Elles rejettent en bloc l’idée qu’elles vont rejoindre la cohorte des générations de leurs parents, qu’elles vont finir dans la nasse collective des « vieux ». D’où la propension au déni que l’on rencontre systématiquement lorsqu’on élargit l’horizon temporel de la prospective et qu’on se situe à l’échelle de la société dans son ensemble. Cela crée un vrai problème de communication, car les représentants politiques eux-mêmes rechignent à passer par cette nécessaire projection dans le temps. De toutes parts, nous sommes face à un refus d’anticiper, qui grève considérablement l’éventail de choix que la collectivité pourrait inventer, en amont, en matière de logements, d’aménagement et d’équipement, pour accueillir le vieillissement sur les territoires de vie ». Bernard-Hohm MC. Prendre soin jusqu’au bout de ses administrés, un défi insoutenable pour les élus locaux ? Actes du colloque sur le care du 3 juin 2010. Documents CLEIRPPA, hors-série, avril 2011. Vieillir individuellement, vieillir collectivement (2) Quel hébergement résidentiel en dehors de la maison de retraite ? Pour Marie-Christine Bernard-Hohm, « les foyers-logement sont le lieu où l’on a encore envie de vivre quand on ne peut plus vivre chez soi, mais ceux-ci ne sont plus adaptables à la perte d’autonomie. Ce sont des produits qui sont devenus obsolètes et dans lesquels les Conseils généraux et les centres communaux d’action sociale (CCAS) n’investissent désormais que très peu ». Les petites unités de vie « sont des solutions que l’on voudrait voir fleurir sur le territoire mais qui, sans subventions, coûtent trop cher en termes de gestion. Dans les faits, ce sont quinze à vingt personnes qui vivent ensemble dans une structure collective ou tout simplement dans un réseau d’habitat autonome, avec mutualisation des services qui peuvent être conçus dans un quartier, ou dans un immeuble. Pourquoi ne pas systématiser un pourcentage immobilier dédié aux personnes les plus dépendantes dans les nouvelles opérations immobilières ? Ce serait une mesure de care très opérationnelle. En Allemagne, à chaque fois qu’un quartier est réhabilité, on prévoit systématiquement une petite opération pour les personnes âgées et handicapées. En France, on ne sait pas faire, les élus semblent désarmés ». Bernard-Hohm MC. Prendre soin jusqu’au bout de ses administrés, un défi insoutenable pour les élus locaux ? Actes du colloque sur le care du 3 juin 2010. Documents CLEIRPPA, hors-série, avril 2011. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 43/77 Le care : une dimension relationnelle et éthique du soin Pour Alain Smagghe, coordonnateur du projet care du groupe de protection sociale Aprionis, la part du PIB (produit intérieur brut) consacré aux dépenses de protection sociale est assez proche de celle des pays scandinaves, « et pourtant nos services aux personnes âgées sont bien moins développés et financés que dans ces pays du Nord. Cela veut dire qu’il faut aussi réfléchir, à l’intérieur d’une enveloppe contrainte de financement, à la façon dont les financements sont répartis. A l’intérieur du « soin », la dimension relationnelle et la réflexion éthique sur le sens des actions et la justice de répartition des moyens ne sont pas des plus, une petite cerise sur le vaste gâteau du soin technique hautement spécialisé. Cette dimension subjectivante, relationnelle et éthique, qu’on l’appelle aide, accompagnement, prendre soin ou care, est aussi indispensable à la « qualité des soins » que la dimension technique objectivante. Un débat public et démocratique est donc nécessaire sur l’importance réciproque de ces dimensions du soin et de leurs financements ». Documents CLEIRPPA, hors-série, avril 2011. Ministère de l’intergénération et de l’avance en âge C’est la terminologie proposée par Olivier de Ladoucette, psychiatre et gérontologue, président de la Fondation IFRAD pour la recherche sur la maladie d’Alzheimer, pour remplacer « secrétariat d’Etat aux Aînés ou aux Personnes âgées », dans un rapport sur la santé mentale et le bien-être des personnes âgées, remis à Nora Berra, secrétaire d’Etat en charge de la Santé. Il recommande en outre de « changer l’image de la vieillesse et donner une plus juste aux jeunes seniors », de « favoriser la création de stages de développement personnel pour préparer et bien vivre sa troisième vie » et d’« encourager le développement de la spiritualité chez les seniors ». www.hospimedia.fr, 31 mai 2011. De Ladoucette O. Bien-être et santé mentale : des atouts indispensables pour bien vieillir, www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Rapport_Bienetre_et_sante_mentale_des_atouts_indispensables_pour_bien_vieillir.pdf, mars 2011. Dépendance : qu’en pensent les Français ? (1) Une enquête menée par TNS Sofres pour la Fédération hospitalière de France, réalisée en face-à-face auprès d’un échantillon national représentatif de mille personnes âgées de dixhuit ans et plus, montre que 36% des Français ont une personne âgée dépendante dans leur entourage propre (23% dans leur propre famille). L’action publique en matière de prise en charge de la dépendance est toujours sévèrement jugée : 67% des personnes interrogées n’en sont pas satisfaites, sauf chez les personnes âgées de soixante-quinze ans et plus (42%). L’enquête constate un déficit d’information sur l’accompagnement des personnes âgées (63% des personnes interrogées s’estiment mal informées), ce déficit d’information se dissipant progressivement avec l’âge : seules 48% des personnes interrogées s’estiment mal informées à partir de l’âge de soixante-quinze ans. L’enquête révèle « un persistant sentiment d’impuissance » : 55% des Français s’estiment incapables de prendre en charge une personne âgée dépendante de leur entourage, en perte d’autonomie physique ou psychique. Cette capacité de prise en charge est plus élevée chez les « classes modestes » (62%) ; 42% des personnes interrogées s’estiment incapables de payer le coût d’une maison de retraite, évalué à 2 200 €/mois. TNS Sofres-Fédération hospitalière de France. Les Français et le grand âge. Sixième vague du baromètre. Avril 2011. www.tns-sofres.com/_assets/files/2011.05.16-grandage.pdf. www.lavie.immo.com, www.capgeris.com, La Tribune, 17 avril 2011. www.agevillagepro.com, 16 avril 2011. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 44/77 Dépendance : qu’en pensent les Français ? (2) L’hébergement en maison de retraite provoque toujours une vive réticence (52% des personnes interrogées en ont une mauvaise opinion). Cette mauvaise image des maisons de retraite s’ancre dans l’opinion : de 40% en 2003 à 52% en 2011. Car pour beaucoup, la maison de retraite est un « faux choix », une solution contrainte et subie : cela coûte cher (97%), il n’y a pas suffisamment de places disponibles (84%), les personnes âgées ne souhaitent pas aller en maison de retraite (83%), on y met ses parents ou grands-parents à contrecœur (77%). Cependant, 47% des Français pensent que les personnes âgées ne sont pas souvent maltraitées en maison de retraite. La perception de situations de maltraitance semble, pour la première fois, diminuer depuis 2003. Pour les Français, le plus important pour prévenir ces situations de maltraitance serait de développer des moyens supplémentaires en personnels qualifiés (28%), une formation adaptée pour tous les personnels (16%), un contrôle et une évaluation de la qualité de la prise en charge (14%), un encadrement renforcé des personnels (13%), la présence d’un personnel médical permanent (10%), des structures d’écoute et d’accompagnement des personnels (8%), l’amélioration des moyens de signalement des maltraitances (7%). Les métiers d’aide et de prise en charge des personnes âgées restent attractifs pour 64% des Français, qui conseilleraient à un de leurs proches ou à leurs enfants de s’orienter vers ce secteur. TNS Sofres-Fédération hospitalière de France. Les Français et le grand âge. Sixième vague du baromètre. Avril 2011. www.tns-sofres.com/_assets/files/2011.05.16-grandage.pdf. www.lavie.immo.com, www.capgeris.com, La Tribune, 17 avril 2011. www.agevillagepro.com, 16 avril 2011. Dépendance : qu’en pensent les Français ? (3) 74% des Français font confiance aux mutuelles pour répondre aux problèmes liés à la perte d’autonomie, devant l’Etat (46%) et les assureurs à but lucratif (42%), selon un sondage LH2 commandé par la Mutualité française à l’occasion du débat citoyen de Lyon. 80% jugent que la dépendance est « un sujet comme les autres » et que par conséquent « sa prise en charge doit s’appuyer sur le système existant et solidaire de la protection sociale française ». 51% sont favorables à une contribution « dépendance prélevée sur toutes les successions ». 62% sont contre une assurance dépendance privée obligatoire pour les plus de cinquante ans, 57% contre la suppression d’un jour férié ou d’un jour de congé pour tous les salariés et 53% hostiles à l’alignement du taux de CSG (contribution sociale généralisée) des retraités sur celui des actifs. 84% des personnes interrogées considèrent qu’il est « utile et réalisable » de « donner la priorité aux solutions que permettent le maintien à domicile des personnes âgées : améliorer la coordination entre acteurs, renforcer la formation des médecins sur la dépendance (81%), prévenir la perte d’autonomie (74%), aide financière et/ou matérielle aux aidants (70%). Face à la dépendance, 78% des Français se disent « concernés » à titre personnel, et 31% « stressés » : parmi ces derniers, on compte essentiellement des femmes, des personnes de trente-cinq ans et plus, des retraités et des personnes sans enfant au foyer. www.mutualité.fr, 24 mai 2011. Dépendance : les enseignements du débat Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la cohésion sociale, tire les premiers enseignements des débats inter-régionaux et interdépartementaux, déclarant dans les premiers Cahiers de la dépendance (la nouvelle lettre d’information sur le débat national) : « tout d’abord, nous devons améliorer la prévention et la coordination des Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 45/77 différents intervenants autour de la personne âgée dépendante et soulager les familles, en particulier les aidants. C’est le deuxième enseignement fort que je retiens à ce stade. Une grande partie des contributions postées sur le site Internet dédié au débat national insiste sur la nécessité de mieux soutenir, reconnaître et valoriser les aidants. Enfin, l’idée de développer une offre de services diversifiée constitue le troisième enseignement. Entre le domicile et l’établissement souvent très médicalisé, il existe de la place pour des structures d’accueil temporaire ou permanent, destinées aux personnes âgées fragiles ou faiblement dépendantes. Elles permettraient de leur assurer un habitat sécurisé, des services de soins et d’aide dans la vie quotidienne, et la possibilité de rompre leur isolement ». www.dependance.gouv.fr/IMG/pdf/cahiers_dependance_no_1.pdf, mai 2011. www.senioractu, 2 juin 2011. Dépendance : le calendrier de la réforme Pour Dominique Gallois, du Monde, la réforme du financement de la dépendance tarde. Il écrit : « pour avoir trop attendu, le calendrier est peu propice à une telle réforme. Les décisions seront influencées par l’entrée dans la campagne présidentielle. Cette échéance électorale à court terme va conditionner des choix de très long terme. A moins que ne soient prises uniquement des mesures financières indispensables, la réforme intervenant dans ce cas après 2012 ». A l’hésitation politique s’ajoute le manque d’argent public. « Un report ou l’annonce de demi-mesures ne sont pas sans risque. Car, en lançant ce débat sur la dépendance, le gouvernement a suscité une attente de l’opinion. Un signe ne trompe pas : la participation aux rencontres organisées sur ce thème est très importante. On est d’autant plus concerné qu’on a dans son entourage une personne à charge. Revers de la médaille, en montrant les difficultés de financement, ces débats ont parfois créé des situations anxiogènes. Chacun prend progressivement conscience de la fragilité de la situation en fonction de ses revenus même s‘il ne sera pas forcément concerné par la perte d’autonomie. « Tout dépendra des avancées de la recherche concernant les maladies liées au vieillissement comme celle d’Alzheimer. Un élément supplémentaire qui ajoute à l’ambigüité de la situation ». www.lemonde.fr, 14 mai 2011. www.news-assurances.com, 17 mai 2011. Dépendance : qu’en pense le Conseil économique, social et environnemental ? Jean-Francis Pécresse, éditorialiste des Echos, décrit l’influence prise par le CESE, « la troisième voix », depuis l’arrivée il y a six mois de son nouveau président : « voix forte et indépendante, Jean-Paul Delevoye est en passe de créer une assemblée d'un nouveau type. Le pouvoir exécutif doit l'y aider ». « Le premier choix est celui de l'aspérité. Alors que son prédécesseur, Jacques Dermagne, pratiquait la culture estimable du consensus, l'ancien Médiateur de la République cherche les divergences autant que les convergences. La société ne se réforme-t-elle pas par majorité d'idées plutôt que par unanimité convenue ? Le Palais d'Iéna ne craint plus les sujets qui fâchent. Récemment, y fut organisé sans drame un débat sur la laïcité. Un autre vient sur l'immigration. Le deuxième objectif de Jean-Paul Delevoye est de faire du CESE, qui fut pendant un demi-siècle l'assemblée des corps intermédiaires d'une société hiérarchisée, une maison des citoyens. De fait, sa légitimité ne peut plus venir de forces patronales et syndicales elles-mêmes en manque de représentativité, mais de la base civique. Centre de l'intérêt pour le politique, mais pas pour la politique, le Palais d'Iéna a, enfin, pour vocation d'être l'assemblée du temps. A côté de l'assemblée des partis et de celle des territoires, soumises l'une à la dictature de l'émotion, l'autre à celle de l'équilibre, le CESE peut apporter des solutions citoyennes à Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 46/77 tant des sujets porteurs potentiels de fractures sociales : coût du vieillissement, accès à l'éducation, place des religions »... Les Echos, 3 juin 2011. Dépendance : quel financement ? (1) Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) identifie trois priorités : réduire la somme qui reste à la charge des familles une fois qu'elles ont touché les aides publiques ; mettre en place « un système d'aides plus redistributif ». Enfin, « augmenter l'aide pour les personnes les plus dépendantes ». Pour le CESE, « les aides fiscales bénéficient aux personnes imposables, l'aide sociale aux plus démunis et c'est pour les revenus intermédiaires, entre 1 200 et 1 800 euros par mois, que l'aide publique est la plus faible ». Quant au financement, il « doit continuer à reposer sur un socle essentiellement public et il revient principalement à la solidarité nationale de l'assumer », car le risque est « encouru par chacun » : cela exclut la récupération sur succession, et la seconde journée de solidarité. Le CESE préconise une hausse de la CSG (contribution sociale généralisée) des retraités imposables de 6.6% à 7.5% pour générer 1.7 milliards d’euros, ainsi qu’une taxe de 1 % sur les successions et les donations, qui rapporterait 1.5 milliard d’euros. Les Echos, 8 juin 2011. Dépendance : quel financement ? (2) Pour l’Union de consommateurs UFC-Que choisir, « le marché de l’assurance doit rester dans un rôle subsidiaire ». Instaurer une obligation d’assurance multiplierait le marché par vingt. Le montant des cotisations perçues à ce titre passerait ainsi de 530 millions d’euros en 2010 à près de 11 milliards d’euros. L’association propose la mise en place d’un « bouclier dépendance », complémentaire de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) et financé par la ressource publique, via la suppression de niches fiscales dont bénéficient les retraités. Cette mesure coûterait 2 milliards d’euros par an, pour trois cent quarante mille bénéficiaires. Jean Leonetti, député des Alpes-Maritimes et président de la Fédération hospitalière de France (FHF), est aussi opposé à une assurance obligatoire, qui serait selon lui un impôt déguisé. Quant au recours sur succession, il demande pourquoi une personne âgée atteinte d’un cancer du poumon pourrait transmettre son patrimoine, mais pas une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. La FHF défend une réforme ambitieuse d’un « cinquième risque, offrant un droit universel de compensation de la perte d’autonomie, quel que soit l’âge et l’origine du handicap ». L’Union française des retraités de Basse-Normandie interroge dans le même sens : « sommes-nous responsables de notre dépendance ? » Les Echos, 12 mai 2011. L’Expansion, 11 mai 2011. www.lejdd.fr, 14 mai 2011. www.agevillagepro.com, 24 mai 2011. www.google.com, 21 mai 2011. UFC Que choisir. Dépendance : quel financement ? (3) L’Assemblée des départements de France (ADF) réclame une répartition à 50/50 entre l’Etat et les départements pour financer l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), et estime que la dépendance n’est « ni un phénomène insurmontable ni insoutenable, socialement et financièrement ». Le besoin de financement supplémentaire varie, selon les hypothèses de l’ADF, de 3.9 à 4.6 milliards d’euros, deux fois moins que le chiffrage du Centre d’analyse stratégique du Premier ministre. Mais le périmètre n’est pas le même : « si on prend en compte la professionnalisation des personnels, le renforcement de effectifs, le passage des tarifs au forfait et non plus au coût horaire, cela coûtera Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 47/77 beaucoup plus cher », selon l’ADF, qui mise sur la prévention pour tenir les coûts. Pour Annie de Vivie, d’Agevillage.com, le principe d’universalité oblige à réfléchir à la cohérence et à la refonte du système d’accompagnement : guichet unique d’évaluation et d’accompagnement des situations ; filière labellisée de services répondant au parcours de soins et d’accompagnement ; déploiement d’actions de prévention précoces, continues, mobilisatrices ; ville accessible, adaptable, ouverte, mobilisatrice des énergies de tous ses citoyens. « Face aux besoins croissants, face aux pénuries actuelles, une telle réforme ne se fera pas à budget constant. Réduire la réforme à une recherche de financements nouveaux sans poser toutes les questions qui précèdent ne peut conduire qu’à des surcoûts et de nouvelles impasses », écrit Annie de Vivie. Les Echos, 12 mai 2011. L’Expansion, 11 mai 2011. www.lejdd.fr, 14 mai 2011. www.agevillagepro.com, 24 mai 2011. www.google.com, 21 mai 2011. UFC Que choisir. Prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées : pour un nouveau schéma de financement. 11 mai 2011. www.quechoisir.org/media/fichiers/etude-dependance. Dépendance : quel financement ? (4) Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, s’est prononcée « pour un socle massif de solidarité » pour financer la dépendance, précisant que l’assurance dépendance obligatoire n’étant pas la voie retenue. Selon elle, la piste du recours sur succession, contre lequel elle observe un « consensus massif » s’éloignerait. Pas question non plus d’augmenter les charges sociales : la ministre fait état d’un « refus total de l’endettement et de faire peser une charge supplémentaire sur le travail et les entreprises ». Quant à la seconde journée de solidarité, elle ne s’adresserait qu’aux salariés et aux actifs, et « il serait tout-à-fait indécent que certains touchent des allocations et que, pour autant, ils n’y contribuent pas ». Parmi les solutions de financement possibles figurent une hausse de 0.1 point de CSG (contribution sociale généralisée), qui rapporterait 1.3 milliard d’euros, une taxation sur le patrimoine, ou un alignement de la CSG des retraités sur celles des actifs, une idée défendue par la CFDT. Les Echos, 12 mai 2011. L’Expansion, 11 mai 2011. www.lejdd.fr, 14 mai 2011. www.agevillagepro.com, 24 mai 2011. UFC Que choisir. Prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées : pour un nouveau schéma de financement. 11 mai 2011. www.quechoisir.org/media/fichiers/etude-dependance. Dépendance : quel financement ? (5) Le rapport du groupe de travail sur la stratégie pour la couverture de la dépendance des personnes âgées, présidé par Bertrand Fragonard, esquisse trois scénarios possibles de réforme. Selon Etienne Lefebvre, des Echos, deux d’entre eux ont peu de chances d’être retenues par le gouvernement : l’élaboration d’un régime de sécurité sociale spécifique, ou le passage à un système d’assurance universelle. Le scénario le plus plausible serait celui d’ « une consolidation du système actuel visant à le rendre à la fois plus juste et plus efficient ». Le besoin de financement à l’horizon 2040 serait de 9 milliards d’euros dans l’hypothèse d’une croissance « naturelle « de la dépense. Cela maintiendrait le socle public actuel, qui couvre 70% des coûts. Le pré-rapport énumère, sans trancher, différentes pistes de financement : contribution additionnelle de 1% sur les droits de succession, deuxième journée de solidarité, hausse de la CSG (contribution sociale généralisée) des retraités imposables, imposition des majorations de retraite des familles nombreuses, réduction de l’abattement fiscal de 10% de certains retraités. Concernant l’APA (allocation personnalisée d’autonomie), le pré-rapport préconise de relever de 50% les plafonds d’aide, devenus insuffisants, éventuellement de façon ciblée sur les personnes Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 48/77 les plus dépendantes, isolées ou atteintes de la maladie d’Alzheimer, et d’indexer ces plafonds sur les salaires et non l’inflation. Pour réduire le reste à charge, le pré-rapport préconise un redéploiement de l’APA sur la dépendance lourde (GIR 1 et 2), au détriment des personnes les moins dépendantes (GIR4). Les Echos, 23 mai 2011. www.localtis.info, 26 mai 2011. Dépendance : quel financement ? (6) Dans le cas de durées de séjour très longues, pour éviter que la personne hébergée liquide son patrimoine, consomme son épargne ou sollicite durablement ses proches, le groupe de travail préconise un « bouclier dépendance » pour plafonner ou réduire les restes à charge au-delà d’une certaine durée ». En effet, « si la dépendance est un risque assurable par mutualisation, qui tolère une participation de la personne, la dépendance longue est un risque catastrophique qui doit être intégralement pris en charge par la solidarité nationale ». Pour solliciter le patrimoine, plutôt qu’un recours sur succession ou d’une mise en gage, le groupe de travail suggère que l’assiette des ressources de l’APA prenne en compte un « forfait représentatif d’un loyer fictif » pour les propriétaires. Quant aux assurances privées, le pré-rapport estime qu’elles sont incontournables, notamment parce que l’APA décroît avec le revenu. Le groupe préconise une meilleure régulation par l’Etat, notamment à travers une garantie « socle », via une labellisation publique des contrats, une meilleure revalorisation des rentes, une transférabilité des garanties pour pouvoir changer d’assureur, la mobilisation de l’assurance-vie, à laquelle serait adossée une garantie dépendance, et une incitation fiscale à la souscription de contrats dépendance. Les Echos, 23 mai 2011. Dépendance : quel financement ? (7) Nicolas Sarkozy a suggéré de faciliter la possibilité de sortir d’un contrat d’assurance-vie sous la forme d’une rente dépendance. Pour Nicolas Moreau, directeur général d’AXA France, il s’agirait, au plan technique, « d’opérer des changements dans le contrat sans changement de la fiscalité et au sein de la même enveloppe juridique, afin d’utiliser l’assurance vie pour constituer une rente ». Mais cette solution « répond seulement au problème des gens qui se sont constitué une épargne. Le coût d’une dépendance lourde à domicile, de 1 400 € par mois après APA (allocation personnalisée d’autonomie) nécessite une épargne supérieure à 48 000 € pour utiliser l’assurance vie comme moyen de financer la dépendance », explique-t-il. Or la moyenne des Français dispose à la retraite de 29 000 euros, dont 45% en liquidités. L’assurance-vie traverse par ailleurs une période délicate, selon Laurent Thévenin, des Echos : les cotisations collectées ont baissé de 13% sur les quatre premiers mois de 2011, en raison de plusieurs facteurs : incertitude fiscale, rémunération moins attrayante que par le passé (3.4% pour les fonds en euros en 2010, face au livret A dont le taux pourrait passer à 2.5% en août 2011), réorientation des clients vers des produits bancaires plutôt que d’assurance-vie pour renforcer les fonds propres des banques dans le nouveau cadre prudentiel Bâle III (les bancassureurs représentent 60% de la collecte d’assurance-vie), et des rachats en hausse : les épargnants puisent désormais davantage dans leurs contrats d’assurance-vie pour compléter leur retraite. Cette dernière tendance s’accélère : +13% en rythme annuel (35 milliards sur les quatre premiers mois de l’année). L’Expansion, 11 mai 2011. www.toutsurlassurancevie.com, 16 mai 2011. Les Echos, 25 mai 2011. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 49/77 Dépendance : quel financement ? (8) Selon l’OCDE, « les gouvernements devront trouver un équilibre entre offrir un accès à une prise en charge de qualité et assurer la viabilité des dispositifs. Quelque 70% des personnes dépendantes assistées le sont à domicile, mais les coûts des services en établissement représentent 6% des dépenses totales. Les soins-relais, l’incitation au travail à temps partiel et le versement de prestations aux aidants familiaux sont autant de mesures potentiellement positives d’un point de vue coût-efficacité, car elles sont susceptibles de réduire la demande de soins institutionnalisés onéreux ». L’OCDE estime la prise en charge de la dépendance « trop onéreuse, sauf pour les plus aisés qui peuvent se l’offrir ». Jusqu’à un certain point : 60% du revenu disponible pour les individus qui jouissent d’un revenu supérieur à la moyenne. La charge est si élevée que les pouvoirs publics n’ont guère le choix : soit ils orientent les prestations universelles vers les personnes qui ont le plus besoin d’aide et de soins, soit ils mettent en place des partenariats public-privé. Pour l’OCDE, l’assurance privée pourrait jouer un rôle dans certains pays, mais va probablement rester une niche de marché, sauf si elle est rendue obligatoire. Aux États-Unis et en France, qui sont les deux plus grands marchés de l’assurance dépendance de la zone OCDE, seuls 5% et 15% des personnes âgées de plus de quarante ans ont souscrit une police de ce type. Prenant exemple sur l’expérience américaine, l’Assemblée des départements de France (ADF) rejette tout recours à l’assurance privée, qui risque de se traduire « par une offre de couverture centrée sur la dépendance lourde, plus prévisible et plus coûteuse, avec une offre de contrats s’accompagnant pour la dépendance partielle de restrictions visant à sélectionner les risques ». Colombo F et al. Besoin d’aide ? La prestation de services et le financement de la dépendance. Paris : Editions OCDE. Juin 2011. 336 p. ISBN 9789264097773. www.oecd.org/document/2/0,3746,fr_21571361_44315115_47905474_1_1_1_1,00.html. Actualités sociales hebdomadaires, 20 mai 2011. Dépendance : gouvernance et partage des rôles L’Assemblée des départements de France (ADF) estime nécessaire de « repenser complètement le rôle de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie et de sa gouvernance : la CNSA doit, « pour s’affirmer définitivement dans le paysage institutionnel de notre pays, devenir une véritable maison commune entre l’Etat, les départements et les partenaires sociaux ». L’ADF propose également que les parlementaires fixent chaque année, dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale, les principales dépenses et recettes de la CNSA. La Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), la MSA (Mutualité sociale agricole) et le RSI (Régime social des indépendants) sont favorables à un renforcement de la coordination avec les départements. Pour cela, les trois régimes de protection sociale « souhaitent être pleinement associés à la préparation et l'évaluation des schémas départementaux et convenir du principe de la reconnaissance mutuelle des évaluations (GIR) entre les caisses de retraite et les conseils généraux », la politique des Caisses pouvant « contribuer à juguler les dépenses liées à la compensation de la perte d'autonomie ». Pour parvenir « à une couverture optimale des différents publics sur l'ensemble des territoires les trois régimes s'engagent à poursuivre leur partenariat sur trois axes: information et conseil à l'attention de l'ensemble des retraités sur les différentes dimensions du bien vieillir (prévention santé, prévention relative aux comportements et règles de vie favorisant le vieillissement autonome, prévention des risques aggravés par la fragilisation sociale et prévention des risques liés à l'environnement du retraité) ; organisation d'actions collectives de prévention et d'ateliers collectifs de sensibilisation sur des thèmes liés au Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 50/77 bien vieillir (mémoire, nutrition, prévention des chutes, sommeil, maintien du lien social...) ; accompagnement personnalisé des retraités les plus fragiles, à travers une évaluation des besoins et l'octroi d'aides individuelles au maintien à domicile, afin de prendre en compte l'ensemble des besoins (aide-ménagère, portage de repas, transport accompagné, adaptation du logement...). Actualités sociales hebdomadaires, 20 mai 2011. www.cinquieme-risque.fr, 26 mai 2011. www.localtis.fr, 27 mai 2011. Dépendance : un département opérateur d’EHPAD Jérôme Guedj, président socialiste du Conseil général de l’Essonne, explique la volonté de son département de devenir opérateur d’établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes en proposant un service public d’hébergement accessible financièrement : il s’inquiète du faible choix en termes d’accessibilité des tarifs si seul le secteur privé commercial se développe. Il regrette de ne pas avoir trouvé d’opérateurs publics pour la création de nouvelles places d’EHPAD programmées. Le Conseil général de l’Essonne va donc ouvrir trois EHPAD « de qualité », accessibles à moins de soixante euros par jour. www.agevillagepro.com, 6 juin 2011. Dépendance : attirer davantage de main d’œuvre Pour l’OCDE, « il convient de mettre rapidement en place de solides réformes visant à attirer davantage de main-d’œuvre dans le secteur de la dépendance et à la fidéliser. La plupart des emplois concernés sont à fort roulement, n’offrent pas de perspectives d’avenir et s’accompagnent d’une rémunération et d’avantages sociaux peu élevés. Il apparaît donc essentiel de revaloriser les emplois du secteur de la dépendance en améliorant leur rémunération et les conditions de travail. Par des actions de cet ordre, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Suède et la Norvège ont récemment réussi à encourager les travailleurs à rester dans le secteur. En Belgique, aux Pays-Bas et en Suède, des conventions collectives prenant les années d’expérience en compte dans les niveaux de salaires ont montré une efficacité certaine ». Colombo F et al. Besoin d’aide ? La prestation de services et le financement de la dépendance. Paris : Editions OCDE. Juin 2011. 336 p. ISBN 9789264097773. www.oecd.org/document/2/0,3746,fr_21571361_44315115_47905474_1_1_1_1,00.html. Dépendance : le recours à l’immigration Selon l’OCDE, « pour satisfaire la demande future, les pays devront aussi attirer davantage de migrants, qui représentent déjà une part substantielle de la main-d’œuvre du secteur de la dépendance de nombreux pays de l’OCDE – un sur quatre environ par exemple en Australie, au Royaume-Uni et aux États-Unis, et jusqu’à un sur deux en Autriche, en Grèce, en Israël et en Italie. Dans de nombreux pays, les migrants, malgré une qualification souvent supérieure, sont moins bien payés que les travailleurs nés dans le pays. Une solution consisterait à augmenter le nombre de permis de travail accordés à la maind’œuvre du secteur de la dépendance dans les quotas d’immigration, comme l’ont fait l’Australie et le Canada. Proposer des formations, notamment linguistiques, serait également bénéfique. Colombo F et al. Besoin d’aide ? La prestation de services et le financement de la dépendance. Paris : Editions OCDE. Juin 2011. 336 p. ISBN 9789264097773. www.oecd.org/document/2/0,3746,fr_21571361_44315115_47905474_1_1_1_1,00.html. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 51/77 Dépendance : quelle place pour les familles ? (1) Du point de vue économique, il n’est tout simplement pas possible de se passer des familles. Environ quatre millions de personnes s’occupent, en France, de personnes dépendantes. L’aide apportée par la famille est deux à cinq fois plus importante que celle apportée par les professionnels, explique Roméo Fontaine, doctorant au Laboratoire d’économie et de gestion des organisations de santé (LEGOS) de l’Université ParisDauphine. Et même lorsque la personne dépendante bénéficie des services d’un ou plusieurs professionnels, dans 80% des cas la famille intervient toujours, ne serait-ce que pour assurer la coordination ou « remplir la paperasse ». Autrement dit, analyse Olivier Auguste, rédacteur en chef adjoint au service économie du Figaro, « autant dire que si la volonté politique avait été de ne recourir qu’à des professionnels formés pour cela et payés d’une façon ou d’une autre par la solidarité nationale, le coût serait insupportable pour les finances publiques ». Mais il ne faut pas « considérer que l’aide familiale est gratuite pour la collectivité » avertit Roméo Fontaine : elle engendre des coûts indirects : ceux qui consacrent du temps à leurs parents dépendants renoncent à des loisirs (donc à de la consommation) ou sont parfois contraints au temps partiel (d’où des moindres rentrées de cotisations sociales). Dans les cas les plus lourds, il faut aussi prendre en compte l’allocation chômage ou la pension de retraite versée à ceux qui doivent renoncer à travailler et les frais de santé pour ceux qui se fatiguent, physiquement et mentalement, à aider un proche. Le risque de troubles de santé mentale est en effet supérieur de 20% chez les aidants par rapport à celui observé en population générale, relève l’OCDE. Selon l’enquête européenne sur la retraite et le vieillissement Share, ceux qui aident un proche dans des limites « raisonnables » (moins d’une dizaine d’heures par semaine) n’en subissent pas trop les conséquences. Ceux qui parviennent à conserver leur travail, en particulier, échappent à l’épuisement psychologique. Le Figaro, 18 mai 2011. Colombo F et al. Besoin d’aide ? La prestation de services et le financement de la dépendance. Paris : Editions OCDE. Juin 2011. 336 p. ISBN 9789264097773. www.oecd.org, juin 2011. Dépendance : quelle place pour les familles ? (2) Les dépenses de prise en charge de la dépendance dans les pays de l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique) devraient, sous l’effet du vieillissement de leurs populations, doubler – voire tripler – d’ici 2050. Selon l’organisation, « les gouvernements doivent améliorer la viabilité budgétaire de leurs politiques en la matière, et mieux épauler les aidants familiaux et les travailleurs du secteur ». Les dépenses de prise en charge, qui se montent actuellement à 1.5 % du PIB (produit intérieur brut) en moyenne dans les pays de l’OCDE, augmenteront de concert. Aujourd’hui, ce sont la Suède et les Pays-Bas qui dépensent le plus en proportion de leur PIB (3.5 % et 3.6 % respectivement de leur PIB), alors que le Portugal (0.1 %), la République tchèque (0.2 %) et la République slovaque (0.2 %) se situent à l’autre extrémité du classement. Pour Angel Gurría, secrétaire général de l’OCDE, « cette rapide hausse des coûts impose aux pays une optimisation des dépenses de prise en charge de la dépendance » : « les politiques manquant de cohérence qui sont en place dans de nombreux pays doivent être revues pour stimuler la productivité et épauler les aidants familiaux, qui constituent l’épine dorsale des dispositifs de prise en charge de longue durée ». S’occuper de personnes dépendantes a en outre un coût pour l’aidant : ces derniers ont moins de chances d’occuper un emploi qu’un non-aidant et, s’ils en occupent un, ont plus de chances de travailler à temps partiel et avec moins d’heures. Une augmentation de 1% du nombre d’heures d’assistance entraîne une diminution d’environ Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 52/77 10% du taux d’emploi des aidants. Ceux-ci sont également confrontés à un risque plus élevé de pauvreté et à une plus forte probabilité de souffrir de problèmes de santé mentale. Colombo F et al. Besoin d’aide ? La prestation de services et le financement de la dépendance. Paris : Editions OCDE. Juin 2011. 336 p. ISBN 9789264097773. www.oecd.org/document/2/0,3746,fr_21571361_44315115_47905474_1_1_1_1,00.html. Le Figaro, 11 mai 2011. www.liberation.fr, 19 mai 2011. http://pro-news-assurances.com, 22 mai 2011. www.lalsace.fr, 24 mai 2005. Dépendance : quelle place pour les familles ? (3) Pour Olivier Auguste, rédacteur en chef adjoint au service économie du Figaro, « on voit donc l’intérêt de faciliter le recours aux aidants familiaux, tout en leur évitant à tout prix d’être submergés par la tâche ». L’OCDE prône « un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée » : temps partiel facilité, congés pour assistance de longue durée semblables aux congés parentaux, qui évitent de rompre le lien avec l’entreprise (de tels congés sont accordés dans la moitié des entreprises en Hongrie, aux Pays-Bas, en Finlande, en Pologne et au Danemark. L’OCDE plaide aussi pour des services de soutien et de répit des aidants : « ces services garantissent la qualité de la prise en charge tout en améliorant le bien-être des aidants. Il est possible de les mettre en place pour un coût relativement bas, y compris en s’appuyant sur l’apport généralisé et extrêmement précieux du secteur bénévole, comme le font certains pays ». Pour Olivier Auguste, « réfléchir à ces solutions est d’autant plus urgent en France que le travail des femmes ne cesse d’augmenter, et que l’âge de la retraite va passer de soixante à soixante-deux ans. Or sept à huit aidants sur dix sont des aidantes, et, compte tenu de l’âge d’entrée en dépendance de leurs parents, la plupart ont entre cinquante-cinq et soixante-cinq ans ». Colombo F et al. Besoin d’aide ? La prestation de services et le financement de la dépendance. Paris : Editions OCDE. Juin 2011. 336 p. ISBN 9789264097773. www.oecd.org/document/2/0,3746,fr_21571361_44315115_47905474_1_1_1_1,00.html. Le Figaro, 11 mai 2011. www.liberation.fr, 19 mai 2011. http://pro-news-assurances.com, 22 mai 2011. www.lalsace.fr, 24 mai 2005. Dépendance : quelle place pour les familles (4) Pour Gilles Duthil, président de l’Institut Silverlife, pendant longtemps, « le sujet de l’aide familiale aux personnes âgées dépendantes a été occulté dans le débat public car il représentait une certaine gêne. De la part des organisations professionnelles (villes, centres d’action sociale, associations…) qui, intervenant historiquement dans les cas de détresse familiale, avaient une vision en négatif de la famille (absente ou négligente). De la part des pouvoirs publics qui ambitionnaient eux aussi (sans en avoir les moyens) de se substituer à la famille pour organiser la prise en charge. Lorsqu’est survenue la catastrophe de la canicule de l’été 2003, sont apparues les limites d’un système consistant à organiser la prise en charge des personnes âgées dépendantes prioritairement autour des professionnels ou établissements spécialisés, et de la question du financement de ces services par la collectivité ». Si le plan Solidarité grand âge leur a donné une place, c’est celle de « personnes fragilisées, en « situation de tension, d’isolement et de fatigue », devant être « mieux soutenues », et ayant des problèmes de santé. Pour l’Institut Silverlife, qui milite pour un statut des aidants garanti par les pouvoirs publics, « une autre approche des aidants est souhaitable, celle consistant à reconnaître leur rôle actif majeur dans la prise en charge des personnes âgées dépendantes. Une première manière d’accorder une valeur à leur engagement au quotidien serait de les intégrer dans les plans Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 53/77 d’aide à la personne âgée dépendante, tout au moins de le nommer. Pourraient être ainsi précisées les tâches réalisées, le temps qui y est consacré mais aussi les compétences mobilisées voire les attentes en matière d’encadrement. Plus généralement, l’engagement de ces aidants pourrait déboucher sur une reconnaissance de droits au regard de la protection sociale. Des aménagements de temps de travail pourraient être accordés par les employeurs dans le sens d’un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle » : « beaucoup d’autres pays européens l’ont déjà fait, la France doit profiter de la future loi d’orientation sur la dépendance pour rattraper le retard ». Institut Silverlife Newsletter, juin 2011. Dépendance et consommation Frédéric Lefebvre, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie, des finances et de l’Industrie, chargé du commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services, des professions libérales et de la consommation, a soumis un projet de loi visant à renforcer les droits, la protection et l’information du consommateur. Deux mesures concernent la dépendance des personnes âgées : Frédéric Lefebvre souhaite, d’une part, sanctionner le non-respect des règles de l’évolution des prix pour les services à domicile ; d’autre part, en cas de décès d’une personne âgée résidant en maison de retraite, pouvoir stopper immédiatement le paiement du loyer, et mettre fin à la pratique de certains établissements qui facturent leurs prestations par mois entier ou par trimestre, sur le principe que toute période de facturation commencée doit être intégralement réglée. www.gerontechnologie.net, www.agevillagepro.com, 6 juin 2011. Dépendance : qu’en pensent les hôpitaux ? La Fédération hospitalière de France, présidée par Jean Leonetti, plaide pour la création d’un droit universel à la compensation en cas de perte d’autonomie, et propose dix grands principes : 1/ La perte d’autonomie doit être compensée par un droit universel, quel que soit l’âge de celui qui la subit ou l’origine de celle-ci ; 2/ elle doit être accompagnée par une politique de prévention et de complémentarité de l’offre sanitaire et médico-sociale dans chaque territoire, dans le cadre de filières organisées et de réseaux d’acteur de proximité ; 3/ la collectivité nationale doit veiller à une plus grand cohérence entre le dispositif d’hébergement, les besoins des personnes les moins autonomes, et leurs ressources financières. La situation actuelle d’ouverture d’établissements principalement privés sous-médicalisés et excluant financièrement la majeure partie de la population ne peut que mener à une impasse ; 4/ le « reste à charge » des familles doit être limité aux seules prestations relatives à l’hébergement des personnes, à l’exclusion de la dépendance et des soins qui relèvent de la solidarité et de l’Assurance maladie ; 5/Tout doit être mis en œuvre afin de retarder la survenue de la perte d’autonomie. C’est pourquoi le dispositif d’aide à l’autonomie doit s’adresser à l’ensemble des personnes, y compris celles qui disposent encore d’une certaine autonomie (GIR 4). Une évaluation de ces dispositifs doit être effectuée pour apprécier leur efficacité dans le retard de la survenue de la dépendance ; 6/ le socle financier de la couverture de ce droit doit reposer sur la solidarité nationale ; 7/ celui-ci peut être complété de manière optionnelle par un partenariat avec le secteur privé de l’assurance et de la prévoyance, et de la mutualité, par le biais d’un contrat passé avec les pouvoirs publics garantissant la qualité des prestations et leur évaluation partagée ; 8/ la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) doit jouer un rôle central dans la gouvernance du cinquième risque en garantissant l’égal accès de tous à des prestations de compensation de qualité ; 9/ le Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 54/77 « recours sur succession » ne peut constituer le mode de financement habituel car il peut constituer une « double peine » pour les plus fragiles ; 10/ en revanche, un dispositif de mutualisation par le biais des droits de transmission de patrimoine est de nature à participer au financement des besoins identifiés, en maintenant une couverture large de la population. Interactions, avril-mai 2011. Dépendance et hospitalisation Pour Virginie Magnart, directrice adjointe de la DGCS (direction générale de la cohésion sociale), dans une période de réduction budgétaire, l’Etat veut de la transparence, notamment face au contribuable. Aujourd’hui, les enjeux sont doubles : poursuivre les études de coûts et d’autre part développer des modèles pour corréler les coûts aux besoins des personnes prises en charge. Pour Marc Bourquin, directeur du pôle médico-social à l’Agence régionale de la santé d’Ile-de-France, qui travaille sur la filière de soins « audessus de quatre-vingt-cinq ans, le taux d’hospitalisation est multiplié par deux. Cette pression est difficilement supportable ». Pour employer au mieux chaque euro disponible, il s’agit « d’identifier comment chaque opérateur peut s’inscrire dans le parcours de soins et de la prise en charge ». Pour Grégoire Bellut, représentant l’AD-PA (association des directeurs au service des personnes âgées, il vaudrait mieux « se préoccuper d’une convergence de la dignité humaine, au service des personnes âgées ». Pour Olivier Saint-Jean, chef du service de gériatrie de l’hôpital européen GeorgesPompidou de Paris, « en général, les hospitalisations des personnes âgées sont pertinentes, mais ce sont les derniers mois du parcours de prise en charge qui posent problème », les patients multipliant les allers et retours entre hôpital et maison de retraite, ce qui conduit à un accroissement de leur dépendance, selon le gérontopôle de Toulouse. « C’est à l’hôpital que j’ai vu beaucoup de personnes âgées perdre leur autonomie. L’hôpital ne doit pas être l’antichambre de la dépendance, il doit au contraire avoir un rôle de prévention », déclare Evelyne Gaussens, directrice générale de l’hôpital gériatrique Les Magnolias à Ballainvilliers (Essonne). Avec des bilans gériatriques et un accompagnement systématique des sorties, son établissement est passé de 10% de patients qui retournaient chez eux à 70% aujourd’hui, repoussant l’entrée en dépendance. La Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) a mis en place une prestation de courte durée, l’aide au retour à domicile après hospitalisation (ARDH), avec un plan d’aide limité à trois mois et un montant plafonné à 1 800 euros. www.agevillagepro.com, 23 mai 2011 et 6 juin 2011. AFP, www.google.com, 27 mai 2011. Etablissements : gestion du risque pour 2011 Les priorités de gestion du risque en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) fixées en 2010 sont reconduites en 2011. Visant un objectif de qualité et d’efficience des soins, elles comprennent notamment la dénutrition et la prévention des troubles du comportement des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Actualités sociales hebdomadaires, 13 mai 2011. Circulaire DSS/DS1/MCGR n° 2010-473 du 9 novembre 2010. BO Santé-Protection sociale-Solidarité n°3, 15 avril 2011. Dépendance : qu’en pensent les infirmières libérales ? La Fédération nationale des infirmiers (FNI), premier syndicat des infirmiers libéraux, s’invite dans le débat sur la dépendance. Elle estime que le gouvernement commettrait une erreur « en investissant lourdement dans un système d’intégration qui ne fait que Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 55/77 reproduire en ville le schéma de fonctionnement de l’hôpital », et critique particulièrement la décision de généralisation des MAIA (maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer), « révélatrice de cette volonté essentiellement technocratique de créer des superstructures chargées d’organiser le parcours des patients chroniques du secteur ambulatoire, selon un modèle hospitalier ». La FNI demande la création d’un statut d’infirmier référent, dont les missions seraient la consultation, l’évaluation de la dépendance, l’élaboration d’un plan d’aide et de soins personnalisé, la coordination sociale et soignante. www.agevillagepro.com, 23 mai 2011. Dépendance : qu’en pensent les syndicats ? Jacques Lefèvre, de la CGT Retraités du Nord, préfère au mot dépendance celui de perte d’autonomie, plus globale. Pour les syndicats, la situation ne serait pas si noire : ils rejettent la « logique alarmiste » du gouvernement, qui vise à « faire passer la pilule de la privatisation » de la prise en charge. Chantal Defauquet, de l’UNSA Retraités du Nord, rejette l’hypothèse de nouveaux financements (recours sur succession, assurance privée, augmentation de la CSG…) : « pour nous, il est incohérent de recréer quelque chose alors qu’un système existe déjà : la Sécurité sociale. La Sécu est là pour les malades, mais pas pour la perte d’autonomie, alors que cette dernière est la plupart du temps liée à une maladie. C’est illogique ». Les syndicats souhaitent la création d’un risque « perte d’autonomie », géré par la sécurité sociale, qui prendrait le relais de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), jugé insuffisante et inégalitaire. Les syndicats proposent de privilégier la prévention « qui coûtera toujours moins cher que le curatif » : dépistages, prévention des chutes, ateliers mémoire… Ils préfèrent le maintien à domicile aux placements onéreux en maison de retraite. Et pour le financement ? « D’ici à 2025, il faudra trouver dix milliards de plus par an. Aujourd’hui, on nous parle des dépenses mais pas des recettes. Or si le PIB (produit intérieur brut) continue d’augmenter au rythme actuel, cela suffira à financer les nouvelles dépenses ». www.lavoixdunord.fr, 21 mai 2011. Dépendance : qu’en pensent les laboratoires d’idées ? Le groupe de travail sur la dépendance du thinktank Terra Nova, proche du Parti socialiste, coordonné par Luc Broussy (conseiller général du Val d'Oise, vice-président de la commission Politiques sociales et familiales de l'Assemblée des départements de France, et directeur de la publication de plusieurs journaux professionnels), a rendu ses propositions de réforme : il veut mettre à contribution les retraités et le patrimoine. Terra Nova opte pour un financement basé sur la solidarité nationale. Un alignement du taux de CSG (contribution sociale généralisée) acquitté par les retraités imposables (6.6%) sur celui acquitté par les actifs (7.5%) rapporterait 2 milliards d’euros par an : « les retraités ne sont pas toujours les plus pauvres, il n’est donc pas scandaleux que les moins modestes soient mis à contribution », justifie Luc Broussy. L’abattement d’impôts de 10% pour frais professionnels consenti à certains retraités rapporterait 2.2 milliards d’euros par an. Concernant le patrimoine, Terra Nova suggère d’augmenter les droits de succession en supprimant les mesures de la loi TEPA de 2007 (loi en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat, surnommée « paquet fiscal ») qui, selon la fondation, ont abouti à exonérer 95% des successions : cette mesure rapporterait 2 milliards d’euros par an. Terra Nova minimise l’ampleur du phénomène de la dépendance : « certes, d’ici à 2040, on comptera 2.4 millions de personnes de plus de quatre-vingt-cinq ans supplémentaires, Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 56/77 mais seulement un demi-million de personnes âgées dépendantes : on est donc loin d’un tsunami ». www.la-croix.com, 20 mai 2011. Services à la personne : quelle stratégie ? Placée depuis sa création sous la tutelle unique du ministre chargé de l’Emploi (Xavier Bertrand), l’Agence nationale des services à la personne (ANSP) est désormais aussi sous celle du ministre chargé des Services (Frédéric Lefebvre, secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services, des professions libérales et de la consommation), depuis un décret du 15 avril 2011. Pour son nouveau directeur général, Olivier Wickers, « l’ANSP doit être un outil partagé de rechercher et développement du secteur des services à la personne » : « cet aspect est indissociable d’une réflexion à mener sur le modèle économique, sur la qualité et l’innovation ». Les partenariats avec les universités et les centres de recherche permettront de renforcer cet axe en s’appuyant sur la pluridisciplinarité et la transversalité. L’élaboration ou la sélection par les acteurs d’indicateurs robustes et fiables, variables en fonction des territoires, des publics et des financeurs, sera également une priorité afin de mesurer la performance des politiques menées dans le secteur des services à la personne. estime Olivier Wickers. Un autre axe stratégique vis-à-vis du secteur porte sur l’insertion des jeunes, le développement de l’alternance et de la VAE (validation des acquis de l’expérience) : « Il faut faciliter le recours à l’alternance et peutêtre inventer de nouveaux parcours, correspondant à de nouveaux métiers, notamment dans le cadre du lien hôpital-domicile », suggère Olivier Wickers. L’ANSP a organisé des cycles de travail et d’expérimentation qui solliciteront l’expertise d’acteurs internes et externes. www.servicesalapersonne.gouv.fr, mai 2011. Centres communaux d’action sociale : quelles activités ? L’Union nationale des centres communaux et intercommunaux d’action sociale (UNCCAS) publie un état des lieux « quasi exhaustif » des équipements et services des quelque trois mille huit cents centres existant en France. L’aide à domicile (services d’aide et d’accompagnement à domicile, services de portage de repas, téléalarme, transport adapté) est proposée dans 52% des CCAS. Deux cent neuf CCAS sont gestionnaires de services de soins infirmiers à domicile (SSIAD). L’enquête ne recense que trente-six gestionnaires de service polyvalents d’aide et de soins à domicile (SPASAD). Les services destinés aux personnes âgées restent le domaine d’intervention traditionnelle des CCAS (44%) : ils sont quatre cent soixante à gérer un foyer restaurant et près de mille deux cents à mener des actions d’animation et de prévention. Presque tous les CCAS déclarent participer à l’un des cinq cent trente-trois centres locaux d’information et de coordination (CLIC). Un quart des CCAS gère un établissement d’accueil pour personnes âgées, en majorité des logements foyers (57% publics), ainsi que des établissements d’hébergement pour personnes âgées et des accueils de jour. Marginalement certains CCAS sont en charge de petites unités de vie, de pôles d’activité et de soins adaptés (PASA) et d’unités d’hébergement. UNCCAS. Panorama des domaines d’intervention des CCAS et CIAS. Enquêtes et observations sociales n°1, Mai 2011. www.unccas.org/services/docs/enquetesobservations-sociales1.pdf. Actualités sociales hebdomadaires, 20 mai 2011. www.agevillagepro.com, 23 mai 2011. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 57/77 L’intergénération : un levier pour l’action sociale ? D’abord porté par le secteur de la gérontologie, le concept d’« intergénération » a une vingtaine d’années. la démarche intergénérationnelle se propage dans des secteurs très divers. « Si les actions qui s’en réclament sont d’un intérêt variable, certaines développent une approche transversale recréant du lien social au-delà des différences d’âge. Elles se heurtent néanmoins à la verticalité des politiques publiques et des financements », écrit Caroline Sédrati-Dinet, d’Actualités sociales hebdomadaires. Hicham Hammar, chargé de mission à l’association Générations et cultures de Lille (Nord), met en place des dynamiques intergénérationnelles et interculturelles sous la forme d’activités sportives, artistiques ou culturelles, notamment autour de la mémoire et du récit de vie, d’ateliers de jardinage, d’actions d’aménagement du cadre de vie, auprès de structures sociales. « Pour ce type de public, il est impossible de dissocier l’approche interculturelle et l’approche intergénérationnelle, qui sont fortement imbriquées. Travailler sur les deux à la fois a permis de modifier les représentations et de susciter des échanges forts entre personnes d’âge et de cultures différentes ». Actualités sociales hebdomadaires, 22 avril 2011. Presse internationale Intergénérations A l’occasion de la troisième journée européenne de la solidarité entre les générations du 29 avril 2011, la Commission européenne a lancé un site internet dédié à l’ « Année européenne du vieillissement actif et de la solidarité entre les générations », qui sera célébrée en 2012. http://ec.europa?eu.social/ey2012main.jsp?catId=971&langId=fr, 7 juin 2011. Soins Gérontologie, mai-juin 2011. Repères — Initiatives Prix CNSA Lieux de vie collectifs et autonomie 2011 : mention spéciale Alzheimer La mention spéciale Alzheimer du Prix CNSA Lieux de vie collectifs et autonomie 2011, doté de 10 000 euros par la Fondation Médéric Alzheimer, a été attribuée à l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Les Godenettes à Trith Saint Léger (Nord), géré par le centre intercommunal de gérontologie. Le jury était présidé par l’architecte Aymeric Zubléna et composé de représentants de fédérations du secteur, d’architectes et de journalistes spécialisés. L’établissement accueille soixantecinq personnes âgées en perte d’autonomie de seize communes. Grâce à une inscription précoce dans la politique d’aménagement de la ville, il se positionne dans un quartier en requalification, avec une ouverture sur la cité, entre un parc urbain et les jardins pédagogiques des écoles maternelles. L’architecture de Jean-Luc Collet a fait débat au sein du jury : pour assurer la mixité des populations, il n’y a pas d’unité spécifique Alzheimer fermée. Les circulations des espaces individuels et collectifs sont organisées en espaces progressifs, multiples et différenciés, pour favoriser l’orientation. De même, on cherche à faciliter la localisation dans les étages par la largeur des circulations, dessinées en fuseau. Constamment variable, la largeur des couloirs met en scène deux perspectives de direction : l’une large et bien éclairée emmène vers un balcon ; l’autre, moins généreuse, conduit vers les salons collectifs. Les couleurs pastel sont utilisées dans les espaces individuels, tandis que celles plus soutenues et identifiables habillent les espaces Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 58/77 collectifs. A contrario, le gris, qui a un effet repoussoir, est privilégié dans certaines zones dangereuses pour des personnes désorientées. En l’absence d’unité spécifique, le gestionnaire a décidé de mettre l’accent sur le projet d’accompagnement des résidents, en apportant une attention particulière à leur épanouissement dans l’EHPAD. Le projet d’établissement repose aussi sur la formation régulière des professionnels aux spécificités de la détection de la maladie d’Alzheimer, de son accompagnement et du travail en réseau. Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, 19 mai 2011. Prix FHF/Agevillage Jardins thérapeutiques 2011 La Fédération hospitalière de France (FHF) et Agevillage ont remis leur prix « Jardins thérapeutiques 2011 » à l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) Nauton Truquez de Peyrehorade (Landes), qui propose une multitude d’espaces : jardin à la française, jardin des rencontres, jardin des senteurs, ponts sur l’étang, boulodrome, espace pour les plus petits, potager de légumes d’autrefois : avec l’aide du jardinier et de l’ergothérapeute, les résidents sont invités à semer, planter, entretenir, récolter, observer. L’équipe fait évoluer le projet selon les pathologies des résidents, et adapte les activités proposées : jardin potager, réalisation de pots et pancartes, jardinières, épluchage de légumes, dégustation des produits cultivés. www.agevillagepro.com, 24 mai 2011. Portes ouvertes : une personne malade employée par un réseau de soutien (1) A Salford (banlieue de Manchester, Royaume-Uni), le réseau Open Doors propose un dispositif pilote dans lequel l’autorité sanitaire (National Health Service) emploie une personne atteinte de démence pour apporter soutien et conseil à d’autres personnes atteintes de démence et à leurs aidants. Le Dr Mike Howorth, coordonnateur du réseau, explique : « nous voulions remettre en cause les rôles et leurs limites, et développer un service dans lequel les personnes atteintes de démence seraient au cœur des valeurs et de la vision du projet ». Quelles sont ces valeurs ? « Les personnes atteintes de démence sont capables de maintenir (et/ou d’être mises en capacité de maintenir) une qualité de vie épanouissante (fulfilling), porteuse de sens (meaningful) et productive ; les personnes atteintes de démence et leurs aidants ont une conscience et une connaissance (awareness and knowledge) privilégiées de la démence et de son effet sur la personne, la famille, les réseaux sociaux et les relations ; une collaboration efficace et porteuse de sens entre les services, les personnes atteintes de démence et les aidants conduit à de meilleurs résultats pour tous ». La vision Open Doors tient en quatre points : « développer un réseau comprenant des personnes atteintes de démence et des aidants de personnes atteintes de démence qui joueront un rôle consultatif principal (consultative and lead role) pour concevoir (shape) et influencer les soins et l’accompagnement de la démence à Salford ; recruter une personne ayant un diagnostic de démence au stade précoce pour coordonner et piloter (coordinate and steer) le réseau Open Doors, au sein du service de bénévoles Reach Beyond and Voluntary Friends for Older People, avec le soutien du Greater Manchester West Mental Health NHS Foundation Trust ; donner la capacité (enable) aux personnes atteintes de démence et à leurs aidants de piloter (drive forward) la mise en œuvre de la stratégie nationale pour la démence à Salford ; aider les personnes atteintes de démence et leurs aidants à jouer un rôle actif et participatif dans la recherche, la formation, l’éducation et le développement des services à Salford et au-delà ». Howorth M et al. The Open Doors network : a pioneering scheme. J Dementia Care 2011; 19(3): 20-21. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 59/77 Portes ouvertes : une personne malade employée par un réseau de soutien (2) Le recrutement de la personne malade s’est fait en lançant un appel à candidatures sur Radio Manchester (BBC). Le financement du poste est assuré sur le budget des soins de villes (Primary Care Trust) de Salford et l’Ecole infirmière et de travail social de l’Université de Manchester, sur la base d’un CDD de neuf mois avec un contrat de travail de quinze heures par semaine. Mike Howorth, personne malade et coordonnateur du réseau, témoigne : « j’ai posé ma candidature pour partager mon expérience de la démence avec les autres. J’ai une approche empathique avec les patients, et j’espère que cela leur donnera confiance pour qu’ils apportent leur avis au réseau. Il faut leur donner une voix (offer them a voice). J’ai été retraité pendant douze ans et je retourne travailler, ce qui semble un non-sens à certains. Mais j’ai voulu aider d’autres personnes atteintes de démence et aussi m’aider moi-même. J’ai rencontré des patients, et tissé des liens avec des organisations de bénévoles, pour développer le réseau de la meilleure manière possible. Le processus a été difficile : il y a beaucoup d’éléments à prendre en compte. Pour gérer mon temps, j’ai eu l’idée d’utiliser une caméra vidéo, pour me permettre de retrouver des événements et reprendre facilement la discussion où je l’avais laissée. Open Doors permet aussi la création de nouvelles amitiés, ce qui améliore la conversation, la discussion et le bien-être. Cela aide les aidants et les amis à surmonter la misère de la stigmatisation ». Cathy Riley, directrice de l’association de bénévoles Reach Beyond and Voluntary Friends for Older People, déclare : « ce projet très particulier nous permet d’identifier les besoins des patients et d’entendre leur avis sur les services que nous proposons, pour les améliorer ». Howorth M et al. The Open Doors network : a pioneering scheme. J Dementia Care 2011; 19(3): 20-21. Adolescents : encourager le bénévolat La Fondation Alzheimer américaine (AFA) a lancé un appel aux adolescents pour qu’ils participent à son premier « défi des adolescents bénévoles » (AFA Teens Volunteer Across America Challenge). Il s’agit d’un concours dans lequel les adolescents s’engagent à apporter au moins cinquante heures de service bénévole à la cause Alzheimer et écrire une rédaction reflétant ce qu’il a vécu. Les deux premiers recevront une tablette iPad. Pour Eric Hall, président et directeur général de l’AFA, il s’agit d’abord d’encourager les adolescents à reconnaître combien il est enrichissant de donner de son temps (give back) et de former une nouvelle génération de bénévoles capables d’avoir un effet important sur la « communauté Alzheimer ». www.afateens.org, 16 mai 2011. Enfants et adolescents : les sensibiliser à l’école L’association Alzheimer grecque (GAARD), en partenariat avec le ministère de l’Education nationale, a lancé un programme éducatif sur la démence destiné aux enfants et adolescents dans les cycles primaire et secondaire. Un programme interactif de soixante minutes, présente l’histoire de deux enfants dont la grand-mère est atteinte de démence, donne une information de base sur la maladie et les moyens possibles de faire face. « La démence peut être une situation très difficile pour toute la famille, et en parler aux jeunes peut être délicat. Un enfant ou un adolescent peut avoir peur de parler aux adultes de ce qui les inquiète ou être gênés de montrer leurs sentiments. De plus, beaucoup d’enfants ne savent rien sur la maladie et la façon dont elle peut affecter les familles », déclare l’association. Le programme a été mis en place par des psychologues auprès de Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 60/77 soixante-dix instituteurs dans quatre-vingts écoles primaires, et va s’étendre à d’autres établissements. Alzheimer Europe Newsletter, mai 2011. Danse et démence L’Université John Moores de Liverpool (Royaume-Uni) a réuni quatre-vingt personnes en décembre 2010 pour une conférence nationale sur la danse et la démence. Un rapport d’évaluation précise les rôles actuels et futurs des arts du spectacle dans la prise en charge de la démence, et notamment dans le cadre de la stratégie nationale anglaise, pour contribuer à dé-stigmatiser la maladie, mieux la faire connaître, soutenir les aidants et former les professionnels. Frankham J et al. Evaluation of memory : the national conference on dance and dementia. The Bluecoat, Liverpool, 10-11 décembre 2010. Avril 2011. www.cs.nott.ac.uk/~ef/Bisakha/20101210MemoryConference/EvaluationJohnMooresUnive rsity.pdf (texte intégral). Séjours de répit Le groupe de protection sociale Mornay organise cette année deux séjours de répit destinés respectivement aux aidants familiaux accompagnés d’une personne âgée dépendante ou aux aidants d’un proche atteint de troubles cognitifs. www.cinquième-risque.fr, 11 mai 2011. Congés d’accompagnement en fin de vie : des employeurs s’engagent Les partenaires sociaux (CFDT, CGT, CGC, CFTC et Syndicat national des sociétés d’assistance) de la branche de l’assistance, qui emploie plus de huit mille personnes en France, ont signé le 2 mai 2011 un accord engageant les entreprises à doubler l’allocation journalière versée aux salariés qui souhaiteraient accompagner un proche en fin de vie. Depuis le décret publié au Journal officiel du 14 janvier 2011, le montant de l’allocation journalière (financée par le régime d’assurance maladie) pour accompagner un proche en fin de vie est fixé à 53.17 €. Désormais, le salarié d’une société d’assistance qui suspendra son contrat de travail bénéficiera d’une rémunération forfaitaire complémentaire correspondant à la même somme, versée par jour calendaire, dans la limite de trentequatre jours. Par ailleurs, l’employé qui souhaiterait seulement réduire son temps de travail bénéficiera d’une rémunération brute de 26.58 €/jour dans la limite de quarantedeux jours. Même durant son absence, le statut social du collaborateur, ainsi que la validation du trimestre vieillesse du régime de sécurité sociale, seront garantis, et sa rémunération sera au moins égale à 1 800 € bruts, se réjouit Dominique Louis, responsable CFDT de la branche assistance. Nicolas Gusdorf, président du Syndicat national des sociétés d’assistance, déclare : « nos collaborateurs passent leur temps à aider des gens en difficulté. Il nous paraissait donc évident de leur proposer une solution adaptée à leurs problèmes personnels ». Une formation d’aide aux aidants, dans la limite de quinze heures maximum, sera en outre proposée systématiquement par l’entreprise, à réception de la demande de congé. www.argusdelassurance.com, 16 mai 2011. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 61/77 Représentations de la maladie — Médias grand public Paroles de personnes malades et de leurs aidants La maladie au jour le jour Sorte de journal de bord, La maladie au jour le jour propose aux personnes malades, proches, aidants, médecins, de témoigner, à leur rythme, de leur vécu, de la relation à la maladie, des questions d'ordre éthique qu'ils peuvent se poser. A partir de courts textes, publiés au rythme des auteurs, se dégage le paysage de la vie quotidienne touchée par les maladies d'Alzheimer et apparentées ». L’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer (EREMA) garantit l’anonymat des témoignages. www.espace-ethique-alzheimer.org/maladieaujourlejour.php?r=22, mai 2011. La voix des personnes malades Peter Mittler est professeur émérite de psychologie clinique à l’Université de Manchester (Royaume-Uni). Il est atteint d’une forme encore très précoce de maladie d’Alzheimer probable. Il a des trous de mémoire, ce qui ne l’empêche pas de publier. « En tant qu’ancien chercheur, je salue l’engagement dans la recherche », écrit-il, « mais en tant que personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, je m’interroge sur le degré de priorité donné à la recherche biomédicale par rapport à la recherche qui améliorerait la vie quotidienne et la qualité de vie des personnes atteintes de démence, particulièrement en établissement ». Il a l’impression que « le monde de la démence creuse son propre sillon et s’isole du mouvement plus vaste du handicap dont il pourrait être partie intégrante ». Il s’interroge sur la capacité de la Société Alzheimer britannique à représenter la voix des personnes atteintes de démence. « Il fut un temps où les personnes atteintes d’un handicap intellectuel (intellectual disabilities) étaient par définition incapable de parler pour elles-mêmes. Nous ne devons pas faire la même hypothèse en ce qui concerne les personnes atteintes de démence », écrit-il dans un éditorial de la revue scientifique Dementia. Mittler P. Journey in Alzheimerland. Dementia 2011; 10: 145-147. http://dem.sagepub.com/content/10/2/145.full.pdf+html?rss=1&utm_source=twitterfeed &utm_medium=twitter, 11 mai 2011. Parole et communication au cœur de la maladie d'Alzheimer Pour l’Espace national de réflexion éthique sur la maladie d’Alzheimer (EREMA), « la maladie d’Alzheimer peut être perçue comme maladie de la communication : parole sensible, communication et relation aidant/malade/médecin perturbée… Cette pathologie impose une réflexion sur le dire, l’échange, le respect de la parole à chaque étape de la maladie ». Un nouveau dossier thématique, intitulé Parole et communication au cœur de la maladie d'Alzheimer, reprend différents textes publiés sur son site, rendant compte de « la diversité des questionnements éthiques liés à la parole, à la communication et à l’annonce : respect de cette parole et de l’autonomie, annonce des nouvelles, notamment mauvaises, rôle du secret, du mensonge et de l’incommuniqué, et importance absolue de maintenir cette communication, jusqu’aux limites du possible ». www.espace-ethiquealzheimer.org/bibliotheque_rte/pdf/dossiersthematiques/Dossier_Parole_et_communicat ion.pdf, mai 2011. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 62/77 « Pourquoi sommes-nous dans un tunnel ? » Celia Watson Seupel écrit dans le New York Times, dans le blog des aidants de personnes âgées The New Old Age, caring and coping, une expérience vécue avec sa mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer. La mère et la fille sont en voiture, et la nuit tombe. « Pourquoi sommes-nous dans un tunnel ? » demande la mère. « Où sommes-nous ? ». Avec sa plus belle voix d’ancien professeur d’anglais, elle demande encore : « je veux dire, pourquoi sommes-nous dans ce tunnel ? ». Le comportement de la vieille dame est très différent durant la journée : elle papote et chante en s’extasiant sur le paysage. La journaliste a demandé à Mary Mittelman, du centre Alzheimer de l’Université de New York, pourquoi sa mère était si confuse la nuit. « Elle ne saisit pas tout-à-fait ce qui se passe, et elle n’a pas assez d’indices (clues) », répond la spécialiste. « Rétrospectivement, cela semble évident, mais les paroles de Mary Mittelman ont été une révélation. Soudain, j’ai remarqué que ma mère est constamment à la recherche d’indices. C’est une détective. Chaque fois qu’elle pose une question, je la vois regarder autour d’elle pour trouver la réponse. Son environnement est sa mémoire et son livre préféré. Lorsqu’elle voit les jonquilles, elle sait que c’est le printemps. Lorsqu’elle va chercher le journal, elle sait la date du jour. Lorsqu’elle voit l’obscurité, elle sait qu’elle est perdue ». http://newoldage.blogs.nytimes.com, 11 mai 2011. Presse Dépendance : sémantique Pour le sociologue Bernard Ennuyer, le terme de dépendance est « un mauvais mot : on dépend tous les uns des autres. Perte d’autonomie ? C’est bien pire ! Cela voudrait dire que, si vous avez des difficultés dans la vie, vous perdez votre libre arbitre ». Il préfère parler de « situation de handicap, quel que soit l’âge, ou pourquoi pas, de fragilité. Mais en France, il y a une vision négative de la vieillesse ». Pour le gériatre Henri Patouraux, « pour tous, le vieillissement renvoie à la dépendance. Ce lien de cause à effet est faux : c’est la maladie qui crée l’incapacité ». Relayée par les médias ou les instituts statistiques, écrit le Journal du Centre, « cette image d’Epinal stigmatisante a différents impacts : une dévalorisation ressentie par les personnes âgées elles-mêmes, leur entourage, le personnel médical ». www.lejdc.fr, 21 mai 2011. La peur irrationnelle d’oublier (1) « Dans notre société hypercognitive, la peur de l’oubli (forgetfulness) creuse un profond sillon dans la psyché », écrit dans le New York Times Margaret Morganroth Gullette, militante anti-âgisme, du centre de recherche sur les femmes de l’Université Brandeis de Waltham (Massachusetts, Etats-Unis). « Egarer ses clés de voiture, autrefois signe de simple distraction (absent-mindedness) est devenu un symptôme clinique », et l’anxiété de perdre la mémoire grandit, notamment auprès du grand public. Selon l’universitaire, « la plus grande prise de conscience de la maladie d’Alzheimer, loin de réduire l’ignorance et la stigmatisation associées à la maladie, les a amplifiées ». Les personnes âgées de plus de cinquante-cinq ans redoutent la maladie d’Alzheimer davantage que toute autre maladie, selon une enquête 2010 de la Fondation MetLife. Un Américain sur huit âgé de soixantecinq ans et plus ne se fait pas recenser. La perspective de la maladie est-elle si horrible qu’elle incite les gens à se suicider ? Certaines productions culturelles alimentent cette perception alarmiste, par exemple la nouvelle pièce de théâtre Off Broadway de Tony Kushner, intitulée The Intelligent Homosexual Guide to Capitalism and Socialism with a Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 63/77 Key to the Scriptures, ou le film Poetry, du réalisateur coréen Lee Chang-Don. « Les personnages de ces intrigues ont d’autres motifs que la peur pour mettre fin à leur vie, principalement la culpabilité. Alors, pourquoi invoquer la maladie d’Alzheimer si ostensiblement ? Peut-être parce qu’aucune autre motivation ne semble aussi plausible aux spectateurs », écrit Margaret Morganroth Gullette. « L’esprit a des capacités (capacious). Une grande partie de la capacité mentale et émotionnelle peut survivre à une simple perte de mémoire, tout comme d’autres qualités qui nous rendent humains ». New York Times, 21 mai 2011. La peur irrationnelle d’oublier (2) En fait, estime Margaret Morganroth Gullette, « une révolution pourrait lentement s’enraciner dans l’accompagnement, au moins pour ceux qui connaissent les récits alternatifs (alternative narratives) sur la perte de mémoire : les ouvrages du psychologue britannique Tom Kitwood, mort en 1998, qui mettent en avant la personne humaine (personhood) au lieu de la débilité (debilitation), ont une influence durable; dans Making an exit, Elinor Fuchs, professeur d’art dramatique à l’Université de Yale (New Haven, Connecticut, Etats-Unis), explore les motifs de conversation de sa mère, au stade avancé de la maladie d’Alzheimer ; Anne Basting, directrice du Centre Age et communauté de l’Université du Wisconsin à Milwaukee (Etats-Unis), qui a écrit une pièce de théâtre à partir de poèmes écrits par des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, a un slogan : Oubliez la mémoire. Essayez l’imagination ! Et si chacun partageait ces attitudes ? nous pourrions rendre honteuse et rare la propagation de la peur associée à la perte de la mémoire (cognition-related fear-mongering), rendre les débats sur la fin de vie moins virulents (searing), améliorer les protocoles de traitement, réaffirmer notre contrat collectif avec les personnes âgées, faciliter nos relations avec les personnes de tout âge présentant un déficit cognitif, et permettre aux adultes de regarder l’avancée en âge avec espoir plutôt qu’avec désespoir. New York Times, 21 mai 2011. Mort de Günter Sachs Certains médias allemands ont suggéré que le suicide de l’homme d’affaires Günter Sachs (1932-2011), ancien mari de Brigitte Bardot, a été provoqué par sa peur (Angst) de la maladie d’Alzheimer. Bild titre : « Alzheimer : la maladie incurable » et cite Günter Sachs, qui aurait déclaré avant sa mort : « la perte du contrôle de l’esprit sur ma vie serait un état indigne » (Der Verlust der geistigen Kontrolle über mein Leben wäre ein würdeloser Zustand). La Société Alzheimer allemande a réagi par un communiqué de presse : « même avec la démence, il est possible d’avoir une vie digne d’être vécue ». Heike von LützauHolbein, présidente d’Alzheimer Europe, déclare : « bien sûr, le diagnostic de maladie d’Alzheimer est d’abord un choc, et la perte progressive de contrôle de sa vie est une cause de profonde anxiété. La mort de Günter Sachs nous montre aussi qu’il nous reste beaucoup à faire pour briser le tabou autour de cette maladie et d’apporter du soutien et de l’accompagnement, afin que ces personnes n’aient plus à se soucier de devenir dépendants des autres ». www.bild.de, 9 mai 2011. Alzheimer Europe Newsletter, mai 2011. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 64/77 Internet Publicité irresponsable et fallacieuse L’Agence britannique indépendante de régulation de la publicité (ASA-Advertising Standards Agency) a déclaré le site Internet Vital Life Education « irresponsable et fallacieux » (misleading). Le site faisait la promotion d’un ouvrage intitulé The Alzheimer’s-Reversing Breakthrough (la découverte qui inverse le cours de la maladie d’Alzheimer) qui prétendait avoir trouvé un traitement curatif de la maladie d’Alzheimer et dénigrait les traitements existants. Pour l’ASA, le contenu fallacieux était particulièrement destiné à des personnes vulnérables, notamment celles atteintes de maladie d’Alzheimer au stade sévère. Pour la Société Alzheimer britannique, ce type d’allégation peut « donner de faux espoirs à cinq cent mille personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et à leurs aidants ». La Société Alzheimer rappelle qu’il n’existe pas actuellement de traitement curatif, et que le meilleur moyen de réduire le risque de démence est de manger d’une façon saine, faire de l’exercice physique, vérifier son cholestérol et sa tension et s’abstenir de fumer. www.medicalnewstoday.com, 12 mai 2011. Radio Ancient Mysteries, de BBC Radio 4 La radio britannique BBC Radio 4 a diffusé matin et soir une série de théâtre radiophonique (radio drama) sous forme de monologues adaptés d’entretiens avec des personnes atteintes de démence qui évoquent leur vie. Les paroles des personnes malades ont été recueillies par David Clegg, professionnel de l’animation en maison de retraite (programme Activity Based Care de Care UK), et qui travaille maintenant sur le projet Trebus, une œuvre de recueil des souvenirs et de la compréhension (insight) de personnes atteintes de démence, avant que leurs paroles soient perdues. « Drôles, tristes, émouvants et mystérieux témoignages sur l’esprit et l’intelligence humaines (human spirit and mind) », les monologues de quinze minutes du programme Ancient Mysteries mettent en scène différentes personnes : un cowboy jamaïcain, une cryptologue de Bletchley Park, le quartier général du contre-espionnage britannique durant la seconde guerre mondiale, un ancien homme politique du Parti travailliste, un perruquier pour l’industrie du cinéma, un ami du peintre Francis Bacon, et des gens ordinaires ayant des histoires extraordinaires à raconter. Les monologues sont interprétés par des comédiens connus. Les programmes sont disponibles sur Internet sept jours après leur diffusion sur les ondes. www.bbc.co.uk/programmes/b01120sf/episodes/2011, mai 2011. Alzheimer Europe Newsletter, mai 2011. Télévision Grey’s Anatomy : falsification d’un essai clinique Dans un épisode de la saison 7 de la série télévisée américaine Grey’s Anatomy, qui sera diffusée sur TF1 fin 2011, Meredith Grey falsifie un essai clinique en aveugle pour tester un traitement par injection intracérébrale chez des personnes jeunes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Interne en charge de l’étude, Meredith ne veut pas que la femme du chef de service de chirurgie, incluse dans l’essai clinique, reçoive un placebo. Elle suggère au neurochirurgien de lui administrer le médicament expérimental en dehors du protocole. Mais le neurochirurgien refuse : cela ruinerait leurs carrières médicales. Passant outre, Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 65/77 Meredith se rend en cachette à la pharmacie hospitalière, « lève l’aveugle », et intervertit des dossiers de façon à ce que la femme du chef de service de chirurgie ne reçoive pas le placebo. « Cette histoire n’est pas conforme à la réalité », précise Marc Siegel, professeur associé de médecine à l’Université de New York, qui répond aux questions posées par le Los Angeles Times, et pour lesquelles le grand public s’interroge : « la maladie d’Alzheimer qui progresse rapidement s’observe-t-elle ? Est-ce la façon dont sont réellement conduits les essais cliniques ? Existe-t-il un médicament similaire à celui testé dans la série télévisée ? La femme d’un médecin est-elle autorisée à participer à un essai clinique ? Quelles seraient les conséquences si la falsification d’un essai clinique était découverte » ? Los Angeles Times, 9 mai 2011. Banque de souvenirs En Espagne, la chaîne de télévision Antena 3, la Fondation Reina Sofía et dix groupes de communication se sont associés pour diffuser la campagne « banque de souvenirs », qui vise à rassembler « les expériences vécues de tous les citoyens qui désirent contribuer à la prise de conscience (concienciación) sur la maladie d’Alzheimer ». www.antena3.com, 16 mai 2011. Cinéma Une séparation, d’Ashgar Farhadi (1) « Deux heures à couper le souffle. Du concentré de cinéma. Un film arborescent aux ramifications multiples », écrit Jérôme Garcin, du Nouvel Observateur. « On peut le voir, au choix, sous l’angle du drame social, de la comédie de mœurs, de la fable politique, du documentaire, du thriller ou de l’enquête policière ». La scène capitale du film se déroule sur le palier d’un appartement bourgeois, à Téhéran (Iran). Nader, que sa femme vient de quitter, vit avec sa fille de onze ans et son père grabataire, mutique, incontinent, atteint de la maladie d’Alzheimer. Nader doit engager une aide-soignante. Il embauche une mère de famille dans le besoin, Razieh, une femme très pieuse, enceinte, qui accepte ce travail sans l'accord de son mari, Hodjat, chômeur dépressif, violent, conservateur. Cette femme est d'abord confrontée à un dilemme : le vieillard se pisse dessus, elle doit le changer, le laver, lui ôter son pantalon, ce qui, en regard de ses convictions religieuses et des usages qu'elles impliquent, constitue un péché. Razieh commet une faute : elle laisse un moment le vieux monsieur sans surveillance. Licenciée, elle revient sonner chez son employeur pour être payée de ses heures de travail. Nader, prétextant qu'elle a manqué à ses devoirs, refuse de la dédommager, la repousse sur le palier. Elle tombe dans l'escalier. Elle dépose plainte. Nader, dit-elle, l'aurait violentée et aurait provoqué une fausse couche. Pour Jean-Luc Douin, du Monde, le spectateur est invité à occuper la place du juge et à prendre parti pour l'un puis pour l'autre. « La force du film est dans sa capacité à le faire douter, lui faire plusieurs fois changer de camp au fur et à mesure que se déroule l'intrigue ». http://bibliobs.nouvelobs.com/, www.lejdd.fr, 7 juin 2011. Le Monde, Libération, Les Echos, 8 juin 2011. Une séparation, d’Ashgar Farhadi (2) Pour Philippe Azoury, de Libération, « le sujet même d’Une séparation doit porter sa technique d’écriture à son sommet : elle pose le mensonge contre le cas de conscience, examine toutes les facettes de l’arrangement avec soi-même et avec la loi. Tour à tour, ceux qui étaient vus comme les bons se transforment en monstre et, en distribuant les Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 66/77 cartes de ce jeu de dupe, le cinéaste se transforme en virtuose du retournement de situation. Le problème est que cet art du triple salto dramaturgique conduit à un lumbago moral ». « Une minutieuse construction en plusieurs actes, une machinerie qui emporte deux familles, de deux milieux sociaux différents, dans le même tourbillon », écrit Adrien Gombeaud, des Echos. « Voilà un cinéma hyper-créatif, que la répression inspire », écrit Barbara Théate, du Journal du Dimanche : « le talent contre la censure ». A l’origine d’Une séparation, il y a l’image resurgie du passé : celle d’un jeune homme qui lave un vieil homme, en fait la photo du frère du cinéaste faisant la toilette à leur grand-père atteint de la maladie d’Alzheimer. « Mon frère s’est beaucoup occupé de lui. A sa mort, j’ai réalisé à quel point je me sentais coupable de ne pas en avoir fait autant », déclare Asghar Farhadi. De quelle séparation s’agit-il ? s’interroge Jean-Luc Douin, du Monde : du divorce entre classe aisée et classe populaire, entre traditions et modernité ? « La femme séparée, revenue soutenir un mari dont elle espère un retour de flamme conjugale, paye la caution qui évite à Nader de se retrouver derrière les barreaux, et négocie avec la femme voilée qui, de son côté, se débat entre mari revanchard et fidélité aux préceptes du Coran ». Le film a obtenu un Ours d’or à Berlin en février 2011, ainsi que deux récompenses collectives pour l’interprétation masculine et féminine. http://bibliobs.nouvelobs.com/, www.lejdd.fr, 7 juin 2011. Le Monde, Libération, 8 juin 2011. La famille Savage, de Tamara Jenkins Wendy et Jon, un frère et une sœur (incarnés par Laura Linney et Philip Seymour Hoffmann) se retrouvent le jour où il faut s’occuper de leur père, livré à lui-même alors qu’il souffre de démence vasculaire. Les voilà donc obligés de prendre en charge la fin de vie de ce père qui n’en a jamais été un pour eux, tout en gérant les problèmes dans leurs propres vies qui, pour la plupart, découlent justement de cette absence de père. « Jamais larmoyant, souvent touchant, parfois drôle, ce film est une vraie réussite, porté par deux interprètes au sommet de leur art. C’est un film qui pose les bonnes questions », écrit cinedingue.com , pour qui ce film est injustement passé inaperçu après sa sortie en salle : « peut-on décider de manière unilatérale du placement d’un parent ? Est-on, comme le pense le personnage de Laura Linney, un monstre pour autant ? Que doit un enfant à un père ou une mère qui n’a jamais rempli son rôle ? » http://cinedingue.com, 15 mai 2011. Théâtre Ça commence par une lettre, d’Hélène Robert Ce documentaire a pour fil conducteur la pièce de théâtre Lettres à… de la Piccola Compagnie, mise en scène par Benoît Richter. Le spectacle a été vu par six mille spectateurs de tous âges, qui ont pu réfléchir ensemble sur les représentations que chacun se fait l’un de l’autre, sur les relations entre générations, sur le vieillissement, la transmission. Des ateliers ont permis à des personnes âgées participantes d’entendre leurs propres paroles à travers la lecture de leurs lettres par les comédiens. Chaque spectateur est invité à réfléchir, à « se mettre à la place d’une personne âgée », avant tout une personne unique, animée comme tout être humain de pensées, de souvenirs, de désirs, de craintes… Pour les professionnels du grand âge, ce documentaire permet de découvrir comment l’écriture peut être utilisée pour aider les personnes âgées à transmettre, à parler de ce qui leur tient à cœur, à s’adresser aux autres générations, à tisser des liens Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 67/77 entre passé et avenir. Le documentaire a été financé par la Fondation Audiens générations et la Piccola Compagnie, avec le soutien de la Fondation nationale de gérontologie. www.agevillagepro.com, 17 mai 2011. Chanson Chantons, chantons Les Mélodies d’antan est une chorale canadienne de cinquante personnes, qui se produit dans les maisons de retraite, et qui est formée de cinquante choristes âgés de cinquante à quatre-vingt-huit ans. Certaines sont atteintes de la maladie d’Alzheimer. « Avant de me présenter à la chorale, je me sens parfois très fatiguée, admet Thérèse, qui doit aujourd’hui se déplacer en fauteuil roulant. Mais lorsque j’en sors, je déborde d’énergie ». « Vieillir, ce n’est pas si pire que ça. On retombe en enfance quand on se présente ici », renchérit Danièle. www.cyberpresse.ca, 26 mai 2011. Ficelles, d’Ingrid St-Pierre « Les jours et les saisons / la couleur de mes yeux / les paroles des chansons / celles qu'on chantait à deux / le chemin de ta maison » : la chanteuse québécoise Ingrid St-Pierre, vingt-six ans, rend hommage à sa grand-mère, atteinte de la maladie d’Alzheimer, dans sa chanson Ficelles, et « aux souvenirs pas encore complètement effacés de sa tête ». www.cyberpresse.ca, 28 mai 2011. www.youtube.com/watch?v=bo6Kwg1t9hE, 21 octobre 2010 (extrait de concert). Philatélie Timbre En partenariat avec La Poste, l’association Lions Alzheimer, administrateur du Collectif maladie d’Alzheimer grande cause nationale, a mis en vente un timbre au profit d’accueils de jour. Un bureau de poste temporaire a été installé au Palais des Congrès de Poitiers pour une oblitération « premier jour ». www.lamontagne.fr, 19 mai 2011. Littérature Déclin linguistique chez les romanciers Deux informaticiens, un enseignant de littérature anglaise et une orthophoniste de l’Université de Toronto (Ontario, Canada) publient une étude longitudinale des modifications du langage (lexique, syntaxe) dans la maladie d’Alzheimer, à partir des œuvres complètes de trois romanciers britanniques : Iris Murdoch (décédée avec une maladie d’Alzheimer), Agatha Christie (dont on pense qu’elle était atteinte de de la maladie d’Alzheimer) et Phyllis Dorothy James, qui a vieilli en bonne santé. Selon les auteurs, il est probable qu’Agatha Christie ait souffert d’une maladie d’Alzheimer débutante lorsqu’elle a écrit ses derniers romans, alors qu’Iris Murdoch montre un « creux » de vocabulaire et de syntaxe relativement pauvre entre la fin de la quarantaine et de la cinquantaine, annonciateur de la maladie d’Alzheimer survenue ultérieurement. Le X et al. Longitudinal detection of dementia through lexical and syntactic changes in writing: a case study of three British novelists. Literary and Linguistic Computing, 24 mai 2011. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 68/77 L’or gris, de François Nénin et Sophie Lapart Un livre à charge pour les maisons de retraite, qui évoque le « tsunami Alzheimer » à venir. L’éditeur présente ainsi l’ouvrage : « des personnes âgées alimentées avec des croquettes pour animaux, d’autres brutalisées, insultées, enfermées, ces exemples nourrissent régulièrement les rubriques des faits divers. Une maltraitance plus insidieuse, plus difficile à traduire en justice tue beaucoup plus : la maltraitance institutionnelle. Délaissement, absence de soins, erreurs médicamenteuses, sous-alimentation, déshydratation, chutes à répétition, abrutissement chimique entraînent des morts prématurées autorisées par une logique industrielle implacable : un encadrement minimum pour un rendement maximum. Les affairistes sont à l’œuvre dans un secteur sans contrôle pour rafler un joli magot : un gisement d’or gris qui marge à 25 %. Certains y ont bâti des fortunes figurant dans le top 100 en France : on les appelle les roitelets de l’or gris. Cette enquête journalistique nous emmène dans les recoins les plus indignes de notre pays, ces mouroirs à l’apparence si honorable, parfois hors de prix pour les familles, éclairée par le témoignage bouleversant d’une aide-soignante qui a décidé de briser la loi du silence ». Pour Agevillage, qui reconnaît une enquête poussée et un travail documenté, « la lecture de cet ouvrage est simplement insupportable » : « la maltraitance institutionnelle ne fait aucun doute et il y a certainement beaucoup de progrès à faire pour écouter et respecter la personne âgée. Néanmoins, on peut regretter dans cet ouvrage l’absence totale de nuances. Rien ni personne ne trouve grâce aux yeux de l’auteur », qui n’avance aucune piste, et « dénonce sans participer à la reconstruction ». Nénin F et Lapart S. L’or gris. Paris : Flammarion. 303 p. ISBN 9782081254282. 20 avril 2011. Alzheimer : Mãos que ajudam, gentes que sofrem. Uma análise sociológica sobre os doentes e os actores envolvidos, de Carla Rocha « Les mains qui aident les gens qui souffrent » est le titre d’une analyse sociologique sur les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et leurs aidants, publiée par Alzheimer Portugal pour sensibiliser le grand public. Rocha C. Alzheimer : Mãos que ajudam, gentes que sofrem. Uma análise sociológica sobre os doentes e os actores envolvidos. 2010. 144 p. Leça da Palmeira (Portugal) : HM Editora. www.alzheimerportugal.org, 19 mai 2011 (ouvrage et site en portugais). Représentations de la maladie — Art et culture Saint ou démon à Saint-Brévin-les-Pins, de Firmin Le Bourhis Le dix-neuvième tome des aventures policières de François Le Duigou et Phil Bozzi a pour décor le Pays de Retz et cultive la solidarité avec les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer. Firmin Le Bourhis, romancier breton, explique : « mon premier livre n'était pas un roman, mais un ouvrage sur la maladie d'Alzheimer que j'ai écrit suite au décès de mon père. Je me suis alors engagé dans une action nationale visant à la création de centres d'accueil de jour pour les victimes de cette maladie. C'était en 2000 et on n'en parlait pas comme aujourd'hui. Mon livre a servi de support à cette action, en aidant à sensibiliser la population sur ce sujet. Il a aussi contribué au financement des quelque cent cinquante centres ouverts jusqu'ici », avec les droits d’auteur. Firmin Le Bourhis a continué d’écrire en créant une série policière : le capitaine Le Duigou est un policier près Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 69/77 de la retraite, qui travaille au flair ; le lieutenant Phil Bozzi un jeune qui sort de l'école et est plutôt branché Internet et i-Pad. L'un est Breton, l'autre Corse ». François Le Bourhis met un soin particulier à localiser le théâtre de ses enquêtes : il se rend sur place, se documente, s'imprègne de la réalité locale, prend rendez-vous auprès des offices de tourisme et des brigades de gendarmerie : « plus on est proche de la réalité, plus le lecteur accroche. J'ai aussi opté pour un style qui exclut l'argot, la vulgarité, le sexe ou la violence inutile. Dans le cadre de l'action Alzheimer, je m'interdis tout cela, pour travailler plutôt sur l'aspect de la procédure ». Dans son dernier roman, l'enquête démarre sur une disparition signalée au commissariat de Quimper. Ce sont des officiers de police judiciaire qui sont chargés de remonter l'itinéraire du disparu. Le Bourhis F. Saint ou démon à Saint-Brévin-les-Pins. Mai 2011. 286 p. Quimper : Alain Bargain. ISBN 2355500851. www.ouest-france.fr, 25 mai 2011. Alzheimer mon amour, de Cécile Huguenin Une vie d’amour de plus de trente ans, des responsabilités en entreprise, des enfants, des voyages à travers le monde, Cécile et Daniel ont tout partagé. « Et puis un jour, un mot qui manque, un geste qui se fige. Cécile s’inquiète pour Daniel. Il lui faudra attendre deux ans pour qu’un médecin mette enfin un nom sur ce qui arrive à Daniel. Alzheimer, ce mot qui fait peur. Pour ces deux-là, l’amour est plus fort que la peur ». C’est ce que raconte Cécile Huguenin, psychologue, avec les mots de Daniel, et avec des poèmes qu’il a écrit tout au long de sa vie et qui paraissent aujourd’hui prémonitoires. Huguenin C. Alzheimer mon amour. Juin 2011. Paris : Éditions Héloïse d'Ormesson. 128 p. ISBN 978-2-35087-170-7. Ouvrages scientifiques et professionnels Imaging the brain in dementia, de Frederik Barkhof, Nick C Fox, António J Bastos-Leite et Philip Scheltens Frédérik Barkhof et Philip Scheltens, de l’Université libre d’Amsterdam, Nick Fox, de l’University College de Londres, et António Bastos-Leite, de l’Université de Porto, experts internationaux de l’imagerie du cerveau, publient un ouvrage de référence sur les applications cliniques de ces techniques dans l’exploration des démences. Barkhof F et al. Neuroimaging in Dementia. 2011. Berlin: Springer Verlag. 278 p. ISBN-9783-642-00817-7. Newberg A. Imaging the brain in dementia. Lancet Neurol 2011; 40(6): 507. www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1474442211701193. Neuropsychologie en pratique(s), sous la direction de Catherine Thomas-Antérion et Emmanuel Barbeau Le GRECO (Groupe de réflexions sur les évaluations cognitives), qui réunit depuis 1993 des neurologues, des gériatres, des psychiatres, des rééducateurs, des psychologues, des orthophonistes, et autres professionnels impliqués dans l’évaluation et la prise en charge des troubles cognitifs, publie un ouvrage de réflexion sur l’élaboration et la pratique des tests et échelles neuropsychologiques. La neuropsychologie, discipline qui étudie les liens entre le fonctionnement du cerveau et le comportement, est une discipline récente, qui ne s’est structurée dans le monde francophone qu’à la fin des années 1970. Thomas-Antérion C et Barbeau E (coord). Neuropsychologie en pratique(s). 135 p. Marseille : Solal. ISBN 978-2-35327-117-7. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 70/77 Prévention des chutes et équilibre chez la personne âgée, de Jacques Choque Un tiers des personnes âgées de soixante-cinq ans et plus vivant à domicile chutent chaque année. Ce guide pratique, destiné aux professionnels des activités corporelles (animateurs, aides médico-psychologiques, personnel paramédical…) propose deux cents exercices illustrés (parcours aménagés, tests d’équilibre et d’évaluation) pour maintenir l’équilibre et prévenir les chutes. Coque J. Prévention des chutes et équilibre chez la personne âgée. Revigny-sur-Ornain : Doc Editions. 2 mai 2011. 164 p. ISBN 978-2-916465-40-1. www.doc-editions.fr. Alimentation et Alzheimer : s'adapter au quotidien, de Caroline Rio, Céline Jeannier, Hélène Lejeune, Martine Noah, Sandrine Amigon-Waterlot, Carol Szekely Le vieillissement et les maladies qui l'accompagnent engendrent des besoins nutritionnels spécifiques. Une attention particulière doit être portée à l'alimentation des personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer ou d'une maladie apparentée afin de leur garantir des apports suffisants en quantité et en qualité. Les aidants, familiaux ou professionnels, sont en première ligne pour repérer les difficultés et tenter de trouver les solutions adéquates. Comment accueillir d'autres façons de manger (avec les doigts, selon des horaires souples...) ou cuisiner d'autres types de plats (enrichis, mixés...) ? Comment faire face aux troubles de la déglutition ou au refus alimentaire ? Et surtout : comment préserver le plaisir de manger ? Trois diététiciennes, une spécialiste de la restauration et un gériatre proposent un guide pratique pour les aidants. Rio C et al. Alimentation et Alzheimer : s'adapter au quotidien. 16 mai 2011. Rennes : Presses de l'EHESP. 160 p. ISBN 978-2-8109-0037-4. La maladie d'Alzheimer : entre psychosomatique et neuropsychanalyse. Nouvelles perspectives, de Marion Péruchon L’éditeur résume : « sortant d'une causalité linéaire réductrice, l'auteur en appelle à la multifactorialité qui exige la prise en considération des facteurs épigénétiques (et pas seulement génétiques) en faisant intervenir l'articulation du soma et de la psyché, du cerveau et de la pensée en perpétuelle interaction avec l'environnement, et l'objet et la culture, vecteurs de transformation énergétique. C'est ainsi que l'interdisciplinarité se voit convoquée avec la psychosomatique et la neuropsychanalyse pour tenter d'appréhender au cours de cette investigation théorico-clinique ce qui se défait dans l'involution démentielle marquée par une pathologie du lien et des limites neuropsychiques et par un retour du moi et de la pensée à l'archaïque. De nouvelles perspectives se dessinent alors, après avoir fait jouer ensemble les grands concepts clés de la neurologie (plasticité cérébrale, neurogénèse, apoptose, attrition...) et de la psychanalyse (pulsion, objet, investissement, dépression, trauma...) ». Péruchon M. La maladie d'Alzheimer : entre psychosomatique et neuropsychanalyse. Nouvelles perspectives. 2011. Paris : Hermann. 150 p. ISBN 978-2-7056-8141-8. Guide pour l’appréciation de la qualité des espaces de vie dans les établissements pour personnes âgées, de Sylviane Roger, Régis Herbin, Olga Piou et Bernard Thumerel La qualité d’usage d’un établissement s’apprécie en procédant à l’analyse du niveau d'adéquation entre le projet de vie des résidents et la capacité des espaces de vie à y répondre. L’approche intuitive ne suffit pas : il faut une méthode et des outils éprouvés. Sylvie Roger, architecte, conseillère technique à la direction générale de la cohésion sociale, Régis Herbin, architecte urbaniste au CRIDEV ( Centre de recherche pour Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 71/77 l’intégration des différences dans les espaces de vie), Olga Piou, directrice du CLEIRPPA (centre de liaison, d’étude, d’information et de recherche sur les problèmes des personnes âgées), avec la participation du consultant Bernard Thumerel, publient une nouvelle édition d’un guide destiné aux maîtres d’ouvrage qui souhaitent évaluer la qualité d’usage de leur établissement pour l’améliorer. Roger S et al. Guide pour l’appréciation de la qualité des espaces de vie dans les établissements pour personnes âgées. 173 p. Rennes : Presses de l’EHESP. Mai 2011. ISBN 978-2-85952-977-2. www.agevillagepro.com, 6 juin 2011. www.presses.ehesp.fr, 6 juin 2011. Alzheimer : comprendre cette maladie pour mieux l'accompagner, de Francis Zuin Francis Zuin, psychologue clinicien et formateur, qui dirige le cabinet d’éthique relationnelle Animera, publie un ouvrage destiné aux aidants professionnels ou non, mettant en avant la dignité de la personne malade. L’auteur conseille « un regard dénué de tout jugement, donc d’ouverture et de tolérance, ce, dès les premiers signes ; une réflexion sur notre présence bienveillante lors des troubles ou des manifestations, teintée d’indulgence et de générosité, au-delà des difficultés réelles que pose la relation ; une dimension humaine dans toutes les attitudes et techniques (…) afin d’éviter les gestes mécaniques et répétitifs, robotisant le soignant ou l’accompagnant au fil du temps ». Zuin F. Alzheimer - Comprendre cette maladie pour mieux l'accompagner. 4 avril 2011. 176 p. Paris : Fernand Lanore. ISBN 978-2-85157-637-8. www.lunionpresse.fr, 3 juin 2011. Treating Dementia in Context: A Step-by-Step Guide to Working With Individuals and Families, de Susan McCurry et Claudia Drossel Susan McCurry est psychologue clinicienne et professeur au département de santé psychosociale et communautaire à l’Université de Washington (Etats-Unis). Claudia Drossel, psychologue, est doctorante en gérontologie clinique à l’Université du Nevada. Durant cinq ans, elle a été directrice adjointe du centre de soutien aux aidants de l’Etat du Nevada. A l’intention des professionnels du soin et de l’accompagnement de la démence, les deux auteurs proposent une approche contextuelle des comportements, à partir d’une multiplicité de vignettes (cas-types) illustrant les difficultés de la personne malade dans la vie quotidienne, les comorbidités, les relations entre l’aidant et la personne malade, l’épuisement de l’aidant et les interactions avec les professionnels de santé. Cette approche donne les grands principes d’intervention, et encourage les lecteurs à trouver leurs propres solutions pour chaque personne et chaque situation. McCurry S et Drossel C. Treating Dementia in Context: A Step-by-Step Guide to Working With Individuals and Families. Mars 2011. 204 p. ISBN 978-1-4338-0936-1. www.apa.org/pubs/books/4317254.aspx. Thinking through dementia, de Julian C Hughes Julian Hughes, professeur honoraire de philosophie du vieillissement à l’Université de Newcastle (Royaume-Uni), livre un nouvel ouvrage, intitulé « penser à travers la maladie d’Alzheimer ». Pour le philosophe, la démence révèle un grand nombre de problèmes spécifiques, qu’ils soient cliniques, éthiques ou conceptuels, reflétant pour la plupart des décisions compliquées en terme d’évaluation, par exemple en ce qui concerne le diagnostic et la distinction entre vieillissement normal et anormal. Chaque discipline a son approche, ce qui conduit à des modèles biologiques, psychologiques et sociaux de la démence. Chacun de ces modèles est cliniquement utile. Chacun de ces modèles est Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 72/77 porteur d’implications éthiques. Julian Hughes propose une critique philosophique de ces trois modèles dominants de la représentation de la démence. Hughes JC. Thinking through dementia. International Perspectives in Philosophy and Psychiatry. Février 2011. Oxford : Oxford University Press. 320 p. ISBN 978-0-19-957066-9. http://books.google.fr/books?hl=fr&lr=&id=pYOOLA4ZuiMC&oi=fnd&pg=PR15&ots=mPq1dg z447&sig=opMKvfdasS2vr6St2VxOGSwx1Ug#v=onepage&q&f=false (texte intégral). Achieving real outcomes in dementia care homes, de David Sheard Pour David Sheard, directeur général de la société de conseil et de formation Dementia Care Matters et docteur honoris causa de l’Université de Surrey (Royaume-Uni), mettre en œuvre dans un établissement un programme de soins et d’accompagnement de la démence centrés sur la personne et sur la relation n’est pas simple. Depuis vingt ans que le concept existe, il reste encore mal compris et les professionnels ou les directeurs d’établissement peinent encore à l’expliquer. David Sheard regrette que les efforts importants dans la mesure de la qualité des soins ne se soient pas accompagnés de la mesure de la qualité de vie des résidents. Il propose une batterie de trente-six indicateurs de résultat pour les unités spécifiques Alzheimer. Sheard D. Achieving real outcomes in dementia care homes. Dementia Care Matters. 1er avril 2011. ISBN 9780956831101. www.dementiacarematters.com. Sheard D. Shifting from process to outcomes in dementia care. J Dementia Care 2011; 19(3):10-12. Understanding behavior in dementia that challenges. A guide to assessment and treatment, de Ian Andrew James Comment analyser les comportements difficiles chez les personnes atteintes de démence, et apporter des réponses non-médicamenteuses ? Pour Esme Moniz-Cook, professeur de psychologie clinique et vieillissement à l’Université de Hull (Royaume-Uni), « cet ouvrage associe connaissances scientifiques et pratique clinique pour apporter une alternative systématique de première intention à l’usage d’antipsychotiques », à travers un référentiel bio-psychosocial illustré par de nombreux cas. James IA. Understanding behaviour in dementia that challenges. A guide to assessment and treatment. Mai 2011. Londres: Jessica Kingsley Publishers. 176 p. ISBN 9781849051088. www.jkp.com/catalogue/book/9781849051088. Risk assessment and management for living well with dementia, de Charlotte Clarke, Heather Wilkinson, John Keady et Catherine Gibb, preface de Murna Downs Le risque constitue un élément central de la pratique professionnelle, de l’évaluation et de la prise de décision dans les soins et l’accompagnement de la démence. Pourtant, les théories du risque sont souvent complexes et difficiles à traduire dans la pratique quotidienne. Charlotte Clarke, professeur de recherche en développement de la pratique infirmière et doyen associé de l’Université de Northumbria (Royaume-Uni) et ses collègues des Universités de Manchester et d’Edimbourg, développent une approche du risque accessible, favorisant la décision de la personne malade, tout en reconnaissant les difficultés et dilemmes éthiques auxquels sont confrontés les professionnels. Clarke CL et al. Risk assessment and management for living well with dementia. Avril 2011. Londres: Jessica Kingsley Publishers. 128 p. ISBN 9781749050050. www.jkp.com/catalogue/book/9781849050050. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 73/77 Reminiscence and life story work. A practice guide, de Faith Gibson De l’enfance au grand âge, le rappel des souvenirs personnels sert à établir l’identité, préserver l’estime de soi, aider à la communication, améliorer les relations, sauvegarder et transmettre l’histoire personnelle, familiale et communautaire. En donnant une valeur aux souvenirs, il est possible d’aider les personnes à se valoriser elles-mêmes face à l’incapacité, au vieillissement et au déclin de la santé. La quatrième édition de cet ouvrage propose aux aidants et aux professionnels de l’accompagnement de développer les attitudes, les connaissances, la compréhension, les valeurs et les compétences requises pour mettre en œuvre les méthodes de la Réminiscence et de l’histoire de vie, individuellement ou en groupe, en couple, avec des personnes de génération ou de culture différentes, avec des personnes présentant des déficits sensoriels ou des troubles de l’apprentissage, une démence, une dépression ou une maladie terminale. Gibson F. Reminiscence and life story work. Février 2011. Londres: Jessica Kingsley Publishers. ISBN 9781849051414. www.jkp.com/catalogue/book/9781849051514. Spirituality and personhood in dementia, d’Albert Jewell Albert Jewell est pasteur méthodiste retraité. Il propose un discours interdisciplinaire sur les approches centrées sur la personne plutôt que sur le problème, sur le rôle de la spiritualité dans l’affirmation de l’identité, du statut de personne et du sens du bien-être, sur les relations inter-confessionnelles et avec les non-religieux. Jewell A. Spirituality and personhood in dementia. Avril 2011. Londres: Jessica Kingsley Publishers. 224 p. ISBN 9781849051545. www.jkp.com/catalogue/book/9781849051545. Faits et chiffres 9 000 : c’est l’effectif des agents des 26 Agences régionales de la santé (ARS). La Gazette Santé social, mai 2011. +8.5% : c’est la hausse du chiffre d’affaires du groupe Orpéa (964 millions d’euros en 2010). Après l’achat de cinq mille lits, la société envisage une croissance de 25% cette année. La croissance du chiffre d’affaires du groupe Médica, quant à elle, est en hausse de 12.1%, à 539 millions d’euros. Pour les deux groupes, cette croissance est d’origine externe (acquisitions). www.agevillagepro.com, 4 avril 2011. 10 milliards d’euros : c’est le montant des dépenses publiques supplémentaires qu’il faudrait engager pour prendre en charge la dépendance en France d’ici à 2040, à législation inchangée et dans le scénario démographique central. Les besoins augmenteront à partir de 2025, représentant alors 1.34% du PIB (contre 1.22% aujourd’hui). Ce besoin de financement est « important mais soutenable », et sans commune mesure avec celui des retraites. Telles sont les principales conclusions des évaluations du groupe de travail Perspectives démographiques et financières de la dépendance, présidé par Jean-Michel Charpin, dans le cadre de la réforme gouvernementale. Les chiffrages sont plus pessimistes que dans la version précédente : les statisticiens estiment que la hausse de l’espérance de vie ne se traduira pas par une hausse équivalente de la durée de vie sans incapacité. www.lesechos.fr, 18 mai 2011. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 74/77 +75% : c’est l’augmentation attendue du nombre de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer en Suisse d’ici 2030, selon l’Observatoire suisse de la santé, si la prévalence et l’incidence de la maladie ne changent pas. Le nombre de personnes malades passerait de 125 000 à 218 000. La Tribune de Genève, 19 mai 2011. 469 millions de dollars (334 millions d’euros) : c’est le montant des dépenses de recherche engagées par les Instituts nationaux de la santé américains (NIH) en 2009 dans le domaine de la maladie d’Alzheimer ; l’Institut national du vieillissement a dépensé quant à lui 332 millions de dollars (236 millions d’euros) dans ce domaine, soit 30% de son budget, selon la Fondation Alzheimer américaine (AFA). Les associations américaines dénoncent les coupes budgétaires successives ayant conduit à une réduction du budget du NIA de 15% entre 2003 et 2010. www.alzfdn.org, 23 mai 2011. 6.3 milliards d’euros : c’est le montant des dépenses nettes de l’aide sociale départementale destinée aux personnes âgées en 2009, en progression de +3.4% en euros constants par rapport à 2008, selon la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques. Cette croissance s’explique par le nombre de prestations délivrées (+3.6%). Clément E. Les dépenses d’aide sociale départementale en 2009. DREES. Etudes et résultats 762, mai 2011. www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/er762-2.pdf. 17.05 milliards d’euros : c’est l’objectif 2011 de dépenses des établissements et services médico-sociaux pour personnes âgées et pour personnes handicapées, géré par la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie), dont 8.55 milliards pour les personnes âgées, ce qui représente une évolution de +4% par rapport à 2010. Actualités sociales hebdomadaires, 20 mai 2011. 60% : c’est la proportion d’aides ménagères et employés de maison âgés de quarantecinq ans et plus, selon une étude du CREDOC (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie). Ces professions offrent une opportunité des femmes d’un certain âge de se maintenir sur le marché du travail ou d’y revenir après une cessation d’activité pour élever leurs enfants, ou suite à un divorce ou une séparation. 33% n’ont pas de diplôme (39% chez les particuliers employeurs). Le multi-salariat est la règle : 39% des salariés ont plusieurs employeurs (58% pour chez les personnes travaillant chez des particuliers employeurs). 89% des employés ont un contrat à durée indéterminée. www.agevillagepro.com, 23 mai 2011. Aldeghi I et Loones A. Les emplois dans les services à domicile aux personnes âgées. Approche d'un secteur statistiquement indéfinissable. CREDOC, Cahiers de recherche C277, décembre 2010. www.credoc.fr/publications/abstract.php?ref=C277. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 75/77 200 : c’est le nombre de parlementaires et présidents de Conseils généraux signataires d’un manifeste en faveur de l’élaboration d’un Plan national Parkinson, qui concerne 150 000 familles en France. www.agevillagepro.com, 6 juin 2011. 34 980 euros par année de survie : c’est le coût de prise en charge sanitaire et sociale des personnes atteintes de démence associée à la maladie de Parkinson en Norvège, selon une étude du service de neurologie de l’hôpital universitaire de Stavanger menée auprès de soixante-et-une personnes malades en population générale. Ce coût est trois fois supérieur à celui des personnes sans troubles cognitifs (10 626 €/an). Les soins institutionnels représentent 67% de ces coûts. Les troubles cognitifs expliquent 29.4% de la variance des coûts directs de prise en charge. Vossius C et al. The economic impact of cognitive impairment in Parkinson's disease. Mov Disord, 29 avril 2011. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21538519. 127 millions de livres sterling (142 millions d’euros) par an : c’est le montant des coûts d’hospitalisation évitables pour les personnes atteintes de démence au Royaume-Uni, selon un rapport de l’opérateur de services de soins à domicile Healthcare at Home, qui identifie les points de non-qualité dans le processus de prise en charge et une méthode de coordination infirmière pour promouvoir le maintien à domicile à partir de l’hôpital et avec l’appui des familles, des associations et des professionnels de proximité. Healthcare at home. Understanding out-of-hospital dementia care. Mai 2011. www.hah.co.uk/sites/default/files/upload/files/HAH_Report_web.pdf, 750 : c’est le nombre de maisons de retraite du groupe britannique Southern Cross, premier opérateur privé du secteur et en difficulté financière, qui sont menacées de faillite au Royaume-Uni. Les difficultés viennent à la fois d’une hausse des prix d’hébergement et d’une baisse du nombre de résidents liée à la crise économique. 31 000 résidents sont concernés. Moins du tiers des maisons de retraite britanniques sont désormais gérées par le secteur public ou associatif. www.agevillagepro.com, 6 juin 2011. 900 millions d’euros : c’est l’économie potentielle réalisable par les départements s’ils optaient pour le versement de l’APA (allocation personnalisée d’autonomie) ou de la PCH (prestation compensatrice du handicap) sous forme de CESU (chèque emploiservice universel), selon l’Association des émetteurs de CESU. En effet, les chèques valables une année qui n’ont pas été utilisés au 31 janvier de l’année suivante sont remboursés aux Conseils généraux par les entreprises émettrices de CESU. 11% des CESU ne sont pas utilisés. Seuls 17 départements sont utilisateurs du CESU. www.agevillagepro.com, 6 juin 2011. Le Figaro, 1er juin 2011. 44 millions de dollars néo-zélandais (25 millions d’euros) c’est le budget prévu pour quatre ans par le gouvernement de Nouvelle-Zélande pour l’accompagnement de la démence (40 millions pour les établissements et 4 millions pour des dispositifs de répit supplémentaires). De plus, les autorités sanitaires locales (district health boards) financeront 60 millions de dollars supplémentaires (41 millions d’euros), a annoncé Tony Ryall, ministre de la Santé. Alzheimer Europe Newsletter, mai 2011. Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 76/77 70% : c’est la proportion de maisons de retraite déclarant accueillir, de manière ponctuelle ou constante un animal (chien, chat, lapin, poisson, hamster voire mouton ou lama, les chats étant sur-représentés), selon une étude menée auprès de 7 725 structures dans le cadre d’une nouvelle enquête soutenue par la Fondation Adrienne et Pierre Sommer (sous l’égide de la Fondation de France). Kohler E. L’état des lieux de la médiation animale dans les EHPAD en France. www.fondation-apsommer.org, www.agevillagepro.com, 6 juin 2011. __________________________________________________________________________ Veille presse : Michèle Frémontier, Paul-Ariel Kenigsberg et Alain Bérard Rédaction de la revue de presse : Paul-Ariel Kenigsberg et Alain Bérard Editorial : Jacques Frémontier Directeur de la publication : Michèle Frémontier Tous les numéros de la Revue de Presse Nationale et Internationale sont disponibles sur le site Internet de la Fondation Médéric Alzheimer (www.fondation-mederic-alzheimer.org) Fondation Médéric Alzheimer Revue de presse de juin 2011 77/77