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Littérature du XVIeme
Bonaventure des Périers
I - INTRODUCTION
Nouvelles récréations et joyeux devis pourrait sembler appartenir à un genre divertissant
et populaire de prime abord. Mais, dans le même temps, il semble s'apparenter à L'Héptaméron
de Marguerite de Navarre.
C'est un objet novateur, sortit chez un éditeur renommé, et en fait adressé à un public de
lettrés. Tout est fait pour que ce livre trouve sa place dans une bibliothèque humaniste.
Il persiste cependant un problème de catégorisation. Le texte ne s'inscrit pas dans les
grands genres antiques, mais ce n'est en rien cela qui va empêcher les humanistes de réccupérer
cette littérature. On a donné par le passé des lettres de noblesse à ce genre.
C'est une littérature qui se vend bien et qui a du succès (cf Privilège). On observe un
effet d'encadrement par les sonnets (un pour ouvrir et un pour clotûrer). Il y a là revendication
de la joie, du sourire, du rire... On peut y voir une tentative d'échapper à la tristesse par une
littérature gaie. Des Périers se soustrait à un didactisme, il n'y à là point de volontée
d'enseignement, et de proposer une littérature de divertissement.
On peut se demander si cela est possible. N'y a-t-il rien à apprendre de ce livre ?
On note une très courte préface du libraire-imprimeur (1558) et une table des nouvelles.
Il y a 90 nouvelles, le terme "nouvelle" s'inscrit en titre courant, définition générique clair.
Publier en 1558 avec un grand sérieux, très protocolaire dans l'impression, c'est un livre
posthume. C'est l'oeuvre d'un auteur respecté et prolifique.
Mais a-t-il eu une carrière d'écrivain ? Il est fort difficile de retracer la vie de
Bonaventure des Périers, et beaucoup de doutes persistent. Le titre est apocryphe, les sonnets
posent un problème quant à leurs place originelle dans le receuil, leur origine. Les 90 nouvelles
ne sont clairement pas toutes de Bonaventure des Périers.
A – L'homme et l'oeuvre
De nombreuses incertitudes restent en suspend. Il était valet de chambre de Marguerite
de Navarre. On le connaît majoritairement par ses livres et sa participation à des entreprises
éditoriales. C'est, pour nous, une vie personnelle sans lieux ni dates tant les lacunes sont
grandes. Certains fixe son suicide vers 1544-1545.
En 1530, dans la ville d'Autin, des Pérviers a eu comme percépteur R. Hurault, un
homme qui eu une éducation lettrée.
On le retrouve dans l'imprimerie en 1535 – 1536. On observe qu'il participe à une
entreprise culturelle de traduction de la Bible, au sein d'un travail collectif. Il gravitait
apparemment dans les milieux de la réforme
On le retrouve à Lyon dans l'entourage d'Etienne Dolet, en 1536. Il travail sur différent
livres comme des commentaires de Cicéron, par exemple. Cest Dolet qui publie Rabelais,
éxécuté en 1546 pour athéisme.
Enfin, il entre à la cour de Marguerite de Navarre. Il exécute toute sorte de travaux
d'écriture et de copie de texte, traduction latine ou encore composition de pièces originales
(poésie de circonstance...), emploi qu'il partage avec d'autres, notemment Marot.
Le livre, tel que nous le connaissons, est donc une publication posthume de 1558. Son
suicide est raconté par un recueil publié en 1560 par un auteur qui fait son "éloge", mais il faut
rester prudent quant à cette source car il est possible que ce soit dans l'objectif de discréditer la
mémoire de des Périers.
Il y a une distinction à faire entre les pièces anthumes et posthumes. Des accrostiches et
des petits textes lui son attribuées de son vivant. Son nom apparaît à la fin de recueils. On note
deux pièces en vers (une française, une latine) dans un recueil de soutient à Marot, signées des
Périers. Mais ces textes épars démontre l'absence d'une ambition d'écrivain.
On attribue également à celui-ci un livre publié annonymement, Le Cymbalum Mundi,
notemment dans les lettres et correspondances concernant cet ouvrage. Pourtant, quand le livre
fut censuré, suspecté d'athéisme, des Périers ne fut aucunement inquiété. Il n'a d'ailleurs jamais
avoué lui même être l'auteur du live.
Cet "homme de lettre" n'aura publié de son vivant aucun livre. Il n'aura signé que des
pièces d'éxorte ou polémiques. Devant les publication posthumes, on constate sa volonté
d'avancer "masqué", par le biais des manuscrits.
==> 1544 : les Oeuvres de Bonaventure des Périers (majoritairement poésie variée)
1558 : Les nouvelles Récréations
La dimension scandaleuse est gommée, on le raproche de Marguerite de Navarre, on le
formate. L'éditeur n'intègre pas le Cymbalum Mundis par prudence.
A aucun moment, en 1544, on n'entend parler des Nouvelles Récréations, rien ne peut
faire penser qu'il a écrit de la prose, il faudra attendre 14 ans...
B – Intervention de l'éditeur
L'intervention d'une main autre que celle de des Périers est évidente (cf nouvelle 48, si
règne règne de François 1e achevé). On devine qu'il y a là une volonté d'acualiser les nouvelles,
d'estomper la distance entre la date de composition et la date de publication.
Le succès est retentissant (16 éditions de 1558 à 1625, et réédition avec rajout de
nouvelles). On note également, dans le courant du XVIIIe, deux réédition en Hollande, et la
canonisation du recueil au XIXe (notemment lié au recherches des romantiques sur le moyen
age et les débuts de la renaissance).
II – LE RECUEIL
A – Une question de titre
Deux types de titres : l'insistance sur le dire (manière) et sur le dit (contenu)
Le titre renvoi à cet aspect du texte que sont les conditions d'énonciations narratives
(propos, conversations, devis), ajoutant un effet de redoublement (récréation/devis), usage
récréatif de la parole contenue dans le titre (ombre sur le type d'histoire). La fin justifie les
moyens (diversité des genres). Certain y voit un livre permettant au lecteur d'amélioré sa
conversation ( usage étonnant du livre).
C'est un divertissement original destiné à alimenter des conversations joyeuses. Il y a un
refus du genre littéraire défini, un refus d'un entre deux livre / lecteur.
Le préambule de l'auteur prétend donner "de quoi réjouir publiquement et privément",
soit incite à la lecture collective puis solitaire. Il y a là une action sociale au delà de l'opposition
à la tristesse.
La mise en livre de cette matière orale doit être indexée sur l'usage mondain. Mais a-t-on
forcé le matériau narratif en même temps qu'on en a facilité l'usage ?
B – Réflexion de genre
Recherche d'une identité autre que modulaire, ce recueil se refuse à réduire la diversité
des récits à un modèle générique unique,en dépit du formatage en 90 unités.
Considération de la critique :
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Utilisation légère de la nouvelle chez des Périers, là où elle était très cerclée chez
Marguerite de Navarre.
Sous genres variés (preuve = appareil critique de bas de page)
Pour certaine nouvelles, une identification convainquante à l'apologue, fables
ponctuelles.
Dans le livre même, la narrateur change souvent de nom.
Une "nouvelle dans une nouvelle", première nouvelle en forme de préambule (différent
de la tradiction boccacienne de la nouvelle) dans un sens pré-littéraire, la circulation de
l'information, dans la nouvelle 6, le terme est pris au sens de nouveauté (différent d'un
récit identifié comme une nouvelle)
La notion d'exemple, comme dans la nouvelle 41, avec des fonctions didactiques.
Apophtègmes1
Le conte (véritable activité revendiquée par le narrateur)
On note l'importance de l'activité de conter, sans vraiment envisager le contenu. C'est là
les restes d'une pratique ancestrâle.
C – Normes
a) Souci de vérité
Relation véridique, compte rendu, procès verbal = souci constant Histoire > fabula
Ce modèle est dans la tête du narrateur, il moque le prestige de la vérité dès la nouvelle 1, laisse
entendre que tout cela n'est qu'une mise en scène dont il se moque (p 15, montre la dimension
dérisoire de ces affichages que les conteurs valorisent)
L'identité des personnages, des lieux, des moments est remise en cause ("je les laisse
aux faiseurs de contrat et inventeurs de procès")
Jeu avec la vérité affiché mais pas de célébration du faux, pas de basculement du vrai
dans le faux. C'est un jeu avec une norme.
Le narrateur nous trompe dans son récit même d'histoire de trompeurs-trompés, par la
ruse, l'ironie. Il joue avec le lecteur comme les protagonistes jouent avec leurs victimes. C'est un
"narrateur – brigand". C'est là la marge de liberté du conteur qui créer une distance entre le récit
tel qu'il s'est passé et la manière dont il le raconte
Il questionne également l'esprit de sérieux du narrateur, il ne faut pas croire ce qu'on
raconte. Dans le recueil, il se moque sans cesse des savants (détenteur d'un savoir = esprit de
sérieux), il insiste sur le fait que ce ne sont que des contes ( le narrateur ne se prétend pas
comme détenteur d'un savoir).
L'éxigence de vérité est souvent rappelée, souvent moquée. Alors que reste-t-il d'une
histoire si ces éléments perdent leur importance ? L'éssentiel. Il ne dit peut être pas la vérité
mais entretien un soucis de vraisemblance par sa familiarité et un encrage spatio-temporel
proche du lecteur.
Le souci de vérité devient le souci du réel (ou "l'effet de réel" au sens de R. Barthes).
b) Désordre organique
Le rire et le désir d'ordre s'oppose fondamentalement. Le Décaméron, par exemple,
affiche avec le nombre pair sa structure, son ordre.
Chez des Périers, les choses sont différentes :
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Effet de seuil par la présence du prologue, la nouvelle 1 est donnée comme préambule.
Le récit débute déjà dans le préambule. Il conduit au récit, dans l'idée d'un aspect
pratique supérieur à l'aspect théorique.
Présence des fous dès la nouvelle 2 (p23). Ils sont mis en éxèrgue, preuve d'un effort
de composition, d'aventure.
90 modules enchaînés librement (pas de section, chapitres, journée...) malgrès quelques
effets de regroupement discrets, liés à l'arbitraire du narrateur (au fil du récit, il propose
de regrouper des histoires du même type par association d'idées).
Liberté du lecteur qui peut ouvrir le livre et, si un conte ne lui plait pas, passer à un
autre. L'auteur se bat avec l'objet-livre qui impose une succession, il lutte pour une autre
possibilité de pensée qui ne passe plus par une recherche de l'ordre (principe de plaisir :
à narrateur heureux, lecteur heureux).
D - Effets de regroupement
Effets de regroupement et d'enchaînement internes (grappe de modules) par
localisations
et par personnages. 1 récit ne correspond pas à un module (c'était le cas dans l'Héptaméron). Il
y a des effets de fragmentation interne par le regroupement de plusieurs récit dans un même
module.
Dans l'Héptaméron, les narrateurs ne font pas valoirs en train de raconter une histoire,
ici le lecteur/auditeur perçoit l'acte de raconter. Le narrateur n'est pas le régisseur de la narration,
il intervient constament, met en scène l'acte de raconter.
Il y a donc une tension entre le dispositif livresque éditorial, matériel qui stabilise une
histoire, et la dynamique narrative qui poursuit au delà des espaces, des silences entre les
nouvelles.
ETUDE DU PROLOGUE DE LA NOUVELLE 38, Du docteur
qui blasmoit les danses : et de la dame qui
les soustenoit, et des raisons alléguises d'une
part et d'aultre.
La matière originelle est le débat rhétorique. On peut y voir un parallèle avec Pétrarque
dans l'idée du débat entre la raison et le plaisir (ici la danse, musique / morale). C'est un
dialogue allégorique, une mise en récit du débat.
Le passage du dialogue comme outil pédagogique à la conversation vue comme art de
vivre. Apparaît la question de la moralité de la conversation, de cette littérature de
divertissement. Celle-ci, à l'image de la dame dans le récit, est défendue tout comme la danse
dans la valorisation du plaisir.
a) Prologue
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"naguère" temporalité proche
"le Mans" milieu contemporain
Noms propres
=>à l'encontre des propriétés du dialogue allégorique, il y a un encrage.
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contexte : "un jour" + souper, dialogue : réalité qui rend possible.
Annectode véridique ou mise en scène vraisemblable ?
2 personnages caractérisés, nommés avec des qualités morales concordantes.
Homme austère sur le terrain de la femme, qui bénéficie de la situation et du terrain de
l'expérience. Pas d'opposition fondamentale et initiale, pas de caricature, contraste non
forcé pour faire un effet : Pied d'égalité moral (homme savant qui n'exclu pas la sphère
des plaisirs mondains, zone de convergence ménagée à une rencontre vraisemblable).
Le débat didactique refuse d'ordinaire le naturel de la conversation, le débat moral est
actualisé dans le cadre d'une fiction qui mîme une réalité concrète relevant de la chronique locale
d'époque.
Examen théorique parasité / expérience : plaisir mondain
Le dialogue n'est pas provoqué ( "or en devisant de propos et aultres, ils commencerent à parler
des danses").
Cela semble une chronique de moeurs.
Conversation en deux temps qui ressemble bien à un débat contradictoire.
Effet d'insistance : discours direct et indirect disent la même chose.
I.
20 – 29 : 1e type d'argument, dissertation universelle sur la musique, la danse = éveil de
l'esprit.
Notion de mesure essentielle, jeux de mots sur le sens (mesure rythmique, mesure au sens
moral)
Elle défend la danse comme un art de la mesure, du rythme , comme le résultat physique et
gestuel de la musique. La danse traduit extérieurement une mesure intérieure.
1
Changement d'arguments, diversion complète. Elle s'en prend à lui directement.
La danse provoque du plaisir à ceux qui la pratique et à ceux qui regardent.
Déstabilise le théologien qui critique un plaisir dont il est prêt à profiter (il participe à ces
soirées dansantes par son statut de spéctateur)
La prose qui suit traduit la défaite du théologien ==> On comprend que le narrateur est du côté
de la femme.
Le débat est alors relancé.
Il change de méthode. Il lance d'abord une phrase brève et agressive : elle mobilise un savoir.
Changement de stratégie, il ne faut pas trop la laisser parler : il réccupère la méthode socratique.
Jeux de question/réponse qui la guide vers ce qu'il veux lui faire dire.
Mais face à cette usage de la maïeutique, elle fait des périphrases.
Dans un second temps, elle reprend le dessus.
Il y a là une défense du plaisir modéré. Il y a de la place dans le monde pour le plaisir. Cela va
avec l'objectif du recueil, le plaisir de la conversation.
On note également la critique des possesseurs de savoirs qui pensent avoir le savoir absolu,
critique réccurente dans tout le livre.
III - Folie et Sagesse.
Couple notionnel inséparable à la renaissance.
Elle sont pensées l'une contre l'autre. ("De quoi se fait la plus subtile folie que de la plus subtile
sagesse ? Il n'y a qu'un demi-tour de cheville à passer de l'une à l'autre" Montaigne)
Frontière vite franchie entre l'éloge paradoxale et ce qui relèverait d'une contre-pensée très
sérieuse.
(on pense à L'éloge de la Folie d'Erasme qui ne peut se réduire à un éloge paradoxale)
Couple d'antonymes qui peut se poser comme une matrice herméneutique.
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savoir médicale qui oppose santé/maladie
savoir théologique
savoir esthétique qui oppose littérature joyeuse et mélancolique
Les Nouvelles récéations sont un recueil qui exclu d'emblée toute forme de sagesse.
Revendication d'une rire exclusif sur les bases de la folie.
A – Un recueil qui exclut toute forme de sagesse
Importance du rire, situations risibles ( actions ou paroles)
Répertoire de Folie, défilé de fous
Deux types de folies : la folie "naturelle" (personnages fous,étranges, dont on se moque,
démence médicale => spectacle de la fole qui fait rire) et "artificielle" (ceux qui font les fous,
mimant la folie)
La folie "naturelle" :
Personnages excentriques qui bouleversent l'ordre du monde.
Dès la nouvelle 2 (les 3 fous)
Nouvelle 55 : bizarrerie, opposition avec le sage. Personnage fou qui fait des tours spontanée,
dangereux pouvant aller jusqu'à la mort
Nouvelle 68 : Maistre Berthaud, cruauté de ce spectacle de fou, on rit des monstruosités
physiques et mentales. Le fou devient un passe-temps. En montrant la cruauté, le narrateur met
en scène une violence dont il ne se réjouit pas complètement
Nouvelle 83 : D'abord portrait puis mise en scène. Tableau de l'incohérence mentale. La folie
excite le rire selon un processus d'exorcisme.
La folie "artificielle" :
Personnages qui maîtrisent l'art de faire les fous.
Si l'on considère qu'il y a folie dès qu'il y a bon tour qui déclanche le rire, il y a des fous dans
tout le recueil.
Nouvelle 64 : on y trouve une définition de la folie ! Préméditation, lucidité dans l'action.
Modifie le sens de ces folies, fait vaciller les fausses sagesses.
B – Un recueil qui s'en prend aux fausses sagesses par la folie.
Les fous sont là pour s'en prendre aux sages.
Il y a quelque chose de plus ambitieux que de simplement provoquer le rire par la folie.
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Nouvelle 2 : dénonciation satyrique de l'abbé, hypocrite car il succombe aux plaisir de la
chaire. Est-ce un vrai fou qui prend l'abbé pour un cheval ou un bouffon qui à pour
fonction sociale de critiquer et moquer son prochain ? Critique de ceux qui sont censés
être dépositaire de la sagesse.
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Nouvelle 15, 42, 63, 65 : Situations où les détenteurs de savoirs sont ridicules. Usage
de la folie démystificatrice. La véritable sagesse c'est de reconnaître sa nature pécheresse
(évangélisme chrétien), ceux qui savent rire de la folie des hommes sont peut être plus
proche de Dieu (idée déjà présente dans L'Héptaméron de M. De Navarre)
Les faux sages ne rient jamais. Rire de l'homme qui chutte = rencontre sa nature
profonde. Dans le recueil, ce sont les moqueurs, les plaisantins qui apparaissent, ceux
qui font des tours. Les vrais fous sont malheureux, mélancoliques car ils ne peuvent
prendre cas du bonheur d'être fou. Les rieurs/farceurs font l'exercice d'une liberté
joyeuse. Il faut admettre la part de folie naturellement présente chez l'homme car elle
l'éloigne de la tristesse.
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Nouvelles 33, 34, 35, 36 : Lien par la présence d'un personnage. Le titre nous le signale
déjà (ne pas oublier que les titres sont appocryphes !). Logique d'adition, une histoire
appelle une histoire. Séquence où le narrateur va multiplier les annecdotes pour dessiner
une figure peu anodine. Tentation d'un autre type de littérature au sein du même livre.
Un ecclésiastique comme plaisantin, héro satirique, critique religieuse ou tradition
satirique ?
Le personnage est caractériser socialement et moralement par petites touches dans les
différentes nouvelles. C'est un protagoniste vraisemblable. L'enchainement d'annecdotes
va traduire de façon concrète les qualités morales du personnage => ordonateur d'une
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série de bon tours et de bons mots
Le curé est l'instrument d'une critique traditionelle de la pratique ecclésiastique, critique
des fidèles et des formes de dévotion, désacralisation de la messe. Cette critique vise
non seulement à faire rire mais aussi à faire réfléchir. Le texte est subversif, il laisse
passer une critique qui est cependant sous jacente, pour protéger son auteur. Au lieu
d'être simplement ridicule, le curé de Brou est un contradicteur qui élève le niveau de la
contradiction si haut qu'il échappe à l'étiquette d'original/ridicule collée au départ. C'est
le type du moqué/moqueur.
On peut voir là une épopée burlesque dont les actes se transforment en hauts faits
burlesques. BdP offre ces hauts faits à la mythologie populaire. On est ici dans un
projet héroï-comique (traitement stylistique élevé d'un sujet bas). Jeux de décalage style/
argument. Dégradation d'une tradition noble. Mais la discordance n'est pas là que pour
le rire => projet de mythologie populaire, création d'un héro folklorique. BdP n'arrête
pas l'histoire pour que la tradition orale offre au Curé de nouveaux faits.
Nouvelle 31 : Courte nouvelle humoristique, représentation de la gaulloiserie comme on
la concevait. Jeux de langage érotiques, allusions parfois vulgaires et grossières. Le
narrateur ne donne pas directement à voir la scène par pudeur. La situation n'est pas
comique en soi, c'est le dialogue qui la rend drôle, l'affrontement verbale. Rapport
amoureux totalement désacralisé, traitement tout à fait trivial. Comique de l'obscène.
Jeux de substitution => à ce fiasco charnel se substitue un plaisir de la joute verbale.
Représentation proverbiale = volonté de peindre le personnage in situ qui pourtant
pourrait être simplement un personnage type. Forme de fable. Le narrateur prend son
temps et joue sur l'attente du lecteur. Comique de répétition par la reprise, par le
narrateur, d'une métaphore utilisé par le personnage masculin, qui créer une conivence
entre le lecteur et le narrateur. La métaphore atténue l'obscénité mais transforme les
protagonnistes en animaux. Le récit tend vers une égalité dans la joute. La femme résiste
à l'agressivité de l'homme. Cela moque les puissants (les hommes). Ils sont tous les
deux vainqueurs et vaincus.
IV - L'Ecriture Comique
A – Chez les personnages
1/ Anomalies linguistiques et "mauvais mots"
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Confusions homonymiques : Nouvelle 43 "dot/dos".
Les confusions vont devenir l'argument de certains contes, c'est un recueil qui pourrait
poser la question du langage (de sa maîtrise ou de sa non-maîtrise)
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Nouvelle 42 : "lay/laid"
Nouvelle 46 "gril/gris"
Nouvelle 52 "poinctz" => la main et les raisons
Des quiproquos qui font rire car ils mettent en évidence un défaut d'interprétation.
Les discours décalés, éxagérés absurdes : Le narrateur se plait a retranscrire au discours
direct la parole de ses personnages => donner à entendre leurs façons de parler (accent,
tournure, parlure) et en tirer des effets comiques.
2/ Les bons mots
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Il y a un métalexique des bons mots. Début de la nouvelle 30, présentation du
personnage ("brocarz" et "sornette") = bons mots, répliques humoristiques. p.192
"rencontrait singulièrement bien" = possédait l'art de dire des bons mots. Tant de mots
pour dire la maîtrise de la parole, très importante chez BdP.
L'ironie énonciative : Par exemple réponse faite p 261 par le gentilhomme de Beausse =
ironie énonciative, il dénonce par la plume le morceau de bouillie. Nouvelle 32, réplique
de fin => Voilà le bon mot, le mot qui fait mouche.
Délexicalisation contextuelle : Nouvelle 34 : viandes légères, fait semblant de ne pas
comprendre, lui donne le sens opposé de lourd au lieu de peu grasse. Redonner son
sens premier à un mot lexicalisé dans une expréssion. "regarder qui à le nez mieux fait"
= bailler aux corneilles : ici délexicalisation au sens propre ("je regarde qui a le plus
beau nez" = je me promène nonchalement => nouvelle 48)
B – Chez le narrateur
1/ Ironie énonciative
Ironie presque omniprésente, repose sur la base de la distance énonciative (hyperboles,
périphrases, éxagérations...)
Usage de couples antonymes (bon/mauvais, beau/laid, gentil/méchant, petit/grand...)
p291 : "Je veux faire un beau conte d'un honnête monsieur" quel projet didactique si l'auteur
signale en permanence que ce qu'il enseigne ne vaut rien ? Ironie.
2/ Quelques figures de mots
paronomase (nouvelle 14) : "secouait/secourait"
p201
le calembour
3/ Figures de sens
La litote
Les métaphores
néologismes
périphrases
=>Moyens de faire rire en dehors des contraintes du récit, barrières dont il s'affranchit.
Nouvelles 83, 48 et 75 : pure fantaisie verbale
C - La Facetie
Tradition littéraire caracteristique de l'humanisme européen.
Histoires courtes et plaisantes
Liber Facetiarum de Le Pogge en 1477 en Italie
Recueil allemand de Bebel en 1508
Histoires brèves, dépouillées d'ornements, prend la forme de répliques spirituelles et use d'une
autre tradition littéraire.
Le terme facétie à cependant en france un sens bien plus général (de face, tradition farcesque)
D - Les "Langages Privés"
L'oralité est très importante dans les NR : Le narrateur s'arrête, répète, retranscrit les paroles
des protagonistes.
Il y a également très peu de description.
Le langage, vrai matière de l'oeuvre.
Le dialogue est toujours la zone centrale (échanges, pur dialogue...). Représentation du monde
et de sa diversité, attention particulière aux différents langages, on parle plusieurs langues dans
les NR.
Ce texte document la variation linguistique.
Il y a aussi l'humour par l'imitation.
On note que l'auteur justifie l'absence de traduction de certain passage (italien, gascon...) p 255
par une recherche d'authenticité et pour provoquer un rire plus franc.
Il y a là la notion de plaisir qui se dégage d'une langue, plaisir de l'écouter, plaisir de la
retranscrire.
Cela passe par l'utilisation d'idiotismes (tournures individuelle).
On remarque également que BdP distingue ces langues des langages normatifs :
Le latin est moqué (N. 5, 7, 20, 21, 51) et le français subtilement critiqué.