NPSAC_n1_r0 janvier 2014 La sûreté des navires à passagers Cas

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NPSAC_n1_r0 janvier 2014 La sûreté des navires à passagers Cas
NPSAC_n1_r0
janvier 2014
La sûreté des navires à passagers
Cas de l'avarie du paquebot Triumph de la société Carnival
geopolitikmaritime , « touts les droits sont réservés »
[email protected]
Photo 1 – le paquebot Triumph remorqué vers le port de Mobile (Alabama) suite à une avarie
énergie-propulsion survenue à 150 miles au large de la péninsule du Yucatan (février 2013)
_______________________________________________
Résumé
La répétition d'avaries significatives sur les navires de la compagnie Carnival (près de 90 incidents
en 5 ans [6]) a été sanctionnée par les agences de notation [3] ; le sénateur John Rockfeller s'est
publiquement adressé au CEO de Carnival : « This needs to change ».
Difficile de savoir ce qui est en cause (en l'absence de rapports publics d'expertise) : manque de
redondance fonctionnelle et/ou géographique ? Défaut d'entretien et de maintenance ? qualification
des équipages ? Etc… ?
La compagnie Carnival a mis en place un plan d'amélioration de ses 24 navires en cas de sinistre
pour un montant de 300 à 400 M$. Il semble que malgré la redondance des moyens de production
d'énergie, le cheminement des câbles à bord ait été le point de faiblesse dans le cas du Triumph.
_____________________________________________________
En débat
Mais il est un fait : le navire reste l'abri le plus sûr en haute mer pour ces milliers de passagers en
vacances. Même après un incendie, il est alors essentiel de pouvoir continuer à naviguer pour
ramener tout le monde sain et sauf au port le plus proche.
La réglementation internationale s'est appropriée la notion de « safety return to port » : on semble
redécouvir les vertus de la ségrégation géographique, de la propulsion auxiliaire de secours, ... Cela
amène une question : l'ingénieur concepteur de navire serait-il devenu avec le temps l'otage de la
règlementation ?
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1. A propos du bâtiment Triumph

le Triumph est exploité par la société Carnival Cruise Lines (sous pavillon des Bahamas)

Construit par le chantier Monfalcone de Fincantieri, c'est le 2e bateau de la classe Destiny

officiellement mis en service en 1999

capacité : 2758 passagers

équipage : 1100 membres

272 m de long, 12 ponts, jaugé à 101 509 tonnes

vitesse de croisière : 20 noeuds

autonomie à la mer : 17 jours

puissance installée de 40 MW : elle est délivrée par 2 x Wärtsilä-Sulzer 12ZAV40S et 4 x
Wärtsilä-Sulzer 16ZAV40S (via un réseau à 6,6 kV, 60Hz)

propulsion : 6 propulseurs équipés d'hélices à pas variables, 3 situés à l'avant du bâtiment, 6
à l'arrière

moyens d'évacuation : 22 radeaux d'une capacité de 150 personnes chacun
2. Rappel des faits
1

le 7 février 2013, le Triumph prend la mer pour une croisière de 4 jours

dimanche 10 février, un incendie se déclare dans le compartiment machine arrière1

le sinistre a été maîtrisé par les systèmes automatisés de lutte incendie présents à bord ; il n'y
a eu ni victime ni blessé parmi les passagers ou les membres d'équipage

le générateur de secours a permis de restaurer en partie certaines fonctions du bord à partir
du 11 février

privé de sa principale source d'énergie, le bâtiment s'est retrouvé à la dérive alors qu'il se
trouvait à 150 milles au large de la péninsule du Yucatán dans le golfe du Mexique

le Carnival Elation a fourni du matériel et des vivres au Triumph dans la nuit du 10 février

le Carnival Legend qui avait pris la mer depuis Tampa (Floride) est arrivé sur zone le 11
février en milieu après-midi : cela a permis de compléter le ravitaillement en nourriture et
eau potable ainsi que de prendre en charge un patient (qui avait besoin d'être dyalisé)

le Carnival Conquest ravitailla également le Triumph en vivres et matériel dans l'après-midi
le bâtiment comprend deux compartiments machines contigus (séparé par une cloison étanche) : les machines sont
ici des diesels-générateurs chargés de produire l'énergie électrique (il ne s'agit pas de compartiment propulsion)
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et le début de soirée du 11 février

le Triumph devait être initialement remorqué jusqu'au port de Progreso (Mexique) mais
dérivant plein Nord (compte tenu des courants), il sera finalement amené à Mobile
(Alabama) où il accostera le 15 février en fin de soirée

un hélicoptère des gardes-côtes américains délivrera le 13 février au Triumph pour 1400 kg
d'équipement dont un générateur et ses câbles de reccordement

plus de 4000 personnes passeront 5 jours dans des conditions sanitaires éprouvantes : plus
de restaurant, plus de toilettes, plus de climatisation, plus d'ascenseurs
Photos 2, 3 et 4 – conditions de vie à bord du paquebot Triumph suite à l'avarie du système
énergie-propulsion (février 2013)
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3. Enquêtes – Investigations

nous ne disposons pas de rapport officiel

des investigations ont été menée par les autorités maritimes des Bahamas qui sont les leaders
sur cette affaire (car le bâtiment est sous pavillon bahaméen). Citons également les
investigations réalisées par les garde-côtes américains ainsi que par le National
Transportation Safety Board.

les premiers résultats des investigations fournis en date du 18 février 2013 indiquent que
l'incendie a démarré suite à une fuite sur un collecteur gazole du moteur diesel n°6,
entraînant la projection de carburant sur des parties chaudes.
Photo 5 – inspection des salles machines endommagées du paquebot Triumph par les gardescôtés américains

Il s'agit du 4ème incendie dans une salle des machines d'un bâtiment de la compagnie
Carnival se soldant par une perte du réseau énergie : Tropicale en 1999, Carnival Splendor
en 2010, Costa Allegra en 2012.
4. Décisions [8] [10]

Carnival Cruise Lines a mis en place un plan d'action pour « upgrader » 24 paquebots de la
compagnie : les modifications ont pour objet de rendre plus robuste les bâtiments en cas
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d'incendie en salle machines. On parle d'un montant de 300 à 400 M$.

globalement, ça consiste à renforcer le réseau de distribution électrique.

mais ça ne s'arrête pas là : les systèmes de secours vont monter en gamme pour pallier à une
défaillance du système principal de production d'énergie. Il s'agit de pouvoir assurer la
continuité de certains services tels que les ascenseurs, la distribution d'eau, les sanitaires, etc
...(à la lumière de ce qu'ont vécu à bord du Triumph les 3143 passagers et 1086 membres
d'équipage). Il est également prévu d'étendre ces mesures à la restauration et aux
communications.

les enjeux sont là pour la compagnie Carnival qui a une place majeure dans le secteur de
croisière avec 20% du marché (en nombre de passagers)
Illustration 6 – les enjeux pour la société Carnival Cruise Lines
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5. L'analyse de Geopoltikmaritime
Si les navires à passagers répondent à des exigences de sécurité accrues, il n'empêche que les
accidents survenus à plusieurs reprises nous conduisent à revisiter l'approche retenue en matière de
conception de ces navires.
Ces bâtiments sont hautement disponibles car il en va des revenus de la compagnie, directement
proportionnels au nombre de jours passés à la mer. Le problème n'est donc pas ici une question de
disponibilité même en cas d'avarie ou de sinistres : car les matériels sont suffisament nombreux à
bord.
Il convient alors de se poser la question de la prise en compte d'un sinistre, au delà de comment je le
détecte et comment je le contiens jusqu'à son annihilation (car il me restera toujours des matériels
intacts). Pour cela, on doit s'intéresser aux matériels dits « passifs », c'est à dire les circuits au
sens large, ce qui englobe les servitudes, les commandes (y/c le réseau numérique) et dans le cas
de l'énergie électrique, la distribution ou les voies de routage. Il s'agit de rendre plus robuste le
design du navire en considérant une liste de scénarios enveloppe : incendie, abordage par un tiers,
etc… La conséquence probable est une augmentation du prix du navire.
Si les navires à passagers sont équipés de moyens plus ou moins sophistiqués d'évacuation, on peut
estimer que cela constitue le dernier des recours. Ce n'est pas évident d'évacuer près de 6000
personnes avec des vacanciers qui peuvent être âgées, sans compter l'émotion bien compréhensible
dans ces moments là, l'état de la mer, … Les reportages sur la catastrophe du Costa Concordia
montrent que les passagers ne savaient pas qu'ils étaient si proches de la côté, le navire s'étant
couché sur son flanc tribord donnant sur l'île. On a vu des images d'évacuation de passagers à l'aide
de boots avec le concours précieux des pêcheurs locaux.
Le navire reste le refuge le plus sûr en pleine mer : il est nécessaire de pouvoir rentrer au port le
plus proche en toute sécurité (même si ce n'est pas à la vitesse nominale de croisière). On doit donc
bien réfléchir à l'aménagement des compartiments de production d'énergie électrique et à
l'architecture de la distribution. Cela peut signifier d'éloigner géographiquement les capacités. La
conséquence probable est une augmentation du prix de navire car on n'aura plus des zones
fonctionnelles cohérentes non contigües (comme c'est la tendance).
Conclusion : plus que la disponibilité plus ou moins acquise au travers de la réglementation et de la
politique de fournisseurs réputés, c'est la prise en compte de la vulnérabilité des installations à
certains évènements dits redoutés qui permettra d'améliorer la sécurité des paquebots en conservant
une capacité minimale de mobilité. Cela passe par un coût de réalisation plus important.
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Bibliographie - Source internet :
[1] http://french.ruvr.ru/2013_02_12/Un-paquebot-sans-propulsion-derive-dans-le-golfe-du-Mexique/
[2] http://nautisme.lefigaro.fr/actualites-nautisme/industrie-1/2013-04-04-10-23-10/nouvel-accident-pour-le-paquebotcarnival-triumph-9880.php
[3] http://www.tourhebdo.com/actualites/detail/66697/actualites_detail_premium/accidents-et-avaries-le-groupecarnival-sanctionne-par-les-agences-de-notation.html
[4] http://www.ibtimes.com/remember-carnival-cruise-ship-lost-power-there-have-been-three-other-technical-failurescompanys
[6] http://www.cruiselawnews.com/2013/03/articles/twitter/senator-rockefeller-to-cruise-ceo-micky-arison-carnivalsfailure-to-address-safety-issues-this-needs-to-stop/
[7] http://www.cruisejunkie.com/events.html
[8] http://www.meretmarine.com/fr/content/apres-les-deboires-du-triumph-carnival-va-investir-300-millions-de-dollarsdans-sa-flotte
[9] http://www.oldsaltblog.com/2013/02/carnival-triumph-another-blacked-out-drifting-cruise-ship-why-again-acommon-design-flaw-in-modern-cruise-ships/
[10] http://bigstory.ap.org/article/carnival-plans-300-million-ship-improvements
[11] http://www.nydailynews.com/news/world/coast-guard-triumph-fire-leak-article-1.1267592
[12] https://wetravel2u.wordpress.com/tag/power-generator/
[13] http://abcnews.go.com/Travel/carnival-ecstasy-power-failure/story?id=18986941
[14] http://www.cruiseindustrynews.com/cruise-news/9574.html
[15] http://www.cruisejunkie.com/Disabling.html
[16] Engine Room fires don’t “just happen.” A cautionary analysis of fires on passenger ships.
[17] hearings on "Cruise Industry Oversight : recent incidents show need for stronger focus on Consumer
protection", testimony of Ross A. Klein, PhD, Russell senate office building, 2013, July 24
Mots clés :
Navire – Passager – Sûreté – Accident – Carnival
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