SUBLIME REVANCHE Regard En Coulisse
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SUBLIME REVANCHE Regard En Coulisse
En préambule, un maître de cérémonies d’un certain âge (une référence au Roscoe de Follies ?) nous annonce que La Sublime Revanche est la reconstitution d’une revue de music-hall de 1973, créée par huit girls licenciées de leurs cabarets respectifs pour revendications syndicalistes. S’ensuit alors une succession de numéros chantés et dansés d’un kitsch vintage : pseudo ballet aquatique, numéros de chaises, sketches humoristiques, défilé de plumes et de strass, ventriloque, le tout sur des arrangements musicaux pré-disco qui feront frémir de bonheur tous les nostalgiques des émissions des Carpentier. L’esthétique emprunte aussi bien aux revues parisiennes que l’on connaît (Lido et compagnie) qu’aux ambiances interlopes de certaines comédies musicales (avec des hommages évidents à Sweet Charity, Cabaret et Chicago). Les fantômes de Bob Fosse ou Busby Berkeley ne sont jamais bien loin. Si le spectacle n’évite pas parfois quelques petites longueurs, il cesse rarement d’intriguer et d’interroger. Qui étaient ces girls ? Quelles étaient leurs motivations ? Quelles furent les réactions du public ? Que sont-elles devenues ? Autant de questions auxquelles on n’aura pas de réponses… Par moments, de courtes projections vidéo nous montrent des images des anciennes danseuses, dans le passé et au présent, afin de replacer le spectacle dans une certaine perspective… mais laquelle ? Le dossier de presse, lu de plus près, précise qu’on ne saura jamais si ce fait divers « est fiction ou réalité »… Alors, reconstitution réelle ou pure invention ? Music-hall ou théâtre ? Sincérité ou deuxième degré ? Ou peut-être un peu de tout ça à la fois ? Ce qui est certain, c’est que ce spectacle est un OVNI qui ne laisse pas indifférent, à en juger par les réactions enthousiastes comme par les départs de spectateurs en pleine représentation. La Sublime Revanche interroge, titille, met mal à l’aise, brouille les frontières entre fiction et réalité, surprend, bouscule mais ne laisse jamais le public dans une attitude totalement passive. En cette ère de spectacles formatés et pré-digérés, La Sublime Revanche utilise ses plumes pour voler à contre-courant et nous dit qu’il ne faut pas toujours chercher de réponses à toutes ses questions, et que parfois, il est bon de se laisser tromper sciemment. Christophe Morenas