Castres et de Mazamet
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Castres et de Mazamet
HISTORIQUE DE L’INDUSTRIE L’âge des Moulins Dès le XIII siècle, à Carmaux, on creusait pour extraire de petites quantités de charbon. Mais c’est l’énergie de l’eau qui actionnait les moulins, « bâtiments-machines universels ». Les moulins à moudre les céréales étaient partout ( sur le Tarn à Albi au début du XIIIe). S’y ajoutaient martinets, scies, huileries, foulons (Albi, ), moulins à tan, plus tard moulins à papier (Castres-Mazamet, XVIIe). Vers , le département comptait moulins sur les cours d’eau. On peut aujourd’hui en reconnaître certains d’après les vestiges de leur système hydraulique et la toponymie ; rares sont ceux qui fonctionnent encore à l’ancienne (martinet à cuivre de Durfort). Des usines ont parfois été édifiées à leur emplacement et en gardent le nom (Moulin Gau à Payrin). Les maisons des tanneurs sur l’Agout à Castres font également partie de ce patrimoine préindustriel. e par Rémy CAZALS Australie). Avec ses usines de délainage, la ville était devenue dès une place incontournable dans le commerce mondial de la laine et du cuir. Ce dernier produit contribua également à l’essor de la mégisserie à Graulhet. Affaiblie à Mazamet, la fabrication textile continua à animer, avec la bonneterie, Roquecourbe, Labruguière, Vielmur, Labastide-Rouairoux, Castres. Les activités plus diversifiées et la taille de cette dernière lui permirent d’accueillir plus tard des industries métallurgiques de pointe et les laboratoires Pierre Fabre. La proto-industrie textile Au XVIII siècle, le travail de la laine était largement répandu dans tout le futur département, surtout dans la partie montagneuse, où il constituait un complément indispensable à l’activité agricole. Quantité de petits centres de production apparaissent dans les documents : Dourgne, Massaguel, Boissezon, Lacaune… Les opérations se faisaient à la main au domicile des fileuses et des tisserands; seul le foulage était mécanisé ( foulons sur le canal de la Nogarède à Mazamet). Les produits, « sargues et cordelats » (draperies étroites en laine de qualité commune), avaient cependant bonne réputation et s’exportaient bien (Suisse, Canada). Des intermédiaires, marchands de Lyon ou Montauban, captaient une partie de la valeur ajoutée. La petite draperie tarnaise ne pouvait égaler le prestige des « londrins » carcassonnais, draperies larges de haut de gamme. Toutefois, en , un inspecteur des manufactures pouvait constater le déclin de Carcassonne et l’essor de CastresMazamet. La révolution industrielle allait échouer sur le versant sud de la Montagne Noire et réussir sur le versant nord. e La révolution industrielle Le Tarn disposait à Carmaux d’un gisement de charbon. Au milieu du siècle, Gabriel de Solages en commença l’exploitation systématique. Entreprise familiale jusqu’au milieu du XIXe, la société s’intégra au grand capitalisme national. À la veille de la guerre de , près de tonnes de charbon étaient extraites chaque année par mineurs, poussés à abandonner un statut de paysans-mineurs pour des raisons de rentabilité. Attachée à son organisation syndicale et au socialisme, la majorité vota pour Jean Jaurès entre et . Localement, le charbon était utilisé par une verrerie. Un conflit social aboutit au départ de nombreux verriers de Carmaux et à la création d’une Verrerie ouvrière à Albi, en . La ville d’Albi n’avait pas été dépourvue d’industrie au XIXe. On y trouvait textile, minoterie, fonderie, briqueterie, et surtout chapellerie. À son apogée vers , cette activité avait fait du Bout-du-Pont un « faubourg chapelier ». À proximité, se trouvaient le bassin houiller de Cagnac et la grande usine métallurgique du Saut-du-Tarn à Saint-Juéry, qui occupait un site hydraulique remarquable. Au sud du département, l’utilisation de l’énergie de l’eau restait la règle. Les établissements industriels devenaient plus vastes et plus nombreux, constituant de véritables rues d’usines le long des rivières (l’Arnette à Mazamet). La bourgeoisie protestante de Castres et de Mazamet, demeurant dans les affaires de génération en génération, donna à l’industrie les impulsions décisives. La production textile augmenta en quantité et en qualité. On arriva à se passer des intermédiaires et à conquérir de nouveaux marchés. La concentration et la mécanisation du travail commencèrent avec le filage et les apprêts. Elle fut plus tardive dans le tissage, le tisserand à domicile resta un personnage essentiel jusqu’aux années . À cette date, Mazamet avait découvert une nouvelle voie, le délainage des peaux de moutons importées des grands pays d’élevage (Argentine, puis XVIIIe 20 Usine de Saint-Sauveur, en amont de Mazamet, au débouché de la gorge de l’Arnette (cliché ) Cette usine était doublement représentative. D’abord, des reconversions de l’industrie locale (moulin à papier au XVIIe, usine textile au XIXe, délainage en ). Ensuite, de l’implantation sur l’eau : elle fait partie de la série de usines se succédant sur kilomètres du cours de la rivière ; on aperçoit à gauche le barrage et le canal d’amenée de l’usine d’aval. Le disparate des bâtiments résulte d’incendies et agrandissements à diverses époques. Cette usine a été rasée en . Puits de La Grillatié à Carmaux au début du XXe siècle (auteur inconnu, Centre culturel Calvignac de Carmaux) Chaque cheminée correspond à une machine à vapeur abritée dans son bâtiment et qui donne, par des câbles, l’impulsion aux ascenseurs dans les chevalements. On remarque les importantes réserves de bois pour le soutènement des galeries, et les trains de wagonnets (la traction animale n’a pas disparu). ATLAS DU TARN INDUSTRIE par Gérard BUONO Seuls établissements industriels dépassent les salariés. Certaines de ces « grandes entreprises tarnaises » ont pu émerger du vivier des PME. Souvent, de petites entreprises se sont appuyées sur une « culture industrielle » locale solide pour engager un processus de reconversion poussée. Des entreprises qui vivaient initialement dans le cortège des sous-traitants, chargés de la maintenance pour les branches traditionnelles (mine, travail de la pierre, délainage) ont cherché à compenser la perte d’activité ou l’étroitesse des débouchés du milieu local par le développement de nouvelles compétences. Les liens anciens se sont parfois tellement distendus qu’ils ont perdu toute signification : l’exemple de la reprise d’une entreprise castraise de mécanique pour le textile (Renault Automation, automates et machines-outils) par le groupe Renault est caractéristique. Elle concerne une unité majeure, mais nombre d’établissements de moindre importance trouvent hors du département les débouchés que le déclin du textile leur a fait perdre sur place. Certaines de ces entreprises locales issues du vivier des PMI manifestent parfois un dynamisme étonnant, dans des secteurs aussi variés que la mécanique de précision, le matériel chirurgical, l’électronique et l’électromécanique. La technologie et l’innovation, la vitesse de réaction et la flexibilité sont alors les éléments premiers de la réussite. L’existence, par ailleurs, d’un établissement de fabrication de petits équipements électriques pour l’automobile près de Mazamet (Valéo) ne suffit pas à donner au tissu industriel local des liens significatifs avec la filière automobile : fournisseurs, sous-traitants ou clients (toutes les grandes firmes mondiales) sont hors de la région pour l’essentiel, comme les pouvoirs de décision dans l’entreprise. La fragilité qui peut résulter d’influences extérieures dominantes est aussi sensible dans d’autres secteurs (grands établissements de la filière bois). D ANS le grand Sud-Ouest, le Tarn fait clairement figure de département industriel. Malgré le déclin de l’emploi dans ce secteur, l’industrie, au deuxième rang de Midi-Pyrénées derrière la Haute-Garonne, occupe plus du quart des actifs. On peut même parler d’une véritable tradition manufacturière tarnaise, le département ayant connu des formes précoces de développement industriel, qui ont marqué les paysages autant que les mentalités. Le département a connu plusieurs des cycles historiques d’industrialisation de l’Europe occidentale : • celui de la mécanisation, fondée sur l’eau des rivières, d’activités artisanales traditionnelles (filature, tissage) ; • celui de la mondialisation précoce appuyée sur un négoce actif, des approvisionnements lointains et la recherche de débouchés extérieurs (activités du délainage) ; • et la forme plus classique encore de l’industrialisation du XIXe siècle, sur un bassin houiller prolongé par de la métallurgie (autour de Carmaux et Albi), n’est pas non plus absente. Quelques foyers dispersés, souvent très spécialisés, s’y ajoutent. À la fin des années de forte croissance d’après-guerre, le département s’enorgueillit ainsi d’un palmarès aussi diversifié que brillant : de Mazamet « capitale mondiale du délainage » à Graulhet « premier centre européen de la mégisserie », en passant par le Castrais « première région de France pour la laine cardée », le Sidobre « première région granitière » du pays, et même la plus forte concentration de salaisonneries autour de Lacaune… Après plus de deux décennies de perturbations économiques, l’industrie du département a su conserver quelques positions fortes, parfois au prix de reconversions importantes et socialement coûteuses. Grands établissements de l’industrie ( salariés ou plus) Villefranchede-R. Rodez ur Via Aveyron Caussade St-Benoît-de-C. Taille (effectifs) des établissements de 100 salariés ou plus 88 N Carmaux 250 à 499 salariés FRANCE ALPHA HOUILLÈRES BASSIN CENTRE MIDI Rodez 200 à 249 salariés ATELIERS CONSTR. MÉTAL. DELPOUX ALBI Montauban cou n Tar St-Juéry Terssac Tes Gaillac 100 à 199 salariés LALL STORM SDT VALVES ETERNIT ALPHACAN St-Affrique N 112 A 68 PIERRE FABRE SANTÉ Toulouse St-Affrique Graulhet Briatexte Toulouse OLIVIER GUILLE & FILS Lavaur Toulouse GÉLATINES WEISHARDT BDI SUD-OUEST 10 15 17 18 20 24 25 26 28 29 31 Toulouse Extraction de houille Industries alimentaires Industrie textile Industrie de l’habillement Travail du bois Chimie, pharmacie, cosmétique Industrie du caoutchouc et des plastiques Fabrication d’autres produits minéraux non métalliques Travail des métaux Fabrication de machines et équipements Fabrication de machines et appareils électriques ATLAS DU TARN PIERRE STÉ. EXPL. PROD. FABRE IND. CHIMIQUES RENAULT AUTOMATION FASHION FUS STÉ IND. APPRETS LUSTRAGE RICARDIENS Activité (NAF en 60 postes) : Dadou N1 26 Ag GOÛT S.A. t Lacaune MAISON MILHAU JEAN VALETTE & CIE ou Béziers Agou t Cambounet-sur-le-Sor PIERRE FABRE Sar DERMO-COSMÉTIQUE Roquecourbe Castres Béziers Labruguière TARNAISE DES PANNEAUX Mazamet CABROL FRÈRES Bout-du-Pont-de-Larn VALEO VISION Thoré Béziers Villefranchede-L. Carcassonne Carcassonne Source : INSEE - SIRENE 1997 0 20 km 21 Chimie, pharmacie Salariés de l’industrie TOTAL : 23 768 emplois salariés Textile et habillement 6 172 Chimie, pharmacie 3 412 Agro-alimentaire 2 890 Verre, matériaux construction 2 615 Cuir 2 093 Métallurgie, travail des métaux 1 947 Fab. machines et équipements 1 118 Autres industries Nombre d’emplois : 3 521 0 1 000 2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 7 000 Source : ASSEDIC au 31-12-1994 Via ur Aveyron Chimie, pharmacie, cosmétique Caoutchouc, plastiques Verre Rodez N Taille (effectifs) des établissements de 10 salariés ou + 88 Blaye 250 à 499 ALBI Gaillac Tescou 200 à 249 N TAR 100 à 199 Marssac A 68 50 à 99 20 à 49 10 à 19 Coufouleux Graulhet Dadou N1 St-Sulpice Toulouse 12 La place des industries chimiques dans le Tarn est considérable. Elle est largement issue des besoins ou du traitement des déchets et des sous-produits que génèrent les industries locales (engrais organiques, en aval du délainage). En relation directe avec la mégisserie de Graulhet, Weishardt produit, à partir des peaux et depuis , des colles fortes pour l’ameublement et des gélatines pour les industries agroalimentaires, la cosmétique ou la pharmacie. La firme, quatrième en Europe, exporte % de sa production et est devenue un petit groupe industriel de salariés, avec des ramifications en France et en Espagne. La Seppic à Castres, plutôt liée au textile à l’origine, s’est élargie à toute la chimie fine. Aujourd’hui filiale d’Air Liquide, elle fournit ses spécialités chimiques pour cosmétique, pharmacie et fabrication de fibres optiques à son principal client local (Fabre), mais aussi % de sa production à l’étranger. Avec salariés, elle est la quatrième industrie départementale. L’industrie pharmaceutique est à traiter différemment. Elle offre le cas d’une réussite économique aussi exceptionnelle qu’isolée : celle d’un pharmacien d’officine de Castres – Pierre Fabre – qui, au début des années soixante, créa un laboratoire médical, passa au stade industriel et ajouta très vite à ses productions (antibiotiques, soins cardio-vasculaires, soins du système nerveux) des spécialisations étoffées en dermo-cosmétologie, appuyées sur une intensive politique de recherche-développement. L’essor continu du groupe Pierre Fabre, l’un des premiers de France dans son secteur d’activité actuellement, en fait un acteur majeur du paysage économique départemental. Autour du siège de la direction générale du groupe, une quinzaine d’implantations (recherche, gestion, production…) se situent dans la zone d’emploi de Castres. Une véritable stratégie départementale a amené la création d’unités à Soual, Gaillac, Burlats, Cambounet, Mazamet et le transfert récent de certains services vers Lavaur (cosmétiques), parfois au-delà de la chimie (pôle graphique). L’importance des entreprises Fabre pour l’emploi local est déterminante, renforcée par la volonté de maintenir aux « Labos Fabre » un fort ancrage tarnais (ou régional : vers le Midi toulousain, ou le grand Sud). La forte internationalisation du groupe et les différentes formes de diversification observées récemment hors du département et parfois hors des secteurs d’activité initiaux (imprimerie, presse écrite, radios, sport, tourisme thermal) ne semblent pas aujourd’hui remettre en cause ce choix. Ag ou Toulouse t Castres Cambounet N 126 Labruguière Boutdu-Pont-L. MazametAussillon Chimie, pharmacie, cosmétiques Caoutchouc, plastiques Verrerie Rouairoux Thoré Béziers Carcassonne © C&D Source : SIRENE 1997 Les principales implantations des Laboratoires FABRE Castres Boulogne (92) (services administratifs et commerciaux) (siège social et fiscal) • Centres de recherche : Castres (Péraudel) Labège Innopole (31) Castanet-Tolosan (31) Saint-Julien-en-Genevois (74) • Pôle graphique : Saint-Sulpice (81) : SUD GRAPHIE ROTATIVES SIA Lavaur (81) : • Conditionnement : Saint-Sulpice (81) : SUD OUEST FLACONNAGES • Matériel de soins et établissements de santé : Albi (81) : Cliniques Escudié et de l’Espérance Avène (34) : Centre thermal de remise en forme Lavaur (81) : Maison de retraite et convalescence Muret/Tournefeuille (31) : LANCER INDUSTRIE Toulouse (31) : Centre Alibert, recherche et soins dermatologiques Toulouse (31) : D’MÉDICA, LOCAMÉDIA • Sites de production (médicaments, cosmétiques) : Soual (81) Avène (34) Mazamet (81) Gaillac (81) Bizanos (64) Cahors (46) Aigana (32) Chateaurenard (45) • Pôle communication : Sud Radio (Toulouse) Radio Monte Carlo Midi Libre (Montpellier) Agence de publicité Promothée (31) Sport professionnel : - rugby (Castres Olympique) - football (Toulouse F.C.) • Partenariats avec : CNRS, CEA, SANDOZ, Groupe ACCORD, SYNTHÉLOBAO (L’ORÉAL)... • À l’étranger : Japon (SHISEIDO), États-Unis (PHYSICIANS FORMULA SA), Belgique (P. FABRE BENELUX), Espagne (P. FABRE IBERICA), Grèce (P.F. HELLAS), Portugal (ROBPHFARM LUSITANA/LUSITAFARM), Allemagne (DEUTSCHE ROBPHFARM/MEDIKOSMA), Suisse (ALIMEDIC/ROBPHFARM), Italie (ELLEM MONTEDISON), Hongrie (GEDEON RICHTER), Singapour (HAW PAR BROTHERS INT.), Arabie Saoudite (AL INJAZAR), Argentine (ROBPHFARM ARGENTINA), et Vietnam, Madagascar, Russie, Bulgarie, Biélorussie... 22 SO Plastiques (Castres) et travail du textile (Labruguière) ATLAS DU TARN Cuir, textile Cuir - Meubles - Édition Via N Taille (effectifs) des établissements de 10 salariés ou + 88 Carmaux Cordes 250 à 499 Cahuzac ALBI Tescou 200 à 249 N TAR Gaillac St-Juéry 100 à 199 Puygouzon A 68 Loupiac 50 à 99 20 à 49 10 à 19 LabessièreCandeil Busque Dadou St-Sulpice Vénès Graulhet Toulouse Lavaur Viterbe Agou t Castres Noailhac Toulouse N 126 Soual Verdalle Mazamet- Thoré Aussillon Sorèze Mégisserie Cuir Maroquinerie Meubles, industries diverses Édition Béziers Carcassonne © C&D Source : SIRENE 1997 Textile - Habillement Rodez Via ur Aveyron N Taille (effectifs) des établissements de 10 salariés ou + 88 Carmaux 250 à 499 ALBI Tescou St-Juéry 200 à 249 N TAR Gaillac 100 à 199 50 à 99 20 à 49 10 à 19 A 68 Rabastens Briatexte Graulhet Ambres Dadou Réalmont Montredon-L. 12 N1 ATLAS DU TARN ur Aveyron Toulouse Lavaur Ag ou t Castres Vielmur Toulouse L’industrie textile, ancienne, a connu bien des difficultés, mais son importance reste grande. Très caractéristique du sud tarnais, sa diffusion spatiale y est large, puisque plus d’une trentaine de communes sont concernées. Malgré déclins et mutations, il s’agit toujours d’industries de main d’œuvre, d’un réseau de PMI nombreuses, de structure familiale, confirmant l’existence (exception régionale) d’une bourgeoisie industrielle très enracinée. De longue date, ces PMI ont noué entre elles de fortes relations, formant un système productif local qui contribue à structurer un large bassin d’emploi autour de Castres et Mazamet, qui diffusent leur influence sur une large partie de la moyenne montagne proche, par les vallées de l’Agout et du Thoré. Les atouts sont nombreux : compétences multiples et variées, allant du produit brut aux produits finis (du pull-over de marque au tissu laine et soie de très haut de gamme), forte tradition d’ouverture internationale et services aux entreprises très complets, avec les aménités qu’offrent de petites unités urbaines (circulation aisée, peu de contraintes spatiales, circuits raccourcis). Mais les évolutions ne sont pas toutes favorables. La tendance à la concentration des activités vers la plaine et la ville a affecté beaucoup de lieux de production traditionnels moins bien situés. D’autant que, étrangement, les plus grands employeurs sont hors de la zone textile historique (surtout dans l’habillement : Albi, Lavaur, Briatexte). La baisse générale d’activité a affaibli la place, en réduisant régulièrement sa position sur un marché européen totalement ouvert à la mondialisation. Le risque de voir le textile tarnais réduit à une part négligeable est combattu avec énergie par les entrepreneurs locaux : politique commerciale plus active, tentatives de valorisation Rodez 2 N 11 Le poids de l’industrie des cuirs et peaux (tannage et maroquinerie) autour de Graulhet est toujours aussi marqué. Cette très forte concentration d’activités très spécialisées, dans une position relativement isolée au cœur du triangle Albi-Castres-Toulouse, y est ancienne (milieu du XIXe). Plus encore que le textile, le travail des peaux est assuré par de petites entreprises. La mégisserie graulhétoise, complétée par une vingtaine d’établissements de l’agglomération mazamétaine, connaît de multiples difficultés, qui se sont traduites par une baisse forte des effectifs et du nombre d’entreprises, particulièrement sensible depuis les années quatre-vingts. Cet important déclin a de multiples causes externes : forte concurrence des pays du Tiers-monde, marchés internationaux très instables, volatilité des prix des peaux brutes, demande irrégulière, mais aussi des facteurs internes comme un vieillissement évident des conditions de production, dont la modernisation a été tardive et inégale, et une atomisation des structures. La résistance s’appuie sur la volonté d’une recherche de la qualité, des innovations technologiques, une politique de diversification des approvisionnements et des productions, et des efforts pour organiser la profession. Les principaux débouchés sont extérieurs à la région : hors de Midi-Pyrénées et même principalement à l’étranger (environ la moitié du chiffre d’affaires en ), mais surtout des demi-produits. Sur place, la confection est limitée, et surtout artisanale. La chaussure n’est plus représentée, et la bagagerie et petite maroquinerie ont connu quelques vicissitudes récentes. Le travail industriel est essentiellement réduit à la mégisserie, et la dimension commerciale semble parfois prendre le pas, jusqu’au développement de la vente au détail d’articles en cuir en valorisant une image de marque auprès d’une clientèle de passage, notamment sur la RN , à La mégisserie à Graulhet Mazamet. Textile Habillement N 126 Roquecourbe Castelnau Lacrouzette Brassac Valdurenque Semalens Boissezon Lagarrigue Lescout Payrin Pont-de-L. Blan Labruguière Rouairoux Labastide-R. Caucalières Aiguefonde St-AmansBéziers Dourgne Mazamet- Soult Lacabarède Albine Aussillon Carcassonne © C&D Source : SIRENE 1997 de l’image de la région à l’extérieur ou mise en place de services communs à la filière. Les difficultés de la filière textile ont imposé une recomposition générale, qui semble faire ressortir trois grands domaines : • le délainage, caractéristique de Mazamet, dont l’apogée est atteint au début des années soixante, voit décliner les quantités travaillées et les effectifs dans les années quatre-vingts ( salariés en , contre moins de aujourd’hui) ; • la filature et le tissage, de Castres à Labastide, cherchent à réorienter leur production vers le haut de gamme et bénéficient localement de spécialités permettant une production intégrée (ennoblissement, teintures et apprêts) ; • le tricotage et la bonneterie, avec Roquecourbe (« petite capitale » de la maille), redistribue du travail à de nombreux sous-traitants alentours. Fournisseurs des centrales d’achat de la grande distribution, soumis à une très forte pression par les importations à faible coût du travail, les entreprises de la maille ont réagi par des délocalisations partielles (Roumanie, Espagne et Tunisie) et par une réorientation des productions (fin des pulls de grande série, suivi des marchés, diminution des délais, création). 23 Matériaux de construction, houille, travail des métaux En , l’extraction houillère, base de l’industrialisation autour de Carmaux, est définitivement terminée. Assurant l’emploi de près de personnes au lendemain de la guerre, elle a connu le repli général de la production de charbon en France ( employés et , million de tonnes en , soit moins de la moitié de la production des années d’après-guerre ; emplois et tonnes en ) et la sévérité de la concurrence internationale (coût de la tonne extraite en : F, pour une vente à EDF à - F, alors que les livraisons du marché international arrivent au port de Bordeaux à F). Après la fermeture, en , de l’exploitation au fond, la mise en service, en , d’une exploitation à ciel ouvert a prolongé l’activité extractive. Mais malgré l’importance (et le coût) des travaux engagés par « la Découverte », le sursis n’a fait que différer l’inéluctable et la page historique du charbon carmausin semble désormais tournée. Travail des métaux Équipements Automobile Rodez Via ur Aveyron Pampelonne N Carmaux Taille (effectifs) des établissements de 10 salariés ou + 88 Rosières Blaye Le Garric ALBI 250 à 499 St-Juéry 200 à 249 N TAR Tescou Alban Gaillac Rabastens Roquemaure 50 à 99 20 à 49 10 à 19 Lombers Giroussens Graulhet Dadou Lavaur 12 Toulouse Damiatte Ag ou Toulouse Réalmont N1 St-Sulpice Ambres Castres t Lacrouzette Puylaurens N 126 Bout-du-Pont-L. Lempaud Métallurgie Travail des métaux Fab. de machines et équipements Fabrication d’appareils électriques Fabrication d’autres équipements Automobile, matériaux de transport 24 100 à 199 A 68 Labruguière MazametAussillon Aiguefonde Durfort Thoré St-Amans-Soult Carcassonne © C&D Source : SIRENE 1997 Béziers Matériaux de construction Houille & minerais Rodez Via ur Taille (effectifs) des établissements de 10 salariés ou + Aveyron N St-Benoît Labastide-G. Larroque Carmaux Ste-Croix Terssac Labastide Tescou Gaillac A 68 ALBI ou Toulouse t 100 à 199 50 à 99 20 à 49 10 à 19 Paulinet Mont-Roc Réalmont MontredonLabessonnié Vabre Lacrouzette Damiatte Burlats St-PaulCap-de-Joux Guitalens Castres Cambounet N 126 200 à 249 N TAR Le Séquestre Marssac Dadou Ag 250 à 499 Montans Graulhet Toulouse 88 12 N1 L’ensemble des industries liées à la construction et au bâtiment semble bénéficier d’un certain dynamisme. Sans constituer une filière industrielle au sens strict, ce secteur présente dans le département des atouts sérieux, le long d’un croissant allant de Carmaux (carrelages et céramiques) à Graulhet (matériaux en béton), incluant Albi (plaques et tuyaux en ciment et amiante), Marssac (menuiseries et ouvertures pour pavillons), ou encore les matières plastiques (avec Alphacan, leader français des tubes en PVC). À ces unités majeures s’ajoutent nombre de petites entreprises (fabrication d’éléments en béton, briqueteries-tuileries) dont l’influence dépasse souvent le marché local, sans négliger l’apport très spécifique des entreprises de travail de la pierre. Les granitiers du Sidobre, autour de Lacrouzette, assurent la moitié de la production nationale ; entreprises pour l’extraction, plus de pour la transformation, de l’artisan à la PME de salariés, et emplois directs au total, qui ont sensiblement infléchi le cours des choses : le funéraire est de plus en plus relayé par la croissance de débouchés très divers (bâtiment, mobilier urbain, décoration) et même des exportations. Au nord du département, le bassin d’Albi-Carmaux a longtemps été dominé par des activités industrielles de base, dans le cadre de grandes entreprises nationales, parfois étatiques, avec une plus forte concentration géographique autour de Carmaux et Albi. Trois grands secteurs traditionnels ont longtemps dominé : la houille, le travail des métaux et la verrerie. Les importantes restructurations industrielles qui ont accompagné « la fin de la mine » ont modifié les données, en provoquant d’abord un déclin profond de l’emploi industriel dans les années soixante-dix. Saïx Extraction de pierre, sable, minéraux St-Amancet Fabrication d’éléments en béton Sorèze Travail de la pierre Fab. produits minéraux non métalliques Houille, minéraux non ferreux © C&D Lacaune Brassac St-Salvy Le Bez Noailhac St-AmansSoult Carcassonne Source : SIRENE 1997 Thoré Béziers 0 20 km Usine Valéo, à Mazamet Les problèmes de reconversion industrielle du bassin d’Albi-Carmaux concernent aussi le travail des métaux. En plus de la proximité du charbon carmausin, plusieurs atouts ont contribué à la constitution d’un ensemble métallurgique important : l’énergie hydraulique du Tarn, au débouché du Massif central, et même quelques ressources locales en fer ont joué un certain rôle historique. Les Forges & Aciéries du Saut-du-Tarn, à Saint-Juéry ont longtemps été le deuxième établissement industriel du département, employant près de salariés dans les années soixante, en associant un complexe sidérurgique à des productions à plus forte valeur ajoutée (alliages, fournitures aux mines, outillages spécialisés, chaudronnerie industrielle). Après un premier dépôt de bilan en , les difficultés économiques de la nouvelle entreprise (Société Nouvelle du Saut-du-Tarn) se sont aggravées, se traduisant par une érosion régulière des emplois, et finalement, après dissolution en , un démembrement en plusieurs PMI spécialisées dans les aciers de qualité (Forges du SDT), l’outillage (limes et râpes du SDT), les vannes (SDT) pour l’industrie chimique ou encore les citernes. Dans les locaux libérés, diverses entreprises se sont installées, dans des branches proches (charpente métallique, mécano-soudure ou aluminium) ou éloignées. Certaines aides, nationales et européennes, ont joué un rôle, notamment celles de l’Adirac (Association pour le développement industriel du bassin d’Albi-Carmaux) qui unit dès les efforts des Houillères et de divers partenaires locaux. Dans le cadre du « Pôle de conversion », dont le statut est accordé en , des entreprises italiennes ou suédoises créent quelques espoirs de reprise. Aujourd’hui, la diversité des entreprises installées sur le site du Saut-du-Tarn (boulangerie industrielle, extrusion de graines de soja, mécanique de précision, récupération de métaux…) témoigne de la diversification, mais aussi des difficultés de l’industrie du nord du Tarn à retrouver, après cette phase de recomposition, une identité aussi forte. ATLAS DU TARN Verre La verrerie (carte page ) est le troisième pilier du patrimoine historique de l’industrie albigeoise. Fondée en sous l’impulsion de Jean Jaurès, la coopérative ouvrière de la VOA reste un élément important de la géographie industrielle du Tarn. Très liée initialement au charbon, elle s’oriente assez vite vers la fabrication de bouteilles. Des difficultés financières et les nécessités de la modernisation de la production l’amènent à se séparer, en , de son site d’origine. En quittant la ville (et la rive droite) pour la zone industrielle de Saint-Juéry (sur la rive gauche), l’usine et les impressionnantes cheminées de ses fours restent des éléments importants du paysage. Les effectifs ont été réduits de moitié depuis pour atteindre en , avec de très importants gains de productivité. L’essor de la production (plus de millions de bouteilles aujourd’hui) s’est accompagné d’un certain « repli social ». La VOA a, certes, conservé son sigle, mais abandonné son statut de coopérative ouvrière en étant intégrée à de puissants groupes industriels et financiers extérieurs : restructuration par le Crédit Lyonnais, puis cession à Saint-Gobain, seuls groupes à même d’éponger le passif et d’assurer la poursuite de l’entreprise. Chaîne de production à la VOA BÂTIMENTS INDUSTRIELS E à , les permis de construire accordés dans le Tarn représentent (logements exclus) , million de m répartis, en proportions égales, en locaux agricoles (en espace rural) d’une part, d’autre part en bâtiments industriels, commerces et bureaux (dans les villes et bourgs). Ces bâtiments industriels sont de plus en plus souvent regroupés en zones industrielles, artisanales ou d’activité, à la périphérie des agglomérations et le long des axes de communication. Dans un département de tradition industrielle, l’heure est au renforcement des secteurs dynamiques, mais aussi à la reconversion des industries anciennes. Des zones sont aménagées ou réaménagées dans les pôles de conversion Albi-Carmaux et Castres-Mazamet. C’est le cas dans la vallée du Thoré, de Labastide-Rouairoux à Mazamet et Labruguière, touchée par les difficultés du délainage et du textile. Mais les nouvelles installations industrielles se localisent plutôt le long de l’A, dans les zones spécialement aménagées par les communes ou les groupements de communes (à Saint-Sulpice, Coufouleux ou Brens). D par Michel COHOU Les nouvelles surfaces autorisées de bureaux et commerces se répartissent de manière assez différente, le poids des villes important davantage. Plus de la moitié des nouveaux bureaux concerne les communes d’Albi, Castres et Gaillac. La même proportion ( %) de nouveaux locaux commerciaux s’y retrouve, ainsi qu’à Lescure, autour d’Albi. Mais alors que les bureaux se localisent d’abord dans le centre des villes et parfois dans des immeubles spécialisés des périphéries, les locaux commerciaux s’implantent plutôt en zones d’activités. L’enjeu concerne avant tout le renforcement de la grande distribution. La Commission départementale d’équipement commercial doit donner son accord aux projets d’extension ou de création de grandes surfaces généralistes (hypers et supermarchés, maxidiscomptes), spécialisées (bricolage, jardinage, sport…) et aux chaînes de restauration rapide. La demande concerne toutes les villes et quelques bourgs. Entre et , les permis accordés pour des locaux commerciaux dépassent m dans l’agglomération albigeoise, contre dans celle de Castres, où l’émulation entre enseignes est plus grande et les demandes sont moins nombreuses. Construction de bâtiments industriels sur quatre ans (-) Rodez Via ur Aveyron Mirandol N Monestiés Surface autorisée (cumul 1993-1996) en m2 14 000 88 Carmaux Valenced’Albigeois Le Garric Lescure Tescou Usine Sleever, à Saint-Sulpice Gaillac Lisle-sur-Tarn Permis de construire accordés entre et Coufouleux Labastide Terssac Alban Graulhet Dad 12 75 000 Commerce 73 000 Santé Ag ou Toulouse N 126 t 47 000 Durfort Surface (en m2) : 0 100 000 200 000 300 000 400 000 500 000 Castres © C&D Muratsur-Vèbre Anglès Carcassonne Tarn : 131 640 m2 Lacaune Castelnaude-Brassac PontLabruguière de-Larn Aussillon Aiguefonde St-AmansMazamet Soult 600 000 Source : DRE Midi-Pyrénées, SICLONE ATLAS DU TARN Lacrouzette St-PaulCap-de-Joux Puylaurens Cuq-Toulza 56 000 Bureaux MontredonLabessonnié Lavaur 103 000 Enseignement Réalmont ou 132 000 Transport et stockage Laboutarie N1 Industrie Toulouse Cambon A 68 Briatexte 597 000 ALBI Brens St-Sulpice Agriculture 5 000 2 000 N TAR Source : SICLONE - DRE LabastideRouairoux 0 Béziers 20 km 25