Diagnostic and prognostic evaluati
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Diagnostic and prognostic evaluati
Schweiz Med Wochenschr 1999;129:1321–7 Peer reviewed article C. Stana, M. Prêtreb, M. Boulvaina, A. Campanaa a b Département de gynécologie et d’obstétrique, Hôpitaux universitaires de Genève Service de gynécologie et d’obstétrique, Hôpital d’Arrondissement de Sierre Travail original Aspects diagnostiques et pronostiques de la stérilité à l’hôpital de Sierre A propos de 389 cas Summary Diagnostic and prognostic evaluation of infertile couples at the Regional Hospital of Sierre Aim of the study: The management of infertile couples at regional hospital level is rarely reported and is generally less known, whereas the activity of university infertility clinics is usually the reference. We evaluate the diagnostic approach to infertile couples at the Regional Hospital of Sierre. Method: The medical charts of 389 couples presenting with infertility between 1989 and 1996 were reviewed. The investigations and interpretation of results were always performed by the same investigator. Results: A lower pregnancy rate was observed in the case of a pathological postcoital test and when proximal tubal occlusion or phimosis were diagnosed by hysterosalpingography or laparoscopy. In our population, age of the female partner >40 years, duration of infertility of more than 36 months and multifactorial, male and female, aetiology of infertility were significantly associated with a poor prognosis (p <0.001). For the assessment of tubal pa- tency, hysterosalpingography and laparoscopy with chromopertubation showed an acceptable level of agreement (kappa coefficient = 0.58). Hysterosalpingography does not provide a precise diagnosis in peritoneal and ovarian pathology ( 72.9% sensitivity, 55.7% specificity). A third of pregnancies were obtained without treatment during the diagnostic study of the menstrual cycle, or after hysterosalpingography and laparoscopy with chromopertubation. Conclusion: Most diagnostic procedures for infertility can be performed in a regional hospital by an infertility specialist collaborating closely with a university centre. When infertile couples are transferred to a university centre their evaluation is simplified, as they have already completed an initial systematic investigation and treatment plan at the regional hospital. This two-step approach may be beneficial in selecting couples who need specific treatment not available in a regional hospital. Keywords: infertility; secondary referral centre; prognosis; treatment; outcome; hysterosalpingography Résumé But de l’étude: Analyser la prise en charge diagnostique du couple stérile à l’Hôpital d’Arrondissement de Sierre (Valais). L’activité dans ce domaine au niveau régional est peu connue, par rapport à l’activité des centres universitaires, qui fait référence. Méthode: Les dossiers médicaux des 389 couples suivis à la consultation de stérilité (1989–1996) ont été analysés rétrospectivement. Les investigations et l’interprétation des résultats ont été faites dans tous les cas par le même examinateur. Correspondance: Dr Catalin Stan Département de gynécologie et d’obstétrique Hôpitaux universitaires de Genève CH-1211 Genève 14 e-mail: [email protected] 1321 Travail original Schweiz Med Wochenschr 1999;129: Nr 37 Résultats: Le test post-coïtal pathologique, l’obstruction proximale et le phimosis ampullaire lors de l’hystérosalpingographie ou de la laparoscopie étaient associés à un faible taux de grossesses. Les autres facteurs associés significativement à un mauvais pronostic dans la population étudiée étaient l’âge de la femme supérieur à 40 ans, la durée de stérilité de plus de 36 mois et l’étiologie mixte, féminine et masculine (p <0,001). Pour le diagnostic de la perméabilité tubaire, l’hystérosalpingographie et la laparoscopie avec chromopertubation montraient un accord acceptable (coefficient kappa = 0,58). En ce qui concerne les pathologies péritonéales ou ovariennes, l’hystérosalpingographie ne permet pas un diagnostic fiable (sensibilité 72,9%, spécificité 55,7%). Un tiers des grossesses ont été obtenues lors du cycle de contrôle ou après hystérosalpingographie ou chromopertubation, en absence de tout traitement, valorisant ainsi les démarches diagnostiques. Conclusion: Les examens nécessaires pour rechercher l’étiologie de la stérilité peuvent être réalisés par un spécialiste en stérilité dans un centre régional. Les investigations et les traitements faits en périphérie facilitent la prise en charge dans une unité spécialisée de stérilité, puisque les couples référés ont déjà été investigués et les diverses possibilités thérapeutiques de première ligne épuisées. Keywords: infertilité; centre régional; prognose; thérapie; résultats; hystérosalpingographie La stérilité du couple est définie par l’absence de grossesse après 12 mois de rapports sexuels réguliers et non protégés [1]. Elle est rencontrée pour une durée temporaire ou définitive chez 8 à 17% des couples dans la population européenne et nord américaine [2,3]. Pour la moitié de ces couples, la stérilité reste, malgré tous les progrès dans le diagnostic et le traitement, un problème non résolu [4]. Plusieurs facteurs de pronostic ont été décrits, notamment la durée de stérilité [5], l’âge de la femme [6,7] ou l’étiologie de la stérilité [3,4]. En ce qui concerne le diagnostic étiologique de la stérilité, la démarche conseillée est présentée dans la figure 1 [1]. Depuis environ une décennie, l’hystérosalpingographie (HSG) re- gagne de l’intérêt surtout grâce au développement de la technique d’amplification de brillance et de nouveaux produits de contraste. En Europe, l’HSG est généralement proposée comme première investigation après les examens de base non-invasifs [8]. La laparoscopie reste l’outil diagnostique de choix pour évaluer la pathologie annexielle et péritonéale. La suspicion d’une malformation utérine ou d’une pathologie de l’endomètre ou du myomètre nécessite un complément d’investigation par hystéroscopie [9]. La prévalence importante de la stérilité, ainsi que la dispersion de la population suisse et le cadre cantonal de soins médicaux, a comme corollaire la nécessité de prise en charge des Introduction Figure 1 femme homme Prise en charge diagnostique du couple stérile [1]. anamnèse examen clinique sérologie cultures cervicales causes évidentes de stérilité anamnèse examen clinique documentation de l’ovulation priorité dans le programme d’exploration spermogramme hystérosalpingographie normale échographie étude de la glaire test post-coïtal dosages hormonaux 1322 absence d’anomalie importante anormale laparoscopie hystéroscopie Schweiz Med Wochenschr 1999;129: Nr 37 Travail original couples stériles au niveau régional. L’activité dans ce domaine au niveau régional est peu connue par rapport à l’activité des centres universitaires, qui fait référence. Actuellement toutes les démarches diagnostiques et thérapeutiques, à l’exception des technologies de reproduction assistée, peuvent être réalisées dans un centre régional, pour autant que ce centre bénéficie de la collaboration d’un médecin spécialiste en stérilité. Nous avons analysé les par- ticularités de la prise en charge diagnostique du couple stérile à l’Hôpital d’Arrondissement de Sierre, qui draine une région de 54 000 habitants dans le canton du Valais. Un objectif additionnel a été de comparer l’HSG et la laparoscopie avec chromopertubation (LSC) pour le diagnostic de la pathologie tubaire et péritonéale, et d’évaluer les différents facteurs pronostiques. Population, matériel et méthodes Nous avons analysé rétrospectivement les dossiers médicaux des 389 couples stériles pris en charge après plus de 12 mois de stérilité à la consultation de stérilité de l’Hôpital de Sierre entre 1989 et 1996. Les investigations et l’interprétation des résultats ont été faites dans tous les cas par le même examinateur (M.P.). Après anamnèse et examen clinique, chaque patiente a eu 1 à 3 cycles de contrôle avec rapports dirigés. L’ovulation a été documentée par échographie vaginale, par la présence d’un follicule mature de 18 à 25 mm disparaissant par la suite. La documentation échographique de l’ovulation a été confirmée par le dosage de la progestérone au milieu de la phase lutéale. L’interprétation du spermogramme et des paramètres de la glaire cervicale, du test post-coïtal ou du test de pénétration in vitro (Miller-Kurzrock) a été faite suivant les critères de l’OMS [10]. Les partenaires présentant un spermogramme fortement pathologique (azoospermie, oligozoospermie, asthénozoospermie, tératozoospermie sévères, ou formes combinées) ont eu un suivi urologique. L’hystérosalpingographie a été pratiquée pendant la phase folliculaire du cycle, chez les patientes dont les investigations de base étaient normales. Un produit de contraste hydrosoluble, le iopentol (Imagopaque®) et un amplificateur de brillance ont été employés. Les patientes ont eu une sédation au midazolam (Dormicum®) et un spasmolytique (Buscopan®) avant l’HSG. Les clichés ont été interprétés par le gynécologue. La procédure a eu lieu lors d’une hospitalisation ambulatoire de 4 à 6 heures. La laparoscopie diagnostique avec chromopertubation a été effec- tuée lors d’une hospitalisation ambulatoire. Cet examen a été pratiqué sans HSG préalable quand l’anamnèse et les investigations non-invasives de base ont suggéré une pathologie ovarienne, péritonéale ou tubaire, ou dans un délai de maximum de 3 mois après une HSG suggestive d’une pathologie tubaire ou péritonéale. En présence d’une stérilité d’étiologie inexpliquée, ou après l’échec d’un traitement de stimulation ou insémination intra-utérine, la laparoscopie a été pratiquée plus de 6 mois après une HSG normale. Réalisée sous anesthésie générale, le plus souvent dans la première phase du cycle, la laparoscopie a été complétée par la chromopertubation au bleu de méthylène. L’hystéroscopie n’a pas été effectuée à Sierre, faute de matériel. Les 15 cas nécessitant cet examen, en raison d’un hystérogramme pathologique ont été référés dans le Centre Hospitalier Universitaire Vaudois (CHUV) à Lausanne. La grossesse a été définie par la visualisation d’un sac gestationnel lors de l’échographie vaginale. Les données concernant les 389 couples stériles ont été enregistrées dans une base de données (Access - Microsoft Co., Seattle, USA). Les proportions ont été comparées par le test du χ2 ; une valeur p inférieure à 0,05 a été considérée statistiquement significative. L’influence des facteurs de risque a été évaluée par le odds ratio (OR) ou le risque relatif (RR), accompagnés de leur intervalle de confiance à 95% (IC 95%). L’accord entre le diagnostic par HSG et par LSC a été mesuré par le coefficient kappa. Résultats Au moment de la prise en charge, l’âge moyen des 389 partenaires féminins était de 30,5 ± 4,5 ans (extrêmes: 24 et 44 ans). Une stérilité primaire a été rencontrée chez 247 couples (63,5%). Parmi les 142 couples ayant une stérilité secondaire, 48 femmes (12,3%) ont eu une ou plusieurs grossesses non-évolutives dans les antécédents, 79 (20,3%) ont déjà eu un enfant et 15 (3,9%) ont eu une interruption de grossesse. La durée moyenne de stérilité était de 35,3 mois (12–120 mois). Le spermogramme était normal, selon les critères de l’OMS [10], dans 221 cas (64,4%) et pathologique dans 124 (35,6%). L’examen n’a pas été pratiqué chez 44 hommes, dont 31 partenaires de femmes enceintes lors du cycle de contrôle. Dans notre série, 44 hommes ayant un spermogramme pathologique souffraient d’une prostatite et 27 présentaient une varicocèle. Une atteinte sévère du spermogramme a été mise en évidence chez 39 hommes: 21 cas de oligotératoasthénospermie, 11 cas de oligozoospermie sévère et 7 cas de azoospermie. Dans le cadre des investigations non-invasives, la documentation échographique de l’ovulation (effectuée dans 98% des cas), le score cervical (81% des cas) et le dosage de la progestérone en phase lutéale (84% des cas) représentent les examens de base. A l’exception du test post-coïtal, fait chez 70% des couples, les autres investigations sont proposées chez la femme selon la suspicion étiologique: dosage 1323 Travail original Tableau 1 Comparaison des diagnostics réalisés par l’hystérosalpyngographie (HSG) et par la laparoscopie avec chromopertubation (LSC), chez 147 femmes ayant eu les deux examens. Schweiz Med Wochenschr 1999;129: Nr 37 pathologie HSG (n) LSC (n) accord HSG/LSC (%) perméabilité tubaire bilatérale 101 110 98 obstruction tubaire unilatérale 30 25 73 obstruction tubaire bilatérale 16 12 75 obstruction proximale 23 15 65 obstruction distale 11 7 45 phimosis ampullaire 22 14 45 hydrosalpinx 17 12 71 passage ou brassage retardé 15 8 20 adhérences 82 59 52 3 27 33 endométriose Tableau 2 âge Taux de grossesses et d’accouchements observés, selon la catégorie d’âge. <25 nombre grossesses (%) accouchements (%) Odds Ratio* 26 20 (76,9) 20 (76,9) 1,00 25–29 147 80 (54,4) 72 (49,0) 0,36 30–34 145 70 (48,2) 59 (40,7) 0,28 35–39 54 24 (44,6) 19 (35,2) 0,24 >40 17 3 (17,6) 1 (5,9) 0,06 *χ2 tendance = 13,3 (p <0,001) Tableau 3 étiologie Résultats du traitement en fonction d’étiologie de la stérilité (389 couples). indéterminée 78 54 ovulatoire 92 59 nombre de couples nombre total de grossesses nombre de grossesses FIV grossesses total (%) grossesses hors FIV (%) 0 69,2 69,2 3 64,1 60,9 endométriose 10 5 0 50,0 50,0 cervicale 33 15 0 45,4 45,4 masculine 59 24 tubaire 72 27 40,7 33,9 15 4* 37,5 16,6 mixte 45 13 1 28,9 26,7 total 389 197 23 50,6 44,7 * 2 grossesses obtenues après ICSI (intracytoplasmic sperm injection) de la prolactine sérique dans 37% des cas, bilan hormonal (FSH, LH, estradiol) dans 29% des cas, test de Miller-Kurzrock chez 17% des femmes. Une HSG a été pratiquée chez 233 femmes, soit chez 60% des patientes. Elle était normale chez 82 femmes et 151 patientes (64,8%) présentaient une image pathologique, dont 66 un brassage péritonéal faisant suspecter des adhérences. Dans l’ordre de la fréquence, les images pathologiques observées étaient: suspicion d’adhérences (45,0%), obstruction proximale (16,7%), passage retardé du produit de contraste (15,5%), phimosis ampullaire (11,2%) et hydrosalpinx (7,7%). Chez 15 femmes présentant un hystérogramme pathologique, une hystéroscopie a été pratiquée. Dans 8 cas il y avait une concordance entre l’image HSG et l’hystéroscopie (57%): un polype dans 4 cas, un utérus multimyomateux dans 2 cas, des synéchies avec syndrome d’Ashermann dans un cas, un utérus didelphe chez une patiente. 1324 Une laparoscopie diagnostique, pratiquée chez 201 patientes, était normale dans 83 cas (41,3%). La chromopertubation a été associée dans 190 cas. Le passage du bleu de méthylène était bilatéral chez 150 femmes (79%), unilatéral chez 25 et absent chez 15 femmes. Les lésions découvertes à la laparoscopie étaient: des adhérences péri-tubo-ovariennes (34,4%), une endométriose stades I-II AFS (19,4%), un phimosis ampullaire (10,9%), une obstruction proximale (9,4%), un hydrosalpinx (6,9%) et des ovaires polykystiques (4,5%). Chez 147 femmes, la LSC a été précédée d’une HSG. La perméabilité tubaire uni- ou bilatérale a été diagnostiquée à l’HSG chez 131 femmes et elle a été confirmée lors de la chromopertubation chez 121 (sensibilité HSG de 91,9%, spécificité de 89,1%). A Sierre, l’HSG est moins fiable que la laparoscopie en présence d’une obstruction proximale (35% des diagnostics erronés) ou distale (55% erreurs). Une suspicion d’adhérences à l’HSG, présente chez 82 femmes, a été confirmée lors de la laparo- Schweiz Med Wochenschr 1999;129: Nr 37 Travail original Figure 2 Taux cumulatif de grossesses pendant les premiers 36 mois suivant la prise en charge. scopie dans 43 cas (sensibilité HSG de 72,9%, spécificité de 55,7%). Parmi les patientes ayant une HSG normale, 74% avaient un status normal à la laparoscopie. La fréquence des différentes pathologies mises en évidence chez les patientes ayant eu une HSG suivie de LSC est présentée dans le tableau 1. Parmi les 389 femmes étudiées, 197 ont eu une grossesse (50,6%) et 171 ont accouché (44,0%). A noter que 21 grossesses ont été obtenues par fécondation in vitro (FIV) et deux grâce à l’Intra Cytoplasmic Sperm Injection (ICSI). En excluant ces 23 grossesses obtenues suite à la procréation médicalement assistée au CHUV, 174 grossesses (44,7%) et 152 accouchements (39,1%) ont été obtenues suite à la prise en charge au centre régional. Un total de 18 patientes (9%) ont eu une fausse couche et 10 (5%) ont eu une grossesse extra-utérine. Une grossesse spontanée a été enregistrée chez 68 couples (34,5% des grossesses). Dans 31 cas, la grossesse spontanée est survenue lors d’un cycle du contrôle avec rapports dirigés. Dans l’année qui a suivi l’examen, le passage du produit de contraste sous pression pourrait être à l’origine de 15 grossesses pour l’HSG et de 14 pour la chromopertubation, ces grossesses étant obtenues sans autre traitement. Les données présentées dans le tableau 2 montrent la diminution progressive des taux de grossesses et d’accouchements avec l’âge; la chute est significative (p <0,001) après 40 ans. La stérilité primaire a un pronostic équivalent à celui de la stérilité secondaire, le taux de grossesses était comparable (51% versus 49%). Une stérilité de plus de 3 ans est de mauvais pronostic. Parmi les 165 couples dans cette catégorie, 47 (29%) ont eu une grossesse et 38 (23%) ont eu un enfant. Comparativement, chez 224 couples présentant une stérilité inférieure à 3 ans au premier contrôle, 135 (60%) grossesses suivies de 121 accouchements (54%) ont été enregistrées. Ainsi, la probabilité d’obtenir une grossesse dans le groupe avec une durée de stérilité inférieure à 36 mois est deux fois plus grande: RR = 2,1 (IC 95% = 1,6– 2,8). La différence entre les deux groupes est significative (χ2 = 38,45, p <0,001). Nous n’avons pas enregistré une différence significative entre le nombre de grossesses chez les femmes fumeuses et non-fumeuses.Un spermogramme fortement pathologique (azoospermie, oligozoospermie sévère, oligotératoasthénospermie) est associé à un faible taux de grossesse (28,2%). Le test post-coïtal pathologique est associé à un taux de grossesses significativement inférieur (RR = 0,54, IC 95% = 0,43– 0,69, p <0,001) par rapport aux couples ayant un examen normal. La perméabilité bilatérale à l’HSG est de bon pronostic (58,4% des 178 femmes ont eu une grossesse), en comparaison avec la perméabilité unilatérale (34,9% des 43 femmes) et l’obstruction tubaire bilatérale (8,3% des 12 femmes, soit une grossesse après salpingostomie). L’obstruction bilatérale proximale ou distale, ainsi que le phimosis ampullaire représentent les images de plus mauvais pronostic (taux de grossesses après traitement laparoscopique, de 8,3% et 19%, respectivement). Le meilleur pronostic a été rencontré en cas de suspicion d’adhérences (44 grossesses – 41,9%). Ces résultats n’incluent pas les grossesses FIV. Lors de la LSC, les lésions de mauvais pronostic sont les obstructions proximales (une grossesse après salpingostomie, 3 après FIV) et le phimosis ampullaire (3 grossesses – 13,6%). Le meilleur pronostic a été rencontré chez les femmes présentant une endométriose stade I-II (17 grossesses – 43,6%) et des ovaires polykystiques (4 grossesses – 44,5%). Le passage bilatéral du bleu de méthylène lors de la chromopertubation est de bon pronostic (48% de grossesses sur 150 cas) comparativement au 1325 Travail original Schweiz Med Wochenschr 1999;129: Nr 37 passage unilatéral (20% sur 25 cas) ou à l’absence de passage (6,6% sur 15 cas). La fréquence des différentes étiologies et les résultats selon l’étiologie sont présentés dans le tableau 3. Le meilleur taux de grossesses a été obtenu chez les couples présentant une étiologie indéterminée ou un facteur ovulatoire (69% et 64%, respectivement). La stérilité d’étiologie mixte a le plus mauvais pronostic, car une grossesse a été obtenue dans seulement 29% des cas. La stérilité tubaire et masculine ont également un mauvais pronostic. La distribution des grossesses dans la population étudiée pendant les 3 ans qui ont suivi la prise en charge est présentée dans la figure 2. La moitié des grossesses sont obtenues dans les premiers 7 mois suivant la prise en charge. La probabilité d’obtenir une grossesse après plus de 3 ans de suivi est très faible. Notre évaluation a été faite sur une population non-sélectionnée, ayant des caractéristiques semblables à d’autres populations consultant pour stérilité [3]. L’étude est rétrospective et les résultats caractérisent la population locale, qui représente la grande majorité des couples étudiés. D’autre part, le suivi diagnostique et thérapeutique a été fait par un seul médecin, ce qui assure une homogénéité dans les attitudes et dans l’interprétation des résultats. L’âge de la femme supérieure à 40 ans s’associe à Sierre à un faible taux de grossesses. D’ailleurs, après 35 ans la plupart des études montrent une baisse significative de la fertilité de la femme [6, 7]. La durée de stérilité supérieure à 36 mois est également un facteur de pronostic défavorable dans notre population. Cette observation, déjà soulignée par Moran et al. [5] a comme corollaire une adaptation de la prise en charge des couples stériles dans cette situation avec une information et une démarche personnalisée, vu le facteur temps. Le type de stérilité, primaire ou secondaire, le cycle régulier ou irrégulier et le tabagisme n’influencent pas le pronostic dans notre série. La stérilité d’étiologie masculine a un mauvais pronostic avec un taux de grossesses sans FIV de 33,9%. Ce pourcentage s’inscrit dans la fourchette notée par Jones et Toner [4]. Parmi les examens non-invasifs, uniquement le test post-coïtal pathologique s’associe à un taux de grossesses significativement inférieur. Toutefois, le test post-coïtal est un examen de plus en plus controversé en raison de sa faible reproductibilité et valeur pronostique [11]. Les images de mauvais pronostic lors de l’HSG sont l’obstruction bilatérale proximale ou distale et le phimosis ampullaire. La perméabilité tubaire bilatérale a le meilleur pronostic, avec une grossesse obtenue dans 58,4% des cas. Nos résultats correspondent à d’autres travaux, qui montrent que dans l’ensemble, l’HSG a une faible valeur pronostique, mais en présence d’une pathologie tubaire bilatérale, le pronostic reste très mauvais [12]. A la LSC, un mau- vais pronostic a été rencontré en cas d’obstruction tubaire bilatérale et de phimosis ampullaire. La découverte de lésions d’endométriose stades I-II, des ovaires polykystiques et le passage bilatéral du bleu de méthylène lors de la chromopertubation sont associés à un bon pronostic. Différentes études ont comparé l’HSG à la LSC; la sensibilité de l’HSG pour la perméabilité tubaire varie entre 34% et 100% et la spécificité entre 55% et 99%, le gold standard étant la laparoscopie avec chromopertubation [8]; les valeurs de Sierre sont situées dans cette fourchette. Comme déjà souligné par Swart et al. [8], la LSC n’est pas un gold standard parfait. Dans notre série, sur 131 HSG montrant une perméabilité tubaire, 10 cas présentaient une obstruction tubaire à la chromopertubation. Etant donné ces faux négatifs lors de la chromopertubation, nous avons préféré utiliser le coefficient kappa pour comparer l’accord entre les deux examens pour la perméabilité tubaire. Avec kappa = 0,58 et un IC 95% = 0,42– 0,74, il y a un bon accord entre l’HSG et la LSC [13]. Pour les adhérences péri-tubaires et périovariennes, la sensibilité de l’HSG de 72,9% et la spécificité de 55,7% se situent dans la moyenne par rapport à d’autres études [14,15]. Dans ces cas la LSC offre un diagnostic clair et la possibilité d’un traitement lors de la même séance opératoire. Les performances les plus faibles de l’HSG sont enregistrées en présence d’endométriose. Opsahl et al. [16] ont d’ailleurs montré la faible sensibilité de l’HSG en cas de pathologie péritonéale. A Sierre, les deux investigations ne sont pas alternatives, mais complémentaires. L’HSG est proposée comme premier examen. La LSC est proposée en deuxième instance, selon les indications présentées dans le chapitre Matériel et Méthode. Les étiologies ovulatoire et indéterminée ont le meilleur pronostic, avec une probabilité de grossesse supérieure à 60%. A l’opposé, l’étiologie mixte, par cumul de pathologies, donne à la stérilité le plus mauvais pronostic, avec une Discussion 1326 Schweiz Med Wochenschr 1999;129: Nr 37 Travail original probabilité de grossesse de 29%. Une conclusion similaire a été signalé par Hull et al. [3]. L’obtention de 31 grossesses lors du cycle de contrôle et des 29 grossesses spontanées dans les 12 mois après HSG ou chromopertubation valorise les démarches diagnostiques, qui, en absence de tout traitement, sont à l’origine de 30,5% des grossesses enregistrées. Conclusion Les facteurs associés significativement à un mauvais pronostic dans la population étudiée ont été l’âge de la femme supérieure à 40 ans, la durée de stérilité supérieure à 36 mois et l’étiologie mixte, féminine et masculine. Parmi les examens diagnostiques, le test post-coïtal pathologique, l’obstruction proximale et le phimosis ampullaire lors de l’HSG ou de la LSC s’associent à un faible taux de grossesses. A Sierre, l’HSG est l’examen de base pour documenter la perméabilité tubaire. Pour cette indication, l’HSG a une sensibilité de 91,9% et une spécificité de 89,1%, le gold standard étant la LSC. En cas de pathologie péritonéale ou ovarienne, l’HSG est un mauvais examen diagnostique. Dans l’ensemble, 50,6% des couples stériles ont eu une grossesse et 44,0% ont eu un enfant. La moitié des grossesses sont survenues dans les premiers 7 mois suivant la prise en charge. Les grossesses spontanées représentent 34,5% des grossesses enregistrées. Environ un tiers des grossesses ont été obtenues lors du cycle de contrôle ou après HSG et chromopertubation en absence de tout traitement. Les investigations et les traitements faits en périphérie facilitent la prise en charge dans une unité spécialisée de stérilité, puisque les couples référés ont déjà été investigués et les diverses possibilités thérapeutiques épuisées. Références 1 Campana A, de Agostini A, Bischof P, Tawfik E, Mastrorilli A. Evaluation of infertility. Hum Reprod Update 1995;1: 586-606. 2 Greenhall E, Vessey M. The prevalence of subfertility: a review of the current confusion and a report of two new studies. Fertil Steril 1990;54:978-83. 3 Hull MGR, Glazener CMA, Kelly NJ, Conway DI, Foster PA, et al. Population study of causes, treatment and outcome of infertility. Br Med J 1985;291:1693-7. 4 Jones H, Toner J. The infertile couple. N Engl J Med 1993; 329:1710-5. 5 Moran C, Garcia-Hernandez E, Corranza-Liro S, et al. 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