a»d - RDCL

Transcription

a»d - RDCL
25
1986-2012
Edition
Spéciale
ANS
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SOMMAIRE
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Editorial du président Fouad Zmokhol
Le Liban, pays maudit ou pays béni!
6Le RDCL en pointillés
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Industrie
Mécanisme et grain de sable
17
TIC
Le business virtuel
19
Commerce
Dernier legs des Phéniciens
21
Créativité
L’imagination au pouvoir
24
Tourisme
Tout naturellement
28
Finances
L’argent de l’argent
32
Assurances
Prenons des risques
35
Immobilier
Le fantasme national
37
Services
Retour en grâce
40
Climat d’investissement
40 mesures +
42
Postface, par Nicolas Sbeih
Comme un poisson dans l’eau
.
Agriculture
On récolte ce qu’on a semé
r d c l
9
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Directeur de la publication : Fouad Zmokhol
Rédacteur en chef de cette édition : Nicolas Sbeih
Maquette : Sabine Bahri Abou Sleiman
Adresse : RDCL, avenue de l’indépendance, immeuble Sarraf, Achrafieh, Beyrouth, Liban.
Tel. : (+961-1) 320450 – (+961-3) 289800 ; Fax : (961-1) 320395 ; Email : [email protected]; Site Internet : www.RDCL.org.lb
Edition Spéciale 25 ans
Novembre 2012
Note : Les textes de ce ‘Spécial 25 ans’ ont été préparés par l’équipe de rédaction et les auteurs respectifs, ils ne reflètent pas nécessairement les
opinions du RDCL.
3
Edito
Edito
«LE LIBAN PAYS MAUDIT... OU PAYS BÉNIT?»
Par Fouad Zmokhol, président
Les Etats-Unis, première puissance mondiale, est très souvent impuissante face aux
catastrophes naturelles, notamment les ouragans ou «hurricanes» qui s’abattent
continuellement sur son territoire. Qui d’entre nous n’a jamais assisté aux effets
dévastateurs de ces «monstres» à qui l’on donne de drôles de noms de jolies femmes,
après leur passage tragique laissant toute une population désemparée!
Le Japon, première puissance économique, vit dans la hantise journalière d’un
tremblement de terre qui risque d’engloutir ses îles. Le dernier tsunami a gardé le monde
entier en haleine devant ses vagues démesurées, détruisant tout sur son passage et
menaçant d’un incident nucléaire sans précédent qui aurait pu avoir des effets tragiques
sur le monde entier!
Dr Fouad Zmokhol Président
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Le Liban, minime «point» sur la carte mondiale, a la chance -Dieu merci- d’être loin des
risques de catastrophes naturelles! Toutefois, notre cher pays se retrouve par malheur, coincé et tenaillé entre ses deux
puissants voisins, qui ont pour objectif commun de le maintenir instable, insécurisé, étouffé et continuellement menacé,
craignant sans doute de le laisser s’envoler bien loin ou bien haut, avec la hantise de le voir les dépasser du fait de sa
résilience, sa solidité, son dynamisme et sa volonté divine de continuellement renaître de ses cendres!
Un des multiples atouts de notre cher Liban demeure son secteur privé qui a réussi à survivre et qui continue à croître sans
limite en s’exportant vers le monde entier, parvenant à maintenir notre économie sur pied.
.
Nous sommes fiers de nos entreprises, tous secteurs confondus: bancaire, commercial, industriel, éducatif, médical, de
services… qui continuent d’avancer à une vitesse vertigineuse suivant les normes et règles internationales.
r d c l
Le Liban a longtemps été connu comme l’université du Moyen-Orient, le centre hospitalier de la région, le point de rencontre
de la création, de la mode, du goût raffiné, de la restauration et de l’entreprenariat.
Nous avançons certes… mais maintenons un ressort attaché à notre dos qui réduit notre vitesse et peut rapidement nous
reculer si nous nous arrêtons de persévérer. Ces contre-forces négatives nous viennent désormais des divisions politiques
internes, plus précisément de nos politiciens qui suivent des objectifs égocentriques et électoraux, absolument différents
des nôtres.
Nous entendons dans les diverses sphères qui nous entourent que les phares sont actuellement braqués sur les élections,
devenues de nos jours la priorité nationale absolue! Cela veut-il dire que notre lutte économique est relayée au second plan?
Que les réformes structurelles sont mises en veilleuse? Que la reconstruction de nos infrastructures est rangée dans les
tiroirs? Le pire est que nous avons, tous, les réponses à ces questions cruciales.
L’auto flagellation s’est toujours avérée inutile, l’auto destruction, «hobby» national, n’a jamais rapporté gros et le pessimisme
ambiant a constamment freiné les ambitions!
Notre ultime objectif devrait être la survie et la persévérance! Les crises peuvent souvent cacher des opportunités inédites.
Demandons à nos dirigeants de se baser sur de petits objectifs atteignables à court terme, pouvant donner un peu de souffle
et d’oxygène à notre économie. Préparons-nous à reconstruire des accords économiques constructifs avec les nouveaux
dirigeants du printemps arabe pour essayer de rétablir des relations commerciales privilégiées avec ces pays. Accueillons les
chefs d’entreprises syriens fuyant les conflits et offrons-leur des possibilités d’investissements attractifs. Unissons-nous atour
d’un plan économique de redressement, qui n’aurait ni couleur, ni religion, ni parti pris, ni «numéro», capable de protéger
notre secteur privé -pilier essentiel de notre économie- d’attirer des investissements de la région et de survivre pendant ce
cycle ombragé de récession mondiale!
Malgré les malédictions qui s’abattent sur nous, sur le Liban, nous ne baisserons pas les bras… nous continuerons notre lutte
dans ce merveilleux pays béni, quel que soient les sacrifices et les conséquences: tel est notre message et notre volonté!
4
Le RDCL en pointillés
r d c l
.
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Depuis 25 ans que ça dure, beaucoup de choses ont été dites à propos du
RDCL. Généralement en bien, cela va sans dire mais va encore mieux en le
disant. Tout n’a pas été toujours rose rose quand même. Les dirigeants et
membres du RDCL ont vu grand, à certains moments, ont présenté ‘livre blanc’
sur ‘livre blanc’, projets de loi sur projets de réformes, communiqués sur coups
de gueule, sur pratiquement toutes les questions économiques et sociales.
Même si parfois, souvent, ils n’ont pas été entendus par les décideurs, trop
occupés par ailleurs. Alors au lieu de récapituler toutes ces activités sur 25 ans,
mission accomplie dans les anciens numéros anniversaires de cette newsletter
et représentant ‘le corps du sujet’, nous avons préféré donner l’esprit, ‘l’âme du
sujet’, à travers cette suite de petites et grandes paroles, lâchées à différentes
occasions.
La direction de la chose publique est une
mission trop sérieuse pour n’être confiée qu’aux
politiciens.
Amine Gemayel
Les chefs d’entreprise ne sont plus disposés à
rester les otages des intérêts opportunistes d’une
classe politique aux allégeances versatiles.
Communiqué du RDCL
Les efforts du RDCL ont été incontestablement
couronnés de succès.
Fouad Siniora
Un vivier de gens de valeur, de culture,
‘d’achievements’.
Nicolas Nahhas
Le RDCL se doit d’être de par sa vocation une
pépinière d’idées contradictoires.
Roy Badaro
A l’actif du RDCL sa lutte de tous les instants en
faveur de l’Etat de droit.
Bernard Emié
Le RDCL s’attelle à consolider le bien-être
social et créer une nouvelle dimension du
développement.
Roger Nasnas
Le RDCL a su être un porte-parole convaincant
et méthodique.
Riad Salamé
L’existence d’organismes similaires répond à un
besoin réel.
Joseph Torbey
Le RDCL a réussi à devenir un interlocuteur
incontournable
pour
les
commissions
parlementaires.
Nabil de Freige
6
« Nous invitons nos dirigeants à bâtir des
objectifs réalisables à court et moyen terme car
c’est à travers de « petites » réussites et de succès
récurrents que nous pourrons bâtir de grands
exploits à long terme »
Fouad Zmokhol
A l’heure où les valeurs sont bafouées, nous
n’avons pas le droit de désespérer de nos
institutions et encore moins de nous-mêmes.
Armand Pharès
Le RDCL ‘existe’ partout et sa voix porte, une
voix sage et modérée.
Zafer Chaoui
Le RDCL c’était tout à la fois une utopie et une
nécessité.
Reine Codsi
C’est sa vocation : être le lieu où les idées
innovatrices sont susceptibles d’être entendues
et débattues.
Nicolas Debahy
Trop souvent nous tirons la sonnette d’alarme
mais les dirigeants sont plus occupés à régler
leurs querelles personnelles.
Toufic Gargour
Le renouveau du pouvoir doit s’accompagner
d’un renouveau économique.
Communiqué du RDCL
Nous déplorons les occasions perdues pour
l’économie du fait des tiraillements politiques.
Communiqué du RDCL
Il est unique dans la persistance de son sérieux
et le professionnalisme de son approche.
Roger Dib
Le RDCL a été bien moins que les autres instances
économiques ‘domestiqué’ par les politiciens.
Raphaël Debbané
Il est impératif d’instaurer au Liban cette culture
de travail sérieux.
Yves Geahchan
Des personnes motivées, avec une vision
concrète, prenant des initiatives et multipliant
les brainstormings.
Samir Nasr
Le RDCL est le plus crédible des instances
économiques en tant que Think Tank.
Jacques Saadé
Le salut du Liban requiert des gens du pouvoir
qu’ils honorent leurs promesses.
Communiqué du RDCL
Le RDCL est un rassemblement mais aussi un
centre de ‘brainpower’.
Nadim Assi
Il n’existe pas d’économie saine sous une
politique tordue.
Camille Ménassa
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Nous dénonçons l’opacité des comptes du
CNSS et la mainmise des fonctionnaires sur
l’administration.
Communiqué du RDCL
Le RDCL a initié une mouvance capable
d’apporter des solutions et d’agir pour les faire
aboutir.
Fady Amatoury
.
Le RDCL s’est activé pour corriger le dérapage du
secteur public.
Ahmad Hage
r d c l
L’esprit RDCLien se nourrit d’un engagement
sans cesse renouvelé.
Fady Gemayel
Sans le RDCL, notre économie n’aurait pas
résisté aux coups de butoir portés par ceux qui
jalousent notre gestion des affaires.
Jean-Claude Boulos
Il y a tellement à changer dans le pays qu’il est
difficile de mesurer la portée de son action.
Wassef Ezzedine
Taper sur la table et hausser le ton lorsque la
situation l’exige.
René Khlat
Le RDCL s’est constamment manifesté
témoignant d’une pugnacité sans faille.
Elie Assaf
Le RDCL assure un cadre unique pour présenter
des recommandations aux décideurs politiques.
Fadi Saab
Il est la conscience de l’économie libérale de ce
pays.
Fouad Rahmé
7
Agriculture
On récolte ce qu’on a semé
On n’a pas « semé » beaucoup de
plans agricoles au cours de l’histoire
économique libanaise. Ce qui fait que
ceux qui ont réussi dans ce domaine
ont vraiment veillé au grain.
De
manière
générale, nous ne
croyons pas en
l’utilité économique des subventions,
qui contribuent à soutenir des secteurs
de l’économie qui ne seraient pas viables
autrement. Ces subventions créent
généralement des distorsions et des
gaspillages sans produire des bénéfices
à long terme. C’est le cas notamment
des subventions sur le blé, la betterave
et le tabac. En effet, ces trois cultures ne
seraient pas viables sans subventions.
Au lieu de générer des bénéfices
durables, celles-ci ont été détournées de
leur objectif socio-économique initial
en raison de la politisation dont elles ont
fait l’objet.
En revanche, le renforcement des
subventions pour le financement
du secteur agricole serait bienvenu.
Actuellement, Kafalat est en charge de
ce programme. Cependant, une faible
portion est allouée à l’agriculture, le
reste allant à l’industrie.
Par ailleurs, nous croyons que le
programme “Export Plus” a été
bénéfique.
En
subventionnant
l’exportation des produits agricoles,
ce programme avait pour vocation
de relever leur niveau de qualité. En
effet, la subvention n’est versée que si
le produit est exporté. Or pour l’être,
il faudrait qu’il réponde à des normes
de qualité bien définies. Les avantages
de ce programme sont donc durables
car même si celui-ci est interrompu,
les investissements en qualité ayant
déjà été engagés, le produit continuera
de répondre aux normes de qualité
requises pour l’export.
.
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le
nationale. Et ceux qui le soutiennent
ne manquent pas d’arguments pour
le prouver : près de 5-6% du PIB, à
peine 1% des crédits bancaires, etc.
Réponse
de
Georges Obegi
Obegi
Consumer
Products, PDG ;
membre du RDCL
depuis 1996
r d c l
O
n a toujours dit que
l’agriculture est le parent
pauvre du secteur privé,
maillon faible de l’économie
A-t-on intérêt à poursuivre une
politique de subvention, comme
c’est le cas aujourd’hui avec le
blé et le tabac ?
9
Du coup, on importe les trois quarts
de nos besoins alimentaires. Le pire
est que la situation était meilleure il
y a 40 ans, ou même 15 ans. L’histoire
économique indique même que le
Liban des années 60 était l’un des 10
premiers exportateurs de pomme au
monde.
Les raisons de ce déclin sont
connues : coûts élevés, normes peu
conformes aux marchés d’exportation,
exploitations trop petites, savoirfaire technique peu développé, des
produits et des variétés qui ont une
valeur marchande limitée, concurrence
déloyale de producteurs, dans d’autres
pays, subventionnés par leur État.
Le mont des oliviers
r d c l
.
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Le cas particulier des olives est
intéressant à relever, car les oliviers
occupent quelque 57 000 hectares (soit
20 % des terres cultivées), ce qui en fait
l’espèce d’arbre le plus répandu au
Liban. Cependant, la gestion de cette
richesse souffre d’un déficit technique,
ce qui fait qu’on a une bonne saison
sur deux, au mieux, et qu’on a du mal
en tout cas à écouler le stock d’huile,
pourtant de très bonne qualité, alors
que la tendance mondiale privilégie
actuellement sa consommation.
Bref, il y a de quoi démoraliser les
plus récalcitrants des ruraux, sauf
que certains irréductibles y ont cru,
et ne se sont pas laissé entraîner par
la mouvance générale qui dit que
seuls les services, surtout touristiques,
allaient survivre. Une façon de dire
que tout le monde n’a pas vocation
à devenir gratte-papier dans une
administration, ou voiturier au Skybar.
Les bons grains
Le résultat est que 200 000 personnes
actives en vivent encore, du moins
partiellement, en complément à
d’autres activités. Et certaines - pas
beaucoup il est vrai - en tirent un profit
acceptable. Le Groupe Debbané en
représente un des exemples les plus
aboutis, avec son savoir-faire qui a
dépassé les frontières. Comment se
10
sont-ils débrouillés pour ce faire ?
En voilà quelques pistes, utilisées
séparément ou cumulativement par
des exploitants agricoles, avec un
certain succès… mais aussi - car il y a
toujours un mais - avec les hics qui en
limitent parfois la portée.
•D’abord, il y a ceux qui ont déjà de
larges exploitations ou des cultures
sous serre, et qui ont un savoir-faire
technique accumulé qui leur permet
de bien rentabiliser leur bien. Mais
l’irrégularité des saisons complique
leur tâche. Surtout que l’assurance
agricole, prévue dans le code des
assurances, n’existe pratiquement
L’innommable
Comment peut-on couvrir ce sujet rural sans évoquer la drogue, une calamité qui
rapportait des centaines de millions de dollars aux Hermeliotes, et aux dealers, dans
les années de gloire pendant la guerre ? Depuis, le folklore de l’éradication annuelle
se pratique avec plus ou moins de bonheur, selon le climat politique. Sans qu’il n’y
ait cependant une vraie politique d’aide à des cultures de substitution. Une telle
politique a été initiée par la Banque mondiale à un moment donné à la fin des années
90, mais le bureau installé à cet effet à Baalbeck a dû plier discrètement bagage peu
de temps après. Certains milieux onusiens ont parlé alors d’un désintérêt officiel et
de détournement de fonds.
Pourquoi nos bons fruits ne sont pas suffisamment commercialisés en
Europe ?
Réponse de Raphaël Debbané
Debbané frères, PDG ; membre du RDCL depuis 1987
Plusieurs raisons se conjuguent pour, malheureusement,
arriver à ce constat ; je vais en citer les plus déterminants :
1. Une très faible politique marketing pour introduire
nos fruits et légumes sur les marchés européens ;
2. Une absence de campagnes de promotion pour faire
connaître nos fruits et primeurs sur ces marchés ;
3. Des variétés libanaises pas toujours adaptées à la
demande du consommateur européen ;
4. Des quantités insuffisantes : quand nous réussissons
à ouvrir un volet sur les marchés européens, nos
quantités ne suffiront pas à la demande tout au long
de l’année ;
5. Des règlementations européennes très strictes quant à la qualité des emballages ;
en plus, le taux de résidus des pesticides rendent l’acceptation de nos fruits et
primeurs très difficile ;
6. Une incapacité à percer auprès des centrales d’achat dans les marchés de gros et
des grands supermarchés ;
7. Une concurrence bien structurée dans la plupart des pays méditerranéens
intéressés par les marchés européens ;
8. Face à des cartels forts et organisés sur les marchés européens des fruits et
primeurs, nous avons une très faible logistique de transport ;
9. Enfin, très peu de soutien de la part des ambassades libanaises dans les diverses
capitales européennes.
Richesse animalière
L’élevage a toujours été considéré comme le complément de ressources indispensable
aux communautés agricoles. Des poulaillers par-ci, quelques vaches par-là, parfois des
moutons… et beaucoup de chèvres, les seules à se suffire des arbustes sauvages dans
nos montagnes relativement arides. Près de 850 000 têtes de bétail en tout, dont la
moitié est constitué de caprins (chèvres).
Mais tout ceci ressemble fort à de l’artisanat. A l’exception de quelques dizaines de
grandes fermes vraiment professionnelles, comme Liban Lait et les multiples fermes
de Taanayel et environs, entre autres, qui ont littéralement créé une industrie du lait.
Quant à la viande, on en est encore à importer 90% de nos besoins.
Il en va autrement pour les volailles : là, les noms connus de Hawa, Shuman et autres
Tanmia, ont professionnalisé le secteur avec ses 70 millions de poulets et 700 millions
d’œufs annuels ; de quoi satisfaire les besoins locaux et exporter une partie de la
production. Il faut dire que ces producteurs ont bénéficié aussi d’une politique de
protection étatique relative, mais efficace.
Pour les poissons, en revanche, on en est encore à perpétuer des moyens de pêche
rudimentaires. Et l’on est surpris que personne n’ait eu l’idée d’investir dans ce trésor
que représente un littoral de 220 km de long. Pas de vrais bateaux, pas de viviers
ou presque, rien qui puisse ressembler à une production professionnelle, de quoi
maintenir des prix hors de la portée de la majorité, alors que les imports couvrent plus
de la moitié des besoins. Il faut cependant dire que les quelques expériences passées
visant une production industrielle ont provoqué, comme il se doit, des réactions
politico-démagogiques qui ont fait avorté l’affaire.
Certains, dans des zones rurales encore fleuries, ont eu l’idée de faire de l’apiculture
un complément de revenu appréciable. Et ça a marché, du moins pour les plus sérieux
d’entre eux. Le miel libanais est bien apprécié, même si, au niveau des prix, il n’arrive
pas encore à concurrencer le miel grec, ni sur le marché local, ni à l’export.
r d c l
.
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pas, et le Haut Comité de secours
agit épisodiquement selon l’argent
disponible et le climat politique.
•Il y a ceux qui ont choisi des filières
à haute valeur ajoutée. Citons
dans ce cadre quelques fruits ou
produits exotiques comme l’avocat,
les champignons, les fleurs, les
fruits rouges. Ceci a effectivement
bien fonctionné, sauf que l’effet
mimétisme a fait que, parfois, il y a eu
trop de production en même temps,
donc les prix dégringolent, à part
une concurrence des pays voisins sur
le même créneau.
•Le programme Export Plus d’IDAL a
permis à certains d’exporter, et donc
de profiter davantage. Ce service
étatique couvre une partie des coûts
de transport pour l’exportation
et, surtout, contrôle la qualité des
marchandises exportées. Mais ceci
n’a pas permis d’ouvrir de nouveaux
marchés au-delà de nos fidèles clients
du Golfe. D’ailleurs, l’Export Plus a
cédé la place à un autre programme,
Agri Plus, dont on attend encore les
détails d’application.
•Certains ont profité d’un plan
étatique plus complet, un soutien
pour une culture spécifique.
L’exemple le plus édifiant est
celui du tabac, qui dure depuis
des décennies. Il en va de même
pour le blé, avec des interruptions
épisodiques. Et puis, la culture de
la betterave sucrière avec pour
complément une production de
sucre dans une seule usine dans
la Bekaa, avant que ce programme
ne soit arrêté en 2002. Tout ceci
sans rentabilité pérenne pour
l’économie, mais juste des profits
sociaux et politiques localisés.
•Pour les crédits, les taux bonifiés
de la Banque du Liban, conjugués
à la garantie de Kafalat, ont donné
des bouffées d’oxygène à certains
exploitants.
•Les
aides
internationales,
notamment européennes, ont
permis à quelques fermiers
d’améliorer leur productivité en
vue d’exporter un peu plus.
•Certains ont trouvé dans les
variétés dédiées à l’industrie
agro-alimentaire de quoi s’assurer
des débouchés sûrs, comme les
vignobles destinés à la production
du vin, de plus en plus prisé au
Liban comme à l’étranger.
Sécurité alimentaire
Bref, l’agriculture n’est pas
condamnée, loin de là. Et il ne faut
pas qu’elle le soit. Car, au-delà de
l’aspect purement économique,
il y a une dimension sociale
à prendre en considération.
L’objectif étant de garder une
population agricole bien ancrée
dans les régions rurales pour ne
pas engranger encore plus des
périphéries urbaines surpeuplées.
L’exemple européen nous fournit
des leçons à cet égard. Certains
évoqueront enfin la nécessaire
« sécurité alimentaire », même si
ce concept semble parfois désuet
à l’heure de la mondialisation
des échanges. Quoique… avec
la récente crise de blé et le
protectionnisme qui s’en est
suivi, cette position pourrait être
sujette à controverses.
11
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.ô«N ∞dÉCH á∏«©dGh PRESEPT
Industrie
Mécanisme et grain de sable
L’industrie libanaise a ceci de
particulier qu’elle grouille de
fausses idées. Chacun se prend
pour un spécialiste et est prêt à
discutailler avec les industriels
sur leur propre terrain.
Q
Réponse de Zafer Chaoui
Château Ksara, PDG ; membre du RDCL depuis
1987
Il est certain que le vin Libanais a connu un
développement considérable durant les
vingt dernières années et fait l’objet non
seulement de la fierté des producteurs, mais
aussi de toute la population libanaise.
Une ancienne histoire d’amour existe entre le
Liban et le vin et est illustrée par le temple
romain de Bacchus qui fait la gloire de Baalbeck.
Après un profond sommeil, cet amour a rejailli au 19ème siècle avec l’affaiblissement
de l’Empire Ottoman, le développement des relations avec l’Occident et l’installation
des Pères Jésuites au Liban. En commençant à produire du Vin à Ksara en 1857, ces
pionniers n’ont certainement pas imaginé à l’époque l’ampleur du développement
qu’a eue cette activité.
Si dans les années 70, il y avait moins que cinq producteurs et une production annuelle
de 2 millions de cols, c’est surtout après la fin de la guerre en 1990 que la production
de vin s’est développée, comptant aujourd’hui une trentaine de producteurs et une
production annuelle de 8 millions de cols environ.
Un climat idéal, un sol porteur, des plants de vignes de première qualité importés
d’Europe, et surtout une concurrence saine et constructive, ont fait de cette activité
un fleuron de l’économie libanaise qui contribue à une bonne qualité de vie et qui
surtout améliore les conditions de vie des agriculteurs.
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Peut-on parler déjà de « success story » du vin libanais sur le marché
mondial ?
Depuis, évidemment, plein de guerres
et de crises sont passées sous les
ponts, divisant ces chiffres par 2 ;
mais les plus inflexibles ont gardé la
machine en marche. Heureusement,
car ceci a permis au moins d’exporter
pour quelque 4 milliards de dollars par
an et de limiter quelque peu l’abîme
du déficit commercial.
.
C’est que l’industrie
est
d’abord
une
histoire de savoir-faire,
et de créativité. Nos
industriels chevronnés
l’ont compris depuis
les années 70, à une
époque où notre
industrie occupait 20% de la main
d’œuvre et autant du PIB.
r d c l
ui n’a pas entendu dire que le
Liban n’a pas vocation à être
industriel car il n’a ni pétrole
ni matières premières ? Une évidence
telle, que tout le monde se croit obligé
de la répéter. Sauf que le Japon,
deuxième puissance industrielle
mondiale, ne jouit, non plus, ni de l’un
ni de l’autre. Et il a un niveau de coût
de main d’œuvre des plus élevés.
Métiers en action
Aux oscars des meilleures industries,
on trouve des ‘nominés’ à tous les
étages et dans toutes les spécialités.
Faisons un vol plané :
•L’industrie agro-alimentaire est la
championne toutes catégories,
avec ses conserves et ses produits
‘ethniques’ (Obegi, Cortas…), ses
vins (Ksara, Kefraya…), ses douceurs
et aliments variés (Gandour…), etc.
Mais tout ceci, surtout concernant
les produits ethniques, n’a pas été
encore exploité à son plein potentiel,
faute d’un marketing plus agressif.
•L’industrie chimique est celle qui
est la moins soupçonnée. Elle va
des détergents aux cosmétiques,
en passant par les peintures.
Malia Group (Sarraf ) y a bâti son
empire depuis la fameuse Wella, en
13
r d c l
.
1 9 8 6 - 2 0 1 2
collaboration avec les Allemands. Il
faut dire que dans ce domaine, les
joint-ventures sont assez répandues,
fait rare dans le monde industriel
libanais.
Malheureusement,
l’industrie pharmaceutique peine
encore à trouver sa place dans ce
schéma, contrairement à la Jordanie
par exemple, faute d’implication
étrangère d’un côté, et du petit
marché du générique de l’autre.
•L’industrie de la joaillerie par contre
tient la palme d’or de l’export : 400500 millions de dollars par an, surtout
en Suisse ! Ce sont les chiffres officiels,
qui manquent terriblement de
précision (demandez à l’ambassade
suisse). En réalité, il s’agit la plupart
du temps de produits bruts envoyés
en Suisse, alors que les vrais clients
sont plutôt des Arabes du Golfe.
Mouawad, entre autres, y a construit
un empire.
•Le meuble, par contre, avait son
moment de gloire, à une époque où
les ébénistes libanais meublaient
les palais des Emirs dans le Golfe.
Entre-temps,
des
industries
similaires se sont construites dans
ces pays, et les Européens s’y sont
implantés. Sur le marché local, un
quasi dumping chinois, thaïlandais
et autre malaisien a rendu la vie
difficile à nos industriels. Qui se sont
défendus, relativement, en misant
sur la créativité et la qualité. Les
grands noms, comme Sleep Comfort
et les ébénistes de Tripoli, entre
autres, gèrent toujours des affaires
florissantes.
•La situation est quelque peu
semblable concernant les habits,
dont la production s’est amenuisée
avec le temps. Même les
célèbres
Devrait-on donner la priorité aux entreprises industrielles locales
dans les appels d’offres publics ?
Réponse de Fady Gemayel
Gemayel Frères, PDG ; membre du RDCL depuis
1989
Tout d’abord, je rappelle que l’industrie
libanaise a acquis, grâce à la résilience
des industriels et à leur recherche de
l’excellence, une notoriété et un rôle
prépondérant dans l’économie nationale.
En effet, plusieurs entreprises exportent
des produits sophistiqués vers les marchés
internationaux les plus exigeants. Nos réalisations sont confirmées dans les secteurs
des transformateurs et tableaux électriques, des produits pharmaceutiques, dans la
joaillerie, l’orfèvrerie, les véhicules spécialisés, l’habillement, les produits d’emballage,
l’industrie papetière, les produits alimentaires, la mécanique spécialisée, les tuiles, les
vins…
Par conséquent, je réponds : oui pour donner la priorité aux entreprises industrielles
locales dans les appels d’offres publiques, certainement en ce qui concerne les prix,
surtout que l’industrie libanaise souffre d’iniquité au niveau des coûts et subit de
surcroît des pratiques de dumping. L’appel d’offres devrait toutefois exiger des normes
de qualité et des standards internationaux, sachant que déjà la majeure partie de notre
production industrielle est conforme aux normes européennes et internationales.
A quoi sert l’ISO ?
Réponse de Nassib Nasr
Apave Liban, DG ; membre du RDCL depuis 2009
« L’approche processus » désigne l’application d’un système de
processus au sein d’un organisme, en vue d’obtenir le résultat
souhaité.
Lorsqu’elle est utilisée dans un système de management de la
qualité, cette approche permet :
a) de comprendre et de remplir les exigences;
b) de considérer les processus en termes de valeur ajoutée;
c) de mesurer la performance et l’efficacité des processus;
d) d’améliorer en permanence les processus.
Mais attention de tomber dans le piège, de penser que la norme ISO 9000 vise
l’uniformité des systèmes de management de la qualité. Tout au contraire, la norme
ISO 9000 est un outil : s’il est bien utilisé et adapté à l’activité de chaque entreprise,
il permet de gérer une entité et de lui fixer les objectifs pour aller toujours plus loin.
Il y a environ 200-250 sociétés qui ont obtenu l’ISO au Liban, c’est peu malgré que cette
certification est un facteur de crédibilité pour la société, surtout à l’export. C’est même
parfois obligatoire lorsque la société traite avec un partenaire étranger exigeant.
tanneries locales se sont raréfiées.
Coincés entre le bas de gamme
asiatique, le moyen et haut de
gamme européen, et, récemment,
la déferlante turque, nos ateliers de
confection ont du mal à survivre.
Sauf évidemment la prestigieuse
haute couture imposée par une
génération de la carrure d’Elie Saab,
ainsi que des Rectangle Jaune qui
14
1 9 8 6 - 2 0 1 2
Après ce survol (trop) rapide, on est
en droit de se poser 2 questions :
D’abord pourquoi n’a-t-on pas assisté
.
L’intelligence des autres
à des fusions industrielles comme
c’est le cas dans d’autres pays ? Ici,
les réponses divergent, mais on en
retient un dénominateur commun : le
caractère trop familial des entreprises,
qui ne laisse pas de place aux
actionnaires extérieurs.
Deuxième question : pourquoi les
industriels et investisseurs étrangers
n’ont pas été intéressés par les
fleurons de notre industrie ? Même
réponse, avec en plus, une analyse
d’un professionnel du secteur :
« Pour qu’une joint-venture soit
r d c l
ont misé sur une qualité abordable.
•Pour l’industrie du papier, nous
avons la chance d’avoir de grands
professionnels, comme Indevco et
Gemayel, qui ont lourdement investi
pour offrir une production de masse
à des prix compétitifs. C’était un pari,
qui s’est avéré gagnant en fin de
compte.
•Côté électrique, nos coupures de
courant, qui durent depuis 30 ans,
auront servi à quelque chose en
fin de compte. Des assembleurs de
générateurs, comme Jbeily, Sakr,
Ghaddar… ont acquis un savoir-faire
tel, qu’ils exportent leurs machines
en centaines vers des pays,
comme l’Irak, qui ont un problème
d’approvisionnement. Matelec est
même allée plus loin en installant
des stations complètes en Afrique et
ailleurs.
•Les cimentiers de leur côté ont investi
des centaines de millions de dollars
pour moderniser et élargir leurs
facilités industrielles, en comptant
sur un plan de construction privé
et public ambitieux après la guerre.
Mais Holcim, Cimenterie nationale
et Sibline ont passé également un
accord avec l’Etat pour interdire
toute importation, en échange d’un
prix fixe et contrôlé sur le marché
local. Un accord toujours en vigueur.
réussie, il faut que les parties y trouvent
leur intérêt (situation gagnantgagnant) ; or, malheureusement, le
Liban apporte peu d’avantages aux
industries étrangères : petit marché,
manque de matières premières, coût
de l’énergie exorbitant, main d’œuvre
chère et non spécialisée, situation
politique et sécuritaire dangereuse. En
fait, le principe de franchises semble
plus adapté au Liban ; ce principe est
plus avantageux pour les industries
étrangères, car elles ne prennent
aucun risque et peuvent percevoir
des droits très importants… qui
augmentent le coût de production et
donc diminuent la compétitivité. Pour
encourager les joint-ventures, il suffit
de créer un environnement propice à
une industrie compétitive et les jointventures se feront d’elles-mêmes. »
Une analyse à laquelle on peut ajouter
une de ces phrases inspirées, de
l’ancien ambassadeur européen au
Liban, Patrick Renauld, qui répond
ainsi à ceux qui prônent un recours
effréné aux industriels étrangers : « Il
est toujours plus facile d’acheter
l’intelligence des autres ! »
La loi anti-dumping promulguée en 2008, est-elle bien appliquée ?
Réponse de Marco Ayoub
Ayoub Industries et Commerce, Partenaire-Gérant ; membre du
RDCL depuis 1986
Cette loi a été conçue dans le cadre des résolutions de l’OMC
pour protéger des secteurs spécifiques majeurs des effets de la
libéralisation globale des échanges. Plus précisément, un pays
ayant un secteur majeur lésé de son industrie trouve ainsi un
recours légal pour faire valoir ses droits. Or, il est apparu que :
• La documentation requise est massive et coûteuse ;
• La procédure est longue ;
• Elle requiert la collaboration et le suivi des autorités concernées de l’Etat ;
• Elle requiert un certain poids, une influence et une force de négociation de
l’industrie concernée, et de l’Etat plaignant, par rapport au produit mis en examen.
Ces éléments ont rendu l’application très difficile à être envisagée par un
industriel. Cette disposition n’a pas été conçue pour un industriel ou un secteur
de petite envergure se trouvant lésé et devant de protéger. Nous ne sommes pas
dans le cas des industries américaines du pneu ou de l’acier qui ont eu recours à
cette mesure, appuyées par leur Etat.
Je peux me tromper, mais je ne suis pas au courant d’une requête ayant abouti.
Cette mesure, dans sa forme actuelle, n’a donc pas été faite à la mesure du Liban
et par conséquent n’est pas applicable.
15
TIC
Le business virtuel
On a beau répéter que c’est l’industrie de
l’avenir, que c’est un atout qu’on ne peut
avoir le luxe de négliger. Rien n’y fait.
P
Sous quelles conditions le Liban peut-il devenir un centre de soustraitance informatique ?
Réponse de Nehmé Lebbos
Nel Interactif, PDG ; membre du RDCL depuis 2010
Il est d’abord nécessaire que le Liban mette en place une
infrastructure technologique fiable pour tout ce qui concerne
le réseau Internet, avec des tarifs abordables. C’est la condition
sine qua non pour parvenir à une communication fluide entre
les entreprises du Liban et d’Occident, et permettre ainsi
l’échange de données entre les sociétés.
Cela passe par une législation en ce sens : l’Etat doit pouvoir
discuter avec une instance représentant les entreprises, prendre en considération
leurs besoins et légiférer en conséquence. Cette instance serait également chargée
d’exercer un certain lobbying auprès des entreprises internationales pour mettre en
valeur les compétences des entreprises libanaises.
Il faut aussi créer de véritables pôles de développement technologique, sur des
territoires favorisant l’accueil de ces entreprises: par la même occasion, cela favoriserait
la création d’emplois et valoriserait ces régions.
Mais certains ne considèrent pas
l’érection d’une telle cité prioritaire. Car,
à quoi bon avoir une telle installation si
l’offre Internet, par exemple, n’a jamais
été suffisante, ni en quantité, ni en
qualité, ni en termes de prix ? Un fiasco
qui n’a pas empêché les professionnels
de créer des sociétés performantes qui
se sont illustrées surtout à l’étranger, et
2 millions de Libanais de se brancher.
Ce qui est vrai pour l’Internet, l’est
évidemment aussi pour les différentes
1 9 8 6 - 2 0 1 2
Course contre les Mbps
.
par le secteur privé.
A la place, des incubateurs, dont
l’exemple le plus réussi est Berytech,
ont vu le jour pour donner au pays une
allure technologique et assister ceux,
nombreux, qui ont des projets créatifs
de start-up. Une façon aussi de garder
ces concepteurs dans le pays au lieu de
les laisser chercher des structures plus
accueillantes ailleurs.
r d c l
eut-être plus que dans d’autres
secteurs, en voilà un qui
rassemble d’un côté des acteurs
privés hautement qualifiés, et des
acteurs publics qui pataugent depuis
des années dans l’inertie. Résultat, on
accuse des retards par rapport aux plus
médiocres des pays du Tiers-Monde.
Pourtant, c’est un des secteurs fétiches
du pays. Tout y est : de bonnes
universités, des informaticiens libanomondiaux qui ont excellé à l’étranger,
une ouverture linguistique idéale, etc.
Et le résultat se voit surtout au niveau
du software, même sans protection
suffisante, et des services appliqués.
Non seulement au Liban, mais aussi
à l’export, dans la région arabe, en
Asie centrale et même aux Etats-Unis.
On en cite bien sûr ITG/Holcom, un
conglomérat de sociétés spécialisées ;
puis CIS, porte-drapeau de HP au
Liban, en Afrique et ailleurs, entre
autres activités.
Certaines sociétés ont pu également
établir des unités offshore qui
travaillent comme sous-traitants
aux grandes sociétés informatiques
françaises ou européennes. Mais le
Liban est encore un petit joueur sur
ce marché de sous-traitance dominé
par l’Inde au niveau international,
ou le Maroc au niveau régional. Dans
le même ordre d’idées, un projet
d’installer un genre de technopole,
à l’image de Sophia Antipolis en
France, a longtemps été envisagé
avant de connaître un semblant de
concrétisation, sur le papier, lorsque
l’organisme chargé du dossier, IDAL,
a choisi un terrain propice à Damour.
Cependant, une contestation locale,
au niveau de la municipalité, a gelé le
projet, qui devait être réalisé largement
branches des télécommunications
fixes
et
mobiles.
C’est
que,
contrairement à pratiquement tous les
autres pays du monde, l’Etat s’accroche
à ces domaines, alors que le secteur
privé est certainement plus apte à les
diriger… et alors qu’il y a une loi (de
2002) en faveur de la privatisation.
Exemple, on a observé dans le domaine
des télécoms mobiles un phénomène
déroutant : on a assisté au cours des
dernières années à la destruction
volontaire de deux sociétés hautement
performantes, Cellis et Libancell.
Toutes les deux étaient mixtes libanoeuropéennes, mais la partie libanaise
n’était pas là à titre de figuration, loin
de là. La preuve, les deux partenaires
libanais ont excellé depuis à l’étranger :
les groupes Mikati (partenaire Cellis),
et Dalloul (partenaire Libancell), ont
amassé des fortunes en construisant
des réseaux télécoms dans d’autres
contrées plus clémentes.
17
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Dernier legs des Phéniciens
Ces pauvres Phéniciens qu’on invoque à chaque départ d’un
bateau au large, à la recherche d’un
échange commercial profitable. La
donne a-t-elle radicalement changé ?
L
concurrence
La libre concurrence fait partie en
principe du système libéral libanais. Mais,
dans la pratique, on a des limitations
à cette libre concurrence, à comparer
avec les législations et les pratiques
courantes en Europe. On cite à ce propos
d’abord le monopole des services
publics à caractère commercial comme
la téléphonie, l’électricité, l’eau, le tabac...
On y ajoute le système des agences
exclusives, les accords d’exclusivité des
producteurs avec l’État, etc.
Des chantiers ont concerné il y a
quelques années le cadre législatif du
commerce, incluant la libre importation,
la concurrence, le contrôle, le dumping.
La solution préconisée alors est de
voter en un seul paquet plusieurs
textes renforçant la conformité de
nos lois commerciales aux normes
européennes et internationales. Avant
de sombrer dans la poussière des tiroirs
parlementaires.
Une étude spécifique (préparée en 2005
par Consultations & Research Institute)
avait fourni des données plus précises
concernant le niveau de concentration
des affaires, ou la concurrence effective
sur le terrain. Il en ressort par exemple
certaines statistiques significatives :
dans 36% des 300 marchés-secteurs
identifiés,
une
seule
entreprise
représente dans chaque cas plus de
40 % du chiffre d’affaires du secteur
concerné ; et dans 58% de ces 300
secteurs, trois entreprises représentent
ensemble plus de 40% du chiffre
d’affaires du secteur. Dans ce cadre, les
cas d’entente tacite sur les prix entre les
fournisseurs sont fort possibles. Même si
on n’a jamais relevé une affaire judiciaire
qui sanctionnerait ce genre de pratique.
1 9 8 6 - 2 0 1 2
Au niveau du commerce interne, les
Est-ce que la
fonctionne bien ?
.
La bataille des titans
d’épiceries de quartier.
r d c l
e commerce a toujours été
l’activité fétiche du pays, ce
qui s’est confirmé avec le
temps pour devenir presque la
doctrine économique dominante.
Un foisonnement qui dépasse le
territoire national, car la plupart des
commerçants libanais ont acquis
depuis longtemps des représentations
de marques internationales sur un
territoire qui englobe le Levant ou le
Moyen-Orient.
Ceci dit, un retard est constaté dans
la façon de mener cette activité,
à la lumière des nouvelles règles
internationales,
notamment
sur
les plans de la concurrence et de la
protection des consommateurs. D’où
un chantier législatif en marche, ou en
veille, dans les cercles du pouvoir.
En attendant un tel développement,
c’est la concurrence illégale qui
prospère grâce à une contrebande
foisonnante, bien organisée et, pire,
jouissant de l’impunité.
Sur le plan externe, une série d’accords
de libre-échange ont été signés,
notamment avec l’Europe et les pays
arabes. Mais des barrières qualitatives
ont largement remplacé les barrières
douanières pour empêcher les
professionnels libanais de commercer
en rond. En tout cas, cette tendance
n’a pas débouché encore sur une
adhésion libanaise à l’OMC, malgré des
négociations qui durent depuis plus
de 10 ans.
réseaux de distribution modernes
gagnent de plus en plus du terrain.
On a assisté d’abord à l’émergence
de mini-centres commerciaux. Des
années plus tard, on a eu droit à de vrais
mall : ABC Achrafieh avec ses 120 000 m2
pour un coût de 120 millions de dollars
; Citymall (175 000 m2, 150 M$) ; Le Mall
- Habtoor (25 000 m2), le Beirut Mall à
Chiah (55 000 m2, 20 M$), et récemment
l’ABC Dbayé et Le Mall. D’autres verront
le jour prochainement : Landmark (Riad
Solh), à l’extrémité des souks, le centre
Foutaim à Hazmieh, d’autres projets à
Verdun, sur les remblais de Dbayeh,
etc. Ce développement présente un
atout commercial et touristique de
premier plan. D’autant que le succès de
la plupart de ces centres a été immédiat
et les locations qui y sont proposées
sont parmi les plus chères du pays.
Les supermarchés et hypermarchés ont
suivi le même chemin avec Bou Khalil
et Charcutier Aoun, comme acteurs
locaux dans un domaine largement
mondialisé dans d’autres pays. La
mondialisation n’a pas tardé d’ailleurs
à arriver, avec l’Emirati Spinneys, le
Français Monoprix, le Koweitien TSC, les
Saoudiens Farm et Mouhaideb (Giant
Stores et Coop)… et prochainement
Carrefour, le numéro 2 mondial. Des
mastodontes qui se disputent les
terrains encore disponibles, surtout
qu’aucune législation n’interdit des
implantations voisines.
Certaines estimations donnent déjà à
ces nouveaux points de vente jusqu’à
50% du marché pour les produits de
consommation courante. On compte
en gros près de 70 grandes surfaces
de vente. S’y ajoutent quelque 300
surfaces moyennes et plusieurs milliers
19
Créativité
L’imagination au pouvoir
C’est, dit-on, l’avantage comparatif par
excellence des Libanais. ‘Dit-on’ car on
a parfois des doutes sur la vraie valeur
marchande, en dollar, des secteurs dits
créatifs.
Le Liban a-t-il encore un avantage comparatif dans le domaine de
l’édition des livres ?
Réponse de Maroun Nehmé
Librairie Orientale, PDG ; membre du RDCL depuis 2011
1 9 8 6 - 2 0 1 2
nous avons perdu une partie de ce
marché au profit de la production
locale dans chaque pays… et des
feuilletons turcs doublés en Syrie.
Mais notre savoir-faire n’est pas
remis en question. La preuve, des
dizaines de boîtes de production
locales continuent de fournir tout
genre d’émissions, et, par exemple,
.
•Télé. Huit chaînes de télévision
locales, plus plusieurs autres
opérant sur le sol libanais même
si elles sont plutôt arabes (ANB,
Sumariah, Al-Mara’a…). Il est vrai
qu’aucune des chaînes libanaises ne
fait des profits actuellement, mais
certaines se rattrapent partiellement
sur le marché arabe, en revenus
publicitaires, ou en vendant des
programmes. Il est vrai aussi que
r d c l
C
ommençons par déblayer le
terrain au niveau purement
matérialiste : près de 6% de
notre PIB serait le fruit de notre
créativité, dont la moitié, en gros,
provient des activités créatives pures
(presse, édition, musique, logiciels,
films, publicité, télé). On parle donc
de quelque 1,2 milliard de dollars, et
25 000 personnes actives. Maintenant,
allons un peu plus dans le détail, par
spécialité.
Dans cette région du monde, le Liban a été le pionnier du livre
imprimé dans les années soixante et a longtemps maintenu
sa supériorité, non parce qu’il l’avait bien défendue, mais
surtout grâce au « désert » qui caractérisait les pays arabes
importateurs. Exportatrice par excellence, l’édition libanaise
est mieux appréciée par les pays arabes que dans son pays
d’origine. Malheureusement, le Liban a perdu son avantage
comparatif à partir des années 90 car le rapport qualité/prix
s’est graduellement détérioré vu l’émergence de l’Egypte d’une part, et le réveil
des pays du Golfe qui ont essayé - et partiellement réussi à attirer l’intelligentsia
libanaise.
Compétitifs nous le redeviendrons si nous savons saisir l’immense opportunité
des supports électroniques, celle de la prééminence du contenu sur le reste du
« business model » qui se trouve, de ce fait, transformé. En effet, pour une activité
aussi dépendante de l’exportation, le rôle de la distribution physique s’en trouvera
heureusement fort réduit.
L’éditeur libanais peut aujourd’hui et demain, grâce à l’édition électronique,
se consacrer à ses domaines de prédilection que sont la fiction, la jeunesse, la
référence et le dictionnaire en ciblant directement le lecteur.
Par ailleurs, l’édition papier n’est certes pas morte. Je crois, contrairement à
beaucoup d’autres, qu’elle connaîtra, pour certains de ses aspects, une croissance
inattendue car l’édition traditionnelle sur papier et l’édition électronique
coexisteront longtemps dans le tiers-monde.
A l’instar de l’édition française, l’édition libanaise doit sérieusement négocier sa
migration sur la toile avec les détenteurs mondiaux des portails, type Google et
autres. Pour cela, l’édition libanaise devrait se livrer à une opération de fusion et
d’acquisition qui la rendra capable d’investir dans l’avenir, vingt ans après Amazon.
Studiovision reste plus occupée, et
plus rentable, que la société sœur
plus connue, la MTV.
•Presse. Là aussi, pas de grands
gagnants locaux. Tous les quotidiens
perdent de l’argent, ainsi que
la plupart des hebdos. Seuls les
mensuels tirent leur épingle du jeu.
Surtout ceux, justement, qui ont
21
1 9 8 6 - 2 0 1 2
.
r d c l
une ‘exposition’ arabe, à travers des
annonceurs et/ou la distribution.
Ce ne sera pas faux de dire que les
professionnels libanais ont ‘inventé’
la presse dite panarabe. Des groupes
comme Al-Iktissad Wal-Aamal ont
construit un empire sur ce thème ;
d’autres, comme Infopro, y ont
implanté des têtes de pont de grande
qualité.
•Publicité. C’est déjà connu de
tous : ils sont partout les publicitaires
libanais, notamment à la tête de ces
agences, nées à l’origine libanaises,
devenues ensuite ‘régionales’, puis se
sont mondialisées par des mariages
avec les majors internationaux, tout
en gardant le ‘prénom’ libanais : H&C
Leo Burnett, Impact BBDO, Memac
Ogilvy, etc. Et ces ‘boîtes’, même
celles installées au Liban, tirent
de 30 à 80% de leurs revenus des
comptes régionaux. Du côté des
régies, le groupe Choueiri n’est
plus à présenter, bien sûr, toujours
le numéro 1 dans la région. Autres
success stories : les champions de
l’affichage, comme Groupe Plus et
Pikasso, qui se sont étendus vers une
dizaine de pays. Jaune et partout.
•Show-business. Rotana a raflé la
mise. Cette compagnie de production
et de gestion de chanteurs, détenue
par le saoudo-libanais Al-Walid ben
Talal, a groupé la plupart des artistes
confirmés ou débutants (libanais et
arabes). C’est que le Liban, à travers
ses programmes spécialisés (type
Super Star) en produit une panoplie
tous les ans, même si la carrière de
certains s’avère vraiment courte. Et
on a tort de dénigrer Nawal, Elissa
et autres Haïfa : un banal concert
peut valoir 50 000 dollars ; un contrat
d’égérie (de pub) 5 fois plus ; même
un clip peut coûter de 50 à 100 000
dollars. Et les boîtes libanaises en
produisent 500 par an, soit presque
autant que la France !
•Cinéma. Il y a d’abord la
‘consommation’ cinématographique :
près de 3,4 millions d’entrées par an,
qui se répartissent sur 20 complexes
et près de 130 salles. Un attrait
touristique majeur, dans une région
peu habituée à ces facilités. Trois
circuits s’y activent, dont l’historique
Empire qui a déjà en plus sa société
de distribution régionale, et ses salles
Qu’est-ce que le Liban offre de plus au monde arabe au niveau de la
production publicitaire audio-visuelle ?
Réponse de Naji Boulos
Memac Ogilvy, DG ; membre du RDCL depuis 1996
Plusieurs facteurs déterminants ont créé – et continuent à
maintenir cette position libanaise privilégiée au niveau de la
production publicitaire dans le monde arabe :
• L’expertise et le savoir-faire : les premières sociétés de
production ont été établies au Liban dans les années 60 et
n’ont cessé depuis de croître en nombre (plus de 50 maisons
de production en 2011) et en qualité, en investissant
continuellement dans les nouvelles technologies.
• Les talents : depuis les années 90, les universités ont diplômé des centaines de
jeunes qui se sont spécialisés dans des domaines aussi variés que la production,
la réalisation, la direction photo ou les métiers plus techniques.
• Le casting : il existe une diversité de looks qui répondent à tous les critères de
choix. Le Liban est une source inépuisable de modèles de tout genre, allant du
type européen au type oriental, arabe ou asiatique.
• Le coût : le faible coût de la main d’œuvre offre aux maisons de production un
avantage compétitif par rapport aux Européens.
• L’environnement géographique : montagne ou plaine, neige or mer, habitations
traditionnelles ou modernes, forêt ou terre aride, le
Liban offre une
diversité de sites ainsi qu’un climat
tempéré qu’aucun autre pays de la
région ne peut offrir.
à Erbil dans l’Irak kurde ;
puis le nouveau Grand
Cinemas, un groupe
libano-émirati.
Côté
production, c’était le
désert total ou presque
pendant des années,
puis une production
timide de 3-4 films par
an, mais peu de succès
commerciaux.
Pourtant
un expert européen qui a
été dépêché il y a quelques
années a conclu à la
rentabilité de démarrer une
production locale soutenue, autour
de 10 films par an, à condition que
cette production ne soit pas élitiste,
mais constitue plutôt un cinéma
de qualité pour tout public. La
rentabilité viendrait alors des salles
de cinéma elles-mêmes, comme
des chaînes de télévision libanaises
et arabes qui en achèteraient les
droits de diffusion. Comme pour
lui donner raison, le dernier film de
Nadine Labaki, ‘Et maintenant, on
va où ?’ a été un triomphe populaire
et commercial comme on n’en a pas
vu depuis longtemps, avec plus de
350 000 spectateurs, un record pour
un film libanais !
Cependant,
tout
ce foisonnement culturel bute sur
le phénomène du piratage, qui
décourage les investissements dans
ces secteurs. Il est vrai que c’est un
phénomène mondial, mais nous
sommes parmi les champions de ce
fléau, ce qui occasionnerait quelque
100 millions de dollars de pertes
locales, à part celles qui touchent
les ayants droit internationaux. C’est
également l’obstacle principal qui
empêcherait la naissance d’une ‘Media
City’ dans nos contrées. Un rêve
que caressent encore beaucoup de
professionnels du secteur.
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Tourisme
Tout naturellement
On a toujours dit – et su que le secteur privé a prospéré au
Liban en l’absence d’un soutien officiel ; pour le tourisme, c’est
pire, il a réussi en dépit des obstacles érigés par l’Etat.
U
r d c l
.
1 9 8 6 - 2 0 1 2
n secteur historique qui
comptait dans le temps pour
20 % du PIB, mais qui reprend
doucement ses lettres de noblesses. Et
l’Etat n’y est pour rien : tous ceux qui
travaillent dans ce domaine savent quel
parcours de combattant il faut traverser
pour ouvrir un hôtel ou un restaurant.
Même les vestiges historiques, à Saïda,
Tripoli, Tyr… sont dans un tel état de
mauvaise gestion ! Même les taxis
de l’aéroport fonctionnent dans une
ambiance mafieuse telle, que le ministre
du Tourisme n’a pas pu en découdre.
Ceci dit, au niveau sectoriel, il faut
éviter aussi les clichés. Ce n’est pas la
montagne, le soleil, la mer, les forêts,
les vestiges qui constituent les attraits
principaux du pays. Rien que parce que
ces éléments existent ailleurs, avec en
plus une meilleure gestion.
Nos clients traditionnels, les Arabes
du Golfe sont surtout attirés par ce
mix d’un pays proche culturellement,
hospitalier par nature, mais qui offre
aussi une dose suffisante d’exotisme
pour assurer un dépaysement relatif.
Selon une étude internationale
menée à ce sujet, cette clientèle
potentiellement ‘captive’ restera le
noyau de la demande touristique.
En deuxième lieu, viennent les Libanais
de la diaspora, qui, même s’ils ne
sont pas toujours pris en compte
par les statistiques officielles, ont un
comportement type de touristes,
fidélisés en plus.
La troisième catégorie qui pourrait être
ciblée est constituée d’occidentaux
résidents dans les pays arabes. S’ils
ne retournent pas dans leur pays
d’origine durant leurs vacances, ils
peuvent trouver au Liban un substitut
acceptable, surtout sur l’offre de neige
24
et la vie de nuit.
D’autres
catégories
viendraient
compléter la panoplie : ressortissants
d’autres pays de la région, touristes
européens, asiatiques, etc.
Il faut voir grand
Face à cette demande,
l’offre est conséquente
: hôtels, restaurants,
boîtes de nuit, stations
balnéaires, stations de ski,
etc. En plus, la politique
de ciel ouvert a multiplié
les vols des compagnies internationales
à destination de Beyrouth, à défaut de
toucher au monopole de la MEA. S’y
ajoute l’exemption de visas pour un
grand nombre de nationalités, ce qui a
facilité les arrivées de dernière minute
que les Arabes du Golfe affectionnent.
Qu’est-ce qui manque alors pour
fidéliser encore plus ces touristes et en
amener d’autres ?
D’abord, l’offre neige peut très bien être
exploitée davantage. On se souvient
dans ce cadre du projet ‘Sannine Zénith’
qui a déchaîné les passions en 2004. Un
rappel des faits : le projet, sur le mont
Sannine, prévoyait la construction
de plusieurs villages pour un coût
global de 1,5 milliard
de dollars. La capacité
d’accueil à terme sera
de 5 000 personnes pour
l’hébergement et 20 000
skieurs. Le promoteur
principal du projet est
un financier libanais actif
en Suisse et ailleurs, Jean
Abou Rached. Son groupe, appelé
Gulf Finance & Investment Co., a pu
acquérir, au début des années 2 000,
déjà 60 millions de mètres carrés
sur ce site, à un prix autour de 0,7
à 2 dollars le mètre carré. Le projet
avait provoqué un tollé et une crise
politique, car le plan prévoit la vente
de GDR (global depository receipts)
à des investisseurs du Golfe. Ceci a
été interprété par certains comme
un droit indirect sur les terrains,
contournant ainsi la loi sur l’acquisition
A-t-on besoin d’un cadre légal plus propice pour favoriser le
développement des franchises?
Réponse de Nicolas Makhoul
Sushiko, Président et directeur général
Un accord de franchise est un accord de coopération signé par deux
parties, un franchiseur et des franchisés, pour servir leurs intérêts,
mais aussi celui du consommateur. L’accord de franchise devra obéir
aux lois nationales et au code de l’éthique. Malheureusement, au
Liban, nous n’avons pas une législation spécifique à la franchise.
Construire un système régulateur solide permettra au franchiseur de
préserver le plus important pilier d’un accord de franchise, qui est le savoir-faire. Celui-ci
n’est pas protégé par un brevet et doit rester secret. Une législation devra protéger aussi
le franchisé, en assurant que le transfert de savoir-faire est réalisé à travers le training et
la livraison des manuels appropriés après le versement des droits de franchise. L’accord
de franchise, à la différence de tout autre accord, résulte de l’innovation commerciale
d’un individu qui a créé une marque commerciale ou un brevet, et cette innovation
devra être absolument protégée par le législateur.
Chaque franchise, bien que rattachée à la maison mère, est
une entité en soi. Les standards, look, produits… sont en
général les mêmes, mais chaque opérateur y apporte sa
touche personnelle. Cette touche peut être dans le décor,
les nouveaux produits, la cible choisie…
Dans le cas de Dunkin Donuts au Liban, nous avons créé un marché pour des produits
qui étaient quasi inexistants au Liban (Donut et café américain). Mais aussi, nous
avons introduit de nouveaux produits (Choco Duo, Ramdan Coolatta), des systèmes
de contrôle interne, un style de décor particulier… qui ont été repris dans plusieurs
pays du monde. Ce qui nous a valu d’être reconnus comme «une des compagnies qui
ont changé l’histoire du géant américain».
Epoustouflante réussite des franchises
Qui, parmi les restaurateurs libanais, a eu le premier l’idée d’aller franchiser son
concept à Dubaï, au Koweït ou au Caire ? Personne ne le sait, mais le résultat est
là, et la réussite de la franchise des restaurants libanais a été phénoménale ; et
ça continue. Il suffit de dresser la liste, probablement non exhaustive, de cette
dissémination sur près de 20 pays au dernier comptage (selon la Lebanese
Franchise Association - par ordre alphabétique) :
• A b d e l • Colombiano • F r e n c h • Let’s Burger • S u l t a n
Wahab
C o f f e e Bakery
• Lina’s
Ibrahim
• Al-Balad
House
• Kababji
• Mayrig
• Sushi Bar
• Al-Diwan
• Crave
• La Maison • Moulin d’Or • Sushiko
• Babel
• Crepaway
du café
• Pain d’Or
• Waterlemon
• Café Najjar
• Diet Center • La Posta
• Salmontini • W o o d e n
• Casper &
• Duo
• Leil Nhar
• Semsom
Bakery
Gambini’s
• Falamanki
• Leila
• Skybar
traverser 60 km tous les jours jusqu’à
Maameltein. On pourrait même créer
une antenne à l’aéroport, comme c’est
le cas à Schiphol (Amsterdam).
Annexes sérieuses
Un autre créneau est certainement le
tourisme des congrès-conférences,
qu’il va falloir soustraire partiellement
à Dubaï. L’intérêt de ce créneau est
que cela permet de remplir les hôtels
hors saison. Sauf que les facilités
actuelles ne sont pas suffisantes. Pas de
‘Palais des Congrès’. Un tel palais, idée
promue pendant des années par Rafic
Hariri, devait se situer en bordure de
la Corniche de Beyrouth sur un terrain
appartenant à l’État. Le projet n’a pas
vu le jour en fin de compte. À la place,
les facilités existantes sont les grands
hôtels, le BIEL, le centre de conférences
à Dbayeh, etc. A un moment donné, un
autre projet était en cours d’étude : il
s’agit d’un terrain proche du BIEL, sur
1 9 8 6 - 2 0 1 2
Que peut-on faire encore de plus ?
L’offre hôtelière est encore insuffisante,
tout le monde en convient, surtout sur
le créneau 3 étoiles, même si personne,
dans cette sphère, ne cherche à créer
un ‘tourisme de masse’, l’infrastructure
locale étant incapable de le desservir.
Une dizaine d’hôtels sont en
construction actuellement. Et surtout,
on a commencé à mettre de l’ordre
dans la pagaille des ‘étoiles’ qui régnait
jusque-là, grâce à une convention
étatique avec le certificateur français
Bureau Veritas.
Au niveau des services, le Casino du
Liban est un atout de taille, il est le
seul de cette envergure dans toute la
région. Comme il a le monopole des
jeux de hasard, on ne peut le multiplier.
Mais un projet de loi, qui traîne au
parlement depuis des années, offre
à la société du Casino le droit d’ouvrir
des branches dans les différentes
régions du pays, en considérant qu’il
est difficile à un estivant à Sofar de
Réponse de Christine Sfeir
Dunkin Donuts et Semsom, PDG
.
Des casinos partout ?
Que peuvent apporter les partenaires libanais à une franchise
internationale?
r d c l
foncière des étrangers. Finalement,
l’avis juridique prépondérant a permis
l’enregistrement des 60 millions de m2
au registre foncier, ce qui a ouvert la
voie à l’exécution du projet. Mais les
secousses politico-militaires, ainsi que,
il faut le dire, la présence d’éléments
armés sur ces hauteurs, bloquent cette
entreprise.
Un autre mégaprojet a failli aussi voir le
jour, cette fois au bord de la mer, qu’on
a appelé à l’époque (en 2003-2004)
Port d’Amour, à Damour : il s’agit d’un
« village » intégré englobant toutes les
facilités nécessaires pour en faire un
pôle touristique. Le projet, promu par
des émigrés libanais de la famille Abché
et situé sur un terrain loué auprès
d’un wakf maronite, a cependant
été contesté par la municipalité de
Damour. L’intérêt spécifique de ce
genre de projets est de pouvoir attirer
une clientèle touristique autre que
la clientèle traditionnelle arabe peu
intéressée dans le produit « mer ».
L’exemple d’Eddé Sands à Byblos est
édifiant à ce niveau.
lequel on a déversé les gravats tirés de
la Banlieue Sud, suite aux destructions
occasionnées par Israël en juillet
2006. Des remblais pourraient donc
être aménagés pour accueillir une
structure de grande envergure pour les
conférences.
Résultat final : ça se chiffre à combien
tout cela ? La contribution du tourisme
au PIB n’est pas si facile à estimer. En gros,
elle est calculée selon deux méthodes :
s’il s’agit de l’activité des établissements
spécifiquement touristiques (hôtels,
agences de voyage…), la contribution
est de 6% du PIB ; mais si l’on inclut
tous les secteurs qui bénéficient des
dépenses des touristes (transport,
nourriture, shopping…), l’apport sera
proche de 16% du PIB. Selon le premier
ou le deuxième cas, les emplois générés
par le tourisme seront de 50 000 ou
de 200-250 000. De quoi s’en occuper
sérieusement.
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Finances
L’argent de l’argent
La Suisse du Proche-Orient : une appellation genre cliché qui
fait sourire, mais qui faisait référence, paraît-il, à l’analogie des
systèmes bancaires. La périphrase, toutes
Le système de bonification des
taux d’intérêt par l’intermédiaire proportions gardées, reste valable.
de la BDL et de Kafalat, a-t-il
donné les résultats escomptés ?
Réponse de
Fouad Rahmé
BLC Invest, DG ;
membre
du
RDCL
depuis
1997
r d c l
.
1 9 8 6 - 2 0 1 2
Bien sûr, l’effet
cumulatif est
considérable,
car,
si
on
considère que la contribution de l’Etat
pour 2011 par exemple est de 120
millions de dollars en bonification des
intérêts, ceci correspond à des crédits
bonifiés de 2 milliards de dollars,
à raison de 6% en moyenne. Les
industriels et autres entrepreneurs dans
les secteurs productifs (y compris dans
la haute technologie) ne pourraient
pas supporter des intérêts de l’ordre de
7-8%. A part le fait que si ce système
n’existait pas, c’est l’action de Kafalat
aussi qui va se retrouver en danger.
Avec la compétitivité qui se réduirait
ainsi face à des concurrents dans les
pays voisins fortement soutenus par
leur Etat, les producteurs libanais se
retrouveraient en position de faiblesse,
si cet oxygène de crédits bonifiés n’était
pas maintenu.
Ces crédits, réservés rappelons-le aux
investissements dans l’appareil de
production, aident les producteurs à
améliorer leur productivité, et par suite
à recruter davantage. Les effets de ces
crédits bonifiés sur l’embauche ont
été prouvés et sont connus de tous,
y compris par ceux qui critiquent ce
système, en prétextant des « abus »
ou une utilisation parfois « au bénéfice
d’investisseurs arabes », comme si
les étrangers, en investissant dans
notre pays, n’amélioraient pas aussi la
situation de l’emploi.
28
L
orsqu’on disserte sur
les différents domaines
d’action du secteur privé,
on a tendance à commencer
par ‘bon an, mal an’, sauf pour
le secteur bancaire. C’est ‘bon
an, très bon an’. Certains voient
dans cette santé ‘insolente’
(selon la formule française) une
raison pour lancer l’anathème.
Ce qui serait vraiment
déplacé, car on a vu dans
d’autres pays l’étendue des
dégâts lorsque cette ossature
du système économique a
dangereusement fléchi.
Il est vrai que, au cours des
20 dernières années, les
établissements de crédit ont
cumulé les hausses : actifs,
capitaux, dépôts, crédits… et
profits. En gros, des chiffres qui
ont été multipliés par 10 en 20 ans. Les
banques représentent ainsi près de
40% de l’ensemble des impôts perçus
sur les sociétés. Mais il ne faut pas
se tromper, c’est aussi parce que les
banques sont les seules sociétés qui ne
peuvent pas pratiquer l’évasion fiscale.
Bailleurs universels
Depuis toujours, les banques financent
aussi largement le déficit de l’Etat,
de sorte qu’on a parlé longuement
de ‘l’effet d’éviction’ du secteur privé.
Ce qui n’est pas vrai, car les crédits à
l’économie représentent près de 95%
du PIB. L’effet néfaste était cependant
perceptible au niveau des taux d’intérêt
prohibitifs pendant des années, avant
que la structure des taux n’entame sa
courbe descendante à partir de 2002.
Et avant que ne soit introduite la
politique des taux bonifiés par l’Etat, et
des garanties de Kafalat.
Tout est bon donc dans la république
des banques ? Pas toujours, car plus
de 30 établissements sont sortis du
marché entre-temps, mais sans perte
de dépôts. Et sans problème majeur,
si l’on excepte les cas probablement
politisés d’Al-Madina et de la Lebanese
Canadian Bank. C’est que le secteur
avance aussi parfois sur des terrains
minés. Il doit à la fois éviter les mesures
internationales
anti-blanchiment,
respecter Bâle II, puis III, jongler avec
les sanctions multinationales contre
certains pays, cohabiter avec des
guerres intermittentes, compenser
la sortie des Européens du marché
local. Et financer une expansion
internationale prononcée.
Sorties en plein air
La nouvelle loi sur les marchés financiers est un grand
bond sur la voie de l’assainissement des marchés financiers
libanais. Mais les bonnes réglementations ne suffisent pas au
bon fonctionnement des marchés financiers. D’autant plus
que, sur le plan libanais, certaines failles restent à combler :
• Il n’existe pas assez de sociétés inscrites en bourse pour
offrir une grande diversité à l’investisseur. Il faudrait, pour
cela, encourager certaines compagnies privées à émettre des actions et les
proposer à la Bourse.
• Le public libanais n’a pas la maturité suffisante pour confier ses épargnes à des
gérants de fortune.
• Les gestionnaires des grandes compagnies préfèrent encore s’adresser aux
banques pour leur financement, plutôt que de lever des fonds en bourse car ce
recours les obligerait à produire des bilans plus transparents.
Ceci dit, la composition du conseil de l’autorité des marchés financiers, telle que
prévue par la loi, laisse espérer que plusieurs de ces obstacles pourraient être
surmontés, notamment grâce à la présence à la tète de son conseil d’administration
du gouverneur de la Banque du Liban.
… Et d’Elie Aoun
Investment Holding, CEO ; membre du RDCL depuis 2011
Sous cette nouvelle loi, les marchés financiers seront
supervisés par une commission indépendante, et la Bourse
de Beyrouth sera privatisée dans un délai de deux ans ; ces
éléments importants vont contribuer à la renaissance des
marchés financiers et permettront :
• La création de plusieurs bourses privées ;
• L’intervention des banques d’investissement dans la
bourse ;
• L’injection de nouveaux investissements dans les entreprises
libanaises, ce qui favorisera les créations d’emplois.
Mais même avec le bon impact que cette loi pourrait avoir, des mesures
supplémentaires devraient être prises afin de pouvoir concurrencer d’autres
marchés régionaux, comme par exemple :
• Exempter les entreprises internationales qui seraient intéressées par être cotées
sur la Bourse de Beyrouth de certaines taxes ;
• Inciter le secteur bancaire à injecter des liquidités sur le marché des capitaux ;
• Encourager, par certaines exemptions fiscales, les entreprises libanaises, familiales
en majorité, à accepter des investissements étrangers dans leur capital, à se
conformer aux règles de la bonne gouvernance et à être transparentes dans la
publication de leurs bilans financiers.
En conclusion, cette nouvelle loi, qui est le premier pas d’un long processus, devrait
inciter à des actions supplémentaires, afin que le marché financier libanais soit prêt
à profiter de la prochaine vague d’investissements au Moyen-Orient.
toujours eu. D’où l’allergie urticaire
des banquiers devant tout ce qui
risque de diminuer l’attractivité de la
place financière locale à travers des
impôts ou des mesures mal calculés.
En fin de compte, l’une des
caractéristiques essentielles de notre
secteur bancaire est certainement la
1 9 8 6 - 2 0 1 2
Quels seront les rôles à venir des
banques ? On entrevoit les tendances
suivantes :
•D’abord réduire l’exposition au risque
pays (étatique) libanais, en allégeant
le poids de la dette publique portée
par les banques ; une tendance qui
a déjà commencé, surtout que la
rentabilité des bons n’est plus ce
qu’elle était.
•Ensuite, tenter de convaincre l’Etat
que l’équation de ‘Partenariat publicprivé’ est digne d’intérêt. Il s’agit
d’adopter cette formule pour réaliser
des projets d’infrastructure, dans
lesquels les banques seraient les
bailleurs de fonds.
•Réinventer un rôle pour les banques
d’investissement, dans le sens d’une
participation plus efficace aux
investissements productifs.
•Garder un bon niveau de profitabilité,
dans un environnement (local et
régional) pas très commode, et
surtout limiter les créances douteuses
au maximum.
•Continuer à recevoir des capitaux de
l’étranger (diaspora et non-résidents)
en conservant cet attrait qu’elles ont
Réponse de Kamal Abi Ghosn
IBL Bank, DG ; membre du RDCL depuis 1992
.
Vaccins antisismiques
La nouvelle loi sur les marchés financiers (adoptée en août 2011) serat-elle suffisante pour réveiller la Bourse de Beyrouth ?
r d c l
Actuellement, près de 20 banques
entretiennent plus de 200 branches
dans 22 pays. De sorte que près du
quart de l’actif bancaire est à l’étranger.
L’idée était de faire fructifier des
ressources que le marché local n’arrivait
plus à assimiler, et de répartir le risque.
Sauf que le risque les a rattrapées
ailleurs, en Syrie, Egypte, Afrique, mais
sans dommages systémiques pour le
moment.
En dehors des banques commerciales
classiques, les autres établissements
financiers peinent encore à trouver une
bonne place au soleil : ni les banques
d’investissement, ni les banques
islamiques ou spécialisées. Même
la bourse, surtout la bourse, souffre
depuis son redémarrage d’une anémie
chronique, parfois c’est carrément le
coma. La nouvelle loi sur les marchés
financiers pourrait-elle la réanimer ?
Deux points de vue ici même pour y
voir plus clair.
‘résilience’, un terme savant qui signifie
l’immunisation, un peu comme si les
banquiers ont été vaccinés contre
mauvaises conjonctures et autres
soubresauts
dramatiques.
D’où
leur calme olympien lors de la crise
syrienne.
29
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Assurances
Prenons des risques
En voilà un domaine où le savoir-faire libanais est reconnu.
Qu’est-ce qui lui manque alors ? Peut-être une réglementation
plus adaptée et, surtout, un contrôle plus strict, sorte
d’assurance sur la qualité, sans jeu de mots.
L
r d c l
.
1 9 8 6 - 2 0 1 2
e Liban est traditionnellement en
première position dans la région
arabe en termes de primes par
habitant : actuellement de l’ordre de
260 dollars. Et le volume aurait été
encore plus important si les assurances
obligatoires étaient plus nombreuses,
ou… si on appliquait convenablement
celles qui existent déjà (voir encadré).
C’est dire que nous sommes bien
placés dans ce domaine, même si les
acteurs étrangers, surtout français,
maintiennent chez nous une bonne
place : Axa, Natexis, Sogecap, Predica,
puis Allianz, Alico… et quelques
grands assureurs arabes. Et ce n’est
pas plus mal en fin de compte, car il
n’est pas inutile d’acquérir des savoirfaire, et des tailles, qui nous manquent
parfois.
Des tailles qui sont parfois trop limitées,
d’où une nouvelle loi, en
discussion au parlement
depuis des années, qui
devrait
imposer
des
capitaux
minimaux
conséquents, ainsi qu’une
panoplie de règles plus
modernes, si et quand
elle est promulguée.
Elle est supposée aussi
encourager les fusionsacquisitions, trop rares
dans ce domaine.
Le modèle BDL
Actuellement, le capital minimal est
1,5 million de dollars, en plus des
réserves financières et techniques.
Quant au contrôle de l’autorité de
tutelle, le ministère de l’Economie, il
reste insuffisant, rien à voir en tout
La bancassurance devra-t-elle faire l’objet d’une réglementation
spécifique ?
Réponse de Bassam Khoueiss
Allianz SNA, directeur ; membre du RDCL depuis 2009
Le Liban, le Maroc et la Tunisie ont été les premiers à
initier le marché de la bancassurance. Mais, jusqu’à date,
il n’existe pas une réglementation spécifique qui gère
ce secteur vital au Liban, qui a un taux de pénétration
significatif sur le marché.
Oui, les banques libanaises doivent individualiser et
harmoniser leurs contrats d’assurance ; le concept
banquier qui consiste à dire « nous vous assurons mieux et moins cher » devrait sans
doute être réglementé, surtout qu’actuellement les produits « gestion de fortune »
ne tardent pas à être le bon fruit du panier ‘bancassurance’.
Cette réglementation spécifique est primordiale. Du fait que l’assurance et la banque
ont un point commun évident - l’une comme l’autre manipulent la monnaie -, la
réglementation suggérée devrait prendre en considération l’intérêt du client, qui
préfère certes avoir un seul interlocuteur « assureur-banquier ». D’où l’importance
de savoir jongler avec une gamme de produits qui garantira l’intérêt des deux
interlocuteurs d’un côté, et le bien du client de l’autre.
32
cas avec le contrôle de la BDL sur les
banques. C’est ce modèle-là qu’on
invoque d’ailleurs le plus souvent
lorsqu’on appelle à une supervision
plus musclée du secteur, qui servirait
bien sûr l’ensemble des (bons)
professionnels du secteur.
Cela est devenu nécessaire lorsqu’on
voit que les assurances dans le monde
sont tellement solides, et énormes,
qu’elles rachètent des banques ;
ici c’est le contraire : une douzaine
de banques ont acquis ou créé des
compagnies d’assurance. Les autres
collaborent avec elles dans ce qu’on
appelle désormais, par néologisme, la
bancassurance. Sauf qu’une première
a eu lieu récemment, une assurance
(Medgulf ) a racheté la petite banque
des Safra, le Crédit National.
Le Top 10
Le synopsis du secteur indique
d’ailleurs une grande concentration sur
le marché. Dans l’assurance générale
(non-vie), les 10 premières sociétés,
sur la cinquantaine que comporte le
secteur, détiennent près de 65% du
marché, et les 20 premières 85%. Dans
l’assurance vie, c’est pire (ou mieux,
A-t-on encore, en tant qu’assureurs libanais, intérêt à étendre nos
implantations à l’étranger ?
Réponse de Assaad Mirza
ACAL, président ; membre du RDCL depuis 2004
c’est selon) : les 5 premiers assureurs
détiennent 75% du marché, alors que
les 10 premiers occupent 92%. Une
façon de dire que peu de sociétés sont
assez grandes pour pouvoir remplir
toutes les conditions d’une nouvelle
réglementation.
Réponse de Max Zaccar
Commercial Insurance, PDG ; membre du RDCL depuis 1987
.
1 9 8 6 - 2 0 1 2
Mais malgré la petite taille, les
meilleurs assureurs font preuve de
professionnalisme. Dans le domaine
médical en particulier, leur savoirfaire a été exporté grâce aussi, il faut
le préciser, à ces 3 ou 4 sociétés de
‘gestion de couverture médicale’, dont
la tête de liste, Mednet, s’est implantée
dans une dizaine de pays.
Certains ont vu dans cette réussite
une raison pour appeler à confier
l’archaïque défaillante CNSS à un
pool d’assureurs ou de gestionnaires
privés. Evidemment, cet appel a peu
de chances d’aboutir, vu les intérêts
financiers individuels qu’il risque de
mettre en danger. Il n’empêche qu’une
partie de la réussite du secteur privé
de l’assurance est due justement à la
déchéance des systèmes étatiques,
surtout dans les deux sous-secteurs
concernés, assurances santé et
vie-retraite. D’autres défaillances
étatiques n’ont pas pu cependant
être compensées par le secteur privé :
les pertes agricoles, et les risques de
guerres et émeutes, que la plupart des
compagnies refusent d’assurer. Dans
un pays comme le nôtre, il y a de quoi
perdre son assurance.
Pour quels risques devrait-on instituer de nouvelles assurances
obligatoires ?
r d c l
Service médical
Dès les années 70, les assureurs libanais se sont
engagés dans la diffusion de leur savoir-faire
dans de nombreux pays de la région. Et depuis,
leurs activités se développent à l’international ;
ils sont omniprésents sur la quasi-totalité des
territoires arabes, ils disposent de filiales et ont
des accords de coopération avec tous ces marchés.
La croissance économique réalisée dans les pays du Golfe, et la gestion de leurs
actifs, ainsi que les besoins des Etats du Levant de réduire leurs dépenses publiques
dans la gestion des avantages sociaux, ont toujours suscité l’intérêt de nos assureurs
locaux, et continuent à le faire.
L’interruption momentanée des activités économiques dans certains pays suite
aux événements politiques qui s’y déroulent n’a certainement pas découragé
nos assureurs, qui voient qu’une présence ferme dans ces pays favorisera leur
compétitivité sur ces marchés. Donc une situation défavorable, mais qui représente
un défi pour ces assureurs, qui doivent à la fois répondre aux exigences de ces
marchés, aux objectifs de rentabilité et à la volonté d’offrir un service durable.
Il serait utile pour commencer de rappeler quelles sont les
assurances obligatoires en cours et leur application pratique :
•Assurance auto obligatoire : considérée souvent comme
une taxe supplémentaire de la « mécanique », de nombreux
propriétaires de véhicules se laissent berner par des
intermédiaires qui leur « louent » des polices d’assurances
pour les besoins de l’enregistrement. L’Etat n’a pas mis en
place un système de contrôle, ce qui a pour conséquence que la moitié des véhicules
ne sont pas assurés.
•Assurance responsabilité civile des ascenseurs : les sociétés d’entretien des
ascenseurs prennent en charge cette assurance obligatoire, alors que l’assurance doit
être vendue par un courtier agréé, qui a le devoir d’expliquer l’étendue des conditions
de la police d’assurance.
•Assurance accident du travail : obligatoire mais non implémentée. Quand elle est
souscrite, les déclarations de salaire sont souvent mises en doute car les entreprises
déclarent des salaires inférieurs à la réalité sous prétexte que tous les travailleurs
ne seront pas accidentés en même temps ! En contrepartie, certaines compagnies
se prémunissent en accordant des limites de couverture inadéquates, ce qui a pour
conséquence que de nombreux accidents ne seront pas remboursés ou seront
partiellement payés.
•Assurance des travailleurs immigrés : obligatoire pour protéger les expatriés, c’est
la seule qui est vraiment contrôlée par l’Etat. Est-ce à dire que le Libanais est moins
bien protégé que l’étranger qui vient travailler ici ?!
•Assurance de la responsabilité civile des équipements lourds : assurance mort-née.
Quelles sont donc les assurances que l’Etat devrait imposer ?
Je ne citerai qu’une seule pour le moment, le Liban, étant dans une zone sismique,
tous les bâtiments devraient être assurés contre les tremblements de terre. Dans la
foulée, ils seront automatiquement assurés contre les risques d’incendie.
De plus, l’Etat devrait commencer par donner l’exemple. Est-il logique que les véhicules
de l’armée et des Forces de sécurité intérieure ne soient toujours pas assurés ? De
même que la majorité des biens publics de l’Etat ?
33
Immobilier
Le fantasme national
L’adage local dit qu’on ne perd jamais
lorsqu’on achète de l’immobilier au Liban.
L’adage français dit : « Quand le bâtiment
va, tout va ». La vérité dans tout ça ?
L
avec elle une trentaine d’entres :
ciment, pierre, céramique, plomberie,
électricité, boiseries, etc. Au Liban
aussi, sauf qu’ici une bonne partie
de ces pans d’activité sont importés
tels quels et ne contribuent donc pas
à la richesse nationale, comme les
appareils électriques, le bois… ainsi
qu’une partie de la main d’œuvre,
essentiellement syrienne. En gros,
pour un immeuble moyen de gamme,
50% du coût de sa construction profite
à des secteurs locaux, et le reste va à
l’étranger.
Devrait-on restreindre l’acquisition immobilière par les étrangers ?
r d c l
Réponse de Joe Kanaan
Sodeco Gestion, PDG ; membre du RDCL depuis 1997
.
Actuellement la loi libanaise permet à un étranger
d’acquérir 3 000 m2 de terrain. Suivant le coefficient
de construction, ceci peut correspondre à 1 500 m2 de
construction dans une zone de villas et à plus de 20 000
m2 dans des zones à haut coefficient de construction. La
loi limite aussi les acquisitions des étrangers à 3% de la
surface de chaque caza.
Cette loi a de positif qu’elle met déjà deux limites. Son
point négatif, c’est qu’elle favorise certaines zones et
en défavorise d’autres. A titre d’exemple, un étranger
qui achète un terrain de 3 000 m2 à Beyrouth sur lequel il peut construire plus de
15 000 m2, pourra réaliser un grand projet. Par contre, s’il achète 3 000 m2 de terrain
dans la Bekaa, ça ne lui servira pas à grand chose à part récolter quelques sacs de
pomme de terre.
Ma suggestion est de modifier la loi et de donner le droit aux étrangers d’acheter
dans les grandes villes un appartement par personne pouvant aller disons jusqu’à
1500 m2 de surface ; soit l’équivalent de 300 à 400 m2 de terrain. Ainsi, l’étranger
ne viendrait pas concurrencer des promoteurs immobiliers en achetant un grand
terrain à Beyrouth, le développant et le revendant à d’autres étrangers.
Dans la banlieue, on peut autoriser un étranger à construire une villa de 2000 m2
avec un terrain allant jusqu’à 5000 m2. Dans les autres régions, on peut autoriser la
construction d’une villa jusqu’à 2500 m2 sur un terrain n’excèdent pas 10 000 m2. S’il
souhaite acheter une plus grande surface, ce serait uniquement pour agrandir son
jardin.
Dans les zones agricoles, nous pouvons autoriser l’achat jusqu’à 1 million de m2 à
condition que ces terrains soient développés dans les 2 ans qui suivent leur achat,
pour l’agriculture ou l’élevage. Ainsi nous évitons la concurrence déloyale de
l’étranger dans les villes tout en lui assurant une habitation conforme à sa demande
d’un côté, et en le poussant vers des zones défavorisées pour y créer des activités
d’un autre côté.
A ces conditions, des exceptions peuvent être accordées pour des cas particuliers
comme un hôtel ou une industrie.
1 9 8 6 - 2 0 1 2
’expérience a montré que le
foncier monte à moyen et long
terme, même s’il peut stagner ou
même baisser à court terme comme
ceci s’est déjà passé entre 1997 et
2001. Donc un tel investissement est
toujours bon.
Les raisons d’une tendance baissière
ou haussière sont toujours multiples :
facilités des crédits, intérêt des
expatriés et des Arabes du Golfe,
environnement politique, liquidités
financières régionales, etc. C’est la
combinaison de ces facteurs, par
exemple, qui a provoqué la hausse
vertigineuse au cours de la période
récente jusqu’en 2010. Et c’est la fin
de ce cycle, ou de certaines de ses
composantes, qui a imposé l’accalmie
sur le marché depuis 2010, sans qu’il
n’y ait une « bulle » à exploser.
Du côté de la demande, elle existe
toujours, forcément, rien que parce
35 000 couples se marient tous les ans,
et ils ne peuvent pas tous habiter chez
la belle-mère.
Mais les tendances de cette
demande dans l’avenir proche
seront les suivantes : Beyrouth sera
immanquablement de plus en plus
chère ; les superficies standard seront
de 100-150 m2 ; les banlieues vont
toutes s’embourgeoiser et devenir
plus chères, même celles libellées
populaires actuellement ; des pôles
d’activités régionales vont se former
autour de Jounieh, Jbeil, Batroun,
Zahlé, Nabatieh…
Reste la deuxième question : quand
le bâtiment va, tout va ? Oui… mais
moins qu’en France, origine de cet
adage économique. Explication, en
France l’activité du bâtiment entraîne
35
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1. Un outil informatif
sur les produits d’assurance automobile
2. Un outil de déclaration
en cas d’accident.
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Services
Retour en grâce
« C’est le pays des services », disait-on
à la genèse du pays, dans la première
moitié du siècle dernier. Et ce n’était pas
péjoratif à l’époque.
I
l est parfois difficile de définir les
services. En gros, on dira que ce
sont les activités économiques hors
agriculture, industrie, construction
et commerce, soit près du tiers
du PIB. C’est dire qu’une panoplie
d’opportunités d’affaires existe et se
trouve exploité par un secteur privé
La fréquentation du port de Beyrouth par les marines internationales
est une garantie de prospérité. Y croyez-vous ?
Réponse de Mourad Aoun
Net Holding, CEO ; membre du RDCL depuis 2011
L’industrie des services constitue un vivier de ressources
humaines dynamiques, porteuses d’idées novatrices. Le
Liban est un pays riche en personnes entreprenantes,
dotées des meilleures formations, et aux capacités
d’adaptation reconnues. Les deux, combinés, forment un
facteur de succès assuré.
Cette richesse nous permet d’exporter nos concepts dans le monde entier. Un accord
de libre-échange en matière de services nous ouvrira de nouvelles opportunités. La
crainte de la concurrence des sociétés étrangères qui voudraient investir au Liban
n’est pas fondée. Au contraire, la concurrence serait une opportunité pour faire
évoluer nos prestations et offrir aux consommateurs un plus grand choix et une
meilleure qualité.
Etant donné la taille de notre marché, les sociétés étrangères devront trouver
des partenaires locaux pour s’y implanter, enrichissant ainsi l’expertise locale.
Le savoir-faire étranger combiné à la créativité et au dynamisme local améliorera
inévitablement la qualité de l’industrie de service. Par la suite, l’ouverture de nos
marchés aux accords de libre échange enrichira l’économie libanaise.
1 9 8 6 - 2 0 1 2
A-t-on intérêt à faire des accords de libre-échange en matière de
services ?
.
Un constat indéniable : l’environnement économique
s’est stabilisé au cours des dernières années à l’ombre
d’une présence militaire internationale discrète au
large des côtes libanaises. Les bâtiments des marines
amies déployées dans les eaux territoriales libanaises
et au-delà jouent à l’évidence un rôle stabilisateur,
voire régulateur, des flux maritimes et donc des échanges économiques et
commerciaux entre le Liban et l’extérieur. Cela rassure forcément la communauté
des affaires locale et internationale, et offre la stabilité que les investisseurs et les
milieux d’affaires cherchent en premier lieu sur les marchés.
r d c l
Par Nassif Saleh
Saleh Shipping, DG ; membre du RDCL depuis 2000
particulièrement dynamique sur ce
créneau.
Commençons par l’éducation qui
occupe près de 1 million de jeunes
répartis sur 2800 écoles. Une bonne
filière dans la mesure où les familles
ne lésinent jamais sur les moyens
pour éduquer leurs progénitures, et
sont près de 60% à choisir justement
l’école privée. Un exemple unique en
son genre dans ce domaine : le réseau
Sabis qui est parti du Liban pour créer
des écoles dans 15 pays regroupant
plus de 60 000 élèves.
Mais c’est l’enseignement supérieur
qui crée la plus grande valeur ajoutée,
à l’exportation. Exemple : près du quart
des étudiants de l’AUB viennent de 66
pays. C’est moins que le pourcentage
des années 70, mais c’est déjà ça.
Il est vrai que les 41 universités
que comporte le pays ne sont pas
toutes du même calibre ; c’est pour
cela qu’une équipe d’accréditation,
mandatée par le ministère, travaille
depuis des années pour évaluer ces
établissements, mais sans que ses
conclusions ne soient publiées…
Opérations à vendre
Autre secteur de services avec un
potentiel d’exportation, les hôpitaux.
Beaucoup fantasment sur ce potentiel,
surtout en scrutant du côté de la
Jordanie qui reçoit des dizaines de
milliers de patients de la région. Selon
les études effectuées localement,
les quelque 150 hôpitaux peuvent
accueillir jusqu’à 75 000 étrangers
37
sans préjudice pour les patients
libanais. Ce qui manque, c’est juste
un effort de marketing conjoint de
plusieurs corps de métier : hôpitaux,
assureurs, et ministères. En attendant,
nous gardons toujours une longueur
d’avance sur plusieurs spécialités,
même si la chirurgie esthétique jouit
d’une publicité glamour.
Exemple unique
1 9 8 6 - 2 0 1 2
Pour les services du transport,
nous sommes plutôt en retard. Le
transport aérien local est toujours
monopolisé par l’étatique MEA, un
sujet à controverse (voir encadré). Mais
plus de 50 compagnies étrangères
desservent l’aéroport Rafic Hariri, avec
près de 60 000 vols annuels, grâce à la
politique du ‘ciel ouvert’ entamée il y a
10 ans, autre sujet à controverse.
Mais c’est le transport routier qui
Devrait-on casser le monopole de la MEA ?
Réponse de Walid Hanna
Middle East Venture, managing partner ; membre du RDCL
depuis 2005
Une privatisation de la MEA est supposée créer de la valeur
à long terme, non seulement pour les investisseurs, mais
aussi pour les usagers et l’économie. Privatiser la MEA et
mettre fin à son monopole pourrait à la fois attirer des
investisseurs dans ce secteur clé du transport, et tirer
les tarifs de voyage vers le bas, ce qui nous amènera
davantage de touristes, et aura même des effets positifs
sur le commerce international. Cependant, le transport aérien est un secteur
fortement concurrentiel, et toute dérégulation devrait mener à des offres multiples
(vols réguliers, low cost, cargo…).
La MEA a beaucoup à apprendre du succès de l’Emirates/Dubaï, et leurs énormes
investissements. Dubaï s’est ainsi positionnée comme un hub mondial, de l’Amérique
et de l’Europe vers l’Asie. Des zones franches comme celle de Jebel Ali sont venues
s’y ajouter. Et même si tous ces projets sont à l’origine publics, ils sont gérés comme
des entreprises privées, et sont en concurrence avec toutes les autres compagnies :
Emirates n’a aucun monopole par exemple sur aucune destination. Résultat : le
succès phénoménal que l’on connaît avec 30 millions de passagers par an.
Pour conclure à partir de cette expérience, je dirais que mettre un terme au monopole
de la MEA pourrait lui faire du tort à court terme, mais sera extrêmement bénéfique
pour l’économie libanaise à long terme, surtout si l’aéroport et les zones franches
sont développés en parallèle. A mon avis, cette question devrait être débattue à un
niveau stratégique avec la participation des secteurs privé et public.
.
Est-ce que nos universités sont exportables ?
r d c l
Réponse de Toufic Tasso
Pigier Supec, DG ; membre du RDCL depuis 1995
souffre le plus dans ce cadre, avec
une absence étatique totale, et une
confusion et une inefficacité presque
uniques au monde. Deux groupes
tentent de sauver la mise : le groupe
Zantout (les bus rouges LCC…) et
Connex, la société française qui a
racheté Ahdab (mais l’a abandonné
ensuite pour d’autres projets). Si l’on
décide d’ouvrir un jour ce créneau
au secteur privé, les opportunités
seront considérables, surtout que le
transport ferroviaire semble être un
cas désespéré, suite aux multiples
études qui ont été faites depuis 15 ans.
Quant au transport maritime, de vrais
professionnels desservent le port de
Beyrouth, surtout après la réussite du
terminal de conteneurs géré par une
société privée (BCTC). CMA CGM, le
groupe du Libano-Français Jacques
38
Grâce à leurs partenariats et à leurs échanges extérieurs,
certaines universités libanaises ont depuis longtemps
fait la preuve de leur ouverture, attirant par cela nombre
d’étudiants étrangers. Les pays de la région ont de leur côté
développé des systèmes universitaires moins étatiques et
plus performants. Malheureusement, ce développement
se fait d’une façon trop contrôlée. La limitation de l’offre se
veut un rempart contre les abus, la bureaucratie tatillonne
un vœu pieux de contrôle qualité (et parfois de contrôle des jeunes). Ceci rend
l’implantation des universités libanaises dans ces pays difficile, voire impossible.
Reste alors le développement par partenariat avec des universités locales. L’université
libanaise peut alors exporter son savoir-faire par le biais d’assistance technique ou
pédagogique. Des échanges de programmes et de professeurs permettent alors de
contourner les difficultés liées à l’implantation directe.
Il est bien entendu que la pérennité de cette expansion est limitée dans le temps,
menacée par le désir d’ « indépendance » du partenaire local. La vraie expansion des
universités libanaises ne se fera valablement que dans un marché régional ouvert
guidé par des autorités autrement plus ouvertes.
Saadé, y a même établi un ‘hub’ de
premier ordre, de même que MSC.
D’autres se sont spécialisés avec succès,
comme Saleh Shipping qui opère sur le
créneau de l’assistance aux navires de
guerre. L’activité portuaire a tellement
bien réussi qu’il a fallu entamer une
extension. Seule ombre au tableau,
la flotte commerciale libanaise, qui
alignait quelque 260 navires dans les
années 80, a presque disparu.
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Climat d’investissement
40 mesures +
‘Améliorer le climat d’investissement’ est un refrain qui revient à chaque
chanson-déclaration ministérielle. Mais est-ce si difficile ? Nous avons
demandé à deux personnalités de démarrer par les 3 éléments qu’elles
jugent les plus importants, et nous avons enchaîné avec ce que les
organismes locaux et internationaux préconisent.
Si vous devez désigner seulement 3 éléments qui puissent encourager l’investissement, quels seraient-ils ?
Réponse
de
Roger Dib
Near
East
Consulting Group,
PDG; membre du
RDCL depuis 1987
r d c l
.
1 9 8 6 - 2 0 1 2
Les trois éléments
qui me semblent
les plus aptes
à
encourager
l’investissement sont les suivants :
1.
Une loi cadre pour encourager
l’investissement privé dans des projets
d’infrastructure publics : transports et
routes, télécommunications, électricité
et autres.
2.
Une réélection et une action sur
le rôle régulateur, et non investisseur, de
l’Etat Libanais surendetté. Quel rôle pour
un Etat qui monopolise les secteurs,
alors que sa décision est bloquée ou très
lente ? Cette initiative facilitera l’adoption
de la loi citée plus haut.
3.
Le développement d’un plan
quinquennal pour la réduction de la
dette publique par rapport au PIB aux
environs de 70%, avec des objectifs
annuels.
… Et de Fadi Saab
The Institute of Directors, Chairman ;
membre du RDCL depuis 2000
A mon avis, les trois éléments clé pour
encourager l’investissement seront les
suivantes :
4.
Faire respecter la loi et installer
la transparence et la redevabilité
comme un moyen incontournable pour
combattre la corruption. Il faut rétablir
la confiance dans le système judiciaire
pour assurer des règles de jeu équitables
pour tous les investisseurs, de quoi créer
une culture nationale d’éthique et de
valeurs dans le monde des affaires, ce qui
favorisera l’investissement.
40
5.
Offrir
un
environnement
légal et opérationnel favorable au
développement des PME. Stimuler la
productivité et la compétitivité des PME
sur les bases de qualité, de protection du
consommateur et de saine concurrence.
6.
Donner des ailes aux jeunes
pour construire un avenir prospère, en
leur fournissant les facilités et les outils
nécessaires. Une vision optimiste de
l’avenir et la création d’opportunités
d’emploi et d’investissements dépendent
d’un enseignement de haut niveau, afin
d’aboutir à une économie basée sur
le savoir, et des innovations orientées
professionnellement.
Et 34 autres mesures…
7.
Permettre d’utiliser les biens non
immobiliers comme garanties pour les
crédits.
8.
Réduire le temps nécessaire
pour obtenir un permis de construction
(à partir de 160 jours en moyenne
actuellement).
9.
Permettre de constituer une
société sans l’intervention d’un avocat.
10.
Accélérer le processus judiciaire,
sachant que 643 jours en moyenne
sont nécessaires pour faire aboutir un
contentieux.
11.
Eliminer les doublons (trop
nombreux) dans les procédures
administratives et judiciaires.
12.
Introduire la pratique de ‘temps
maximal obligatoire’ pour l’émission des
permis.
13.
Ouvrir l’accès aux données
économiques détenues par l’Etat.
14.
Aligner les frais administratifs
avec ceux en vigueur dans les pays
limitrophes et en Europe.
15.
Moderniser les législations sur le
bâtiment.
16.
Définir la responsabilité des
fonctionnaires municipaux.
17.
Adopter une nouvelle loi sur les
crédits.
18.
Adopter un nouveau code de
commerce et de transport.
19.
Harmoniser
les
pratiques,
mesures et procédures publiques (au
sein des ministères).
20.
Créer un guichet électronique
unique pour puiser des données,
présenter des demandes et payer les
frais.
21.
Conclure des accords avec les
différents pays pour harmoniser les
normes des produits importés/exportés.
22.
Revoir les accords commerciaux
avec les pays voisins (qui, apparemment,
avaient été bâclés).
23.
Automatiser le système en
vigueur au Registre Commercial.
24.
Adopter une nouvelle loi
permettant la constitution de société à
un seul partenaire.
25.
Eliminer
le
timbre
fiscal,
encombrant et peu rentable.
26.
Créer des procédures judiciaires
rapides, de type ‘Injonction de payer’ ou
‘Référé’.
27.
Accélérer les autres procédures
en réduisant par exemple les motifs
d’objection et de notification.
28.
Limiter les frais judiciaires à
un pourcentage maximal du montant
réclamé.
29.
Simplifier le code de procédures
civiles (session préliminaire, nombre
d’appels, abus…).
30.
Introduire des tribunaux et des
procédures spéciaux pour les petits
montants.
31.
Informatiser les greffes.
32.
Revoir la législation sur la
médiation, et former le personnel public
(magistrats, greffiers) et privé (avocats).
33.
Revoir les mesures de faillite.
34.
Créer des moyens de règlement
alternatifs des conflits hors des tribunaux,
y compris pour les banques avec leurs
clients.
35.
(Il y en a encore mais il n’y a plus
de place…)
Postface
Comme un poisson
dans l’eau
r d c l
.
1 9 8 6 - 2 0 1 2
« Au lieu de donner un poisson à
un pauvre, apprenez-lui à pêcher ».
Depuis que ce Chinois illuminé a
lancé sa phrase ingénieuse entre
toutes, les digressions n’ont pas
cessé de fuser. Et les Libanais ont
vite fait de prendre l’affaire en
main, dont un pêcheur de longue
date. Robert Fadel (Fonds Bader)
a remarqué que la pêche, même
bonne, a quand même ses limites
en termes de revenus. Alors il lui a
conseillé d’agrandir son bateau, puis
d’ouvrir un restaurant de poissons.
Semaan Bassil (Byblos Bank), qui
se promenait à ce moment-là par
le port de Jbeil, a même offert de
lui avancer l’argent. Khater Bou
Habib (Kafalat), lui a emboîté le pas
en amenant sa garantie, ce qui fait,
avec le support de Riad Salamé, que
le taux d’intérêt a presque disparu.
Une fois que le restaurant a démarré,
et rencontré un franc succès, on
allait presque oublier l’affaire
chinoise et ses digressions. Sauf que
Charles Arbid (Lebanese Franchise
Association) se plante là un jour après
un bon déjeuner et lui recommande
de franchiser son savoir-faire dans
les pays limitrophes. Stéphane Attali
(ESA) lui a même ouvert les portes
de son établissement pour une
formation adaptée, afin d’éviter les
mauvaises surprises.
Mais des mauvaises surprises, il
en a eues aussi. Le ministère du
Tourisme lui a fait remarquer qu’il
devait payer pour des places de
parking, bien qu’inexistantes. La
CNSS l’a averti qu’il devait mettre la
moitié de ses profits en réserve pour
l’indemnité de fin de service de ses
8 employés, même s’il verse une
cotisation pour le même objectif. Le
42
ministère des Finances a envoyé
2 inspecteurs pour lui imposer un
redressement fiscal d’abord, vérifier
ses comptes ensuite. Le ministère
de la Justice lui a ri au nez lorsqu’il
a émis le souhait de porter plainte
contre un gros client mauvais
payeur. Le ministère des Travaux
Publics vient de lui signifier, lors
de sa demande d’agrandissement,
que le coefficient d’exploitation de
son terrain a été modifié à la baisse,
et celui de ses voisins à la hausse.
Même le ministère de l’Agriculture a
remarqué, mécontent, que certaines
des ses poissons étaient enceintes,
ce qui mettait l’espèce des Jarbidi en
danger…
Il allait lâcher prise, lui qui était
il y a quelque temps habitué à
traiter juste avec des poissons,
muets comme une carpe. C’est à
ce moment qu’il s’est mis à scruter
les success stories de centaines de
jeunes entrepreneurs comme lui.
Certains ont même été cooptés
au RDCL. C’est pour dire. Alors il
s’est dit qu’après tout, il ne va pas
terminer son aventure en queue
de poisson. Et que, même s’il n’est
pas sûr de réussir son entreprise
poissonnière… il n’a pas envie de
pêcher par omission.
Nicolas Sbeih
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