Une brève histoire des Sarda - PAGES GENEALOGIqueS d`ANNICK
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Une brève histoire des Sarda - PAGES GENEALOGIqueS d`ANNICK
Une brève histoire des Sarda par Bernard Dimon Pertuis, samedi 25 février 1995 Avertissements Ce document n'a pas la prétention d'être une étude exhaustive de la famille Sarda. Trop d'informations dorment encore dans les registres paroissiaux ou dans les greniers des notaires pour qu'il en soit ainsi. Il fait le point sur ce que nous connaissons de cette branche de l'arbre généalogique mais surtout c'est un recueil, pour les périodes les plus récentes, d'un ensemble de faits ou d'anecdotes qui aurait pu à tout jamais s'effacer de la mémoire familiale. photographie de la 1ère page : Jean-Pierre Sarda, père de Julie Jean Sarda 1700 - 1762 L'acte de mariage de son fils Jean nous fournit les seules informations sures que nous ayons sur ce lointain aïeul : - ce fils est né à Saint-Julia-de-Bec, actuellement petite commune du canton de Quillan (380 habitants vers 1880, beaucoup moins actuellement). Tout porte à croire que le père était originaire de cette même localité, ou du moins qu'il y vivait. - son épouse s'appelait Louise Bourrel, patronyme très répandu dans ce secteur de l'actuel département de l'Aude, et n'était plus de ce monde dès 1742 (cf. l'acte de mariage de son fils). Les registres paroissiaux les plus anciens disponibles à Saint-Julia-de-Bec, y compris dans la série 4E, datent de 1732. Cela rend les recherches particulièrement difficiles voire impossibles. L'acte de décès, en date du 29 octobre 1762, d'un Jean Sarda âgé d'environ 62 ans est le seul qui figure sur ces registres. Il faut considérer cette information avec la plus grande prudence. Jean Sarda 1723 - 1783 L'acte de naissance de ce Jean Sarda a également disparu puisqu'il a vu le jour vers 1723. A sa mort, survenue le 5 janvier 1783 à Pradelles-en-Val et plus précisément au hameau de Commèles, il était âgé d'environ 60 ans. Son acte de mariage en l'église de Belvianes, paroisse distante de quelques kilomètres de Saint-Julia-de-Bec, est la pièce la plus ancienne à verser au dossier. Le 3 février 1742, Jean Sarda épouse Élisabeth Sanramé (ou Saint-Rome si l'on adopte une graphie plus francisante). Fille de Jean et de Marie Castelnave, elle est originaire de Quillan où son père exerçait la profession de boulanger. Ce dernier semble être décédé en 1742 alors que la mère est toujours vivante. Nous n'avons pu recueillir pour l'instant d'autres informations sur cette Élisabeth Sanramé, les registres paroissiaux de Quillan antérieurs à 1737 étant conservés en mairie et son acte de décès introuvable. Ce n'est sans doute pas un hasard si Élisabeth Sanramé est fille de boulanger. En effet, si l'on se réfère à son acte de décès, Jean Sarda est le premier connu d'une longue dynastie de meuniers et il a du connaître sa future épouse en livrant la farine à Quillan. Ce sont en fait des ouvriers meunier occupés pour un temps donné par un propriétaire de moulin. Les aléas de l'embauche les forçaient à une mobilité géographique anachronique pour l'époque où les gens étaient le plus souvent attachés à leur lopin de terre. Le couple Jean Sarda - Élisabeth Sanramé a eu plusieurs enfants, tous nés à Belvianes : - le 18 novembre 1742, Catherine - le 14 janvier 1746, Nicolas - le 4 août 1747, Jean-Baptiste - le 23 mars 1749, Sébastien - le 15 septembre 1751, François - le 17 janvier 1754, Thomas Notre ancêtre Nicolas a été baptisé le jour même de sa naissance par M. Majorel, curé de Belvianes, qui avait déjà donné la bénédiction nuptiale à ses parents. Son parrain s'appelait Nicolas Lourière et sa marraine Gabrielle Catala, originaire de Cabirou (?). Comme c'était l'usage à l'époque, Jean Sarda est parrain de son premier petit-fils, Jean, né le 23 mars 1782. Toujours meunier à Pradelles, Jean Sarda est également présent au mariage de son fils Thomas le 29 octobre 1782. Ce dernier, meunier à Talairan, épouse une Jeanne Fabre fille de feu Antoine Fabre, maçon, et de Marie Bouriannes. Jean Sarda disparaît deux mois plus tard, le 5 janvier 1783. Nicolas Sarda 1746 - 1814 Nicolas, déjà âgé de 35 ans, épouse Marguerite Rigaud le 12 juin 1781 à Pradellesen-Val. Celle-ci y a vu le jour 26 ans auparavant fille de Louis, décédé en 1781, et d'Antoinette Combes mariés en cette même paroisse le 5 novembre 1743. Nicolas, meunier de son état, a-t-il du attendre la maladie de son père (celui-ci décède à Pradelles en 1783) pour lui succéder et avoir les revenus nécessaires pour s'établir en ménage ? Nul ne le saura jamais. Toujours est-il que malgré l'âge quelque peu avancé du père, le couple a eu de nombreux enfants nés dans deux paroisses différentes, lieux successifs de travail du chef de famille : à Pradelles-en-Val, moulin de Commelles - le 23 mars 1782, Jean - le 16 octobre 1783, Marguerite - un fils mort-né et enterré en 1785 - le 11 mars 1786, Jean-Pierre - le 26 décembre 1788, Gabriel à Talairan - le 7 mars 1791, Antoine-Michel, - le 13 juillet 1794, Rose Sur tous les actes de naissance de ses enfants, du moins à Pradelles, Nicolas adopte le prénom de Michel. Le prénom donné au baptême, celui du parrain dans la grande majorité des cas, était souvent délaissé pour être remplacé par un prénom usuel plus en rapport avec les goûts de l'individu concerné. Dans la famille Sarda, cela deviendra une règle! Trois unions des enfants issus de ce couple nous sont connues : - Jean-Pierre épouse Marianne Sabatier le 13 février 1816 à Siran, département de l'Hérault. - Antoine-Michel épouse Marie Miquel le 1er juillet 1812 à Talairan. La mariée est née le 25 septembre 1791 en cette même localité et elle est fille de Dominique et de Marie-Rose Daïdé. - Rose épouse Jean Tautil, laboureur fils de Pierre et de Marie Saunié, le 22 septembre 1819 à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse. Seuls certains des enfants issus des deux premiers mariages continuent de nos jours à avoir des relations suivies et à se reconnaître comme cousins (cf. les notes et les arbres généalogiques de Nicolas et de Jean-Pierre Sarda figurant en annexe). Nicolas Sarda décède le 9 septembre 1814 à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse où il habitait le lieu dit le "Moulin-Vieux". Le décès est déclaré par son fils Pierre, meunier. Marguerite Rigaud loge en ce même lieu au mariage du dit Pierre (ou Jean-Pierre) en 1816. Elle est toujours vivante au moment du mariage de sa fille Rose en 1819. Après nous perdons sa trace. Elle a du finir ses jours dans une autre paroisse auprès d'un autre de ses enfants. Jean-Pierre Sarda 1786 - xxxx Jean-Pierre Sarda vit à une époque où l'Administration est déjà largement présente dans la vie des citoyens. Les registres d'état-civil sont tenus par un personnel tout nouvellement laïque qui se veut à la hauteur de la tâche. En France, le premier recensement général de la population date de 1801; pour la partie de l'Aude qui nous intéresse, les premiers relevés pouvant être consultés aux Archives Départementales de Carcassonne ne sont pas antérieurs à 1836. Curieusement, c'est cet ancêtre, pas très éloigné somme toute, qui nous est le plus étranger. Une vie de labeur très difficile, si ce n'est errante, est sans doute la cause de cette méconnaissance. Jean-Pierre Sarda est né le 11 mars 1786 à Pradelles-en-Val (Aude) où son père exerçait alors la profession de meunier. Le prénom usuel de Pierre est souvent adopté d'autant qu'il a un frère, né quatre ans auparavant, qui se prénomme Jean. Nous retrouvons sa trace en 1814 à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse. Il a alors 28 ans et, comme nous l'avons vu, il vient déclarer le décès de son père. Aide-t-il ce dernier dans son activité, ou exerce-t-il le métier à son compte, nul ne le saura jamais. Toujours est-il qu'il attend le décès du père pour se mettre en ménage, cet élément est en faveur de la première hypothèse. Toujours meunier à Saint-Laurent-de la-Cabrerisse, il épouse à Siran le 13 février 1816 une Marie-Anne Sabatier fille de d'Antoine Sabatier, meunier au dit lieu, et de Claire Espès. La mère de Jean-Pierre Sarda n'est pas présente au mariage, elle fait établir une procuration le 20 janvier 1816 par Maître Franc, notaire royal à Fabrezan (depuis un an, Louis XVIII est en effet remonté sur le trône). Pourtant , les deux localités, bien que sises l'une dans le département de l'Aude et l'autre dans celui de l'Hérault, ne sont pas très éloignées. On peut même imaginer que situées à une vingtaine de kilomètres par la route, moins par les chemins de traverse utilisés à l'époque, de part et d'autre de Lézignan-Corbières, les futurs époux se sont rencontrés à une foire de cette grosse bourgade. Tout ceci n'est que supputation, il est clair simplement que la profession commune de l'époux et du beau-père n'est pas étrangère au rapprochement entre les deux familles. Trois des enfants de Jean-Pierre Sarda et de Marie-Anne Sabatier naîtront à SaintLaurent-de-la-Cabrerisse : - le 14 janvier 1818, Pierre-Antoine (décédé le 28 août 1818) ; le père est meunier au «Moulin-neuf», son frère Miquel (Antoine-Michel), meunier au moulin de Salles l'accompagne à la mairie. - le 30 août 1820, Jean-Pierre - le 6 février 1836, Marie, Anne, Joséphine Les trois autres, Antoine né vers 1824, Charles né vers 1828 et Marie née vers 1830, nous sont connus uniquement par les recensements. Leur naissance ne figurent pas sur les tables décennales des cantons de Lagrasse, Durban, Couiza, Sigean, Tuchan, Mouthoumet, Saint-Hilaire, Capendu, Quillan, Couiza et Narbonne, c'est à dire dans un rayon très grand autour de Saint-Laurent. Il se peut que toute la famille est émigrée pour un temps dans l'Hérault d'où Marie-Anne Sabatier était originaire. Au recensement de 1836, il est un fait remarquable à noter. Marie-Anne Sabatier est le seul membre adulte du foyer n° 81 de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse qui comporte par ailleurs cinq enfants. L'aîné, Pierre notre ancêtre, est le seul à travailler et la dernière a seulement quatre mois. Pour le recenseur, elle n'est ni veuve ni abandonnée mais femme mariée. Il faut dans ces conditions admettre que le père travaille au moment du recensement loin du domicile familial. Un Pierre Sarda, homme marié, habite à la même époque chez Pierre Capelle et Thérèse Laffage, veuve Capelle, au moulin dit de Laffage à Lagrasse. Il se pourrait fort bien que Pierre Sarda s'y soit "exilé" pour trouver du travail. Son âge serait alors de 50 et non de 40 ans mais il peut s'agir d'une erreur de transcription ou de lecture. La charge de meunier à Saint-Laurent, où le travail n'abonde peut-être pas à cette époque, est occupée par son frère Antoine-Michel, ou Michel, qui la transmettra à ses enfants (cf. recensements). Cela pourrait par ailleurs expliquer la fréquentation du village de Lagrasse par son fils Jean-Pierre qui s'y marie en 1848. En tout cas, c'est le seul Pierre Sarda qui correspondent quelque peu au profil recherché dans les quelques trente six communes voisines de Saint-Laurent. Au recensement de 1846, son foyer a disparu des registres de Saint-Laurent. Pourtant, sur l'acte de mariage de son fils Jean-Pierre en 1848, il est dit meunier à SaintLaurent et il est même, contrairement à la mère, présent à la cérémonie. Nous ne possédons par la suite plus aucun acte qui mentionne son nom. Nous ignorons de ce fait tout du lieu et de la date de son décès. Nous voyons réapparaître Marie-Anne Sabatier, sans confusion possible sur la personne puisqu'elle vit chez son fils et que le lieu de naissance est correctement mentionné, à Lagrasse à l'occasion du recensement de 1872. Elle est dite âgée de 80 ans (75 exactement) et nous n'avions aucune information sur elle depuis 1836. En 1876, elle ne fait plus partie de ce foyer, elle n'est pas décédée entre temps à Lagrasse et nous perdons une nouvelle fois sa trace. Elle est morte soit chez un autre enfant, soit à l'hospice compte tenu, comme nous le verrons, de l'indigence du fils. Jean-Pierre Sarda 1820 - 1887 Avec ce Jean-Pierre Sarda, nous entrons derechef dans la mémoire vivante. Deux personnes au moins en conservent en effet un souvenir oral transmis par leurs aïeux: ma mère, Jeanne Coumes, fille de Julie Sarda, et Monsieur Henri-Jean Poudou, apiculteur au moulin dit actuellement de Boysède, commune de Lagrasse. Pour la première partie de son existence, nous devons cependant encore nous référer aux écrits anciens et en particulier aux actes d'état-civil. Jean-Pierre Sarda est né à une heure du matin le 30 août 1820 à Saint-Laurent-dela-Cabrerisse en la maison d'habitation de ses parents, Jean-Pierre et de Marie-Anne Sabatier. Il est déclaré le même jour par son père, meunier au Moulin Neuf du dit lieu, à Pierre Coustalé, adjoint, en l'absence du maire, Adolphe de Montredon. Sur l'acte de naissance, les prénoms de Jean et Pierre, soulignés, sont séparés par une virgule. Il ne s'agissait donc pas à l'origine d'un prénom composé. Il le deviendra. Nous savons qu'il a vécu à Saint-Laurent au moins jusqu'en 1836. A cette époque, il vit avec sa mère (cf. recensement) et il est journalier, c'est à dire au bas de l'échelle sociale. Après cette date, comme pour le restant de sa famille, nous perdons momentanément sa trace. Nous le retrouvons à Lagrasse le 26 juillet 1848 à l'occasion de son mariage avec Marie-Rose Rech. Il a vingt sept ans, il est meunier, il habite Saint-Laurent-de-laCabrerisse et il sait, tout comme sa femme, écrire correctement son nom. Le couple doit rapidement s'installer à Fitou car dès le 7 septembre 1850 une fille, prénommée Marguerite, naît dans cette commune où son père exerce toujours la profession de meunier. On reconnaît d'ailleurs parfaitement sa signature au bas de l'acte. Cette dite Marguerite est née dans la maison d'un Louis Nègre sise dans le village. Elle se fera par la suite prénommer Henriette et épousera Paulin Belly (cf. arbre généalogique). Au recensement de 1851 de la commune de Fitou, Jean-Pierre Sarda est à la fois meunier et voiturier, il habite portail Bélard, dans le village. Il semble même financièrement aisé puisqu'il loge deux ouvriers sous son toit (cf. recensement) . Il semble difficile de voir dans le dit Pierre Sarda son père car d'une part la mention n'est pas portée selon l'usage, d'autre part nous ne connaissons pas à ce dernier de fils prénommé Joseph né vers 1821. En 1854, année durant laquelle naît sa seconde fille Silvine Adeline, la situation a bien changé. Il habite Lagrasse, rue Droite, où il exerce la profession de cafetier. A 34 ans, il a perdu sa situation de meunier à Fitou car il est, comme le mentionne l'acte de naissance en date du 16 janvier, atteint d'une infirmité à un bras qui l'empêche de signer. Silvine Adeline décède le 7 décembre 1855 âgée de 23 mois. La famille vit alors rue du Pech. Les choses ne se sont pas arrangées pour lui car le 20 juillet 1857, lorsqu'il vient déclarer la naissance de son fils Jean-Pierre né la veille rue du Pech, il est dit sans profession. Une infirmité à l'épaule droite est cette fois-ci mentionnée. Il est en fait, comme nous le savons par le témoignage de Henri-Jean Poudou qui le tient directement de ses grands-parents (sa grand-mère est décédée à 101 ans !), amputé du membre supérieur droit suite probablement à un accident de travail, les meules ne broient pas que du grain. En 1861, toute la famille a déménagé rue du Quai à Lagrasse et le chef de famille a repris son ancien métier puisqu'il recensé en tant que garçon meunier. Il doit travailler dans un des trois ou quatre moulins de Lagrasse alors en activité. En 1872, nous retrouvons Jean-Pierre Sarda au moulin du Sou (ou moulin de Boysède) : il est fabricant de plâtre et de nouveau suffisamment à son aise puisqu'il a pu accueillir sa maman âgée de 80 ans et qu'il occupe un ouvrier. Curieusement, son fils Jean-Pierre est prénommé Alexandre (de même qu'en 1876). Il était vraiment de mode de changer Saint-Patron puisque sa sœur de Marguerite est devenue Henriette. Comment est-il arrivé à redresser une situation qui paraissait à un moment fort compromise ? C'est là qu'intervient le témoignage précieux de H.J. Poudou. M Castans ou héritiers, propriétaires du moulin du Sou, possédaient également à Forodonos, sur la commune de Saint-Pierre-des-Champs, une mine de gypse souterraine et un moulin à vent. Au début, le gypse extrait était cuit dans un four contiguë à la mine (four encore visible) puis broyé sur place entre les meules du moulin. Par la suite, la capacité de l'installation s'est-elle avérée trop réduite ou bien la monoculture de la vigne a-t-elle tué la minoterie ? (en 1834 le moulin de Boysède est appelé sous le n° 192 "masure de moulin à eau"), toujours est-il qu'il a été décidé de fabriquer le plâtre à Lagrasse et plus précisément à Boysède. Depuis quand notre ancêtre Jean-Pierre Sarda exerçait-il la profession d'usinier ? Nul ne le sait. Agé de 67 ans, il est encore fabricant de plâtre le jour de son décès qui intervient le 6 novembre 1887 à trois heures du matin. D'après maman, qui se réfère en cela à la tradition familiale, il succomba à une absorption trop massive "d'eau de vie allemande", remède de l'époque (et de cheval!) renfermant de l'arsenic et destiné à éliminer le ver solitaire ! Sa veuve n'a pas encore atteint la soixantaine. Jean-Pierre Sarda ne posséda jamais de biens à Lagrasse. Son nom, pas plus d'ailleurs que celui de sa femme, ne figurent sur la matrice cadastrale depuis sa création en 1834 jusqu'à sa rénovation en 1915 alors que celui de leur gendre Paulin Belly y apparaît deux fois (en tant que cafetier, pour une maison de 1887 à 1891; en tant que courtier, pour un entrepôt à partir de 1909). Le décès précipité de Jean-Pierre Sarda semble avoir entraîné la perte de l'entreprise. Dès le 24 novembre 1887, le moulin est vendu par l'héritière des Castans au profit de Jean-Baptiste Laffage, médecin à Lagrasse. Marie-Rose Rech ne devait par conséquent plus loger au moulin au moment de sa disparition à 66 ans, 27 juillet 1894 mais plus probablement chez son fils unique JeanPierre, si ce n'est l'inverse ! La mémoire d'Henri-Jean Poudou renferme des souvenirs qui méritent d'être ici mentionnés car ils mettent en relief quelques aspects de la vie et de la personnalité de notre ancêtre Jean-Pierre Sarda. Laissons lui pour un temps la parole : «Mes grandsparents m'ont souvent parlé d'un Sarda, usinier à Boysède. Usinier car Sarda fabriquait du plâtre. La mine, dont je suis propriétaire, se trouve à Forodonos, route de Talairan. Le plâtre était au début broyé à l'aide de meules mises en mouvement par la force du vent, à Forodonos. C'est du temps de votre aïeul que l'usine a été installée à Boysède. Les engrenages et autres mécaniques du moulin à vent de la plâtrière de Forodonos, se trouvaient dans une remise de Lagrasse. cette mécanique revenait à notre père, mais il n'en a jamais pris possession.....Les chevaux assuraient le transport du gypse de la mine à Boysède sans conducteur. Le gypse était cuit et le plâtre obtenu était broyé par les meules encore visibles ici (au moulin de Boysède, NDRL).... Sarda était manchot. Bon chasseur, il tirait d'un seul bras. Quand il partait livrer dans le Val-de-Dagne, il mettait son cheval en route, lui-même passant par la montagne de La Coque pour retrouver son attelage à Domneuve (à quelques kilomètres au-delà de gorges de l'Alsou, NDRL). Bien sûr, c'était pour chasser perdrix et lièvres. Ferdinand Maussac (demi-frère de son gendre Paulin Belly, NDRL.) m'avait dit qu'il y avait une longue table au moulin, souvent garnie de gibier et occupée toujours par de nombreux invités, la table était toujours mise.... Je me souviens aussi que Ferdinand m'avait dit qu'il y avait une très grande poêle à frire le poisson du bézal,.... il suffisait de fermer une vanne à crémaillère, d'ouvrir la buse qui envoyait l'eau et le poisson arrivait !.... Pendant un temps Boysède s'est appelé "Moulin Sarda". C'est le docteur Laffage, propriétaire avant nous, qui a repris le nom de Boysède en l'écrivant ainsi (il faudrait écrire Boissède tout comme le patronyme d'une des plus anciennes familles de Lagrasse, NDRL).... Il y avait une source, disparue depuis peu, dans le rocher à 100 mètres au dessus du moulin que l'on appelait "La Sardane", cela n'est pas péjoratif de dire la Sardane, les grands-parents m'ont dit qu'elle se nommait ainsi parce que Madame Sarda allait y puiser l'eau de boisson.» Mon père, René Dimon, se souvient très bien du fusil utilisé par Jean-Pierre Sarda. Cette arme possédait une pièce en triangle qui s'adaptait à la crosse pour pouvoir tirer d'un bras, elle avait échue à mon grand-père Auguste, dit René, Coumes. Ce dernier l'a donnée à Hervé Belly, descendant de Paulin Belly mais aussi mon oncle, qui le possède encore. En résumé, notre aïeul Jean-Pierre Sarda, possédait sans doute une grande force de caractère puisqu'il a su surmonter, il est vrai à une époque où on ne pouvait guère faire autrement, le handicap lié à son infirmité. C'était avant tout un bon vivant. Grand chasseur devant l'éternel, pêcheur ou braconnier si ce n'est les deux, il était, semble-t-il, toujours prêt à dresser la table pour ses amis ou connaissances. C'est ce dernier trait de caractère qu'il a, selon ma mère, transmis intact à son fils Jean-Pierre.... et peut-être à d'autres dans sa descendance ! Jean-Pierre Sarda 1857- 1920 Mon arrière grand-père Jean-Pierre Sarda est, comme nous l'avons vu, né à Lagrasse le 20 juillet 1857. Pour le différencier de son père, tout le monde dans le village l'appelait Sardanou. Ma mère, qu'il n'a pourtant jamais vue car il est mort 17 mois avant sa naissance, l'a du moins toujours entendu raconter dans la famille. Pour l'agent recenseur de Lagrasse, il s'est même vu affubler, en 1872 et en 1876, du prénom d'Alexandre, Dieu seul sait pourquoi ! Le premier juillet 1878 il est dispensé du service militaire actif aux termes de l'article 22 en tirant le n°26 dans le canton de Lagrasse. Il est mis à la disposition du Régiment d'Infanterie Divisionnaire stationné à Castres. Le livret qui lui est délivré ce jour là nous apprend entre autre qu'il mesurait 1,70 m, qu'il était châtain, cultivateur.....et catholique. Il passe dans l'armée territoriale le 1er juillet 1887, il a alors 32 ans, au 125ème Régiment Territorial d'Infanterie où il accomplit une période du 29 avril au 11 mai 1889. En ce même 1er juillet 1887, il prend en gérance le Café National à Lagrasse, actuel Café Charlemagne, qui appartenait à Monsieur Pascal Chassan, rentier. Son beau-frère, Paulin Belly, qui était cafetier à la même époque à Lagrasse lui aura peut-être appris le métier. Tous ces événements sont sans aucun rapport avec le décès brutal de son père qui intervient pourtant au mois de novembre. C'est tout ce que nous savons pour le moment de la première partie de sa vie qui se déroule à Lagrasse. Il faut en effet attendre le 14 septembre 1892, c'est à dire sa 35ème année, pour lui voir épouser à Lapalme Anne Célestine Sirvein, native du lieu, de onze ans sa cadette, fille de François, tailleur de pierre, et d'Anne Toulza. D'après ma grand-mère, il aurait exercé la profession de limonadier à Lapalme, c'est à ce moment là qu'il aurait connu sa future épouse, avant de prendre en gérance le café de Lagrasse. Les recensements de Lapalme en dates de 1881 et 1886 ayant disparu, ce fait est pour le moment impossible à vérifier. Quoiqu'il en soit, si sa situation familiale se clarifie, cela l'est moins du coté travail car, le jour de son mariage, il est donné sans profession sur son livret de famille. Selon toute vraisemblance, il vient sans doute de quitter le café de Lagrasse avec l'intention de s'installer dans le village de sa femme. C'est du moins le métier qui apparaît sur l'acte de naissance de sa fille Julie le 25 juillet 1893 à Lapalme. Pour ne pas faillir à la tradition familiale, celle-ci se fera appeler plus tard Germaine. Par une étrange coïncidence, c'est un Pierre Dimon, cordonnier qui est témoin de la déclaration de naissance. Vers 1900, il déménage avec femme et enfant à Saint-André-de-Roquelongue où il restera jusqu'à sa retraite en 1913. Il rejoint alors sa fille à Albas où celle-ci a été nommée à sa sortie de l'Ecole Normale de Carcassonne. En 1919, il suit celle-ci à SaintJean-de-Barrou où il décède le 7 octobre 1920. Julie Sarda 1893- 1967 De ma grand-mère, je ne dirais rien car ce n’est plus le fruit de mes recherches généalogiques que j’aurais à raconter mais bien mes souvenirs d’enfance. Pour ceux qui ne l’ont pas connue, je la situerais dans le temps au travers de sa carrière d’institutrice, véritable sacerdoce qu’elle poursuivit au-delà de la retraite en faisant subir à ses petits enfants, et en particulier à l’auteur de ces lignes, les affres d’une dictée quasi quotidienne; je ne pense pas que ce fut en pure perte. Après avoir obtenu en 1905 son Certificat d’Etudes Primaires à Saint-André-deRoquelongue où elle vit avec ses parents, elle s’inscrit à Narbonne au Cours Complémentaire de la Madeleine. Elle loge dans cette ville chez un certain Monsieur Bach, tailleur rue de la République. Elle doit également fréquenter les cours d’Instruction religieuse puisqu’elle fait sa communion en la cathédrale Saint-Just le 24 mars 1907. Elle obtient son Brevet Elémentaire le 8 septembre 1909 et entre alors à l’Ecole Normale de Jeunes Filles de Carcassonne (promotion 1910-1913). Depuis sa sortie de la dite école, le 15 juillet 1913, elle exerce ses talents en divers postes : - du ler octobre 1913 au 27 septembre 1919 : école publique d'Albas, canton de Durban (Aude). - du 27 septembre 1919 au ler octobre 1924 : adjointe puis directrice à compter du ler octobre 1921, de l’école publique de Saint-Jean-de-Barrou, canton de Durban. Le 5 novembre 1919, elle y épouse Auguste Coumes, jeune sous-lieutenant fraîchement démobilisé. Issus tous deux de l’Ecole Normale de Carcassonne, la Grande Guerre était venue retarder leur projet. Le jeune couple y aura ses deux seuls enfants : Jean né le 7 février 1921 et décédé onze jours plus tard, Jeanne née le 16 décembre, ma mère. - du ler octobre 1924 au ler octobre 1933 : adjointe, puis directrice à compter du ler octobre l928, de l’école publique de Thézan, canton de Durban (Aude). - du ler octobre 1933 au mois de juillet 1953, date de son départ en retraite : école de filles «Jean-Jaurès» à Narbonne. Je garde quelques souvenirs de cette lointaine époque ! Recensements 1836 Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse foyer 99 Sarda Michel, meunier Miquel Marie, femme Sarda, meunière Sarda Bernard, fils Sarda Marie-Anne, fille Sarda Michel, fils Gaubert Anne, meunière, aïeule des précédents 46 ans 42 ans 20 ans 18 ans 10 ans 82 ans Remarques : Nicolas Sarda est mort le 9 septembre 1814, avant sa femme Marguerite Rigaud vivante en 1816. Il n'a pu se remarier et on ne voit pas d'où sort cette Anne Gaubert dont le décès est d'ailleurs introuvable à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse. Il s'agit très probablement d'une erreur de l'agent recenseur. foyer 81 Sabatié Marie-Anne, femme Sarda, journalière Sarda Pierre, journalier Sarda Antoine Sarda Charles Sarda Marie Sarda Josèphine 38 ans 16 ans 12 ans 8 ans 6 ans 4 mois 1836 Lagrasse Sarda Joseph, cafetier, non marié Sarda Pierre, garçon meunier 40 ans Remarques : A la même époque, il n'y a pas de foyer Rech à Lagrasse. 1846 Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse Sarda Michel, meunier chemin de M... Miquel Marie, sa femme Sarda Michel, fils Sarda Bernard, fils aîné Gibert Marie, sa femme Sarda Julie, leur fille aînée Remarques : 54 ans 53 ans 19 ans 33 ans 27 ans 4 ans Marie-Anne Sarda est partie. Il n'y a pas d'autre foyer Sarda ni Sabatier à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse ! 1846 Lagrasse Gibert Marie, sans profession Gibert Rose, sa fille Gibert Felicie, sa fille 46 ans l8 ans 3 ans Remarques : Le père, Jean-Pierre Rech, vient de décéder (le 31 mars 1845). Il n'y a pas de foyer Sarda à Lagrasse. 1851 Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse Sarda Michel, meunier au Moulin-Neuf Miquel Marie, vivant du travail de son mari Sarda Michel, leur fils, meunier Lignières Magdeleine, femme de ce dernier Sarda Auguste, leur fils Sarda Bernard, meunier à Salles Gibert Marguerite, sa femme Sarda Julie, leur fille 59 ans 58 ans 24 ans 23 ans 6 mois 37 ans 33 ans 9 ans Remarques : Salles est une ferme de Saint-Laurent située dans la haute vallée de la Nielle à trois kilomètres environ de Talairan 1851 Fitou village et portail Belard Sarda Jean-Pierre, meunier et voiturier Rech Rose, vivant du travail de son mari Sarda Marguerite, la fille aux deux Sarda Pierre, meunier Sarda Joseph, garçon meunier, fils du dernier 31 ans ? 8 mois 60 ans 30 ans 1861 Lagrasse rue du Quai Sarda Jean-Pierre, garçon meunier Rech Rose, sa femme Sarda Henriette, leur fille Sarda Jean-Pierre, leur fils 1861 Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse 40 ans 33 ans 10 ans 3 ans Sarda Michel, meunier au Moulin-Neuf Lignières Magdeleine, femme de ce dernier Sarda Elie Sarda Vincent Miquel Marie, mère du chef 35 ans 33 ans 11 ans 9 ans 68 ans Sarda Bernard, meunier aux Saules Gibert Élisabeth Sarda Vincent Sarda Delphine 47 ans 45 ans 12 ans 7 ans Perrouty Pierre, chef-cantonnier Sarda Marie-Anne Sarda Pierre 42 ans 43 ans 14 ans Remarques : A Saint-Laurent, pas trace des autres. Rien à signaler à cette date à Fitou. 1866 Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse Sarda Michel, journalier Sarda Magdeleine Sarda Elie Sarda Vincent 40 ans 39 ans 15 ans 13 ans Sarda Bernard Sarda Marie Sarda Gabriel Sarda Delphine 52 ans 49 ans 13 ans 12 ans Sarda Jean, meunier Sarda Anne, à présent épouse du chef Sarda Jean, fils du chef Sarda Thérèse, à présent fille du chef Sarda Michel, à présent fils du chef Sarda Anne, à présent fille du chef 54 ans 37 ans 17 ans 13 ans 10 ans 13 ans Remarques : Pas traces du foyer Jean-Pierre Sarda - Marie-Rose Rech ni à Saint-Laurent, ni à Lagrasse, ni à Saint-Pierre-des-Champs, ni à Saint-Martin-des-Puits. A Lagrasse, un seul moulin avec Tournier, chef de famille. 1872 Lagrasse moulin du Sou Sarda Jean-Pierre, fabricant de plâtre Rech Marie-Rose, son épouse née à Serviés Sarda Henriette, née à Fitou Sarda Alexandre, né à Lagrasse Sabatier Marie-Anne, 80 ans, née à Félines-Minervois, mère du chef Sarda Pascal, ouvrier, né à Saint-Martin-des-Puits Remarques : Il y a erreur flagrante sur le lieu de naissance de Marie-Rose Rech. 1876 Lagrasse moulin du Sou Sarda Jean-Pierre, fabricant de plâtre Rech Marie-Rose, son épouse née à Lagrasse Sarda Alexandre, fils, 18 ans, né à Lagrasse un ouvrier Enfants du couple Michel-Antoine Sarda - Marie Miquel tous nés à saint-Laurent-de-la-Cabrerisse le ....... 1812, Jean le 3 janvier 1814, Jean-Bernard le 20 mai 1817, Marie-Anne le 1 septembre 1827, Jean-Michel -Jean épouse à Saint-Laurent le 27 juin 1837 Eulalie Fourié, 20 ans, native du lieu, fille de Joseph et d'Elisabeth Parazols. veuf, il épousera Anne Alaux. Il décède le 1 août 1889. - Jean-Bernard, meunier au moulin de Salles, épouse à Saint-Laurent le 24 novembre 1841 Marie Gibert née le 9 août 1818 à Saint-Laurent, fille de Dominique et de Jeanne Marty. Ils ont eu plusieurs enfants : le 7 mars 1852, Jean-Gabriel le 2 mai 1842, Jeanne-Julie vers 1849, Vincent vers 1854, Delphine - Marie-Anne, couturière, épouse à Saint-Laurent le 19 janvier 1842 Pierre-Noël Perrouty, cantonnier né le 23 décembre 1812 à Saint-Laurent, fils de Laurent, maréchal, et d'Elisabeth Daubail. Marie-Anne Sarda décède le 22 octobre 1875. Ils ont eu au moins un enfant : vers 1847, Pierre - Jean-Michel, meunier, épouse à Fabrezan (publications à Saint-Laurent le 7 et 14 octobre 1849) Magdeleine Lignières, fille de Guillaume, cultivateur, et de Catherine Poujade. Ils ont eu au moins deux enfants : le 1 janvier 1851, Elie, Auguste, Henri vers 1853, Vincent