Une brève histoire des Sarda - PAGES GENEALOGIqueS d`ANNICK

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Une brève histoire des Sarda - PAGES GENEALOGIqueS d`ANNICK
Une brève histoire
des
Sarda
par Bernard Dimon
Pertuis, samedi 25 février 1995
Avertissements
Ce document n'a pas la prétention d'être une étude exhaustive de la
famille Sarda. Trop d'informations dorment encore dans les registres
paroissiaux ou dans les greniers des notaires pour qu'il en soit ainsi. Il fait le
point sur ce que nous connaissons de cette branche de l'arbre généalogique
mais surtout c'est un recueil, pour les périodes les plus récentes, d'un
ensemble de faits ou d'anecdotes qui aurait pu à tout jamais s'effacer de la
mémoire familiale.
photographie de la 1ère page : Jean-Pierre Sarda, père de Julie
Jean Sarda
1700 - 1762
L'acte de mariage de son fils Jean nous fournit les seules informations sures que
nous ayons sur ce lointain aïeul :
- ce fils est né à Saint-Julia-de-Bec, actuellement petite commune du canton de Quillan
(380 habitants vers 1880, beaucoup moins actuellement). Tout porte à croire que le père
était originaire de cette même localité, ou du moins qu'il y vivait.
- son épouse s'appelait Louise Bourrel, patronyme très répandu dans ce secteur de
l'actuel département de l'Aude, et n'était plus de ce monde dès 1742 (cf. l'acte de mariage
de son fils).
Les registres paroissiaux les plus anciens disponibles à Saint-Julia-de-Bec, y
compris dans la série 4E, datent de 1732. Cela rend les recherches particulièrement
difficiles voire impossibles. L'acte de décès, en date du 29 octobre 1762, d'un Jean Sarda
âgé d'environ 62 ans est le seul qui figure sur ces registres. Il faut considérer cette
information avec la plus grande prudence.
Jean Sarda
1723 - 1783
L'acte de naissance de ce Jean Sarda a également disparu puisqu'il a vu le jour vers
1723. A sa mort, survenue le 5 janvier 1783 à Pradelles-en-Val et plus précisément au
hameau de Commèles, il était âgé d'environ 60 ans.
Son acte de mariage en l'église de Belvianes, paroisse distante de quelques
kilomètres de Saint-Julia-de-Bec, est la pièce la plus ancienne à verser au dossier. Le 3
février 1742, Jean Sarda épouse Élisabeth Sanramé (ou Saint-Rome si l'on adopte une
graphie plus francisante). Fille de Jean et de Marie Castelnave, elle est originaire de
Quillan où son père exerçait la profession de boulanger. Ce dernier semble être décédé en
1742 alors que la mère est toujours vivante. Nous n'avons pu recueillir pour l'instant
d'autres informations sur cette Élisabeth Sanramé, les registres paroissiaux de Quillan
antérieurs à 1737 étant conservés en mairie et son acte de décès introuvable.
Ce n'est sans doute pas un hasard si Élisabeth Sanramé est fille de boulanger. En
effet, si l'on se réfère à son acte de décès, Jean Sarda est le premier connu d'une longue
dynastie de meuniers et il a du connaître sa future épouse en livrant la farine à Quillan.
Ce sont en fait des ouvriers meunier occupés pour un temps donné par un propriétaire
de moulin. Les aléas de l'embauche les forçaient à une mobilité géographique
anachronique pour l'époque où les gens étaient le plus souvent attachés à leur lopin de
terre.
Le couple Jean Sarda - Élisabeth Sanramé a eu plusieurs enfants, tous nés à
Belvianes :
- le 18 novembre 1742, Catherine
- le 14 janvier 1746, Nicolas
- le 4 août 1747, Jean-Baptiste
- le 23 mars 1749, Sébastien
- le 15 septembre 1751, François
- le 17 janvier 1754, Thomas
Notre ancêtre Nicolas a été baptisé le jour même de sa naissance par M. Majorel,
curé de Belvianes, qui avait déjà donné la bénédiction nuptiale à ses parents. Son parrain
s'appelait Nicolas Lourière et sa marraine Gabrielle Catala, originaire de Cabirou (?).
Comme c'était l'usage à l'époque, Jean Sarda est parrain de son premier petit-fils,
Jean, né le 23 mars 1782. Toujours meunier à Pradelles, Jean Sarda est également
présent au mariage de son fils Thomas le 29 octobre 1782. Ce dernier, meunier à
Talairan, épouse une Jeanne Fabre fille de feu Antoine Fabre, maçon, et de Marie
Bouriannes.
Jean Sarda disparaît deux mois plus tard, le 5 janvier 1783.
Nicolas Sarda
1746 - 1814
Nicolas, déjà âgé de 35 ans, épouse Marguerite Rigaud le 12 juin 1781 à Pradellesen-Val. Celle-ci y a vu le jour 26 ans auparavant fille de Louis, décédé en 1781, et
d'Antoinette Combes mariés en cette même paroisse le 5 novembre 1743. Nicolas,
meunier de son état, a-t-il du attendre la maladie de son père (celui-ci décède à Pradelles
en 1783) pour lui succéder et avoir les revenus nécessaires pour s'établir en ménage ?
Nul ne le saura jamais.
Toujours est-il que malgré l'âge quelque peu avancé du père, le couple a eu de
nombreux enfants nés dans deux paroisses différentes, lieux successifs de travail du chef
de famille :
à Pradelles-en-Val, moulin de Commelles
- le 23 mars 1782, Jean
- le 16 octobre 1783, Marguerite
- un fils mort-né et enterré en 1785
- le 11 mars 1786, Jean-Pierre
- le 26 décembre 1788, Gabriel
à Talairan
- le 7 mars 1791, Antoine-Michel,
- le 13 juillet 1794, Rose
Sur tous les actes de naissance de ses enfants, du moins à Pradelles, Nicolas
adopte le prénom de Michel. Le prénom donné au baptême, celui du parrain dans la
grande majorité des cas, était souvent délaissé pour être remplacé par un prénom usuel
plus en rapport avec les goûts de l'individu concerné. Dans la famille Sarda, cela
deviendra une règle!
Trois unions des enfants issus de ce couple nous sont connues :
- Jean-Pierre épouse Marianne Sabatier le 13 février 1816 à Siran, département de
l'Hérault.
- Antoine-Michel épouse Marie Miquel le 1er juillet 1812 à Talairan. La mariée
est née le 25 septembre 1791 en cette même localité et elle est fille de Dominique et de
Marie-Rose Daïdé.
- Rose épouse Jean Tautil, laboureur fils de Pierre et de Marie Saunié, le 22
septembre 1819 à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse.
Seuls certains des enfants issus des deux premiers mariages continuent de nos
jours à avoir des relations suivies et à se reconnaître comme cousins (cf. les notes et les
arbres généalogiques de Nicolas et de Jean-Pierre Sarda figurant en annexe).
Nicolas Sarda décède le 9 septembre 1814 à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse où il
habitait le lieu dit le "Moulin-Vieux". Le décès est déclaré par son fils Pierre, meunier.
Marguerite Rigaud loge en ce même lieu au mariage du dit Pierre (ou Jean-Pierre) en
1816. Elle est toujours vivante au moment du mariage de sa fille Rose en 1819. Après
nous perdons sa trace. Elle a du finir ses jours dans une autre paroisse auprès d'un autre
de ses enfants.
Jean-Pierre Sarda
1786 - xxxx
Jean-Pierre Sarda vit à une époque où l'Administration est déjà largement présente
dans la vie des citoyens. Les registres d'état-civil sont tenus par un personnel tout
nouvellement laïque qui se veut à la hauteur de la tâche. En France, le premier
recensement général de la population date de 1801; pour la partie de l'Aude qui nous
intéresse, les premiers relevés pouvant être consultés aux Archives Départementales de
Carcassonne ne sont pas antérieurs à 1836.
Curieusement, c'est cet ancêtre, pas très éloigné somme toute, qui nous est le plus
étranger. Une vie de labeur très difficile, si ce n'est errante, est sans doute la cause de
cette méconnaissance.
Jean-Pierre Sarda est né le 11 mars 1786 à Pradelles-en-Val (Aude) où son père
exerçait alors la profession de meunier. Le prénom usuel de Pierre est souvent adopté
d'autant qu'il a un frère, né quatre ans auparavant, qui se prénomme Jean.
Nous retrouvons sa trace en 1814 à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse. Il a alors 28
ans et, comme nous l'avons vu, il vient déclarer le décès de son père. Aide-t-il ce dernier
dans son activité, ou exerce-t-il le métier à son compte, nul ne le saura jamais. Toujours
est-il qu'il attend le décès du père pour se mettre en ménage, cet élément est en faveur de
la première hypothèse.
Toujours meunier à Saint-Laurent-de la-Cabrerisse, il épouse à Siran le 13 février
1816 une Marie-Anne Sabatier fille de d'Antoine Sabatier, meunier au dit lieu, et de
Claire Espès.
La mère de Jean-Pierre Sarda n'est pas présente au mariage, elle fait établir une
procuration le 20 janvier 1816 par Maître Franc, notaire royal à Fabrezan (depuis un an,
Louis XVIII est en effet remonté sur le trône). Pourtant , les deux localités, bien que
sises l'une dans le département de l'Aude et l'autre dans celui de l'Hérault, ne sont pas
très éloignées. On peut même imaginer que situées à une vingtaine de kilomètres par la
route, moins par les chemins de traverse utilisés à l'époque, de part et d'autre de
Lézignan-Corbières, les futurs époux se sont rencontrés à une foire de cette grosse
bourgade. Tout ceci n'est que supputation, il est clair simplement que la profession
commune de l'époux et du beau-père n'est pas étrangère au rapprochement entre les deux
familles.
Trois des enfants de Jean-Pierre Sarda et de Marie-Anne Sabatier naîtront à SaintLaurent-de-la-Cabrerisse :
- le 14 janvier 1818, Pierre-Antoine (décédé le 28 août 1818) ; le père est meunier
au «Moulin-neuf», son frère Miquel (Antoine-Michel), meunier au moulin de Salles
l'accompagne à la mairie.
- le 30 août 1820, Jean-Pierre
- le 6 février 1836, Marie, Anne, Joséphine
Les trois autres, Antoine né vers 1824, Charles né vers 1828 et Marie née vers
1830, nous sont connus uniquement par les recensements. Leur naissance ne figurent
pas sur les tables décennales des cantons de Lagrasse, Durban, Couiza, Sigean, Tuchan,
Mouthoumet, Saint-Hilaire, Capendu, Quillan, Couiza et Narbonne, c'est à dire dans un
rayon très grand autour de Saint-Laurent. Il se peut que toute la famille est émigrée pour
un temps dans l'Hérault d'où Marie-Anne Sabatier était originaire.
Au recensement de 1836, il est un fait remarquable à noter. Marie-Anne Sabatier
est le seul membre adulte du foyer n° 81 de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse qui comporte
par ailleurs cinq enfants. L'aîné, Pierre notre ancêtre, est le seul à travailler et la dernière
a seulement quatre mois. Pour le recenseur, elle n'est ni veuve ni abandonnée mais
femme mariée. Il faut dans ces conditions admettre que le père travaille au moment du
recensement loin du domicile familial.
Un Pierre Sarda, homme marié, habite à la même époque chez Pierre Capelle et
Thérèse Laffage, veuve Capelle, au moulin dit de Laffage à Lagrasse. Il se pourrait fort
bien que Pierre Sarda s'y soit "exilé" pour trouver du travail. Son âge serait alors de 50 et
non de 40 ans mais il peut s'agir d'une erreur de transcription ou de lecture. La charge de
meunier à Saint-Laurent, où le travail n'abonde peut-être pas à cette époque, est occupée
par son frère Antoine-Michel, ou Michel, qui la transmettra à ses enfants (cf.
recensements). Cela pourrait par ailleurs expliquer la fréquentation du village de Lagrasse
par son fils Jean-Pierre qui s'y marie en 1848. En tout cas, c'est le seul Pierre Sarda qui
correspondent quelque peu au profil recherché dans les quelques trente six communes
voisines de Saint-Laurent.
Au recensement de 1846, son foyer a disparu des registres de Saint-Laurent.
Pourtant, sur l'acte de mariage de son fils Jean-Pierre en 1848, il est dit meunier à SaintLaurent et il est même, contrairement à la mère, présent à la cérémonie. Nous ne
possédons par la suite plus aucun acte qui mentionne son nom. Nous ignorons de ce fait
tout du lieu et de la date de son décès.
Nous voyons réapparaître Marie-Anne Sabatier, sans confusion possible sur la
personne puisqu'elle vit chez son fils et que le lieu de naissance est correctement
mentionné, à Lagrasse à l'occasion du recensement de 1872. Elle est dite âgée de 80 ans
(75 exactement) et nous n'avions aucune information sur elle depuis 1836. En 1876, elle
ne fait plus partie de ce foyer, elle n'est pas décédée entre temps à Lagrasse et nous
perdons une nouvelle fois sa trace. Elle est morte soit chez un autre enfant, soit à
l'hospice compte tenu, comme nous le verrons, de l'indigence du fils.
Jean-Pierre Sarda
1820 - 1887
Avec ce Jean-Pierre Sarda, nous entrons derechef dans la mémoire vivante. Deux
personnes au moins en conservent en effet un souvenir oral transmis par leurs aïeux: ma
mère, Jeanne Coumes, fille de Julie Sarda, et Monsieur Henri-Jean Poudou, apiculteur au
moulin dit actuellement de Boysède, commune de Lagrasse.
Pour la première partie de son existence, nous devons cependant encore nous
référer aux écrits anciens et en particulier aux actes d'état-civil.
Jean-Pierre Sarda est né à une heure du matin le 30 août 1820 à Saint-Laurent-dela-Cabrerisse en la maison d'habitation de ses parents, Jean-Pierre et de Marie-Anne
Sabatier. Il est déclaré le même jour par son père, meunier au Moulin Neuf du dit lieu, à
Pierre Coustalé, adjoint, en l'absence du maire, Adolphe de Montredon.
Sur l'acte de naissance, les prénoms de Jean et Pierre, soulignés, sont séparés par
une virgule. Il ne s'agissait donc pas à l'origine d'un prénom composé. Il le deviendra.
Nous savons qu'il a vécu à Saint-Laurent au moins jusqu'en 1836. A cette époque,
il vit avec sa mère (cf. recensement) et il est journalier, c'est à dire au bas de l'échelle
sociale. Après cette date, comme pour le restant de sa famille, nous perdons
momentanément sa trace.
Nous le retrouvons à Lagrasse le 26 juillet 1848 à l'occasion de son mariage avec
Marie-Rose Rech. Il a vingt sept ans, il est meunier, il habite Saint-Laurent-de-laCabrerisse et il sait, tout comme sa femme, écrire correctement son nom.
Le couple doit rapidement s'installer à Fitou car dès le 7 septembre 1850 une fille,
prénommée Marguerite, naît dans cette commune où son père exerce toujours la
profession de meunier. On reconnaît d'ailleurs parfaitement sa signature au bas de l'acte.
Cette dite Marguerite est née dans la maison d'un Louis Nègre sise dans le village. Elle se
fera par la suite prénommer Henriette et épousera Paulin Belly (cf. arbre généalogique).
Au recensement de 1851 de la commune de Fitou, Jean-Pierre Sarda est à la fois meunier
et voiturier, il habite portail Bélard, dans le village. Il semble même financièrement aisé
puisqu'il loge deux ouvriers sous son toit (cf. recensement) . Il semble difficile de voir
dans le dit Pierre Sarda son père car d'une part la mention n'est pas portée selon l'usage,
d'autre part nous ne connaissons pas à ce dernier de fils prénommé Joseph né vers 1821.
En 1854, année durant laquelle naît sa seconde fille Silvine Adeline, la situation a
bien changé. Il habite Lagrasse, rue Droite, où il exerce la profession de cafetier. A 34
ans, il a perdu sa situation de meunier à Fitou car il est, comme le mentionne l'acte de
naissance en date du 16 janvier, atteint d'une infirmité à un bras qui l'empêche de signer.
Silvine Adeline décède le 7 décembre 1855 âgée de 23 mois. La famille vit alors rue du
Pech.
Les choses ne se sont pas arrangées pour lui car le 20 juillet 1857, lorsqu'il vient
déclarer la naissance de son fils Jean-Pierre né la veille rue du Pech, il est dit sans
profession. Une infirmité à l'épaule droite est cette fois-ci mentionnée.
Il est en fait, comme nous le savons par le témoignage de Henri-Jean Poudou qui le
tient directement de ses grands-parents (sa grand-mère est décédée à 101 ans !), amputé
du membre supérieur droit suite probablement à un accident de travail, les meules ne
broient pas que du grain.
En 1861, toute la famille a déménagé rue du Quai à Lagrasse et le chef de famille a
repris son ancien métier puisqu'il recensé en tant que garçon meunier. Il doit travailler
dans un des trois ou quatre moulins de Lagrasse alors en activité.
En 1872, nous retrouvons Jean-Pierre Sarda au moulin du Sou (ou moulin de
Boysède) : il est fabricant de plâtre et de nouveau suffisamment à son aise puisqu'il a pu
accueillir sa maman âgée de 80 ans et qu'il occupe un ouvrier. Curieusement, son fils
Jean-Pierre est prénommé Alexandre (de même qu'en 1876). Il était vraiment de mode de
changer Saint-Patron puisque sa sœur de Marguerite est devenue Henriette.
Comment est-il arrivé à redresser une situation qui paraissait à un moment fort
compromise ? C'est là qu'intervient le témoignage précieux de H.J. Poudou.
M Castans ou héritiers, propriétaires du moulin du Sou, possédaient également à
Forodonos, sur la commune de Saint-Pierre-des-Champs, une mine de gypse souterraine
et un moulin à vent. Au début, le gypse extrait était cuit dans un four contiguë à la mine
(four encore visible) puis broyé sur place entre les meules du moulin. Par la suite, la
capacité de l'installation s'est-elle avérée trop réduite ou bien la monoculture de la vigne
a-t-elle tué la minoterie ? (en 1834 le moulin de Boysède est appelé sous le n° 192
"masure de moulin à eau"), toujours est-il qu'il a été décidé de fabriquer le plâtre à
Lagrasse et plus précisément à Boysède. Depuis quand notre ancêtre Jean-Pierre Sarda
exerçait-il la profession d'usinier ? Nul ne le sait.
Agé de 67 ans, il est encore fabricant de plâtre le jour de son décès qui intervient le
6 novembre 1887 à trois heures du matin. D'après maman, qui se réfère en cela à la
tradition familiale, il succomba à une absorption trop massive "d'eau de vie allemande",
remède de l'époque (et de cheval!) renfermant de l'arsenic et destiné à éliminer le ver
solitaire ! Sa veuve n'a pas encore atteint la soixantaine.
Jean-Pierre Sarda ne posséda jamais de biens à Lagrasse. Son nom, pas plus
d'ailleurs que celui de sa femme, ne figurent sur la matrice cadastrale depuis sa création
en 1834 jusqu'à sa rénovation en 1915 alors que celui de leur gendre Paulin Belly y
apparaît deux fois (en tant que cafetier, pour une maison de 1887 à 1891; en tant que
courtier, pour un entrepôt à partir de 1909). Le décès précipité de Jean-Pierre Sarda
semble avoir entraîné la perte de l'entreprise. Dès le 24 novembre 1887, le moulin est
vendu par l'héritière des Castans au profit de Jean-Baptiste Laffage, médecin à Lagrasse.
Marie-Rose Rech ne devait par conséquent plus loger au moulin au moment de sa
disparition à 66 ans, 27 juillet 1894 mais plus probablement chez son fils unique JeanPierre, si ce n'est l'inverse !
La mémoire d'Henri-Jean Poudou renferme des souvenirs qui méritent d'être ici
mentionnés car ils mettent en relief quelques aspects de la vie et de la personnalité de
notre ancêtre Jean-Pierre Sarda. Laissons lui pour un temps la parole : «Mes grandsparents m'ont souvent parlé d'un Sarda, usinier à Boysède. Usinier car Sarda fabriquait
du plâtre. La mine, dont je suis propriétaire, se trouve à Forodonos, route de Talairan.
Le plâtre était au début broyé à l'aide de meules mises en mouvement par la force du
vent, à Forodonos. C'est du temps de votre aïeul que l'usine a été installée à Boysède.
Les engrenages et autres mécaniques du moulin à vent de la plâtrière de Forodonos, se
trouvaient dans une remise de Lagrasse. cette mécanique revenait à notre père, mais il
n'en a jamais pris possession.....Les chevaux assuraient le transport du gypse de la mine
à Boysède sans conducteur. Le gypse était cuit et le plâtre obtenu était broyé par les
meules encore visibles ici (au moulin de Boysède, NDRL).... Sarda était manchot. Bon
chasseur, il tirait d'un seul bras. Quand il partait livrer dans le Val-de-Dagne, il mettait
son cheval en route, lui-même passant par la montagne de La Coque pour retrouver son
attelage à Domneuve (à quelques kilomètres au-delà de gorges de l'Alsou, NDRL). Bien
sûr, c'était pour chasser perdrix et lièvres. Ferdinand Maussac (demi-frère de son gendre
Paulin Belly, NDRL.) m'avait dit qu'il y avait une longue table au moulin, souvent garnie
de gibier et occupée toujours par de nombreux invités, la table était toujours mise.... Je
me souviens aussi que Ferdinand m'avait dit qu'il y avait une très grande poêle à frire le
poisson du bézal,.... il suffisait de fermer une vanne à crémaillère, d'ouvrir la buse qui
envoyait l'eau et le poisson arrivait !.... Pendant un temps Boysède s'est appelé
"Moulin Sarda". C'est le docteur Laffage, propriétaire avant nous, qui a repris le nom de
Boysède en l'écrivant ainsi (il faudrait écrire Boissède tout comme le patronyme d'une
des plus anciennes familles de Lagrasse, NDRL).... Il y avait une source, disparue
depuis peu, dans le rocher à 100 mètres au dessus du moulin que l'on appelait "La
Sardane", cela n'est pas péjoratif de dire la Sardane, les grands-parents m'ont dit qu'elle
se nommait ainsi parce que Madame Sarda allait y puiser l'eau de boisson.»
Mon père, René Dimon, se souvient très bien du fusil utilisé par Jean-Pierre Sarda.
Cette arme possédait une pièce en triangle qui s'adaptait à la crosse pour pouvoir tirer
d'un bras, elle avait échue à mon grand-père Auguste, dit René, Coumes. Ce dernier l'a
donnée à Hervé Belly, descendant de Paulin Belly mais aussi mon oncle, qui le possède
encore.
En résumé, notre aïeul Jean-Pierre Sarda, possédait sans doute une grande force de
caractère puisqu'il a su surmonter, il est vrai à une époque où on ne pouvait guère faire
autrement, le handicap lié à son infirmité. C'était avant tout un bon vivant. Grand
chasseur devant l'éternel, pêcheur ou braconnier si ce n'est les deux, il était, semble-t-il,
toujours prêt à dresser la table pour ses amis ou connaissances. C'est ce dernier trait de
caractère qu'il a, selon ma mère, transmis intact à son fils Jean-Pierre.... et peut-être à
d'autres dans sa descendance !
Jean-Pierre Sarda
1857- 1920
Mon arrière grand-père Jean-Pierre Sarda est, comme nous l'avons vu, né à
Lagrasse le 20 juillet 1857. Pour le différencier de son père, tout le monde dans le village
l'appelait Sardanou. Ma mère, qu'il n'a pourtant jamais vue car il est mort 17 mois avant
sa naissance, l'a du moins toujours entendu raconter dans la famille. Pour l'agent
recenseur de Lagrasse, il s'est même vu affubler, en 1872 et en 1876, du prénom
d'Alexandre, Dieu seul sait pourquoi !
Le premier juillet 1878 il est dispensé du service militaire actif aux termes de
l'article 22 en tirant le n°26 dans le canton de Lagrasse. Il est mis à la disposition du
Régiment d'Infanterie Divisionnaire stationné à Castres. Le livret qui lui est délivré ce
jour là nous apprend entre autre qu'il mesurait 1,70 m, qu'il était châtain,
cultivateur.....et catholique. Il passe dans l'armée territoriale le 1er juillet 1887, il a alors
32 ans, au 125ème Régiment Territorial d'Infanterie où il accomplit une période du 29
avril au 11 mai 1889.
En ce même 1er juillet 1887, il prend en gérance le Café National à Lagrasse, actuel
Café Charlemagne, qui appartenait à Monsieur Pascal Chassan, rentier. Son beau-frère,
Paulin Belly, qui était cafetier à la même époque à Lagrasse lui aura peut-être appris le
métier. Tous ces événements sont sans aucun rapport avec le décès brutal de son père
qui intervient pourtant au mois de novembre.
C'est tout ce que nous savons pour le moment de la première partie de sa vie qui se
déroule à Lagrasse.
Il faut en effet attendre le 14 septembre 1892, c'est à dire sa 35ème année, pour lui
voir épouser à Lapalme Anne Célestine Sirvein, native du lieu, de onze ans sa cadette,
fille de François, tailleur de pierre, et d'Anne Toulza. D'après ma grand-mère, il aurait
exercé la profession de limonadier à Lapalme, c'est à ce moment là qu'il aurait connu sa
future épouse, avant de prendre en gérance le café de Lagrasse. Les recensements de
Lapalme en dates de 1881 et 1886 ayant disparu, ce fait est pour le moment impossible
à vérifier. Quoiqu'il en soit, si sa situation familiale se clarifie, cela l'est moins du coté
travail car, le jour de son mariage, il est donné sans profession sur son livret de famille.
Selon toute vraisemblance, il vient sans doute de quitter le café de Lagrasse avec
l'intention de s'installer dans le village de sa femme. C'est du moins le métier qui apparaît
sur l'acte de naissance de sa fille Julie le 25 juillet 1893 à Lapalme. Pour ne pas faillir à la
tradition familiale, celle-ci se fera appeler plus tard Germaine. Par une étrange
coïncidence, c'est un Pierre Dimon, cordonnier qui est témoin de la déclaration de
naissance.
Vers 1900, il déménage avec femme et enfant à Saint-André-de-Roquelongue où il
restera jusqu'à sa retraite en 1913. Il rejoint alors sa fille à Albas où celle-ci a été
nommée à sa sortie de l'Ecole Normale de Carcassonne. En 1919, il suit celle-ci à SaintJean-de-Barrou où il décède le 7 octobre 1920.
Julie Sarda
1893- 1967
De ma grand-mère, je ne dirais rien car ce n’est plus le fruit de mes recherches
généalogiques que j’aurais à raconter mais bien mes souvenirs d’enfance. Pour ceux qui
ne l’ont pas connue, je la situerais dans le temps au travers de sa carrière d’institutrice,
véritable sacerdoce qu’elle poursuivit au-delà de la retraite en faisant subir à ses petits
enfants, et en particulier à l’auteur de ces lignes, les affres d’une dictée quasi
quotidienne; je ne pense pas que ce fut en pure perte.
Après avoir obtenu en 1905 son Certificat d’Etudes Primaires à Saint-André-deRoquelongue où elle vit avec ses parents, elle s’inscrit à Narbonne au Cours
Complémentaire de la Madeleine. Elle loge dans cette ville chez un certain Monsieur
Bach, tailleur rue de la République. Elle doit également fréquenter les cours
d’Instruction religieuse puisqu’elle fait sa communion en la cathédrale Saint-Just le 24
mars 1907. Elle obtient son Brevet Elémentaire le 8 septembre 1909 et entre alors à
l’Ecole Normale de Jeunes Filles de Carcassonne (promotion 1910-1913). Depuis sa
sortie de la dite école, le 15 juillet 1913, elle exerce ses talents en divers postes :
- du ler octobre 1913 au 27 septembre 1919 : école publique d'Albas, canton de
Durban (Aude).
- du 27 septembre 1919 au ler octobre 1924 : adjointe puis directrice à compter du ler
octobre 1921, de l’école publique de Saint-Jean-de-Barrou, canton de Durban. Le 5
novembre 1919, elle y épouse Auguste Coumes, jeune sous-lieutenant fraîchement
démobilisé. Issus tous deux de l’Ecole Normale de Carcassonne, la Grande Guerre était
venue retarder leur projet. Le jeune couple y aura ses deux seuls enfants : Jean né le 7
février 1921 et décédé onze jours plus tard, Jeanne née le 16 décembre, ma mère.
- du ler octobre 1924 au ler octobre 1933 : adjointe, puis directrice à compter du ler
octobre l928, de l’école publique de Thézan, canton de Durban (Aude).
- du ler octobre 1933 au mois de juillet 1953, date de son départ en retraite : école de
filles «Jean-Jaurès» à Narbonne. Je garde quelques souvenirs de cette lointaine époque !
Recensements
1836 Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse
foyer 99
Sarda Michel, meunier
Miquel Marie, femme Sarda, meunière
Sarda Bernard, fils
Sarda Marie-Anne, fille
Sarda Michel, fils
Gaubert Anne, meunière, aïeule des précédents
46 ans
42 ans
20 ans
18 ans
10 ans
82 ans
Remarques :
Nicolas Sarda est mort le 9 septembre 1814, avant sa femme Marguerite
Rigaud vivante en 1816. Il n'a pu se remarier et on ne voit pas d'où sort cette Anne
Gaubert dont le décès est d'ailleurs introuvable à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse. Il
s'agit très probablement d'une erreur de l'agent recenseur.
foyer 81
Sabatié Marie-Anne, femme Sarda, journalière
Sarda Pierre, journalier
Sarda Antoine
Sarda Charles
Sarda Marie
Sarda Josèphine
38 ans
16 ans
12 ans
8 ans
6 ans
4 mois
1836 Lagrasse
Sarda Joseph, cafetier, non marié
Sarda Pierre, garçon meunier
40 ans
Remarques :
A la même époque, il n'y a pas de foyer Rech à Lagrasse.
1846 Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse
Sarda Michel, meunier chemin de M...
Miquel Marie, sa femme
Sarda Michel, fils
Sarda Bernard, fils aîné
Gibert Marie, sa femme
Sarda Julie, leur fille aînée
Remarques :
54 ans
53 ans
19 ans
33 ans
27 ans
4 ans
Marie-Anne Sarda est partie. Il n'y a pas d'autre foyer Sarda ni Sabatier à
Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse !
1846 Lagrasse
Gibert Marie, sans profession
Gibert Rose, sa fille
Gibert Felicie, sa fille
46 ans
l8 ans
3 ans
Remarques :
Le père, Jean-Pierre Rech, vient de décéder (le 31 mars 1845). Il n'y a pas de
foyer Sarda à Lagrasse.
1851 Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse
Sarda Michel, meunier au Moulin-Neuf
Miquel Marie, vivant du travail de son mari
Sarda Michel, leur fils, meunier
Lignières Magdeleine, femme de ce dernier
Sarda Auguste, leur fils
Sarda Bernard, meunier à Salles
Gibert Marguerite, sa femme
Sarda Julie, leur fille
59 ans
58 ans
24 ans
23 ans
6 mois
37 ans
33 ans
9 ans
Remarques :
Salles est une ferme de Saint-Laurent située dans la haute vallée de la Nielle à
trois kilomètres environ de Talairan
1851 Fitou
village et portail Belard
Sarda Jean-Pierre, meunier et voiturier
Rech Rose, vivant du travail de son mari
Sarda Marguerite, la fille aux deux
Sarda Pierre, meunier
Sarda Joseph, garçon meunier, fils du dernier
31 ans
?
8 mois
60 ans
30 ans
1861 Lagrasse
rue du Quai
Sarda Jean-Pierre, garçon meunier
Rech Rose, sa femme
Sarda Henriette, leur fille
Sarda Jean-Pierre, leur fils
1861 Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse
40 ans
33 ans
10 ans
3 ans
Sarda Michel, meunier au Moulin-Neuf
Lignières Magdeleine, femme de ce dernier
Sarda Elie
Sarda Vincent
Miquel Marie, mère du chef
35 ans
33 ans
11 ans
9 ans
68 ans
Sarda Bernard, meunier aux Saules
Gibert Élisabeth
Sarda Vincent
Sarda Delphine
47 ans
45 ans
12 ans
7 ans
Perrouty Pierre, chef-cantonnier
Sarda Marie-Anne
Sarda Pierre
42 ans
43 ans
14 ans
Remarques :
A Saint-Laurent, pas trace des autres. Rien à signaler à cette date à Fitou.
1866 Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse
Sarda Michel, journalier
Sarda Magdeleine
Sarda Elie
Sarda Vincent
40 ans
39 ans
15 ans
13 ans
Sarda Bernard
Sarda Marie
Sarda Gabriel
Sarda Delphine
52 ans
49 ans
13 ans
12 ans
Sarda Jean, meunier
Sarda Anne, à présent épouse du chef
Sarda Jean, fils du chef
Sarda Thérèse, à présent fille du chef
Sarda Michel, à présent fils du chef
Sarda Anne, à présent fille du chef
54 ans
37 ans
17 ans
13 ans
10 ans
13 ans
Remarques :
Pas traces du foyer Jean-Pierre Sarda - Marie-Rose Rech ni à Saint-Laurent,
ni à Lagrasse, ni à Saint-Pierre-des-Champs, ni à Saint-Martin-des-Puits. A
Lagrasse, un seul moulin avec Tournier, chef de famille.
1872 Lagrasse
moulin du Sou
Sarda Jean-Pierre, fabricant de plâtre
Rech Marie-Rose, son épouse née à Serviés
Sarda Henriette, née à Fitou
Sarda Alexandre, né à Lagrasse
Sabatier Marie-Anne, 80 ans, née à Félines-Minervois, mère du chef
Sarda Pascal, ouvrier, né à Saint-Martin-des-Puits
Remarques :
Il y a erreur flagrante sur le lieu de naissance de Marie-Rose Rech.
1876 Lagrasse
moulin du Sou
Sarda Jean-Pierre, fabricant de plâtre
Rech Marie-Rose, son épouse née à Lagrasse
Sarda Alexandre, fils, 18 ans, né à Lagrasse
un ouvrier
Enfants du couple Michel-Antoine Sarda - Marie Miquel
tous nés à saint-Laurent-de-la-Cabrerisse
le ....... 1812, Jean
le 3 janvier 1814, Jean-Bernard
le 20 mai 1817, Marie-Anne
le 1 septembre 1827, Jean-Michel
-Jean épouse à Saint-Laurent le 27 juin 1837 Eulalie Fourié, 20 ans, native du lieu, fille
de Joseph et d'Elisabeth Parazols. veuf, il épousera Anne Alaux. Il décède le 1 août
1889.
- Jean-Bernard, meunier au moulin de Salles, épouse à Saint-Laurent le 24 novembre
1841 Marie Gibert née le 9 août 1818 à Saint-Laurent, fille de Dominique et de Jeanne
Marty. Ils ont eu plusieurs enfants :
le 7 mars 1852, Jean-Gabriel
le 2 mai 1842, Jeanne-Julie
vers 1849, Vincent
vers 1854, Delphine
- Marie-Anne, couturière, épouse à Saint-Laurent le 19 janvier 1842 Pierre-Noël
Perrouty, cantonnier né le 23 décembre 1812 à Saint-Laurent, fils de Laurent, maréchal,
et d'Elisabeth Daubail. Marie-Anne Sarda décède le 22 octobre 1875. Ils ont eu au
moins un enfant :
vers 1847, Pierre
- Jean-Michel, meunier, épouse à Fabrezan (publications à Saint-Laurent le 7 et 14
octobre 1849) Magdeleine Lignières, fille de Guillaume, cultivateur, et de Catherine
Poujade. Ils ont eu au moins deux enfants :
le 1 janvier 1851, Elie, Auguste, Henri
vers 1853, Vincent