L`expert tOUtes teCHNIQUes CONFONDUes De LA prIse De VUe

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L`expert tOUtes teCHNIQUes CONFONDUes De LA prIse De VUe
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TAHITI, POLYNÉSIE
FRANÇAISE,
décembre 2011.
« Autoportrait pris
avec un GoPro
fixé sur mon pied.
Embarqué sur
mon paramoteur,
je survole le motu
Nono sur la côte
est de Tahiti.
Photographe de
sports de glisse, j’ai
tout expérimenté : à
la nage, en bateau,
sur terre, en hélico…
Le paramoteur
est ma dernière
trouvaille. Je suis
le seul à l’utiliser
pour photographier
le surf et le Stand
up paddle. Il m’apporte des angles
inédits et une
légèreté de logistique inégalée. »
Il y a 18 ans, Carine Camboulives
et Emmanuel Bouvet sont partis
pour l’île de Maui à Hawaii
afin de vivre leur passion
des sports de glisse. Devenus
windsurfeurs professionnels,
ils poursuivent en famille
leur quête de vagues parfaites
et d’horizons nouveaux.
Ambassadeurs des Teams
Exploration d’Oxbow
et Bic Sport, ils ramènent
de leurs voyages des images spectaculaires où la force
et la beauté de la nature sont
omniprésentes. Ils sont venus
à la rédaction nous présenter
leurs dernières images réalisées
avec leur photographe complice,
Ben Thouard. Ensemble,
ils explorent de nouveaux angles
et repoussent toujours plus loin
les limites pour réussir
des images surprenantes.
Dernière invention en date
de Ben : photographier depuis…
un paramoteur ! L’avantage :
ça tient dans un sac à dos !
L’inconvénient : impossible
à utiliser en cas de vent... Photo
vous présente ici un choix des
plus grandes images de Ben
Thouard réalisées avec toute
sa palette de techniques et de
créativité. Par Priscillia Fattelay.
L’expert
tOUtes
teCHNIQUes
CONFONDUes
De LA prIse
De VUe
Des spOrts
De GLIsse
BEN THOUARD :
LA PHOTO DE L’EXTRÊME
ENTRE CIEL ET MER
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MAUI, HAWAII,
décembre 2009.
« Les deux pionniers
du surf tracté :
Dave Kalama, sur
son jetski, entraîne
Laird Hamilton
sur le célèbre spot
de surf Jaws. »
MOOREA,
POLYNÉSIE
FRANÇAISE,
TEAHUPOO, TAHITI,
juin 2011.
« Un autre grand :
Raimana Van
Bastloaer. Sur ces
deux images, je
suis en jet-ski pour
m’approcher au
plus près d’eux. »
Avril 2011. « Sur
cette image, je
suis dans l’eau
avec mon caisson
étanche. J’attire
les requins avec
du poisson. Carine
Camboulives est
venue naviguer.
Tout le monde
pense que c’est
un montage...
Eh bien non ! »
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MAUI, HAWAII,
décembre 2009.
« L’une de plus
grosses vagues
surfée avec la star
Laird Hamilton,
shootée sous tous
les angles par un
caméraman dans
l’hélico et par moi
en jet-ski. C’est
Laird Hamilton
qui a découvert
ce spot au large
de l’île de Maui,
devenu la
référence
dans le surf de
grosses vagues. »
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Complices de ses recherches de prises de vue toujours plus inouïes, Manu Bouvet, Carine Camboulives et leurs filles.
Retrouvez leur vidéo sur www.photo.fr
EnTrETIEn AVEC BEn THOUArD :
« Je N’AVAIs QU’UNe eNVIe : VOLer AU-DessUs Des VAGUes
et pOUVOIr Les pHOtOGrApHIer VUes DU CIeL,
sUspeNDU À MON AILe »
d’Ho’okipa. J’étais le petit nouveau
qui venait de débarquer… eux
étaient venus naviguer en windsurf.
Je les ai pris en photo puis on s’est
rencontré… On s’est lié d’amitié et
on a commencé à bosser ensemble.
Où et comment se sont passés
vos premiers shootings ?
TUAMOTU,
POLYNÉSIE
FRANÇAISE,
juillet 2011.
« Champion
de kitesurf, Ian
Alldredge capte
le vent juste audessus de l’îlot, sur
à peine un mètre
de profondeur.
Moi, je suis à plat
ventre, pour réaliser
un mi-eau mi-air. »
TUAMOTU,
POLYNÉSIE
FRANÇAISE,
juillet 2011.
« À bord du paramoteur, je survole
la vague magique
des Tuamotu
que le freesurfeur
Manu Bouvet
attaque en
Stand up paddle. »
Ben Thouard en plein travail
Ben, comment êtes-vous devenu
spécialiste de photo aquatique ?
Originaire de toulon, j’ai grandi dans
la mer ! Dès l’âge de dix ans, je me
suis mis au surf. Le fait d’être dans
l’eau est une nécessité pour moi,
c’est comme une drogue ! J’ai
commencé la photo à 15 ans
avec un vieux Minolta de mon père.
et j’ai très vite relié la photo aux
sports aquatiques ! J’ai commencé à
passer plus de temps hors de l’eau
à photographier les windsurfers.
et cela ne me convenait qu’à moitié.
J’ai donc décidé de me mettre à
la photo aquatique. seul petit hic,
le prix d’un caisson étanche.
Inaccessible lorsqu’on débute…
Habitué à réparer mes planches
de surf, je connaissais la résine et
sa manipulation. Aidé de mon frère,
expert en matériaux composite,
j’ai fabriqué mon premier caisson
étanche. Après de longues semaines
de mise au point, j’ai obtenu mes
premières images dans les vagues
et une eau à 10°. Je m’imaginais
déjà photographier les meilleurs
surfeurs du monde. Je suis
donc monté à paris faire mes
études à l’école Icart photo, mais
au bout d’un an et demi, j’ai plié
bagages direction Hawaii, la Mecque
du surf et du windsurf.
Mon premier trip avec Carine et
Manu était dans les Caraïbes. par
chance, il avait réussi à m’obtenir un
forfait de 4 h d’hélico et nous avons
décidé de publier un reportage
exclusivement vu du ciel ! On pense
qu’avec un hélico et un endroit
paradisiaque, il est facile de sortir
de belles images… en fait c’était un
vrai challenge. repérer au plus vite
les plus beaux spots, choisir les
créneaux, organiser les shootings,
prévoir l’hélico, acheminer Carine,
Manu et tout leur matériel en
essayant de varier les paysages
au maximum… sans compter que le
windsurf exige des conditions météo
bien particulières qui ne peuvent
être au rendez-vous que quelques
heures sur la totalité du séjour…
Une autre fois, nous sommes partis
pour ramener des photos aquatiques
au flash pendant l’heure bleue. Or
cette lumière ne dure que quelques
minutes… Caisson étanche et flash
à la main, je me mettais à l’eau à la
tombée du jour avec Manu et
Carine, partais à la nage jusqu’au
spot et, dans les vagues, je devais
les photographier en dosant lumière
naturelle et artificielle... Un autre défi !
Mais le résultat est exceptionnel.
Et pour ces images, vous avez
carrément utilisé un paramoteur !
Oui, j’ai toujours adoré voler. Un jour,
un de mes amis photographe,
Jérôme Houyvet, m’a parlé du
paramoteur. J’ai immédiatement été
séduit par le concept : c’est l’aéronef
le plus léger, compact, économique
et écologique qui existe. Je suis
donc rentré en France, j’ai passé
mon brevet et je suis revenu avec
ma machine. J’ai commencé
à faire mes premiers vols dans
un décor à couper le souffle et j’ai
rapidement emporté mes appareils.
J’ai accumulé les heures de vols,
appris à contrôler mon paramoteur
pour me positionner pour mes prises
de vue et, petit à petit, j’ai pris
confiance. Je n’avais qu’une seule
envie : voler au-dessus des vagues
et pouvoir les photographier vues
du ciel, suspendu sous mon aile.
Comment s’est déroulé
cet incroyable shooting ?
Ces images aériennes ont été prises
dans les tuamotu. Ces atolls perdus
au milieu de l’océan pacifique ne
sont accessibles que par bateau.
C’est un lieu extraordinaire et de
toute beauté. D’en haut, on voit se
dessiner les reliefs sous-marins et
les dégradés de couleurs… Arrivés
là-bas, nous avons dû attendre les
bonnes conditions météo pour voler :
pas de vent et un ciel dégagé. J’ai
dû ensuite m’improviser un terrain
de décollage. seule possibilité, un
Votre quête de vagues et d’images
va-t-elle continuer ? Quelle autres
technique allez-vous tester ?
Bien sûr ! Nous sommes en quête
perpétuelle . Avec le paramoteur,
nous allons trouver des destinations
qui marchent pour les deux : surf
et paramoteur. D’autres techniques ?
Oui sûrement. J’aime l’idée de
travailler avec des flashes en décalé
dans l’eau, mais il faut plusieurs
caissons étanches et des nageurs
pour tenir les flashes !
Interview réalisée pour Photo par
Priscillia Fattelay en juin 2012.
BIO EN 5 DATES
naissance à Toulon.
entre à Icart Photo à Paris.
premier voyage à Hawaii.
passe son brevet ULM ;
premières images en paramoteur.
2011 : réalise ses premières images
aériennes aux Tuamotu.
1986 :
2005 :
2006 :
2009 :
SON SITE : www.benthouard.com
SON MATÉRIEL
C’est là-bas vous avez rencontré
Manu et Carine ?
Oui, c’était il y a six ans lors de mon
premier trip à Hawaii. Je faisais des
photos dans l’eau sur le fameux spot
petit « motu » de quelques mètres
de long, bordé de cocotiers à éviter
au décollage. Je me suis baladé audessus de ce lagon aux multiples
couleurs et ne pouvais m’arrêter
de photographier ces paysages
uniques. en vol, je commande les
gaz ainsi qu’un élévateur (main
gauche), et je libère ma main droite
pour prendre mon appareil que
j’ai réglé auparavant pour l’image
souhaitée ! La difficulté est de garder
le contrôle de ma machine tout
en pensant à ma photo et ma
trajectoire ! en l’air, tout est une
histoire de placement ! surtout
quand on vole au-dessus de l’eau :
les reflets peuvent être importants
et gênants, et il faut tourner,
chercher le meilleur angle sans
oublier les règles de bases du
paramoteur. C’est une expérience
exceptionnelle que d’arriver
à voler dans des coins pareils !
Ben en train de shooter. Pour être photographe de glisse, il faut
avoir pratiqué et savoir nager... Photo : Domenic Mosqueira.
« À bord du paramoteur, je travaille
avec un Canon eOs 1D Mark IV
et un 70-200 m, et un Canon eOs
5D Mark II monté avec un
24-105 mm ou un 16-35 mm. »