la semaine des droits des femmes

Transcription

la semaine des droits des femmes
Kara Walker
Plasticienne américaine,
militante contre le racisme et le sexisme
Artiste visionnaire joignant habilement histoire et actualité, Kara Walker connaît en outre de nombreuses récomDiplômée en 1991 et 1994 de l’université d’art d’Atlanta penses : après le MacArthur Foundation Genius Award de
et de l’école de design de Rhode Island, Kara Walker tra- 1997, elle reçoit en 2004 le Deutsche Bank Prize, le Larry
vaille depuis sur l’esclavage et son héritage dans la société Aldrich Award l’année suivante et fait même partie en 2007
contemporaine.
des cent personnes les plus influentes du monde selon le
Time Magazine.
Créatrice d’installations ou d’aquarelles, elle est surtout
réputée pour ses grandes silhouettes noires rappelant des Activiste montrant la souffrance passée dans le but de mainombres chinoises ou un théâtre de marionnettes. N’épar- tenir une mémoire alerte, ce tout jeune talent enseigne par
gnant pas son public, cette observatrice tant admirée que ailleurs les arts visuels à l’université de Columbia.
controversée traverse le temps et questionne discriminations, ségrégations, relations entre Noirs et Blancs ou rapports entre maîtres et esclaves avec un talent remarquable.
Walker est né à Stockton, en Californie en 1969.
Régulièrement présenté dans le monde entier, mais plus
rarement en Europe, son travail est enfin dévoilé au musée d’Art moderne parisien dans « Mon ennemi, mon frère,
mon bourreau, mon amour » en 2007, exposition qui repart
ensuite vers les États-Unis.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Frida Kahlo
Artiste peintre mexicaine - 1907-1954
Elle décide dès son jeune âge qu’elle ne veut pas suivre le « On me prenait pour une surréaliste. Ce n’est pas juste. Je
même parcours que la plupart des femmes mexicaines. Elle n’ai jamais peint de rêves. Ce que j’ai représenté était ma
a un désir de voyages, d’études. Elle veut la liberté et le réalité ».
plaisir.
Sa santé va se dégrader, mais malgré son handicap et son
Elle s’intéressera particulièrement à l’émancipation des fauteuil roulant, elle va continuer de peindre et de militer
femmes dans la société mexicaine qui est encore très ma- jusqu’à sa mort, le 13 juillet 1954.
chiste.
À 16 ans Frida est grièvement blessée dans un accident
d’autobus et sera alitée pendant trois mois.
Frida sera contrainte de porter durant neuf longs mois des
corsets en plâtre. C’est alors qu’elle commence à peindre.
Les sujets de ses tableaux sont imprégnés de ses moments
de vie difficiles.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
À 22 ans, Frida épouse le peintre qu’elle admire Diego Rivera relation passionnée et houleuse ;
En 1938 elle rencontre un grand succès en présentant ses
œuvres pour la première fois à New York.
Elle se rend l’année suivante à Paris où elle rencontrera les
surréalistes mais elle rejette toute appartenance au mouvement.
Louise Michel
Féministe française, communarde
C’est dans la Haute Marne, au temps où « les châtelains
étaient proches de leur servante » que la petite Louise
vit le jour en 1830. Louise a pu grandir au château de ses
grands-parents. Elle reçut une éducation et devint institutrice. Louise ouvrit sa propre école et enseigna selon les
principes républicains. Elle écrit dans des journaux d’opposition et rédige des poèmes qu’elle adresse à Victor Hugo.
En 1870, elle est élue présidente du comité de vigilance
des citoyennes du XVIIe arrondissement de Paris. Secrétaire
de la société démocratique de moralisation, elle aide les
femmes à vivre par le travail.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
condamnée à la déportation à vie en Nouvelle-Calédonie.
Elle y rencontra son idéal « l’Anarchie ». « On enferme le
corps, pas les convictions » disait-elle. Elle s’employa à
l’instruction des Canaques et les soutiendra dans leur révolte contre les colons.
Lorsqu’elle fût libérée, grâce à l’armistice, elle lutta contre
le chômage, défendit l’abolition de la peine de mort.
Condamnée à nouveau à la prison, elle refusa de se défendre « Je sais bien que tout ce que je pourrais dire ne
changera rien à votre sentence ». Elle mourut lors d’une de
ses propagandes dans le Sud de la France en 1905. Le plus
Très active pendant la commune, elle fit partie de la frange bel honneur qu’elle put avoir, fut celui du peuple, le jour de
révolutionnaire la plus radicale. Elle anima le Club de la ses funérailles, qui déclencha une énorme manifestation.
révolution.
Le peuple lui, était désemparé face aux attaques de l’empereur, les généraux n’avaient que faire de cette populace
et s’empressèrent de donner l’ordre pour en finir. Louise
sut déjouer cette attaque et ce jour-là, au lieu de recevoir
des boulets de canons, femmes, enfants et gardes fédérés
réussirent à entourer les soldats, qui finirent par fraterniser
avec la foule joyeuse et pacifique.
Cela ne dura pas, après cette intervention héroïque, Louise
vit tomber ses amis les uns après les autres, et lorsqu’elle
alla pour les venger, tuer le dirigeant de Versailles, elle
fût arrêtée et se retrouva devant le tribunal où elle fut
Lucie Aubrac
Résistante française
Lucie naît à Paris dans le XIVe arrondissement, le 29 juin
1912.
Munie de l’agrégation d’histoire et géographie (1938), elle
devient professeur à Strasbourg puis Vannes (où elle enseignera notamment à Simone Signoret). Elle rencontre
Raymond Samuel, jeune ingénieur des Ponts et Chaussées
qu’elle épouse en 1939.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Après la guerre, Lucie Aubrac poursuit son engagement pacifiste dans le Mouvement de la paix, mais s’éloigne du Parti
Communiste. Le couple part alors vivre à l’étranger (Rabat,
Rome, New York). Notez qu’après la guerre, les époux ont
choisi de conserver leur « nom de guerre », Aubrac.
Les Aubrac, tous deux à la retraite, reviennent à Paris en
1976. Lucie renoue avec la vie militante à la Ligue des droits
de l’homme. Elle revient sur le devant de la scène à partir
Lucie est une jeune femme intelligente, dynamique et cou- de la deuxième moitié des années 1980, notamment à l’ocrageuse. Dès ses études, elle s’engage en rejoignant une as- casion du procès de Klaus Barbie.
sociation pacifiste, puis en 1932 les Jeunesses Communistes.
Mais c’est la guerre qui lui donnera une stature d’héroïne. La nation a su reconnaître cette grande dame, Grande Officière de la Légion d’honneur, Grand-croix de l’Ordre National
Par trois fois elle fait évader son mari Raymond, dont la du Mérite, Croix de guerre 1939-1945, Médaille de la Résistance
première en 1940 alors qu’il est prisonnier de guerre à Sar- avec Rosette, Commandeur des Palmes Académiques, elle
rebourg. Elle entre en Résistance dès l’automne 1940 et reçut après son décès des honneurs nationaux aux Invalides.
participe avec Raymond à la création du mouvement Libération-Sud. En mai 1943, elle fait libérer son époux, arrêté
deux mois plus tôt par la police lyonnaise. En novembre
de la même année, elle sauve encore Raymond, qui avait
été arrêté de nouveau en juin, cette fois par la Gestapo.
Pour cette dernière évasion, Lucie va voir en personne – et
mystifie – rien de moins que le chef de la Gestapo à Lyon,
Klaus Barbie. Les Samuel entrent ensuite en clandestinité
et rejoignent Londres en février 1944 puis jouent un rôle à
la Libération.
Lucy Stone
Féministe, abolitionniste américaine - 1818/1893
Elle est en outre la première femme du Massachusetts à En juin 1847, Lucy reprend l’enseignement, principalement
obtenir un grade universitaire et la première femme améri- pour des questions financières, et commence à donner des
caine à conserver son nom de jeune fille après son mariage. discours sur l’abolitionnisme et sur les droits des femmes.
Éloquente, elle est remarquée et engagée comme conféHuitième enfant d’une famille de fermiers, Lucy est rapide- rencière à l’American anti-slavery society. Dès que ses emment frappée par la division sexuelle des tâches qui règne ployeurs lui reprochent de mêler la question des droits des
dans sa famille ainsi que par l’autoritarisme de son père sur femmes à ses discours, Lucy fait des discours abolitionsa mère.
nistes le week-end et féministes en semaine.
En 1837, elle effectue un remplacement de professeure et Militante pour les droits des femmes, elle s’engage dans
se rend compte avec indignation qu’elle perçoit la moi- le mouvement pour la tempérance et prône la possibilité
tié de ce que percevait le professeur titulaire, un homme. pour les femmes de divorcer d’un mari alcoolique.
Elle proteste et obtient une augmentation mais son salaire
reste inférieur à celui d’un homme.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
En 1838, Lucy entreprend des études dans une université
pour femmes ; elle y étudie l’algèbre, l’histoire, la géographie, la logique, la littérature… plus tard elle prend des
cours de latin, de grammaire et de mathématiques. Elle
doit cependant s’engager à reverser à son père la somme
qu’elle aurait gagnée en travaillant pendant ce temps.
Durant cette période, elle découvre le Liberator, une publication qui défend l’abolition de l’esclavage. Elle lit les
écrits d’Angélina et Sarah Grimké, deux femmes abolitionnistes qui comparent la situation des esclaves avec celle
des femmes.
Rosa Parks
Militante américaine contre la ségrégation
Le 1er décembre 1955, Rosa Parks refusait de laisser sa place
à un passager blanc dans un bus de l’État de l’Alabama. Le
geste de cette couturière noire de 42 ans restera à jamais
symbolique puisqu’il déclencha le Mouvement des droits
civiques et l’abolition de la ségrégation raciale aux ÉtatsUnis.
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DES DROITS
DES FEMMES
Peu après, une campagne de boycott contre la compagnie
de bus a suivi, lancée par Martin Luther King, pasteur noir
de 26 ans. Malgré ce soutien, le 5 décembre 1955, elle recevait une amende de 15 dollars pour désordre public et
violation des lois locales. Mais le mouvement s’intensifia.
Finalement, le 13 novembre 1956, la Cour Suprême des
Quand, il y a 59 ans, James Blake, le chauffeur d’un bus de États-Unis interdit la ségrégation raciale dans les bus, faiMontgomery demanda à Rosa Parks de se lever pour lais- sant de Rosa Parks une héroïne.
ser sa place assise à un homme blanc, sa réponse fut claire.
« Non ». Alors qu’il menaçait d’appeler la police, Rosa Parks En 1990, Nelson Mandela, tout juste libéré de prison, lui
répondit : « faites donc ». Peu après, elle était arrêtée et rendit visite à Detroit, où elle était alors domiciliée. C’est
conduite au poste de police, sans savoir que son geste de là qu’elle décédait le 24 octobre 2005. Quelques jours plus
résistance allait marquer l’Histoire.
tard, la société RTA, propriétaire du bus dans lequel elle
avait été arrêtée, rendit hommage à « la femme qui s’est
Rosa Parks avait donné sa propre version des faits quant tenue debout en restant assise ».
à cette arrestation : « D’abord, j’avais travaillé dur toute la
journée. J’étais vraiment fatiguée après cette journée de
travail. Mon travail, c’est de fabriquer les vêtements que
portent les Blancs. Ça ne m’est pas venu comme ça à l’esprit, mais c’est ce que je voulais savoir : quand et comment
pourrait-on affirmer nos droits en tant qu’êtres humains ?
Ce qui s’est passé, c’est que le chauffeur m’a demandé
quelque chose et que je n’ai pas eu envie de lui obéir. Il a
appelé un policier et j’ai été arrêtée et emprisonnée ».
Malala Yousafzai
Militante pakistanaise pour les droits des femmes,
Prix Nobel de la Paix 2014
Malala Yousafzai naît le 12 juillet 1997 au Pakistan dans la
vallée du Swat. Depuis son plus jeune âge, elle est plongée
dans le militantisme. Son père est lui-même un défenseur
du droit à l’éducation. Il a d’ailleurs fondé une école, qui
sera rebaptisée au nom de la jeune fille plus tard.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
C’est à l’âge de 11 ans que Malala se fait connaître du grand
public. Alors qu’elle accompagne son père à une conférence de presse à Peshawar, elle dénonce les talibans qui
détruisent les écoles et imposent la charia. Elle poursuit
dans cette voie en témoignant de sa vie sous le régime des
talibans, sous le pseudonyme de Gul Makai, dans un blog
publié par la BBC. Son identité sera révélée quelques mois
plus tard et elle poursuit son combat. En décembre 2011,
elle est récompensée du prix national de la jeunesse pour
la paix, décerné par le Premier ministre pakistanais.
En parallèle de son engagement, Malala est menacée de
mort à plusieurs reprises.
Le 9 octobre 2012, Malala est visée par un attentat. « Le
jour où tout a changé était le mardi 9 octobre », écrit-elle
dans son autobiographie. Ce jour-là, Malala, alors âgée de
15 ans, est victime d’un attentat perpétré par les talibans.
Alors qu’elle se rend à l’école, le bus scolaire s’arrête brusquement. Des hommes masqués montent à bord. L’un d’eux
demande « qui est Malala » et lui tire dessus. La jeune fille
reçoit une balle en pleine tête. Plongée dans le coma, l’adolescente est transférée dans un hôpital britannique. Par mi-
racle, son cerveau n’est pas touché mais son rétablissement
durera quatre mois. Avec la médiatisation de son histoire,
l’adolescente est devenue une héroïne et icône du combat
pour le droit à l’éducation.
À partir de 2011, elle reçoit de nombreux prix récompensant son engagement : le prix international des enfants
pour la paix, le prix Simone de Beauvoir pour la liberté des
femmes, le prix Anna Politkovskaïa et le Prix Sakharov du
parlement européen.
Le 10 décembre 2012, l’Unesco et le Pakistan créent le Fonds
Malala qui vise à scolariser tous les enfants du monde d’ici
à 2015.
Le 12 juillet 2013 le jour de ses 16 ans, elle lance à l’ONU, un
vibrant appel à « l’éducation pour tous les enfants ». « Nos
livres et nos stylos sont nos armes les plus puissantes. Un
enseignant, un livre, un stylo peuvent changer le monde »,
déclare-t-elle ce jour-là devant les grands de ce monde.
Elle est chaleureusement applaudie par toute l’assemblée.
Vendredi 10 octobre 2014, le prix Nobel de la paix a été décerné conjointement à Malala et à Kailash Satyarthi « pour
leur combat contre l’oppression des enfants et des jeunes
et pour le droit de tous les enfants à l’éducation ».
Malala aspire aujourd’hui à une carrière politique pour
« changer l’avenir » du Pakistan. « Je vais être une femme
politique plus tard. Je veux changer l’avenir de mon pays et
rendre l’éducation obligatoire».
Marguerite Durand
Féministe française, journaliste
Elle est née le 24 janvier 1864.
Après un passage au Conservatoire et une carrière au
théâtre, Marguerite Durand devient journaliste à « La
Presse » et au « Figaro ».
Sa participation au Congrès Féministe International de
1 896 lui fait prendre conscience de la justesse des revendications des participantes et elle fonde, l’année suivante, le
journal « La Fronde », premier quotidien féministe.
D’autres suivront, « L’Action », en 1905 ou « Les Nouvelles »,
en 1909.
Elle milite pour les droits des femmes, notamment le droit
de vote et la présence des femmes aux élections.
Elle participe à la création de syndicats féminins particulièrement pour les employées et les ouvrières.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Elle profite de l’année 1904, centenaire du Code civil, pour
dénoncer l’œuvre napoléonienne. Le numéro de La Fronde
du 1er novembre 1904 rapporte ainsi ses propos :
« Il n’est pas une femme qui ne doive maudire le Code, il
n’est pas une femme, riche ou pauvre, grande dame ou travailleuse, qui, dans sa misère ou dans ses biens, dans sa personne, dans ses enfants, dans son travail ou son désœuvrement, n’ait eu ou n’aura à souffrir grâce au Code. »
En 1914, La Fronde reparaît pour quelques numéros, entre
le 17 août et le 3 septembre. Même si elle considère que
féminisme et pacifisme sont étroitement liés, Marguerite
Durand incite les femmes à participer à l’effort de guerre,
exprimant son espoir que les responsabilités assumées par
les femmes en l’absence des hommes appelés au front,
leur permettront de bénéficier de droits nouveaux. Sa déception est au rendez-vous de l’armistice. Déception aussi en ce qui concerne la reconnaissance du droit pour les
femmes de choisir librement le temps de leur maternité :
avortement et propagande anticonceptionnelle sont interdits par la loi du 31 juillet 1920.
Son souci de collecter et de conserver les documents relatifs à l’histoire des femmes et à leur rôle dans la société lui
permet, en 1931, avec la Ville de Paris, de créer la première
bibliothèque féministe française qu’elle dirigera jusqu’à sa
mort, en 1936, à l’âge de 72 ans et qui existe toujours.
« On ne sait rien de l’admirable activité des femmes, et
même les féministes ignorent les trois quarts de ce qu’ont
fait, dans tous les ordres de préoccupations humaines, leurs
aïeules, leurs mères… ou leurs contemporaines. »
Elle décédera le 16 mars 1936.
Régine Deforges
Écrivaine et éditrice
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
15 août 1935 à Montmorillon/3 avril 2014
D’un ton très libre, voire libertin, ses romans sont souvent
des plaidoyers féministes défendant le droit des femmes
à s’assumer seules, jusque et y compris dans leur sexualité,
qui peut être le lesbianisme.
À l’âge de 15 ans, on lui dérobe son journal intime, où elle
consignait ses pensées et l’amour qu’elle éprouvait pour
une fille de son âge. Cet épisode provoque un scandale
local : renvoyée de son institution, elle est contrainte de
brûler ses autres cahiers.
« J’ai obéi, jeté dans le poële ce qui me tenait le plus à cœur.
Ma vie intime s’envolait en fumée. J’ai décidé que je me
vengerais, sans savoir comment ». Cet épisode lui inspire,
bien plus tard, le livre Le Cahier volé.
Elle ouvre plusieurs librairies, tant à Paris qu’en province,
et crée, en 1968, sa propre maison d’édition, « L’Or du
temps ». Elle devient de ce fait la première éditrice française. Le premier livre qu’elle publie, Le Con d’Irène (sous
le titre édulcoré « Irène »), attribué à Louis Aragon (1re éd.
1928), est saisi 48 heures après sa mise en vente, le 22 mars
1968. Elle sera, par la suite, condamnée pour « outrage aux
bonnes mœurs » et privée de ses droits civiques.
Elle publie ensuite un catalogue de livres écrits par des
femmes (Les Femmes avant 1960).
Elle publie une centaine d’ouvrages (notamment des livres
d’Apollinaire, Gautier, Restif de la Bretonne et Mandiargues,
entre autres), dont la plupart font l’objet d’interdictions
diverses voire, pour certains, de poursuites pour outrage
aux bonnes mœurs. Parmi les romans érotiques contemporains, « L’Or du temps » publie notamment « La Nue »,
de Michel Bernard. De nombreux procès et de lourdes
amendes obligent Régine Deforges à déposer son bilan.
Elle a été présidente de la Société des gens de lettres et
membre du jury du prix Femina dont elle a démissionné en
solidarité avec Madeleine Chapsal à la suite de son exclusion.
Son roman La Bicyclette Bleue, premier de trois tomes
composant l’ouvrage, a connu un grand succès populaire.
À titre personnel, elle est membre du comité d’honneur
de l’association pour le droit à mourir dans la dignité et
cosigne en 2009 un texte réclamant la dépénalisation de
l’euthanasie.
Marie Pape-Carpantier
Pédagogue et féministe française
Née Marie Joséphine Olinde Carpantier le 11 septembre
1815, décédée le 16 juillet 1878.
Liée aux mouvements fouriéristes, elle combat la misère et
l’injustice sociale et lutte pour l’éducation des filles. Elle
milite pour la question des femmes.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
son attention sur le monde. Lieu où l’on ne pratique que
l’initiation : lecture, écriture. L’enfant a besoin de s’amuser
et ce lieu répond parfaitement à cela ».
Elle est révoquée en 1874 – à 59 ans – pour libre pensée.
Par le biais de ses livres Marie Pape-Carpantier fait un plaidoyer, afin que ceux qui ont le pouvoir se soucient de l’insElle rénove l’enseignement de la petite enfance et est ainsi truction des femmes pour enfin leur faire la place dont
la pionnière de l’enseignement préélémentaire en France. elles sont dignes.
À l’époque où les enfants travaillent dans les manufactures
et il faut attendre la loi du 22 mars 1841, pour qu’il soit in- Elle est considérée comme une féministe notamment à
terdit d’employer des enfants de moins de huit ans et des cause de la rédaction d’articles sur la question des femmes,
journées de huit heures pour les moins de douze ans.
« une question de justice et de bien-être, intéressant la
Dès le 4 juillet 1842, Marie devient responsable d’une salle société et l’humanité. Il faut que les femmes trouvent
d’asile. Elle n’aime pas la façon dont les salles sont dirigées leur place auprès des hommes et qu’elles accèdent enfin à
et n’apprécie pas la « méthode » prônée par le manuel des l’éducation ».
salles d’asiles, qui devait être suivi de manière très rigoureuse. « Il faut que l’instituteur apporte la couleur, le mouvement, l’à propos, l’avis » dit-elle.
Elle insiste sur l’importance de la « leçon de choses »,
qu’elle conçoit comme une approche de la connaissance
avant tout sensible, faite de sensations et d’intuitions plus
que de principes, qui permettrait aux jeunes enfants d’ouvrir leur intelligence et de s’approprier le monde à travers
le corps et son langage.
Dès 1845, Marie propose de changer la salle d’asile en
« école maternelle « L’objectif, semblable à celui des salles
d’asile est de répondre aux curiosités de l’enfant, d’attirer
Marinette Menut
Résistante française auvergnate
Marinette Menut est née le 16 mai 1914 à Laprugne dans
l’Allier. Elle décèdera le 19 juillet 1944, à l’âge de 30 ans,
fusillée par le S.D. (Service de renseignement et de répression
allemand).
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Ils achèvent les blessés, tuent le Dr Reiss et Fernand Lafaye
(père de Marinette).
Lors de la fusillade, à laquelle elle a participé, Marinette
est blessée et faite prisonnière.
Transportée à la mairie de Chaudes-Aigues, puis à l’hôpital de
Elle obtient son bac « A-Philo » en octobre 1933.
Saint-Flour, elle tente de s’évader avec la complicité d’une
Elle fera des études de pharmacie d’octobre 1933 à mai 1939, religieuse, Soeur Marthe.
à Cusset, Clermont-Ferrand et Toulouse.
Elle se marie le 15 avril 1941 avec Max Menut. Ils tiendront Le 27 juin 44, avant qu’elle ait pu fuir, la Gestapo avec l’aide
une pharmacie à Riom jusqu’à la fin de l’année 43.
d’un agent français, l’identifie et la transfère aussitôt à son
siège, au 2 bis, de l’avenue de Royat, à Chamalières.
En décembre 1941, Max Menut entre en résistance. Il échappe Malgré les interrogatoires « poussés » et les tortures les
de peu à la Gestapo et gagne le maquis.
plus atroces, Marinette Menut aura résisté jusqu’au bout
Dès lors, Marinette assure la transmission du courrier, ravi- sans avoir donné aucun renseignement.
taille en médicaments, pansements et autres produits de
soins, les maquis de la région Auvergne.
Ainsi, le 19 juillet 1944, au terrain d’aviation d’Aulnat, Marinette Menut, âgée de 30 ans, mère d’une petite fille de 2
Fin 1943, se sentant menacée par la milice riomoise, elle ans, tombe sous les balles d’un peloton du Service de rengagne le maquis avec son père, Fernand Lafaye.
seignement et de rxcépression allemand.
Anne-Mary Menut, devenue Marinette, participe à l’organisation du réduit du Mont-Mouchet, avec les épouses La Légion d’honneur lui fut attribuée le 1er mars 1945 à titre
d’Emile Coulaudon (colonel Gaspard) et du Commandant posthume, ainsi que la Croix de guerre et la Médaille de la
Dumas.
Résistance.
Le 22 juin 1943, une partie du convoi qui tente de relier
Saint-Chély-d’Apcher avec des blessés de la bataille du
Mont-Mouchet, est encerclée par la Wehrmacht.
Marie Marvingt
Pionnière de l’aviation, sportive, alpiniste
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Aurillac 1875 - Laxou 1963
Pionnière de l’aviation, sportive émérite, alpiniste renommée,
Marie Marvingt est une des premières femmes françaises à investir au début du XXe siècle le champ des activités sportives.
Initiée dès son plus jeune âge à la natation et à l’alpinisme,
elle deviendra une athlète pluridisciplinaire, détentrice de
dix-sept records mondiaux. Équitation, cyclisme, tirs, sports
d’hiver, escrime, canoë, patinage…
La guerre terminée, elle devient officier de santé des armées
avec les forces françaises au Maroc où elle crée et développe
un service civil d’ambulances sanitaires aériennes, inventant
des skis métalliques pour faciliter le transport sur sable. En
1937, elle est la première à obtenir le diplôme d’infirmière
de l’air.
En 1960, âgée de 85 ans, elle pilote le premier hélicoptère
à réaction français, le Djinn !
Dès 1899, elle obtient le permis de conduire. Puis, à l’occasion d’un baptême de l’air, elle découvre sa passion pour
l’aéronautique et décide d’apprendre à voler. Elle sera la
première femme au monde à obtenir les quatre brevets de
pilote : avion, hydravion, ballon libre, hélicoptère.
En 1910, convaincue de la nécessité d’organiser un service
sanitaire aérien pour secourir les blessés et ravitailler les
hôpitaux de campagnes, elle réalise, avec l’aide d’un ingénieur, les plans du premier avion ambulance et ouvre une
souscription nationale pour en lancer la fabrication.
Ce prototype ne verra pas le jour. Qu’importe ; l’aviation
sanitaire est née.
Elle proposera ce projet à l’état-major des armées. En vain.
Ne pouvant être pilote de guerre, elle s’engage à sa manière, en qualité de « correspondante de guerre » « officier
médical » « infirmière à la Croix-Rouge ».
Elle aura eu un impact énorme sur l’histoire de l’aviation
et reste la femme la plus décorée de France avec trentequatre médailles, parmi lesquelles celle de l’aéronautique
et la croix de guerre de 14-18.
Maryam Mirzakhani
Mathématicienne iranienne
Le 12 août 2014, la mathématicienne Maryam Mirzakhani
a reçu la médaille Fields. Depuis la création de ce prix en
1936, elle devient ainsi la première femme à obtenir cette
consécration réservée aux chercheurs de moins de 40 ans,
équivalente pour les mathématiques au prix Nobel.
Ses recherches sont jugées par ses pairs « d’une créativité
exceptionnelle », peut-on lire sur le site de l’université américaine de Princeton, où elle a enseigné avant de rejoindre
Stanford. Spécialisée dans la compréhension de la symétrie des surfaces incurvées, son travail relève des mathématiques pures, où sont manipulés des concepts abstraits
sans application concrète immédiatement perceptible.
Ses découvertes pourraient néanmoins aider à faire avancer la physique fondamentale appliquée à la formation de
l’univers, la théorie quantique des champs, ou l’étude des
nombres premiers.
Enfant, Maryam Mirzakhani lisait tout ce qui lui tombait
sous la main et rêvait de devenir écrivain. Les mathématiques ne l’intéressaient guère, elle se souvient même avoir
eu des notes « moyennes » au collège. L’envie d’en découdre avec les équations l’a finalement rattrapée au lycée,
lui faisant lâcher les lettres pour les chiffres. L’avenir lui
donnera raison.
À 37 ans, l’Iranienne est entrée dans l’histoire en devenant
la première femme décorée de la médaille Fields. La jeune
Aujourd’hui professeure à l’université de Stanford, en Cali- lauréate a accueilli ce « grand honneur » avec une pensée
fornie, cette tête bien faite a grandi à Téhéran. Encouragée pour ses consœurs : « Je serais contente si cela encourage
par ses parents, elle est acceptée dans un lycée d’élite ré- de jeunes scientifiques et mathématiciens femmes », a-tservé aux élèves précoces et devient, à 17 ans, la première elle déclaré. « Je suis sûre qu’il y aura de nombreuses autres
adolescente iranienne à recevoir la médaille d’or aux Olym- femmes qui remporteront ce genre de récompense dans
piades internationales de mathématiques, où s’affrontent les années à venir».
les meilleurs lycéens du monde.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Maryam Mirzakhani entame ses études universitaires en
Iran, à l’université Sharif, avant d’émigrer aux États-Unis
pour mener une thèse à Harvard sous la direction d’un ancien médaillé Fields, Curtis McCullen.
Olympes de Gouges
Féministe française, femme de lettres,
femme politique
Il y a très longtemps, une petite fille voyait le jour à Montauban en 1748. Elle s’appelait Marie Gouze.
Elle se marie à 16 ans, à 17 ans, elle met au monde un fils,
son mari meurt quelques mois plus tard. Elle monte à Paris
avec son fils. Elle choisit les lettres et écrit des pièces de
théâtre.
Pour se faire connaître, elle change de nom. Elle prend le
prénom de sa mère Olympe et la particule de son père,
un noble qui ne l’a pas reconnue… Marie Gouze devient
Olympe de Gouge, vive intelligence et d’une grande lucidité politique. Elle n’acceptait pas d’être traitée en inférieure.
Son premier combat fut l’abolition de l’esclavage.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Son œuvre la plus importante demeure sa Déclaration de
la Femme et de la Citoyenne, en 1791, car elle avait compris
que les femmes étaient bel et bien « les oubliées » de la
Révolution.
Tout au long de ce texte, elle insiste et précise à chaque
fois « femmes et hommes » « citoyennes et citoyens ». Pour
Olympe, l’égalité doit exister en tous lieux et dans toutes
les professions.
Elle rédige aussi un programme de transformation sociale,
et avec presque 200 ans d’avance, elle propose la Sécurité
Sociale, des établissements d’hébergement pour les vieillards, des refuges pour les enfants d’ouvriers, des ateliers
pour les chômeurs, des tribunaux populaires, l’assainissement des hôpitaux… tout cela financé par un impôt sur la
fortune qu’elle appelle « impôt sur le luxe » !..
Tout comme elle s’était adressée aux hommes dans son
préambule – « Hommes, êtes-vous capable d’être justes ? –
elle se tourne vers les femmes dans une phrase d’une étonnante modernité : « O femmes, quand cesserez-vous d’être
aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis
dans la révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus
signalé. Dans les siècles de corruption, vous n’avez régné
que sur les faiblesses des hommes…
Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est
en votre pouvoir de vous en affranchir. Vous n’avez qu’à le
vouloir.
Elle réclame aussi l’instauration du divorce, et dans un
texte intitulé Modèle de contrat social entre l’homme et
la femme, propose que les enfants aient le droit de porter
le nom de leur père et de leur mère.
Elle voulut monter à la tribune, elle en est empêché, d’où sa
célèbre phrase : « La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit également avoir celui de monter à la tribune ».
C’est à l’échafaud qu’elle fut conduite le 3 novembre 1793.
Paulette Nardal
Ecrivaine française, militante de la cause noire
Paulette Nardal 1896-1985 est une femme de lettres et plus d’étincelles, nous n’étions que des femmes ! Nous
journaliste martiniquaise.
avons balisé les pistes pour les hommes. »
Militante de la cause noire, elle est une des inspiratrices du
courant littéraire de la négritude.
À la suite de l’ordonnance du 21 avril 1944 qui accorde le
droit de vote aux femmes, Paulette Nardal créé le « RasPaulette Nardal devient institutrice avant de décider, à semblement Féminin » en 1945. Cette initiative va inciter
l’âge de 24 ans, de rejoindre la métropole pour poursuivre les femmes martiniquaises à exercer ce nouveau droit et à
ses études de lettres à Paris en 1920 et s’inscrit à la Sor- aller voter le 28 avril 1945.
bonne pour étudier l’anglais.
Elle devient ainsi la première femme de lettres martini- Cette femme de lettres et militante politique, pionnière
quaise à étudier à la Sorbonne à une époque où peu de de la cause noire, restera celle qui répétait inlassablement
femmes et de noirs avaient accès à cette institution.
à ses amis et ses élèves sa fierté d’être noire : « Black is
Elle cherche à mettre en relation les diasporas noires.
beautiful ».
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Elle aborde la question de l’émancipation des femmes et
pose les prémices de la théorie de la Négritude. Dans son
salon littéraire se croiseront des écrivains célèbres tels que
Léopold Sengor, Aimé Césaire qui feront part de leur expérience d’étudiants en métropole.
Paulette Nardal et l’écrivain haïtien Léo Sajous fondent
la « La Revue du Monde Noir » qui cessera de paraître en
1932, D’autres écrivains reprendront le flambeau de ce courant littéraire de la Négritude, tels que Césaire ou Senghor.
Elle écrira : « Césaire et Senghor ont repris les idées que
nous avons brandies et les ont exprimées avec beaucoup
Pauline Roland
Féministe française, femme politique,
combattante pour la laïcité
Pauline Roland est née en 1805 à Falaise dans le Calvados.
À 25 ans, elle exerçait le métier d’institutrice à Falaise. Elle
s’engage auprès de Saint Simon, ce théoricien du bonheur,
et imagine avec lui une société basée sur une totale égalité
entre les femmes et les hommes.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
tuteurs, Institutrices et Professeurs socialistes qui insistent
sur l’importance de l’égalité des sexes dans un programme
d’éducation s’étendant sur les 18 premières années de vie
des femmes.
Elle écrit pour « l’Eclaireur » de l’Indre, elle collabore à « La
Femme Nouvelle ». En 1848, elle prend la direction du club
Pauline voulait vivre en femme libre. Elle écrit des journaux républicain des Femmes.
féministes. Mais elle a l’audace d’écrire, dans ce monde
encore très puritain : « Je ne consentirai jamais à épou- Elle joue un rôle important en convoquant l’Union des asser aucun homme dans une société où je ne pourrais pas sociations de travailleurs. En 1849, elle est élue au Comifaire reconnaître mon égalité parfaite avec celui auquel je té central par les délégués de plus de 100 professions. Ce
m’unirai. Ce n’est pas une domination de ruse que je veux mouvement coopératif est supprimé par le gouvernement
exercer, c’est une égalité et une liberté parfaite. »
en avril 1850 et Pauline est arrêtée avec 50 autres personnes
Elle vit pendant 12 ans en union libre avec Jean-François Ai- le mois suivant. Jugée pour « socialisme, féminisme et « décard. Elle insiste pour que leurs deux enfants portent aussi bauche » elle est emprisonnée pendant 7 mois. Elle s’implison nom. À la mort de son amie militante Flora Tristan, elle quera dans le coup d’état du 2 décembre 1851 qui mènera
prend soin de sa fille Aline, qui, plus tard, a mis au monde au second Empire. Elle est condamnée à 10 ans de bagne en
le petit Gauguin.
Algérie. Du fond de sa prison, elle trépigne de rage, car ses
camarades hommes ont été exécutés. « Même devant la
30 ans avant la loi de Jules Ferry, elle se bat pour l’école condamnation, il n’y a pas d’égalité écrit-elle. »
obligatoire et laïque, pour l’égalité de l’instruction des garçons et des filles de toutes les classes sociales. Elle pro- Libérée, grâce à George Sand, Victor Hugo, elle allait repose que l’éducation soit retirée de l’église et confiée à trouver ses enfants, affaiblit, malade, elle meurt, à Lyon,
l’État. « C’est par l’éducation que les femmes obtiendront sur le chemin du retour, en 1852.
leur liberté, maintient-elle » Elle fonde avec Jeanne Deroin et Gustave Lefrançais en 1849, l’association des Insti-
Pearl Buck
Écrivaine américaine, Prix Nobel de littérature
Pearl Sydenstricher Buck, née à Hillsboro (Virginie-Occi- cuisine. La plupart évoque le pays de son enfance et s’insdentale) le 26 juin 1892, et décédée le 6 mars 1973 à Danby pire de l’art populaire chinois. Ses œuvres, écrites dans un
style simple et concis, communiquent au public occidental
(Vermont), est une femme de lettres américaine.
son amour pour la Chine et pour ses habitants. Leur succès
Alors qu’elle n’a que 3 mois, ses parents missionnaires pres- est certainement pour beaucoup dans l’attrait en Occident
bytériens partent en Chine près de Chinkiang, puis à Shan- pour cette région du monde. En Chine où la popularité de
ghaï, où elle va apprendre le mandarin avant l’anglais. Elle l’auteur ne s’est jamais démentie, elle est considérée, sans
fait ses études universitaires à Randolph Macon en Virgi- ironie, comme un vrai auteur chinois1.
nie, puis retourne en Chine où elle épouse John Buck, un
ingénieur agronome américain en 1917, avec qui elle part Dans Un cœur fier (1938), elle pose le problème de la
à Suzhou, en Chine de l’est. Elle s’établit ensuite à Nanjing femme artiste et expose le conflit d’une femme entre son
jusqu’à 1927, puis au Japon et revient en 1933 aux États-Unis, œuvre de sculpteur et sa vie d’épouse et de mère. La maladie mentale de sa fille lui inspire notamment L’enfant qui
où elle divorce en 1935.
n’a pas pu grandir (1950).
En 1930 paraît son premier roman inspiré par la Chine qui
ouvre un grand cycle romanesque : Vent d’Est, Vent d’Ouest. Pearl Buck reçoit le Prix Nobel de littérature en 1938 pour
En 1931, La Terre chinoise, inspiré par son séjour à Suzhou, « ses descriptions riches et épiques de la vie des paysans en
connaît un immense succès (égal à celui de Quo Vadis).
Chine et pour ses chefs-d’œuvre biographiques 2 ».
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Elle est la première femme à obtenir le Prix Pulitzer en 1932 Elle a créé en Pennsylvanie une fondation pour l’adoption
pour La Terre chinoise. Cet ouvrage, adapté avec grand suc- des enfants abandonnés et y a consacré temps et argent.
cès au cinéma (Visages d’Orient), est prolongé par Les Fils Pearl Buck meurt d’un cancer le 6 mars 1973.
de Wang Lung (1932) et La Famille dispersée (1935).
La production littéraire de Pearl Buck est foisonnante et
comprend des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre,
des essais, des recueils de poèmes et même un livre de
Sakine Cansiz
Femme politique kurde
Née en 1958 en Turquie et assassinée à Paris le 9 janvier
2013. Co-fondatrice du Parti des travailleurs du Kurdistan
(PKK).
Membre des cercles révolutionnaires depuis les années
1970, elle fut l’un des éléments fondateurs du mouvement
séparatiste, dont elle est rapidement devenue une véritable icône pour les femmes kurdes. En trente années de
militantisme, elle était passée de la lutte armée au financement de la cause séparatiste, où elle jouait vraisemblablement un rôle de premier plan en Europe.
Engagée dès sa jeunesse pour la cause Kurde, elle est arrêtée par la police turque et condamnée à 24 années de détention, peine portée à 76 ans après qu’elle ait parlé kurde
au tribunal. Elle reste emprisonnée pendant 12 années. Selon des sources kurdes, elle y est soumise à la torture qui
est alors systématiquement appliquée aux prisonnier-e-s
politiques.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Libérée en 1990, elle participe à la conférence organisée du
23 au 28 août 1991, dans la plaine de la Bekaa, au Liban, à
l’initiative d’Abdullah Öcalan, y sont présents d’autres dirigeants et fondateurs du PKK également libérés.
« Nous avons grandi en entendant parler de Sakine Cansiz… Comment elle supportait la torture en crachant au
visage de ses tortionnaires », se souvient Sebahat Tuncel,
élue du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), proche
de la cause kurde. » C’était un grand nom pour les femmes
kurdes. Elle était féministe et son combat a toujours été
double, contre la domination masculine et pour les droits
des Kurdes », poursuit-elle.
Elle est assassinée à Paris, dans la nuit du 9 au 10 janvier
2013, avec deux autres militantes kurdes .
Simone Leclanché
Résistante clermontoise
les-Bains (63). Selon la famille, « les circonstances de l’accident de voiture qui lui a coûté la vie n’ont jamais été éluciAprès des études de secrétariat, Simone entre au cabinet dées».
de Maître Mabrut à Clermont-Ferrand.
Selon une source familiale, « Réfractaire au STO, Camille a
été le premier à prendre le maquis en février 1943. Démobilisé en décembre 1942, Edmond, à son tour a rejoint le 1er
Corps franc d’Auvergne en mars 1943.
Née le 3 mars 1917 rue de Vallières à Clermont-Ferrand.
Tout naturellement, Simone s’est engagée aux côtés de
ses frères comme agent de liaison. Camille a été arrêté le
15 janvier 1944 à La Bourboule (63) par la police française
qui l’a « remis » à la Gestapo à Vichy (03). Il était quasiment
mourant quand il a quitté, porté dans une camionnette par
deux soldats, la rue du Portugal, le 2 mars au matin.
Son histoire connue s’est arrêtée là.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Le 3 mars, Simone, ignorant son sort, s’est rendue à Vichy
pour lui faire passer du linge. Elle a, à son tour, été arrêtée. »
Elle est internée à la prison du 92e Régiment d’Infanterie à
Clermont-Ferrand avant d’être transférée au Fort de Romainville. Le 18 avril 1944 elle est déportée à Ravensbrück.
Elle est libérée à Holleischen en compagnie de sa cousine
Madeleine Begon le 5 mai 1945 par les partisans tchèques.
Le 26 septembre 1946, en fin de journée, elle décède sur
une route du Sancy au lieudit Les Léchades au Mont-Dore-
Sonia Delaunay
Artiste peintre
Née à Odessa en 1885, décédée à Paris en 1979.
Sonia Delaunay, est née à Gradshik (Ukraine, Russie) en 1885. Sara
Ilinitchna Stern, dite Sonia Stern, est adoptée par son oncle Henri
Terk en 1890. Elle fréquentera l’Atelier Schmidt-Reuter à Karlsruhe de 1903 à 1904, puis l’Académie de la Palette à Paris où elle
s’installe en 1905. Elle peint alors des portraits et des nus fauves.
Sa première exposition personnelle est organisée en 1908. Après
un premier mariage, elle épouse le peintre Robert Delaunay en
1910 qu’elle considère comme un poète s’exprimant avec des
couleurs. Elle suit son mari sur les chemins de l’abstraction, entreprenant un cycle de toiles et dessins où les couleurs pures deviennent des plans qui engendrent des formes construites par la
profondeur des rapports entre les couleurs elles-mêmes. Sonia
Delaunay s’attache à traduire le mouvement et la lumière. L’artiste s’intéresse dès 1913 à la création de tissus colorés.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Dans les années 30, le couple rejoint le groupe Abstraction-Création qui défend l’art non figuratif. De 1935 à 1937, elle revient à la
peinture et réalise notamment des panneaux muraux. L’Exposition internationale des arts et des techniques (1937, Paris) est l’occasion pour les tenants de l’art total de donner une dimension
publique à l’abstraction ; les Delaunay participent activement à la
grande aventure collective de l’art dans la rue, encouragée par le
Front Populaire.
Robert Delaunay meurt en 1941, et Sonia se retire à Grasse jusqu’à
la fin de la guerre. En 1946, elle est cofondatrice du Salon des
Réalités Nouvelles et expose avec le groupe Art concret. Sonia
Delaunay est également à la source du groupe Espace.
Période oubliée de sa biographie, cet « après Robert » qui dure
tout de même presque quarante ans la voit renouveler son langage coloré, retrouver le format du patchwork et expérimenter
des compositions en abyme. Sonia Delaunay expose à la galerie
Denise René, repaire des jeunes artistes abstraits, dès la fin des
années 1940, et marque de son influence des artistes comme Vasarely, et même outre-Atlantique Jasper Johns et ses Cibles. Avec
toujours la même liberté, elle explore la musicalité de la peinture, en particulier dans des gouaches aux tons froids.
Le couple s’installe à Madrid en 1914, puis au Portugal de 1915
jusqu’en 1920 (œuvres sur les thèmes du flamenco, du tango,
etc.), date de leur retour à Paris. Sonia Delaunay, de 1913 à 1935,
se consacrera essentiellement, sur le même mode, aux arts appliqués (coussins, gilets, robes, abat-jour, etc.). De même, elle réalise des reliures, des couvertures et des illustrations de livres.
Son « mariage » avec la poésie de Blaise Cendrars (1913) pour
« La Prose du Transsibérien et de la Petite Jehanne de France »
est considéré comme l’un des chefs-d’oeuvre dans l’art du livre Le legs qu’elle concède avec son fils est l’occasion en 1967 d’une
illustré du XX° siècle. Elle ouvrira une boutique de décoration grande exposition au même musée d’art moderne de la ville de
(« Casa Sonia »), puis créera, avec le couturier Jacques Heim, la Paris, avant que sa mort en 1979 ne la fasse retomber dans l’oubli.
« Boutique simultanée » pour l’exposition internationale des arts
décoratifs (Paris, 1925). L’artiste deviendra spécialiste en matière
d’art vestimentaire et de l’influence de la peinture sur celui-ci.
Germaine Tillion
Ethnologue, résistante et historienne
Germaine Tillion est née le 30 mai 1907 à Allègre en Haute
Loire. En 1932, elle est diplômée de l’Institut d’Ethnologie,
elle est chargée d’une mission de recherche dans les Aurès,
massif montagneux de l’Est algérien. C’est en 1935, que Germaine Tillion mènera sa recherche dans une tribu semi-nomade des Ah-Abderrahman dont elle partagera la vie et suivra les déplacements.
De retour à Paris en juin 1940, le pays est défait, 5 jours après
les Allemands occupent Paris. Elle entend Pétain annoncer
aux Français les négociations d’une armistice avec l’Allemagne. Cette déclaration est un véritable électrochoc pour
Germaine Tillion.
Animée par un fervent patriotisme qui lui fait rejeter l’armistice, elle entre rapidement avec ceux, qui, comme elle
« veulent faire quelque chose. » Ce refus spontané de la défaite la place parmi les résistantes « de la première heure ».
Elle prend contact avec la Croix Rouge et parallèlement Germaine Tillion retrouve plusieurs de ses collègues du Musée
d’Homme. Ce groupe qu’elle a baptisé « réseau du musée de
l’Homme » oriente son action dans deux directions : le renseignement et la résistance civile.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Le 13 août 1942, elle est arrêtée et restera 6 mois au secret, à
la prison de la santé, puis à Fresnes. Elle sera déportée à Ravensbrück d’où elle sera libérée en 1945.
À partir de ses annotations, de quelques rares documents et
de témoignages, elle publie en 1946 sa première étude sur
Ravensbrück.
Elle retrouve son poste au CNRS, et en 1947, prend en charge
la recherche des femmes et des enfants déportés de France.
En novembre 1954, François Mitterrand l’envoie en mission
en Algérie, afin d’étudier le sort des populations. En 1961,
elle est mandatée par l’Organisation Mondiale de la Santé
« sur la condition des femmes « qui la conduit dans plusieurs
pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Elle continue ses recherches sur les camps de concentration et les présentera
en septembre 1950 à Amsterdam au Congrès d’Histoire Moderne sur la Deuxième guerre mondiale.
Germaine Tillion n’a été reconnue que tardivement par ses
contemporains.
En 1999, elle reçoit des mains de son amie Geneviève de
Gaulle-Anthonioz la grand-croix de la Légion d’Honneur.
Elle publie plusieurs livres « Le harem et ses cousins » La traversée du mal », L’Algérie Aurésienne ».
En mai 2004, elle lance avec d’autres intellectuels un appel
demandant au gouvernement français de dénoncer l’utilisation de la torture en Irak.
Cette prise de position, la dernière en date, s’inscrit dans le
droit fil d’une existence toute entière dédiée à « la recherche
du juste et du vrai », pour reprendre le titre d’un autre de ses
ouvrages.
Elle décédera le 19 avril 2008 à son domicile à Saint-Mandé
dans sa 101e année.
Elle trouvera sa place, bien méritée, au Panthéon en 2015.
Wangari Maathaï
Biologiste kényane, militante politique et écologiste
Cependant, elle est mieux connue pour son militantisme En 2004, elle décroche le prix Nobel de la paix, c’est la première fois que le prix distingue une militante pour l’envipolitique et écologiste.
ronnement. Elle devient de plus en plus critique envers le
er
Née le 1  avril 1940, dans un village des environs de Nyéri, gouvernement de Mwai Kibaki, notamment après les vioelle est fille de modestes fermiers mais, fait rare à l’époque lences post-électorales.
pour une fille, elle étudie dans des écoles catholiques au
Kenya avant d’être envoyée aux Etats-Unis faire des études Elle était impliquée dans les négociations sur le changement climatique et faisait partie de nombreuses fondasupérieures.
Elle revient enseigner à l’université de Nairobi la médecine tions sur l’environnement à travers le monde et est l’auteur
vétérinaire pour une courte période.
de quatre ouvrages sur l’environnement. Le Green Belt Movement a planté depuis 1977 près de 40 millions d’arbres
En 1977, elle créé le Mouvement de la ceinture verte qui sur le continent africain.
défend les forêts, la conservation, mais aussi le droit des
femmes. La déforestation est un sujet délicat au Kenya qui Elle est décédée à Nairobi en 2011.
touche l’accès à la terre et la spéculation immobilière.
Sous le règne de Moi, elle mène des actions non violentes,
et se retrouve à plusieurs reprises emprisonnée, battue par
la police avec les militants de son mouvement.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
Elle est qualifiée d’hystérique par ses détracteurs au sein
du régime. Et par ses supporters elle est surnommée affectueusement « mama miti », la maman des arbres en swahili.
En 2002, elle décide de tenter sa chance comme députée.
Elle devient vice-ministre de l’Environnement.
Zaha Hadid
Architecte irako-britannique
Zaha Hadid est née le 31 octobre 1950 à Bagdad, en Irak.
Dans un premier temps, elle étudie les mathématiques à
l’université américaine de Beyrouth avant de se lancer dans
l’architecture à l’association d’Architecture de Londres.
le musée Guggenheim de Taiwan ou encore dernièrement
le musée d’Art contemporain de Rome. En France, elle a
réalisé la Tour CMA CGM, symbole du renouveau de la métropole marseillaise sur le périmètre Euroméditerranée.
Diplômée en 1977, elle travaille dix ans à l’Office for Metro- Elle est également l’unique femme à avoir remporté le prix
politan Architecture (OMA) avec Rem Koolhaas avant de Pritzker d’architecture en 2004.
créer sa propre agence à Londres en 1987.
Son agence Zaha Hadid Architects emploie aujourd’hui 250
Zaha s’impose assez vite comme l’une des principales fi- personnes.
gures du déconstructivisme, un courant qui refuse l’ordre
linéaire de l’architecture moderne. Son style repose sur
l’utilisation de lignes tendues et de courbes, de formes
pointues et de plans superposés qui donnent à ses créations complexité et légèreté.
LA SEMAINE
DES DROITS
DES FEMMES
En parallèle de sa carrière d’architecte, elle enseigne dans
les plus prestigieuses institutions internationales. Zaha Hadid a déjà dispensé son savoir à l’Association d’architecture
de Londres, à l’École supérieure de design de l’Université
d’Harvard, à l’École d’architecture de Chicago, à l’Université des Arts appliqués de Vienne.
Zaha Hadid a réalisé de grands projets, principalement au
niveau des équipements culturels tels l’opéra de Cardiff en
1996 et le Centre d’art contemporain Rosenthal de Cincinnati en 2003 et compte de nombreux projets en cours tels