History. Topic3. History and Memory of the Vietnam War in the USA

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History. Topic3. History and Memory of the Vietnam War in the USA
Histoire-Géographie en langue anglaise Tle
Topic 3- History and Memory (4h)
History and Memory of the Vietnam War in the USA. (choix facultatif)
Auteur : Frédéric Vicaire, lycée Raymond Queneau, Villeneuve d’Ascq.
MISE AU POINT SCIENTIFIQUE.
En dépit de quelques controverses, la Seconde Guerre mondiale demeure pour les Américains le modèle de
la Good War. Tout au contraire, l’engagement au Vietnam apparaît, pour reprendre le titre d’un ouvrage
consacré au conflit, comme une Lost Crusade. Le lien entre cause morale et engagement des Etats-Unis est
fragilisé et, de plus, le pays est profondément divisé. Comment les mémoires du conflit ont-elles évolué ?
Quelle écriture de l’histoire dans ce contexte mémoriel ?
La mémoire de la guerre se met en place dès le conflit et ce, par différents vecteurs. La couverture médiatique a, en dépit des controverses sur lesquelles nous reviendrons, évolué au cours de la guerre et offert
un paysage contrasté. Mais surtout, en dehors même de la tv war, les familles américaines ont eu une
connaissance plus intime du conflit. Le système de conscription (draft) a fait que près de 9 millions d’Américains ont été mobilisés à l’époque du conflit vietnamien, mais seuls 2,1 millions sont effectivement partis
au Vietnam. La durée du service était fixée à un an. Certains pouvaient décider de poursuivre, mais d’autres
revenaient seuls au pays et pouvaient par-là même partager leur expérience. Une partie de ces vétérans a
nourri la protestation contre la guerre. John Kerry fut l’un des fondateurs de VVAW (Vietnam Veterans
against the War). En outre, la perspective d’être appelé pouvait constituer pour les jeunes gens et leur famille
une source d’inquiétude. On peut notamment évoquer les stratégies adoptées par Bill Clinton ou George W.Bush afin d’éviter d’être envoyé au Vietnam. D’autres, une minorité, ne bénéficiant pas des mêmes réseaux,
ont échappé à la conscription (to dodge the draft) notamment en quittant le pays. Beaucoup de ces insoumis
ont ainsi rejoint le Canada. Ainsi, tous n’étaient-ils pas touchés de la même façon. Un jeune ouvrier avait
deux fois plus de chances d’être appelé qu’une personne appartenant à une classe aisée. Les minorités, figurant parmi les plus pauvres, étaient concernées au premier chef. Dans l’Etat du Nouveau-Mexique, en 1970,
les Hispaniques représentent 27% de la population mais fournissent 69% des soldats et subissent 44% des
pertes. Les Afro-Américains, surtout au début de la guerre, ont payé un lourd tribut. Les Noirs représentent
en 1965 11% de la population, mais fournissent pratiquement un tiers des soldats. Jusque 1966, ils représentent 20% des pertes. Certains, comme Mohammed Ali, refusent d’accomplir leur service militaire. En
outre, l’indignation des leaders de cette communauté, dans un contexte de lutte pour les droits civiques et
d’émeutes urbaines comme à Détroit, oblige l’armée à réagir. En 1970, les Afro-Américains ne représentent
plus que 9% des troupes engagées.
L’engagement américain s’est traduit par la plus longue guerre dans laquelle le pays ait été impliqué (cf.George C. Herring America’s Longest War), même si elle n’est pas celle qui a causé le plus de victimes : un
peu plus de 58000 morts (Guerre de Corée, 36500 pour trois ans de conflit; Seconde Guerre mondiale:
405000). Pourtant, aucun de ces conflits n’a eu autant d’écho dans la société ou dans le débat public que la
Guerre du Vietnam. Là est le paradoxe, là est le « syndrome ». Cette notion de syndrome est revendiquée à
la fois sur le plan collectif et sur le plan individuel. Sur le plan collectif, dans une lecture politique de l’héritage du conflit, Ronald Reagan déclare, en août 1980, devant une association de vétérans conservateurs, que
le syndrome du Vietnam doit être surmonté. Cependant la guerre du Vietnam revient périodiquement dans les
titres en raison de la question des « portés disparus ». Loin des conflits de faible intensité de l’Administration Reagan, l’envoi massif de troupes dans le Golfe fait ressurgir le spectre du Vietnam. Ainsi, George H.
Bush, soulagé par la victoire, peut-il s’exclamer, en mars 1991, devant des représentants du Congrès, qu’il
s’est débarrassé une fois pour toute du syndrome du Vietnam. Néanmoins, à la suite du 11 septembre, les
interventions américaines provoquent un « retour du refoulé ». En Afghanistan comme en Irak, l’armée américaine l’emporte. Cependant, l’ Administration Bush échoue, au moins en partie, à construire des Etats
stables et viables (nation building/ state building). Pour certains critiques, ce sont des états fantoches au
même titre que l’était le Sud Vietnam. De plus, les troupes américaines sont la cible d’embuscades sans pouvoir toujours répliquer de façon efficace. Le « bourbier », terme que les Américains pensaient avoir conjuré
depuis le début des années 70, fait à nouveau « la une » des médias américains. En outre, les actes de torture
perpétrés dans la prison d’Abou Grahib font écho aux crimes de guerre commis au Vietnam.
Sur un plan individuel, certains vétérans souffrent de troubles psychologiques. C’est en 1980, que le symptôme du PTSD (Post Traumatic Stress Disorder) est reconnu sur le plan médical. C’est bien dans l’optique de
réparer les blessures (healing) que Jan Scruggs, un ancien caporal durant la guerre, crée en 1979 une fonda-
tion, le Vietnam Veteran Memorial Fund. Cette fondation n’est pas subventionnée par le gouvernement, elle
repose sur des appels aux dons, notamment auprès des anciens combattants de la Guerre du Vietnam. En faisant pression sur les élus, ils parviennent à obtenir un terrain, à Washington, pour édifier un monument aux
anciens du Vietnam. Le monument est un mur de marbre noir sur lequel sont inscrits les noms des morts
américains au Vietnam. Il s’agit de rendre uniquement hommage aux vétérans de la guerre. Néanmoins, ce
message consensuel a tout de même donné lieu à une polémique. En effet, des vétérans proches des Républicains ont trouvé que l’absence de dimension héroïque était en soi un parti pris. Au terme de diverses controverses, un accord a été trouvé et, au printemps 1982, un groupe statuaire de trois soldats (un Blanc, un Hispanique et un Afro-Américain) tenant un drapeau a été commandité à Frederik Hart. Ensuite, les débats autour du Mémorial se sont apaisés. D’autres murs et d’autres statues, ont vu le jour dans d’autres états. Un
mur mobile (Moving Wall) pouvait passer de ville en ville et éviter aux personnes concernées de faire le
voyage de Washington. En 2010, le pays comptait plus de 460 monuments dédiés aux soldats qui avaient
trouvé la mort au Vietnam. Enfin, depuis 1997, un mur virtuel (Virtual Wall) reprend les noms incrits sur le
Mémorial et ajoute une photographie ainsi que quelques éléments biographiques.
La mémoire vietnamienne est aussi présente en raison de la communauté vivant aux Etats-Unis. Les
cadres de l’armée ou de l’administration sud-vietnamienne, puis les boat people, qui ont fui après la chute
de Saïgon. A ces 750000 réfugiés et à leurs descendants, on peut ajouter quelques milliers de migrants
chaque année. En 2013, 1.7 millions de Vietnamiens Américains vivaient aux Etats-Unis, dont une partie
significative en Californie. Si leur adaptation a été difficile, ils se sont efforcés de s’associer à la mémoire
américaine de la guerre. En effet, ils ont créé des monuments aux morts où, au côté du GI, figure un soldat
sud-vietnamien. Par ailleurs, cette diaspora est aux avant-postes de la reprise des relations économiques et
diplomatiques. En 1994 les Etats-Unis lèvent l’embargo sur les relations commerciales. En 1995, ils ouvrent
une ambassade à Hanoi, signifiant ainsi la reprise des relations diplomatiques. En 2000, Bill Clinton se
rend au Vietnam. En 2006, c’est au tour de George W Bush. En 2007, les Américains favorisent l’entrée du
Vietnam à l’OMC. En mai 2016, Barack Obama a fait le déplacement à Hanoi. Les tensions liées à l’expansionnisme chinois, en particulier en Mer de Chine du Sud, ont rapproché Hanoi et Washington. Et ce, même
si jusqu’à présent, les représentants du gouvernement américain n’ont formulé aucune excuse à propos des
victimes des bombardements massifs ou de l’usage d’armes chimiques comme l’Agent orange.
A contrario de cette réconciliation des anciens ennemis, l’historiographie américaine du conflit peut apparaître comme un « champ de bataille » (Mark Moyar). Dès la guerre, les « colombes » s’opposent aux
«faucons». La version des « colombes » l’emporte au final, puisque dès 1968 la majorité de l’opinion publique considère que l’engagement américain est une erreur. Cette version est qualifiée, notamment par le
camp opposé, d’ « orthodoxe ». Les militants anti-guerre ont notamment porté la critique sur le plan moral :
le soutien au gouvernement corrompu du Sud-Vietnam, l’usage disproportionné de la force. Cependant, les
historiens « orthodoxes » ont développé d’autres arguments. L’engagement relevait d’une mauvaise interprétation de la théorie de l’ « endiguement » dans le cas du Vietnam. La guerre était ingagnable en raison du
manque de légitimité du gouvernement de Saigon. La décision de Johnson de se désengager progressivement
était une décision rationnelle. Elle reposait sur la prise en compte de l’opposition grandissante de l’opinion
publique et sur les limites de la puissance américaine. En outre, la stratégie de Nixon de pousuivre le conflit
pendant quatre ans afin d’obtenir une « paix dans l’honneur » était vouée à l’échec. La lecture du conflit des
« faucons » est toute autre. Cette version qui est minoritaire, est aussi largement issue des rangs de l’armée
et avec l’aide d’historiens se propose de « réviser », par une argumentation largement contre-factuelle (If
only) ce qu’ils considèrent comme étant la vulgate « orthodoxe ». La guerre était nécessaire, elle était vitale
pour l’intérêt du pays. La stratégie conduite par les civils a provoqué l’inefficacité de l’engagement américain. Les médias et une partie du personnel politique ont trahi: ils ont transformé les victoire acquises sur le
terrain en défaite. Par ailleurs, au cours de ces dernières années, bénéficiant de l’ouverture progressive des
archives vietnamiennes, avec une approche à la fois plus locale et plus transnationale, des historiens tentent
de dépasser ces clivages.
MISE EN OEUVRE.
L’historien et les mémoires de la guerre du Vietnam aux Etats-Unis peut correspondre, dans le cadre du programme de DNL Histoire-Géographie en langue anglaise, au thème 1 introductif, le rapport des sociétés à
leur passé. Quatre heures peuvent y être consacrées autour des problématiques suivantes :
To what extent has the USA overcome the Vietnam Syndrome ?
What caused the American failure in Vietnam ?
1.The Vietnam Syndrome.
Rappelons ici la définition du terme syndrome. Le sens clinique: ensemble de plusieurs symptômes ou
signes en rapport avec un état pathologique donné et permettant, par leur groupement, d’orienter le diagnostic. L’acception figurée: ensemble de comportements particuliers à un groupe humain ayant subi une même
situation traumatisante. Avec les élèves, on peut avoir recours à la filmographie américaine de la Guerre du
Vietnam, dans laquelle les exemples de vets perturbés, dépressifs, voire psychotiques ne manquent pas. Dans
Taxi Driver, Travis Bickle, l’anti-héros, incarné par Robert de Niro, devient un serial Killer : il illustre la
dérive pathologique d’un vétéran du Vietnam. De même, Voyage au bout de l’Enfer (Deer Hunter), réalisé
par Michael Cimino en 1978, offre un autre exemple saisissant. On y suit le parcours initiatique d’un groupe
de chasseurs, issus du monde ouvrier, au Vietnam. Après leur retour au pays, l’un des protagonistes n’est
plus capable d’appuyer sur une gachette pour tuer un cerf. C’est en voyant cette scène que Jan Scruggs a
l’idée d’un mémorial pour soigner les blessures émotionnelles (healing) des vétérans de la guerre. Ainsi, les
élèves peuvent-ils saisir l’articulation entre traumatisme individuel et mise en place d’une mémoire collective.
Au-delà des débats qui ont accompagné la création du Mur et du groupe statuaire, on peut montrer aux
élèves l’importance de la « pratique » de ce mémorial. Ce monument incarne certes la mémoire « officielle »
du conflit, mais il résulte d’une association de vétérans et non du Gouvernement. De façon anonyme, des
vétérans, des familles des personnes disparues font le voyage à Washington. Des familles des « portés disparus » MIA (Missing in Action) font pression, lors des commémorations, sur le Gouvernement. Même si des
représentants officiels sont présents, ils se plient aux valeurs qui ont vu naître ce monument aux morts. Les
manifestations ou les discours qui ont lieu autour du Memorial (on distinguera notamment le Memorial Day
du Veterans Day), visent non seulement à soigner les blessures émotionnelles du conflit, mais aussi à réconcilier l’ensemble de la nation autour de l’hommage rendu aux soldats morts et aux anciens combattants.
Ce discours de la réconciliation autour des vétérans est critiqué par les anciens militants anti-guerre. Ceuxci considèrent qu’il s’agit d’un déni historique et que le discours sur le consensus efface les critiques portées
sur les raisons de l’engagement et la conduite de la guerre. En rendant hommage uniquement aux soldats
américains, il fait fi des victimes vietnamiennes. De même, dans la production cinématographique prolifique
des années 80 sur la Guerre du Vietnam, les Vietnamiens sont réduits à un « théâtre d’ombres » dans lequel
évolue les protagonistes américains. Cependant, dans les années 90 des exemples montrent que la réconciliation peut s’ouvrir aux victimes vietnamiennes. en 1996 Kim Phuc (la jeune fille brûlée par le napalm dans la
célèbre photographie de Nick Ut), accompagné d’un pilote de l’US Air Force, fait une visite au Mémorial.
En 1998, 30 ans après le massacre de My Lai, les noms des victimes sont lus lors d’une commémoration officielle. C’est également dans ces années que les Etats-Unis rouvrent des relations diplomatiques et commerciales avec le Vietnam.
Le syndrome est aussi un terme qui est revendiqué par les hommes politiques et, en premier lieu, les présidents. A ce titre, les élèves pourront identifier comment la Guerre du Vietnam est mentionnée et, parfois instrumentalisée, pour mieux légitimer ou critiquer un engagement américain. Pour Reagan et ses partisans, le
terme de syndrome renvoie à la peur panique des civils, depuis le Vietnam, que toute intervention américaine se transforme en situation inextricable. Mais, pour les milieux dirigeants et l’armée, inversement, cela
recouvre l’angoisse que tout engagement militaire ne soit fragilisé et remis en cause par un effondrement du
Home Front. Une fois parvenu au pouvoir, le président Reagan, même s’il avait déclaré vouloir surmonter le
syndrome du Vietnam, se résoud à suivre l’aile pragmatique de son gouvernement. En effet, la majorité de
l’opinion publique considère l’engagement au Vietnam comme une erreur et se trouve hostile à toute opération extérieure de grande ampleur. De même, l’armée veut éviter tout engagement dans lequel les objectifs ne
seraient pas clairement définis. Aussi, face au danger communiste, l’Administration Reagan a-t-elle recours à
des interventions limitées et ponctuelles - île de la Grenade en 1983- ou à des « guerres masquées » (proxy
wars) avec le recours aux contras face au gouvernement sandiniste du Nicaragua. La guerre du Vietnam revient périodiquement dans les titres en raison de la question des « portés disparus ». Titre éponyme par
ailleurs d’une série de films qui met en scène l’un des héros « reaganiens », incarné ici par Chuck Norris, qui
cherche ces MIA (Missing in Action) au Vietnam, les trouve et les ramène. Dans la même veine, on peut citer
Rambo II avec Sylvester Stallone.
L’ article de Tony Kornheiser « Not Another Vietnam » dans le Washington Post du 20 janvier 1991 fait écho
à bien d’autres unes et éditoriaux sur le sujet et montre bien le trauma à l’oeuvre. Tout envoi massif de
troupe à l’extérieur fait ressurgir les fantômes de l’intervention au Vietnam. Cependant, la Guerre du Golfe
semble avoir tiré les leçons du « bourbier » vietnamien: l’emploi de la force est massif, la communication est
contrôlée, la victoire est écrasante et les troupes quittent la péninsule arabique après la victoire. George Bush
peut ainsi déclaré avoir enfoui dans le sable le Vietnam Syndrome. Le traumatisme semble avoir été tellement
surmonté que la polémique autour de Bill Clinton, accusé d’être un draft dodger, ne l’empêche pas d’être élu.
En revanche les séquelles du 11/09 : les guerre en Afghanistan et en Irak font ressurgir le « bourbier » vietnamien. En outre, de nouvelles révélations à propos des crimes de guerre commis par l’armée américaine
pendant la Guerre du Vietnam (cf Toledo Blade) paraissent en 2003 et semblent indiquer que My Lai n’était
pas un exemple isolé. Cependant, la lecture des événements au prisme du conflit vietnamien n’est pas univoque. En effet, en 2003, le 11 septembre occupe encore une place centrale dans les esprits. John Kerry, vétéran du Vietnam et leader des VVAW, vote en faveur de l’engagement américain en Irak en 2003. En outre, au
terme d’une campagne présidentielle marquée, notamment, par des spots publicitaires dénigrant son patriotisme pendant la guerre du Vietnam (swiftboating), il perd les élections de 2004 face à George W. Bush. Enfin, le choix fait par l’Administration Obama de retirer les troupes américaines d’Afghanistan et d’Irak, tout
en assurant la formation d’une armée nationale, n’est pas sans rappeler la stratégie de « vietnamisation » du
conflit choisie par Richard Nixon et Henry Kissinger.
La volonté de cicatriser les blessures de l’expérience américaine au Vietnam, notamment au travers des
commémorations autour du Mur, se heurte à la résurgence, dans le débat public, de l’expérience vietnamienne lors de toute intervention extérieure qui s’éternise et dont les objectifs ne sont pas très clairs. C’est ce
va-et-vient qu’il s’agit d’expliquer aux élèves à travers quelques exemples saillants.
2. Explaining the American failure in Vietnam.
Dans ce thème, il s’agit de montrer aux élèves que, si tous les Américains s’accordent à reconnaître, qu’au
final, l’intervention américaine au Vietnam s’est soldée par un échec; tous, y compris parmi les historiens,
sont loin de s’accorder sur les raisons de ce fiasco. Aussi le débat qui oppose les « orthodoxes » aux « révisionnistes » reprend-il, dans une large mesure, les arguments déjà utilisés au temps du conflit entre hawks et
doves. Parmi les partisans de la « révision », nombreux sont les anciens « faucons » de l’armée américaine.
Cette façon de revisiter le conflit doit être mise en parallèle avec l’ascendance progressive du camp conservateur dans les années 70 et 80. On évoquera notamment le discours de Reagan, devant l’association d’anciens combattants conservatrice The Veterans of Foreign Wars, pendant la campagne présidentielle de 1980 :
« it is time we recognized that (in Vietnam) ours, in truth was a noble cause ». En revanche, the Orthodox
school emprunte une partie de ses arguments aux « colombes ». Ce courant est largement majoritaire dans le
champ universitaire américain. On pourra présenter ce « dissensus » à travers quelques thèmes:
• La question de la nécessité de l’engagement américain. Pour les « Révisionnistes », en 1955, les
Etats-Unis - après la Chine, la Guerre de Corée, les Accords de genève de 1954 - ne peuvent plus reculer en Asie. Pour assurer leur crédibilité de « défenseur du Monde Libre » dans le cadre de la Guerre
froide, ils doivent soutenir le Sud Vietnam. Pour les « Orthodoxes », la sécurité américaine n’était pas
en jeu. Par ailleurs, la diffusion du communisme dans la région masquait des divisions bien plus profondes. En effet, les dirigeants communistes vietnamiens ne souhaitaient pas devenir un satellite de la
Chine.
• La question de la stratégie suivie.
• Le « révisionniste » Mark Moyar pense que les autorités américaines ne sont pas intervenues de
façon adéquate. Quand Ngo Dinh Diem a agi contre les infiltrations communistes au Sud Vietnam,
les Etats-Unis ont surréagi aux manifestations étudiantes et bouddhistes. Au lieu de le soutenir, ils
ont comploté pour précipiter sa chute. Le résultat est une situation chaotique qui a encouragé les
Nords Vietnamiens à exploiter la situation. En outre, après la mort de Diem, les Etats-Unis n’ont
pas réagi avec suffisamment de vigueur aux attaques communistes de 64 et 65 convaincant ainsi le
Vietminh que les Américains n’interviendraient pas. « If only » les Etats-Unis avaient soutenu fermement Ngo Diem et étaient intervenus plus tôt, cela aurait vraisemblablement découragé toute
nouvelle intrusion communiste au Sud Vietnam.
• Pour d’autres révisionnistes, parmi lesquels un grand nombre de hauts gradés, la stratégie conduite
par les civils - Johnson et McNamara - a provoqué l’inefficacité de l’engagement américain. Au
lieu d’employer l’ensemble de sa puissance de feu directement contre l’ennemi nord-vietnamien,
les Etats-Unis se sont engagés de façon graduelle contre les insurgés au Sud Vietnam, ce qui les a
conduits dans une impasse. Ces contraintes civiles ont nui à la stratégie américaine que ce soit au
sol ou dans le cadre des bombardements aériens. « Si seulement », les Etats-Unis avaient compris
que c’était une guerre d’agression menée par le Nord Vietnam et avaient adapté leur stratégie en
conséquence, ils auraient obtenu la victoire.
• Pour les « orthodoxes », quelle que soit l’implication militaire envisagée, les Etats-Unis avaient
choisi le mauvais allié et était « du mauvais côté de l’histoire ». Après sa victoire contre les Français au terme d’une guerre de sept ans, Ho Chi Minh est légitime pour incarner le « nationalisme »
vietnamien, ce qui lui assure un soutien populaire croissant. A cela vient s’ajouter l’aide de la
Chine et de l’URSS. Au contraire, le Sud Vietnam apparaît comme un reliquat du pouvoir colonial,
bénéficiant d’un très faible soutien populaire, un régime corrompu au sein duquel les dissensions
sont multiples. En outre, beaucoup le considèrent comme une simple « marionnette » de Washington.
• Le « coup de poignard dans le dos » (Stab-in-the-Back)
• Cette thèse revient à de nombreuse reprises dans les écrits révisionnistes et, en premier lieu, dans
les Mémoires de Richard Nixon. Ce sont les médias qui ont transformé les victoires militaires américaines, comme celle du Têt en 1968, en défaite. En outre, grâce à la plus grande latitude laissée
aux militaires sous l’Administration Nixon, lors des Accords de Paris en 1973, le Sud Vietnam
était viable. C’est le désintérêt de l’opinion américaine pour la cause vietnamienne et le refus du
Congrès de soutenir le Sud Vietnam qui provoquent la chute de Saïgon. « Si seulement » les médias avaient reporté la réalité, l’opinion aurait continué à soutenir l’engagement américain et
l’issue du conflit aurait été toute différente.
• Pour les « orthodoxes », l’offensive du Têt souligne l’échec de la stratégie américaine et la faiblesse du Sud Vietnam. Cette attaque révèle l’issue sans espoir de cette guerre. La décision de
Johnson de commencer le désengagement était une réévaluation fondée des limites de la puissance
américaine. Pas de « coup de poignard dans le dos », juste le constat d’une politique en échec. Les
médias ne sont pas responsables et ont plutôt reporté les faits de façon fidèle. Ce ne sont pas les
militants anti-guerre ni les médias qui ont retourné l’opinion publique, mais les inquiétudes nées de
l’engagement militaire lui-même et du cours de la guerre. En outre, la stratégie de Nixon était erronée. Il a poursuivi la guerre pendant quatre ans pour des gains marginaux. Par ailleurs, il a entraîné le Cambodge dans le conflit. Enfin, les bombardements massifs (Nixon Shocks) sur le Nord
Vietnam ont achevé de discréditer l’intervention américaine dans l’opinion publique internationale.
En 1973, le Sud Vietnam n’était pas viable, mais affaibli et divisé. La décision du Congrès de ne
plus le soutenir était donc rationnelle. La promesse de Nixon d’une « paix dans l’honneur » ne
pouvait pas être tenue. Il ne s’est pas fait voler sa victoire, il a seulement retardé la défaite.
NOTIONS ET VOCABULAIRE SPÉCIFIQUE.
Veterans Day
Memorial Day
veteran
draft
draft dodger
VVAW: Vietnam Veterans against the War
VVMF: Vietnam Veterans Memorial Fund
PTSD: Post Traumatic Stress Disorder
Healing
Vietnam Veterans Memorial
the Wall / the Moving Wall / the Virtual Wall
POW: Prisoner of War
MIA: Missing in Action
Home Front
proxy wars
swiftboarding
hawks
doves,
orthodoxes
revisionists,
Alternate or Alternative History
« what if? » scenario
necessary war
mistaken commitment
containment
domino theory
limited / gradual / conventionnal war
escalation
state building / nation building
puppet government
beleaguered ally
credibility gap
quagmire
flawed strategy
Hearts and Minds strategy
Nixon Shocks
lost victory
stab in the back
BIBLIOGRAPHIE. Sélection de quelques ouvrage, articles et sources utiles dans une littérature immense.
I) Mémoires de la Guerre du Vietnam aux Etats-Unis.
A) Ouvrages.
• HAGOPIAN Patrick, The Vietnam War in American Memory, Amherst, University of Massachussets
Press, 2009 (le plus complet, notamment sur la question des monuments aux morts et des commémorations).
• LEMBCKE Jerry, The Spitting image : Myth, Memory and the Legacy of Vietnam, New York University Press, 1998 (analyse intéressante sur le retour des Veterans au pays).
• PORTES Jacques, Les Etats-Unis et la guerre du Vietnam, Bruxelles, ed. Complexes, 2008 (Réédition d’un ouvrage de 1993, synthèse la plus claire en langue française sur la guerre et les questions
mémorielles ).
• SCHULZINGER Robert, A Time for Peace : the Legacy of the Vietnam War, Oxford University
Press, 2008 (Commode et clair).
• TURNER Fred, Echoes of Combat: the Vietnam War in American Memory, Anchors Books, 1996
(analyse intéressante sur la reconstruction du héros après le trauma de la guerre).
B) Articles.
• Indochine, Vietnam : Guerre, colonisation et communisme, Collections de l’Histoire n°23, L’Histoire, avril 2004 (Quelques articles intéressants).
• GROSSER Pierre, «Le Viêt Nam sera-t-il le meilleur allié des Etats-Unis en Asie ?», in Les enjeux
géopolitiques du Vietnam, Hérodote n°157, 2°trimestre 2015 .
C) Sources.
• Ronald Reagan’s Speech to the Veterans of Foreign Wars 18 August 1980
https://reaganlibrary.archives.gov/archives/reference/8.18.80.html
• George H. Bush’s Speech Remarks to the American Legislative Exchange Council
1March 1991 (« We’ve kicked the Vietnam Syndrome…)
http://www.presidency.ucsb.edu/ws/?pid=19351
• Toledo Blade’s investigation on war crimes in Vietnam
http://www.toledoblade.com/special-tiger-force/2003/10/19/THE-SERIES-Elite-unit-savaged-civilians-in-Vietnam.html
• Smear campaign against 2004 U.S presidential candidate John Kerry: swiftboating.
http://www.nytimes.com/2004/08/26/us/2004-campaign-vietnam-record-lawyer-for-bush-quits-overlinks-kerry-s-foes.html?_r=0
• Cartoon by Wolverton, Not a Quagmire, 26 December 2004.
http://www.politicalcartoons.com/cartoon/64d0a3d8-c961-485b-849e-e047c4222530.html
II) Ecrire l’histoire de la Guerre du Vietnam.
A) Historiographie.
• BRADLEY Mark Philip, YOUNG Marilyn B., Making sense of the Vietnam War, Oxford University
Press, 2008 (recueil d’articles sur les nouvelles approches historiographiques: micro-histoire et histoire transnationale).
• HESS GARY R., Explaining America’s Lost War, Blackwell Publishing, 2009 (Explication des débats historiographiques entre «orthodoxes» et «révisionnistes»).
• HESS Gary R, « The Unending debate: historians and the Vietnam War», Diplomatic History, 18,
1994, p.239-264.(Présentation des débats historiographiques entre «orthodoxes» et «révisionnistes»)
B) Doves and Orthodoxes.
• HALBERSTAM David The Making of a Quagmire: America and Vietnam During the Kennedy Era,
McGraw-Hill, 1965
The Best and the Brightest, Ballantine Books, 1972 (trad.française en 1974).
• HERRING George C, America’s Longest War (1950-1975), New York, John Wiley, 1979 (souvent
cité comme l’ouvrage de référence)
• PRADOS John, La Guerre du Viêt Nam, Paris, ed. Perrin, trad. 2011 (Somme écrite par un opposant
à la guerre du Vietnam devenu historien du conflit. L’argumentation s’appuie sur un large éventail de
sources dont des documents d’archives récemment déclassifiés. Il apporte des éclairages intéressants
tant sur la dimension internationale du conflit que sur les divisions suscitées par la guerre aux EtatsUnis. Le parti pris «orthodoxe» est clairement revendiqué et explicité comme l’illustre le titre original
de 2009 : The Unwinnable War).
• YOUNG Marylin, The Vietnam Wars (1945-1990), New York, Harper Collins, 1991.
C) Hawks and Revisionists.
• LEWY Guenter, America in Vietnam, Oxford University Press, 1978.
• LIND Michael, Vietnam : The Necessary War, Free Press, 1999.
• MOYAR Mark, Triumph Forsaken : the Vietnam War (1954-1965), Cambridge University Press,
2006 (une approche originale qui insiste sur la pertinence de la stratégie de Ngo Diem).
• NIXON Richard, Memoirs, Simon & Schuster, 1978
No More Vietnams, Arbor House Publishing ,1987
• SORLEY Lewis, A Better War, Houghton Mifflin, Orlando, 1999 (soutient que la stratégie de pacification avait réussi en 1970).
• WALTON Dale, The Myth of Inevitable US Defeat in Vietnam, Frank Cass Publisher, LondonNewYork, 2002 (une des meilleures synthèse des arguments révisionnistes).
• WESTMORELAND William, A Soldier Reports, Doubleday, 1976.
SITOGRAPHIE.
• Le site du VVMF http://www.vvmf.org/memorial
• Le site du VVAW http://www.vvaw.org
• La page dédiée au Vietnam War Memorial sur le site du National Park Service.
https://www.nps.gov/vive/index.htm
• Le sité dédié au Mur mobile: http://www.themovingwall.org
• Le site dédié au Mur virtuel: http://www.virtualwall.org
FILMOGRAPHIE.
CBS et PBS ont proposé de très bonnes séries documentaires sur la Guerre du Vietnam.
Parmi les très nombreux films de fiction évoquant le conflit ou le retour des veterans au pays:
• TAXI DRIVER, Martin Scorcese, 1976
• THE DEER HUNTER, Michael Cimino, 1978
• APOCALYPSE NOW, Francis Ford Coppola, 1979
• FIRST BLOOD, Ted Kotcheff, 1982
• RAMBO : FIRST BLOOD 2, George Pan Cosmatos, 1985
• MISSING IN ACTION, Joseph Zito, 1984
• PLATOON, Oliver Stone, 1986
• GOOD MORNING VIETNAM, Barry Levinson, 1987.
• FULL METAL JACKET, Stanley Kubrick, 1987
• BORN ON THE FOURTH OF JULY, Oliver Stone, 1990 (reprend le récit au titre éponyme du veteran Ron Kovic paru en 1976).
COLLABORATION AVEC LE PROFESSEUR DE LANGUE.
• La figure du Veteran peut nourrir une réflexion autour de la notion de héros.
• Le Vietnam War Memorial peut s’intégrer au travail sur lieux et formes de pouvoir à Washington
D.C.
• L’usage par l’armée américaine d’armes chimiques (napalm, agent orange) peut interroger l’idée de
progrès.
EXEMPLES DE SUJET.
Ce thème peut donner lieu à plusieurs consignes :
• The end of the Vietnam Syndrome ?
• The Americans in Vietnam: an unwinnable war ?
HISTORY AND MEMORY OF THE VIETNAM WAR IN THE USA
Comment on the two following sources.
GUIDELINE. The end of the Vietnam Syndrome ?
Source 1. George Bush, Remarks to the American Legislative Executive Council, March 1 1991.
(...)I want to conclude by thanking this group particularly but so many people across this country
for the tremendous support for our men and women serving overseas. And I want to particularly
single out those that are actually serving in the Gulf or in support of Desert Storm, to click off just a
few ALEC members like Louisiana's Hunt Downer -- was on active duty, supposed to be here -right here. Hunt, glad to see you. We're delighted you're here. Nevada's Jim Gibbons; and Mike
Coffman from Colorado; Connecticut's Chris Burnham, a Marine captain who took his third oath of
office while stationed in Saudi Arabia.
So, we've got citizen legislators today doing double duty as citizen soldiers. And ladies and gentlemen, these are America at its very, very best.
So, thank you. I know you share this wonderful feeling that I have of joy in my heart. But it is
overwhelmed by the gratitude I feel -- not just to the troops overseas but to those who have assisted
the United States of America, like our Secretary of Defense, like our Chairman of our Joint Chiefs,
and so many other unsung heroes who have made all this possible. It's a proud day for America.
And, by God, we've kicked the Vietnam syndrome once and for all.
Source 2. Jeff Danzinger, editorial cartoon, New York Times, June 29 2014.
HISTORY AND MEMORY OF THE VIETNAM WAR IN THE USA
Comment on the two following sources.
GUIDELINE. The Americans in Vietnam : an unwinnable war ?
Source 1. South Vietnamese Gen. Nguyen Ngoc Loan, chief of the national police, shoots Vietcong
officer Nguyen Van Lem, also known as Bay Lop, on a Saigon street on Feb. 1, 1968 (Eddie
Adams, AP).
Source 2. Michael Lind, Vietnam: The Necessary War, Simon & Schuster, 1999.
The symbolic significance of Indochina in the global rivalry for world primacy between the
American bloc and the communist bloc, and in the simultaneous competition within the communist
bloc between the Soviet Union and China, arose from the fact that the Cold War was an ideological
war as well as a power struggle. (...) In hindsight, America’s Cold War Strategy with respect to the
three fronts in Asia was all of a piece. Once the trip had been laid down by the Truman and Eisenhower administrations, the imperative’s of America’s sensible and ultimately vindicated Cold War
strategy of global containment required the United States to wage limited wars if necessary to
prevent Taiwan, South Korea, and South Vietnam, along with Laos and Cambodia, from being incorporated by invasion or subversion into the communist bloc. The only surprising thing about the
Cold War in Asia is the fact that it ended without an American war for Taiwan in addtion to the
American wars for South Korea and South Vietnam.

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