Programme du festival (PDF - 224 Ko)

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Programme du festival (PDF - 224 Ko)
 Biographie
Walerian Borowczyk (prononcer « Borof-Chic ») naît à Kwilcz,
une ville dans l’ouest de la Pologne, le 21 octobre 1923. Entre
1946 et 1951, il étudie la peinture et la sculpture à l'Académie
des Beaux-Arts de Cracovie, avant de s’installer à Varsovie au
début des années 1950. il y travaille comme lithographe et
créateur d'affiches de cinéma. En 1957, avec Jan Lenica, un
autre affichiste, il réalise son premier court-métrage
professionnel « Il était une fois ». En 1958, il s’établit à Paris
où il vivra le reste de sa vie et obtiendra la naturalisation
française. Au début des années 1960 il est employé par une
société de films publicitaires, tout en continuant à créer des
oeuvres personnelles. En 1967 il signe son premier longmétrage « Théâtre de M. et Mme Kabal", suivi de « Goto l’île
d’Amour » avec Pierre Brasseur. Au cours des années 1970 il
réalise « Contes Immoraux » (avec notamment Fabrice Luchini
et Paloma Picasso), film à contenu érotique surréaliste, qui
attirera l’attention d’un plus large public sur son oeuvre.
Créateur infatigable, cinéaste, sculpteur, peintre, écrivain,
inventeur d’une technique appelée “pulvérographie”, il est
auteur-réalisateur de plus de cinquante films courts et longs à
la patte unique, dont plus d’une douzaine de longs métrages
et de nombreux films d’animation. Il se décrit comme “artisan
du cinéma”, travaillant personnellement à tous les postes, du
tournage au montage, des décors aux costumes, du casting à
la conception des affiches. Reconnu par ses pairs comme un
génie du surréalisme (André Breton dit de lui: « Boro ?
L’imagination fulgurante. »), récompensé par de nombreux
prix, il ne s’est jamais lui-même inscrit dans un courant plutôt
qu’un autre, et est toujours resté un “outsider” indépendant. Il
s’est éteint en 2006 à l’âge de 82 ans, en laissant une oeuvre
immense et variée, totalement unique et inclassable.
Le Magicien : les courts métrages de Borowczyk
par Daniel Bird
Présenté en 1958 au Festival du film expérimental de Bruxelles, Dom,
coréalisé par Borowczyk et par Jan Lenica, remporte la Médaille d’or. Borowczyk
met à profit l’argent que lui vaut ce prix pour émigrer en France. L’année
suivante, le producteur franco-polonais Anatole Dauman produit un court
métrage de Borowczyk, Les Astronautes, et un court métrage de Lenica,
Monsieur Tête, mais aucun des deux hommes n’ayant encore acquis la
nationalité française, il faut administrativement associer à chacun des deux un
réalisateur français. L’animateur Henri Gruel, qui avait été lui aussi en
compétition à Bruxelles avec son court métrage La Joconde, accepte de cosigner
le film de Lenica. Pour Les Astronautes, c’est Chris Marker qui prend le titre de
coréalisateur. Dauman et Marker recommandent alors Borowczyk à André
Heinrich, assistant-réalisateur sur de nombreux films (dont certains réalisés par
Marker et Alain Resnais) associés d’une manière ou d’une autre à Argos Films, la
compagnie de Dauman, mais aussi réalisateur à part entière aux Cinéastes
Associés, société de production spécialisée dans les courts métrages et la
publicité.
L’écurie des Cinéastes Associés que rejoint Borowczyk compte parmi ses
poulains l’animateur estonien Étienne Raïk et Alexandre Alexeieff, pionnier (avec
Claire Parker) de la technique d’animation par têtes d’épingle. Terra incognita,
première commande de Borowczyk pour les Cinéastes Associés, vit d’ailleurs le
jour sur la planche à épingles d’Alexeieff. Entre 1962 et 1964, Borowczyk réalise
plusieurs courts métrages éblouissants (Le Concert, L’Encyclopédie de GrandMaman, Renaissance, Les Jeux des anges), des films publicitaires (Holy Smoke,
Le Musée, et Le Petit Poucet) et des commandes pour la télévision française. En
1965, la totalité de son travail (exception faite de ses films amateur) est
programmée au Cinéma-Théâtre Le Ranelagh sous le titre Deux heures avec
Walerian Borowczyk. L’événement inclut une exposition intitulée Camera
obscura, qui regroupe travaux préparatoires (storyboards), objets (assemblages
réalisés à partir des débris des objets détruits dans Renaissance) et
compositions originales.
Borowczyk avait à ses côtés, pour l’organisation générale de cette double
manifestation, Dominique Duvergé, secrétaire administrative des Cinéastes
Associés.
La réussite de cette collaboration les amène à quitter tous les deux les
Cinéastes Associés pour fonder ensemble leur propre société de production,
Pantaléon Films. N’étant dès lors plus tenu de se limiter à des films d’animation,
Borowczyk réalise des films en prises de vue réelles (Gavotte, Diptyque), ou des
films combinant animation et prises de vue réelles (Rosalie, Le Phonographe).
Parallèlement, il élabore pour les Cinéastes Associés le long métrage
d’animation Théâtre de Monsieur et Madame Kabal. Réalisé en 1962, le court
métrage Le Concert avait été envisagé au départ comme le pilote d’une série
télévisée. Mais, au fil des cinq années qui suivirent, l’idée d’une série fut
abandonnée au profit de celle d’un long métrage animé, incluant un certain
nombre de prises de vue réelles.
Si la production de Borowczyk durant les années soixante-dix et quatrevingt compte essentiellement des longs métrages, il ne renonce pas pour autant
au court métrage . Il « prolonge » Contes immoraux et La Bête par deux brefs
documentaires, Une collection particulière et L’Escargot de Vénus, conçus
spécialement pour la circonstance. À ces deux films (et à la première moitié de
son Diptyque) vient s’ajouter en 1977 L’Amour monstre de tous les temps : on
a trop tendance à oublier que Borowczyk fut aussi un documentariste. D’une
certaine manière, cet Amour monstre, filmé par lui-même avec une caméra 16
mm Krasnogorsk portable, marque un retour aux sources : Borowczyk était
venu en France durant ses années de formation pour filmer dans son atelier de
Gif-sur-Yvette le peintre Fernand Léger.
La liste de ses courts métrages se conclut en 1984 avec Scherzo infernal,
produit ‒ comme Les Astronautes vingt-cinq ans plus tôt ‒ par Anatole
Dauman, mais
marquant très nettement un double tournant : Borowczyk
utilisait pour la première fois dans un film d’animation
une narration traditionnelle, le dialogue des
personnages contribuant à faire avancer
l’action et, pour la première fois, il associait
les deux facettes jusque-là distinctes de sa
carrière : l’animateur de génie rencontrait le
pornographe de mauvaise réputation.
Rétrospectivement, cette période qui va de 1962 à
1967 constitue l’une des deux grandes
phases d’« explosion créatrice » dans
l’œuvre de Borowczyk (la seconde, qui
s’étend de 1973 à 1975, a vu éclore Contes immoraux, La Bête, Histoire d’un
péché et deux courts métrages). Elle se distingue par une incroyable diversité
formelle et thématique ‒ mais Borowczyk a toujours considéré que la forme
devait être au service du fond (idée tout particulièrement affirmée dans
Diptyque), transposant en cela au cinéma la sensibilité esthétique développée
pendant sa carrière d’affichiste. Un film de Borowczyk se reconnaît à ses
cadrages : sous le regard du réalisateur, les personnages ne se distinguent en
rien des animaux ou des objets (sans parler des décors ‒ immeubles ou
paysages ‒ dans lesquels il les inclut). Cette approche dépouillée, directe,
présente dès 1957 dans l’affiche imaginée par Borowczyk pour Le Jugement de
Dieu de Raymond Bernard, se manifeste systématiquement dans ses courts
métrages (Les Jeux des anges, Le Concert) et dans ses premiers films en prises
de vue réelles (Goto, Blanche). Les objets ne sont pas simplement, entre les
mains de Borowczyk, des accessoires nécessaires pour raconter une histoire ;
ce sont ‒ en particulier dans Renaissance et dans Rosalie ‒ des incarnations de
cette histoire. Si l’on tient à trouver un thème récurrent dans toute la
filmographie de Borowczyk, c’est celui du Temps destructeur tout puissant.
Les premiers courts métrages de Borowczyk témoignent d’une grande
attention accordée aux images, mais aussi aux sons, aux textures. Sa
fascination pour la matière est sous-tendue par le sentiment d’une présence
fantomatique ni bien, ni mal intentionnée. Moitié artiste, moitié inventeurbricoleur, Borowczyk était en fait un magicien né. C’était un animateur au sens
premier du terme : à la matière inerte il offrait une âme, un souffle vital.
L’ŒIL ÉCOUTE
Programme
Samedi 20 août:
(présentation de Daniel bird: la musique et les sons dans les films de Borowczyk)
L’école (1958)
Les Astronautes (1959)
L’étendard de la Jeunesse(1957)
Strip-Tease (1957)
Street Art (1958)
(entracte)
Le dictionnaire de Joachim (1965)
Le Concert (1962)
Scherzo infernal (1984)
Film is Not a Sausage (2014)
(Total: 75 min)
Dimanche 21 août:
Petit poucet (1963)
L'Encyclopedie de grandmaman (1963)
Holy Smoke (1963)
Obscure Pleasures (2013)
Le phonographe (1969)
Gavotte (1967)
Rosalie (1966)
Diptyque (1967)
(entracte)
The Profligate Door (2014)
Jouet Joyeux (1979)
Une collection particulière (1973)
L'Escargot de Vénus (1975)
L'Amour monstre de tous les temps (1978)
Les Jeux des Anges (1964)
(Total: 140 min)
Les films sont proposés par l’Association Friends of Walerian Borowczyk.

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