ecrits sur le mexique a
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Passages ECRITS SUR LE MEXIQUE La rencontre de trois cultures vécues par une Québécoise vivant à l’ouest du Cannada en visite au Mexique dans la Bahia de Navidad par Fleur de Soleil 1 2 Passages Mex97.1 -Rayon Un: -Titre -Contenu -Réflections -Extrait de livre D'abord et avant tout 1 2 4 2 1 1-Lettre à Evelia de Melaque en français 4 2-Carta para Evelia de Melaque en espagnol 4 3-Carta para Susana de isla de Vancouver 1 1 2-3 4-7 8-9 10 11-14 15-18 19 Rayon Deux: Voyages à l'in et à l'ex du pays du coeur:1 20 1-La ronde du départ et les éternelles mêmes ?5 2-Ça ne coute rien de rêver 3 3-Avant de commencer ailleurs... quoi? 3 4- Anciennes connaissances et nouvelles explorations 10 5-La journée à Yelapa sur le Sarape 6 6-Le vrai départ 3 21-25 26-28 29-31 32-41 42-47 48-50 Mex97.2 Rayon trois: Premiers contacts 1-Les alentours de l'hôtel sans nom 2-Me fondre dans le paysage 3-Je n'irai plus manger de mangues 4-La destinée à la pleine lune Mex97.3Rayon quatre: Un peu plus loin: 1 51 8 2 3 3 52-59 60-61 62-64 65-67 1 68 1-La Saint-Valentin à Melaque 4 69-72 2-Le" baby shower" de Chayo 5 73-77 3-La portée des mots (ou les maux des mots) 5 78-82 4-A la mitad de mon voyage, le 40 ième jour 2 83-84 5-Une fiesta pour les 20 ans d'Eli 5 85-89 6-Dire à quelqu'un le secret de mon coeur 2 90-91 7-Encore plus de magie 4 92-95 Mex97.4Rayon cinq:Album d'amitié:Que révèle-t-on aux ami(e)s au sujet de soi, des personnes et des lieux inconnus d'eux: 1 96 1-Lettre à François de l'Outaouais 8 97-104 2-Lettre à Tim de Vancouver 8 105-112 Rayon six: 1 113 1-L'heure de pointe à Melaque 2-"Être" à la plage en fauteuil roulant 3-"La consigne, c'est la consigne" 4-"Embarquons-nous pêcheurs" 5- No tengo dinero mais une bouche de plus à nourrir Au coeur de la vie: 3 3 7 7 3 114-116 117-119 120-126 127-133 134-136 Fin du premier cahier 1 137 Passages Mex97.5Rayon sept: Journal intime Les secrets de coeur: 1-La suite de la Saint-Valentin 2-La routine sans Enrique 3-Enrique dans le décor 4-Les aveux d'Enrique 5-Le coeur en déroute 6-Je reprends ma liberté intérieure 7-Les adieux 8-Réflexions 9-Le dernier souper de la gang Mex97.6Rayon huit: Et la vie continue! La San Patricio à Melaque 1 13 6 7 4 5 6 1 2 2 138 139-151 152-158 159-165 166-169 170-174 175-180 181 182-183 184-185 1 186 5-La Plaza de Toros à la San Patricio 6 5- Les lendemains de la San Patricio 6- El Jardin à la San Patricio Rayon neuf: Les touristes mexicains 1- La femme aux plusieurs noms 2- La gang: Vendredi 21 mars Samedi 22 mars Dimanche 23 mars Rayon dix: Encore des célébrations!: 1-Le premier bal 2- La semana Santa à San Patricio 3- Le Vendredi Saint à la plage 4-Le Vendredi Saint au village 5-Le baptême, c'est manana 6-Dimanche de Pâques Rayon onze: Toute bonne chose à une fin: 1- Le départ 2-Le choc culturel du retour 3-Etat de contes 4-La fin Rayon douze: Ce n'est qu'un début 187-190 191 3 4 Passages Réflections sur les facettes, sur les mille feux, sur les soleils intérieurs, sur les graines semées de mon jardin intérieur et extérieur et celui des personnes et des lieux que j'ai rencontré sur mon chemin. Un exercice d'écriture par pur plaisir pour occuper mon temps à être pendant que j'essaie d'améliorer ma santé, en augmentant la qualité de vie à la chaleur et au soleil du Mexique, à Melaque, dans la Bahia de Navidad en cet hiver 1997 La première nouvelle, "Je n'irai plus mangé de mangues" fut celle qui cassa la glace pour me permettre d'écrire sur la première page blanche d'un livre blanc au couvert rouge, que j'avais emporté avec moi pour mettre au propre un certain journal de voyage pour mes souvenirs personnels à enfouir au fond d'un tiroir avec les photos qu'on regarde une fois de temps en temps quand un ami curieux en mal de voyage s'intéresse à ce que tu as fait au soleil du Mexique. Ouf! Blanc commes les lymphocytes qui sanctionnent la santé de notre système immunitaire. Rouge comme des millions de soleil qui respirent dans le fleuve intérieur de notre corps physique. Les trois québécoises qui m'ont raconté l'évènement de la première nouvelle, m'ont inspiré pour l'écriture de ces pages, et Passages 5 assez fortement pour que je me sente des ailes de raconteuse, de storyteller comme on dit dans l'ouest. A cet instant je me suis trouvée sur la scène de l'écriture, car pour raconter des histoires il faut un public. Et le public c'était moi. Je me racontais des histoires pour me tenir éveiller à la vie, pour m'enrichir de l'expérience du moment, en saissisant l'esprit créateur qui passait, pour le pur plaisir d'écrire. De retour en B.C., j'ai transféré les récits du livre rouge à l'ordinateur. J'ai découvert que symboliquement cette nouvelle représentait aussi ma vie et celle de toute personne qui s'ouvre aux mystères de l'inconnu et se laisse bercer par le flot quotidien de surprises, la mort et la renaissance, comme une mue nous laissant à chaque fois plus sensible et plus vulnérable mais plus proche de soi. Ces trois femmes sont les actrices du deuxième récit. Après avoir accouché du récit de leur mésaventure, j'ai aussi découvert qu'elles exprimaient aussi la chance que j'ai d'être encore en vie et de pouvoir être un témoin de ce que je vivrai au cours de ce deuxième voyage au Mexique. Ces histoires-tableaux décrivent la vie quotidienne avec les gens de la place autour de laquelle je gravite et aussi un miroir à travers lequel j'effectue des plongées sous-marines dans les mémoires de mon vécu antérieur. J'ai fait la découverte qu'au fil de l'écriture il y a des connections toujours présentes avec le passé. J'ai choisi de laisser libre cours à ce que ma main voulait écrire en essayant de ne pas juger ce que j'écrivais, n'étant pas attachée à une feuille de papier, ni m'identifiant avec le produit. Je ne suis pas cette histoire ou cette mémoire, j'en fais partie comme je fais partie de l'univers, un petit grain de sable mouvant. J'ai commencé par écrire sur un côté de page, me disant que l'autre côté me servirait de miroir pour d'autres réflections, ou pour des tentatives de dessins, pratiquant à chaque matin pendant le premier mois de mon séjour, ma méditation avec la nature par une aquarelle, assise en face de la mer, dans cette baie tranquille au lever du jour. J'ai essayé de transposer dans mon écriture la même philosophie que celle que j'applique à ma peinture: la thérapie par l'art. J'ai peint des paysages intérieurs inspirés de la 6 Passages nature, de la même façon que j'ai décrit des scènes extérieures ayant des échos dans mon être intérieur. Je fus très touché par le livre de Michell Cassou et Stewart Cubley: "Life, Paint and Passion". Ce livre parle du processus de peinture pour le processus luimême, non pour le produit. C'est ce que j'ai essayé de pratiquer. Quand je fus rendue au bout du livre, j'étais très étonnée d'avoir tant écrit et découvrir que j'avais encore des récits à mettre au propre. J'ai tourné le livre de bord et j'ai recommencé sur l'autre page. Je ne suis pas revenue à reculons ou à l'envers comme on pourrait y penser au premier abord, mais plutôt comme un service à rendre à ceux qui ont un handicap physique avec leurs mains et avec leurs yeux. Quand on a terminé la lecture d'une page, on n'a qu'à la tourner et pas besoin d'ajuster le livre à notre vue. Quand on a terminé de lire toutes les pages de droite, on n'a qu'à retourner le livre et de poursuivre la lecture encore sur les pages de droite. De voir les pages de gauche à l'envers n'est pas distrayant car on ne sait pas ce qu'il y a d'écrit, à moins d'avoir développé une technique de lecture particulière comme j'ai déjà vu chez certains enfants, qui avaient appris à lire en surveillant leur frère ou soeur plus âgé apprendre à lire et eux assis en face, intrigués par le processus, l'avait appris à l'envers. Alors voilà que j'aimerais bien le publier de cette façon. Je sais qu'il y a des publications bilingues qui sont faites aussi. Voilà je suis une bilingue au Canada, mais pour le moment, l'original est en français avec des écarts de langage en anglais et en espagnol quand je trouve que c'est plus savoureux ainsi. Ce n'est pas un livre de découvertes touristiques, mais plutôt la célébration des évènements ordinaires par des gens simples et vibrants d'énergie, m'ayant ouvert la porte dans leur univers quotidien. Avec mes lunettes de femme ordinaire et ne pouvant me déplacer comme une touriste ordinaire, j'ai apprécié plonger au coeur de ces famille et des gens de ces villages. Passages 7 Je suis revenue chez moi avec un trésor devenu projet de livre à publier pour les remercier de leur amitié, de leur attention à mon égard et contribuer aussi à l'amélioration de la qualité de vie des personnes ayant des handicaps physiques. J'aimerais leur offrir à mon tour avec les profits de la vente de ce livre, l'$ nécessaire pour la construction d'une rampe d'accès à la plage pour les personnes en fauteuil roulant ou toute personne qui a des difficulté d'accéder à la mer: je pense aux parents qui poussent les carosses des bébés, aux personnes âgées qui ne vont plus à la plage car c'est trop difficile d'avancer sur le sable mou, aux personnes qui sont en réhabilitation de toutes sortes, et aux personnes ordinaires qui choisissent toujours le plus facile d'abord. Et puis pour les touristes du Canada ou d'ailleurs ayant un handicap physique ça sera un endroit accessible financièrement et physiquement. Alors un ndroit spécial sera mon legs à ce village. Quand je retournerai l'an prochain, je trouverai les personnes nécessaires pour l'achèvement de ce projet. Au cas où il n'y aura pas de possibilités après avoir avoir rencontré toutes les parties impliquées pour la réalisation d'un tel projet, je donnerai cet argent à une cause humanitaire pour les personnes ayant des problèmes de mobilité. Merci de votre contribution à ce projet Fondation Fleur De Soleil P.S. Voilà à quoi je rêvais ce matin à mon réveil. Ça me trottait dans la tête jusqu'à ce que je l'écrive à l'ordinateur pour ne pas l'oublier. Quand la lune est en Balance, elle est sous l'influence de la planète Vénus.et les gens ont une forte sensibilité et attraction pour les autres. C'est un bon temps pour former des partenariats de toutes sortes: amitié, mariage, affaire. Contente d'avoir saisi cette inspiration en ce jour de balance et d'harmonie. Merci à la Lune, à la veille de son ventre plein! Fleur de Soleil, Ile de Vancouver, B.C. 21 avril 1997, matin ensoleillé. 8 Passages From the Lacandon Dream Symbolism and Interpretation Voici un extrait d'un livre qui m'a frappé au moment de commencer à écrire dans mon livre rouge et blanc. La première semaine de mon arrivée à Melaque, j''ai trouvé ce vieux livre laissé par un touriste de passage au petit hôtel sans nom. Je l'ai lu et je l'ai mis dans mes bagages pour l'apporter à mon amie Diana qui habite sur l'île de Vancouver et qui est anthropologiste . Si elle l'a déjà lu je le donnerai aux aborigènes de Qualicum. Ce livre non plus n'a pas de nom ... d'auteur, car plusieurs pages du début manquent. Sauf sur la couverture, est inscrit Bruce et EUPAM. Dans la bibliographie j'ai découvert qu'on parlait du volume 2. Alors voici l'information du livre 2 publié en 1970 Bruce S., Roberto D., Carlos Roble U. y Ma. Enriqueta Ramos Ch. Los Lacandones: 2-Cosmovision Maya. Depto. de Investigationes Antropologicas, I.N.A.H., Pub. No.27 Mexico En introduction à la page 2: "The Lacandon Indians of Chiapas, the southermost state of Mexico, are the least accultured, the most traditional and conservative, of the Peninsular Mayas". Voici ce que j'ai noté au moment de ma lecture. Ça m'a très impressionné et donner des assises pour améliorer ma vision des différences. Page 122: "Technology provides us with the means of doing things; it is, in fact simply the means of doing things. Occidental firearms or medical facilities can take or preserve life (respectively) more efficiently than their equivalents in any historic or contemporary culture we yet know of, but they tell us nothing about the value and meaning of life. Our tools and machinery do our work more efficiently than ever before, but they do nothing toward selecting our goals nor the work we undertake (except possibly, by extending the limits of that which is possible). Modern transportation permits us to travel faster than the gods of Passages 9 the Ancient World, whose chariots flew only "as fast as the wind", butit does not tell us where we are going, nor why. "Technologies may properly be classified as "superior or inferior" or even as "good or bad". This is because tools and material artifacts may be judged by the universal criterion of how efficiently they do what they are supposed to do. A bulldozer or a steam shovel is superior to a digging stick, because it performs the same operation hundrerds of times more efficiently,"....But on what scale of values may we judge the persons who use these artifacts?" "...In performing mechanical operations, we "civilized" people are definitely superior to people with inferior technologies, but this superiority is simply not proven in any other field, such as: music, arts, athletics, jurisprudence, mental health, education, religion, philosophy, etc. We Occidentals might do well to count slowly to ten before calling anyone, except possibly certain members of our own society, "savages" or "primitives"". Page 97: "Spatial concepts, like all other concepts, are formed in the mind. The physical dimensions of things, from which these concepts were abstracted, are perceived by the senses which may be traced to physical parts of the human body. For example, we perceive the dimensions of things by sight (our eyes), by touch (the skin), or sometimes by hearing ( our ears). With what organ do we perceive whatever it is from which we abstract the concept of time? This question is perhaps a bit more difficult to come by than its answer; as a moment of reflection will produce the only possible answer: the heart". Oui, c'est ça, le temps du coeur! Merci pour l'opportunité d'avoir eu ce livre entre les mains! Fleur de Soleil, Hôtel sans nom, Melaque, 22 janvier 1997, matinée 10 Passages Rayon Un D'abord et avant tout Passages 11 3a- Lettre à Evelia de Melaque Île de Vancouver 5 octobre 1996 Chère Evelia, Enfin, enfin enfin... Depuis le temps que je veux vous écrire et la réalisation de ma lettre il y a eu 7 lunes. Presque autant de temps que pour mettre au monde un bébé. Le printemps a été difficile pour moi au Canada car il faisait trop froid. J’étais donc prisonnière dans ma maison, moi qui avait été gâtée en vivant dehors pendant 8 semaines. Et puis je n’aimais plus la décoration intérieure de ma maison. Alors mon fils a peinturé la cuisine, le salon et la chambre de bain et des ami(e)s m’ont aidé à replacer l’ameublement et à mettre sur les murs les peintures et les décorations. Et puis j’ai changé tous les rideaux de la maison. Tu sais comment j’aime réutiliser les choses en les transformant. Ma mère m’a envoyé par la poste une paire de rideaux de dentelles qu’une voisine lui avait donnés. Je les ai transformés pour remplacer les autres rideaux du salon. Et voilà ce que j’ai fait pendant tous ces mois depuis que je suis revenue de San Patricio. J’ai utilisé tout ce que j’avais acheté au Mexique dans ma maison. C’est très inspirant et ça me donne le goût d’y retourner car l’automne ici est commencé. La pluie et l’humidité avec le froid me donne mal dans mon corps. C’est donc le temps de penser à partir encore une fois durant l’hiver. Durant l’été j’en ai profité pour êre dehors le plus possible: lire, coudre, jardiner, aller me promener au bord de la mer ou dans la petite forêt le long de la rivière dans ma chaise roulante spéciale et me reposer dans mon hamac. Je fais aussi du bénévolat pour aider les autres dans différents domaines. Je travaille sur un projet avec d’autres personnes qui rendra la ville accessible à tous. L’autre projet est avec les enfants de 5-12 ans pour les aider à passer à travers l’épreuve d’une mort dans leur famille ou la séparation d’un parent. Je travaille avec le groupe des 8 ans. 12 Passages 17 octobre 1996 Je reviens de Vancouver ou j’ai passé quelques jours pour rencontrer des amies et aller voir des films au Festival International de Films de Vancouver. J’ai vu un film sur Mexico: Midaq Alley. J’ai bien aimé. J’ai vu et parlé avec Maryan à plusieurs reprises les dernières semaines. Elle va bien. Elle a recommencé sa pratique comme psychologue. C’est bon d’avoir des nouvelles des personnes de Melaque. J’ai donc appris les transformations que vous avez faites à votre petit hôtel. C’est sûrement bien fait, beau et pratique avec vos talents et ceux de Raphaël. Je suis sûre que vous avez dû travailler fort encore une fois pour terminer une autre étape de votre projet. Une des choses qui m’a frappé chez vous c’est votre sens du travail et de l’économie et toute l’ardeur et l’amour que vous mettez dans votre entreprise. J’ai beaucoup apprécié la propreté de l’endroit et sa tranquillité. C’était facile pour moi d’aller à la plage, n’ayant pas à marcher beaucoup pour m’y rendre. Et la plage était la place idéale pour me baigner car les vagues ne sont pas trop fortes à cet endroit de la baie. J’ai donc gardé un excellent souvenir de mon séjour parmi vous, et d’avoir pu rencontrer les membres de votre famille, qui sont plaisants et intéressants. J’ai fait un album de photos de Melaque. Ca me rappelle des très bons souvenirs. Entre autre, le dimanche que nous sommes allés là-haut sur la colline avec la musique qui jouait à tue-tête. La Plaza del Torro et la San Patricio. Nos placotages au fil des jours et moi apprenant un peu plus d’espagnol chaque jour grâce à votre bonté et votre patience. Les levers de soleil que je peignais tous les matins. Et la chansonViolette. Et toutes nos conversations sur la vie et la politique avec vous et votre mari. Et Rapha pratiquant un peu d’anglais avec moi et Anna faisant une peu de lecture ou de math avec moi. En ce moment, à chaque semaine, j’écoute à la télé un programme pour apprendre l’espagnol. Ça s’appelle Destinos. Je comprend assez bien, mais c’est plus difficile pour le parler. J’ai commencé avec une amie à reviser nos livres d’espagnol pour ne pas perdre la langue. J’ai aussi un ami du Guatemala qui vit pas loin d’ici, qui s’appelle Enrique, et qui va m’aider à traduire cette lettre du français à Passages 13 l’espagnol. Avec lui je veux travailler les verbes. Mon fils qui a maintenant 23 ans étudie cette année à l’université pour avoir un diplôme en construction domiciliaire. C’est un domaine qui l’intéresse. Il avait déjà bâti 2 maisons avec un menuisier, avant de prendre le cours. Il préfère cela plutôt que d’étudier pour devenir professeur d’éducation physique. Il espère trouver du travail au mois de juin 97. La vie n’est pas facile ici pour les jeunes. Il y a trop de personnes âgées dans le système et pas de place pour les jeunes qui sont souvent surdiplômés. J’espère que la chance sera avec lui car il est un bon étudiant et un très bon travailleur et aussi un bon gars. Je suis fier de lui. 20 octobre J’attends des nouvelles de mon agente de voyage pour finaliser les détails de mon prochain séjour à Mélaque. Je devrais partir le 14 janvier 97 et revenir le 1er avril 97. J’arriverais à Puerto Vallarta le soir. Je passerai peut-être quelques jours là. Je serais donc à Melaque le 15 ou quelques jours après dépendant de mon énergie après mon arrivée à P.V. Je voudrais donc réserver une chambre comme l’an passé jusq’au 1er avril au matin. Je passerai donc Pâques à Melaque. S.V.P. me confirmer par fax si je peux louer une chambre de votre petit hôtel et combien ça coûtera par mois, avec privilège d’utiliser la cuisine. Je me suis rappelée que je vous avais dit si je revenais à Melaque je vous apporterais un seau spécial pour la moppe. Après avoir vu Maryan, je suis allée à le ferronnerie et j’ai trouvé le seau. Voilà une belle surprise pour Evelia. C’était le dernier. Je l’ai donc acheté. Ça devrait être plus facile pour laver et moins épuisant. J’apporterai cela avec mes bagages (je dois trouver un moyen de mettre cela dans une boîte ou un sac car ça fera drôle de voyager avec un seau) ainsi que des photos pour vous, la famille, Perla,Viva Maria d’autres personnes sur les photos que je ne connais pas. 24 octobre J’envoie mes salutations à Dona Metche, Perla, Dr. Roberto et autre personnes que j’ai connues à Melaque. J’ai grand plaisir à penser que je serai au chaud et au soleil avec du monde magnifique dans moins de 3 mois. 14 Passages Je salue votre famille et j’espère que la santé de tout le monde va bien, que les enfants vont bien et que la petite Anna se porte bien et va bien à l’école. J’ai hâte de retrouver votre belle famille et de placoter en espagnol. C’est tellement spécial de pouvoir parler la langue des gens chez qui on habite et de partager leur culture. C’est une richesse pour le coeur et pour l’esprit que de rencontrer et connaître des gens sur la planète Terre, de partager nos savoirs et nos talents pour tenter d’améliorer notre sort et finalement d’espérer pour un futur vivable pour nos enfants. Sur ces mots philosophiques je vous laisse et attends de vos nouvelles dans les plus brefs délais. S’il y a des choses que vous aimeriez avoir et que vous ne trouvez pas au Mexique laissez-moi savoir et peut-être que je peux trouver ici et les apporter avec mes bagages si ce n’est pas trop gros ou trop lourd. Conservez le reçu du fax et je vous paierai à mon arrivée avec la location de ma chambre. Au revoir. Adios. Bye bye N.B. Une surprise. Ma mère viendra passer 3 semaines avec moi en novembre. Elle habite Montréal Elle aime coudre avec moi . J’ai différents projets de couture. C'est merveilleux! Fleur de Soleil, 24 octobre 1996 Passages 15 3b- Carta para Evelia de Melaque 5 de Octubre 1996 Querida Evelia, Al fin, al fin, al fin... Hace 7 lunes que te he estado queriendo escribir. Casi el mismo tiempo que se toma traer un nino al mundo. La pimavera hasido dificil para mi porque a hecho mucho frio. He estado como prisionera en mi casa, despues de haber tenido la suerte de estar in Mexico por 8 semanas al aire libre. Luego me puse a cambiar la decoracion interior porque no me gusto despues de que regrese de Mexico. Asi que mi hijo pinto la cocina, la sala y el bano. Mis amigos me ayudaron a volver a poner los muebles y la decoracion. Tambien cambie todas las cortinas de la casa. Usted sabe como me gusta transformar las cosas. Mi mama me mando por correo un par de cortinas adornadas con encaje. Las transforme para reemplazar a las que tenia antes. Y eso es tado lo que he hecho desde que regresse de San Patricio. Use todo lo que compre en Mexico en mi casa. Esto me ha inspirado mucho y tengo deseo de regressas ahora que ha empezado el otono aqui. La lluvia, la humedad y el frio me hacen mal. Es pues hora de regresar una vez mas durante el invierno. Durante el verano aproveche para estar afuera: leyendo, cosiendo, haciendo jardineria, descansado en la hamaca. Tambien trabaje voluntariamente ayudando a otros en diferentes cosas. Estoy trabajando en un proyecto para hacer mas accessible la ciudad al publico. Estoy trabajando en otro proyecto ayundando le ninos (de 5 a 12 anos) que han perdido un padre, madre o hermano, yo estoy trabajando con los de 8 anos. 16 Passages 17 octubre Regrese de Vancouver en donde estuve un par de dias para ver a mis amigos e ir al cine. Alli vi una pelicula sobre Mexico: Midaq Alley. Que me gusto mucho. Vi a Maryan y hable con ella varias veces en las ultimas semanas. Esta muy bien. Volvio a empezar sus practicas de psicologia. Es bueno tener noticias des personas de Melaque. Supe de la transformationes que le hiceron a su hotelito. Esta muy bien echo bonito y practico con sus talentos y los de Rafael. Seguramente que trabajaron muy duro otra vez para terminar otra etapa de su proyecto. Una de las cosas que mas me impresionaron fue su sentido del trabajo y de la economia y todo el ardor y el amor que ponen en su empresa. Aprecie mucho la nitidez y la tranquilidad de lugar. Era facil para mi ir a la playa, no tener que caminar mucho para llegar alli. Esa playa era el lugar ideal para banarme ya que las olas no eran muy grandes en es esa parte de la bahia. Asi pues que tengo muy buenos recuerdos de mi estancia con ustedes y de haber podido conocer a los miembros de su familia, que son muy agradables e interesantes. Hice un album de fotos de Melaque. Me trae muy buenos recuerdos. Como el domingo que fuemos al cerrito con la musica mexicana a todo volumen en el camion. La Plaza de Toros, La San Patricio. Nuestras platicas de todos los dias, y cuando fui aprendiendo espanol cada dia gracias a su bondad y paciencia. Los amaneceres que pinte todas las mananas y la cancion “Violette”. Todas nuestras conversaciones sobre la vida y la politica con usted y su marido. Y Rafa practicando su ingles conmigo y Anna leyendo o haciendo matematicas. Yo miro ahora un programa de television para aprender espanol. Se llama Destinos. Lo entiendo bastante bien, pero es mas dificil hablarlo. Comence con una amiga a revisar nuestros libros de espanol para no perder la practica. Tengo tambien un amigo de Guatemala, que vive no muy lejos de aqui, que se llama Enrique, y que me esta ayudando a traducir esta carta del frances al espanol. Con el voy a estudiar los verbos especialmente el pasado. Passages 17 Mi hijo que tiene ahora 23 anos, estudia este año en la universidad para obtener un diploma en construccion de domicilios. Es un area que le ineresa. El y a habia construido 2 casas con un carpintero ntes de tomar el curso. El prfiere eso a ser profesor de educacion fisica. Espera encontrar trabajo en junio del 97. La vida aqui no es facil para la gente joven. Hay demasiadas personas mayores en el sistem, y no hay lugar para los jovenes, que a menudo tienen varios diplomas. Tengo la esperanza de que la suerte estara de su lado, pues es un buen estudiante y muy buen trabajador y tambien un buen muchacho. Estoy orgullosa de el. 20 octubre Espero noticias de mi agente de viajes para terminar los detalles de mi proxima estadia en Melaque. Tendre que partir el 14 de enero del 97, y regresar el primero de abril. Llegare a Puertao Vallarta por la noche. Taluez pase unos dias alli. Luego estare en Melaque el 15 o unos dias despues, dependiendo de mis energias despues de llegar a Puerto Vallarta. Me gustaria pues, reservar una habitacion como el ano pasado hasta el primero de abril por la manana. Pasare pues, la Semana Santa en Melaque. Por favor confirmenme por FAX si puedo alquilar un cuarto de su hotelito, asi como el precio por mes, con uso de cocina. Me acorde que le dije que si regresaba a Melaque, les treria una cubeta especial para el trapeador. Despues de ver a Maryan, fui a la ferreteria y encontre la cubeta. Sera un buen regalo para Evelia. Era la ultima que tenian, asi que la compre. Sera mas facil para trapear y con menos esfuerzo. La llevare con mi equipaje (tengo que hallar la manera muy divertido viajar con una cubeta), al igual que fotografias para usted, de la familia, de Perla, de Viva Maria y de otras personas en las fotos que no conosco. 24 Octubre Le mando saludos a Dona Meche, a Perla, al Dr. Roberto y a otras personas que conoci en Melaque. Me da un gran gusto pensar que estare en el calor y al sol con gente magnifica en menos de 3 meses. 18 Passages Saludos a su familia, y espero que todos esten bien de salud, que los ninos esten bien y que la pequena Anna le vay a bien en la escuela. Tengo deseos de volver a ver a su linda familia y de platicar en espanol. Es tan especial poder hablar el idioma de la gente donde uno esta y compartir su cultura. Es un enriquecimiento para el corazon y el espirit conocer a personas del planeta Tierra, de compartir nuestras sabidurias y talentos para mejorar nuestras vidas y para dar un mejor futuro para nuestros hijos. Con estas palabras filosoficas los dejo y espero sus noticias lo mas pronto posible. Si hay algo que quieren que les lleve que no se pueda conseguir en Mexico, diganmela y talvez pueda encontrar yo aqui y llevarlo con mis maletas siempre y cuando no sea muy grande o pese mucho. Guarde el recibo del FAX y yo le pagare al llegar con el lugar de mi cuarto. Adios. Bye bye. Au revoir. N.B. Una sorprisa para me fue que mi mama va venir a visitarme de Montreal, por 3 semanas en noviembre. Ella quiere coser conmigo diferentes proyectos de costura! Bueno! Fleur de Soleil, 24 octubre 1996 Passages 19 4- Carta para Susana Querida Susana, Estimoda Susana al fin pude contestar tu carta porque vino Maryan para que te llevera la carta porque el fax no pudo entrar la puse como unas diez veces y siempre estaba fuera de servicio, no es que no hay a querido mandarlo eso es el motivo por el quano recibiste la contestacion. Mira Susana estoy cobranda N$60.00 pesos por persona por un dia pero mes N$1,500.00 pesos por persona o N$50.00 pesos por un dia y en Semana Santa cobro N$80.00 pesos. Susana meda mucho gusto saber que estan bien y que te has ensanado hablar espanol y no aprendo nada el idioma Ingles no sirvo para estudiar no tengo nada de tiempo nada mas me la pasa trabajando estoy un poco enferma pero espero que Dios pronto me manda al alibio para cuando venga poder atendar los bien tambien e tenido algunas momentos de alegria con mi familia nos hemos divertido mucho en esta vida hay de todo es lo bueno te manda. Saludos. Ana Karen, Rafa, Gaby, Rafael esperamos tener te pronto con nosotros. Recibe un abraso. Fuerte y un beso de mi parte. Evelia, 12 de Diciembre 1996 20 Passages Rayon Deux Journal de bord Voyages à l'intérieur et à l'extérieur du pays du coeur Passages 1-La ronde du départ et les éternelles même questions Tous les détails auxquels il faut penser avant de quitter un endroit pour aménager ailleurs pour un certain temps Les listes pour ne rien oublier, les achats de dernières minutes, les téléphones aux ami(e)s, aux parents, le triage des vêtements d’une autre saison, les objets de choix à apporter, la maison à ranger pour les trois mois à partir, la rencontre des personnes qui s’occuperont de la maison pendant l’absence, les médicaments et les suppléments en quantité suffisante Tout cela fait beaucoup de temps de planification et d’energies dépensées pour finalement atteindre le jour du départ. Le dernier matin. Le long bain, le lavage des cheveux, le rangement des articles de toilette dans la valise en pensant à ne pas oublier la brosse à dents et le dentifrice, la brosse à cheveux et le shampoing, le dernier déjeuner et les restes de frigo à donner, les grignottes à apporter, dépendant dans combien de temps la destination sera atteinte, le nombre de suppléments à apporter avec soi jusqu’à destination, le débranchement des apparareils électriques, la réduction du chauffage au minimum pour prévenir le gel ou la moisissure, les dernières recommandations aux personnes en charge de la maison et la remise des clés, la vaisselle à laver et à ranger, les plantes à arroser et à grouper ensemble. 21 22 Passages Et finalement l’arrivée tardive du chauffeur pour conduire la voyageuse au terminus d’autobus de l’île. Un autobus qui l’amènera sur le traversier et la déposera à l’autre terminus du centre-ville une fois traversé le détroit de Georgia, entre l’île de Vancouver et Vancouver, B.C. Ouf! Ai-je oublié quelque chose? Enfin assise dans le traversier flottant entre deux terres, à écrire ces détails et prendre un grand souffle, pour enfin réaliser combien je suis fière de tant d’accomplissements sans être exténuée. Le coeur rempli de gratitude pour les personnes qui ont contribué à la réalisation de ce voyage. Mes remerciements à Dame Nature pour se montrer si clémente. Moi vêtue en été mais bourrée de pelure par-dessus pelure. Un oignon, comme dirait ma mère! En attendant de faire le strip tease quand la chaleur du Sud, commencera à se faire sentir trop lourde. Comme si enlever des pelures rafraîchissait! Comment font donc les Touaregs dans le désert, enveloppés dans leurs burnous, sans fondre au soleil? L’objectif? Ne plus avoir rien qui colle à ma peau, sauf le maillot encore obligatoire dans les endroits publics, exception dans certains lieux bien privilégiés. Comme si la nudité était un privilège, ou plutôt un sacrilège alors que nous naissons tous en costume d’Adam ou d’Eve, selon notre destinée! Passages 23 Durant le hippisme des années 70, à Morin Heights, Québec nous vivions nus nous sept, à la Commune Cadet Roussel, antérieurement nommé “"?", en quête d’identité à cette époque, ainsi que tous les visiteurs libres de circuler et de se baigner à leur guise dans le déguisement qui leur plaisait, Tout le temps que nous étions enceintes Ginette et moi, nous nous sommes promener les bedaines à l’air, gonflant au soleil, jusqu’au mûrissement du fruit de fin d’été 73. Sur la terre louée à Montpellier, Québec, héseber nue le jardin en chantant ou en méditant, seule ou avec des ami(e)s, pas toujours à l’abri de l’oeil du propriétaire. Que dire! Quelle harmonie je ressentais avec le contact de la terre. Comme si ma peau devenait extensible et englobait le reste de la planète. Qu’aije donc écrit? Quelle prétention! Plutôt me sentir unifiée, partie de la Terre, englobée par le contact de ma peau collée à la terre. Toute la beauté du monde contenue dans le regard vers les autres, des autres vers soi. Le toucher végétal, animal, humain, divin, qui n’en finissent pas de caresser d’une main de velours, avec tendresse et passion, les chakras qui vibrent et s’ouvrent à l’universel, à la mémoire cosmique, douce comme de l’eau de source, ou fracassante comme un tremblement de terre de 8.1. De tout cela, oui je m’en souviens. Et pourquoi plus jamais après? Quel nuage est venu ombrager mon destin? Pourquoi n’aije plus cru au paradis et me suis lancée dans: “Tu travailleras à la sueur de ton front”? Un contrat de vingt ans, à élever mon fils seul, à enseigner au primaire, à réaliser plein de choses que j’aimais jusqu’à ce que la corde casse au printemps 93? Mon dernier contact avec la nudité légale fut chez des ami(e)s de Parksville, réfugié(e)s à San Diego pour l’hiver. Entre une visite à Noël au Grand Canyon, j’eus l’occasion de circuler nue dans la petite réserve de nudistes. Et puis la dernière image de paradis que je garde c’est sur le sommet de la colline aux cactus, derrirère la réserve. Cette beauté qui n’en finit pas de monter en moi. J’ai enlevé tous mes vêtements, me suis prosternée pour embrasser la terre-Mère, entre deux cactus géants, et l’odeur de "sage brush". La première fois que j’avais posé ce geste, c’était après 24 Passages l’accouchement de mon premier et dernier nouveau-né. Ayant accouché à la maison, j’avais gardé le placenta pour aller l’offrir à Mère Nature et l’enterrer. Après avoir trouvé le "bon spot", j’ai fait la grande salutation au soleil, apprise aux cours de yoga à l’ashram d’Aurobindo, à Montréal. En présence de Pierre, mon amant, mon mari,mon gourou, le père de mon fils, je me suis prosternée pour demander la bénédiction et la protection de la Terre et des Cieux. Je ne connaissais rien aux rituels ou autres religions. Ce fut un geste naturel et gratuit. Un mois plus tard, ce fut le départ de cette Commune, la nouvelle élue du coeur de mon amant venait prendre racine et s’établir ici comme sa femme, moi n’étant plus la préférée du père de mon fils, déjà divorcé et père de deux filles. Jamais deux sans trois, il se remaria et lui donna un fils avant de se suicider quelques années plus tard, après la mort par le feu et l’eau de deux enfants venus célébrer avec leurs parents le solstice d’été. J’avais souhaité à cette nouvelle épouse de ne pas souffrir l’ombre de mon calvaire. Je crois qu’elle a eu sa dose et je suis bien heureuse d’être partie malgré tout. J’ai donc poursuivi ma vie, en élevant mon fils avec tout l’amour dont j’étais capable sans jamais discréditer son père, lui disant que ce qu’il y avait entre son père et moi il en n’était pas responsable et qu’ainsi va la vie et ses amours. Poursuivi ce travail suicidaire de carrière, de femme monoparentale, de bénévolat, de loisirs. Quand donc se repose-t-on? A la retraite! Elle devait venir pour l’an 2000. Retraite anticipée. La barque a coulé en 93 et depuis c’est la longue remontée vers la vie, la possibilité de jours meilleurs, encore. J’ai tout donné. sans compter, comme dans la chanson des jécistes( J.E.C. Jeunesse étudiante catholique) du temps de mes seize ans. J’ai vraiment mordu à la vie. Combien me reste-t-il de temps à vivre maintenant que la mort est venue me faire signe? Nul ne le sait. Je me décompose plus rapidement que la moyenne, avec la fibromyalgie, l’ostéoporose et les séquelles tardives de la polio. Je ne suis pas seule dans ce bateau, étant une survivante de ces terribles épidémies qui ont ravagé la vie de tant d’individus et de familles, sinon les tuant. Je profite donc d’une retraite non-anticipée mais imposée et finalement acceptée malgré Passages 25 tout. Le plus difficile fut d’arrêter de me sentir coupable, de ne pas me juger avec les yeux des autres, sûrement envieux en me voyant seulement en surface. Ma réponse aux investigateurs: Qui veut prendre ma place? Comme disait Nelligan: "Qu’est-ce que le spasme de vivre A la douleur que j’ai, que j’ai!" Le soleil me chauffe la tête; chauffe-t-il aussi les connections qui me permettent de raviver certaines mémoires? Suis-je à la recherche du paradis perdu? Oserais-je croire que c’est encore possible à mon âge, maintenant handicapée d’une partie de ma santé, de croire à la rencontre d’un amoureux de la vie, d’un compagnon désirant faire le reste du chemin avec moi? Mon désir est-il assez intense pour qu’il se manifeste? Aurais-je peur de l’inconnu? Oserais-je croire à la possibilité de pouvoir vivre à quelque endroit au monde en évitant les douleurs de froidure, aux os, aux muscles, à la peau et aussi au coeur? De trouver ce que je peux faire d’autre pour gagner ma vie? En ce moment j’explore l’aquarelle. Me connecter spirituellement. Utiliser ce médium comme faisant partie de ma quête spirituelle, de ma pratique quotidenne de méditation. Je voyage donc assez lourd, car apporté matériel d’art, qui occupe la moitié de ma valise. Devrais-je laisser certaines choses derrière moi, pour l’an prochain, comme la grande serviette orange ou un hamac à acheter? Mais qui connaît l’an prochain? J’essaie de pratiquer un jour à la fois pour ne pas faire d’angoisse quant à mon avenir, et apprécier d’être encore en vie à cet instant. Je ne sais même pas comment sera la place où je m’en vais, car un tremblement de terre a secoué les environs hier soir, apparemment sans dégât. Je suis devant le mystère, l’inconnu qui m’appelle la-bàs. Quelle partie de moi, encore inconnue, vais-je rencontrer? Fleur de Soleil, Vancouver B.C., Dimanche 12 janvier 1997 p.m. 26 Passages 2- Ca ne coûte rien de rêver Les pattes en l’air, le dos appuyé sur la douillette et l’oreiller toujours trop haut pour dormir, les fesses évachées sur le lit du bas d’un bunk bed, à l’auberge internationale, centre-ville de Vancouver, chambre 304 lit 4. Je suis seule encore ce soir dans cette chambre, comme une chambre privée mais beaucoup moins cher. Pour 17.50$ la nuitée au lieu de 69.00$ minimum en ville. Pas grand monde en cette saison. Différent de l’été passé, plus vibrant mais aussi plus bruyant à l’intérieur comme à l’extérieur. Vécu un p.m. extraordinaire, un accomplissement imprévu arrivé: voir le film Evita avec Fernando et recevoir un Shiatsu par lui ensuite. Quel beau cadeau je me suis offerte la veille de mon départ. Quelle bonne compagnie male, vibrante, amicale, spirituelle. Un très bon healer pour moi. J’apprécie qu’il m’a dit avoir aimé son p.m. et ma compagnie. En le quitttant je l’ai embrassé... sur la joue et lui ai dit : "soul companion". C’est sorti de ma bouche, comme ça. Et il a répondu: “I guess so”.Sa langue natale étant l’espagnol, moi le français, mais communiquant en anglais entre nous. La langue des affaires matérielles et du coeur aussi pour le moment. Cet hiver, nous serons tous les deux au soleil, lui en Equateur, sa terre natale, dans sa famille à Quito. Moi à Melaque au Mexique. Je devrais lui faire une surprise: lui envoyer une carte avant qu’il parte en fin février. Il m’attire beaucoup et je crois que c’est réciproque. Fleur de soleil a semé une graine. Alors en réponse à ma “?” d’hier, oui c’est possible d’être en amour, mais chaque rencontre est différente. Que réserve celle-ci? Ce qui se passe me plaît. On verra. J’ai adoré le film Evita avec Madona. Comme un beau Sunset Boulevard dans le temps... A good show. Une grande saga. Quelle est donc belle cette Madona! Le goût de connaître plus sur la vie de cette Evite. Elle a été très activee dans sa vie et en est morte. Chanceuse que je suis d’avoir reçu la sagesse de m’arrêter à temps. L’image que j’ai en ce moment c’est d’avoir un centre de guérison à Melaque, au Sud et moi donnant un stage d’exploration de peinture et de mandalas. Fernando donnant des Shiatsu, Enrique, cultivant ses champignons, Charmaine donnant des irrigations de colon et parlant de nutrition, mon fils cuisinant pour tout le monde le repas Passages 27 du soir. Travaillant chacun trois heures par jour et partageant le travail d’entretien entre nous, ainsi que les revenus. Pourquoi pas? Qui achète? Moi! Je suis prête. J’ai asssez d’$ pour un "down payment". ¨Ca rentre dans mon plan de vie. Avoir un endroit où je peux habiter l’hiver au soleil, finir de payer la maison que j’habite au Canada et la louer l’hiver, vivre avec mon amoureux et faire quelque chose d’utile au monde. Pourquoi pas? Sera-t-il possible ce futur que j’entrevois à travers la lunette du futur? Ça fait longtemps que je n’ai pas rêvé à un projet. Et puis José Michel, chanteur de ballades dans la Bahai de Navidad pourra nous sérénader quelques soirs par semaine et gagner lui aussi des sous pour vivre. Pas compliqué. Suffit de penser à ? de personnes sont nécessaires par semaine pour faire marcher un centre... Où publiciser? Et puis orientation spirituelle... Meditation le matin, au choix, peindre devant le lever du soleil, méditation formelle de groupe. Qu’est-ce que j’attends pour me lancer? Qui va me suivre? Comment être leader sur le plan mat.ériel, sur le plan spirituel? J’aime la liberté, la bonne compagnie, la bonne bouffe et élever mon âme. Et puis entre nous, échange de service. Et puis ouverture à des spécialistes, des invités spéciaux. Pour pouvoir survivre il faut un revenu fixe que j’ai déjà. Est-ce que je continuerai à l’avoir si je m’établissais six mois par année au Mexique, de novembre à avril? Quel beau rêve! J’ai le goût de vivre! Le goût de danser encore! Je le ferai au Mexique! Je le sens! Le goût d’être en amour1 J’y arriverai. Je dois être encore attirante puisque Alan et moi avons passé une soirée magique au jour de l’An; un aprèsmidi bienheureux avec Fernando, et une rencontre amicale hier soir avec Tim. Je redeviens en possession de mes moyens. Ne plus me sentir objet, ne plus vivre en dehors de moi, mais centrée sur moi, mes désirs, mes émotions, sur ce que j’aime et just go for it. Be honest, be true and do it. Laissez faire et laissez braire les autres. Je vis ma vie comme je l’entends. Ça suffit de plaire aux autres. Ça suffit de me conformer aux règles. On ne tue pas la création, la liberté. J’ai besoin d’être. J’ai la liberté et la possibilité de le faire. A moi de jouer mes cartes et de foncer avec joie, sérénité, sagesse et protection... Je m’offre à l’Univers, à 28 Passages l’Inconnu, mais d’abord je m’offre à moi-même car seule moi sait ce qui est bon pour moi, à part Dieu, mais je suis co-créatrice dans ce processus. Bravo Suzanne! Je me sens tellement bien après ce massage Shiatsu. Après avoir détendu tous mes muscles, Fernando a pressé trois points sur le dessus de ma tête. Au troisième, j’ai vu un cristal de lumière blanche derrière mes yeux. Quand il a appuyé sur mon troisième oeil, je suis descendu comme au centre de la terre, au milieu d’une caverne. Je m’y sentais très bien. Autant la sensation de flotter que la sensation de me dissoudre sous terre. Ça doit être ça être éternel ou immortel. Se fusionner à l’Univers, à la grande matrice en même temps. Les massages me font toujours du bien et débouchent sur des images intérieures bien spéciales et des états seconds d’être. Le massage Shiatsu est une fusion du massage thérapeutique et le Jin Shin Do et ces effets pour moi sont bien différants, à moins que ce soit à cause de celui qui le donne. Depuis le début de mes rencontres avec Fernando, j’ai toujours ressenti un immense bien-être pendant la session et après. Une connection spirituelle où mon corps pendant quelques instants oublie toutes ses misères, où je ne ressens plus aucune douleur ou si faiblement. Et aussi dès le premier instant où je l’ai vu je me suis sentie attirée par cette énergie qu’il dégage. Je n’ai jamais rien dit n’allant jamais cueillir dans le jardin des autres et respectant les limites. Mais sachant qu’il est libre maintenant peut-être que....? Mais grand bien me fasse de cette énergie gratuite qui se prolonge en moi. J’ai aussi payé mon traitement mais ça ce sont les affaires matérielles. Je vais me coucher en pensant et surtout en me remémorant dans mes cellules, au bien-être d’être en présence de cette grande énergie guérissante. Bonne nuit. P.S. Demain c’est le grand départ, seule, sans personne pour me dire au revoir à l’aéroport, comme une grande fille, et je le suis! Bravo Suzanne! Fleur de Soleil, Vancouver, B.C. Lundi le 13 janvier 1997, soirée Passages 29 3- Avant de commencer ailleurs... quoi? Terminé le lunch à bord. Ai fait les prières d’usage avant le décollage. Une question à poser aux passagers pour trouver combien de personnes font une sorte de prière pour un bon voyage. Aussi bien s’abandonner entre bonnes mains pour calmer l’anxiété sous-jacente à la joie du décollage! A l’adolescence j’avais rejeté toute forme de recommandation ou d’abandonnment à plus grand(e) que moi; j’ai graduellement recommencé, faisant comme Pascal, préférant croire à une plus grande structure que la simple existence terrestre. Madame Huguette Hirsig, l’astrologue bien connue de Montréal durant les années 60, m’avait incitée à prier, lors de plusieurs rencontres avec elle. C’était au temps de ma vie en Commune avec Pierre et les cinq autres membres fondateurs: Le Bonhomme Claude, Jacques, Deborah, Ginette et Gilles. J’avais ma carte de bord pour faire mon voyage de femme enceinte, et plus tard ma carte du ciel et celle de mon fils. Vivre une vie saine, sans alcool, sans drogue, furent ses recommandations et cela a sûrement contribué à accélérer mon départ de cette vie communautaire où j’avais cru pouvoir y trouver ma voie pour vivre la spiritualité que je cherchais et que je n’ai pas trouvée là. Une voyante m’avait aussi recommandé la prière. Et même de faire le tour de ma maison avec de l’encens pour y chasser les mauvais esprits et les influences négatives. A cette époque j’avais si peur de mourir, faisant des crise d’angoisse tous les soirs quand je voulais dormir. J’étais une mère depuis seulement trois mois, séparée depuis deux mois et probablement épuisée, car seule à m’occuper de mes besoins et ceux de mon fils. Si j’en ai l’occasion, j’aborderai ce sujet un jour ou un soir, en détail. C’est ce qui m’est revenu en mémoire à propose de prier. Donc des moments d’impuissance. L’invocation pour attirer les bons esprits et l’Esprit Suprême d’envoyer ses grâces et ses bénédictions aux personnes en détresse ou impuissantes à contrôler des évènements. Je trouve que prier pour un groupe me remplit de tendresse, de compréhension envers la fragilité de la condition humaine. 30 Passages Je ne sais pas si j’ai dormi la nuit passsée, probablement par bribes. Je n’arrive jamais à pointer du doigt pour quelles raisons j’ai parfois de la difficulté à dormir: est-ce le massage, avoir manger des protéines de saumon au souper, être constipée, ou encore l’oreiller trop haut pour dormir, ou finalement la douleur dans les muscles pour avoir porté des bagages et d’avoir trop marché depuis mon départ de la maison. Pas de nausée ce matin comme par l’année passée. Donc les parasites se tiennent tranquilles pour le moment. Sont-ils partis ailleurs voir si j’y suis? Pas épuisée non plus ayant réussi à force de repos et de pratiques à être plutôt qu’à faire, à développer une certaine résistance physique qui me permet aujourd’hui d’entreprendre ce voyage qui contribuera sûrement à améliorer ma condition, en vivant au soleil et à la chaleur. En ce matin ensoleillé, quelle délivrance, une selle. J’ai besoin d’espace à l’intérieur. Je me sens moins intoxiquée. Petits détails de mécanique intérieure mais qui peut massacrer un départ! Départ calme. Seulement deux passagers dans la vanne de l’auberge qui va à l’aéroport chaque matin et qui coûte moins cher que l’autobus qui passe aux grands hôtels du centre-ville pour cueillir les voyageurs.Je ne me suis pas énervée à l’aéroport, quand la préposée au service à la clientèle m’a dit que cette partie de l’aéroport c’était pour les vols domestiques et que je devais aller aux départs internationaux. Lui ai expliqué que le message reçu de mon agente de voyage c’était d’attendre à cet endroit précis. Que quelqu’un de la compagnie de transport aérien devait être ici pour moi avec une chaise roulante pour m’amener au bon endroit et que je ne bougerais pas d’ici. S.V.P. téléphnonez pour annoncer mon arrivée et pour envoyer du service. Merci! Pas de problème pour avoir une chaise roulante à partir du kiosque du transporteur aérien mais de la porte de l’aéroport au kiosque, c’est trop loin à marcher pour moi et c’est une difficulté à trouver une chaise roulante. J’ai donc relevé le défi ce matin! Bravo! Je peux encore voyager seule! Sinon, il me faudrait une aide que pour le moment je prendrais comme un chien de garde. Je ne suis pas encore rendue à ce point d’invalidité. Aussi bien profiter de mon indépendance pendant que je suis encore jeune! Passages 31 Pour les bagages j’étais dix kilos en trop. J’ai pris les devants et dit au préposé, jeune, blond, “cute”, que je transportais de l’équipement médical, que j’avais payé mon billet assez cher merci pour rester plus longtemps que deux ou trois semaines habituellement. Sur ce, il m’a répondu qu’en autant que je n’en rapporterais pas plus à mon retour. Appris que j’avais aussi droit à cinq kilos à bord avec moi. Alors tout est parfait. Mais je devais être sur mes gardes pour ne pas avoir à payer un surplus de 50.00$, mais j’ai quand même dû payer la chère taxe d’aéroport. Et puis je me suis fait pousser en chaise roulante jusqu’à l’avion, pour monter à mon rythme les marches une par une de l’avion. Première à bord, il y fait très froid et dernière à y sortir, il y fait très chaud. Faut aussi savoir qu’on ne place jamais une personne handicapée près d’une porte de secours. On l’avait fait une fois et on m’a changé de place. Elle ne serait pas assez vite pour agir en cas d’urgence. Quand donc sort-elle? La dernière? Dans les bras de l’agent de bord! La chanceuse! Avoir pris la décision d’utiliser la chaise roulante pour me déplacer à l’aéroport ne fut pas facile pour mon égo, mais je m’en porte mieux. Bravo Suzanne! Fleur de Soleil, 14 janvier 1997, à mi-jour, à mi-chemin Espace aérien, Amerique P.S. Arrivée, à l’heure du coucher du soeil à venir dans une demi-heure, c’est bien! juste assez chaud pour enlever les premières pelures. Tout le tra la la d’usage et me voici à négocier en espagnol le coût du taxi avec le chauffeur, après avoir changé un chèque de voyageur en argent américain pour des pesos. Irai changer plus d’argent demain à la banque car les maisons de change donnent moins. Et voilà je suis rendue à mon hôtel du centre-ville, très pollué de bruits, d’odeurs de mazout et de CO2. Je ne suis pas sûre que je vais rester longtemps ici. On verra. Mais je suis arrivée, enfin, saine et sauve. Bravo Suzanne! 32 Passages 4- Anciennes connaissances et nouvelles explorations Soupé hier soir avec Neil et Jacquie au restaurant Los Laureles, à deux pas de mon hôtel où je suis arrivée vers 6:15p.m., deux heures de plus qu’à Vancouver. Je n’étais pas encore affamée. Le temps de défaire mes bagages, de m’étendre cinq minutes, les pattes en l’air, pour respirer et entendre la saveur de Puerto Vallarta à cette heure du jour: le gaz carbonique des autos et des autobus qui font un bruit terrible à cause des rues en pavé et du cliquetis incessant des véhicules. A ce resto, bondé de monde, surtout des gringos, nous partageons du mahi-mahi (dorade) et du huachinango (red snapper). Quelle étrange coïncidence que de se retrouver au Mexique, n’ayant su qu’une semaine avant nos départs respectifs que nous allions à la même place au même moment, eux quelques jours plus tôt. Neil était le directeur de l’école secondaire que mon fils a fréquentée pendant quatre ans de 89 à 91. Jacquie, je l’ai rencontrée à cause de l’église United Church, où elle fait du bénévolat et moi aussi avec le programme "Rainbow", pour les enfants de 5-12 ans qui ont perdu un parent à travers un divorce, une séparation, un suicide, une fuite, une disparition, etc. Travail d’écoute et de compassion. Nous étions aussi ensemble dans un atelier sur la Bible, il y a quelques années: "Meet your sisters in the Bible", -rencontrez vos soeurs à travers la Bible- animé par Sheila qui est devenue ministre du culte dans l’église presbytérienne. Quel choc pour ma culture catholique malgré que non-pratiquante depuis belle lurette, à la fin de mon adolescence, par esprit de recherche et de liberté. D’avoir dansé, ri, échangé avec cette "prêtresse" Sagittaire passionnée comme moi. Ça m’a rapprochée de ma chrétienté, dans le sens d’amour universel de l’être humain, dans mon rejet du catholicisme et dans ma quête de spiritualité. Les relations étaient bien différentes que celles vécues dans la paroisse de mon adolescence où le curé était un pince-sans-rire qui te faisait sentir coupable et sûre d’avoir péché rien qu’à regarder un garçon passer, et surtout de faire pécher les garçons si Passages 33 nous portions des jupes au-dessus du mollet et des robes-soleil. Je percevais les prêtres surtout come des polices de l’âme et je n’avais aucune chance de réfléchir sur les sujets de la foi mais de croire et tant pis si j’avais des questions. Il n’était pas digne d’une jeune fille de remuer les bases de notre Mère la Sainte Eglise. Depuis j’ai rencontré des femmes engagées et qui sont ministres dans l’Etat et d’autres dans l’Eglise mais pas nécessairement catholiques. Grand bien me fasse. Grand changement à cette époque de mon adolescence dans la mentalité de ma mère qui finira par accepter que je puisse joindre une troupe de danses folkloriques car le curé de son temps du village Allard dans la campagne de la Gaspésie ne donnait pas l’absolution aux filles qui ne juraient pas de ne pas retourner danser. Ce fut donc grâce au jeune abbé moderne Richard Gauthier, de la paroisse Saint-Vincent-Ferrier, désireux d’occuper les jeunes du quartier que j’ai pu faire partie de la troupe "Tambour-Battant" et du ciné-club animé à l’occasion par Denise Bombardier, devenue une célébrité internationale qui, à cette époque était jeune étudiante au cours classique qui faisait l’envie des jeunes filles qui elles n’avaient pas les moyens d’y aller, dont moi entre autre. J’allais par contre écouter les concerts gratuits au couvent Ste-Croix, de la rue Jarry, et je pleurais en écoutant du Beethoven, du Mozart, du Chopin ou du Litz joués au piano par les couventines. C’est donc à travers la lecture, la danse, le cinéma et la musique que je me suis faite initier à la culture internationale, en fréquentant les écoles catholiques de l’époque. Je dois une fière chandelle aux religieuses du temps d’avoir allumer en moi le flambeau de la langue française, d’avoir réveillé en moi le féminisme car voyant ces femmes enseigner, la porte m’était aussi ouverte et aida à ma crise d’identité, c’est-à-dire de ne pas suivre les traces de ma mère, qui remplissaient correctement ses devoirs de mère et d’épouse à la mode de son temps mais trop étroit pour moi. A treize ans je savais déjà que je ne me marierais pas, que j’aurais une carrière, donc que j’irais à l’université. Un châteaufort à détruire avec mon père qui lui m’encourageait à aller au cours commercial pour devenir une secrétaire, faire mon trousseau et me marier. Pas question! Etant la première de la famille, et ayant quatre frères derrière moi, la porte était ouverte aux garçons 34 Passages mais close pour moi. Têtue comme je l’étais, ma passion finit par convaincre mes parents car je me trouvai un travail à la caisse populaire de la paroisse où je travaillais trois soirs par semaine pour moins de 30$, mais suffisant à cette époque pour payer mes lunchs, mon habillement et l’autobus pour aller étudier à l’université de Montréal à l’école de Rehabilitation de la faculté de Médecine.Des prêts étudiants me servaient de financement, mes parents m’offrant quand même le gîte et les repas, moi qui devait déjà rapporter des sous au foyer en payant une pension! Après un an d’étude en physiothérapie et occupation thérapie, j’étais brûlée car nous faisions quatre ans d’étude en trois, avec plus de quarante heures par semaine, en plus de toute la mémorisation à faire de tous les muscles du coprs humain, de la physiologie, de l’électricité, etc.à apprendre. Beaucoup de livres anglais aussi à cette époque. Ça me révoltait et je n’avais pas le temps de m’occuper de ce dossier. A cette époque je n’étais pas assez politisée quoique très passionnée par l’idée progressive d’indépendance du Québec. C’était le rêve de la jeunesse universitaire. A cette époque je ne crois pas qu’il y avait un offiice de protection de la langue française pour rapporter les injustices faites aux étudiants francophones d’apprendre dans une autre langue dans ce Québec si français. J’ai donc quitté la faculté pour m’orienter vers l’enseignement. Je savais ce métier déjà pas mal jouant à la maîtresse d’école avec les plus jeunes du voisinage et mes frères. Il m’était déjà pénible d’aller à la messe du dimanche car habitant chez mes parents et n’étant pas majeure je devais observer les règlements de la maison sinon...où pouvais-je aller? Et surtout personne avec qui partager le désarroi de mon âme. A l’école normale, c’était très enrégimenté avec les soeurs. Pas question de discuter de liberté de pratique religieuse. Il y avait par contre une psychologue laïque avec qui j’échangeais à l’occasion car j’étais dispensée des cours de math, les ayant fait avec ma 12ième scientifique spéciale à l’école SaintAlphonse d’Youville, dans le nord de Montréal. C’est elle qui m’a permis de me libérer de mes tourments, de mes questions sur l’amour, la foi, la religion, ne trouvant en ma mère ni l’oreille Passages 35 attentive, ni la grâce de trouver les réponses adéquates à mes questions sinon de me dire: "Tu t’en fais trop, tu penses trop.! A quoi ça sert d’étudier si tu es pour avoir autant de questions"? Des questions j’en ai encore et j’espère en avoir toujours. C’est ce qui me tient en vie. Je suis curieuse. J’ai parcouru une partie du monde comme enseignante. La réponse à mes questions je les trouve dans le silence de mon être, à l’écoute de mon coeur. Ma foi de non-ptratiquante d’une religion en particulier, s’excerce en essayant d’aimer tout le monde, de les respecter au moins dans leurs différences. Quand une personne m’offense j’essaie de me rappeler que c’est un manque d’amour envers elle-même d’abord et que ça ne change rien à qui je suis: un être humain en quête d’amour universel, prête à servir les autres du meilleur que je peux à ce moment, pour satisfaire le besoin de mon âme: être en harmonie. Quelle belle phrase mais c’est ma vérité à ce momentci! Cette partie de mon voyage avant d’arriver à Melaque n’était pas planifiée. C’est absolument magnifique. Tout tombe en place à qui sait être patiente, observatrice et croyante aussi que l’univers à un plan, un fil d’Arianne à suivre mais surtout à trouver. Ma journée d’aujourd’hui confirme ces propos. Pour aller à la banque j’avais décidé d’y aller en autobus pour économiser mes pas, au lieu de marcher quelques rues, me disant que ça serait bien utile d’avoir mon fauteuil roulant ici mais pas très pratique avec les trottoirs à marches, à bosses et à trous. Quel désapointement au premier abord,.quand le chauffeur me débarqua dix blocs plus loin que nécessaire! Accrocher une sourire et me dire: Vive les vancances et son lot de surprises! "Sur mon chemin j’ai rencontré", comme le chante Edith Butler, ce que je cherchais le plus: boutiques et musées “Huichol”, avec masques faits par collage de petites perles de toutes couleurs et tableaux descriptifs par collage de laines multicolores. Incroyable ce travail d’hermite. Shamanesque! et c’est ce que c’est. 36 Passages N’arrivant pas à me décider sur mes achats après cinq boutiques car j’avais l’estomac dans les talons, et la tête à éclater de trop d’informations, je suis allée dîner pour revenir à la dernière boutique. J’ai opté pour un t-shirt Huichol, soleil-lune, pour 75pesos (15$CN), me disant qu’il valait mieux porter cet objet d’art que d’en avoir un accroché sur un mur. Lequel? Ils sont déjà si pleins! Je ne peux quand même pas posséder tous les objets d’art que j’aime à moins d’ouvrir un musée chez moi! Ça y ressemble d’ailleurs un peu selon mes bonnes amies! De plus j’ai trouvé sur mon chemin de quoi remplir le reste de ma journée: Des cartes postales qui décrivent la vie mexicaine plutôt que des bâtiments. Surprise! Un artiste mexicain Jose Cabrera qui a reproduit en cartes postales certaines de ses aquarelles qui décrivent les lieux touristiques de Puerto Vallarta. C’est à ce moment que j’ai pensé à la surprise pour Fernando Cabrera, "a soul connection" qui est libre. Ça lui fera sûrement plaisir! Un bureau de postes pour acheter des timbres à 2 pesos par carte postale. Ça revient à plus de 1.50$ la carte postale. Je gâte bien mes ami(e)s, ou bien j’en ai trop. Lesquel(le)s choisir? Décision à prendre l’an prochain. Couper les cartes postales...? Peu importe la grandeur il faut payer le timbre! C’est la quantité qu’il faut couper, pas la qualité! Mais l’amitié n’a pas de prix. Trouver une autre formule, comme une lettre à envoyer à une personne, qui la distribuera aux autres, comme je fais déjà sur l’île de Vancouver quand j’écris à mes amis de l’Outaouais, au Québec. A y penser! Manana! Enfin la banque où j’ai eu des difficultés à changer de l’$.. Je n’ai rien compris à ce que le gérant m’a débité en espagnol. Seulement un mot: passeport. Pas de panique! je n’ai pas de passeport, mais j’ai ce qu’il faut: certificat de naissance et permis Passages 37 de conduire tel que suggéré par l’agente de voyage. La banque et l’immigration sont deux choses différentes. Donc l’an prochain un passeport, car si la carte de crédit ne passe pas dans la machine, soit à cause de son incompatibilité, ou que le système ici ou au Canada est en panne, je suis aussi en panne et en maudit. Avec ma patience, mon innoncence, mon sourire et les quelques explications en espagnol que j’ai pu donner à savoir que l’an passé dans une localité plus petite que P.V. je n’avais eu aucun problème, comment se fait-il qu’ici, dans cette grande ville je ne peux pas changer de l’$? Fallait faire vite quand le gérant m’a demandé si je voulais changer 200$ en $U.S ou en $CN. J’ai opté pour 200$U.S. à 7.75 le $U.S. au lieu du $CN à 5.48. Suis-je gagnante en $ Je le saurai à mon retour en consultant mon relevé de caisse. Merci ! J’ai enfin des sous pour dépenser! Une patisserie pour pain croûté et muffin de maïs pour le déjeuner du lendemain. Reste à trouver le jus et la protéine qui l’accompagnera! Un resto pour la comida, où j’ai dîné d’une soupe de mariscos fruits de mer- avec un coupon pour une consommation gratuite, donné par le vendeur de t-shirt qui fait de la publicité pour son copain qui a une resto en tournant le coin de la rue. Amitié et commerce oblige! Merci! Le repos bien mérité de deux heures avec facture de repas de 50 pesos, pendant lequel j’ai écrit les cartes postalesà envoyer aux ami(e)s du Québec avec qui j’entretiens un lien postal et parfois téléphonique depuis les dernières onze années, et aux nouveaux depuis, en B.C., qui attendent de mes nouvelles. Une boutique piqua mon attention à cause d’une belle robe de coton naturel ornée de dentelle, que j’ai achetée car le patron voulait être gentil avec moi et me faire un bon prix: de 180 à 150pesos plus deux bandanas -ceinturons- de couleur! Je ne peux m’empêcher de noter la conversation en anglais et en espagnol, que j’ai eue avec le patron. Miguel, de Sonora, 38 Passages marié à une canadienne de Saskatoon. Ce soir elle joue au théâtre. C’est la première, dans une pièce en anglais. Pour elle, c’est un moment très attendu de sa carrière, jouer encore après avoir eu trois enfants. C’est lui qui gardera les enfants les soirs de théâtre. M’ayant dit qu’il voulait être gentil avec moi, je lui ai demandé la raison de ce désir. Il m’a révélé que sa résolution du jour de l’An c’était d’être plus gentil. Nous sommes le 15. M’a confié que sa femme désire qu’il soit plus gentil avec elle. Je lui ai répliqué que ça n’avait rien à voir avec les clients et j’ai poussé ma curiosité un peu plus loin en lui demandant ce qu’il faisait avec sa femme pour l’être. Il ne répondait rien. Lui ai demandé en riant s’il lui donnait des fleurs, la courtisait comme dans les premiers moments. Répondu que oui. J’étais désarmée, silencieuse. Il a ajouté qu’elle n’aimait pas qu’il critique, qu’il donne son point de vue. Il a ajouté avec un peu plus d’ardeur qu’il n’était pas une marionnette pour dire comme elle tout le temps, qu’il avait aussi son point de vue. Je lui ai répondu que ça dépendait peut-être du ton qu’il employait et de son côté à elle d’un manque de confiance en soi, d’affirmation. Je me sentais en terrain connu. Je me sentais comme une thérapeute en problèmes matrimoniaux, ou simplement humains: la communication, l’affirmation de soi et le respect des autres. Une rencontre spéciale. Un pied dans l’âme mexicaine, dans sa quête de compréhension, de relation avec l’autre, le différent, l’étranger, par le sexe, la couleur, la langue, la religion, ou simplement dans sa quête d’être humain, d’aimer et d’être aimé! Et tout cela parce que le chauffeur d’autobus m’avait déposé si loin, et que j’avais le temps d’écouter, parce que je comprenais un peu d’espagnol, et peut-être aussi parce que j’étais canadienne, que cet homme osa s’ouvrir le coeur et épancher à son tour son désir d’aimer et d’être aimé! Après de longues minutes de silence il ajouta qu’un soir, il paiera une gardienne et qu’il ira à la pièce de théâtre pour lui offrir une gerbe de fleurs. Passages 39 J’aimerais être petit oiseau! Nous sommes quittés parce que je voulais faire autre chose avant le coucher du soleil. Il m’a invité à venir faire un tour un autre jour en se versant un autre verre de jus de...? Il ne sentait pas l’alcool. Adios amigo! Très sympa! J’aimerais connaître sa femme! Au coin de la rue, en route vers le marché, une boîte à lettres pour mes cartes postales. Au mercado municipal, petite réplique miniature du marché de Guadalajara. J’ai revu des cartes postales de l’artiste Cabrera, appelé La Ardilla, comme l’animal, petit et rapide comme me l’a décrit le vendeur, sans savoir le nom en anglais, encore moins en français. ( un écureuil). J’ai offert 5 pesos chacune, voulant en acheter 6 et ayant payé 6 pesos ailleurs ce matin, ce vendeur en demandant 8. Il a accepté, ne sachant jamais jusqu’à combien les vendeurs sont prêts à baisser leurs prix. Traversé le fameux pont chambranlant en fil de fer, du Rio Cuale. Me tenant d’une main au fil de fer servant de rampe, et la canne servant d’appui au sol troué. Chaque personne qui y passe fait vibrer le pont un peu plus fort. Ça doit être à peu près cela que de marcher dans une rue lors d’un tremblement de terre, ne sachant pas où mettre le pied pour le pas suivant. Heureusement que la canne était là et que la distance fut courte! Retrouvé le bruit infernal du terrible cinq heures du soir en regagnant mon hôtel. Epuisée mais heureuse de ma première journée seule à P.V., ayant trouvé tout ce que j’y cherchais sans avoir eu besoin de demander à personne pour mon chemin, pour une telle boutique, pour une telle rue, me promenant avec le plan de la ville en main. Trop fatiguée pour aller voir le coucher du soleil à deux blocs d’ici, à la plage. Tant pis. Manana! 40 Passages Terminé la soirée en grignonant des nachos à la mexicaine: frijoles, fromage et tostadas avec salsa et une Dos Equis, ma bière favorite avec sel et limette, en lisant le "P.V. Today", le seul quotidien anglophone, qui parle de la vie d’ici pour les touristes afin de les occuper. Je lisais volontairement intensément, assise au bar de l’hôtel, pour éviter d’être haranguée par un gringo assis à mes côtés, cherchant désespéramment à entrer en communication avec moi à chaque fois que je lançais un regard vers la salle. Pas intéressée car il était visiblement intoxiqué d’alcool et de cigarette que je sentais bien malgré moi, les règlements étant bien différents ici qu’au Canada! Passant par le corridor qui mène du resto à l’hôtel, j’ai négocié le prix de ma chambre. Ayant fait une réservation du Canada, avec une facture d’interrurbain de 14$CN, je devrais payer 30$U.S. par nuit au lieu de 32$U.S. Vérification faite au livre de réservations, j’avais raison. En réalité je n’économisais rien, la facture de téléphone équilibrant mon épargne sur l’hôtel, mais je gagnais mon point de vue. De retour à ma chambre après cette journée bien chargée, il faisait bien bon de m’étendre, de m’allonger, de m’étirer, de m’élever les jambes sur ce lit très inconfortable où j’avais bien mal dormi la nuit précédente malgé les bouchons dans les oreilles. J’ai pris mes teintures médicinales pour dormir et pour calmer les douleurs lancinantes de mes muscles et de mes articulations, pour être sûreque je dormirais profondément pour récupérer. Demain une autre longue journée m’attend. Quand je repense à cette journée, la magie ou la grâce était avec moi. De plus, j’avais réussi à relever un défi important: être dans un autre pays, sans chaise roulante et pouvoir me débrouiller seule avec ma canne et mon handicap physique, ainsi que celui de la langue mexicaine”! Passages 41 Je me couche très reconnaissante, en ayant une pensée envers le monde que j’ai rencontré sur mon chemin de réhabilitation, envers les personnes qui ont prié pour moi et tous les êtres invisibles qui m’ont assistés à mon insu ou à ma demande. Combien de forces pourrai-je encore développer, combien de choses à être capable de faire pourrai-je récupérer, mon état de santé s’étant stabilisé? Ici c’est l’inconnu, mystère et boule de gomme! Je dis merci à l’enfant en moi qui m’a permis de cheminer. Je dis merci au parent en moi qui a pris soin de son enfant pendant quatre ans sans répit. Je dis merci à l’adulte en moi qui m’a permis de résister aux tentations d’abandonner la partie et de me laisser mourir, ou de crouler sous les jugements que je pense que les autres ont ou ont eu à mon égard! Puisse le Grand Manitou me pardonner ainsi qu’aux autres! Bravo Suzanne! Fleur de Soleil, Hôtel Posada Roger, P.V. Mexico, 15 janvier 1997, tard le soir. 42 Passages 5- La journée à Yelapa sur le Serape De retour très fatiguée, trop d'activités depuis trois jours mais d'excellente humeur, grâce au beau temps chaud et la beauté gratuite de la nature. Mal dormi ou si peu la nuit passée, ce qui n'aide pas à la fibromyalgie malgré. la chaleur du soleil. Arrêt à "Los Dos Arcos", pour permettre aux nageurs qui peuvent plonger de faire un peu d'exploration sous-marine. Je suis étonnée de voir à quel point Neil est en forme physiquement, lui qui a au moins quinze ans de plus que moi. Mais chacun son lot de misère. Il s'amuse comme un poisson dans l'eau, étant la première fois qu'il se baignait, la température ici n'ayant pas étét clémente les derniers jours. Pas de trace du tremblement de terre. Bravo! Je suis tellement heureuse d'être ici que de ne rien faire est un miracle. De voir l'eau aquamarine, d'entendre la musique mexicaine, de humer l'air salin, de sentir la chaleur sur mes épaules, à travers un gilet de coton car la brise étant fraîche sur l'eau pour moi, mon corps si sensible à la moindre fraîcheur, qui me donne des douleurs terribles comme si des millions d'aiguille me piquaient en même temps. Mais les autres passagers étaient en maillot exhibant leur corps déjà tanné de couleur caramel. Rendus à la plage après transfert de bateau, nous devons marcher quinze minutes. Je prends un long repos dans une chaise longue, sous prétexte d'être la gardienne de nos objets pendant que Jacquie et Neil se baignent. Plus tard Neil m'aidera à entrer et sortir de l'eau, la plage étant en pente et les vagues un peu grosses me déstabilisant. Quelle indépendance que d'être libre dans l'eau, de pouvoir me détendre de toute cette fatigue, de rafraîchir mon corps qui souffre quand même de la chaleur, même si c'est agréable d'enlever toutes les pelures de l'hiver. J'aimerais bien passer une nuit ou deux dans ces lits suspendus couverts d'un filet contre les moustiques, dans des cabanes de bambous aux toits de palmes, qui bordent la plage et qu'on peut louer sur place, pour environ 25$CN. Pas de téléphone au paradis! Ça m'a rappelé l'Afrique, couchant sous lemoustiquaire Passages 43 tous les soirs pendant deux ans, alors que j'étais enseignante au Togo, en Afrique de l'Ouest avec S.U.C.O. -Service universitaire canadien outre-mer-. J'imagine qu'ici le filet c'est pour la protection contre les scorpions, étant si près de la forêt. Les gens de l'île se déplace à pied ou à cheval, l'endroit n'étant accessible que par bateau. On peut aussi aller visiter une chute mais c'était trop loin pour y marcher, le bateau retournant trop tôt pour laisser le temps à Jacquie et Neil d'y aller. Alors le choix était facile, la plage, la farniente et le placotage. M'ayant peu exposée la peau au soleil, sauf le bout du nez rouge, je savoure nos rires, le plaisir d'être ensemble. Je me demande si parfois je raconte trop de détails dans mon histoire, ce n'est pas évident que tout le monde est intéressé. Je devrais peutêtre demander à mes interlocuteurs s'ils veulent entendre mon histoire, ou si je les ennuie, espérant qu'ils seront honnêtes, signe de bonne communication, sinon je gaspille mon énergie si précieuse. Priorité oblige! Je perds le sens du temps dans ma fougue, dans mon ardeur à raconter j'entre dans le passé come dans un tableau et je ravive la mémoire, les connections. Je prends aussi conscience que j'ai du talent à le faire, que j'y mets d l'humour et de l'intensité verbale et gestuelle, ne pouvant renier mes racines latines. Et d'histoires en histoires au fil de la journée, Neil m'a révélé que c'était très intéressant de suivre la saga au sujet de l'impossibilité pour mon fils d'avoir un examen de français de 12ième année du Ministère de l'Education de la B.C. à la fin de janvier mais seulement en fin de juin. J'avais travaillé très fort sur ce dossier. J'avais finalement réussi seule, car mon fils étant le seul francophone, les autres étudiants étant des élèves en immersion, et aussi le seul et le premier à se rendre jusqu'en 12ième. Mon fils avait réussi à recevoir cet examen à force de discussions, de persévérance et de respect de toutes les parties en cause, le professeur, l'école, la commission scolaire, le programme français, l'association des parents du programme-cadre, le Ministère, le syndicat des enseignants, et finalement l'ombudsman. Sans blâmer personne ni le système, en invoquant la justice 44 Passages et l'égalité des chances pour tous, francophone ou anglophone, l'article 23 de la Charte des Droits de la personne. Le même traitement s'appliquant aussi bien aux anglophones minoritaires étudiant en anglais au Québec qu'aux francophones minoritaires étudiant en français dans l'ouest du pays. Je fus donc très surprise d'apprendre que j'avais le support moral de ce directeur d'école lui qui m'avait déjà dit qu'il ne connaissait rien au programme français et de m'adresser à la commission scolaire ou à l'unique professeuranglophone, bilingue- qui enseignait alors le français de la 9ième à la 12ième, quand j'avais voulu avoir des informations sur le système de l'école alors que mon fils était en 8ième année à l'école "Middle School". Ça ne faisait qu'un an à cette époque que nous étions en B.C. et je voulais savoir ce qui ce passait dans cette école, à savoir si mon fils étudierait en français ou en anglais. Car étudier en français signifiait n'avoir comme cours que le français et les sciences humaines, qui interféraient avec le système en place car ces cours étaient semestriels alors que les cours en anglais étaient à longueur d'année. C'est pour cela qu'il y avait eu conflit avec le cours de français de 12ième. J'ai aussi appris par d`autres que l'adjoint au directeur de la commisssion scolaire, responsable du programme français, se sentait petit dans ses souliers car il savait que j'avais raison de défendre les droits de mon fils. Comme il ne se passait rien après les vacances de Noël et que l'examen était en fin janvier, j'avais finalement alerté les journaux locaux. C'était dérangeant, il fallait que je gagne, ça devenait politique et j'étais prête à aller plus loin, jusqu'en cour. J'avais déjà parlé au député à Ottawa, à l'occasion d'un vin et fromage à son bureau avant Noël. Il devait rencontrer le député de la province et lui en glisser un mot. Et c'était deux anglophones. La patate était chaude et il le savait. Moi je ne savais pas que j'étais "Un shit disturber" Je conmprends aujourd'hui pourquoi les anglophones de B. C. voient avec agacement que les francophones d'ici réclament leurs écoles. Y a-t-il donc toujours deux justices? Selon que vous serez puissants ou misérables, comme disait LaFontaine, il y a presque déjà quatre siècles. On n'a qu'à penser au procès d'O.J. Simpson pour la réponse. Et les Anglais du Québec qui se sentent Passages 45 non-respectés, eux qui ont leurs commissions scolaires, leurs universités et leurs hôpitaux. En B.C. non plus on n'est pas maître chez nous encore... dans nos écoles mais ça s'en vient vite, le processus étant en place au moment où j'écris ces lignes. Le directeur-adjoint de l'école après cette bataille m'avait dit que j'étais comme la petite souris dans l'histoire, qui s'était battue pour son pays et qui avait gagnée. Chapeau! Heureusement que cette année-là je ne travaillais pas le vendredi, ayant pris une journée sans solde pour me reposer, ma santé étant chambranlante. Quel repos! ... après la bataille! Je ne sais pas pourquoi mais avant même de commencer ce combat je savais intuitivement que je gagnerais. J'étais partie du bon pied, positive et ne blâmant personne mais disant la vérité et informant tout le monde au fur et à mesure des non-progrès et moi allant toujours un peu plus loin dans la machine bureaucratique du système pour le faire craquer enfin, afin de corriger une injustice flagrante. Pour toujours? Je ne sais pas, mais j'espère que beaucoup de personnes ont pris des leçons. Je suis toujours prête à aider moralement qui veut partir au combat contre des injusticces dans l'éducation et dans la vie. Ça fait partie de ma marque de commerce: sagittaire. Cette mémoire ravivée me permet de conclure que je suis très pointilleuse sur les questions de langue et de respect des minorités: femmes, hommes ou enfants et de toute forme d'injustice! J`ai alors accepté d`offrir mon aide à des parents anglophones pour qu`ils obtiennent du Ministère de l`Education un changement de date au sujet d`un examen final de 12ième, en leur expliquant le processus à suivre. Entendre les paroles de Neil m'a réconforté. J'aurais aimé les entendre au moment où ça se passait, mais c'était trop politique. Chacun était muré dans son chateau-fort, muet et sur ses gardes jusqu'au dénouement. En tous cas, aujourd'hui je le trouve plus sympathique, comme quoi s'ouvrir le coeur ça aide à sortir les vieilles bibites et comprendre les comportements des gens. Il a un sens de l'humoir assez tranchant. Très anglais. Alors je ne comprends pas toujours. 46 Passages En revenant à bon port on nous a servi à manger et à boire à volonté.Avant de leur faire mes adieux je suis allée visiter leur "ghetto de touristes riches qui possèdent un condo à temps partagé", au Sheraton Bougainvilliers, au nord de Puerto Vallarta, en dehors de la zone urbaine. Très beau village, propre comme un sou neuf. Un village dans une ville. Ces ghettos permettent aux touristes de circuler sécuritairement à travers le monde, mais en vivant avec des double-serrures aux portes; des vidéos caméras dans tous les couloirs, les ascenseurs, des coffrets de sûreté au besoin. Coupés aussi de la vraie vie mexicaine, de celle en tout cas où je m'en vais vivre à Melaque. Et pour eux ce sera d'autres ghettos à visiter, à Manzanillo, à Zihuatanejo et Ixtapa. Il y a donc des moyens de voyager moins cher. Le condo partagé c'est du surluxe. Quelle différence ça fait en bout de compte? Question de choix. Où j'irai ça sera du luxe selon les standards du mexicain moyen: une chambre avec deux lits doubles, de l'eau chaude à la douche, de l'eau potable fournie, et une cuisine commune où je peux préparer mes repas dehors au lieu d'être à l'air conditionné qui me fout la sinusite à chaque fois, pour la modique somme de 10$CN la nuitée, et la plage de l'autre côté de la rue Une simple clé pour ma chambre qui n'est à peu près jamais barrée sauf la nuit car on se connaît, seulement dix chambres, pas le genre on est 2 millions-faut-se-parler!. Jacquie m'a reconduite à l'arrêt d'autobus en chaise roulante, c'est pour dire qu'il y avait une trop grande distance à marcher pour moi. Nous nous sommes dit adieu en espérant qu'on se reverra peut-être à Melaque pour quelques jours entre deux condos, à venir essayer mon petit hôtel et ma façon d'être en vacances. Sinon ils me téléphoneront de Manzanillo et nous arrangeront une occasion de nous rencontre à nouveau. Je lui ai dit combien j'étais heureuse d'avoir passé un temps merveilleux avec eux le premier soir et aujourd'hui. La vie a bien des surprises dans son sac. Que ce temps passé avec eux à Puerto Vallarta avait meublé ce facteur inconnu d'une façon bien agréable et avait facilité mon arrivée au Mexique seule et ne sachant pas comment je pourrais m'arranger dans cette grande ville Les secrets de la Providence, pour l'appeler par son nom sont insondables et mystérieusement agréables. Passages 47 Débarqué au centre-ville et repéré un terminus d'autobus longue distance. Acheté mon billet pour Melaque. Départ demain en Primera Plus pour trois heures et demie de route pour 71 pesos, alors qu'il m'en a coûté 20 pour une demi-heure ce matin, en taxi, pour me rendre à la marina, ne sachant pas quelle distance il me faudrait marcher jusqu'au bateau. Je me suis dis que ça serait une bonne affaire de téléphoner à la proprio de l'hôtel, Evelia, lui annonçant mon arrivée vers 7p. m. J'étais si émue que je n'arrivais pas à trouver mes mots. Hâte de la revoir et de reprendre le fil de nos conversations quotidiennes de femmes devenues amies. J'ai finalement trouvé le temps et le bon moment pour appeler mon fils pour lui dire que tout allait bien. Mais c'est au répondeur à qui j'ai laissé le message. Alors ça ne lui fait ni chaud ni froid à cette machine mais au moins ça permet quand même de dire qu'on est encore en vie. J'ai averti mon fils que je partais pour Melaque demain, étant repue de Puerto Vallarta. J'étais triste de n'avoir pu lui parler, mais contente de dire que tout allait bien malgré mon immense fatigue. mais que demain, en autobus ça me reposera! J'ai aussi le reste des vacances pour le faire! Alors pas de problème et bonne nuit! J'espère que j'aurai un sommeil de plomb le soleil m'ayant tapé dessus assez fort pour aujourd'hui! Fleur de Soleil, Hôtel Posada Roger, P.V. Mexique, 16 janvier, en soirée 48 Passages 6- Le vrai départ Oh! que la nuit fut bonne à dormir! Oh! que j'ai mal à mes os, à mes muscles, à mes articulations. Oh! que je suis heureuse de m'en aller de Puerto Vallarta! Oh! que je suis contente d'avoir bouclé les valises! Après avoir bu un jus de fruit de goyave et grignoté quelques biscuits j'ai décidé pour tuer le temps d'aller faire un tour du côté de la mer, à quelques blocs d'ici. Marché une heure aux alentours pour trouver un autre hôtel lors d'un futur arrêt ici Les rues du centre-ville sont si bruyantes peu importe l'hôtel où je serai. Je suis aussi très lasse, m'arrêtant tous les cinq minutes, ayant beaucoup trop de douleur. Je paie maintenant les conséquences pour mes trois jours de plaisir. Est-ce qu'un jour les symptômes de l'après-polio seront derrière moi et que je pourrai à nouveau être comme avant? Mystère et boule de gomme mais je ne me fais pas d'illusion. Prendre une journée à la fois et en tirer la meilleure partie comme madame tout le monde. Il y a aussi la chaleur, le temps humide, le bruit du restaurant au El Toucan où je suis assise. C'est plein et une longue file d'attente. Je ne suis vraiment pas bien. Je dois être affamée. Même hier sur la bateau, le bruit des moteurs, de la musique et du G.O. Est-ce donc cela que les touristes cherchent quand ils viennent ici? S'étourdir, se polluer de bruit, de CO2, d'alcool et fêter jusqu'aux petites heures du matin. Ils ont dû fêter moins fort hier soir car j'ai réussi à dormir. Me suis réveillée en forme pour fonctionner au ralenti! Commande et réception de mon déjeuner-dîner. Le garçon n'a pas bien compris ce que je voulais: légumes frits sans l'omelette, des patates rissolées et des frijoles. Reçu l'omelette aux légumes. Le gérant qui parle anglais a finalement compris que je voulais un repas végétarien qui ne figure pas au menu dans ce pays de musique et d'oeufs ranchero. Qu'est-ce qui est venu en premier, Passages 49 la musique country des U.S.A., du Canada ou du Mexique? J'ai dégusté rapidement mais avec plaisir mon plat car l'heure du départ approchait très vite, même si "mexican time" existe et qu'il y a toujours "manana". C'est aujourd'hui que je pars. J'en ai assez de la vie de touriste, j'ai besoin de calme, de solitude et surtout de ne rien faire jusqu'à ce que je récupère et que mes forces reviennent. Au moment de payer on m'avait chargé l'onmelette et tous les extras. Négociation et suggestion d'offrir au moins un menu végétarien dans le futur. Tout dit en espagnol et sur un ton poli, malgré le temps qui filait, qui filait et la file qui attendait et moi qui faiblissait et m'inquiétait au sujet de mon départ. Un excellent restaurant où on y sert des crèpes et des gauffres à longueur de journée. Le soir, le resto est moins occupé, les touristes désirant autre chose que des omelettes et des frijoles. Payé mon hôtel. Essayé de négocier encore, que si je payais comptant en pesos, on me donnerait 10% d'escompte, comme on avait fait au resto le premier soir. Ayant appris que les restos préfèrent les dineros vivants que sur cartes de crédit, je pensais gagner quelques sous. Non! Alors ça sera la carte de crédit pour sauver les pesos qu'il me reste afin de m'éviter d'aller à Cihuatlan, à une heure d'autobus de Melaque, car l'autobus arrête partout. Ou quinze minutes en auto. Mais je n'ai pas d'auto et je n'en désire pas, trouvant qu'ici il y a un système d'autobus qui me convient. Taxi! Me voilà à la gare d'autobus, dix minutes d'avance. Bueno! Je trouve cela excitant, car ça c'est le vrai départ. Ce que je viens de vivre avant c'était en attendant, pour me distraire comme touriste. C'est un peu chez moi où je m'en vais, y ayant habité huit semaines l'an passé. Dans l'autobus, première classe, très confortable, un peu frisquet, l'air climatisé étant de mise, j'ai rencontré une femmeauteure, de Seattle et qui souffre de schlérose en plaques. Nous avons parlé longuement de santé, comment chacune de nous, nous prenons soin de nous-mêmes, selon nos symptômes similaires 50 Passages mais aussi différents. Comment nous essayons aussi de mener une vie la plus saine possible et la plus proche de la nature de par le manger et le style de vie. J'irai la voir à Barra de Navidad, le village voisin, à quinze minutes d'autobus, et pour quelques pesos. Elle m'a inspiré beaucoup pour continuer d'écrire mon journal et sur la vie que je vivrai au Mexique. On verra ce qui arrivera, si j'aurai la patience de me soumettre à cet exercice d'écriture quotidien. Je devais m'asseoir au siège #5, derrière le chauffeur avec vu vers l'intérieur du pays plutôt que la côte mais quelqu'un d'autre était assis à ma place quand je suis embarquée. L'homme de Vera Cruz a vérifié avec moi si c'était o.k. de "cambiar" -changer- de place, car il voulait être assis avec son copain, musicien lui aussi. Ils s'en allaient à Ixtapa pour jouer de la musique. "No problema!" que je lui ai répondu. Je me suis donc retrouvée assise dans le premier banc, à droite du chauffeur. La place de choix pour voir le paysage à gauche et à droite. Je ne l'avais pas choisi hier car je craignais d'avoir le soleil trop longtemps à ma droite. Temps nuageux aujourd'hui. Le hasard a voulu que je rencontre Kathryn, plutôt que des ménestrels de Vera Cruz. Celui qui parlait anglais m'a baisé la main en descendant à Melaque. Je lui ai souhaité bonne chance et lui ai dit que peut-être je les reverrais dans cette ville, à la plage, au resto Viva Maria s'ils venaient un soir y chanter. Adios! Amigos! Je suis enfin ici! Quel bonheur! Taxi! Et je file vers le nord de la baie, à un coin de rue de la plage. Enfin je vais pouvoir avoir une routine : dormir, peindre, écrire, me faire la cuisine, me baigner dans la mer tous les jours, la sieste dans le hamac, mes placotages avec Evelia, la rencontre de gens nouveaux et anciens. Quel luxe m'attend! Fleur de Soleil,17 janvier, Bar El Toucan P.V. jour, & hôtel à Melaque, soirée.