Annexe 1 - La bande-annonce. Note lexico
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Annexe 1 - La bande-annonce. Note lexico
Annexe 1 La bande-annonce. Note lexico-bibliographique Si la publicité du cinéma est étudiée, plus particulièrement aux Etats-Unis, peu d’écrits semblent avoir été consacrés spécifiquement à la bande-annonce, alors qu’elle a une longue histoire, puisque ce véhicule publicitaire prend forme dans les années 1910 et s’impose déjà vers 1919-20, aux Etats-Unis en tout cas. Si l’on va aux lexiques les plus anciens, chez Cauda 1936, p. 170, trailer désigne l’amorce de fin d’une copie (le leader, l’amorce de début) ; p. 325, trailer film est corrélé à Kurzfilm, court métrage. Par contre announcement (p. 331) l’est à Voranzeige, présentation, presentazione, corto metraggio di presentazione, mais aussi, moins spécifiquement à la publicité cinématographique en général. Elsevier 1956 définit le mot trailer (entrée n°2932) dans son acception actuelle : « a s[h]ort film shown in the theatres to advertise the coming feature film of the next programme. » et le corrèle à bande annonce / avance de la pélicula, cortometraje de presentación / cortometraggio di presentazione prossima, presentazione del prossimo film / vooraankondiging / Voranzeige. Dans un cas comme dans l’autre, on ne distingue pas clairement ce qui est traduction du sens ou terme professionnel équivalent, et comme il ne s’agit pas de lexiques historiques, on n’apprend rien de la date d’occurrences repérées dans le jargon technique de telle ou telle aire linguistique. Ce qui est établi, par contre, c’est dès 1919-20 aux Etats-Unis, avec la standardisation de l’objet, l’emploi commun du terme trailer pour « bande-annonce », rendant obsolète les premières désignations comme advance strip of film, animated herald ou screen announcement (Hediger 2001, pp. 79-84). Ernesto Cauda, Dizionario poliglotta della cinematografia (tedesco, inglese, francese, italiano. Edizione internazionale, Stab. Tip. "Leonardo da Vinci, Castello, 1936. Elsevier’s Dictionary of Cinema, Sound and Music in Six Langagues, Elsevier, Amsterdam, 1956, W.E. Clason, éd. Consacrée au cinéma américain, la thèse zurichoise de Vinzenz Hediger constitue d’une façon générale un excellent point de départ pour une étude de la bande-annonce. Elle comprend une riche bibliographie sur le marketing cinématographique hollywoodien et un dvd des bandesannonce constituant le corpus exploité par l’auteur : - Vinzenz Hediger, Verführung zum Film - Der amerikanische Kinotrailer seit 1912, Schüren Marburg, 2001, (Zürcher Studien, 5). Nous n’avons pas trouvé d’écrits particuliers sur la bande-annonce qui touchent le territoire suisse. Mentionné dans sa bibliographie par Hediger 2001, un article de Catherine Mühlemann, alors collaboratrice de Schweizer Fernsehen DRS, ne porte pas sur le cinéma, mais rend compte d’une évaluation, basée sur des sondages menés en 1995 et 1997, de l’efficacité de la bandeannonce télévisuelle pratiquée par la DRS : - Catherine Mühlemann, « Comment le public suisse perçoit-il la bande annonce ?», in : Diffusion UER (Genève), printemps 1997, pp. 59-62. Le précieux Kleines Filmlexikon, lui consacre une entrée, rappelée par Babilas (1952) : - Charles Reinert, Kleines Filmlexikon, Einsiedeln, Zurich, 1946, entrée « Reklamevorspann », p. 277. Un des rares textes analytiques consacrés à la bande-annonce appartient aux études cinématographiques allemandes de l’après-guerre. Il est dû à un jeune « romaniste », qui allait devenir un spécialiste de l’œuvre de Louis Aragon : - Wolfgang Babilas, "Dramaturgie der Vorschau", in: Filmstudien. Beiträge des Filmseminars im Institut für Publizistik an der Universität Münster, Verlag Lechte, Emsdetten, 1952 (Walter Hagemann, éd.), pp. 51-59. Entamant son étude par une comparaison avec la pratique littéraire du « Waschzettel », soit la prière d’insérer (ce qui suggèrerait aujourd’hui une approche de la bande-annonce considérée comme « paratexte éditorial », selon la catégorisation de Gérard Genette), l’auteur analyse en particulier la bande-annonce allemande de Rasputin (La tragédie impériale, Marcel L’Herbier, F 1937). Il appuie ses observations sur les fonctions et les formes du genre en citant également Auf des Schicksals Schneide (Edge of Doom, Mark Robson, USA 1950), Leichte Kavallerie (Werner Hochbaum, All. 1935), Der Mann, der zweimal leben wollte (Viktor Tourjansky, RFA 1950), Morgen ist es zu spät (Domani è troppo tardi, Léonide Moguy, I 1950), Teufel im Leib (Le diable au corps, Claude Autant-Lara, F 1947), Die Frauen des Herrn S. (Paul Martin, RFA 1951). Nous détaillons ces titres en espérant qu’il s’en trouvera certains dans les collections de bandes-annonce de la Cinémathèque suisse ou du Lichtspiel Bern. Rares aussi – en tout cas à notre connaissance balbutiante – les témoignages de réalisateurs ou plutôt de monteurs de bandes-annonce. Pour le cinéma français des années 1930, Jean-Devaivre (1912-2004) nomme Jean Sacha (1912-1988) et lui-même, mentionnant quelques titres en passant : Loups entre eux (Léon Mathot, 1936), Troïka sur la piste blanche (Jean Dréville, 1937), Double crime sur la ligne Maginot (Félix Gandéra, 1937), Rappel immédiat (Léon Mathot, 1939), et ses propres films, La dame d’onze heures, 1947, Ma femme, ma vache et moi, 1951, Voir Jean-Devaivre, Action !, Nicolas Philippe, Paris, 2002, p. 38, pp. 46-47, p. 218, p. 259, p. 271. Enfin, la prise en compte de la bande-annonce dans le cadre d’une approche analytique générale n’est guère fréquente. On en trouvera un exemple récent, motivé par une conception multimédiale du cinéma, au seuil de l’ouvrage d’Alain Boillat, Cinéma, machines à mondes. L’auteur y étudie une des bandes-annonce de Resident Evil : Retribution (2012), considérant que celle-ci « cristallise différents aspects du cinéma de grande consommation actuel » qu’il se propose d’examiner en abordant le long métrage lui-même et d’autres films, soit « l’assimilation du long-métrage à un monde qui excède le film lui-même (…) ; l’exhibition de la médiation technologique (…) ; le renforcement de l’immersion (…). » Dans une note, Boillat constate que « l’appréhension du film comme monde plutôt que comme récit convient parfaitement à la fonction de la bande-annonce qui consiste, comme la montré Vinzenz Hediger, à transmettre des informations sur des éléments tels que "l’action et l’atmosphère" du film sans déflorer le récit "qui représente l’essence du produit" à venir (Hediguer 2001 : 24). » Alain Boillat, Cinéma, machines à mondes Essai sur les films à univers multiple, Georg, Genève, 2014, Coll. Emprise de vue, pp. 35-39, nos citations : p. 38 ; p. 79, note 24).