De la Hi-Fi pour les audioprothèses ? Joindre les services d`urgence

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De la Hi-Fi pour les audioprothèses ? Joindre les services d`urgence
40
n°
Trimestriel
Octobre
2010
8€
De la Hi-Fi pour les audioprothèses ?
Joindre les services d’urgence par SMS
Bien remplir son dossier MDPH
Pour une meilleure application
du devis normalisé
N°ISSN : 1624-0987
Malentendants, Devenus-Sourds, ne restez pas seuls !
10
Association des Malentendants
et Devenus Sourds de l’Aube
Maison de quartier des Marrots
23, rue Trouvassot - 10000 Troyes
Tél. : 03 25 71 04 84 - [email protected]
13
Surdi 13
Maison de la Vie Associative - Le Ligourès,
pl. Romée de Villeneuve - 13090 Aix en Provence
Tél. : 04 42 54 77 72 - Fax : 09 59 46 05 95
[email protected] - www.surdi13.org
22
Association des malentendants
et devenus sourds des Côtes d’Armor
15, rue du Dr Rahuel - 22000 Saint Brieuc
Tél./Fax: 02 96 33 41 76 - [email protected]
des Devenus Sourds
53 Association
et Malentendants de la Mayenne
: Fraternité Catholique des Sourds
Lorrain des Devenus Sourds
54 L’Espoir
75 F.C.S
47, rue de la Roquette 75011 Paris
3 allée de Bellevue - 54300 Chanteheux
34 Surdi 34
et Vie,
56 Oreille
association des MDS du Morbihan
11 P. Maison des Associations
12, rue Colbert - 56 100 Lorient
Tél./Fax : 02 97 64 30 11 (Lorient)
02 97 63 77 71 (Vannes)
[email protected]
www.oreilleetvie.org
35 Keditu
12, square Georges Travers - 35700 Rennes
Tél. : 02 99 30 84 67 - Fax : 02 99 67 95 42
[email protected] - www.keditu.org
Maison du Patient
55 bis, rue Gustave Flaubert
76600 Le HAVRE
Tél. : 02 35 54 12 90
Fax : 02 32 73 35 61
[email protected]
Maison des Genêts
2, rue des Genêts - 59650 Villeneuve d’Ascq
SMS : 06 74 77 93 06
Fax : 03 62 02 03 74
[email protected] - www.adsm-nord.org
64 ARDDS-Pyrénées
Maison des Sourds
68
Association des Malentendants
et Devenus Sourds d’Alsace
63a, rue d’Illzach - 68100 Mulhouse
: Association Lyonnaise
69 ALDSM
des Devenus Sourds et Malentendants
77
29, rue des Muriers - 38180 Seysins
Tél. : 04 76 49 79 20 - [email protected]
49
49 Surdi
Maison des sourds et des malentendants
22, rue du Maine - 49100 Angers
[email protected] - http://surdi49.fr/
72
72 Surdi
Maison des Associations
4 rue d’Arcole - 72000 Le Mans
Tél./Fax : 02 43 27 93 83
[email protected]
http://alls.free.fr/surdi-72
Manche
: Association Réadaptation
50 ADSM
75 ARDDS
Les Unelles - rue St Maur - 50200 Coutances
et Défense des Devenus Sourds
Tél./fax : 02 33 46 21 38 - Port. : 06 84 60 75 41
[email protected]
Antenne Cherbourg - Maison Olympe de Gouge
rue Île-de-France - 50100 Cherbourg Octeville
Tél. : 02 33 01 89 90 - Fax : 02 33 01 89 91
Maison des associations du xxe
1-3 rue Frédérick Lemaître - 75020 Paris
[email protected]
www.ardds.org
Sections : 02, 15, 38, 44, 46, 56, 57, 64, 74, 85
AIFIC : Association d’Île-de-France
des Implantés Cochléaires
11, rue du Poirier de Paris.
77280 Othis
[email protected] / www.aific.fr
Surdi 84
84 A.C.M.E
962, les jardins, av. Pasteur
84270 Vedene
Tél. : 04 90 23 37 66
[email protected]
85
85 ARDDS
C°/ M. Giraudeau
4, rue des mouettes - 85340 Île d’Olonne
[email protected]
Tél. : 02 51 90 79 74 (si pas courriel)
9, impasse Jean Jaurès 69008 Lyon
Tél./Fax : 04 78 33 36 69
[email protected]
38 ARDDS-38
C°/ A.-M. Choupin
✁
Association Normande
76 ANDS
des Devenus Sourds
des Devenus-Sourds
59 Association
et Malentendants du Nord
66, rue Montpensier - 64000 Pau
Tél. : 05 59 81 87 41 - [email protected]
46, cours Gambetta - 34000 Montpellier
Tél. /Fax : 04 67 42 50 14
[email protected] - www.surdi34.com
Tél. : 02 41 34 32 61
Fax : 02 41 72 12 50
[email protected]
http.//fcs.malentendants.free.fr /
Antennes : 01, 06, 12, 17, 20, 21, 22, 31,
32, 37, 54, 59, 69, 72, 75, 76, 78, 80
Tél. : 03 83 74 12 40
[email protected]
30 Surdi 30
20, place Hubert Rouger - 30000 Nîmes
Tél. : 04 66 68 17 10 - SMS : 06 16 83 80 51
[email protected] - http://perso.wanadoo.fr/surdi30
75010 Paris
Tél. : 01 42 41 74 34
[email protected]
15, quai Gambetta - 53000 Laval
Tél./Fax : 02 43 53 91 32
[email protected]
des Malentendants
29 Association
et Devenus Sourds du Finistère. Sourdine
49, rue de Kerourgué - 29170 Fouesnant
Tél. : 02 98 51 28 22
[email protected] - http://sourdine29.org
Antenne 29 Nord : [email protected]
Tél. : 06 76 25 71 70
Île-de-France
75 AUDIO
20, rue du Château d’eau
des Enseignants Devenus
86 Association
Malentendants de Poitou-Charentes
9, allée de la Vigne - 86280 St-Benoît
Tél. : 05 49 57 17 36
[email protected] - http://aedmpc.ifrance.com
Antennes : 16, 17, 79
91
AAE : Action Auditive de l’Essonne
14, Sente des Vignes
91480 Varennes Jarcy
Fax : 01 69 00 47 17
[email protected]
[email protected]
www.action-auditive.org
Je m’abonne à la revue
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des dons et legs. Vous pouvez le soutenir dans ses actions en faveur des devenus sourds
et malentendants en lui envoyant un don (un reçu fiscal vous sera envoyé) ou en prenant
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Sommaire
Éditorial
N°40 ■ Octobre 2010
Ma surdité ? Non, ça ne se voit pas !
Éditorial
3
Audioprothèse
De la Hi-Fi pour les audioprothèses ? 4
Les 10 commandements
pour vos appareils auditifs
7
Un article dans « Le Particulier »
sur les prothèses auditives
8
Manque-t-on d’audioprothésistes
en France ?
9
Accessibilité
Quand pourrons-nous joindre
les services d’urgence par SMS ?
10
Google et la reconnaissance vocale,
France 24 et la retranscription
12
automatique
Pratique
Bien remplir son dossier MDPH
13
Régions
Action de Surdi13 pour une meilleure
14
application du devis normalisé
Libre expression
Note de lecture
16
est une publication du Bureau de Coordination
des associations de Devenus Sourds et Malentendants
Union d’associations reconnue d’utilité publique
Ce numéro est tiré à 2 500 exemplaires
Bucodes SurdiFrance
Maison des associations
1-3, rue Frédérick Lemaître - 75020 Paris
Tél. : 09 54 44 13 57 - Fax : 09 59 44 13 57
Comme Patrick Papin l’explique dans son petit
livre, un malentendant ou devenu sourd constate
qu’il y a deux mondes ; celui des malentendants
et celui des bien entendants.
La détresse psychologique, qui en découle, est réelle,
et l’enquête de l’UNISDA à ce sujet, qui a reçu plusieurs milliers de réponses, en est une preuve.
La technologie avance ; vous lirez des articles sur la
HIFI pour les audioprothèses et sur la transcription
écrite automatique des contenus diffusés à l’antenne.
Un appel d’urgence par fax ou par SMS ? Bucodes SurdiFrance suit très attentivement les discussions à ce sujet du Centre National Relais pour les appels
d’urgence. Envoyer et recevoir des SMS avec son téléphone portable est
devenu un mode de communication très répandu des personnes malentendantes et sourdes. Nous constatons que beaucoup de personnes âgées,
après une période d’adaptation, l’ont adopté. Le prix des aides auditives reste
prohibitif. La revue le Particulier a passé au crible les tarifs des aides auditives. Bucodes SurdiFrance estime que le devis normalisé permet une plus
grande transparence et constitue de ce fait une nette amélioration.
Bucodes SurdiFrance en cette nouvelle rentrée se veut vigilant, car de nouveaux
textes sur les retraites vont se discuter au Parlement, les personnes malentendantes en activité, sont concernées par le recul de l’âge de la retraite.
La PCH (Prestation de Compensation du Handicap) accordée jusqu’à 60 ans
et dans certains cas au-delà, attire notre attention, car les plus de 75 ans en
sont exclus, alors que les besoins sont importants. Cette discrimination par
rapport à l’âge devait disparaître en février 2010, on attend toujours…
Dans un monde où tout va trop vite (ordinateurs, e-mails, SMS, radio, télévision) prenons une heure de notre temps pour faire un petit bout de chemin
avec celui ou celle qui croise notre route, apprenons à nous servir de nos
autres sens, regardons chaque matin comme un jour nouveau en devenir,
trouvons chaque jour « un petit bonheur » et notons-le. On peut apprendre à
vivre avec son handicap auditif, au lieu de tenter de survivre. Portons la rose
Arpège, présentée dans notre précédent numéro, à notre boutonnière, comme
un signe (rosiers vendus à notre profit dans les jardineries Jardiland).
Sachez que Bucodes SurdiFrance qui réunit quelques 27 associations
dans la France entière, est à vos côtés !
Aisa Cleyet-Marel, Surdi34 ■
Vous êtes malvoyant et vous avez du mal à lire Résonnances
Contactez-nous à [email protected] et nous vous enverrons une
version pdf que vous pourrez lire en gros sur votre écran d’ordinateur. ■
Courrier des lecteurs : [email protected]
Rédacteur en chef :
Jacques Schlosser
Ont collaboré à ce numéro :
Richard Darbéra, René Cottin, Brice Meyer-Heine,
Aisa Cleyet-Marel, Jeanne Guigo,
Maripaule Pelloux.
Couverture : © www.lmdc.net
Mise en page - Impression :
Ouaf ! Ouaf ! Le marchand de couleurs
16, passage de l’industrie 92130 Issy-les-Moulineaux
Tél. : 01 40 93 03 02 - Web : www.lmdc.net
Commission paritaire : 0908G80672
ISSN : 1624-0987
Actions du Bucodes SurdiFrance
Depuis le début de l’année, le Bucodes a participé aux 13 réunions de travail du Comité
de pilotage du centre national de relais des appels d’urgence des personnes déficientes
auditives. Il agit afin que la possibilité de passer des appels d’urgence par SMS soit mise
en œuvre sans attendre que l’ensemble du système soit opérationnel dans plusieurs
années. Il agit également au sein de l’observatoire des prix de la Caisse Nationale de
Solidarité pour l’Autonomie (CNSA) : après une enquête sur le prix des prothèses auditives en Europe ce sont les services offerts par les audioprothésistes français qui vont
faire l’objet d’une réflexion. Sur la même question il a contribué aux travaux de la
Direction de la Sécurité Sociale. Le Bucodes participe aussi aux réunions du groupe de
travail du « baromètre santé sourds et malentendants » dont l’objectif est d’adapter à ces
populations le « Baromètre Santé » de l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) qui permet de suivre les comportements, attitudes et perceptions
liés aux prises de risques et à l’état de santé de la population résidant en France. ■
Octobre 2010 - Résonnances
3
Audioprothèse
De la Hi-Fi pour les audioprothèses ?
De la Hi-Fi pour les audioprothèses ?
Beaucoup d’idées fausses circulent sur les audioprothèses. Certaines sont portées
par les audioprothésistes eux-mêmes qui les ont acquises pendant leur formation
(les enseignants sont bien souvent des audioprothésistes).
Nous présentons ci-dessous 2 articles parus dans une revue américaine d’audioprothèse « hearing review » qui battent en brèches certains de ces préjugés.
Le premier article (1) date de janvier 2004 et peut se traduire
ainsi « Préjugés qui bloquent les améliorations dans le
développement des audioprothèses ». L’auteur est le
Dr Killion, un audiologiste, ingénieur, titulaire d’un doctorat
en acoustique et qui a déposé une cinquantaine de brevets sur les audioprothèses ou appareils d’amplification.
En effet les essais montrent qu’il est possible de fabriquer des audioprothèses d’excellentes qualités mais
ils montrent aussi que de nombreuses audioprothèses
modernes du marché ne donnent ni une bonne compréhension dans le bruit ni une qualité de son exceptionnelle (2).
■ Les préjugés en audioprothèse
Pour le Dr Killion ce sont des préjugés absurdes (dont
les 2 cités plus haut) qui conduisent à fabriquer des
audioprothèses insatisfaisantes.
L’article s’attaque principalement à 2 préjugés courants :
- Les personnes normo-entendantes ne peuvent pas
juger de la qualité d’une audioprothèse car ils n’ont
pas de perte auditive.
- La qualité des audioprothèses en terme de fidélité n’a
pas d’importance pour les déficients auditifs car ils
ne peuvent pas entendre la différence.
■ Des audioprothèses insatisfaisantes
Tout d’abord il rappelle que des études précédentes
montrent que :
- 80 % de ceux qui se reconnaissent déficients auditifs
n’achètent pas d’audioprothèses,
- 40 % de ceux qui se sont faits appareiller se placent
dans les insatisfaits,
- l’amélioration de la compréhension dans le bruit est
le premier souhait des porteurs d’audioprothèses.
- l’amélioration de la qualité du son est le second souhait.
En dépit de ce souhait de l’amélioration de la compréhension dans le bruit seulement 20 à 30 % des audioprothèses vendues ont des micros directionnels tandis
qu’au contraire la plupart ont un système de réduction
de bruit et d’amélioration de la parole : système qui,
selon l’auteur, n’améliore pas la compréhension dans
un environnement bruyant type bruit de restaurant.
Selon l’auteur la satisfaction des porteurs d’audioprothèses ne s’est pas améliorée avec le passage au numérique, ce sont surtout les prix qui ont augmenté, souvent
du simple au double. Cela est très surprenant car les capacités théoriques d’adaptation des prothèses numériques
sont bien meilleures que celle des analogiques.
(1)
(2)
4
■ Le problème de la bande passante
On considère souvent en audioprothèse qu’une bande
passante limitée à 5 000 Hz dans les aigus est largement suffisante. L’article cite une étude sur des
enfants appareillés qui ont été testés avec une voix de
femme : la compréhension s’améliore de façon impressionnante, passant de 10-30 % à 78-100 % lorsqu’on
augmente la bande passante jusqu’à 9 000 Hz comme
le montre le tableau ci-dessous.
Limite
de la bande
2 000 3 000 4 000 5 000 6 000 9 000
passante (Hz)
Pourcentage de
compréhension 18-25 16-35 10-30 15-32 25-70 78-100
(%)
■ Entendants et malentendants ont
la même exigence de qualité de son
Des essais ont été effectués avec 60 entendants et 16
malentendants ayant une perte auditive pentue (la perte
auditive s’accroît dans les aigus, voir le graphique).
Les appareils testés étaient des marques suivantes :
Audina, GN ReSound, Oticon, Phonak, Siemens,
Starkey, et Widex, il y avait aussi une audioprothèse
expérimentale à haute fidélité (AEHiFi) avec une bande
passante de 16kHz.
www.hearingreview.com/issues/articles/2004-01_03.asp
l’article date de 2004, il faudrait refaire le test avec des audioprothèses plus récentes, notamment peut être avec la transposition ou compression fréquentielle (MIND de Widex ou NAIDA de Phonak). Cependant l’enquête Que Choisir (cf. Résonnances n°38) note la compréhension dans
le bruit comme très mauvaise avec moins de 60 % de satisfaits et seulement bonne dans le silence (75 à 85 % de satisfaits).
Résonnances - Octobre 2010
Audioprothèse
De la Hi-Fi pour les audioprothèses ?
Perte auditive (dB)
Pertes auditives pour l’échantillon de 16 malentendants avec une perte pentue
10
Perte maxi (dB)
0
-10
Perte moyenne (dB)
-20
Perte mini (dB)
-30
-40
-50
En conclusion
-60
- Accroître la fidélité des appareils
apparaît comme le seul moyen
d’accroître l’intelligibilité.
- De façon surprenante les sujets
malentendants jugent la fidélité
du son aussi bien que des normoentendants. ■
-70
-80
-90
-100
-110
250 Hz
500 Hz
1 000 Hz
2 000 Hz
4 000 Hz
Sans entrer dans le détail des essais fort complexes, on
peut dire qu’il était demandé aux personnes de juger de
la qualité acoustique des prothèses sur des morceaux de
musiques : chaque audioprothèse était notée.
La surprise c’est que les entendants donnent globalement les mêmes notes que les malentendants, la AEHiFi
obtenant la meilleure place. Les tests ont même montré
que la qualité du son importait plus aux malentendants
qu’aux entendants (les malentendants sont plus exigeants sur la qualité du son contrairement au préjugé).
Finalement les résultats montrent que la note moyenne
attribuée par les testeurs humains est en accord avec un
test électronique basé sur la mesure de la réponse dans 25
bandes de fréquences (excepté pour une audioprothèse
qui avait trop de distorsions pour être testée valablement).
■ Compréhension en milieu bruyant
Aux 2 groupes précédents était ajouté un groupe de malentendants (11 sujets) avec une perte auditive plate (entre
30 à 65 dB avec une moyenne sur les 11 sujets autour de
50 dB) donc au total 60 entendants et 27 malentendants.
Le test est basé sur la compréhension d’une voix de
femme avec un bruit de restaurant. On diminue le rapport signal (voix de femme) sur bruit (restaurant) jusqu’à ce que la compréhension tombe à 50 %.
Audioprothèse n°
8 000 Hz
Ce qui est très impressionnant dans ce test, c’est que
la compréhension est d’autant meilleure que la prothèse a été jugée de bonne qualité dans le test précédent. C’est parfois presque proportionnel comme le
montre le double tableau ci-dessous.
Le second article (3) date de juillet 2009 et peut se traduire
« Garantir de la haute fidélité dans le traitement du son
des audioprothèses » les auteurs en sont un directeur de
Widex et 2 chercheurs de Widex-Danemark.
Après des considérations assez banales sur la Hi-Fi, les
auteurs passent en revue chacune des difficultés rencontrées dans les audioprothèses numériques d’aujourd’hui.
■ Le microphone et le convertisseur
analogique/digital
Les microphones utilisés dans les audioprothèses (ce
sont les mêmes microphones pour tous) sont d’excellente qualité : grande largeur de bande en fréquence et
saturation à partir de 117 dB ce qui les rend très opérationnels dans la vie courante. Le problème vient davantage du convertisseur analogique/digital. Il peut introduire des aberrations dans les fréquences aiguës dès
lors que l’on cherche à traiter un signal trop aigu par
rapport à la fréquence d’échantillonnage (4).
1
2
3
4
5
6
7
8
Note obtenue en qualité sur écoute de la musique (%)
23
41
45
55
56
60
72
84
Moyenne du rapport signal sur bruit mini
pour les 16 personnes ayant perte auditive pentue
8
6,5
6,2
4,7
4,1
3,9
4,8
3,3
7,2
5,3
5
4,3
4,4
3,8
4,8
3,3
Moyenne du rapport signal sur bruit mini
pour les 11 personnes ayant perte auditive plate
Rapport signal sur bruit minimum pour une compréhension de 50 % dans un bruit de restaurant à 70 dB en fonction du pourcentage
de qualité obtenu par chaque audioprothèse.
(3)
(4)
www.hearingreview.com/issues/articles/2009-03_05.asp
http://fr.audiofanzine.com/can-cna/editorial/dossiers/les-secrets-de-l-audionumerique.html
Octobre 2010 - Résonnances
5
Audioprothèse
Ainsi, si on échantillonne un signal d’entrée de 1 000 Hz
à une fréquence de 1 333 Hz on va obtenir en sortie un
son à 333 Hz. En fait la théorie dit qu’il faut échantillonner à, au moins, la fréquence double de ce qu’on
veut traiter. Ainsi une prothèse numérique ayant une
fréquence d’échantillonnage de 10 000 Hz (10kHz) ne
pourra pas traiter les sons au-delà de 5 000 Hz (en pratique on se limitera à 4 500 Hz, ce qui explique que
nombre de prothèses numériques se sont retrouvées
étrangement limitées en bande passante). La prothèse
WIDEX MIND dont il est question en fin d’article
échantillonne à 32 000 Hz (32 kz, on se rapproche ainsi
de l’échantillonnage des CD qui se fait à 44 kHz). De
façon à éviter les « faux sons » dans une bonne prothèse numérique, le signal est filtré à l’entrée en dessous de la fréquence limite que l’audioprothèse peut
traiter.
L’autre difficulté est l’intensité du son qui va être codé
en numérique. Si le son numérique est codé en 16 bits
on va être limité à 96 dB (on compte environ 6 dB par
bit). Il va donc falloir « écraser » le son d’entrée pour
qu’il reste dans les limites acceptables. Par exemple
on va rester linéaire jusqu’à 90 dB et, après cela, on
comprime le son drastiquement dans un rapport de 10
pour 1 : 100 dB va alors devenir 91, 110, 92 et ainsi de
suite… Mais cette limite est variable suivant les
marques et type d’appareil : elle peut monter jusqu’à
107 dB dans certains cas ce qui donne alors une prothèse beaucoup plus fidèle pour la musique comme
pour la parole.
De la Hi-Fi pour les audioprothèses ?
■ Convertisseur D/A
(Digital/Analogique) et écouteur
Le convertisseur D/A va contenir la partie « analogique » de la prothèse qui transmet le son à l’écouteur.
Là aussi on retrouve des problèmes de bande passante
et de saturation tant pour le convertisseur que pour
l’écouteur (l’écouteur est l’élément faible des audioprothèses, c’est généralement lui qui limite en qualité.
Les écouteurs de walkman ou MP3 sont eux bien
meilleurs mais bien sûr plus volumineux, la miniaturisation dégradant la qualité).
Là aussi des systèmes de compression sont généralement mis en œuvre. Concernant la bande passante
en sortie, les audioprothèses numériques ont d’abord
été limitées à 6 000 Hz, puis à 8 000 Hz et maintenant,
pour certaines, à 10 000 Hz : ce qui semble être le cas
de la prothèse Mind de Widex.
Schéma simplifié d’un appareil numérique
De gauche à droite : le micro, le convertisseur A/D,
le processeur (P), le convertisseur D/A et l’écouteur.
■ Avoir un processeur
aussi linéaire que possible
■ Développer une audioprothèse
en ayant à l’esprit la HiFi
Le processeur réalise la fonction d’égaliseur, c’est-àdire qu’il augmente le son dans certaines bandes de
fréquences de façon à « coller » au mieux à la perte
auditive du malentendant. On parlera de courbe de
réponse fréquentielle. À cela s’ajoute des systèmes de
compression pour ne pas dépasser des niveaux de sortie dangereux et des systèmes de réduction de bruit
pour un meilleur confort.
Les auteurs de l’article concluent, comme on peut
l’imaginer facilement, que la prothèse Mind 440 de
Widex prend en compte toutes ces remarques pour
arriver à une audioprothèse de qualité.
Il y a bien sûr un jeu de mot en Anglais puisque « mindit » signifie pensez-y, rappelez vous le, et « keep in
mind » gardez à l’esprit.
En conclusion
Dans les systèmes de compression classiques on parle
de temps d’attaque (ta) - c’est-à-dire du temps nécessaire pour que la compression se mette en route - et de
temps de récupération (tr) - c’est à dire du temps de
latence avant de revenir à l’amplification normale.
D’après les auteurs il est préférable d’avoir une compression « lente » (ta > 20 ms et tr > 1 s) plutôt qu’une
compression rapide (ta < 10 ms et tr < 50 ms) afin de
préserver les fluctuations naturelles d’intensité des
signaux d’entrée et avoir ainsi une meilleure compréhension de la parole. Ils préconisent en fait un tr adaptatif afin de minimiser le risque de sous amplification
des sons faibles, ce qui est parfaitement réalisable
dans les prothèses numériques.
6
Résonnances - Octobre 2010
- Testez ou faites tester par vos proches sur de la
musique symphonique les audioprothèses que vous
essayez, cela vous aidera à déterminer l’audioprothèse la meilleure en qualité de son et donc la plus
prometteuse en compréhension.
- Un bon audioprothésiste est celui qui teste luimême la qualité de son des audioprothèses qu’il
vend. Interrogez-le à ce sujet.
- Intéressez-vous aux caractéristiques techniques
des appareils qu’on vous propose et questionnez
l’audioprothésiste à ce sujet. ■
Jacques Schlosser, Surdi13 ■
Audioprothèse
Les 10 commandements pour vos appareils auditifs
Les 10 commandements pour vos appareils auditifs
Les appareils auditifs sont précieux, d’abord parce qu’on en a besoin pour entendre
et ensuite parce qu’ils coûtent chers et ne sont donc pas facilement remplaçables.
Il est donc essentiel de bien les choisir pour en être satisfait mais aussi et surtout
de bien les entretenir pour les faire durer.
■ Soyez satisfait de vos appareils dans toutes
les situations de votre vie habituelle (visites, rue,
magasin, docteur, réunion, téléphone, télévision, cf.
www.surdi13.org/satisfaction). Si ce n’est pas le cas
retournez voir votre audioprothésiste qui doit tout mettre
en œuvre pour que vous soyez satisfait. Vous avez payé
pour cela (environ 12 séances la première année puis 2 par
an pour les 4 années suivantes) donc n’hésitez pas !
■ Éteignez systématiquement vos appareils quand
vous ne les utilisez pas. Retirez toujours les piles pour
un arrêt prolongé.
■ Placez vos appareils tous les soirs dans le déshumidificateur (ou autre système prévu pour cela : coussin chauffant…). Ouvrez les tiroirs piles ou mieux retirez les piles.
■ Entretenez les microphones. Pour cela utilisez une
soufflette (type poire auriculaire) pour souffler de l’air
sec à l’entrée du micro. S’il y a un cache devant le
micro, changez le ou faites le changer régulièrement :
faites vous conseiller par votre audioprothésiste.
■ Dans le cas d’un embout moulé standard avec tube
transparent, décrochez régulièrement le tube transparent de l’appareil pour nettoyer l’embout à l’eau tiède et
au savon (le savon dissout le cérumen). Rincez en faisant
passer de l’eau dans le tube. Soufflez pour expulser
l’eau, séchez avec un kleenex. Changez ou faites changer
le tube dès qu’il devient raide. Pour les intras ou appareils à écouteur déporté impossible de nettoyer à l’eau,
faites vous conseiller par votre audioprothésiste.
■ Revoyez votre ORL au moins une fois l’an pour
contrôle médical et pour vous faire retirer le cérumen
(l’embout a tendance à le repousser au fond de
l’oreille). Donnez lui copie de votre questionnaire de
satisfaction rempli et demandez lui d’intervenir auprès
de votre audioprothésiste si vous n’êtes pas satisfait
afin de le pousser à améliorer les réglages.
■ Prenez le plus grand soin de vos appareils qui n’apprécient ni l’eau ou l’humidité, ni la chaleur, ni la poussière et le sable. Rangez les en toutes circonstances
dans une boite déshumidificatrice et ne les laissez pas
dans une voiture au soleil.
Étude européenne
sur le prix des appareils auditifs
L’étude européenne sur le marché et les prix des aides
techniques destinées aux personnes handicapées et
âgées, commandée par l’Observatoire du marché et des
prix des aides techniques de la CNSA (Caisse nationale
de solidarité pour l’autonomie) est disponible en ligne
sur www.cnsa.fr/article.php3?id_article=740.
Elle offre notamment une étude comparée dans cinq
pays européens (Suède, Grande-Bretagne, Allemagne,
Italie et Espagne) des prix des appareils auditifs en 2009.
Le Bucodes SurdiFrance participait au comité de pilotage
de cette étude. C’est en partie cette étude qui a permis à
Richard Darbéra d’écrire son article « Le taux d’équipement
des malentendants français en prothèses auditives »
paru dans le numéro 39 de Résonnances. On y trouvera
des informations sur les différentes prises en charge, les
différents systèmes : public ou privé, sur les prix et les
marges bien variables, sur les taux d’appareillages… ■
■ Intéressez vous aux caractéristiques techniques de vos
appareils, votre audioprothésiste doit obligatoirement les
joindre au devis. Cependant si ce n’est pas le cas recherchez
sur internet : il suffit souvent de taper le nom de votre appareil et sa marque + « data sheet » pour les trouver (faites vous
aider par quelqu’un qui lit l’anglais !). Questionnez votre
audioprothésiste sur l’adéquation entre les caractéristiques
techniques et votre audition : il sera ravi de vous expliquer !
■ Informez-vous en visitant les sites des associations.
Vous pouvez par ex taper sur un moteur de recherche
« appareils auditifs (ou audioprothèses) / conseils /
satisfaction (ou questionnaire de satisfaction) / droit
des usagers / défense des malentendants. Adhérez à
une association de défense ou d’usagers telle Surdi13.
■ Faites renvoyer vos appareils en usine au cours de la
3e ou 4e année, pas au-delà, afin de changer micros et
écouteurs (ce sont les 2 éléments qui vieillissent et
dégradent la qualité de vos appareils) et faire vérifier/nettoyer à fond vos appareils. Ceci vous permettra
d’avoir des appareils remis à neuf, d’en être plus longtemps satisfait et d’en augmenter la durée de vie.
Circulaire Surdi13 (avril 2009), www.surdi13.org ■
Octobre 2010 - Résonnances
7
Audioprothèse
Un article sur les prothèses auditives
Un article dans « Le Particulier »
sur les prothèses auditives
Le numéro 1 050 de juin 2010 du Particulier consacre un vaste dossier de 8 pages aux
audioprothèses : « Aides auditives bien s’équiper à moindre coût ». Nous reprenons
ci-dessous les principaux points abordés par le dossier.
Le dossier commence par poser le
problème rencontré en France :
« Parmi les 5 à 6 millions de malentendants recensés en France
seul un petit million serait appareillé, une proportion bien faible
si on la compare au taux d’équipement atteint au Royaume-Uni ou
dans certains pays nordiques »,
de noter une contradiction :
« Cela n’empêche pas les affaires
d’être florissantes […] il s’est
vendu plus de 460 000 aides auditives en France en
2009, soit 6 % de plus que l’année précédente et près
de 2 fois plus qu’il y a 10 ans » et de citer les reproches
émanant du Haut Conseil pour l’Avenir de l’Assurance
Maladie (HCAAM) : « Des rentes de situation, une
sous-productivité des réseaux de distribution et, parfois,
des pratiques commerciales abusives » ou les propos
du président d’audition mutualiste : « Le marché est
sclérosé par l’attentisme de la profession ».
L’article rappelle ensuite que les enjeux sont de taille :
« tout comme la vue, l’audition baisse fatalement avec
l’âge […] la surdité est très prononcée chez les personnes âgées (deux tiers des malentendants ont plus
de 60 ans) » et que seuls 2 centres parisiens donnent
leurs tarifs sur internet www.laboratoires-unisson.com
et www.maison-appareil-auditif.com. Il rappelle
qu’avec l’absence d’affichage des prix et le faible respect du devis normalisé « la transparence tarifaire
n’est donc toujours pas au rendez-vous ».
Ayant pu avoir accès aux « données inédites recueillies
par Santéclair » Le Particulier annonce : « il faut compter
1 680 €, en moyenne, pour une seule aide auditive […].
Et si vous souhaitez acheter une prothèse pour chaque
oreille (solution préconisée par les professionnels dès
lors que la surdité est bilatérale), les prix sont multipliés
par deux, soit 3 360 € à débourser. Mais ce n’est pas
tout : pour un même appareil, les prix peuvent varier du
simple au double. C’est ainsi que le Widex Flash FL-9, par
exemple, est vendu 833 € dans une boutique de SaintÉtienne, contre 1 128 € à Marseille et jusqu’à 1 650 €
dans une enseigne du 8e arrondissement parisien.
D’importantes disparités que l’on peut tout aussi bien
constater au sein d’une même ville ! »
8
Résonnances - Octobre 2010
Les auteurs de l’article notent alors qu’avec un reste à
charge final moyen pour le client de 1 175 € (2 350 €
pour une paire) : « rien d’étonnant, donc, à ce que
nombre de malentendants choisissent de ne pas s’équiper,
de différer l’achat ou de n’acheter qu’une seule prothèse
alors qu’une paire aurait été préférable… ».
Le surcoût moyen chez Amplifon par rapport à Optical
Center serait de 43 %. L’écart de prix sur un même
modèle, le Widex Flash FL-9 peut atteindre 817 € soit
presque du simple au double.
L’article rappelle également les résultats très mitigés de
l’appareillage auditif : « le port de prothèses auditives
améliore l’écoute de conversation en lieu calme pour
plus de 75 % des personnes interrogées (…) ; les résultats se révèlent en revanche insuffisants pour plus de
30 % d’entre eux pour l’écoute de la télévision, en
conversation de groupe ou dans un lieu public ».
Au total, un article à ne pas manquer.
Extraits du site www.leparticulier.fr
« De très nombreux malentendants hésitent encore à
s’équiper d’aides auditives. Sur un marché florissant,
les prothèses auditives restent chères, mal remboursées et pas toujours efficaces ».
Cet article donne des conseils : réglementation de la
profession d’audioprothésiste, coût moyen d’une audioprothèse, taux de remboursement de la Sécurité
sociale, tarifs des spécialistes du discount, appel à des
réseaux de professionnels (partenariats mutuelles
audioprothésistes), différents types de prothèses
(appareils analogiques, prothèses gérées par microprocesseur, systèmes anti-sifflement, modèles sans piles…),
prestations incluses dans le prix de la prothèse (devis,
tests, réglages, visites de contrôle et nettoyage d’appareil).
Une enquête réalisée en partenariat avec Santéclair
dévoile le prix des aides auditives en fonction de leur
performance et du distributeur.
Un 1er encadré rappelle que la remise d’un devis est
obligatoire depuis 2008. Un 2nd encadré récapitule les
aides supplémentaires en cas de handicap reconnu. ■
Possibilité de commander le n°1 050 sur le site www.leparticulier.fr
René Cottin et Jacques Schlosser ■
Audioprothèse
Les audioprothésistes en France
Manque-t-on d’audioprothésistes en France ?
La réponse semble évidente : les cabinets d’audioprothésistes poussent comme
des champignons et les audioprothésistes ne semblent guère surchargés de travail…
En fait des entreprises comme CCA Amplifon ou bien les
enseignes tel Optical Center qui cherchent à développer
des cabinets d’audioprothèses au sein de leurs magasins
d’optique ont beaucoup de mal à embaucher des audioprothésistes (et sans eux pas de vente possible, il
n’existe pas en France d’audioprothèse en vente libre).
Le SAF (syndicat des audioprothésistes Français) nous
rappelle dans un communiqué à propos de la formation
des audioprothésistes qu’il existe 5 écoles en France
(Lyon, Paris, Nancy, Montpellier, Fougères) qui forment
120 audioprothésistes par an. À ce rythme les 2 000 à
2 200 audioprothésistes qui exercent en France
devraient sans problème être renouvelés…
Cependant le SAF note que la part des 65 ans et plus va
augmenter de 30 % dans les 15 prochaines années (1).
De plus, le récent plan 2010-2012 en faveur des malentendants, présenté par le Secrétariat d’État chargé de
la famille et de la solidarité prévoit des mesures de
dépistage systématique des troubles de l’audition
pour les jeunes et vers 60 ans, ainsi qu’une amélioration de la prise en charge des appareillages pour les
adultes devenus sourds. La bonne application de ces
mesures devrait entraîner une augmentation du taux
d’appareillage dans notre pays. Il faudra donc, à l’avenir, former plus de professionnels dans les 5 écoles
existantes.
De son coté Santéclair dénonce ce système de 5 écoles
qui sembleraient très contrôlées par l’UNSAF (Union
Nationale des syndicats d’audioprothésistes français)
et son corollaire l’association le Collège national
d’audioprothèse (d’après leurs sites Internet on
retrouve les mêmes noms dans les 2 entités) : il existerait
un quota de fait pour limiter le nombre d’audioprothésistes en exercice.
Qu’en est-il pour nous, consommateurs ?
Ce que nous ressentons c’est que les audioprothésistes sont mal formés sur des points essentiels pour
nous : la boucle d’induction magnétique (BIM) et les
droits des patients et des consommateurs.
Pour certains audioprothésistes la BIM serait trop
compliquée à expliquer aux malentendants. Ils continuent donc à vendre des appareils non compatibles
avec la BIM et cela souvent sans le préciser à l’usager.
Or la BIM est le seul moyen d’accessibilité des lieux
publics retenu par la loi de février 2005.
(1)
Lu dans Audio-Infos n°151 (septembre 2010)
Cet été, une mission d’information a présenté des propositions concernant l’intégration de l’ensemble des
auxiliaires médicaux au système licence-master-doctorat
et prévoit la mise en place d’une licence 1 (L1) commune
à plusieurs professions dont les audioprothésistes.
Souhaitons que ce projet conduise à une meilleure
formation sur les droits des usagers. ■
Sur le plan des droits des patients, des règles précises
ont été introduites en avril 2002 (informations, livret
d’accueil, questionnaire de satisfaction, droit d’accès à
son dossier). Sur le plan du consommateur, les audioprothésistes étant avant tout des commerçants (et en
second seulement des professionnels de santé), ils
doivent respecter la réglementation en vigueur et
notamment l’affichage des prix. Nous constatons tous
les jours que ce n’est pas le cas.
La formation paraît très corporatiste et semble insuffisante sur l’accessibilité, les droits du patient et les droits
du consommateur : on ne peut être que favorable à
l’émergence d’autres écoles moins corporatistes.
Rappelons que l’Unsaf, le SAF et le collège d’audioprothèse ont pesé de tout leur poids pour s’opposer au
détail produit-prestation et à l’information sur les
caractéristiques techniques des appareils (grâce à
l’action des associations du Bucodes SurdiFrance ils
ont fort heureusement échoués).
Il n’y a que très peu de travaux français publiés sur les
audioprothèses. Il apparaît donc nécessaire de développer
la délivrance d’audioprothèses dans les CHU afin d’avoir
une formation basée sur une véritable recherche.
L’existence d’un secteur public en parallèle d’un secteur
de ville créerait une émulation saine et surtout permettrait
de réaliser des études scientifiques en CHU.
En conclusion, en attendant qu’il existe des services
d’audioprothèses dans les CHU, militons pour des écoles
d’audioprothèses moins corporatistes qui enseignent
l’accessibilité, les droits du patient et les droits du
consommateur. Militons aussi pour des passerelles
entre l’Université et les écoles d’audioprothésistes.
Jacques Schlosser, d’après une circulaire de Surdi13 ■
Source : Insee, situations démographiques et projections de population 2005-2050.
Octobre 2010 - Résonnances
9
Accessibilité
Joindre les services d’urgence par SMS
Quand pourrons-nous joindre
les services d’urgence par SMS ?
En cas d’accident, d’incendie ou d’agression, tout le monde peut appeler les services
d’urgence au 15, au 17, ou au 18 pour prévenir le Samu, les pompiers ou la police et
recevoir des instructions. Tout le monde… sauf les sourds ! Quant aux malentendants,
ils pourront toujours appeler, mais auront souvent beaucoup de mal à comprendre la
réponse et les conseils donnés par la personne au bout du fil.
C’est pour cette raison qu’en Suède, en Angleterre, et dans
plusieurs villes comme Madrid ou Berlin les pouvoirs publics
ont mis en place des systèmes d’appel d’urgence centralisés
qui traitent les appels par SMS et y répondent par le même
moyen. Et en France ? En France c’est possible, mais seulement dans le Val d’Oise, et seulement pour les pompiers.
Pourtant le décret n°2008-346 du 14 avril 2008 relatif à la
réception et à l’orientation des appels d’urgence des personnes déficientes auditives stipule, dans son article 1 : « Un centre
national de relais est chargé de la réception et de l’orientation
des demandes des personnes déficientes auditives, permettant à ces personnes d’accéder en permanence aux numéros
d’appel d’urgence des services publics mentionnés à l’article
D. 98-8 du code des postes et des communications électroniques ». Et son article 2 fixe l’échéance : « Le présent décret
entre en vigueur au plus tard le 1er janvier 2010 ».
La situation au 1er janvier 2010
De toute évidence, cette échéance a été dépassée sans que
rien ne soit mis en place. Conscient de ce retard, et contraint
par la loi, le Comité Interministériel du Handicap a mis en place
au début de l’année 2010 un « Comité national de pilotage
du centre national de relais (CNR) chargé de la réception et de
l’orientation des appels d’urgence des personnes déficientes
auditives », plus familièrement appelé le « Copil du CNR ».
Depuis sa première réunion le Copil du CNR a travaillé d’arrache pied et si tout va bien, un centre national de relais
chargé de la réception et de l’orientation des appels
d’urgence par fax sera opérationnel en janvier prochain.
Par fax ? Oui, par fax. Pas par SMS ? Non, par fax seulement. Et le service répondra par le même moyen. Pouvoir
utiliser le fax pour appeler les services d’urgence sera
utile aux quelques personnes sourdes qui utilisent encore
ce moyen de communication, si elles ont une urgence à
domicile. Pour elles, en cas d’urgence à l’extérieur, et
pour l’immense majorité des sourds qui communiquent
principalement par SMS, il faudra attendre.
En fait, le Copil du CNR, qui s’est réuni pour la première
fois en janvier 2010, s’était fixé pour mission de travailler à la mise en place d’un système multimédia permettant l’acheminement simultané des appels et de
leur retour par la voix, par le texte et par l’image vidéo
afin de permettre, entre autres, d’appeler les services
d’urgence par la langue des signes.
10
Résonnances - Octobre 2010
Un tel système est l’objet d’un projet Européen, appelé
REACH112, qui ne devrait pas aboutir à une réalisation
complète avant plusieurs années car les moyens techniques (réseaux, terminaux) et humains (transcripteurs,
interprètes) n’existent pas encore. En revanche, les fax et
les SMS ne demandent ni transcripteurs, ni réseaux de
grande capacité. Ils peuvent donc être mis en œuvre à des
coûts et dans des délais incomparablement plus réduits.
Il est vite apparu que les travaux du Copil du CNR prendraient
plusieurs années, aussi un sous-comité a-t-il été créé en son
sein à la fin avril pour préparer une solution intermédiaire à
mettre en œuvre dès janvier 2011, soit avec seulement un an
de retard par rapport à l’injonction du décret de 2008.
Comme le Copil du CNR, ce sous-comité réunit des représentants des ministres chargés de la sécurité civile, de la
santé et des personnes handicapées, des représentants
des services publics (police, gendarmerie, pompiers,
Samu) ainsi que des représentants des associations représentatives des personnes déficientes auditives. Le centre
d’appel d’urgence par fax prévu pour le début de l’année
prochaine sera le résultat du travail de ce sous-comité.
Lors de ses réunions, les représentants du Bucodes
ont manifesté leur surprise de voir la solution SMS
écartée au profit de la solution fax. Il leur a été
répondu que les SMS ne pouvaient pas convenir aux
appels d’urgence car techniquement leur acheminement ne peut pas être garanti à 100 %. Or, les textes de
loi, en l’occurrence le code des postes et des communications électroniques, exigeraient cette garantie.
Accessibilité téléphonique
Nokia LPS-5, récepteur bluetooth avec collier magnétique
Ce kit bluetooth pour téléphone
mobile assure une liaison par induction magnétique avec les aides
auditives, ce qui suppose bien sûr
de disposer d’une position T sur ses
aides auditives (et que la position
T ait été activée par l’audioprothésiste). Cela permet une qualité de
conversation optimale notamment
en milieu bruyant. ■
Poids : 60 g / Autonomie : 6h en communication et 110h en veille
(voir le site europe.nokia.com).
Accessibilité
Il est vrai que l’acheminement des SMS n’est pas
garanti, mais est-ce un vrai problème ? En fait, renseignement pris auprès de l’AFOM, Association Française
des Opérateurs Mobiles, dans l’état actuel des
réseaux, moins d’un SMS sur mille serait transmis avec
retard du fait de la saturation des réseaux. Ces retards
d’acheminement ne se produisent que dans des cas
exceptionnels comme le 31 décembre quand tout le
monde attend minuit pour envoyer ses vœux, et très
localement, lors de grands rassemblements publics
dans des endroits inhabituels comme la fête de la
musique au château de Vincennes.
Faut-il alors se priver des 999 cas où le SMS pourrait sauver des vies pour le cas sur mille où l’appel ne pourrait pas
aboutir ? Et pourquoi le SMS serait-il bon pour les sourds
anglais mais pas pour les sourds français ? Les textes de
loi anglais seraient-ils moins pointilleux que leurs équivalents français ? Pour notre part, nous n’avons pas trouvé
dans le code français des postes et des communications
de référence explicite à cette exigence de garantie d’acheminement, mais peut-être avons-nous mal lu.
Parmi les associations de sourds participant au Copil du
CNR, seul le Bucodes SurdiFrance a émis une protestation
car ni l’Unisda (1), ni le Mouvement des Sourds de France
(MDSF) ne se sont inquiétés. En fait, l’Unisda s’est même
félicité que les SMS soient écartés de la première phase du
projet car elle y voyait le danger qu’une fois les services
d’urgence par SMS installés, le gouvernement ne traîne
les pieds pour étendre ces services aux autres moyens de
communication permettant de faire passer la langue des
signes. Finalement, avec l’Anpeda, l’association des
parents d’enfants sourds, nous avons officiellement marqué nos réserves au projet en cours par un communiqué
commun en juillet. Affaire à suivre…
La situation actuelle
Dernières (très bonnes) nouvelles. Lors de la réunion
de rentrée du Copil du CNR, le discours a complètement changé. Tout le monde semble maintenant
convaincu que la solution SMS est prioritaire. Il est
même possible qu’elle soit mise en œuvre en même
temps que la solution fax. L’obstacle légal de l’obligation d’acheminement semble s’être évaporé. Le chemin parcouru par nos partenaires depuis leurs déclarations d’avant l’été est considérable. Le Copil s’interroge maintenant sur les mérites respectifs de différents numéros tels que le 341 ou le 349 pour les appels
d’urgence par SMS. Le Bucodes a proposé qu’on
prenne tout simplement le 112, c’est à dire le numéro
commun pour tous les appels d’urgence, comme l’ont
fait les Suédois et les Anglais. On lui a répondu que ce
n’était pas possible techniquement. Affaire à suivre…
Joindre les services d’urgence par SMS
Appels d’urgence par SMS
Le modèle Britannique
Depuis septembre 2009, il est possible au Royaume-Uni de
contacter le 999, le numéro des appels d’urgence, par SMS.
Un opérateur lit le message et le transmet oralement au service concerné puis il transcrit la réponse du service pour
l’envoyer par SMS vers le téléphone mobile qui a appelé.
Seuls sont pris en compte les messages envoyés par les
téléphones préalablement inscrits. L’inscription préalable
est très simple, elle peut se faire par SMS ou par Internet.
Grâce à elle, l’identité de la personne qui appelle et sa localisation sont à la disposition du service d’urgence de la
même manière que pour les autres appels. À la fin de l’année 3600 personnes s’étaient déjà inscrites. En février 2010
elles étaient plus de 4000 et 100 appels d’urgence avaient
été traités. À la mi-août le nombre d’inscription croissait au
rythme d’environ 50 par semaine et dépassait 5 600 téléphones mobiles enregistrés au service « EmergencySMS ».
à cette date le service avait déjà géré plus de 300 appels
d’urgence réels couvrant toute la gamme de situations d’urgence : des criminels avaient été arrêtés, les vies avaient été
sauvées et deux bébés étaient nés en toute sécurité avec
l’aide de ce service. « EmergencySMS » couvre les services
de police, d’assistance médicale, d’incendie et de secours
et les services de garde-côtes. Une première réponse aux
appels est généralement faite deux minutes environ après
réception. Si les utilisateurs ne reçoivent pas une réponse
dans les trois minutes, il est conseillé d’essayer de nouveau
ou de trouver d’autres moyens d’obtenir de l’aide. Le système
est soutenu par le gouvernement, les services d’urgence,
l’Ofcom (l’équivalent Britannique de l’Arcep), le secteur des
télécommunications (Vodafone, Orange, O2, Three, British
Telecom et Cable and Wireless), et le RNID (l’association
britannique des déficients auditifs).
Le modèle Suédois
En Suède, il est possible de contacter les centres d’appels
d’urgence par SMS depuis septembre 2006. Il suffit pour cela
de faire le 112 (futur numéro Européen d’appels d’urgence).
Comme au Royaume-Uni, seuls sont pris en compte les messages envoyés par les téléphones préalablement inscrits. Et
un avis de réception est immédiatement envoyé en retour.
Le modèle Hollandais
Aux Pays-Bas le système retenu est le texte en temps réel
(RTT Real Time Text) qui est une sorte de SMS amélioré sur
téléphone mobile (le texte apparaît caractère par caractère
dans les 2 sens). Ce système permet une réelle conversation
écrite, chacun pouvant taper en même temps. Actuellement
la police reçoit environ 25 appels par mois de ce type. Chaque
sourd qui s’inscrit au service a droit à un Blackberry gratuit
(mobile qui dispose d’un petit clavier complet). Le RTT aux
Pays-Bas est aussi disponible sur Android, iPhone,
Symbian. Le n°112 sera compatible avec le RTT en mars
2011. La vidéo sera mise en place à un stade ultérieur. ■
Richard Darbéra, Président du Bucodes ■
(1)
Union Nationale pour l’Insertion Sociale du Déficient Auditif (www.unisda.org)
Octobre 2010 - Résonnances
11
Accessibilité
Google et France 24 pour l’accessibilité
Google et la reconnaissance vocale,
France 24 et la retranscription automatique
La reconnaissance vocale multi-locuteur en instantanée serait une avancée majeure
pour nous les devenus sourds qui souhaitons un mot à mot fidèle. Cependant le marché des malentendants n’est pas à lui seul suffisamment porteur et nous devons nous
réjouir de voir se développer des applications qui pourraient avoir des retombées très
positives pour nous.
Selon un article du journal Le Monde du 9 juin 2010,
Google a développé un système de recherche vocale
pour les téléphones mobiles Android, iPhone,
Blackberry ou Symbian S60. Ce système est maintenant opérationnel.
Le système est hébergé sur les serveurs de Google, et
non sur le téléphone. Ce service permet une requête
sur le moteur de recherche en vocal et non en texte.
La reconnaissance vocale est multi-locuteur et n’est
donc pas personnalisée à la voix du requérant (comme
la dictée vocale sur PC). Le système est sensé s’améliorer peu à peu grâce à l’enregistrement anonyme de
toutes les requêtes et à leur analyse statistique.
L’enjeu est en fait beaucoup plus large puisque Google
souhaite proposer d’ici à cinq ans, un service de traduction automatique en temps réel qui permettrait,
théoriquement, à deux personnes de parler au téléphone, chacune dans sa langue.
Mais cette reconnaissance vocale pourrait permettre
également la transcription de vidéos (très utile pour
les moteurs de recherche).
Selon Alfred Spector, le vice-président chargé de la
recherche et des projets chez Google « notre
approche, c’est “l’intelligence hybride”, la combinaison de l’informatique et des apports humains, grâce
aux suggestions de nos utilisateurs ».
De son coté France24.com propose une transcription
écrite automatique des contenus diffusés à l’antenne :
l’utilisateur voit s’afficher, à côté de la vidéo, une
fenêtre dans laquelle apparaît l’intégralité des
propos prononcés à l’écran (présentateur, voix off ou
reportage).
« [Cette technologie] offre un meilleur confort de
lecture quand l’audio pose des difficultés et en
particulier pour les malentendants. Enfin, elle peut
être une aide potentielle dans le cadre de l’apprentissage des langues », indique Michel Lévy-Provençal,
directeur du Studio Multimédia de France 24, sur
www.neteco.com.
Selon le site neteco, cette technologique serait basée
sur une analyse sémantique automatique des scripts
extraits de chaque vidéo (donc le contexte est déjà
connu). Ceci permet de générer en 24 heures, sans
intervention humaine, une variété de mots-clés, de
lieux, de noms de personnalités ou d’organisations
citées et donc d’optimiser la reconnaissance vocale.
« Cette capacité que nous avons désormais à retranscrire
le flux en léger différé (quelques minutes), ouvre des possibilités considérables (…), elle peut être une aide potentielle
dans le cadre de l’apprentissage des langues ».
Deux difficultés majeures sont pointées pour la traduction :
- dans un outil généraliste on ne peut pas s’aider d’un
contexte connu d’avance (comme dans un contexte
juridique où le mot avocat, par exemple, n’est pas
ambigu),
- un modèle statistique permet d’avoir des phrases qui
« sonnent juste » mais il y a davantage de risques de
contresens.
L’outil statistique s’appuie sur des banques de données de textes dans 2 langues différentes (les textes
de l’Union Européenne par exemple) mais aussi sur les
propositions de corrections émises par les utilisateurs.
L’idée actuelle serait un système mixte basé à la fois
sur des règles de grammaire et des outils statistiques.
12
Résonnances - Octobre 2010
Vous pouvez tester le service proposé par la chaîne
d’information internationale France 24 en allant sur
http://playerhd.france24.com/france24/playerHD/
playerHDv2.html.
N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques.
Jacques Schlosser, Surdi13 ■
Pratique
Bien remplir son dossier MDPH
Bien remplir son dossier MDPH
Après plusieurs cas de refus incompréhensibles de prestation de compensation du handicap
ou de carte d’invalidité, il a paru nécessaire de donner une suite à l’article « Comment
monter son dossier MDPH » paru dans Résonnances 39 en donnant plus d’exemples.
Il est de plus en plus clair que les difficultés des malentendants et des sourds oralistes sont mal cernées
par les personnels en charge des dossiers MDPH et par
les membres des CDAPH (1) (Commission des Droits et
de l’Autonomie des personnes handicapées) qui statuent en dernier ressort sur les demandes exprimées.
En effet, très peu de MDPH ont formé ces personnes
aux réalités quotidiennes des malentendants et des
sourds oralistes. Le plus souvent ils parlent bien, tiennent
assez bien une conversation à deux. La conclusion
tombe vite : « Ils entendent bien ! ».
Le dossier de demande auprès de la MDPH et les éventuels entretiens qui suivent permettent à chacun d’exposer
ses difficultés réelles.
Les pages 3 et 4 du certificat médical national (Cerfa
n°13 778*01) comportent quatre rubriques où le médecin peut indiquer les difficultés de son patient.
Dans la rubrique « communication » :
- les difficultés à converser à deux, mais surtout à plusieurs, même avec appareillage ;
- les difficultés pour téléphoner ou l’impossibilité à le
faire.
Dans la rubrique « retentissement sur la sécurité » :
- l’absence de perception des sonneries et des alertes,
notamment la nuit et à chaque fois qu’on est sans
appareillage ;
- la mauvaise perception des bruits de la rue ou sur un
quai de gare.
Dans les rubriques « retentissement
sur la vie sociale et familiale » et « sur l’emploi » :
il faut bien noter tout ce qui gêne ou bloque la relation
avec son entourage ou ses collègues de travail, les
difficultés pour comprendre dans un magasin, à être
intégré à un groupe, les obstacles rencontrés pour
voyager (guichets, annonces par haut-parleur,…), etc.
Le projet de vie (page 4 du dossier de demande)
permet de compléter, en fonction de la demande faite,
ce qui n’a pas été pris en compte dans le dossier
médical.
(1)
Enfin, lors de l’entretien (s’il y en a) avec la personne de
la MDPH qui étudie le dossier, il faut revenir sur ces difficultés, les expliquer en donnant des exemples vécus.
Si la demande concerne le forfait surdité, il faut montrer qu’on a déjà recours à des tiers, bénévoles, et dire
pourquoi cela ne suffit pas et comment on prévoit
d’utiliser le forfait.
En résumé, il est nécessaire de bien expliquer en quoi la
surdité, sans et avec appareillage, perturbe sa vie quotidienne et convaincre du handicap que cela représente.
Si vous avez des difficultés à faire valoir vos droits, adressez-vous
à votre association.
Jeanne Guigo ■
Les droits du malade en ligne
Le CISS (collectif interassociatif sur la santé dont certaines des associations du Bucodes SurdiFrance sont
membres au niveau de leurs régions (Oreille et Vie,
Surdi13…) propose le site droitsdesmalades.fr qui
aborde différents aspects ayant trait à l’exercice de ses
droits en tant qu’usager du système de santé. Le site
s’appuie sur un guide réalisé par le collectif et qui s’intitule Usagers du système de santé ; connaissez et faites
valoir vos droits. Il s’agit d’une base destinée à s’enrichir
au vu des questions et des remarques des internautes.
Il est possible de poser
des questions juridiques et sociales ayant
trait à la santé sur le
site et d’obtenir des
réponses. Il est également possible de laisser des témoignages
dans un espace Forum
et de participer à des
enquêtes en ligne.
Soyez nombreux à vous y connecter pour y aborder les
problèmes rencontrés par les devenus sourds notamment en matière d’appareillage. ■
Il y a également un numéro d’appel, le 0 810 004 333
(prix d’une communication locale).
Une CDAPH a décidé de refuser les demandes de détecteurs d’incendie spéciaux malentendants. Le motif : ce n’est pas obligatoire !
Octobre 2010 - Résonnances
13
Régions
Surdi13 pour une meilleure application du devis normalisé
Action de Surdi13 pour une meilleure application
du devis normalisé
Le devis normalisé défini par un arrêté de 2008 s’applique à tous les audioprothésistes. La
délivrance de ce devis est obligatoire avant de commencer les essais. En effet l’usager doit
pouvoir mettre en concurrence plusieurs audioprothésistes avant d’arrêter son choix (et notamment en cas de renouvellement). Bien que l’arrêté prévoie un formulaire qui s’impose à
tous, nombre d’enseignes ont « créé » leur propre formule qui ne reprend souvent que très
partiellement le devis normalisé. Pour la 2e fois Surdi13 a écrit à la direction de la concurrence
de Marseille en pointant les anomalies constatées. Nous publions ci-dessous cette lettre.
Monsieur le Directeur,
Par lettre du 31 janvier 2009 nous avions attiré votre attention sur le fait que le devis normalisé paru au JO du
4 novembre 2008 n’était pas respecté et nous vous fournissions en exemple des devis des enseignes Amplifon, Audio2000, Audition Conseil et laboratoires Pontet. Par lettre du 15 avril 2009 vous nous répondiez en expliquant que les
audioprothésistes concernés invoquaient des difficultés techniques pour justifier ce retard. L’absence de sanction a
malheureusement pu inciter certains audioprothésistes à ne pas aller au bout de la démarche de transparence.
Vous trouverez ci joints 12 nouveaux devis collectés entre mai 2009 et juin 2010 qui montrent le non respect des règles
(cf. tableau ci-joint D9 à D20, sur les copies de devis nous avons masqué les informations concernant nos adhérents,
merci de veiller à leur anonymat). La « palme » du non respect revient à Audika qui substitue au devis une « proposition » qui ne contient pas les informations attendues (Cf. devis D19). Nous avons comptés 12 anomalies majeures sur
ce document. Cependant beaucoup d’autres enseignes « corrigent » à leur goût le devis normalisé ou bien s’abstiennent de renseigner certains éléments tel le coût des consommables ou encore omettent de fournir les caractéristiques
techniques de l’appareil. Tous les devis devant être numérotés et conservés par l’audioprothésiste, il est facile de vérifier la pratique de chaque audioprothésiste sur l’année passée, en supposant bien sûr qu’il n’y ait pas de falsification.
Selon « Santéclair », un regroupement d’assurances et de mutuelles, 50 % des devis des audioprothésistes ne seraient
déjà pas conformes sur la simple séparation produit/prestation. Sans risque de sanction, on peut craindre que le devis
normalisé ne tombe en désuétude.
Les grosses enseignes donnent le ton en audioprothèse : avec des prix supérieurs de 20 à 30 % et une publicité très
efficace, elles tirent les prix vers le haut. Ciblant principalement le premier appareillage et les personnes très âgées,
elles semblent bénéficier à plein du système de paiement au forfait : tout est payé d’un coup pour 5 à 7 ans et il a été
dit que 75 % des clients d’Audika ne reviennent jamais après achat d’un appareillage (probablement que décès et
échec d’appareillage se conjuguent). On comprend qu’une enseigne telle qu’Audika cherche à éviter toute comparaison avec d’autres et notamment les audioprothésistes indépendants généralement moins chers et souvent plus attentifs à la satisfaction et à la fidélisation de leur clientèle.
On est ainsi dans un système où la concurrence n’est pas loyale. La direction de la concurrence ayant jugé récemment
que les audioprothésistes étaient davantage des commerçants que des professionnels de santé, on comprend mal que
les prix des audioprothèses montrées en vitrine ou sur prospectus en salle d’attente ne soient jamais affichés (sans
parler du prix de la prestation qui devrait être affiché en salle d’attente) : le consommateur et les associations de
consommateur ne peuvent, en fait, pas comparer facilement une enseigne par rapport à une autre.
Vous trouverez par ailleurs ci-joint des exemples des très nombreux mailings envoyés par les audioprothésistes : il suffit souvent d’avoir poussé une fois la porte d’une enseigne pour se trouver « bombardé » de mailings 2 à 4 fois par an
et si vous avez eu « l’audace » de visiter plusieurs enseignes, les mailings se multiplient d’autant. Ces coûts se répercutent bien évidemment sur le prix payé par l’usager. Or il s’agit de produits vendus sur ordonnance et remboursés par
la sécurité sociale. Là aussi on peut s’interroger sur la conformité à la réglementation : ni notre pharmacien, ni notre
opticien, ni notre dentiste, ni aucun autre professionnel de produits médicaux ne nous « bombardent » ainsi de mailings coûteux pour la collectivité.
Nous sommes bien sûr à votre disposition pour toute information complémentaire que vous souhaiteriez.
Devis non conformes, affichage de prix inexistant, mailings douteux et coûteux pour des produits remboursés… nous
vous remercions par avance, et au nom de nos adhérents, des suites que vous voudrez bien donner à ces anomalies.
Dans l’attente, nous vous prions de recevoir, Monsieur le Directeur, l’expression de notre respectueuse considération.
Le président et le vice-président de Surdi13 ■
14
Résonnances - Octobre 2010
2010
2010
2010
D18
D19
D20
Le Cannet
Aix-enProvence
Aix-enProvence
Aix-enProvence
06
13
13
13
13
Marque
appareil
Nom
appareil
Entendre
Audika
Amplifon
Audio 2000
Audition Santé
Optique
du Mistral
Optical center
MS Audition
Audition conseil
Audition Pertuis
Audition Pertuis
Pure 700
Nitro 6 CIC
Reach 86
Expoq xw Rite
Cobalt eco
NR
NR
D
D
D
D
NR
NR
D
D
D
C
D
Classe
Rappelons que le devis fournit en première page des informations sur
l’appareillage proposé et son prix, avec le détail produit/prestation,
en deuxième page des informations sur la durée de garantie, le prix
des consommables et les modalités de paiement, en page 3 un texte
prédéfini et obligatoire précise le contenu de la prestation (adaptation
et suivi), une ou plusieurs autres pages doivent préciser les caractéristiques techniques de l’appareillage proposé ; ce dernier point permet
à l’usager de demander des explications précises sur le choix de
l’appareil et de comparer avec d’autres possibilités. ■
NR
NR
Siemens Motion 701 P
NR
Siemens
Beltone
Oticon
Siemens
Life 300
Phonak Audeo smart 3
Widex Mind R4-9-RC
Widex
Flash FL 9
Optique Léonetti UNITRON Next 4 Moxi
Enseigne
Rappel sur le devis normalisé
2009
D17
2009 Salon de P.
D16
13
Aix-enProvence
2009
D15
13
Aix-enProvence
2009
D14
13
13
84
84
13
Dépt.
Marseille
Marseille
Pertuis
Pertuis
2009
2009
2009
2009
D10
D11
D12
D13
Marseille
2009
Ville
D9
Devis Année
Tableau des devis
700 €
750 €
1 400 €
800 €
NR
500 €
780 €
900 €
760 €
700 €
1 080 €
12; 22; 40
10, 12, 15,
22, 40
10, 15, 20,
22, 24, 40
00, 10, 12, 13,
14, 15, 21, 22,
23, 24, 30, 40
11, 16, 20,
21, 22, 23
22, 25, 40
16, 23, 25, 40
22, 25
22, 25
10, 11, 15,
16, 20, 21,
22, 23, 24
10, 11, 14, 15, 16,
20, 21, 22,
23, 24, 30, 40
10, 11, 20,
21, 22, 23,
Anomalies
constatées
Non-conformités :
00 : Audika ici ne respecte pas le devis normalisé et il le
remplace par un document appelé « proposition »
non conforme.
10 : La première page n’est pas conforme au formulaire
du devis normalisé.
11 : Le nom de l’audioprothésiste est manquant.
12 : La marque de l’appareil est manquante ou erronée
(Siemens au lieu de Rexton).
13 : Le nom de l’appareil est manquant.
14 : Produit et prestation ne sont pas séparés.
15 : La mention « La fiche technique… doit obligatoirement être jointe au devis » a été omise.
NR : non renseigné
NR
419 €
1 788 €
NR
400 €
350 €
1 145 €
1 550 €
NR
NR
250 €
390 €
450 €
380 €
350 €
879 €
960 €
1 630 €
730 €
1 388 €
540 €
835 €
Prix du
Prix
Prix
produit
prestation prestation
(1 appareil) (1 appareil) (2 appareils)
3 276 €
3 276 €
2 538 €
2 820 €
4 020 €
2 160 €
2 848 €
1 450 €
2035
2 207 €
1 950 €
1 495 €
1 638 €
1 638 €
1 269 €
1 410 €
2 010 €
1 080 €
1 424 €
4 semaines
NR
2 semaines
illimité
NR
NR
NR
2 semaines
NR
2 semaines
NR
16 : Numéro identifiant non renseigné.
20 : La deuxième page est non conforme au formulaire
du devis normalisé ou absente.
21 : La signature de l’audioprothésiste est manquante.
22 : Le coût annuel des piles n’est pas renseigné.
23 : La durée des essais n’a pas été renseigné ou a été
mise égale à « 0 ».
24 : Le prix à payer en cas de non achat n’est pas renseigné.
25 : À rajouté la signature du patient ce qui avait clairement été écarté dans le devis normalisé.
30 : La troisième page est non conforme au formulaire
du devis normalisé ou absente.
40 : La quatrième page est absente ou a été remplacée
par un document n’apportant pas les informations
techniques attendues.
3
12
6
5
6
12
9
3
4
2
2
6
Prix total
Prix total
Nombre
Durée
Appareillage Appareillage
anomalies
des essais
stéréo
mono
Régions
Surdi13 pour une meilleure application du devis normalisé
Octobre 2010 - Résonnances
15
Libre expression
Note de lecture
Note de lecture
Les livres-témoignages de devenus sourds de nos associations sont plutôt rares. C’est
pourquoi le livre de cet adhérent de Surdi13 est particulièrement intéressant. Il montre
bien, pour ceux qui en douteraient encore, que porter un appareil auditif ne résoud
pas tous les problèmes de compréhension de la parole dans la vie courante. Et pourtant,
bien qu’il soit atteint d’une surdité sévère, son audiogramme vocal montre une
compréhension de 100 % à 75-80 dB.
■ Ma surdité ? Non, ça ne se voit pas ! (1)
de Patrick Papin
Quoi de plus pathétique que la situation d’un enseignant qui perd progressivement l’audition et ne peut
plus exercer correctement le métier qu’il aime ?
Le témoignage de Patrick Papin est important, car il
correspond à l’un des cas les plus graves d’exclusion professionnelle chez les devenus sourds et malentendants.
Ayant souffert d’une déficience auditive précoce qui l’a
gêné dans son parcours scolaire, Patrick a cependant
pu décrocher ses diplômes et devenir professeur en
sciences physiques dans l’enseignement secondaire.
Mais son handicap s’est progressivement aggravé et
sa vie d’enseignant est devenue de plus en plus
pénible. « Il est difficile et très douloureux de maintenir
la discipline dans une classe que vous n’entendez
pas… », d’autant que certains élèves « aiment tester et
profiter des situations » en ricanant ou en chahutant.
Patrick reconnaît avoir tenté un certain temps de dissimuler son handicap. « Je faisais semblant d’entendre,
de comprendre, répondant évasivement, détournant
ou contournant les questions, délayant les réponses
pour qu’elles finissent par paraître adaptées ».
Puis il renonce à tricher et se bat ouvertement pour continuer à enseigner, avec toujours la peur tenaillante « de
ne plus être à la hauteur, de ne plus pouvoir bien faire ce
que l’on sait faire ». D’où des périodes de dépression et
des interruptions de travail. Son appareillage bilatéral ne
lui apportant pas une aide suffisante, il doit partir en
quête d’une reconversion.
Quête longue et décevante, comportant de multiples
courriers, démarches et entretiens qui restent sans suite.
Le fait d’enseigner dans un établissement privé complique son cas et lui retire la possibilité de travailler à distance dans le cadre du CNED réservé à l’enseignement
public. Se trouvant actuellement assez loin de la retraite,
il ne sait pas du tout de quoi sera fait son avenir.
(1)
(2)
16
Ce témoignage ne se borne pas au seul domaine du
métier. L’auteur nous parle aussi des difficultés de sa
vie de tous les jours et en particulier de sa vie en
couple : « plus de mots tendres sur l’oreiller, des mots
doux susurrés à l’oreille, des mots inaudibles parce
que ce n’est pas le lieu pour hausser le ton ».
Il nous explique aussi sa passion pour la montagne :
« j’entends très bien l’eau du torrent qui court ; je crois
même que j’entends la montagne dans son ensemble ;
pas les bruits ; non, la montagne ! » Patrick est combatif,
parfois sombre, mais jamais amer.
Nous saluons son courage et souhaitons que ses
problèmes de réadaptation professionnelle puissent
rapidement trouver une solution satisfaisante.
Nous vous invitons à lire son livre et à le diffuser
autour de vous (2).
René Cottin, ARDDS ■
Édition compte d’auteur - Impression 04700 ORAISON 2010 - email : [email protected]
Prix : 10 € (frais expédition 2 € inclus) à commander auprès de Surdi13, Le ligoures Maison de la vie associative,
place Romée de Villeneuve 13090 Aix-en-Provence, [email protected]
Résonnances - Octobre 2010

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