Le Journal du Dimanche - 20 Decembre 2015 - entree
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www.lejdd.fr I 20 décembre 2015 I N° 3597 I 1,80 € (JDD + Version Femina) Cinq idées chocs contre le chômage J. MARS Laurent Berger met en garde le gouvernement bernard TaPie « Je reviens en politique » M 00851 - 3597 - F: 1,80 E 3’:HIKKSF=VUV]UZ:?d@p@t@h@a"; b Exclusif. Défait par la justice et menacé de ruine, l’homme d’affaires prépare un plan « pour interdire le chômage des jeunes » b Il menace de rentrer dans le jeu de 2017 b Sa femme, Dominique Tapie : « Nous ne sommes pas traités comme tout le monde » Pages 14-15 Bernard Tapie, vendredi, chez lui, à Paris. BERNARD BISSON POUR LE JDD PASCAL POCHARD-CASABIANCA/AFP EPA/MAXPPP PHILIPPE LAVIEILLE/MAXPPP Gilles Simeoni au Jdd baisse du pétrole 31 décembre Pages 8-9 Pages 20-21 Page i du Cahier Paris La libération Les pays de Golfe d’Yvan Colonna ? préparent une «On verra plus tard» cure d’austérité France métropolitaine : 1.80 € Sur les Champs, un réveillon sous haute surveillance Pages 2 à 4 2| L’événement jdd | 20 décembre 2015 Social L’Élysée cherche des mesures pour l’emploi que la droite pourrait soutenir. Mais les clivages sont profonds. Les Républicains y voient un piège L’unité nationale contre le chô P chriStine ollivier nicolaS PriSSette @coll7533 @NicolasPri7 euvent-ils s’entendre ? Certes, Manuel Valls a accepté cette semaine la main tendue par Jean-Pierre Raffarin, et la droite, comme le patronat, se sont aussitôt emparés du débat. Mais déjà, les syndicats et une partie de la gauche grondent. François Hollande s’est donné un mois pour apporter sa réponse. Le président de la République livrera son plan le 18 janvier au Conseil économique, social et environnemental, lors des traditionnels vœux aux acteurs de l’entreprise et de l’emploi. « Il y a des majorités d’idées. On ne peut pas dire : “rassemblezvous uniquement sur nos projets”, il faut étudier ceux des autres. On a réussi sur la sécurité, on peut réussir sur d’autres sujets », espère un proche du chef de l’État. Au sein de l’exécutif, la COP21 sert de référence. « Les positions étaient très éloignées au départ, mais le dialogue et le mouvement de la société ont permis un accord », estime un conseiller. Le patronat fonce, les syndicats s’alarment Hollande a réuni le gouvernement hier pour un séminaire destiné à préparer l’année 2016. La veille, il a assisté à la réunion quotidienne du secrétaire général de l’Élysée, à laquelle il se rend une fois par trimestre. Au menu, entre autres dossiers, les futures mesures pour l’emploi. L’exécutif a inscrit à son programme une loi El Khomri, du nom de la ministre du Travail, destinée à simplifier le Code du travail, et une loi Macron 2 pour doper les créations d’entreprises. Il va notamment y ajouter un dispositif pour la formation des chômeurs. François Hollande, vendredi, à l’élysée. Le Président livrera son plan contre le chômage le 18 janvier au Conseil économique, social et environnemental. Thomas Padilla/maXPPP Mais après avoir vu François Hollande accepter devant le Congrès les idées des Républicains et du FN contre le terrorisme, les syndicats redoutent qu’il emprunte le même chemin contre le chômage. Dans son interview au JDD (lire ci-contre), le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, exhorte Manuel Valls à refuser les projets du patronat. « Il y a déjà eu un pacte, c’est le pacte de responsabilité », rappelle-t-il, évoquant les 41 milliards de baisse d’impôts destinés à relancer la croissance et l’emploi, dont il réclame un bilan. Dès mardi, Pierre Gattaz a plaidé pour un « état d’urgence économique » et un « pacte républicain » contre le chômage. Le président du Medef propose un contrat de travail exonéré de toute cotisation pendant deux ans, l’allongement des CDD jusqu’à trois ans, la dégressivité des allocations chômage, une nouvelle TVA sociale, etc. François Asselin, son homologue de la CGPME, dont de nombreux adhérents sont sensibles au discours du FN, a, lui aussi, dégainé une série de revendications similaires (lire ci-dessous). La droite, elle, met le Premier ministre au défi de passer des paroles aux actes. Convié début janvier à Matignon comme les présidents de groupe parlementaire, le chef des députés UDI, Philippe Vigier, compte s’y rendre avec ses propositions. « Je suis prêt à travailler, dit-il, mais seulement si la démarche est sincère, avec des mesures fortes et non des mesurettes. » Patron de la majorité sénatoriale et nouveau président de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau (LR) renvoie, lui aussi, la « charge de la preuve » à Manuel Valls. « Nous avions tendu la main au moment de la loi Macron, rappelle-t-il. Le gouvernement nous a claqué la porte au nez. » Dans une tribune publiée hier dans Le Monde, François Fillon prend aussi François Hollande au mot en le sommant de « faire sauter les verrous » : sur le contrat de travail, les 35 heures, le licenciement économique, les seuils sociaux… Autant de mesures que l’exécutif a écartées depuis 2012. L’ancien Premier ministre rejette d’avance une « mini-loi El Khomri » qui viendrait après « la petite loi Macron ». avantage est de donner une réputation : on est noté par les clients, qui peuvent être rassurés sur la fiabilité du service. Faire de l’autostop était autrefois dangereux, aujourd’hui, on sait avec qui on monte en voiture. Demain, on saura à qui on confie ses courses, la garde d’une personne âgée, etc. Les plates-formes permettent aussi d’ajuster l’offre et la demande, donc de réduire les heures sans activité et d’augmenter le volume de travail. Le gisement d’emplois est phénoménal. Mais on ne peut pas développer ces métiers, qui sont souvent de l’emploi indépendant, sans résoudre en même temps la question de la précarité. Par exemple, seul un CDI est reconnu par les banques pour un prêt immobilier. Si l’on montre qu’on paie son loyer chaque mois, ou qu’on a déjà remboursé un emprunt, cela devrait suffire auprès des banques. » Laurent Bigorgne, directeur de l’institut Montaigne lège, en gardant le collège unique. En France, les ambitions sont déplacées, on veut que tout le monde atteigne le même niveau ; du coup, la part de l’enseignement académique est trop forte. De leur côté, les entreprises doivent repenser le fonctionnement des branches. En Allemagne, un patron peut en appeler un autre à 50 km pour lui demander s’il connaît un apprenti à recruter. En France, à part l’aéronautique et l’automobile, aucun secteur ne sait travailler de cette façon. » cinq idéeS choc Pour l’emPloi François Asselin, président de la CGPME Instaurer un contrat sans charges « Je ne demande qu’une chose, c’est qu’on écoute les entrepreneurs car l’occasion d’agir ne se représentera pas dans ce quinquennat. Nous préconisons dans l’urgence l’instauration du contrat zéro charges, dispositif qui avait bien fonctionné en 2008. Le gouvernement a certes fait un effort considérable avec le pacte de responsabilité, qui nous permet de rattraper l’écart de taux de marge avec les entreprises allemandes. Mais la pression fiscale a beaucoup de mal à baisser : de nouveaux prélèvements sont prévus pour les mutuelles obligatoires et les impôts locaux augmentent. Quand vous demandez aux patrons pourquoi ils n’embauchent pas, ils formulent toujours les mêmes réponses : il faut agir en sécurisant les ruptures de contrats de travail, donc en levant la peur d’embaucher. Les séparations doivent être plus simples, plus rapides. Le coût des litiges éventuels doit être connu à l’avance, comme le prévoyait la loi Macron. » Augustin Landier, école d’économie de Toulouse, membre du Conseil d’analyse économique Développer les plates-formes numériques « Le chômage concerne surtout les moins qualifiés. Le taux est de 16 % en dessous du baccalauréat, contre 6 % au-dessus. Or nous avons un déficit d’emplois de services auxquels les personnes peu qualifiées pourraient prétendre. Les plates-formes numériques, comme celle d’Uber, sont une solution d’avenir. Leur Réformer l’apprentissage « La France ne s’est pas posé les bonnes questions pour les jeunes les moins qualifiés. Il faut une réforme profonde de l’apprentissage. Nous avons trois fois moins d’apprentis que l’Allemagne, or nous dépensons trois fois plus d’argent public. Il n’y a pas besoin d’ajouter des subventions, si c’était la solution, cela marcherait déjà. Le sujet est le pilotage du système : il doit être repris en main. Aujourd’hui, l’ensemble est défaillant, entre les lycées professionnels de l’État, qui sont délaissés, et les centres de formation financés par les régions, les branches et les chambres consulaires. Il faudrait aussi créer un préapprentissage au niveau du col- Claire Hédon, présidente ATD Quart Monde Appliquer le projet zéro chômeur de longue durée « Le chômage de longue durée coûte 33 milliards d’euros par an à la collectivité, entre les aides sociales versées, les pertes de recettes fiscales, les surcoûts en santé… Notre idée est d’utiliser l’événement | 3 jdd | 20 décembre 2015 Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT mage ? Taux de chômage selon les critères du BIT (moyennes trimestrielles en % de la population active en France, y compris DOM) Prévision 11 10 10,4% 9 8 7 2007 2009 2011 2013 2015 2016 Source : Insee « Ce qu’on est capable de faire dans les collectivités locales, où on travaille déjà ensemble, on doit être capable de le faire au plan national, veut croire, pour sa part, l’ancien ministre (LR) Dominique Bussereau. Si on veut éviter d’avoir Marine Le Pen présidente en 2017, il faut qu’on se secoue les puces. » Le nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Xavier Bertrand, s’y emploie : il a appelé le député PS Laurent Grandguillaume pour s’associer à l’opération « Territoires zéro chômeurs de longue durée », un dispositif d’ATD Quart Monde approuvé par les députés, majorité et opposition confondues. Scepticisme à droite Mais c’est bien le scepticisme qui domine à droite, pas dupe du piège tendu par François Hollande à dix-huit mois de la présidentielle. Convié en janvier à l’Élysée avec les nouveaux présidents de région, Bruno Retailleau s’y rendra. « Ce que j’attends, c’est que le talent que [le Président] met dans la manœuvre politicienne, il le mette au service du redressement du pays. » Sans guère y croire : « Tout ça, c’est de l’habileté politicienne. » g cet argent autrement. En rassemblant ces moyens, il est possible de financer la création d’emplois en CDI au smic pour des chômeurs de longue durée, dans des entreprises privées. Ces emplois nouveaux ont vocation à répondre à une demande de services qui n’est pas satisfaite aujourd’hui parce que trop chère. Je pense au soutien scolaire, à l’accompagnement de personnes âgées, à l’entretien des jardins partagés, à l’aménagement de chemins de randonnée, etc. Ces prestations seront payées par les clients mais à un prix devenu abordable. Cette proposition est en bonne voie. Elle a été portée par le député PS Laurent Grandguillaume et votée à l’unanimité à l’Assemblée le 10 décembre, elle passe au Sénat le 13 janvier. Ce consensus politique est très important pour ATD Quart Monde. Le dispositif doit être expérimenté dans une dizaine de « Chacun cherche la martingale » IntervIew NicolaS PriSSette @NicolasPri7 le gouvernement souhaite une union nationale contre le chômage. Pierre Gattaz, président du Medef, veut un « pacte républicain ». Une concorde pour l’emploi est-elle envisageable ? L’urgence absolue est de faire baisser le chômage, d’accord. Qu’il y ait des gens de tout bord qui portent une volonté commune, très bien. Que le chômage favorise le vote FN, tout le monde l’a compris. Mais la question est de savoir comment on fait. Je dis au gouvernement : ne cédez pas à la panique, ne cédez pas à la pensée unique selon laquelle le problème est le coût du travail, comme le dit le Medef. Le problème, c’est l’investissement, la qualification et la formation. il n’est pas possible de trouver des mesures consensuelles ? Chacun cherche la martingale contre le chômage. On rêve d’une solution miracle, on tente la transgression… Mais le patronat est figé dans ses postures. Je constate que les idées du Medef, c’est la précarité, la baisse supplémentaire du coût du travail, et aucune réflexion sur l’économie. Que le gouvernement ne tombe pas dans ce piège. le coût du travail en France n’est plus un sujet ? Les entreprises ont eu l’argent du pacte de responsabilité, 41 milliards d’euros. Elles devaient investir, former, embaucher. Quelques branches se sont engagées mais beaucoup ont failli. Je demande que le gouvernement réunisse dès que possible tous les partenaires sociaux pour tirer les choses au clair, faire le bilan des engagements sur l’investissement, les embauches, l’appren- territoires ruraux et urbains pendant cinq ans. Nous estimons que 2.000 à 3.000 personnes pourraient en bénéficier. Cela nous permettra d’apprécier l’efficacité de la mesure et son impact sur la scolarité des enfants, la santé, la vie sociale, etc. » Paul Duan, cofondateur de l’ONG Bayes Impact Utiliser le big data « Notre ONG établie à San Francisco est composée d’ingénieurs et de scientifiques spécialisés dans l’utilisation à grande échelle des données. En France, beaucoup de formations n’offrent pas de débouché, les reconversions sont lentes, la mobilité est faible. Nous avons une institution unique en son genre, Pôle emploi, qui centralise beaucoup de données. Il est possible de les exploiter plus efficacement en partageant les informations sur les personnes, leurs parcours, les formations et les entreprises. Nos outils informatiques peuvent Laurent Berger : « Je dis au gouvernement : ne cédez pas à la pensée unique du Medef. » Julien De FOnTenAY POuR le JDD tissage. Il faut commencer par demander des comptes au lieu de se laisser embarquer dans l’escalade des revendications patronales. ce serait la faute au patronat, les syndicats n’ont rien à se reprocher ? La CFDT a pris ses responsabilités. Je n’ai pas d’état d’âme pour aider les entreprises à construire les mobilités, à développer les compétences, à s’organiser avec agilité pour répondre à la demande. Je dis aussi qu’on peut soutenir l’entreprenariat comme le fait, par exemple, l’Association pour le droit à l’initiative économique (Adie). Personne ne reprochera à la CFDT un quelconque immobilisme. En revanche, il faut arrêter de considérer que les organisations patronales n’ont aucune responsabilité dans le chômage. Définissentelles le nouveau monde, celui de la transition énergétique, de la transition numérique, de la qualité des relations sociales ? Non, rien. Le leader du Medef dit que le social est un problème, alors que la performance de l’entreprise en dépend. le gouvernement promet un effort sur la formation. permettre au demandeur d’emploi de définir sa meilleure stratégie de recherche. Un exemple simple, si quelqu’un veut être boulanger, on peut trouver sur tout un territoire les meilleures formations et identifier les endroits où on aura besoin d’une boulangerie. Autre exemple, en comparant les profils d’inscrits à Pôle emploi à ceux présents sur le site Viadeo, on peut voir où sont les compétences qui manquent et donc y répondre. En Allemagne, cette approche a permis de grands progrès pour la formation. En France, elle aide déjà à anticiper les embauches par secteur. Ce qui manque à ce stade, c’est une logique d’ensemble. Nous avons commencé à travailler avec Pôle emploi et le ministère du Travail. Le projet est certes ambitieux mais utiliser les données ne nécessite pas des moyens colossaux. » ProPoS recUeilliS Par N.P. MAXPPP, OPAle/leeMAge, news PicTuRes, AnDiA, leFigAROPHOTO cela va-t-il dans le bon sens ? Il faut faire beaucoup, beaucoup plus sur la formation. Nous avons un besoin urgent de former 450.000 demandeurs d’emploi supplémentaires. Le plan en cours porte sur 150.000 entrées pour les métiers en tension, ceux de la transition numérique et énergétique. Il faut aller beaucoup plus loin en élargissant aux qualifications de demain et aux savoirs fondamentaux. On estime que 60 % des métiers qui embaucheront dans vingt ans ne sont pas connus. Il y a donc beaucoup à faire. Si c’est urgent, pourquoi cela n’a-t-il pas été fait jusqu’ici ? Parce que tous les acteurs n’agissent pas ensemble. Il y a des centres de formation vides et l’Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) doit être pleinement utilisée. Nous voulons travailler mieux avec les conseils régionaux. Et nous attendons que l’État s’engage fortement sur le financement des mesures à venir. comment relancer l’apprentissage, comme le veut l’exécutif ? Il faut permettre l’entrée en apprentissage à n’importe quelle période de l’année. Aujourd’hui, si un jeune rate la rentrée de septembre, il se retrouve démuni pendant un an. L’apprentissage ne coûte presque plus rien aux entreprises, c’est bien la preuve que la baisse des coûts ne résout pas tout. Pour débloquer la situation, nous devrons peut-être passer par une forme de contrainte et pénaliser les entreprises sans apprentis. Il faudra aussi un acte volontariste pour améliorer le statut de l’apprenti et pour relancer les formations au niveau CAP et bac pro. Quels sont vos modèles de réussite contre le chômage ? J’ai beaucoup d’exemples. Quand Renault recommence aujourd’hui à embaucher, après un accord de compétitivité qui a sauvé des emplois, c’est la preuve que c’est possible. Quand on a fait des plans de formation à SaintNazaire pour répondre aux nouvelles commandes des chantiers de l’Atlantique, ça a marché. Quand, à Cholet, une entreprise de menuiserie est passée de 90 à 450 salariés en investissant et en augmentant la part de femmes, grâce au dialogue social, ça a marché aussi. Vous n’avez pas signé le projet d’accord sur le travail du dimanche dans les grands magasins. c’est un échec ? Ce n’est pas terminé. Dans la loi Macron, nous avons exigé que le travail dominical passe par un accord pour que les contreparties soient dûment négociées. Nous souhaitons aboutir dans les grands magasins. Il y a encore des points importants à traiter, pour les vendeurs démonstrateurs, sur la garde d’enfants, sur les créations d’emplois. J’invite les dirigeants de la branche professionnelle à écouter la fédération CFDT pour trouver les solutions. g 4 | l’événement JDD | 20 décembre 2015 TémoignageS de chômeurS Béatrice, ex-Gad, 43 ans, bac pro « J’enchaîne les petits contrats » Selon l’insee, 1,4 million de personnes se trouvent comme Béatrice dans le « halo » du chômage. Les fins de cdd et d’intérim représentent 28 % des inscriptions à Pôle emploi « J’ai eu l’impression de tomber dans un trou lorsque j’ai dû quitter les abattoirs Gad fin 2013. Après un bac pro, j’étais entrée dans le groupe pour faire de la télévente. Cela a duré vingt ans. Je savais très bien que l’on perdait des clients et de l’argent mais ce fut tout de même un traumatisme. Tout de suite après mon licenciement, j’ai accepté un CDD de télévente dans une autre entreprise bretonne. Je me suis retrouvée à nouveau au chômage avec 34 € d’indemnité journalière pendant plusieurs mois. L’agence Pôle emploi ne m’a pas aidée, l’ambiance était morbide. On prend vos documents sans vous parler et tout se fait par mail. Seule la cellule de reclassement d’Altedia pour les ex-Gad m’a soutenue psychologiquement. En février 2015, j’ai accepté un autre CDD, toujours en télévente, à 35 km de mon domicile. Je suis payée un peu moins que chez Gad, environ 1.300 €. » m.n. Pascal, 56 ans, ancien de PSA Aulnay « Trop qualifié, trop vieux, trop cher » Les plus de 50 ans représentent un inscrit sur quatre à Pôle emploi. cette catégorie en augmentation est évoquée comme celle des « chômeurs découragés », ayant peu de chances de retrouver un emploi « Une journée m’avait suffi pour trouver un emploi chez PSA à Aulnay. C’était il y a trente ans… J’ai fait toute ma carrière dans l’usine Citroën avant la fermeture, fin 2013. J’étais responsable des essais industriels. Pas cadre, mais vraiment pas loin. Aujourd’hui, je suis trop qualifié, trop vieux, trop cher pour sortir du chômage. J’ai bien décroché une semaine d’essai, il y a plusieurs mois, pour un poste dans l’automobile. C’était une erreur de jugement, de ma part ou de celle de l’employeur. En congé de reclassement, j’ai compris que créer ma boîte serait plus payant que d’attendre un emploi. Je viens de monter une société de services informatiques. Elle a déjà un nom, Comutel.fr, un site Internet, un siège social chez moi, à Dammartin. Je suis toujours en procès contre PSA, qui m’a laissé sur le carreau. On est beaucoup trop nombreux dans ce cas. » S.a. Charlotte, 22 ans, sans diplôme « Ici, il n’y a rien » 526.800 personnes de moins de 25 ans sont au chômage. Le marché du travail des jeunes connaît une légère amélioration : le nombre d’inscrits à Pôle emploi a reculé de 2,9 % sur un an « J’ai 22 ans, j’habite chez mes parents à Pipriac, en Ille-et-Vilaine. Après la seconde, je me suis orientée vers un bac professionnel dans les métiers du cheval. Mais j’ai dû arrêter ma scolarité à la suite d’un accident. Depuis trois ans, je cherche du travail dans le domaine équestre, sinon dans les métiers de la photographie ou de la vente. Mais ici, il n’y a rien. Mes amis, eux, ont poursuivi leurs études ou bien ils sont partis travailler ailleurs. J’ai mon permis de conduire mais je n’ai pas les moyens de bouger et personne pour m’héberger. Je n’envisage pas de reprendre des études, les formations sont payantes et je suis en âge de travailler, c’est ce que je veux. Les employeurs, eux, demandent surtout de l’expérience, mais aucun ne veut en donner. Je me suis investie dans le milieu associatif avec ATD Quart Monde, cela me donne de l’espoir, ça donne envie de se battre. » n.P. à La Plagne, les saisonniers embauchés dans les hôtels, les bars et les restaurants se chiffrent par milliers. Camille mOiReNC/hemis.fR La montagne, premier employeur de France Comment 120.000 saisonniers sont embauchés pour quelques mois. Reportage à La Plagne, la plus grande station au monde La PLagne (Savoie) EnvoyéE spécialE SyLvie andreau Il ne manque que la neige. Les saisonniers, eux, sont là depuis le week-end dernier et l’ouverture d’une majorité de stations de ski françaises. De la femme de chambre au spécialiste du déclenchement d’avalanches, près de 120.000 personnes ont pris leur poste. La montagne devient, l’espace de quelques mois, le premier employeur du pays. Une bonne nouvelle : les recrutements vont résister cet hiver, malgré une industrie du ski qui voit son nombre de clients fondre année après année. Même en altitude, les maux qui gangrènent le marché du travail persistent : la précarité qui s’est installée, les demandes d’emploi supérieures aux offres, les jeunes sans formation… « Pour réussir sa saison, il faut pouvoir compter sur une équipe motivée et opérationnelle », insiste Stefan Koumanov, directeur d’école de ski à La Plagne. La plus grande station de France, avec 2,4 millions de skieurs par saison, est aussi le plus grand employeur d’altitude du pays. Elle compte près de 700 moniteurs de ski, autant de salariés pour l’entretien des pistes et le fonctionnement des remontées. Les saisonniers embauchés dans les hôtels, les bars et les restaurants se chiffrent par milliers. Opération recrutement à Albertville Cet automne, l’opération recrutement a commencé à Albertville, avec un grand forum des employeurs régionaux. Les candidats y sont arrivés des quatre coins de France, souvent en bus spéciaux. Caroline Arpin, propriétaire de l’un des rares quatre-étoiles de la Plagne, le Carlina, y prend chaque année son stand. « Beaucoup de jeunes veulent aller travailler à Courchevel, mais c’est de la poudre aux yeux. Ils n’auront jamais la vie d’un client de Courchevel… », insiste l’hôtelière, qui a bouclé son recrutement de 40 personnes. Sans qualification, Morgane, Bretonne de 20 ans, a dû suivre une formation de quelques semaines dans un hôtel de Tignes, transformé en école en attendant l’ouverture de la saison. Elle vient de commencer un contrat de professionnalisation de femme de chambre au Cocoon, petit hôtel familial et haut de gamme de La Plagne. Si tout va bien, elle y restera jusqu’à la miavril. Sinon, elle passera par la case maison des saisonniers. Planté au cœur de La Plagne centre depuis 2003, le petit bureau de Carine Pouchoy ne désemplit pas. À la fois agence de Pôle emploi, antenne de la Sécurité sociale et office d’intérim, la maison des saisonniers reflète le climat social qui règne dans le massif. « Nous avons cette année beaucoup plus de demandes que d’offres », regrette Carine Pouchoy. La Plagne fait partie de ces stations d’altitude qui ouvrent tôt et ferment tard dans la saison. Leur bon enneigement est censé assurer des contrats plus longtemps… Sauf qu’à La Plagne comme ailleurs, ceux-ci ont tendance à se raccourcir. « On voit se développer des CDD calés sur le calendrier scolaire et même des demandes pour des extras sur de très courtes périodes », témoigne Carine Pouchoy. « On ne consomme plus la montagne comme il y a vingt ans, justifie Jean-Luc Boch, maire de la commune. Le client est moins fidèle, les séjours se raccourcissent. » Les stations se retrouvent avec des jeunes inoccupés une grande partie de l’hiver. Adrien, 23 ans, arrivé d’Aix-en-Provence, n’a pas passé le cap du premier week-end d’ouverture dans le restaurant qui l’avait embauché. Électricien de formation, commis de cuisine par opportunisme, il est passé déposer un CV à la maison des saisonniers. Il a aussi 48 heures pour débarrasser le plancher du petit studio où son patron l’avait logé. « Sans toit sur la tête, ça devient très compliqué », s’inquiète le jeune. « On est mieux ici que chez Astérix » Le premier employeur de la station, la société d’exploitation des remontées mécaniques, n’a pas hésité à mettre en place des navettes quotidiennes pour le transport de ses 645 salariés, de la vallée vers la station. Elle aussi reçoit des centaines de CV, malgré moins d’une vingtaine d’embauches par an. Le métier de pisteur fait toujours rêver mais ce sont des électriciens et des mécaniciens que recherche avant tout Christine Wojcik. « Et des gens qui parlent anglais », insiste la directrice générale adjointe de La Plagne. Une compétence qui reste rare, même parmi les jeunes saisonniers. Autre atout du gestionnaire des remontées, il propose l’été un reclassement dans ses parcs d’attractions. Katie, 58 ans, dont quarante aux remontées mécaniques, est bien allée faire un tour « chez Astérix » en région parisienne. « C’est bien mais on est mieux ici », sourit-elle depuis le départ du télésiège des Verdons. g 6 | instantanés JDD | 20 décembre 2015 Les indiscrets Le top 5 twitter Les confidences d’Onfray Avant d’annoncer sa pause médiatique, Michel Onfray avait donné son accord à Isabelle Morizet pour une interview intime sur Europe 1 et il a tenu parole. Onfray évoque longuement son enfance particulière dans la Manche : sa mère, femme de ménage, qui l’abandonne à 10 ans, avec qui il s’est finalement réconcilié ; son père, ouvrier agricole, taiseux, qui est mort dans ses bras ; son pensionnat catholique en forme d’orphelinat ; son caractère chétif dans ce Far West français ; sa croyance éphémère en Dieu puis son amour des livres ; son rêve d’être conducteur de trains… Un entretien d’une grande émotion. Aujourd’hui à 15 heures, sur Europe 1. 1 Lundi matin, après un second tour Boucheron fait la leçon au collège de France Une longue houle d’applaudissements. L’historien Patrick Boucheron a fait bouger les lignes jeudi soir pour sa leçon inaugurale au Collège de France, prononcée à guichets fermés. Devant ses pairs aux trois premiers rangs, il n’a pas hésité à suggérer « de réorienter les sciences sociales vers la cité, en abandonnant d’un cœur léger la langue morte dans laquelle elles s’empâtent ». Devant Thierry Mandon, le secrétaire d’état chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, l’historien a conclu ainsi : « Pour affronter ce qui vient, il nous faudra être calmes, divers, et exagérément libres. » un seul concours pour les avocats Révolution chez les avocats. Thierry Mandon, le secrétaire d’état chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a annoncé vendredi la création prochaine d’un concours national pour préparer à la profession d’avocat. Jusqu’à présent, 44 concours distincts étaient organisés dans 44 universités qui devaient concocter chacune 16 épreuves différentes… avec des taux de réussite allant du simple au double. L’hommage de riad sattouf L’an prochain, le musée du Quai Branly fête ses 10 ans. Huit expositions seront organisées dont l’une, très attendue, « Jacques Chirac et le dialogue des cultures » sur l’ancien président qui s’est battu sans compter pour l’ouverture de ce musée des arts et civilisations. Pour l’occasion, le dessinateur et cinéaste Riad Sattouf (Les Beaux Gosses) a accepté ce qu’il refuse habituellement : la réalisation de l’affiche qui servira d’identité visuelle au musée pour toute l’année 2016. La commission d’éthique de la Fifa rend son verdict à l’encontre de Michel Platini (photo) et Joseph Blatter, qui risquent une radiation à vie de l’instance internationale de football. g Sommet du Mercosur, le marché commun sudaméricain, à Asunción (Paraguay). g Cérémonie d’investiture du président s’est dit d’accord avec Jean-Pierre Raffarin, qui défend l’idée d’un « pacte républicain contre le chômage » pour éviter une victoire du FN en 2017. @manuelvalls Un pacte républicain pour l’emploi. Tous rassemblés pour en finir avec le chômage ! Ok avec @jpraffarin ! annoncé mercredi qu’ils reviendront en concert à Paris le 16 février à l’Olympia. Julie, rescapée du Bataclan, annonce qu’elle y sera. @joulaye Bon bah je sais pas pour vous mais moi, le 16 février je serai à L’Olympia 4 Alors que Star Wars sort en salles, la gendarmerie nationale détourne une des plus célèbres répliques de la saga à son compte. @Gendarmerie #StarWars Fan de la saga ou pas, sur la #Force humaine toujours compter tu pourras ! #ÀVotreService anne Hidalgo courtisée par la droite 5 Le milieu de terrain de Chelsea Les grandes manœuvres ont commencé pour la présidence de la Métropole du Grand Paris (MGP). Deux élus de droite, André Santini et Patrick Ollier, ont vu récemment Anne Hidalgo. Tous deux ont proposé à la maire de Paris la première vice-présidence de la MGP. En bonne mitterrandiste (« on ne sort de l’ambiguïté qu’à son propre détriment »), Hidalgo n’a dit « non » à personne. Pour l’instant, seul le centriste Philippe Laurent, maire de Sceaux, s’est porté officiellement candidat. Il pourrait rallier des soutiens des deux bords. JUlIen De FOntenAY POUr le JDD concert post13 novembre Guigou en Birmanie Médecins, infirmières, pompiers, secouristes, militaires… 12.000 personnels et bénévoles sont invités demain soir à un concert exceptionnel (Stars 80) à l’AccorHotels Arena pour les remercier de leur mobilisation lors des attentats. La soirée est organisée par la Mairie de Paris, le ministère de l’Intérieur et l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Le top de la presse François Hollande, Johnny Hallyday et Tony Parker sont les personnalités françaises, chacune dans leur secteur, les plus évoquées par la presse francophone en 2015. C’est le résultat d’un classement Pressedd, première plateforme de la presse en France. Lejdd.fr Lire le classement complet à suivre cette semaine Lundi 2 Mercredi, le Premier ministre 3 Les Eagles of Death Metal ont air France change de chemise Les personnels d’Air France vont voir leurs tenues changer. Ils portent du Christian Lacroix depuis 2005, une éternité en matière de mode. Alexandre de Juniac, le PDG d’Air France-KLM, ne voit qu’une griffe susceptible d’incarner le chic à la française : Chanel. des régionales sans victoire pour le Front national, Marine Le Pen s’est trouvé une nouvelle opposante de choix : Nabila. @leonnaboo @MLP_officiel non mais Allo vous passerez jamais nananananère guinéen Alpha Condé, qui entame son second mandat. Mardi Décision du Conseil constitutionnel sur la QPC à propos du régime des assignations à résidence dans le cadre de l’état d’urgence. g Le Secours populaire, Marcel Campion et l’association le Monde festif invitent 1.000 Le top 5 Google tendances de recherches du 12 au 18 décembre (plus fortes progressions) Tous les sujets France Personnalités politiques 1. élections régionales 2015 2. édith Piaf 3. PSG vs Lyon 4. Pierrette Le Pen 5. Valérie Pécresse 1. Marion Maréchal-Le Pen 2. Marine Le Pen 3. Jean-Marie Le Pen 4. François Hollande 5. Nicolas Sarkozy Nos classements et analyses sur lejdd.fr retrouvez à suivre cette semaine ce matin entre 6 h et 10 h dans Week-end Première sur enfants et familles d’Îlede-France à la grande roue, place de la Concorde. g Bernard Cazeneuve à Toulouse pour rencontrer les effectifs déployés dans le cadre du plan Vigipirate. g Supercoupes de volley à Paris-Coubertin. Mercredi Présentation en Conseil des ministres du projet de réforme constitutionnelle annoncé par François IBO/SIPA ; VIncent ISOre/IP3 ; WItt/SIPA ; ISABellA BOnOttO/UPDAte IMAGeS PreSS/MAXPPP Élisabeth Guigou a rencontré vendredi Aung San Suu Kyi à Naypyidaw, la capitale administrative birmane. La présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée était porteuse d’un message de François Hollande à la chef de l’opposition qui a remporté les législatives le mois dernier. Guigou s’est dite impressionnée par la détermination de la Prix Nobel à « prendre en main la réalité du pouvoir », tout en sachant que la Constitution lui interdit d’être présidente. François Hollande pourrait se rendre en Birmanie avant l’automne prochain. Cesc Fàbregas a salué jeudi le départ de son entraîneur José Mourinho, démis de ses fonctions par la direction après de mauvais résultats. @cesc4official Merci pour tout ce que tu as fait pour moi. Je te dois beaucoup et tu vas nous manquer à tous. Bon chance pour la suite. Hollande trois jours après les attentats de Paris. g Décision de reconduction, ou non, de l’état d’urgence en Tunisie. g Discours annuel du roi Salmane d’Arabie saoudite (photo) devant le Majis Al-Choura, le conseil consultatif. g L’Insee publie les résultats des comptes nationaux pour le troisième trimestre 2015. Jeudi Publication du nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi au mois de novembre. g La CroixRouge invite 2.000 enfants et leurs parents au spectacle La Féerie des eaux et à la projection du Voyage d’Arlo au Grand Rex, à Paris. g Messe de Noël dans la basilique de la Nativité à Bethléem (Cisjordanie). Vendredi Bénédiction urbi et orbi du pape (photo) sur la place Saint-Pierre, à Rome, à l’occasion de la fête de Noël. Samedi Boxing Day, traditionnelle journée du championnat d’Angleterre de football, après Noël. Dimanche La ville de SaintSébastien, en Espagne, devient la capitale européenne de la culture pour un an. g Premier tour des élections présidentielle et législatives en Centrafrique. g Second tour de l’élection présidentielle en Haïti. 8| Politique jdd | 20 décembre 2015 Corse Amnistie des prisonniers, discours en corse, refrain sur l’indépendance… Alors qu’à s’étranglent, le nouvel homme fort de l’île, Gilles Simeoni, joue la carte de l’apaisement Simeoni calme le jeu L stéphane Joahny nelles… – ce sont les nationalistes qui les ont portés. Il faut se rappeler qu’en 1992, si la droite et la gauche n’avaient pas fait un barrage républicain, ils étaient déjà aux portes du pouvoir avec à leur tête Edmond Simeoni, le père de Gilles. » e cœur encore meurtri par les attentats de novembre et les yeux rivés sur les résultats du Front national, le « continent » vient de découvrir cette semaine, ébahi, que la Corse « Il a toujours refusé la violence » s’était donnée aux nationalistes. Moins de deux ans après avoir Pour Jérôme Paoli, président évincé la dynastie Zuccarelli de d’Opinion of Corsica, partenaire la mairie de Bastia, Gilles Simeoni, d’Opinion Way sur la Corse, « Simeoni a siphonné des voix 48 ans, connu jusque-là du grand public pour avoir assuré la défense aussi bien à droite qu’à gauche… d’Yvan Colonna, vient en effet Il est parvenu à dépasser les clide décrocher la vages politiques et présidence de générationnels et l’exécutif corse. « On le présente a profité du rejet U n e v i c t o i r e comme un de la classe polisans appel – il tique traditionne manque que autonomiste, nelle. Même si, deux sièges à alors que c’est un idéologiquement, son alliance avec cela n’a rien à vrai nationaliste » les indépendanvoir, je pense que tistes assumés de l’on peut faire un Jean-Guy Talaparallèle avec le vote FN sur le continent qui est moni pour atteindre la majorité absolue – mais pas vraiment une aussi un rejet des partis classiques victoire surprise. sur le thème “pourquoi pas eux”, Inéluctable, l’arrivée au pou“essayons une troisième voie”… » Impossible de converser plus voir des « natios » ? « Cela fait plus de quarante ans que toute de deux minutes avec Gilles la vie politique en Corse tourne Simeoni sans être interrompu autour d’eux », approuve un fin par un « bravo », un « merci », un mot d’encouragement… Un connaisseur de la politique insucapital sympathie qui dépasse laire. « Tous les débats qui agitent la société corse – l’environnement largement les frontières du camp avec le scandale des boues rouges nationaliste. Comme en témoigne et l’agriculture avec Aléria dans les ce message posté sur la page années 1970, la défense de la langue, Facebook du nouveau patron de la maîtrise du foncier, la création la Corse : « M. Simeoni, bien que de l’université de Corte, la protecnon-corse mais travaillant ici detion du littoral y compris avec des puis six années déjà, j’ai soutenu bombes, les évolutions institutionvotre campagne et aujourd’hui, L’autonomiste Gilles Simeoni, jeudi, à Ajaccio. Pascal POcHaRD-casaBIaNca/aFP durant votre discours, j’avais les larmes aux yeux… » À longueur de messages, il n’est question que de « ferveur », « valeurs », « confiance », « conviction » ou encore de « fierté ». « Ce qui s’est passé va bien au-delà d’une simple victoire des nationalistes, résume pour le JDD Gilles Simeoni. C’est une respiration démocratique pour la Corse. » Attention, tous ne partagent pas cet enthousiasme, à l’instar de cet avocat ajaccien qui se définit comme « bleu blanc rouge ». « Simeoni, on le présente comme un autonomiste alors que c’est un vrai nationaliste. Oui, je suis inquiet. Même si 64 % des Corses n’ont pas voté pour lui et si, officiellement, cela ne figure pas à l’ordre du jour de cette mandature, c’est un pas vers l’indépendance de la Corse ! » « Il n’a jamais évoqué l’indépendance avec moi », modère Emmanuelle de Gentili, qui présente la particularité de siéger en tant que première adjointe à la mairie de Bastia ainsi qu’au bureau national du PS. « C’est un autonomiste, qui a toujours refusé la violence, qui veut inscrire son action au plus près du territoire. » « Il faut préparer la suite. On a un pays à construire… » Réforme constitutionnelle oblige – la création d’une collectivité territoriale unique verra thierry solère Élu président des Républicains au conseil régional d’Île-de-France, ce proche de Bruno Le Maire est aussi le monsieur « Dans certaines régions, la gauche est en voie de disparition » interview Christine ollivier @Chr_Ollivier et Dominique De montvalon @Demontvalon1 quand le nouveau président de l’assemblée corse, Jean-Guy talamoni, prononce son discours en corse et réclame la libération de « tous les prisonniers politiques corses », y compris d’yvan Colonna, êtes-vous choqué ? La Corse, c’est la France. Et les lois françaises s’appliquent partout sur le territoire de la République. La collectivité territoriale corse a ses spécificités, et c’est naturel. Mais j’attends de l’État qu’il ait une vision constante de maintien de l’État de droit en Corse. La spécificité insulaire ne doit pas être confondue avec le détachement de la Corse de la République. la région Île-de-France va-t-elle saisir la main que lui tend François hollande pour un travail commun afin de faire reculer le chômage ? Certains, à gauche, sont capables, dans les mots, de faire des propositions qui vont dans le bon sens. Je pense notamment à Emmanuel Macron. Le problème, ce sont les actes. La région Île-de- Thierry Solère, député des Hauts-de-Seine, hier, place de l’Alma. JÉRôME MaRs POUR lE JDD France a clairement affirmé avec Valérie Pécresse ses priorités. Si le gouvernement attend de nous une coopération pour que le chômage recule, nous serons, bien sûr, présents. J’ai toujours voté à l’Assemblée nationale toute décision qui allait dans le bon sens. Le problème, c’est que le gouvernement fait beaucoup plus de communication qu’il ne prend de décision. Et quand il essaie d’en prendre, il n’a pas de majorité à gauche pour les voter. avec l’initiative de Jean-pierre raffarin en faveur d’un « pacte républicain pour l’emploi » et la réponse positive de manuel valls, se passe-t-il quelque chose à gauche ? François Hollande nous avait travail. Nous avons réglé la quesannoncé que sa boussole, c’était tion du financement : 800.000 € l’inversion de la courbe du chôsur les 5 millions que le parti va mage. Mais j’ai l’impression que sa apporter pour l’organisation de seule boussole, c’est la présidenla primaire ont déjà été versés la tielle. La réalité, semaine dernière. c’est qu’il est en Nous avons aussi train de perdre « Certains, à gauche, réglé la question tous ses électeurs. sont capables, de la répa rti tion des 10.000 En PACA comme dans le Nord de la dans les mots, bureaux de vote France, la gauche de faire des par département est en voie de et circonscripdisparition. Au- propositions tion. Enfin, nous jourd’hui, les so- qui vont dans aurons fini pour cialistes espèrent la mi-janvier la désignation des que les gens de le bon sens » droite vont voter 101 responsables pour eux… mais ce n’est pas ça, le départementaux du scrutin. sujet. Au lieu d’avoir les yeux rivés la primaire va donc se tenir sur 2017, François Hollande ferait aux dates prévues les 20 et mieux de se rendre compte qu’il 27 novembre 2016, et non en lui reste quinze mois qui doivent juin comme le souhaitent être utiles à la France. certains ? vous êtes le monsieur primaire Changer la date, c’est théoriquement possible, mais cela des républicains. n’êtes-vous pas supposerait que tout le monde en retard dans l’organisation ? s’accorde et qu’on se dote de Nous sommes tout à fait dans le calendrier qui a été arrêté. Nous moyens nouveaux. J’ai entendu avons constitué une haute autorité que Nicolas Sarkozy disait « pourde la primaire, présidée par Anne quoi pas ». J’ai entendu Alain Levade, qui est maintenant au Juppé dire « non ». J’ai entendu Politique | 9 jdd | 20 décembre 2015 Paris certains ÊTES-VOUS SATISFAIT OU MÉCONTENT DE FRANÇOIS HOLLANDE COMME PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ? Plutôt mécontents Différence entre décembre 2015 et novembre 2015 fusionner en 2018 l’actuelle collectivité territoriale de Corse avec les conseils départementaux de Haute-Corse et de Corse-du-Sud – la mandature de Gilles Simeoni ne devrait pas dépasser deux ans. « C’est très court par rapport à tout ce qui nous attend », concède l’intéressé. « Il faut préparer la suite. On a un pays à construire… » Pas de temps à perdre pour répondre aux cris d’orfraie après le discours de Jean-Guy Talamoni de jeudi prononcé en langue corse. « D’un acte anodin, ils font un acte politique majeur, rigole un proche du nouveau président de l’assemblée territoriale. Qu’ils continuent, à chaque fois, ça nous rapporte des voix ! » La question de l’amnistie des prisonniers « politiques » est plus sensible. L’ex-avocat Simeoni le sait, et rappelle qu’il s’agit d’une délibération adoptée à l’assemblée de Corse à une très large majorité, mais aussi dans des dizaines de communes après la décision du FLNC de cesser la lutte armée. « Cette question doit entrer dans le champ de la discussion, de façon apaisée, sans instrumentalisation politicienne, sans surenchère médiatique. Toutes les conditions sont réunies pour tourner la page. Qu’est-ce qui pose problème pour l’opinion publique ? Les gens du commando Érignac. Tous ceux qui ont été condamnés définitivement sont aujourd’hui libres ou bientôt libérables. Reste le cas d’Yvan Colonna. Son cas doit être examiné par la CEDH [Cour européenne des droits de l’homme]. On verra alors ce qu’il en est… » g Plutôt satisfaits François Fillon dire « non ». J’ai entendu que Bruno Le Maire y était hostile. Ce n’est pas à moi de clore un débat politique, mais je reste aujourd’hui sur le calendrier arrêté. Combien attendez-vous de votants ? Pour que la primaire soit un succès, il faut qu’il y ait du monde. Moi, je dois faire en sorte qu’en ville, on n’ait pas une heure et demie de queue à faire pour aller voter, et qu’à la campagne, on n’ait pas une heure et demie de voiture à faire. Je suis persuadé que des millions de Français viendront. Car il faut bien que les gens le comprennent : ce ne sont pas les militants et les adhérents qui choisiront le candidat à la présidentielle. Ce sont eux. Autrement dit tous les Français qui se reconnaissent dans les valeurs de la droite et du centre. Il n’y a aucune condition requise. Je suis persuadé que ce sera une formidable mobilisation populaire parce qu’il s’agit de choisir le candidat à la présidentielle, qui a de très fortes chances de l’emporter ensuite. L’enjeu est majeur. g = 27% = 24% Différence entre décembre 2015 et novembre 2015 73% = = 38% +1 Très satisfaits 5% Plutôt satisfaits +1 -2 62% 38% -2 33% Très mécontents 24% N.S.P.P. _ +2 = -1 Sondage Ifop pour le JDD, réalisé du 11 au 19 décembre 2015 auprès d'un échantillon représentatif de 1.976 personnes âgées de 18 ans et plus (méthode des quotas). Les interviews ont eu lieu par questionnaire autoadministré. Hollande stable, petit recul de Valls BARoMÈTRE IFoP-JDD Le résultat des élections régionales n’a pas atteint le chef de l’État, qui capitalise en ne perdant aucun des points engrangés en novembre DoMINIquE DE MoNTVALoN @Demontvalon1 François Hollande – qui avait vu le nombre de Français « satisfaits » de son action grimper de 7 points en novembre – n’aura pas souffert du score globalement médiocre du PS et ses alliés aux élections régionales. En un mois, le chef de l’État ne gagne ni ne perd dans le baromètre IfopJDD : 27 % des sondés (=) sont « très ou plutôt satisfaits » de son action et 73 % en sont « très ou plutôt mécontents » (=). Une « stabilité parfaite », selon le directeur général adjoint de l’Ifop, Frédéric Dabi. S’engageant à 100 % pour la réussite de la COP21, François Hollande s’est tenu à l’écart, Les invités politiques du dimanche Éric Coquerel (PG) : L’interview politique du 7/9 du week-end, sur France Inter, à 8 h 20. g Cécile Duflot (EELV) : Le Grand Rendez-Vous, sur Europe 1/Le Monde/iTélé, à 10 heures. g Hervé Mariton (LR) : 30 minutes pour convaincre, sur Judaïques FM, à 10 h 30. g Éric Piolle (EELV) : Agora, sur France Inter/L’Obs, à 12 heures. g Johanna Rolland (PS) : La France qui réussit, sur Public Sénat, à 12 heures et 19 heures. g Bernard Debré (LR) : Le Brunch politique, sur Sud Radio, à 12 heures. g Julien Dray (PS) : 12/13 dimanche, sur France 3, à12 h 10. g Guillaume Pepy : Le Grand Jury, sur RTL/ Le Figaro/LCI, à 12 h 30. g Pierre Bergé : Le Supplément, sur Canal +, à 12 h 55. g Clémentine Autain (FG) : Bondy Blog Café, sur LCP-Assemblée nationale, à 13 heures et 23 h 40, et sur France Ô, à 18 h 45. g François Bayrou (MoDem) : BFM Politique, sur BFMTV/Le Parisien Aujourd’hui en France/RMC, à 18 heures. g Corinne Narassiguin (PS) : Soir 3, sur France 3, à minuit. g Primaire du parti = 33% Plutôt mécontents = Très mécontents Très satisfaits 3% 40% ÊTES-VOUS SATISFAIT OU MÉCONTENT DE MANUEL VALLS COMME PREMIER MINISTRE ? avant comme après, de la bataille l’heure de la COP21, les électeurs des régionales dont le FN, au d’Europe Écologie-Les Verts, soir du premier tour, a cru sorpeut-être parce qu’ils en auraient tir vainqueur. Le Président s’est voulu plus, décrochent un peu engagé pour 2017 dans une opé(– 4). ration de re-présidentialisation. Le pari a réussi car, interrogés « Il est fragilisé par le nombre de promesses qu’il n’a pas tenues » par l’Ifop, les sondés saluent son action contre le réchauffement En décembre, la cote de Maclimatique comme sa gestion de nuel Valls – toujours supérieure à l’« épouvantable tuerie » du Batacelle du chef de l’État – ne bouge clan, sa « réactivité » et même, guère : 38 % des sondés (– 1) se dit l’un, sa « prestance ». Un déclarent « satisfaits » du Preautre, pour l’en féliciter, le juge mier ministre, et 62 % (+ 2) « plu« humble ». Résultat : en un an, de tôt ou très mécontents ». Les décembre 2014 à plus satisfaits de décembre 2015, Valls, ce sont les François Hol- « Le chômage, 18-24 ans (45 %) lande aura, au c’est son échec » et, à l’opposé, les total, gagné 65 ans et plus 10 points. (43 %). Les plus Ce mois-ci, le président gagne mécontents : les 25-35 ans (64 %), 3 points chez les 50-64 ans, peut-être parce qu’ils se heurtent 3 dans les professions intermérudement au mur du chômage, et diaires, 8 chez les commerçants, les ouvriers (68 %), sensibles du artisans et chefs d’entreprise coup à la tentation FN. et… 5 chez les sympathisants du Il est frappant de constater Front de gauche. On notera qu’à que, en un an, l’écart entre le Pré- sident – qui, désormais, donne le « la » – et son Premier ministre s’est réduit. De 18 points au profit de Valls en décembre 2014, il n’est aujourd’hui que de 11 points. François Hollande, comme le souligne Frédéric Dabi, a su sortir de la « mélasse » où il se trouvait, et s’est mis en quête d’une posture gaullienne : la République, l’autorité de l’État, la transgression des frontières habituelles. Mais il est freiné, voire plombé, par son bilan économique et social. « Le taux de chômage ne cesse de progresser », constate un sondé. « Le chômage, c’est son échec », renchérit un autre. « Il est fragilisé par le nombre de promesses qu’il n’a pas tenues », dit un troisième. « Ce qu’il a su faire avec la COP21, réplique-t-on à l’Élysée, il faut maintenant le faire sur l’emploi. En prenant les choses au premier degré [sic], et en faisant bouger toute la société. » La « détermination » du Président est, assure-t-on, « totale ». g 10 | InternatIonal jdd | 20 décembre 2015 Conflit Les grandes puissances sont parvenues à l’ONU à fixer un cadre et des échéances pour une Mais les opposants au régime sont déchirés entre partisans et adversaires d’un compromis Syrie, enfin un plan de sortie de guerre F françois ClemenCeau @Frclemenceau aisons un rêve : vers la fin janvier, une délégation de l’opposition syrienne menée par l’ancien ministre Riad Hijab, qui a fait défection pour la rébellion en 2012, se présente à Genève face aux émissaires de Bachar El-Assad cornaqués par le ministre des Affaires étrangères, Walid Muallem. Simultanément, à travers toute la Syrie, un cessezle-feu s’installe progressivement entre l’armée syrienne et les rebelles tandis que les « forces étrangères » (du Hezbollah aux Gardiens de la révolution iraniens) quittent le pays. Six mois plus tard, comme le stipule la résolution 2254 adoptée à l’unanimité du Conseil de sécurité vendredi soir, un gouvernement de transition se met en place afin d’organiser la rédaction d’une nouvelle Constitution et de préparer pour l’été 2017 de nouvelles élections présidentielles et législatives. Cette feuille de route confiée au très patient négociateur de l’ONU Staffan de Mistura, omet toutefois, et cela indique précisément toute la difficulté de ce chantier , de répondre à un certain nombre de questions essentielles. « Tout ça est très bien, mais on va se heurter maintenant aux détails », confie au JDD un diplomate présent au Conseil de sécurité vendredi. La résolution 2254 est un progrès Qui sera vraiment représenté dans la délégation de l’opposition ? Tous les groupes armés rebelles (163 selon le répertoire mis à jour par la Jordanie) à l’exception des organisations terroristes Daech et Jabhat Al-Nosra ? Ou seulement certains d’entre eux, le cas du puissant groupe armé salafiste Ahrar Al-Sham faisant partie d’une liste rouge dressée par la Russie (lire le reportage cidessous) ? À quel moment le président syrien quitte-t-il le pouvoir et remet ses fonctions de chef des forces armées au gouvernement de transition ? Dès que ce dernier est formé ou avant les élections, si tant est que Bachar El-Assad prétende ne pas se succéder ? « C’est le cœur du cœur du sujet qui n’est pas résolu à ce stade », répond un négociateur français. « Si Bachar garde jusqu’au bout le contrôle des forces de sécurité, la transition, c’est du flan », ajoute une source française engagée dans la négociation. « Les Russes ont tout fait pour diluer l’impact des progrès obtenus jusqu’à présent du côté de l’opposition », poursuitelle. Autrement dit, la résolution 2254 est un progrès incontestable, à condition qu’aucun des acteurs ne cherche à « saboter » un processus si fragile… g Des signatures comme armes de paix Kilis et Gaziantep (turquie) EnvoyéE spécialE Camille neveux @camille_neveux Lorsqu’il l’a vu arriver devant sa carriole, il y a quelques semaines, Abdul Kader Kurdiya s’est mis à pleurer. Voilà plus de quatre ans qu’il l’attendait. Ce jour-là, ce marchand de Kilis, modeste ville turque à la frontière syrienne, a sagement écouté le discours de Waad Atli, militante des Comités locaux de coordination en Syrie (LCC). Devant la gare d’autobus, au milieu d’une myriade d’échoppes syriennes, la jeune femme lui a présenté la « Charte de la liberté » : un texte appelant à un « État de droit indépendant et souverain », où les Syriens sont « égaux devant la loi, sans distinction de religion, d’ethnie ou de sexe ». Un doux rêve. Ce jour-là, la peur au bout du stylo, Abdul a signé « pour la démocratie », un acte qui peut coûter la vie. « Depuis la révolution, on nous avait oubliés, déplore-t-il. Où était l’opposition ? Personne ne nous avait jamais demandé ce qu’on voulait pour notre pays… » Depuis, Abdul s’est mué en un relais efficace, stockant discrètement une pile de pétitions dans sa carriole. Mais il ne peut s’empêcher de pointer du doigt une opposition syrienne divisée depuis le début de la révolution. « Pourquoi cette charte arrive-t-elle si tard ? » « Si ça peut faire la différence, on signe » Le projet, né en 2012, a mis plusieurs années avant de voir le jour. « C’est la plus grande enquête de ce type jamais réalisée dans le pays », rapporte Rafif Jouejati, son instigatrice via l’association Free Syria et les LCC, un important réseau de militants de terrain. Il a d’abord fallu réunir les fonds – 240.000 $ alloués par le département d’État américain – pour lancer un grand questionnaire en Syrie, mais aussi au Liban, en Turquie et en Jordanie auprès des réfugiés. Il a fallu décortiquer les 50.000 fiches obtenues, dont 30.000 dans toute la Syrie. Fin 2014, la « Charte de la liberté » dements et débarrassez-nous de voyait le jour, inspirée de la Bachar, sinon, tout ça mettra cincharte sud-africaine de l’ANC quante ans à arriver ! » Beaucoup de 1955. Un véritable baromètre ont peur que leurs noms ne soient de la société syrienne, décimée « revendus » au régime, mettant après quatre ans et demi de la vie de leurs proches en danguerre. ger. À chaque fois, les activistes rassurent : les signatures, mainÀ Kilis, chaque signature s’accompagne d’un argumentenues en lieu sûr, ne sont pas taire par des rendues publiques. opposants, « Si ça peut faire la « On n’a plus rien. les yeux soudifférence, on signe, vent embués De quoi peut-on murmure une femme en abaya de larmes. Les Kurdes avoir peur ? » noire, qui a perdu signent en ses deux enfants faveur de dans un bombardel’enseignement de la langue ment du régime. On n’a plus rien. kurde à l’école, les sunnites De quoi peut-on avoir peur ? » pour que toutes les confessions Ce vendredi, l’infatigable soient représentées. Certains équipe a empoché trente signahommes essaient d’influencer tures en une heure. Elles vienleurs femmes – « je l’ai signé, tu dront s’ajouter aux 10.000 déjà peux le faire » – avant que Waad récoltées en Syrie – notamment Atli n’insiste pour que chacun à Alep, Idlib et Deraa – et en exprime sa propre opinion. À Turquie. La liste des signataires l’hôpital qui soigne les Syriens est hétéroclite : des combattants de la ville, un homme a entendu de l’Armée syrienne libre, des parler du projet sur Facebook. membres de la Coalition natio« Arrêtez d’abord les bombarnale syrienne (principale force de l’opposition), des représentants des conseils locaux syriens, mais aussi cinq soldats de Jabhat Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida ou trois membres du groupe armé salafiste Ahrar Al-Sham… « C’est le signe que les positions peuvent bouger », s’enthousiasme Ola Al-Barazi, responsable du bureau LCC de Gaziantep. « Ils sont extrémistes, mais les gens les voient sur le terrain » De retour dans leur building surplombant la ville, où vivent 600.000 Syriens en exil, le doute les saisit. Est-ce le moment d’évoquer l’avenir, alors que « là-bas », des milliers de familles se battent dans le froid, sous les bombes, pour trouver de quoi se nourrir ? Puis le quotidien reprend le dessus. Documenter chaque jour la guerre, évoquer la conférence de janvier dont la feuille de route a été adoptée vendredi soir au Conseil de sécurité de l’ONU. Le LCC a choisi de ne pas y assister – marquant la rupture avec InternatIonal | 11 jdd | 20 décembre 2015 transition politique. Formé pour tuer ExClusif le JDD a pu rencontrer dans un centre d’interrogatoire kurde un prisonnier qui dit avoir exécuté six personnes pour s’entraîner à servir Daech ProvinCE DE KirKouK (iraK) Envoyé spécial alfrED HaCKEnsbErgEr @hackensberger d’un passeur », affirme Hawleri. Le chef des enquêteurs est très fier de cette « prise ». « C’est un assassin, cet Arabe a tué beaucoup de gens. » Mohamed W., lui, ne reconnaît avoir tué que six personnes. Mais, il l’a fait sous la contrainte. Il dit cela d’un ton monocorde, sans émotions. Comme si cette histoire n’était pas la sienne. Ment-il ? Est-il obligé d’avouer des crimes qu’il n’a pas commis ? Cela ressemble à l’un de ces endroits que la guerre a défigurés. Un terrain vague avec un chemin de terre qui serpente au milieu de bâtiments gris. Des murs éventrés, d’où dépassent Lavage de cerveau des tiges métalliques. Cet ancien Selon ses dires, Mohamed W. hôpital de la région de Kirkouk a rejoint l’EI en juin 2014. Un homme de son village, Aldor, n’est pourtant pas l’une des bases les mieux gardées et les plus seprès de Tikrit, lui aurait préalacrètes du Kurdistan irakien. C’est blement lavé le cerveau. Très vite, là que des prisonniers accusés Mohamed W. intègre un centre d’appartenir à l’organisation État d’entraînement. Il y passera islamique (EI) sont interrogés. trois mois. Pour Hawleri, c’est la Leurs geôliers ? Les enquêteurs preuve que Mohamed était autre d’Asayish, la police secrète de la chose qu’un simple soldat de l’EI. région autonome du Kurdistan « Les combattants normaux ne sont entraînés irakien (KRG). que quaranteMohamed W. est amené, me- « On les tuait les cinq jours avant notté, les yeux un après les autres. d’aller sur le terb a n d é s . Fa c e rain. » Mohamed à l u i , K a b a n Moi j’ai dû W. y a appris le H a w l e r i * , l e en exécuter six » maniement des chef des enquêarmes, la confecteurs. Celui-ci tion de bombes, vient d’enfiler quelques rudiun casque de moto pour cacher ments d’arts martiaux. Du classon visage. Question de sécurité. sique. Ce qui l’est moins, c’est Le bandeau du prisonnier lui est cette spécialisation : « On nous alors enlevé. Apparaît un jeune a formés à exécuter les gens », raconte-t-il. Au cours de cette homme à l’allure normale, avec petite moustache et cheveux « formation », l’EI faisait défiler courts. On est loin de l’image les civils coupables de « trahidu tueur brutal de Daech. Le son » ou des soldats irakiens qui jeune homme a été arrêté il y a avaient été capturés. Ils étaient un mois dans un village près de abattus à bout portant. « On les Kirkouk. « Il fuyait en compagnie tuait, les uns après les autres. À Gaziantep, des opposants syriens font signer la « Charte de la liberté », un texte qui fixe les principes fondamentaux de la future société syrienne. Adnan al Ghajar, Ola Al Barazi, Majd Ahamad dans une permance des Comités de coordination locaux (LCC) de Gaziantep (Turquie). rePortAge Photo Éric DeSSoNS/JDD la Coalition nationale qu’il juge gangrenée – contrairement à Rafif Jouejati qui devrait y représenter la charte. « L’opposition est dans une impasse, reconnaît Ola Al Barazi. Parler avec Bachar el-Assad est la seule issue, sinon le régime va devenir encore plus fou. Mais à la seule condition qu’il parte au bout de six mois et qu’une trêve humanitaire soit mise en place… » « La charte peut aider à établir une nouvelle Constitution », assure Rafif Jouejati, qui a obtenu cette semaine plusieurs milliers d’euros du ministère français des Affaires étrangères pour recruter de nouveaux activistes contre un salaire de 500 dollars mensuels. Vice-président du conseil local de Daraya, une banlieue révolutionnaire de Damas, Tarek Matar préconise également de négocier avec le régime d’Assad, mais seulement si celui-ci s’en va. « Notre rêve reste qu’il comparaisse devant une cour de justice internationale… » Dans la fumée des cigarettes, on commente les défections au sein de Jabhat Al-Nosra depuis que le groupe a annoncé son intention de combattre les négociateurs. On évoque les combats futurs, si la situation venait à basculer après le départ du régime. « On n’a pas perdu tous ceux qu’on aimait pour être dirigé par Daech ou Al-Qaeda, martèle Adnan Al Ghajar, 23 ans, qui a collecté des signatures à Alep. Mais si le régime reste au pouvoir, d’autres jeunes rejoindront ces groupes armés juste pour avoir de quoi manger. » On pointe une autre clé des négociations, le groupe Ahrar Al Sham. « Ils sont extrémistes, commente Ola, mais les gens les voient sur le terrain. Ils se sentent plus représentés par eux que par une opposition négociant dans des hôtels cinq étoiles… Lorsque le régime tombera, ces groupes armés seront divisés entre ceux qui veulent trouver une solution et les autres. Les Syriens verront alors leur vrai visage. » Sur le bras d’Ola, un tatouage prévient en arabe ses interlocuteurs. « Nous nous révolterons toujours. » g Mohamed W., prisonnier de la police secrète kurde, à Kirkouk, aurait tué six personnes au cours de sa « formation » dans un camp d’entraînement de l’État islamique. Alberto Prieto Moi, j’ai dû en exécuter six. » Il répète : « Seulement six. » Après la fin de son entraînement, Mohamed W. prétend qu’il n’a plus jamais tué. « J’ai été envoyé à un check-point », assure-t-il. Hawleri n’y croit pas une seconde. « Quiconque reçoit une telle formation ne se cantonne pas à des contrôles à un barrage. Il a continué à tuer, encore et encore. Soit au sein des services de sécurité intérieure de l’EI, soit au front. » Mohamed W. ne répond pas. Il s’est suffisamment compromis en racontant ce qu’il avait fait au camp d’entraînement. Aujourd’hui, il demande simplement « le pardon de Dieu ». « Certains ont des doctorats » Pour mieux convaincre de sa repentance, il dit avoir déserté l’EI en juillet 2015. Parce qu’il a vu trop de « mauvaises choses ». Des femmes punies pour des tenues non conformes, des gens arrêtés et tués sans aucun motif. Il aurait fui avec sa femme, ses parents et sa sœur. D’abord en Syrie, puis en Turquie. Le manque d’argent l’aurait fait revenir en Irak, où il a été arrêté. Mohamed a-t-il effectivement été trompé par Daech et réalisé trop tard la monstruosité des ses actes ? Est-il l’un de ces milliers de désœuvrés, finalement vic- times de l’EI et de ses recruteurs sans scrupules ? Hawleri, l’enquêteur, voit son prisonnier bien autrement. « La plupart des habitants de son village ont fui à l’arrivée de Daech. Mais lui et sa famille sont restés. » Et la date de sa désertion correspond à une période où l’armée irakienne était en phase de reconquête de territoires perdus. Aujourd’hui, deux de ses frères combattraient même avec l’EI. Des histoires comme celle de Mohamed W., Hawleri en a entendu des centaines. Chaque jour, de nouveaux détenus arrivent. Le rythme s’est accéléré ces derniers mois, l’EI perdant du terrain. « On reçoit ici tout type de combattants. Certains ont des doctorats. Mais la plupart sont issus de familles pauvres et peu éduquées. » Pour l’enquêteur, la raison principale du ralliement à Daech est la marginalisation de la communauté sunnite en Irak par le gouvernement chiite. Mohamed écoute ces explications, sans vraiment les comprendre, lui qui ne parle pas le kurde. Le bandeau remis sur les yeux et avant de quitter la pièce, il se contente de marmonner : « Croyez-moi, cette histoire avec l’EI, ça a été ma plus grosse erreur. » g * le nom a été modifié 12 | Autour du monde Centrafrique La présidentielle permettra-t-elle de sortir du chaos ? lejdd.fr Le grand angle diplo de François Clemenceau : « Pourquoi la Tunisie doit se relever » JDD | 20 décembre 2015 Après trois ans de trou noir politique et sécuritaire, le principal enjeu des élections présidentielle et législatives organisées dimanche prochain est de ramener la paix dans le pays. Si les Centrafricains parviennent à désigner un successeur à la chef de l’État de transition, Catherine Samba-Panza, alors les réformes de fond pourront peut-être être amorcées : désarmement, lutte contre la corruption, réconciliation nationale, reconstruction d’une économie. L’ONU et les autorités transitoires mettent en avant « le bon déroulement » il y a une semaine du référendum sur le changement de la Constitution, qui avait valeur de répétition générale. À Bangui, le oui l’a emporté à 90 % mais à peine un tiers des 2 millions d’électeurs inscrits se sont exprimés et le scrutin a été émaillé de violences, ce qui explique en partie la forte abstention. Au PK5, un quartier musulman de Bangui, une attaque au lance-roquettes et à l’arme automatique a fait 5 morts et une vingtaine de blessés. Qu’en sera-t-il la semaine prochaine pour une élection autrement plus décisive, à laquelle participent 29 candidats ? Il serait injuste de ne pas mentionner les progrès qui ont été réalisés en RCA depuis mars 2013. À l’époque, la rébellion Séléka renversait le président tembre. Les anciennes forces du pays menacent directement la tenue du scrutin du 27 décembre. Chez les ex-Séléka, Noureddine Adam, ancien n° 2 du mouvement, rejette clairement le processus électoral en cours. En octobre, il a tenté de faire descendre ses troupes sur Bangui depuis son bastion de Kaga-Bandoro (au centre du pays) mais sa colonne a été arrêtée par les forces internationales. Ne s’avouant pas vaincu, il a proclamé cette semaine l’autonomie de son fief. Devant un bureau de vote de Bangui, lundi, lors du référendum constitutionnel MArCO LONGAri/AFP François Bozizé avant d’être elle-même chassée du pouvoir en décembre par l’opération française Sangaris, déclenchée pour éviter un bain de sang interconfessionnel. Depuis, de fragiles institutions de transition ont essayé de reconstruire la RCA gangrenée par des années de corruption et de mauvaise gouvernance et 11.000 soldats de l’ONU ont été déployés sur le territoire. Pour autant, la situation est loin d’être stabilisée. Selon l’ONU plus de 130 personnes ont été tuées depuis sep- Deux factions vent debout contre le calendrier de la transition De l’autre côté de l’échiquier, la frange la plus radicale des anti-Balaka, milices d’autodéfense chrétiennes et animistes créées en 2013, s’oppose, elle aussi, aux élections. Elle serait soutenue par l’ancien président François Bozizé, dont la candidature à la présidentielle a été rejetée par la Cour constitutionnelle. Ces deux factions ennemies ont conclu en avril un accord à Nairobi prévoyant la mise en place d’une nouvelle période de transition à partir du mois de décembre, s’opposant au calendrier établi par la communauté internationale et par la France en particulier… Antoine MAlo @AntoineMalo2 Hachemi Rafsandjani devant l’Assemblée des experts, à Téhéran, en mars. dernière heure ABeDiN tAHerKeNAreH/ ePA/MAXPPP Golfe Le secrétaire à la Défense américain, Ashton Carter, s’est rendu hier pour la première fois sur un porte-avions français, le Charles-de-Gaulle, stationné dans le golfe arabo-persique pour participer aux opérations contre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie. Le groupe aéronaval (GAN), constitué autour du Charles-de-Gaulle, vient de prendre le commandement de la composante navale de la coalition anti-EI. Le ministre français Jean-Yves Le Drian est attendu de son côté demain à Moscou pour y travailler sur une « meilleure coordination » de la lutte contre Daech. twitter 75 C’est le nombre de manifestants tués ces dernières semaines en éthiopie, selon l’OnG human rights Watch. Les manifestations ont été lancées le mois dernier par des étudiants qui protestaient contre un projet gouvernemental d’agrandissement de la capitale, Addis-Abeba, faisant craindre à l’ethnie oromo (30 % de la population) une vague d’expropriations de ses terres. Lui seul pouvait oser. À 81 ans, « le requin », l’animal politique Rafsandjani, certes en perte de vitesse, prouve encore une fois sa capacité à donner le ton, au sein de la plus opaque des arènes gouvernementales mondiales. « Cette prise de position inédite est d’autant plus spectaculaire, décrypte la sociologue spécialiste de l’Iran Azadeh Kian, que Rafsandjani se trouve être aussi le président du Conseil de discernement et membre de l’Assemblée des experts qui, justement, élit le Guide. En sortant ainsi du bois, il a réussi à braquer les projecteurs sur une élection qui d’ordinaire est un non-événement absolu, et à lui donner une valeur politique inédite. » Ce fils d’agriculteur que les études En osant cette semaine, coraniques ne pour la première fois et passionnaient guère publiquement, « examiner dans sa jeunesse toutes les options » a pourtant gravi pour la succession de tous les échelons l’ayatollah Khamenei au tant religieux poste de guide suprême que politiques. de la révolution islamique, Homme d’affaires le président du Conseil de avisé, il devient discernement ouvre un incontournable dès débat très sensible sur la 1980, en devenant le pérennité du régime président du Majlis (Parlement). C’est ainsi qu’il joue un rôle prépondérant dans le choix de Khamenei comme successeur de son mentor Khomeini. Estampillé « conservateur pragmatique », il est président du pays de 1989 à 1997 en restant à distance des projets des réformateurs. Mais après sa défaite à l’élection présidentielle de 2005, face au conservateur Ahmadinejad, il soutient en partie le Mouvement vert en faveur de la démocratie en juin 2009. « Ce qui a réellement provoqué un tollé, poursuit Azadeh Kian, c’est qu’il a proposé de mettre sur pied un conseil de leadership, ce qui reviendrait à terme à faire disparaître la fonction de Guide. » Dans ce contexte explosif, la candidature non déclarée d’un autre réformateur à la succession de Khamenei, affaibli par un cancer de la prostate, vient bousculer la donne, celle de Hassan Khomeini, petitfils du père de la révolution. KAren lAjon %@karenlajon HacHemi Rafsandjani allemagne Le ministre allemand des Affaires étrangères, FrankWalter Steinmeier, a menacé hier de sanctions les membres de l’Union européenne opposés aux quotas de répartition pour l’accueil des réfugiés, notamment la Slovaquie et la Hongrie. « La solidarité européenne n’est pas une voie à sens unique », a justifié le chef de la diplomatie. Sa position rejoint celle du chancelier autrichien. DPA/ABACA Le Leader de La semaine russie Le président russe Vladimir Poutine a affirmé hier que les services secrets avaient déjoué 30 projets d’attentat et démasqué plus de 320 espions étrangers en 2015. « Nous voyons que les services secrets d’un certain nombre de pays intensifient leur travail en Russie », a-t-il déclaré à l’occasion de la « Journée des membres des services de sécurité ». Dans son discours, il a assuré que l’armée russe était « loin d’assurer toutes ses capacités en Syrie », où « des fonds supplémentaires pourraient être débloqués » pour soutenir Damas. AFP La phrase « Ce comportement représente une grave provocation militaire » un communiqué du ministère chinois de la défense, après le survol lundi dernier d’îlots artificiels dans la mer de Chine méridionale par deux bombardiers stratégiques américains B-52, alors que pékin mène de vastes opérations de remblaiement d’îlots que Washington considère comme une menace à la liberté de navigation. InternatIonal | 13 jdd | 20 décembre 2015 Le dernier combat de Mariano Rajoy lui, défend bec et ongles son bilan économique quatre ans après avoir pris les manettes d’un pays qui, en décembre 2011, était au bord de la banqueroute. Face à Pedro Sánchez, Rajoy a d’ailleurs martelé avec une rare énergie : « J’ai récupéré un pays que, vous les socialistes, aviez laissé au bord de la ruine. Aujourd’hui, on ne parle plus de prime de risque, d’une Espagne en faillite, mais d’un pays qui va bien mieux que ses amis européens. » Le chômage est en effet passé sous la barre des 25 %, le déficit public a été redressé de 8 à 4,5 %, et la croissance a tourné cette année autour d’un insolent 3 %. EspagnE Le chef du gouvernement pourrait décrocher la première place à l’issue des législatives de ce dimanche mais sans la majorité absolue nécessaire pour continuer à diriger le pays Madrid (EspagnE) CorrespondanCe dianE CaMbon Comment faire sortir de ses gonds le très placide Mariano Rajoy ? Même un terrible coup de poing décoché par un jeune de 17 ans, mercredi, au cours d’une visite électorale sur sa terre natale de Pontevedra (Galice), n’a pas perturbé l’impavide chef du gouvernement. « Je refuse qu’on en tire un quelconque enseignement politique », a-t-il réagi. Avant de faire état de son humour flegmatique sur son compte Twitter : on y voit ses lunettes voler dans l’espace intersidéral. Et le candidat conservateur d’ajouter, au micro d’une chaîne de télévision, un sourire aux lèvres : « J’ai demandé au Père Noël une nouvelle monture. J’ai bon espoir de l’obtenir ! » « J’ai récupéré un pays au bord de la ruine » Au cours de cette campagne inédite – pour la première fois, concourent quatre formations se tenant dans un mouchoir de poche –, Mariano Rajoy a toutefois Dimanche dernier, un meeting du Parti populaire près de Madrid. L’électorat senior constitue le socle du vote PP. AP/SIPA été réellement chahuté. Celui qui d’ordinaire évite le conflit direct s’est retrouvé dans les cordes à l’occasion du rituel face-à-face télévisé avec son adversaire socialiste, Pedro Sánchez. Ce quadra énergique lui a reproché avec véhémence sa responsabilité dans les scandales de corruption qui ont éclaboussé sa formation, le Parti populaire (PP), et ses relations « proches » avec son trésorie, Luis Bárcenas, aujourd’hui en détention pour détention de comptes en Suisse. Rajoy, n’y tenant plus et forçant son caractère, lui a rétor- qué : « Vous êtes un personnage misérable, vil et détestable ! » Ce fut la seule éruption d’un sexagénaire chenu qui, outre son penchant naturel à ne pas faire de vagues, a suivi une unique stratégie : incarner la force tranquille, la figure patriarcale de celui qui rassure. « Rajoy a un don pour se situer au-dessus de la mêlée, souligne la chroniqueuse politique Pilar Cernuda. Sa posture est d’apparaître comme un garant de stabilité. » De fait, alors que les trois autres candidats majeurs ne parlent que de changement, La menace des « coalitions aventureuses » Pourtant, le mandat du conservateur Mariano Rajoy présente des faiblesses. Si la reprise économique est bien réelle, la précarité est considérable (90 % des contrats de travail sont à temps partiel ou à durée déterminée) et la pauvreté inquiétante (29 % des Espagnols sont en risque d’exclusion sociale). Dans son propre camp, on lui reproche aussi son immobilisme : aucune initiative face au défi des séparatistes catalans et pas davantage en politique étrangère… Même son mentor, José María Aznar, au pouvoir entre 1996 et 2004, a critiqué sa « gestion tech- nocratique ». Quant à l’aile dure du PP, elle lui reproche sa passivité face à l’héritage « sociétal » des socialistes (divorce express, avortement, mariage gay, etc.). « En réalité, résume l’éditorialiste Eduardo Inda, l’emploi est le seul argument électoral que met en avant Rajoy, un million de jobs ont été créés en un an, quelle que soit leur qualité. C’est là sa force. » Donné en tête du scrutin de ce dimanche par tous les instituts de sondage, Mariano Rajoy pourrait toutefois remporter une victoire à la Pirrhus : l’hypothèse d’une majorité absolue étant exclue, le PP devra sceller une alliance avec une autre formation, ou au moins obtenir la neutralité bienveillante d’une d’entre elles. Or, ni les libéraux centristes de Ciudadanos, encore moins les socialistes et les indignés de Podemos, n’ont l’intention de s’offrir comme compagnon de route un parti qui, à leurs yeux, est synonyme de corruption, de coupes budgétaires et de politique sécuritaire. Mariano Rajoy le sait. D’où ce message mobilisateur prononcé vendredi à l’adresse des siens, peu avant la clôture de la campagne : « Mes amis, si vous souhaitez que l’Espagne reste stable et ne sombre pas de nouveau dans la ruine avec des coalitions aventureuses, votez en masse pour le PP. C’est la seule valeur sûre. » g 14 | société jdd | 20 décembre 2015 exclusif Défait devant la justice, menacé de ruine par Bercy, Bernard Tapie prépare un « plan » pour « interdire le chômage des jeunes ». Et risque de s’inviter à la table de 2017… « Je reviens en politique » I IntervIew laurent Valdiguié @Valdiguie l a tout connu. La fortune des affaires. La gloire en politique. Le succès au théâtre. Le triomphe en sport. Puis les mises en examen et les séjours en prison. Il a été vendeur de téléviseurs, patron d’Adidas, ministre de la Ville, président de l’OM. Aujourd’hui, il est ruiné au terme de vingt ans d’un bras de fer judiciaire qu’il a successivement un peu gagné, un peu perdu, beaucoup gagné, et finalement entièrement perdu. Une ardoise à 404 millions d’euros… Dont le règlement se décidera à Bercy et à l’Élysée. À 72 ans, Bernard Tapie, comme un boxeur, promet une contreattaque au prochain round. Cette fois-ci, il change de gants et remet son maillot des années Mitterrand. Son « plan Tapie 2016 » propose, ni plus ni moins, « d’interdire le chômage des jeunes », et de l’éradiquer à coût constant, « en réinvestissant tous les fonds actuellement engloutis ils attaquent en saisissant les appartements occupés par mes enfants et mes petits-enfants. Pourquoi avoir lancé ces procédures juste avant le jugement ? cela a eu l’air d’une ultime entourloupe… C’est à la suite d’une entourloupe initiée… par le CDR. La loi oblige, en effet, de s’acquitter des condamnations des cours d’appel pour avoir le droit d’aller en cassation. Or, dans mon cas, je n’avais pas à rembourser quoi que ce soit car la cour d’appel en février n’avait pas demandé à rendre la sentence exécutoire. Mais le CDR a tout de même lancé des actions juridiques pour m’interdire l’accès à la Cour de cassation. Cette mise en sauvegarde était donc le seul moyen de faire valoir mon droit d’aller en cassation. le parquet fait aujourd’hui appel de la sauvegarde… Je n’ai pas obtenu la mise en sauvegarde de mes entreprises à la sauvette ! C’est le tribunal de commerce, à l’issue de deux audiences, qui l’a décidé. Lors de la première audience, le parquet s’est rapporté à la décision du tribunal. Et lors de la deuxième audience, il a donné « Lagarde est, son accord. Et maintenant, il fait comme moi, une appel de ce qu’il a victime collatérale accepté ! Une fois de plus on assiste de cet objectif à la démonstrades socialistes tion qu’il y a bien d’atteindre l’équipe deux manières de rendre la jusdirigeante tice en France : le droit, celui des précédente » professionnels, et l’autre, de ceux qui sont prêts à dans des formations et programmes faire n’importe quoi et ne reculent devant rien. Qu’on cesse après cela inefficaces », dit-il. Vaste programme… Certains vont hausser de me demander avec le sourire si les épaules, d’autres lui tomber derrière tout ça je pense vraiment dessus. Tapie, devenu insomniaque, qu’il y a un complot… « les attend », et se dit « convaincu Vous avez toujours dit qu’il faut faire quelque chose face au que tout se décidait à l’élysée… FN ». Jusqu’où espère-t-il aller ? Sa Non, je n’ai pas dit ça. Il n’y a rien musique des années 1980 peut-elle d’anormal à ce que le ministère de la prendre à nouveau ? C’est l’inconJustice et la présidence soient infornue du pari que tente celui qui n’a més de l’évolution du dossier. Tant plus grand-chose à perdre si ce n’est qu’on en reste à de l’information… Or son splendide hôtel particulier de il est évident que cette dernière décila rue des Saints-Pères… Lui qui a sion du parquet, entre autres, n’a pas déjà grandement contribué à « tuer été empêchée… Sinon encouragée ! Rocard » aux européennes de 1994, Vous dites être ruiné mais personne Jospin à la présidentielle de 2002, ne sait combien vous avez touché Royal en 2007, sait de quoi il parle exactement ? quand il parle de meurtre en poliLa raison, c’est l’écran de fumée tique. En ce début 2016, son message créé par les déçus de l’arbitrage qui, s’adresse à François Hollande. Tout pour faire monter la sauce médiale monde l’aura bien compris. tique, ont volontairement passé leur temps à confondre les sommes verdepuis la décision de la cour sées à l’ensemble des bénéficiaires de l’arbitrage. Ma société GBT a reçu d’appel, on ne vous a plus entendu… Je n’ai rien à ajouter à la réaction un chèque de 240 millions d’euros, du professeur Gaillard : « Cette déciet ma femme et moi de 45 millions. sion est un déni de justice en droit et Dans les 240 millions d’euros reçus en fait. Ne pas reconnaître les graves par GBT, sont intégrés 85 millions fautes prouvées de la banque, c’est d’actifs vendus par la banque à volontairement tourner le dos à la l’époque de ma liquidation et qui vérité. » ne m’avaient jamais été remis. Ces À ce jour, quelles sont exactement 85 millions ne sont donc pas issus de la sanction arbitrale, qui se ramène les procédures de recouvrement donc pour GBT à 155 millions lancées contre vous ? Comme d’habitude, ils méd’euros. Sur cette somme, 15 millangent le droit et le supplice : lions ont été payés à l’État, sous comme sur le droit ils sont bloqués forme d’impôts. Donc GBT a reçu par les procédures de sauvegarde de 140 millions. Et mon couple 45 au mes sociétés holding GBT et FIBT, titre du préjudice moral… Mais vous êtes condamné à rembourser 404 millions… La cour d’appel me condamne à rembourser 404 millions d’euros en sachant que je ne les ai pas touchés. Eh bien, la procédure suivra son cours ! En tout cas, on ne pourra certainement pas me contraindre à rembourser d’avantage que ce que j’ai reçu ! À combien se montent les saisies à votre encontre aujourd’hui ? À 70 millions d’euros de cash environ sur GBT, plus les actions de ma société immobilière, propriétaire de la maison de Saint-Tropez, dont la valeur actuelle des actifs est de 45 à 50 millions. Au total, à ce jour, entre 115 et 120 millions d’euros ont donc été saisis. Y a-t-il une négociation avec Bercy ? Personne n’y a intérêt. Donc on laissera la justice décider de la façon dont se fera ce règlement. Je souhaite qu’au-delà des conséquences financières, il soit incontestable que le voleur soit désigné et le volé aussi. Même si le public ne s’y trompe pas… Dans un sondage en ligne récemment organisé par Le Point, 73 % des gens pensent que la banque m’a volé et non le contraire ! donc vous espérez être blanchi à terme, mais ruiné d’ici là ? Je ferai face de toute façon, comme je l’ai toujours fait. Même si mon seul actif restant, ma maison de la rue des Saints-Pères, achetée il y a près de trente ans, devra probablement servir de garantie pour que la justice aille jusqu’à son terme. Quels sont vos recours ? La cassation, sur les deux jugements de la cour d’appel. Par ailleurs, une autre série de recours va démarrer. Ils seront intentés par les sociétés de mon groupe qui n’étaient pas soumises au compromis d’arbitrage. Quel est votre sentiment sur le renvoi de christine lagarde devant la justice alors que le parquet demandait un non-lieu la concernant ? C’est une honte. Je suis d’autant plus à l’aise pour en parler librement qu’elle a dit un jour « Est-ce que j’ai une tête à être copine avec Bernard Tapie ? » Je lui réponds non, je suis d’accord avec elle ! On lui reproche d’avoir décidé l’arbitrage, mais elle n’a pu prendre de décision qu’en accord avec le conseil d’administration du CDR, dans lequel elle n’avait que deux représentants sur cinq, et avec celui de l’EPFR, l’organisme de tutelle du CDR sur lequel elle n’a pas de pouvoir direct. Or toutes les décisions d’entrée en arbitrage ont été prises à l’UNANIMITÉ des votes, incluant celui de M. de Courson, qui a ensuite fait une croisade pour dénoncer ce qu’il avait donc lui-même validé par son vote ! Vous pensez que si nicolas sarkozy n’avait pas été protégé par l’article 67 de la constitution, il aurait également été renvoyé devant la justice ? Le soupçon d’un arbitrage truqué ne peut avoir de sens que s’il y a une complicité entre ceux qui le décident et ceux qui rendent les sentences, c’est-à-dire les arbitres. Or de notoriété publique, aucun des trois arbitres n’a, c’est le moins qu’on puisse dire, d’affection particulière pour l’ancien président ! Mais toute cette affaire a été montée pour l’atteindre… Je rappelle que la remise en cause de l’arbitrage de 2008 a démarré dès avant les élections de 2012 ; que les recours formés à l’époque par messieurs Ayrault, Bayrou et autres ont été rejetés successivement par le tribunal administratif, la cour administrative d’appel, et enfin le Conseil d’État. Tout est reparti lorsque M. Cahuzac a remis ensuite à la Cour des comptes un rapport intitulé faussement « Rapport de la commission des finances » alors qu’il ne s’agissait pas de ce rapport mais uniquement de la contribution socialiste à ce rapport ! Sur cette base, la Cour des comptes a donné un avis favorable aux poursuites et une demande a ensuite été faite auprès du procureur général de la Cour de cassation, M. Nadal, qui se trouve juste être un socialiste affiché, orateur dans les meetings de la campagne de Mme Aubry à la primaire ! Mme Lagarde est, comme moi, une victime collatérale de cet objectif politique des socialistes d’atteindre l’équipe dirigeante précédente ! On ne peut donc plus s’étonner que, lorsque le deuxième magistrat de France, M. Marin, demande un nonlieu pour Mme Lagarde, ces juges décident au contraire de la renvoyer devant la cour. On verra la suite. Vous avez aussi devant vous la procédure pénale… candidats socialistes, qu’il faut saluer. Mais en faisant cela, on a, en quelque sorte, « cassé le thermomètre » pour ne pas montrer qu’on avait de la fièvre. Mais la fièvre est bien là, on ne pourra pas casser le thermomètre éternellement… Or personne ne peut contester mes succès passés face au FN, notamment aux européennes de 1994, quand je l’avais ramené, comme je l’avais promis, à 10 % des voix. C’est toujours faisable à condition d’adopter les bonnes méthodes. c’est-à-dire ? Quand tous les partis politiques actuels promettent aux électeurs l’apocalypse si le FN arrive au pouvoir, ils font une erreur. Car ceux qui votent FN n’ont pas peur de l’apocalypse. Ils ont déjà, à tort ou à raison, le sentiment de la vivre ! Et à la rigueur, ils la souhaitent pour tout le monde, pas que pour eux ! Par ailleurs, les partis politiques ne sont plus légitimes pour critiquer le vote FN : si votre médecin ne sait pas vous soigner, que vous changez de médecin et que le nouveau n’y arrive pas non plus, ce ne sont pas ces médecins-là qui parviendront à vous convaincre de ne pas aller voir le guérisseur ! Il faut que les hommes politiques cessent de parler des conséquences, du mal de vivre de ces Français qui votent FN, et qu’ils apportent des remèdes aux causes de leurs problèmes. Parmi elles, évidemment, le chômage, en particulier celui des jeunes qui sont aujourd’hui les plus nombreux à Je suis habitué : les procédures pénales ont commencé avec Mme Joly en 1995, qui m’a fait chercher en menottes « Ceux qui votent à 6 heures du FN n’ont pas peur matin à mon domicile pour me de l’apocalypse. signifier mes six Ils ont déjà, mises en examen… Cela s’est terminé à tort ou à raison, près de huit ans le sentiment plus tard par cinq non-lieux et une de la vivre » relaxe. Le pénal me projette donc à nouveau dans un long marathon. Mais à 72 ans, j’ai le voter FN. À un âge où on est traditemps, il me reste encore au moins tionnellement plutôt exalté, utovingt-huit ans ! pique, voire révolutionnaire… mais Qu’allez-vous faire maintenant ? pas d’extrême droite ! Je vais continuer l’action de Vous avez sérieusement redressement de mon groupe de un« plan tapie » contre presse qui, d’ailleurs, pour cette le chômage des jeunes ? année 2015, est redevenu profiOui. S’agissant du chômage des table, grâce à un travail formidable jeunes, je me suis toujours impliqué de toutes les équipes. On a même pu depuis trente ans. J’ai monté avec éviter un plan social sévère. Nous mes seuls fonds propres, six écoles allons continuer à développer le de formation réservées aux sansdigital et également l’événementiel : diplôme. Dix mille jeunes ont trouvé salons, croisières, épreuves sportives du boulot entre 1986 et 1994… et comme, par exemple, cette nouvelle puis en tant qu’homme politique, épreuve cycliste que nous avons j’ai monté les maisons des citoyens créée et qui a été agréée par l’UCI, dans les banlieues. À l’époque où le Tour de Provence, qui démarrera j’étais ministre de la Ville, j’avais même présenté un projet de loi en avril prochain… Et puis j’ai décidé de revenir en politique. pour rendre le chômage des jeunes ah bon ? Vous revenez illégal. Que n’ai-je pas reçu comme critiques à l’époque pour ce texte, en politique ? Oui, je reviens. Le résultat des jugé populiste ! Mais je maintiens régionales est incontestablement qu’il était dans la continuité de un signal d’alarme qui doit alerter l’école obligatoire de Jules Ferry, tous ceux qui ont l’envie et la comqui n’est rien d’autre que de rendre pétence d’apporter des réponses illégal l’illettrisme. C’est un combat aux problèmes du pays. Le pire a que je veux reprendre aujourd’hui. été évité grâce au désistement des J’affirme qu’en capitalisant intelli- société | 15 jdd | 20 décembre 2015 Vendredi, dans leur hôtel particulier, rue des Saint-Pères à Paris, Bernard Tapie et son épouse, Dominique, en compagnie de leur chien Bable, un cane corso. Photos : Bernard Bisson Pour le Jdd gemment tout ce qui est dépensé à tort et à travers, on aurait de quoi donner un travail à tous les jeunes qui le souhaitent et qui devront l’accepter. En particulier, en dispensant des formations pour des métiers dont le marché du travail a besoin, et en utilisant d’avantage les outils qui permettent de détecter les talents de chacun. Je dis que tout l’argent doit être intégralement consacré à la mise en activité des jeunes. Je vais donc mettre sur pied, d’ici à fin janvier, un premier projet pour la remise en activité de tous les jeunes de 18 à 25 ans. Je remettrai ce plan aux chefs de groupe de l’Assemblée nationale, du Sénat, et aux ministères concernés. Vous imaginez Hollande et Valls mettre en place le « plan Tapie » pour les jeunes chômeurs ? Bien sûr, s’il est bon ! La volonté du pouvoir actuel a l’air d’aller dans ce sens puisqu’ils ont demandé, à juste titre, l’union nationale sur ce sujet. Que les anciens Premiers ministres Raffarin et Ayrault se mettent à cogiter ensemble pour résoudre le problème, c’est sympathique, mais s’ils savaient comment résoudre le problème ils l’auraient fait lorsqu’ils étaient au pouvoir… À l’inverse, quand Xavier Niel décide de faire une pépinière d’entreprise, il prend les locaux, il définit les programmes, et il les met en route ! Il y a ceux qui réfléchissent et ceux qui font. Serez-vous candidat à la présidentielle ? Chaque chose en son temps. La politique, ce n’est pas seulement être élu. La seule élection qui me faisait envie, c’était celle de la mairie de Marseille en 1995, pour laquelle on s’est dépêché de me rendre inéligible… Vous replongez après avoir dit « la politique m’a tué » ? Oui, la politique m’a effectivement tué, mais je respire encore… g « Je ferai tout pour l’en dissuader » Elle est madame Tapie depuis quarante-deux ans et a tout connu à ses côtés. Elle qui n’a jamais parlé, confie son amertume au JDD. Dominique Tapie préférerait que son mari ne replonge pas dans le chaudron politique… On ne vous entend jamais, alors que vous êtes concernée puisque les jugements visent « les époux Tapie ». Comment vivez-vous cela ? Je suis outrée et scandalisée ! La justice est le pilier principal d’une démocratie. Et rendre la justice est la tâche la plus noble qui soit, puisque c’est elle qui nous arbitre. Elle doit être équitable pour tout le monde. Or j’affirme, et tous nos avocats ne cessent de l’affirmer, nous ne sommes PAS traités comme tout le monde. Cela fait plus de vingt ans que l’on vit ce harcèlement. Mon mari a été un homme honnête jusqu’à 1992 et sa nomination de ministre ! À compter de ce moment-là, il est comme par hasard devenu un malhonnête homme. Aujourd’hui, notre affaire se résume à un conflit avec une banque qui appartenait à l’État. Or il est clair que les institutions dans ce pays, banques, fisc, administration, jouissent d’un préjugé tellement favorable des magistrats que gagner contre elles est quasiment impossible, contrairement à d’autres pays, comme les anglo-saxons, où l’exigence d’être irréprochable prédomine toute autre considération. La preuve : M. Peyrelevade et deux ans et j’affirme toujours le CDR, qui ont commis exacteque sa seule erreur a été d’entrer ment les mêmes fautes (portages en politique. J’étais d’ailleurs illégaux via des sociétés offshore contre mais à l’époque il ne m’a pas écoutée. via les MÊMES structures que dans l’affaire Adidas), ont été Il y a quelques mois, dans condamnés aux États-Unis : l’émission Un jour un destin, de M. Peyrelevade à 500.000 $ Laurent Delahousse, un journad’amende plus cinq ans de mise liste interrogeait le procureur à l’épreuve et d’interdiction de Montgolfier, qui avait demandé séjour sur le sol américain. Et et obtenu de la prison ferme le CDR à payer près d’un milliard de dollars « La justice est le d’amende, à la pilier principal charge du contribuable français. d’une démocratie. Vous ne vous attendiez donc pas à ce scénario noir ? Elle doit être équitable pour tout le monde. Or nous ne sommes pas traités comme tout le monde » Bien sûr que non. La décision de la cour d’appel ne comprend pas une ligne, pas un mot, sur tous les arguments développés par nos avocats. C’est un véritable assassinat, qui est le point d’orgue de cette volonté depuis trente ans de se débarrasser de « l’énergumène Tapie ». L’« énergumène » en question dit qu’il veut revenir en politique… Si c’est revenir en participant à des élections, je trouve que c’est une très mauvaise idée, et je ferai tout pour l’en dissuader. Mais si c’est pour qu’il fasse des propositions pour aider le pays, notamment sur le chômage des jeunes, alors là, bien sûr, j’y suis favorable. Nous sommes ensemble depuis quarante- contre mon mari dans l’affaire OM-VA. Celui-ci a déclaré mot pour mot : « S’il ne s’était pas appelé Tapie, il est vrai qu’il n’aurait pas fait un jour de prison. Les faits ne le méritaient pas. Il a payé pour d’autres raisons. » Ça ne choque personne ? Mais ça veut dire quoi ? C’est quoi les autres raisons ? Parce qu’il est issu de la banlieue ? Parce qu’il ne sort pas des grandes écoles ? Parce qu’il a gagné beaucoup d’argent ? Parce qu’il n’a pas caché sa réussite, ou son bonheur ? Le président Mitterrand l’a pris pour ce qu’il savait faire. Or ce symbole, celui de l’envie de gagner, de l’ambition, qui était un modèle dans les années 1980, est devenu aujourd’hui un modèle rejeté et à détruire. Ce que l’on vit est dur, mais je ne veux pas me plaindre. Mais on vous sent amère… Je ne veux pas m’épancher. Je connais trop de gens qui vivent des situations bien plus dramatiques. J’ai une cousine qui a une petite bijouterie en banlieue. Elle s’est fait braquer sept fois dont quatre avec un pistolet sur la tempe. Elle vient de mettre la clé sous la porte. Elle est d’autant plus désespérée et désabusée qu’elle a, une fois, retrouvé dans la rue la personne qui l’a agressée. Elle est allée voir la police qui lui a répondu d’une manière désolée « on ne peut rien faire Madame… ». Moi, le CDR a mis vingtquatre heures entre la décision de la cour d’appel et la saisie de mon compte personnel. Il y a des affaires qui les inspirent d’avantage que d’autres visiblement… Pourquoi n’avoir quasiment jamais parlé en vingt ans ? Parce que j’aurai passé ma vie à ça ! On est une famille très unie, Dieu merci, tous en bonne santé. La période de la prison a été très difficile pour les enfants et moi-même. Mais si Bernard ressemblait de près ou de loin au portrait que vous avez l’habitude d’en faire je ne partagerais pas ma vie avec lui depuis quarante-deux ans ! Mais leur dire ce que je ressens, ça serait leur faire trop plaisir… ProPos recueillis Par l.V. 16 | société JDD | 20 décembre 2015 Surchauffe sur le dispositif antiradicalisation IslamIsme Les préfectures et les associations en charge de la surveillance des phénomènes de radicalisation sont submergées. Les fonds sont là, comme les bonnes volontés. Mais c’est la méthode qui fait encore défaut... D marIe-ChrIstIne tabet @MC_TABET epuis les attentats parisiens du 13 novembre, les appels au numéro vert Stop djihadisme explosent. Les policiers à la retraite et les psychologues recrutés par l’Uclat (Unité de coordination de la lutte antiterroriste) pour recueillir les signalements de candidats au djihad auraient reçu plus d’un millier d’alertes supplémentaires de parents, de médecins, d’épouses, de voisins suspectant une radicalisation, ou, pis, un départ en Syrie. Parmi lesquelles 350 ont été prises très au sérieux par les services de renseignement. Mis en place en mai 2014, le numéro* du ministère de l’Intérieur a permis de détecter au total 4.000 individus suspects sur quelque 12.000 personnes signalées qu’il faut désormais accompagner. « Il y a une frontière entre la radicalité et le terrorisme » Rançon du succès et de la peur, les préfectures se retrouvent submergées par les demandes de prise en charge. D’autant qu’elles doivent également s’occuper de quelque 4.000 autres « cas » qui sont entrés dans les radars des enquêteurs par d’autres voies (arrestations à la frontière, enquêtes de police, renseignements…). Sans compter les familles des jeunes qui vivent désormais en Syrie. C’est le volet non répressif de la lutte antiterroriste, la déradicalisation du vivier des potentiels candidats au départ ou au djihad, composé de 30 % de femmes, de 20 % de mineurs et de 38 % de supposés convertis. « Il y a une frontière entre la radicalité et le terrorisme, explique le préfet Pierre N’Gahane, en charge du Centre interministériel de prévention de la délinquance, quelqu’un qui refuse de serrer la main d’une femme ou de s’asseoir sur un siège précédemment occupé par une femme nous pose un problème mais il ne sera peut-être jamais terroriste. » La France s’est engagée tardivement dans cette politique de détection et de rééducation. « Après la tuerie de Merah, à Toulouse, tout le monde a été aveuglé par la théorie du loup solitaire, raconte un fonctionnaire, il a fallu la recrudescence des départs pour que les politiques prennent la mesure du phénomène. Avant novembre 2014, on ne pouvait même pas retirer sa carte d’identité à un adulte qui partait en Syrie. Mais c’est en janvier 2015, après les attentats de Charlie et la découverte du parcours des frères Kouachi que la machine administrative s’est mise en route. » Et ne s’emballe. La Seine-Saint-Denis et les Alpes-Maritimes en pointe Le gouvernement a fait le choix de la déconcentration. Les préfets des départements où vivent les personnes signalées comme radicalisées sont prévenus en même temps que les services de renseignement. C’est le préfet, avec le parquet et la police, qui décide alors de la suite à donner aux informations que lui adresse l’Uclat. Il peut transmettre le dossier à une cellule de suivi non En Seine-SaintDenis, la Maison de prévention pour les familles, présidée par Sonia Imloul, devait être un des modèles du genre. Elle a mis la clé sous la porte moins d’un an après son inauguration, en octobre 2014. Steven WaSSenaar/ Bureau233 répressive pour que la famille soit accompagnée. Mais pour l’instant, moins de 60 % des préfets ont mis en place des structures ad hoc. En 2015, l’enveloppe de 8 millions d’euros mise à leur disposition par l’État n’a pas été entièrement consommée malgré la demande croissante d’assistance. La Seine-Saint-Denis et les Alpes-Maritimes disposent des projets les plus aboutis. Dans le premier département, 55 % de la population est de culture musulmane et le dispositif a été installé par Didier Leschi, préfet délégué pour l’égalité des chances et ancien directeur du Bureau des cultes au ministère de l’Intérieur. À Nice, le psychanalyste Pierre Amoyel, arabisant, spécialiste de la délinquance et de la violence, pilote l’association Entre’autres. Il s’est intéressé très tôt à la problématique djihadiste. La plupart des autres départements en sont encore au stade de l’expérimentation. La préfecture de Bordeaux dévoilera sa propre structure en janvier, un an après les attentats de Charlie. À Paris, la préfecture de police a vécu une expérience malheureuse avec la Maison de prévention pour les familles. L’association, présidée par Sonia Imloul, devait être un des modèles du genre. En décembre 2014, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, est même venu la visiter et l’encourager sous l’œil des caméras. Moins d’un an après, la collaboration a tourné court et le préfet de police a retiré sa confiance et ses subsides. Pour l’instant, c’est l’association de Dounia Bouzar, le CPDSI (Centre de prévention contre les dérives sectaires liées à l’islam) qui répond au coup par coup aux appels des procureurs et des préfets lorsqu’il y a une urgence. « C’est une charge très lourde, explique un conseiller du ministre de l’Intérieur, c’est même surhumain. En Dounia Bouzar face aux critiques À la tête de l’association phare contre le déradicalisation, cette ancienne éducatrice est soupçonnée de mélange des genres. elle s’explique au JDD Dounia Bouzar, l’icône médiatique de la déradicalisation à la française, en fait-elle trop ? Avec son association, le CPDSI (Centre de prévention des dérives sectaires liées à l’islam), elle s’est imposée sur les plateaux de télévision et auprès des pouvoirs publics. Suscitant la critique. La sénatrice centriste Nathalie Goulet, présidente de la commission d’enquête sur les réseaux djihadistes, vient de demander au ministère de l’Intérieur de lui fournir un bilan circonstancié des résultats du CPDSI. « Cette structure n’a pas de bureau et un très faible effectif, explique-t-elle, je souhaite juste comprendre comment on “déradicalise” dans de telles conditions ». Le journaliste Mohamed Sifaoui, spécialiste du terro- risme islamiste, attaque sur le fond : « Dounia Bouzar raisonne en musulmane et refuse d’admettre que nous sommes dans le traitement d’une maladie de l’islam et non d’une dérive sectaire », explique-t-il. D’autres critiquent anonymement sa méthode. « Le djihad, ce n’est pas seulement une histoire de jeunes filles radicalisées derrière un écran d’ordinateur », fustige un fonctionnaire, reprochant à Dounia Bouzar de s’intéresser principalement aux jeunes Françaises radicalisées. 900.000 € de subventions depuis dix-huit mois L’association a reçu près de 900.000 € de subventions depuis dix-huit mois, dont 100.000 € pour former les acteurs publics (éducateurs, fonctionnaires…). En 2014, elle a perçu 130.000 € de subventions pour son action auprès des jeunes. En 2015, elle a aussi remporté l’appel d’offres du ministère de l’Intérieur pour la constitution de l’équipe mobile © DiDier GOuPY / SiGnatureS d’intervention. Cette structure désormais dotée d’un budget annuel de 600.000 € a vocation à intervenir auprès des préfectures confrontées à des cas de radicalisation. Pour quel bilan ? Sur son site, Dounia Bouzar a publié mercredi ses derniers résultats : 1.059 jeunes suivis depuis avril 2014, dont 234 sur le départ, ont été « désembrigadés »… « Dounia Bouzar a évité plus de 200 départs, qui a fait mieux ? s’impatiente le préfet antiradicalisation, Pierre N’Gahane. Lorsque nous avons lancé l’appel d’offres elle était seule à y répondre. » Son quasi-monopole sur ce créneau, Dounia Bouzar le doit d’abord à son intuition. Depuis 2001, publiant son livre L’Islam des banlieues (Syros), elle travaille sur ces questions. « Elle a longtemps prêché dans le désert, explique un haut fonctionnaire. Et puis, en 2014, Bernard Cazeneuve, confronté à l’explosion des départs, a été bien content de la trouver. » L’ancienne éducatrice de la Protection judiciaire de la jeunesse avait aussi dans sa manche de précieux soutiens à gauche, dont Jean-Louis Bianco et Jean Glavany. « Je suis restée une grande gueule » Aujourd’hui, certains lui reprochent l’embauche de membres de sa famille et le mélange des genres, entre son entreprise Bouzar Expertises, actuellement gérée par sa fille, et son association. L’inspection interministérielle, qui audite actuellement le dispositif national de lutte contre la radicalisation, s’en est ému avant même d’avoir terminé outre, une seule structure et une seule méthode ne répond pas à l’ensemble des situations. Le CPDSI a une expertise très fine des cas de radicalisation des jeunes filles mais pas de l’ensemble de la palette. » Le secrétariat d’État à la Famille de Laurence Rossignol vient d’annoncer la création d’un réseau national d’associations de parents dont les enfants sont partis faire le djihad. Dominique Bons devrait le présider. Cette Toulousaine a perdu son fils en Syrie. Des antennes devraient être ouvertes dans plusieurs régions. « On ne peut pas reprocher au gouvernement son inaction, relève un spécialiste, mais il n’y a pas de doctrine de la déradicalisation. Parmi les acteurs choisis par l’État on retrouve toutes les approches, ceux qui considèrent qu’il faut combattre une secte, d’autres les dérives de l’islam, d’autres encore des profils psychiatriques très typés. » g * 0 800 005 896. son rapport.Bouzar Expertises vend, en effet, des prestations de formation à des collectivités susceptibles de travailler avec l’association… « Pour éviter les soupçons de conflits d’intérêts, réagit le préfet N’Gahane, nous ne renouvellerons pas sa mission de formation pour l’année 2016. Dounia Bouzar consacrera désormais exclusivement son action aux familles. » Au ministère de l’Intérieur, on loue son dévouement et ses résultats mais on lui a conseillé d’éviter la surexposition médiatique. Quant à l’activité de son entreprise, elle revendique son droit à la liberté. « Ma société de conseil existait avant l’association, rétorque-telle. Ma fille continue à la faire tourner car c’est notre gagnepain. Je n’ai pas l’intention de vivre des subventions publiques et j’ai baissé mes revenus d’un tiers depuis que je travaille pour l’État. Je suis restée une grande gueule et je veux pouvoir partir du jour au lendemain », conclut-elle. m.-C.t. société | 17 * jdd | 20 décembre 2015 L’énigme des deux djihadistes de Salzbourg teRRoRISMe Les deux compagnons de voyage des kamikazes du Stade de France interceptés en autriche ont fait un mois de prison en Grèce. étaient-ils les 11e et 12e hommes du commando de paris ? Stéphane Joahny Les terroristes du 13 novembre ont-ils perdu des effectifs en route ? D’autres cellules ont-elles été prépositionnées en Europe en s’immisçant cet automne dans le flot des réfugiés syriens ? Ces questions se posent au regard du parcours de deux djihadistes présumés, bloqués voilà une semaine dans un centre de réfugiés de Salzbourg en Autriche. Ces deux hommes, qui pourraient être un Algérien de 28 ans et un Pakistanais de 34 ans, ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur les attentats de Paris. Suspects, ils le sont à plus d’un titre. Des « vrais faux » passeports D’abord ils font partie du groupe des 199 adultes qui, à l’instar de deux des kamikazes du Stade de France, ont transité par l’île de Leros en Grèce le 3 octobre dernier. Ensuite parce que, comme ces deux morts dont on ne connaît que les visages (voir photos) et qui pourraient être d’origine pakistanaise, ils étaient porteurs du même type de « vrais faux » passeports syriens… télex terrorisme Fausse alerte à la bombe sur le Maurice-Paris ? Canular ou tentative d’attentat sur un vol d’Air France ? Selon nos informations, un passager du vol Maurice-Paris aurait signalé la présence d’un engin explosif dans les toilettes après le décollage obligeant l’avion à un atterrissage d’urgence à Mombasa (Kenya). Les 400 passagers ont été évacués. L’engin ? Un assemblage de boîte de carton avec des fils et un minuteur de cuisine. Des vérifications étaient en cours tard hier soir. La police antiterroriste était sur place noël Malgré la diffusion de ces deux appels à témoins, les deux kamikazes du Stade de France n’ont toujours pas été identifiés. AlexAndre MArCHI/MAxPPP Leurs chemins se sont ensuite séparés pour la simple et bonne raison que l’Algérien et le Pakistanais, confrontés aux questions d’agents de Frontex, ont échoué à convaincre qu’ils étaient bien des réfugiés syriens. Pendant que les soi-disant Ahmad Al-Mohammad et Mohammad Al-Mahmoud poursuivaient leur route vers Bruxelles et Paris via la Serbie, où l’un déposera une demande d’asile le 7 octobre, la Croatie, où le second sera contrôlé le 8 octobre, les deux autres comparaissaient devant la justice grecque pour possession de faux papiers. Ils n’ont pu reprendre leurs pérégrinations vers l’Union européenne qu’après un mois de détention sur une île grecque… Trop tard pour rejoindre à temps Abdelhamid Abaaoud et ses complices ? Depuis que les autorités françaises ont compris que deux des membres du commando du 13 novembre avaient mis le pied en Europe à Leros le 3 octobre, toutes les empreintes des quelque 200 personnes enregistrées ce jour-là (un tiers s’était présenté sans aucun document d’identité et tous n’ont pas fait l’objet d’un contrôle de la part de Frontex) ont été diffusées à travers toute l’Europe pour retrouver leur trace. L’Algérien et le Pakistanais de Salzbourg sont les premiers à avoir été retrouvés. Un mandat d’arrêt européen pourrait être délivré à leur encontre dans les prochains jours. g Des cadeaux malgré la crise Le budget moyen consenti par les Français pour l’achat des cadeaux de Noël atteint 415 €, même si la moitié sondés ne compte pas dépasser 300 €, selon un sondage BVA publié hier par la presse régionale. En dépit de la crise, près de six Français sur dix comptent dépenser «autant que l’an dernier». Justice Procès Cahuzac en février Jérôme Cahuzac devrait comparaître du 8 au 18 février devant le tribunal correctionnel de Paris dans l’affaire de son compte caché à l’étranger selon Sud Ouest. L’ex-ministre du Budget comparaîtra pour fraude fiscale, blanchiment et pour avoir omis de déclarer ses avoirs à l’étranger dans sa déclaration de patrimoine lors de son entrée au gouvernement en mai 2012. Il comparaîtra avec son épouse, jugée aussi pour fraude fiscale et blanchiment. 18 | sciences JDD | 20 décembre 2015 Des moustiques OGM pour éradiquer le paludisme On a lOngtemps pensé que le paludisme, qui cause chaque année 600.000 décès dans le monde, notamment en afrique, serait un jour vaincu grâce à un vaccin. en attendant la piqûre miracle, d’autres stratégies sont explorées. Une équipe britannique a entrepris d’aller chercher le remède dans le mal : elle vient de créer des moustiques génétiquement modifiés porteurs d’une mutation qui les rend stériles. Ou comment espérer éradiquer la maladie infectieuse en forçant ses vecteurs, des femelles du genre Anopheles, qui piquent l’homme, à transmettre à leur progéniture des gènes qui feront baisser l’effectif de la population de moustiques. au cœur de ce travail, figure le concept innovant de gene drive (« forçage génétique »), qui consiste à créer une mutation et à imposer sa propagation rapide dans une population donnée. « Le projet de fabriquer des moustiques transgéniques capables de forçage génétique pour lutter contre le paludisme est vieux mais l’outil moléculaire pour y parvenir simplement et rapidement nous manquait. En 2012, la mise au point de CRISPR, une technologie révolutionnaire d’édition génétique, a donné une impulsion nouvelle à cette idée », commente éric marois, biologiste moléculaire à strasbourg et coauteur de l’étude menée à l’Imperial College de londres. après avoir identifié trois gènes importants pour la fertilité, les chercheurs les ont inactivés chez des moustiques qui, dans plus de 90 % des a Le parasite à l’origine de cette maladie infectieuse est transmis à l’homme par une piqûre de moustique infecté. SPL cas, ont eux-mêmes transmis cette modification à leur descendance. « Comme prévu, les gènes modifiés ont pris le pas sur les gènes sauvages », complète éric marois. malgré la fierté d’avoir participé à une étude pionnière, qui vient compléter d’autres résultats prometteurs venus des états-Unis, le scientifique strasbourgeois ne se voile pas la face : la destruction des moustiques pourrait avoir un impact négatif pour l’environnement. « Il faut soigneusement évaluer les conséquences d’une telle découverte. L’idée de supprimer une espèce pose des questions éthiques et écologiques. » Favorable à l’invention d’un cadre juridique au niveau international, éric marois espère toutefois que ces Ogm volants créés dans un but de santé publique ne seront pas l’objet d’autant d’opprobre que le maïs de monsanto. « Il y a d’autres batailles sanitaires à mener : en modifiant les tiques, on pourrait, par exemple, vaincre la maladie de Lyme. » A.-L.B. Le couper-coller de l’ADN La technologie des ciseaux moléculaires devrait permettre à la médecine de faire un bond de géant dans le traitement des maladies génétiques et de certains cancers… Elle soulève au passage des interrogations éthiques b La biologiste française Emmanuelle Charpentier (à gauche), qui travaille à l’Institut Max Planck à Berlin et sa consœur américaine Jennifer Doudna (à droite), de l’Université de Californie à Berkeley, ont mis au point CRISPR en 2012. Cet outil d’édition de l’ADN, inspiré du système immunitaire des bactéries, pourrait leur valoir un prix Nobel. C AnnE-LAurE BArrEt @annelaureBarret ’est « la Ford T de la génétique », selon l’heureuse formule d’un prof de droit à Stanford. Comme la mythique voiture a mis le monde sur roues et renvoyé aux oubliettes les prototypes poussifs de l’ère préindustrielle, la technologie CRISPR (encore appelée CRISPR Cas9), primée jeudi par la revue américaine Science comme invention de 2015, est en passe de bouleverser nos vies. D’ici à quelques années, cet outil moléculaire disponible dans plus de 3.000 labos sur la planète devrait permettre de soigner des maladies héréditaires et même certains cancers. À plus long terme, il pourrait inaugurer l’avènement d’un homme génétiquement modifié capable de transmettre ses gènes corrigés à sa descendance. « Un couteau suisse » pour la génétique Il y a trois semaines, une conférence internationale était organisée à Washington pour réfléchir à cette révolution qui peut modifier notre espèce. Pourquoi une découverte, vieille seulement de deux ans et demi, suscite-t-elle autant d’espoirs ? « Nous disposions déjà d’autres méthodes d’édition du génome mais elles étaient très compliquées à utiliser. CRISPR est le graal qu’on attendait pour booster la thérapie génique : simple, précis, efficace, peu coûteux », résume Jacques Tremblay, professeur à l’université Laval au Canada. Pour la biologiste française Emmanuelle Charpentier, qui l’a développé en 2012 avec l’Américaine Jennifer Doudna, CRISPR est « un couteau suisse » servant à cor- MIGUEL RIOPA/AFP riger l’ADN défectueux, « un peu comme un logiciel de traitement de texte » pour « éditer » ou « corriger » un document. Ces fameuses fonctions « rechercher » et « remplacer » de Word qui facilitent à la fois repérage et corrections. CRISPR… Cet acronyme bizarre, « crispant » comme l’a récemment écrit une chercheuse française, renvoie à son origine. « Cette technique a été inspirée par un système qui existe chez les bactéries pour se protéger des agressions virales externes », explique le biologiste de la reproduction Pierre Jouannet, missionné au récent congrès de Washington par l’Académie de médecine. « Le trait de génie, qui vaudra peut-être un Nobel à ses découvreuses, c’est de s’être rendu compte que ce mécanisme naturel pouvait fournir un outil utile et de l’avoir adapté pour l’utiliser dans des cellules d’organismes supérieurs », abonde Bertrand Jordan*, biologiste moléculaire. Le « couteau suisse » est composé de plusieurs éléments : un super ciseau moléculaire (une protéine qui coupe l’ADN appelée Cas9) ; un segment d’information génétique (ARN guide) qui s’associe à la protéine et la guide vers l’endroit voulu dans l’ADN ; un segment d’ADN portant la « bonne » séquence. « On les injecte en même temps dans la cellule, poursuit Bertrand Jordan. La séquence non mutée introduite en même temps que Cas9 et que l’ARN guide vient alors remplacer celle d’origine et corrige la mutation présente dans l’ADN de la cellule. » Des thérapies géniques nouvelle génération L’arrivée de l’outil moléculaire donne des ailes à tous les chercheurs qui planchent, souvent avec difficulté, sur les thérapies géniques depuis des années. « Jusque-là, on ajoutait un exemplaire fonctionnel du gène défectueux sans l’ôter ; là, on le corrige », dit Bertrand Jordan. Pour l’instant, aucun essai clinique n’a été mené chez l’homme mais des souris ont déjà été guéries de maladies héréditaires orphelines comme la tyrosinémie de type 1, une grave affection du foie et des reins ou la myopathie de Duchenne. Au-delà des maladies touchant un seul gène, des pathologies complexes et multifactorielles comme les cancers ou les affections cardiovasculaires pourraient bénéficier des progrès induits par CRISPR. Pour cela, de petits pas restent à accomplir. « Il faudra notamment remédier aux rares mais réels effets hors cible, imprévisibles, de ce système qui parfois modifie l’ADN à d’autres endroits qu’au lieu souhaité », avertit Pierre Jouannet. Comme un bon vieux couteau suisse, CRISPR peut aussi trancher dans le vif… de l’évolution humaine. Certains scientifiques s’inquiètent concernant son possible effet néfaste sur les cellules reproductrices ou l’embryon. « Jusqu’à présent, l’homme, qui a déjà génétiquement modifié des plantes ou des animaux comme les souris à titre expérimental, n’a jamais changé la structure de son ADN. Dans un tel cas, la modification du génome se transmettrait, elle aurait un effet transgénérationnel », observe Pierre Jouannet. Les angoisses se sont accrues en avril lorsqu’une équipe chinoise a annoncé avoir corrigé un gène défectueux dans plusieurs embryons humains, heureusement non viables. Comment éviter une modification « contraire à l’éthique » des caractères héréditaires des individus, comment se prémunir de la fabrication de bébés génétiquement modifiés ? Refusant un moratoire sur la thérapie génique germinale, les spécialistes réunis à Washington ont conclu que la recherche devrait se poursuivre activement tout en étant encadrée (aucune grossesse autorisée actuellement à partir d’un embryon manipulé). Une conclusion forcément provisoire comme le note Bertrand Jordan : « On peut facilement entrevoir un monde dans lequel le libre jeu du marché permettrait aux superriches d’améliorer le patrimoine génétique de leur descendance, et d’ajouter ainsi aux considérables inégalités économiques actuelles un privilège génétique transmissible aux générations suivantes. Est-ce bien là l’avenir que nous souhaitons pour l’humanité ? » g *« Au commencement était le verbe, une histoire personnelle de l’ADn », EDP Sciences, 20 €. Un ado atteint d’anémie chronique soigné par thérapie génique Alors que le couteau suisse moléculaire CrIsPr n’a pas encore donné lieu à des essais cliniques, certaines génothérapies plus classiques donnent de bons résultats. on a appris cette semaine qu’un adolescent atteint de drépanocytose, une maladie du sang héréditaire très fréquente en France, est « en voie de guérison » grâce à un protocole mené à l’hôpital Necker. Cette affection qui touche l’hémoglobine des globules rouges se caractérise par une anémie, des crises douloureuses et un risque accru d’infection. Avec son équipe, la professeure Marina Cavazzana, qui dirige le département de biothérapie, a prélevé des cellules souches sanguines dans lesquelles a été introduite une copie normale du gène de l’hémoglobine. « Neuf mois après avoir reçu cette greffe de cellules corrigées, le patient se porte bien et produit environ 51,5 % d’hémoglobine normale », se réjouit la chercheuse. Concrètement, l’adolescent, âgé de 13 ans, n’a, aujourd’hui, plus besoin d’une transfusion de sang chaque mois. L’anémie chronique affecte les globules rouges. J. LEWIN, ROYAL FREE HOSPITAL/COSMOS L’Unesco réclame un moratoire sur la recherche l’uNesCo a déclaré la guerre aux ciseaux moléculaires. Alors que les scientifiques, juristes et éthiciens réunis début décembre au sommet de Washington viennent de prôner la poursuite des recherches menées grâce à CrIsPr, l’organe des Nations unies, qui a publié une « réflexion sur le génome humain et les droits de l’homme », réclame un moratoire sur la manipulation de l’ADN des cellules reproductrices humaines. l’unesco appelle de ses vœux un vaste débat public sur les modifications génétiques del’ADN humain. Aux États-unis, les associations de patients atteints de maladies héréditaires commencent à pousser en sens inverse, réclamant une levée des freins au nom de l’urgence sanitaire. en France, l’Académie de médecine prépare un rapport sur CrIsPr pour la fin janvier. Société | 19 jdd | 20 décembre 2015 Les 100 jours des migrants de Cergy réfugiés Ils étaient là depuis trois mois, venus de Syrie via l’Allemagne. Vendredi, la préfecture a fermé le centre d’accueil de Cergy-Pontoise. La plupart des 200 personnes ont été réparties en province Christel De taDDeo n’était pas possible », explique un responsable. Pas de place perdue dans le dispositif géré par la délégation interministérielle à l’hébergement à l’accès au logement (Dihal) qui a surtout proposé des solutions en « zone détendue » et en cohabitation pour les hommes arrivés seuls en France. Le jeune tailleur devrait néanmoins obtenir une place dans un foyer de jeunes travailleurs. « Son employeur est prêt à se porter garant », indique un bénévole du Secours catholique qui va l’aider à constituer son dossier. @cdetaddeo Un drapeau tricolore est encore suspendu au portail devant lequel ils s’enlacent une dernière fois. Les valises et les housses de rangement, où ceux qui s’apprêtent à partir ont rassemblé leurs effets personnels, s’entassent près de l’entrée. Les étreintes sont puissantes. Les sourires forcés. La préfecture n’a pas renouvelé l’agrément du centre de séjour Hubert-Renaud pour l’accueil des réfugiés ; la quarantaine d’hommes encore présents en début de semaine devaient tous être partis vendredi soir. « On a quasiment trouvé des solutions pour tous », se félicite Raphaël Sodini, conseiller au ministère de l’Intérieur, assurant que « personne n’a été contraint ». Pourtant, la fermeture du centre après cent jours de solidarité s’est passée dans une précipitation certaine et la plupart des pensionnaires sont montés dans un train à contrecœur pour une destination imposée. « On a essayé de faire les choses au mieux pour qu’ils puissent s’insérer professionnellement là où les gens sont prêts à les accueillir et à les suivre », proteste Raphaël Sodini. Cette semaine, À Cergy, l’heure des adieux a sonné pour les réfugiés hébergés au centre de séjour Hubert-Renaud, qui a fermé ses portes vendredi soir. J. Jaulin/HanSluCaS POuR lE JDD Chartres, Narbonne, Nîmes, Pau, ou encore Saint-Étienne. « Je n’ai pas le choix », confie tristement un étudiant syrien au moment de partir à Strasbourg vendredi. Un employeur se prête garant Les six réfugiés qui ont refusé de quitter la région ont été relogés pour trois nuits dans un hôtel de Saint-Ouen-l’Aumône (Val-d’Oise). « Ensuite, ils devront se débrouiller », confie un coor- dinateur du centre. Peu importe si deux d’entre eux – un père et son fils – ont trouvé du travail dans les cuisines d’un restaurant parisien. Un septième, couturier dans le quartier de StrasbourgSaint-Denis à Paris, était prêt à laisser tomber son CDI pour partir dans la banlieue de SaintÉtienne comme on le lui proposait. « Mais comme les plus petits appartements disponibles sont des F3, on lui a finalement répondu que ce « C’est un peu la loterie » La France, qui a voté une rallonge budgétaire de 280 millions d’euros pour l’intégration des 33.000 réfugiés prévus par le plan de répartition européenne, n’en a accueilli pour l’instant que 526 en provenance de Munich, dont 57 ont choisi de repartir, principalement en Allemagne. L’immense majorité des quelque 200 personnes passées par le centre de Cergy ont été éparpillées en province. Mais avec quel projet ? « C’est un peu la loterie », confie une bénévole encore en contact avec plusieurs d’entre eux. Après cent jours en France, il ne reste que les selfies de la visite surprise de François Hollande. Et des promesses de Munich ? Deux jeunes Syriens seulement ont été admis à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne qui a mis en place un programme d’intégration spécifique pour les étudiants réfugiés. L’un d’eux, Nour, 22 ans, a pu rester pour le week-end au centre d’hébergement avec son jeune frère, en attendant qu’une solution d’hébergement soit rapidement trouvée. Vendredi matin, avec d’autres réfugiés, Nour a passé un examen validant sa formation en langue française dans le cadre du contrat d’accueil et d’intégration à l’université de Cergy. Parmi eux, Adnan*, l’ingénieur syrien que le JDD avait suivi à son arrivée, qui aime toujours la France de Victor Hugo et de Michel Platini, en dépit de ses démêlés avec la Fifa, a fait des progrès remarquables en français. Adnan, qui a eu 47 ans vendredi, a obtenu son équivalence le mois dernier et va pouvoir désormais chercher un emploi. Pour lui, le rêve se poursuit. Le 2 décembre, l’ESCP, l’une des plus anciennes écoles de commerce de Paris, l’a invité à la remise du prix du Livre d’économie où il a rencontré… Emmanuel Macron. g * le prénom a été modifié. 20 | économie jdd | 20 décembre 2015 ÉNERGIE Avec le prix du baril à 35 dollars, les royaumes de la péninsule Arabique revoient leurs budgets à la baisse. Vont-ils bientôt découvrir l’austérité ? Pétrole amer pour les pays du Golfe L BRUNa BasINI @BrunaBasini es piscines du Hiltonia Beach Club d’Abu Dhabi sont toujours scrupuleusement réfrigérées durant les mois chauds. À Doha, les Qatariens oublient encore d’éteindre la climatisation lorsqu’ils partent en vacances et cette année, les Saoudiens ont reçu 32 milliards de dollars de subsides de leur nouveau monarque. Business as usual pour les pays du Golfe, habitués aux largesses de la rente pétrolière ? Pas vraiment. Déjà l’an dernier, l’émir du Koweït avait libéralisé le prix des carburants, du gaz et de l’électricité, puis triplé ceux du diesel et du kérosène. Cette année, l’eau est devenue payante à Abu Dhabi et au début de l’été le gouvernement a supprimé les subventions sur l’essence. Les habitants du Golfe découvrent l’austérité après des années d’euphorie. De l’Arabie saoudite, premier producteur et exportateur mondial de brut, aux Émirats arabes unis (EAU) en passant par le Koweït, Bahreïn, Oman et le Qatar, les monarchies pétrolières accusent le coup d’un baril à moins de 40 dollars. En dix-huit mois, les cours de l’or noir, première source de recettes et pierre angulaire de leurs dépenses publiques, ont dégringolé de près de 70 %. Une glissade aggravée par le sommet de l’Opep du 4 décembre, qui ne réduit toujours pas sa production, et la levée vendredi par les ÉtatsUnis de l’interdiction, vieille de plus de quarante ans, d’exporter leur pétrole, qui va pousser l’offre plus haut encore. Pour éviter un dérapage budgétaire, Bahreïn doit facturer son baril à 130 $, l’Arabie saoudite à 93 $, le Qatar à 65 $. Dans les couloirs des palais, fixer les budgets tourne au casse-tête. Quelle dépense raboter, quels investissements repousser ? « Aucun de ces États-Providence n’envisage sérieusement de renoncer à son modèle, assure Francis Perrin, directeur de la publication de Pétrole et gaz arabes. La rente pétrolière leur achète paix sociale et stabilité économique. Ils ont même revu les subventions à la hausse depuis les printemps arabes et la multiplication des conflits armés à leurs frontières, de la Syrie au Yémen. » Le FMI alarmiste Intenable et irresponsable pour l’économiste Nouriel Roubini, présent cette semaine au Arab Strategy Forum de Dubai. « Le contre-choc pétrolier n’a rien de transitoire, vous devez vous adapter à cette réalité plutôt que de vous limiter à la financer », at-il déclaré devant un parterre de Le centre commercial Marina Mall à Abou Dhabi (Émirats Arabes unis). BERTRANd GARdEL hEmIS.fR dirigeants. Les budgets des pays du Golfe ont plongé dans le rouge, avec un déficit moyen de l’ordre de 7,5 % de leur PIB cette année. Il grimpe même à 21 % en Arabie saoudite, selon le Fonds monétaire international (FMI) qui estime que ses réserves de change – un matelas de 600 milliards de dollars – seront épuisées en cinq ans si le royaume ne réduit pas son train de vie. Pis, si les cours avoisinent les 50 $ encore cinq ans – arrimés, qui plus est, à un dollar fort –, les six pétromonarchies devraient perdre 1 trilliard de dollars de recettes. « Les pays du Golfe sont conscients de l’insoutenabilité de leurs systèmes. Ce sentiment a été renforcé par la COP21 qui table sur un arrêt à terme de la consommation d’énergies fossiles. Ils ont fait le dos rond en 2015, mais ils se préparent à bouger », ponctue l’économiste Patrice Geoffron. Riyad a ainsi rapatrié 70 milliards de dollars et levé 20 milliards de dollars de dette auprès de ses citoyens pour la première fois de son histoire. Le royaume pourrait suspendre ou rééchelonner certains chantiers. Il prévoirait des privatisations dans les transports, les télécommunications, la santé et l’éducation. Au menu aussi, une réduction de la part de la main-d’œuvre étrangère, une nécessité face à une démographie galopante où 70 % de la population a moins de 40 ans. COURS DU BARIL DE PÉTROLE (BRENT) A NEW YORK EN DOLLARS 118.9 115.06 23 juin 2014 109.9 100.9 91.99 83.02 74.06 18 Décembre 2015 65.10 37.12 56.14 47.16 37.40 5/2014 7/2014 10/2014 12/2014 2/2015 5/2015 7/2015 10/2015 Les dix prévisions chocs de Saxo Bank pour CONJONCTURE Les économistes de la banque danoise livrent chaque année leurs analyses iconoclastes. À venir : sursaut pétrolier, flambée agricole, chute du dollar… Âmes sensibles s’abstenir. En 2016, si l’on en croit les prévisions extrêmes des économistes de Saxo Bank, les cours des produits agricoles vont flamber, les « licornes » de la Silicon valley, ces start-up qui pèsent plus d’un milliard de dollars, connaîtront une année noire, le pétrole remontera par à-coups à 100 dollars le baril, l’euro se renforcera à 1,23 face au dollar, le marché des obligations va s’effondrer, l’économie des marchés émergents repartira, aiguillonnée par les JO au Brésil… Depuis treize ans, les analystes de la jeune banque d’investissement en ligne danoise s’amusent à penser hors du cadre, cherchent les fameux « cygnes noirs » susceptibles de faire bouger les lignes des marchés et des portefeuilles des investisseurs. Leurs 10 scénarios – un rendez-vous attendu qui fait le buzz et parfois mouche – vont à l’encontre du consensus des prévisionnistes. En 2013, ils avaient anticipé la chute des cours du pétrole sous les 80 dollars. Une plantation d’arbres fruitiers, en Californie. Les sécheresses pourraient faire bondir de 40 % les cours des produits agricoles. B. LASSALLE / SIGNATURES Cette année, les dix projections de Saxo Bank ont pour dénominateur commun l’émergence d’un nouveau paradigme. Autrement dit, une autre façon de penser face à des paramètres économiques qui changent : les taux d’intérêt remontent après dix années de baisse et sonnent la fin de l’argent facile, la volatilité et l’incertitude vont revenir, l’économie chinoise tourne au ralenti et des tensions géopolitiques complexes apparaissent. Dans ce contexte, raisonnent les cerveaux de Saxo, le dollar ne pourra que s’affaiblir face à l’euro. « Et ce serait un événement salutaire pour tous, souligne le chef économiste de la banque, Steen Jakobsen, qui pilote cet exercice. L’économie mondiale est de plus en plus dépendante du billet vert parce qu’on a émis énormément de dette dans cette devise. Un dol- lar plus faible doperait la croissance américaine et, par ricochet, celle de la planète. » El Niño pousse les feux de l’inflation Selon lui, l’événement le plus probable, l’an prochain, pourrait être un désastre climatique signé El Niño : ce courant chaud devrait être particulièrement destructeur, disséminant feux de forêts et sécheresses en Asie du Sud-Est et en Australie. « La production agricole en pâtira et les prix pourraient bondir de 40 % et relancer l’inflation », raisonne Steen Jakobsen, qui a identifié, a contrario, un scénario le plus improbable pour 2016 : le net déclin de la demande de biens de luxe en Europe et une perte de 50 % de son chiffre d’affaires pour le leader du secteur, LVMH. La conséquence d’une société plus économie | 21 jdd | 20 décembre 2015 Accord amiable ou plan social ? eMPLOi Les ruptures conventionnelles explosent depuis 2012. Des entreprises en abusent pour éviter licenciements collectifs et départs en préretraite Matthieu Pechberty Le Qatar, lui, ne compte pas puiser dans ses réserves de change ou ses fonds souverains mais lancer des emprunts locaux et à l’étranger, et tailler dans les budgets de certaines agences gouvernementales, dont sa chaîne de télévision internationale Al Jazeera. Pas question, en revanche, de toucher à l’enveloppe consacrée au Mondial de football 2022. Dans les Émirats arabes unis, où la diversification économique est devenue une réalité, la cité-État de Dubai capitalise, notamment, sur l’Expo 2020. Un pactole chiffré à 20 milliards de dollars. « Les EAU vont réduire leurs dépenses publiques de 10 % et tablent sur un atterrissage en douceur d’autant plus facile à mettre en œuvre que plus de 85 % de leur population est étrangère », remarque Alexandre Andlauer, analyste pétrole et gaz chez AlphaValue. Autre chantier émirati, qui consituerait une grande première : piloter la mise en place d’une TVA qui s’élèverait à 5 % pour les pays du Golfe. g 2016 égalitaire qui réprouve les valeurs segmentantes du luxe dans un contexte de hausse du chômage et de précarité sociale. « Un mouvement accentué par la baisse de la demande dans les deux pays locomotives que sont la Chine et la Russie », précise l’économiste. L’attention aux « cygnes noirs » fait désormais des émules. Bloomberg, l’agence de presse américaine spécialisé dans l’économie et la finance, vient à son tour de publier ses prévisions catastrophes 2016. Florilège : le Royaume-Uni quitte l’Union européenne, le pétrole remonte à 100 $ le baril, les changements climatiques se multiplient et les hackers russes et iraniens s’unissent pour attaquer les banques américaines et ébranler la première économie mondiale. Que la force soit avec nous. b.b. @mpechberty C’est une dérive à grande échelle. Depuis 2009, salariés et employeurs peuvent se séparer d’un commun accord par le biais d’une rupture conventionnelle. Créée pour assouplir le contrat de travail, la mesure devait répondre à des situations précises de séparation amiable et éviter la lourdeur d’un licenciement pour l’entreprise et l’insécurité d’une démission pour le salarié. Six ans plus tard, le nombre de ruptures conventionnelles, qui a franchi le seuil symbolique des 2 millions le mois dernier, a explosé : d’environ 20.000 par mois en 2010, il approche les 30.000 en 2015, selon la Dares. « Les ruptures conventionnelles sont devenues un mode de gestion de l’emploi, reconnaît Michèle Gilabert, consultante du cabinet Entreprise & Personnel. Des entreprises de taille moyenne en abusent pour des raisons économiques car la loi n’impose pas de justifier de motif. » Pas de longues procédures liées à un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), pas de négociations collectives et pas de risque d’être retoqué au tribunal administratif. Un salarié qui signe une rupture conventionnelle s’engage aussi à ne pas attaquer son employeur aux prud’hommes. Les ruptures conventionnelles touchent souvent les seniors Des entreprises, souvent des PME, n’hésitent pas à dépasser le plafond légal de 9 ruptures conventionnelles par mois et à imposer des plans sociaux cachés. « On assiste à des abus pour contourner les dispositifs collectifs, explique Jean-Paul Bouchet, responsable de la CFDT Cadres. Cela devient une stratégie pour piloter la baisse de la masse salariale. » Il y a un an, l’inspection du travail des Hauts-de-Seine a épinglé la société de service informatique Steria, en plein rachat par son concurrent Sopra. Elle pointait 110 ruptures conventionnelles sur les neuf premiers mois de 2014 et prévenait, dans un document que le JDD s’est procuré : « En aucun cas leur recours ne peut permettre de contourner la législation relative aux licenciements économiques. » Depuis début 2015, SopraSteria a déjà procédé à 190 ruptures conventionnelles dont 90 % ont été proposées par la direction, selon la CFDT. Le groupe n’a pas souhaité nous répondre. Certaines entreprises adoptent une gymnastique juridique consistant à jouer sur les périmètres des sociétés concernées pour respecSiège d’Areva à la Défense. E. NOTARIANNI/ CIT’ImAgEs ter la loi. Atos, leader du conseil en nouvelles technologies, a signé ainsi 300 ruptures conventionnelles par an depuis 2012 étalées sur 20 entités juridiques différentes. D’après les syndicats, elles sont « en majorité contraintes et forcées » pour les salariés. Chez SFR, 600 départs ont été enregistrés cette année : entre 100 et 150 seraient des ruptures conventionnelles. La direction assure qu’il n’y en a pas eu sauf pour les hauts dirigeants partis en début d’année, soit une cinquantaine. « À grande échelle, cela revient à une dissimulation de plan social », martèle Sébastien Crozier, de la CFE-CGC. La direction de SFR ajoute qu’elle ne peut pas procéder à un plan social comme elle s’y est engagée jusqu’en 2017 auprès des pouvoirs publics. Dans tous les cas, les ruptures conventionnelles touchent souvent les seniors. La Dares estime que 25 % des signataires sont âgés de 58 à 60 ans. Le groupe Areva a déjà enregistré « 570 départs sur les huit premiers mois de 2015 dont la moitié à travers des ruptures conventionnelles, estime le coordinateur CFDT Jean-Pierre Bachmann. Ce sont plutôt pour des retraites. » Ces plans de départs en préretraite déguisés en évitent les inconvé- nients. « Les entreprises ne paient pas leur quote-part pour la formation, la mobilité et le reclassement », insiste Jacques Denoyelle, expert au sein du cabinet spécialisé Secafi. Le procédé a surtout un double effet négatif sur les comptes sociaux : les départs de seniors permettent aux entreprises d’économiser leurs cotisations aux régimes de retraites complémentaires (Agirc et Arrco), déjà déficitaires, et de reporter le coût social de leurs salariés, devenus sans emploi, sur le régime de l’assurance chomâge, lui aussi chroniquement dans le rouge. g 22 | économiE JDD | 20 décembre 2015 Le chiffre Franck Gervais ouvre une filiale en Chine Un petit pas en arrière, un grand bond en avant. La même semaine, Franck Gervais, directeur général de Voyages-sncf.com, a renoncé à son partenariat avec Airbnb sous la pression des hôteliers. Et il a ouvert une filiale à Shanghai, où une équipe de six personnes commercialise des billets de train sous la marque Rail Europe. Voyages-sncf.com qui était présent en Chine via des agences locales prend son autonomie. « Nous visons les groupes de touristes, mais aussi les Chinois qui construisent eux-mêmes leur périple », précise Franck Gervais. Ce polytechnicien de 38 ans, qui a dirigé la compagnie Thalys, vise un prochain développement en Corée du Sud. M.N. 23,4 C’est le montant, en millions d’euros, des honoraires payés par Alcatel à la banque Zaoui & Co pour son conseil lors du rachat par Nokia. Dans un document public, il apparaît aussi que les frères Yoël et Michael Zaoui, les seuls banquiers-conseils du français, ont également touché un forfait de 600.000 € en 2014 pour « réflexions stratégiques », ainsi qu’une « prime de discrétion » non chiffrée. Ce rapport détaille encore les négociations entre Alcatel, Nokia et d’autres sociétés pendant plusieurs mois. On y apprend aussi que l’ancien directeur général, Michel Combes, a informé de l’opération le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron, seulement la veille de son annonce, mi-avril. M.P. Les agriculteurs inquiètent les commerçants Cette semaine, les patrons des hypermarchés de Vendée et de Bretagne sont en alerte. Ils redoutent des manifestations d’agriculteurs le 24 décembre lorsque les achats de Noël atteindront des pics. Hier, des éleveurs ont manifesté à Quimper pour protester contre la chute des cours de plusieurs productions. De fait, les prix du lait et du porc restent bas en raison d’une situation de surproduction qui remonte à l’été. Dans le Sud-Ouest, les volaillers sont aussi en état d’alerte en raison de la grippe aviaire. Vendredi, 42 foyers ont été recensés dans six départements. Près de 100.000 volailles ont été abattues pour juguler une épidémie qui ne menace pas l’homme. M.N. Hennessy prêt à de nouveaux records Vol en apesanteur dans un Airbus A310 au départ de BordeauxMérignac. sPiRitueuX Le leader mondial du cognac, qui célèbre ses 250 ans, L.TheILLeT/ SUD OUeST Des frissons pour Noël CaDeauX Des simulateurs high-tech permettent de partager les sensations des astronautes, des parachutistes ou des pilotes. Coût moyen : 200 € MaRie NiCot Coulisses @marie_nicot Conduire une Formule 1 à plus de 300 km/h sans risquer sa vie. Les simulateurs de la société lyonnaise I-Way (une vingtaine) permettent de se glisser dans l’habitacle exigu d’un bolide, ou d’une voiture de rallye, montée sur vérins. Casqué, ganté et vêtu d’une combinaison, le pilote d’un jour ressent les vibrations, entend les 105 décibels du moteur et « encaisse » 2 G au lieu des 6 à 7 G dans la réalité. Volant en main, il ajuste sa trajectoire face à trois écrans d’ordinateur qui reproduisent les circuits de Magny-Cours ou de Montréal avec des compétiteurs. « Cette simulation dure au maximum quarante-cinq minutes car c’est relativement éprouvant, prévient Pierre Nicolas, fondateur d’I-Way. Mais pour environ 50 €, nous rendons ce sport accessible. » Six mille euros pour un vol en apesanteur Cette année, I-Way a enregistré une progression de 13,8 % par rapport à 2014 avec un pic des ventes pour Noël. « Nous ciblons les hommes de 30 à 45 ans. Mais ce sont surtout des femmes qui achètent nos coffrets pour les offrir », confirme le patron d’I-Way, qui a investi cette année dans trois simulateurs de pilotage d’avions de chasse F18 Super Hornet. Son grand frère, le F-14 Tomcat, était la star du film Top Gun. Ce n’est pas du jeu vidéo, car à l’origine ces machines sont conçues pour former les professionnels. Christophe Jacquart, président du site Sport-decouverte.com a recensé une cinquantaine d’offres de simulateurs en France (Paris, Lyon, Montpellier…) qui permettent de planer comme un parachutiste grâce à un souffle d’air propulsé du sol, ou de piloter un Airbus en choisissant la piste d’atterrissage et les conditions météo. Le côut moyen s’élève à 200 €, dix fois moins qu’un stage de pilotage en réel de voiture de course. Et aussi bien meilleur marché que le nec plus ultra : le vol en apesanteur au départ de l’aéroport Bordeaux-Mérignac. L’Airbus A310 ZERO-G de Novespace (Centre national d’études spatiales) est adapté pour que quarante passagers flottent dans la cabine de 200 m3. L’appareil monte et descend, afin de reproduire les conditions de l’apesanteur 15 fois vingt-deux secondes. La facture de ces « chutes pilotées » : 6.000 €. « C’est le prix d’une montre de luxe, tempère Gilles Gompertz, directeur général de l’affréteur Avico. Près de 15 % des vols sont offerts en cadeau commun. On voit beaucoup de pères avec leurs fils. Chaque voyage permet de financer la recherche. La cause est belle. » g Les FRaNçais FiDèLes À La tRaDitioN On ne transige pas sur les achats de Noël. Le budget moyen des Français devrait atteindre 415 € selon un sondage BVA publié hier. Les plus de 65 ans sont les plus généreux avec un montant moyen de 597 €, contre 425 € pour les 35-65 ans et 255 € pour les plus jeunes. En dépit de la morosité économique, six Français sur dix comptent dépenser « autant que l’an dernier » ; 13 % seront même plus généreux qu’en 2014. Les traditions sont aussi respectées avec le sapin superstar (67 %), la crèche (42 %), le foie gras au menu (66 %), les coquilles Saint-Jacques (48 %) et le chapon (31 %). M.N. réalise 99 % de ses ventes à l’export. Avec les États-Unis en tête de pont historique et de nouvelles régions d’exploration GuiLLauMe RebièRe Le comité de dégustation se retrouve chaque matin, à 11 heures, rue de la Richonne, à Cognac. Mission : évaluer le potentiel de quelques dizaines d’eaux-de-vie, qui entreront, ou pas, dans un prochain assemblage. Ce savoir-faire se transmet oralement, alors quand ses sept membres doivent voyager, une prudence s’impose. « Nous ne sommes jamais plus de deux dans un avion », sourit Yann Fillioux, le grand maître du comité. Et cette année, les gardiens du temple se sont beaucoup déplacés pour célébrer les 250 ans du cognac le plus vendu au monde. Fondée par un Irlandais pour fournir les cours d’Europe, la maison Hennessy a toujours œuvré loin de son berceau charentais. Aujourd’hui encore, 99 % de sa production de 70 millions de bouteilles est exportée. Cette particularité, propre au cognac, est exacerbée chez Hennessy : la France est devenue totalement marginale. « C’est même moins de 1 % de nos ventes, précise Bernard Peillon, son président depuis 2007. Changer cela coûterait très cher pour un retour sur investissement aléatoire. » Le marché chinois en voie de normalisation Le fleuron de Moët Hennessy, la division vins et spiritueux du groupe LVMH, a bien assez des 120 pays où il est distribué. Cette année anniversaire pourrait atteindre un nouveau record en dépit du ralentissement durable de la Chine : la politique de moralisation de Pékin, qui affecte la pratique des cadeaux d’alcools chers, devrait coûter 5 à 10 % de chiffre d’affaires localement à l’ensemble des marques (Rémy Martin, Martell…). « Cette bulle nous a poussés à adapter une offre de produits qui était polarisée sur le haut de gamme, explique Bernard Peillon. Elle est plus en phase avec la classe moyenne et le futur de ce marché en voie de normalisation. Il va ressembler de plus en plus au marché américain. » Devant la Chine et la Russie, les États-Unis restent de loin le Une des cuvées anniversaires qui célèbre les 250 ans de la maison Hennessy. DR premier débouché de Hennessy, qui y réalise 44 % de ses ventes. « Nos premières expéditions remontent à 1794, témoigne Maurice Hennessy, septième génération de la famille et ambassadeur de la maison. En 1945, c’est aussi le premier pays où nous sommes revenus. » C’est la communauté afro-américaine qui va faire son succès. Elle s’arrache son entrée de gamme VS (pour Very Special, 2 ans d’âge), consommé souvent en cocktail, moins ses VSOP ou XO vieillis et coûteux. L’expansion sera stoppée par la crise de 2008, doublée d’une offensive des alcools blancs (vodka, tequila). « Après une baisse sensible des ventes, nous avons investi massivement et ouvert un nouveau cycle, reprend Bernard Peillon. L’amélioration de l’économie américaine aidant, nous avons retrouvé des niveaux records dès l’an dernier. » Parallèlement, de nouvelles frontières de consommation s’ouvrent. Le duty free d’abord, une sorte de sixième continent porté par la croissance continue du transport aérien : le flacon haut de gamme James Hennessy y est distribué en exclusivité. En Asie, la Chine est soutenue par les « tigres » Thaïlande ou Vietnam. Monte très fort l’Afrique, spéciale- ment le Nigeria et l’Afrique du Sud. Symptomatique, l’exposition itinérante du 250e anniversaire – événement hybride mêlant histoire de la maison et créations d’artistes contemporains de renom – a visité New York, Guangzhou, Moscou mais aussi Johannesburg. Des contrats non écrits avec 1.500 viticulteurs « À l’horizon 2020, Hennessy aura une répartition géographique internationale encore plus diversifiée », assure Bernard Peillon, qui a lancé la construction d’un deuxième site d’embouteillage. La capacité de stockage devrait aussi doubler d’ici à 2018. Pour vendre 100 millions de bouteilles, il faudra augmenter les approvisionnements de raisin. Hennessy régit les relations avec ses 1.500 viticulteurs partenaires sans contrat écrit. Rien n’a changé depuis deux siècles et demi. « Ce fonctionnement est le meilleur équilibre », estime Yann Fillioux, dont la famille occupe le poste de maître assembleur depuis 1802. « La confiance est clé, dit-il. On entre en dégustation comme en religion, il faut au moins dix ans de noviciat ! J’avais succédé à mon oncle, mon neveu pourrait prendre la suite. À la maison Hennessy de décider. » g FaLOUR/STaRFaCe Il ose 24 | regards Rouge vif Anne Roumanoff @anne_roumanoff Un Noël (presque) comme les autres JDD | 20 décembre 2015 Noël en famille – On va où, déjà ? Réexplique-moi. – Le 24 au soir, on dîne chez ta sœur, avec ta mère et les filles de ta sœur. Le 25 à midi, on va chez ton père, avec sa nouvelle amie et ses enfants à elle. Le 25 au soir, on va chez ma mère, avec son frère et mes cousins. C’est pas compliqué quand même ! – Ces réunions de famille obligatoires, ça me fatigue d’avance. Je sais tellement comment ça va se passer. Trop manger, trop boire, prendre sur soi, faire le Casque bleu… Ta mère, qui va se disputer avec ta sœur ; la femme de ton frère, qui va faire la gueule ; les enfants de ton cousin, qui vont nous casser la tête avec leurs cris ; ton oncle de droite ; ta nièce de gauche… – En tout cas, personne ne vote FN dans notre famille. – Non mais tu rêves ! Il y a 6,8 millions d’électeurs du FN et on est 22 à Noël. Statistiquement, il y en a forcément. – Justement, ta mère m’a appelé, elle demande à ce que, cette année, on ne parle pas du tout politique. Pour Sonia, qui est au chômage depuis un an, il ne faut surtout pas lui demander si elle a des pistes. Et Toufik, on ne lui parle pas de son restaurant, vu qu’il a perdu 50 % de son chiffre depuis les attentats. – On n’aura rien à se dire, alors ? – Mais si. On fera comme d’habitude, on parlera de tout et de rien : comme ça, on arrivera à ne rien se dire du tout. Noël ailleurs – On pourrait pas partir quelque part, s’aérer un peu ? Il y a plein d’offres bradées de courts séjours sur Internet : Rome, Marrakech… – Oui, mais faudrait y aller en voiture parce que j’ai un peu peur de prendre le train et l’avion en ce moment. Je préférerais aller à la campagne, c’est rare les attentats dans un champ… Ce qu’il nous faudrait, c’est un gîte rural mal chauffé en Auvergne, perdu au milieu de nulle part. – On ferait quoi ? – On surferait sur le Web, on mangerait des bonnes choses et on dormirait. – Autant rester à la maison, au moins on est sûr qu’il y a une bonne connexion WiFi. – Eh oh ! On ne va quand même pas laisser ces terroristes dicter notre vie ! – T’as raison. Il ne faut pas arrêter de vivre, sinon, c’est eux qui ont gagné. – Bon, on fait quoi alors ? – On bouge pas. Washington, c’est vraiment du cinéma ! Vendredi, le jour de la sortie de « Star Wars : épisode VII » aux États-Unis, deux méchants Stormtroopers et le gentil R2D2 se sont invités au point presse du porte-parole de Barack Obama, Josh Earnest, qui porte le même prénom que l’un des héros de la fameuse série « À la Maison-Blanche ». Earnest était censé présenter le bilan de son président mais il aurait sans doute préféré commenter les excellents résultats du Retour de la Force, un record pour une soirée d’ouverture aux États-Unis et au Canada, avec 57 millions de dollars au box-office. NICHOLAS KAMM/AFP La photo de la semaine Opinion Benoît Vallet Directeur général de la Santé Les vaccins, arme efficace contre la méningite personnes viennent de mourir de la méQuatre ningite C dans l’Allier, la Creuse et le Rhône. Il ne s’agit pas d’une épidémie mais l’heure est à la vigilance car ces trois départements appartiennent à la même zone géographique. Pour éviter que d’autres cas ne se déclarent, les autorités sanitaires régionales recommandent la vaccination pour les personnes âgées de 10 mois à 24 ans comme le prévoient les recommandations officielles. Il suffit d’une seule injection, remboursée par la Sécurité sociale, pour se protéger contre cette maladie aux manifestations neurologiques sévères qui peut avoir des conséquences dramatiques : séquelles durables, décès. L’an dernier, on a recensé en France 422 cas d’affections à méningocoque, dont 48 mortels. La méningite tue donc plus d’un malade sur dix et, qui plus est, très rapidement. Ses victimes sont en majorité des enfants et des adolescents. En général, les flambées sont très bien contenues. On cherche à éradiquer la bactérie chez des éventuels porteurs sains qui pourraient contaminer d’autres personnes. Comme cela vient d’être fait dans le Rhône, on donne des antibiotiques à tous ceux qui ont été en contact avec les malades et on les vaccine. Cette mobilisation, orchestrée par les généralistes et les pédiatres, permet de contenir la maladie. La population accepte de bonne grâce la piqûre : en 2002, après plusieurs cas dans le Puyde-Dôme, 70.000 personnes avaient été vaccinées. En 2005, 260.000 l’avaient été dans le Sud-Ouest. Grâce à ce type de mesure, on atteint des taux de couverture vaccinale proches de 80 %, voisins de ceux enregistrés au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, en Espagne ou au Québec. Ces chiffres, obtenus en temps de crise, font rêver car, en moyenne, seulement 20 % des jeunes de 15 ans et 5 % de ceux âgés de 24 ans sont vaccinés. C’est vraiment très faible pour une maladie aussi sévère et le rattrapage est difficile. Compte tenu de l’âge des personnes récemment décédées, on peut faire l’hypothèse qu’elles auraient été utilement protégées si elles s’étaient fait vacciner. Heureusement, depuis 2010, 80 % des nourrissons sont bel et bien couverts par la vaccination. Contrairement à la rougeole par exemple, la méningite ne déclenche pas d’épidémie, seulement des foyers de cas groupés, mais la médiatisation des décès peut servir à rappeler que le vaccin est la meilleure arme dans une telle situation. Les gens ne sont pas réfractaires quand ils sentent la menace. Malheureusement, l’époque est plutôt au doute. La défiance envers les vaccins ne cesse de grandir dans notre pays : problèmes d’approvisionnement, peur des effets secondaires. Pour y remédier, un travail approfondi vient d’être engagé avec les médecins. Une fois connues les conclusions du rapport demandé par Marisol Touraine à la députée Sandrine Hurel, attendues pour début janvier, un grand débat national sera engagé au printemps. Il est urgent que les Français comprennent que la vaccination est un enjeu collectif. Sans quoi il y a un risque de voir réapparaître certaines maladies contagieuses et mortelles aujourd’hui disparues. g « Sans vaccination, il y a un risque de voir réapparaître certaines maladies contagieuses et mortelles » Noël en ligne – J’ai acheté le saumon fumé sur Groupon, le champagne sur Vente-privee, la dinde sur Amazon. Faut juste espérer qu’on sera livrés avant Noël. – Et les cadeaux ? – J’ai tout commandé en ligne. Le transporteur du colis de jouets pour la petite a mal noté l’adresse, la commande est repartie dans leur entrepôt de Mulhouse. Mais je géolocalise le colis sur Internet en temps réel et je harcèle le transporteur au téléphone. Leur service clients est délocalisé au Maroc mais j’ai bon espoir : ça va être livré demain à leur centre de dispatching de Moissy-Cramayel, dans le 77. Le champagne est reparti à Reims parce qu’ils se sont trompés dans le créneau horaire de livraison et je n’étais pas là mais normalement, ils vont relivrer demain entre 7 h et 21 h, j’ai pris une journée de RTT pour être sûre d’être là. – Si ça n’arrive pas avant Noël, on fait comment ? – Soit on va chercher les jouets à Moissy-Cramayel et le champagne à Reims, soit on décale Noël, soit on rachète ce qui n’a pas encore été livré. – Quand est-ce que tu vas comprendre que ça coûte parfois plus cher d’acheter moins cher ? g Déchiffrage Axel de Tarlé La FED pour les nuls M ercredi 16 décembre, 20 h 01, un « urgent » tombe de l’AFP. Les mots sont en rouge et la dépêche clignote, signe d’une importance capitale. Elle annonce : « La FED relève ses taux : + 0,25 %. » Le lendemain, l’information fera la une de la presse économique du monde entier. Le Financial Times titre « La fin d’une époque ». On se dit parfois que le monde économique est bien étrange. Pourquoi une telle excitation autour de mots aussi abscons que « FED : + 0,25 » ? La « FED », c’est le nom gentillet que les financiers donnent à la banque centrale américaine, la Federal Reserve. C’est elle qui fixe les taux d’intérêts. Ainsi, mercredi, la FED a relevé ses taux d’intérêts de 0 à 0,25 %. Si la presse a marqué le coup, c’est qu’il s’agissait de la première hausse de taux aux ÉtatsUnis depuis dix ans. L’objectif étant de « calmer », un peu, l’économie américaine qui repart de l’avant. On attend une croissance de 2,4 % en 2016 avec un chômage au plus bas, à 5 %. La FED est comme un jockey qui resserre un tout petit peu les rênes de son cheval quand il se met à trotter. MaiS pourquoi un tel retentissement mondial ? Parce que les États-Unis ont une influence planétaire. En relevant ses taux, l’Amérique va attirer les capitaux du monde entier. De la même manière que, lorsqu’on relève le taux du Livret A, les ménages sont incités à placer leur argent sur le Livret A. C’est loin d’être anodin. Des centaines de milliards de dollars sont ainsi susceptibles de quitter le Brésil, la Russie ou l’Inde pour se placer aux États-Unis. Deuxième conséquence : dans le sillage des taux américains, on observe une remontée des taux en Europe, avec des conséquences négatives sur l’immobilier et la croissance européenne. BiEn Sûr, pour éviter toute panique, la FED agit avec doigté : à peine + 0,25 %. Mais on avouera que les enjeux sont considérables. Attention au prochain « urgent » de l’AFP : « FED : + 0,50 % », ou pire « FED : + 0,75 %. » Aïe, aïe, aïe ! g jdd | 20 décembre 2015 Jean Imbert Il reçoit les stars dans sa cuisine Lauréat de « Top Chef », il est l’ami de Cotillard, Depardieu et De Niro. Mais ce fils de relieur, nostalgique de son enfance, a refusé les sirènes de New York L Ludovic Perrin @LPJDD es stars en parlent avec des étoiles dans les yeux. Comme s’il était l’un des leurs. Un artiste. « C’est un rêveur, un idéaliste, qui se donne les moyens de faire des choses ambitieuses et belles. J’aime sa générosité, son grain de folie, sa fougue, ce mélange de timidité et d’audace. C’est un garçon qui est toujours curieux d’apprendre, d’explorer pour se réinventer. Il est incomparable », dit son amie Marion Cotillard. L’artiste JR, lui, voit un être « hypersensible, toujours à l’écoute, quelqu’un qui sait rassembler autour de son art ». Jean Imbert aurait pu être artiste, acteur ou chanteur. Il a une gueule, une tignasse ébouriffée, se présente en jean, sweat-shirt et baskets devant les fourneaux de son restaurant gastronomique L’Acajou. Ce garçon bien dans ses pompes et qui se moque de porter une toque possède tous les attributs du cool. D’ailleurs, la presse people ne le traquet-elle pas au bras de ses ravissantes conquêtes, dont une ex-Miss France ? Avec sa fiancée de l’époque, il postait les photos de son couple sur Twitter, un compte à 100.000 abonnés. Quand il parle, ses phrases sonnent comme des gimmicks. Pas d’hésitation dans la voix, il se dégage une grande confiance chez ce garçon qui semble avoir été aimé par sa maman. « Ce restaurant, c’est mon long métrage, dit-il à propos de L’Acajou. Je l’ai depuis douze ans. » Quant à son restaurant du déjeuner, Les Bols de Jean, près de la place de la Bourse, où Johnny en personne est venu s’afficher à l’ouverture, « c’est ma série », dit-il. Lorsque Depardieu lui a proposé de participer à la série culinaire qu’il tournait pour Arte (À pleines dents), Imbert, qui aurait pu avoir le rôle du fils, a décliné la proposition. Trop occupé, pas le temps, d’autres projets. Ce qui n’empêche pas Gérard de le recevoir en caleçon chez lui pour s’appliquer à un hommage débordant de tendresse dans son livre Cuisine intime* : « Pour mon Jean ou l’amour de la vie et du partage. Longue vie et amour. Ton Ami, G. Depardieu. » Un imprésario lui aurait fait changer de nom. Jean Imbert ? ! Pas assez accrocheur. C’est pourtant là que réside la clé du succès chez ce chef de 34 ans qui ouvrait son premier restaurant, à 22 ans, avant de sortir vainqueur, huit ans plus tard, de l’émission de téléréalité Top Chef. Sa maman ne cuisinait que des produits frais Jean Imbert est le descendant d’une dynastie de petits entrepreneurs sans le moindre lien avec la cuisine. Le jeune chef est l’aîné d’un dénommé Jean Imbert, patron d’une entreprise de reliure installée à L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) et le petit-fils d’un autre dénommé Jean Imbert, celui qui avait fondé l’entreprise familiale. « J’ai fait de la cuisine comme j’aurais pu faire du foot ou du cinéma, avoue Jean III Imbert. Ça m’est tombé dessus sans que je sache pourquoi. Il y avait des livres de cuisine à la maison et je faisais des recettes. » Dans cette existence pavillonnaire à la fois loin et proche de Paris, le futur chef s’adonne au sport. Fan de Michael Jordan et des Chicago Bulls, il court à la Roseraie et joue au foot à Bourg-la-Reine. L’été, il retrouve ses copains de Bretagne, aux Sables-d’Or-les-Pins (Côtes-d’Armor), où ses parents possèdent une maison. Il ne regarde pas les filles, trop occupé à relever des casiers et à pêcher le maquereau. À l’école, c’est moins brillant. Refusant l’autorité, il se fait virer de tous les bahuts. Il aurait pu intégrer l’usine de papier. Des trois garçons, c’est celui qui y a le moins travaillé. Le mercredi, il y retrouvait son père, cigare à la bouche en train de porter des palettes. « On le voyait très peu. Il partait à 5 h 30 de la maison et n’en revenait qu’à 21 heures. Très peu de vacances, c’était un gros bosseur. Il y avait chez lui une sorte d’abnégation, l’envie de se battre, d’aller au bout du bout. À ce point, c’est très rare. » Quand le fils joue au tennis, le père le veut vainqueur. Toute son enfance, il l’a encouragé : « Petit Jean, il va monter la mayonnaise dans la vie. » Ça a porté ses fruits. Le père s’était retrouvé orphelin à 10 ans. Dans cette fratrie de cinq frères et sœurs évoluant dans une certaine bourgeoisie, « chacun avait dû choisir à la mort du grand-père. Le monde s’est écroulé. Mon père a alors décidé de reprendre l’usine de papier. Il avait 14 ans ». « La cuisine m’est tombée dessus. J’aurais aussi bien pu faire du basket ou du cinéma » Jean Imbert, dans son nouveau restaurant Les Bols de Jean, près de la Bourse, à Paris. JéRôME MARS POUR LE JDD 1981 Naissance à L’Haÿ-les-Roses 1996 Découvre l’institut Paul-Bocuse 2001 50 ans de son papa : cuisine des saint-jacques, chouxfleurs, pomme verte 2004 Marion Cotillard vient à L’Acajou 2007 50 ans de sa maman : cuisine un tartare de daurade de ligne, gaspacho 2014 Repas pour 10 champions français. Goûter pour le président de la République 2015 Ouverture des Bols de Jean, en association avec le boulanger Éric Kayser. Cuisine pour De Niro à Ellis Island. C’est au même âge que notre Jean Imbert décide de se lancer à son tour. À 12 ans, il a préparé un carré de veau à la tomate pour ses parents. Le gamin a également observé sa maman qui ne cuisinait que des produits frais, légumes de saison, une culture du marché. « Si on veut faire une sauce tomate, eh bien, on achète des tomates, des oignons, du thym. » Petit Jean se souvient avoir vu sa mère désarêter des rougets à la pince à épiler. « Qu’y a-t-il de mieux qu’un repas pour échanger avec ses proches » C’est lors des déjeuners dominicaux que toute la famille se retrouvait, père, mère, grands-mères – dont une, maternelle, d’origine allemande – et le grandpère Anglais, né à Casablanca, qui en avait d’ailleurs rapporté une recette de couscous. Pas de télé, mais, en fond sonore, les chansons de Brel, Ferré, Johnny. « C’était un rituel avec une belle table dressée, pas galvaudé comme aujourd’hui où les ados préfèrent être sur les réseaux sociaux. Pourtant, qu’y a-til de mieux qu’un repas pour échanger avec ses proches ? J’étais heureux. C’est peut-être pour retrouver ces moments que j’ai cuisiné. » On se régalait du pâté de lapin de mamie Nicole et des gâteaux à la cannelle de mamie Dolly. Après sa victoire à Top Chef en 2012, des investisseurs lui ont proposé d’ouvrir un lieu à New York. Imbert a refusé. La raison ? « Vaut mieux avoir un petit chez soi qu’un grand chez les autres. » Robert De Niro a donc fini par venir à L’Acajou, ce restaurant ayant ravivé le souvenir d’un fonds de commerce en dépôt de bilan, La Fontaine d’Auteuil, dans le 16e arrondissement. « Quand j’étais petit, je disais souvent à mon père : “Je n’échangerai jamais tout ce qui s’achète contre ce que j’aime et qui ne s’achète pas.” » Ce qui s’achète : les légumes de saison et l’appartement avec une terrasse permettant de les cultiver aux portes de Paris. Ce qui ne s’achète pas : les déjeuners dominicaux en famille, les étés en Bretagne à attraper le homard avec son ancien prof de tennis devenu pêcheur, les copains, dont l’un lui sert aujourd’hui d’avocat. Les fourneaux s’allument et ce monde se réveille. Jean Imbert évoque son enfance, une époque où l’on notait encore ses rendez-vous sur un agenda papier. C’est un secteur maintenant en crise. Petit Jean, qui, un jour, a réappris à « marcher », à « parler » comme un « nouveau-né » en épluchant des carottes à l’institut PaulBocuse, qui, durant six mois, jour après jour, a appris auprès de Michel Rostang à faire des cannelés, a ranimé les saveurs d’une époque révolue. C’est peut-être ce qu’on recherche auprès de lui, ce registre de frère, de fils de substitution. « Jean a été présent à deux moments importants de ma vie pour lesquels il a fait des repas inoubliables : une rencontre que j’avais organisée autour de Pierre Rabhi et mes 40 ans », confie Marion Cotillard. Mêmes les stars finissent par se mettre à table. g * cuisine intime, préface de Jamie oliver, photo de couverture de Jr. Flammarion, 176 p., 24,90 €. 26 | météo regards « Des nuages blancs en forme de jonques Ou de chariots galants Passent lents, triomphalement Sous un ciel bleu de bergeries Comme pour une odyssée longue Vers une fête au paradis. » Extrait de « Paysage » Hommage à Gustave Kahn, né le 21 décembre 1859 11 14 10 13 Dimanche 20 décembre Indice de confiance 5/5 Cherbourg Jeudi 24 3/5 7 Nord 12 Sud 7 15 Paris Nantes 10 Tours 11 14 14 13 18 8 Nord 13 Sud 9 15 11 14 Rennes 10 16 Lundi 21 5/5 10 Lille 14 Abbeville 11 14 Brest 10 14 Le livre de la semaine Clermont-Ferrand 9 17 Bordeaux Biarritz Toulouse 10 16 Mardi 22 5/5 Ensoleillé - 10°/0° 1°/5° Éclaircies Strasbourg Nancy 4 7 13 14 Dijon Besançon 6 5 14 16 6°/10° Nuageux 11°/15° Couvert 16°/20° Pluie Lyon 8 Grenoble 16 2 14 10 Nice 16 Marseille 12 Bastia 17 9 17 Mercredi 23 4/5 10 Nord 14 Sud 7 16 9 Nord 12 Sud 8 14 Vendredi 25 3/5 Samedi 26 3/5 8 Nord 12 Sud 7 14 7 Nord 12 Sud 6 14 21°/25° 26°/30° Orages Neige 31°/35° 36°/40° C ’est le livre dont tout le monde parle, celui qui a fait sortir de ses g o n d s Ma r i n e Le Pen et poster des images atroces de Daech. Il y a pourtant, derrière ce buzz médiatique, non pas un coup fumant de publiciste mais un vrai livre, c’est-à-dire une réflexion, une expertise et des valeurs. C’est tout ce travail que Marine Le Pen a voulu escamoter par son geste de pompier pyromane, mettre le feu pour détourner l’attention, réduire la néces- Le djihad de France et d’ailleurs saire complexité du débat à une question binaire, « oui ou non ; noir ou blanc ». Bien évidemment, le Front national n’est pas Daech. Gilles Kepel démontre néanmoins la montée parallèle des nationalo-identitarismes, une « congruence » pour employer le mot savant qu’il affectionne (une adaptation réciproque), des « phénomènes de ressemblance », une polarisation qui pousse à l’alternative mortelle entre Kalach et Martel, le terrorisme djihadiste face au désir de « reconquête » antimusulmane. Cette question ne forme que l’une des multiples parties d’un ensemble bien plus ambitieux ; une analyse plurifactorielle qui porte bien son sous-titre « Genèse du jihad français » et très mal son titre racoleur : Terreur dans l’Hexagone. Il a publié dès 1987 « Les Banlieues de l’islam » Spécialiste de l’islam et du monde arabe, Kepel travaille depuis des années sur le point douloureux de toute cette affaire, le point d’intersection entre le djihadisme moyen-oriental et l’islam français. Après avoir étudié les mouvements islamistes en Égypte, la terre des frères musulmans, il a publié dès 1987 Les Banlieues de l’islam, dans lequel il pointait la question de « la naissance de l’islam en France ». Au début des années 2000, il a été soutenu par l’Institut Montaigne pour travailler pendant un an sur deux communes de SeineSaint-Denis, Clichy-sous-Bois et Montfermeil, épicentres des émeutes de 2005. C’est de ce travail de terrain et de réflexion dont Kepel bénéficie aujourd’hui pour traiter la question centrale : pourquoi la France se situe-t-elle à l’avant-garde quant au nombre de jeunes Occidentaux qui brisent leurs attaches (leur hidjrah mime JDD | 20 décembre 2015 Gilles Kepel, spécialiste de l’islam et du monde arabe. M.Dolezal/aP/ SIPa l’hégire du Prophète, qui quitta La Mecque pour Medine) pour rejoindre le combat de Daech « au pays de Sham » (du Levant au Yémen), participer au projet d’un « islam total » aux dimensions eschatologiques. C’est incroyable mais ces jeunes gens sont persuadés de mener une guerre de la fin des temps. Kepel resitue cette nouvelle génération dans l’histoire du terrorisme islamiste, depuis l’Afghanistan jusqu’au dépassement d’Al-Qaida par Daech. Il éclaire l’importance d’Abu Musab Al-Suri (le Syrien) ingénieur passé par la France et l’Espagne, qui a théorisé l’idée d’un djihad intégral (Kepel parle du djihad 3G), ouvert à tout le monde (« une pierre, un couteau, un crachat »), délaissant le type d’organisation verticale hiérarchisée d’Al-Qaida, préférant attaquer une Europe proche et censément faible à une Amérique puissante et lointaine. Les « hauts fonctionnaires omniscients mais incultes » Pour montrer comment et pourquoi ce djihad du pauvre rencontre un tel écho en France, Kepel étudie longuement le cas de Lunel, cette petite ville située à 20 km de Montpellier, qui a totalisé en 2014 la plus forte proportion de djihadistes partis en Syrie, cette bourgade frappée par une paupérisation conjuguée à un triplement de sa population et à un vide existentiel. Il raconte dans le détail les analogies de parcours de Khaled Kelkal, l’homme des attentats de 1995, de Mohamed Merah et de son réseau d’Artigat, des frères Kouachi, d’Amedy Coulibaly. Il démonte leur vulgate et leur idéologie mutante. Il y a bien d’autres aspects passionnants dans le livre de Kepel, de nombreuses pistes de débats féconds, effrayants mais nécessaires. La gravité des attaques répétées de 2015 nous met au pied du mur : il est temps de sortir des débats idéologiques approximatifs, l’exonération ou l’anathème. Gilles Kepel s’emporte autant contre « les politiciens sans étoffe », « les pseudo-experts » et « les hauts fonctionnaires omniscients mais incultes » et il appelle de toute urgence à relancer les études islamiques dont l’abandon fait honte au pays de Louis Massignon, de Jacques Berque et de Maxime Rodinson. Il a mille fois raison. PatrIce traPIer @patricetrapier terreur dans l’Hexagone. Genèse du djihad français, Gilles Kepel avec antoine Jardin, Gallimard, 330 p., 21 € 28 | dimancheCulture jdd | 20 décembre 2015 Michel Bouquet, 90 ans, fait son retour dans « À tort et à raison », une pièce sur un chef d’orchestre « Le théâtre me distrait de I dans le cœur et dans l’esprit, et ses dépôts demandent vie. J’ai joué l murmure et déclame. S’emcette pièce il y a quinze ans. J’ai porte dans un éclat de voix et forcément oublié certaines choses, se lance dans une tirade du je n’avais peut-être pas la matuMalade imaginaire. Replonge rité pour faire exister Furtwängler dans les souvenirs d’une vie dans sa simplicité la plus évidente. riche en aventures et théorise Le vivre simplement, sans jouer. sur le « métier sacré » de l’acteur, C’est le but ultime de l’acteur. Et son obsession. À cela peut prendre 90 ans, Michel un temps fou. J’ai Bouquet affiche « Furtwängler mis quarante ans une belle forme à considérait à comprendre comment interquelques jours de préter le Misanses retrouvailles que l’art était avec le Théâtre au-dessus thrope. Et encore, Hébertot. À partir je n’en suis pas totalement sûr… du 23 décembre, de la politique, Le roi se meurt, le comédien se et de la barbarie, d’Eugène Io glissera à nouveau dans la peau malheureusement » n e s c o, j e l ’a i joué 830 fois, à de Wilhelm Furquatre âges de twängler, le héros ma vie. L’acteur ne sait rien, il tragique de l’œuvre de Ronald Harwood (scénariste du Pianiste), doit s’interroger. Et je suis le roi qu’il avait déjà interprétée en 2000. de l’interrogation. Si j’ai un titre Cette pièce puissante s’inspire à revendiquer, c’est bien celui-là : d’une histoire authentique : la mise l’art de questionner une œuvre, en examen par les Américains du le jeu et de le remettre en cause célèbre chef d’orchestre autrid’un jour à l’autre. Et puis la pièce chien à l’occasion de la campagne elle-même va évoluer, elle bouge de dénazification, en 1946. Figure en ce moment à la lumière de la charismatique de la Philharmonie période si cruelle et tragique que nous traversons. de Berlin, Furtwängler s’était alors retrouvé sur le banc des accusés L’état du monde vous préoccupe ? pour avoir exercé son art sous Hitler. Je n’ai plus à être inquiet à mon Un officier américain, le commanâge, je serais idiot. Une seule chose dant Arnold (incarné par Francis m’intéresse : me tenir à l’écart pour Lombrail), est chargé de prouver la entrer dans la cervelle d’un auteur. culpabilité du maestro. Un affronMais je dois dire que j’ai été très tement de haute volée entre deux choqué par les attentats du 13 nohommes que tout oppose autour des vembre. Attaquer un peuple dans problématiques de l’engagement, de son essence, c’est dégueulasse. Je l’art et de la politique… suis attaché à ma culture chrétienne même si je ne vais jamais à l’église. Vous avez joué cette pièce plus Ma seule religion est le théâtre. ÉRIC MAndeL de 250 fois. Vous n’éprouvez aucune lassitude ? Jamais. Un personnage, c’est une émotion à défendre et une énigme à percer. Il ne s’oublie pas facilement. Il laisse des dépôts La pièce interroge la problématique de l’artiste sous un régime totalitaire… On a accusé Furtwängler de sympathies nazies car il était resté en Allemagne pendant le Berlin, 1946, face-à-face entre le chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler (Michel Bouquet) et le commandant américain Arnold (Francis Lombrail ), entourés IIIe Reich. Certes, il avait joué pour le Führer, notamment le jour de son anniversaire, mais l’histoire est plus complexe. À la fin de la guerre, de nombreux musiciens, dont Yehudi Menuhin, ont pris la défense de Furtwängler. Il avait refusé sa carte du parti nazi, à la différence de Karajan, et avait sauvé de nombreux musiciens juifs. Furtwängler considérait que l’art était au-dessus de la politique, et de la barbarie, malheureusement. Goebbels avait d’ailleurs écrit dans son journal que Furtwängler n’avait jamais été national-socialiste et était entré « dans une sorte d’émigration intérieure »… Voilà, il s’est mis dans son évangile pour sauver son or- Fin d’année sur les planches : coups de cœur Rien, pas même le meilleur des films, n’est plus enthousiasmant et envoûtant que le spectacle vivant quand il est réussi. Voici une sélection de pièces pour rire, être ému, pleurer, réfléchir, rêver… Faites vos choix ! Le Mensonge Théâtre Édouard-VII, Paris (75009). Tél. : 01 47 42 59 92. Jusqu’au 28 février 2016. La pièce est surtitrée en anglais. Alice (Évelyne Bouix) est dans tous ses états car elle a surpris dans la rue le mari de son amie avec une autre femme et se demande si elle doit lui en parler alors que Chat en poche le couple vient dîner le soir même. Paul (Pierre Arditi), son époux, lui conseille de se taire, mais… Florian Zeller continue d’explorer la trahison conjugale et revisite avec modernité le théâtre de boulevard. Des dialogues affûtés, un Pierre Arditi inégalable dans ce registre et Évelyne Bouix impeccable, bien plus manipulatrice qu’il n’y paraît. Bigre Théâtre du Rond-Point, Paris (75008). Tél. : 01 44 95 98 21. Jusqu’au 3 janvier 2016. Deux gars, une fille. Ils sont voisins, au dernier étage d’un immeuble. Par-dessus le toit, il y a le ciel, et le vent qui fait s’envoler tout ce qui passe par les fenêtres… Trois lieux de vie, et trois tempéraments : le maniaque, le bricolo et la coquette. Trois clowns surtout : Pierre Guillois, Agathe L’Huillier et Olivier Martin-Salvan qui, sans parole, vont enchaîner les gags et les minicatastrophes dans un spectacle surprenant, drôle, tendre et burlesque, qui mêle le trivial et la poésie. Un spectacle tout public. PHOTOs : E. MuraT ; C. NiEszawEr ; M. HarTMaNN ; B. ENguEraNd/divErgENCE Théâtre Artistic Athévains, Paris (75011). Tél. : 01 43 56 38 32. Jusqu’au 23 janvier 2016. Un avenir radieux Théâtre de Paris, Paris (75009). Tél. : 01 42 80 01 81. Jusqu’au 31 décembre 2016. La dernière pièce de Gérald Sibleyras égratigne avec un humour caustique certains travers de l’époque actuelle, que ce soit dans le monde du travail, de la finance, des médias ou les rêves de la jeunesse. Elle laisse transparaître sous la dérision un tableau amer de la société. Répliques imprévisibles, ton léger et corrosif, mise en scène enlevée de José Paul, scénographie judicieuse d’Édouard Laug. La comédie est emportée par le jeu alerte de ses interprètes, au premier rang desquels la séduisante Isabelle Gélinas. En inscrivant les personnages petits-bourgeois dans un décor décalé, la mise en scène d’AnneMarie Lazarini donne une tonalité surréaliste à la mécanique de l’engrenage et transporte en absurdie. Tout est fou, et tout est normal. Les interprètes endossent l’innocence de leurs personnages et régalent d’un florilège de répliques incongrues comme Feydeau en a le secret : « Si la colonne Vendôme pouvait parler »… « Je n’ai pas rayé mon mari… Il se sera rayé tout seul. » On ne s’en lasse pas. Les Rustres Théâtre du Vieux-Colombier, Paris (75006). Tél. : 01 44 58 15 15. Jusqu’au 10 janvier 2016. L’intrigue est prétexte à opposer les sexes : d’un côté, des hommes bornés, intolérants, couards, agrippés à leurs petits pouvoirs, qui règnent en maîtres chez eux et tiennent la gent fémi- nine pour une catégorie inférieure, voire dangereuse ; de l’autre, des femmes apparemment soumises mais chez qui la révolte gronde. Parallèlement à l’observation des caractères et à la guerre des sexes, Goldoni pointe plus encore le repli sur soi, la crispation, la peur de l’autre, l’amour de l’ordre. La distribution est parfaitement équilibrée sur une mise en scène réjouissante de Jean-Louis Benoit. Fleur de cactus Théâtre Antoine, Paris (75010). Tél. : 01 42 08 77 71. Jusqu’au 24 février 2016. Un dentiste (Michel Fau) se fait passer pour un homme marié, jdd | 20 décembre 2015 théâtre | culture | 29 accusé de compromission avec le régime nazi moi-même » nazi n’était pas cautionner son idéologie. Vous-même, vous avez eu la révélation de votre vocation grâce à des comédiens qui exerçaient leur art sous l’Occupation… par Damien Zanoly et Margaux Van Den Plas. PHOTO LOT chestre. Il en avait fait son instrument parfait et refusait de l’abandonner. Il est resté en Allemagne pour défendre la grande musique allemande, et ne pas la laisser à Hitler. Dans le cas de Furtwängler, jouer sous le régime tinée… Le théâtre me distrait de moi-même car je m’ennuie très vite quand je suis en tête à tête avec ma petite personne, je suis très emmerdant. Porter le costume me donnait l’audace et l’intelligence dont j’étais alors dépourvu. Quelle sensation merveilleuse quand le personnage prend possession de moi. On a souvent du mal à croire en cette incarnation mais elle opère toujours avec la même puissance aujourd’hui. C’est la raison pour laquelle je peux encore tenir 1 h 40 sur scène. J’ai vécu l’enfance et l’adolescence comme un long tunnel. Un enfermement. Sept ans dans une pension avec la discipline des professeurs, la cruauté des enfants et la tyrannie du groupe. J’en étais heureusement dégagé grâce mes heures de piquet, je regardais tout ça de loin. Et puis il y a eu la guerre, l’exode. J’étais pétrifié. HeureuseDans votre Mémoire d’acteur, vous ment, ma mère avait eu la bonne avez écrit : « Va-t-il falloir idée de m’emmener pendant ces apprendre à vivre sans jouer ? » heures sombres à la ComédieCette perspective est… Française. Ce fut la révélation. Je … Totalement inconcevable. Quand je ne joue n’avais que mon certificat d’études pas, je lis, mais au primaires, mais « Je n’ai plus bout de trois jours, j’avais enfin trou- à être inquiet j’ai la trouille. Je n’ai aucun loisir. vé ma vocation. J’ai même joué de l’état du monde C’est une chance, m a p r e m i è r e à mon âge... les loisirs distraient pièce à 17 ans, en de l’existence. J’ai 1943. Étais-je pour ma seule religion longtemps aimé autant un collabo- est le théâtre » boire du vin, mais rateur ? Je ne le à un moment, j’en pense pas. Monai eu marre. Manter sur l’estrade ger ? Je m’en fous. d’un théâtre, c’était abandonner Mais entrer dans un théâtre, même tout : Hitler, Pétain, machin truc, comme spectateur… J’ai vu derniède Gaulle, allez tous au diable ! Le rement Catherine Frot et Michel Fau fait d’obéir à un texte m’apportait dans Fleur de cactus, une mauvaise l’espoir, la liberté, puisque l’on sert pièce mais ils étaient tous les deux la pensée d’un auteur. formidables. Je leur ai même proposé Quand on a un père mutique, de jouer du Thomas Bernhard, sans doute le plus grand auteur contempochoisir le théâtre n’est pas rain. Avec lui, le beau est dans le laid, anodin… Il avait été soldat pendant la le laid est dans le beau, l’intelligent est Première Guerre mondiale et en dans le con, le con est dans le… Ohhh, était revenu traumatisé. Il ne partout est mêlé, tout est juste, tout est lait plus. Sauf quand ses camarades vrai. Je souhaiterais adapter l’une de de régiment lui rendaient visite. ses pièces au cinéma, au théâtre cela Alors, ils buvaient et se remémodevient trop difficile. Elle s’appelle raient leurs aventures dans les Avant la retraite. g tranchées. Et moi, je le regardais en À tort et à raison, Théâtre Hébertot, me disant : « Tiens, il est vivant. » Paris (75017). À partir de mercredi. Rens. : 01.43.87.23.23. Et je le trouvais beau. C’est la des- à gogo de surcroît père de famille, pour ne pas s’engager auprès de sa maîtresse. Le jour où il tombe vraiment amoureux, il demande à son assistante (Catherine Frot) de se faire passer pour sa femme. Cette brillante comédie du tandem Barillet et Gredy, créée à Paris en 1964, montée à l’époque à Broadway et devenue un film américain, fait toujours son effet. On se régale de ce tissu de mensonges mis en scène par Michel Fau lui-même dans un univers très sixties. Point d’orgue, la scène de ménage entre les supposés époux relève de l’anthologie. Roméo et Juliette Comédie-Française (75001). Tél. : 01 44 58 15 15. En alternance jusqu’au 30 mai 2016. Alors que 2016 marquera le 400e anniversaire de la mort de Shakespeare, l’administrateur général, Éric Ruf, signe une mise en scène élégante et lumineuse de la tragédie amoureuse, y sème de la fantaisie, met de côté la truculence, magnifie les grandes scènes, dont celle du balcon, audacieusement renouvelée. Le fol amour juvénile des deux héros, d’une ardeur égale à sa spontanéité, est porté avec force et flamme par Suliane Brahim, magicienne à la grâce aérienne, et Jérémy Lopez, fougueux, terrien. Les costumes colorés de Christian Lacroix éclatent en point d’orgue dans la scène finale. On achève bien les anges (élégies) Création de Bartabas, jusqu’au 28 février 2016 au théâtre Zingaro, à Aubervilliers (93), puis tournée en province. Tél. : 07 87 80 95 54. Le treizième spectacle de Bartabas est une pure merveille. Sur des musiques de Tom Waits, Bach et Kurt Weill, on y voit une troupe d’anges-écuyers descendre du ciel pour enfourcher des chevaux blancs, gris, noirs ou tachetés, petits ou gros, fatigués ou énervés. Corps à corps, voilà qu’ils dansent, voltigent, dessinent à même le sol, parlent, rient, pleurent, rêvent, meurent. Les tableaux sidérants de maîtrise et de beauté, parfois hilarants, sont entrecoupés de passages émouvants où des clowns tristes paradent en fanfare. Ils racontent un monde où l’artiste est un intrépide qui ne craint ni la pauvreté ni la mort. Un voyage sublime où, frissons à la clé, on croisera même des burqas sur échasses, des squelettes en selle et… d’élégants dindons ! Sélection Danielle attali, alexiS campion, annie chénieux lejdd.fr Fauteuil d’orchestre, la chronique d’Annie Chénieux. 30 | culture | cinéma JDD | 20 décembre 2015 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff « L’argent n’est pas la meilleure idée » En sallEs mErcrEdi Pauline s’arrache iiif D’Émilie Brisavoine, avec pauline lloret-Besson, meaud Besson, Frédéric lloret. 1 h 28. De la Chine provinciale de 1999 à l’Australie de 2025, Jia Zhang-Ke dépeint les destins et les amours déçues de trois amis IntervIew Alexis CAmpion Comment s’est imposée l’idée d’Au-delà des montagnes ? A Touch of Sin, mon film précédent, était violent, mais celui-ci me paraît l’être encore plus, car il aborde une violence sourde et imperceptible : celle des sentiments. Dans tous mes films précédents, j’observais l’impact des évolutions fulgurantes du pays sur les individus. Cette fois, j’ai voulu me concentrer sur la façon dont elles bouleversent l’univers sentimental des gens. Cette crise me paraît très profonde. Votre personnage principal, la belle et rieuse Tao, passe par le divorce, un phénomène courant en Chine. C’est devenu un élément central, en effet. Nous venons d’un monde où l’on nourrissait une sorte d’idéal de vie tournant autour de l’amitié, de la famille, de la stabilité des sentiments et de l’amour… La réalité de la vie nous apprend que cette stabilité est irréelle, qu’en fait la vie, c’est l’instabilité. C’est aussi une évolution du système des valeurs. Tao est amenée à faire des choix et on se rend compte que ce qui la motive est toujours lié à l’argent, y compris lorsqu’elle renonce à la garde de son fils pour le confier à un père plus riche qui Le choix cornélien de Tao (Zhao Tao) est-il le bon ? Prod l’emmènera à l’étranger faire de bonnes études. Mais avec le temps, on comprend que se positionner du point de vue de l’argent n’est pas forcément la meilleure idée. en somme, l’argent ne fait pas le bonheur. Cet adage existe-t-il en chinois ? (Il rit.) Jusqu’à maintenant non, mais peut-être va-t-on l’adopter ! Dans le passé, une telle phrase a peut-être circulé et servi à la propagande. Les gens du parti étaient si pauvres, ils ne pouvaient qu’être avides d’argent. On leur disait que ce n’était pas important. Ils pensaient le contraire ! C’est ce contraste qui a fait que, une fois Au-delà des montagnes iiif De Jia Zhang-Ke avec Zhao Tao, Zhang Yi, liang Jing-Dong. 2 h 11. sortie mercredi. Chine, fin 1999. Dans une ville calme de la province du Shanxi, Tao est courtisée par ses deux meilleurs amis. Elle choisit d’épouser le plus riche des deux, Zhang, bien que consciente de dévaster le cœur de l’autre, Liangzi, parti travailler dans les mines de charbon. Des années plus tard, divorcée et contrainte d’accepter le départ de son fils avec son ex-mari vers des horizons plus trépidants, elle finit par déchanter… D’une façon inattendue, elle se verra aussi confrontée à Liang. Comme toujours, Jia Zhang-Ke regarde avec force et acuité la brutalité des bouleversements qui s’opèrent actuellement en Chine. Cette fois, il dépeint une violence qui atteint des gens au plus profond de leur intimité et qui, comme le suggère le titre original du film, va jusqu’à séparer des montagnes. Pour ce faire, il déploie son récit sur trois périodes et trois formats d’image différents, conférant au long métrage son architecture quasi feuilletonesque et sa grandeur. Le personnage de Dollar, que l’on découvre enfant, puis jeune homme dans une Australie futuriste et froide où le chinois est une langue étrangère, est saisissant. À juste titre, certains proclament qu’il y a du Balzac et du Zola dans cette saga nostalgique et à fleur de peau. Il y a aussi deux chansons emblématiques : l’une, Go West, tube disco criard des Pet Shop Boys, symbolise le temps qui presse, l’autre, Take Care, romance canto-pop de Sally Yeh, exprime les sentiments qui persistent. Ce décalage entre la Chine inébranlable et tous les possibles, désormais tendus par un matérialisme forcené, contamine tout le film. Mais le plaisir de se laisser emporter dans un drame profondément humain nous tient ici, et nous invite à traverser le temps en pleine conscience. A.C. l’enrichissement devenu possible, tout le monde s’y est engouffré. Zhang, le personnage du businessman, va jusqu’à appeler son fils Dollar ! Oui, il tourne en dérision sa propre avidité, dont il est bien conscient. Comme s’il se moquait de lui-même. Ce film, qui ne ressemble à absolument rien de connu, est une vraie et bonne surprise, porté par un torrent d’énergie. La réalisatrice y livre ses authentiques souvenirs et archives de famille, avec comme personnage principal sa demi-sœur ado, qui grandit sous nos yeux entre un père qui se travestit et une mère inquiète d’être plus âgée que son mari. Les acteurs n’en sont donc pas, leurs dialogues sont leurs propres mots, de même que cette histoire n’est pas non plus exactement un documentaire. Plutôt une œuvre hybride au croisement des nouvelles technologies et du cinéma. Conte de fées moderne, fable avec des héros inattendus, portrait d’une adolescence en souffrance, mais qui ne manque pas d’humour et parle cash, ici tout défile en vrac. Les images proviennent de différentes caméras, des dessins apparaissent à l’écran, il y a un côté brouillon et fouillis, qui, loin de pénaliser l’ensemble, le rend intense, bizarre, étonnant. Et surtout de plus en plus poignant à mesure que le récit avance et que Pauline rêve de parents normaux, pour voir. À l’arrivée, Pauline s’arrache déborde d’amour… Mais c’est si compliqué la vie. D.A. Un besoin mortifère : en Australie, on découvre que Zhang possède des armes… Il est d’une génération qui a vécu la révolution culturelle, de tout temps caractérisée par le désir d’avoir des armes. Pourquoi ? Personne ne le sait vraiment. Et là, voilà qu’il se retrouve dans ces années futures à même de les acquérir sans qu’il ne sache à quoi elles lui serviront ! C’est dans ses gènes. Il est victime de cette culture dont il est issu. le film est nostalgique, et ce qu’on voit de 2025 n’est pas très heureux Ces personnages ne savent plus que faire de leur passé, ils sont encombrés, empêtrés. Que ce soit le père, Mia la prof ou Dollar le fils. Dans chaque époque du film, les sentiments sont entravés et des obstacles nous mettent à l’épreuve, ils interpellent sur notre part de liberté intérieure. la sortie de A Touch of Sin a été empêchée en Chine, cela a-t-il eu des répercussions sur votre travail ? Depuis mes débuts, je suis conscient de l’existence de la censure dans mon pays. Quoi qu’il en soit, j’ai décidé de faire mon travail de création sans me limiter. J’estime que j’écris et décide librement de mes films, au risque qu’ils soient interdits. Il est de toute façon impossible de prévoir à l’avance ce qui est autorisé et ce qui ne l’est pas. Donc je considère que je suis libre. Seule cette attitude nous permettra, petit à petit, d’avancer et de faire évoluer le système de censure. g Jia Zhang-Ke, 9 DVD réunis dans un coffret Ad Vitam, 80 €. Prod Le Nouveau iiif De Rudi Rosenberg, avec max Boublil, Rephael Ghrenassia, Joshua Raccah. 1 h 21. Pas facile de débarquer dans un nouveau collège. Benoît, jeune Havrais dont la famille a déménagé à Paris, en fait l’expérience : alors qu’il entre en quatrième, il doit trouver sa place au sein d’une classe où les bandes d’amis sont déjà formées. Cette comédie signée Rudi Rosenberg aborde avec justesse des thèmes intemporels comme le besoin d’appartenance au groupe, la camaraderie, la popularité ou les premières amours à une période charnière de la vie. On sourit davantage que l’on ne s’esclaffe, mais les comédiens, notamment Max Boublil, parfait en oncle dégingandé et immature, distillent leur bonne humeur et suscitent la sympathie. Un premier long métrage attachant et plein de peps qui séduira les ados. BA.T. cinéma | culture | 31 jdd | 20 décembre 2015 Solidaires, mais pas trop Alexandra Leclère signe une fable sociale et culottée qui joue à fond la caricature et nous renvoie à nos propres contradictions sur soi et de peur de l’autre, mais mon but était de donner à réfléchir. Rien n’énerve plus Alexandra Et de nous renvoyer à nos propres contradictions ». Leclère que la contrainte. « Et je ne crois pas être la seule ! Être obligée Car si les personnages d’Alexande payer ses impôts, de prendre le dra Leclère sont prêts à toutes les métro et parfois même de préparer bassesses pour ne pas partager leur espace de vie avec les plus le dîner, quelle barbe ! Mais c’est démunis, on peut honnêtement un formidable déclencheur d’histoires : les situations désagréables se demander si on se comportesont sources de rait forcément comédie. » Dans mieux ? La réalisatrice n’en est Les Sœurs fâchées, « “Le grand pas persuadée. Isabelle Huppert partage” fait « C’est horrible tentait de renouer à dire, mais je avec Catherine craquer queLques Frot ; dans Le Prix vertèbres, ça fait serais inquiète de à payer, Christian savoir qui je dois Clavier coupait les parfois du bien héberger, si je peux vivres à sa femme d’avoir maL » laisser les clés de chez moi à des qui se refusait au devoir conjugal ; inconnus. Et pour et dans Maman, combien de temps : Mathilde Seigner et Marina Foïs c’est déjà difficile de supporter plukidnappaient Josiane Balasko pour sieurs semaines un invité que l’on la forcer à les aimer. connaît ! Toutes ces lâchetés qui font Avec Le Grand Partage, Alexande nous des êtres humains, j’ai décidra a eu envie d’aller plus loin : lors dé de m’en moquer. À la manière des d’un hiver particulièrement rude, comédies italiennes comme Affreux, le gouvernement fait passer une sales et méchants, ou les films de loi imposant aux propriétaires de Jean Yanne. Les choses graves, il grands logements d’héberger leurs faut savoir en rire car cela peut être concitoyens en situation de précalibérateur, voire salvateur. Je suis rité. « Avoir un toit sur la tête, ce heureuse que Le Grand Partage devrait être un droit. J’en ai marre fasse craquer quelques vertèbres, d’entendre chaque année nos poliça fait parfois du bien d’avoir mal ! » tiques annoncer la réquisition des logements vacants. Et ne pas faire « Regarder les gens comme la vie : sous différents angles » grand-chose… Alors il y a sept ans, j’ai imaginé un décret l’imposant Pour y arriver, Alexandra aux appartements insuffisamment Leclère n’a pas hésité à en faire habités. En obligeant les gens à cohades tonnes, mettant en scène des biter avec des inconnus, on courrait personnages archétypaux avec un forcément au cataclysme social et à petit fond réac. « J’en ai rajouté la panique générale. » en les affublant de costumes ridicules, comme la toque et la cape L’actualité semble de Karin Viard, ou la combinaison lui avoir donné raison de ski de Valérie Bonneton. Pour À l’époque, le pitch ne fait pas que le public sache qu’il est dans forcément rire les producteurs. une satire. Je n’épargne ni la droite, La réalisatrice se voit conseiller ni la gauche, ni le Front national. de laisser tomber une histoire « à Pour mieux montrer que les clilaquelle on ne croit pas ». Sûre de vages politiques n’existent plus. On son coup, Alexandra n’en dése bat tous pour la même chose : sa mord pas et retente sa chance il propre sauvegarde. » y a deux ans. Et là, Philippe GoVoilà pourquoi la cinéaste a deau, lui, trouve la situation du tenu à racheter ses personnages Grand Partage beaucoup moins à la fin. Ou plutôt les faire évosurréaliste et lance le film. L’acluer. « Il faut pouvoir regarder les tualité semble lui avoir donné gens comme la vie : sous différents raison, avec l’hébergement des angles. Il y a du bon et du mauvais migrants. « Cela m’a fait un choc chez tout le monde. On peut chand’être rattrapée par une réalité si ger quand on fait l’effort d’aller à la triste. Bien sûr, j’ai choisi la comédécouverte de l’autre, de surmonter die grand public et la fable pour sa peur de l’inconnu. C’est cela, le vrai partage. » g parler d’injustice sociale, de repli BArBArA ThéATe Le Grand Partage iiff D’Alexandra Leclère, avec Valérie Bonneton, Karin Viard, Didier Bourdon, Michel Vuillermoz. 1 h 40. Sortie mercredi. L’État a promulgué un décret obligeant les mieux logés à héberger les plus démunis, mais les habitants d’un chic immeuble haussmannien vont recourir à toutes les astuces pour en être dispensés… À la manière de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, Alexandra Leclère force (un peu trop) le trait et va à fond dans la caricature vacharde pour épingler les travers d’une société individualiste, et nous mettre face à nos préjugés. On rit beaucoup du couple bobo, tiraillé entre ses valeurs de gauche et son refus de cohabiter avec un inconnu dans un appartement volontairement sans cloisons, et des horreurs proférées par la concierge facho. On est moins convaincu par le bourgeois réac qui se laisse attendrir par sa locataire SDF. Mais nous, serions-nous plus exemplaires ? B.T. Karin Viard, Valérie Bonneton, Michel Vuillermoz, Didier Bourdon et Pauline Vaubaillon sont prêts à tout pour ne rien partager dans cette comédie satirique d’Alexandra Leclère. T. VALLETOUX 32 | culture | cinéma JDD | 20 décembre 2015 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff Une jeunesse tunisienne À travers le destin d’une chanteuse engagée, Leyla Bouzid revient sur les prémisses de la révolution de jasmin À peine j’ouvre les yeux iiff De Leyla Bouzid avec Baya Medhaffar, Ghalia Benali. 1 h 40. Sortie mercredi. BarBara ThéaTe Il y a cinq ans, Leyla Bouzid a vécu la révolution tunisienne comme un immense espoir. Celui d’avoir enfin la liberté de devenir cinéaste comme son père, Nouri Bouzid. Forcément, la jeune fille de 18 ans a eu envie de prendre sa caméra pour filmer son pays en pleine mutation. « Mais après les premières semaines d’enthousiasme, il y a eu la déception aux élections avec l’accession au pouvoir du parti islamiste Ennahdha. Le pays connaît toujours une grande instabilité, je ne pensais pas avoir le recul nécessaire pour en parler. J’ai décidé de montrer d’où était parti ce désir de changement qui a balayé vingt-trois ans de dictature Ben Ali, de parler de cette jeunesse qui s’est révoltée avec ses armes à elle : la musique, le cinéma, la littérature. » Dans À peine j’ouvre les yeux, on suit le destin de Farah, qui, à l’été 2010, décroche son bac avec mention « très bien ». Ses parents la verraient faire des études de médecine quand la jeune fille rêve de musique. Elle chante dans un groupe de rock qui critique ouvertement le régime et attire l’attention de la police… L’actrice débutante Baya Medhaffar donne toute sa fougue à cette lycéenne qui s’ouvre à l’amour, et veut exister pleinement dans une société muselée par les interdits. Comme un affront, Leyla Bouzid laisse entendre, souvent et longtemps, la belle voix de son héroïne et les paroles rageuses Farah (Baya Medhaffar) préfère, à 18 ans, la chanson à la médecine. Prod et sulfureuses de ses chansons. Un irrépressible besoin de dire enfin « non », que le gouvernement va tenter de punir et d’écraser. « Parce que mon film parle de la censure à laquelle la Tunisie a été soumise, j’ai tenu à faire preuve d’une liberté totale dans la façon de montrer des jeunes qui affichent leur féminité, s’embrassent et font l’amour. » « Il y a d’autres formes de terreur que le terrorisme » Pendant le tournage, la réalisatrice a tout fait pour ne pas se laisser contaminer par la peur ambiante. Certes, son film avait reçu l’aide du ministère de la Culture, certes l’histoire se déroulait avant la révolution et la protégeait des réactions du nouveau gouvernement, mais la Tunisie d’aujourd’hui est encore celle d’hier. « Si notre pays est montré comme un modèle, c’est toujours un bras de fer terrible pour défendre nos libertés. La lutte contre le terrorisme est un prétexte pour les limiter, on continue d’arrêter des artistes de façon arbitraire. » Notamment grâce à la loi 52, qui condamne à un an de prison ferme tout fumeur de joint. C’est le cas de nombreux rappeurs et récemment du coréalisateur du film Babylon, Ala Eddine Slim. « Sept mille jeunes sont en prison et en ressortent pleins de haine, prêts à basculer dans le radicalisme. Avec A peine j’ouvre les yeux, j’ai voulu offrir une autre image du Maghreb, celle d’une jeunesse qui se bat pour la vie mais qui est muselée par le système. Il y a d’autres formes de terreur que le terrorisme. » g L’ethnologue Theodor Koch-Grünberg (Jan Bijvoet) dans les profondeurs de la jungle. Prod À l’école de l’Amazonie Le Colombien Ciro Guerra retrace la rencontre d’un chaman avec deux scientifiques blancs dans un film rare et magnifique aLexiS CaMpion Présenté en mai à Cannes, L’Étreinte du serpent désarçonne autant qu’il fascine. Les films plongeant dans l’Amazonie se comptent déjà sur les doigts d’une seule main (Fitzcarraldo, Aguirre, la colère de Dieu, Cannibal Holocaust). Celuici, raconté du point de vue des Indiens, est carrément unique. Dans son pays d’origine, où il est sorti au même moment, il a aussitôt suscité des débats et créé la surprise, explique le cinéaste Ciro Guerra. « La Colombie connaît très mal cette région et ses cultures amazoniennes, elle est tout aussi ignorante que l’Europe sur ces sujets. » Le métissage de la population, avéré, n’y change rien. « Notre part indigène a toujours été niée, effacée, cachée. Les communautés amazoniennes restent totalement isolées et en dehors du débat national. Les seuls à regarder du côté de l’Amazonie, malheureusement, restent les scientifiques et les entreprises. » Une réalité que le réalisateur a côtoyée durant le tournage et sa préparation. Pourtant, à la différence du Pérou et du Brésil, la Colombie a eu le mérite de donner l’entière propriété de leurs terres aux communautés indiennes. « Malgré cela, les compagnies qui exploitent les ressources géologiques font leurs affaires, que ce soit de façon illégale ou par duperie. La présence de l’État colombien reste très faible dans ces régions. » Un défi hors du commun De fait, venir y faire un film avec des acteurs qui se trouvent être des Indiens rencontrés dans la forêt est un défi hors du commun. « Dès l’écriture du scénario, nous étions dans une posture de respect qui nous a conduits à demander aux Indiens de nous guider dans l’écriture ainsi que dans les comportements à tenir. » Le réalisateur commence par faire plusieurs voyages afin de s’acclimater à la réalité de l’Amazonie actuelle, différente mais intimement liée à celle, historique, qu’il met en scène dans son film. « Cela m’a conduit à trouver mes acteurs indiens sans faire de casting particulier. L’idée de les diriger face à une caméra était très préoc- cupante, mais ils comprennent très rapidement, il y a quelque chose de magique et d’unique avec eux. J’ai cessé de voir la jungle comme une ennemie. L’accompagnement des communautés a été décisif, il nous a montré comment on demande la permission à la nature de faire les choses. » Une posture qui va de soi et par laquelle le cinéaste estime s’être allégé, comme l’un des explorateurs du film se débarrasse de ses malles. « Je me sens comme libéré d’un poids, que ce soit sur le plan émotionnel, spirituel ou intellectuel. » Pourtant, il admet avoir aussi pris conscience de la gravité de la situation pour les peuples qu’il a rencontrés. « Le vrai danger, c’est l’attraction des jeunes pour notre monde capitaliste, au point qu’ils n’apprécient plus leurs propres savoirs et qu’ils se détournent de leurs langues. Les vieux sages se sentent abandonnés. » g L’Étreinte du serpent iiif De Ciro Guerra, avec antonio Bolívar Salvador Yangiama. 2 h 05. Sortie mercredi. L’ethnologue allemand Theodor Koch-Grünberg (1872-1924) et le botaniste américain Richard Evans Schultes (1915-2001) comptent parmi les premiers explorateurs occidentaux de l’Amazonie. Inspiré de leurs témoignages, le Colombien Ciro Guerra imagine et reconstitue leur rencontre, à deux époques distinctes, avec Karamakate, un chaman puissant, isolé, dernier survivant de son peuple… Cette trame et ce héros insolite lui permettent d’aborder de façon originale, bien qu’un peu décousue, plusieurs questions cruciales dont la mémoire, le colonialisme, le matérialisme, et aussi les rêves, la confiance, le lien à la nature et à l’inconnu. Sa narration paraît parfois flottante, pas toujours située entre aventure, récit historique et trip psychédélique. Mais ce mélange a l’avantage de sa rareté absolue, de ses acteurs fascinants et de ses décors naturels exceptionnels, d’une beauté hallucinatoire ici magnifiée par le noir et blanc et la bande-son. AL.C. cinéma | culture | 33 jdd | 20 décembre 2015 En sallEs mErcrEdi The Big Short : le casse du siècle ifff D’Adam McKay, avec Christian Bale, Ryan Gosling, Steve Carell et Brad Pitt. 2 h 10. Wall Street, 2005. Plusieurs analystes de la haute finance pressentent la catastrophe qui va survenir trois ans plus tard. Ils décident de s’associer pour parier des millions en faveur de l’effondrement des subprimes, les prêts immobiliers à risque. Les principales banques ne prennent pas au sérieux leurs prédictions fondées sur des statistiques irréfutables… Ce film choral raconte l’histoire vraie des traders qui ont misé sur le krach boursier et remporté le jackpot. Un angle original, étayé par des images d’archives ainsi que des digressions démonstratives et humoristiques qui vulgarisent un discours économique complexe. Bavard et statique, ce récit ne parvient cependant pas à tenir en haleine comme Margin Call (2012), de J.C. Chandor, ou 99 Homes (2014), de Ramin Bahrani, qui traitaient du même sujet. Reste une interprétation impeccable, Steve Carell en tête. S.B. Prod Snoopy et les Peanuts iiff De Steve Martino. 1 h 28. Charlie Brown est un petit garçon timide et complexé. Il tombe amoureux de la nouvelle élève de sa classe mais n’ose pas lui adresser la parole. Il peut compter sur les conseils avisés de son chien, Snoopy, qui a la particularité de dormir sur le toit de sa niche, de marcher sur deux pattes et de philosopher sur le sens de la vie… Soixante-cinq ans après l’apparition de la bande dessinée Peanuts, l’œuvre de Charles M. Schulz fait encore l’objet d’une adaptation au cinéma par le studio d’animation américain Blue Sky (La saga L’Âge de glace). Le réalisateur Steve Martino restitue le trait épuré d’origine dans ce long métrage qui aligne les vignettes pour traiter des valeurs universelles telles que l’amitié, l’estime de soi, l’acceptation de la différence. Charlie doit croire en sa bonne étoile et ne jamais renoncer à ses idéaux dans ce récit initiatique destiné en priorité aux plus jeunes. S.B. L’Islandais Rúnar Rúnarsson remporte la Flèche de cristal pour « Sparrows ». Le prix du Jury est attribué à « Bang gang » et à sa troupe de sulfureux ados. AlexAndrA FleurAntin Aux Arcs, la jeunesse prime Le festival de cinéma européen sacre « Sparrows » et « Bang gang », deux variations audacieuses sur l’adolescence LES ARCS (SAvoiE) Envoyé spécial ALExiS CAMPion Ce sont trois films très différents, mettant en scène des adolescents au défi de leur sexualité naissante. Ils viennent de rafler la mise au festival de cinéma européen des Arcs. Le grand vainqueur, l’Islandais Sparrows (« moineaux » en français), n’a pas encore de date de sortie ni de distributeur en France, mais il décroche la Flèche de Cristal ainsi que les prix de la critique, de la photo et du meilleur acteur décern à Atli Oskar Fjalarsson. L’autre gagnant est le Français Bang gang (une histoire d’amour moderne), attendu en salles le 13 janvier. Il remporte le prix du Jury, présidé par la productrice Sylvie Pialat, et celui du Jury Jeune, attribué par dix lycéens savoyards. Peur de Rien, de Danielle Arbid, plaisant roman d’apprentissage d’une jeune immigrée à Paris dans les années 1990, est distingué pour son actrice Manal Issa. Voilà qui fait beaucoup de récompenses pour une manifestation bien modeste face à Cannes, Venise ou Berlin. Pourtant, il se dit et se vérifie que le Festival des Arcs a le vent en poupe. Fragilité des regards C’est aussi son côté Sundance, dit-on, qui sert d’atout à ce rendezvous émergent. Environ 300 professionnels déterminants quant à l’avenir du cinéma indépendant européen (producteurs, vendeurs, distributeurs, investisseurs) s’y retrouvent chaque année. À l’ini- tiative de Frédéric Boyer, directeur artistique des Arcs et ancien programmateur de la Quinzaine des réalisateurs, les films en l’état de projet ou de postproduction bénéficient ici d’un précieux effet boule de neige… Tel est, justement, le parcours qu’a emprunté l’Islandais Rúnar Rúnarsson, dont l’émouvant Sparrows est le deuxième long-métrage : en 2013 il était venu aux Arcs avec son scénario, en 2014 il y est revenu pour dévoiler dix minutes de son film. Une chose est sûre, Sparrows, qui raconte les déboires d’un adolescent retourné vivre à la campagne chez son père alcoolique, a les qualités d’une sonate raffinée, en forme de crescendo vivifiant et ne laissant rien au hasard. Tout s’y joue et s’orchestre autour de la fragilité des regards, d’actions ténues à des événements plus graves. Le soin accordé à chaque personnage, jusqu’au simple figurant, renforce cette impression de force et de vulnérabilité que peut exhaler un adolescent avec ses ombres et ses humeurs changeantes. Cette ambivalence transparaît aussi dans Bang gang, dont le goût est pourtant nettement plus sulfureux avec son pitch emprunté à des faits divers scabreux. On y voit des adolescents se perdre dans des orgies de drogue et de sexe. Et se relever. Eva Husson, dont c’est le premier long-métrage, observe leur perdition sans les juger ni exclure leur épanouissement. Son parti-pris, où le style d’une image très soignée et très référencée l’emporte sur le voyeurisme, peut déranger. Il n’empêche, il délivre un questionnement plutôt salutaire sur le désir et le danger à l’âge des possibles. g Star Wars 7, entre nostalgie et grand spectacle La France a-t-elle boudé son plaisir le jour de la sortie de Star Wars 7 ? En dépit de la prévente de 300.000 billets, le film s’est fait battre sur les premières 24 h par le dernier James Bond : 619.200 spectateurs contre 857.000. Pourtant, Star Wars pourrait reprendre la main. À l’aube des vacances scolaires, soutenu par plus de 1.000 écrans et un bouche à oreille positif, Le Réveil de la Force devrait relancer la fréquentation des cinémas. Aux États-Unis où l’épisode est sorti vendredi, autre son de cloche, la saga s’est envolée, engrangeant plus de 225 millions de dollars. Il faut dire que ce nouvel opus allie nostalgie, grand spectacle, humour, amour et effets spéciaux à l’ancienne. Ne boudons pas notre plaisir ! C’est vraiment l’événement de cette fin d’année. Star Wars : Le Réveil de la Force iiif De J.J. Abrams, avec Daisy Ridley, John Boyega, Harrison Ford. 2 h 16. En salles. 34 | culture | lire JDD | 20 décembre 2015 Des beaux livres pour tous Notre sélection d’ouvrages à tous les prix à (s’)offrir à l’approche des fêtes de fin d’année arts Poésies, Une saison en enfer, illUminations de rimbaUd éd. diane de selliers, vol. relié sous coffret, 432 p. 195 € jusqu’au 31 janvier 2016, puis 230 €. On connaît son visage d’adolescent aux cheveux courts et au regard songeur. Poète à 17 ans, mort à 37 ans, il aura vu un seul de ses ouvrages publié de son vivant, Une saison en enfer. Illuminations le sera en 1895 dans son intégralité. Le Rimbaud de Diane de Selliers réunit plusieurs de ses recueils et croise 121 poèmes en vers et en prose avec 184 peintures modernes. Un voyage dans le sublime et l’aventure. allant ailleUrs andrea andermann et alberto moravia, Grasset, 500 p., 89 € jusqu’au 31 décembre, 110 € ensuite. Pendant vingt ans, le grand écrivain italien Alberto Moravia a voyagé en compagnie du réalisateur Andrea Andermann. Un quart de siècle plus tard, leur matériau forme la base de ce volume miraculeux, inédit en français. On y trouve les seuls poèmes écrits par le romancier et traduit par Dominique Fernandez, un entretien-préambule, « Pourquoi voyager », et trois mouvements dans des régions lointaines (Mongolie, Yémen et Afrique) animés par les textes de Moravia et les images d’Andermann. Un livre rare. PoUrvU qU’on ait l’ivresse alain rey, calligraphies de lassaâd metoui, robert laffont, 350 p., 30 €. Après avoir travaillé sur les mots puis sur les formes, le linguiste Alain Rey et le calligraphe Lassaâd Metoui traitent de l’ivresse, cette étrange alchimie qui unit l’alcool et le cerveau. « Les dérèglements de tous les sens » (Rimbaud) trouvent une belle place dans la mythologie (Dyonisos, Noé), l’écriture (le poète persan Hâfiz, Rabelais, Baudelaire, Proust, Kerouac...), jusqu’à la peinture et la philosophie. charlie hebdo toUjoUrs aUssi cons ! cabu, cherche midi. 304 p., 18,90 €. Il est né en 1938 et remporta à 12 ans un concours de dessins. Cabu était un génie du dessin, « le meilleur d’entre nous » avait coutume de dire son ami Wolinski, capable de croquer « sans les yeux » un papier dans sa poche. Jean Cabut, un temps collaborateur du JDD, a collaboré à de nombreux titres (Charlie Hebdo et Le Canard surtout). Dans sa ligne de mire, les beaufs, les racistes, les fachos et les machos… Mais toujours avec la tendresse et l’humour dont ses assassins analphabètes étaient fort dépourvus. Séléction de danielle attali, Guillaume rebière et Patrice traPier lire aussi « cabu, le nouveau beauf, l’intégrale », michel lafon, 200 p., 24,95 €. charlie hebdo — toUt est Pardonné Préface de riss, les échappés, 184 p., 22 € Reprenant le titre du numéro culte de l’après-7 janvier, cet ouvrage est autant un cri de colère qu’un témoignage de vie : parmi les 500 dessins sélectionnés, on retrouve les derniers publiés par Cabu, Charb (son prémonitoire : « On a jusqu’à la fin janvier » pour faire un attentat), Wolinski, Tignous, Honoré et aussi ceux de Catherine, Coco, Riss, Pétillon, Luz, Willem, Dilem, etc. Indispensable ! tiGnoUs chêne, 240 p., 35 €. Il était un homme merveilleux et un dessinateur impitoyable. Cette belle recension de 200 dessins parus dans Marianne et Charlie s’ouvre sur un chapitre (la lutte des classes) où de gros capitalistes à gros cigares sont cyniques et grotesques. Sur nombre de sujets de société, Tignous démontrait sa férocité, son humour et au fond son humanisme. Cette anthologie est ponctuée de témoignages d’amis (Christophe Alévèque, Sophia Aram, François Morel, Pierre Laurent…) et d’un texte magnifique de sa femme, Chloé Verlhac. « Tu rêvais d’être libre et je te continue », écrivait Paul Éluard. C’est l’esprit de l’ouvrage. histoires mitterrand Par les Grands PhotoGraPhes richard melloul, fayard, 288 p., 45 €. Le futur président apprenant son élection, en 1981, dans le désordre de sa chambre de l’hôtel du Vieux-Morvan, Danièle allongée sous les draps défaits, Roger Hanin en arrière-plan… D’un naturel, d’une intimité inimaginables à l’ère des communicants tout-puissants, cette image réalisée en quelques secondes à la faveur d’une porte qui s’ouvre puis se referme, a donné l’idée de ce livre à Richard Melloul. Il nous montre un François Mitterrand, dernier « grand président », personnage follement romanesque, photographié en public ou dans son intimité par les grands noms de la photo, Abbas, Burri, Caron, Depardon, Salgado et bien d’autres (dont notre ancien camarade André Sas). Il était une fois dans l’Ouest Bernard Pivot @bernardpivot1 de l’académie Goncourt H ollywood a-t-il jamais pensé à décerner un oscar collectif aux chevaux des westerns ? Qu’ils aient été montés par des cow-boys ou des Indiens, ils ont toujours été admirables de beauté et de vaillance, se laissant habilement tomber dans la poussière de l’Ouest quand une balle ou une flèche était censée briser leur galop. Je n’ai jamais saisi pourquoi les Cheyennes et les Sioux tournaient sans relâche autour des chariots et des fourgons réunis en cercle et se faisaient complaisamment descendre par les revolvers et les fusils des colons. Ont-ils compris un jour qu’ils devaient se montrer moins courageux et plus malins ? Plus que les duels au colt – celui qui défouraille le plus vite a gagné, je serais mort dès mon premier duel –, j’appréciais les bagarres au poing dans les saloons, après une partie de poker qui a mal tourné ou un whisky jeté au visage d’un sale type. Dans Dodge City (Les Conquérants), de Michael Curtiz, une mêlée générale oppose nordistes et sudistes. C’est magnifique. À la lecture, texte et illustrations, de l’Encyclopédie du western, de Patrick Brion, j’ai renoué avec plaisir avec le jeune homme passionné de westerns que j’ai été. Quand je sortais du cinéma, j’avais l’impression, les jambes arquées, de marcher comme un cow-boy, un revolver dans mon large ceinturon. Patrick Brion a vu tellement de films qui racontent la violence dans la conquête de l’Ouest américain – plus de 1.000 westerns présentés, analysés, critiqués dans deux tomes bourrés de photos, d’affiches et de documents – que le pauvre doit avoir les jambes complètement déformées par ses années passées à cheval… Maintenant que le western est devenu un genre anachronique, on a du mal à se rappeler ou à imaginer l’importance, à la fois en quantité et en qualité, qu’il a eue dans l’histoire du cinéma. En trois ans, de 1950 à 1952, il s’en est tourné 347 ! Du temps du muet, c’était de la folie. Déstabilisé par le cinéma parlant, il n’a connu un nouvel âge d’or qu’à partir de 1939. Les plus grands cinéastes s’y sont illustrés : Raoul Walsh, John Ford, Fritz Lang, King Vidor, Michael Curtiz, William A. Wellman, etc. Quant aux comédiens, shérifs ou bandits, pionniers ou soldats, ils ont trouvé la gloire de Hollywood dans les pas des chevaux : James Stewart, Errol Flynn, Humphrey Bogart, Gary Cooper, John Wayne, Robert Taylor, Tyrone Power, Henry Fonda, Clint Eastwood, etc. L’époustouflante encyclopédie de Patrick Brion étant chronologique – premier western, Marilyn Monroe est tout en 1903, The Great Train Robbery simplement torride. Les acteurs (une attaque de train par des du porno peuvent aller hors-la-loi) –, plus on avance dans se rhabiller ! le temps, plus sont nombreuses Selon Patrick Brion, Ramona, les comédiennes. Il y a un de Henry King (1936), est l’un des érotisme du western, à premiers films à dénoncer « le commencer par les épaules comportement dénudées de l’homme blanc d’Yvonne 1.000 westerns prêt à massacrer, De Carlo, d’Ava présentés, à la première Gardner ou occasion, l’Indien d’Angie analysés, critiqués qu’il considère Dickinson, dans deux tomes comme un tenancières ». de saloon, bourrés de photos, ennemi Les westerns intrigantes ou d’affiches respectueux des femmes fatales. tribus indiennes Dans The Outlaw et de documents sont évidemment (Le Banni), moins nombreux Howard Hugues que ceux qui en ont fait de la chair a exigé de la jeune et pourtant à fusil parce que l’histoire a été le explosive Jane Russell qu’elle plus souvent injuste et cruelle porte un nouveau soutien-gorge envers ceux qui étaient tenus alors qui met le feu à la prairie et dans pour des « sauvages ». C’est les salles. Dans Rivière sans retour, pourquoi on peut regarder d’Otto Preminger, la scène où aujourd’hui, sans mauvaise Robert Mitchum réchauffe sous conscience, ces westerns sans une couverture les pieds glacés de lire | culture 35 jdd | 20 décembre 2015 mémo fétiche sur l’histoire des civilisations…), Catherine Clément exhume un pan de notre histoire de France, commencé sous le général de Gaulle, terminé aux frondaisons d’un XXIe siècle bousculant. Les rebeLLes Du footbaLL bernard Morlino, tana éd., 152 p., 24,95 €. Rachid Mekhloufi, qui abandonna son club de Saint-Etienne pour rejoindre l’équipe du FLN en pleine guerre d’Algérie ; Paul Breitner, le mao chevelu du Bayern ; Socrates, le docteur de la démocratie brésilienne ; Lucarelli, le communiste toscan ; Maradona, le castriste déjanté ; Cantona, l’esthète surréaliste… Le livre de Bernard Morlino est un antidote efficace pour tous ceux qui pensent que football, nécessairement, rime avec bling-bling. L’âMe De paris, histoires D’une viLLe Marie-hélène Westphalen, arènes, 108 p. + fac-similés, 34,80 €. Jacques chirac, vie pubLique, archives privées catherine clément, préface d’alain Juppé, hugo image, 138 p., 39,95 €. Avant de s’évader en Inde ou en Afrique, Catherine Clément a été une observatrice privilégiée de la vie politique française. Elle a bien connu Mitterrand mais aussi Chirac. Son récit documenté et sensible raconte « le plus populaire de nos hommes politiques », à la poignée de main facile et au coup de fourchette allègre. À travers 300 photos et plus de 40 fac-similés (devoirs de l’ENA, discours annoté le soir de sa première élection, « Ça, c’est Paris ! », chantait Mistinguett. Dans la belle collection des livres-objets des Arènes, on feuillette avec plaisir et nostalgie les multiples documents d’un Paris populaire où l’on chantait, l’on guinchait au Balajo, l’on vendait poissons et têtes de veau dans le trou des Halles. C’est avant la boboïsation, c’était il y a un siècle et plus. La tour Eiffel venait d’être construite ; les bus étaient tirés par des chevaux. À la fin de cette belle évocation, on découvre les premiers parcmètres et les premières stations intra-muros et, de l’autre côté du périph’, les premières tours HLM. C’est si loin ! Lire aussi « La france à table », de Michèle barrière, Les arènes, 110 p., 34,80 €. La france D’antan sarah finger, éd. hervé chopin, 448 p., 24,50 €. C’est un portrait de la France, sans la nostalgie que le titre pourrait laisser croire. Deux ans de recherches minutieuses auprès de collectionneurs, de marchands, de conservateurs pour dénicher 10.000 cartes postales anciennes. le Prix des Prix à ChristoPhe Boltanski Indiens qui jettent les uns contre les autres bons et mauvais cow-boys, shérifs et hors-la-loi, chasseurs de primes et politiciens corrompus. Par exemple, My Darling Clementine, de John Ford, Duel au soleil, de King Vidor, Le train sifflera trois fois, de Fred Zinnemann, Butch Cassidy et le Kid, de George Roy Hill, L’homme qui tua Liberty Valance, de John Ford, Règlement de comptes à O.K. Corral, de John Sturges, etc. Et ce curieux film que j’ai plusieurs fois évoqué avec Jean Tulard, l’autre historien du cinéma : Curse of the Undead (Dans les griffes du vampire), d’Edward Dein : histoire d’un cow-boy vampire insensible aux balles, toujours le dernier à dégainer. Jusqu’au jour où… g Encyclopédie du western, Patrick Brion, éd. Télémaque, 2 vol., 850 p., 76 €. le Prix des Prix, choisi parmi les lauréats des huit grands prix littéraires de l’automne, a été attribué à La Cache, de Christophe Boltanski (Prix Femina, Stock). Le journaliste fait le portrait d’une famille atypique et parle de la peur, de l’identité, de la création dans un roman enlevé. Le jury, présidé par Pierre Leroy, est composé entre autres de Pierre Lescure, Christine Albanel, Guillaume Cerutti, Nicolas Demorand, Marie Drucker, Rémy Pflimlin, Olivier Poivre d’Arvor, Bruno Racine et Alain Terzian. Emmanuel Carrère, pour Limonov (P.O.L), ou Élisabeth Roudinesco, pour Sigmund Freud en son temps et dans le nôtre (Seuil), l’ont reçu précédemment. M.-L.D. L’âge d’or du genre remonte à la Belle Époque et c’est cette période de la vie des Français que racontent les 900 clichés conservés dans l’ouvrage : les campagnes au rythme des moissons, les transports en ville, la condition ouvrière, la naissance du tourisme… Douce France. Les résistants (1940-1945) sous la direction de Guy Krivopissko, belin, 272 p., 39 €. La matière de ce livre est émouvante : la somme des documents, photographies et objets légués depuis cinquante ans au musée de la Résistance nationale. Elle restitue, dans une France à l’heure allemande, le destin d’anonymes qui ont décidé de résister. Autant de récits construits à partir des 350 documents inédits sélectionnés, petites et grandes histoires croisées, un choix original dans la riche historiographie de la période. savoirs haute écoLe, brève histoire Du chevaL phiLosophique Michel onfray, flammarion, 192 p., 30 €. Il y a le philosophe-polémiste qui disserte à l’infini sur nombre de sujets, des religions à la psychanalyse. Il y a le philosophe-écrivain qui se sert de son expérience intime pour tirer de belles leçons de vie. Dans la foulée des beaux textes sur son père, Michel Onfray traque les figures hippiques chez Homère (le cheval de Troie), Lucrèce (le centaure), Montaigne (l’accident), Spinoza (la perfection), Alain (la liberté), Camus (Caligula). C’est intelligent et émouvant : le livre est un hommage à Marie-Claude, sa compagne qui ne passa pas une journée de sa vie sans aller visiter ses chevaux. L’ébauche de ces textes fut écrite pour un spectacle organisé par Bartabas. DeyroLLe à La croisée Des savoirs De Louis albert de broglie et sylvie alboutabart, La Martinière, 240 p., 39,90 €. Deyrolle, ce sont ces planches pédagogiques qu’on a tous vues accrochées dans nos salles de classes. Elles ont été inventées par la maison du même nom dans les années 1870. Pas une école qui n’y ait échappé. À les regarder ces aujourd’hui avec le recul, on y voit des merveilles : poissons, crustacés, corps humains, cellules, graines, plantes, papillons… Un patrimoine scruté à la loupe et commenté par 70 scientifiques. voyaGes Jean-baptiste charcot, expLorateur Des pôLes serge Kahn, Glénat, 176 p. 45 €. Il a exploré cette terre glacée du bout du monde. De deux expéditions inouïes en Antarctique en 1903 et en 1908, à bord du Français et du Pourquoi pas ?, Charcot (18671936) va rapporter de précieuses informations scientifiques. Au-delà des récits et des nombreuses photographies, les 35 documents publiés font entrer dans l’intimité du personnage : fac-similés d’un certificat de mariage, lettre de l’ambassade de Grande-Bretagne, carte postale à sa fille en 1928, croquis, menus, courriers de toutes sortes… Une merveilleuse invitation au voyage. patrice franceschi et La bouDeuse 15 ans d’aventure autour du monde, valérie Labadie, seuil, 400 p., 45 €. Aventurier corse, écrivain français, Patrice Franceschi a mené durant quinze ans des expéditions autour du monde en tant que capitaine de La Boudeuse, qui sera d’abord une jonque chinoise puis un trois-mats suédois. Héritier moderne de Louis Antoine de Bougainville, il emmène à ses côtés des scientifiques de toutes spécialités qui iront au contact de tribus océaniennes ou sud-américaines. Le récit joliment illustré de Valérie Labadie est une belle manière de voguer autour du monde. inDe steve Mccurry, phaidon, 208 p., 49,95 €. Depuis trente ans, le photographe américain Steve McCurry parcourt le monde à la recherche de « l’inattendu, du hasard maîtrisé ». Qu’il s’intéresse aux conflits contemporains ou aux cultures traditionnelles, son souci est de toujours remettre « les gens » au centre de l’histoire. Ces 140 images offrent des odyssées de couleurs, des figures inoubliables et des décors stupéfiants, de la fête de Ganesh aux studios de Bollywood. Map stories francisca Mattéoli, chêne, 176 p., 35 €. Auteur de nombreux récits de voyage, Francisca Mattéoli, chilienne de mère écossaise, parcourt cette fois le monde à travers des cartes de géographie, de tous lieux et de toutes époques. De Pétra à la Chine, du Nil au Mare Nostrum, de Madagascar à l’Alaska, l’auteur livre mille anecdotes tirées des cartes et de l’imagination des hommes. g 36 | personnalités JDD | 20 décembre 2015 Marianne James « Je n’ai pas d’oursins dans les poches » Dans « Miss Carpenter », elle incarne une vieille star octogénaire perdue dans les souvenirs glamourisés de son appartement de 640 m2. À 53 ans, l’ancienne jurée de « La Nouvelle Star » met le feu aux planches, même sans allumettes IntervIew LuDoviC PerriN @LPJDD où peut-on croiser des Miss Carpenter ? le prince des nuits parisiennes. Jack, lui, c’était la french touch : une culture, une érudition immenses. Je crois qu’il prépare ses Mémoires. Ça promet. Après ulrika von Glott, voici un nouveau personnage. Pourquoi ce besoin de vous travestir ? Je ne sais pas, je dois être plus à l’aise quand je suis planquée. Je n’ai peut-être pas tout réglé avec moimême, alors que dans une armure je suis la plus grande des guerrières. Dans les maisons de repos et à Comment tout cela a-t-il Monte-Carlo. Il ne faut pas croire commencé ? que toutes les vieilles dames font du Pendant dix ans, ça n’a pas martricot. Tina Turner a 76 ans. C’est ché. J’étais en concurrence avec la génération des disco women. Ces des petites nanas, ce n’était pas ma femmes ont croisé Andy Warhol catégorie. Je n’avais pas trouvé ma au Studio 54. Veuves depuis cindimension. Puis j’ai créé Ulrika Von quante ans, elles ont su user de Glott pour le spectacle Ultima Récileurs charmes tal. Pendant deux p o u r a t t ra p e r ans, je n’ai pas quitdes « patrons de « En promo, tout té le personnage. paquebot » sur la lE mondE croyait En promo, tout le Côte d’Azur. Elles monde croyait que ont tout vu, tout quE j’étais j’étais un mec : avec connu, des fiestas un mEc » mes chaussures de 20 cm et mes cokées et friquées. Staying Alive est 10 cm de coiffure, leur credo. Elles je mesurais 2,5 m. n’ont pas renoncé. Elles sont raMais les femmes ne peuvent être dines, mythomanes, monstrueuses, aussi grandes et avoir cet humour mais toujours vivantes. Bette Davis viril ! On pensait que j’étais un tradisait : « Vieillir, c’est pas fait pour vesti allemand. les mauviettes. » Je les adore. D’où veniez-vous ? Que fabrique Jack Lang dans De Montélimar. Du jazz et du classique. Mes modèles, ce sont votre pièce ? C’est le seul homme connu La Callas et Ella Fitzgerald. Mon qu’on peut encore rattacher à père était pâtissier-nougatier. cette époque folle. Cela aurait pu Après m’être essayée sans succès être Yves Mourousi aussi. C’était à la danse et au piano classiques, j’ai La pétulante Marianne James, lundi au Théâtre du Gymnase, à Paris. érIC DESSoNS/JDD découvert une guitare qu’un oncle avait laissée après son armée. En face de chez nous se trouvait un magasin de musique qui donnait des cours. Ça appartenait à Antoine Petrucciani, le père de Michel. À 11 ans, je déchiffrais avec lui tous les standards de jazz. J’ai encore des cassettes. Lui, c’était déjà un génie. Mais un jour, Tony a dit à mon père : « La petite, elle joue comme un mec. » Dans sa bouche, un sacré compliment ! Je dois avoir une part masculine. vous avez un public homo très fidèle... Je m’en suis aperçue dès mes débuts avec Ultima Récital en 1994. Des salles entières. Avec eux, ça percute direct. Je pense qu’ils ont une certaine ouverture d’esprit et une plus grande capacité à l’autodérision. Savoir être vrai dans la caricature, c’est très important. Moi, je suis un clown et je crois que les clowns sont sincères. Même sous des maquillages outranciers, je reste premier degré dans mes émotions. entre votre personnage à la télévision, vos rôles d’actrice et la femme dans les loges du théâtre, où se trouve la vraie Marianne ? Les trois forment la vraie Marianne. J’ai des accents de vérité au théâtre et je suis assez droit caméra à la télévision. J’aime m’amuser avec ce média : ça m’épate de débarquer chez les gens alors qu’ils sont en train de faire le ménage ou bien l’amour. En réalité, la patronne, c’est celle qui se trouve à la maison. Là, Marianne éteint la loupiote et se ressource. J’aime la lumière mais l’obscurité me va aussi. et contrairement à Miss Carpenter, vous n’avez pas eu besoin d’épouser un milliardaire pour être heureuse… Oui et j’ai la chance de ne pas avoir d’oursins dans les poches et de ne pas être refaite du tout. Ça devient une fierté pour une actrice qui a dépassé les 40 ans. Car toutes sinon passent au bistouri. g Miss Carpenter jusqu’au 10 janvier 2016 au Théâtre du Gymnase, Paris. Prodiges Saison 2, le 26 décembre à 20 h 50 sur France 2. lejdd.fr Notre interview vidéo perso Mes amis. Un mois après la tuerie du Bataclan, les Eagles of Death Metal ont annoncé qu’ils reviendraient jouer à Paris le 16 février. Le groupe américain qui avait déjà reparu le 7 décembre à Bercy aux côtés de U2 s’est proposé d’offrir une place gratuite à tous les survivants du Bataclan dans le cadre de ces retrouvailles européennes baptisées Nos Amis Tour. Concert, mardi à 22.40, Canal +. et vendredi 8 janvier à 20.50, D 17. Mes amours. Curieusement, elle n’avait jamais existé en français. Le 3 février, les éditions Arthaud publieront l’autobiographie de Rudolf Noureev. Parue en 1962 aux États-Unis et au Royaume-Uni (puis en Russie en 1998), cette « pépite » relate les vingt-cinq premières années de vie du danseur étoile, de son enfance sous le joug soviétique à sa liberté conquise à Paris, puis à Londres. « Tout Noureev est contenu dans ce récit », explique-t-on chez Arthaud. Un ouvrage préfacé et commenté par Ariane Dollfus, spécialiste du génie né en 1938 dans un train aux environs d’Irkoutsk et décédé en 1993 dans une clinique de Levallois-Perret. Mes emmerdes. L’humour est la qualité qu’elle préfère chez les hommes. Ceux qui l’ont interrogée jeudi dernier durant douze heures en ont-ils eu ? Bar Refaeli, le mannequin israélien connu pour avoir sorti Leonardo DiCaprio des jupons de sa maman, a été entendue par les autorités de son pays. La nouvelle égérie de la marque de dessous féminins Agent Provocateur aurait dissimulé pour 237.000 € de revenus au fisc. Outre la déclaration d’une domiciliation fictive à l’étranger, l’exilée fiscale aurait en effet accepté de se faire luxueusement loger et conduire dans des voitures non moins onéreuses en échange d’apparitions dans les rubriques potins. Le top aux 800.000 followers, qui en septembre avait demandé de fermer l’espace aérien pour son MATIAS INDJIC/FIgArophoTo mariage à Haïfa, s’est vu confisquer son passeport et signifier six mois d’interdiction de sortie de territoire. Gloups ! L.P. téléVision | 37 * jdd | 20 décembre 2015 On aime Passionnément iiii Beaucoup iiif Bien iiff Un peu ifff Pas du tout ffff Miss France 2016 Ciné dimanChe c’est elle ! c Moi, moche et méchant 2 iiff Les nouvelles aventures du grand méchant repenti Gru, assisté de ses filles et de ses fidèles Minions. Des trouvailles à gogo. 20.55, TF1. a Peau d’âne iiif Un classique de la comédie musicale française. Avec Jacques Perrin en Prince et Catherine Deneuve dans le rôle-titre. 20.50, France 4. DaviD Nivière/DN/Sipa Miss nord-Pas-de-calais a décroché le titre tant convoité hier soir, chez elle, à lille StÉPhanie BelPêche @StephBelpeche C’est donc Iris Mittenaere qui succède à Camille Cerf au titre de Miss France 2016. Elle a 22 ans et est étudiante en chirurgie dentaire. Sans oublier les quatre dauphines, parmi lesquelles l’outremer était très représentée : Morgane Edvige, Miss Martinique, 19 ans, étudiante en tourisme ; Vaimiti Teiefitu, Miss Tahiti, 19 ans, étudiante en commerce ; Julia Courtes, Miss Provence, 18 ans, lycéenne en terminale ; Azuima Issa, Miss Réunion, 19 ans, étudiante en comptabilité et gestion. Le verdict est tombé au terme d’une cérémonie qui a duré plus de trois heures au Zénith de Lille, retransmise en direct sur TF1. L’indétrônable Jean-Pierre Foucault présentait pour la 21e fois le concours de beauté créé en 1920, qui continue de drainer les téléspectateurs devant le petit écran. La concurrence était rude entre les 31 prétendantes à l’écharpe, qui ont fait une entrée glamour en fourreau blanc sur Diamonds Are a Girl’s Best Friend, de Marilyn Monroe. Des rêves plein la tête, elles ont défilé dans différentes tenues au cours des dix tableaux chorégraphiés qui se sont succédé pour assurer un show bariolé, à la fois « Prodiges » en herbe Éric Mandel Qui sera le « prodige de l’année 2015 » ? Samedi prochain verra le grand retour du concours musical organisé par France 2. En décembre 2014, la première édition avait sacré la belle et raffinée violoniste Camille Berthollet et scotché devant leurs écrans plus de 4 millions de téléspectateurs. Soi beaucoup moins que la grosse machinerie The Voice (7 millions en moyenne), mais une grande réussite pour un télé-crochet consacré à la musique classique, diffusé sur le service public en prime time. Précision de taille, Prodiges est une création 100 % française (à la différence de The Voice) développée par la société de production Shine. Et elle commence à s’exporter à l’étranger puisqu’une dizaine de pays, dont l’Italie et la Russie, négocient son rachat. Prodiges rempile donc sans grand chamboulement. En dépit de son succès, France 2 n’a pas souhaité modifier son rythme de diffusion : une émission par an. « Nous aurions pu envisager deux ou trois rendez-vous dans l’année mais le but est de privilégier un programme haut élégant et kitsch assumé : tenant un chien en laisse au cœur d’un décor bucolique, superhéroïnes, pirates, pom-pom girls ou en Bikini affriolant de Mère Noël ! Vidéos de promo à l’appui, les jeunes femmes ont séduit le public et le jury, présidé par le couturier Jean Paul Gaultier, dont les votes additionnés ont déterminé les cinq finalistes, sous le regard vigilant de Sylvie Tellier, la directrice générale de la société Miss France. La soirée, sans accroc, s’est achevée avec les larmes de la gagnante, forcément. Quelques heures plus tôt, au sud de la Chine, l’Espagnole Mirea Lalaguna Royo avait été couronnée Miss Monde 2015. g Danseurs, instrumentistes comme Élisa (ci-contre) ou chanteurs, ils ont en commun la passion de la musique. N. GuyoN de gamme et événementiel, pas de transformer Prodiges en télé-réalité », souligne Nathalie André, directrice des jeux et divertissements de France 2. Les candidats au titre se répartissent toujours en trois catégories (danseurs, chanteurs, instrumentistes), l’émission reste animée par Marianne James au côté du jury, toujours composé du danseur étoile Patrick Dupond, du violoncelliste Gautier Capuçon et de la soprano Élisabeth Vidal. Les seuls habilités à juger de l’excellence des candidats et à élire le prodige de l’année, sans vote du public. « Bêtes de concours et singes savants ne nous intéressent pas » Enfin, après la précédente édition réalisée au Corum de Montpellier, Prodiges se déroulera au Grand Théâtre d’Albi avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. « Tourner dans un simple studio enlèverait toute magie », dit Vincent Panozzo, directeur des programmes de Shine France. Quatre cents candidats ont postulé pour 13 retenus. Les critères de sélection ? Maîtriser son instrument, avoir une forte personnalité, mais aussi une vie à côté de la musique. « Les bêtes de concours et les singes savants ne nous intéressent pas. Nous privilégions la générosité et l’envie », poursuit Nathalie André. Cette nouvelle édition promet de purs moments de grâce et une sévère compétition. Dans la catégorie chanteurs, Hakob, 12 ans, a impressionné avec Les Noces de Figaro. Chez les instrumentistes, Élisa a littéralement envoûté l’audience avec sa harpe. Angelina, 8 ans, a subjugué le jury avec son interprétation habitée du Concerto numéro 3 de Bach. Autre sérieux prétendant au titre, le danseur Melvin qui affirme avoir dansé avant de savoir marcher… Qui sera couronné par Prodiges en 2015 ? Réponse samedi soir. g Prodiges, samedi à 20.55, France 2. c Joyeux Noël iiff Inspiré de faits réels, un épisode méconnu de la Grande Guerre, sous le signe de la fraternité. 20.55, D8. c Niko, le petit renne iiff Un conte de Noël universel qui ravira un large public en cette fin d’année. 20.55, 6ter. Votre soirée 18.05 Sept à huit. 20.00 Journal. 20.55 Moi, moche et méchant 2 iiff Film d’animation de Pierre Coffin et Chris Renaud (2013). Avec l’aide de ses filles et des Minions, Gru essaie de sauver le monde des griffes d’un nouveau vilain… 22.50 Mentalist. Série américaine. Vendeurs d’espoir ; Du sang sur le sable ; Chasse au témoin ; Sang pour sang. 16.05 Clermont-Auvergne (Fr.) – Exeter Chiefs (Angl.). Rugby. Champions Cup, 4e journée. 18.10 Stade 2. 18.45 Vivement dimanche prochain : Patrick Bruel. 20.00 Journal. 20.55 Les Cinq Légendes iiff Film américain de Peter Ramsey (2012). Dissimulés aux yeux des humains, quatre êtres surnaturels protègent l’innocence et l’imaginaire des enfants. 22.35 Le Dernier Maître de l’air ifff Film américain de M. Night Shyamalan (2010). D8 20.55 Joyeux Noël iiff F i l m f ra n co - b r i t a n n i q u e de Christian Carion (2005). W9 20.55 Les Rois mages iiff Film français de et avec Didier Bourdon (2001). NT1 20.55 Les Jeunes Années d’une reine ifff Film autrichien d’Ernst Marischka (1954). France 4 20.50 Peau d’âne iiif F i l m f r a n ç a i s 17.55 Le Grand Slam. 19.00 Le 19/20. 20.25 Zorro. 20.55 de Jacques Demy (1970). Les Enquêtes de Murdoch. Série canadienne (2015). Une légende de Noël ; L’Inconnu de Bristol ; La Grande Muraille. 6ter 20.55 Niko, le petit renne Avec Yannick Bisson et Helene Joy. 0.00 Soir 3. 0.25 Vulcano iiff Film d’animation ifff Film italien de William Dieterle (1949). finlandais de Michael Hegner et Kari Juusonen (2008). 17.05 The Marine 3 : Homefront. Téléfilm. 18.35 Le Petit Journal de la semaine. Numéro 23 20.45 L’Enfant lion 19.10 Canal football club. 21.00 Bordeaux-Marseille. Foot- iiff Film français de Patrick ball. Ligue 1, 19e journée. 22.55 Canal football club. 23.15 Grandperret (1992). L’Équipe du dimanche. 0.00 Le Journal des jeux vidéo. 0.30 Ray Donovan. Téva 20.40 The Good Wife Série américaine. 19.00 On n’est pas que des cobayes ! Spécial « Star Wars ». 20.00 Zoo Nursery Berlin. 20.30 Avis de sorties. 20.40 Les Game One 20.35 Lara Croft : Routes de l’impossible. Surinam, pour une poignée d’or. Docu- Tomb Raider iiff Film mentaire français de Paul Comiti et David Geoffrion (2015) ; Haïti, américain de Simon West plus forte que la vie. Documentaire français d’Alexandre Spalaïko- (2001). vitch (2015). 22.25 Une nuit au Grévin. 23.15 La Gande Librairie. TCM Cinémas 20.40 Le Corsaire 19.15 Cuisine royale au château de Riegers- rouge iiii Film américain burg. 19.45 Arte Journal. 20.00 Life, l’aventure de Robert Siodmak (1952). de la vie. 20.45 Silex and The City. 20.50 36e Festival mondial du cirque de demain. Enregistré en 2015 au Cirque Phénix, à FX 20.50 Re-Animator iiif Paris. 22.15 The Circus Dynasty. Documentaire (2014). 23.50 Film américain de Stuart Gordon (1985). Cirque du Soleil. Le concert du 30e anniversaire. 16.25 66 Minutes : le doc. 17.15 66 Minutes. 18.40 66 Minutes : grand format. 19.45 Le 19.45. 20.05 E = M6. 20.40 Sport 6. 20.55 Zone interdite. Marchés de Noël : les secrets d’un incroyable succès. 23.00 Enquête exclusive. États-Unis : la folie des centres commerciaux XXL ; Pom-pom girls, dollars et bizutage : la face cachée des campus américains. OCS Géants 20.40 Le Guépard iiii Film franco-italien de Luchino Visconti (1963). Paramount 20.40 Clueless iiff Film américain d’Amy Heckerling (1995). session de rattrapage du Jdd aVec Le top des 3 programmes à revoir aujourd’hui sur Internet a Doc. Elles sont des dizaines de milliers... France 2 a Série Joséphine, ange gardien TF1 a Doc. Mein Kampf, manifeste de la haine Arte 38 | JEUX mots croisés JDD | 20 décembre 2015 Jean Marny [email protected] 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 mots fléchés une bonne douche après une intense activité elle menace de quitter le foyer si ça pète a un usage particulier des cabines téléphoniques hyper, dangereuse prince prétendant d d Y [email protected] éclat de pierre ou caillou hic en -tique d d Y régime décrié de la restauration Y comtesse ou diablesse d frontière naturelle cloisonnée en deux parties d b tourbillons en roussillon b passé sous silence b aux bons souvenirs de l’auteur b d d b un revers pour la marine nationale plus dans sont plus sous-bois en voiture les clairs que qu’à vélo dans les ou moto fôrets noires d’un aussi lointain passé que d’un proche avenir b U amène pierre à la maison mis perf pour perf Y Albert Varennes b le repas du guerrier b natif de man b d préférable à la cuillère b photogénie d desséché, ensaché plus ou moins marqué bande quartiers d’hiver plus âgés que ménagés U Solution la semaine prochaine d d soldat portant béret mis en pièces d toutes rouges d’une bonne correction d a d d U oxhydryle tout un solide ou une partie informatrices de st-louis c’est plutôt coton du jaune, du blanc, du noir œuvre culte b b d LE JOURNAL DU DIMANCHE est édité par : Hachette Filipacchi Associés SNC au capital de 78 300 €, siège social 149 rue Anatole France 92534 Levallois-Perret cedex. RCS Nanterre B 324 286 319. Associé : Hachette Filipacchi Presse. Renseignements lecteurs 01 41 34 63 40. Gérant-Directeur de la publication Philippe Pignol. Président d’honneur Daniel Filipacchi. éditeur édouard Minc. éditrice adjointe Anne-Violette Revel de Lambert. Communication Nawal Hocine, Anabel Echevarria. Ventes Frédéric Gondolo et Katia Parent 01 41 34 64 78. Diffusion Presstalis Réassortiments 06 68 08 16 67. Imprimé en France par Paris Offset Print Travail exécuté par les ouvriers syndiqués b coté en bourse b d choisir son parti bête gaulois en un sens, romaines dans l’autre d d d U monsieur dans madame d collection amusante touchée du doigt bœuf ville ou forme verbale dit des mots doux à l’oreille b b îlot de résistance b U c’est le début de la fortune expulsés par la peau lisse ici, protégés par elle là vint vers les villes, dit vers d’eschyle peuple d d b d ça tourne autour de saturne demi-mal b d carottage dans les fonds sudoku 93120 La Courneuve, CIMP Toulouse, MOP Vitrolles, CILA Nantes, CIRA Lyon et Nancy Print. N° de Commission paritaire 0420 C 86 368. Numéro ISSN 0242-3065. Dépôt légal : à parution. © HFA 2015 Hachette Filipacchi Associés est une filiale de Lagardère Active SAS. Président du directoire Denis Olivennes Service abonnement CS 50002 – 59718 Lille Cedex 9. Tél. : 02 77 63 11 36 (France / Dom Tom et étranger). Tarif France 6 mois : 32 € ; 1 an : 55 €. Le JDD + Version Femina. 6 mois : 37,90 € ; 1 an : 64,90 €. Tarif étranger nous consulter. Abonnements au journal en ligne www.lejdd.fr Tirage du 13 décembre 2015 : 269.780 exemplaires. côté en bourse d pose de la première pierre... et des suivantes b b difficile solution des jeux Solution du numéro 3596 Publicité : Lagardère Publicité, 10, rue Thierry le Luron, 92300 Levallois-Perret. Tél. : 01 41 34 90 00. Fax : 01 41 34 90 01. Présidente Constance Benqué. Directeur général Philippe Pignol. Directrice de la publicité Frédérique Vacquier. Tél. : 01 41 34 92 46 montrant l’une verge dont certaines font leur miel b Mots croisés Directeur Jérôme Bellay. Directeur adjoint de la rédaction Patrice Trapier. Rédacteurs en chef François Clemenceau, Dominique de Montvalon, Cyril Petit (éditions), Guillaume Rebière, Brigitte Suffert (directrice artistique), Laurent Valdiguié. Secrétaire général adjoint Robert Melcher. Rédacteurs en chef adjoints Danielle Attali, Richard Bellet, Stéphane Joby, Pierre-Laurent Mazars, Didier Siberchicot. Chef du service économie Bruna Basini. Chef du service photo Aurélie Chateau. b b au tout ceux de début dans l’équipe que le coach la converlaisse de côté sation d U verticalement 1. Exécution de terre cuite. - 2. Châtiée. - Emprunte un chemin de traverses. - En fin de séance. - 3. À Venise ou à Paris. - Poivre de la Jamaïque. - 4. Au goût du jour. Participe aux courses en Espagne. Arrachés à la masse. - 5. En réserve. - Le vieil ennemi des catarrhes. - 6. Donne de belles couleurs. - Vendangeuse. - Règles de conduite. - 7. Spécialiste en nettoyage. - Tient ferme. - 8. Agrégation de lettres. - S’exprimer du bout des lèvres. - Elle est destinée à se casser. - 9. Repos du guerrier. - Démolit. - À point. - 10. S’applique à la perfection. - Peter au théâtre. - Se tirent avec la galette. - 11. Petite cheville. - Conduite intérieure. - Dense du ventre. - 12. Il peut passer à la trappe. - Luttes contre la pollution. - Au-delà du nu. - 13. Manifestations d’humanité. - Donnera du bon sens. - 14. Se dit blanc. - Avancées. - Vache ou cheval. - 15. Touchent des fonds secrets. - Relatives à une matière grasse au poil. d b un peu poussés pour passer U horizontalement 1. Est provoqué par les esprits forts. - 2. Fournir une protection naturelle. - C’est le drame pour un orchestre. - 3. Le dessous des cartes. - Faire entendre un son de cloche. - Va-t-il dévoiler ses sujets ? - 4. Passé aux rayons X. - Vaisseau qui résiste mal aux lames. - 5. Note. - Passe en caustique. - Corps franc. - 6. Héroïne de la résistance. - Progresse pas à pas. - La douceur de l’agneau. - 7. Parais. - Incitation à la consommation. - 8. Grêles. - Fait des touches au piano. - Préposition. - 9. Lettre de change. Monceau-lès-mines. - Coupe au plus court. - 10. Ne retient pas le laitier. - Il n’est pas majeur, mais il vous en fait voir. - 11. Ne permet pas d’étaler sa culture. - Projet de voyage. - Ira à l’aventure. - 12. Marquer de son empreinte. - Bête de cirque. - Fait masse. - 13. Ronds dévalués. - Ordonnance difficile à avaler. - 14. En pleine activité. - Se présentent sans motif. - Pronom réfléchi. - 15. Ont fait leurs débuts. - N’ont jamais fait sécher un candidat. - Césariennes pénibles. service b Keno Loto horizontalement 1. Belle de Fontenay. 2. Il. Avéré. Auxine. 3. But. Isolera. Gis. 4. Lérot. Terrines. 5. Irénisme. Ores. 6. Obéiras. Irai. Té. 7. Gong. Vent. Frets. 8. Rutile. Œuf. Les. 9. Al. Notais. Uri. 10. Piteuses. Stéréo. 11. Herse. Reçu. Barn. 12. Ira. Nue. Lavoir. 13. Mats. Minou. Au. 14. User. Adopterais. 15. Eurasiens. Usité. verticalement 1. Bibliographique. 2. Élue. Boulier. Su. 3. Trient. Tramer. 4. Là. Origines. Ara. 5. Éviter. Louent. 6. Dés. Navets. Usai. 7. Erotise. Aère. Dé. 8. Fêles. Noise. Mon. 9. Ermites. Clips. 10. Narrer. Suant. 11. Tuai. Affût. Vœu. 12. Ex. Noir. Rebours. 13. Niger. Elirai. Aï. 14. Anisette. Errait. 15. Yes. Session. Use. Mots fléchés s d e c d o n T a m v i n r a T p i o a n s u p e r m a n c r a p a u d v c i h o e c s a d o m a s j a m k a l i e m i e a r e u u T e Sudoku d r b i e u r g e l c o n T i o l e i e p r c e l e a d T T e e s r h a a i u r b x T o l l o r h e a n n n e e u T T o h n a n o a p s T i e e r s p e d a l e s v e s o T i f e r T a e m b T o h i e s i s e o r l i s d e a n g o o n tendances | 39 jdd | 20 décembre 2015 Cuisine bourgeoise, agape de fêtes Modernisée et révisitée, elle a retrouvé le devant de la scène gastronomique. Trois chefs du moment livrent une recette originale pour des réveillons conviviaux Délires de bûche Le plus célèbre des desserts de Noël est métamorphosé par les pâtissiers et même les designers. Place à des gâteaux sculptures aussi beaux que bons. Sélection Le civet de Bertrand Grébaut Le chef de Septime, à Paris, a obtenu sa première étoile en 2014 pour ce restaurant sans nappe et raffiné à la fois. Passé chez Joël Robuchon et Alain Passard, il possède une deuxième adresse, Clamato. « Je suis passionné de cuisine bourgeoise et je me souviens d’un plat traditionnel que ma mère et ma tante cuisinaient à Noël : le civet de lièvre. Aujourd’hui, nous sommes censés manger moins de viande sans se priver de gourmandise : cette recette est une façon de travailler un civet avec un légume à la chair presque viandarde, dense et goûteuse. Terreuse et sucrée, la betterave répond très bien aux sauces concentrées, comme celle au sang, assez corsée. C’est une entrée aux références de cuisine bourgeoise, qui reste légère. » Civet de betteraves crapaudines fumées au bois de pin et lard de Colonnata ingrédients (pour 8 personnes) 4 grosses betteraves, + 300 g de betteraves pour le jus, une poignée de gros sel, 10 cl de jus de volaille, 1 cuill. à soupe de vinaigre de vin vieux, 4 cl de sang (à demander au boucher), 400 g de lard de Colonnata taillé très fin, quelques pousses de moutarde rouge, 50 g de beurre demi-sel, sciure de pin (ou hêtre). Étaler le gros sel sur une plaque à rôtir, y disposer les betteraves entières et les cuire à 200 °C, entre 1 heure et 1 h 30. Les éplucher après refroidissement. Les étaler sur une plaque, dans une cocotte, au fond de laquelle se trouve la sciure. Fermer hermétiquement et faire chauffer à feu vif. Quand elle commence à fumer, la laisser hors du feu 15 min, pour qu’elles s’imprègnent de la fumée. Éplucher et passer à la centrifugeuse les betteraves crues restantes. Mélanger le jus obtenu avec le jus de volaille et laisser réduire 15 min à feu doux. Assaisonner d’un trait de vinaigre de vin. Au dernier moment, ajouter le sang et porter à ébullition pendant dix secondes, en remuant sans cesse. Couper en deux les betteraves fumées, les déposer face coupée contre la poêle, dans le beurre demi-sel moussant. Les faire colorer doucement pour raviver le rouge en le caramélisant. Disposer la betterave dans l’assiette, face colorée vers le haut. Assaisonner de fleur de sel et de gouttes de vinaigre de vin vieux. Parsemer de pousses de moutarde, recouvrir de lard de Colonnata. Arroser avec la sauce. Le vol-au-vent de Bruno Doucet Le paleron de Philippe Etchebest Il a repris La Régalade, adresse bistronomique parisienne historique d’Yves Camdeborde, qui revisite les recettes traditionnelles à prix accessibles. Depuis, d’autres adresses ont essaimé, dont la dernière au 106, rue SaintHonoré (75001 Paris). « J’affectionne beaucoup ce plat traditionnel français. En y ajoutant de la truffe, je l’ai voulu plus festif, luxueux et goûteux. Je me suis éloigné de la recette charcutière, en cuisinant les ingrédients à part, pour respecter les cuissons et les textures. Ils sont assemblés au dernier moment pour plus de croustillant et de finesse. » Le chef cathodique de Cauchemar en cuisine a ouvert Le 4e Mur à Bordeaux, en septembre. Meilleur ouvrier de France, il obtient deux étoiles pour l’Hostellerie de Plaisance à Saint-Émilion en 2008. Il vient de raconter son parcours dans un livre, Je ne lâche rien (Michel Lafon). « J’ai choisi de revisiter la recette du bourguignon, à la bordelaise, avec un mélange terre-mer audacieux qui met à l’honneur les produits de ma région : le vin et les huîtres. La touche de fraîcheur apportée par la pomme verte fera pétiller les papilles des convives pour les fêtes. » Vol-au-vent à ma façon Paleron de bœuf braisé en cocotte, sauce vigneronne aux huîtres Ingrédients 1 pincée de poivre blanc, 800 g de paleron de bœuf, 2 carottes, 1 oignon, thym, laurier, ail, 1 échalote, 1 pincée de poivre blanc. Sauce 1 échalote, 1 carotte, 1 poireau, 1 bouquet garni, 1,50 l vin rouge, 1 l de fond de veau. accompagnement 300 g de carottes, 500 g de champignons. Dressage 10 huîtres, 1 pomme verte, 1 botte de ciboulette. Saisir des deux côtés le paleron de bœuf, le déposer dans un plat allant au four accompagné de la garniture aromatique (carottes, oignon, ail, thym, échalote, poivre blanc, laurier). Couvrir d’eau et cuire 8 heures à 150 °C. Pour la sauce vigneronne, faire réduire le vin rouge avec l’ensemble des ingrédients, puis ajouter le fond de veau. Dans une cocotte, disposer les carottes et les champignons préalablement poêlés et le paleron. Recouvrir de la sauce vigneronne. Ajouter le mélange huîtres hachées, ciboulette et pomme verte. Page réalisée Par Charlotte langrand Photos : t. DhELLEMEs ; R. BaLancouRt ; L. Fau/stuDIo DEs FLEuRs ; J. LIMont ; J. DE FontEnaY PouR LE JDD ; PLaInPIctuRE/FancY ; DR jaune des Landes, thym, laurier, 1 gousse d’ail. 1 noix de ris de veau de Farce 180 g, 1 échalote, 30 g 180 g de blanc de beurre, de volaille, 2 œufs, 15 cl 10 cl de vin blanc. de crème liquide, 25 g de 300 g de champignons truffe hachée, 1 l de fond de Paris, 1/2 citron, 30 g blanc, et 50 g de beurre, 50 g sel et poivre. de farine, 12 cl 6 ailerons de volaille de crème liquide. ingrédients 2 disques de pâte feuilletée, 1 œuf (dorure). Placer une assiette sur un disque de pâte feuilletée pour découper une bande de 2 cm. Sur une plaque, humecter les bords du second disque, puis déposer la bande pour former le vol-au-vent. Inciser le contour. Réserver 30 min au frais. Dorer à l’œuf battu. Enfourner 10 min à 180 °C, puis 10 min à 160 °C. Laisser refroidir et découper le couvercle. La farce : hacher le blanc de volaille au mixeur avec 2 œufs, sel, poivre, puis la crème. Incorporer la truffe hachée et placer 1 heure au frais. Dans un sautoir, faire frémir le fond blanc. Former des petites quenelles de farce, les faire cuire 1 min. Réserver au frais. Faire suer l’échalote dans le beurre, ajouter le ris de veau assaisonné, le vin blanc, couvrir et cuire 12 à 14 min. Le couper en cubes après refroidissement et réserver. Porter à ébullition 20 cl d’eau, le jus d’un demi-citron, le beurre. Ajouter les champignons et cuire 2 min à feu vif. La sauce : faire un bouillon avec le fond blanc et le jus des champignons. Cuire 1 min le beurre et la farine, incorporer le bouillon, cuire à feu doux 15 min après ébullition. Filtrer, ajouter la crème liquide et incorporer les éléments de la farce. Faire mijoter 3 à 4 min. Garnir le feuilletage tiédi. b HäageN-DazS La marque de crèmes glacées s’associe à la célèbre designer Paola Navone pour une bûche éphéméride aux 31 piliers de glace au chocolat blanc et vanille, dark chocolate & almonds ou macadamia nut brittle & dulce de leche. Le calendrier, pour 12 pers., 59 €. b SHaNgri-La Le chef pâtissier Michaël Bartocetti a converti sa bûche en « sphère de Noël », alliant chocolat croquant et vivacité des fruits et des agrumes. Pour 6 à 8 personnes, 108 €. b LeNôtre-HermèS Lenôtre et « petit h », le laboratoire de recherche d’Hermès, ont imaginé une bûche inspirée des matières premières et outils de l’atelier de maroquinerie. Un trompe-l’œil étonnant de dés, fils, pièces de cuir… La bûche à trésors, pour 10 personnes, 130 €. b CHriStoPHe miCHaLak-PLaza atHéNée Le chef pâtissier a imaginé un minipiano de cuisson avec ses casseroles, feux et torchons pour régaler de croustillant gianduja, biscuit, marmelade mandarine et mousse au chocolat. Pour 6 à 8 personnes, 125 €. b auberge Du Jeu De Paume Le restaurant de Chantilly et son chef pâtissier, Joachim Bendacha, évoquent les œuvres paysagères dessinées par le maître jardinier Le Nôtre pour le parc du château. Résultat, une bûche verte flashy en forme de labyrinthe. Pour 5 personnes, 55 €. b PatriCk roger-La réServe PariS Quatre boules du sapin de Noël se sont échappées pour s’inviter dans votre assiette… Voici l’idée du chocolatier Patrick Roger pour évoquer les souvenirs d’enfance liés aux fêtes. Pour 4 personnes, 70 €, à commander sur [email protected] dans l’air l’autre thé Douceur de Noël Il s’appelle le Thé des Mamans et peut faire un joli petit cadeau pour les fêtes. Thé vert biologique de Chine aux arômes de fraise et de framboise, il est parsemé de boutons et de pétales de roses. Un grand classique de la jeune maison parisienne fondée en 2003 par Arnaud Dhénin. À partir de 6,90 €. lautrethe.com 40 | dimanchesport jdd | 20 décembre 2015 LIGUE 1 Impérial à Caen, le PSG termine la phase aller du championnat avec 51 points. Du jamais-vu Caen 0 PSG 3 Di Maria (17e, 50e), Ibrahimovic (36e) S MICKAËL CARON @CARONJDD ix jours après avoir humilié Lyon (5-1), le PSG a continué son entreprise de démolition de l’OL, en améliorant d’une unité son record de 50 points à misaison, établi en 2006-2007 sous Gérard Houllier. Avec 19 points d’avance sur son second Monaco, le quatrième titre de champion à la suite est dans la poche. Certes, cela en fait encore trois de moins que l’OL sur la décennie précédente. Mais la dynastie semble susceptible de s’étirer davantage, à la faveur de moyens démesurés chaque saison et de l’écroulement total de l’adversité. Meilleure attaque d’Europe Paris est invaincu à la fin de la phase aller et n’a plus perdu en Ligue 1 depuis neuf mois. C’était le 15 mars, à Bordeaux (3-2). Une autre époque où la défaite, déjà rare, restait néanmoins une hypothèse. Elle ne l’est plus. Surtout pas quand Laurent Blanc aligne son meilleur onze, preuve qu’il est davantage pressé, pour l’heure, de signer des records qu’un nouveau contrat. « Il n’est pas si anecdotique que ça car il conclut une année civile très, très bonne et un état d’esprit irréprochable malgré les états d’âme qui peuvent exister », mesure l’entraîneur, après ce premier pas vers la postérité. À son rythme impitoyable, le PSG peut exploser le record du nombre de points en fin de saison, qu’il détient déjà (89 en 2013-2014). Voire devenir le premier champion à 100 points ! Le milieu caennais Nicolas Seube résume le sentiment général en lâchant : « Ils ne sont même pas à fond… » Cette saison, affronter les smicards de la L1 n’érode même plus la Toujours plus fort motivation des milliardaires parisiens. Certes, l’ange Di Maria a moins fait parler sa magie technique qu’il n’a exploité une erreur de relance, au quart d’heure de jeu, puis la pesanteur qui a ridiculisé Rémy Vercoutre, sur le troisième but. Entre-temps, Ibrahimovic avait marqué son 90e but en L1 d’une volée de plomb aux 20 mètres, flashée à 97 km/h ! Ce PSG est, avec 48 buts, la meilleure attaque des cinq premières ligues d’Europe (devant les 47 de Dortmund, qui a deux matches en moins). Tout est en place pour s’emparer d’autres records, celui de Nantes en 1994- 1995, invaincu pendant 33 journées. Ou imiter Arsenal, sans défaite en championnat en 2004. Rendez-vous en C1 Il n’existe toutefois aucune statistique pour mesurer la qualité de certaines phases, qui n’aboutissent pas toujours mais régalent les amoureux du football. Mieux vaut écouter le murmure de plaisir qui parcourt les stades, comme Michel-d’Ornano hier, sur des séquences d’exception. Vu de France, le Qatar a tué la compétition mais redonné vie au jeu. Mais ce bonheur de spectateur ne peut suffire à Nasser Al-Khelaïfi, qui verrait d’un bon œil l’arrivée d’un gros investisseur au chevet d’un rival afin de hausser le niveau de la L1 et, dans l’élan, propulser son club au-delà des quarts de finale de la C1, son seuil de compétence actuel. Parce qu’il connaît l’attente de ses patrons, Blanc ne s’autorise qu’un demi-sourire de contentement. Derrière ses lunettes, son regard est déjà porté vers le mois de février et les retrouvailles avec Chelsea. C’est ce rendez-vous européen, puis les suivants espérés, qui donneront du sens aux records de décembre. g Scène de joie pour célébrer le 15e but de Zlatan cette saison en championnat. NolweNN le Gouic/icoN Sport Toulouse 1 Lille 1 Bastia 2 Reims 0 Ben Yedder(68e) Boufal (87e) Ayité (21e), Romain (79e) « En Normandie, on est assez chauvin » ORELSAN Le rappeur multiplie les clins d’œil au club de Caen dans son premier film et ses chansons INTERVIEW MICKAËL CARON @CARONJDD Aurélien Cotentin, 33 ans, plus connu sous le nom d’Orelsan, était invité hier au stade Michel-d’Ornano, avec son compère Gringe, du duo Casseurs Flowters et du programme court Bloqués sur Canal +. La conclusion ludique de la promotion du premier film du rappeur, Comment c’est loin, coréalisé avec Christophe Offenstein. Le club de sa région d’origine y est largement mis en avant. « Malgré le mauvais résultat contre le PSG, nous a-t-il dit dans la soirée, je suis dégoûté d’avoir raté ça ». Depuis quand suivez-vous le stade Malherbe de Caen ? Je viens d’Alençon mais mes cousins vivaient à Caen. J’ai découvert le vieux stade de Venoix lors d’un match contre l’OM de Papin, Waddle, Boli. On a vu passer des stars dans les équipes adverses mais ce qu’on aimait, c’est soutenir nos joueurs. Dans ma famille, tout le monde était abonné. Deux cousins ont aussi fait celiK erKul/MAXppp mascotte du club pendant trois ans. Ça m’aurait amusé d’essayer… Plus tard, j’ai déménagé à Caen. J’ai vécu à 300 m du stade. Du coup, j’y allais plus souvent. Par contre, je ne connais aucun chant de supporters, au contraire de mon frère. Il est d’ailleurs devenu journaliste sportif [à Canal+]. Pourquoi avoir tourné une longue séquence devant le stade ? Oui, sous l’Abribus juste devant, parce qu’on habitait vraiment là ! Lorsque je n’avais pas de billet, il m’arrivait de rester devant les tourniquets à manger des merguez avec les vendeurs ambu- lants. J’aimais bien l’ambiance. entre 1991 et 1993]. J’ai conservé Dans le stade, on a aussi tourné une dizaine de maillots de plusieurs époques. Ils sont en borle clip de Des histoires à raconter. Depuis trois ans que j’habite del chez moi. J’en ai plein de NBA à Paris, je ne viens plus qu’une aussi car je suis encore plus basket ou deux fois par an. Mais on que foot. J’étais même l’un des amdiscute avec les dirigeants pour bassadeurs de l’Euro en septembre associer nos images à travers mais à cause du montage du film, je n’ai pas pu voir un match. ma marque de fringues [Avnier, lancée en 2014]. En Normandie, Pourquoi faites-vous une on est assez chauvin. J’aime dédicace à Franck Dumas dans le bien ce côté américain d’affifilm ? cher fièrement l’endroit d’où on Parce que j’avais un poster de vient. Dans le film, j’ai foutu du lui dans mon salon il y a quelques Malherbe partout : des fanions, années. C’est une publicité qu’il des écharpes dans les bagnoles avait faite pour un magasin de et même un maillot de Xavier meubles lorsqu’il entraînait Caen [2005-2012]. À l’époque, Gravelaine [attaquant internaon aimait bien tional 1991-1993, aujourd’hui direcregarder ses inteur général] que « J’avais un poster terviews, pour se l’on voit de loin. de Franck Dumas marrer. Il avait côté rustre, Vous l’avez dans mon salon » un un peu fou. rencontré ? Non. On lui a Suivez-vous les juste demandé de résultats actuels nous filer des gadgets et il a fait de Caen, qui fait sa meilleure passer un maillot de la saison saison depuis 1992 ? dernière avec son nom floqué au Je ne connais plus un joueur ! dos. En revanche, je ne me rapOn me chambre souvent car je pelle pas bien de lui comme joueur, suis un mauvais supporter : quand ils font le Yo-Yo avec la bizarrement. Gamin, les noms qui m’ont marqué, c’est Dedebant et Ligue 2, je me fous de leur gueule Görter [milieu néerlandais au club et je m’y remets la saison où ils font un super début. Ça a l’air parti pour durer, cette fois. En fait, l’histoire que j’ai suivie le plus l’année dernière, c’est cette affaire de corruption en L2 où le club a été cité [pour un match présumé truqué contre Nîmes]. C’était marrant parce que les pots-de-vin, c’était vraiment du vin ! À Paris, vous n’avez pas succombé à l’attrait du PSG ? Ça me laisse froid, je m’en fous complètement. Je supporte un seul club. Gringe vient de Cergy, il a des potes qui suivent vachement le PSG mais, lui et moi, on ne se chauffe pas trop sur le foot. Je ne suis jamais allé au Parc alors qu’on me l’a proposé plusieurs fois. Je viens d’avoir deux années très chargées. Mes rares moments libres, je n’ai pas envie de les passer au milieu d’une foule qui crie. Beaucoup de rappeurs, comme Booba ou Rohff, sont fans de foot. Vous formez une communauté ? Un peu, surtout quand on enregistre en studio. À une époque, on se retrouvait en groupe autour de la console de jeux : la PES [jeu de foot], ça socialise ! Il m’est d’ailleurs arrivé de choisir Caen. Mais pas trop non plus car j’aime bien gagner… g football | sport | 41 jdd | 20 décembre 2015 Mbappé sur les traces de Henry un ancien de la maison, Thierry Henry. Un peu pour son parcours : une enfance en région parisienne et un transit par l’INF Clairefontaine. Mais surtout par son style. « Kylian a beaucoup d’aisance technique, il est très fort sur la première touche et le un-contre-un. Reste à trouver son vrai poste, excentré ou dans l’axe », observe Jean-Claude Giuntini, qui l’a dirigé en équipe de France U17. MonaCo L’attaquant, 17 ans aujourd’hui, est vu comme un phénomène. L’aSM se démène pour lui faire signer un premier contrat pro DaMIEn BURnIER @initialsDB Pour l’heure, la consigne au club est claire : ne pas parler de Kylian Mbappé. Il y aurait des choses à dire pourtant. Un attaquant de 16 ans qui déboule en L1 début décembre, signe une passe décisive à Tottenham en Europa League, enchaîne avec une première titularisation en Coupe de la Ligue, voilà qui n’est pas banal. Prompte à vanter les jeunes incarnant son projet, l’ASM fait une exception. « Pas le bon timing », nous explique-t-on. Officiellement, il s’agit de le « protéger ». Officieusement, il faut surtout ne pas interférer sur les discussions en cours. Mbappé est en fin de contrat aspirant et les cadors sont à l’affût : Real, Bayern, Dortmund, PSG, Lyon. Le laisser filer serait un mauvais signal alors que le club n’a plus formé de joueur majeur depuis Kurzawa. Et au contraire beaucoup dépensé pour recruter de jeunes talents, essentiellement à l’étranger. Vadim Vasilyev devra mettre le prix. Inutile de passer par la case stagiaire, ce sera direct un contrat pro, à un tarif très au-dessus des standards juvéniles. Avec une prime à la signature qui, selon nos informations, s’élèvera au minimum à un million d’euros. Trop d’égards pour un élément qui évoluait encore avec les U17 en 2014 ? Pas forcément. Pour beaucoup, Mbappé rappelle Accueilli au Real par Zidane Adoubé par Jardim, l’insouciant Mbappé vit aujourd’hui sa vie en accéléré. Mais il a eu le temps de s’y préparer. À 11 ans, il visitait les installations de Chelsea. À 14, c’est le Real Madrid qui l’invitait, avec Zidane à l’accueil. « Le plus beau jour de sa vie, se souvient son père, Wilfried. Le Real, c’était tentant, mais on ne regrette pas d’avoir choisi Monaco. Le club permet à Kylian de s’exprimer, on est sur la même longueur d’ondes. » Dans la famille, le sport, on maîtrise. Le père est formateur à Bondy (Seine-SaintDenis), l’oncle coordinateur sportif à Sedan (National), la mère ex-handballeuse pro. Il y a enfin, par adoption, le grand frère footballeur, Jirès Kembo-Ekoko, passé par Rennes. « Avec Ky l i a n , i l s sont fusionnels, ils se parlent tous les jours », raconte Wilfried, en prem i è re l i g n e pour gérer la carrière du cadet, qui fête ses 17 ans ce dimanche. « Quasiment tous les gros agents nous ont sollicités. Pour l’instant, on n’a besoin de personne. » g Kylian Mbappé. Icon Sport troyes 0 Monaco 0 Guingamp 0 Lorient 0 Rennes 2 nantes 0 Dembele (63e), Sio (78e) Vendredi Nice-Montpellier 1-0 Classement J G n p bp bc diff. 1 paris SG 51 19 16 3 0 48 9 39 2 Monaco 32 19 8 8 3 25 23 2 3 angers 31 18 8 7 3 17 10 7 4 Caen 30 19 9 3 7 21 22 -1 5 nice 29 19 8 5 6 32 23 9 Meilleurs buteurs 6 Rennes 27 19 6 9 4 25 21 4 7 Lorient 26 19 6 8 5 27 26 1 15 buts : Ibrahimovic +1 (Paris SG) ; 11 buts : Moukandjo (Lorient), Batshuayi (Marseille) ; 10 buts : Cavani (Paris SG) ; 7 buts : Ben Arfa, Germain (Nice) ; 6 buts : Delort (Caen), Lacazette (Lyon), Ninga (Montpellier), Di Maria +2 (Paris SG), Braithwaite (Toulouse)... 8 Lyon 26 18 7 5 6 22 21 1 9 Saint-Etienne 26 18 8 2 8 21 22 -1 10 Marseille 24 18 6 6 6 27 20 7 11 Lille 24 19 5 9 5 15 13 2 12 nantes 24 19 6 6 7 14 17 -3 aujourd’hui Saint-Étienne-Angers Stade Geoffroy-Guichard (14 h, beIN) Bordeaux-Marseille Stade Matmut Atlantique (21 h, Canal+) pts 13 Montpellier 22 19 6 4 9 22 25 -3 Vendredi 8 Janvier 14 Bastia 22 19 6 4 9 20 24 -4 PSG-Bastia (20 h 30, beIN) 15 Bordeaux 22 18 5 7 6 22 27 -5 16 Gazélec-ajaccio 21 18 5 6 7 18 21 -3 17 Reims 21 19 5 6 8 19 24 -5 18 Guingamp 19 19 5 4 10 17 27 -10 19 toulouse 17 19 3 8 8 20 troyes 8 0 8 11 10 35 -25 20e journée Samedi 9 Lyon-Troyes (17 h, Canal+), Rennes-Lorient ; Reims-Toulouse ; Montpellier-Bordeaux ; AngersCaen ; Monaco-Ajaccio (20 h, beIN). Dimanche 10 Nantes-Saint-Étienne (14 h, beIN) ; Lille-Nice (17 h, beIN) ; Marseille-Guingamp (21 h Canal+). 19 21 33 -12 Olivier Miniconi, vendredi dans une de ses pâtisseries ajacciennes. GrazIanI – Sanchez/ cryStal pIctureS pour le JDD Miniconi à la baguette aJaCCIo Patron de boulangeries, le président du Gazélec a contribué à changer l’image du promu corse StéphanE CoLInEaU @StephColineau Club le plus désargenté de l’histoire moderne de L1, le Gazélec Ajaccio défie l’Olympique Lyonnais cet après-midi. La dissymétrie entre le promu corse et le septuple champion de France est cocasse : budgets (14 millions d’euros contre 170 millions), salaires (11.000 € de moyenne à Ajaccio, plus de 300.000 € pour les stars lyonnaises), stades (5.000 places contre 60.000). Elle se décline jusqu’aux présidents. Le roué Jean-Michel Aulas, 66 ans, a fait fortune dans l’informatique. Olivier Miniconi, plus jeune président de L1 à 40 ans, est boulanger. Un boulanger certes prospère, à la tête de sept établissements de la région d’Ajaccio, mais un artisan lancé chaque matin à 5 heures dans la tournée de ses commerces. Cet été, alors que le Gazélec accédait pour la première fois dans l’élite, il pétrissait du pain dans son magasin du cours Napoléon. « Et oui, obligé, c’est le métier ! Je montre l’exemple à mes employés », lance-t-il, amusé par l’effet produit chez son interlocuteur. Atavisme, du pétrin au stade Miniconi sait cuire les viennoiseries, se débrouille en pâtisserie, choisit les noms de ses échoppes : La Table à pain ou Le Fournil de Marius, en hommage à son père, fondateur de quatre des boulangeries familiales. Bac + 5, diplômé en gestion des entreprises, il n’était pourtant pas formaté pour les croissants. Mais quand la santé de son père, aujourd’hui décédé, a décliné, il a pris la suite, plutôt que de rejoindre une entreprise sur le continent, comme il l’envisageait. Autre atavisme, son engagement auprès du Gazélec. Marius Miniconi fut dirigeant et sponsor de ce club fondé par des employés d’EDF-GDF. Cent mètres séparaient son domicile, collé à la boulangerie Au pain blanc, de Mezzavia, le nom commun du stade Ange-Casanova. Les jours de match, il les parcourait avec ses fils Olivier et Jean-Michel, l’aîné, devenu expert-comptable du club. « Des moments d’exaltation », se souvient Olivier Miniconi, qui date l’irréversibilité de son attachement à 1983. Il a 8 ans quand « le Gaz », alors en troisième division, élimine les professionnels de Toulon en 16es de finale de la Coupe de France, dans À le voir, si courtois, difficile de une enceinte survoltée. concevoir que la première occurLe club végète en CFA quand rence de Google attachée à son il s’y investit, d’abord en tant que nom se rapporte à la « Bande du sponsor, puis comme président de Petit Bar », un groupe armé resl’association en 2007, de la section ponsable de plusieurs assassinats professionnelle en 2012. Ces cinq en Corse du Sud, notamment de dernières saisons, le Gazélec a connu proches d’Alain Orsoni, ancien leaquatre montées et une descente. La der nationaliste et ex-président de croissance n’a pas été sans crises. l’autre club professionnel d’Ajaccio. « Le club a failli disparaître à cause Miniconi a été soupçonné d’avoir de nos conneries », admet Miniconi. fourni à l’un des membres du gang En mai 2012, le directeur sportif un emploi de complaisance, puis a ajaccien Christophe Ettori, ancien été blanchi : « Ajaccio est un village. joueur pro et ami de jeunesse, est On se connaît tous, on était souvent condamné à 1.500 euros d’amende à l’école ensemble. Alors, quand vous pour l’agression de l’entraîneur pouvez donner un boulot à quelqu’un du Paris FC, Alain M’Boma. En qui en a besoin, vous le faites. Mon février 2013, c’est Miniconi luipère l’a fait, je le fais », justifie-til, dénonçant les même qui assène un coup de pied à « Notre intérêt articles sur le foot un joueur lensois, corse « où il n’est sur le terrain. « Je passait par l’arrêt question que de banditisme ou de vivais mon année des mauvais la plus noire avec nationalisme ». le Gazélec, on avait comportements, plein de soucis. À d’autant qu’ici, tout Popularité un moment, ça a médiatique explosé », s’excuse- prend un écho La réputation a t-il. Trois mois plus terrible » la vie si dure qu’il y tard, Mezzavia est a presque un parasuspendu après de doxe à voir un club nouveaux incidents, lors d’Ajacinsulaire attirer la sympathie du cio-Monaco. Le club traverse une continent et une certaine populamauvaise passe financière. « Il y a rité médiatique et sur les réseaux les sous qu’on laisse, et ceux des amis sociaux. Les joueurs du Gazélec, atypiques et accessibles, y sont qu’on sollicite… C’est de la folie », pour beaucoup. À mille lieues du souffle-t-il. star-system et des affaires, Rodéric Petit Bar et coup de main Filippi s’est présenté à une interview Les temps ont changé. Auà L’Équipe avec sa mère, curieuse jourd’hui, le Gazélec grandit. Minid’y assister. Le défenseur barbu ne coni espère augmenter la capacité connaît pas le nom de ses adverdu stade à 7.800 places, « en faisant saires, envisage de devenir chauffeur déménager le supermarché qui est poids lourd. Le gardien, Clément derrière nos buts ». Surtout, on parle Maury, bac +5, s’exprime avec l’assusurtout du club pour son actuelle rance d’un cadre d’entreprise. réussite sportive : une série de cinq « Chez nous, la mentalité passe victoires et trois nuls alors qu’on lui avant le talent au moment de recrupromettait déjà un retour en L2. Il ter. On ne veut pas d’individualistes. laisse les scandales et les violences Nos forces sont la solidarité et le traà d’autres. « On a pris conscience que vail, même s’il y a aussi beaucoup de notre intérêt passait par l’arrêt des compétence », souligne Miniconi. mauvais comportements, d’autant La boulangerie n’est pas loin : « Je que tout prend un écho terrible si vois mes employés accomplir des c’est en Corse. Soit on acceptait les tâches très contraignantes, les joueurs règles du monde pro, soit on jouait doivent cultiver cet état d’esprit. » g en DH… », raconte Miniconi, soucieux de la nouvelle image de son ajaccio club, de l’accueil des adversaires : Stade Ange-Casanova (17 h, beIN) « Je dois être le seul en L1 à inviter Lyon le président adverse à déjeuner les jours de match ! » 42 | sport | football JDD | 20 décembre 2015 Denisot veut jouer le médiateur lFp l’ancien président du psG s’est proposé pour arbitrer le conflit entre la l1 et la l2 FiFa L’ancien n° 10 attend son jugement, demain. Sans trop y croire malgré les efforts de ses défenseurs stÉphane Joby Platini sans illusion laurent ValdiGuiÉ et stÉphane Joby C’est demain à 10h que Michel Platini sera fixé, en principe, sur son sort. C’est en tout cas ce qu’a annoncé Marc Tenbücken, porte-parole de la chambre de jugement de la commission d’éthique. Si cette dernière suit les accusations de corruption, comme l’a demandé vendredi lors de l’audience Vanessa Allard, l’enquêtrice de la commission, le Français risque d’être radié à vie des instances du football. Et éliminé de la course pour la présidence de la Fifa, en février 2016, et déchu de la direction de l’UEFA. Vendredi, à Zürich, les quatre juges de la chambre présidée par Hans-Joachim Eckert ont entendu pendant près de trois heures l’enquêtrice trinidadienne lire son rapport d’accusation à charge, fondé sur des « suppositions », comme le dénonce le camp de l’ancien n° 10 depuis plusieurs semaines. Allard entend démontrer que Michel Platini a perçu 1,8 million d’euros (2 M de francs suisses) en 2011 en contrepartie de sa non-candidature à la présidence de la Fifa face à Sepp Blatter. En échange de ces fonds, Platini aurait fait la campagne pour la réélection du Suisse la même année. Elle estime que la défense du Français, consistant à dire que les fonds perçus correspondaient à un reliquat de salaires pour les années 1998-2002, ne serait qu’un « habillage ». « Déjà jugé, déjà condamné » Vendredi, dans une salle équipée d’un brouilleur pour qu’aucune transmission ne soit possible pendant l’audience, Me Thibaud d’Alès, accompagné de deux assistants, a un nouvelle fois plaidé l’innocence. Après avoir lu en préambule une lettre de son client jus- tifiant son absence parce qu’il s’estimait « déjà jugé, déjà condamné », l’avocat a plaidé pendant plus de cinq heures de rang. Il est allé au bout de son volumineux mémoire de 120 pages contenant notes, témoignages de personnalités et d’experts juridiques, calendrier et coupures de presse, pour démontrer point par point que la thèse de l’accusation est « impossible » et ne repose sur aucune preuve. « Au contraire, confie un proche du président de l’UEFA. Tout prouve qu’il n’a jamais été question que Platini soit candidat à la Fifa cette année-là, et qu’il n’a soutenu Blatter qu’au dernier moment. » Autre pièce, majeure, de la défense Platini, le document retrouvé dans les archives de l’UEFA et qui prouve que le soutien de tapie Ce n’est peut-être pas la déclaration de soutien que Michel Platini mettra le plus avant dans ses mémoires, mais, en cette période sombre, tout appui réchauffe le cœur. Bernard Tapie a peu d’illusion sur les mœurs en cours à la Fifa mais il n’a en revanche aucun doute sur la probité du patron de l’UEFA : « J’affirme sur l’honneur que Michel Platini n’a jamais été concerné par les magouilles de la Fifa. Ce n’est pas un homme d’argent, c’est le contraire d’un magouilleur pour le fric. Ce n’est pas un enfant de cœur, il peut se battre, mais il déteste l’argent, ce n’est son truc… Je crois que Blatter a pensé que cela pourrait le sauver de mouiller Platini. Il risque maintenant de l’entraîner dans sa chute. » JeaN-FRaNçOis OttONeLLO/MaXPPP la mission et le salaire de Platini étaient connus à l’époque, comme l’a révélé le JDD du 6 décembre. Le mémo a été rédigé en 1998 par l’Allemand Gerhard Aigner, surnommé « Big A » à cause de sa signature, un A en capitale. Selon nos sources, ce dernier a écrit cette semaine à la commission d’éthique pour reconnaître qu’il avait bien rédigé la note, sans toutefois se souvenir de ses sources à l’époque. Le document parviendra-t-il à renverser la vapeur ? L’espoir d’un complément d’enquête Dans la lettre acide à ses juges, auxquels il reproche leur impartialité, Platini ne semble plus guère y croire : « Je n’ai plus confiance dans les instances disciplinaires de la Fifa. » Alors qu’il est sous la menace du carton rouge, il annonce qu’il restera actif dans ce sport qui l’a fait roi, même en passe d’être déchu : « Toute ma vie, je continuerai, à mon niveau, à défendre […] mes convictions, celles d’un football propre, d’un football conforme à l’éthique et à la morale. » La balle est dans le camp du juge Eckert, qui a tenu cette semaine a revendiqué publiquement son indépendance. Va-t-il juger qu’il y a corruption, ce qui conduirait à radier Platini ? Va-t-il lever le soupçon de corruption pour ne maintenir que des accusations de déloyauté ou de conflit d’intérêt, ce qui vaudrait une suspension de quelques années ? Va-t-il au contraire demander un complément d’enquête sur la base des éléments nouveaux apportés par la défense ? En cas de décision favorable, Platini, comme Sepp Blatter d’ailleurs, se tournera vers la commission de recours de la Fifa puis, si besoin, devant le Tribunal arbitral du sport. g @JobyJdd Tout juste nommé au conseil d’administration de la Ligue (LFP), en tant que représentant de la Fédération française, Michel Denisot n’a pas tardé à se manifester. Selon nos informations, le patron du magazine Vanity Fair s’est proposé ces derniers jours pour jouer le rôle de médiateur dans la crise entre les clubs de L1 et de L2, désormais divisés en deux syndicats concurrents (Première Ligue et l’UCPF). Pour tenter de sortir de la crise, ceuxci vont organiser une réunion début janvier à laquelle participeront quatre représentants de chaque camp. Les présidents des deux syndicats (Bernard Caïazzo et Guy Cotret), qui se sont beaucoup invectivés ces derniers temps, n’en seront pas, dans un souci d’apaisement. Jean- Claude Blanc (PSG), Jean-François Fortin (Caen), René Ruello (Rennes) et Michel Seydoux (Lille) seront les représentants de Première Ligue ; l’UCPF désignera les siens avant Noël, vraisemblablement autour de Claude Michy (Clermont) et Bertrand Desplat (Guingamp). Des sujets qui fâchent En marge du dernier conseil d’administration de la Ligue, jeudi, quelques personnalités ont été sondées pour animer les débats, no- tamment l’entrepreneur Didier Quillot, un des membres indépendants du CA. Michel Denisot, lui, a offert directement ses services. Les « belligérants » devraient toutefois repousser poliment la proposition de l’ancien président du PSG et actuel vice-président de Châteauroux. D’abord parce qu’ils estiment être capables d’aboutir seuls à un consensus sur les sujets qui fâchent (système de montées-descentes, répartition des droits télé, composition du CA). Il y a aussi la volonté de ne pas transformer leurs travaux en marchepied pour les ambitions politiques de Denisot, ou d’un autre. Le profil pour remplacer Thiriez Lors de son premier conseil d’administration, jeudi, l’ancien patron des sports de Canal + s’est présenté rapidement, en rappelant qu’il avait tout connu dans le football. « Je suis là pour servir », at-il dit humblement. Pour de nombreux présidents de club, de L1 comme de L2, son parcours et son aura médiatique lui donnent surtout le profil idéal pour remplacer Frédéric Thiriez. Le mandat du patron de la Ligue, très bousculé ses derniers mois, arrive à échéance fin 2016. Non élu, donc non révocable, Denisot a été nommé par Noël Le Graët, ennemi déclaré de Thiriez. Certains ont toutefois noté que, jeudi, il avait voté, aux côtés des clubs de L1, la suppression du versement à la L2 de la dotation de solidarité UEFA. g 70.000 fans derrière les Bleus ÉQuipe de FranCe le Club Les membres du Club des supporters bénéficient d’avantages, de services exclusifs, d’événements et d’animations pour une cotisation très abordable (20 € au maximum). des supporters, créé il y a vingt mois par la FFF, a pulvérisé ses objectifs solen Cherrier @SolenJDD À six mois de l’Euro, le Club des supporters de l’équipe de France recense près de 70.000 membres, pas très loin de ce qui se fait en Allemagne (75.000). En le lançant avant le Mondial 2014, la Fédération française (FFF) ciblait 50.000 adhérents pour l’Euro 2016, ce qui semblait alors très ambitieux. Objectif explosé, si bien que la directrice générale Florence Hardouin en a fixé un nouveau lors de la dernière assemblée fédérale : 80.000, soit la capacité du Stade de France. Il devrait être rapidement atteint, d’autant que l’adhésion permet d’être tiré au sort pour gagner les dernières places à vendre pour les matches des Bleus en juin. Pour mémoire, dans les années de gloire Matthieu RONDeL / haNsLucas (1998-2000), le club des supporters, alors incarné par Francis Lalanne, a dénombré 11.000 membres au mieux. La FFF a ouvert un chantier pour offrir un vrai soutien populaire à la sélection. Avantages, services exclusifs, événements, animations pour une cotisation très abordable (20 € au maximum). L’opération lui coûte environ 100.000 € annuels. Un investissement nécessaire tant le manque d’ambiance plombe les matches des Bleus depuis des années. Puisqu’il n’y a pas de mouvement de soutien à l’échelle du pays, la FFF a décidé de le prendre en main. « Dans beaucoup de clubs, il y a une culture stade, souligne Florent Soulez, en charge du dossier à la Fédération. Il faut aider les fans à venir vivre leur passion comme dans leur club, sans verser dans le “trop marketing”. Le but est de mettre en place un cercle vertueux. Que les joueurs sentent qu’il y a un public derrière eux, qu’ils en soient fiers. Une enceinte qui pousse peut faire la différence. » Moins de 35 ans et féminin Au Stade de France, un capo est ainsi chargé de coordonner la tribune nord où se massent 4.500 personnes, parmi lesquelles l’association Irrésistibles Français est bien représentée (1.200 adhérents). Sans référent culturel, il a été choisi d’adapter à la sauce bleue les chants que l’on entend dans les principales enceintes de l’Hexagone. À contre-courant politique de la Fifa, la FFF encourage les gens à rester debout. Elle a même négocié cette tolérance avec les services de sécurité. Cela reste bon enfant, loin de l’imagerie ultra. Mais c’est une première étape pour dépoussiérer le cliché du fan franchouillard à la Clément d’Antibes. La moitié des membres ont moins de 35 ans et il y a 20 % de femmes. « On veut casser l’image d’un stade froid et de “Footix” [spectateurs qui ne connaissent rien et supportent surtout l’équipe qui gagne]. Mais ça prend du temps », dit Florent Soulez. Passées les animations d’avantmatch, l’ambiance manque de constance. La traditionnelle « ola » vient régulièrement combler le vide et les fans adverses chantent souvent plus fort. En déplacement, le supporter français demeure discret, loin des marées anglaises, allemandes ou néerlandaises. N’empêche, les Bleus sentent un changement. Ils repèrent désormais systématiquement le cœur de leurs supporters et essayent de nouer un lien. Qu’ils espèrent faire fructifier à l'Euro. g sport | 43 jdd | 20 décembre 2015 « On lutte face à une grosse machine à fric » TENNIS Les descendants de Formigé, l’architecte des Serres d’Auteuil, tiennent tête à la Fédération dans le dossier d’extension de Roland-garros DAMIEN buRNIER Télex Hiddink is back Mourinho limogé, Guus Hiddink a été rappelé par Chelsea jusqu’à la fin de saison. C’est le second intérim du Néerlandais, 69 ans, après celui de 2009. Son contrat paraphé, il a assisté au succès contre Sunderland (3-1). Un match au cours duquel les Blues, coachés par l’adjoint Steve Holland, ont inscrit plus de buts que lors des cinq derniers de l’ère Special One. Athlétisme Diack se défend Soupçonné d’avoir couvert des cas de dopage en Russie, moyennant finances, l’ex-patron de la fédération internationale PAUL FAITH/AFP La venue de dizaines de milliers de personnes pendant quinze jours le menacerait dans son intégrité. C’est un site classé mais quand je vois ce que l’on veut en faire, je me demande ce que ça veut dire. Surtout que la question du manque d’espace se posera encore à moyen terme : la FFT risque de vouloir s’implanter sur tout le Jardin. Les premiers coups de pioche attendront. Avant un jugement sur le fond, le TGI de Paris a ordonné vendredi le gel, pour trois mois maximum, La FFT, qui a mis en doute votre des travaux prévus par la Fédération légitimité en tant qu’ayants droit, française (FFT) dans le Jardin des vous a-t-elle contactée ? Serres d’Auteuil, pour l’extension Il y a un peu plus d’un an et demi, programmée de Roland-Garros, qui Gilbert Ysern [directeur de Rolandcomprend notamment la construcGarros] m’a appelé. Je me demande tion d’un court de 5.000 places. d’ailleurs comment il a eu mon nuCette décision résulte de l’action méro. Il voulait me montrer les plans des héritiers de l’architecte Jeanet que je rencontre Michel CoraCamille Formigé joud [paysagiste (1845-1926), au prenante du « Mme Hidalgo parle partie nom de leur droit projet, décédé en moral sur l’œuvre. beaucoup d’écologie, octobre 2014], qui Déjà soumise à un il serait temps d’être avait été mon procalendrier serré fesseur à l’École nationale supé(livraison espérée cohérent » pour 2019), la FFT rieure de paysage fait appel, « ne douà Versailles. J’ai refusé ! Gilbert Ysern a vite comtant pas que le juge du fond viendra confirmer la solidité juridique du propris que l’opération séduction ne jet, déjà plusieurs fois affirmée par les marcherait pas avec moi. Cela me tribunaux ». Elle bénéficie en outre fait sourire quand les dirigeants de d’appuis politiques, Manuel Valls la FFT disent qu’ils vont embellir ayant arbitré en son sens alors que le lieu. C’est même extraordinaire ! Ségolène Royal, ministre de l’ÉcoN’avez-vous pas le sentiment de logie, penchait pour une solution vous poser en obstacle à un projet alternative. Le projet, insiste la FFT, populaire ? est un « hommage rendu à l’œuvre de On lutte face à une grosse Formigé, qu’en aucun cas il ne saurait machine de communication et de dénaturer ». Son arrière-petite-fille, fric. Mais la pétition d’opposition Virginie Formigé, ancienne archia tout de même recueilli 79.000 tecte-paysagiste, a, bien sûr, une signatures. On nous traite de pasautre lecture. séistes et d’ennemis du sport, c’est En quoi votre famille est-elle heurtée tellement facile… Personnellement, j’aime regarder des matches et je par le projet de la Fédération et de la comprends la part affective que mairie de Paris ? Ce projet est scandaleux. Notre véhicule Roland-Garros. Mais des famille est unanime sur le sujet, études sérieuses, comme celle d’Icomais nous n’agissons pas seulement mos (organisation internationale de en tant que descendants de Jeanprotection du patrimoine), ont été Camille Formigé, très connu à son balayées d’un revers de main par les politiques. C’est triste. Mme époque. Le site est fragile. Non seuHidalgo parle beaucoup de prolement il serait dénaturé sur le plan architectural mais il ne le supportetection écologique, il serait temps rait pas du point de vue paysagiste. d’être cohérent. g Foot Le flanker toulonnais Juan Smith transperce la défense du Leinster. (IAAF), Lamine Diack, dément avoir remis de l’argent au président du Sénégal Macky Sall en 2012. « Pas plus qu’à ses chargés de campagne électorale », complète le communiqué de ses avocats. Diack avait un temps envisagé de se présenter à la présidentielle cette année-là. Ski Fayed s’affirme Derrière l’intouchable Aksel Lund Svindal, Guillermo Fayed, déjà sur le podium à Beaver Creek, a pris la 2e place de la descente de Val Gardena. Le Chamoniard a ensuite oublié ses chaussures dans l’aire d’arrivée et posté une annonce sur Facebook pour les retrouver. La réaction du champion Rugby Malmené au Leinster, le triple tenant toulonnais de la Coupe d’Europe s’est révolté (16-20), et a conservé ses chances de qualification Corrigé sur la pelouse des Wasps (32-6) fin novembre en ouverture de sa poule de coupe d’Europe, Toulon était mal embarqué hier à la pause sur la pelouse du Leinster (16-5). Grâce à une seconde période de haut niveau, les joueurs de Bernard Laporte ont renversé les Irlandais (16-20) et éloigné le spectre d’une élimination aussi précoce qu’humiliante, au regard de leur standing. S’il n’a plus l’appétit de l’ogre qu’il a été, le Leinster a vendu chèrement sa gamelle dans un Aviva Stadium bien garni. Les triples champions d’Europe en titre ont dû leur salut à leurs avants, souverains, multipliant les ballons portés dévastateurs, finalement auteurs des trois essais de leur équipe (Juan Smith à la 27e, essai de pénalité à la 57e, Anthony Etrillard à la 64e). Seul regret, le point de bonus offensif, à leur portée, leur a échappé. Avec huit points, Toulon a tout de même doublé Bath pour se poster à la 2e place. Dotés de 14 points, les Wasps restent loin devant, mais le RCT a match de plus à jouer, et l’avantage de recevoir son rival Anglais au stade Mayol mi-janvier. Comme Toulon, Bordeaux- Bègles a rebattu les cartes dans sa poule, en battant les Gallois des Ospreys (33-27). Le Stade Français a lui aussi entretenu l’espoir face aux Italiens de Trévise (40-14) à JeanBouin, avec une équipe pourtant remaniée. Seul Oyonnax a lâché prise, étrillé à Londres contre les Saracens (55-13), pour se concentrer sur le championnat. Vendredi, le Racing 92, seul français leader de sa poule, avait décroché un nul précieux à Northampton (99). Toulouse, presque éliminé, accueille aujourd’hui la province irlandaise de l’Ulster (14 h, beIN), Clermont, inconstant ces dernières semaines, devra battre les Anglais d’Exeter (16 h 15, France 2, beIN) pour continuer à espérer. S.Co. L’équipe du cahier Paris vous souhaite de joyeuses fêtes et vous donne rendez-vous le 10 janvier. jdd | 20 décembre 2015 dimancheparis |i eXcLUSIF Le réveillon sur les Champs-Élysées, qui a failli être annulé, aura bien lieu le 31. Avec des mesures de sécurité renforcées. Le JDD dévoile le programme, « sobre et digne » Une célébration, malgré tout T Bertrand Gréco ourner la page. En finir avec cette terrible année 2015, qui a si mal commencé et s’est si mal terminée. Malgré la menace terroriste et des forces de l’ordre exténuées, les Parisiens ne seront pas privés de leur rituel réveillon du 31 décembre sur les Champs-Élysées. C’est la décision que viennent de prendre conjointement la maire de Paris, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le préfet de police, Michel Cadot, après de longs jours d’hésitation, ainsi que le dévoile le JDD. Même le président de la République, François Hollande, a été sollicité, et a finalement donné son feu vert jeudi. L’an dernier, 650.000 personnes, Parisiens et touristes, s’étaient retrouvées sur la plus célèbre avenue du monde pour admirer le feu d’artifice tiré depuis l’Arc de triomphe, assister au mapping-vidéo projeté sur l’édifice et hurler joyeusement le décompte des dernières secondes de 2014. Cette année, le choc épouvantable des attentats du 13 novembre a bien failli avoir raison des festivités… « Nous ne nous laisserons pas atteindre, continuons à vivre ! » Sollicité par la Ville, le préfet de police a d’abord été tenté d’interdire purement et simplement ce rassemblement annuel, surtout en plein état d’urgence. « Le risque est élevé dans la période que nous traversons », dit-il (lire les trois questions ci-dessous). Mais pour la maire de la capitale, Anne Hidalgo, il aurait été « inconcevable » d’abdiquer devant les terroristes et de renoncer à cette manifestation. « Nous ne pouvions pas ne rien faire, confie l’édile au JDD. Le peuple parisien et les Français ont besoin de ce passage symbolique à une nouvelle année. Ce n’est ni un caprice de ma part ni de l’entêtement, mais après ce que notre ville a vécu, nous devons envoyer au monde un signal : Paris est debout, fière de son mode de vie et du vivre-ensemble. Nous ne Le 31 décembre 2014, les festivités avaient rassemblé 650.000 personnes sur les Champs-Élysées. Les projections vidéo et illuminations sur l’Arc de triomphe avaient suscité l’enthousiasme des photographes amateurs. Simon Lambert / HaytHam PictureS nous laisserons pas atteindre, nous continuons à vivre ! » D’ailleurs, précise-t-elle, les Parisiens se réunissent « de toute façon » spontanément sur les Champs-Élysées pour le 31 décembre comme pour tous les grands événements. Autant les accompagner et les canaliser, puisqu’une « gestion de foule » est nécessaire. La maire n’oublie toutefois pas le « contexte de deuil et de menace terroriste » : pas question de renouveler la même manifestation de l’an passé. « D’un commun accord avec le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, et le préfet de police – chacun dans son rôle –, nous avons décidé de marquer le changement d’année dans la sobriété et le recueillement. Ce ne sera pas un moment festif – les gens n’ont pas la tête à ça –, mais symbolique », souligne Anne Hidalgo. L’événement initialement prévu par l’Hôtel de Ville a été « reconfiguré, adapté aux circonstances », ajoute son directeur de cabinet, Mathias Vicherat. Quatre écrans géants de 50 m² disposés le long de l’avenue « Il n’y aura pas de spectacle pyrotechnique, pas de grand show », confirme le préfet de police. Le feu d’artifice a été annulé. « Outre la sécurité, c’est une question de décence. Cela aurait été comme déboucher une bouteille de champagne », ajoute le dircab’. De même, le mappingvidéo ne durera pas vingt minutes, comme l’an dernier, mais dix minutes, de 23 h 50 au décompte précédant minuit. Ces images animées et colorées projetées sur les deux côtés de l’Arc de triomphe – modélisé en 3D – sont actuellement conçue par l’agence d’événementiels Auditoire. Avant les attentats, le thème retenu était l’Europe. « Il nous est apparu plus pertinent d’évoquer le vivre-ensemble dans notre ville », indique Mathias Vicherat. Le conseiller artistique d’Anne Hidalgo, chargé des grands événements, Stéphane Fiévet, précise : « Le mapping-vidéo montrera un Paris vivant, en action, et pas seulement meurtri. Il célébrera la vie heureuse dans Paris, avec des silhouettes de couple, d’enfants, de danseurs, des touristes qui déambulent, des gens aux terrasses de cafés, qui vont aux spectacles… Il sera sobre et digne, Michel Cadot, préfet de police de Paris S. muyLaert/WoStok PreSS « Il était exclu d’organiser un grand spectacle » Vous avez finalement autorisé le grand rassemblement du 31 décembre sur les champs-élysées. Pourquoi ? Dans le contexte très particulier lié aux dramatiques attaques meurtrières que notre pays a subies, il était exclu d’organiser une grande fête avec un grand spectacle. Ne serait-ce qu’au nom du respect du souvenir des victimes. Par ailleurs, le risque élevé de menace terroriste n’a pas disparu. Cela conduit à prendre des précautions très fortes. Cela dit, les Parisiens ont pris l’habitude depuis longtemps de se retrouver le 31 décembre en fin de soirée sur le Champ-de-Mars et sur les ChampsÉlysées, pour marquer le passage à une nouvelle année avec d’autres Parisiens. La Mairie de Paris a souhaité organiser cette démarche spontanée de rencontres et de partage. Et nous a demandé de respecter ces habitudes, qui, de toute façon, échappent à tout contrôle. Vous avez été tenté d’interdire ce grand rassemblement sur la voie publique… Pour dire les choses simplement, j’ai clairement indiqué à la maire de Paris que le risque était élevé dans la période que nous traversons. Plusieurs centaines de milliers de personnes rassemblées au même endroit, c’est très difficile à gérer. Avec la menace terroriste, les forces de police ont été extrêmement sollicitées ces dernières semaines. Il n’a jamais été question d’interdire quoi que ce soit, mais il était nécessaire de limiter l’ampleur de la manifestation, sans pour autant céder à une réaction excessive. J’ai rendu compte de mon appréciation au ministre de l’Intérieur, qui a rencontré la maire de Paris. Nous avons trouvé un point d’équilibre entre les mesures de précaution indispensable et l’habitude des Parisiens de se retrouver sur les Champs-Élysées. Nous nous sommes adaptés au contexte. Les forces publiques mobilisées ce soir-là seront-elles récompensées d’une manière ou d’une autre ? La question des marques de reconnaissance à donner aux forces publiques très fortement mobilisées depuis plusieurs semaines dépasse le seul cadre du 31 décembre. Elle est actuellement examinée par le gouvernement, qui donnera des signaux, au-delà des indispensables repos qu’il faudra accorder à ces personnels. D’ailleurs, dès lundi soir, le ministre de l’Intérieur offrira un concert à Bercy – Stars des années 1980 – aux 12.000 agents, pompiers, policiers, agents de la mairie de Paris, des hôpitaux, des forces de secours…, qui ont été engagés les 13 et 14 novembre. ProPoS recUeILLIS Par B.G. coloré et graphique. » La musique doit être reprise en direct sur l’ensemble des Champs-Élysées. Le spectacle s’achèvera par le traditionnel décompte. Pour des raisons de sécurité, quatre écrans géants de 50 m² seront disposés le long de l’avenue, entre l’Étoile et le rond-point des Champs-Élysées, « pour éviter de trop grandes concentrations de population au pied de l’Arc de triomphe », note Michel Cadot. Ces écrans serviront aussi à diffuser des messages appelant à « la plus grande prudence », sans être « anxiogènes ». Certaines stations de métro baisseront les rideaux. Et les Champs ne seront fermés à la circulation automobile qu’à 23 h 15 et rouverts à minuit et demi (contre 3 h du matin en 2014), « afin de limiter le temps de piétonnisation au strict minimum ». Les errements nocturnes de fêtards alcoolisés au beau milieu de l’avenue ne sont pas les bienvenus. Une très forte présence policière est également prévue. « Nous allons mobiliser davantage de policiers que l’an passé [1.700 fonctionnaires en 2014], qui effectueront des contrôles aléatoires accrus. Mais aussi davantage de pompiers, de personnel de secours, de la CroixRouge ou de la protection civile », assure le préfet de police. De son côté, la Mairie propose le renfort de ses agents de la Direction de la prévention et de la protection (DPP), qui joueront davantage un rôle de « médiateurs ». En attendant le mapping-vidéo, l’Arc de triomphe se parera de bleu-blanc-rouge, un drapeau français géant flottant au vent projeté sur la façade de l’édifice. Anne Hidalgo sait déjà qu’elle se rendra sur les Champs-Élysées le 31 décembre au soir. « Pour montrer à ceux qui ont voulu nous abattre qu’ils ne nous auront pas. » g ii | paris JDD | 20 décembre 2015 Pour vivre la magie loiSirS Parcs pour princesses ou manèges pour petits, Père Noël, patinoires et roberT MelCHer Immeuble de la cité HLM Curial Cambrai, dans le 19e. Vincent iSore/iP3 35.000 logements à bas prix pour le Grand Paris inFo JDD Demain, l’État annoncera un partenariat avec une filiale de la Caisse des dépôts pour accélérer la construction de logements sociaux et intermédiaires MaTTHieu peCHberTY @mpechberty Le Grand Paris accélère sur le logement. Demain, le préfet d’Île-deFrance, Jean-François Carenco, dévoilera une convention inédite entre l’État et la Société nationale immobilière (SNI), une filiale de la Caisse des dépôts. Celle-ci gère notamment Grand Paris Habitat, la structure chargée de développer le logement social dans ce nouveau périmètre régional. L’État s’engage ainsi à construire 35.000 logements sociaux et intermédiaires dans les six prochaines années, entre 2016 et 2021. La SNI, déjà engagée sur le Grand Paris, va ainsi bénéficier du soutien des administrations pour mener à bien ces objectifs de logements. D’ici à 2018, elle construira 8.000 logements sociaux et 9.000 logements intermédiaires (à prix modéré) en Île-de-France sur des terrains déjà identifiés comme à Roissy (93), Chelles (77) ou Massy (91) pour les plus gros programmes. Dixhuit mille autres logements seront ensuite construits sur la période de 2018 à 2021, mais sur des terrains qui ne sont pas encore définis. Logements sociaux construits en 2010, rue Émile-Duployé, à la Goutte-d’Or. Jelena StaJic/HanSlUcaS La SNI investira 6 milliards d’euros sur ces projets. « Grâce à cet accord, nous devenons le véritable bras armé de l’État, explique Manuel Flam, le directeur général de la SNI. Nous appliquerons les objectifs du gouvernement en matière de droit au logement ou d’accueil des populations précaires. » C’est précisément ce que cherche le préfet d’Île-deFrance, qui estime que les offices HLM ne produisent pas assez de logements sociaux dans le cadre du Grand Paris. Mettre en selle la filiale de la Caisse des dépôts lui permet de donner un coup de pied dans la fourmilière et de secouer le monde du logement social en favorisant un concurrent. L’État pourra ainsi se targuer de mettre en œuvre une politique publique de logement pour le Grand Paris. Tordre le bras aux élus locaux récalcitrants Pour la SNI, il s’agit surtout d’utiliser l’État pour accélérer ses projets immobiliers, toujours longs à sortir de terre. Demain, Jean-François Carenco s’engagera « à tout mettre en œuvre pour faire délivrer, par les services départementaux de l’État, les agréments et subventions nécessaires à la réalisation des logements ». Manière de dire que tous les échelons publics seront mobilisés. Reste aussi que cet accord sera un levier politique fort pour tordre le bras des élus locaux, qui rechignent à libérer de l’espace foncier. « Certains sont réticents à construire des logements intermédiaires et attirer des classes moyennes qui bouleverseraient leur cartographie électorale », explique étonnamment André Yché, le président de la SNI. D’autres, comme à Sarcelles, refusent d’intégrer plus de logements sociaux, jugent qu’ils en ont déjà beaucoup, et préfèrent davantage de classes moyennes. Pour les forcer, l’État n’hésitera désormais pas à brandir la menace de la préemption des terrains. Car il dispose désormais d’un promoteur à sa main pour construire. g @RobertRmelcher b noël au bois de boulogne Où retrouver Guignol, le Père Noël, des illuminations féeriques et des dizaines d’attractions aux portes de la capitale ? En cette fin d’année, le Jardin d’Acclimatation sort ses plus beaux atours pour séduire les familles. Ateliers de modelage et de cuisine, théâtre et comédies musicales, un bon nombre de divertissements ont été conçus pour ravir les tout-petits, ceux que la magie de Noël enchante le plus. Dès la tombée de la nuit (vers 17 h), des oiseaux géants scintillent dans les arbres, une arche phosphorescente déploie son halo sous lequel marcher, les sapins s’illuminent et des bouquets de lasers multicolores font rêver les aventuriers en herbe. Nonobstant la douceur actuelle, une patinoire de 400 m² accueille champions et débutants (tous les jours de 10 h à 20 h), y compris le jour de Noël et le jour de l’An. Pour les plus petits, à partir de 2 ans, un jardin des neiges et sa patinoire afin de s’initier aux joies du patinage. On a cru comprendre que du 19 au 24 décembre, c’est le Père Noël en personne qui attendrait les enfants pas trop loin de son traîneau et de ses rennes… des neiges. Marché de Noël pour les parents et les gourmands. Jardin d’acclimatation, bois de boulogne (16e). entrée : 3 €, 1,50 € (tarif réduit). ouvert tous les jours de 10 h à 20 h. renseignez-vous sur les horaires des activités sur le site. rens. : 01 40 67 90 85 ou jardindacclimatation.fr. b parades chez la reine des neiges C’est dans un décor unique en Europe que Mickey et ses amis invitent petits et grands à partager la Magie des lumières de Noël. Ce nouveau spectacle du double parc d’attractions à Marne-la-Vallée est présenté tous les jours, matin et soir, au pied de l’immense sapin de L’immense sapin illuminé de Disneyland Paris à l’entrée du parc. SylVain caMBon Ci-dessus et à droite, bouquets de lasers multicolores et patinoire du Jardin d’Acclimatation. Dr Disneyland Paris. Le Père Noël est aussi l’une des vedettes de la Parade, qui déploie sa bonne humeur dans les rues du parc joliment décoré, avec Mickey, Minnie, Dingo, Tic et Tac, Donald, Daisy, et évidemment Riri, Fifi et Loulou… À découvrir trois fois par jour, donc immanquable quelle que soit votre heure d’arrivée. Le spectacle préféré de l’année dernière reste aussi à l’affiche : Chantons la Reine des neiges est de retour à Frontierland. Une production musicale qui se veut « givrée », tout en danses et chants où le public est invité à participer. Après avoir retenu leur souffle dans l’ascenseur diabolique de Tower of Terror ou chantonné (discrètement) dans les barques de It’s a Small World, les plus malins resteront tard pour assister à Disney Dreams. Tous les soirs, Olaf, le sympathique bonhomme de neige dirige (virtuellement) cette superproduction spectaculaire où projections de lumières, de jets d’eau, d’effets spéciaux et de feux d’artifice s’entremêlent pour le plus Du rêve sous les chapi SpeCTaCleS Énergie communicative, paillettes ou féerie hollywoodienne, petite Marie-anne Kleiber @Makleiber b l’envol jubilatoire des voltigeurs Préparez-vous au décollage, à un shoot d’optimisme, à un élan général qui vous emporte et fait du bien en cette fin d’année plombante. Il n’est pas encore minuit…, le nouveau spectacle de la compagnie de cirque contemporain XY, annonce la couleur : le bal n’est pas fini, la fête bat encore son plein. L’on en ressort le cœur et le corps bondissants, plein d’optimisme, après un show de haute voltige, où l’on ne sait où donner de la tête. Vingtd e u x acrobates ont en effet investi le plateau, ils sont endimanchés, portant des chemises, des bretelles, des cravates. Tout commence par une bagarre générale, dans un grand chaos chahu- teur, chorégraphié par Loïc Touzé. Puis les artistes dressent des colonnes humaines, fragiles, les pieds sur les épaules les uns des autres. Une ronde un peu hésitante, où l’on fait confiance à celui qui vous porte, au collectif. Les sauts périlleux s’enchaînent, fusent des quatre coins de la scène. Les danseurs sautent sur des bascules et volent dans les airs ou sont propulsés sur des planches en bois tenues par le reste du groupe (à la sortie, le public médusé touche les planches, certains les croyaient souples tant les acrobates rebondissaient dessus pendant le spectacle). Parfois ils chutent, mais ils remontent toujours sur les folles pyramides humaines. Une pause soudaine dans ce feu d’artifice visuel : ce moment suspendu, où une jeune femme marche en équilibre, calant ses pieds sur les mains des artistes couchés au sol, et qui la portent. Tout finit par une danse de rue inventée à Harlem dans les années 1920, un lindy hop effréné, d’une joie sauvage. il n’est pas encore minuit…, de la compagnie XY, jusqu’au 27 décembre, à la Villette (19e), le 22 janvier à Herblay (95), les 23, 24 et 25 mars au Théâtre les Gémeaux, à Sceaux (92). lavillette. com b Clown, tigres et perroquets Amateurs de cirque « à l’ancienne » avec monsieur Loyal en chef d’orchestre, le nouveau spectacle de la famille Bouglione est pour vous. On y retrouve des numéros avec des animaux dressés, doux comme des agneaux, comme celui des tigres (en cage), ou des perroquets poussant un Caddie et s’envolant ensuite dans un flamboiement de plumes sous le chapiteau en dur du Cirque d’hiver. Tous les artistes sont excellents dans leur spécialité telles ces jongleuses chinoises roulant en monocycle et se lançant de tête à tête des plats, ou ces drôles de dames trapézistes, en tenue charleston, swinguant joyeusement dans les airs. Le clown s’amuse à faire jouer des saynètes à des spectateurs pliés de rire. Seul bémol : entre chaque paris | iii jdd | 20 décembre 2015 des fêtes en famille spectacles en tout genre, notre sélection de sorties à partager Bonnes taBles aurélie chaigneau l’adresse du dimanche Trattoria Pulcinella (18e), italien du coin C’est le petit italien de quartier. L’incontournable, avec ses clients de toujours et ceux de passage, toujours plein derrière ses vitres embuées. Et bruyant parce qu’il est vivant. On y fait souvent (un peu) la queue. On y mange serré-serré parce que plus il y a de tables dans un petit lieu, plus c’est chaleureux. Le service est souriant, détendu et sympathique. L’assiette – elle – est italienne, forcément, dans le genre traditionnelle, familiale. Ce n’est pas le meilleur italien de Paris, les pizzas et les pâtes ne vous feront pas rêver la nuit, mais elles sont honnêtes et sans prétention. On y trouve les 6/10 classiques margherita, parma, calzone mais aussi la pizza du jour : mozza, champignons, speck, gorgonzola, tomates cerises, bien généreuse (16,50 €). Du côté de la pasta, on s’est rempli la panse de tortellini farcis à la ricotta et aux épinards avec une crème de truffe, copieusement. En dessert, petite pannacotta un peu simplette mais le charme opère quand même. À arroser de vins de soif. Pas de réservation après 20 h. Trattoria Pulcinella, 2, rue EugèneSue (18e). 7j/7. Pizza entre 9,90 € et 16,50 €. Pâtes : 15 € environ. Tél. : 01 42 23 78 29. la découverte de la semaine Parcs Disneyland Paris, Chessy (Seineet-Marne), de 9 h à 22 h jusqu’au 7 janvier. Billet : adulte 69 € ; 62 € enfant (un parc). Rens. : 0 825 300 500 ou disneylandparis.fr b Contes aux châteaux Animations, ateliers, contes, visites guidées en famille…. Une dizaine de monuments parisiens et franciliens proposent Contes & Histoires pour se distraire différemment pendant les fêtes, notamment dans quelquesuns des joyaux architecturaux ou historiques de la région. La Compagnie du Grand Théâtre au Panthéon, la basilique de Saint-Denis et ses Grandes Robes royales, mais aussi les châteaux de Rambouillet avec la troupe théâtrale du Crâne, ou le parc de Saint-Cloud avec sa Promenade contée, promettent de forts agréables (et instructifs) moments dans ces lieux chargés d’histoire. Centre des Monuments nationaux. Entrée et animations gratuites pour les moins de 18 ans. Tarif adultes et réservation indispensable auprès des monuments. Jusqu’au dimanche 3. Rens. : 01 44 61 21 50 ou monuments-nationaux.fr b Tours de manège gratuits Depuis hier et jusqu’au dimanche 3 janvier, une vingtaine de manèges sont en accès gratuit dans une vingtaine de lieux à Paris, de 11 h à 21 h, place de la Concorde, place Dauphine ou place d’Italie. liste des manèges : quefaire.paris.fr b Attractions sous la Grande Nef Une grande roue de 30 m de haut a commencé à tournoyer à l’intérieur du Grand Palais pour offrir aux visiteurs l’occasion d’admirer au plus près cette superbe verrière centenaire… à l’abri des intempéries. Plus de 40 autres attractions ont pris place en ces lieux pour Jours de fêtes, où autos tamponneuses, stands de tir à la carabine, voltigeurs et chevaux de bois attendent petits et grands. g Nef du Grand Palais, accès via l’avenue Winston-Churchill (8e). Tarifs : adultes 20 €; enfant15€ pour les manèges en illimité. Tous les jours de 11 h 00 à 0h00, jusqu’au dimanche 3. Rens. : grandpalais.fr teaux revue de cirques numéro, vient parader une troupe de danseuses en tenue de cabaret, paillettes à gogo, qu’on verrait davantage au Moulin-Rouge… Oïshinoya (2e), japonaise de luxe Par la galerie Montmartre, on accède au passage des Panoramas, celui des restaurants pépites : Racines, Coinstot Vino ou encore Passage 53 et le Gyoza Bar. C’est d’ailleurs le duo de ces deux derniers lieux, Guillaume Guedj et le chef Shinichi Sato qui se sont offert, après le restaurant gastronomique et le bar à gyoza, une mignonne cantine nippone. Dans un décor bois brut, et pierres, on mange des bols de haut vol, perchés sur tables hautes. Au bout des baguettes, du riz moelleux délicatement parfumé et accompagné de tofu, de cochon ou encore de bœuf d’Ozaki bio, provenant de l’élevage réputé de Muneharu Ozaki. On 6,5/10 aime le gras du wagyu qui fond dans la bouche, les petits radis posés dessus et l’œuf qui vient enrober le tout. Bon, pour ce petit bol de bœuf bio, il faudra quand même sortir 30 €, ce qui fait d’Oïshinoya une des cantines les plus snobs de Paris. Si vous voulez garder les pieds sur terre, les bols de tofu ou de cochon sont à 11 €. Avec une petite soupe miso en entrée (2,50 €) et un thé vert en guise de dessert, l’affaire est conclue en moins de quarante-cinq minutes. Oïshinoya, 24, galerie Montmartre (2e). Fermé le dimanche. Bol, de 9 à 30 €. Tél. : 01 42 33 78 12. retour chez… Rire, du cirque Bouglione, au Cirque d’hiver (11e), jusqu’au 6 mars. cirquedhiver.com b Départ pour l’île enchantée Lumière bleutée, forêt de grandes tiges évoquant des plumes de paon et mobiles végétaux au-dessus des rangées de sièges… Le décor est planté : celui d’un monde imaginaire nommé Amaluna. Le Cirque du Soleil y déroule le fil d’une histoire intemporelle, celle de la rencontre entre une princesse (sirène contorsionniste plongeant dans l’eau), et un jeune marin nommé Roméo (grimpeur de mât tatoué et musclé). Hommes-paons déployant une parure de plumes, hommes-lézards, hommes-panthères ou guerrières rouges peuplent ce drôle de monde et y réalisent des prouesses acrobatiques, comme ce numéro aux agrès asymétriques mené tambour battant. Les costumes sont spectaculaires, assez chargés, et d’une esthétique très heroic fan- Luxueuse cantine nippone, entre Palais Brongniart et feu Palace, dans l’antique quartier de la presse. Julien De FOnTenAY POuR le JDD Un monde de conte de fées et de jongleurs à peau de léopard au Cirque du Soleil. DR tasy. Les musiciennes jouent les rockeuses gothiques d’opérette. Deux gentils clowns, le capitaine du navire naufragé et une grosse nounou parlant un charabia mêlant plusieurs langues se tirent dessus à coup de pistolets à bisous. Dans cet univers de conte de fées, un instant de grâce : une jeune femme monte, pièce après pièce, un squelette de bête fabuleuse qui ne tient que par un grand mystère et un sens incroyable de l’équilibre. Pas de guitares électriques, ni de basses saturées pendant qu’elle construit la fragile armature en bois et la tient d’une main, piochant les tiges avec ses pieds. Juste sa respiration am- plifiée par un micro. La salle se tait, subjuguée. Amaluna, Cirque du Soleil jusqu’au 3 janvier, à Bagatelle, dans le bois de Boulogne (16e). cirquedusoleil.com b Aller voir les Arts forains Comme chaque fin d’année, le musée des Arts forains à Bercy ouvre ses portes et présente ses trésors datant de la Belle Époque, des manèges et attractions qui fonctionnent toujours. Des visites spectacles seront organisées. g Du 20 décembre au 3 janvier, aux pavillons de Bercy (12e). Visites spectacles de deux heures, sur réservation uniquementarts-forains.com restaurant claude colliot (4e) chaud au cœur Il fait partie de ces chefs discrets qui ne quittent pas leur cuisine. Derrière son piano ouvert sur une salle épurée et design, tout en bois et vieilles pierres, Claude Colliot concocte des assiettes de haut vol, précises, travaillées, pleine d’idées et d’accords qui surprennent toujours. Cette semaine, à l’heure du déjeuner, le service y était éminemment sympathique, connaisseur et chaleureux – en un mot, enrobant – et les petits plats sans fioriture, parfois lumineux. Tout a commencé par un velouté de courge, bergamote, citron et romarin, qui, loin de rappeler celui de notre mère ou grand-mère, nous a réveillés avec ses accords qui détonnent (11 €). Ensuite, croustillant de ris de veau gourmand et tendre à l’intérieur, servi avec un condiment mangue verte et poivre (31 €). En dessert, on a testé et 8/10 aimé le « tout blanc » de poire : poire, sorbet et chantilly, épuré et délicat (12 €). Évidemment les prix sont à la hauteur de ces produits de belle qualité. Un déjeuner comme un cadeau avant les fêtes. Restaurant Claude Colliot, 40, rue des Blancs-Manteaux (4e). Fermé dimanche et lundi. Menus : 62 et 79 €. À la carte, entre 55 et 70 € environ (hb). Tél. : 01 42 71 55 45. Julien De FOnTenAY POuR le JDD grand émerveillement de tous. iV | Paris | que faire aujourd’hui JDD | 20 décembre 2015 En famille À l’extérieur À l’intérieur CouP de Cœur en famille Ça CommenCe C’est gratuit la fête à l’hyppodrome tradition coréenne fête foraine sous la nef nouveaux talents de l’art ParCe qu’en marge des neuf courses du jour de nombreuses animations sont organisées dans le cadre du « Superdimanche » : baptême de poney, manège carrousel, etc. Hippodrome de Vincennes (12e), M° Château-de-Vincennes. De 12 h à 18 h. Tarif : 3 €. superdimanche.com ParCe que percussions et danses coréennes, au programme de Paris Nanjang, accompagnent les musiques traditionnelles. Dans le cadre du Festival de l’imaginaire. ParCe qu’une cinquantaine de forains s’installent sous la nef du Grand Palais pour l’événement Jours de fêtes. Grande roue de 30 m, autos tamponneuses, chevaux de bois... ParCe que 600 artistes contemporains internationaux exposent au Salon des beaux-arts, événement défricheur de nouveaux talents. Théâtre du Soleil, M° Château-de-Vincennes. À 15 h 30. Tarifs : 29 €, 24 € (réduit). festivaldelimaginaire.com Grand Palais (8e), M° Champs-ÉlyséesClemenceau. De 11 h à 23 h 30. Tarifs : 20 €, 15 € (enfants). grandpalais.fr Carrousel du Louvre (1er), M° Palais-Royal. De 10 h à 18 h. Gratuit. salondesbeauxarts.com 8e le Génie de VinCi Pinacothèque, M° Madeleine. Des fragments du Codex Atlanticus, recueil de dessins énigmatiques et de notes de travail de Léonard de Vinci, sont présentés dans le cadre de l’exposition « Leonard de Vinci, Il Genio ». Le parcours présente aussi des maquettes d’inventions. 3e De 10 h 30 à 18 h 30. Tarifs : 13 €, 11 € (réduit). Pinacotheque.com 18e Courts métraGes Carreau du Temple, M° Temple. Une vingtaine de films sont projetés aujourd’hui à la Fête des courts métrages. Des créations récentes mais aussi quelques classiques, dont une sélection de courts métrages de Buster Keaton et d’Alain Guiraudie. De 9 h à 19 h. Gratuit. Carreaudutemple.eu 10e Jeunes Créateurs Point éphémère, M° Jaurès. Une vingtaine de jeunes créateurs proposent des vêtements, bijoux, accessoires de mode, objets de décoration et autres idées cadeaux. Également, espace restauration et DJ set. De 12 h à 19 h. Gratuit. pointephemere.org Le Trianon, M° Anvers. La Famille Semianyki, troupe de clowns mimes venus de Russie, mélange la poésie et le burlesque dans un spectacle entièrement muet qui raconte le quotidien absurde d’une famille déjantée. Face à l’Hôtel-de-Ville, Versailles. Une patinoire de 300 m² en matière synthétique pour glisser comme sur de la glace. À proximité, un traditionnel chalet de bois pour se réchauffer avec du vin chaud, des gaufres, des crêpes… Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, M° Alma-Marceau. La suite des « Shadows » est présentée pour la première fois en Europe. Ces 102 toiles sérigraphiées se déploient sur une longueur de 130 m, alternant ombres et couleurs de façon hypnotiques. L’expo est complétée par d’autres séries de Warhol comme les « Flowers » ou les « Mao ». De 10 h à 12 h et de 14 h à 19 h. Tarifs : 7 €, 5 €, 4 € (sans location de patins). 91 Vide-Greniers De 10 h à 18 h. Tarifs : 12 €, 9 € (réduit). mam.paris.fr Accorhotels Arena, M° Bercy. Lio, Début de soirée, Cookie Dingler, Jean-Pierre Mader, Julie Pietri, Émile & Images, Phil Barney ou encore Patrick Hernandez participent à Stars 80, un concert regroupant des vedettes de la variété de l’époque. À 20 h. Tarifs : 49,40 € à 69,20 €. accorhotelsarena.com 19e Piaf et CoCteau 14e Belle BroCante Place Jacques-Demy, M° Mouton-Duvernet. Une centaine d’exposants, professionnels de l’antiquité-brocante, attendent les chineurs sur la place Jacques-Demy. Objets d’art, mobiliers anciens, décoration, etc. De 7 h à 19 h. ohvl.net Philharmonie de Paris, M° Porte-de-Pantin. Le spectacle Une journée particulière rend hommage à Piaf et Cocteau, tous deux décédés le 11 octobre 1963. Chansons et textes interprétés par Clément Hervieu-Léger, pensionnaire de la Comédie-Française, et la chanteuse Camélia Jordana, accompagnés par Donia Berriri au piano. À 18 h. Tarif : 25 €. philharmoniedeparis.fr Château de Breteuil. Contes de Perrault, visites guidées, jeux de piste et décorations de Noël au programme des vacances au château de Breteuil. L’après-midi, atelier de couture pour confectionner son bonnet de lutin (supplément 3 €). Patinoire éColo warhol en série Variété des années 1980 Contes de noël 78 À 16 h. Tarifs : de 23 € à 59 €. letrianon.fr 12e 78 De 10 h à 20 h. Tarifs : 15,90 €, 12,90 € (enfants). breteuil.fr Clowneries russes 16e Île-de-france 12e Produits de la ferme Parc Floral, M° Château-de-Vincennes. Soixante-dix exposants sont attendus pour cette nouvelle édition du Pari fermier, marché de vente directe du producteur au consommateur. Charcuteries, formages, fruits et légumes, vins, confiseries, etc. De 10 h à 18 h. Gratuit (invitation à télécharger). parifermier.com Essonne. Trois cents exposants attendus pour un vide-greniers sur le parking de la discothèque l’Acropole, à Chilly-Mazarin, ainsi que sur le parking du Cossom, à Linas. Également, 200 exposants attendus en intérieur, dans la galerie marchande de Géant Casino à Saint-Michel-sur-Orge. À partir de 8 h. Gratuit. 93 artisans et Créateurs Parvis de la basilique de Saint-Denis. À l’occasion de la Fête des savoir-faire solidaires, une soixantaine d’exposants présentent leurs créations : bijoux, objets de décoration, accessoires de mode, etc. Également, démonstrations d’artisanat, exposition sur le climat et spectacle de clown sur la biodiversité. De 10 h à 20 h. Gratuit. foiresavoirfaire.com
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