france dimanche 050914
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SPA Thierry Beaudet, président du groupe MGEN, la mutuelle générale de l'éducation nationale 4 septembre 2014 © Le Monde, 2014. Tous droits réservés. Instituteur de métier, Thierry Beaudet préside l'Union mutualiste qui gère les établissements sanitaires et médico-sociaux des mutuelles de la fonction publique, notamment l'Institut Mutualiste Montsouris, à Paris. Lundi 1er Septembre 2014 AVIS D'EXPERT Quantification du rétrécissement aortique : reste-t-il une place pour le cathétérisme cardiaque en 2014 ? Le rétrécissement aortique (RAo), maladie dégénérative de la valve ou évolution sténosante d'une bicuspidie, touche environ 1 % des patients de plus de 65 ans. Le remplacement valvulaire aortique est discuté lorsque le RAo est sévère et que le patient présente des symptômes en rapport avec la sténose aortique ou lorsque le RAo est très sévère, même sans symptôme. L'essor récent de l'implantation des valves aortiques percutanées (TAVI) tend à s'accompagner d'une augmentation de l'évaluation diagnostique par cathétérisme cardiaque alors que la valeur diagnostique et pronostique de l'écho-Doppler cardiaque est largement démontrée. Définir la sévérité d'un RAo peut apparaître simple de prime abord lorsqu'on se réfère aux recommandations (vélocité maximale transvalvulaire > 4 m/s, gradient moyen > 40 mmHg, surface fonctionnelle (SF) < 1 cmou 0,6 cm/m, indice de perméabilité ITV sous-aortique/ITV aortique < 0,25). Cependant en pratique clinique, dans au moins 30 % des cas on observe une discordance entre ces différents paramètres. Le diagnostic de RAo serré repose historiquement sur des mesures réalisées en cathétérisme cardiaque nécessitant le franchissement de la valve aor-tique. Cependant une série prospective randomisée com-parant coronarographie diagnostique avec (n = 101) ou sans (n = 51) franchissement de la sténose valvulaire, démontrait que le taux d'AVC ischémiques détectés par IRM cérébrale (avant et après le cathétérisme cardiaque) était de 22 %, dont 3 % avec déficits neurologiques cliniques dans le groupe franchissement alors qu'il était de 0 % dans le groupe coronarographie simple. La quantification du RAo devrait en pratique clinique reposer en première ligne uniquement sur des méthodes non invasives : échoDoppler cardiaque systématique, et parfois d'autres examens complémentaires comme le score calcique valvulaire par scanner ou l'échographie transœsophagienne. La coronarographie doit être réalisée lorsqu'un remplacement valvulaire aortique est envisagé chez un patient à risque de coronaropathie. Le franchissement de la valve doit rester exceptionnel, et ne devrait être effectué à titre diagnostique que lorsqu'il y a discordance entre la présence de symptômes et des données non invasives rassurantes(3,4) . Si l'on obtient alors des différences entre les données échographiques et les données invasives, celles-ci ne doivent pas être interprétées comme des erreurs de mesure. Figure 1. L'utilisation de la sonde Pedoff par voie parasternale droite a permis d'enregistrer une vélocité maximale de 6 m/s (à droite) alors qu'elle était de 4 m/s par voie apicale (à gauche). I Les discordances KT-Doppler proviennent donc du fait que nous ne mesurons pas la même chose Évaluation du RAo par échoDoppler L'évaluation d'un RAo par échoDoppler cardiaque (comme pour toutes les valvulopathies en général) repose sur des mesures systématiques entre des mains expertes. L'estimation des gradients de pression P par Doppler se fonde sur des mesures de vitesses (Vvao ) transvalvulaires des hématies (HE) par effet Doppler et l'alignement du faisceau Doppler sur le flux doit être optimal Vvao =V HE xcos . Ainsi, un angle de 30° revient à minorer les vitesses de 14 %. Pour cette raison l'utilisation de plusieurs voies(voies parasternale droite avec l'indispensable sonde Pedoff, souscostale, suprasternale, etc.) doit être systématique pour obtenir un alignement optimal avec le flux transvalvulaire (figure 1). Un travail de l'équipe de David Messika-Zeitoun démontre que dans 21 % des cas la sévérité du RAo est sous-estimée en l'absence d'enregistrement des vitesses par sonde Pedoff. Les vitesses Doppler sont ensuite dérivées en gradient de pression P par l'équation de Bernoulli P = 4x(Vvao V 2 ccvg) ; les vitesses sous-aortiques (CCVG) sont négligées si elles sont < 1,5 m/s et le calcul devient P = 4xV2 vao. Les vitesses maximales et les gradients dérivés en Doppler sont mesurés au niveau de la vena contracta située quelques millimètres en aval de la surface anatomique réelle, du fait d'une accélération maximale post-sténotique du flux sanguin (figure 1) . Le gradient moyen transvalvulaire est la différence moyenne de pression divisée par le temps d'éjection. On comprend d'emblée que lorsque la durée de la systole se raccourcit et que le débit transvalvulaire augmente (exercice, dobutamine, etc.) le gradient moyen augmente, excepté en cas de diminution importante du volume trans-valvulaire (dysfonction VG, élévation excessive de la pression artérielle systémique). L'autre mesure échographique cruciale est celle du diamètre (D) de la jonction aorto-ventriculaire à l'insertion des sigmoïdes (ou communément anneau aortique) ; chaque millimètre d'erreur est porté au carré ( S ccvg = p x S D/4) et donc produit une variation de 0,1 cmde surface effective. Ainsi la surface valvulaire effective ou fonctionnelle du RAo (SF) est dérivée de l'équation de continuité : SF = (ITVccvg xS ccvg )/ ITV vao. Le produit ITV ccvgxS ccvg est une mesure du flux transvalvulaire que l'on indexe à la surface corporelle (ml/m), il définit si la sténose a été évaluée dans des conditions de bas débit (< 35 ml/m) ou de débit transvalvulaire normal ou élevé (= 35 ml/m). Comme il existe une accélération du flux sanguin dont la vitesse maximale est quelques millimètres au-delà de la sténose, c'est donc la surface de la vena contracta (endroit le plus étroit où la vélocité Doppler des hématies est maximale = Vmax) qui est estimée par écho-Doppler et non pas une surface anatomique (figure 2) . Le développement du scanner et aussi de l'échocardiographie tridimensionnelle a permis de mieux étudier la jonction aortoventriculaire (anneau aortique basal, qui est très souvent non circulaire) en particulier en cas de bicuspidie pouvant expliquer certaines discordances surfacegradient. Le flux sous-aortique doit être laminaire en prenant la valeur maximale à proximité de la jonction ven-triculo-aortique en coupe apicale 5 cavités. En cas de bourrelet sousaortique associé à une accélération du flux sous-aortique, il est recommandé de se placer (aussi bien pour le mode Doppler pulsé que pour la mesure de la CCVG) en amont de la jonction aorto-ventriculaire dans la chambre de chasse du VG à un endroit où le flux est laminaire afin de ne pas surestimer le débit transvalvulaire et par conséquent la surface fonctionnelle du RAo. Figure 2. Les mesures Doppler évaluent la surface valvulaire effective ou fonctionnelle qui n'est autre que la surface de la vena contracta ; la vélocité y est maximale (Vmax) et la pression minimale. Lorsque l'aorte ascendante est de petite taille, l'énergie cinétique est partiellement reconvertie en énergie potentielle. Cette restitution de pression est à l'origine de discordances entre les mesures Doppler et les mesures de gradient par cathétérisme cardiaque. Évaluation du RAo par cathétérisme cardiaque L'évaluation du RAo par cathétérisme cardiaque nécessite tout d'abord la réalisation d'un cathétérisme gauche pour étudier les gradients de pression transvalvulaire. Le cathétériseur mesure ainsi directement un gradient (une différence) de pression entre le ventricule gauche et l'aorte sustubulaire. Le gradient moyen de pression et le gradient maximal obtenus en hémodynamique sont représentés dans la figure 3 . Le fameux gradient pic-à-pic ne doit pas être utilisé en pratique clinique car il n'a pas de réalité physiologique : les pics de pression VG et aortique ne sont pas simultanés et sont d'autant plus décalés dans le temps que le RAo est serré. L'examen doit être complété par un cathétérisme cardiaque droit pour évaluer le débit cardiaque ; la surface aortique pouvant alors être évaluée à partir de la formule de Gorlin (validée sur l'orifice mitral) : surface aortique = Qc/(temps d'éjection systolique) xv GM x constante(Gorlin et Gorlin). La formule de Gorlin est souvent considérée comme « référence », surtout pour des raisons historiques car elle a précédé l'évaluation échocardiographique. En fait, la valeur de la constante a été déterminée dans des conditions normales de débit et par conséquent sa validité en cas de bas débit est discutable. La pression aortique invasive est mesurée non pas au niveau de la vena contracta mais quelques centimètres plus haut dans l'aorte où une partie de l'énergie cinétique a pu être reconvertie en énergie potentielle, restitution (ou recouvrement) de pression d'autant plus importante que l'aorte ascendante est de petite taille (figure 2) (7) . Pour réconcilier les mesures dérivées du Doppler et celles du cathétérisme, H. Baumgartner et coll. ont proposé une formule pour estimer la restitution de pression (« pressure recovery ») : G rest = P3-P2 = 4Vx 2 x SF/SAorte x (1-SF/SAorte ) ; SAorte étant la surface de section aortique mesurée environ 1 cm en aval de la jonction sino-tubulaire. L' Energy Loss Index (indice de perte d'énergie) est une surface fonctionnelle « corrigée » qui tient compte du phénomène de restitution de pression en cas de petite aorte et qui finalement correspond à la surface hémodynamique par la méthode de Gorlin : ELI = SF x SAorte /(S Aorte - SF) ; SAorte étant la surface de l'aorte 1 cm au-delà de la jonction sino-tubulaire. Une sous-étude de SEAS montre que le calcul de l'ELI reclasse 47 % des patients ayant un RAo serré par équation de continuité dans le groupe des patients avec un RAo non serré. La même équipe démontre la valeur pronostique additionnelle de l'ELI pour prédire les événements combinant remplacement valvulaire aortique, insuffisance cardiaque valvulaire et décès cardiovasculaire. Ainsi pour un patient donné avec une sténose aortique associée à un gradient moyen de 30 mmHg, maximal de 50 mmHg, une surface fonctionnelle de 0,85 cmet un diamètre aortique de 2,4 cm on peut, à partir des équations citées ci-dessus, calculer la discordance KT-Doppler (restitution de pression : 30 mmHg) et l'ELI (1,05 cm). Il est important de souligner que la qualité des courbes de pression doit être vérifiée et qu'elle est souvent inférieure avec l'utilisation courante des sondes 4 F par rapport à celle obtenue avec des sondes 6 ou 7 F. Les tubulures de raccordement doivent être les plus courtes possibles. Les tracés de pression sur-ou sousamortis, les artéfacts liés aux oscillations de cathéter, la formation de petits thrombi, le blocage du cathéter doivent être détectés et corrigés. Les autres causes de discordance entre le cathétérisme et l'échocardiographie peuvent résulter de différences entre le niveau de pression artérielle entre mesures invasives et non invasives. En effet, la pression artérielle systémique est un déterminant majeur des gradients transvalvulaires et de la surface valvulaire. L'augmentation de la charge tensionnelle réduit les gradients transvalvulaires ; la surface fonctionnelle augmente ou diminue en fonction de l'importance de la baisse du débit transvalvulaire (augmentation du stress pariétal ventriculaire gauche). En pratique clinique, la réévaluation du RAo est conseillée après normalisation de la pression artérielle. I Place du cathétérisme cardiaque en 2014 Lorsque le diagnostic de RAo serré avec FEVG normale est basé sur des données concordantes (G moyen > 40 mmHg, Vmax > 4 m/s), les mesures hémodynamiques invasives sont inutiles (voire dangereuses) ; la seule question qui se pose est de savoir si le patient est symptomatique ; le test d'effort a ici toute sa place (3,4). En cas de RAo serré avec dysfonction VG et gradients transval-vulaires élevés, l'indication opératoire est posée. En cas de RAo serré (SF < 1 cm) avec fraction d'éjection basse avec bas débit transvalvulaire et bas gradient (gradient moyen < 30-35 mmHg) la problématique sera de s'assurer de la sévérité du rétrécissement aortique et d'évaluer le pronostic après remplacement valvulaire par l'étude de la réserve contractile (échographie sous perfusion de dobutamine). La coronarographie permet de diagnostiquer une maladie coronaire associée. Le score calcique valvulaire aortique peut aussi dans cette situation permettre d'affirmer la sévérité de la sténose. Figure 3. Enregistrement par sonde Millar (permettant d'éviter les artéfacts liés aux sondes de cathéter) de courbes ventriculaire gauche et aortique. Notez que le gradient pic-à-pic n'a pas de réalité physiologique. La description du RAo serré à bas débit/bas gradient paradoxal malgré une FEVG conservée associe SF < 1 cmou 0,6 cm/m, gradient moyen < 40 mmHg, bas débit transvalvulaire (< 35 ml/m) est plus récente. Ces patients (environ 10 % des patients porteurs d'un RAo serré) sont le plus souvent des femmes âgées hypertendues avec un remodelage concentrique du VG (volume télédiastolique diminué et donc volume d'éjection systolique réduit). Une méthode de validation interne des données échographiques est de s'assurer que le volume éjecté estimé à partir de la méthode Simpson et/ou 3D est proche de celui estimé à partir du Doppler sous-aortique. Cette entité est apparue dans les dernières recommandations de l'ESC et de l'ACC-AHA. Bien que toujours controversée, une prise en charge chirurgicale ou percutanée peut être envisagée chez ces patients s'ils sont symptomatiques et seulement si la réalité et la sévérité de la sténose ont pu être vérifiées. L'évaluation du score calcique valvulaire aortique est particulièrement intéressante dans ces cas discordants. Le cathétérisme cardiaque peut être également indiqué chez ces patients afin de valider les mesures échocardiographiques de gradient, de débit transvalvulaire et de surface. Le test d'effort parfois complété par une échographie concomitante permet d'aider à la décision pour ces patients d'évaluation complexe et de façon générale pour les patients chez qui les symptômes semblent discordants par rapport aux données Doppler. Le cathétérisme cardiaque est également indiqué pour réaliser une coronarographie préopératoire (excepté chez le jeune patient âgé de moins de 40 ans sans facteur de risque cardiovasculaire ni symptôme d'angine de poitrine ni de signes d'ischémie myocardique ni dysfonction ventriculaire gauche), éventuellement associée à un cathétérisme cardiaque droit pour évaluer une hypertension pulmonaire disproportionnée. Le franchissement de la valve ne devrait être réalisé que pour réaliser une valvuloplastie au ballon et/ou implanter une valve percutanée. Le cathétérisme cardiaque pour des mesures hémodynamiques n'est pas recommandé lorsque les données cliniques sont concordantes avec les tests non invasifs (classe III ACC/AHA). Ni le cathétérisme cardiaque pour des mesures hémodynamiques ni la coronarographie ne sont recommandés chez les patients asymptomatiques (classe III ACC/AHA)(3,4) . EN PRATIQUE Le compte rendu échographique d'un rétrécissement aortique doit donc comporter au minimum (en plus de l'évaluation de la fonction diastolique, de la fonction ventriculaire droite etc.) : - fraction d'éjection du VG, dimensions du VG ; - degré de calcification valvulaire ; - diamètre de la jonction aortoventriculaire (ou anneau aortique) ; - volume d'éjection systolique indexé (ml/m) calculé à partir de l'ITV sous-aortique ; - sur le flux aortique (Doppler continu, plusieurs fenêtres) : gradient moyen, gradient maximal ou vélocité maximale transvalvulaire (Vmax), ITV ; - surface aortique (indexée sauf chez le patient obèse) ; - diamètre de l'aorte à la jonction sino-tubulaire ou au niveau de l'aorte sus-tubulaire ; - fréquence cardiaque et pression artérielle lors de l'échocardiographie. Références 1.Minners J et al. Inconsistencies of echocardiographic criteria for the grading of aortic valve stenosis. Eur Heart J 2008 ; 29 : 1 043-8. 2.Omran H et al. Silent and apparent cerebral embolism after retrograde catheterisation of the aortic valve in valvular stenosis: a prospective, randomised study. Lancet 2003 ; 361 : 1 241-6. 3.Nishimura RA et al. 2014 AHA/ACC guideline for the management of patients with valvular heart disease: a report of the American College of Cardiology/American Heart Association Task Force on Practice Guidelines. J Am Coll Cardiol 2014 ; 148 : e1-e132. 4 .Joint Task Force on the Management of Valvular Heart Disease of the European Society of Cardiology (ESC); European Association for Car-dio-Thoracic Surgery (EACTS), Vahanian A et al. Guidelines on the management of valvular heart disease (version 2012). Eur Heart J 2012 ; 33 : 2 451-96. 5.Lancellotti P et al. ESC Working Group on Valvular Heart Disease Position paper-heart valve clinics: organization, structure, and experiences. Eur Heart J 2013 ; 34 : 1 597-606. 6.de Monchy CC et al. Usefulness of the right parasternal view and nonimaging continuous-wave Doppler transducer for the evaluation of the severity of aortic stenosis in the modern area. Eur J Echocardiogr 2009 ; 10 : 420-4. 7.Levine RA et al. Pressure recovery distal to a stenosis: potential cause of gradient «overestimation» by Doppler echocardiography. J Am Coll Cardiol 1989 ; 13 : 706-15. 8.Baumgartner H et al. «Overestimation» of catheter gradients by Doppler ultrasound in patients with aortic stenosis: a predictable manifestation of pressure recovery. J Am Coll Cardiol 1999 ; 33 : 1 655-61. 9.Garcia D et al. Assessment of aortic valve stenosis severity: a new index based on the energy loss concept. Circulation 2000 ; 101 : 76571. 10. Bahlmann E et al. Impact of pressure recovery on echocardiographic assessment of asymptomatic aortic stenosis: a SEAS substudy. JACC Cardiovasc Imaging 2010 ; 3 : 555-62. 11.Bahlmann E et al. Prognostic value of energy loss index in Tous droits réservés : Cardiologie Pratique asymptomatic aortic stenosis. Circulation 2013 ; 127 : 1 149-56. 12.Clavel MA et al. The complex nature of discordant severe calcified aortic valve disease grading: new insights from combined Doppler echocardiographic and computed tomographic study. J Am Coll Cardiol 2013 ; 62 : 2 329-38. P.-V. ENNEZAT,, S. MARÉCHAUX,, B. IUNG,, M.-C. MALERGUE,, É. ABERGEL, P.V. ENNEZAT, S. MARÉCHAUX, B. IUNG, M.-C. MALERGUE, É. ABERGEL CHU de Grenoble, Hôpital Saint-PhilibertGroupement des Hôpitaux de l'Institut catholique de Lille, Hôpital Bichat AP-HP, Institut Mutualiste Montsouris Paris, Clinique Saint-Augustin Bordeaux Vendredi 8 Août 2014 “Santé : la volonté politique manque” La mutation obligée du système de santé par l’un de ses acteurs Iconoclaste, le verbe dru, des affirmations aux allures de scalpel, ce professeur-chirurgienurologue tempête contre cette mutation du système de santé qui tarde tant, ses freins et obstacles. Fustigeant le corporatisme défensif de ses confrères, le manque de courage du politique pour lequel il a commis tant de rapports volontaristes. Alors piaffant de n’être point assez entendu, et afin de mieux partager ses convictions réformatrices, il a créé en 2009 “CHAM”, un think tank dédié à l’innovation dans le domaine de la santé. Il y plaide les vertus thérapeutiques de cette “data”, source phénoménale de progrès qui se heurte à tant de blocages : “Les médecins ne sont pas habitués à la mesure de l’efficience de leurs interventions. Ils se lèvent vent debout au nom de l’éthique contre des réformes qui voudraient améliorer leurs pratiques.” les 30 000 pharmaciens : un dossier plus simple - avec les médicaments, les prescriptions, l’assuré social - qui fonctionne remarquablement. On aurait dû partir de là pour le DMP. Il est essentiel pour tous, la synthèse permettant diagnostic et thérapie. L’ordinateur va analyser ces résultats. Donc, on va voir à la fois l’élément déterminant, la pathologie, l’action sur la pathologie et surtout, le retour d’information. La mesure. On va avoir des contrôles et tout piloter à partir de là. C’est la clé. Ce qu’on appelle en anglais les “patatient ou outc tcom omes es”, avec la mesure de l’efficacité des traitements. Ce qu’on ne fait pas actuellement. “Beaucoup trop gros, trop lourd, trop centré, l’hôpital va mal. Il est administré, pas managé. C’est une machine très figée.”Si en France la esanté a tant de mal à passer au stade de la généralisation, c’est parce qu’il manque un intégrateur. L’Etat a essayé d’intervenir avec le dossier personnel médicalisé, le DMP ; ce fut une catastrophe. Voilà 15 ans que cela ne marche pas, et a coûté plus de 500 millions. En 2004, Philippe DousteBlazy expliquait : “Dans deux ans, on fera 2 milliards d’économies.” Aujourd’hui, il y a 250 000 dossiers dont 10 % sont un peu remplis. Les médecins n’en ont pas voulu :“On va être encarté, non au flicage !” La Tutelle a ” conçu un dossier extrêmement complexe. Un vrai scandale, mais tout le monde s’en fout ! A contrario, l’Ordre des pharmaciens a financé pour moins de 5 millions d’euros le dossier pharmaceutique des patients géré par Les principaux blocages Aujourd’hui, on réfléchit structures et finances. On ne s’intéresse pas du tout au système. Faute d’indicateurs, on ne regarde pas si les malades sont bien soignés. Avec ces mesures, vous remettez le système à l’endroit. Mais c’est violent, cela va entraîner un certain nombre de remises en cause des professionnels. Tout le monde est arc-bouté. Les médecins sont vent debout, parce qu’on va démasquer les mauvais. Les chirurgiens sont vent debout, l’Ordre aussi. Les résistances corporatistes s’organisent mais je ne suis pas défaitiste. La Tutelle est incapable d’organiser le business, politiquement, elle a peur, cela pourrait provoquer la fermeture de services hospitaliers. Il y a des blocages psychologiques. Mais surtout, les données, c’est le pouvoir. Deuxio, si le politique ouvre ce chantier, il va être obligé de restructurer violemment. Parce qu’il y a des choses qui se passent et qui ne sont vraiment pas bien. Or le politique n’y est pas préparé. Ce tsunami informationnel n’est pas une révolution, c’est une mutation ; avec un changement de paradigme colossal auquel les gens ne sont pas préparés. C’est la nouvelle révolte des Canuts : on va casser la machine, c’est le diable, et pourtant l’élément clé de l’amélioration de la qualité. Conséquence : il faut former les hommes, cela prend toujours un peu de temps, mais il n’y a pas de formation, pas de lancement de projet véritable. Pourtant, on pourrait être bon en France, avec nos excellents ingénieurs, on devrait être les premiers au monde. Or ça coince ! Les domaines les plus avancés La chirurgie avec la robotique. La télémédecine de plus en plus, l’imagerie médicale... Des cabines sont actuellement testées : vous rentrez, l’oxymètre évalue votre respiration, vous mettez le doigt là et une toute petite pique permet de calculer le dosage en oxygène, en glucose, la tension, l’ouïe, la vue, l’électrocardiogramme... sans compter la pesée et voilà déjà 7 ou 8 items vous permettant de savoir comment vous êtes. Et puis, vous avez de quoi échanger avec le médecin. Mais il n’y a plus besoin d’un praticien dans chaque village : on serait relié par télémédecine à une maison de santé où il y aurait 5 ou 6 ou 7 médecins, 7 ou 8 infirmières, 2 ou 3 secrétaires, des podologues, des kinés, psychologues, orthophonistes, orthoptistes et le pharmacien à côté. On va vers des Monop sanitaires. Déjà, il y a à peu près 500 maisons de santé ouvertes et 1 000 projets en cours... Révolution ! A partir de cette plateforme de santé, il peut y avoir des pseudopodes dans les petits villages mais il va falloir encore 10 ans. Les data soignent Pour de pures raisons financières, les Américains ont beaucoup informatisé leur système. Quand un patient va voir untel, chaque médecin le sait. Et ce patient peut en permanence s’autoévaluer par rapport à luimême et aux autres. En un clic, vous êtes dans l’évaluation permanente. Si je suis un généraliste traitant 800 hypertendus, et qu’un an plus tard, 550 le sont encore, cela ne va pas. C’est bien gentil de prescrire, mais si les médicaments restent dans les placards... Non seulement c’est cher, mais ça ne guérit pas. On a tout faux ! Voilà ce que démasquent les systèmes informatiques. L’hôpital ne sait pas faire Beaucoup trop gros, trop lourd, trop centré, l’hôpital va mal. Il est administré, pas managé. C’est une machine très figée. Les directeurs formés à l’Ecole de Rennes - qui n’est pas la crème de l’enseignement du management, loin de là - font des efforts. On leur apprend le service public pour le service public. J’y ai enseigné et demandé aux élèves : “Avez vous déjà rencontré un directeur de clinique, un chirurgien du privé ?” Non, c’est interdit. ” Quand vous en êtes là ! Il faut faire des économies, le directeur préconise moins 5 % pour tout le monde ! Au lieu de mettre + 20 % sur celui qui cartonne et réduire de 50 % le médiocre. Ils ne savent pas faire et n’osent pas. Les bons directeurs sont donc des gens qui dérogent, qui sortent des normes. Les bons managers sortent des sentiers battus. Les leviers de transformation La chirurgie ambulatoire devrait permettre de supprimer 25 000 à 30 000 lits pour la chirurgie. On pourrait les utiliser pour les personnes âgées, la rééducation fonctionnelle. On ne va pas fermer, mais c’est une restructuration lourde. On hospitalise beaucoup trop. Trois millions d’hospitalisations sont dues aux chutes de lits et petits accidents la nuit dans les maisons de retraite, parce qu’il n’y a pas d’infirmières. Une fois à l’hôpital, le patient reste 8 / 15 jours, pour faire des bilans, chaque jour un examen différent, c’est effroyable ! On n’a qu’à mettre des infirmières dans les Ehpad et des médecins au bout de leur portable au cas où. Un problème, même un microcancer peut être traité tout de suite, en ambulatoire. Moralité, l’hôpital est l’échec d’un système de santé. Normalement son importance devait être bien moindre. Or aujourd’hui, l’hôpital est énorme parce que c’est lui qui recrute le plus. En France, la fonction publique hospitalière -1 100 000 personnes - est l’organisme le plus gros, le plus lourd qui s’auto-alimente. Les hôpitaux adorent les urgences car c’est pour eux une manne financière qui représente parfois jusqu’à 25 % de leur chiffre d’affaires. Voilà pourquoi le gouvernement ne veut pas ouvrir des urgences dans les cliniques, pour ne pas dégraisser l’hôpital. “Faute d’indicateurs, on ne regarde pas si les malades sont bien soignés. Avec ces mesures, vous remettez le système à l’endroit. Mais c’est violent, cela va entraîner un certain nombre de remises en cause des professionnels” “Les médecins ne sont pas habitués à la mesure de l’efficience de leurs interventions. Ils se lèvent vent debout au nom de l’éthique contre des réformes qui voudraient améliorer leurs pratiques” “Si en France, la e-santé a tant de mal à passer au stade de la généralisation, c’est parce qu’il manque un intégrateur” Carences de qualifications Des corps intermédiaires nous manquent entre le Bac + 3 de l’infirmière et le Bac + 12 du toubib. Or les personnels paramédicaux vont être de plus en plus responsables d’actes, au plein sens du terme avec transfert véritable d’actions et de responsabilités. Au niveau des infirmiers, qu’on formerait avec des Master 1 ou 2. Un peu comme les sages-femmes qui font 5 ans d’études ou comme les infirmières auxiliaires anesthésistes, les infirmières de salle d’op qui ont une année de plus que le cursus normal. C’est lourd car les syndicats y sont opposés. Les infirmières sont “universitarisées”, passent la licence, elles auront ensuite les Master 1 et 2, le doctorat. Il y aura des docteurs en infirmerie, comme il y a en Angleterre des “nurse doctors”. Il faut permettre des carrières multiples. Les infirmières n’ont qu’une évolution possible : devenir cadres. Et ne peuvent pas devenir “topissimes” dans une spécialisation. Celles qui veulent vraiment gagner en responsabilité doivent devenir cadres, donc passer derrière l’ordinateur et ne plus faire de soin.Cette digitalisation forcée oblige à la redistribution du travail sur davantage d’épaules. Le médecin sera le coordinateur, le généraliste, le chef d’orchestre. Il est d’ailleurs beaucoup plus difficile d’être généraliste que spécialiste. Les Egyptiens du temps des pharaons avaient tout compris, ils payaient beaucoup mieux les médecins généralistes que les spécialistes. Le faux obstacle de l’argent On peut réduire de moitié les dépenses de biologie - 4 milliards -, il n’y aura pas un mort de plus. On dépense beaucoup trop en IRM. Réduisez la moitié des transports en ambulance, vous n’allez tuer personne. Ces milliards d’économies de la Sécu, si vous osez, vous les avez demain. L’hôpital gâche considérablement et la médecine de ville fait trop d’actes, donc on est en surchauffe. Réduire les budgets, faire d’importantes économies est juste un problème de volonté. Les réflexions non consensuelles de Cham Notre think tank, Cham, a deux piliers de réflexion : l’un axé sur l’innovation en santé avec une opposition au principe de précaution qui freine la prise de risque dans la recherche. A tel point que cet environnement de la crainte, alimentée également par les médias, entraîne un désintérêt des étudiants pour les carrières scientifiques. Autre pilier, la réorganisation du parcours de soin, du système de santé.Quand vous faites du consensus, c’est toujours mou, par définition. Donc, ça ne sert à rien. Je n’ai jamais vu un consensus qui vous emballe et fasse une rupture épistémologique importante. Donc on fera des notes, mais certainement pas un bouquin de 300 pages sur CHAM 2014. Il y a des ateliers. L’important, c’est de rassembler les forces vives, les acteurs, donc on va faire participer des CHU. Il y en a énormément qui veulent participer à cette évolution avec un état d’esprit positif. Et ce qui est intéressant, comme toute expertise effectivement, c’est vraiment les idées, les solutions qui vont émerger, mais pas une solution, ce qui impliquerait un discours langue de bois. Cet événement créé en 2009 a suscité des fidèles : directeurs de CHU, doyens, un certain nombre d’universitaires, des institutions, des patrons de labos, des députés et sénateurs s’intéressant à la santé. Nous allons créer des minirendezvous en régions : un CHAM sur une journée ou une demi-journée pour réunir les acteurs locaux. *CHAM, la Convention on Health Analysis & Management, se tiendra les 26 et 27 septembre prochains à Chamonix “Des corps intermédiaires nous manquent entre le Bac + 3 de l’infirmière et le Bac + 12 du toubib” “Je n’ai jamais vu un consensus qui vous emballe et fasse une rupture épistémologique importante” Bio express Mandarin hypermoderniste Ce “grand professeur”, urologue réputé, fut interne des Hôpitaux de Paris, chef de clinique à l’hôpital Bretonneau puis à la Pitié, professeur à la Faculté de médecine BroussaisHôtel-Dieu puis à l’université Paris Descartes, chef du département d’urologie de l’Institut Mutualiste Montsouris (depuis 1995). Président de l’Ecole européenne de chirurgie, il fut également chargé de mission auprès de Xavier Bertrand (ministre de la Santé et des Solidarités, 200507). Il a aussi rédigé de nombreux rapports (Hôpital 2007, L’évaluation de la sécurité, de la qualité et de la continuité des soins chirurgicaux dans les petits hôpitaux publics en France, Réflexions et propositions sur la gouvernance hospitalière.) Il fut également membre de la Commission présidentielle sur la réforme des CHU et président de l’Ecole européenne de chirurgie. Membre de l’Académie Tous droits réservés : Le Nouvel Economiste nationale de chirurgie, il est actuellement président du Cercle santé société et fondateur du think tank “Convention on Health Analysis and Management” (CHAM). PATRICK ARNOUX Diff. 30 510 ex. (source OJD) Bulletin Quotidien Le professeur Guy VALLANCIEN, ancien président du conseil médical et scientifique de la Mutualité française, ancien collaborateur de M. Xavier BERTRAND, au ministère de la Santé et des Solidarités, élu membre de l'Académie nationale de médecine 1 août 2014 Copyright 2014 Société Générale de Presse. All Rights Reserved. Le professeur Guy VALLANCIEN, ancien président du conseil médical et scientifique de la Mutualité française, ancien collaborateur de M. Xavier BERTRAND, au ministère de la Santé et des Solidarités, élu membre de l'Académie nationale de médecine Le professeur Guy VALLANCIEN, ancien président du conseil médical et scientifique de la Mutualité française, ancien collaborateur de M. Xavier BERTRAND, au ministère de la Santé et des Solidarités, élu membre de l'Académie nationale de médecine Le professeur Guy VALLANCIEN, professeur d'urologie à la faculté de médecine René Descartes Paris 5, ancien chef du département d'urologie et de néphrologie de l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris, ancien président du conseil médical et scientifique de la Mutualité française, a été élu à l'Académie nationale de médecine en qualité de membre titulaire dans la 2e division, chirurgie et spécialités chirurgicales, en remplacement de M. Yves CHAPUIS, nommé membre émérite. Né en janvier 1946, docteur en médecine, titulaire du certificat de spécialité en chirurgie, le professeur Guy VALLANCIEN fut interne des hôpitaux de la région Centre (1971-1972) puis à l'hôpital de Pointe-à-Pitre (1973-1974) avant d'être interne des hôpitaux de Paris (1974-1978). Chef de clinique, assistant des hôpitaux de Paris à l'hôpital Bretonneau (1978-1979), il fut ensuite chef de clinique, assistant au service d'urologie de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (1979-1982) avant d'être nommé en 1982 chirurgien urologue du centre médico-chirurgical de la Porte de Choisy. Chef du département d'urologie et de néphrologie de l'Institut Mutualiste Montsouris (1995-2011), il se vit confier en 2001 la présidence de l'Ecole européenne de chirurgie et fut par ailleurs chargé de mission auprès de M. Xavier BERTRAND, au ministère de la Santé et des Solidarités (2005-2007). Professeur d'urologie à la faculté de médecine René Descartes Paris 5, depuis 2005, M. Guy VALLANCIEN fut nommé en 2005 président du conseil médical et scientifique de la Mutualité française et secrétaire général du Conseil national de la chirurgie en 2006. Il est depuis 2007 membre titulaire de l'Académie nationale de chirurgie. LE FIGARO santé Qu'apporte la vision 3D en chirurgie hépatique ? BRICE GAYET DAVID FUKS Institut Mutualiste Montsouris. Laboratoire ISIR-CNR/Inserm 30 juin 2014 (c) Copyright 2014 Le Figaro. PROFESSEUR DOCTEUR La chirurgie hépatique est traditionnellement difficile, car le foie est un organe volumineux, très vascularisé et situé sous le rebord costal droit, d'un abord peu aisé. Mais il possède deux propriétés importantes qui facilitent son exérèse (ablation) : il peut se régénérer (repousser) et il tolère l'ischémie lorsqu'on interrompt son flux sanguin. En permettant d'accéder à la cavité abdominale par de petites incisions dans lesquelles sont placés des trocarts permettant le passage d'instruments chirurgicaux et d'une optique, la laparoscopie a bouleversé la chirurgie digestive conventionnelle car elle réduit la morbidité et les séquelles pariétales. Ce type de chirurgie diminue les douleurs postopératoires et permet une réhabilitation plus précoce du patient. Toutefois, un nombre limité d'équipes à travers le monde pratique des résections hépatiques complexes par voie laparoscopique, alors que cet abord connaît un essor considérable dans la quasi-totalité de la chirurgie abdominale. Les raisons sont liées essentiellement à la difficulté de reproduire les gestes complexes de la chirurgie hépatique à travers de petites incisions ; à la difficulté d'assurer un contrôle rapide et efficace de l'hémorragie au cours de la transection parenchymateuse ; et à la nécessité d'une haute technologie (ultrason, caméra infrarouge) pour que ne soit pas compromise la qualité oncologique des résections réalisées par cette voie d'abord. La France a une avance très importante en ce domaine. Amplifier la réalité Le principe de la visualisation 3D repose sur l'utilisation d'une caméra (endoscope) stéréoscopique permettant de fournir deux images légèrement décalées. Comme pour le cinéma en 3D, ces dernières sont projetées sur un grand écran et le chirurgien utilise alors des lunettes 3D qui ne montrent qu'une image sur chaque oeil, redonnant alors la vision en relief. Depuis le début des années 1990, plusieurs fabricants ont mis au point ces systèmes de visualisation sur des caméras de 1 cm de diamètre. Cependant, la faible résolution des écrans ne permettait pas d'utiliser cette innovation en routine clinique. Actuellement, la puissance des ordinateurs permet de fournir une résolution haute définition. La technologie 3D offre aux chirurgiens la possibilité d'utiliser la profondeur de champ avec précision pour la dissection et surtout la suture, tout en fournissant des images qui sont plus claires qu'auparavant. De ce fait, elle nous permet d'avoir une vision de l'anatomie d'un patient comme si nous faisions l'intervention par voie ouverte mais « la tête dans le malade », alors que nous travaillons avec des outils laparoscopiques à l'extérieur du corps humain. Cette immersion complète dans le champ opératoire facilite la réalisation à la fois des tâches simples et compliquées, pour les débutants comme pour les experts, avec, dans notre expérience, un gain de temps (pouvant aller jusqu'à 75 %, selon certaines études) et de qualité des gestes effectués (62 % d'erreurs en moins). D'autres études sont moins enthousiastes, montrant un bénéfice uniquement pour les gestes simples ou pour les chirurgiens ayant peu d'expérience et soit pour la qualité soit pour la durée du geste mais pas sur l'ensemble. Si la visualisation 3D permet effectivement de diminuer la courbe d'apprentissage des jeunes chirurgiens grâce à l'amélioration de la perception spatiale, elle pourrait avoir un rôle dans la formation des étudiants alors que les contraintes réglementaires diminuent leur présence à l'hôpital. La France à la pointe Les limites actuelles de la visualisation 3D sont la pixélisation lors des mouvements rapides de la caméra, la déformation des structures lointaines, la nécessité permanente d'un champ opératoire sans fumée et d'une optique parfaitement propre. Les objets qui sont trop près et ceux qui sont trop loin provoquent un sentiment d'inconfort visuel et les personnes ayant une dominance oculaire marquée peuvent avoir un certain malaise, voire des nausées ou des céphalées. La visualisation 3D est une des premières applications du numérique dans la salle d'opération pour aider les cliniciens dans les aspects subtils et critiques de la chirurgie. C'est un domaine passionnant où la technologie va permettre d'amplifier la réalité et rendre transparents les organes et leurs vaisseaux. Même si les tentatives d'incrustation sont actuellement limitées par l'insuffisante précision du recalage en temps réel, et par la rigidité des représentations virtuelles, tout cela va changer dans un futur proche et l'arrivée de ces images 3D va supprimer l'incongruence qui existait entre les volumes des structures anatomiques et les images planes. On voit aussi le potentiel exceptionnel du numérique et de la robotique en chirurgie. En effet, outre l'amélioration des images que permet le numérique, avec par exemple des gestes faits sous vision infrarouge, au-delà des capacités humaines, la possibilité de recaler des outils dans l'espace va permettre par exemple, en faisant comanipuler les outils par le chirurgien et le robot, de protéger les zones du corps exposées au danger en limitant l'espace dans lequel l'extrémité active de l'outil peut se déplacer. C'est la vraie robotique chirurgicale, bien éloignée des coûteux télémanipulateurs actuels, qui va commencer, et la France est là aussi en pointe des travaux de recherche. Mardi 3 Juin 2014 actu progrès Cancer du poumon Opérer sans ouvrir le thorax Retirer un lobe pulmonaire touché par un nodule cancéreux, c'est parfois possible sans ouvrir le thorax. Une anesthésie avec une intubation spéciale est nécessaire, car le poumon sur lequel on intervient est « exclu » de la respiration pendant l'opération. Les instruments sont introduits entre les côtes, ce qui oblige le chirurgien à travailler sur un espace resserré, et donc augmente la durée de l'intervention (entre 1h30 et 4 h). Mais le résultat est aussi bon. « Les études montrent des survies similaires, voire légèrement supérieures chez les personnes opérées ainsi au Japon », souligne le Dr Gossot, chirurgien responsable du département thoracique de l'Institut Mutualiste Tous droits réservés : Top Santé Montsouris (Paris), où l'on a déjà pratiqué 500 interventions de ce type. Si les douleurs sont vives au réveil, elles durent moins longtemps qu'avec l'intervention classique où on ouvre le thorax pour atteindre le poumon. « J'ai eu très mal le premier jour, mais 48 heures après, je n'avais plus besoin de morphine et 6 jours plus tard, je rentrais chez moi », témoigne un ancien fumeur de 74 ans. Six semaines après, il faisait régulièrement 8 à 10 km de marche rapide. Et il raconte que, lors de sa seconde intervention, pour un nodule dans l'autre poumon, il est même sorti le 4e jour et mène maintenant une vie normale. L'intervention, par vidéoassistance, permet d'ôter le lobe pulmonaire où se trouve la tumeur sans ouvrir le thorax. Dimanche 1er Juin 2014 La voie radiale dans l'infarctus : pourquoi s'embêter ? La prise en charge des syndromes coronariens aigus avec sus-décalage du segment ST nécessite une revascularisation coronaire de l'artère coupable la plus rapide possible. Que celle-ci soit pharmacologique avec une fibrinolyse ou mécanique avec une angioplastie primaire, cette prise en charge conduit obligatoirement en salle de cathétérisme soit pour le geste initial, soit pour un geste complémentaire. Le choix de la voie d'abord est donc au-devant de la scène, étant entendu que ces patients font l'objet de traitements antithrombotiques particulièrement agressifs avec a minima des anticoagulants associés à une double antiagrégation plaquettaire. La mise sur le marché des nouveaux inhibiteurs des récepteurs P2Y12 renforce le risque hémorragique qui est bien réel et tout doit être mis en jeu pour réduire ce risque, la voie radiale y trouvant toute sa place. I Derrière la thématique proposée, sont posées 2 questions : - quelles sont les difficultés potentielles rencontrées lors de l'approche radiale ? - qu'apporte vraiment la radiale dans l'infarctus ? Le taux d'échec de la voie radiale reste peu élevé (de l'ordre de 1 à 2 %) dès lors que l'opérateur possède la maîtrise de la technique. Néanmoins, on comprend aisément qu'échec rime avec perte de temps et que cet élément doit être pris en compte dans une situation où la rapidité de reperfusion est une des clés du succès de la prise en charge de l'infarctus. Il est indispensable que le cardiologue interventionnel apprécie très vite les potentielles difficultés qui pourront l'amener à convertir pour une voie fémorale (celle-ci devant à mon sens être simultanément préparée lors de l'installation sur la table de coronarographie du patient) et qui sont dominées par : - les échecs de ponction (ce d'autant que les conditions liées à la phase aiguë d'infarctus ne sont pas optimales pour la ponction : hémodynamique parfois instable, patient mal informé et non préparé) ; - le spasme qui doit être prévenu par l'injection de vasodilatateurs ; - l'existence de variations artérielles anatomiques du membre supérieur, d'autant plus marquées que le patient est âgé et hypertendu, et rencontrées dans 14 à 15 % des cas et dont le franchissement peut s'avérer parfois difficile ; - les difficultés d'intubation des ostias coronaires. Une autre limite d'utilisation de la voie radiale est représentée par la taille de la radiale qui n'autorise pas toujours l'utilisation de cathéters de gros diamètre parfois nécessaires pour réaliser une thrombo-aspira-tion efficace dès lors que la charge thrombotique endoluminale coronaire est importante. L'approche radiale est très largement utilisée en France avec un taux de pénétration de l'ordre de 75 %. En région Ile-de-France, le registre Cardio-ARSIF confirme cette progression puisqu'en 2012, 82 % des angioplasties ont été effectuées par cette voie d'abord, et concernant l'infarctus : 79 %. On voit donc bien que cette voie d'abord est largement dominante et qu'on s'affranchit des limites d'utilisation précédemment décrites, essentiellement car les centres ont acquis une expertise certaine dans cette approche vasculaire. I La deuxième interrogation est celle des acquis scientifiques : la radiale fait-elle mieux que la fémorale ? Tout d'abord, il convient de revenir sur l'importance de la surmortalité générée par les saignements. Ceux-ci, lors des syndromes coronariens aigus (SCA), sont responsables à court (30 jours) et long terme (1 an), d'une surmortalité très significative. Dans environ 1/3 des cas, la cause du saignement majeur trouve son origine au point de ponction. Le caractère incompressible du taux de complications loco-régionales fémorales reste immuable dans le temps, variant de 1,5 à 9 %, et les systèmes de fermeture percutanée n'ont guère modifié cette incidence. Particulièrement fréquent et grave chez le patient faisant l'objet d'un traitement antithrombotique agressif comme à la phase aiguë de l'infarctus, il est acquis depuis plusieurs années que la voie radiale permet de réduire le nombre de complications au point de ponction. Dès 2004, la métaanalyse d'Agostini confirmait qu'après randomisation sur des procédures progr a m m é e s la voie radiale permettait de réduire significativement le taux de complications de 2,8 % à 0,3 %. Le « raccourci intellectuel logique » est donc d'essayer d'améliorer le pronostic de ces patients en réduisant ce taux de complications qui est source de saignements. Nous disposons de 3 études randomisées permettant d'étayer cette hypothèse. • RIVAL (Jolly, 2011) a comparé la voie radiale à la voie fémorale chez des patients présentant un SCA avec ou sans élévation du segment ST. Plus de 7 000 patients ont été inclus avec un résultat ne retrouvant pas d'effet bénéfique de la radiale sur un critère composite à 30 jours (mortalité, IDM, AVC et saignements), mais avec néanmoins une diminution significative des complications vasculaires majeures (1,4 versus 4,7 %). Certains commentaires doivent être apportés dans l'analyse de cette étude car il s'agissait d'une population hétérogène de SCA, qu'il existait un fort taux de cross-over du bras radial vers le bras fémoral responsable d'un nombre important de saignements rattachés au groupe radial, mais en réalité de nature fémorale. Deux analyses en sous-groupes (prévues à l'origine de l'étude) sont particulièrement intéressantes. Tout d'abord, le sous-groupe des SCA ST+ (près de 2 000 patients) où le critère primaire est significativement réduit dans le groupe radiale, gain obtenu surtout avec une réduction très significative de la mortalité (p = 0,001). L'analyse des sous-groupes en fonction du volume d'activité des centres est particulièrement intéressante révélant une supériorité significative de la radiale dans les centres à haut volume, confirmant que c'est au prix d'une grande expertise que l'approche radiale permet de réduire les complications hémorragiques. • L'étude RIFLE STEACS (Romagnoli, 2012) a randomisé 1 000 patients présentant un SCA ST+, avec un taux de cross-over de 4,7 %. Le critère primaire (décès, IDM, AVC, saignements, complications vasculaires) à 30 jours est en faveur de façon significative pour la radiale. Ce gain est obtenu grâce à la réduction des saignements au point de ponction avec une réduction de 47 % (2,6 versus 6,8 %). • Une troisième étude qui vient juste d'être publiée, STEMIRADIAL (Bernat, 2014), a randomisé radiale versus fémorale chez 700 patients présentant un SCA ST+ éligibles pour une angioplastie primaire. Le critère primaire composite à 1 mois associait saignements majeurs et complications vasculaires. Ce critère a été réduit de façon très significative dans le groupe radial (1,4 % versus 7,2 %), permettant aussi une réduction significative de la durée d'hospitalisation. Le gain sur la mortalité par voie radiale n'est pas significatif en raison d'un trop faible effectif de patients. Avec un faible taux de cross-over (3,7 %), cette étude confirme que l'expertise des centres va de pair avec les résultats favorables obtenus. Si le gain en termes de mortalité par voie radiale n'était pas un critère d'analyse dans ces études, l'analyse du registre suédois SCAAR dont le suivi est particulièrement performant apporte un début de réponse avec une analyse rétrospective sur 5 ans de plus de 21 000 angioplasties primaires où la mortalité à un an est significativement réduite lorsque la voie radiale est utilisée. L'une des interrogations qui subsiste aussi est la place de la bivalirudine dans la réduction des saignements au point de ponction. Bien que la grande majorité des patients de l'étude HORIZONS-AMI aient bénéficié d'une approche fémorale, il apparaît que la voie radiale fait mieux que la voie fémorale, y compris quand la Tous droits réservés : Cardiologie Pratique bivalirudine est utilisée. Les résultats en attente de nouveaux essais viendront étayer cet élément. Enfin, un dernier point mérite d'être regardé dans l'utilisation de la radiale dans l'infarctus, celui de la rapidité de réouverture de l'artère coupable. Que ce soit dans RIFLE ou STEMI RADIAL, le délai « arrivée à l'hôpital-reperfusion coronaire » est identique dans les 2 groupes de patients, et ce délai est d'autant meilleur que la procédure est effectuée dans un centre à haut volume. EN PRATIQUE ¦ La voie radiale dans l'infarctus doit être privilégiée. Elle permet la réduction des complications hémorragiques au point de ponction, sans allonger les délais de prise en charge, dès lors qu'elle est réalisée dans des centres à haut volume d'activité radiale, étant conscient que le cardiologue ne doit pas hésiter à convertir sa procédure en voie fémorale en cas de difficultés trop importantes. ¦ L'application des recommandations de la Société européenne de cardiologie plaçant la voie radiale au premier plan dans l'angioplastie primaire à condition qu'elle soit réalisée par un « radialiste » expérimenté (recommandation de classe IIa avec un niveau de preuve B) ne font que renforcer les derniers résultats des études comparant radiale et fémorale dans l'infarctus. J. MONSEGU, J. MONSEGU Institut Mutualiste Montsouris, Paris Dimanche 1er Juin 2014 EXPERT Fibrillation atriale et insuffisance cardiaque : quelle stratégie ? La fibrillation atriale (FA) est le plus fréquent des troubles du rythme et représente un réel problème de santé publique. Cette maladie est en effet en pleine expansion avec le vieillissement de la population (prévalence européenne anticipée à 25 millions de patients en 2050). L'insuffisance cardiaque voit également sa prévalence augmenter. Contrairement à beaucoup de vieilles idées reçues, la FA est une maladie grave à ne pas négliger : cette maladie évolutive chronique est un facteur indépendant de mortalité. I Les causes de décès liées à la FA sont en majorité liées à l'insuffisance cardiaque Dans une étude récente, E. Marijon et coll. ont étudié les différentes causes de mortalité dans une analyse rétrospective des données de l'étude RELY qui comprenait 18 113 patients ayant de la FA. Ils ont montré que la majorité des causes de décès dans cette population n'était pas liée à des accidents vasculaires cérébraux (ischémiques ou hémorragiques) mais à des morts de causes « cardiaques » (insuffisance cardiaque ou mort subite). Dans ce travail qui ne comprenait que des patients ayant de la FA et correctement anticoagulés, le facteur prédictif indépendant de mortalité le plus fort était l'insuffisance cardiaque (IC). Les patients qui mouraient avaient plus souvent une IC (NYHA III ou IV), une dysfonction VG (< 40 %), une cardiopathie d'étiologie ischémique et une hypertrophie VG. Les progrès pharmacologiques et les études épidémiologiques réalisés dans le domaine des traitements anticoagulants ont permis d'obtenir un réel impact sur la mortalité par AVC (embolique ou hémorragique) et des bénéfices minimes sur la mortalité sont à attendre dans ce domaine dans les années à venir. Le plus grand challenge concernant la mortalité liée à la FA reste donc l'insuffisance cardiaque. I La FA est un facteur indépendant de mortalité, surtout chez l'insuffisant cardiaque L'étude de Framingham en 1998 mettait en évidence une surmortalité des patients atteints de FA par rapport au patients en rythme sinusal stable. Chez les patients déjà en IC, l'augmentation de mortalité liée à la FA a déjà été clairement démontrée. La FA aggrave une insuffisance cardiaque préexistante et peut aussi en être la cause. Elle peut être responsable de cardiopathies rythmiques (largement sous-évaluées) avec ou sans cardiopathie préexistante (3,4). La FA est également responsable d'IC sur cardiopathie à fonction ventriculaire conservée (cardiopathies hypertrophiques le plus souvent), et son apparition correspond souvent à une étape critique dans l'évolution de ces cardiopathies. Figure 1. Amélioration fonctionnelle de la FEVG et diminution de la taille de l'oreillette gauche par ablation de FA chez des patients insuffisants cardiaques(10) . D'après Hsu LF et al. NEJM 2014. I Comment reconnaître une cardiopathie rythmique ? Des patients porteurs de CMD « idiopathique » en FA dites « chroniques », correspondant à d'authentiques cardiopathies rythmiques, ne sont pas rares. Ces cardiopathies rythmiques sont diagnostiquées aujourd'hui car nous avons maintenant des moyens efficaces de maintenir le rythme sinusal des FA persistantes qui avaient échappé au traitement médical. Une cardioversion électrique pour une FA, même ancienne, peut permettre d'apprécier une éventuelle amélioration clinique et de la fonction VG chez des patients qui s'étaient le plus souvent habitués à un état chronique d'asthénie et de limitation à l'effort. I Faut-il contrôler le rythme ou la fréquence ? L'étude AFFIRMdatant de 2002, comparant la stratégie de contrôle de la fréquence cardiaque et la stratégie de maintien du rythme sinusal (par médicaments seulement) n'avait pas démontré de bénéfice dans les 2 groupes en termes de mortalité. Nombreux avaient alors été ceux qui tirait la conclusion (rapide) que seule la fréquence rapide était néfaste dans la FA et qu'essayer de maintenir le rythme sinusal n'avait pas d'intérêt. En y regardant de plus près, on se rendait compte que 35 % des patients dans le groupe contrôle de la fréquence (censés être en FA) était en rythme sinusal et que 40 % des patients dans le groupe contrôle du rythme sinusal étaient en FA. De plus, des analyses par groupe démontraient que le maintien du rythme sinusal était clairement associé à un meilleur pronostic : chez les septuagénaires, il diminuait significativement la mortalité et les hospitalisations, et chez les IC, il diminuait significativement les symptômes d'IC. Le rythme sinusal stable était associé clairement au meilleur statut fonctionnel. Ces auteurs concluaient que quand les médicaments étaient insuffisants pour maintenir le rythme sinusal, l'ablation de la FA (très peu développée à l'époque de l'étude) devait être envisagée maintenant chez ces patients avec IC. B Marche 6 minutes Figure 2. L'étude PABA-CHF(11) a comparé la stratégie de contrôle de la fréquence efficace par ablation du nœud 360 AV + stimulation biventriculaire à la stratégie de contrôle du rythme sinusal par ablation de la FA. 340Un bénéfice Ablation a été de clairement la FA démontré en faveur de l'ablation de FA avec amélioration de la FEVG et du test de marche. 302 p < 0,001 e (m) I Faut-il ablater la FA chez les patients insuffisants cardiaques ? La FA comme l'asynchronisme ventriculaire peut être à la fois la cause d'une cardiopathie primitive et la conséquence aggravante d'une cardiopathie préexistante. La resynchronisation est connue aujourd'hui pour améliorer la fonction cardiaque, les symptômes et la survie. Malgré 25 à 30 % de non-répondeurs, cette technique est néanmoins aujourd'hui très largement utilisée à juste titre. L'ablation de FA est une technique qui reste difficile, et d'autant plus chez les insuffisants cardiaques. Il s'agit souvent de FA persistantes sur des oreillettes dilatées et fibrosées. Mais d'après une métaanalyse portant sur 1 851 patients, l'ablation de FA dans l'IC est sûre et efficace(64 % à 96 % de patients sans arythmie après 1,4 procédure, 4 % de complications chez les patients avec ou sans IC)(9) . Comme dans toutes les FA dites « complexes » (FA persistantes le plus souvent), il est fréquent de devoir répéter les procédures pour obtenir un bon résultat (les reprises étant en général moins complexes). Dans cette même métaanalyse, les patients ayant une dysfonction VG avaient besoin de plus de séances d'ablation que les autres pour obtenir un bon résultat. Néanmoins, différentes études ont montré l'amélioration de la FEVG, de la capacité d'effort et la qualité de vie chez des patients insuffisants cardiaques et ablatés d'un FA(5,9-11) (figure 1) . L'amélioration de la FEVG par A Fraction d'éablation de FA est en moyenne 37 de 11 %. Le bénéfice sur la 35 mortalité est étudié actuellement 33 dans l'étude CABANA (en cours). 31 Malgré ces excellents résultats, 29 la sélection des candidats à une 27 ablation est indispensable, 25 et les facteurs de mauvaise réponse à l'ablation doivent être connus (FA persistante de très longue durée, fibrose et dilatation très importante des oreillettes). I Ablation de FA ou ablation du nœud AV + stimulation biventriculaire ? La stratégie de maintien du rythme sinusal est plus efficace que la stratégie de contrôle de la fréquence chez ce type de patients, mais les médicaments sont souvent inefficaces sur le long terme dans une stratégie comme dans l'autre. Avant l'existence de l'ablation de la FA, chez des patients insuffisants cardiaques en FA réfractaire rapide, l'ablation du nœud AV associée à l'implantation d'un stimulateur était la seule option pour essayer de « stabiliser » ces patients. Aujourd'hui encore, dans les cas d'échec ou de non-indication d'ablation cette stratégie avec stimulation biventriculaire est utilisée pour limiter la désynchronisation induite par la stimulation, dangereuse chez ces patients en IC. Mais faut-il proposer aujourd'hui en 1intention une ablation de FA ou une ablation du nœud AV associée à une stimulation biventriculaire ? La stratégie d'ablation de FA a été comparée à la stratégie « ablation du nœud AV + pacemaker biventriculaire »par l'équipe du Pr Michel Haissaguère : les résultats sont largement en faveur de l'ablation de la FA avec amélioration de la FEVG et de la capacité d'effort (figure 2) . L'ablation du nœud AV associée à un PM doit être aujourd'hui réservée aux patients récusés pour une ablation. I Qui et quand ablater ? Il n'existe pas de recommandations spécifiques concernant l'ablation de FA chez l'insuffisant cardiaque. D'après les recommandations actuelles, une ablation de FA doit être envisagée devant une FA symptomatique résistante au traitement médical. Le bénéfice fonctionnel ainsi que sur la fonction cardiaque du maintien du rythme sinusal tion (%)chez un patient insuffisant car-Ablation diaque de (« la systolique FA ou diastolique ») étant majeur, en cas d'échec des antiarythmiques, uneablation = 0,03 p < 0,001 doit être envisagée en tenant compte du terAblation NAV + BIV rain : âge, ancienneté de la FA, sévérité de la cardiopathie, taille et fibrose de l'OG, etc. Figure 3. Exemple d'un patient présentant une FA persistante depuis 9 mois ayant récidivé sous antiarythmique après plusieurs chocs électriques sur une cardiopathie dilatée à FEVG basse (35 %). L'ablation du substrat arythmogène de sa FA par défragmentation a permis de restaurer le rythme sinusal (haut de la figure) et d'obtenir la « noninductibiité » (bas de la figure). L'origine rythmique de celle-ci est attestée par l'amélioration de sa FEVG (50 %) en rythme sinusal stable post-ablation à 6 mois. Si une indication d'ablation est posée, le remodelage atrial induit par la FA elle-même justifie d'attendre le moins possible afin d'optimiser le résultat de celle-ci (ablation plus difficile avec de moins bons résultats dans les FA persistantes anciennes sur grosses oreillettes). I Comment ablater ? L'ablation de FA compliquant une cardiopathie est souvent une ablation de FA difficile en raison d'un substrat arythmogène plus complexe que sur un cœur sain et doit être réalisée dans des centres « experts ». Les résultats décevants des protocoles anatomiques consistant à isoler les veines pulmonaires seulement dans les FA persistantes, ont poussé les électrophysiologistes à s'intéresser, non plus seu-lement aux veines pulmonaires, mais aux oreillettes. Dans un tra-vail récent, nous avons montré que les veines pulmonaires pouvaient être passives dans la perpétuation de la FA, spécialement dans les FA persistantes et/ou sur des oreillettes dilatées et/ou avec dysfonction ventriculaire gauche. Des approches ciblant le substrat de la FA dans les oreillettes sont aujourd'hui de plus en plus utilisées (« défragmentation » seule(12,13) ou combinée à l'isolation des veines et la réalisation de « lignes ») et donnent de bons résultats. L'objectif de telles procédures et de restaurer le rythme sinusal, voire d'obtenir une « noninductibi-lité » (figure 3) . Dans des cas particuliers de FA de très longue durée, sur très grosses oreillettes, une approche hybride chirurgicale épicardique mini-invasive et électrophysiologique (endocavitaire) peut également donner de bons résultats. De nouveaux outils de cartographie de la FA nous permettront probablement d'être encore plus efficaces dans les années à venir. EN PRATIQUE ¦ L'insuffisance cardiaque est la 1ere cause de mortalité chez les patients atteints de FA. ¦ Elle peut être à l'origine d'une cardiopathie « rythmique » ou aggraver une cardiopathie préexistante (systolique ou diastolique). ¦ La stratégie de contôle du rythme sinusal doit clairement être une priorité tant que possible par rapport à la stratégie de contrôle de la fréquence. Le traitement médical optimal d'une cardiopathie préexistante peut en lui-même prévenir ou limiter les accès de FA. ¦ En cas d'échec, du traitement médical de la cardiopathie et des antiarythmiques, l'ablation reste la seule option pour le maintien du rythme sinusal. Celle-ci est difficile et peut être réalisée en plusieurs temps, mais elle est efficace et sûre et doit faire partie aujourd'hui de l'arsenal thérapeutique de l'insuffisance cardiaque chez des patients bien selectionnés. Références1. Benjamin EJ et al. Impact of atrial fibrillation on the risk of death: the Framingham Heart Study. 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KHANOYAN* *Hôpital Saint-Joseph, Fédération de cardiologie, Marseille **Institut Mutualiste Montsouris, Hôpital Privé des Peupliers, Paris Lundi 5 Mai 2014 Santé témoignages On ose en parler Je suis constipée, et ça me gâche mes journées La constipation est l'un des problèmes intestinaux les plus fréquents. Trois femmes dépassent les tabous et racontent ces moments désagréables. Par Claire Gabillat “Cela m'arrive quand je suis en voyage” Angèle, 32 ans Je suis guide de montagne et j'accompagne régulièrement des groupes en randonnée dans l'Atlas marocain. Au début de chaque trek, nous sommes nombreux à souffrir de constipation. Beaucoup moins connue que la turista, cette « constipation de voyage » est liée à la chaleur, au changement d'habitudes alimentaires, mais aussi, en grande partie, à la difficulté de s'isoler pour faire ses besoins en plein air... La recette ? Elle m'a été donnée par une guide berbère : manger des figues sèches dès le réveil, à jeun, et boire immédiatement après du thé chaud. Résultat garanti. Depuis, j'ai appris que les figues étaient, comme les pruneaux, des fruits très efficaces comme laxatif et qu'on les trouvait même en sirop en pharmacie. “Un effet secondaire de l'arrêt du tabac” Juliette, 28 ans Après quatorze ans passés à fumer, je me suis enfin décidée à arrêter la cigarette. Je tiens bon et, contre toute attente, l'un des symptômes les plus gênants pour moi est la constipation. Je ne savais pas du tout que l'arrêt de la consommation du tabac pouvait provoquer ce genre de phénomène. Mais comme je suis sujette à ce type de problème depuis longtemps, j'ai mon remède miracle : le jus d'Aloe vera. Cette plante qui a, entre autres vertus, celle de nettoyer le système digestif, est aussi laxative et fait généralement son effet ! Je l'achète bio et je fais toujours très attention à ce qu'il y en ait un pourcentage élevé dans les jus mélangés. “Mes médicaments sont en cause” Marion, 42 ans Je souffre de fibromyalgie. Cette maladie chronique cause des douleurs continuelles dans tout le corps. C'est insupportable. Pour me soulager, mon médecin m'a prescrit des antidépresseurs. La dose n'est pas forte, mais depuis j'ai de gros soucis pour aller aux toilettes. Il paraît que c'est un phénomène fréquent avec ces médicaments. Pour atténuer ce phénomène, je mange plus de fibres, je bois souvent dans la journée, je prends des granules homéopathiques (Alumina et Opium en 5CH) et, juste avant d'aller aux toilettes, je fais un micro-lavement. Ce n'est pas très fun, mais ça marche. Notre expert Dr Philippe Godeberge, gastro-entérologue à l'Institut Mutualiste Montsouris, à Paris. A quoi correspond la constipation ? Elle se caractérise par un transit inconfortable, soit du fait de selles peu fréquentes, plus sèches ou plus dures que la moyenne, soit par une difficulté à les évacuer. Elle peut être occasionnelle ou chronique. Une bonne hygiène de vie (manger des fibres, boire régulièrement, et faire une activité physique) suffit le plus souvent à la soulager. Quand doit-on s'inquiéter ? La constipation est une maladie gênante, mais bénigne. Vous devez consulter en cas de signes d'alerte (perte de poids, altération de l'état général avec fatigue, pâleur, fièvre, nausées, vomissements....), ou si vous remarquez des glaires et, surtout, du sang dans vos selles. Et ce, même si vous êtes persuadée d'avoir des hémorroïdes. Quels sont les risques ? Contrairement à une idée reçue, la constipation ne provoque pas le cancer du côlon, n'entraîne ni maux de tête ni asthme. Elle peut, en revanche, favoriser les crises d'hémorroïdes ou l'apparition d'une fissure anale, et, surtout, provoquer à long terme, chez la femme, une incontinence. Les efforts chroniques de poussée fragilisent en effet le périnée. Shopping Contre la paresse intestinale, Arko Transit, Arkopharma, 5,50 €, en pharmacie. parapharmacie. Riche en fibres, Transi-tonic Bio, Santarome Nature, 19,50 €, en Tous droits réservés : Femme Actuelle A base d'extraits de plantes, Grains de Vals, Laboratoires Nogues, 6 €, en pharmacie. Vie pratique Casser les tabous sur les handicapés 5 mai 2014 Copyright 2014 Le Parisien. All Rights Reserved. L'EXPO UNE IMMERSION COMPLÈTE dans la vie affective des personnes handicapées, avec beaucoup de tendresse et d'humour. C'est ce que propose l'exposition « Corps et Ames » grâce à une cinquantaine de photographies de Jean-Baptiste Laissard, un artiste engagé. Une manière de découvrir une vision complémentaire du handicap, qui aborde la délicate question de la sexualité et de la parentalité, des sujets encore considérés comme tabous. Tous les jours de 8 heures à 20 heures, jusqu'au 26 mai 2014 à l'Institut Mutualiste Montsouris ; 42, boulevard Jourdan ; Paris XIV e. Entrée libre. Jeudi 1er Mai 2014 Savoirs et pratiques Etude Le choix du prénom dans les situations d'adoption internationale - En contexte d'adoption internationale, se pose la question des liens que gardent ou non les familles adoptives avec la culture du pays de naissance de l'enfant - En particulier, le choix des prénoms par les parents adoptants reflète ce questionnement - Une étude a été menée à ce sujet auprès de parents et d'enfants, pour mieux comprendre les sentiments d'appartenance, de filiation et d'affiliation dans ces situations. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés - adoption internationale ; affiliation ; analyse qualitative ; filiation ; prénom Lien entre l'enfant et la personne qui le prénomme, messager d'une transmission qui inscrit celui qui le reçoit dans la filiation de celui qui le donne, révélateur d'un projet familial ou d'un projet de couple (1) , le prénom est soumis à des déterminations religieuses, législatives, individuelles, familiales et sociétales, plus ou moins conscientes. (2) (3) (4) (5) - Plusieurs phases sont décrites dans l'élaboration du choix du prénomissu des désirs parentaux inconscients: la première, ou phase du prénom narcissique, correspond à l'expression du narcissisme parental via la répétition du prénom des parents ; la deuxième, ou celle du moi idéal, correspond à une phase plus avancée dans laquelle le désir s'incarne dans un personnage représentant le moi idéal du parent ; la troisième, celle du projet parental, est issue d'une confrontation du parent, à sa propre ambivalence, à la réalité externe, au choix entre son propre projet, le projet familial et le projet collectif, ou sociétal (6) . - Une fois le prénom choisi,donné puis reçu, l'enfant doit se positionner par rapport à celui-ci, et aux projections qui l'ont constitué. Même s'il contient le désir parental et le destin qui est fantasmé pour l'enfant, c'est à ce dernier de décider de se l'approprier, de l'incarner ou encore de le rejeter, voire d'en changer ; et de répondre aux questionnements identitaires qu'il impose: « Qui suisje, qui dois-je être, qui ai-je envie d'être pour porter ce prénom? ». En situation d'adoption internationale,le cheminement amenant à la prise de décision et au choix des prénoms est parfois complexe. En effet, les parents adoptifs sont confrontés à une double question, celle de la prénomination de leur enfant ne pouvant être dissociée de celle de l'éventuelle conservation du prénom de naissance. Sur les forums d'adoption internationale, cette question est l'une des plus fréquemment posées. Tout comme celle du maintien des liens avec le pays de naissance de l'enfant et sa culture, elle fait l'objet de nombreux débats théoriques chez les professionnels et dans l'entourage des parents adoptants. Vu par certains comme le risque d'une inscription délicate et compliquée dans la filiation adoptive, le maintien du prénom de naissance est associé pour d'autres à des risques d'exposition de l'enfant au racisme et à un décalage culturel douloureux avec son pays d'accueil. A l'inverse, le changement de prénom renvoie pour certains à une forme de rejet regrettable du passé, voire de l'identité de l'enfant, et de risque de rupture dans sa construction. Le maintien du prénom de naissance serait alors associé à un respect de l'histoire de l'enfant et le choix par les parents adoptifs d'un autre prénom à un symbole fort d'inscription dans sa nouvelle filiation. Comment les parents trouvent-ils leurs propres réponses à cette question du choix des prénoms de leur enfant? Dans quoi ce choix vient-il s'inscrire et prendre sens? - A partir de l'étude menée auprès de parents et d'enfantsen situation d'adoption internationale, sont explorés d'une part le choix des prénoms par les parents adoptifs, et d'autre part le vécu des enfants adoptés de leur (s) prénom (s), avant de mettre en parallèle la question du prénom avec celle des liens avec le pays de naissance de l'enfant. Matériel et méthodes Critères d'inclusion et mode de recrutement Les familles incluses dans la recherche ont adopté un ou plusieurs enfants dans un autre pays que la France. Ceux-ci sont âgés de 10 à 18 ans au moment de la recherche. Il s'agit d'adoptions plénières, ce qui signifie sur le plan juridique une rupture irrévocable des liens de filiation antérieurs et l'acquisition d'une nouvelle filiation légitime remplaçant la première. Les familles ont été recrutées en population générale. le 29 mars 2011 par le CEERB du groupe hospitalo-universitaire Nord. Chaque membre des familles contactées a reçu un formulaire d'information et pouvait à titre individuel refuser ou accepter de participer à la recherche. Un consentement écrit a été signé par les parents et les enfants. Afin d'assurer l'anonymat, les prénoms des enfants ainsi que leur pays de naissance ont été modifiés. Résultats Descriptif de la population étudiée Outils méthodologiques Les entretiens sont fondés sur deux guides semi-structures (un destiné aux parents et un aux enfants âgés de 10 à 18 ans) élaborés par le groupe de recherche "Adoption internationale" de la Maison des adolescents de l'hôpital Cochin (Maison de Solenn, AP-HP, Paris) et comportant plusieurs thèmes: histoire de l'adoption, expériences de racisme et de discrimination, choix (ou vécu) des prénoms, appartenances culturelles et liens au pays de naissance. Ces entretiens sont enregistrés, puis retranscris pour être ensuite analysés. Méthodes d'analyse Les entretiens semi-structures des parents et des enfants sont analysés à l'aide d'une méthode qualitative phénoménologique: V Interpretative Phenomenological Analysis (IPA) (7) (8) qui implique une analyse longitudinale de chaque entretien et plus précisément une analyse détaillée des perceptions et des discours des parents et des enfants adoptés, en étant particulièrement attentif à ce qui émerge sur le vécu de l'enfant vis-àvis de son ou ses prénoms. La validité de cette analyse qualitative est assurée par le double codage, deux chercheurs analysant ces entretiens de manière séparée. Aspects éthiques Le projet de recherche a été soumis à l'avis du Comité d'évaluation de l'éthique des projets de recherche biomédicale (CEERB) et a été accepté Sept familles ont été rencontrées, soit six enfants (âgés de 10 à 18 ans) et neuf parents dont deux d'entre eux ont été vus à deux reprises (pour chacun de leurs enfants) . Dix-sept entretiens ont donc été réalisés. Parmi les adolescents rencontrés, deux d'entre eux, Marie et Dumitru, sont suivis en pédopsychiatrie (tableau 1). Les familles ont été rencontrées dans le lieu qui leur convenait, à domicile, sur leur lieu de travail ou encore à la Maison des adolescents de Cochin lorsqu'elles le demandaient. La durée des entretiens était très variable, allant de 8 à 22 minutes pour les enfants et de 15 minutes à 1h15 pour les parents. Entretiens avec les enfants, vécu des prénoms - Acceptation et indifférence.Nous retrouvons chez Brice et chez Marie une acceptation du prénom donné par leurs parents adoptifs, acceptation teintée chez Marie d'une certaine opposition et d'un désir de le personnaliser en le modifiant légèrement. Rejet et sentiment d'étrangeté.Chez Jennifer et chez Françoise, il existe un sentiment d'étrangeté associé à un rejet important de leur prénom d'adoption les amenant à souhaiter s'appeler autrement. Cela semble s'inscrire chez Françoise dans un refus de porter un prénom qu'elle juge « vieux et moche » au point de se faire appeler Alice dans certaines circonstances: «Je déteste tellement mon prénom que je donne jamais mon vrai prénom. Quand j'étais petite, j'étais extrêmement complexée par ma couleur de peau et je voulais être blonde aux yeux bleus, c'est pour ça que je voulais m'appeler Alice et c'est resté ». L'absence de deuxième prénom est peut être aussi une des raisons de ce rejet, ne lui donnant pas d'autres alternatives devant le rejet de son prénom que de s'auto-prénommer. Elle n'évoque par ailleurs jamais son prénom de naissance, alors que son discours est à première vue marqué par l'importance de son attachement à son pays de naissance. Est-ce que cela s'inscrit dans une forme de rejet inconscient de celui-ci et de ses parents de naissance qu'elle n'évoque à aucun moment de l'entretien? Jennifer évoque sa difficulté à porter un prénom qui n'est à ses yeux ni français, ni roumain. - Appréciation et attachement.Dao et Dumitru, dont les prénoms de naissance ont été conservés, apprécient leur prénom. Chez Dao, cela s'inscrit dans un souci marqué de maintenir des liens avec son pays de naissance, d'avoir une double appartenance et de concilier les deux filiations, son prénom étant un mélange ou un métissage entre le choix de ses parents adoptifs et de ses parents de naissance. En ce qui concerne Dumitru, l'attachement à son prénom peut être lié au fait que celui-ci a été choisi par ses parents de naissance et ses parents d'adoption, et qu'il est à la fois roumain et français, se prononçant de deux façons différentes (9) . Entretiens avec les parents, analyse du choix du prénom - Le prénom de naissance.Pour certains enfants, notamment ceux adoptés après l'âge de 5 ans, le prénom de naissance a été maintenu, parfois en première position, parfois en deuxième ou en troisième. L'ensemble des parents évoque le souhait de maintenir un lien avec le passé de l'enfant et une continuité dans son histoire. Ainsi, pour Jennifer et Dumitru, le prénom été conservé en premier prénom: « Son prénom, c'est son histoire ; elle a laissé déjà tellement de choses derrière». Les parents de Dao ont choisi de ne conserver que la deuxième syllabe du prénom, sorte de compromis entre leur désir de donner un prénom prononçable en français et leur refus de modifier totalement son prénom: « On ne peut pas garder son prénom de naissance, beaucoup trop difficile à prononcer, mais on se voyait mal l'appeler Pierre, Paul Jacques. Son prénom fait partie de lui, il est né avec ça, c'est son identité ». De même, les parents de Stéphanie ont conservé le prénom de naissance de leur enfant en deuxième position afin de maintenir un lien avec son passé: « Elle est née avec ce prénom, on souhaite le garder parce que c'est son passé ». La nonconservation du prénom de naissance concerne Myriam, dont la mère dit détester le prénom de naissance et Julien, sans raison évoquée. - Le prénom d'adoption.Les choix des prénoms d'adoption renvoient à une dimension affective chez les parents de Myriam (qui ont donné le prénom de la soeur de la mère en signe de reconnaissance envers cette femme qui les a accompagnés durant les démarches d'adoption) et de Julien (prénom du meilleur ami de leur fille incarnant le métissage: « Un enfant eurasien qu'on adore, qui est beau comme un coeur, intelligent, brillant »), et à une dimension esthétique chez les parents de Stéphanie, renvoyant à la question du goût individuel et collectif (10) . - Le deuxième et le troisième prénom.Pour Jennifer, Dumitru, Stéphanie et Julien, les deuxièmes et troisièmes prénoms sont ceux des grands-parents, permettant ainsi l'inscription dans la filiation adoptive via une transmission transgénérationnelle (11) . Par ailleurs, le souhait d'offrir la possibilité à l'enfant de choisir parmi ses différents prénoms est mis en avant par les parents de Jennifer, Dumitru et Dao. Enfin, la coexistence de prénoms du pays de naissance et du pays d'accueil, reflétant la multiplicité des appartenances, est souhaitée par les parents de Dao qui ont choisi de lui donner un prénom français en deuxième et de placer son prénom de naissance en troisième position. Discussion Enfants, prénoms et liens avec le pays de naissance Prénoms et sentiments d'appartenance, la question identitaire.On peut remarquer que lorsque l'enfant aime l'un de ses prénoms (de naissance ou d'adoption), cela s'inscrit à la fois dans une appréciation de ce que celui-ci représente et dans une cohérence avec son sentiment d'appartenance et d'identité. Ainsi, Brice et Marie se sentent principalement français et acceptent leurs prénoms (qui sont français). Dao, dont le prénom est vietnamien à l'origine et qui a été transformé par ses parents adoptifs, tient à ce prénom, ce qui s'inscrit dans son sentiment de double appartenance et filiation. Dumitru est aussi attaché à son prénom, qui est aussi bien français que roumain, et dont l'orthographe et la prononciation lui permettent d'être tantôt affilié à un pays, tantôt à l'autre. - Lorsque l'enfant trouve son prénom bizarre, étrange, voire le rejette,ne faisant pas sien l'héritage qui lui est transmis (12) , cela semble aussi être en lien avec la façon dont il perçoit ses appartenances. Jennifer souhaite ainsi avoir un prénom plus français et met en avant son sentiment de double appartenance francoroumaine, contrastant avec ce prénom américain. Françoise, elle, rejette violemment son prénom d'adoption, préférant se renommer elle-même avec un prénom français, ce qui rejoint son sentiment d'appartenance et de loyauté presque exclusifs à la «patrie » qui l'a accueillie. Cela renvoie aussi à une négation des origines, de la scène primitive, dans une toute-puissance où elle pourrait elle-même s'auto-prénommer. - Appropriation du lien avec le pays de naissance, appropriation du prénom. Nouspouvons par ailleurs établir un parallèle entre l'appropriation du prénom et celle du lien avec le pays de naissance. En effet, même si le choix d'un prénom est si complexe qu'il est difficile de n'en extraire que quelques niveaux d'analyse, il est intéressant de noter que l'avis de l'enfant sur son prénom vient aussi de ce qui a été transmis par les parents autour de celui-ci. L'enfant projette ainsi dans ce prénom des éléments qui lui appartiennent mais aussi tout ce qu'il a reçu à travers le discours parental, conscient et inconscient sur le prénom, paradigme de l'inscription dans une ou des filiations. A travers le récit de Dao et de Françoise, existent deux exemples opposés de cette question de la double appropriation du prénom et du lien avec le pays de naissance. En effet, dans ces deux familles, les parents ont créé un lien avec le pays de naissance de leur enfant (voyages réguliers, investissement associatif et humanitaire, etc.) et les enfants euxmêmes conservent un lien avec leur pays de naissance. Pour Dao, ce lien lui est propre, il a su se le réapproprier, indépendamment du lien de ses parents à son pays de naissance, tout comme son prénom, donné par ses parents mais qu'il revendique. Françoise, en revanche, montre une difficulté à s'approprier aussi bien son prénom que les liens avec son pays de naissance, qui semblent appartenir plus à ses parents qu'à elle-même. - Nous voyons ainsi comment le vécu de l'enfant de ses prénoms,la façon dont il les rejette, les accepte, s'y attache, les apprécie, est en relation d'une part avec ses sentiments d'appartenance, de filiation et d'affiliation, d'autre part avec le lien que lui et ses parents entretiennent avec son pays de naissance, et la nature de ce lien. Parents, prénoms et liens avec le pays d'origine - Maintien, création, absence ou refus des liens avec le pays d'origine.Notre recherche permet de distinguer différentes stratégies parentales vis-à-vis de la question des liens avec le pays d'origine de l'enfant, ceux-ci ayant une influence sur les liens des enfants avec leur propre héritage culturel, ainsi que sur leurs compétences culturelles (13) , notion très développée dans la littérature anglo-saxonne, définie par l'habilité à avoir un comportement culturel spécifique approprié pour un rôle économique, politique et social adulte (14) : - maintien du lien. Dans certaines familles, le lien avec le pays de naissance préexistait à l'adoption, soit parce que l'adoption a été réalisée dans le pays d'origine d'un des deux parents, soit car le choix du pays était motivé par un attachement particulier des parents au pays d'adoption. Dans les cas où l'un des parents a la même origine que l'enfant, ce lien s'inscrit à la fois dans un souhait des parents de respecter et maintenir l'identité et le sentiment d'appartenance de l'enfant à son pays de naissance, et dans un souhait de l'inscrire dans la filiation du parent en question. Pour ceux qui ont un attachement particulier au pays de naissance, ce lien, outre le respect de F alterné et de l'identité de l'enfant, renvoie au souhait de transmission aux enfants de ce qui est cher aux parents ; - création du lien. Pour certains parents, l'adoption est venue créer ce lien, d'une part afin de maintenir le lien existant entre l'enfant et son pays de naissance, reconnaissance de ses premières filiations et affiliations, d'autre part dans une volonté propre aux parents de s'intéresser aux pays de naissance de leur enfant ; - absence de lien. Dans le discours d'une des familles, le lien des parents avec le pays de naissance de leur enfant ne parait ni investi, ni rejeté, il est comme absent. Nous pouvons nous interroger sur la constance dans le temps de cette attitude parentale. L'enquête menée par Kristy Thomas et Richard Tessler montre que l'importance des parents accordée à la socialisation culturelle, c'est-à-dire à l'acquisition de compétences nécessaires pour fonctionner dans une culture donnée (15) , est stable dans le temps (16) . En est-il de même pour le lien avec le pays d'origine, ou ce lien fluctue-t-il en fonction de l'âge de l'enfant et de la dynamique familiale? ; - refus du lien. Enfin, un des couples rejette le lien avec le pays de naissance de l'enfant vécu comme un «fardeau ». Ce rejet, sorte de déni des origines de l'enfant, peut apparaître comme une difficulté à accepter la filiation biologique de celui-ci et ses premières affiliations culturelles. - Le prénom, un lien non systématique avec le pays d'origine de l'enfant.Pour certains parents la conservation du prénom de naissance signe le souhait de maintenir un lien. Dans la recherche menée par Françoise-Romaine Ouellette en 2003, la dimension culturelle du prénom de naissance semble avoir plus d'importance que la dimension de l'identité personnelle (17) . Dans notre étude, l'importance de la dimension identitaire est mise en avant par les parents, les dimensions identitaire et culturelle étant présentées par les parents comme indissociablement liées. Cependant, nous ne retrouvons pas systématiquement de lien entre le fait de conserver ou non le prénom de naissance et le maintien ou non d'un lien avec le pays. Ainsi, les parents de Stéphanie, qui rejettent tout lien avec la Somalie, ont pourtant décidé de maintenir le prénom de naissance de leur fille ; et les parents de Julien, passionnés d'Asie, n'ont pas tenu à conserver le prénom asiatique de leur enfant. La diversité des résultats nous invite à penser qu'il existe autant de stratégies pour prénommer un enfant, que de façons de maintenir un lien avec le pays de naissance, que d'enfants adoptés. Même si certaines corrélations peuvent être faites entre la pré-nomination et l'existence, ou non, de liens avec le pays d'origine, ceux-ci ne sont pas systématiques et montrent que la question du prénom de l'enfant est liée à bien d'autres dimensions, conscientes ou inconscientes, et ne peut se résumer à la question de l'héritage du pays de naissance. Limites de l'étude Notre étude comporte plusieurs limites. Tout d'abord, le nombre faible de familles, l'échantillon étant probablement insuffisant pour rendre compte de la diversité et de la richesse que constitue cette question du choix du prénom en situation d'adoption internationale. Concernant le mode de recrutement, les sujets en population générale ayant accepté de participer à l'étude avaient probablement déjà une réflexion sur la question du choix des prénoms et des liens au pays de naissance, rendant difficile la généralisation des résultats. Il serait intéressant d'élargir le recrutement à une population clinique. Il faut par ailleurs prendre en considération l'importance des discours véhiculés par les médias et les professionnels de l'adoption sur la question du choix du prénom et de la pertinence ou non de conserver des liens avec le pays de naissance de l'enfant (18) . En effet, ces discours peuvent influencer non seulement le choix du prénom par les parents, mais aussi le discours qu'ils tiennent autour de ce choix, notamment dans cette situation de recherche menée par une équipe travaillant en pédopsychiatrie. Vécu des prénoms, support de réflexion L'adoption internationale, au carrefour de la psychologie, du droit, de la sociologie, de la psychiatrie et de l'anthropologie, constitue une véritable question de société et fait souvent l'objet de débats passionnés, dont un des plus fréquents concerne le choix du prénom de l'enfant. Cette question à laquelle nul parent ne peut échapper, est au coeur de la miltiplicité des interrogations, doutes et réflexions des parents en situation d'adoption et tout particulièrement d'adoption internationale. - Notre étude s'est intéressée non seulement au choix des prénomspar les parents adoptifs mais aussi au vécu de l'enfant adopté vis-à-vis de ses prénoms. Il en ressort que les vécus des enfants concernant leur prénom sont extrêmement variés: du rejet massif à l'investissement majeur, en passant par une acceptation simple. Ce travail révèle également que les ressentis des adolescents concernant leurs prénoms sont intimement liés, à la fois aux liens qu'ils ont et que leurs parents entretiennent avec leur pays de naissance, et à leurs sentiments d'appartenance, de filiation et d'affiliation (19) (20) . - En revanche,les entretiens réalisés avec les parents adoptifs ne mettent pas en évidence de lien entre la prénomination de leur enfant et l'investissement de son pays de naissance et de sa culture. Cela témoigne de la multiplicité des facteurs venant influencer et déterminer le choix du prénom de l'enfant, dont le lien avec le pays de naissance ne serait qu'une des très nombreuses composantes. enfant (21) (22) . Cette question est ainsi une porte d'entrée précieuse lors des entretiens avec des familles en situation d'adoption internationale, ouvrant une voie à l'amélioration des prises en charge cliniques dans les situations d'adoption. Aude van Pédopsychiatre Effenterre (23) Aurélie Harf (24) Pédopsychiatre Sandra Skandrani (25) Psychologue Olivier Taïeb (26) Pédopsychiatre - Le vécu du prénom par l'enfant et les déterminants du choix du prénom par les parents adoptifssont, en clinique, un support de réflexion et d'échange, permettant aux enfants d'élaborer autour de leurs appartenances multiples, de leur identité, de leurs filiations et affiliations, et aux parents d'élaborer sur la question de l'altérité de leur Déclaration d'intérêts Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec cet article. Marie Rose Moro (27) Professeur de pédopsychiarie Aude van Effenterre [email protected], Aurélie Harf , Sandra Skandrani , Olivier Taïeb , Marie Rose Moro (1) Offroy JG. Prénom et identité sociale, du projet social et familial au projet parental. Spirale. 2001;19:83-99. (2) Besnard Ph, Desplanques G. La cote des prénoms en 2004. Paris: Balland; 2003. (3) Galland O. Le prénom: un objet durkheimien? Revue européenne des sciences sociales. 2004;129:129-34. (4) Gori R. Poinso Y. Nom prénom et vérité. Essai d'anthropologie clinique. Mouvement Psychiatrique. 1972;13:38-49. (5) Tesone JE. L'inscription transgénérationnelle du désir parental dans le choix du prénom. Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence. 1988:36,11/12:503-13. (6) Offroy JG. Prénom et identité sociale, du projet social et familial au projet parental. Spirale. 2001;19:83-99. (7) Eatough V, Smith JA. Interpretative Phenomenological Analysis. In: Willing c, staitonRogers W, editors. Qualitative research in psychology. London: Sage Publications. 2008. (8) Smith JA. Osbom M. Interpretative Phenomenological Analysis. In Smith JA, editor. Qualitative psychology: a practical guide to research methods. London: Sage Publications; 2008. (9) Dumitru se prononce en roumain Doumyitrou. (10) Demeulanaere P. Esthétique et rationalité du choix des prénoms. Revue européenne des sciences sociales. 2004;129:105-16. (11) Tesone JE. L'inscription transgénérationnelle du désir parental dans le choix du prénom. Neuropsychiatrie de l'enfance et de l'adolescence. 1988:36,11/12:503-13. (12) Casper MC. L'effet de transmission du prénom: d'un héritage à son appropriation. Cliniques méditerranéennes. 2001;64:157-68. (13) Thomas KA, Tessler RC. Bicultural socialization among adoptive families. Where there is a will, there is a way. Journal of Family Issues. 2007. (14) Harrison AO, Wilson MN, Pine CJ, Chan SQ & Buriel R. Family ecologies of ethnic minority children. Child Development. 1990;61:347-62. (15) Ogbu JU. Origins of human competence: A culturalecological perspective. Child Development. 1981;52:413-29. (16) Thomas KA, Tessler RC Bicultural socialization among adoptive families. Where there is a will, there is a way. Journal of Family Issues. 2007. (17) Ouellette FR. Méthot C. Les références identitaires des enfants adoptés à l'étranger: entre rupture et continuité. Nouvelles pratiques sociales. 2003;16,n°1:132-47. (18) Les discours véhiculés sur le choix du prénom sont par exemple basés sur l'idée qu'il faut changer le prénom pour s'approprier son enfant, ou à l'opposé que changer le prénom est une source regrettable de rupture, de discontinuité dans l'histoire de l'enfant. (19) Moro MR. psychopathologie transculturelle des enfants de migrants. Paris: Dunod; 1998. (20) Moro MR. Nos enfants demain. Pour une société multiculturelle. Paris: Odile Jacob; 2010. (21) Skandrani S, Harf A, Mestre C, Moro MR. Familles adoptives: comment devenir parent? Psychomédia. 2010;27:515. (22) Harf A.Taïeb O, Mora MR. Psychopathologie à l'adolescence et adoptions internationales: une nouvelle problématique? La Psychiatrie de l'Enfant. 2006;49:543-72. (23) Institut Mutualiste Montsouris, Département de Psychiatrie de l'adolescent et du jeune adulte, 42 boulevard Jourdan, 75014 Paris, France (24) Maison de Solenn-Maison des adolescents, hôpital Cochin, AP-HP, 97 boulevard de Port-Royal, 75679 Paris cedex 14, Unité INSERM 669, université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, Paris, France. (25) LASI-Centre de Recherche Didier Anzieu de Université Paris Ouest, 200 avenue de la République 92001 Nanterre cedex, France. (26) Département de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent, Hôpital Avicenne, AP-HP, 125 rue de Stalingrad 93009 Bobigny, Université Paris 13, France. (27) Maison de Solenn-Maison des adolescents, hôpital Cochin, AP-HP, 97 boulevard de Port-Royal, 75679 Paris cedex 14, Unité INSERM 669, université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, Paris, France. Tous droits réservés : Soins Pédiatrie-Puériculture Jeudi 1er Mai 2014 une journée avec... Béatrice Idiard-Chamois sage-femme en fauteuil roulant - Béatrice Idiard-Chamois est sage-femme à l'Institut Mutualiste Montsouris (IMM) - Elle propose une consultation pour recevoir et accompagner les personnes en situation de handicap moteur ou sensoriel désirant un enfant - Elle est la seule en France à le faire I Elle-même est en fauteuil roulant. En 2002, à l'initiative de la journaliste Delphine Siegrist, elle-même atteinte d'un handicap moteur, la mission Handicap de l'Assistance publiqueHôpitaux de Paris (AP-HP) se lance dans l'organisation d'un colloque « Vie de femme et handicap moteur sexualité et maternité », prévu pour la Journée de la Femme de l'année suivante, le 7 mars 2003. Béatrice Idiard-Chamois participe activement à son organisation, dans un enthousiasme partagé. Elle-même mère et atteinte d'une maladie génétique rare faisant qu'elle est en fauteuil aujourd'hui, elle sait à quel point le parcours d'une femme handicapée est difficile. Mais l'après-colloque la déçoit, elle s'aperçoit très vite « que les choses ne bougent que sur le papier». Elle fait de la reconnaissance du droit à la parentalité chez les personnes handicapées un combat. Premier objectif: créer une consultation pour les femmes en situation de handicap moteur et sensoriel. Uniquement? Elle nous explique: « Le handicap moteur ou sensoriel heurte déjà beaucoup le personnel soignant, alors le handicap mental, je vous laisse imaginer, surtout quand il y a un désir de grossesse, il y a des questions sur le devenir de l'enfant qui bousculent. » Béatrice constate que la question de la sexualité dérange: « On nous considère souvent comme des personnes asexuées ne pouvant pas avoir de rapports, ne pouvant pas enfanter. Cela est encore bien ancré chez les soignants. Un peu moins à Montsouris, car il y a du debriefing et de la formation mais ça reste difficile. » Elle poursuit: « Nos politiques ont oublié notre, dixit à une vie affective. Le sujet reste tabou. Et la société ne propose aucune aide aux mères en situation de handicap. » Une consulation inédite Béatrice se forme durant trois ans de façon poussée en neurologie. Aucune formation spécifique n'existant, elle se retrouve à suivre des enseignements avec des ergothérapeutes, des psychomotriciens, des orthophonistes, des médecins de médecine physique et réadaptation, des urologues... En revanche, au Centre d'ouverture psychologique et sociale (Copes), la rencontre de la formatrice sur le handicap sensoriel s'avérera déterminante: la puéricultrice Edith Thoueille avec laquelle elle travaille dorénavant. Béatrice nous explique: « Elle m'a beaucoup apporté, notamment sur les pathologies de la grossesse, et, moi, après, j'ai repris toute la physiologie visuelle et je me suis dit: qu'est-ce qui va être différent dans le cadre de telle ou telle pathologie? J'ai mis alors au point des protocoles basés sur mes apprentissages théoriques que j'affine sans cesse avec ma clinique. » Béatrice nous donne l'exemple du centre de gravité qui se déplace lors de la grossesse faisant que les femmes marchent petit à petit les jambes écartées. Elles augmentent le périmètre de sustentation et se cambrent pour garder l'équilibre. Elle nous informe: « Dans tout ce qui est atteinte neurologique, on va donc avoir automatiquement des troubles de l'équilibre, c'est la logique. De la même façon, pour les femmes qui ont des amputations des membres inférieurs, avec les oedèmes de la grossesse et les troubles de l'équilibre, elles ne vont pas pouvoir mettre leur prothèse. Voilà, ce sont ces choses-là qu'il faut prévoir pour pouvoir proposer une prise en charge adaptée. » La communication avec ses patientes Amblyope sévère, Béatrice est nonvoyante jusqu'à une première intervention à l'âge de 15 ans qui lui a permis de récupérer une infime partie de sa vue. Lorsque des patientes malvoyantes viennent la rencontrer, Béatrice est très précise dans les questions qu'elle pose: ont-elles vu ou non? (la représentation en 3D sera différente pour une personne ayant vu). Que perçoivent-elles? Par exemple, une personne voyante qui ferme les yeux voit noir, ce qui n'est pas le cas pour une personne nonvoyante. Pour ces patientes, Béatrice communique de façon tactile sur le dos de la main en illustrant ses propos avec le bout de son doigt. Elle propose également des echographies en relief sur des calques thermoformés (réagissant à la chaleur) qui permettent de reproduire en relief les contours du foetus. Béatrice leur fait également sentir leur ventre. Elle précise: « Beaucoup n'aiment pas toucher leur ventre ou ont peur de le faire. Cela est vrai pour les nonvoyantes, mais également pour les femmes atteintes de certains troubles neurologiques qui ne sentent pas leur ventre ou les contractions. » Béatrice se réjouit qu'une élève sage-femme d'Amiens décide de faire son mémoire sur le thème « Haptonomie, grossesse et handicap ». Elle souhaite se former en haptosynésie, application spécifique de l'haptonomie à l'aide aux personnes malades ou handicapées: « A condition que je sois acceptée! » Béatrice accompagne également des futures mamans sourdes. Pour cela, elle a appris la langue des signes. Elle leur propose des cours de préparation à l'accouchement en langue des signes. Elle ne fait pas les accouchements mais peut y assister. Le plus souvent, elle leur explique le déroulement de l'accouchement en langue des signes, puis demande aux sages-femmes qui vont s'occuper d'elle de ne pas mettre de masques pour faciliter la lecture labiale. Béatrice est facilement joignable sur son téléphone par l'ensemble de ses patientes, qui peuvent l'appeler quand elles le souhaitent. Ainsi, elles ne vont pas plus aux urgences que les patientes valides. Une sage-femme aux casquettes multiples « Je fais aussi fonction d'assistante sociale», nous confie Béatrice. Elle s'est rapidement aperçue que ses patientes ignorent leurs droits ou bien se voient refuser des aides, par exemple à cause de certificats médicaux incomplets: « Les médecins se contentent de. ce qu'ils voient en consultation, mais n'arrivent pas à carreler avec les difficultés de la vie. Les certificats sont souvent remplis en l'absence de la personne concernée en plus! Alors, je rattrape beaucoup de choses. J'obtiens ainsi des aides humaines, des cartes invalidité supérieures au pourcentage. J'en suis à plus de 200 dossiers depuis 2006. » Béatrice a des notions d'ergothérapie pour les femmes enceintes et aussi après la naissance du bébé. Elle prend d'ailleurs des étudiantes en ergothérapie en stage. Elle accompagne ses patients pour les aides techniques. Elle sait si un fauteuil convient ou pas. Elle s'offusque du nombre d'adultes handicapés marginalisés qu'elle voit arriver dans des fauteuils dont l'état fait pâlir. Elle évoque le rapport Jacob (1) qui indique que la mortalité chez les personnes en situation de handicap est nettement plus élevée que chez les valides, soit par négligence des soins, soit par problème de diagnostic - le médecin pense en premier à un symptôme du handicap. Elle poursuit: « C'est étayé par un rapport du Québec datant de 2010 sur les cancers (tous types) chez les personnes tous handicaps confondus (moteur, sensoriel, mental, psychique); ils se sont aperçus que la prise en charge des cancers était beaucoup plus tardive que chez les personnes valides pensant que c'est l'expression d'une évolution du handicap. L'accès aux soins n'est pas réel! Je suis là pour reconnecter tout ça. Je ne m'intéresse pas qu'à l'utérus et au bébé mais à la personne également qui est en face de. moi! » Enfin, Béatrice accompagne également des couples pour l'adoption lorsque certains renoncent à la parentalité, car il y a trop de risques pour la femme, notamment dans les maladies neuromusculaires: les cas de grossesse sont rares, les études et les recherches aussi et souvent discordantes. Formation et prévention Le constat de Béatrice est sans appel: le personnel soignant (sages-femmes, gynécologues...) n'est pas formé au handicap sauf dans les centres spécialisés qui reçoivent des personnes handicapées. Dans le cas des infirmières ou des aidessoignants, par exemple, il s'agit de modules optionnels... Béatrice fait donc tout pour transmettre son savoir au plus grand nombre en accueillant des étudiantes sage-femme, en formant des sages-femmes diplômées, en intervenant dans des colloques... Elle ajoute: « Ces connaissances sont essentielles dans la mesure où la prévention joue un rôle primordial dans la prise en charge de personnes en situation de handicap. » Elle prend l'exemple des blessés médullaires pour lesquels toutes les études anglosaxonnes (pas d'étude française!) détaillent la longue liste des complications liées à la grossesse: escarres, infections urinaires, accouchements prématurés... Béatrice est fière de constater que dans la population qu'elle a établie (30 patientes) et pour laquelle elle a rendu un travail concernant leur prise en charge avec ses protocoles, elle n'a plus d'infection urinaire, plus d'accouchement prématuré et plus d'escarres. Elle conclut: « S'il y a une anticipation de toute la pathobgie par rapport à la grossesse et. ses modifications, ça ne se passe pas plus mal que pour n'importe quelle autre personne. Du coup, mes patientes ne se contentent pas d'un enfant mais enfant plutôt deux ou trois! » La phrase de notre invitée du jour « Toute personne a sa place sur terre.» L'accès aux soins et à la santé des personnes handicapées, juin 2013. BONS PLANS DE BEATRICE - Handicap et maternité, coréalisé par la Mutuelle nationale des hospitaliers et des professionnels de la santé et du social et le Groupe Pasteur Mutualité. Portrait de quelques femmes handicapées qui ont su trouver les rares structures capables de les accompagner dans leur désir d'enfant. Sites - www.imn.org: site de l'institut des maladies neuro-dégénératives. www.fondationhospitalieresaintemari e.com pour répondre aux besoins des personnes dépendantes. www.handiparentalite.com: informations, prévention, soutien des familles en situation de handicap. - handivol.org: sur le thème de la vie sexuelle et affective des personnes en situation de handicap. Noémie Gendron-Bouillon (1) Rapport de Pascal Jacob sur l'accès aux soins et à la santé des personnes handicapées, juin 2013. Jeudi 1er Mai 2014 La copine de Causette Béatrice Idiard-Chamois Conjurer le mauvais corps Cette infatigable sage-femme, elle-même hémiplégique et malvoyante, a ouvert à Paris une consultation spécialisée dédiée aux patientes atteintes de handicap moteur et sensoriel que les autres maternités répugnent à prendre en charge. Et elle y met tout son savoir-faire, son expérience, son temps et son inépuisable énergie. sa consultation dédiée au handicap moteur et sensoriel. La seule en France. « Je ne me considère pas mieux qu'une autre, j'ai simplement fait ce que personne ne voulait faire », confie-t-elle. Levée à 4 h 30, elle sait rarement quand sa journée se terminera. « Ça m'a surprise que les demandes soient exponentielles. Je pensais que les femmes en situation de handicap étaient bien suivies dans d'autres maternités, sans avoir besoin de consultation spécialisée. » Pourtant, parmi ses patientes, la moitié s'est fait refouler ailleurs. Il y a les locaux inaccessibles aux fauteuils, évidemment, mais aussi les médecins mal à l'aise avec le handicap ou ceux qui sont bien conscients de leur méconnaissance de certaines invalidités. Résultat, en plus de la petite vingtaine de femmes handicapées d'Île-de-France qui accouchent chaque année à l'IMM, Béatrice Idiard-Chamois en reçoit une cinquantaine d'autres en consultation, venues de tout le pays. Débordée, crevée, elle feuillette son agenda à la recherche d'une possibilité de rendez-vous. Il s'agit de se trouver un créneau entre l'équipe de Sept à huit de TF1, l'enregistrement des Maternelles, sur France 5, et sa tonne de boulot. « Je refuse NRJ 12 ou C'est ma vie», précise Béatrice IdiardChamois. Le voyeurisme, le spectacle, c'est niet. Pas fan de médiatisation, assure-t-elle, elle s'y prête parce qu'elle a « une lourde responsabilité vis-à-vis de ces femmes ». Elles, ce sont les patientes que cette sage-femme de 49 ans suit depuis 2006 à l'Institut Mutualiste Montsouris (IMM), à Paris, au sein de Elle bluffe son monde Elle-même est en fauteuil roulant et malvoyante. Mais affirme avoir atterri professionnellement dans le milieu du handicap un peu par hasard. « Ce n'est pas parce qu'on est handicapé qu'on s'intéresse au handicap », balaie-t-elle d'une phrase. Non, elle, ce qu'elle voulait, c'était devenir météorologiste dans la marine. Reçue au concours, elle est recalée pour raisons médicales. « J'y voyais que dalle ! Et quand on est sur un bateau, il faut voir loin... » Atteinte d'une amblyopiesévère, elle passe son enfance le nez collé sur ses cahiers pour tenter de voir plus que « quelques couleurs, quelques formes ». Alors, forcément, météorologiste... Mais Béatrice n'est pas du genre à se laisser impressionner par une quasicécité. En témoignent ses trois années de tennis - elle n'a perdu l'usage de ses jambes que bien des années plus tard , à tenter de bluffer son monde en se fiant à ses oreilles : « Normalement, quand on voit la balle partir, on anticipe. Moi, je ne pouvais pas : quand j'entendais le rebond, c'était beaucoup trop tard. » Les autres se moquent d'elle, mais hors de question de dire qu'elle n'y voit rien ; elle préfère passer pour la farfelue de service que pour l'assistée. Même sa mère ignore ce qui se trame. « Je voulais faire du tennis, il me fallait donc me taire », résume-t-elle. L'assistante sociale de son école primaire avait cependant déjà soulevé le problème et conseillé à sa mère de la placer en institution pour qu'elle apprenne le braille. Refus catégorique de la maman. « Je n'ai pas été couvée, j'ai plutôt reçu des coups de pied aux fesses. Elle voulait un enfant qui soit comme tout le monde. Je ne lui ai jamais reproché de ne pas m'avoir mise en institution : est-ce que j'aurais eu ce parcours si elle l'avait fait ? » Pourtant, Béatrice en bave à l'école. L'Éducation nationale, les profs, les élèves « n'étaient pas tendres », euphémise-t-elle. 1. Émission de témoignages sur M6. 2. Défaut de développement visuel qui touche 2 % des enfants. L'amblyopie se traduit par une baisse de l'acuité visuelle de l'un des yeux et par une mauvaise vision des reliefs. À 15 ans, elle apprend qu'elle est atteinte du syndrome de Marfan, une maladie génétique rare qui atteint donc les yeux, mais aussi le cœur, les artères, la colonne vertébrale, le thorax. « Avec ma mère, on est sorties de la consultation en rigolant. Je me disais que ce n'était pas grave. C'est plus tard, dans les bouquins, que j'ai appris ce que c'était. J'en ai voulu au corps médical, reconnaît celle qui, depuis, s'est fait opérer deux fois à cœur ouvert et dont la sœur est, selon toute vraisemblance, décédée de cette maladie. J'ai une épée de Damoclès au-dessus de la tête, ça fait vingt-cinq ans que j'ai du sursis. » Opérée des yeux, elle voit un peu mieux, mais ne parvient ni à détecter la couleur des nôtres ni à voir les touches de son téléphone, dont elle connaît l'emplacement par cœur. Blacklistée à l'Assistance publique Après son échec pour intégrer la marine, Béatrice Idiard-Chamois tâtonne. Rate le concours d'instit « haut la main ». Elle est finalement admise dans une école de sages- femmes. C'est alors qu'elle découvre à quel point son syndrome de Marfan n'a rien d'un bon compagnon de route. « En première année, une médecin du travail a découvert que je n'y voyais pas clair et a pris peur quand je lui ai parlé de ma maladie. Elle m'a envoyée voir un ophtalmo pour savoir si je pouvais continuer mes études. » C'est donc accompagnée de sa mère qu'elle se rend chez ce « grand mec très long » dont elle ne distingue pas les traits et qui ne daigne même pas s'adresser à elle : « Avec la tare génétique de votre fille, elle ne travaillera jamais à l'Assistance publique. » Bam ! Sans sommation, la voilà blacklistée à vie des hôpitaux publics parisiens. « Là, je me suis dit : “Je vais en chier” », s'exclame-t-elle dans un rire franc et sonore. Qu'importe ! elle poursuit son bonhomme de chemin et trouve un poste de sage-femme à l'IMM (exHôpital international de l'université de Paris) après ses études, parce qu'« il n'y a pas que des cons sur terre ». Pendant plus de dix ans, elle ne suit que des femmes valides. Pas rancunière, en 2003, elle répond favorablement à l'invitation de l'Assistance publique, qui organise un colloque sur la maternité et le handicap, où elle témoigne à titre personnel. La salle est pleine, le sujet intéresse. Elle réitère l'expérience quelques mois plus tard, cette fois face à « trois pelés et un tondu ». C'est le déclic. La voilà partie pour trois ans de formation sur le handicap moteur et sensoriel ; elle apprend la langue des signes et revient à l'IMM avec une table d'examen adaptée aux femmes handicapées. Aujourd'hui, son nom circule sur les forums, dans les associations, entre les patientes... « Les femmes qui arrivent de province viennent directement ici, elles ne cherchent même plus ailleurs », constate Béatrice Idiard-Chamois. Il faut dire que l'accompagnement est excellent. Grâce à une étroite collaboration avec le Service de guidance périnatale et parentale pour personnes en situation de handicap (SAPPH) de la Fondation hospitalière Sainte-Marie, les femmes peuvent être accompagnées de la période préconceptionnelle jusqu'aux 7 ans de l'enfant. En ce lundi pluvieux, Béatrice IdiardChamois quitte justement les locaux de l'IMM pour rejoindre Édith Thoueille, puéricultrice et directrice du SAPPH, afin de voir un couple ayant un projet d'enfant. Béatrice arrive avec un grand sourire, prend le temps de claquer la bise à tout le monde. Le couple est venu exprès d'Orléans, tous deux sont en fauteuil, lui est en plus aveugle. Lorsqu'ils ont expliqué à leurs auxiliaires de vie qu'ils souhaitaient avoir un enfant, la réponse a été cinglante : « Vous n'en serez pas capables, nous serons obligés de faire un signalement. » « J'étais au plus mal, je n'arrêtais pas de pleurer, je faisais des crises d'angoisse », explique Aurélie Gautier, journaliste de 33 ans, infirme moteur cérébral (IMC). Malgré son « désir profond » d'être mère, une question la hante : « Nos handicaps ne sont-ils pas trop lourds pour assumer un enfant jusqu'à la fin de notre vie ? » Édith Thoueille tient avant tout à rassurer tout le monde : « Je ne dirai jamais à quelqu'un qu'il ne peut pas s'occuper d'un bébé. » Sans angélisme pour autant, elle veut connaître les limites du couple. « C'est plutôt la nuit : moi, je ne peux pas me lever seule, explique Aurélie. David peut, ça prend un certain temps, mais il y arrive. » Édith et Béatrice leur conseillent de trouver un logement plus grand avant d'arrêter la contraception, leur suggèrent d'héberger une étudiante infirmière pour leur apporter le bébé la nuit, si besoin, leur font découvrir les lits et les tables à langer sur élevés, sous lesquels peuvent se glisser leurs fauteuils. Elle se retrouve face à des femmes que l'on a stérilisées de force ou obligées à avorter Béatrice, elle, s'attaque à l'aspect médical de la grossesse : « Il faut être attentif au sevrage de Liorésal. » Traduction : les neurologues ont tendance à interdire ce médicament myorelaxant pendant la grossesse, afin d'éviter que l'enfant ne naisse en manque, comme cela se produit avec les femmes toxicomanes. Or, « si ces femmes arrêtent le Liorésal, elles vont souffrir le martyre ». La loi handicap du 11 février 2005- que Béatrice abhorre, notamment car elle néglige la sexualité et la parentalité - stipule bien que les professionnels de santé doivent être formés au handicap, or c'est peu dire qu'il y a des manques. Comme pour cette femme enceinte, hospitalisée dans un établissement non spécialisé et qui hurlait de douleur. « Le professionnel lui a touché le ventre pour trouver d'où venait le problème. Il n'avait rien compris, elle avait une escarre fessière », s'étrangle Béatrice, parfaitement rompue à ce type de situations. Ou pour cette femme tétraplégique qui « a failli mourir. Les médecins étaient passés à côté d'une HRA [hyperréflexie autonome, entraînant une forte hypertension artérielle, ndlr], qui peut provoquer un arrêt respiratoire ». “Un enfant n'est pas une béquille...” Elle se retrouve aussi face à des femmes que l'on a stérilisées de force ou obligées à avorter - « un enfant n'est pas une béquille, c'est mieux pour vous », leur a-t-on assuré. « Savoir que Béatrice est là me réconforte parce qu'elle connaît le handicap, je sais qu'elle ne va pas faire n'importe quoi », se rassure Aurélie Gautier. Et puis, ajoute Édith Thoueille, « elle apporte le regard de la banalité ». Cette « banalité », elle la tient évidemment de son tempérament aussi brut de décoffrage que protecteur, mais également de son propre handicap, de son propre vécu. Son premier CDI en poche, en 1991, Béatrice décide de faire un enfant. Problème : avec son syndrome de Marfan, la grossesse est contreindiquée. Elle risque de mourir. Pas très emballée par l'adoption. Elle décide, en dépit du danger, de tomber enceinte et se voit rétorquer par une médecin : « Si vous avez un enfant atteint de la maladie de Marfan, il coûtera cher à la Sécu. » Re-bam ! « Mon mari et moi étions syncopés, sidérés. » Certes, il y avait 50 % de risque qu'elle transmette son syndrome à son enfant, mais, comme le dit aujourd'hui Alain, son mari : « On ne pouvait pas avoir que des emmerdements ! » Le couple se lance donc malgré tout et trouve « un autre zozo qui n'y connaissait rien » et qui lui a dit : « Allez-y, vous ne risquez pas de mourir ! » « J'avais envie d'entendre ça », reconnaît Béatrice, parfaitement consciente de son inconscience. Elsa Maudet - Photos : Marion Gambin pour Causette Quand la fierté coûte cher Arrêtée à un mois de grossesse à cause de la fatigue, elle voit sa situation se compliquer à six mois. Les médecins prennent peur, et s'engage alors une guéguerre entre professionnels, les uns soutenant mordicus qu'elle doit accoucher sous péridurale par voie basse, les autres, par césarienne, le risque de mourir en couches planant plus que jamais. « Mes deux derniers mois de grossesse ont été un enfer, j'ai été détruite psychologiquement », lâche-t-elle. Elle accouchera sous anesthésie générale, d'une petite Mathilde en parfaite santé, épargnée par ce maudit Marfan. « Je ne voulais surtout pas d'aide pour m'occuper de ma fille, je voulais prouver aux autres que j'y arriverais », affirme-t-elle. Mais la fierté de Béatrice lui coûtera cher : à trop en faire, elle se retrouve hémiplégique en 1994, suite à un infarctus cérébral, puis elle perd l'usage de ses jambes cinq ans plus tard, à cause d'un infarctus médullaire. « À ce moment-là, on pleure beaucoup, mais on se fait une raison. » Son « obsession première » devient alors de savoir comment elle re tournera travailler en fauteuil. « Le problème, c'est qu'elle ne sait pas se reposer, elle ne sait pas dire non. Ça l'énerve quand je lui dis de lever le Tous droits réservés : Causette pied, donc je n'insiste pas », explique, résigné, son mari. Opérée à cœur ouvert le 7 novembre 2013, elle intervenait dans un colloque depuis son lit d'hôpital via Skype le 16 et reprenait le travail le 29. Quelques semaines plus tard, elle le regrette, elle est sur les rotules, mais c'est comme ça, Béatrice la sage-femme passe avant Béatrice la femme. Une France qui crée le handicap Chevalier de l'ordre national du Mérite, décorée de la Légion d'honneur, connue et reconnue par ses pairs et par les femmes handicapées, Béatrice Idiard-Chamois a la preuve, s'il en était besoin, que son hyperactivité et sa passion ne sont pas vaines. Elle cherche désormais à essaimer, en formant sages-femmes, gynécologues, éducateurs spécialisés... Elle s'est même rendue au Togo avec Handicap international. « Là-bas, ils ont que dalle, et ils ont pensé à la formation des professionnels de santé ! » ironise-telle. Ce qui l'amuse beaucoup moins, c'est cette France qui crée le handicap. Elle qualifie de « foutage de gueule » le report du délai de mise en accessibilité des bâtiments recevant du public, revendique le droit d'être à la fois handicapé et un sale con, et s'en prend même à Joséphine ange gardien. Notre regard interrogateur l'amuse, ce n'est pas la première fois qu'elle fait le coup. « Cette femme handicapée est asexuée, elle n'a pas de vie affective, elle est incapable d'être méchante et pense au bienêtre des autres avant le sien. » Ah bah, oui, vu comme ça... En attendant que l'ange cathodique évolue, Béatrice a d'autres chats à fouetter, d'autant qu'elle vient de lancer une consultation gynécologique pour les femmes handicapées. Elle assure qu'elle s'arrêtera le jour où elle ne sera plus motivée, mais son mari n'y croit pas trop : « Elle ne prendra jamais sa retraite, elle trouvera toujours une excuse. » À part se retrouver les deux pieds dans la tombe, on ne voit effectivement pas bien ce qui l'arrêterait. pour Aller plus loin Handicap et maternité, DVD coproduit par le Groupe Pasteur mutualité et la Mutuelle de la santé et du social. Avec les témoignages de Béatrice Idiard-Chamois, d'Édith Thoueille, du SAPPH et de Sophie Serreau, sage-femme à la PitiéSalpêtrière. Pour se procurer un exemplaire du DVD, écrire à [email protected] 4. Les délais prévus par la loi handicap du 11 février 2005, qui programmait de rendre accessibles aux personnes handicapées d'ici au 1 janvier 2015 les transports et tous les bâtiments recevant du public, ont été repoussés à 2018 pour les commerces de proximité, 2021 pour les écoles, les mairies, les chaînes d'hôtellerie et les commerces, et 2024 pour les grandes entreprises de transport. Mercredi 30 Avril 2014 À LA UNE Julie GAYET Pourquoi elle a quitté le Président Une fois le secret levé, leur amour n'y a pas résisté. Pour vivre heureuse, l'actrice aura préféré vivre loin de lui. Une décision réfléchie. mis fin à la vie commune que je partageais avec Valérie Trierweiler ». Pour autant, depuis, Julie Gayet n'a pas souhaité jouer les remplaçantes. Le samedi 25 janvier, la dépêche du président de la République tombait : « Je fais savoir que j'ai De l'avis de tous, Julie Gayet est une fille sympathique, nature et intéressante. S'exprimant bien en anglais, curieuse, elle ne manque pas de prétendants. Et a varié les plaisirs en la matière, des intellectuels à l'humoriste et acteur Bruno Salomone. TERMINÉ LE ROMANTISME DES INSTANTS VOLÉS Julie Gayet respire mieux. Les caméras l'ont lâchée. Dans son loft du 11arrondissement de Paris, décrit par ses amis comme « la maison du bonheur », elle a repris une routine rassurante aux côtés de ses deux fils. Tadéo, quinze ans et Ezéchiel, treize ans. L'actrice l'a décidé, ils n'auront pas à subir la pression médiatique. Dans son téléphone, la voix de François Hollande ne résonne plus. Elle a brisé le lien. En femme indépendante, Julie a choisi un trajet qui ne lui est imposé ni par la raison d'Etat ni par l'opinion. Quitte à rayer de la carte deux ans d'amour, de cache-cache et surtout d'admiration pour un homme dont l'intellect l'avait touchée au plus profond. Elle, la fille d'une figure du milieu médical, Brice Gayet, responsable du département médicochirurgical de pathologie digestive à l'Institut Mutualiste Montsouris, et d'une antiquaire. Habituée aux débats d'idées à la maison. Elevée au bon grain de la réflexion sur le monde. Il faut dire que dès la fi n 2013, justement, elle n'était plus sûre de rien. Certains murmurent que l'histoire, qui durait depuis deux ans, s'essoufflait. « Les vacances romaines » d'un François échappant aux obligations à scooter avaient laissé place à une comédie de mœurs disgracieuse émaillée des humeurs de la première dame officielle. En mars 2013 déjà, Valérie Trierweiler avait eu le cran de l'inciter à démentir les rumeurs en décrochant son téléphone. Elles s'étaient parlé, jaugées. Julie avait mesuré ce qui la séparait de cette femme si déterminée. Et puis elle avait effectivement porté plainte pour « atteinte à l'intimité de la vie privée ». En janvier, quand le magazine Closer se charge de l'outing de sa relation avec le Président, de l'avis de ses proches, elle prend donc de plein fouet la violence de cette intrusion au cœur de sa vie. De femme libre, patronne respectée de trois sociétés de production, elle passe au statut moqué de Montespan. D'emblée l'heure n'est plus aux escapades. Le couple prend de la distance. La relation change de nature. Se délite aussitôt au contact de cet appel d'air brutal. Entre François et elle, les moments délicieux passés dans les arcanes du pouvoir ont fait long feu. Il est loin ce 1août 2013, où il l'avait couvée des yeux sous le regard étonné de Michel Sapin à l'Elysée, alors qu'il la recevait personnellement, ainsi que d'autres artistes et techniciens du septième art, pour évoquer les difficultés liées à l'extension de la convention collective de la production cinématographique. Désormais, Julie le sent, même le cinéma pourrait la bouder, lui faire payer ses amours. Il y a un précédent avec les disques de Carla Bruni qui ne se sont pas vendus aussi bien une fois qu'elle a été mariée à Nicolas Sarkozy. Terminé, par ailleurs, le romantisme inné des instants volés comme à Tulle, le 19 juillet 2013, où ils assistaient ensemble à quelques mètres de distance au concert d'Olivia Ruiz. Et le moment où, quelques semaines plus tard, François Hollande échappait à son entourage pour aller déjeuner chez les parents de l'atrice dans leur château de Cadreils à Berrac. Oui, le temps du bonheur privé s'est estompé et Julie est passée du cinéma d'auteur qu'elle affectionne à la grossièreté d'un vaudeville assourdissant au retentissement mondial. Elle qui n'a « jamais rêvé d'être première dame », selon son proche, le metteur en scène Bernard Murat, encaisse le traumatisme. L'actrice a un avantgoût de ce qu'on pense d'elle quand on la soupçonne immédiatement d'être favorisée avec sa nomination pour le César du meilleur second rôle féminin. En outre, François a décidé qu'ils ne se verraient plus dans l'immédiat. Trop de remous. Pour se ressourcer, l'actrice aime à se retirer dans le magnifique château gersois du XVIIe siècle de ses parents, dont la façade et la toiture sont inscrits au registre des monuments historiques. Depuis l'hospitalisation de Valérie à la Pitié-Salpêtrière, il a pris conscience de ce qu'il a fait. Assommée par les médicaments, cette dernière incarne une forme de passion qui flatte le Président et que Julie la douce lui refuse. Elle qui a rompu dans le calme avec le père de ses enfants, le réalisateur et scénariste Santiago Amigorena, ne rentrera pas dans la même compétition qui avait opposé Valérie et Ségolène. En outre, les Français ne comprennent pas. Que Julie peut-elle bien trouver à un homme de dix-huit ans son aîné, de la même taille qu'elle (1,73 mètre) et qui est au plus bas dans les sondages ? Il lui suffit de lire les magazines pour comprendre combien ce dernier est adepte des répétitions de « scénarios de vie », lâchant une femme pour l'autre sans « préavis » comme le rappelle la première dame délaissée. Et puis le match qui s'engage lui répugne par avance. VALÉRIE TRIERWEILER : QUEL AVENIR POUR L'EXPREMIÈRE DAME ? Actuellement en pourparlers avec des chaînes de télévision, la journaliste pourrait à nouveau animer une émission. Par ailleurs, si elle a récemment refusé de faire un portrait d'Anne Gravoin (l'épouse du Premier ministre, Manuel Valls) pour son Tous droits réservés : Gala magazine, Paris Match , elle pourrait se consacrer à une série de grands entretiens avec des personnalités, sans jamais avoir à passer physiquement à la rédaction. SON ENTOURAGE LE PLUS PROCHE ASSURE QU'ELLE N'A “JAMAIS RÊVÉ D'ÊTRE PREMIÈRE DAME” Le jour de sa sortie aux César, Valérie Trierweiler se montre au défilé Dior pour lui voler la vedette. Aussi rayonnante que Julie est discrète. Cette dernière prend alors la mesure d'une partie dont une des deux sortira perdante. Valérie ne fera, comme toujours et selon ses colères, aucun cadeau à François. Elle n'hésitera pas à faire planer le spectre d'un livre de révélations. A cet instant, l'actrice voit peut-être même chez cette première dame tout ce qu'elle ne veut pas devenir. Une femme qui n'a pas su s'épanouir à l'Elysée. Julie s'éloigne du Président. Il pourrait lui courir après, prendre le temps de la persuader. Au contraire, il n'est pas du genre à s'obstiner. Comme les hommes de pouvoir, il aime qu'on l'aime. Valérie, elle, continue de nourrir des sentiments pour lui. Alors il les entretient. Dès son déplacement aux Etats-Unis, début février, selon les observateurs, il harcèle de SMS son ex. Depuis, rien n'a changé. Selon le chef du service politique du Parisien , Frédéric Gerschel : « Valérie Trierweiler et le Président sont en relations téléphoniques régulières. » Certains disent qu'au soir des municipales, il aurait dîné avec elle. On murmure aussi que les unes des magazines people consacrées à ses nouvelles amours avec un homme d'affaires libanais, Hani Yakan, l'auraient rendu furieusement jaloux. Tandis que Valérie se montre en soirées privées, dont une pour l'anniversaire de son fils, au Très honoré , à Paris, en train de danser... Julie, elle, s'efface. S'apprête juste à assurer la promotion d'un téléfilm sur France 2, diffusé le 14 mai, et consacré à la crise d'adolescence, Ça va passer, mais quand ? , ou à remettre à flot ses trois sociétés de production, Rouge international, Amarante international et Cinémaphore, qui ont pâti de ces turbulences. Le barnum peut bien continuer sans elle. Elle n'ira pas se battre sur le ring malsain où les événements pourraient l'entraîner. Le 9 mars dernier, elle prononçait à New York cette tautologie : « Ma vie privée est ma vie privée . » Elle s'y est tenue. A quarante et un ans, Julie Gayet n'entrera pas sous les feux dangereux d'une romance publique. SÉVERINE SERVAT Un espoir contre le cancer du poumon Christine Mateus 11 avril 2014 Copyright 2014 Le Parisien. All Rights Reserved. Societe Chirurgie. Une nouvelle technique de chirurgie donne des résultats intéressants pour soigner le cancer du poumon. C'EST LE QUATRIÈME CANCER en nombre de cas mais le tout premier en termes de mortalité. Le cancer du poumon représente en effet 28 000 personnes diagnostiquées chaque année mais aussi 27 000 décès annuels avec comme principale cause de sa survenue l'usage du tabac. La meilleure chance de guérison pour les malades reste l'ablation chirurgicale de la tumeur, bien souvent synonyme de chirurgie lourde, effectuée à thorax ouvert, source de douleurs et de complications postopératoires. Pour 10 % des cas, elles entraînent même des séquelles. Mais une nouvelle technique s'installe progressivement en France et fait déjà ses preuves. C'est le constat réalisé hier par l'Institut Mutualiste Montsouris (IMM) à Paris, à l'issue de la 500 e intervention pratiquée sans ouverture du thorax, une pratique moins invasive donc moins traumatisante. Concrètement, trois ou quatre incisions permettent l'introduction d'instruments chirurgicaux et d'un endoscope orientable relié à une caméra de haute définition dont l'image est projetée sur deux écrans. L'établissement, avec l'hôpital de Montpellier, avait été pionnier en la matière dès 2007, en France. « La technique existe depuis vingt ans et vient du Royaume-Uni, mais seuls quelques hurluberlus s'y étaient intéressés. Aujourd'hui encore, nous faisons face à beaucoup de réticences de la part des chirurgiens », constate le docteur Dominique Gossot, chirurgien thoracique à l'IMM. Une hospitalisation réduite Pour l'instant, seuls 15 à 20 % des patients sont opérés avec cette technique. Pourtant, si le cancer est pris à un stade précoce, le taux de survie à cinq ans est de 80 % environ, soit quelques points au-dessus de la chirurgie réalisée à thorax ouvert. Les avantages de cette opération viennent surtout des conséquences postopératoires : pas de risques de muscles coupés, pas de côtes cassées lié à leur écartement, pas de traumatisme des nerfs intercostaux donc moins de douleurs, de complications respiratoires et une durée d'hospitalisation réduite (six jours en moyenne). Chaim Marminc, 73 ans, s'est fait opérer à deux reprises avec cette technique, en novembre 2011 (tumeur poumon gauche) et en février 2014 (tumeur poumon droit). « J'avais pourtant arrêté le tabac depuis 1995 mais j'ai été un gros fumeur pendant quarante ans. Les vingt dernières années, j'étais à deux paquets par jour. Lorsque l'on m'a parlé d'opération, j'ai pensé tout de suite : on va m'ouvrir la cage thoracique. Je n'étais donc pas très chaud, voire même réticent », reconnaît l'ancien patient du docteur Gossot. Après la première intervention, l'homme est sorti de l'IMM au bout de six jours, « après six semaines, je faisais mes quatre tours du lac en marche rapide », témoigne Chaim Marminc. Pour la seconde opération, il rejoignait son appartement de Saint-Maurice (Val-de-Marne) quatre jours après son passage au bloc. Si aux Etats-Unis les autorités sanitaires recommandent de « préférer » cette technique chirurgicale à la thoracotomie, en France, en revanche, ces dernières ne se sont pas encore prononcées. Moins traumatisante, cette technique d’opération consiste en trois ou quatre incisions qui permettent l’introduction d’instruments chirurgicaux et d’un endoscope relié à une caméra dont l’image est projetée sur deux écrans. (comme sur le dessin ci-contre et la photo ci-dessous). Lundi 7 Avril 2014 actu enquête « Je prends en charge des femmes handicapées, comme moi » Béatrice Idiard Chamois,49 ans, responsable de la consultation Parentalité handicap moteur et sensoriel à l'Institut Mutualiste Montsouris (IMM), Paris. « Atteinte d'une maladie génétique rare, le syndrome de Marfan, j'ai été confrontée à une incompréhension du monde hospitalier lorsque j'ai décidé d'avoir un enfant. Il faut dire que c'était un gros risque étant donné ma maladie, mais j'ai voulu ma fille coûte que coûte. Et ce, au péril de ma vie ! Agée aujourd'hui de 21 ans, elle est en pleine santé. Ce qui m'a choquée à l'époque, c'est la phrase d'une cardiologue qui m'a dit : « Si votre enfant est touché, ça va coûter cher à Tous droits réservés : Femme Actuelle la Sécurité sociale. » Sagefemme depuis 1990, je suis en fauteuil depuis 1999, suite à un infarctus de la moelle épinière. En 2006, j'ai créé une consultation spéciale, après trois ans de formation spécifique (j'ai appris la langue des signes, par exemple), afin que des couples puissent concilier leur désir d'enfant et les contraintes d'un handicap. Les médecins sont désemparés face au handicap et aux complications qu'il peut entraîner pendant la grossesse. Mon cabinet est équipé de matériel adapté, ce qui n'est pas le cas ailleurs. Je fais des échographies en relief pour les malvoyants, j'ai également une table d'examen spéciale pour les examiner. En fonction des pathologies, je mets en place un protocole spécifique. Je fais également office d'assistante sociale : je les aide dans les démarches administratives et reste à leur écoute, sans tabou ni retenue. Je vois une centaine de femmes par an, venues de toute la France. Je voudrais que les médecins prennent conscience que les personnes handicapées ont une sexualité et des désirs de grossesse comme tout le monde. Surtout, on doit les accompagner dans leur démarche plutôt que de les dissuader à tout prix de faire des enfants. » Mardi 1er Avril 2014 Dossier Du mois Quand le comportement alimentaire devient une maladie Malgré les normes sociales et culturelles, Manger trop ou perdre l'appétit révèle des difficultés émotionnelles plus ou moins sévères. Manger trop, en plein milieu de la nuit, grignoter tout au long de la journée, sauter des repas, compter les calories... Entre comportements différents et maladies, où se situe la limite entre le normal et le pathologique ? « Cette frontière est sociale. Elle varie d'une époque à l'autre et d'une société à l'autre, dit le sociologue Thibaut de Saint Pol. En France notamment, l'acte de manger est très codifé. Il y a beaucoup de règles, on mange ensemble, assis et à une heure déterminée. Tout ce qui dévie de ce modèle peut être considéré comme un déséquilibre. » Malgré cette dimension culturelle, les troubles du comportement alimentaire sont aussi fréquents en France, au Royaume-Uni ou aux États-Unis, pays aux modèles alimentaires pourtant différents du nôtre. De 20 à 30 % de la population sont concernés de façon transitoire et les manifestations atténuées sont fréquentes à l'adolescence. Selon l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé (Inpes), les crises de boulimie peuvent concerner jusqu'à 28 % d'adolescentes et 20 % d'adolescents âgés de 10 à 19 ans, les stratégies de contrôle du poids, 19 % des flles et 8 % des garçons. La boulimie comme l'anorexie mentale touchent essentiellement des jeunes, et des femmes. question de l'origine et qui met en relation avec le monde » , observe Patrick Denoux, professeur de psychologie interculturelle. Les troubles alimentaires, des maladies de l'ancrage et de la relation ? « Manger pour se réconforter est une chose naturelle et normale, explique le psychiatre Gérard Apfeldorfer. J'ai un problème émotionnel, et pour éviter cette émotion pénible, je mange un aliment à haute densité calorique qui a pour effet de calmer les émotions. Cela devient un trouble quand le réconfort est gâché par la culpabilité et le dégoût. » Les crises de boulimie peuvent concerner jusqu'à 28 % d'adolescentes et 20 % d'adolescents âgés de 10 à 19 ans. L'anorexie comme la boulimie touchent surtout des jeunes, et des femmes. Du MaLaise au MaL-êTre « Un certain nombre de malaises psychologiques se déportent sur l'alimentation, car il s'agit d'une fonction qui est vitale, qui travaille la L'orthorexie ou le désir de la perfection diététique L'éclairage de Patrick Denoux, professeur de psychologie interculturelle à l'université de Toulouse-Le Mirail. « Le désir de manger sain et de la perfection diététique est un comportement qui peut paraître bizarre. mais je me garderais bien d'en conclure que l'orthorexie est une maladie car les recherches ne sont pas suffisamment avancées pour l'affirmer. il est également possible qu'à travers ce choix s'expriment une liberté, une volonté de ne pas se conformer à la norme justement ou encore une réponse sociale à l'offre consumériste. » « L'intensité d'une crise de boulimie n'a rien à voir avec le grignotage d'une plaque de chocolat, ajoute le Pr Vincent Dodin, psychiatre. Elle dure peu de temps, à l'abri des regards, et génère un intense mal-être physique et psychique. Des douleurs abdominales, des ballonnements et des sensations nauséeuses, s'accompagnent d'un sentiment de dévalorisation très puissant. » Les spécialistes parlent de boulimie quand les crises se répètent au moins une fois par semaine, pendant plusieurs mois. L'autre trouble essentiel, l'anorexie, est défni par une restriction alimentaire et un amaigrissement tel que l'indice de masse corporelle* passe en dessous de 18, avec en général, chez les flles, une absence de règles. « S'y associent une hyperactivité physique, un hyperinvestissement scolaire ou professionnel, une obsession alimentaire avec un besoin permanent de contrôler les calories, et malgré un poids qui est bas, la sensation d'être toujours trop gros » , explique le Pr Dodin. On ne chOisit pas d'être malade Ces troubles alimentaires ont-ils toujours existé ? « Sûrement, répond l'historien Georges Vigarello, directeur de recherche à l'École des hautes études en sciences sociales. Mais ils sont diffciles à repérer car les mots d'aujourd'hui ne sont pas ceux d'hier. Les tactiques de certaines femmes pour maigrir - elles consomment de l'acide, de la craie, de la terre - sont cependant repérées, et contestées, dès le XVIe siècle. Il n'est pas dit que ces femmes sont en situation d'anorexie, mais qu'elles deviennent des “charpes” c'est-à-dire des femmes très maigres. » Tous droits réservés : Santé Magazine Le nom de “phtisie nerveuse” apparaît au XVIIsiècle, pour devenir, au XIX, “anorexie mentale”. « Les troubles du comportement alimentaire, ce n'est pas un choix, c'est une réponse automatique à un débordement émotionnel » , aime à répéter le psychiatre Philippe Jeammet. * IMC, calculé en divisant le poids en kg par la taille au carré, en mètre. Ados : les signes d'alerte les comportements sont souvent cachés et ce sont des indices indirects qui soulèvent l'inquiétude. « Un ado qui a un poids normal mais s'inquiète de sa silhouette et de son poids doit déjà attirer l'attention », souligne le dr nathalie Godart, psychiatre à l'Institut Mutualiste Montsouris, à paris. En cas d'anorexie Il ou elle réduit les quantités, sélectionne les aliments dans son assiette : il ou elle met en place une restriction alimentaire. Il ou elle maigrit et cette perte de poids se maintient. L'arrêt du processus de croissance staturale et pondérale est repérable sur les courbes de croissance. Elle n'a plus ses règles. En cas de boulimie Les placards se vident, on y retrouve des emballages vides. Il ou elle va souvent aux toilettes, y reste longtemps. Une odeur de vomi est perceptible après son passage. Les autres indices Un enfant plus triste que d'habitude, qui surinvestit l'école, qui se coupe des autres, qui fait beaucoup de sport alors que cela ne l'intéressait pas avant. Comment réagir ? En parler à son enfant, lui demander s'il a des soucis, en choisissant un moment détendu, surtout pas pendant les repas. S'en ouvrir à un tiers (médecin, pédiatre) permet de ne pas se focaliser sur ce trouble alimentaire et de maintenir une relation. Pour ne pas transformer le quotidien en un combat permanent. Où s'adresser ? • Afdas-TCA, l'association française pour le développement des approches spécialisées des troubles du comportement alimentaire, anorexieboulimie-afdas.fr • Anorexie boulimie Info Écoute, sa performance téléphonique : 0 810 037 037 (Numéro Azur : prix d'un appel local). De 16 h à 18 h. • Association Autrement, sur anorexie-et-boulimie.fr Lundi 24 Mars 2014 Saint-Dizier Conférence Les pathologies de l'émotion Dans le cadre de la semaine d'information sur la santé mentale, le Rotary avait invité mardi soir le docteur Philippe Jeammet, Professeur émérite de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent et chef de service à l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris, à l'hôtel Ibis Style pour une conférence publique consacrée à la santé mentale. Les Semaines d'information sur la santé mentale (SISM) ont lieu du 10 au 23 mars et s'adressent au grand public. C'est dans ce cadre que le Président du Rotary, Bernard Leclere, avait invité le professeur émérite en psychiatrie Philippe Jeammet à évoquer, devant ses confrères et un public très nombreux, les troubles mentaux et psychiques en les mettant en corrélation avec la pathologie des émotions. Le sujet a visiblement intéressé les Bragards, venus en très grand nombre. Auteur de nombreux ouvrages, Philippe Jeammet a récemment préfacé le livre «Dialogue avec moi-même» de Polo Tonka. La librairie l'Attente-l'Oubli était également présente pour présenter les livres du professeur. Si certaines pathologies font l'objet de campagnes de sensibilisation régulières, il n'en est pas de même pour les troubles psychiques. Pourtant ils touchent près d'un quart des français. Et la santé mentale fait partie des cinq priorités de santé publique Tous droits réservés : Le Journal de la Haute-Marne annoncées dans la récente stratégie nationale de santé. Pour le Rotary, c'était un record : environ 250 personnes étaient présentes dans la salle de conférence. Le Président du Rotary, Bernard Leclere, avait invité le professeur émérite en psychiatrie Philippe Jeammet. De notre correspondant Lionel Lebrun L'actualité Sage-femme et bonne fée 12 mars 2014 Copyright 2014 Le Parisien. All Rights Reserved. Société « Sans elle, rien n'aurait été possible. C'est mon ange gardien, ma deuxième maman. » Elle, dont Fatima -comme d'autres mamans handicapées -- parle avec un amour sans borne, c'est Béatrice Idiard-Chamois. Elle va être d'ailleurs, à 49 ans, la première sage-femme à se voir décorer de la Légion d'honneur, le 25 mars. Elle-même handicapée par une maladie orpheline, et mère, elle n'a eu de cesse, depuis 2006, à l'Institut Mutualiste Montsouris -- maternité pionnière -- où elle exerce, d'aider les femmes souffrant de handicap moteur, visuel ou même invisible à accéder à la maternité. En les accompagnant en consultation, jusqu'à l'accouchement, sans compter les heures passées au téléphone. Savoir et voir en 2014 encore qu'une « personne handicapée est systématiquement suspectée sur sa capacité » à être parent l'insupporte. Des femmes, venues la consulter de partout, lui confient leur parcours, les conseils trop fréquent d'avortement ou de stérilité aussi. « Leur handicap, elles s'en passeraient, mais il fait partie de leur personnalité. Une personne infirme moteur cérébral n'est pas débile. Moi, je ne leur dis jamais qu'une grossesse sera facile, car elles risquent des nausées fortes et continues, mais médicalement rien ne s'y oppose. » Bras de fer pour; SANTÉ. L'hospitalisation privée et les médecins libéraux s'en prennent à des 10 mars 2014 © Copyright 2014 Ouest France. Les cliniques privées s'insurgent contre un monopole de la chirurgie cardiaque accordé au CHU de Nantes. Retards dans les délais de prise en charge, risques d'aggravation de l'état des patients, transports supplémentaires coûteux... C'est une vraie litanie que récitent la Fédération de l'Hospitalisation privée, l'Union des médecins libéraux et le syndicat national des spécialités des maladies du coeur quand ils évoquent l'accès à la chirurgie cardiaque dans les Pays de la Loire. Leurs inquiétudes, et revendications, s'expriment en quatre points. 1 Sous-dotation Avec sept autorisations de chirurgie cardiaque adulte, dont une seule pour un établissement privé à Tours, l'ensemble régional Pays de la Loire, Bretagne et Poitou-Charentes, est sous-doté en capacités de chirurgie cardiaque. « La moyenne nationale, explique ainsi Yves Banus, président du directoire des Nouvelles Cliniques Nantaises, est d'une autorisation pour 860 000 habitants alors que l'inter-région ne dispose que d'une autorisation pour plus d'un million d'habitants. » 2 Délais dégradés Aujourd'hui, ajoutent les libéraux, « il apparaît que le CHU de Nantes, seul habilité en Loire-Atlantique à faire de la chirurgie cardiaque, ne peut répondre à l'exigence de prise en charge. En 2006, le délai entre la consultation et l'intervention au CHU était de 37 jours. En 2012, ce délai a encore augmenté pour atteindre 82 jours alors que le Schéma Inter-régional d'organisation des Soins recommande un délai de trois semaines en moyenne entre le diagnostic et la réalisation de l'acte chirurgical ». 3 Fuite des patients Pour cette raison, « le « taux de fuite » des patients contraints d'aller se faire soigner dans d'autres régions s'est aggravé, notent encore les praticiens libéraux. En 2011, il était de 26 % et a même atteint 56 % en Poitou-Charentes. » C'est pour cette raison que les équipes médicales spécialisées des nouvelles Cliniques Nantaises vont opérer à ...l'Institut Mutualiste Montsouris de Paris. 4 Partage nécessaire Pour l'hospitalisation privée, il est donc urgent d'accéder à un partage des tâches entre public et privé : « Ce partage répond au Plan régional de santé qui met le malade au coeur du dispositif médical, poursuit Yves Banus. Il entraînera une réduction indéniable des coûts d'hospitalisation et de transport des patients. Et des équipes médicales compétentes existent dans le privé notamment aux Nouvelles Cliniques nantaises de Rezé où l'on sait pratiquer les techniques de cardiologie interventionnelle mini-invasives. » J.-D. Fresneau Chirurgie cardiaque : le privé veut manier le bistouri Jocelyne RAT. 8 mars 2014 Pays de Loire Français © Ouest France 2014. L'hospitalisation privée réclame une égalité de traitement avec le public. Un moyen de réduire des délais d'intervention qu'elle juge élevés dans la région. Ce n'est pas l'avis de l'Agence de santé. Ils se regroupent pour interpeller les pouvoirs publics et réclamer « un accès à la chirurgie cardiaque et aux techniques innovantes de cardiologie » : les représentants régionaux et nationaux de l'hospitalisation privée ; la médecine chirurgie obstétrique ; les spécialités des maladies du coeur ; les médecins libéraux. Le message est réitéré dans une lettre ouverte à la direction de l'Agence régionale de santé. Aujourd'hui, le CHU de Nantes est seul habilité et détenteur de deux autorisations de chirurgie cardiaque (dont l'une en pédiatrie). Au coeur du propos : le projet de schéma interrégional d'organisation des soins (SIOS), préparé avec les agences de santé de Bretagne, du Centre et du Poitou-Charentes. Il cadre les opérations lourdes en neurochirurgie, neuroradiologie, greffes, grands brûlés et chirurgie cardiaque. Onze semaines d'attente Selon Eric Perchicot, président du syndicat des spécialités maladies du coeur et des vaisseaux, « en Pays de la Loire, les patients nécessitant une chirurgie cardiaque attendent en moyenne onze semaines, alors que le délai raisonnable est de trois semaines (1) ». Un cardiologue nantais abonde dans son sens : « Certains de mes patients ont dû attendre jusqu'à 6 mois avant de se faire opérer. » D'autres malades n'ont pas d'autre choix que de finir aux urgences. Le docteur Patrick Gasser, président de l'Union régionale des médecins libéraux, estime à « un quart » la part des patients de la région qui vont se faire opérer ailleurs, le plus souvent à Paris. Explications de Ronan Dubois, directeur général du pôle de santé privé Confluent-Nouvelles Cliniques nantaises : « Ne disposant pas d'une autorisation, nos équipes spécialisées dans les interventions en cardiologie doivent se déplacer, avec les patients à opérer, à l'Institut Mutualiste Montsouris avec lequel nous sommes liés par une convention... » L'hospitalisation privée brandit l'argument des économies à réaliser si « des collaborations privé-public » sont favorisées. L'Agence régionale de santé reste de marbre et considère que « l'offre de soins en chirurgie cardiaque permet de répondre aux besoins des habitants ». La région compte « 66 interventions de chirurgie cardiaque pour 100 000 habitants, il n'y a pas de « sous-consommation ». » Sur les 2 168 séjours de chirurgie cardiaque enregistrés dans les CHU de Nantes et Angers, 234 sont des patients domiciliés hors région. L'activité est par ailleurs « en progression de 5 % en deux ans, soit le double de la croissance démographique », relève l'Agence de santé. Quant au taux de « fuite » des patients, il est de 19,7 % et concerne surtout des habitants de la Sarthe et de la Mayenne. (1) Seul le CHU de Rennes tient actuellement ces délais. LE FIGARO ET VOUS der Béatrice Idiard-Chamois, pas si sage que ça Gaëlle Rolin [email protected] 4 mars 2014 Le Figaro (c) Copyright 2014 Le Figaro. SUCCÈS Cette sage-femme a accompagné des centaines de patientes en situation de handicap sur le chemin de la maternité. Et recevra à la fin du mois la Légion d'honneur, une première pour une sage-femme en France. La porte de son bureau est rayée de toutes parts. La mousse des accoudoirs de son fauteuil électrique a souffert. Béatrice Idiard-Chamois n'est pas de celles qui font dans la dentelle, elle fonce. À 49 ans, cette battante s'est construite au fil des épreuves. « Si j'avais écouté les médecins, je serais déjà morte dix fois », confie-t-elle. Alors, aujourd'hui, ses armes les plus affûtées, ce sont ses éclats de rire, francs, massifs, son empathie et son franc-parler. Atteinte d'une maladie orpheline, le syndrome de Marfan, cette sage-femme est à la tête de la seule consultation « handicap et parentalité » en France. « Si j'ai cette maladie, c'est peutêtre pour être utile à d'autres », lâche-t-elle simplement. Depuis 2006, elle reçoit à l'Institut Mutualiste Montsouris (IMM), dans le XIV e arrondissement de Paris, des femmes atteintes d'infirmités motrices cérébrales - malvoyantes ou souffrant de handicaps invisibles - qui souhaitent devenir mères et les accompagne. Avant, pendant et après la grossesse. « J'ai sûrement deux métros d'avance, parce je n'ai aucun a priori. » À 1 an, on diagnostique à Béatrice un grave problème de vision. Mais sa mère, institutrice, refuse de la placer en institution spécialisée. « Elle voulait que je suive un cursus normal. » Une décision qui forge son tempérament. Sa scolarité est marquée par les quolibets des autres enfants, cruels quand ils méconnaissent, mais aussi par l'incompréhension des enseignants. « Le collège a été une période infernale, cela relevait presque de la maltraitance. » Alors, elle se réfugie dans sa bulle : elle apprend à lire, sans même passer par le braille, sa grand-mère lui enseigne comment, malgré le handicap, tricoter des habits pour ses poupées, elle skie en mémorisant les tracés. Opérée une première fois à 15 ans, elle dévore Les Misérables à la loupe, pendant sa convalescence. Et lorsqu'à 17 ans elle recouvre presque totalement la vue, le monde s'ouvre à elle. « J'ai rattrapé le temps perdu. » Dans le même temps, les médecins mettent un nom sur sa maladie. « Je voulais tout abandonner, je ne voyais même plus l'intérêt de passer mon baccalauréat. » Elle le rate d'ailleurs une fois, elle, l'élève aux deux ans d'avance. Intéressée par la médecine, mais rebutée par la longueur des études, c'est finalement presque par hasard qu'elle s'oriente vers le métier de sage-femme. « J'aurais tant aimé être météorologiste dans la marine, pour le prestige du costume ! » lâche-t-elle en éclatant de rire. Au cours de sa première année d'école, l'avis d'un professeur ophtalmologiste lui fait l'effet d'une gifle en plein visage : « Il m'a dit qu'avec une tare génétique comme la mienne je ne travaillerais jamais à l'APHP ! » La jeune Béatrice serre les dents mais continue ses études, malgré une première opération à coeur ouvert en 1988. Mariée à l'âge de 22 ans - « nous sommes toujours ensemble aujourd'hui ! » précise-t-elle -, l'idée d'un bébé fait rapidement son chemin. « Puisque la grossesse m'était contre-indiquée, nous nous sommes tournés vers l'adoption. » Mais la lourdeur de la procédure la décourage. « J'ai alors rassuré mon époux et je lui ai dit que nous allions faire un enfant naturellement. » Six mois plus tard, Béatrice tombe enceinte. Une grossesse compliquée, épuisante, qui se termine par deux mois d'hospitalisation. Mais, encore une fois, la jeune femme réchappe au pire. Mathilde, sa fille, grandit normalement, sans syndrome de Marfan. Entre-temps, Béatrice est devenue sage-femme à l'institut Montsouris. C'est là qu'en 1999 elle fait un infarctus médullaire et perd l'usage de ses jambes. « J'étais aux toilettes, je n'ai pas pu me relever. J'avais le sentiment d'être absorbée par le sol. » Un souvenir terrible et une nouvelle difficile à accepter. « J'ai beaucoup pleuré, et puis d'un coup, je me suis dit : comment je vais faire pour aller au boulot ? » Elle y parvient. Et son métier, qui la passionne, lui permet de se maintenir la tête hors de l'eau. Contrainte par cette donne, elle fait cependant évoluer sa pratique. Béatrice commence ainsi à s'intéresser à la parentalité des personnes en situation de handicap et suit une formation spécifique pendant trois ans, apprenant notamment la langue des signes. « Une belle revanche » Aujourd'hui, elle reçoit une centaine de femmes par an, venues des quatre coins de la France. Elle les informe, les rassure, sans toutefois les bercer d'illusions. « Je leur dis que c'est possible, mais difficile, je leur parle des risques et de leur fatigue, qui sera grande. » Elle les aide aussi au niveau administratif, car deux tiers de ces femmes ne connaissent pas leurs droits. « Et seules 10 % d'entre elles sont suivies par un gynécologue », s'insurge-t-elle. « Beaucoup de médecins n'envisagent pas qu'elles puissent avoir une sexualité. S'ajoutent à cela les difficultés d'accessibilité », ajoute-t-elle à regret. Avec la consultation gynécologique spécifique qu'elle s'apprête à ouvrir à l'IMM, Béatrice Idiard-Chamois espère faire bouger les lignes. Son engagement lui a déjà valu de recevoir l'Ordre national du mérite en 2010 et, le 25 mars prochain, elle sera récompensée de la Légion d'honneur. « Si un politique avait voulu me la remettre, j'aurais refusé. C'est ma neurologue, Marie-Germaine Bousser, qui me décorera, à l'IMM. C'est une belle revanche face à tous ceux qui nous ont pris de haut quand on a lancé cette consultation. » Béatrice Idiard-Chamois est consciente que sa médiatisation suscite des jalousies. « Pourquoi moi, qui ne suis même pas médecin ? » se dit-on sûrement. Et, alors que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé lundi que le statut des sages-femmes allait évoluer, elle glisse au passage qu'elle soutient la grève des sagesfemmes et leurs revendications. « Ce n'est pas parce qu'on me décore que je vais me taire. Bien au contraire ! » Samedi 1er Mars 2014 POLÉMIQUE A-t-on besoin de la chirurgie cardiaque pour réaliser des TAVI par voie fémorale ? Doit-on remettre en question ce dogme 5 ans après sa rédaction ? Cette question, politiquement très incorrecte, mérite d'être posée. Depuis la première implantation en 2002 par Alain Cribier, la magie de cette technique n'a fait que se confirmer. Les évolutions techniques, en portant notamment sur la réduction de calibre des introducteurs, ont autorisé de façon raisonnable l'accès percutané réel, c'est-à-dire sans abord chirurgical. L'acte technique lui-même peut donc théoriquement être réalisé en totalité par un cardiologue interventionnel. Le cadre réglementaire actuel définit les conditions d'autorisation du TAVI pour les centres désirant pratiquer des TAVI ( Transcatheter Aortic Valve Implantation ) : • Le centre doit être médicochirurgical, les plateaux techniques de cardiologie interventionnelle et de chirurgie cardiaque devant se trouver sur le même site en cas de conversion en urgence. • Une équipe est responsable du centre et doit être entres autres composée d'un chirurgien cardiaque ; elle a pour mission la sélection des patients selon les critères prédéfinis et le choix de la technique d'implantation (voie transfémorale ou transa-picale). Figure. Complication vasculaire sous forme d'une petite brèche iliaque externe droite (flèche). Le traitement consiste en l'implantation d'une endoprothèse, la difficulté étant de ne pas passer à côté d'une image très discrète. • Lors d'une procédure d'implantation par voie transfémorale, la présence de deux cardiologues interventionnels, d'un chirurgien cardiaque et d'un anesthésiste et la disponibilité d'un cardiologue échographiste sont requises. Afin de permettre une diffusion optimale et sécurisée, les experts ont défini la formation préalable nécessaire : appartenir à un centre pratiquant plus de 200 remplacements valvulaires aortiques par an. La loi, établie en 2008 et revue en 2011, est donc très claire : la chirurgie cardiaque pour la réalisation des TAVI par voie fémorale est indispensable. La possibilité d'une conversion en circulation extracorporelle (CEC) d'une procédure TAVI est la première justification à la présence de la chirurgie cardiaque sur site. Cet argument, rassurant pour les opérateurs (et les tutelles ?) est ambivalent. D'un côté, les patients sélectionnés pour bénéficier du TAVI doivent présenter un risque important de mortalité chirurgicale, et de l'autre, en cas de complication sévère, souvent avec un état hémodynamique précaire, on impose un recours à la chirurgie. Les chances de succès sont minces : si le patient survit, avait-il été bien sélectionné ? Les auteurs du registre allemand se sont intéressés à cette question. Sur 1 975 patients implantés entre 2009 et 2011, 24 conversions en CEC ont été réalisées (1,2 %). Les conversions chirurgicales ont été plus fréquentes par voie apicale (2,4 %) que par voie fémorale (1,0 %). Elles sont dues le plus souvent à des traumatismes aortoannulaires (30 %), suivis par des perforations myocardiques du VD ou du VG, des embolisations de prothèses, des obstructions coronaires ou des insuffisances aortiques aiguës. La mortalité à 30 jours après conversion en CEC était de 46 % et plus favorable lorsque la conversion était effectuée dans une salle hybride. Les auteurs insistent sur l'importance de la présence d'une équipe chirurgicale et sur de meilleures identification et prévention des situations à risque de conversion. La possibilité de mettre en place une assistance cardiaque de type ECMO sur une défaillance hémodynamique doit aussi être discutée. Si en France cette attitude n'est quasiment pas pratiquée, aux États-Unis, elle est obligatoire. L'obstruction d'une artère coronaire au cours de l'implantation de l'endoprothèse est une complication rare (1 %). Le mécanisme le plus fréquent est la bascule de la valve native devant l'ostium coronaire. L'identification des patients à risque, c'est-à-dire, ayant une implantation coronaire proche du plan de l'anneau, avec des sinus de Valsalva étroits et un épaississement calcaire de la valve est primordiale. La prévention et le traitement endocoronaire garantissent les meilleures chances de succès. Le recours à la CEC peut néanmoins être nécessaire. À côté des complications nécessitant une CEC et donc une chirurgie cardiaque sur place, d'autres complications peuvent être traitées par la présence d'un chirurgien vasculaire moins spécialisé sans CEC. Ces complications sont fréquentes, estimées selon les séries entre 5 et 25 %. À noter cependant que la très grande majorité des complications (dissection ou perforation de l'artère fémorale, échec de fermeture percutanée) sont traitées par voie endovasculaire de façon assez routinière par l'im-plantation d'un stent qu'il soit couvert ou non. Ces gestes d'im-plantations de stents par la technique du cross-over doivent être parfaitement maîtrisés par les cardiologues implanteurs, car ils doivent être effectués le plus souvent dans un contexte d'urgence. Un accident vasculaire cérébral (AVC) peut survenir au cours d'une procédure TAVI. La fréquence avec une expression clinique varie de 2 à 3 %. Le mécanisme est embolique, soit à partir de débris valvulaires ou Tous droits réservés : Cath'Lab aortiques, ou thrombotique à partir des cathéters. Dans ce contexte, la chirurgie cardiaque n'apporte aucune aide, en revanche la maîtrise des techniques neurovasculaires avec la possibilité d'utiliser une fibrinolyse in situ ou une thrombecto-mie mécanique peut limiter les conséquences cliniques de l'accident neurologique. Conclusion Si l'on doit répondre à la question provocatrice : « A-t-on besoin de la chirurgie cardiaque pour la réalisation des TAVI par voie fémorale ? », la réponse est : certainement, pour sauver les rares patients avec rupture d'anneau, mais plus encore, pour maintenir dans les centres un volume d'activité proche des volumes habituels de cardiologie interventionnelle, pour garantir la technicité des opérateurs et la qualité des soins. Le nombre de procédures TAVI minimal recommandé par la HAS pour obtenir l'autorisation d'activité est de 24. En comparaison, il a été recommandé plus de 350 procédures coronaires annuelles pour obtenir l'aval de la HAS pour effectuer cette activité. L'argument avancé de l'expérience et de l'entraînement des équipes, pour garantir la sécurité des patients n'est plus discuté pour l'angioplastie coronaire. Le nombre de procédures TAVI réalisé en 2013 (3 707 sur 47 centres en France) comparativement à celui des angioplasties coronaires (autour de 120 000), parle de lui-même. Le nombre de procédures TAVI par centre ne sera jamais aussi élévé que celui des angioplasties coronaires. Néanmoins, le TAVI est une procédure à la fois plus complexe, avec un taux de complications beaucoup plus élevé que l'angioplastie coronaire, et l'identification rapide et la gestion des complications nécessitent une bonne maîtrise technique de la cardiologie interventionnelle, mais aussi vasculaire périphérique, voire neurovasculaire. Dans ce contexte, le chiffre de 24 procédures par an et par équipe est probablement trop faible, pour une bonne maîtrise du geste et une gestion optimale des complications. Ainsi, l'ouverture de centres ne disposant pas de plateau de chirurgie cardiaque diluerait encore l'activité et réduirait le nombre de procédures par centre, mettant en danger la sécurité des soins. En revanche, il est constaté que les cas traités dans des centres débutants avec un proctor ont des résultats comparables à ceux traités dans des centres expérimentés. Ainsi, l'accueil d'opérateurs, dans des centres de haut volume doit probablement être encouragé pour diffuser au mieux la technique, dans des conditions de sécurité optimale. C. CAUSSIN, C. CAUSSIN Institut Mutualiste Montsouris, Paris FRA Reportage Quand la Matmut soigne les Parisiens Séverine Charon 1 mars 2014 Copyright 2014 La Tribune de l'Assurance All Rights Reserved Avec le centre de santé du Square de la Mutualité, l'assureur mutualiste veut montrer qu'il est possible de proposer une offre de soins de ville sans perdre d'argent. Visite de cet établissement pilote. Tout contre l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, enchâssée dans le bâtiment du célèbre Palais de la Mutualité, une entrée discrète mentionne un "centre de santé". Au cœur du Ve arrondissement de Paris, le centre médical du Square de la Mutualité a été inauguré début octobre 2013. Une fois passée l'entrée, plutôt modeste, l'espace s'élargit sur un hall d'accueil moderne où flotte encore l'odeur du neuf... Tout comme sur les six étages et les 1 000 m² du bâtiment. Les patients y viennent consulter à la fois des généralistes et des spécialistes, mais aussi réaliser des examens médicaux, des soins dentaires voire des prélèvements biologiques. Au total, plus de 35 médecins assurent les vacations de médecine générale, cardiologie, pneumologie, gynécologie... A ces consultations s'ajoute la possibilité de réaliser des scanners, des examens de radiologie conventionnelle, mais aussi des échographies, des mammographies, des panoramiques dentaires et des tests d'ostéodensitométrie... A chacun des six niveaux du bâtiment, une dominante : l'accueil et le scanner au rez-de-chaussée ; un niveau pour les soins dentaires ; un "étage de la femme" avec la gynécologie, l'endocrinologie, les mammographies et l'ostéodensitométrie... Le bâtiment entièrement désamianté, rénové, réaménagé, est desservi par de larges escaliers et des ascenseurs modernes (les travaux ont duré plus de deux ans). Déjà 150 patients par jour En ce matin de janvier, les locaux sont très calmes et les professionnels - médecins, techniciens et personnels d'accueil - plus nombreux que les patients... C'est normal : ouvert cinq jours par semaine de 8 h 30 à 19 h, le centre est encore en phase de rodage. Il accueillait 120 patients chaque jour en fin d'année 2013, et 150 fin janvier. Anne-Lise Montaville, la directrice du centre, table sur une montée en charge progressive, avec 300 patients par jour fin 2014, avant d'atteindre 500 en rythme de croisière. En attendant, il faut se faire connaître des habitants du quartier, des généralistes et spécialistes voisins, mais aussi des services médicaux des écoles et de la fac, toute proche. La Matmut, sponsor du projet, a aussi informé ses sociétaires de l'ouverture du centre. L'un d'eux, visiblement séduit, est venu de Reims pour pratiquer un examen ! Mais le centre de santé vise en priorité à accueillir les patients du quartier, et pas seulement les clients de la Matmut. « Mon médecin traitant m'a conseillé de venir ici faire une radio. Ce n'est pas loin de chez moi et le centre est tout neuf », explique Lucinda. Cette jeune retraitée, arrivée du Portugal il y a quarante ans, ajoute : « Si j'avais pensé à ma carte Axa, je n'aurai pas payé pour mon doppler. » Investissements lourds Si le Ve arrondissement fait partie des beaux quartiers de Paris, de nombreux patients sont d'origine modeste, insiste Anne-Lise Montaville. « Notre vocation est de garantir une offre de proximité en secteur 1 accessible à tous. » Ici, il y avait, jusqu'en 2010, un centre mutualiste que fréquentaient déjà Lucinda et de nombreux patients qui sont revenus dans le nouveau lieu. Quand l'ancien centre Saint-Victor a disparu dans le naufrage de la Fédération mutualiste parisienne (FMP), le plan de sauvetage incluait la vente et la rénovation du Palais de la Mutualité et, avec elles, la fermeture du vétuste centre médical mutualiste, source de pertes financières récurrentes. Suite au mouvement de protestation des riverains et aux pressions municipales, la Mutualité française s'était engagée à rouvrir un centre. C'est finalement la Matmut qui a repris le projet à son compte et réalisé les investissements nécessaires, finançant la rénovation et la réorganisation des locaux comme l'achat d'équipements médicaux de dernière génération - soit 1,2 M€ pour les appareils d'imagerie médicale et 420 000 € pour les activités dentaires. Le projet constitue un défi pour le groupe Matmut, qui veut prouver qu'il est possible de proposer une offre de médecine de ville de qualité à tarifs conventionnés, sans perdre d'argent. « Le centre doit parvenir à l'équilibre, et pour cela, nous pratiquons aussi des actes hors nomenclature. Dans ce cas, nous nous positionnons 20 % en dessous du tarif moyen habituellement appliqué par la concurrence », précise AnneLise Montaville. Attirer les médecins Le défi implique de recruter les médecins pour assurer les consultations et les examens. Mais quel intérêt pour un praticien qui exerce ailleurs, et parfois en secteur 2, de pratiquer en secteur 1 et ne recevoir qu'une partie de ses honoraires, puisqu'un pourcentage est prélevé pour les frais de fonctionnement du centre ? Les locaux, bien placés, modernes, dotés d'équipements et de mobiliers flambant neufs, dans un quartier attrayant, ont déjà de quoi plaire. L'organisation a elle aussi été conçue pour séduire : prise de rendez-vous externalisée, dossiers médicaux informatisés, décharge de tout ce qui ne relève pas du médical, y compris le paiement. « Je ne sais pas si le patient que je reçois a une complémentaire santé, généreuse ou pas, ou s'il bénéficie de la CMU ou de l'aide médicale d'Etat (AME). Cela facilite les relations », se félicite la généraliste référente du centre. Une jeune dentiste, échaudée par l'exercice en ville en solitaire, est venue pour travailler auprès d'autres professionnels. Enfin, un partenariat avec l'Institut Mutualiste Montsouris, réputé pour l'excellence de son équipe médicale, complète le tableau, puisqu'il facilite l'articulation entre soins de ville et prise en charge à l'hôpital. Pour compléter son offre, le centre a aussi vocation à relayer les grandes journées de dépistage et de prévention nationales et mondiales. C'est ainsi que le mois dernier, dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, le centre a consacré une demi-journée à l'évaluation personnalisée des facteurs de risques. L'établissement a reçu à cette occasion une centaine de visites et réalisé une cinquantaine de bilans de santé. Fort de cette première expérience, d'autres journées sont d'ores et déjà programmées. Plus de 35 médecins assurent des vacations au centre de santé du Square de la Mutualité. Où l'on peut aussi réaliser des scanners, examens dentaires, prélèvements sanguins, mammographies... Photos © Matmut Jeudi 27 Février 2014 Parole d'expert PR Guy Vallancien, Institut Mutualiste Montsouris (Paris) « Le dépistage individuel dès 50 ans est logique» « La controverse sur la pertinence du dépistage précoce est toujours en cours. Mais c'est un faux débat. Car on sait qu'en prenant un cancer de la prostate à temps, la mortalité diminue Tous droits réservés : Sciences et Avenir de 33 %. Ce dépistage comprend un toucher rectal et la mesure du taux d'antigène prostatique spécifique (PSA) dans le sang. Certes, un seul examen n'est pas toujours fable. Mais en réalisant plusieurs dosages successifs, on peut détecter un éventuel accroissement des valeurs du PSA. Conséquence majeure de ce diagnostic précoce: l'utilisation de thérapies focales, qui ne ciblent que la zone malade. Et représentent donc une alternative aux traitements plus agressifs (prostatectomie, radiothérapie), avec moins d'effets indésirables. Le dépistage individuel dès 50 ans est donc logique. » H. J. Edition : Le Quotidien du Médecin Jeudi 6 Février 2014 - 01:00 Cardiologie - Vasculaire - HTA Chirurgie Spécialités Journal Une publication annonçant 800 000 décès effacée Les bêtabloquants en préopératoire font encore polémique S’il est admis qu’il ne faut pas stopper le traitement par les bêtabloquants des patients coronariens avérés avant une chirurgie, le débat reste agité autour de la question de l’initiation d’un traitement chez les patients non cardiaques pour réduire le risque de syndrome coronaire aigu postopératoire. Suite à de nombreuses réactions, l’article a été retiré moins de 48 heures après sa parution. Le rédacteur en chef de l’EHJ Thomas Lüscher a expliqué dans un communiqué que l’article devait être revu par un comité éditorial. C’est une nouvelle étape dans la controverse commencée en 2012, lorsque Don Poldermans, qui a coordonné la rédaction des recommandations a été convaincu par l’université Erasmus de Rotterdam de mauvaises pratiques dans la conduite de plusieurs études, dont DECREASE IV qui a largement servi de base aux recommandations. Des études qui doivent être refaites « Nous sommes dans une situation où les études doivent être refaites, car les prises en charge ont beaucoup évolué la mise sur le marché des bêtabloquants, » estime le Pr Nicolas Danchin (Paris) qui mène avec la Cnam une étude sur les bénéfices des bêtabloquants après un infarctus. Selon le cardiologue, la perspective d’une opération « ne justifie pas que l’on mette le patient sous bêtabloquants ». Pour parvenir à un chiffre de 800 000 accidents potentiels, les deux cardiologues britanniques se sont appuyés sur l’étude POISE publiée en 2008 dans le Lancet. Si elle avait bien confirmé que les patients qui recevaient des bêtabloquants avant l’opération avaient moins d’attaques cardiaques, elle montrait aussi un surrisque d’AVC et de décès. Le protocole de POISE serait discutable La comparaison entre ces différentes études est toutefois difficile. Selon François Philippe, cardiologue interventionnel à l’Institut Mutualiste Montsouris qui a participé à la rédaction des recommandations de 2009, « l’étude POISE est très défavorable aux bêtabloquants à cause de son protocole aberrant. Donner de fortes doses, de 100 à 200 mg de métoprolol, 2 à 3 heures avant Tous droits réservés : Quotidien du Médecin la chirurgie présente un surrisque évident mais ce n’est pas comme ça que les cliniciens procèdent. Comment un comité d’éthique a-t-il pu donner son accord à une stratégie pareille ? » S’interroge-t-il. Une titration à pas de loup En pratique clinique, François Philippe estime en effet qu’il faut réserver les bêtabloquants aux patients coronariens avérés ou cumulant des facteurs de risque cardiovasculaires comme l’hypertension ou la consommation de tabac. Pour ces derniers, la titration doit se faire sur plusieurs semaines en fonction du pouls. De nouvelles recommandations sont en cours d’écriture, et préciseront les conditions de sélection des patients à mettre sous bêtabloquants avant un acte chirurgical. Damien Coulomb Lundi 27 Janvier 2014 Julie Gayet Ce que l’on ne sait pas d’elle La comédienne, 41 ans, est sous les feux des projecteurs après la révélation de sa supposée liaison avec François Hollande. Télé Star lève le voile sur ce que vous ignoriez de l’actrice. Premiers pas dans une sitcom Elle a fait ses débuts chez AB Productions. La toute première apparition à l’écran de Julie Gayet remonte à 1992, alors qu’elle n’a que 20 ans. C’est dans la série Premiers baisers qu’elle pointe le bout de son nez pour une scène de 24 secondes et deux répliques. Graine d’actrice La mère de Julie est antiquaire et son père, Brice, est professeur de chirurgie digestive à l’Institut Mutualiste Montsouris, à Paris. Enfant, il lui arrivait d’aller faire de l’animation dans les chambres des malades pour les aider à oublier leurs soucis. Déjà la fibre de la comédie. Productrice active Si on la connaît comme actrice, son activité de productrice est plus confidentielle. Pourtant, Julie gère trois sociétés de production aux projets souvent ambitieux. Comme Fix Me, un documentaire sous forme de journal intime d’un Palestinien, qui filme avec humour sa psychothérapie dans un hôpital de Ramallah. Sa société la plus récente, Cinémaphore, créée l’année dernière, et qui compte le milliardaire François Pinault comme actionnaire minoritaire, est aussi active dans le conseil et l’événementiel. Une touche-à-tout Elle a commencé par le chant lyrique, qu’elle a étudié à partir de 8 ans. Une formation qu’elle a récemment mise à profit dans un duo avec Marc Lavoine, sur le titre Avec toi. Après le chant, elle a bûché la comédie en France et à Londres, puis a suivi un cursus en histoire de l’art et en psychologie. Olivier Petit Tous droits réservés : Télé Star Jeudi 23 Janvier 2014 JULIE GAYET FRANÇOIS HOLLANDE SOUS LE CHARME JULIE AIME LE MÉTRO, «LA VRAIE VIE DES VRAIS GENS», SA LIGNE PRÉFÉRÉE, C'EST LA 14 Juste avant sa victoire à la primaire socialiste. Au Cinéma des cinéastes, à Paris, le 3 octobre 2011 lors d'un débat sur la loi Hadopi. Sur son tee-shirt, elle affiche son programme : « Je ne sors qu'avec des super-héros ». Le coeur de Julie a toujours penché à gauche. En 2007 déjà, l'actrice se tenait au côté de Ségolène Royal. A partir d'octo bre 2011, elle rejoint François Hollande, en retrait mais assidue et confiante. Elle est choisie, en avril 2012, pour participer aux spots de sa campagne et décrit alors le candidat comme un homme « humble », « formidable », « vraiment à l'écoute ». Elle ne sait peut-être pas que « Baisers volés » de Truffaut est l'un des films préférés de François Hollande... Après ce débat sur le cinéma et les arts, elle se déclare impressionnée : « Il est incollable. » La fille normale. Depuis quinze jours, on ne parle que d'elle. Elle fait la couverture de tous les magazines internationaux. Il n'est pas jusqu'au coming out socialdémocrate de François Hollande qui ne lui soit en partie attribué. Mais elle confirme ce qu'elle a toujours dit : « J'ai beaucoup de mal à péter les plombs. Ma force, c'est de pouvoir aller très, très loin, en retombant toujours sur mes pieds. » Julie Gayet n'a pas quitté son quartier. Ses garçons vont à l'école, elle travaille à un documentaire sur le Chili en tant que productrice. Dans la rue, elle pourrait tourner un film de Klapisch, les amies, la poésie du quotidien : un scénario inattendu l'a mise sur le devant de la scène, mais elle continue à jouer selon son style, sincère et spontané. Star peut-être, mais sans le vouloir. Lundi 20 janvier, dans le XIe arrondissement à Paris, Julie Gayet fait ses courses dans un magasin bio.RIEN N'A CHANGÉ DANS LA VIE PARISIENNE DE JULIE... OU PRESQUE Nue dans une salle de bains éclairée de bougies, elle fait face au miroir. La caméra reste dans son dos, la pellicule vire au noir et blanc. On découvre au creux de ses reins un tatouage, une vague surmontée de la lettre grecque phi, symbole de philosophie. Dans ce clip de Benjamin Biolay, Julie Gayet dévoile son corps. Grande, blonde, mince. Et son esprit : elle aime les philosophes, notamment Annah Arendt et Emmanuel Levinas. « Des choses sérieuses », dit-elle, qu'elle lit le soir en écoutant Radio Nova. Le matin, elle s'installe au café pour lire les journaux. « Je m'intéresse beaucoup à la politique », déclare-t-elle. Pointus, ses goûts varient. Sur un fond intellectuel, elle pose des indémodables. Un manteau vintage Saint Laurent sur des chemises Comme des garçons pour l'allure. Dans son agenda, des balades parisiennes en Vélib' et une succession de rendez-vous professionnels où elle se rend par les transports en commun. « J'aime le métro, cette plongée dans la vraie vie, la vraie vie des vraies gens. Ma ligne préférée, c'est la 14. » Pour se reposer, elle choisit le Gers, où ses parents ont restauré le château de Cadreils, près de Lectoure. A 30 kilomètres, l'abbaye de Flaran accueille de nombreux visiteurs. Dont, le 3 août dernier, François Hollande. En déplacement officiel dans la région, il s'autorise un intermède touristique au monastère devenu musée. A la même date, les Gayet séjournent dans leur propriété, comme le précisent des voisins. La concordance aurait permis l'organisation d'un déjeuner avec le président. Une escapade estivale renouvelée le mois suivant. Le couple se serait retrouvé les 28 et 29 septembre à Mougins, où le président possède une maison. Ils auraient dîné au St Petersbourg. Nappe blanche, chandelles, spectacle musical... Le restaurant propose des soirées festives et romantiques. Les serveurs n'auraient pas reconnu immédiatement la femme qui accompagne François Hollande. Cheveux châtains, nez droit, charmant sourire, une beauté classique qu'ils prennent pour Valérie Trierweiler. En découvrant le portrait de Julie Gayet à la une de l'actualité, les membres du personnel auraient compris leur méprise. Chez Julie, à Paris, pas de poste de télévision mais un portrait de Samuel Beckett et une Vierge Marie peinte dans la cuisine. Dans l'Est parisien, elle partage un loft avec une amie cinéaste. Son frère cadet, Erwan, architecte, habite la maison mitoyenne. Sa vie s'organise autour d'une constante : son engagement politique à gauche. En 1981, le PS prend le pouvoir, Julie entre au collège et quelques années plus tard, accroche sur sa veste la main jaune de Touche pas à mon pote. Sa conscience politique s'éveille. En 2007, elle participe aux réunions de soutien à Ségolène Royal. Dès 2011, lors des primaires socialistes, elle s'engage pour François Hollande. Il est son candidat, quand personne ne croit en lui. Investie dans sa campagne jusqu'à la victoire, elle est généralement placée au troisième rang lors des meetings. Elle chante « La Marseillaise » avec des futurs ministres, grisée par la ferveur de la foule. Elle est une des rares autorisées à pénétrer dans la loge de l'orateur. « J'ai suivi toute la campagne, précise un sympathisant. Elle était très présente. On la considérait comme étant de la bande de Thomas Hollande, on ne pensait pas que ça allait au-delà. » Le 3 octobre 2011, elle est assise près de François Hollande à l'occasion d'une rencontre entre le candidat et des personnalités du monde culturel. Le photographe Olivier Corsan raconte : « Il y avait principalement des producteurs et des éditeurs. Valérie Trierweiler n'était pas là. Julie Gayet et Denis Podalydès faisaient partie des rares têtes connues à accepter de poser à côté de Hollande. » Le 6 mai 2012, place de la Bastille, Julie se trouve derrière la scène, fêtant la victoire avec l'entourage du nouveau président. L'euphorie ne dure pas. Le 21 mai, au Festival de Cannes, Julie arpente la Croisette, les yeux rouges, la mine grave. Tout juste élu, le président a investi l'Elysée avec la première dame. Il découvre la solitude du pouvoir, éloigné de ceux qui ont partagé ses mois de campagne. Julie retourne à son métier, très entourée par sa famille. Ses parents, Brice et Anne, fréquentent depuis quarante ans les cercles socialistes. Le metteur en scène Bernard Murat, proche de Hollande, fait partie de leurs intimes. Eminent professeur de chirurgie digestive, Brice Gayet est le fils d'un compagnon de la Libération. Ceux qui le connaissent racontent la droiture de ce chirurgien de 2,04 mètres qui, apprenant la mise en examen de Jérôme Cahuzac, confrère et ami, décide de ne plus le fréquenter. Petite fille, Julie accompagne son père lors de ses visites à l'Institut Mutualiste Montsouris, un établissement privé à but non lucratif, qu'il contribue à créer. C'est en famille qu'elle découvre l'exercice du pouvoir politique, quand Brice rejoint le cabinet du ministre de la Santé Bernard Kouchner. Julie grandit entourée de deux frères, Jean-Brice et Erwan, dans le VIIIe arrondissement, quartier huppé où elle possède toujours un appartement. Leur mère, Anne, est une antiquaire réputée qui tient une boutique où Catherine Deneuve aime chiner. Les enfants Gayet sont inscrits dans un établissement catholique de la rive gauche. Glamour et intello. En mai 2010, lors du Festival de Cannes. Le décolleté de sa robe Josephus Thimister laisse apparaître une vague tatouée, surmontée de la lettre grecque phi. Nature et romantique. Le 8 août 2010, dans le Gers, l'année où elle tourne « L'art de séduire » de Guy Mazarguil.Après les cours, Julie se rend souvent au cinéma sur les ChampsElysées. « C'est un peu la famille Ricoré ! plaisante un ami, en référence à l'image parfaite que les Gayet renvoient. Ils sont beaux et raffinés, possèdent une culture immense, un grand sens de l'humour et de solides carrières. » Adolescente, Julie étudie le chant lyrique, pense en faire son métier, puis découvre la comédie. Une seule idole la fait vibrer : Romy Schneider. Elle fait ses débuts dans « Premiers baisers », sitcom vedette des années 1990, presque aussi kitsch que « Sissi impératrice ». Réalisateur oscarisé, Costa-Gavras l'extirpe des plateaux mal éclairés d'AB Productions et lui offre son premier cachet sous les projecteurs du cinéma engagé. Suivent Krzysztof Kieslowski et Agnès Varda. Sa filmographie continue sans interruption avec plus de 70 rôles. « Je connais Julie depuis quinze ans, explique la réalisatrice Géraldine Maillet. C'est une actrice subversive, rock, plutôt éloignée des rôles de bourgeoise qu'on lui confie. » Ses amis soulignent sa douceur : « Elle est apaisante. » Généreuse, « elle aide les jeunes cinéastes, prête son appart pour des tournages ». Ses confrères parlent aussi de sa vive ambition. Indépendante, c'est clair, elle n'a pas besoin de Hollande pour exister. « C'est une femme à l'écoute, estime une journaliste. A l'inverse de beaucoup d'acteurs égocentrés. » Devenue mère, Julie choisit pour Tadeo et Ezechiel (14 et 13 ans) une éducation en anglais à l'Ecole bilingue. Ses fils parlent déjà espagnol avec leur père, l'écrivain argentin Santiago Amigorena, que Julie a rencontré au début des années 1990. Après une décennie ensemble, ils divorcent. En janvier 2014, l'ex-mari publie « Des jours que je n'ai pas oubliés », un roman nostalgique qui retrace leur histoire passée. A la lumière des récentes révélations, une anecdote ressort. Le couple organisait chaque semaine des rencontres dont la vocation « était de réfléchir, au cours d'un dîner qui regroupait une dizaine de convives, sur un possible lien entre l'amitié et la politique ». Julie devient une héroïne littéraire sous la plume de son ancien époux et, pour le public, une vedette politicopeople. Etre actrice ne suffit pas à celle qui s'engage. En 2007, Julie crée une société de production, Rouge International, un nom raccord avec ses idées. Elle produit un documentaire sur la Palestine, une fiction comique sur la crise du logement. Elle fonde ensuite deux autres sociétés, dont Cinémaphore dans laquelle François Pinault investit la somme symbolique de 60 euros. L'homme d'affaires - breton comme les Gayet - et Julie se connaissent depuis longtemps. Outre le milliardaire, Julie compte dans son entourage le mannequin Audrey Marnay, le producteur Nathanaël Karmitz, la comédienne Anne Consigny - compagne d'Eric de Chassey, directeur de l'Académie de France à Rome —, les acteurs Bruno Salomone et Olivier Sitruk, les chanteurs Benjamin Biolay et Olivia Ruiz. Le 20 juillet 2013, cette dernière se produit au festival musical de Brive-la-Gaillarde. En coulisses, Julie est présente, racontent certains, ainsi que le président de la République, de passage en Corrèze ce jour-là. Le matin même, elle fait partie du groupe qui accompagne Hollande sur le marché de Tulle. Quelques mois avant, Julie a porté plainte contre X pour identifier les auteurs de la rumeur lui prêtant une liaison avec le président. Rumeur relancée par Stéphane Guillon le 16 décembre dernier sur Canal+. Le lendemain, on retrouve Julie au festival des Arcs. Apparemment détendue, elle s'offre une coupe de champagne et monte sur scène présenter son dernier film. Eloignée du tapage médiatique le temps d'une soirée, saitelle que sa vie est sur le point de basculer ? Depuis la publication des photos de « Closer », Julie continue de recevoir ses amis et aurait même organisé une fête, le 18 janvier. La famille Gayet serait soulagée de ne plus avoir à garder le secret de la relation de l'actrice et du président. « Très calme et très sûre d'elle », ainsi que l'indique le père de ses enfants, Julie travaille chez elle, par téléphone. L'actrice est toujours très demandée par les réalisateurs. Moins dénudée que dans les clips de Benjamin Biolay, mais en porte-jarretelles tout de même, elle incarne une conseillère ministérielle dans « Quai d'Orsay », de Bertrand Tavernier. L'occasion de jouer une fiction politique, avant qu'elle ne devienne réalité. Enquête Marie Adam-Affortit, Aurélie Raya, Maud Carron de La Carrière, Patrick Durand, Rose-Laure Bendavid, Méliné Ristiguian. Son ex-mari vient de publier un roman nostalgique qui retrace leur histoire PAULINE DELASSUS Tous droits réservés : Paris Match Diff. 684 056 ex. (source OJD) Jeudi 16 Janvier 2014 L'événement Julie Gayet L'ELUE DU PRESIDENT Comédienne « intello », productrice et réalisatrice, militante de gauche et femme amoureuse, qui est celle qui fait battre le cœur de François Hollande et trembler la République ? EN 2011, DÉJÀ, LORS DE L'INVESTITURE DE HOLLANDE, ELLE SEMBLAIT IN SUFFLER DE LA FORCE À CELUI QU'ELLE S'ÉTAIT CHOISI COMME CANDIDAT La discrète Sous des airs de séductrice fragile, Julie Gayet est une battante. Après les révélations sur le couple qu'elle forme avec François Hollande, son ancien mari, l'écrivain Santiago Amigorena, la décrit comme « très calme et sûre d'elle ». Des regards si doux. Parmi les poids lourds du PS, Julie Gayet, partie prenante dans la campagne de François Hollande, assiste à sa convention d'investiture, le 22 octobre 2011, à la halle Freyssinet à Paris. Quel homme n'aimerait pas être regardé ainsi ? Il y avait quelque chose de si pétillant et de si confiant dans la prunelle de cette femme-là que tout homme rêverait d'être l'objet de ses regards. Discrète, assise au milieu du public, les cheveux blonds élégamment retenus en arrière, Julie Gayet semblait insuffler de la force à celui qu'elle s'était choisi comme candidat. Sous ses yeux, ce 22 octobre 2011 à la halle Freyssinet, à Paris, François Hollande recevait l'investiture de son parti. Elle qui s'était montrée aux côtés de Ségolène Royal pendant la campagne présidentielle de 2007 prolongeait là tout naturellement son engagement auprès du PS. Personne ne s'est donc étonné de revoir la comédienne parmi les militants. Comme personne n'y a trouvé à redire lorsqu'on l'a retrouvée, le 15 avril 2012, au meeting de Vincennes près de Thomas Hollande, ou encore pour une vidéo de campagne, dans laquelle elle qualifiait sa première rencontre avec le candidat de « magique » et énumérait ses qualités : « humble », « formidable », « qui sait vraiment écouter », « rare », « incollable », « je suis très impressionnée ». Il y eut plusieurs « je suis très impressionnée ». Franchement, messieurs, si une jolie femme de dix-huit ans de moins que vous, distinguée à se damner, fine et bien dans sa peau, comédienne de talent et femme d'affaires indépendante, partageant vos convictions, vous regardait avec ces yeux-là, et qu'à domicile votre compagne était plutôt source de tensions, que feriez-vous ? C'est qu'elle a beaucoup d'atouts, cette Julie-là. Belle, oui, même si elle se dit « naturelle, simple, mais pas forcément jolie », elle a ce chien racé, le chien - qui ne passe pas inaperçu. Et puis ce regard. Intense. Brûlant. D'amoureuse. Dès ses premiers films, les journalistes qu'elle accueillait avec une simplicité désarmante - ce qui lui valait dans leurs papiers des « rafraîchissante », « sincère », « sans ego », « naturelle » l'avaient tous remarqué : cette femmelà n'ergote pas question sentiments. Ses proches aussi la décrivent rapidement comme une « grande amoureuse ». Décrite par ses proches comme une “grande amoureuse” Julie Gayet se reconnaît « douce, mais, précise-t-elle, pas fragile, et les pieds sur terre ». Celle qui assure : « Dans la vie, j'ai beaucoup de mal à péter les plombs » a surmonté sa séparation d'avec Santiago Amigorena, ce scénariste et écrivain d'origine argentine qu'elle a connu jeune et épousé après la naissance de leurs fils, Taddeo (en 1999) et Ezechiel (en 2000). Trop amoureuse de la vie, elle a renoncé à être une mère divorcée parfaite - foin de cette culpabilité insidieuse. Cet équilibre, elle le tient d'une enfance « magnifique ». Papa, grand chirurgien, spécialiste des transplantations du foie, opère à l'Institut Mutualiste Montsouris et refuse les consultations privées. En 2007, il soutient la candidate Ségolène Royal, Julie à ses côtés... Maman est antiquaire, descendante d'une famille d'industriels. Milieu bourgeois, intello de gauche. Enfant, Julie est mise au piano et au chant lyrique, mais pas question de grandir dans « l'entre-soi ». Très tôt, elle suit papa à l'hôpital - « Tous droits réservés : VSD faire un petit coucou aux malades pour apporter un peu de gaieté » -, y côtoie la mort, en retient qu'« il ne faut jamais oublier que l'on est ultra-gâté ». Collégienne, elle découvre le bonheur de jouer, se lance dans l'art dramatique, file à 17 ans en Angleterre suivre un stage à l'Actors Studio. Tout en étant inscrite en fac d'histoire de l'art et de psycho. Un premier vrai rôle dans Les Cent et Une nuits de Simon Cinéma, d'Agnès Varda, en 1994, et son 1,74 mètre, son look à la fois solaire et sauvage impriment peu à peu la pellicule. Sans coups d'éclat. Sans plan de carrière. Julie reste la fille d'Anne et Brice Gayet, née le 3 juin 1972 à Suresnes, l'enfant bien dans ses baskets même si « gauchère dyslexique et nulle en orthographe », dotée d'une conscience militante plus que d'un ego hypertrophié. Résultat, une carrière atypique pour cette Torreton en jupon, intello et sexy à la fois, lectrice des réflexions sur l'oppression sociale de la philosophe Simone Weil : à elle les comédies grand public (Delphine 1Yvan 0, de Dominique Farrugia, en 1996), les films d'auteurs, les clips (pour Benjamin Biolay). En 2007, elle fonde avec une autre passionnée du septième art, Nadia Turincev, sa boîte de production Rouge international, se bat pour défendre des œuvres singulières, du documentaire palestinien Fix Me à la chronique sociale de Xabi Molia Huit fois debout pour laquelle, faute de 500 000 euros, elle n'hésite pas à démarcher un célèbre milliardaire. En mars dernier, elle organise un concert au Bus Palladium où se produit Joyce Jonathan, l'amoureuse de Thomas Hollande... L'écrivaine Géraldine Maillet, qui l'a fait tourner dans son premier long-métrage, After (2012), loue l'incroyable opiniâtreté, la fidélité de Julie qui, malgré les reports de tournage, les désertions, ne l'a jamais laissée tomber. « J'emmerde tous les metteurs en scène qui ne pensent pas à elle, écrit-elle, reconnaissante. Ils passent à côté d'une pépite. » Vrai que Julie Gayet n'a pas eu comme Binoche son Carax, ni comme Anna Karina son Godard. Ironie de la vie, voilà que celui qui va la révéler à un public plus large n'est pas du métier. Au moins, avec Julie, François Hollande sait qu'il ne sera pas tancé d'un « embrasse-moi sur la bouche ». L'interprète du film spirituel d'Emmanuel Mouret (2007) joue la partition tout en délicatesse. Ce film s'intitulait Un baiser s'il vous plaît. « S'il vous plaît ». Le mot magique. Ça change tout. Femme fatale Dans « L'art de séduire » (2011), Mathieu Demy, psychanalyste, tombe fou amoureux de sa patiente incarnée par Julie Gayet. Femme de tête Dans « Quai d'Orsay » (2013), elle campe une conseillère du ministre des Affaires étrangères joué par Thierry Lhermitte. Le Point France Julie Gayet, la discrète 16 janvier 2014 Copyright 2014 Le Point En couverture Premier rôle. L'actrice avait une vie avant la une de « Closer ». Récit. Lundi soir, ses amis proches se sont tous pressés au Silencio, le club de la rue Montmartre, pour assister à la projection en avant-première de sa dernière production, le film « Des étoiles », de la réalisatrice francosénégalaise Dyana Gaye. Ils sont arrivés, discrètement, un à un par le petit escalier. Tous, sauf elle.« Elle a eu une journée difficile », murmurait-on dans les couloirs. Au dernier moment, elle a préféré annuler. Ses amis ne lui en tiendront pas rigueur. Ils la féliciteront plus tard. Lors de l'un des dîners qu'elle a pris l'habitude d'organiser dans son loft, perdu dans une charmante impasse au fin fond de l'Est parisien. Les « dîners chez Julie » réunissent des personnalités du monde politique, du cinéma, de l'art, de la presse et de la littérature. La comédienne aime susciter les rencontres, les échanges et que des projets émergent au détour d'une conversation. En ce dimanche morne de décembre, à sa table, l'ambiance est chaleureuse. Une ribambelle de chatons s'étirent et ronronnent sur les genoux des invités. Autour de la longue table, on parle des grands débats sur la « convention collective », on vante l'exception culturelle française, on parle de black metal, la musique qui enveloppera le film des deux cinéastes expérimentaux, que Julie Gayet produit actuellement. Elle a 41 ans, et ce loft, elle l'habite seule, avec ses deux fils, Tadéo (15 ans) et Ezéchiel (13 ans). Dans une autre vie, elle a été l'épouse, jusqu'en 2006, de l'écrivain et scénariste argentin Santiago Amigorena (il participa notamment à l'écriture du « Péril jeune »), le père de ses enfants. Dans son dernier roman, « Les jours que je n'ai pas oubliés » (Plon), qui met en scène la déchirante rupture entre un scénariste et une comédienne, il confie que, le jour où elle l'aurait quitté, il n'aurait eu qu'une envie : se jeter par la fenêtre. Ça, c'est pour la fiction. Dans la vraie vie, il est parti vivre avec Juliette Binoche. Avant les rumeurs d'une liaison avec François Hollande et l'emballement médiatique qui a suivi, on la connaissait à peine, Julie Gayet. Elle était apparue dans l'entourage du candidat Hollande pendant la campagne en organisant un débat entre le futur président et des personnalités du monde de la culture.« L'exercice était périlleux, se souvient Florence Gastaud, une lobbyiste du septième art.A cette époque, François Hollande avait dû faire face à une salve de questions et d'inquiétudes du fait des bouleversements de l'économie de la culture avec le passage au numérique. Mais l'échange a été constructif. » Julie Gayet a toujours préféré les petits films d'auteur aux succès du box-office. Antistar, roulant à Velib' et prenant le métro plutôt que les taxis parisiens, l'actrice était dernièrement à l'affiche de « Quai d'Orsay », de Bertrand Tavernier, dans le rôle d'une séduisante conseillère Afrique du ministre des Affaires étrangères. Dans « Les âmes de papier », elle donne la réplique à Stéphane Guillon, l'humoriste, qui n'a pu s'empêcher, lors de leur passage promo au « Grand journal » de Canal+, de laisser entendre que les rumeurs n'étaient pas totalement infondées... François Hollande avait pris le temps de venir sur le tournage du film, apprenaiton au cours de cette émission. Avait-on encore besoin de sous-titres ? « Complexe ». La comédienne ne s'était pas laissé déstabiliser par le fou rire de Guillon. Les comédiennes savent porter le masque. Gayet a déjà à son actif une centaine de rôles dans des comédies romantiques telles que « Delphine 1-Yvan 0 », de Dominique Farrugia, son grand succès qui l'a fait connaître, ou dans des films d'auteur, comme « Un baiser s'il vous plaît », d'Emmanuel Mouret. Elle a toujours préféré les rôles engagés, qui lui ressemblent. « En lui attribuant autant des rôles de jeune première que des rôles plus compliqués, plus gonflés et plus risqués, les réalisateurs ont su percevoir sa personnalité complexe, observe Pierre Lescure, un vieil ami de ses parents, qui la connaît depuis l'âge de 10 ans . Derrière sa fraîcheur, il y a bien plus d'ambiguïté. Ce qui m'a toujours frappé, c'est la manière qu'elle avait déjà très jeune de s'intéresser à tous les composants d'un film. » A savoir l'écriture, le tournage, le montage, le financement d'un film. Excédée de constater que, faute de moyens, des milliers d'histoires ne voyaient jamais le jour, elle décide, en 2007, de fonder sa propre société de production avec son amie russe Nadia Turincev : « Rouge international » - tout un programme ! - est située rue du Faubourg-Saint-Honoré et défend le cinéma indépendant. De Locarno à Toronto, les deux associées font la tournée des festivals, à l'affût des talents de demain.« C'est l'archétype de la boîte indépendante qui tente de donner une première chance aux films de jeunes réalisateurs, qui sont autant de paris éditoriaux », poursuit le prochain président du Festival de Cannes. Parmi eux : « Huit fois debout », un film sur la précarité signé du Bayonnais Xabi Molia, ou encore « Fix Me », du Palestinien Raed Andoni, filmé sous forme de séquences psychanalytiques dans un hôpital de Ramallah. « Julie s'est toujours battue contre les inégalités, confie son ami et associé, le producteur Charles Gillibert.Elle passe son temps à s'occuper des autres, tant dans sa vie privée, en hébergeant une amie qui traverse une peine de coeur, que professionnelle, en aidant les artistes à aller au bout de leurs projets. » Gillibert a pu compter sur elle plus d'une fois. Ensemble, ils se sont lancés dans un combat enfiévré : sauver le cinéma indépendant en faisant émerger de nouveaux modèles de financements alternatifs et innovants.« Nous travaillons pour que les investisseurs privés, davantage tournés vers les films commerciaux, s'intéressent aux films d'auteur », confie-t-il. Julie Gayet s'emploie à réunir les financements et à convaincre les investisseurs, souvent frileux. « Son côté fougueux et son énergie incroyable font qu'il est difficile de lui refuser quoi que ce soit », résume Florence Gastaud. Son père, un brillant professeur en chirurgie digestive, lui a fait prendre conscience très tôt que la vie ne tenait qu'à un fil. Petite, elle le suivait dans les salles d'opération.« En créant l'Institut Mutualiste Montsouris, il a permis aux plus démunis de bénéficier de soins de qualité et d'excellence. J'en suis très fière », nous confiait-elle, un soir, alors qu'elle jouait les intermédiaires entre des investisseurs. Rappelant qu'à 7 ans, elle a vu son premier mort. L'engagement socialiste de l'actrice n'est pas une lubie récente. Bien avant sa rencontre avec Hollande, elle était déjà de tous les meetings, de toutes les campagnes, à commencer par celle de Ségolène Royal... C'est là que remonte le premier contact avec François Hollande. Sur le plateau du « Grand journal », elle encourageait à aller voter aux prochaines municipales, affichant son soutien pour Anne Hidalgo. Dans son clip de soutien au candidat Hollande, elle disait qu'il était « humble », « formidable », « à l'écoute ». Déjà, ses yeux pétillaient. Audrey Levy Gers Le château gersois des parents de Julie Gayet 16 janvier 2014 GERS Copyright 2014 Sud Ouest All Rights Reserved. BERRAC Les parents de l’actrice Julie Gayet, à qui l’ on prête une relation avec François Hollande, ont une résidence secondaire dans le Lectourois, le " petit Nice " gersois GAËLLE RICHARD La une du magazine " Closer " a réveillé la tranquille campagne lectouroise. Depuis le déferlement médiatique qui prête à l’actrice Julie Gayet une relation intime avec François Hollande, les collines qui relient Condom à Lectoure bruissent d’un secret de Polichinelle. Les parents de Julie Gayet sont propriétaires d’un château sur la commune de Berrac, tout près du village de Saint-Martin-de-Goyne. En 2005, ils acquièrent le château de Cadreils, construit en 1689-1690 et dont les façades et les toitures ont été inscrites au registre des Monuments historiques en mars 1973. Les anciens propriétaires étaient agriculteurs et ont vendu, préférant vivre, l’âge aidant, dans une résidence plus facile d’entretien. On a donc pu croiser l’actrice, en vacances, dans les rues lectouroises où se promènent parfois, l’été, Marc Lavoine ou Aure Atika. Amoureux du Gers Selon le maire de Berrac, Jean-Paul Laban, " M. et Mme Gayet sont des gens charmants, doux, gentils, adorables. Ils vivent dans une grande discrétion et sont d’un abord très simple. Ce sont des gens délicieux et je le dis sans flagornerie aucune. Ils se sont démenés pour rendre au château sa beauté. Ils viennent souvent et, dès qu’ils arrivent, ils chaussent les bottes et ne comptent pas les heures. " Le père de l’actrice, Brice Gayet,lui-même fils et petit-fils de médecin, est un chirurgien reconnu mondialement. Sa mère était antiquaire. Elle se rend d’ailleurs régulièrement dans les salons des alentours comme celui de Terraube. Dans le voisinage, on attribue à " son goût sûr et raffiné " la rénovation du parc du magnifique château. La bâtisse était mal en point lorsqu’ils l’ont acquise. Le couple en a fait une pépite, sans fioriture, tout en calme et volupté, sans luxe apparent. On dit même que juste avant que les parents de Julie Gayet l’acquièrent, Martine Aubry aurait été intéressée, en 2004-2005, sans, finalement, se décider à l’acheter. Le couple Gayet a depuis bien longtemps choisi la douceur du Gers pour y passer des jours paisibles. Avant d’acheter le château de Cadreils, ils possédaient une maison à Faget-Abbatial qu’ils ont vendue pour acquérir l’ancienne tour de guet ou château-fort, les archives ne sont pas formelles. D’ailleurs, ils font visiter l’extérieur à l’occasion des Journées du patrimoine, l’intérieur nécessitant encore quelques travaux. L’actrice se serait mariée, en 2003, à Faget-Abbatial avant de divorcer en 2006. Le déjeuner du 6 août der Brice Gayet, interne des hôpitaux de Paris dès 1975, a passé une grande partie de son enfance et adolescence à Charleville, dans les Ardennes. Aujourd’hui, il est responsable du département médicochirurgical de pathologie digestive à l’Institut de Montsouris. Il fut notamment chef de clinique à Lariboisière et maître de conférences à la faculté Bichat. Il donne des conférences, notamment sur le cancer de l’appareil digestif, dans le monde entier. Selon un article de " Libération politique " daté du 7 avril 2013 (donc avant l’affaire Hollande-Gayet), et au sujet de Jérôme Cahuzac, le journal écrit : " Dans le monde médical, […] à part Brice Gayet, chirurgien à l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris et ex-membre du cabinet de Bernard Kouchner, il a très peu d’amis dans ce milieu. " Une phrase qui résonne, aujourd’hui, d’un son particulier lorsque l’on se souvient que l’ancien ministre du Budget avait trouvé refuge dans le château du sénateur Aymeri de Montesquiou, à Marsan. À 50 km de Berrac. Une autre question s’impose à tous les observateurs de la vie politique gersoise. Où se trouvait donc le président de la République le 6 août dernier lorsque, pour visiter l’abbaye de Flaran, située à 30 km (soit à environ une demi-heure en voiture, de Berrac) tout le monde l’ a attendu pendant plus d’une heure et demie ? Ce samedi-là, François Hollande était dans le Gers pour une visite du quartier auscitain du Garros dans le cadre de la politique de la ville. Il était prévu qu’il se rende à Condom et à l’abbaye de Flaran pour découvrir le site et les collections. Dans les cercles avertis, on susurre que François Hollande se serait rendu, seul, au château de Cadreils pour le déjeuner. L’été prochain, peut-être faudra-t-il doubler le nombre de forces de l’ordre dans le Gers : pour le ministre de l’Écologie, Philippe Martin, et pour le président de la République ? Mercredi 15 Janvier 2014 L'ÉVÉNEMENT ELLE JULIE GAYET UNE PASSION FRANÇAISE PORTRAIT D'UNE ACTRICE DISCRÈTE PROPULSÉE EN QUELQUES JOURS À LA UNE DES JOURNAUX DU MONDE ENTIER. Depuis une semaine, la France stupéfaite n'a que son nom sur les lèvres : Julie Gayet. L'actrice, dont le ravissant visage était familier sans être célèbre, est au coeur du premier scandale jamais révélé par un tabloïd sur la vie privée d'un Président en exercice. La rumeur d'une liaison entre l'actrice et François Hollande courait depuis un an, mais ce n'est que le 10 janvier que des paparazzis du journal « Closer » ont révélé l'information, sept pages de photos à l'appui. S'il a regretté cette « atteinte au respect de sa vie privée », à l'heure où nous écrivons ces lignes, François Hollande n'a pas démenti. Julie Gayet non plus. Depuis, la « deuxième dame de France », comme l'appellent les réseaux sociaux, a fait la une des journaux, dans l'Hexagone comme à l'étranger. L'homme qui assurait « Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire » voit sa liaison affichée partout et Valérie Trierweiler a été hospitalisée pour « prendre du repos ». IL Y A PLUS D'UN AN, Julie Gayet avait confié à une amie « avoir rencontré un homme plus âgé, très différent de ses anciens compagnons, dans la politique ». Et la politique pour elle, c'est important. Proche du Parti socialiste, elle avait été sollicitée par le metteur en scène Bernard Murat en 2007 pour soutenir Ségolène Royal, ce qu'elle avait fait. Elle est naturellement recontactée en 2012 pour soutenir François Hollande. Un homme « formidable », dit-elle dans un clip de campagne, « à l'écoute ». Ce serait sous l'impulsion de Thomas Hollande, dont la compagne, la chanteuse Joyce Jonathan, connaît l'actrice, qu'ils se revoient pour « parler cinéma ». Il est, dit-elle, « incollable ». Il l'impressionne. A son discours d'investiture, elle vit même « un moment magique ». « Tout le monde est très étonné de l'imaginer avec François Hollande, explique une amie de l'actrice, mais Julie est passionnée de politique depuis toute petite. Ses parents sont des gens très engagés. » Son grand-père, Alain Gayet, est compagnon de la Libération. Son père, le Pr Brice Gayet, marié depuis près de quarante ans à une antiquaire, Anne, dirige le service de pathologie digestive à l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris. « C'est un peu la famille Ricoré, s'amuse une autre proche. Ses parents sont comme elle, simples, hyper impliqués dans ce qu'ils font, et ils s'intéressent beaucoup aux autres. Julie passe ses vacances chez eux dans le Gers quand elle ne fait pas du camping avec ses fils (Taddeo, 15 ans, et Ezéchiel, 13 ans, issus de son mariage avec le réalisateur Santiago H. Amigorena, qui vient de publier un roman "Des jours que je n'ai pas oubliés", qui semble inspiré par sa séparation avec l'actrice en 2006). Ses parents se moquent de l'argent, du pouvoir, des paillettes... » A 41 ans, Julie Gayet reste une discrète. Elle a connu le succès en 1996 avec « Delphine : 1, Yvan : 0 » mais enchaîne depuis des films confidentiels. Fan de cinéma d'auteur, elle a eu à coeur de défendre ses choix en montant sa propre boîte de production. En 2007, avec son amie la productrice russe Nadia Turincev, elle fonde Rouge International, puis deux autres boîtes de production, notamment pour soutenir des événements culturels. Presque un programme politique. Elle se démène pour monter des films slovènes, palestiniens, chiliens... « Rouge comme enragé, explique Julie Gayet, mais aussi comme rouge à lèvres. Nous sommes des filles après tout... » « C'est vrai, renchérit une ancienne collègue, c'est une fille comme vous et moi. A Cannes, elle fait tout pour que l'équipe entre avec elle dans les soirées. C'est une vraie bobo qui élève ses deux garçons et se passionne pour son job. » A écouter ses amies, il semblerait que l'actrice, qui fuit les conventions, aurait préféré protéger ses enfants et ses amours, rester heureuse et cachée. Mais cette femme « normale » n'aime rien tant que l'engagement. Ces derniers temps, et jusque sur les photos révélées par « Closer », elle arborait un sac aux couleurs de la campagne d'Anne Hidalgo. Une façon de soutenir François Hollande indirectement ? LUI AUSSI LA SOUTIENT. Est-ce un acte manqué ? L'envie de se faire prendre et de devoir enfin trancher ? François Hollande s'est rendu sur le tournage des « Ames de papier », où Julie Gayet jouait aux côtés de Pierre Richard et Stéphane Guillon. Lors de la promotion du film au « Grand Journal » en décembre dernier, le comique avait assuré devant une Julie Gayet troublée : « Le Président aime le film, sa femme, beaucoup moins ! » Valérie Trierweiler pourtant, assure-t-on dans son entourage, était encore persuadée il y a peu que, entre eux, tout allait presque bien... Elle assumait plus sereinement son rôle de Première dame, s'impliquait dans le milieu associatif, contre la maltraitance des enfants ou à la tête de la fondation de Danielle Mitterrand, France Libertés. Dans ce couple électrique, il y a déjà eu des tempêtes, comme après l'affaire du tweet de La Rochelle, en juin 2012, que l'on relit avec un autre regard aujourd'hui. Sentait-elle un début d'éloignement de François Hollande ? Ou, au contraire, a-t-elle précipité la fin de son idylle par ce geste décrié par tous ? Certains faits apparaissent aujourd'hui sous un jour nouveau. Cet été, pas de Brégançon : la Première dame était partie seule avec ses enfants une semaine en Grèce, où on la voyait rivée à son portable. Elle attendait François Hollande, qui est resté à La Lanterne, près de Paris... Lors de leur dernière apparition ensemble, le 7 janvier pour la galette des rois, Valérie Trierweiler avait le visage fermé, mais parlait comme d'une évidence de son futur voyage avec François Hollande à Washington, en février, auprès des Obama. La révélation de l'affaire a été un choc. C'est François Hollande, selon nos confrères du « Parisien », qui lui aurait annoncé la nouvelle, le 9 janvier. Elle a été hospitalisée le soir même. DANS L'ENTOURAGE DU PRÉSIDENT, d'aucuns espèrent depuis le début qu'il va « tourner la page », comme l'a dit Ségolène Royal. Qu'il va rompre avec cette journaliste qui semble empêtrée dans trop de contradictions pour tisser un lien réel avec les Français. Certains prédisent même au président de la République une hausse de popularité... Pour le moment, il semble plutôt que la France s'en fiche un peu. Selon un sondage Ifop pour « Le Journal du dimanche », 84 % des sondés affirment que cette affaire ne change rien à l'image de leur Président. Un Président, tempère Frédéric Dabi, directeur de l'Ifop, « si impopulaire que ça ne change rien ». Tout de même. Si, le 14 janvier, François Hollande espérait encore ne pas avoir à évoquer l'affaire lors de sa conférence de presse sur le pacte de responsabilité, il sait que sa double vie ne peut pas durer. Après sa promesse de ne jamais, au contraire de Nicolas Sarkozy, « installer les citoyens en voyeurs » et avant son voyage au Vatican pour reconquérir l'électorat catholique... il va se voir certainement obligé de clarifier la situation. Va-t-il rompre avec celle dont il déclarait dans « Gala » en 2010 qu'elle était « la femme de sa vie » ? Se marier avec Julie Gayet alors que ceux qui le connaissent répètent que « c'est un homme qui n'épouse pas » ? A l'heure où nous écrivons ces lignes, rien n'est dit. Valérie Trierweiler serait prête à pardonner... François Hollande pourrait-il envisager un nouveau départ comme Bill Clinton avec Hillary ? Sauf si, pour paraphraser celui qui l'a précédé à l'Elysée, « avec Julie, c'est du sérieux... » FLORENCE BESSON Tous droits réservés : Elle Diff. 358 428 ex. (source OJD) Lundi 6 Janvier 2014 Santé nnovations Des progrès qui vont tout changer ! Traitements, techniques chirurgicales, tests, greffes... Le point sur les dernières avancées thérapeutiques qui améliorent notre qualité de vie. Côté recherche Réparer les neurones avec l'acide hyaluronique Les cellules neuronales croissent et s'organisent dans un environnement particulier appelé matrice extracellulaire. Ce support est déficient en cas de maladies neurodégénératives (AVC, Alzheimer, Parkinson...). Il est donc important de trouver un substitut. L'acide hyaluronique est naturellement présent dans le cerveau et participe au développement des cellules. Le Pr Rachel Auzélyet son équipe, soutenus par la Fondation BNP-Paribas, travaillent sur différentes formules de gel à base d'acide hyaluronique qui pourraient être implantées dans la zone de cerveau lésée. Belle reconversion pour ce produit un peu sulfureux ! Les algues brunes : source de santé Des chercheurs des laboratoires de Roscoff et de Brestont mis en évidence les propriétés exceptionnelles de l'Ectocarpus siliculosus, une algue brune qui jonche les plages bretonnes. Elle possède des phlorotannins, des antioxydants naturels qui joueraient un rôle essentiel dans la prévention et le traitement du cancer, les maladies inflammatoires, cardio-vasculaires et neurodégénératives. Elle est également capable de s'adapter aux différents stress (climat, environnement) auxquels elle est soumise. L'étude de son métabolisme devrait permettre la mise au point de nouveaux traitements. L'achondroplasie, la forme la plus commune de nanisme, touche près de 1 enfant sur 15 000. Cette maladie génétique entraîne un défaut de croissance des membres inférieurs (1,35 m maxi à l'âge adulte) et supérieurs, et dans les cas les plus sévères, des déformations du crâne et vertèbres qui peuvent aboutir à des complications neurologiques. L'équipe d'Elvire Gouzeest parvenue à restaurer le processus de croissance des os longs chez la souris, grâce à des injections d'un facteur de croissance humain, sans toxicité apparente à court terme. Les chercheurs ont aussi constaté l'absence de complications normalement associées à la maladie. Des essais chez l'homme sont prévus prochainement. (1 ) Université Joseph Fourier (Grenoble), Structure et modifications des polysaccharides (CERMAVCNRS). (2 ) Végétaux marins et biomolécules (CNRS/UPMC-Roscoff) et Sciences de l'environnement marin (CNRS/UBO/ Ifremer/IRD-Brest). (3 ) Centre méditerranéen de médecine moléculaire (Inserm U1065-Nice). La recherche est la clé du progrès. Mais son budget a de nouveau été revu à la baisse pour 2014. Nanisme : restaurer le processus de croissance Handicap : le fauteuil roulant intelligent Reconnaissance de la parole ou du regard, mémoire des dernières commandes et des données médicales, ces in- formations, et plus, sont inté- grées dans un boîtier adap- table à la plupart des fauteuils roulants électriques. Une avancée majeure dans l'auto- nomie des patients. Les cher- cheurs des différents instituts impliqués* ont travaillé bé- névolement, afin de rendre ce boîtier accessible financiè- rement. Une belle idée ! *ISEN-Lille, Ecole centrale de Lille, universités Essex et Kent (GB), hôpitaux de Canterbury (GB), Saint-Philibert (Lomme), Université catholique de Lille. Côté traitements Toxine botulique : une piste contre l'incontinence Présentée lors du congrès d'urologie en novembre dernier à Paris, la toxine botulique A limite les pertes d'urine intempestives, en cas d'hyperactivité vésicale dite « par impériosité ». Injectée dans la paroi de la vessie, elle ne bloque pas totalement les mictions mais agit sur les besoins urgents d'uriner, responsables de fuites. Ces injections seront réalisées en ambulatoire, sous anesthésie locale, à répéter tous les 6 à 9 mois. Son autorisation de mise sur le marché n'est plus qu'une question de mois. Quel que soit l'âge, l'incontinence n'est plus incurable. Le Généthon au secours de la DMLA L'amaurose congénitale de Leber est une maladie rare de la vision, qui entraîne une cécité progressive chez l'enfant. Les équipes de recherche, soutenues par l'AFM-Téléthon, ont mis au point un essai chez l'homme qui, à terme, sera potentiellement applicable à la DMLA, la dégénérescence macu-laire liée à l'âge, qui concerne 15 % de la population vieillissante. « Il est aujourd'hui démontré que l'étude des maladies rares permet une meilleure compréhension et ouvre des perspectives de traitements pour les maladies fréquentes », confirme Serge Tous droits réservés : Prima Braun, directeur scientifique de l'AFM-Téléthon. Une raison supplémentaire de soutenir la recherche (Telethon.fr). Immunoscore : une « arme » antitumeur Nous ne répondons pas tous de la même façon face au cancer et à ses traitements. Jérôme Galon, directeur de recherche Inserm et son équipe* ont développé un test appelé Immunos-core qui prédit la capacité du système immunitaire d'une personne à combattre les cellules tumorales. Cet outil, développé dans le cadre des cancers colorectaux, devrait donner des informations sur le pronostic et faciliter ainsi le choix du traitement. * Immunologie et cancérologie intégratives (Inserm/UPMC/université Paris Descartes). Côté chirurgie Opération de la prostate : moins de séquelles Lors du dernier Congrès mondial d'urologie à la Nouvelle-Orléans (Etats-Unis), il a été montré que la nouvelle technique d'endomicroscopie Cellvizio, un mini microscope né à Lyon, permettait de visualiser la prostate et les tissus environnants au cours de l'opération. Le Pr Joseph C. Liao, urologue à l'université de Stanford, a souligné une réduction du risque de lésions nerveuses (problèmes d'érection, incontinence) et une amélioration dans le traitement des patients. Une technique qui a reçu du congrès le prix de la meilleure innovation. Cardiologie : prédire l'infarctus, bientôt possible Un nouvel outil, la tomographie à émission de positrons, permettrait de détecter les composants instables dans les plaques d'athérome. Il a été testé chez 40 malades qui ont fait un infarctus du myocarde, comparés à 40 patients coronariens stables, et a montré une vraie différence dans la composition de l'athérome. A terme, « cette technique permettrait d'identifier les plaques les plus coupables et de prévenir ainsi les accidents cardiovasculaires graves (infarctus, AVC) », commente le cardiologue François Philippe de l'Institut Mutualiste Montsouris, à Paris. Reste encore à le valider à plus grande échelle. Larynx : une prothèse pour retrouver la voix La laryngectomie, pratiquée en cas de cancer du larynx, est une intervention très invalidante qui consiste à retirer non seulement le larynx, mais aussi très souvent le pharynx, ce qui affecte les fonctions respiratoires, la voix, la prise d'aliments. Le larynx artificiel qui reproduit les fonctions naturelles du larynx, représente donc un véritable espoir pour les 1 600 patients opérés chaque année. « Il rétablit le lien entre la base de la langue et la trachée restante, faisant office de “cheminée” entre les deux », explique le Pr Christian Debry, ORL au CHU de Strasbourg. Le patient arrive ainsi à respirer à nouveau normalement par voie haute et retrouve une meilleure qualité de vie. Une étude clinique européenne est en cours pour permettre l'amélioration de cette technologie de pointe et sa plus large diffusion. (1 ) Source : Fréquence M. (2) Source : Réseau CHU. BÉNÉDYCTE Transon Capone Dossier Etablissements et services; La rentabilité, une question de taille Dossier réalisé par Caroline Coq-Chodorge 6 janvier 2014 Copyright 2014 Groupe Moniteur All Rights Reserved Tarissement. La manne publique se tarit. Dans les secteurs sanitaire et médico-social, les établissements déficitaires sont toujours plus nombreux ; ceux qui restent bénéficiaires voient leurs marges se réduire. Restructurations. Pour se redresser ou préserver leur capacité d’investissement, les établissements se restructurent, se regroupent, unissent leurs forces. Tous prennent acte de cette contrainte financière durable, et tentent de s’en saisir de manière positive. Depuis la crise financière de 2008, suivie par la crise des dettes publiques européennes, les gouvernements passent, mais les lois de financement de la Sécurité sociale se ressemblent. Le cru 2014, adopté début décembre par le Parlement, entérine un déficit de l’assurance maladie encore abyssal (6,2 milliards d’euros). Bien que la santé et le médico-social restent des dépenses prioritaires en France, l’assurance maladie se montre, chaque année, moins généreuse. En effet, en 2014, l’objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam) ralentit sa progression, à + 2,4 %, un taux historiquement bas. Et si 4,2 milliards d’euros supplémentaires sont injectés dans le système, les dépenses progressant naturellement de + 3,8 % en raison du progrès technique et du vieillissement de la population, 2,4 milliards d’euros d’économies sont attendus. Dans le détail, un effort plus grand est demandé aux établissements sanitaires (dépenses en hausse de + 2,3 %) qu’à la médecine de ville (+ 2,4 %). Quant au médico-social, il bénéficie de la hausse la plus importante (+ 3 %). Ce contexte de contrainte budgétaire durable éprouve la quasi-totalité des établissements. Les marges se contractent, le nombre de structures en déficit progresse. Tous les ans, la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs (Fehap) réalise une « photographie » de la situation économique et budgétaire de ses établissements et services. « C’est un exercice de pédagogie et de transparence vis-à-vis de nos membres, qui peuvent se situer, mais également vis-à-vis des pouvoirs publics, afin qu’ils mesurent la portée des politiques qu’ils mènent », explique David Causse, coordonnateur du pôle « santé-social » de la fédération. Le dernier bilan, pour l’exercice 2011, s’avère inquiétant : la Fehap « constate une détérioration importante du résultat net pour la plupart des catégories d’établissements et services étudiées. La part des structures déficitaires s’accroît fréquemment d’au moins 10 points, entre 2010 et 2011 ». Fin 2011, 48,4 % des établissements accueillant des personnes âgées sont déficitaires ; 46,9 % des établissements et service d’aide par le travail (Esat) ; et 63,2 % des établissements pour adultes en difficulté. Equation complexe Du côté de l’hospitalisation privée, même constat. Fin 2011, 25 % des cliniques (médecine, chirurgie, obstétrique ; psychiatrie ; soins de suite et de réadaptation) sont dans le rouge ; et en 2011, le résultat net moyen atteint + 1,8 %, contre + 2,2 % en 2009 et 2010, selon le rapport sectoriel 2013 de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). Un seul secteur prospère : les maisons de retraite. Le Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa) ne dispose pas de chiffres pour l’ensemble du secteur, mais Korian et Medica, qui ont annoncé leur fusion mi-novembre, affichent respectivement un résultat net de + 2,1 et + 6,5 %, en 2012. Dans le champ sanitaire, tous les établissements privés - lucratifs ou non - doivent résoudre une équation complexe : des tarifs qui évoluent faiblement, à un rythme bien moins soutenu que l’augmentation des salaires, des loyers, de l’énergie, des impôts, etc. « En cinq ans, nos charges ont augmenté de 17 %, alors que nos tarifs ne progressent que de 1 % par an », explique Jean-Loup Durousset, président de la FHP. « Et l’Ondam va encore ralentir, renchérit Olivier Bossard, directeur général adjoint chargé des cliniques au sein du groupe Harmonie soins et services. Il faut se saisir de cette contrainte de manière positive. » Ce dernier a redressé la situation de la clinique Jules-Verne, à Nantes, en déficit de 3,9 millions d’euros pour 77 millions d’euros de budget en 2009 : il a restructuré l’établissement de manière à diminuer les dépenses et à augmenter l’activité. « La clé, c’est le volume d’activité », confirme Jean-Loup Durousset. Dans le secteur médico-social, l’équation budgétaire diffère un peu, mais « les problématiques sont semblables », juge Patrick Lambruschini, directeur des établissements à la Fondation caisses d’épargne pour la solidarité. « L’Ondam médico-social progresse un peu pl us rapidement, mais compense tout juste l’effet volume, puisqu’il y a de plus en plus d’établissements. La hausse de nos tarifs se situe aux alentours de 1 % par an. » Là encore, cela ne suffit pas pour compenser l’augmentation des charges dans les 112 établissements et services de la fondation, lesquels affichent un déficit cumulé de 2 millions d’euros pour 331 millions d’euros de chiffre d’affaires. Didier Sapy, directeur de la Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées (Fnaqpa), ne constate pas de défaillance majeure des établissements privés non lucratifs membres de la fédération. Selon lui, l’ensemble du système est à revoir : « Le modèle économique de l’Ehpad est périmé, puisque tous les financeurs s’essoufflent : l’assurance maladie, le conseil général et le résident. A 1 800 euros par mois en moyenne, des personnes âgées commencent à renoncer à une maison de retraite. C’est très inquiétant. » Dans un tel contexte, le rythme des rachats, regroupements ou fusions s’accélère. « La taille moyenne d’une clinique privée est passée de 80 lits dans les années 80 à 150 lits aujourd’hui, explique Jean-Loup Durousset. En médecine, chirurgie, obstétrique [MCO], le nombre d’établissements est passé de 1 000 à 650. » Du côté du secteur privé non lucratif, Olivier Bossard exclut, lui aussi, qu’un établissement puisse aujourd’hui fonctionner correctement « en monoactivité et sans coopération ». Les partenariats, groupements de coopération sanitaire et autres conventions se multiplient et se jouent des statuts. Actionnariat Le secteur sanitaire privé est durablement « à rentabilité basse, mais constante, admet Jean-Loup Durousset. Cela peut intéresser des investisseurs sur des cycles longs ». Le président de la FHP ne cache pas que l’actionnariat des cliniques privées évolue : « Dans les années 70, 90 % des établissements étaient détenus par des médecins ; aujourd’hui, 40 % sont aux mains de grands groupes, souvent des fonds d’investissement privés, qui travaillent sur des cycles courts. » Ceux-là se détournent du secteur, indique l’économiste de la santé Jean de Kervasdoué (lire page suivante) : « Ils ont gagné beaucoup d’argent jusqu’en 2005-2006. C’est terminé. Tous les groupes capitalistes font actuellement des tours de table qui ne se passent pas très bien. » Ceux que nous avons sollicités n’ont d’ailleurs pas souhaité nous répondre. JeanLoup Durousset évoque des contacts avec « des assurances, des banques, des institutions de prévoyance ». Le plus grand groupe mutualiste, lui, exclut d’investir dans le secteur privé non lucratif : « Ce n’est pas notre stratégie, explique Philippe Cotta, directeur général d’Harmonie services mutualistes. Notre objectif est d’offrir à nos adhérents un accès à des soins de qualité, à des prix maîtrisés. Pour peser sur le marché, et le réguler, nous investissons prioritairement dans des zones où l’offre mutualiste est déjà importante - la Bretagne, les Pays de la Loire, ou l’Aquitaine -, souvent avec d’autres mutuelles. » Mais les frontières se brouillent. La Matmut mutualité vient, par exemple, d’investir 7 millions d’euros dans le centre de santé historique du square de la Mutualité (Paris), qui vient de rouvrir après plusieurs mois de travaux. Après être entrée au capital de l’Institut Mutualiste Montsouris (Paris), elle poursuit son investissement dans l’offre de soins. Pourtant, le modèle des centres de santé est structurellement déficitaire, comme l’a rappelé l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), dans un rapport de juillet 2013 (*) : leurs tarifs sont insuffisants et un complément de l’ordre de 14 % de leur budget serait nécessaire à leur bon fonctionnement. « Pour parvenir à un équilibre économique, sans doute en 2015, nous allons mixer les activités, explique la directrice du centre de santé, Anne-Lise Montaville. La médecine et le dentaire, sans dépassements d’honoraires, restent notre cœur d’activité. Mais nous n’avons pas de tabou : nous proposons également des activités à honoraires libres, comme la médecine esthétique. » Economies Tous les acteurs prennent donc acte de cette contrainte budgétaire durable. « Il faut la gérer. C’est douloureux, mais citoyen, si les économies sont réalisées à bon escient, estime Jean-Patrick Lajonchère, directeur général du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph. L’un des enjeux de notre pays est le maintien de la protection sociale telle qu’elle est. On ne peut pas continuer d’augmenter les cotisations sociales à ce rythme. Il faut contenir les dépenses, pour éviter de passer à un système de santé à deux vitesses. » 2,4 milliards d’euros d’économies d’assurance maladie sont attendues en 2014. 48,4 % des établissements privés non lucratifs membres de la Fehap, accueillant des personnes âgées, sont en déficit fin 2011. De 2,2 à 1,8 % Telle est l’évolution de la rentabilité nette des cliniques privées, entre 2010 et 2011. 3 milliards d’euros Tel est le chiffre d’affaires visé par le groupe Korian Medica, à l’horizon 2017. 50 % C’est le nombre d’établissements membres de la Fehap déficitaires, en 2011. Des coopérations encouragées « Les coopérations ne se décrètent pas ; mais nous les encourageons, car ce sont souvent de bonnes réponses dans un environnement contraint », explique François Grimonprez, directeur de la qualité et de l’efficience à l’agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire. Elles sont de deux types : « légères », sous la forme de conventions, ou « formalisées » par un groupement de coopération sanitaire (CGS) ou sociale et médico-sociale (GCSMS). Les établissements sanitaires nouent des coopérations public-privé « sur des aspects logistiques ou médicaux », explique François Grimonprez. Les petits Ehpad peuvent employer en commun « un ingénieur qualité, un responsable des ressources humaines. Les acteurs pensent que les ARS cherchent les fusions. Ce n’est pas vrai. Les coopérations permettent de conserver une taille propice à la proximité, tout en mutualisant des ressources devenues indispensables ». Sources : PLFSS 2014 ; « Situation budgétaire et financière des adhérents Fehap », La Lettre de l’observatoire économique, social et financier, juillet-août 2013, n° 14.|Sources : rapport sectoriel 2013 de la FHP, "Situation budgétaire et financière des adhérents FEHAP", Korian Medica.| : situation économique et place dans l’offre de soins de demain ». (*) « Les centres de santé Vendredi 3 Janvier 2014 Dernière page Légion d'honneur 1 ère liste 2014 657 décorés au 1 er janvier 2014 Dans la promotion du nouvel an de la Légion d'honneur, 657 personnes ont été décorées ou promues. Parmi elles, la comédienne de 93 ans Michèle Morgan, devenue une star avec Quai des Brumes , de Marcel Carné, en 1939, est élevée à la dignité de grandcroix, tout comme l'artiste peintre Geneviève Asse et l'un des historiens les plus connus des Français, Alain Decaux.Jean-Paul Cluzel, président de l'établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais, est promu commandeur. Les journalistes Pierre Péan et Michèle Fitoussi sont faits chevaliers. Le comédien et metteur en scène James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin, 39 ans, devient lui aussi chevalier, tout comme la comédienne Évelyne Didi. Une autre actrice, Geneviève Page, âgée de 86 ans, a été faite officier. La recherche à l'honneur Les « chasseurs de nazis » Beate et Serge Klarsfled sont respectivement promus commandeur et grand officier. Guy Charmot, âgé de 99 ans et doyen des compagnons de la Libération, ainsi que Philippe Richer, résistant déporté à Buchenwald et diplomate, sont élevés à la dignité de grand officier. Dans le monde politique, les anciens ministres Dominique Perben (UMP) et Pierre Méhaignerie (UDI) sont faits chevalier. Le maire d'Oradour-surGlane, Raymond Frugier, devient lui officier. Dans l'enseignement et la recherche, le mathématicien Pierre-Louis Lions, lauréat de la médaille Fields et professeur au Collège de France, est Tous droits réservés : L'Indépendant du Louhannais promu commandeur. Dans le domaine de la santé, le professeur René Frydman, père scientifique d'Amandine, premier bébé éprouvette français en 1982, est promu commandeur. Une sagefemme fait son entrée dans la Légion d'honneur : Béatrice Idiard-Chamois, atteinte d'une maladie génétique rare, a créé la consultation « handicap et parentalité » au sein du département mère/enfant de l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris. Dans le domaine économique, la présidente Europe de Coca Cola, la Lyonnaise Dominique Reiniche, est promue officier, tout comme Yves Carcelle, l'ancien PDG de Louis Vuitton. Vendredi 3 Janvier 2014 MONDE - FRANCE Légion d'honneur : Michèle Morgan, Alain Decaux et Serge Klarsfeld L'actrice Michèle Morgan, l'historien Alain Decaux, Serge Klarsfeld, le professeur René Frydman ainsi que la romancière américaine Danielle Steel figurent dans la promotion du nouvel An de l'Ordre national de la Légion d'honneur publiée mercredi au Journal officiel. Dans cette promotion de 657 personnes, la comédienne de 93 ans Michèle Morgan, devenue une star avec " Quai des brumes", de Marcel Carné, en 1939, est élevée à la dignité de grand'croix, tout comme l'artiste peintre Geneviève Asse et l'un des historiens les plus connus des Français, l'ancien ministre et académicien Alain Decaux. Bruno Roger, PDG de Lazard Frères Banque, est la quatrième personnalité élevée à cette dignité de grand'croix. Dans le domaine de la culture, l'écrivaine américaine Danielle Steel est distinguée comme "étranger résidant en France" et devient chevalier. Jean-Paul Cluzel, président de l'établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais, est promu commandeur. Les journalistes Pierre Péan et Michèle Fitoussi sont faits chevaliers. Le comédien et metteur en scène James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin, devient lui aussi chevalier, tout comme la comédienne Evelyne Didi. Une autre actrice, Geneviève Page, âgée de 86 ans, a été faite officier. Les " chasseurs de nazis" Beate et Serge Klarsfled sont respectivement promus commandeur et grand officier. Guy Charmot, âgé de 99 ans et doyen des compagnons de la Libération, ainsi que Philippe Richer, résistant déporté à Buchenwald et diplomate, sont élevés à la dignité de grand officier. Dans le monde politique, les anciens ministres Dominique Perben (UMP) et Pierre Méhaignerie (UDI) sont faits chevalier. Le maire d'Oradour-sur-Glane, Raymond Frugier, devient lui officier. Dans l'enseignement et la recherche, le mathématicien Pierre-Louis Lions, lauréat de la médaille Fields et professeur au Collège de France, est promu commandeur. Dans le domaine de la santé, le professeur René Frydman, père scientifique d'Amandine, premier bébé éprouvette français en 1982, est promu commandeur. Une sage-femme fait son entrée dans la Légion d'honneur: Béatrice Idiard-Chamois, atteinte d'une maladie génétique rare, a créé la consultation " handicap et parentalité" au sein du département mère/enfant de l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris. Dans le domaine économique, la présidente Europe de Coca Cola, Dominique Reiniche, est promue officier, tout comme Yves Carcelle, l'ancien PDG de Louis Vuitton. Tous droits réservés : L'éveil de la Haute-Loire Jeudi 2 Janvier 2014 00-IG Paris Distinctions Promo du 1 er janvier Légion d'honneur: 657 décorés L'actrice Michèle Morgan, la comédienne Évelyne Didi ou la romancière américaine Danielle Steel figurent dans la promotion des 657 personnes distinguées. Dans la promotion du nouvel an de la Légion d'honneur, 657 personnes ont été décorées ou promues. Parmi elles, la comédienne de 93 ans Michèle Morgan, devenue une star avec Quai des Brumes , de Marcel Carné, en 1939, est élevée à la dignité de grand-croix, tout comme l'artiste peintre Geneviève Asse et l'un des historiens les plus connus des Français, Alain Decaux. Jean-Paul Cluzel, président de l'établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais, est promu commandeur. Les journalistes Pierre Péan et Michèle Fitoussi sont faits chevaliers. Le comédien et metteur en scène James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin, 39 ans, devient lui aussi chevalier, tout comme la comédienne Évelyne Didi. Une autre actrice, Geneviève Page, âgée de 86 ans, a été faite officier. Michèle Morgan, 93 ans, fait partie de la promotion.La recherche à l'honneur Les «chasseurs de nazis» Beate et Serge Klarsfled sont respectivement promus commandeur et grand officier. Guy Charmot, âgé de 99 ans et doyen des compagnons de la Libération, ainsi que Philippe Richer, résistant déporté à Buchenwald et diplomate, sont élevés à la dignité de grand officier. Dans le monde politique, les anciens ministres Dominique Perben (UMP) et Pierre Méhaignerie (UDI) sont faits chevalier. Le maire d'Oradour-surGlane, Raymond Frugier, devient lui officier. Dans l'enseignement et la recherche, le mathématicien Pierre-Louis Lions, lauréat de la médaille Fields et professeur au Collège de France, est promu commandeur. Dans le domaine de la santé, le professeur René Frydman, père scientifique d'Amandine, premier bébé éprouvette français en 1982, est promu commandeur. Une sagefemme fait son entrée dans la Légion d'honneur: Béatrice Idiard-Chamois, atteinte d'une maladie génétique rare, a créé la consultation «handicap et parentalité» au sein du département mère/enfant de l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris. Tous droits réservés : Le Dauphiné Libéré Nord Littoral La promotion du nouvel An de la Légion d'honneur Morgan, Decaux et Klarsfeld épinglés 2 janvier 2014 Nord Littoral Copyright 2014 Tous droits réservés La comédienne Michèle Morgan, l'historien Alain Decaux, les «chasseurs de nazis» Serge et Beate Klarsfeld ainsi que la romancière américaine Danielle Steel figurent dans la promotion du nouvel An de l'Ordre national de la Légion d'honneur publiée mercredi au Journal officiel. Parmi cette promotion de 657 personnes, la comédienne de 93 ans Michèle Morgan, star depuis «Quai des brumes» de Marcel Carné en 1939, est élevée à la dignité de grand'croix. Tout comme l'artiste peintre Geneviève Asse et l'un des historiens les plus connus des Français, l'ancien ministre et académicien Alain Decaux. Toujours dans le domaine de la culture, JeanPaul Cluzel, président de l'établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais, est promu commandeur. Les journalistes Pierre Péan et Michèle Fitoussi sont nommés chevaliers. Le comédien et metteur en scène James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin, âgé de 39 ans, devient lui aussi chevalier, tout comme la romancière américaine Danielle Steel, distinguée comme «étranger résidant en France». Les «chasseurs de nazis» Beate et Serge Klarsfled sont respectivement promus commandeur et grand officier. Guy Charmot, âgé de 99 ans et doyen des compagnons de la Libération, est lui également élevé à la dignité de grand officier. Dans le monde politique, les anciens ministres Dominique Perben (UMP) et Pierre Méhaignerie (UDI) sont faits chevalier. Le maire d'Oradour-sur-Glane, Raymond Frugier, devient lui officier. Dans le domaine de l'enseignement et de la recherche, le mathématicien Pierre-Louis Lions, lauréat de la médaille Fields, est promu commandeur. Dans l'univers de la santé, une sage-femme fait son entrée dans la Légion d'honneur: Béatrice Idiard-Chamois, atteinte d'une maladie génétique rare, a créé la consultation «handicap et parentalité» au sein du département mère/enfant de l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris. Dans la fonction publique, le chef de la prison de Fleury-Mérogis Hubert Moreau devient chevalier. Dans le domaine économique, Bruno Roger, PDG de Lazard Frères Banque, est élevé à la dignité de grand'croix. La présidente Europe de Coca Cola, Dominique Reiniche, est elle promue officier, tout comme Yves Carcelle, l'ancien PDG de Louis Vuitton. Marie Quatrehomme, artisan fromager à Paris, entre quant à elle dans la Légion d'honneur.