france dimanche 050914

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france dimanche 050914
SPA
Thierry Beaudet, président du groupe MGEN, la mutuelle générale de l'éducation nationale
4 septembre 2014
© Le Monde, 2014. Tous droits réservés.
Instituteur de métier, Thierry Beaudet préside l'Union mutualiste qui gère les établissements sanitaires et
médico-sociaux des mutuelles de la fonction publique, notamment l'Institut Mutualiste Montsouris, à Paris.
Lundi 1er Septembre 2014
AVIS D'EXPERT
Quantification du rétrécissement aortique : reste-t-il une place
pour le cathétérisme cardiaque en 2014 ?
Le rétrécissement aortique (RAo), maladie dégénérative de la valve ou évolution sténosante
d'une bicuspidie, touche environ 1 % des patients de plus de 65 ans. Le remplacement valvulaire
aortique est discuté lorsque le RAo est sévère et que le patient présente des symptômes en
rapport avec la sténose aortique ou lorsque le RAo est très sévère, même sans symptôme.
L'essor récent de l'implantation des valves aortiques percutanées (TAVI) tend à
s'accompagner d'une augmentation de l'évaluation diagnostique par cathétérisme cardiaque
alors que la valeur diagnostique et pronostique de l'écho-Doppler cardiaque est largement
démontrée.
Définir la sévérité d'un RAo peut
apparaître simple de prime abord
lorsqu'on
se
réfère
aux
recommandations (vélocité maximale
transvalvulaire > 4 m/s, gradient
moyen > 40 mmHg, surface
fonctionnelle (SF) < 1 cmou 0,6
cm/m, indice de perméabilité ITV
sous-aortique/ITV aortique < 0,25).
Cependant en pratique clinique, dans
au moins 30 % des cas on observe une
discordance entre ces différents
paramètres. Le diagnostic de RAo
serré repose historiquement sur des
mesures réalisées en cathétérisme
cardiaque
nécessitant
le
franchissement de la valve aor-tique.
Cependant une série prospective
randomisée
com-parant
coronarographie diagnostique avec (n
= 101) ou sans (n = 51)
franchissement de la sténose
valvulaire, démontrait que le taux
d'AVC ischémiques détectés par IRM
cérébrale (avant et après le
cathétérisme cardiaque) était de 22 %,
dont 3 % avec déficits neurologiques
cliniques
dans
le
groupe
franchissement alors qu'il était de 0 %
dans le groupe coronarographie
simple. La quantification du RAo
devrait en pratique clinique reposer en
première ligne uniquement sur des
méthodes non invasives : échoDoppler cardiaque systématique, et
parfois
d'autres
examens
complémentaires comme le score
calcique valvulaire par scanner ou
l'échographie transœsophagienne. La
coronarographie doit être réalisée
lorsqu'un remplacement valvulaire
aortique est envisagé chez un patient
à risque de coronaropathie. Le
franchissement de la valve doit rester
exceptionnel, et ne devrait être
effectué à titre diagnostique que
lorsqu'il y a discordance entre la
présence de symptômes et des
données
non
invasives
rassurantes(3,4) . Si l'on obtient alors
des différences entre les données
échographiques et les données
invasives, celles-ci ne doivent pas être
interprétées comme des erreurs de
mesure.
Figure 1. L'utilisation de la sonde
Pedoff par voie parasternale droite
a permis d'enregistrer une vélocité
maximale de 6 m/s (à droite) alors
qu'elle était de 4 m/s par voie
apicale (à gauche).
I Les discordances KT-Doppler
proviennent donc du fait que nous
ne mesurons pas la même chose
Évaluation du RAo par échoDoppler
L'évaluation d'un RAo par échoDoppler cardiaque (comme pour
toutes les valvulopathies en général)
repose sur des mesures systématiques
entre des mains expertes. L'estimation
des gradients de pression P par
Doppler se fonde sur des mesures de
vitesses (Vvao ) transvalvulaires des
hématies (HE) par effet Doppler et
l'alignement du faisceau Doppler sur
le flux doit être optimal Vvao =V HE
xcos . Ainsi, un angle de 30° revient à
minorer les vitesses de 14 %. Pour
cette raison l'utilisation de plusieurs
voies(voies parasternale droite avec
l'indispensable sonde Pedoff, souscostale, suprasternale, etc.) doit être
systématique pour obtenir un
alignement optimal avec le flux
transvalvulaire (figure 1). Un travail
de l'équipe de David Messika-Zeitoun
démontre que dans 21 % des cas la
sévérité du RAo est sous-estimée en
l'absence
d'enregistrement
des
vitesses par sonde Pedoff. Les
vitesses Doppler sont ensuite dérivées
en gradient de pression P par
l'équation de Bernoulli P = 4x(Vvao V
2 ccvg) ; les vitesses sous-aortiques
(CCVG) sont négligées si elles sont <
1,5 m/s et le calcul devient P = 4xV2
vao. Les vitesses maximales et les
gradients dérivés en Doppler sont
mesurés au niveau de la vena
contracta située quelques millimètres
en aval de la surface anatomique
réelle, du fait d'une accélération
maximale post-sténotique du flux
sanguin (figure 1) .
Le gradient moyen transvalvulaire est
la différence moyenne de pression
divisée par le temps d'éjection. On
comprend d'emblée que lorsque la
durée de la systole se raccourcit et que
le débit transvalvulaire augmente
(exercice, dobutamine, etc.) le
gradient moyen augmente, excepté en
cas de diminution importante du
volume trans-valvulaire (dysfonction
VG, élévation excessive de la pression artérielle systémique). L'autre
mesure échographique cruciale est
celle du diamètre (D) de la jonction
aorto-ventriculaire à l'insertion des
sigmoïdes (ou communément anneau
aortique) ; chaque millimètre d'erreur
est porté au carré ( S ccvg = p x S D/4)
et donc produit une variation de 0,1
cmde surface effective. Ainsi la
surface valvulaire effective ou
fonctionnelle du RAo (SF) est dérivée
de l'équation de continuité : SF =
(ITVccvg xS ccvg )/ ITV vao. Le
produit ITV ccvgxS ccvg est une
mesure du flux transvalvulaire que
l'on indexe à la surface corporelle
(ml/m), il définit si la sténose a été
évaluée dans des conditions de bas
débit (< 35 ml/m) ou de débit
transvalvulaire normal ou élevé (= 35
ml/m).
Comme il existe une accélération du
flux sanguin dont la vitesse maximale
est quelques millimètres au-delà de la
sténose, c'est donc la surface de la
vena contracta (endroit le plus étroit
où la vélocité Doppler des hématies
est maximale = Vmax) qui est estimée
par écho-Doppler et non pas une
surface anatomique (figure 2) . Le
développement du scanner et aussi de
l'échocardiographie tridimensionnelle
a permis de mieux étudier la jonction
aortoventriculaire (anneau aortique
basal, qui est très souvent non
circulaire) en particulier en cas de
bicuspidie
pouvant
expliquer
certaines
discordances
surfacegradient. Le flux sous-aortique doit
être laminaire en prenant la valeur
maximale à proximité de la jonction
ven-triculo-aortique en coupe apicale
5 cavités. En cas de bourrelet sousaortique associé à une accélération du
flux sous-aortique, il est recommandé
de se placer (aussi bien pour le mode
Doppler pulsé que pour la mesure de
la CCVG) en amont de la jonction
aorto-ventriculaire dans la chambre
de chasse du VG à un endroit où le
flux est laminaire afin de ne pas
surestimer le débit transvalvulaire et
par
conséquent
la
surface
fonctionnelle du RAo.
Figure 2. Les mesures Doppler
évaluent la surface valvulaire
effective ou fonctionnelle qui n'est
autre que la surface de la vena
contracta ; la vélocité y est
maximale (Vmax) et la pression
minimale.
Lorsque
l'aorte
ascendante est de petite taille,
l'énergie cinétique est partiellement
reconvertie en énergie potentielle.
Cette restitution de pression est à
l'origine de discordances entre les
mesures Doppler et les mesures de
gradient
par
cathétérisme
cardiaque.
Évaluation
du
RAo
par
cathétérisme cardiaque
L'évaluation du RAo par cathétérisme
cardiaque nécessite tout d'abord la
réalisation d'un cathétérisme gauche
pour étudier les gradients de pression
transvalvulaire. Le cathétériseur
mesure ainsi directement un gradient
(une différence) de pression entre le
ventricule gauche et l'aorte sustubulaire. Le gradient moyen de
pression et le gradient maximal
obtenus en hémodynamique sont
représentés dans la figure 3 . Le
fameux gradient pic-à-pic ne doit pas
être utilisé en pratique clinique car il
n'a pas de réalité physiologique : les
pics de pression VG et aortique ne
sont pas simultanés et sont d'autant
plus décalés dans le temps que le RAo
est serré. L'examen doit être complété
par un cathétérisme cardiaque droit
pour évaluer le débit cardiaque ; la
surface aortique pouvant alors être
évaluée à partir de la formule de
Gorlin (validée sur l'orifice mitral) :
surface aortique = Qc/(temps
d'éjection systolique) xv GM x
constante(Gorlin et Gorlin).
La formule de Gorlin est souvent
considérée comme « référence »,
surtout pour des raisons historiques
car elle a précédé l'évaluation
échocardiographique. En fait, la
valeur de la constante a été
déterminée dans des conditions
normales de débit et par conséquent sa
validité en cas de bas débit est
discutable.
La pression aortique invasive est
mesurée non pas au niveau de la vena
contracta mais quelques centimètres
plus haut dans l'aorte où une partie de
l'énergie cinétique a pu être
reconvertie en énergie potentielle,
restitution (ou recouvrement) de
pression d'autant plus importante que
l'aorte ascendante est de petite taille
(figure 2) (7) . Pour réconcilier les
mesures dérivées du Doppler et celles
du cathétérisme, H. Baumgartner et
coll. ont proposé une formule pour
estimer la restitution de pression («
pressure recovery ») : G rest = P3-P2
= 4Vx 2 x SF/SAorte x (1-SF/SAorte
) ; SAorte étant la surface de section
aortique mesurée environ 1 cm en
aval de la jonction sino-tubulaire. L'
Energy Loss Index (indice de perte
d'énergie)
est
une
surface
fonctionnelle « corrigée » qui tient
compte du phénomène de restitution
de pression en cas de petite aorte et
qui finalement correspond à la surface
hémodynamique par la méthode de
Gorlin : ELI = SF x SAorte /(S Aorte
- SF) ; SAorte étant la surface de
l'aorte 1 cm au-delà de la jonction
sino-tubulaire. Une sous-étude de
SEAS montre que le calcul de l'ELI
reclasse 47 % des patients ayant un
RAo serré par équation de continuité
dans le groupe des patients avec un
RAo non serré. La même équipe
démontre la valeur pronostique
additionnelle de l'ELI pour prédire les
événements combinant remplacement
valvulaire aortique, insuffisance
cardiaque valvulaire et décès
cardiovasculaire.
Ainsi pour un patient donné avec une
sténose aortique associée à un
gradient moyen de 30 mmHg,
maximal de 50 mmHg, une surface
fonctionnelle de 0,85 cmet un
diamètre aortique de 2,4 cm on peut, à
partir des équations citées ci-dessus,
calculer la discordance KT-Doppler
(restitution de pression : 30 mmHg) et
l'ELI (1,05 cm).
Il est important de souligner que la
qualité des courbes de pression doit
être vérifiée et qu'elle est souvent
inférieure avec l'utilisation courante
des sondes 4 F par rapport à celle
obtenue avec des sondes 6 ou 7 F. Les
tubulures de raccordement doivent
être les plus courtes possibles. Les
tracés de pression sur-ou sousamortis, les artéfacts liés aux
oscillations de cathéter, la formation
de petits thrombi, le blocage du
cathéter doivent être détectés et
corrigés.
Les autres causes de discordance entre
le cathétérisme et l'échocardiographie
peuvent résulter de différences entre
le niveau de pression artérielle entre
mesures invasives et non invasives.
En effet, la pression artérielle
systémique est un déterminant majeur
des gradients transvalvulaires et de la
surface valvulaire. L'augmentation de
la charge tensionnelle réduit les
gradients transvalvulaires ; la surface
fonctionnelle augmente ou diminue
en fonction de l'importance de la
baisse du débit transvalvulaire
(augmentation du stress pariétal
ventriculaire gauche). En pratique
clinique, la réévaluation du RAo est
conseillée après normalisation de la
pression artérielle.
I Place du cathétérisme cardiaque
en 2014
Lorsque le diagnostic de RAo serré
avec FEVG normale est basé sur des
données concordantes (G moyen > 40
mmHg, Vmax > 4 m/s), les mesures
hémodynamiques invasives sont
inutiles (voire dangereuses) ; la seule
question qui se pose est de savoir si le
patient est symptomatique ; le test
d'effort a ici toute sa place (3,4). En
cas de RAo serré avec dysfonction
VG et gradients transval-vulaires
élevés, l'indication opératoire est
posée.
En cas de RAo serré (SF < 1 cm) avec
fraction d'éjection basse avec bas
débit transvalvulaire et bas gradient
(gradient moyen < 30-35 mmHg) la
problématique sera de s'assurer de la
sévérité du rétrécissement aortique et
d'évaluer
le
pronostic
après
remplacement valvulaire par l'étude
de la réserve contractile (échographie
sous perfusion de dobutamine). La
coronarographie
permet
de
diagnostiquer une maladie coronaire
associée. Le score calcique valvulaire
aortique peut aussi dans cette situation
permettre d'affirmer la sévérité de la
sténose.
Figure 3. Enregistrement par sonde
Millar (permettant d'éviter les
artéfacts liés aux sondes de
cathéter) de courbes ventriculaire
gauche et aortique. Notez que le
gradient pic-à-pic n'a pas de réalité
physiologique.
La description du RAo serré à bas
débit/bas gradient paradoxal malgré
une FEVG conservée associe SF < 1
cmou 0,6 cm/m, gradient moyen < 40
mmHg, bas débit transvalvulaire (<
35 ml/m) est plus récente. Ces patients
(environ 10 % des patients porteurs
d'un RAo serré) sont le plus souvent
des femmes âgées hypertendues avec
un remodelage concentrique du VG
(volume télédiastolique diminué et
donc volume d'éjection systolique
réduit). Une méthode de validation
interne des données échographiques
est de s'assurer que le volume éjecté
estimé à partir de la méthode Simpson
et/ou 3D est proche de celui estimé à
partir du Doppler sous-aortique. Cette
entité est apparue dans les dernières
recommandations de l'ESC et de
l'ACC-AHA. Bien que toujours
controversée, une prise en charge
chirurgicale ou percutanée peut être
envisagée chez ces patients s'ils sont
symptomatiques et seulement si la
réalité et la sévérité de la sténose ont
pu être vérifiées. L'évaluation du
score calcique valvulaire aortique est
particulièrement intéressante dans ces
cas discordants. Le cathétérisme
cardiaque peut être également indiqué
chez ces patients afin de valider les
mesures échocardiographiques de
gradient, de débit transvalvulaire et de
surface. Le test d'effort parfois
complété par une échographie
concomitante permet d'aider à la
décision
pour
ces
patients
d'évaluation complexe et de façon
générale pour les patients chez qui les
symptômes semblent discordants par
rapport aux données Doppler.
Le cathétérisme cardiaque est
également indiqué pour réaliser une
coronarographie
préopératoire
(excepté chez le jeune patient âgé de
moins de 40 ans sans facteur de risque
cardiovasculaire
ni
symptôme
d'angine de poitrine ni de signes
d'ischémie
myocardique
ni
dysfonction ventriculaire gauche),
éventuellement associée à un
cathétérisme cardiaque droit pour
évaluer une hypertension pulmonaire
disproportionnée. Le franchissement
de la valve ne devrait être réalisé que
pour réaliser une valvuloplastie au
ballon et/ou implanter une valve
percutanée.
Le cathétérisme cardiaque pour des
mesures hémodynamiques n'est pas
recommandé lorsque les données
cliniques sont concordantes avec les
tests non invasifs (classe III
ACC/AHA). Ni le cathétérisme
cardiaque
pour
des
mesures
hémodynamiques
ni
la
coronarographie
ne
sont
recommandés chez les patients
asymptomatiques
(classe
III
ACC/AHA)(3,4) .
EN PRATIQUE
Le compte rendu échographique
d'un rétrécissement aortique doit
donc comporter au minimum (en
plus de l'évaluation de la fonction
diastolique,
de
la
fonction
ventriculaire droite etc.) :
- fraction d'éjection du VG,
dimensions du VG ;
- degré de calcification valvulaire ;
- diamètre de la jonction aortoventriculaire (ou anneau aortique) ;
- volume d'éjection systolique
indexé (ml/m) calculé à partir de
l'ITV sous-aortique ;
- sur le flux aortique (Doppler
continu, plusieurs fenêtres) :
gradient moyen, gradient maximal
ou
vélocité
maximale
transvalvulaire (Vmax), ITV ;
- surface aortique (indexée sauf
chez le patient obèse) ;
- diamètre de l'aorte à la jonction
sino-tubulaire ou au niveau de
l'aorte sus-tubulaire ;
- fréquence cardiaque et pression
artérielle
lors
de
l'échocardiographie.
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P.-V. ENNEZAT,, S.
MARÉCHAUX,, B. IUNG,, M.-C.
MALERGUE,, É. ABERGEL, P.V. ENNEZAT, S. MARÉCHAUX,
B. IUNG, M.-C. MALERGUE, É.
ABERGEL CHU de Grenoble,
Hôpital Saint-PhilibertGroupement des Hôpitaux de
l'Institut catholique de Lille,
Hôpital Bichat AP-HP, Institut
Mutualiste Montsouris Paris,
Clinique Saint-Augustin Bordeaux
Vendredi 8 Août 2014
“Santé : la volonté politique manque”
La mutation obligée du système de santé par l’un de ses acteurs
Iconoclaste, le verbe dru, des affirmations aux allures de scalpel, ce professeur-chirurgienurologue tempête contre cette mutation du système de santé qui tarde tant, ses freins et
obstacles. Fustigeant le corporatisme défensif de ses confrères, le manque de courage du
politique pour lequel il a commis tant de rapports volontaristes. Alors piaffant de n’être point
assez entendu, et afin de mieux partager ses convictions réformatrices, il a créé en 2009
“CHAM”, un think tank dédié à l’innovation dans le domaine de la santé. Il y plaide les vertus
thérapeutiques de cette “data”, source phénoménale de progrès qui se heurte à tant de blocages
: “Les médecins ne sont pas habitués à la mesure de l’efficience de leurs interventions. Ils se lèvent
vent debout au nom de l’éthique contre des réformes qui voudraient améliorer leurs pratiques.”
les 30 000 pharmaciens : un dossier
plus simple - avec les médicaments,
les prescriptions, l’assuré social - qui
fonctionne remarquablement. On
aurait dû partir de là pour le DMP. Il
est essentiel pour tous, la synthèse
permettant diagnostic et thérapie.
L’ordinateur va analyser ces résultats.
Donc, on va voir à la fois l’élément
déterminant, la pathologie, l’action
sur la pathologie et surtout, le retour
d’information. La mesure. On va
avoir des contrôles et tout piloter à
partir de là. C’est la clé. Ce qu’on
appelle en anglais les “patatient ou
outc tcom omes es”, avec la mesure de
l’efficacité des traitements. Ce qu’on
ne fait pas actuellement.
“Beaucoup trop gros, trop lourd,
trop centré, l’hôpital va mal. Il est
administré, pas managé. C’est une
machine très figée.”Si en France la esanté a tant de mal à passer au stade
de la généralisation, c’est parce qu’il
manque un intégrateur. L’Etat a
essayé d’intervenir avec le dossier
personnel médicalisé, le DMP ; ce fut
une catastrophe. Voilà 15 ans que cela
ne marche pas, et a coûté plus de 500
millions. En 2004, Philippe DousteBlazy expliquait : “Dans deux ans, on
fera 2 milliards d’économies.”
Aujourd’hui, il y a 250 000 dossiers
dont 10 % sont un peu remplis. Les
médecins n’en ont pas voulu :“On va
être encarté, non au flicage !” La
Tutelle a ” conçu un dossier
extrêmement complexe. Un vrai
scandale, mais tout le monde s’en fout
! A contrario, l’Ordre des
pharmaciens a financé pour moins de
5 millions d’euros le dossier
pharmaceutique des patients géré par
Les principaux blocages
Aujourd’hui, on réfléchit structures et
finances. On ne s’intéresse pas du tout
au système. Faute d’indicateurs, on ne
regarde pas si les malades sont bien
soignés. Avec ces mesures, vous
remettez le système à l’endroit. Mais
c’est violent, cela va entraîner un
certain nombre de remises en cause
des professionnels. Tout le monde est
arc-bouté. Les médecins sont vent
debout, parce qu’on va démasquer les
mauvais. Les chirurgiens sont vent
debout, l’Ordre aussi. Les résistances
corporatistes s’organisent mais je ne
suis pas défaitiste. La Tutelle est
incapable d’organiser le business,
politiquement, elle a peur, cela
pourrait provoquer la fermeture de
services hospitaliers.
Il y a des blocages psychologiques.
Mais surtout, les données, c’est le
pouvoir. Deuxio, si le politique ouvre
ce chantier, il va être obligé de
restructurer violemment. Parce qu’il y
a des choses qui se passent et qui ne
sont vraiment pas bien. Or le politique
n’y est pas préparé.
Ce tsunami informationnel n’est pas
une révolution, c’est une mutation ;
avec un changement de paradigme
colossal auquel les gens ne sont pas
préparés. C’est la nouvelle révolte des
Canuts : on va casser la machine, c’est
le diable, et pourtant l’élément clé de
l’amélioration
de
la
qualité.
Conséquence : il faut former les
hommes, cela prend toujours un peu
de temps, mais il n’y a pas de
formation, pas de lancement de projet
véritable. Pourtant, on pourrait être
bon en France, avec nos excellents
ingénieurs, on devrait être les
premiers au monde. Or ça coince !
Les domaines les plus avancés
La chirurgie avec la robotique. La
télémédecine de plus en plus,
l’imagerie médicale... Des cabines
sont actuellement testées : vous
rentrez, l’oxymètre évalue votre
respiration, vous mettez le doigt là et
une toute petite pique permet de
calculer le dosage en oxygène, en
glucose, la tension, l’ouïe, la vue,
l’électrocardiogramme...
sans
compter la pesée et voilà déjà 7 ou 8
items vous permettant de savoir
comment vous êtes. Et puis, vous avez
de quoi échanger avec le médecin.
Mais il n’y a plus besoin d’un
praticien dans chaque village : on
serait relié par télémédecine à une
maison de santé où il y aurait 5 ou 6
ou 7 médecins, 7 ou 8 infirmières, 2
ou 3 secrétaires, des podologues, des
kinés, psychologues, orthophonistes,
orthoptistes et le pharmacien à côté.
On va vers des Monop sanitaires.
Déjà, il y a à peu près 500 maisons de
santé ouvertes et 1 000 projets en
cours... Révolution ! A partir de cette
plateforme de santé, il peut y avoir des
pseudopodes dans les petits villages
mais il va falloir encore 10 ans.
Les data soignent
Pour de pures raisons financières, les
Américains ont beaucoup informatisé
leur système. Quand un patient va voir
untel, chaque médecin le sait. Et ce
patient
peut
en
permanence
s’autoévaluer par rapport à luimême
et aux autres. En un clic, vous êtes
dans l’évaluation permanente.
Si je suis un généraliste traitant 800
hypertendus, et qu’un an plus tard,
550 le sont encore, cela ne va pas.
C’est bien gentil de prescrire, mais si
les médicaments restent dans les
placards... Non seulement c’est cher,
mais ça ne guérit pas. On a tout faux !
Voilà ce que démasquent les systèmes
informatiques.
L’hôpital ne sait pas faire
Beaucoup trop gros, trop lourd, trop
centré, l’hôpital va mal. Il est
administré, pas managé. C’est une
machine très figée. Les directeurs
formés à l’Ecole de Rennes - qui n’est
pas la crème de l’enseignement du
management, loin de là - font des
efforts. On leur apprend le service
public pour le service public. J’y ai
enseigné et demandé aux élèves :
“Avez vous déjà rencontré un
directeur de clinique, un chirurgien
du privé ?” Non, c’est interdit. ”
Quand vous en êtes là ! Il faut faire
des économies, le directeur préconise
moins 5 % pour tout le monde ! Au
lieu de mettre + 20 % sur celui qui
cartonne et réduire de 50 % le
médiocre. Ils ne savent pas faire et
n’osent pas. Les bons directeurs sont
donc des gens qui dérogent, qui
sortent des normes. Les bons
managers sortent des sentiers battus.
Les leviers de transformation
La chirurgie ambulatoire devrait
permettre de supprimer 25 000 à 30
000 lits pour la chirurgie. On pourrait
les utiliser pour les personnes âgées,
la rééducation fonctionnelle. On ne va
pas fermer, mais c’est une
restructuration lourde. On hospitalise
beaucoup trop. Trois millions
d’hospitalisations sont dues aux
chutes de lits et petits accidents la nuit
dans les maisons de retraite, parce
qu’il n’y a pas d’infirmières.
Une fois à l’hôpital, le patient reste 8
/ 15 jours, pour faire des bilans,
chaque jour un examen différent, c’est
effroyable ! On n’a qu’à mettre des
infirmières dans les Ehpad et des
médecins au bout de leur portable au
cas où. Un problème, même un
microcancer peut être traité tout de
suite, en ambulatoire. Moralité,
l’hôpital est l’échec d’un système de
santé. Normalement son importance
devait être bien moindre. Or
aujourd’hui, l’hôpital est énorme
parce que c’est lui qui recrute le plus.
En France, la fonction publique
hospitalière -1 100 000 personnes - est
l’organisme le plus gros, le plus lourd
qui s’auto-alimente. Les hôpitaux
adorent les urgences car c’est pour
eux une manne financière qui
représente parfois jusqu’à 25 % de
leur chiffre d’affaires. Voilà pourquoi
le gouvernement ne veut pas ouvrir
des urgences dans les cliniques, pour
ne pas dégraisser l’hôpital.
“Faute d’indicateurs, on ne regarde
pas si les malades sont bien soignés.
Avec ces mesures, vous remettez le
système à l’endroit. Mais c’est
violent, cela va entraîner un certain
nombre de remises en cause des
professionnels”
“Les médecins ne sont pas habitués à
la mesure de l’efficience de leurs
interventions. Ils se lèvent vent
debout au nom de l’éthique contre des
réformes qui voudraient améliorer
leurs pratiques”
“Si en France, la e-santé a tant de mal
à passer au stade de la généralisation,
c’est parce qu’il manque un
intégrateur”
Carences de qualifications
Des corps intermédiaires nous
manquent entre le Bac + 3 de
l’infirmière et le Bac + 12 du toubib.
Or les personnels paramédicaux vont
être de plus en plus responsables
d’actes, au plein sens du terme avec
transfert véritable d’actions et de
responsabilités. Au niveau des
infirmiers, qu’on formerait avec des
Master 1 ou 2. Un peu comme les
sages-femmes qui font 5 ans d’études
ou comme les infirmières auxiliaires
anesthésistes, les infirmières de salle
d’op qui ont une année de plus que le
cursus normal. C’est lourd car les
syndicats y sont opposés. Les
infirmières sont “universitarisées”,
passent la licence, elles auront ensuite
les Master 1 et 2, le doctorat. Il y aura
des docteurs en infirmerie, comme il
y a en Angleterre des “nurse doctors”.
Il faut permettre des carrières
multiples. Les infirmières n’ont
qu’une évolution possible : devenir
cadres. Et ne peuvent pas devenir
“topissimes” dans une spécialisation.
Celles qui veulent vraiment gagner en
responsabilité doivent devenir cadres,
donc passer derrière l’ordinateur et ne
plus faire de soin.Cette digitalisation
forcée oblige à la redistribution du
travail sur davantage d’épaules. Le
médecin sera le coordinateur, le
généraliste, le chef d’orchestre. Il est
d’ailleurs beaucoup plus difficile
d’être généraliste que spécialiste. Les
Egyptiens du temps des pharaons
avaient tout compris, ils payaient
beaucoup mieux les médecins
généralistes que les spécialistes.
Le faux obstacle de l’argent
On peut réduire de moitié les
dépenses de biologie - 4 milliards -, il
n’y aura pas un mort de plus. On
dépense beaucoup trop en IRM.
Réduisez la moitié des transports en
ambulance, vous n’allez tuer
personne. Ces milliards d’économies
de la Sécu, si vous osez, vous les avez
demain.
L’hôpital
gâche
considérablement et la médecine de
ville fait trop d’actes, donc on est en
surchauffe. Réduire les budgets, faire
d’importantes économies est juste un
problème de volonté.
Les réflexions non consensuelles
de Cham
Notre think tank, Cham, a deux piliers
de réflexion : l’un axé sur l’innovation
en santé avec une opposition au
principe de précaution qui freine la
prise de risque dans la recherche. A tel
point que cet environnement de la
crainte, alimentée également par les
médias, entraîne un désintérêt des
étudiants
pour
les
carrières
scientifiques.
Autre pilier, la réorganisation du
parcours de soin, du système de
santé.Quand vous faites du consensus,
c’est toujours mou, par définition.
Donc, ça ne sert à rien. Je n’ai jamais
vu un consensus qui vous emballe et
fasse une rupture épistémologique
importante. Donc on fera des notes,
mais certainement pas un bouquin de
300 pages sur CHAM 2014. Il y a des
ateliers. L’important, c’est de
rassembler les forces vives, les
acteurs, donc on va faire participer des
CHU. Il y en a énormément qui
veulent participer à cette évolution
avec un état d’esprit positif. Et ce qui
est intéressant, comme toute expertise
effectivement, c’est vraiment les
idées, les solutions qui vont émerger,
mais pas une solution, ce qui
impliquerait un discours langue de
bois. Cet événement créé en 2009 a
suscité des fidèles : directeurs de
CHU, doyens, un certain nombre
d’universitaires, des institutions, des
patrons de labos, des députés et
sénateurs s’intéressant à la santé.
Nous allons créer des minirendezvous en régions : un CHAM sur
une journée ou une demi-journée pour
réunir les acteurs locaux.
*CHAM, la Convention on Health
Analysis & Management, se tiendra
les 26 et 27 septembre prochains à
Chamonix
“Des corps intermédiaires nous
manquent entre le Bac + 3 de
l’infirmière et le Bac + 12 du toubib”
“Je n’ai jamais vu un consensus qui
vous emballe et fasse une rupture
épistémologique importante”
Bio express Mandarin hypermoderniste
Ce “grand professeur”, urologue
réputé, fut interne des Hôpitaux de
Paris, chef de clinique à l’hôpital
Bretonneau puis à la Pitié, professeur
à la Faculté de médecine BroussaisHôtel-Dieu puis à l’université Paris
Descartes, chef du département
d’urologie de l’Institut Mutualiste
Montsouris (depuis 1995). Président
de l’Ecole européenne de chirurgie, il
fut également chargé de mission
auprès de Xavier Bertrand (ministre
de la Santé et des Solidarités, 200507). Il a aussi rédigé de nombreux
rapports (Hôpital 2007, L’évaluation
de la sécurité, de la qualité et de la
continuité des soins chirurgicaux dans
les petits hôpitaux publics en France,
Réflexions et propositions sur la
gouvernance hospitalière.) Il fut
également membre de la Commission
présidentielle sur la réforme des CHU
et président de l’Ecole européenne de
chirurgie. Membre de l’Académie
Tous droits réservés : Le Nouvel Economiste
nationale de chirurgie, il est
actuellement président du Cercle
santé société et fondateur du think
tank “Convention on Health Analysis
and Management” (CHAM).
PATRICK ARNOUX
Diff. 30 510 ex. (source OJD)
Bulletin Quotidien
Le professeur Guy VALLANCIEN, ancien président du conseil médical et scientifique de la Mutualité
française, ancien collaborateur de M. Xavier BERTRAND, au ministère de la Santé et des Solidarités, élu
membre de l'Académie nationale de médecine
1 août 2014
Copyright 2014 Société Générale de Presse. All Rights Reserved.
Le professeur Guy VALLANCIEN, ancien président du conseil médical et scientifique de la Mutualité
française, ancien collaborateur de M. Xavier BERTRAND, au ministère de la Santé et des Solidarités, élu
membre de l'Académie nationale de médecine Le professeur Guy VALLANCIEN, ancien président du conseil
médical et scientifique de la Mutualité française, ancien collaborateur de M. Xavier BERTRAND, au ministère
de la Santé et des Solidarités, élu membre de l'Académie nationale de médecine
Le professeur Guy VALLANCIEN, professeur d'urologie à la faculté de médecine René Descartes Paris 5,
ancien chef du département d'urologie et de néphrologie de l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris, ancien
président du conseil médical et scientifique de la Mutualité française, a été élu à l'Académie nationale de
médecine en qualité de membre titulaire dans la 2e division, chirurgie et spécialités chirurgicales, en
remplacement de M. Yves CHAPUIS, nommé membre émérite.
Né en janvier 1946, docteur en médecine, titulaire du certificat de spécialité en chirurgie, le professeur Guy
VALLANCIEN fut interne des hôpitaux de la région Centre (1971-1972) puis à l'hôpital de Pointe-à-Pitre
(1973-1974) avant d'être interne des hôpitaux de Paris (1974-1978). Chef de clinique, assistant des hôpitaux
de Paris à l'hôpital Bretonneau (1978-1979), il fut ensuite chef de clinique, assistant au service d'urologie de
l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (1979-1982) avant d'être nommé en 1982 chirurgien urologue du centre
médico-chirurgical de la Porte de Choisy. Chef du département d'urologie et de néphrologie de l'Institut
Mutualiste Montsouris (1995-2011), il se vit confier en 2001 la présidence de l'Ecole européenne de chirurgie
et fut par ailleurs chargé de mission auprès de M. Xavier BERTRAND, au ministère de la Santé et des
Solidarités (2005-2007). Professeur d'urologie à la faculté de médecine René Descartes Paris 5, depuis 2005,
M. Guy VALLANCIEN fut nommé en 2005 président du conseil médical et scientifique de la Mutualité
française et secrétaire général du Conseil national de la chirurgie en 2006. Il est depuis 2007 membre titulaire
de l'Académie nationale de chirurgie.
LE FIGARO santé
Qu'apporte la vision 3D en chirurgie hépatique ?
BRICE GAYET DAVID FUKS Institut Mutualiste Montsouris. Laboratoire ISIR-CNR/Inserm
30 juin 2014
(c) Copyright 2014 Le Figaro.
PROFESSEUR DOCTEUR
La chirurgie hépatique est traditionnellement difficile, car le foie est un organe volumineux, très vascularisé
et situé sous le rebord costal droit, d'un abord peu aisé. Mais il possède deux propriétés importantes qui
facilitent son exérèse (ablation) : il peut se régénérer (repousser) et il tolère l'ischémie lorsqu'on interrompt son
flux sanguin. En permettant d'accéder à la cavité abdominale par de petites incisions dans lesquelles sont
placés des trocarts permettant le passage d'instruments chirurgicaux et d'une optique, la laparoscopie a
bouleversé la chirurgie digestive conventionnelle car elle réduit la morbidité et les séquelles pariétales. Ce
type de chirurgie diminue les douleurs postopératoires et permet une réhabilitation plus précoce du patient.
Toutefois, un nombre limité d'équipes à travers le monde pratique des résections hépatiques complexes par
voie laparoscopique, alors que cet abord connaît un essor considérable dans la quasi-totalité de la chirurgie
abdominale. Les raisons sont liées essentiellement à la difficulté de reproduire les gestes complexes de la
chirurgie hépatique à travers de petites incisions ; à la difficulté d'assurer un contrôle rapide et efficace de
l'hémorragie au cours de la transection parenchymateuse ; et à la nécessité d'une haute technologie
(ultrason, caméra infrarouge) pour que ne soit pas compromise la qualité oncologique des résections
réalisées par cette voie d'abord. La France a une avance très importante en ce domaine.
Amplifier la réalité
Le principe de la visualisation 3D repose sur l'utilisation d'une caméra (endoscope) stéréoscopique
permettant de fournir deux images légèrement décalées. Comme pour le cinéma en 3D, ces dernières sont
projetées sur un grand écran et le chirurgien utilise alors des lunettes 3D qui ne montrent qu'une image sur
chaque oeil, redonnant alors la vision en relief. Depuis le début des années 1990, plusieurs fabricants ont
mis au point ces systèmes de visualisation sur des caméras de 1 cm de diamètre.
Cependant, la faible résolution des écrans ne permettait pas d'utiliser cette innovation en routine clinique.
Actuellement, la puissance des ordinateurs permet de fournir une résolution haute définition. La technologie
3D offre aux chirurgiens la possibilité d'utiliser la profondeur de champ avec précision pour la dissection et
surtout la suture, tout en fournissant des images qui sont plus claires qu'auparavant. De ce fait, elle nous
permet d'avoir une vision de l'anatomie d'un patient comme si nous faisions l'intervention par voie ouverte
mais « la tête dans le malade », alors que nous travaillons avec des outils laparoscopiques à l'extérieur du
corps humain. Cette immersion complète dans le champ opératoire facilite la réalisation à la fois des tâches
simples et compliquées, pour les débutants comme pour les experts, avec, dans notre expérience, un gain de
temps (pouvant aller jusqu'à 75 %, selon certaines études) et de qualité des gestes effectués (62 % d'erreurs
en moins).
D'autres études sont moins enthousiastes, montrant un bénéfice uniquement pour les gestes simples ou pour
les chirurgiens ayant peu d'expérience et soit pour la qualité soit pour la durée du geste mais pas sur
l'ensemble. Si la visualisation 3D permet effectivement de diminuer la courbe d'apprentissage des jeunes
chirurgiens grâce à l'amélioration de la perception spatiale, elle pourrait avoir un rôle dans la formation des
étudiants alors que les contraintes réglementaires diminuent leur présence à l'hôpital.
La France à la pointe
Les limites actuelles de la visualisation 3D sont la pixélisation lors des mouvements rapides de la caméra, la
déformation des structures lointaines, la nécessité permanente d'un champ opératoire sans fumée et d'une
optique parfaitement propre. Les objets qui sont trop près et ceux qui sont trop loin provoquent un sentiment
d'inconfort visuel et les personnes ayant une dominance oculaire marquée peuvent avoir un certain malaise,
voire des nausées ou des céphalées.
La visualisation 3D est une des premières applications du numérique dans la salle d'opération pour aider les
cliniciens dans les aspects subtils et critiques de la chirurgie. C'est un domaine passionnant où la
technologie va permettre d'amplifier la réalité et rendre transparents les organes et leurs vaisseaux. Même si
les tentatives d'incrustation sont actuellement limitées par l'insuffisante précision du recalage en temps réel,
et par la rigidité des représentations virtuelles, tout cela va changer dans un futur proche et l'arrivée de ces
images 3D va supprimer l'incongruence qui existait entre les volumes des structures anatomiques et les
images planes.
On voit aussi le potentiel exceptionnel du numérique et de la robotique en chirurgie. En effet, outre
l'amélioration des images que permet le numérique, avec par exemple des gestes faits sous vision
infrarouge, au-delà des capacités humaines, la possibilité de recaler des outils dans l'espace va permettre
par exemple, en faisant comanipuler les outils par le chirurgien et le robot, de protéger les zones du corps
exposées au danger en limitant l'espace dans lequel l'extrémité active de l'outil peut se déplacer. C'est la
vraie robotique chirurgicale, bien éloignée des coûteux télémanipulateurs actuels, qui va commencer, et la
France est là aussi en pointe des travaux de recherche.
Mardi 3 Juin 2014
actu progrès
Cancer du poumon Opérer sans ouvrir le thorax
Retirer un lobe pulmonaire touché par
un nodule cancéreux, c'est parfois
possible sans ouvrir le thorax. Une
anesthésie avec une intubation
spéciale est nécessaire, car le poumon
sur lequel on intervient est « exclu »
de la respiration pendant l'opération.
Les instruments sont introduits entre
les côtes, ce qui oblige le chirurgien à
travailler sur un espace resserré, et
donc augmente la durée de
l'intervention (entre 1h30 et 4 h). Mais
le résultat est aussi bon. « Les études
montrent des survies similaires, voire
légèrement supérieures chez les
personnes opérées ainsi au Japon »,
souligne le Dr Gossot, chirurgien
responsable
du
département
thoracique de l'Institut Mutualiste
Tous droits réservés : Top Santé
Montsouris (Paris), où l'on a déjà
pratiqué 500 interventions de ce type.
Si les douleurs sont vives au réveil,
elles durent moins longtemps qu'avec
l'intervention classique où on ouvre le
thorax pour atteindre le poumon. « J'ai
eu très mal le premier jour, mais 48
heures après, je n'avais plus besoin de
morphine et 6 jours plus tard, je
rentrais chez moi », témoigne un
ancien fumeur de 74 ans. Six
semaines
après,
il
faisait
régulièrement 8 à 10 km de marche
rapide. Et il raconte que, lors de sa
seconde intervention, pour un nodule
dans l'autre poumon, il est même sorti
le 4e jour et mène maintenant une vie
normale.
L'intervention, par vidéoassistance, permet d'ôter le lobe
pulmonaire où se trouve la tumeur
sans ouvrir le thorax.
Dimanche 1er Juin 2014
La voie radiale dans l'infarctus : pourquoi s'embêter ?
La prise en charge des syndromes coronariens aigus avec sus-décalage du segment ST nécessite
une revascularisation coronaire de l'artère coupable la plus rapide possible. Que celle-ci soit
pharmacologique avec une fibrinolyse ou mécanique avec une angioplastie primaire, cette prise
en charge conduit obligatoirement en salle de cathétérisme soit pour le geste initial, soit pour
un geste complémentaire. Le choix de la voie d'abord est donc au-devant de la scène, étant
entendu que ces patients font l'objet de traitements antithrombotiques particulièrement
agressifs avec a minima des anticoagulants associés à une double antiagrégation plaquettaire.
La mise sur le marché des nouveaux inhibiteurs des récepteurs P2Y12 renforce le risque
hémorragique qui est bien réel et tout doit être mis en jeu pour réduire ce risque, la voie radiale
y trouvant toute sa place.
I Derrière la thématique proposée,
sont posées
2 questions : - quelles sont les
difficultés potentielles rencontrées
lors de l'approche radiale ?
- qu'apporte vraiment la radiale
dans l'infarctus ?
Le taux d'échec de la voie radiale reste
peu élevé (de l'ordre de 1 à 2 %) dès
lors que l'opérateur possède la
maîtrise de la technique. Néanmoins,
on comprend aisément qu'échec rime
avec perte de temps et que cet élément
doit être pris en compte dans une
situation où la rapidité de reperfusion
est une des clés du succès de la prise
en charge de l'infarctus. Il est
indispensable que le cardiologue
interventionnel apprécie très vite les
potentielles difficultés qui pourront
l'amener à convertir pour une voie
fémorale (celle-ci devant à mon sens
être simultanément préparée lors de
l'installation sur la table de
coronarographie du patient) et qui
sont dominées par :
- les échecs de ponction (ce d'autant
que les conditions liées à la phase
aiguë d'infarctus ne sont pas optimales
pour la ponction : hémodynamique
parfois instable, patient mal informé
et non préparé) ;
- le spasme qui doit être prévenu par
l'injection de vasodilatateurs ;
- l'existence de variations artérielles
anatomiques du membre supérieur,
d'autant plus marquées que le patient
est âgé et hypertendu, et rencontrées
dans 14 à 15 % des cas et dont le
franchissement peut s'avérer parfois
difficile ;
- les difficultés d'intubation des ostias
coronaires.
Une autre limite d'utilisation de la
voie radiale est représentée par la
taille de la radiale qui n'autorise pas
toujours l'utilisation de cathéters de
gros diamètre parfois nécessaires pour
réaliser une thrombo-aspira-tion
efficace dès lors que la charge
thrombotique endoluminale coronaire
est importante. L'approche radiale est
très largement utilisée en France avec
un taux de pénétration de l'ordre de 75
%. En région Ile-de-France, le registre
Cardio-ARSIF
confirme
cette
progression puisqu'en 2012, 82 % des
angioplasties ont été effectuées par
cette voie d'abord, et concernant
l'infarctus : 79 %. On voit donc bien
que cette voie d'abord est largement
dominante et qu'on s'affranchit des
limites d'utilisation précédemment
décrites, essentiellement car les
centres ont acquis une expertise
certaine
dans
cette
approche
vasculaire.
I La deuxième interrogation est
celle des acquis scientifiques : la
radiale fait-elle mieux que la
fémorale ?
Tout d'abord, il convient de revenir
sur l'importance de la surmortalité
générée par les saignements. Ceux-ci,
lors des syndromes coronariens aigus
(SCA), sont responsables à court (30
jours) et long terme (1 an), d'une
surmortalité très significative. Dans
environ 1/3 des cas, la cause du
saignement majeur trouve son origine
au point de ponction. Le caractère
incompressible
du
taux
de
complications
loco-régionales
fémorales reste immuable dans le
temps, variant de 1,5 à 9 %, et les
systèmes de fermeture percutanée
n'ont guère modifié cette incidence.
Particulièrement fréquent et grave
chez le patient faisant l'objet d'un
traitement antithrombotique agressif
comme à la phase aiguë de l'infarctus,
il est acquis depuis plusieurs années
que la voie radiale permet de réduire
le nombre de complications au point
de ponction. Dès 2004, la métaanalyse
d'Agostini
confirmait
qu'après
randomisation sur des procédures
progr a m m é e s la voie radiale
permettait
de
réduire
significativement
le
taux
de
complications de 2,8 % à 0,3 %. Le «
raccourci intellectuel logique » est
donc d'essayer d'améliorer le
pronostic de ces patients en réduisant
ce taux de complications qui est
source de saignements. Nous
disposons de 3 études randomisées
permettant d'étayer cette hypothèse.
• RIVAL (Jolly, 2011) a comparé la
voie radiale à la voie fémorale chez
des patients présentant un SCA avec
ou sans élévation du segment ST. Plus
de 7 000 patients ont été inclus avec
un résultat ne retrouvant pas d'effet
bénéfique de la radiale sur un critère
composite à 30 jours (mortalité, IDM,
AVC et saignements), mais avec
néanmoins
une
diminution
significative
des
complications
vasculaires majeures (1,4 versus 4,7
%). Certains commentaires doivent
être apportés dans l'analyse de cette
étude car il s'agissait d'une population
hétérogène de SCA, qu'il existait un
fort taux de cross-over du bras radial
vers le bras fémoral responsable d'un
nombre important de saignements
rattachés au groupe radial, mais en
réalité de nature fémorale. Deux
analyses en sous-groupes (prévues à
l'origine
de
l'étude)
sont
particulièrement intéressantes. Tout
d'abord, le sous-groupe des SCA ST+
(près de 2 000 patients) où le critère
primaire est significativement réduit
dans le groupe radiale, gain obtenu
surtout avec une réduction très
significative de la mortalité (p =
0,001). L'analyse des sous-groupes en
fonction du volume d'activité des
centres
est
particulièrement
intéressante révélant une supériorité
significative de la radiale dans les
centres à haut volume, confirmant que
c'est au prix d'une grande expertise
que l'approche radiale permet de
réduire
les
complications
hémorragiques.
•
L'étude
RIFLE
STEACS
(Romagnoli, 2012) a randomisé 1 000
patients présentant un SCA ST+, avec
un taux de cross-over de 4,7 %. Le
critère primaire (décès, IDM, AVC,
saignements,
complications
vasculaires) à 30 jours est en faveur de
façon significative pour la radiale. Ce
gain est obtenu grâce à la réduction
des saignements au point de ponction
avec une réduction de 47 % (2,6
versus 6,8 %).
• Une troisième étude qui vient juste
d'être publiée, STEMIRADIAL
(Bernat, 2014), a randomisé radiale
versus fémorale chez 700 patients
présentant un SCA ST+ éligibles pour
une angioplastie primaire. Le critère
primaire composite à 1 mois associait
saignements majeurs et complications
vasculaires. Ce critère a été réduit de
façon très significative dans le groupe
radial (1,4 % versus 7,2 %),
permettant aussi une réduction
significative
de
la
durée
d'hospitalisation. Le gain sur la
mortalité par voie radiale n'est pas
significatif en raison d'un trop faible
effectif de patients. Avec un faible
taux de cross-over (3,7 %), cette étude
confirme que l'expertise des centres
va de pair avec les résultats favorables
obtenus.
Si le gain en termes de mortalité par
voie radiale n'était pas un critère
d'analyse dans ces études, l'analyse du
registre suédois SCAAR dont le suivi
est
particulièrement
performant
apporte un début de réponse avec une
analyse rétrospective sur 5 ans de plus
de 21 000 angioplasties primaires où
la mortalité à un an est
significativement réduite lorsque la
voie radiale est utilisée.
L'une des interrogations qui subsiste
aussi est la place de la bivalirudine
dans la réduction des saignements au
point de ponction. Bien que la grande
majorité des patients de l'étude
HORIZONS-AMI aient bénéficié
d'une approche fémorale, il apparaît
que la voie radiale fait mieux que la
voie fémorale, y compris quand la
Tous droits réservés : Cardiologie Pratique
bivalirudine est utilisée. Les résultats
en attente de nouveaux essais
viendront étayer cet élément.
Enfin, un dernier point mérite d'être
regardé dans l'utilisation de la radiale
dans l'infarctus, celui de la rapidité de
réouverture de l'artère coupable. Que
ce soit dans RIFLE ou STEMI
RADIAL, le délai « arrivée à l'hôpital-reperfusion coronaire » est
identique dans les 2 groupes de
patients, et ce délai est d'autant
meilleur que la procédure est
effectuée dans un centre à haut
volume.
EN PRATIQUE
¦ La voie radiale dans l'infarctus
doit être privilégiée. Elle permet la
réduction
des
complications
hémorragiques au point de
ponction, sans allonger les délais de
prise en charge, dès lors qu'elle est
réalisée dans des centres à haut
volume d'activité radiale, étant
conscient que le cardiologue ne doit
pas hésiter à convertir sa procédure
en voie fémorale en cas de
difficultés trop importantes.
¦
L'application
des
recommandations de la Société
européenne de cardiologie plaçant
la voie radiale au premier plan dans
l'angioplastie primaire à condition
qu'elle soit réalisée par un «
radialiste
»
expérimenté
(recommandation de classe IIa avec
un niveau de preuve B) ne font que
renforcer les derniers résultats des
études comparant radiale et
fémorale dans l'infarctus.
J. MONSEGU, J. MONSEGU
Institut Mutualiste Montsouris,
Paris
Dimanche 1er Juin 2014
EXPERT
Fibrillation atriale et insuffisance cardiaque : quelle stratégie
?
La fibrillation atriale (FA) est le plus fréquent des troubles du rythme et représente un réel
problème de santé publique. Cette maladie est en effet en pleine expansion avec le vieillissement
de la population (prévalence européenne anticipée à 25 millions de patients en 2050).
L'insuffisance cardiaque voit également sa prévalence augmenter. Contrairement à beaucoup
de vieilles idées reçues, la FA est une maladie grave à ne pas négliger : cette maladie évolutive
chronique est un facteur indépendant de mortalité.
I Les causes de décès liées à la FA
sont
en
majorité
liées
à
l'insuffisance cardiaque
Dans une étude récente, E. Marijon et
coll. ont étudié les différentes causes
de mortalité dans une analyse
rétrospective des données de l'étude
RELY qui comprenait 18 113 patients
ayant de la FA. Ils ont montré que la
majorité des causes de décès dans
cette population n'était pas liée à des
accidents
vasculaires
cérébraux
(ischémiques ou hémorragiques) mais
à des morts de causes « cardiaques »
(insuffisance cardiaque ou mort
subite).
Dans ce travail qui ne comprenait que
des patients ayant de la FA et
correctement anticoagulés, le facteur
prédictif indépendant de mortalité le
plus fort était l'insuffisance cardiaque
(IC).
Les patients qui mouraient avaient
plus souvent une IC (NYHA III ou
IV), une dysfonction VG (< 40 %),
une
cardiopathie
d'étiologie
ischémique et une hypertrophie VG.
Les progrès pharmacologiques et les
études épidémiologiques réalisés dans
le
domaine
des
traitements
anticoagulants ont permis d'obtenir un
réel impact sur la mortalité par AVC
(embolique ou hémorragique) et des
bénéfices minimes sur la mortalité
sont à attendre dans ce domaine dans
les années à venir. Le plus grand
challenge concernant la mortalité liée
à la FA reste donc l'insuffisance
cardiaque.
I La FA est un facteur indépendant
de
mortalité,
surtout
chez
l'insuffisant cardiaque
L'étude de Framingham en 1998
mettait en évidence une surmortalité
des patients atteints de FA par rapport
au patients en rythme sinusal stable.
Chez les patients déjà en IC,
l'augmentation de mortalité liée à la
FA a déjà été clairement démontrée.
La FA aggrave une insuffisance
cardiaque préexistante et peut aussi en
être la cause. Elle peut être
responsable
de
cardiopathies
rythmiques (largement sous-évaluées)
avec ou sans cardiopathie préexistante
(3,4). La FA est également
responsable d'IC sur cardiopathie à
fonction ventriculaire conservée
(cardiopathies hypertrophiques le plus
souvent), et son apparition correspond
souvent à une étape critique dans
l'évolution de ces cardiopathies.
Figure
1.
Amélioration
fonctionnelle de la FEVG et
diminution de la taille de l'oreillette
gauche par ablation de FA chez des
patients insuffisants cardiaques(10)
. D'après Hsu LF et al. NEJM 2014.
I Comment reconnaître une
cardiopathie rythmique ?
Des patients porteurs de CMD «
idiopathique » en FA dites «
chroniques », correspondant à
d'authentiques
cardiopathies
rythmiques, ne sont pas rares. Ces
cardiopathies
rythmiques
sont
diagnostiquées aujourd'hui car nous
avons maintenant des moyens
efficaces de maintenir le rythme
sinusal des FA persistantes qui
avaient échappé au traitement
médical.
Une cardioversion électrique pour une
FA, même ancienne, peut permettre
d'apprécier
une
éventuelle
amélioration clinique et de la fonction
VG chez des patients qui s'étaient le
plus souvent habitués à un état
chronique d'asthénie et de limitation à
l'effort.
I Faut-il contrôler le rythme ou la
fréquence ?
L'étude AFFIRMdatant de 2002,
comparant la stratégie de contrôle de
la fréquence cardiaque et la stratégie
de maintien du rythme sinusal (par
médicaments seulement) n'avait pas
démontré de bénéfice dans les 2
groupes en termes de mortalité.
Nombreux avaient alors été ceux qui
tirait la conclusion (rapide) que seule
la fréquence rapide était néfaste dans
la FA et qu'essayer de maintenir le
rythme sinusal n'avait pas d'intérêt.
En y regardant de plus près, on se
rendait compte que 35 % des patients
dans le groupe contrôle de la
fréquence (censés être en FA) était en
rythme sinusal et que 40 % des
patients dans le groupe contrôle du
rythme sinusal étaient en FA.
De plus, des analyses par groupe
démontraient que le maintien du
rythme sinusal était clairement
associé à un meilleur pronostic : chez
les septuagénaires, il diminuait
significativement la mortalité et les
hospitalisations, et chez les IC, il
diminuait
significativement
les
symptômes d'IC. Le rythme sinusal
stable était associé clairement au
meilleur statut fonctionnel. Ces
auteurs concluaient que quand les
médicaments étaient insuffisants pour
maintenir le rythme sinusal, l'ablation
de la FA (très peu développée à
l'époque de l'étude) devait être
envisagée maintenant chez ces
patients avec IC.
B
Marche 6 minutes Figure 2. L'étude
PABA-CHF(11) a comparé la
stratégie de contrôle de la fréquence
efficace par ablation du nœud 360
AV + stimulation biventriculaire à
la stratégie de contrôle du rythme
sinusal par ablation de la FA.
340Un bénéfice Ablation a été de
clairement la FA démontré en
faveur de l'ablation de FA avec
amélioration de la FEVG et du test
de marche. 302 p < 0,001 e (m)
I Faut-il ablater la FA chez les
patients insuffisants cardiaques ?
La FA comme l'asynchronisme
ventriculaire peut être à la fois la
cause d'une cardiopathie primitive et
la conséquence aggravante d'une
cardiopathie
préexistante.
La
resynchronisation
est
connue
aujourd'hui pour améliorer la fonction
cardiaque, les symptômes et la survie.
Malgré 25 à 30 % de non-répondeurs,
cette technique est néanmoins
aujourd'hui très largement utilisée à
juste titre.
L'ablation de FA est une technique qui
reste difficile, et d'autant plus chez les
insuffisants cardiaques. Il s'agit
souvent de FA persistantes sur des
oreillettes dilatées et fibrosées. Mais
d'après une métaanalyse portant sur 1
851 patients, l'ablation de FA dans
l'IC est sûre et efficace(64 % à 96 %
de patients sans arythmie après 1,4
procédure, 4 % de complications chez
les patients avec ou sans IC)(9) .
Comme dans toutes les FA dites «
complexes » (FA persistantes le plus
souvent), il est fréquent de devoir
répéter les procédures pour obtenir un
bon résultat (les reprises étant en
général moins complexes). Dans cette
même métaanalyse, les patients ayant
une dysfonction VG avaient besoin de
plus de séances d'ablation que les
autres pour obtenir un bon résultat.
Néanmoins, différentes études ont
montré l'amélioration de la FEVG, de
la capacité d'effort et la qualité de vie
chez des patients insuffisants
cardiaques et ablatés d'un FA(5,9-11)
(figure 1) . L'amélioration de la FEVG
par A Fraction d'éablation de FA est
en moyenne 37 de 11 %. Le bénéfice
sur la 35 mortalité est étudié
actuellement
33
dans
l'étude
CABANA (en cours). 31 Malgré ces
excellents résultats, 29 la sélection
des candidats à une 27 ablation est
indispensable, 25 et les facteurs de
mauvaise réponse à l'ablation doivent
être connus (FA persistante de très
longue durée, fibrose et dilatation très
importante des oreillettes).
I Ablation de FA ou ablation du
nœud
AV
+
stimulation
biventriculaire ?
La stratégie de maintien du rythme
sinusal est plus efficace que la
stratégie de contrôle de la fréquence
chez ce type de patients, mais les
médicaments sont souvent inefficaces
sur le long terme dans une stratégie
comme dans l'autre.
Avant l'existence de l'ablation de la
FA, chez des patients insuffisants
cardiaques en FA réfractaire rapide,
l'ablation du nœud AV associée à
l'implantation d'un stimulateur était la
seule option pour essayer de «
stabiliser » ces patients. Aujourd'hui
encore, dans les cas d'échec ou de
non-indication
d'ablation
cette
stratégie
avec
stimulation
biventriculaire est utilisée pour limiter
la désynchronisation induite par la
stimulation, dangereuse chez ces
patients en IC. Mais faut-il proposer
aujourd'hui en 1intention une ablation
de FA ou une ablation du nœud AV
associée
à
une
stimulation
biventriculaire ?
La stratégie d'ablation de FA a été
comparée à la stratégie « ablation du
nœud
AV
+
pacemaker
biventriculaire »par l'équipe du Pr
Michel Haissaguère : les résultats sont
largement en faveur de l'ablation de la
FA avec amélioration de la FEVG et
de la capacité d'effort (figure 2) .
L'ablation du nœud AV associée à un
PM doit être aujourd'hui réservée aux
patients récusés pour une ablation.
I Qui et quand ablater ?
Il n'existe pas de recommandations
spécifiques concernant l'ablation de
FA chez l'insuffisant cardiaque.
D'après
les
recommandations
actuelles, une ablation de FA doit être
envisagée
devant
une
FA
symptomatique
résistante
au
traitement médical.
Le bénéfice fonctionnel ainsi que sur
la fonction cardiaque du maintien du
rythme sinusal tion (%)chez un
patient
insuffisant
car-Ablation
diaque de (« la systolique FA ou
diastolique ») étant majeur, en cas
d'échec
des
antiarythmiques,
uneablation = 0,03 p < 0,001 doit être
envisagée en tenant compte du terAblation NAV + BIV rain : âge,
ancienneté de la FA, sévérité de la
cardiopathie, taille et fibrose de l'OG,
etc.
Figure 3. Exemple d'un patient
présentant une FA persistante
depuis 9 mois ayant récidivé sous
antiarythmique après plusieurs
chocs
électriques
sur
une
cardiopathie dilatée à FEVG basse
(35 %). L'ablation du substrat
arythmogène de sa FA par
défragmentation a permis de
restaurer le rythme sinusal (haut de
la figure) et d'obtenir la « noninductibiité » (bas de la figure).
L'origine rythmique de celle-ci est
attestée par l'amélioration de sa
FEVG (50 %) en rythme sinusal
stable post-ablation à 6 mois.
Si une indication d'ablation est posée,
le remodelage atrial induit par la FA
elle-même justifie d'attendre le moins
possible afin d'optimiser le résultat de
celle-ci (ablation plus difficile avec de
moins bons résultats dans les FA
persistantes anciennes sur grosses
oreillettes).
I Comment ablater ?
L'ablation de FA compliquant une
cardiopathie est souvent une ablation
de FA difficile en raison d'un substrat
arythmogène plus complexe que sur
un cœur sain et doit être réalisée dans
des centres « experts ». Les résultats
décevants des protocoles anatomiques
consistant à isoler les veines
pulmonaires seulement dans les FA
persistantes,
ont
poussé
les
électrophysiologistes à s'intéresser,
non plus seu-lement aux veines
pulmonaires, mais aux oreillettes.
Dans un tra-vail récent, nous avons
montré que les veines pulmonaires
pouvaient être passives dans la
perpétuation de la FA, spécialement
dans les FA persistantes et/ou sur des
oreillettes dilatées et/ou avec
dysfonction ventriculaire gauche. Des
approches ciblant le substrat de la FA
dans les oreillettes sont aujourd'hui de
plus
en
plus
utilisées
(«
défragmentation » seule(12,13) ou
combinée à l'isolation des veines et la
réalisation de « lignes ») et donnent de
bons résultats. L'objectif de telles
procédures et de restaurer le rythme
sinusal, voire d'obtenir une « noninductibi-lité » (figure 3) . Dans des
cas particuliers de FA de très longue
durée, sur très grosses oreillettes, une
approche
hybride
chirurgicale
épicardique
mini-invasive
et
électrophysiologique (endocavitaire)
peut également donner de bons
résultats.
De nouveaux outils de cartographie de
la FA nous permettront probablement
d'être encore plus efficaces dans les
années à venir.
EN PRATIQUE
¦ L'insuffisance cardiaque est la
1ere cause de mortalité chez les
patients atteints de FA.
¦ Elle peut être à l'origine d'une
cardiopathie « rythmique » ou
aggraver
une
cardiopathie
préexistante
(systolique
ou
diastolique).
¦ La stratégie de contôle du rythme
sinusal doit clairement être une
priorité tant que possible par
rapport à la stratégie de contrôle de
la fréquence. Le traitement médical
optimal
d'une
cardiopathie
préexistante peut en lui-même
prévenir ou limiter les accès de FA.
¦ En cas d'échec, du traitement
médical de la cardiopathie et des
antiarythmiques, l'ablation reste la
seule option pour le maintien du
rythme sinusal. Celle-ci est difficile
et peut être réalisée en plusieurs
temps, mais elle est efficace et sûre
et doit faire partie aujourd'hui de
l'arsenal
thérapeutique
de
l'insuffisance cardiaque chez des
patients bien selectionnés.
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J. SEITZ*, C. BARS**, En
collaboration avec :, A. PISAPIA*,
M. BREMONDY*,, S.
BEURTHERET*,, A.
FERRACCI*, J. FAURE*,, E.
PHILLIP*, P. KHANOYAN*, J.
SEITZ*, C. BARS** *Hôpital
Saint-Joseph, Fédération de
cardiologie, Marseille **Institut
Mutualiste Montsouris, Hôpital
Privé des Peupliers, Paris, En
collaboration avec : A. PISAPIA*,
M. BREMONDY*, S.
BEURTHERET*, A.
FERRACCI*, J. FAURE*, E.
PHILLIP*, P. KHANOYAN*
*Hôpital Saint-Joseph, Fédération
de cardiologie, Marseille **Institut
Mutualiste Montsouris, Hôpital
Privé des Peupliers, Paris
Lundi 5 Mai 2014
Santé témoignages On ose en parler
Je suis constipée, et ça me gâche mes journées
La constipation est l'un des problèmes intestinaux les plus fréquents. Trois femmes dépassent
les tabous et racontent ces moments désagréables. Par Claire Gabillat
“Cela m'arrive quand je suis en
voyage”
Angèle, 32 ans
Je suis guide de montagne et
j'accompagne régulièrement des
groupes en randonnée dans l'Atlas
marocain. Au début de chaque trek,
nous sommes nombreux à souffrir de
constipation. Beaucoup moins connue
que la turista, cette « constipation de
voyage » est liée à la chaleur, au
changement d'habitudes alimentaires,
mais aussi, en grande partie, à la
difficulté de s'isoler pour faire ses
besoins en plein air... La recette ? Elle
m'a été donnée par une guide berbère
: manger des figues sèches dès le
réveil, à jeun, et boire immédiatement
après du thé chaud. Résultat garanti.
Depuis, j'ai appris que les figues
étaient, comme les pruneaux, des
fruits très efficaces comme laxatif et
qu'on les trouvait même en sirop en
pharmacie.
“Un effet secondaire de l'arrêt du
tabac”
Juliette, 28 ans
Après quatorze ans passés à fumer, je
me suis enfin décidée à arrêter la
cigarette. Je tiens bon et, contre toute
attente, l'un des symptômes les plus
gênants pour moi est la constipation.
Je ne savais pas du tout que l'arrêt de
la consommation du tabac pouvait
provoquer ce genre de phénomène.
Mais comme je suis sujette à ce type
de problème depuis longtemps, j'ai
mon remède miracle : le jus d'Aloe
vera. Cette plante qui a, entre autres
vertus, celle de nettoyer le système
digestif, est aussi laxative et fait
généralement son effet ! Je l'achète
bio et je fais toujours très attention à
ce qu'il y en ait un pourcentage élevé
dans les jus mélangés.
“Mes médicaments sont en cause”
Marion, 42 ans
Je souffre de fibromyalgie. Cette
maladie chronique cause des douleurs
continuelles dans tout le corps. C'est
insupportable. Pour me soulager, mon
médecin
m'a
prescrit
des
antidépresseurs. La dose n'est pas
forte, mais depuis j'ai de gros soucis
pour aller aux toilettes. Il paraît que
c'est un phénomène fréquent avec ces
médicaments. Pour atténuer ce
phénomène, je mange plus de fibres,
je bois souvent dans la journée, je
prends des granules homéopathiques
(Alumina et Opium en 5CH) et, juste
avant d'aller aux toilettes, je fais un
micro-lavement. Ce n'est pas très fun,
mais ça marche.
Notre expert
Dr
Philippe
Godeberge,
gastro-entérologue à l'Institut
Mutualiste Montsouris, à Paris.
A quoi correspond la constipation ?
Elle se caractérise par un transit
inconfortable, soit du fait de selles peu
fréquentes, plus sèches ou plus dures
que la moyenne, soit par une difficulté
à les évacuer. Elle peut être
occasionnelle ou chronique. Une
bonne hygiène de vie (manger des
fibres, boire régulièrement, et faire
une activité physique) suffit le plus
souvent à la soulager.
Quand doit-on s'inquiéter ?
La constipation est une maladie
gênante, mais bénigne. Vous devez
consulter en cas de signes d'alerte
(perte de poids, altération de l'état
général avec fatigue, pâleur, fièvre,
nausées, vomissements....), ou si vous
remarquez des glaires et, surtout, du
sang dans vos selles. Et ce, même si
vous êtes persuadée d'avoir des
hémorroïdes.
Quels sont les risques ?
Contrairement à une idée reçue, la
constipation ne provoque pas le
cancer du côlon, n'entraîne ni maux de
tête ni asthme. Elle peut, en revanche,
favoriser les crises d'hémorroïdes ou
l'apparition d'une fissure anale, et,
surtout, provoquer à long terme, chez
la femme, une incontinence. Les
efforts chroniques de poussée
fragilisent en effet le périnée.
Shopping
Contre la paresse intestinale, Arko
Transit, Arkopharma, 5,50 €, en
pharmacie.
parapharmacie.
Riche en fibres, Transi-tonic Bio,
Santarome Nature, 19,50 €, en
Tous droits réservés : Femme Actuelle
A base d'extraits de plantes,
Grains de Vals, Laboratoires
Nogues, 6 €, en pharmacie.
Vie pratique
Casser les tabous sur les handicapés
5 mai 2014
Copyright 2014 Le Parisien.
All Rights Reserved.
L'EXPO
UNE IMMERSION COMPLÈTE dans la vie affective des personnes handicapées, avec beaucoup de
tendresse et d'humour. C'est ce que propose l'exposition « Corps et Ames » grâce à une cinquantaine de
photographies de Jean-Baptiste Laissard, un artiste engagé. Une manière de découvrir une vision
complémentaire du handicap, qui aborde la délicate question de la sexualité et de la parentalité, des sujets
encore considérés comme tabous.
Tous les jours de 8 heures à 20 heures, jusqu'au 26 mai 2014 à l'Institut Mutualiste Montsouris ;
42, boulevard Jourdan ; Paris XIV e. Entrée libre.
Jeudi 1er Mai 2014
Savoirs et pratiques
Etude
Le choix du prénom dans les situations d'adoption
internationale
- En contexte d'adoption internationale, se pose la question des liens que gardent ou non les
familles adoptives avec la culture du pays de naissance de l'enfant - En particulier, le choix des
prénoms par les parents adoptants reflète ce questionnement - Une étude a été menée à ce sujet
auprès de parents et d'enfants, pour mieux comprendre les sentiments d'appartenance, de
filiation et d'affiliation dans ces situations. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés - adoption internationale ; affiliation ; analyse qualitative ; filiation ; prénom
Lien entre l'enfant et la personne qui
le prénomme, messager d'une
transmission qui inscrit celui qui le
reçoit dans la filiation de celui qui le
donne, révélateur d'un projet familial
ou d'un projet de couple (1) , le
prénom
est
soumis
à
des
déterminations
religieuses,
législatives, individuelles, familiales
et sociétales, plus ou moins
conscientes. (2) (3) (4) (5)
- Plusieurs phases sont décrites
dans l'élaboration du choix du
prénomissu des désirs parentaux
inconscients: la première, ou phase du
prénom narcissique, correspond à
l'expression du narcissisme parental
via la répétition du prénom des
parents ; la deuxième, ou celle du moi
idéal, correspond à une phase plus
avancée dans laquelle le désir
s'incarne dans un personnage
représentant le moi idéal du parent ; la
troisième, celle du projet parental, est
issue d'une confrontation du parent, à
sa propre ambivalence, à la réalité
externe, au choix entre son propre
projet, le projet familial et le projet
collectif, ou sociétal (6) .
- Une fois le prénom choisi,donné
puis reçu, l'enfant doit se positionner
par rapport à celui-ci, et aux
projections qui l'ont constitué. Même
s'il contient le désir parental et le
destin qui est fantasmé pour l'enfant,
c'est à ce dernier de décider de se
l'approprier, de l'incarner ou encore de
le rejeter, voire d'en changer ; et de
répondre
aux
questionnements
identitaires qu'il impose: « Qui suisje, qui dois-je être, qui ai-je envie
d'être pour porter ce prénom? ».
En
situation
d'adoption
internationale,le
cheminement
amenant à la prise de décision et au
choix des prénoms est parfois
complexe. En effet, les parents
adoptifs sont confrontés à une double
question, celle de la prénomination de
leur enfant ne pouvant être dissociée
de celle de l'éventuelle conservation
du prénom de naissance. Sur les
forums d'adoption internationale,
cette question est l'une des plus
fréquemment posées. Tout comme
celle du maintien des liens avec le
pays de naissance de l'enfant et sa
culture, elle fait l'objet de nombreux
débats
théoriques
chez
les
professionnels et dans l'entourage des
parents adoptants. Vu par certains
comme le risque d'une inscription
délicate et compliquée dans la
filiation adoptive, le maintien du
prénom de naissance est associé pour
d'autres à des risques d'exposition de
l'enfant au racisme et à un décalage
culturel douloureux avec son pays
d'accueil. A l'inverse, le changement
de prénom renvoie pour certains à une
forme de rejet regrettable du passé,
voire de l'identité de l'enfant, et de
risque de rupture dans sa construction.
Le maintien du prénom de naissance
serait alors associé à un respect de
l'histoire de l'enfant et le choix par les
parents adoptifs d'un autre prénom à
un symbole fort d'inscription dans sa
nouvelle filiation.
Comment les parents trouvent-ils
leurs propres réponses à cette question
du choix des prénoms de leur enfant?
Dans quoi ce choix vient-il s'inscrire
et prendre sens?
- A partir de l'étude menée auprès
de parents et d'enfantsen situation
d'adoption
internationale,
sont
explorés d'une part le choix des
prénoms par les parents adoptifs, et
d'autre part le vécu des enfants
adoptés de leur (s) prénom (s), avant
de mettre en parallèle la question du
prénom avec celle des liens avec le
pays de naissance de l'enfant.
Matériel et méthodes
Critères d'inclusion et mode de
recrutement
Les familles incluses dans la
recherche ont adopté un ou plusieurs
enfants dans un autre pays que la
France. Ceux-ci sont âgés de 10 à 18
ans au moment de la recherche. Il
s'agit d'adoptions plénières, ce qui
signifie sur le plan juridique une
rupture irrévocable des liens de
filiation antérieurs et l'acquisition
d'une nouvelle filiation légitime
remplaçant la première. Les familles
ont été recrutées en population
générale.
le 29 mars 2011 par le CEERB du
groupe hospitalo-universitaire Nord.
Chaque membre des familles
contactées a reçu un formulaire
d'information et pouvait à titre
individuel refuser ou accepter de
participer à la recherche.
Un consentement écrit a été signé par
les parents et les enfants. Afin
d'assurer l'anonymat, les prénoms des
enfants ainsi que leur pays de
naissance ont été modifiés.
Résultats
Descriptif de la population étudiée
Outils méthodologiques
Les entretiens sont fondés sur deux
guides semi-structures (un destiné aux
parents et un aux enfants âgés de 10 à
18 ans) élaborés par le groupe de
recherche "Adoption internationale"
de la Maison des adolescents de
l'hôpital Cochin (Maison de Solenn,
AP-HP, Paris) et comportant plusieurs
thèmes: histoire de l'adoption,
expériences de racisme et de
discrimination, choix (ou vécu) des
prénoms, appartenances culturelles et
liens au pays de naissance. Ces
entretiens sont enregistrés, puis
retranscris pour être ensuite analysés.
Méthodes d'analyse
Les entretiens semi-structures des
parents et des enfants sont analysés à
l'aide d'une méthode qualitative
phénoménologique: V Interpretative
Phenomenological Analysis (IPA) (7)
(8) qui implique une analyse
longitudinale de chaque entretien et
plus précisément une analyse détaillée
des perceptions et des discours des
parents et des enfants adoptés, en
étant particulièrement attentif à ce qui
émerge sur le vécu de l'enfant vis-àvis de son ou ses prénoms. La validité
de cette analyse qualitative est assurée
par le double codage, deux chercheurs
analysant ces entretiens de manière
séparée.
Aspects éthiques
Le projet de recherche a été soumis à
l'avis du Comité d'évaluation de
l'éthique des projets de recherche
biomédicale (CEERB) et a été accepté
Sept familles ont été rencontrées, soit
six enfants (âgés de 10 à 18 ans) et
neuf parents dont deux d'entre eux ont
été vus à deux reprises (pour chacun
de leurs enfants) . Dix-sept entretiens
ont donc été réalisés. Parmi les
adolescents rencontrés, deux d'entre
eux, Marie et Dumitru, sont suivis en
pédopsychiatrie (tableau 1).
Les familles ont été rencontrées dans
le lieu qui leur convenait, à domicile,
sur leur lieu de travail ou encore à la
Maison des adolescents de Cochin
lorsqu'elles le demandaient.
La durée des entretiens était très
variable, allant de 8 à 22 minutes pour
les enfants et de 15 minutes à 1h15
pour les parents.
Entretiens avec les enfants, vécu
des prénoms
- Acceptation et indifférence.Nous
retrouvons chez Brice et chez Marie
une acceptation du prénom donné par
leurs parents adoptifs, acceptation
teintée chez Marie d'une certaine
opposition et d'un désir de le
personnaliser en le modifiant
légèrement.
Rejet
et
sentiment
d'étrangeté.Chez Jennifer et chez
Françoise, il existe un sentiment
d'étrangeté associé à un rejet
important de leur prénom d'adoption
les amenant à souhaiter s'appeler
autrement. Cela semble s'inscrire chez
Françoise dans un refus de porter un
prénom qu'elle juge « vieux et moche
» au point de se faire appeler Alice
dans certaines circonstances: «Je
déteste tellement mon prénom que je
donne jamais mon vrai prénom.
Quand
j'étais
petite,
j'étais
extrêmement complexée par ma
couleur de peau et je voulais être
blonde aux yeux bleus, c'est pour ça
que je voulais m'appeler Alice et c'est
resté ». L'absence de deuxième
prénom est peut être aussi une des
raisons de ce rejet, ne lui donnant pas
d'autres alternatives devant le rejet de
son prénom que de s'auto-prénommer.
Elle n'évoque par ailleurs jamais son
prénom de naissance, alors que son
discours est à première vue marqué
par l'importance de son attachement à
son pays de naissance. Est-ce que cela
s'inscrit dans une forme de rejet
inconscient de celui-ci et de ses
parents de naissance qu'elle n'évoque
à aucun moment de l'entretien?
Jennifer évoque sa difficulté à porter
un prénom qui n'est à ses yeux ni
français, ni roumain.
- Appréciation et attachement.Dao
et Dumitru, dont les prénoms de
naissance
ont
été
conservés,
apprécient leur prénom. Chez Dao,
cela s'inscrit dans un souci marqué de
maintenir des liens avec son pays de
naissance, d'avoir une double
appartenance et de concilier les deux
filiations, son prénom étant un
mélange ou un métissage entre le
choix de ses parents adoptifs et de ses
parents de naissance. En ce qui
concerne Dumitru, l'attachement à
son prénom peut être lié au fait que
celui-ci a été choisi par ses parents de
naissance et ses parents d'adoption, et
qu'il est à la fois roumain et français,
se prononçant de deux façons
différentes (9) .
Entretiens avec les parents,
analyse du choix du prénom
- Le prénom de naissance.Pour
certains enfants, notamment ceux
adoptés après l'âge de 5 ans, le
prénom de naissance a été maintenu,
parfois en première position, parfois
en deuxième ou en troisième.
L'ensemble des parents évoque le
souhait de maintenir un lien avec le
passé de l'enfant et une continuité
dans son histoire. Ainsi, pour Jennifer
et Dumitru, le prénom été conservé en
premier prénom: « Son prénom, c'est
son histoire ; elle a laissé déjà
tellement de choses derrière». Les
parents de Dao ont choisi de ne
conserver que la deuxième syllabe du
prénom, sorte de compromis entre
leur désir de donner un prénom
prononçable en français et leur refus
de modifier totalement son prénom: «
On ne peut pas garder son prénom de
naissance, beaucoup trop difficile à
prononcer, mais on se voyait mal
l'appeler Pierre, Paul Jacques. Son
prénom fait partie de lui, il est né avec
ça, c'est son identité ». De même, les
parents de Stéphanie ont conservé le
prénom de naissance de leur enfant en
deuxième position afin de maintenir
un lien avec son passé: « Elle est née
avec ce prénom, on souhaite le garder
parce que c'est son passé ». La nonconservation du prénom de naissance
concerne Myriam, dont la mère dit
détester le prénom de naissance et
Julien, sans raison évoquée.
- Le prénom d'adoption.Les choix
des prénoms d'adoption renvoient à
une dimension affective chez les
parents de Myriam (qui ont donné le
prénom de la soeur de la mère en signe
de reconnaissance envers cette femme
qui les a accompagnés durant les
démarches d'adoption) et de Julien
(prénom du meilleur ami de leur fille
incarnant le métissage: « Un enfant
eurasien qu'on adore, qui est beau
comme un coeur, intelligent, brillant
»), et à une dimension esthétique chez
les parents de Stéphanie, renvoyant à
la question du goût individuel et
collectif (10) .
- Le deuxième et le troisième
prénom.Pour Jennifer, Dumitru,
Stéphanie et Julien, les deuxièmes et
troisièmes prénoms sont ceux des
grands-parents, permettant ainsi
l'inscription dans la filiation adoptive
via
une
transmission
transgénérationnelle (11) . Par
ailleurs, le souhait d'offrir la
possibilité à l'enfant de choisir parmi
ses différents prénoms est mis en
avant par les parents de Jennifer,
Dumitru et Dao. Enfin, la coexistence
de prénoms du pays de naissance et du
pays d'accueil, reflétant la multiplicité
des appartenances, est souhaitée par
les parents de Dao qui ont choisi de lui
donner un prénom français en
deuxième et de placer son prénom de
naissance en troisième position.
Discussion
Enfants, prénoms et liens avec le
pays de naissance
Prénoms
et
sentiments
d'appartenance,
la
question
identitaire.On peut remarquer que
lorsque l'enfant aime l'un de ses
prénoms (de naissance ou d'adoption),
cela s'inscrit à la fois dans une
appréciation de ce que celui-ci
représente et dans une cohérence avec
son sentiment d'appartenance et
d'identité. Ainsi, Brice et Marie se
sentent principalement français et
acceptent leurs prénoms (qui sont
français). Dao, dont le prénom est
vietnamien à l'origine et qui a été
transformé par ses parents adoptifs,
tient à ce prénom, ce qui s'inscrit dans
son sentiment de double appartenance
et filiation. Dumitru est aussi attaché
à son prénom, qui est aussi bien
français que roumain, et dont
l'orthographe et la prononciation lui
permettent d'être tantôt affilié à un
pays, tantôt à l'autre.
- Lorsque l'enfant trouve son
prénom bizarre, étrange, voire le
rejette,ne faisant pas sien l'héritage
qui lui est transmis (12) , cela semble
aussi être en lien avec la façon dont il
perçoit ses appartenances. Jennifer
souhaite ainsi avoir un prénom plus
français et met en avant son sentiment
de double appartenance francoroumaine, contrastant avec ce prénom
américain. Françoise, elle, rejette
violemment son prénom d'adoption,
préférant se renommer elle-même
avec un prénom français, ce qui
rejoint son sentiment d'appartenance
et de loyauté presque exclusifs à la
«patrie » qui l'a accueillie. Cela
renvoie aussi à une négation des
origines, de la scène primitive, dans
une toute-puissance où elle pourrait
elle-même s'auto-prénommer.
- Appropriation du lien avec le
pays de naissance, appropriation du
prénom. Nouspouvons par ailleurs
établir
un
parallèle
entre
l'appropriation du prénom et celle du
lien avec le pays de naissance. En
effet, même si le choix d'un prénom
est si complexe qu'il est difficile de
n'en extraire que quelques niveaux
d'analyse, il est intéressant de noter
que l'avis de l'enfant sur son prénom
vient aussi de ce qui a été transmis par
les parents autour de celui-ci. L'enfant
projette ainsi dans ce prénom des
éléments qui lui appartiennent mais
aussi tout ce qu'il a reçu à travers le
discours parental, conscient et
inconscient sur le prénom, paradigme
de l'inscription dans une ou des
filiations. A travers le récit de Dao et
de Françoise, existent deux exemples
opposés de cette question de la double
appropriation du prénom et du lien
avec le pays de naissance. En effet,
dans ces deux familles, les parents ont
créé un lien avec le pays de naissance
de leur enfant (voyages réguliers,
investissement
associatif
et
humanitaire, etc.) et les enfants euxmêmes conservent un lien avec leur
pays de naissance. Pour Dao, ce lien
lui est propre, il a su se le
réapproprier, indépendamment du
lien de ses parents à son pays de
naissance, tout comme son prénom,
donné par ses parents mais qu'il
revendique. Françoise, en revanche,
montre une difficulté à s'approprier
aussi bien son prénom que les liens
avec son pays de naissance, qui
semblent appartenir plus à ses parents
qu'à elle-même.
- Nous voyons ainsi comment le
vécu de l'enfant de ses prénoms,la
façon dont il les rejette, les accepte,
s'y attache, les apprécie, est en
relation d'une part avec ses sentiments
d'appartenance, de filiation et
d'affiliation, d'autre part avec le lien
que lui et ses parents entretiennent
avec son pays de naissance, et la
nature de ce lien.
Parents, prénoms et liens avec le
pays d'origine
- Maintien, création, absence ou
refus des liens avec le pays
d'origine.Notre recherche permet de
distinguer
différentes
stratégies
parentales vis-à-vis de la question des
liens avec le pays d'origine de l'enfant,
ceux-ci ayant une influence sur les
liens des enfants avec leur propre
héritage culturel, ainsi que sur leurs
compétences culturelles (13) , notion
très développée dans la littérature
anglo-saxonne, définie par l'habilité à
avoir un comportement culturel
spécifique approprié pour un rôle
économique, politique et social adulte
(14) :
- maintien du lien. Dans certaines
familles, le lien avec le pays de
naissance préexistait à l'adoption, soit
parce que l'adoption a été réalisée
dans le pays d'origine d'un des deux
parents, soit car le choix du pays était
motivé par un attachement particulier
des parents au pays d'adoption. Dans
les cas où l'un des parents a la même
origine que l'enfant, ce lien s'inscrit à
la fois dans un souhait des parents de
respecter et maintenir l'identité et le
sentiment d'appartenance de l'enfant à
son pays de naissance, et dans un
souhait de l'inscrire dans la filiation
du parent en question. Pour ceux qui
ont un attachement particulier au pays
de naissance, ce lien, outre le respect
de F alterné et de l'identité de l'enfant,
renvoie au souhait de transmission
aux enfants de ce qui est cher aux
parents ;
- création du lien. Pour certains
parents, l'adoption est venue créer ce
lien, d'une part afin de maintenir le
lien existant entre l'enfant et son pays
de naissance, reconnaissance de ses
premières filiations et affiliations,
d'autre part dans une volonté propre
aux parents de s'intéresser aux pays de
naissance de leur enfant ;
- absence de lien. Dans le discours
d'une des familles, le lien des parents
avec le pays de naissance de leur
enfant ne parait ni investi, ni rejeté, il
est comme absent. Nous pouvons
nous interroger sur la constance dans
le temps de cette attitude parentale.
L'enquête menée par Kristy Thomas
et Richard Tessler montre que
l'importance des parents accordée à la
socialisation culturelle, c'est-à-dire à
l'acquisition
de
compétences
nécessaires pour fonctionner dans une
culture donnée (15) , est stable dans le
temps (16) . En est-il de même pour le
lien avec le pays d'origine, ou ce lien
fluctue-t-il en fonction de l'âge de
l'enfant et de la dynamique familiale?
;
- refus du lien. Enfin, un des couples
rejette le lien avec le pays de
naissance de l'enfant vécu comme un
«fardeau ». Ce rejet, sorte de déni des
origines de l'enfant, peut apparaître
comme une difficulté à accepter la
filiation biologique de celui-ci et ses
premières affiliations culturelles.
- Le prénom, un lien non
systématique avec le pays d'origine
de l'enfant.Pour certains parents la
conservation du prénom de naissance
signe le souhait de maintenir un lien.
Dans la recherche menée par
Françoise-Romaine Ouellette en
2003, la dimension culturelle du
prénom de naissance semble avoir
plus d'importance que la dimension de
l'identité personnelle (17) . Dans notre
étude, l'importance de la dimension
identitaire est mise en avant par les
parents, les dimensions identitaire et
culturelle étant présentées par les
parents comme indissociablement
liées. Cependant, nous ne retrouvons
pas systématiquement de lien entre le
fait de conserver ou non le prénom de
naissance et le maintien ou non d'un
lien avec le pays. Ainsi, les parents de
Stéphanie, qui rejettent tout lien avec
la Somalie, ont pourtant décidé de
maintenir le prénom de naissance de
leur fille ; et les parents de Julien,
passionnés d'Asie, n'ont pas tenu à
conserver le prénom asiatique de leur
enfant.
La diversité des résultats nous invite à
penser qu'il existe autant de stratégies
pour prénommer un enfant, que de
façons de maintenir un lien avec le
pays de naissance, que d'enfants
adoptés.
Même
si
certaines
corrélations peuvent être faites entre
la pré-nomination et l'existence, ou
non, de liens avec le pays d'origine,
ceux-ci ne sont pas systématiques et
montrent que la question du prénom
de l'enfant est liée à bien d'autres
dimensions,
conscientes
ou
inconscientes, et ne peut se résumer à
la question de l'héritage du pays de
naissance.
Limites de l'étude
Notre étude comporte plusieurs
limites. Tout d'abord, le nombre faible
de familles, l'échantillon étant
probablement insuffisant pour rendre
compte de la diversité et de la richesse
que constitue cette question du choix
du prénom en situation d'adoption
internationale. Concernant le mode de
recrutement, les sujets en population
générale ayant accepté de participer à
l'étude avaient probablement déjà une
réflexion sur la question du choix des
prénoms et des liens au pays de
naissance, rendant difficile la
généralisation des résultats. Il serait
intéressant d'élargir le recrutement à
une population clinique.
Il faut par ailleurs prendre en
considération
l'importance
des
discours véhiculés par les médias et
les professionnels de l'adoption sur la
question du choix du prénom et de la
pertinence ou non de conserver des
liens avec le pays de naissance de
l'enfant (18) . En effet, ces discours
peuvent influencer non seulement le
choix du prénom par les parents, mais
aussi le discours qu'ils tiennent autour
de ce choix, notamment dans cette
situation de recherche menée par une
équipe travaillant en pédopsychiatrie.
Vécu des prénoms, support de
réflexion
L'adoption
internationale,
au
carrefour de la psychologie, du droit,
de la sociologie, de la psychiatrie et de
l'anthropologie,
constitue
une
véritable question de société et fait
souvent l'objet de débats passionnés,
dont un des plus fréquents concerne le
choix du prénom de l'enfant. Cette
question à laquelle nul parent ne peut
échapper, est au coeur de la
miltiplicité des interrogations, doutes
et réflexions des parents en situation
d'adoption et tout particulièrement
d'adoption internationale.
- Notre étude s'est intéressée non
seulement au choix des prénomspar
les parents adoptifs mais aussi au vécu
de l'enfant adopté vis-à-vis de ses
prénoms. Il en ressort que les vécus
des enfants concernant leur prénom
sont extrêmement variés: du rejet
massif à l'investissement majeur, en
passant par une acceptation simple.
Ce travail révèle également que les
ressentis des adolescents concernant
leurs prénoms sont intimement liés, à
la fois aux liens qu'ils ont et que leurs
parents entretiennent avec leur pays
de naissance, et à leurs sentiments
d'appartenance, de filiation et
d'affiliation (19) (20) .
- En revanche,les entretiens réalisés
avec les parents adoptifs ne mettent
pas en évidence de lien entre la prénomination de leur enfant et
l'investissement de son pays de
naissance et de sa culture. Cela
témoigne de la multiplicité des
facteurs
venant
influencer
et
déterminer le choix du prénom de
l'enfant, dont le lien avec le pays de
naissance ne serait qu'une des très
nombreuses composantes.
enfant (21) (22) . Cette question est
ainsi une porte d'entrée précieuse lors
des entretiens avec des familles en
situation d'adoption internationale,
ouvrant une voie à l'amélioration des
prises en charge cliniques dans les
situations d'adoption.
Aude
van
Pédopsychiatre
Effenterre
(23)
Aurélie Harf (24) Pédopsychiatre
Sandra Skandrani (25) Psychologue
Olivier Taïeb (26) Pédopsychiatre
- Le vécu du prénom par l'enfant
et les déterminants du choix du
prénom
par
les
parents
adoptifssont, en clinique, un support
de réflexion et d'échange, permettant
aux enfants d'élaborer autour de leurs
appartenances multiples, de leur
identité, de leurs filiations et
affiliations, et aux parents d'élaborer
sur la question de l'altérité de leur
Déclaration d'intérêts
Les auteurs déclarent ne pas avoir de
conflits d'intérêts en relation avec cet
article.
Marie Rose Moro (27) Professeur de
pédopsychiarie
Aude van Effenterre
[email protected], Aurélie Harf ,
Sandra Skandrani , Olivier Taïeb ,
Marie Rose Moro
(1) Offroy JG. Prénom et identité sociale, du projet social et familial au projet parental. Spirale. 2001;19:83-99.
(2) Besnard Ph, Desplanques G. La cote des prénoms en 2004. Paris: Balland; 2003.
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(18) Les discours véhiculés sur le choix du prénom sont par exemple basés sur l'idée qu'il faut changer le prénom pour
s'approprier son enfant, ou à l'opposé que changer le prénom est une source regrettable de rupture, de discontinuité dans
l'histoire de l'enfant.
(19) Moro MR. psychopathologie transculturelle des enfants de migrants. Paris: Dunod; 1998.
(20) Moro MR. Nos enfants demain. Pour une société multiculturelle. Paris: Odile Jacob; 2010.
(21) Skandrani S, Harf A, Mestre C, Moro MR. Familles adoptives: comment devenir parent? Psychomédia. 2010;27:515.
(22) Harf A.Taïeb O, Mora MR. Psychopathologie à l'adolescence et adoptions internationales: une nouvelle
problématique? La Psychiatrie de l'Enfant. 2006;49:543-72.
(23) Institut Mutualiste Montsouris, Département de Psychiatrie de l'adolescent et du jeune adulte, 42 boulevard Jourdan,
75014 Paris, France
(24) Maison de Solenn-Maison des adolescents, hôpital Cochin, AP-HP, 97 boulevard de Port-Royal, 75679 Paris cedex
14, Unité INSERM 669, université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, Paris, France.
(25) LASI-Centre de Recherche Didier Anzieu de Université Paris Ouest, 200 avenue de la République 92001 Nanterre
cedex, France.
(26) Département de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent, Hôpital Avicenne, AP-HP, 125 rue de Stalingrad
93009 Bobigny, Université Paris 13, France.
(27) Maison de Solenn-Maison des adolescents, hôpital Cochin, AP-HP, 97 boulevard de Port-Royal, 75679 Paris cedex
14, Unité INSERM 669, université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, Paris, France.
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Jeudi 1er Mai 2014
une journée avec...
Béatrice Idiard-Chamois sage-femme en fauteuil roulant
- Béatrice Idiard-Chamois est sage-femme à l'Institut Mutualiste Montsouris (IMM) - Elle
propose une consultation pour recevoir et accompagner les personnes en situation de handicap
moteur ou sensoriel désirant un enfant - Elle est la seule en France à le faire I Elle-même est en
fauteuil roulant.
En 2002, à l'initiative de la journaliste
Delphine Siegrist, elle-même atteinte
d'un handicap moteur, la mission
Handicap de l'Assistance publiqueHôpitaux de Paris (AP-HP) se lance
dans l'organisation d'un colloque «
Vie de femme et handicap moteur sexualité et maternité », prévu pour la
Journée de la Femme de l'année
suivante, le 7 mars 2003. Béatrice
Idiard-Chamois participe activement
à son organisation, dans un
enthousiasme partagé. Elle-même
mère et atteinte d'une maladie
génétique rare faisant qu'elle est en
fauteuil aujourd'hui, elle sait à quel
point le parcours d'une femme
handicapée est difficile.
Mais l'après-colloque la déçoit, elle
s'aperçoit très vite « que les choses ne
bougent que sur le papier». Elle fait
de la reconnaissance du droit à la
parentalité chez les personnes
handicapées un combat. Premier
objectif: créer une consultation pour
les femmes en situation de handicap
moteur et sensoriel. Uniquement? Elle
nous explique: « Le handicap moteur
ou sensoriel heurte déjà beaucoup le
personnel soignant, alors le handicap
mental, je vous laisse imaginer,
surtout quand il y a un désir de
grossesse, il y a des questions sur le
devenir de l'enfant qui bousculent. »
Béatrice constate que la question de la
sexualité dérange: « On nous
considère souvent comme des
personnes asexuées ne pouvant pas
avoir de rapports, ne pouvant pas
enfanter. Cela est encore bien ancré
chez les soignants. Un peu moins à
Montsouris, car il y a du debriefing et
de la formation mais ça reste difficile.
» Elle poursuit: « Nos politiques ont
oublié notre, dixit à une vie affective.
Le sujet reste tabou. Et la société ne
propose aucune aide aux mères en
situation de handicap. »
Une consulation inédite
Béatrice se forme durant trois ans de
façon poussée en neurologie. Aucune
formation spécifique n'existant, elle
se
retrouve
à
suivre
des
enseignements
avec
des
ergothérapeutes,
des
psychomotriciens,
des
orthophonistes, des médecins de
médecine physique et réadaptation,
des urologues... En revanche, au
Centre d'ouverture psychologique et
sociale (Copes), la rencontre de la
formatrice sur le handicap sensoriel
s'avérera
déterminante:
la
puéricultrice Edith Thoueille avec
laquelle elle travaille dorénavant.
Béatrice nous explique: « Elle m'a
beaucoup apporté, notamment sur les
pathologies de la grossesse, et, moi,
après, j'ai repris toute la physiologie
visuelle et je me suis dit: qu'est-ce qui
va être différent dans le cadre de telle
ou telle pathologie? J'ai mis alors au
point des protocoles basés sur mes
apprentissages théoriques que j'affine
sans cesse avec ma clinique. »
Béatrice nous donne l'exemple du
centre de gravité qui se déplace lors de
la grossesse faisant que les femmes
marchent petit à petit les jambes
écartées. Elles augmentent le
périmètre de sustentation et se
cambrent pour garder l'équilibre. Elle
nous informe: « Dans tout ce qui est
atteinte neurologique, on va donc
avoir automatiquement des troubles
de l'équilibre, c'est la logique. De la
même façon, pour les femmes qui ont
des amputations des membres
inférieurs, avec les oedèmes de la
grossesse et les troubles de
l'équilibre, elles ne vont pas pouvoir
mettre leur prothèse. Voilà, ce sont
ces choses-là qu'il faut prévoir pour
pouvoir proposer une prise en charge
adaptée. »
La communication avec ses
patientes
Amblyope sévère, Béatrice est nonvoyante jusqu'à une première
intervention à l'âge de 15 ans qui lui a
permis de récupérer une infime partie
de sa vue. Lorsque des patientes
malvoyantes viennent la rencontrer,
Béatrice est très précise dans les
questions qu'elle pose: ont-elles vu ou
non? (la représentation en 3D sera
différente pour une personne ayant
vu). Que perçoivent-elles? Par
exemple, une personne voyante qui
ferme les yeux voit noir, ce qui n'est
pas le cas pour une personne nonvoyante. Pour ces patientes, Béatrice
communique de façon tactile sur le
dos de la main en illustrant ses propos
avec le bout de son doigt. Elle propose
également des echographies en relief
sur des calques thermoformés
(réagissant à la chaleur) qui
permettent de reproduire en relief les
contours du foetus. Béatrice leur fait
également sentir leur ventre. Elle
précise: « Beaucoup n'aiment pas
toucher leur ventre ou ont peur de le
faire. Cela est vrai pour les nonvoyantes, mais également pour les
femmes atteintes de certains troubles
neurologiques qui ne sentent pas leur
ventre ou les contractions. » Béatrice
se réjouit qu'une élève sage-femme
d'Amiens décide de faire son mémoire
sur le thème « Haptonomie, grossesse
et handicap ». Elle souhaite se former
en
haptosynésie,
application
spécifique de l'haptonomie à l'aide
aux
personnes
malades
ou
handicapées: « A condition que je sois
acceptée! » Béatrice accompagne
également des futures mamans
sourdes. Pour cela, elle a appris la
langue des signes. Elle leur propose
des cours de préparation à
l'accouchement en langue des signes.
Elle ne fait pas les accouchements
mais peut y assister. Le plus souvent,
elle leur explique le déroulement de
l'accouchement en langue des signes,
puis demande aux sages-femmes qui
vont s'occuper d'elle de ne pas mettre
de masques pour faciliter la lecture
labiale. Béatrice est facilement
joignable sur son téléphone par
l'ensemble de ses patientes, qui
peuvent l'appeler quand elles le
souhaitent. Ainsi, elles ne vont pas
plus aux urgences que les patientes
valides.
Une sage-femme aux casquettes
multiples
« Je fais aussi fonction d'assistante
sociale», nous confie Béatrice. Elle
s'est rapidement aperçue que ses
patientes ignorent leurs droits ou bien
se voient refuser des aides, par
exemple à cause de certificats
médicaux incomplets: « Les médecins
se contentent de. ce qu'ils voient en
consultation, mais n'arrivent pas à
carreler avec les difficultés de la vie.
Les certificats sont souvent remplis en
l'absence de la personne concernée en
plus! Alors, je rattrape beaucoup de
choses. J'obtiens ainsi des aides
humaines, des cartes invalidité
supérieures au pourcentage. J'en suis
à plus de 200 dossiers depuis 2006. »
Béatrice a des notions d'ergothérapie
pour les femmes enceintes et aussi
après la naissance du bébé. Elle prend
d'ailleurs
des
étudiantes
en
ergothérapie
en
stage.
Elle
accompagne ses patients pour les
aides techniques. Elle sait si un
fauteuil convient ou pas. Elle
s'offusque du nombre d'adultes
handicapés marginalisés qu'elle voit
arriver dans des fauteuils dont l'état
fait pâlir. Elle évoque le rapport Jacob
(1) qui indique que la mortalité chez
les personnes en situation de handicap
est nettement plus élevée que chez les
valides, soit par négligence des soins,
soit par problème de diagnostic - le
médecin pense en premier à un
symptôme du handicap. Elle poursuit:
« C'est étayé par un rapport du
Québec datant de 2010 sur les
cancers (tous types) chez les
personnes tous handicaps confondus
(moteur,
sensoriel,
mental,
psychique); ils se sont aperçus que la
prise en charge des cancers était
beaucoup plus tardive que chez les
personnes valides pensant que c'est
l'expression d'une évolution du
handicap. L'accès aux soins n'est pas
réel! Je suis là pour reconnecter tout
ça. Je ne m'intéresse pas qu'à l'utérus
et au bébé mais à la personne
également qui est en face de. moi! »
Enfin,
Béatrice
accompagne
également des couples pour l'adoption
lorsque certains renoncent à la
parentalité, car il y a trop de risques
pour la femme, notamment dans les
maladies neuromusculaires: les cas de
grossesse sont rares, les études et les
recherches
aussi
et
souvent
discordantes.
Formation et prévention
Le constat de Béatrice est sans appel:
le personnel soignant (sages-femmes,
gynécologues...) n'est pas formé au
handicap sauf dans les centres
spécialisés
qui
reçoivent
des
personnes handicapées. Dans le cas
des infirmières ou des aidessoignants, par exemple, il s'agit de
modules optionnels... Béatrice fait
donc tout pour transmettre son savoir
au plus grand nombre en accueillant
des étudiantes sage-femme, en
formant des sages-femmes diplômées,
en intervenant dans des colloques...
Elle ajoute: « Ces connaissances sont
essentielles dans la mesure où la
prévention joue un rôle primordial
dans la prise en charge de personnes
en situation de handicap. » Elle prend
l'exemple des blessés médullaires
pour lesquels toutes les études anglosaxonnes (pas d'étude française!)
détaillent la longue liste des
complications liées à la grossesse:
escarres,
infections
urinaires,
accouchements prématurés... Béatrice
est fière de constater que dans la
population qu'elle a établie (30
patientes) et pour laquelle elle a rendu
un travail concernant leur prise en
charge avec ses protocoles, elle n'a
plus d'infection urinaire, plus
d'accouchement prématuré et plus
d'escarres. Elle conclut: « S'il y a une
anticipation de toute la pathobgie par
rapport à la grossesse et. ses
modifications, ça ne se passe pas plus
mal que pour n'importe quelle autre
personne. Du coup, mes patientes ne
se contentent pas d'un enfant mais
enfant plutôt deux ou trois! »
La phrase de notre invitée du jour
« Toute personne a sa place sur
terre.» L'accès aux soins et à la santé
des personnes handicapées, juin
2013.
BONS PLANS DE BEATRICE
- Handicap et maternité, coréalisé par
la Mutuelle nationale des hospitaliers
et des professionnels de la santé et du
social et le Groupe Pasteur Mutualité.
Portrait de quelques femmes
handicapées qui ont su trouver les
rares structures capables de les
accompagner dans leur désir d'enfant.
Sites
- www.imn.org: site de l'institut des
maladies neuro-dégénératives.
www.fondationhospitalieresaintemari
e.com pour répondre aux besoins des
personnes dépendantes.
www.handiparentalite.com:
informations, prévention, soutien des
familles en situation de handicap.
- handivol.org: sur le thème de la vie
sexuelle et affective des personnes en
situation de handicap.
Noémie Gendron-Bouillon
(1) Rapport de Pascal Jacob sur l'accès aux soins et à la santé des personnes handicapées, juin 2013.
Jeudi 1er Mai 2014
La copine de Causette
Béatrice Idiard-Chamois
Conjurer le mauvais corps
Cette infatigable sage-femme, elle-même hémiplégique et malvoyante, a ouvert à Paris une
consultation spécialisée dédiée aux patientes atteintes de handicap moteur et sensoriel que les
autres maternités répugnent à prendre en charge. Et elle y met tout son savoir-faire, son
expérience, son temps et son inépuisable énergie.
sa consultation dédiée au handicap
moteur et sensoriel. La seule en
France. « Je ne me considère pas
mieux qu'une autre, j'ai simplement
fait ce que personne ne voulait faire »,
confie-t-elle. Levée à 4 h 30, elle sait
rarement quand sa journée se
terminera. « Ça m'a surprise que les
demandes soient exponentielles. Je
pensais que les femmes en situation
de handicap étaient bien suivies dans
d'autres maternités, sans avoir besoin
de consultation spécialisée. »
Pourtant, parmi ses patientes, la
moitié s'est fait refouler ailleurs. Il y a
les locaux inaccessibles aux fauteuils,
évidemment, mais aussi les médecins
mal à l'aise avec le handicap ou ceux
qui sont bien conscients de leur
méconnaissance
de
certaines
invalidités. Résultat, en plus de la
petite
vingtaine
de
femmes
handicapées d'Île-de-France qui
accouchent chaque année à l'IMM,
Béatrice Idiard-Chamois en reçoit une
cinquantaine d'autres en consultation,
venues de tout le pays.
Débordée, crevée, elle feuillette son
agenda à la recherche d'une possibilité
de rendez-vous. Il s'agit de se trouver
un créneau entre l'équipe de Sept à
huit de TF1, l'enregistrement des
Maternelles, sur France 5, et sa tonne
de boulot. « Je refuse NRJ 12 ou C'est
ma vie», précise Béatrice IdiardChamois.
Le
voyeurisme,
le
spectacle, c'est niet. Pas fan de
médiatisation, assure-t-elle, elle s'y
prête parce qu'elle a « une lourde
responsabilité vis-à-vis de ces
femmes ». Elles, ce sont les patientes
que cette sage-femme de 49 ans suit
depuis 2006 à l'Institut Mutualiste
Montsouris (IMM), à Paris, au sein de
Elle bluffe son monde
Elle-même est en fauteuil roulant et
malvoyante. Mais affirme avoir atterri
professionnellement dans le milieu du
handicap un peu par hasard. « Ce n'est
pas parce qu'on est handicapé qu'on
s'intéresse au handicap », balaie-t-elle
d'une phrase. Non, elle, ce qu'elle
voulait, c'était devenir météorologiste
dans la marine. Reçue au concours,
elle est recalée pour raisons
médicales. « J'y voyais que dalle ! Et
quand on est sur un bateau, il faut voir
loin...
»
Atteinte
d'une
amblyopiesévère, elle passe son
enfance le nez collé sur ses cahiers
pour tenter de voir plus que «
quelques couleurs, quelques formes ».
Alors, forcément, météorologiste...
Mais Béatrice n'est pas du genre à se
laisser impressionner par une quasicécité. En témoignent ses trois années
de tennis - elle n'a perdu l'usage de ses
jambes que bien des années plus tard , à tenter de bluffer son monde en se
fiant à ses oreilles : « Normalement,
quand on voit la balle partir, on
anticipe. Moi, je ne pouvais pas :
quand j'entendais le rebond, c'était
beaucoup trop tard. » Les autres se
moquent d'elle, mais hors de question
de dire qu'elle n'y voit rien ; elle
préfère passer pour la farfelue de
service que pour l'assistée. Même sa
mère ignore ce qui se trame. « Je
voulais faire du tennis, il me fallait
donc me taire », résume-t-elle.
L'assistante sociale de son école
primaire avait cependant déjà soulevé
le problème et conseillé à sa mère de
la placer en institution pour qu'elle
apprenne le braille. Refus catégorique
de la maman. « Je n'ai pas été couvée,
j'ai plutôt reçu des coups de pied aux
fesses. Elle voulait un enfant qui soit
comme tout le monde. Je ne lui ai
jamais reproché de ne pas m'avoir
mise en institution : est-ce que j'aurais
eu ce parcours si elle l'avait fait ? »
Pourtant, Béatrice en bave à l'école.
L'Éducation nationale, les profs, les
élèves « n'étaient pas tendres »,
euphémise-t-elle.
1. Émission de témoignages sur M6.
2. Défaut de développement visuel
qui touche 2 % des enfants.
L'amblyopie se traduit par une baisse
de l'acuité visuelle de l'un des yeux et
par une mauvaise vision des reliefs.
À 15 ans, elle apprend qu'elle est
atteinte du syndrome de Marfan, une
maladie génétique rare qui atteint
donc les yeux, mais aussi le cœur, les
artères, la colonne vertébrale, le
thorax. « Avec ma mère, on est sorties
de la consultation en rigolant. Je me
disais que ce n'était pas grave. C'est
plus tard, dans les bouquins, que j'ai
appris ce que c'était. J'en ai voulu au
corps médical, reconnaît celle qui,
depuis, s'est fait opérer deux fois à
cœur ouvert et dont la sœur est, selon
toute vraisemblance, décédée de cette
maladie. J'ai une épée de Damoclès
au-dessus de la tête, ça fait vingt-cinq
ans que j'ai du sursis. » Opérée des
yeux, elle voit un peu mieux, mais ne
parvient ni à détecter la couleur des
nôtres ni à voir les touches de son
téléphone,
dont
elle
connaît
l'emplacement par cœur.
Blacklistée à l'Assistance publique
Après son échec pour intégrer la
marine, Béatrice Idiard-Chamois
tâtonne. Rate le concours d'instit «
haut la main ». Elle est finalement
admise dans une école de sages-
femmes. C'est alors qu'elle découvre à
quel point son syndrome de Marfan
n'a rien d'un bon compagnon de route.
« En première année, une médecin du
travail a découvert que je n'y voyais
pas clair et a pris peur quand je lui ai
parlé de ma maladie. Elle m'a envoyée
voir un ophtalmo pour savoir si je
pouvais continuer mes études. » C'est
donc accompagnée de sa mère qu'elle
se rend chez ce « grand mec très long
» dont elle ne distingue pas les traits
et qui ne daigne même pas s'adresser
à elle : « Avec la tare génétique de
votre fille, elle ne travaillera jamais à
l'Assistance publique. » Bam ! Sans
sommation, la voilà blacklistée à vie
des hôpitaux publics parisiens. « Là,
je me suis dit : “Je vais en chier” »,
s'exclame-t-elle dans un rire franc et
sonore. Qu'importe ! elle poursuit son
bonhomme de chemin et trouve un
poste de sage-femme à l'IMM (exHôpital international de l'université de
Paris) après ses études, parce qu'« il
n'y a pas que des cons sur terre ».
Pendant plus de dix ans, elle ne suit
que des femmes valides. Pas
rancunière, en 2003, elle répond
favorablement à l'invitation de
l'Assistance publique, qui organise un
colloque sur la maternité et le
handicap, où elle témoigne à titre
personnel. La salle est pleine, le sujet
intéresse. Elle réitère l'expérience
quelques mois plus tard, cette fois
face à « trois pelés et un tondu ». C'est
le déclic. La voilà partie pour trois ans
de formation sur le handicap moteur
et sensoriel ; elle apprend la langue
des signes et revient à l'IMM avec une
table d'examen adaptée aux femmes
handicapées.
Aujourd'hui, son nom circule sur les
forums, dans les associations, entre
les patientes... « Les femmes qui
arrivent de province viennent
directement ici, elles ne cherchent
même plus ailleurs », constate
Béatrice Idiard-Chamois. Il faut dire
que l'accompagnement est excellent.
Grâce à une étroite collaboration avec
le Service de guidance périnatale et
parentale pour personnes en situation
de handicap (SAPPH) de la Fondation
hospitalière Sainte-Marie, les femmes
peuvent être accompagnées de la
période préconceptionnelle jusqu'aux
7 ans de l'enfant.
En ce lundi pluvieux, Béatrice IdiardChamois quitte justement les locaux
de l'IMM pour rejoindre Édith
Thoueille, puéricultrice et directrice
du SAPPH, afin de voir un couple
ayant un projet d'enfant. Béatrice
arrive avec un grand sourire, prend le
temps de claquer la bise à tout le
monde. Le couple est venu exprès
d'Orléans, tous deux sont en fauteuil,
lui est en plus aveugle. Lorsqu'ils ont
expliqué à leurs auxiliaires de vie
qu'ils souhaitaient avoir un enfant, la
réponse a été cinglante : « Vous n'en
serez pas capables, nous serons
obligés de faire un signalement. » «
J'étais au plus mal, je n'arrêtais pas de
pleurer, je faisais des crises d'angoisse
»,
explique
Aurélie
Gautier,
journaliste de 33 ans, infirme moteur
cérébral (IMC). Malgré son « désir
profond » d'être mère, une question la
hante : « Nos handicaps ne sont-ils pas
trop lourds pour assumer un enfant
jusqu'à la fin de notre vie ? » Édith
Thoueille tient avant tout à rassurer
tout le monde : « Je ne dirai jamais à
quelqu'un qu'il ne peut pas s'occuper
d'un bébé. » Sans angélisme pour
autant, elle veut connaître les limites
du couple. « C'est plutôt la nuit : moi,
je ne peux pas me lever seule,
explique Aurélie. David peut, ça
prend un certain temps, mais il y
arrive. » Édith et Béatrice leur
conseillent de trouver un logement
plus grand avant d'arrêter la
contraception,
leur
suggèrent
d'héberger une étudiante infirmière
pour leur apporter le bébé la nuit, si
besoin, leur font découvrir les lits et
les tables à langer sur élevés, sous
lesquels peuvent se glisser leurs
fauteuils.
Elle se retrouve face à des femmes
que l'on a stérilisées de force ou
obligées à avorter
Béatrice, elle, s'attaque à l'aspect
médical de la grossesse : « Il faut être
attentif au sevrage de Liorésal. »
Traduction : les neurologues ont
tendance à interdire ce médicament
myorelaxant pendant la grossesse,
afin d'éviter que l'enfant ne naisse en
manque, comme cela se produit avec
les femmes toxicomanes. Or, « si ces
femmes arrêtent le Liorésal, elles vont
souffrir le martyre ». La loi handicap
du 11 février 2005- que Béatrice
abhorre, notamment car elle néglige la
sexualité et la parentalité - stipule
bien que les professionnels de santé
doivent être formés au handicap, or
c'est peu dire qu'il y a des manques.
Comme pour cette femme enceinte,
hospitalisée dans un établissement
non spécialisé et qui hurlait de
douleur. « Le professionnel lui a
touché le ventre pour trouver d'où
venait le problème. Il n'avait rien
compris, elle avait une escarre
fessière », s'étrangle Béatrice,
parfaitement rompue à ce type de
situations. Ou pour cette femme
tétraplégique qui « a failli mourir. Les
médecins étaient passés à côté d'une
HRA
[hyperréflexie
autonome,
entraînant une forte hypertension
artérielle, ndlr], qui peut provoquer un
arrêt respiratoire ».
“Un enfant n'est pas une
béquille...”
Elle se retrouve aussi face à des
femmes que l'on a stérilisées de force
ou obligées à avorter - « un enfant
n'est pas une béquille, c'est mieux
pour vous », leur a-t-on assuré. «
Savoir que Béatrice est là me
réconforte parce qu'elle connaît le
handicap, je sais qu'elle ne va pas faire
n'importe quoi », se rassure Aurélie
Gautier. Et puis, ajoute Édith
Thoueille, « elle apporte le regard de
la banalité ». Cette « banalité », elle la
tient évidemment de son tempérament
aussi brut de décoffrage que
protecteur, mais également de son
propre handicap, de son propre vécu.
Son premier CDI en poche, en 1991,
Béatrice décide de faire un enfant.
Problème : avec son syndrome de
Marfan, la grossesse est contreindiquée. Elle risque de mourir. Pas
très emballée par l'adoption. Elle
décide, en dépit du danger, de tomber
enceinte et se voit rétorquer par une
médecin : « Si vous avez un enfant
atteint de la maladie de Marfan, il
coûtera cher à la Sécu. » Re-bam ! «
Mon mari et moi étions syncopés,
sidérés. » Certes, il y avait 50 % de
risque
qu'elle
transmette
son
syndrome à son enfant, mais, comme
le dit aujourd'hui Alain, son mari : «
On ne pouvait pas avoir que des
emmerdements ! » Le couple se lance
donc malgré tout et trouve « un autre
zozo qui n'y connaissait rien » et qui
lui a dit : « Allez-y, vous ne risquez
pas de mourir ! » « J'avais envie
d'entendre ça », reconnaît Béatrice,
parfaitement consciente de son
inconscience.
Elsa Maudet - Photos
: Marion Gambin pour Causette
Quand la fierté coûte cher
Arrêtée à un mois de grossesse à cause
de la fatigue, elle voit sa situation se
compliquer à six mois. Les médecins
prennent peur, et s'engage alors une
guéguerre entre professionnels, les
uns soutenant mordicus qu'elle doit
accoucher sous péridurale par voie
basse, les autres, par césarienne, le
risque de mourir en couches planant
plus que jamais. « Mes deux derniers
mois de grossesse ont été un enfer, j'ai
été détruite psychologiquement »,
lâche-t-elle. Elle accouchera sous
anesthésie générale, d'une petite
Mathilde en parfaite santé, épargnée
par ce maudit Marfan. « Je ne voulais
surtout pas d'aide pour m'occuper de
ma fille, je voulais prouver aux autres
que j'y arriverais », affirme-t-elle.
Mais la fierté de Béatrice lui coûtera
cher : à trop en faire, elle se retrouve
hémiplégique en 1994, suite à un
infarctus cérébral, puis elle perd
l'usage de ses jambes cinq ans plus
tard, à cause d'un infarctus médullaire.
« À ce moment-là, on pleure
beaucoup, mais on se fait une raison.
» Son « obsession première » devient
alors de savoir comment elle re
tournera travailler en fauteuil. « Le
problème, c'est qu'elle ne sait pas se
reposer, elle ne sait pas dire non. Ça
l'énerve quand je lui dis de lever le
Tous droits réservés : Causette
pied, donc je n'insiste pas », explique,
résigné, son mari. Opérée à cœur
ouvert le 7 novembre 2013, elle
intervenait dans un colloque depuis
son lit d'hôpital via Skype le 16 et
reprenait le travail le 29. Quelques
semaines plus tard, elle le regrette,
elle est sur les rotules, mais c'est
comme ça, Béatrice la sage-femme
passe avant Béatrice la femme.
Une France qui crée le handicap
Chevalier de l'ordre national du
Mérite, décorée de la Légion
d'honneur, connue et reconnue par ses
pairs et par les femmes handicapées,
Béatrice Idiard-Chamois a la preuve,
s'il en était besoin, que son
hyperactivité et sa passion ne sont pas
vaines. Elle cherche désormais à
essaimer, en formant sages-femmes,
gynécologues,
éducateurs
spécialisés... Elle s'est même rendue
au Togo avec Handicap international.
« Là-bas, ils ont que dalle, et ils ont
pensé
à
la
formation
des
professionnels de santé ! » ironise-telle.
Ce qui l'amuse beaucoup moins, c'est
cette France qui crée le handicap. Elle
qualifie de « foutage de gueule » le
report du délai de mise en
accessibilité des bâtiments recevant
du public, revendique le droit d'être à
la fois handicapé et un sale con, et s'en
prend même à Joséphine ange
gardien. Notre regard interrogateur
l'amuse, ce n'est pas la première fois
qu'elle fait le coup. « Cette femme
handicapée est asexuée, elle n'a pas de
vie affective, elle est incapable d'être
méchante et pense au bienêtre des
autres avant le sien. » Ah bah, oui, vu
comme ça... En attendant que l'ange
cathodique évolue, Béatrice a d'autres
chats à fouetter, d'autant qu'elle vient
de
lancer
une
consultation
gynécologique pour les femmes
handicapées. Elle assure qu'elle
s'arrêtera le jour où elle ne sera plus
motivée, mais son mari n'y croit pas
trop : « Elle ne prendra jamais sa
retraite, elle trouvera toujours une
excuse. » À part se retrouver les deux
pieds dans la tombe, on ne voit
effectivement pas bien ce qui
l'arrêterait.
pour Aller plus loin
Handicap et maternité, DVD
coproduit par le Groupe Pasteur
mutualité et la Mutuelle de la santé et
du social. Avec les témoignages de
Béatrice Idiard-Chamois, d'Édith
Thoueille, du SAPPH et de Sophie
Serreau, sage-femme à la PitiéSalpêtrière.
Pour se procurer un exemplaire du
DVD,
écrire
à
[email protected]
4. Les délais prévus par la loi
handicap du 11 février 2005, qui
programmait de rendre accessibles
aux personnes handicapées d'ici au
1 janvier 2015 les transports et tous
les bâtiments recevant du public, ont
été repoussés à 2018 pour les
commerces de proximité, 2021 pour
les écoles, les mairies, les chaînes
d'hôtellerie et les commerces, et 2024
pour les grandes entreprises de
transport.
Mercredi 30 Avril 2014
À LA UNE
Julie GAYET Pourquoi elle a quitté le Président
Une fois le secret levé, leur amour n'y a pas résisté. Pour vivre heureuse, l'actrice aura préféré
vivre loin de lui. Une décision réfléchie.
mis fin à la vie commune que je
partageais
avec
Valérie
Trierweiler ». Pour autant, depuis,
Julie Gayet n'a pas souhaité jouer
les
remplaçantes.
Le
samedi 25 janvier, la dépêche du
président de la République
tombait : « Je fais savoir que j'ai
De
l'avis de tous, Julie Gayet est une
fille sympathique, nature et
intéressante. S'exprimant bien en
anglais, curieuse, elle ne manque
pas de prétendants. Et a varié les
plaisirs en la matière, des
intellectuels à l'humoriste et acteur
Bruno
Salomone.
TERMINÉ LE ROMANTISME DES
INSTANTS VOLÉS
Julie Gayet respire mieux. Les
caméras l'ont lâchée. Dans son loft du
11arrondissement de Paris, décrit par
ses amis comme « la maison du
bonheur », elle a repris une routine
rassurante aux côtés de ses deux fils.
Tadéo, quinze ans et Ezéchiel, treize
ans. L'actrice l'a décidé, ils n'auront
pas à subir la pression médiatique.
Dans son téléphone, la voix de
François Hollande ne résonne plus.
Elle a brisé le lien. En femme
indépendante, Julie a choisi un trajet
qui ne lui est imposé ni par la raison
d'Etat ni par l'opinion.
Quitte à rayer de la carte deux ans
d'amour, de cache-cache et surtout
d'admiration pour un homme dont
l'intellect l'avait touchée au plus
profond. Elle, la fille d'une figure du
milieu médical, Brice Gayet,
responsable du département médicochirurgical de pathologie digestive à
l'Institut Mutualiste Montsouris, et
d'une antiquaire. Habituée aux débats
d'idées à la maison. Elevée au bon
grain de la réflexion sur le monde. Il
faut dire que dès la fi n 2013,
justement, elle n'était plus sûre de
rien. Certains murmurent que
l'histoire, qui durait depuis deux ans,
s'essoufflait. « Les vacances romaines
» d'un François échappant aux
obligations à scooter avaient laissé
place à une comédie de mœurs
disgracieuse émaillée des humeurs de
la première dame officielle. En mars
2013 déjà, Valérie Trierweiler avait
eu le cran de l'inciter à démentir les
rumeurs en décrochant son téléphone.
Elles s'étaient parlé, jaugées. Julie
avait mesuré ce qui la séparait de cette
femme si déterminée. Et puis elle
avait effectivement porté plainte pour
« atteinte à l'intimité de la vie privée
». En janvier, quand le magazine
Closer se charge de l'outing de sa
relation avec le Président, de l'avis de
ses proches, elle prend donc de plein
fouet la violence de cette intrusion au
cœur de sa vie. De femme libre,
patronne respectée de trois sociétés de
production, elle passe au statut moqué
de Montespan. D'emblée l'heure n'est
plus aux escapades. Le couple prend
de la distance. La relation change de
nature. Se délite aussitôt au contact de
cet appel d'air brutal. Entre François
et elle, les moments délicieux passés
dans les arcanes du pouvoir ont fait
long feu. Il est loin ce 1août 2013, où
il l'avait couvée des yeux sous le
regard étonné de Michel Sapin à
l'Elysée, alors qu'il la recevait
personnellement, ainsi que d'autres
artistes et techniciens du septième art,
pour évoquer les difficultés liées à
l'extension de la convention collective
de la production cinématographique.
Désormais, Julie le sent, même le
cinéma pourrait la bouder, lui faire
payer ses amours. Il y a un précédent
avec les disques de Carla Bruni qui ne
se sont pas vendus aussi bien une fois
qu'elle a été mariée à Nicolas Sarkozy.
Terminé, par ailleurs, le romantisme
inné des instants volés comme à Tulle,
le 19 juillet 2013, où ils assistaient
ensemble à quelques mètres de
distance au concert d'Olivia Ruiz. Et
le moment où, quelques semaines plus
tard, François Hollande échappait à
son entourage pour aller déjeuner
chez les parents de l'atrice dans leur
château de Cadreils à Berrac. Oui, le
temps du bonheur privé s'est estompé
et Julie est passée du cinéma d'auteur
qu'elle affectionne à la grossièreté
d'un vaudeville assourdissant au
retentissement mondial. Elle qui n'a «
jamais rêvé d'être première dame »,
selon son proche, le metteur en scène
Bernard
Murat,
encaisse
le
traumatisme. L'actrice a un avantgoût de ce qu'on pense d'elle quand on
la soupçonne immédiatement d'être
favorisée avec sa nomination pour le
César du meilleur second rôle
féminin. En outre, François a décidé
qu'ils ne se verraient plus dans
l'immédiat. Trop de remous.
Pour
se ressourcer, l'actrice aime à se
retirer dans le magnifique château
gersois du XVIIe siècle de ses
parents, dont la façade et la toiture
sont inscrits au registre des
monuments
historiques.
Depuis l'hospitalisation de Valérie à la
Pitié-Salpêtrière, il a pris conscience
de ce qu'il a fait. Assommée par les
médicaments, cette dernière incarne
une forme de passion qui flatte le
Président et que Julie la douce lui
refuse. Elle qui a rompu dans le calme
avec le père de ses enfants, le
réalisateur et scénariste Santiago
Amigorena, ne rentrera pas dans la
même compétition qui avait opposé
Valérie et Ségolène. En outre, les
Français ne comprennent pas. Que
Julie peut-elle bien trouver à un
homme de dix-huit ans son aîné, de la
même taille qu'elle (1,73 mètre) et qui
est au plus bas dans les sondages ? Il
lui suffit de lire les magazines pour
comprendre combien ce dernier est
adepte des répétitions de « scénarios
de vie », lâchant une femme pour
l'autre sans « préavis » comme le
rappelle la première dame délaissée.
Et puis le match qui s'engage lui
répugne par avance.
VALÉRIE
TRIERWEILER :
QUEL AVENIR POUR L'EXPREMIÈRE DAME ?
Actuellement en pourparlers avec des
chaînes de télévision, la journaliste
pourrait à nouveau animer une
émission. Par ailleurs, si elle a
récemment refusé de faire un portrait
d'Anne Gravoin (l'épouse du Premier
ministre, Manuel Valls) pour son
Tous droits réservés : Gala
magazine, Paris Match , elle pourrait
se consacrer à une série de grands
entretiens avec des personnalités, sans
jamais avoir à passer physiquement à
la rédaction.
SON ENTOURAGE LE PLUS
PROCHE ASSURE QU'ELLE N'A
“JAMAIS
RÊVÉ
D'ÊTRE
PREMIÈRE DAME”
Le jour de sa sortie aux César, Valérie
Trierweiler se montre au défilé Dior
pour lui voler la vedette. Aussi
rayonnante que Julie est discrète.
Cette dernière prend alors la mesure
d'une partie dont une des deux sortira
perdante. Valérie ne fera, comme
toujours et selon ses colères, aucun
cadeau à François. Elle n'hésitera pas
à faire planer le spectre d'un livre de
révélations. A cet instant, l'actrice voit
peut-être même chez cette première
dame tout ce qu'elle ne veut pas
devenir. Une femme qui n'a pas su
s'épanouir à l'Elysée. Julie s'éloigne
du Président. Il pourrait lui courir
après, prendre le temps de la
persuader. Au contraire, il n'est pas du
genre à s'obstiner. Comme les
hommes de pouvoir, il aime qu'on
l'aime. Valérie, elle, continue de
nourrir des sentiments pour lui. Alors
il les entretient. Dès son déplacement
aux Etats-Unis, début février, selon
les observateurs, il harcèle de SMS
son ex. Depuis, rien n'a changé. Selon
le chef du service politique du
Parisien , Frédéric Gerschel : «
Valérie Trierweiler et le Président
sont en relations téléphoniques
régulières. » Certains disent qu'au soir
des municipales, il aurait dîné avec
elle. On murmure aussi que les unes
des magazines people consacrées à
ses nouvelles amours avec un homme
d'affaires libanais, Hani Yakan,
l'auraient rendu furieusement jaloux.
Tandis que Valérie se montre en
soirées privées, dont une pour
l'anniversaire de son fils, au Très
honoré , à Paris, en train de danser...
Julie, elle, s'efface. S'apprête juste à
assurer la promotion d'un téléfilm sur
France 2, diffusé le 14 mai, et
consacré à la crise d'adolescence, Ça
va passer, mais quand ? , ou à
remettre à flot ses trois sociétés de
production, Rouge international,
Amarante
international
et
Cinémaphore, qui ont pâti de ces
turbulences. Le barnum peut bien
continuer sans elle. Elle n'ira pas se
battre sur le ring malsain où les
événements pourraient l'entraîner. Le
9 mars dernier, elle prononçait à New
York cette tautologie : « Ma vie privée
est ma vie privée . » Elle s'y est tenue.
A quarante et un ans, Julie Gayet
n'entrera pas sous les feux dangereux
d'une romance publique.
SÉVERINE SERVAT
Un espoir contre le cancer du poumon
Christine Mateus
11 avril 2014
Copyright 2014 Le Parisien.
All Rights Reserved.
Societe
Chirurgie. Une nouvelle technique de chirurgie donne des résultats intéressants pour soigner le cancer du
poumon.
C'EST LE QUATRIÈME CANCER en nombre de cas mais le tout premier en termes de mortalité. Le cancer
du poumon représente en effet 28 000 personnes diagnostiquées chaque année mais aussi 27 000 décès
annuels avec comme principale cause de sa survenue l'usage du tabac. La meilleure chance de
guérison pour les malades reste l'ablation chirurgicale de la tumeur, bien souvent synonyme de chirurgie
lourde, effectuée à thorax ouvert, source de douleurs et de complications postopératoires. Pour 10 % des
cas, elles entraînent même des séquelles. Mais une nouvelle technique s'installe progressivement en France
et fait déjà ses preuves.
C'est le constat réalisé hier par l'Institut Mutualiste Montsouris (IMM) à Paris, à l'issue de la 500 e intervention
pratiquée sans ouverture du thorax, une pratique moins invasive donc moins traumatisante. Concrètement,
trois ou quatre incisions permettent l'introduction d'instruments chirurgicaux et d'un endoscope orientable
relié à une caméra de haute définition dont l'image est projetée sur deux écrans. L'établissement, avec
l'hôpital de Montpellier, avait été pionnier en la matière dès 2007, en France. « La technique existe depuis
vingt ans et vient du Royaume-Uni, mais seuls quelques hurluberlus s'y étaient intéressés. Aujourd'hui
encore, nous faisons face à beaucoup de réticences de la part des chirurgiens », constate le docteur
Dominique Gossot, chirurgien thoracique à l'IMM.
Une hospitalisation réduite
Pour l'instant, seuls 15 à 20 % des patients sont opérés avec cette technique. Pourtant, si le cancer est pris à
un stade précoce, le taux de survie à cinq ans est de 80 % environ, soit quelques points au-dessus de la
chirurgie réalisée à thorax ouvert. Les avantages de cette opération viennent surtout des conséquences
postopératoires : pas de risques de muscles coupés, pas de côtes cassées lié à leur écartement, pas de
traumatisme des nerfs intercostaux donc moins de douleurs, de complications respiratoires et une durée
d'hospitalisation réduite (six jours en moyenne).
Chaim Marminc, 73 ans, s'est fait opérer à deux reprises avec cette technique, en novembre 2011 (tumeur
poumon gauche) et en février 2014 (tumeur poumon droit). « J'avais pourtant arrêté le tabac depuis 1995
mais j'ai été un gros fumeur pendant quarante ans. Les vingt dernières années, j'étais à deux paquets par
jour. Lorsque l'on m'a parlé d'opération, j'ai pensé tout de suite : on va m'ouvrir la cage thoracique. Je n'étais
donc pas très chaud, voire même réticent », reconnaît l'ancien patient du docteur Gossot. Après la première
intervention, l'homme est sorti de l'IMM au bout de six jours, « après six semaines, je faisais mes quatre
tours du lac en marche rapide », témoigne Chaim Marminc. Pour la seconde opération, il rejoignait son
appartement de Saint-Maurice (Val-de-Marne) quatre jours après son passage au bloc. Si aux Etats-Unis les
autorités sanitaires recommandent de « préférer » cette technique chirurgicale à la thoracotomie, en France,
en revanche, ces dernières ne se sont pas encore prononcées.
Moins traumatisante, cette technique d’opération consiste en trois ou quatre incisions qui permettent
l’introduction d’instruments chirurgicaux et d’un endoscope relié à une caméra dont l’image est projetée sur
deux écrans. (comme sur le dessin ci-contre et la photo ci-dessous).
Lundi 7 Avril 2014
actu enquête
« Je prends en charge des femmes handicapées, comme moi »
Béatrice Idiard Chamois,49 ans, responsable de la consultation Parentalité handicap moteur
et sensoriel à l'Institut Mutualiste Montsouris (IMM), Paris.
« Atteinte d'une maladie génétique
rare, le syndrome de Marfan, j'ai été
confrontée à une incompréhension du
monde hospitalier lorsque j'ai décidé
d'avoir un enfant. Il faut dire que
c'était un gros risque étant donné ma
maladie, mais j'ai voulu ma fille coûte
que coûte. Et ce, au péril de ma vie !
Agée aujourd'hui de 21 ans, elle est en
pleine santé. Ce qui m'a choquée à
l'époque, c'est la phrase d'une
cardiologue qui m'a dit : « Si votre
enfant est touché, ça va coûter cher à
Tous droits réservés : Femme Actuelle
la Sécurité sociale. » Sagefemme
depuis 1990, je suis en fauteuil depuis
1999, suite à un infarctus de la moelle
épinière. En 2006, j'ai créé une
consultation spéciale, après trois ans
de formation spécifique (j'ai appris la
langue des signes, par exemple), afin
que des couples puissent concilier leur
désir d'enfant et les contraintes d'un
handicap. Les médecins sont
désemparés face au handicap et aux
complications qu'il peut entraîner
pendant la grossesse. Mon cabinet est
équipé de matériel adapté, ce qui n'est
pas le cas ailleurs. Je fais des
échographies en relief pour les
malvoyants, j'ai également une table
d'examen spéciale pour les examiner.
En fonction des pathologies, je mets
en place un protocole spécifique. Je
fais également office d'assistante
sociale : je les aide dans les démarches
administratives et reste à leur écoute,
sans tabou ni retenue. Je vois une
centaine de femmes par an, venues de
toute la France. Je voudrais que les
médecins prennent conscience que les
personnes handicapées ont une
sexualité et des désirs de grossesse
comme tout le monde. Surtout, on doit
les accompagner dans leur démarche
plutôt que de les dissuader à tout prix
de faire des enfants. »
Mardi 1er Avril 2014
Dossier Du mois
Quand le comportement alimentaire devient une maladie
Malgré les normes sociales et culturelles, Manger trop ou perdre l'appétit révèle des difficultés
émotionnelles plus ou moins sévères.
Manger trop, en plein milieu de la
nuit, grignoter tout au long de la
journée, sauter des repas, compter les
calories... Entre comportements
différents et maladies, où se situe la
limite entre le normal et le
pathologique ? « Cette frontière est
sociale. Elle varie d'une époque à
l'autre et d'une société à l'autre, dit le
sociologue Thibaut de Saint Pol. En
France notamment, l'acte de manger
est très codifé. Il y a beaucoup de
règles, on mange ensemble, assis et à
une heure déterminée. Tout ce qui
dévie de ce modèle peut être
considéré comme un déséquilibre. »
Malgré cette dimension culturelle, les
troubles du comportement alimentaire
sont aussi fréquents en France, au
Royaume-Uni ou aux États-Unis,
pays aux modèles alimentaires
pourtant différents du nôtre. De 20 à
30 % de la population sont concernés
de
façon
transitoire
et
les
manifestations
atténuées
sont
fréquentes à l'adolescence. Selon
l'Institut national de prévention et
d'éducation à la santé (Inpes), les
crises de boulimie peuvent concerner
jusqu'à 28 % d'adolescentes et 20 %
d'adolescents âgés de 10 à 19 ans, les
stratégies de contrôle du poids, 19 %
des flles et 8 % des garçons. La
boulimie comme l'anorexie mentale
touchent essentiellement des jeunes,
et des femmes.
question de l'origine et qui met en
relation avec le monde » , observe
Patrick Denoux, professeur de
psychologie interculturelle.
Les
troubles alimentaires, des maladies de
l'ancrage et de la relation ? « Manger
pour se réconforter est une chose
naturelle et normale, explique le
psychiatre Gérard Apfeldorfer. J'ai un
problème émotionnel, et pour éviter
cette émotion pénible, je mange un
aliment à haute densité calorique qui
a pour effet de calmer les émotions.
Cela devient un trouble quand le
réconfort est gâché par la culpabilité
et le dégoût. »
Les
crises
de
boulimie
peuvent
concerner
jusqu'à 28 % d'adolescentes et
20 % d'adolescents âgés de 10 à
19 ans. L'anorexie comme la
boulimie touchent surtout des
jeunes, et des femmes.
Du MaLaise au MaL-êTre
« Un certain nombre de malaises
psychologiques se déportent sur
l'alimentation, car il s'agit d'une
fonction qui est vitale, qui travaille la
L'orthorexie ou le désir de la
perfection diététique
L'éclairage de Patrick Denoux,
professeur
de
psychologie
interculturelle à l'université de
Toulouse-Le Mirail.
« Le désir de manger sain et de la
perfection
diététique
est
un
comportement qui peut paraître
bizarre. mais je me garderais bien d'en
conclure que l'orthorexie est une
maladie car les recherches ne sont pas
suffisamment
avancées
pour
l'affirmer. il est également possible
qu'à travers ce choix s'expriment une
liberté, une volonté de ne pas se
conformer à la norme justement ou
encore une réponse sociale à l'offre
consumériste. »
« L'intensité d'une crise de boulimie
n'a rien à voir avec le grignotage
d'une plaque de chocolat, ajoute le
Pr Vincent Dodin, psychiatre. Elle
dure peu de temps, à l'abri des
regards, et génère un intense mal-être
physique et psychique. Des douleurs
abdominales, des ballonnements et
des
sensations
nauséeuses,
s'accompagnent d'un sentiment de
dévalorisation très puissant. » Les
spécialistes parlent de boulimie quand
les crises se répètent au moins une fois
par semaine, pendant plusieurs mois.
L'autre trouble essentiel, l'anorexie,
est défni par une restriction
alimentaire et un amaigrissement tel
que l'indice de masse corporelle*
passe en dessous de 18, avec en
général, chez les flles, une absence de
règles.
« S'y
associent
une
hyperactivité
physique,
un
hyperinvestissement scolaire ou
professionnel,
une
obsession
alimentaire avec un besoin permanent
de contrôler les calories, et malgré un
poids qui est bas, la sensation d'être
toujours trop gros » , explique le
Pr Dodin.
On ne chOisit pas d'être malade
Ces troubles alimentaires ont-ils
toujours existé ? « Sûrement, répond
l'historien
Georges
Vigarello,
directeur de recherche à l'École des
hautes études en sciences sociales.
Mais ils sont diffciles à repérer car les
mots d'aujourd'hui ne sont pas ceux
d'hier. Les tactiques de certaines
femmes
pour
maigrir
- elles
consomment de l'acide, de la craie, de
la terre - sont cependant repérées, et
contestées, dès le XVIe siècle. Il n'est
pas dit que ces femmes sont en
situation d'anorexie, mais qu'elles
deviennent des “charpes” c'est-à-dire
des femmes très maigres. »
Tous droits réservés : Santé Magazine
Le nom de “phtisie nerveuse” apparaît
au XVIIsiècle, pour devenir, au XIX,
“anorexie mentale”. « Les troubles du
comportement alimentaire, ce n'est
pas un choix, c'est une réponse
automatique à un débordement
émotionnel » , aime à répéter le
psychiatre Philippe Jeammet.
* IMC, calculé en divisant le poids en
kg par la taille au carré, en mètre.
Ados : les signes d'alerte
les comportements sont souvent
cachés et ce sont des indices indirects
qui soulèvent l'inquiétude. « Un ado
qui a un poids normal mais s'inquiète
de sa silhouette et de son poids doit
déjà attirer l'attention », souligne le
dr nathalie Godart, psychiatre à
l'Institut Mutualiste Montsouris, à
paris.
En cas d'anorexie
Il ou elle réduit les quantités,
sélectionne les aliments dans son
assiette : il ou elle met en place une
restriction alimentaire.
Il ou elle maigrit et cette perte de
poids se maintient. L'arrêt du
processus de croissance staturale et
pondérale est repérable sur les
courbes de croissance.
Elle n'a plus ses règles.
En cas de boulimie
Les placards se vident, on y retrouve
des emballages vides.
Il ou elle va souvent aux toilettes, y
reste longtemps. Une odeur de vomi
est perceptible après son passage.
Les autres indices
Un enfant plus triste que d'habitude,
qui surinvestit l'école, qui se coupe
des autres, qui fait beaucoup de sport
alors que cela ne l'intéressait pas
avant.
Comment réagir ?
En parler à son enfant, lui demander
s'il a des soucis, en choisissant un
moment détendu, surtout pas pendant
les repas.
S'en ouvrir à un tiers (médecin,
pédiatre) permet de ne pas se focaliser
sur ce trouble alimentaire et de
maintenir une relation. Pour ne pas
transformer le quotidien en un combat
permanent.
Où s'adresser ?
• Afdas-TCA, l'association française
pour le développement des approches
spécialisées
des
troubles
du
comportement
alimentaire,
anorexieboulimie-afdas.fr
• Anorexie boulimie Info Écoute, sa
performance téléphonique : 0 810 037
037 (Numéro Azur : prix d'un appel
local). De 16 h à 18 h.
• Association Autrement, sur
anorexie-et-boulimie.fr
Lundi 24 Mars 2014
Saint-Dizier
Conférence
Les pathologies de l'émotion
Dans le cadre de la semaine d'information sur la santé mentale,
le Rotary avait invité mardi soir le docteur Philippe Jeammet, Professeur émérite de psychiatrie
de l'enfant et de l'adolescent
et chef de service à l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris, à l'hôtel Ibis Style pour une
conférence publique consacrée à la santé mentale.
Les Semaines d'information sur la
santé mentale (SISM) ont lieu du 10
au 23 mars et s'adressent au grand
public. C'est dans ce cadre que le
Président du Rotary, Bernard Leclere,
avait invité le professeur émérite en
psychiatrie Philippe Jeammet à
évoquer, devant ses confrères et un
public très nombreux, les troubles
mentaux et psychiques en les mettant
en corrélation avec la pathologie des
émotions. Le sujet a visiblement
intéressé les Bragards, venus en très
grand nombre.
Auteur de nombreux ouvrages,
Philippe
Jeammet
a
récemment préfacé le livre «Dialogue
avec moi-même» de Polo Tonka. La
librairie
l'Attente-l'Oubli
était
également présente pour présenter les
livres du professeur.
Si certaines pathologies font l'objet de
campagnes
de
sensibilisation
régulières, il n'en est pas de même
pour les troubles psychiques. Pourtant
ils touchent près d'un quart des
français. Et la santé mentale fait partie
des cinq priorités de santé publique
Tous droits réservés : Le Journal de la Haute-Marne
annoncées dans la récente stratégie
nationale de santé.
Pour le Rotary, c'était un record :
environ 250 personnes étaient
présentes dans la salle de conférence.
Le Président du Rotary, Bernard
Leclere, avait invité le professeur
émérite en psychiatrie Philippe
Jeammet.
De notre correspondant Lionel
Lebrun
L'actualité
Sage-femme et bonne fée
12 mars 2014
Copyright 2014 Le Parisien.
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Société
« Sans elle, rien n'aurait été possible. C'est mon ange gardien, ma deuxième maman. » Elle, dont Fatima -comme d'autres mamans handicapées -- parle avec un amour sans borne, c'est Béatrice Idiard-Chamois.
Elle va être d'ailleurs, à 49 ans, la première sage-femme à se voir décorer de la Légion d'honneur, le 25 mars.
Elle-même handicapée par une maladie orpheline, et mère, elle n'a eu de cesse, depuis 2006, à l'Institut
Mutualiste Montsouris -- maternité pionnière -- où elle exerce, d'aider les femmes souffrant de handicap
moteur, visuel ou même invisible à accéder à la maternité. En les accompagnant en consultation, jusqu'à
l'accouchement, sans compter les heures passées au téléphone.
Savoir et voir en 2014 encore qu'une « personne handicapée est systématiquement suspectée sur sa
capacité » à être parent l'insupporte. Des femmes, venues la consulter de partout, lui confient leur parcours,
les conseils trop fréquent d'avortement ou de stérilité aussi.
« Leur handicap, elles s'en passeraient, mais il fait partie de leur personnalité. Une personne infirme moteur
cérébral n'est pas débile. Moi, je ne leur dis jamais qu'une grossesse sera facile, car elles risquent des
nausées fortes et continues, mais médicalement rien ne s'y oppose. »
Bras de fer pour; SANTÉ. L'hospitalisation privée et les médecins libéraux s'en prennent à des
10 mars 2014
© Copyright 2014 Ouest France.
Les cliniques privées s'insurgent contre un monopole de la chirurgie cardiaque accordé au CHU de Nantes.
Retards dans les délais de prise en charge, risques d'aggravation de l'état des patients, transports
supplémentaires coûteux...
C'est une vraie litanie que récitent la Fédération de l'Hospitalisation privée, l'Union des médecins libéraux et le
syndicat national des spécialités des maladies du coeur quand ils évoquent l'accès à la chirurgie cardiaque
dans les Pays de la Loire. Leurs inquiétudes, et revendications, s'expriment en quatre points.
1 Sous-dotation
Avec sept autorisations de chirurgie cardiaque adulte, dont une seule pour un établissement privé à Tours,
l'ensemble régional Pays de la Loire, Bretagne et Poitou-Charentes, est sous-doté en capacités de chirurgie
cardiaque. « La moyenne nationale, explique ainsi Yves Banus, président du directoire des Nouvelles
Cliniques Nantaises, est d'une autorisation pour 860 000 habitants alors que l'inter-région ne dispose que
d'une autorisation pour plus d'un million d'habitants. »
2 Délais dégradés
Aujourd'hui, ajoutent les libéraux, « il apparaît que le CHU de Nantes, seul habilité en Loire-Atlantique à faire
de la chirurgie cardiaque, ne peut répondre à l'exigence de prise en charge. En 2006, le délai entre la
consultation et l'intervention au CHU était de 37 jours. En 2012, ce délai a encore augmenté pour atteindre
82 jours alors que le Schéma Inter-régional d'organisation des Soins recommande un délai de trois semaines
en moyenne entre le diagnostic et la réalisation de l'acte chirurgical ».
3 Fuite des patients
Pour cette raison, « le « taux de fuite » des patients contraints d'aller se faire soigner dans d'autres régions
s'est aggravé, notent encore les praticiens libéraux. En 2011, il était de 26 % et a même atteint 56 % en
Poitou-Charentes. »
C'est pour cette raison que les équipes médicales spécialisées des nouvelles Cliniques Nantaises vont opérer
à ...l'Institut Mutualiste Montsouris de Paris.
4 Partage nécessaire
Pour l'hospitalisation privée, il est donc urgent d'accéder à un partage des tâches entre public et privé : « Ce
partage répond au Plan régional de santé qui met le malade au coeur du dispositif médical, poursuit Yves
Banus. Il entraînera une réduction indéniable des coûts d'hospitalisation et de transport des patients. Et des
équipes médicales compétentes existent dans le privé notamment aux Nouvelles Cliniques nantaises de Rezé
où l'on sait pratiquer les techniques de cardiologie interventionnelle mini-invasives. »
J.-D. Fresneau
Chirurgie cardiaque : le privé veut manier le bistouri
Jocelyne RAT.
8 mars 2014
Pays de Loire
Français
© Ouest France 2014.
L'hospitalisation privée réclame une égalité de traitement avec le public. Un moyen de réduire des délais
d'intervention qu'elle juge élevés dans la région. Ce n'est pas l'avis de l'Agence de santé.
Ils se regroupent pour interpeller les pouvoirs publics et réclamer « un accès à la chirurgie cardiaque et aux
techniques innovantes de cardiologie » : les représentants régionaux et nationaux de l'hospitalisation privée ;
la médecine chirurgie obstétrique ; les spécialités des maladies du coeur ; les médecins libéraux. Le message
est réitéré dans une lettre ouverte à la direction de l'Agence régionale de santé. Aujourd'hui, le CHU de
Nantes est seul habilité et détenteur de deux autorisations de chirurgie cardiaque (dont l'une en pédiatrie).
Au coeur du propos : le projet de schéma interrégional d'organisation des soins (SIOS), préparé avec les
agences de santé de Bretagne, du Centre et du Poitou-Charentes. Il cadre les opérations lourdes en
neurochirurgie, neuroradiologie, greffes, grands brûlés et chirurgie cardiaque.
Onze semaines d'attente
Selon Eric Perchicot, président du syndicat des spécialités maladies du coeur et des vaisseaux, « en Pays de
la Loire, les patients nécessitant une chirurgie cardiaque attendent en moyenne onze semaines, alors que le
délai raisonnable est de trois semaines (1) ».
Un cardiologue nantais abonde dans son sens : « Certains de mes patients ont dû attendre jusqu'à 6 mois
avant de se faire opérer. » D'autres malades n'ont pas d'autre choix que de finir aux urgences. Le docteur
Patrick Gasser, président de l'Union régionale des médecins libéraux, estime à « un quart » la part des
patients de la région qui vont se faire opérer ailleurs, le plus souvent à Paris.
Explications de Ronan Dubois, directeur général du pôle de santé privé Confluent-Nouvelles Cliniques
nantaises : « Ne disposant pas d'une autorisation, nos équipes spécialisées dans les interventions en
cardiologie doivent se déplacer, avec les patients à opérer, à l'Institut Mutualiste Montsouris avec lequel nous
sommes liés par une convention... » L'hospitalisation privée brandit l'argument des économies à réaliser si «
des collaborations privé-public » sont favorisées.
L'Agence régionale de santé reste de marbre et considère que « l'offre de soins en chirurgie cardiaque
permet de répondre aux besoins des habitants ». La région compte « 66 interventions de chirurgie cardiaque
pour 100 000 habitants, il n'y a pas de « sous-consommation ». »
Sur les 2 168 séjours de chirurgie cardiaque enregistrés dans les CHU de Nantes et Angers, 234 sont des
patients domiciliés hors région. L'activité est par ailleurs « en progression de 5 % en deux ans, soit le double
de la croissance démographique », relève l'Agence de santé. Quant au taux de « fuite » des patients, il est de
19,7 % et concerne surtout des habitants de la Sarthe et de la Mayenne.
(1) Seul le CHU de Rennes tient actuellement ces délais.
LE FIGARO ET VOUS der
Béatrice Idiard-Chamois, pas si sage que ça
Gaëlle Rolin [email protected]
4 mars 2014
Le Figaro
(c) Copyright 2014 Le Figaro.
SUCCÈS Cette sage-femme a accompagné des centaines de patientes en situation de handicap sur le
chemin de la maternité. Et recevra à la fin du mois la Légion d'honneur, une première pour une sage-femme
en France.
La porte de son bureau est rayée de toutes parts. La mousse des accoudoirs de son fauteuil électrique a
souffert. Béatrice Idiard-Chamois n'est pas de celles qui font dans la dentelle, elle fonce. À 49 ans, cette
battante s'est construite au fil des épreuves. « Si j'avais écouté les médecins, je serais déjà morte dix fois »,
confie-t-elle. Alors, aujourd'hui, ses armes les plus affûtées, ce sont ses éclats de rire, francs, massifs, son
empathie et son franc-parler. Atteinte d'une maladie orpheline, le syndrome de Marfan, cette sage-femme
est à la tête de la seule consultation « handicap et parentalité » en France. « Si j'ai cette maladie, c'est peutêtre pour être utile à d'autres », lâche-t-elle simplement. Depuis 2006, elle reçoit à l'Institut Mutualiste
Montsouris (IMM), dans le XIV e arrondissement de Paris, des femmes atteintes d'infirmités motrices
cérébrales - malvoyantes ou souffrant de handicaps invisibles - qui souhaitent devenir mères et les
accompagne. Avant, pendant et après la grossesse.
« J'ai sûrement deux métros d'avance, parce je n'ai aucun a priori. » À 1 an, on diagnostique à Béatrice un
grave problème de vision. Mais sa mère, institutrice, refuse de la placer en institution spécialisée. « Elle
voulait que je suive un cursus normal. » Une décision qui forge son tempérament. Sa scolarité est marquée
par les quolibets des autres enfants, cruels quand ils méconnaissent, mais aussi par l'incompréhension des
enseignants. « Le collège a été une période infernale, cela relevait presque de la maltraitance. » Alors, elle se
réfugie dans sa bulle : elle apprend à lire, sans même passer par le braille, sa grand-mère lui enseigne
comment, malgré le handicap, tricoter des habits pour ses poupées, elle skie en mémorisant les tracés.
Opérée une première fois à 15 ans, elle dévore Les Misérables à la loupe, pendant sa convalescence. Et
lorsqu'à 17 ans elle recouvre presque totalement la vue, le monde s'ouvre à elle. « J'ai rattrapé le temps
perdu. » Dans le même temps, les médecins mettent un nom sur sa maladie. « Je voulais tout abandonner, je
ne voyais même plus l'intérêt de passer mon baccalauréat. » Elle le rate d'ailleurs une fois, elle, l'élève aux
deux ans d'avance. Intéressée par la médecine, mais rebutée par la longueur des études, c'est finalement
presque par hasard qu'elle s'oriente vers le métier de sage-femme. « J'aurais tant aimé être météorologiste
dans la marine, pour le prestige du costume ! » lâche-t-elle en éclatant de rire.
Au cours de sa première année d'école, l'avis d'un professeur ophtalmologiste lui fait l'effet d'une gifle en
plein visage : « Il m'a dit qu'avec une tare génétique comme la mienne je ne travaillerais jamais à l'APHP ! »
La jeune Béatrice serre les dents mais continue ses études, malgré une première opération à coeur ouvert en
1988. Mariée à l'âge de 22 ans - « nous sommes toujours ensemble aujourd'hui ! » précise-t-elle -, l'idée d'un
bébé fait rapidement son chemin. « Puisque la grossesse m'était contre-indiquée, nous nous sommes tournés
vers l'adoption. » Mais la lourdeur de la procédure la décourage. « J'ai alors rassuré mon époux et je lui ai dit
que nous allions faire un enfant naturellement. » Six mois plus tard, Béatrice tombe enceinte. Une grossesse
compliquée, épuisante, qui se termine par deux mois d'hospitalisation. Mais, encore une fois, la jeune femme
réchappe au pire. Mathilde, sa fille, grandit normalement, sans syndrome de Marfan. Entre-temps, Béatrice
est devenue sage-femme à l'institut Montsouris. C'est là qu'en 1999 elle fait un infarctus médullaire et perd
l'usage de ses jambes. « J'étais aux toilettes, je n'ai pas pu me relever. J'avais le sentiment d'être absorbée
par le sol. » Un souvenir terrible et une nouvelle difficile à accepter. « J'ai beaucoup pleuré, et puis d'un coup,
je me suis dit : comment je vais faire pour aller au boulot ? » Elle y parvient. Et son métier, qui la passionne,
lui permet de se maintenir la tête hors de l'eau. Contrainte par cette donne, elle fait cependant évoluer sa
pratique. Béatrice commence ainsi à s'intéresser à la parentalité des personnes en situation de handicap et
suit une formation spécifique pendant trois ans, apprenant notamment la langue des signes.
« Une belle revanche »
Aujourd'hui, elle reçoit une centaine de femmes par an, venues des quatre coins de la France. Elle les
informe, les rassure, sans toutefois les bercer d'illusions. « Je leur dis que c'est possible, mais difficile, je leur
parle des risques et de leur fatigue, qui sera grande. » Elle les aide aussi au niveau administratif, car deux
tiers de ces femmes ne connaissent pas leurs droits. « Et seules 10 % d'entre elles sont suivies par un
gynécologue », s'insurge-t-elle. « Beaucoup de médecins n'envisagent pas qu'elles puissent avoir une
sexualité. S'ajoutent à cela les difficultés d'accessibilité », ajoute-t-elle à regret.
Avec la consultation gynécologique spécifique qu'elle s'apprête à ouvrir à l'IMM, Béatrice Idiard-Chamois
espère faire bouger les lignes. Son engagement lui a déjà valu de recevoir l'Ordre national du mérite en 2010
et, le 25 mars prochain, elle sera récompensée de la Légion d'honneur. « Si un politique avait voulu me la
remettre, j'aurais refusé. C'est ma neurologue, Marie-Germaine Bousser, qui me décorera, à l'IMM. C'est une
belle revanche face à tous ceux qui nous ont pris de haut quand on a lancé cette consultation. » Béatrice
Idiard-Chamois est consciente que sa médiatisation suscite des jalousies. « Pourquoi moi, qui ne suis même
pas médecin ? » se dit-on sûrement. Et, alors que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé lundi
que le statut des sages-femmes allait évoluer, elle glisse au passage qu'elle soutient la grève des sagesfemmes et leurs revendications. « Ce n'est pas parce qu'on me décore que je vais me taire. Bien au
contraire ! »
Samedi 1er Mars 2014
POLÉMIQUE
A-t-on besoin de la chirurgie cardiaque pour réaliser des
TAVI par voie fémorale ? Doit-on remettre en question ce
dogme 5 ans après sa rédaction ?
Cette question, politiquement très incorrecte, mérite d'être posée. Depuis la première
implantation en 2002 par Alain Cribier, la magie de cette technique n'a fait que se confirmer.
Les évolutions techniques, en portant notamment sur la réduction de calibre des introducteurs,
ont autorisé de façon raisonnable l'accès percutané réel, c'est-à-dire sans abord chirurgical.
L'acte technique lui-même peut donc théoriquement être réalisé en totalité par un cardiologue
interventionnel.
Le cadre réglementaire actuel définit
les conditions d'autorisation du TAVI
pour les centres désirant pratiquer des
TAVI ( Transcatheter Aortic Valve
Implantation ) :
•
Le
centre
doit
être
médicochirurgical,
les
plateaux
techniques
de
cardiologie
interventionnelle et de chirurgie
cardiaque devant se trouver sur le
même site en cas de conversion en
urgence.
• Une équipe est responsable du centre
et doit être entres autres composée
d'un chirurgien cardiaque ; elle a pour
mission la sélection des patients selon
les critères prédéfinis et le choix de la
technique
d'implantation
(voie
transfémorale ou transa-picale).
Figure. Complication vasculaire
sous forme d'une petite brèche
iliaque externe droite (flèche). Le
traitement
consiste
en
l'implantation d'une endoprothèse,
la difficulté étant de ne pas passer à
côté d'une image très discrète.
• Lors d'une procédure d'implantation
par voie transfémorale, la présence de
deux cardiologues interventionnels,
d'un chirurgien cardiaque et d'un
anesthésiste et la disponibilité d'un
cardiologue
échographiste
sont
requises.
Afin de permettre une diffusion
optimale et sécurisée, les experts ont
défini la
formation préalable
nécessaire : appartenir à un centre
pratiquant plus de 200 remplacements
valvulaires aortiques par an.
La loi, établie en 2008 et revue en
2011, est donc très claire : la
chirurgie cardiaque pour la
réalisation des TAVI par voie
fémorale est indispensable.
La possibilité d'une conversion en
circulation extracorporelle (CEC)
d'une procédure TAVI est la première
justification à la présence de la
chirurgie cardiaque sur site. Cet
argument,
rassurant
pour
les
opérateurs (et les tutelles ?) est
ambivalent. D'un côté, les patients
sélectionnés pour bénéficier du TAVI
doivent présenter un risque important
de mortalité chirurgicale, et de l'autre,
en cas de complication sévère,
souvent avec un état hémodynamique
précaire, on impose un recours à la
chirurgie. Les chances de succès sont
minces : si le patient survit, avait-il été
bien sélectionné ?
Les auteurs du registre allemand se
sont intéressés à cette question. Sur 1
975 patients implantés entre 2009 et
2011, 24 conversions en CEC ont été
réalisées (1,2 %). Les conversions
chirurgicales ont été plus fréquentes
par voie apicale (2,4 %) que par voie
fémorale (1,0 %). Elles sont dues le
plus souvent à des traumatismes
aortoannulaires (30 %), suivis par des
perforations myocardiques du VD ou
du VG, des embolisations de
prothèses, des obstructions coronaires
ou des insuffisances aortiques aiguës.
La mortalité à 30 jours après
conversion en CEC était de 46 % et
plus favorable lorsque la conversion
était effectuée dans une salle hybride.
Les auteurs insistent sur l'importance
de la présence d'une équipe
chirurgicale et sur de meilleures
identification et prévention des
situations à risque de conversion.
La possibilité de mettre en place une
assistance cardiaque de type ECMO
sur une défaillance hémodynamique
doit aussi être discutée. Si en France
cette attitude n'est quasiment pas pratiquée, aux États-Unis, elle est
obligatoire.
L'obstruction d'une artère coronaire
au cours de l'implantation de
l'endoprothèse est une complication
rare (1 %). Le mécanisme le plus
fréquent est la bascule de la valve
native devant l'ostium coronaire.
L'identification des patients à risque,
c'est-à-dire, ayant une implantation
coronaire proche du plan de l'anneau,
avec des sinus de Valsalva étroits et
un épaississement calcaire de la valve
est primordiale. La prévention et le
traitement endocoronaire garantissent
les meilleures chances de succès. Le
recours à la CEC peut néanmoins être
nécessaire.
À côté des complications nécessitant
une CEC et donc une chirurgie
cardiaque
sur
place,
d'autres
complications peuvent être traitées
par la présence d'un chirurgien
vasculaire moins spécialisé sans CEC.
Ces complications sont fréquentes,
estimées selon les séries entre 5 et 25
%. À noter cependant que la très
grande majorité des complications
(dissection ou perforation de l'artère
fémorale, échec de fermeture
percutanée) sont traitées par voie
endovasculaire de façon assez
routinière par l'im-plantation d'un
stent qu'il soit couvert ou non. Ces
gestes d'im-plantations de stents par la
technique du cross-over doivent être
parfaitement maîtrisés par les
cardiologues implanteurs, car ils
doivent être effectués le plus souvent
dans un contexte d'urgence.
Un accident vasculaire cérébral
(AVC) peut survenir au cours d'une
procédure TAVI. La fréquence avec
une expression clinique varie de 2 à 3
%. Le mécanisme est embolique, soit
à partir de débris valvulaires ou
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aortiques, ou thrombotique à partir
des cathéters. Dans ce contexte, la
chirurgie cardiaque n'apporte aucune
aide, en revanche la maîtrise des
techniques neurovasculaires avec la
possibilité d'utiliser une fibrinolyse in
situ
ou
une
thrombecto-mie
mécanique
peut
limiter
les
conséquences cliniques de l'accident
neurologique.
Conclusion
Si l'on doit répondre à la question
provocatrice : « A-t-on besoin de la
chirurgie cardiaque pour la
réalisation des TAVI par voie
fémorale ? », la réponse est :
certainement, pour sauver les
rares patients avec rupture
d'anneau,
mais plus encore, pour maintenir
dans les centres un volume
d'activité proche des volumes
habituels
de
cardiologie
interventionnelle, pour garantir la
technicité des opérateurs et la
qualité des soins.
Le nombre de procédures TAVI
minimal recommandé par la HAS
pour obtenir l'autorisation d'activité
est de 24. En comparaison, il a été
recommandé plus de 350 procédures
coronaires annuelles pour obtenir
l'aval de la HAS pour effectuer cette
activité. L'argument avancé de
l'expérience et de l'entraînement des
équipes, pour garantir la sécurité des
patients n'est plus discuté pour
l'angioplastie coronaire. Le nombre
de procédures TAVI réalisé en 2013
(3 707 sur 47 centres en France)
comparativement à celui des
angioplasties coronaires (autour de
120 000), parle de lui-même. Le
nombre de procédures TAVI par
centre ne sera jamais aussi élévé que
celui des angioplasties coronaires.
Néanmoins, le TAVI est une
procédure à la fois plus complexe,
avec un taux de complications
beaucoup plus élevé que l'angioplastie
coronaire, et l'identification rapide et
la
gestion
des
complications
nécessitent une bonne maîtrise
technique
de
la
cardiologie
interventionnelle,
mais
aussi
vasculaire
périphérique,
voire
neurovasculaire.
Dans ce contexte, le chiffre de 24
procédures par an et par équipe est
probablement trop faible, pour une
bonne maîtrise du geste et une gestion
optimale des complications. Ainsi,
l'ouverture de centres ne disposant pas
de plateau de chirurgie cardiaque
diluerait encore l'activité et réduirait
le nombre de procédures par centre,
mettant en danger la sécurité des
soins. En revanche, il est constaté que
les cas traités dans des centres
débutants avec un proctor ont des
résultats comparables à ceux traités
dans des centres expérimentés. Ainsi,
l'accueil d'opérateurs, dans des
centres de haut volume doit
probablement être encouragé pour
diffuser au mieux la technique, dans
des conditions de sécurité optimale.
C. CAUSSIN, C. CAUSSIN
Institut Mutualiste Montsouris,
Paris
FRA
Reportage
Quand la Matmut soigne les Parisiens
Séverine Charon
1 mars 2014
Copyright 2014 La Tribune de l'Assurance All Rights Reserved
Avec le centre de santé du Square de la Mutualité, l'assureur mutualiste veut montrer qu'il est possible de
proposer une offre de soins de ville sans perdre d'argent. Visite de cet établissement pilote.
Tout contre l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, enchâssée dans le bâtiment du célèbre Palais de la
Mutualité, une entrée discrète mentionne un "centre de santé". Au cœur du Ve arrondissement de Paris, le
centre médical du Square de la Mutualité a été inauguré début octobre 2013. Une fois passée l'entrée, plutôt
modeste, l'espace s'élargit sur un hall d'accueil moderne où flotte encore l'odeur du neuf... Tout comme sur
les six étages et les 1 000 m² du bâtiment. Les patients y viennent consulter à la fois des généralistes et des
spécialistes, mais aussi réaliser des examens médicaux, des soins dentaires voire des prélèvements
biologiques.
Au total, plus de 35 médecins assurent les vacations de médecine générale, cardiologie, pneumologie,
gynécologie... A ces consultations s'ajoute la possibilité de réaliser des scanners, des examens de radiologie
conventionnelle, mais aussi des échographies, des mammographies, des panoramiques dentaires et des
tests d'ostéodensitométrie...
A chacun des six niveaux du bâtiment, une dominante : l'accueil et le scanner au rez-de-chaussée ; un
niveau pour les soins dentaires ; un "étage de la femme" avec la gynécologie, l'endocrinologie, les
mammographies et l'ostéodensitométrie... Le bâtiment entièrement désamianté, rénové, réaménagé, est
desservi par de larges escaliers et des ascenseurs modernes (les travaux ont duré plus de deux ans).
Déjà 150 patients par jour
En ce matin de janvier, les locaux sont très calmes et les professionnels - médecins, techniciens et
personnels d'accueil - plus nombreux que les patients... C'est normal : ouvert cinq jours par semaine de 8 h
30 à 19 h, le centre est encore en phase de rodage. Il accueillait 120 patients chaque jour en fin d'année
2013, et 150 fin janvier. Anne-Lise Montaville, la directrice du centre, table sur une montée en charge
progressive, avec 300 patients par jour fin 2014, avant d'atteindre 500 en rythme de croisière.
En attendant, il faut se faire connaître des habitants du quartier, des généralistes et spécialistes voisins, mais
aussi des services médicaux des écoles et de la fac, toute proche. La Matmut, sponsor du projet, a aussi
informé ses sociétaires de l'ouverture du centre. L'un d'eux, visiblement séduit, est venu de Reims pour
pratiquer un examen ! Mais le centre de santé vise en priorité à accueillir les patients du quartier, et pas
seulement les clients de la Matmut.
« Mon médecin traitant m'a conseillé de venir ici faire une radio. Ce n'est pas loin de chez moi et le centre est
tout neuf », explique Lucinda. Cette jeune retraitée, arrivée du Portugal il y a quarante ans, ajoute : « Si
j'avais pensé à ma carte Axa, je n'aurai pas payé pour mon doppler. »
Investissements lourds
Si le Ve arrondissement fait partie des beaux quartiers de Paris, de nombreux patients sont d'origine
modeste, insiste Anne-Lise Montaville. « Notre vocation est de garantir une offre de proximité en secteur 1
accessible à tous. » Ici, il y avait, jusqu'en 2010, un centre mutualiste que fréquentaient déjà Lucinda et de
nombreux patients qui sont revenus dans le nouveau lieu. Quand l'ancien centre Saint-Victor a disparu dans
le naufrage de la Fédération mutualiste parisienne (FMP), le plan de sauvetage incluait la vente et la
rénovation du Palais de la Mutualité et, avec elles, la fermeture du vétuste centre médical mutualiste, source
de pertes financières récurrentes.
Suite au mouvement de protestation des riverains et aux pressions municipales, la Mutualité française s'était
engagée à rouvrir un centre. C'est finalement la Matmut qui a repris le projet à son compte et réalisé les
investissements nécessaires, finançant la rénovation et la réorganisation des locaux comme l'achat
d'équipements médicaux de dernière génération - soit 1,2 M€ pour les appareils d'imagerie médicale et 420
000 € pour les activités dentaires.
Le projet constitue un défi pour le groupe Matmut, qui veut prouver qu'il est possible de proposer une offre
de médecine de ville de qualité à tarifs conventionnés, sans perdre d'argent. « Le centre doit parvenir à
l'équilibre, et pour cela, nous pratiquons aussi des actes hors nomenclature. Dans ce cas, nous nous
positionnons 20 % en dessous du tarif moyen habituellement appliqué par la concurrence », précise AnneLise Montaville.
Attirer les médecins
Le défi implique de recruter les médecins pour assurer les consultations et les examens. Mais quel intérêt
pour un praticien qui exerce ailleurs, et parfois en secteur 2, de pratiquer en secteur 1 et ne recevoir qu'une
partie de ses honoraires, puisqu'un pourcentage est prélevé pour les frais de fonctionnement du centre ? Les
locaux, bien placés, modernes, dotés d'équipements et de mobiliers flambant neufs, dans un quartier
attrayant, ont déjà de quoi plaire. L'organisation a elle aussi été conçue pour séduire : prise de rendez-vous
externalisée, dossiers médicaux informatisés, décharge de tout ce qui ne relève pas du médical, y compris le
paiement. « Je ne sais pas si le patient que je reçois a une complémentaire santé, généreuse ou pas, ou s'il
bénéficie de la CMU ou de l'aide médicale d'Etat (AME). Cela facilite les relations », se félicite la généraliste
référente du centre. Une jeune dentiste, échaudée par l'exercice en ville en solitaire, est venue pour travailler
auprès d'autres professionnels.
Enfin, un partenariat avec l'Institut Mutualiste Montsouris, réputé pour l'excellence de son équipe médicale,
complète le tableau, puisqu'il facilite l'articulation entre soins de ville et prise en charge à l'hôpital. Pour
compléter son offre, le centre a aussi vocation à relayer les grandes journées de dépistage et de prévention
nationales et mondiales. C'est ainsi que le mois dernier, dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre
le cancer, le centre a consacré une demi-journée à l'évaluation personnalisée des facteurs de risques.
L'établissement a reçu à cette occasion une centaine de visites et réalisé une cinquantaine de bilans de
santé. Fort de cette première expérience, d'autres journées sont d'ores et déjà programmées.
Plus de 35 médecins assurent des vacations au centre de santé du Square de la Mutualité. Où l'on peut aussi
réaliser des scanners, examens dentaires, prélèvements sanguins, mammographies...
Photos © Matmut
Jeudi 27 Février 2014
Parole d'expert
PR Guy Vallancien, Institut Mutualiste Montsouris (Paris) «
Le dépistage individuel dès 50 ans est logique»
« La controverse sur la pertinence du
dépistage précoce est toujours en
cours. Mais c'est un faux débat. Car on
sait qu'en prenant un cancer de la
prostate à temps, la mortalité diminue
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de 33 %. Ce dépistage comprend un
toucher rectal et la mesure du taux
d'antigène prostatique spécifique
(PSA) dans le sang. Certes, un seul
examen n'est pas toujours fable. Mais
en réalisant plusieurs dosages
successifs, on peut détecter un
éventuel accroissement des valeurs du
PSA. Conséquence majeure de ce
diagnostic précoce: l'utilisation de
thérapies focales, qui ne ciblent que la
zone malade. Et représentent donc
une alternative aux traitements plus
agressifs
(prostatectomie,
radiothérapie), avec moins d'effets
indésirables. Le dépistage individuel
dès 50 ans est donc logique. »
H. J.
Edition : Le Quotidien du Médecin
Jeudi 6 Février 2014 - 01:00
Cardiologie - Vasculaire - HTA Chirurgie Spécialités Journal
Une publication annonçant 800 000 décès effacée
Les bêtabloquants en préopératoire font encore polémique
S’il est admis qu’il ne faut pas stopper le traitement par les bêtabloquants des patients
coronariens avérés avant une chirurgie, le débat reste agité autour de la question de l’initiation
d’un traitement chez les patients non cardiaques pour réduire le risque de syndrome coronaire
aigu postopératoire.
Suite à de nombreuses réactions,
l’article a été retiré moins de 48
heures après sa parution. Le rédacteur
en chef de l’EHJ Thomas Lüscher a
expliqué dans un communiqué que
l’article devait être revu par un comité
éditorial. C’est une nouvelle étape
dans la controverse commencée en
2012, lorsque Don Poldermans, qui a
coordonné
la
rédaction
des
recommandations a été convaincu par
l’université Erasmus de Rotterdam de
mauvaises pratiques dans la conduite
de plusieurs études, dont DECREASE
IV qui a largement servi de base aux
recommandations.
Des études qui doivent être refaites
« Nous sommes dans une situation où
les études doivent être refaites, car les
prises en charge ont beaucoup évolué
la mise sur le marché des
bêtabloquants, » estime le Pr Nicolas
Danchin (Paris) qui mène avec la
Cnam une étude sur les bénéfices des
bêtabloquants après un infarctus.
Selon le cardiologue, la perspective
d’une opération « ne justifie pas que
l’on
mette
le
patient
sous
bêtabloquants ». Pour parvenir à un
chiffre
de
800 000
accidents
potentiels, les deux cardiologues
britanniques se sont appuyés sur
l’étude POISE publiée en 2008 dans
le Lancet. Si elle avait bien confirmé
que les patients qui recevaient des
bêtabloquants
avant
l’opération
avaient moins d’attaques cardiaques,
elle montrait aussi un surrisque
d’AVC et de décès.
Le protocole de POISE serait
discutable
La comparaison entre ces différentes
études est toutefois difficile. Selon
François
Philippe,
cardiologue
interventionnel à l’Institut Mutualiste
Montsouris qui a participé à la
rédaction des recommandations de
2009, « l’étude POISE est très
défavorable aux bêtabloquants à
cause de son protocole aberrant.
Donner de fortes doses, de 100 à 200
mg de métoprolol, 2 à 3 heures avant
Tous droits réservés : Quotidien du Médecin
la chirurgie présente un surrisque
évident mais ce n’est pas comme ça
que
les
cliniciens procèdent.
Comment un comité d’éthique a-t-il
pu donner son accord à une stratégie
pareille ? » S’interroge-t-il.
Une titration à pas de loup
En pratique clinique, François
Philippe estime en effet qu’il faut
réserver les bêtabloquants aux
patients coronariens avérés ou
cumulant des facteurs de risque
cardiovasculaires
comme
l’hypertension ou la consommation de
tabac. Pour ces derniers, la titration
doit se faire sur plusieurs semaines en
fonction du pouls. De nouvelles
recommandations sont en cours
d’écriture,
et
préciseront
les
conditions de sélection des patients à
mettre sous bêtabloquants avant un
acte chirurgical.
Damien Coulomb
Lundi 27 Janvier 2014
Julie Gayet
Ce que l’on ne sait pas d’elle
La comédienne, 41 ans, est sous les feux des projecteurs après la révélation de sa supposée
liaison avec François Hollande. Télé Star lève le voile sur ce que vous ignoriez de l’actrice.
Premiers pas dans une sitcom
Elle a fait ses débuts chez AB
Productions. La toute première
apparition à l’écran de Julie Gayet
remonte à 1992, alors qu’elle n’a que
20 ans. C’est dans la série Premiers
baisers qu’elle pointe le bout de son
nez pour une scène de 24 secondes et
deux répliques.
Graine d’actrice
La mère de Julie est antiquaire et son
père, Brice, est professeur de
chirurgie digestive à l’Institut
Mutualiste Montsouris, à Paris.
Enfant, il lui arrivait d’aller faire de
l’animation dans les chambres des
malades pour les aider à oublier leurs
soucis. Déjà la fibre de la comédie.
Productrice active
Si on la connaît comme actrice, son
activité de productrice est plus
confidentielle. Pourtant, Julie gère
trois sociétés de production aux
projets souvent ambitieux. Comme
Fix Me, un documentaire sous forme
de journal intime d’un Palestinien, qui
filme avec humour sa psychothérapie
dans un hôpital de Ramallah. Sa
société la plus récente, Cinémaphore,
créée l’année dernière, et qui compte
le milliardaire François Pinault
comme actionnaire minoritaire, est
aussi active dans le conseil et
l’événementiel.
Une touche-à-tout
Elle a commencé par le chant lyrique,
qu’elle a étudié à partir de 8 ans. Une
formation qu’elle a récemment mise à
profit dans un duo avec Marc
Lavoine, sur le titre Avec toi. Après le
chant, elle a bûché la comédie en
France et à Londres, puis a suivi un
cursus en histoire de l’art et en
psychologie.
Olivier Petit
Tous droits réservés : Télé Star
Jeudi 23 Janvier 2014
JULIE GAYET FRANÇOIS HOLLANDE
SOUS LE CHARME
JULIE AIME LE MÉTRO, «LA VRAIE VIE DES VRAIS GENS», SA LIGNE PRÉFÉRÉE,
C'EST LA 14
Juste avant sa victoire à la primaire socialiste. Au Cinéma des cinéastes, à Paris, le 3
octobre 2011 lors d'un débat sur la loi Hadopi. Sur son tee-shirt, elle affiche son
programme : « Je ne sors qu'avec des super-héros ». Le coeur de Julie a toujours
penché à gauche. En 2007 déjà, l'actrice se tenait au côté de Ségolène Royal. A partir
d'octo bre 2011, elle rejoint François Hollande, en retrait mais assidue et confiante.
Elle est choisie, en avril 2012, pour participer aux spots de sa campagne et décrit alors
le candidat comme un homme « humble », « formidable », « vraiment à l'écoute ».
Elle ne sait peut-être pas que « Baisers volés » de Truffaut est l'un des films préférés
de François Hollande... Après ce débat sur le cinéma et les arts, elle se déclare
impressionnée : « Il est incollable. »
La fille normale. Depuis quinze jours, on ne parle que d'elle. Elle fait la couverture de
tous les magazines internationaux. Il n'est pas jusqu'au coming out socialdémocrate
de François Hollande qui ne lui soit en partie attribué. Mais elle confirme ce qu'elle a
toujours dit : « J'ai beaucoup de mal à péter les plombs. Ma force, c'est de pouvoir
aller très, très loin, en retombant toujours sur mes pieds. » Julie Gayet n'a pas quitté
son quartier. Ses garçons vont à l'école, elle travaille à un documentaire sur le Chili en
tant que productrice. Dans la rue, elle pourrait tourner un film de Klapisch, les amies,
la poésie du quotidien : un scénario inattendu l'a mise sur le devant de la scène, mais
elle continue à jouer selon son style, sincère et spontané. Star peut-être, mais sans le
vouloir.
Lundi 20 janvier, dans le XIe arrondissement à Paris, Julie Gayet fait ses courses dans
un magasin bio.RIEN N'A CHANGÉ DANS LA VIE PARISIENNE DE JULIE... OU PRESQUE
Nue dans une salle de bains éclairée de bougies, elle fait face au miroir. La caméra reste dans
son dos, la pellicule vire au noir et blanc. On découvre au creux de ses reins un tatouage, une
vague surmontée de la lettre grecque phi, symbole de philosophie.
Dans ce clip de Benjamin Biolay, Julie Gayet dévoile son corps. Grande, blonde, mince. Et son
esprit : elle aime les philosophes, notamment Annah Arendt et Emmanuel Levinas. « Des choses
sérieuses », dit-elle, qu'elle lit le soir en écoutant Radio Nova. Le matin, elle s'installe au café
pour lire les journaux. « Je m'intéresse beaucoup à la politique », déclare-t-elle. Pointus, ses
goûts varient. Sur un fond intellectuel, elle pose des indémodables. Un manteau vintage Saint
Laurent sur des chemises Comme des garçons pour l'allure. Dans son agenda, des balades
parisiennes en Vélib' et une succession de rendez-vous professionnels où elle se rend par les
transports en commun. « J'aime le métro, cette plongée dans la vraie vie, la vraie vie des vraies
gens. Ma ligne préférée, c'est la 14. » Pour se reposer, elle choisit le Gers, où ses parents ont
restauré le château de Cadreils, près de Lectoure. A 30 kilomètres, l'abbaye de Flaran accueille
de nombreux visiteurs. Dont, le 3 août dernier, François Hollande. En déplacement officiel dans
la région, il s'autorise un intermède touristique au monastère devenu musée. A la même date,
les Gayet séjournent dans leur propriété, comme le précisent des voisins. La concordance aurait
permis l'organisation d'un déjeuner avec le président. Une escapade estivale renouvelée le mois
suivant. Le couple se serait retrouvé les 28 et 29 septembre à Mougins, où le président possède
une maison. Ils auraient dîné au St Petersbourg. Nappe blanche, chandelles, spectacle musical...
Le restaurant propose des soirées festives et romantiques. Les serveurs n'auraient pas reconnu
immédiatement la femme qui accompagne François Hollande. Cheveux châtains, nez droit,
charmant sourire, une beauté classique qu'ils prennent pour Valérie Trierweiler. En découvrant
le portrait de Julie Gayet à la une de l'actualité, les membres du personnel auraient compris leur
méprise.
Chez Julie, à Paris, pas de poste de télévision mais un portrait de Samuel Beckett et une Vierge
Marie peinte dans la cuisine. Dans l'Est parisien, elle partage un loft avec une amie cinéaste.
Son frère cadet, Erwan, architecte, habite la maison mitoyenne. Sa vie s'organise autour d'une
constante : son engagement politique à gauche. En 1981, le PS prend le pouvoir, Julie entre au
collège et quelques années plus tard, accroche sur sa veste la main jaune de Touche pas à mon
pote. Sa conscience politique s'éveille. En 2007, elle participe aux réunions de soutien à Ségolène
Royal. Dès 2011, lors des primaires socialistes, elle s'engage pour François Hollande. Il est son
candidat, quand personne ne croit en lui. Investie dans sa campagne jusqu'à la victoire, elle est
généralement placée au troisième rang lors des meetings. Elle chante « La Marseillaise » avec
des futurs ministres, grisée par la ferveur de la foule. Elle est une des rares autorisées à pénétrer
dans la loge de l'orateur. « J'ai suivi toute la campagne, précise un sympathisant. Elle était très
présente. On la considérait comme étant de la bande de Thomas Hollande, on ne pensait pas
que ça allait au-delà. » Le 3 octobre 2011, elle est assise près de François Hollande à l'occasion
d'une rencontre entre le candidat et des personnalités du monde culturel. Le photographe Olivier
Corsan raconte : « Il y avait principalement des producteurs et des éditeurs. Valérie Trierweiler
n'était pas là. Julie Gayet et Denis Podalydès faisaient partie des rares têtes connues à accepter
de poser à côté de Hollande. » Le 6 mai 2012, place de la Bastille, Julie se trouve derrière la
scène, fêtant la victoire avec l'entourage du nouveau président. L'euphorie ne dure pas. Le 21
mai, au Festival de Cannes, Julie arpente la Croisette, les yeux rouges, la mine grave. Tout juste
élu, le président a investi l'Elysée avec la première dame. Il découvre la solitude du pouvoir,
éloigné de ceux qui ont partagé ses mois de campagne. Julie retourne à son métier, très entourée
par sa famille. Ses parents, Brice et Anne, fréquentent depuis quarante ans les cercles
socialistes. Le metteur en scène Bernard Murat, proche de Hollande, fait partie de leurs intimes.
Eminent professeur de chirurgie digestive, Brice Gayet est le fils d'un compagnon de la
Libération. Ceux qui le connaissent racontent la droiture de ce chirurgien de 2,04 mètres qui,
apprenant la mise en examen de Jérôme Cahuzac, confrère et ami, décide de ne plus le
fréquenter. Petite fille, Julie accompagne son père lors de ses visites à l'Institut Mutualiste
Montsouris, un établissement privé à but non lucratif, qu'il contribue à créer. C'est en famille
qu'elle découvre l'exercice du pouvoir politique, quand Brice rejoint le cabinet du ministre de la
Santé Bernard Kouchner. Julie grandit entourée de deux frères, Jean-Brice et Erwan, dans le
VIIIe arrondissement, quartier huppé où elle possède toujours un appartement. Leur mère,
Anne, est une antiquaire réputée qui tient une boutique où Catherine Deneuve aime chiner. Les
enfants Gayet sont inscrits dans un établissement catholique de la rive gauche.
Glamour et intello. En mai 2010, lors du Festival de Cannes. Le décolleté de sa robe
Josephus Thimister laisse apparaître une vague tatouée, surmontée de la lettre
grecque
phi.
Nature et romantique. Le 8 août 2010, dans le Gers, l'année où elle tourne « L'art de
séduire » de Guy Mazarguil.Après les cours, Julie se rend souvent au cinéma sur les ChampsElysées. « C'est un peu la famille Ricoré ! plaisante un ami, en référence à l'image parfaite que
les Gayet renvoient. Ils sont beaux et raffinés, possèdent une culture immense, un grand sens
de l'humour et de solides carrières. » Adolescente, Julie étudie le chant lyrique, pense en faire
son métier, puis découvre la comédie. Une seule idole la fait vibrer : Romy Schneider. Elle fait
ses débuts dans « Premiers baisers », sitcom vedette des années 1990, presque aussi kitsch
que « Sissi impératrice ». Réalisateur oscarisé, Costa-Gavras l'extirpe des plateaux mal éclairés
d'AB Productions et lui offre son premier cachet sous les projecteurs du cinéma engagé. Suivent
Krzysztof Kieslowski et Agnès Varda. Sa filmographie continue sans interruption avec plus de 70
rôles. « Je connais Julie depuis quinze ans, explique la réalisatrice Géraldine Maillet. C'est une
actrice subversive, rock, plutôt éloignée des rôles de bourgeoise qu'on lui confie. » Ses amis
soulignent sa douceur : « Elle est apaisante. » Généreuse, « elle aide les jeunes cinéastes, prête
son appart pour des tournages ». Ses confrères parlent aussi de sa vive ambition. Indépendante,
c'est clair, elle n'a pas besoin de Hollande pour exister. « C'est une femme à l'écoute, estime
une journaliste. A l'inverse de beaucoup d'acteurs égocentrés. » Devenue mère, Julie choisit
pour Tadeo et Ezechiel (14 et 13 ans) une éducation en anglais à l'Ecole bilingue. Ses fils parlent
déjà espagnol avec leur père, l'écrivain argentin Santiago Amigorena, que Julie a rencontré au
début des années 1990. Après une décennie ensemble, ils divorcent. En janvier 2014, l'ex-mari
publie « Des jours que je n'ai pas oubliés », un roman nostalgique qui retrace leur histoire
passée. A la lumière des récentes révélations, une anecdote ressort. Le couple organisait chaque
semaine des rencontres dont la vocation « était de réfléchir, au cours d'un dîner qui regroupait
une dizaine de convives, sur un possible lien entre l'amitié et la politique ». Julie devient une
héroïne littéraire sous la plume de son ancien époux et, pour le public, une vedette politicopeople.
Etre actrice ne suffit pas à celle qui s'engage. En 2007, Julie crée une société de production,
Rouge International, un nom raccord avec ses idées. Elle produit un documentaire sur la
Palestine, une fiction comique sur la crise du logement. Elle fonde ensuite deux autres sociétés,
dont Cinémaphore dans laquelle François Pinault investit la somme symbolique de 60 euros.
L'homme d'affaires - breton comme les Gayet - et Julie se connaissent depuis longtemps. Outre
le milliardaire, Julie compte dans son entourage le mannequin Audrey Marnay, le producteur
Nathanaël Karmitz, la comédienne Anne Consigny - compagne d'Eric de Chassey, directeur de
l'Académie de France à Rome —, les acteurs Bruno Salomone et Olivier Sitruk, les chanteurs
Benjamin Biolay et Olivia Ruiz. Le 20 juillet 2013, cette dernière se produit au festival musical
de Brive-la-Gaillarde. En coulisses, Julie est présente, racontent certains, ainsi que le président
de la République, de passage en Corrèze ce jour-là. Le matin même, elle fait partie du groupe
qui accompagne Hollande sur le marché de Tulle. Quelques mois avant, Julie a porté plainte
contre X pour identifier les auteurs de la rumeur lui prêtant une liaison avec le président. Rumeur
relancée par Stéphane Guillon le 16 décembre dernier sur Canal+. Le lendemain, on retrouve
Julie au festival des Arcs. Apparemment détendue, elle s'offre une coupe de champagne et monte
sur scène présenter son dernier film. Eloignée du tapage médiatique le temps d'une soirée, saitelle que sa vie est sur le point de basculer ? Depuis la publication des photos de « Closer », Julie
continue de recevoir ses amis et aurait même organisé une fête, le 18 janvier. La famille Gayet
serait soulagée de ne plus avoir à garder le secret de la relation de l'actrice et du président. «
Très calme et très sûre d'elle », ainsi que l'indique le père de ses enfants, Julie travaille chez
elle, par téléphone. L'actrice est toujours très demandée par les réalisateurs. Moins dénudée que
dans les clips de Benjamin Biolay, mais en porte-jarretelles tout de même, elle incarne une
conseillère ministérielle dans « Quai d'Orsay », de Bertrand Tavernier. L'occasion de jouer une
fiction politique, avant qu'elle ne devienne réalité. Enquête Marie Adam-Affortit, Aurélie Raya,
Maud Carron de La Carrière, Patrick Durand, Rose-Laure Bendavid, Méliné Ristiguian.
Son ex-mari vient de publier un roman nostalgique qui retrace leur histoire
PAULINE DELASSUS
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Jeudi 16 Janvier 2014
L'événement Julie Gayet
L'ELUE DU PRESIDENT
Comédienne « intello », productrice et réalisatrice, militante de gauche et femme amoureuse,
qui est celle qui fait battre le cœur de François Hollande et trembler la République ?
EN 2011, DÉJÀ, LORS DE
L'INVESTITURE DE HOLLANDE,
ELLE SEMBLAIT IN SUFFLER DE
LA FORCE À CELUI QU'ELLE
S'ÉTAIT
CHOISI
COMME
CANDIDAT
La
discrète Sous des airs de séductrice
fragile, Julie Gayet est une battante.
Après les révélations sur le couple
qu'elle forme avec François
Hollande, son ancien
mari,
l'écrivain Santiago Amigorena, la
décrit comme « très calme et sûre
d'elle ».
Des regards si doux.
Parmi les poids lourds du PS, Julie
Gayet, partie prenante dans la
campagne de François Hollande,
assiste
à
sa
convention
d'investiture, le 22 octobre 2011, à
la halle Freyssinet à Paris.
Quel homme n'aimerait pas être
regardé ainsi ? Il y avait quelque
chose de si pétillant et de si confiant
dans la prunelle de cette femme-là que
tout homme rêverait d'être l'objet de
ses regards. Discrète, assise au milieu
du public, les cheveux blonds
élégamment retenus en arrière, Julie
Gayet semblait insuffler de la force à
celui qu'elle s'était choisi comme
candidat. Sous ses yeux, ce 22 octobre
2011 à la halle Freyssinet, à Paris,
François
Hollande
recevait
l'investiture de son parti. Elle qui
s'était montrée aux côtés de Ségolène
Royal
pendant
la
campagne
présidentielle de 2007 prolongeait là
tout naturellement son engagement
auprès du PS. Personne ne s'est donc
étonné de revoir la comédienne parmi
les militants. Comme personne n'y a
trouvé à redire lorsqu'on l'a retrouvée,
le 15 avril 2012, au meeting de
Vincennes près de Thomas Hollande,
ou encore pour une vidéo de
campagne, dans laquelle elle qualifiait
sa première rencontre avec le candidat
de « magique » et énumérait ses
qualités : « humble », « formidable »,
« qui sait vraiment écouter », « rare »,
« incollable », « je suis très
impressionnée ». Il y eut plusieurs « je
suis très impressionnée ».
Franchement, messieurs, si une jolie
femme de dix-huit ans de moins que
vous, distinguée à se damner, fine et
bien dans sa peau, comédienne de
talent
et
femme
d'affaires
indépendante,
partageant
vos
convictions, vous regardait avec ces
yeux-là, et qu'à domicile votre
compagne était plutôt source de
tensions, que feriez-vous ?
C'est qu'elle a beaucoup d'atouts, cette
Julie-là. Belle, oui, même si elle se dit
« naturelle, simple, mais pas
forcément jolie », elle a ce chien racé, le chien - qui ne passe pas
inaperçu. Et puis ce regard. Intense.
Brûlant. D'amoureuse. Dès ses
premiers films, les journalistes qu'elle
accueillait avec une simplicité
désarmante - ce qui lui valait dans
leurs papiers des « rafraîchissante », «
sincère », « sans ego », « naturelle » l'avaient tous remarqué : cette femmelà n'ergote pas question sentiments.
Ses proches aussi la décrivent
rapidement comme une « grande
amoureuse ».
Décrite par ses proches comme
une “grande amoureuse”
Julie Gayet se reconnaît « douce,
mais, précise-t-elle, pas fragile, et les
pieds sur terre ». Celle qui assure : «
Dans la vie, j'ai beaucoup de mal à
péter les plombs » a surmonté sa
séparation
d'avec
Santiago
Amigorena, ce scénariste et écrivain
d'origine argentine qu'elle a connu
jeune et épousé après la naissance de
leurs fils, Taddeo (en 1999) et
Ezechiel (en 2000). Trop amoureuse
de la vie, elle a renoncé à être une
mère divorcée parfaite - foin de cette
culpabilité insidieuse. Cet équilibre,
elle le tient d'une enfance «
magnifique ». Papa, grand chirurgien,
spécialiste des transplantations du
foie, opère à l'Institut Mutualiste
Montsouris et refuse les consultations
privées. En 2007, il soutient la
candidate Ségolène Royal, Julie à ses
côtés... Maman est antiquaire,
descendante
d'une
famille
d'industriels. Milieu bourgeois, intello
de gauche. Enfant, Julie est mise au
piano et au chant lyrique, mais pas
question de grandir dans « l'entre-soi
». Très tôt, elle suit papa à l'hôpital - «
Tous droits réservés : VSD
faire un petit coucou aux malades
pour apporter un peu de gaieté » -, y
côtoie la mort, en retient qu'« il ne faut
jamais oublier que l'on est ultra-gâté
». Collégienne, elle découvre le
bonheur de jouer, se lance dans l'art
dramatique, file à 17 ans en
Angleterre suivre un stage à l'Actors
Studio. Tout en étant inscrite en fac
d'histoire de l'art et de psycho. Un
premier vrai rôle dans Les Cent et Une
nuits de Simon Cinéma, d'Agnès
Varda, en 1994, et son 1,74 mètre, son
look à la fois solaire et sauvage
impriment peu à peu la pellicule. Sans
coups d'éclat. Sans plan de carrière.
Julie reste la fille d'Anne et Brice
Gayet, née le 3 juin 1972 à Suresnes,
l'enfant bien dans ses baskets même si
« gauchère dyslexique et nulle en
orthographe », dotée d'une conscience
militante plus que d'un ego
hypertrophié. Résultat, une carrière
atypique pour cette Torreton en jupon,
intello et sexy à la fois, lectrice des
réflexions sur l'oppression sociale de
la philosophe Simone Weil : à elle les
comédies grand public (Delphine 1Yvan 0, de Dominique Farrugia, en
1996), les films d'auteurs, les clips
(pour Benjamin Biolay). En 2007, elle
fonde avec une autre passionnée du
septième art, Nadia Turincev, sa boîte
de production Rouge international, se
bat pour défendre des œuvres
singulières,
du
documentaire
palestinien Fix Me à la chronique
sociale de Xabi Molia Huit fois
debout pour laquelle, faute de 500 000
euros, elle n'hésite pas à démarcher un
célèbre milliardaire. En mars dernier,
elle organise un concert au Bus
Palladium où se produit Joyce
Jonathan, l'amoureuse de Thomas
Hollande... L'écrivaine Géraldine
Maillet, qui l'a fait tourner dans son
premier long-métrage, After (2012),
loue l'incroyable opiniâtreté, la
fidélité de Julie qui, malgré les reports
de tournage, les désertions, ne l'a
jamais laissée tomber. « J'emmerde
tous les metteurs en scène qui ne
pensent pas à elle, écrit-elle,
reconnaissante. Ils passent à côté
d'une pépite. » Vrai que Julie Gayet
n'a pas eu comme Binoche son Carax,
ni comme Anna Karina son Godard.
Ironie de la vie, voilà que celui qui va
la révéler à un public plus large n'est
pas du métier. Au moins, avec Julie,
François Hollande sait qu'il ne sera
pas tancé d'un « embrasse-moi sur la
bouche ». L'interprète du film
spirituel d'Emmanuel Mouret (2007)
joue la partition tout en délicatesse.
Ce film s'intitulait Un baiser s'il vous
plaît. « S'il vous plaît ». Le mot
magique. Ça change tout.
Femme fatale Dans « L'art de
séduire » (2011), Mathieu Demy,
psychanalyste,
tombe
fou
amoureux de sa patiente incarnée
par
Julie
Gayet.
Femme de tête Dans « Quai
d'Orsay » (2013), elle campe une
conseillère du ministre des Affaires
étrangères joué par Thierry
Lhermitte.
Le Point
France
Julie Gayet, la discrète
16 janvier 2014
Copyright 2014 Le Point
En couverture
Premier rôle.
L'actrice avait une vie avant la une de « Closer ». Récit.
Lundi soir, ses amis proches se sont tous pressés au Silencio, le club de la rue Montmartre, pour assister à
la projection en avant-première de sa dernière production, le film « Des étoiles », de la réalisatrice francosénégalaise Dyana Gaye. Ils sont arrivés, discrètement, un à un par le petit escalier. Tous, sauf elle.« Elle a
eu une journée difficile », murmurait-on dans les couloirs. Au dernier moment, elle a préféré annuler. Ses
amis ne lui en tiendront pas rigueur. Ils la féliciteront plus tard. Lors de l'un des dîners qu'elle a pris l'habitude
d'organiser dans son loft, perdu dans une charmante impasse au fin fond de l'Est parisien. Les « dîners chez
Julie » réunissent des personnalités du monde politique, du cinéma, de l'art, de la presse et de la littérature.
La comédienne aime susciter les rencontres, les échanges et que des projets émergent au détour d'une
conversation.
En ce dimanche morne de décembre, à sa table, l'ambiance est chaleureuse. Une ribambelle de chatons
s'étirent et ronronnent sur les genoux des invités. Autour de la longue table, on parle des grands débats sur
la « convention collective », on vante l'exception culturelle française, on parle de black metal, la musique qui
enveloppera le film des deux cinéastes expérimentaux, que Julie Gayet produit actuellement.
Elle a 41 ans, et ce loft, elle l'habite seule, avec ses deux fils, Tadéo (15 ans) et Ezéchiel (13 ans). Dans une
autre vie, elle a été l'épouse, jusqu'en 2006, de l'écrivain et scénariste argentin Santiago Amigorena (il
participa notamment à l'écriture du « Péril jeune »), le père de ses enfants. Dans son dernier roman, « Les
jours que je n'ai pas oubliés » (Plon), qui met en scène la déchirante rupture entre un scénariste et une
comédienne, il confie que, le jour où elle l'aurait quitté, il n'aurait eu qu'une envie : se jeter par la fenêtre. Ça,
c'est pour la fiction. Dans la vraie vie, il est parti vivre avec Juliette Binoche.
Avant les rumeurs d'une liaison avec François Hollande et l'emballement médiatique qui a suivi, on la
connaissait à peine, Julie Gayet. Elle était apparue dans l'entourage du candidat Hollande pendant la
campagne en organisant un débat entre le futur président et des personnalités du monde de la culture.«
L'exercice était périlleux, se souvient Florence Gastaud, une lobbyiste du septième art.A cette époque,
François Hollande avait dû faire face à une salve de questions et d'inquiétudes du fait des bouleversements
de l'économie de la culture avec le passage au numérique. Mais l'échange a été constructif. »
Julie Gayet a toujours préféré les petits films d'auteur aux succès du box-office. Antistar, roulant à Velib' et
prenant le métro plutôt que les taxis parisiens, l'actrice était dernièrement à l'affiche de « Quai d'Orsay », de
Bertrand Tavernier, dans le rôle d'une séduisante conseillère Afrique du ministre des Affaires étrangères.
Dans « Les âmes de papier », elle donne la réplique à Stéphane Guillon, l'humoriste, qui n'a pu s'empêcher,
lors de leur passage promo au « Grand journal » de Canal+, de laisser entendre que les rumeurs n'étaient
pas totalement infondées... François Hollande avait pris le temps de venir sur le tournage du film, apprenaiton au cours de cette émission. Avait-on encore besoin de sous-titres ?
« Complexe ».
La comédienne ne s'était pas laissé déstabiliser par le fou rire de Guillon. Les comédiennes savent porter le
masque. Gayet a déjà à son actif une centaine de rôles dans des comédies romantiques telles que « Delphine
1-Yvan 0 », de Dominique Farrugia, son grand succès qui l'a fait connaître, ou dans des films d'auteur,
comme « Un baiser s'il vous plaît », d'Emmanuel Mouret. Elle a toujours préféré les rôles engagés, qui lui
ressemblent. « En lui attribuant autant des rôles de jeune première que des rôles plus compliqués, plus
gonflés et plus risqués, les réalisateurs ont su percevoir sa personnalité complexe, observe Pierre Lescure,
un vieil ami de ses parents, qui la connaît depuis l'âge de 10 ans . Derrière sa fraîcheur, il y a bien plus
d'ambiguïté. Ce qui m'a toujours frappé, c'est la manière qu'elle avait déjà très jeune de s'intéresser à tous les
composants d'un film. »
A savoir l'écriture, le tournage, le montage, le financement d'un film. Excédée de constater que, faute de
moyens, des milliers d'histoires ne voyaient jamais le jour, elle décide, en 2007, de fonder sa propre société
de production avec son amie russe Nadia Turincev : « Rouge international » - tout un programme ! - est
située rue du Faubourg-Saint-Honoré et défend le cinéma indépendant. De Locarno à Toronto, les deux
associées font la tournée des festivals, à l'affût des talents de demain.« C'est l'archétype de la boîte
indépendante qui tente de donner une première chance aux films de jeunes réalisateurs, qui sont autant de
paris éditoriaux », poursuit le prochain président du Festival de Cannes. Parmi eux : « Huit fois debout », un
film sur la précarité signé du Bayonnais Xabi Molia, ou encore « Fix Me », du Palestinien Raed Andoni, filmé
sous forme de séquences psychanalytiques dans un hôpital de Ramallah.
« Julie s'est toujours battue contre les inégalités, confie son ami et associé, le producteur Charles
Gillibert.Elle passe son temps à s'occuper des autres, tant dans sa vie privée, en hébergeant une amie qui
traverse une peine de coeur, que professionnelle, en aidant les artistes à aller au bout de leurs projets. »
Gillibert a pu compter sur elle plus d'une fois. Ensemble, ils se sont lancés dans un combat enfiévré : sauver
le cinéma indépendant en faisant émerger de nouveaux modèles de financements alternatifs et innovants.«
Nous travaillons pour que les investisseurs privés, davantage tournés vers les films commerciaux,
s'intéressent aux films d'auteur », confie-t-il. Julie Gayet s'emploie à réunir les financements et à convaincre
les investisseurs, souvent frileux. « Son côté fougueux et son énergie incroyable font qu'il est difficile de lui
refuser quoi que ce soit », résume Florence Gastaud.
Son père, un brillant professeur en chirurgie digestive, lui a fait prendre conscience très tôt que la vie ne
tenait qu'à un fil. Petite, elle le suivait dans les salles d'opération.« En créant l'Institut Mutualiste Montsouris, il
a permis aux plus démunis de bénéficier de soins de qualité et d'excellence. J'en suis très fière », nous
confiait-elle, un soir, alors qu'elle jouait les intermédiaires entre des investisseurs. Rappelant qu'à 7 ans, elle
a vu son premier mort. L'engagement socialiste de l'actrice n'est pas une lubie récente. Bien avant sa
rencontre avec Hollande, elle était déjà de tous les meetings, de toutes les campagnes, à commencer par
celle de Ségolène Royal... C'est là que remonte le premier contact avec François Hollande. Sur le plateau du
« Grand journal », elle encourageait à aller voter aux prochaines municipales, affichant son soutien pour
Anne Hidalgo. Dans son clip de soutien au candidat Hollande, elle disait qu'il était « humble », « formidable »,
« à l'écoute ». Déjà, ses yeux pétillaient.
Audrey Levy
Gers
Le château gersois des parents de Julie Gayet
16 janvier 2014
GERS
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BERRAC Les parents de l’actrice Julie Gayet, à qui l’ on prête une relation avec François Hollande, ont une
résidence secondaire dans le Lectourois, le " petit Nice " gersois
GAËLLE RICHARD
La une du magazine " Closer " a réveillé la tranquille campagne lectouroise. Depuis le déferlement
médiatique qui prête à l’actrice Julie Gayet une relation intime avec François Hollande, les collines qui relient
Condom à Lectoure bruissent d’un secret de Polichinelle. Les parents de Julie Gayet sont propriétaires d’un
château sur la commune de Berrac, tout près du village de Saint-Martin-de-Goyne.
En 2005, ils acquièrent le château de Cadreils, construit en 1689-1690 et dont les façades et les toitures ont
été inscrites au registre des Monuments historiques en mars 1973. Les anciens propriétaires étaient
agriculteurs et ont vendu, préférant vivre, l’âge aidant, dans une résidence plus facile d’entretien.
On a donc pu croiser l’actrice, en vacances, dans les rues lectouroises où se promènent parfois, l’été, Marc
Lavoine ou Aure Atika.
Amoureux du Gers
Selon le maire de Berrac, Jean-Paul Laban, " M. et Mme Gayet sont des gens charmants, doux, gentils,
adorables. Ils vivent dans une grande discrétion et sont d’un abord très simple. Ce sont des gens délicieux et
je le dis sans flagornerie aucune. Ils se sont démenés pour rendre au château sa beauté. Ils viennent souvent
et, dès qu’ils arrivent, ils chaussent les bottes et ne comptent pas les heures. "
Le père de l’actrice, Brice Gayet,lui-même fils et petit-fils de médecin, est un chirurgien reconnu
mondialement. Sa mère était antiquaire. Elle se rend d’ailleurs régulièrement dans les salons des alentours
comme celui de Terraube. Dans le voisinage, on attribue à " son goût sûr et raffiné " la rénovation du parc du
magnifique château. La bâtisse était mal en point lorsqu’ils l’ont acquise. Le couple en a fait une pépite, sans
fioriture, tout en calme et volupté, sans luxe apparent. On dit même que juste avant que les parents de Julie
Gayet l’acquièrent, Martine Aubry aurait été intéressée, en 2004-2005, sans, finalement, se décider à
l’acheter.
Le couple Gayet a depuis bien longtemps choisi la douceur du Gers pour y passer des jours paisibles. Avant
d’acheter le château de Cadreils, ils possédaient une maison à Faget-Abbatial qu’ils ont vendue pour
acquérir l’ancienne tour de guet ou château-fort, les archives ne sont pas formelles. D’ailleurs, ils font visiter
l’extérieur à l’occasion des Journées du patrimoine, l’intérieur nécessitant encore quelques travaux. L’actrice
se serait mariée, en 2003, à Faget-Abbatial avant de divorcer en 2006.
Le déjeuner du 6 août der
Brice Gayet, interne des hôpitaux de Paris dès 1975, a passé une grande partie de son enfance et
adolescence à Charleville, dans les Ardennes. Aujourd’hui, il est responsable du département médicochirurgical de pathologie digestive à l’Institut de Montsouris. Il fut notamment chef de clinique à Lariboisière
et maître de conférences à la faculté Bichat.
Il donne des conférences, notamment sur le cancer de l’appareil digestif, dans le monde entier. Selon un
article de " Libération politique " daté du 7 avril 2013 (donc avant l’affaire Hollande-Gayet), et au sujet de
Jérôme Cahuzac, le journal écrit : " Dans le monde médical, […] à part Brice Gayet, chirurgien à l’Institut
Mutualiste Montsouris à Paris et ex-membre du cabinet de Bernard Kouchner, il a très peu d’amis dans ce
milieu. " Une phrase qui résonne, aujourd’hui, d’un son particulier lorsque l’on se souvient que l’ancien
ministre du Budget avait trouvé refuge dans le château du sénateur Aymeri de Montesquiou, à Marsan. À 50
km de Berrac.
Une autre question s’impose à tous les observateurs de la vie politique gersoise. Où se trouvait donc le
président de la République le 6 août dernier lorsque, pour visiter l’abbaye de Flaran, située à 30 km (soit à
environ une demi-heure en voiture, de Berrac) tout le monde l’ a attendu pendant plus d’une heure et demie
? Ce samedi-là, François Hollande était dans le Gers pour une visite du quartier auscitain du Garros dans le
cadre de la politique de la ville. Il était prévu qu’il se rende à Condom et à l’abbaye de Flaran pour découvrir
le site et les collections. Dans les cercles avertis, on susurre que François Hollande se serait rendu, seul, au
château de Cadreils pour le déjeuner.
L’été prochain, peut-être faudra-t-il doubler le nombre de forces de l’ordre dans le Gers : pour le ministre de
l’Écologie, Philippe Martin, et pour le président de la République ?
Mercredi 15 Janvier 2014
L'ÉVÉNEMENT ELLE
JULIE GAYET
UNE PASSION FRANÇAISE
PORTRAIT D'UNE ACTRICE DISCRÈTE PROPULSÉE EN QUELQUES JOURS À LA
UNE DES JOURNAUX DU MONDE ENTIER.
Depuis une semaine, la France stupéfaite n'a que son nom sur les lèvres : Julie Gayet. L'actrice,
dont le ravissant visage était familier sans être célèbre, est au coeur du premier scandale jamais
révélé par un tabloïd sur la vie privée d'un Président en exercice. La rumeur d'une liaison entre
l'actrice et François Hollande courait depuis un an, mais ce n'est que le 10 janvier que des
paparazzis du journal « Closer » ont révélé l'information, sept pages de photos à l'appui. S'il a
regretté cette « atteinte au respect de sa vie privée », à l'heure où nous écrivons ces lignes,
François Hollande n'a pas démenti. Julie Gayet non plus. Depuis, la « deuxième dame de France
», comme l'appellent les réseaux sociaux, a fait la une des journaux, dans l'Hexagone comme à
l'étranger.
L'homme qui assurait « Moi président de la République, je ferai en sorte que mon comportement
soit en chaque instant exemplaire » voit sa liaison affichée partout et Valérie Trierweiler a été
hospitalisée pour « prendre du repos ».
IL Y A PLUS D'UN AN, Julie Gayet avait confié à une amie « avoir rencontré un homme plus âgé,
très différent de ses anciens compagnons, dans la politique ». Et la politique pour elle, c'est
important. Proche du Parti socialiste, elle avait été sollicitée par le metteur en scène Bernard
Murat en 2007 pour soutenir Ségolène Royal, ce qu'elle avait fait. Elle est naturellement
recontactée en 2012 pour soutenir François Hollande. Un homme « formidable », dit-elle dans
un clip de campagne, « à l'écoute ».
Ce serait sous l'impulsion de Thomas Hollande, dont la compagne, la chanteuse Joyce Jonathan,
connaît l'actrice, qu'ils se revoient pour « parler cinéma ». Il est, dit-elle, « incollable ». Il
l'impressionne. A son discours d'investiture, elle vit même « un moment magique ». « Tout le
monde est très étonné de l'imaginer avec François Hollande, explique une amie de l'actrice, mais
Julie est passionnée de politique depuis toute petite. Ses parents sont des gens très engagés. »
Son grand-père, Alain Gayet, est compagnon de la Libération. Son père, le Pr Brice Gayet, marié
depuis près de quarante ans à une antiquaire, Anne, dirige le service de pathologie digestive à
l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris. « C'est un peu la famille Ricoré, s'amuse une autre
proche.
Ses parents sont comme elle, simples, hyper impliqués dans ce qu'ils font, et ils s'intéressent
beaucoup aux autres. Julie passe ses vacances chez eux dans le Gers quand elle ne fait pas du
camping avec ses fils (Taddeo, 15 ans, et Ezéchiel, 13 ans, issus de son mariage avec le
réalisateur Santiago H. Amigorena, qui vient de publier un roman "Des jours que je n'ai pas
oubliés", qui semble inspiré par sa séparation avec l'actrice en 2006). Ses parents se moquent
de l'argent, du pouvoir, des paillettes... » A 41 ans, Julie Gayet reste une discrète. Elle a connu
le succès en 1996 avec « Delphine : 1, Yvan : 0 » mais enchaîne depuis des films confidentiels.
Fan de cinéma d'auteur, elle a eu à coeur de défendre ses choix en montant sa propre boîte de
production.
En 2007, avec son amie la productrice russe Nadia Turincev, elle fonde Rouge International, puis
deux autres boîtes de production, notamment pour soutenir des événements culturels. Presque
un programme politique. Elle se démène pour monter des films slovènes, palestiniens, chiliens...
« Rouge comme enragé, explique Julie Gayet, mais aussi comme rouge à lèvres. Nous sommes
des filles après tout... » « C'est vrai, renchérit une ancienne collègue, c'est une fille comme vous
et moi. A Cannes, elle fait tout pour que l'équipe entre avec elle dans les soirées. C'est une vraie
bobo qui élève ses deux garçons et se passionne pour son job. »
A écouter ses amies, il semblerait que l'actrice, qui fuit les conventions, aurait préféré protéger
ses enfants et ses amours, rester heureuse et cachée. Mais cette femme « normale » n'aime
rien tant que l'engagement. Ces derniers temps, et jusque sur les photos révélées par « Closer
», elle arborait un sac aux couleurs de la campagne d'Anne Hidalgo. Une façon de soutenir
François Hollande indirectement ? LUI AUSSI LA SOUTIENT. Est-ce un acte manqué ? L'envie de
se faire prendre et de devoir enfin trancher ? François Hollande s'est rendu sur le tournage des
« Ames de papier », où Julie Gayet jouait aux côtés de Pierre Richard et Stéphane Guillon. Lors
de la promotion du film au « Grand Journal » en décembre dernier, le comique avait assuré
devant une Julie Gayet troublée : « Le Président aime le film, sa femme, beaucoup moins ! »
Valérie Trierweiler pourtant, assure-t-on dans son entourage, était encore persuadée il y a peu
que, entre eux, tout allait presque bien...
Elle assumait plus sereinement son rôle de Première dame, s'impliquait dans le milieu associatif,
contre la maltraitance des enfants ou à la tête de la fondation de Danielle Mitterrand, France
Libertés. Dans ce couple électrique, il y a déjà eu des tempêtes, comme après l'affaire du tweet
de La Rochelle, en juin 2012, que l'on relit avec un autre regard aujourd'hui. Sentait-elle un
début d'éloignement de François Hollande ? Ou, au contraire, a-t-elle précipité la fin de son idylle
par ce geste décrié par tous ? Certains faits apparaissent aujourd'hui sous un jour nouveau. Cet
été, pas de Brégançon : la Première dame était partie seule avec ses enfants une semaine en
Grèce, où on la voyait rivée à son portable. Elle attendait François Hollande, qui est resté à La
Lanterne, près de Paris...
Lors de leur dernière apparition ensemble, le 7 janvier pour la galette des rois, Valérie Trierweiler
avait le visage fermé, mais parlait comme d'une évidence de son futur voyage avec François
Hollande à Washington, en février, auprès des Obama. La révélation de l'affaire a été un choc.
C'est François Hollande, selon nos confrères du « Parisien », qui lui aurait annoncé la nouvelle,
le 9 janvier. Elle a été hospitalisée le soir même.
DANS L'ENTOURAGE DU PRÉSIDENT, d'aucuns espèrent depuis le début qu'il va « tourner la
page », comme l'a dit Ségolène Royal. Qu'il va rompre avec cette journaliste qui semble
empêtrée dans trop de contradictions pour tisser un lien réel avec les Français. Certains prédisent
même au président de la République une hausse de popularité... Pour le moment, il semble
plutôt que la France s'en fiche un peu.
Selon un sondage Ifop pour « Le Journal du dimanche », 84 % des sondés affirment que cette
affaire ne change rien à l'image de leur Président. Un Président, tempère Frédéric Dabi, directeur
de l'Ifop, « si impopulaire que ça ne change rien ». Tout de même. Si, le 14 janvier, François
Hollande espérait encore ne pas avoir à évoquer l'affaire lors de sa conférence de presse sur le
pacte de responsabilité, il sait que sa double vie ne peut pas durer. Après sa promesse de ne
jamais, au contraire de Nicolas Sarkozy, « installer les citoyens en voyeurs » et avant son voyage
au Vatican pour reconquérir l'électorat catholique... il va se voir certainement obligé de clarifier
la situation.
Va-t-il rompre avec celle dont il déclarait dans « Gala » en 2010 qu'elle était « la femme de sa
vie » ? Se marier avec Julie Gayet alors que ceux qui le connaissent répètent que « c'est un
homme qui n'épouse pas » ? A l'heure où nous écrivons ces lignes, rien n'est dit. Valérie
Trierweiler serait prête à pardonner... François Hollande pourrait-il envisager un nouveau départ
comme Bill Clinton avec Hillary ? Sauf si, pour paraphraser celui qui l'a précédé à l'Elysée, «
avec Julie, c'est du sérieux... »
FLORENCE BESSON
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Lundi 6 Janvier 2014
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thérapeutiques qui améliorent notre qualité de vie.
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hyaluronique
Les cellules neuronales croissent et
s'organisent dans un environnement
particulier
appelé
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extracellulaire. Ce support est
déficient en cas de maladies
neurodégénératives
(AVC,
Alzheimer, Parkinson...). Il est donc
important de trouver un substitut.
L'acide
hyaluronique
est
naturellement présent dans le cerveau
et participe au développement des
cellules. Le Pr Rachel Auzélyet son
équipe, soutenus par la Fondation
BNP-Paribas,
travaillent
sur
différentes formules de gel à base
d'acide hyaluronique qui pourraient
être implantées dans la zone de
cerveau lésée. Belle reconversion
pour ce produit un peu sulfureux !
Les algues brunes : source de santé
Des chercheurs des laboratoires de
Roscoff et de Brestont mis en
évidence
les
propriétés
exceptionnelles
de
l'Ectocarpus
siliculosus, une algue brune qui
jonche les plages bretonnes. Elle
possède des phlorotannins, des
antioxydants naturels qui joueraient
un rôle essentiel dans la prévention et
le traitement du cancer, les maladies
inflammatoires, cardio-vasculaires et
neurodégénératives.
Elle
est
également capable de s'adapter aux
différents
stress
(climat,
environnement) auxquels elle est
soumise. L'étude de son métabolisme
devrait permettre la mise au point de
nouveaux traitements.
L'achondroplasie, la forme la plus
commune de nanisme, touche près de
1 enfant sur 15 000. Cette maladie
génétique entraîne un défaut de
croissance des membres inférieurs
(1,35 m maxi à l'âge adulte) et
supérieurs, et dans les cas les plus
sévères, des déformations du crâne et
vertèbres qui peuvent aboutir à des
complications
neurologiques.
L'équipe d'Elvire Gouzeest parvenue
à restaurer le processus de croissance
des os longs chez la souris, grâce à des
injections d'un facteur de croissance
humain, sans toxicité apparente à
court terme. Les chercheurs ont aussi
constaté l'absence de complications
normalement associées à la maladie.
Des essais chez l'homme sont prévus
prochainement.
(1 ) Université Joseph Fourier
(Grenoble), Structure et modifications
des polysaccharides (CERMAVCNRS).
(2 ) Végétaux marins et biomolécules
(CNRS/UPMC-Roscoff) et Sciences
de
l'environnement
marin
(CNRS/UBO/ Ifremer/IRD-Brest).
(3 ) Centre méditerranéen de
médecine
moléculaire
(Inserm
U1065-Nice).
La
recherche est la clé du progrès.
Mais son budget a de nouveau été
revu à la baisse pour 2014.
Nanisme : restaurer le processus de
croissance
Handicap : le fauteuil roulant
intelligent
Reconnaissance de la parole ou du
regard, mémoire des dernières
commandes et des données
médicales, ces in- formations, et
plus, sont inté- grées dans un boîtier
adap- table à la plupart des
fauteuils roulants électriques. Une
avancée majeure dans l'auto- nomie
des patients. Les cher- cheurs des
différents instituts impliqués* ont
travaillé bé- névolement, afin de
rendre ce boîtier accessible
financiè- rement. Une belle idée !
*ISEN-Lille, Ecole centrale de
Lille, universités Essex et Kent
(GB), hôpitaux de Canterbury
(GB), Saint-Philibert (Lomme),
Université catholique de Lille.
Côté traitements
Toxine botulique : une piste contre
l'incontinence
Présentée lors du congrès d'urologie
en novembre dernier à Paris, la toxine
botulique A limite les pertes d'urine
intempestives, en cas d'hyperactivité
vésicale dite « par impériosité ».
Injectée dans la paroi de la vessie, elle
ne bloque pas totalement les mictions
mais agit sur les besoins urgents
d'uriner, responsables de fuites. Ces
injections seront réalisées en
ambulatoire, sous anesthésie locale, à
répéter tous les 6 à 9 mois. Son
autorisation de mise sur le marché
n'est plus qu'une question de mois.
Quel que soit l'âge, l'incontinence
n'est plus incurable.
Le Généthon au secours de la
DMLA
L'amaurose congénitale de Leber est
une maladie rare de la vision, qui
entraîne une cécité progressive chez
l'enfant. Les équipes de recherche,
soutenues par l'AFM-Téléthon, ont
mis au point un essai chez l'homme
qui, à terme, sera potentiellement
applicable à la DMLA, la
dégénérescence macu-laire liée à
l'âge, qui concerne 15 % de la
population vieillissante. « Il est
aujourd'hui démontré que l'étude des
maladies rares permet une meilleure
compréhension
et
ouvre
des
perspectives de traitements pour les
maladies fréquentes », confirme Serge
Tous droits réservés : Prima
Braun, directeur scientifique de
l'AFM-Téléthon.
Une
raison
supplémentaire de soutenir la
recherche (Telethon.fr).
Immunoscore : une « arme » antitumeur
Nous ne répondons pas tous de la
même façon face au cancer et à ses
traitements. Jérôme Galon, directeur
de recherche Inserm et son équipe*
ont développé un test appelé
Immunos-core qui prédit la capacité
du système immunitaire d'une
personne à combattre les cellules
tumorales. Cet outil, développé dans
le cadre des cancers colorectaux,
devrait donner des informations sur le
pronostic et faciliter ainsi le choix du
traitement.
* Immunologie et cancérologie
intégratives
(Inserm/UPMC/université
Paris
Descartes).
Côté chirurgie
Opération de la prostate : moins de
séquelles
Lors du dernier Congrès mondial
d'urologie à la Nouvelle-Orléans
(Etats-Unis), il a été montré que la
nouvelle
technique
d'endomicroscopie Cellvizio, un mini
microscope né à Lyon, permettait de
visualiser la prostate et les tissus
environnants au cours de l'opération.
Le Pr Joseph C. Liao, urologue à
l'université de Stanford, a souligné
une réduction du risque de lésions
nerveuses (problèmes d'érection,
incontinence) et une amélioration
dans le traitement des patients. Une
technique qui a reçu du congrès le prix
de la meilleure innovation.
Cardiologie : prédire l'infarctus,
bientôt possible
Un nouvel outil, la tomographie à
émission de positrons, permettrait de
détecter les composants instables dans
les plaques d'athérome. Il a été testé
chez 40 malades qui ont fait un
infarctus du myocarde, comparés à
40 patients coronariens stables, et a
montré une vraie différence dans la
composition de l'athérome. A terme, «
cette technique permettrait d'identifier
les plaques les plus coupables et de
prévenir ainsi les accidents cardiovasculaires graves (infarctus, AVC) »,
commente le cardiologue François
Philippe de l'Institut Mutualiste
Montsouris, à Paris. Reste encore à le
valider à plus grande échelle.
Larynx : une prothèse pour
retrouver la voix
La laryngectomie, pratiquée en cas de
cancer du larynx, est une intervention
très invalidante qui consiste à retirer
non seulement le larynx, mais aussi
très souvent le pharynx, ce qui affecte
les fonctions respiratoires, la voix, la
prise d'aliments. Le larynx artificiel
qui reproduit les fonctions naturelles
du larynx, représente donc un
véritable espoir pour les 1 600
patients opérés chaque année. « Il
rétablit le lien entre la base de la
langue et la trachée restante, faisant
office de “cheminée” entre les deux »,
explique le Pr Christian Debry, ORL
au CHU de Strasbourg. Le patient
arrive ainsi à respirer à nouveau
normalement par voie haute et
retrouve une meilleure qualité de vie.
Une étude clinique européenne est en
cours pour permettre l'amélioration de
cette technologie de pointe et sa plus
large diffusion.
(1 ) Source : Fréquence M.
(2) Source : Réseau CHU.
BÉNÉDYCTE Transon Capone
Dossier
Etablissements et services; La rentabilité, une question de taille
Dossier réalisé par Caroline Coq-Chodorge
6 janvier 2014
Copyright 2014 Groupe Moniteur All Rights Reserved
Tarissement. La manne publique se tarit. Dans les secteurs sanitaire et médico-social, les établissements
déficitaires sont toujours plus nombreux ; ceux qui restent bénéficiaires voient leurs marges se réduire.
Restructurations. Pour se redresser ou préserver leur capacité d’investissement, les établissements se
restructurent, se regroupent, unissent leurs forces. Tous prennent acte de cette contrainte financière durable,
et tentent de s’en saisir de manière positive.
Depuis la crise financière de 2008, suivie par la crise des dettes publiques européennes, les gouvernements
passent, mais les lois de financement de la Sécurité sociale se ressemblent. Le cru 2014, adopté début
décembre par le Parlement, entérine un déficit de l’assurance maladie encore abyssal (6,2 milliards d’euros).
Bien que la santé et le médico-social restent des dépenses prioritaires en France, l’assurance maladie se
montre, chaque année, moins généreuse. En effet, en 2014, l’objectif national des dépenses d’assurance
maladie (Ondam) ralentit sa progression, à + 2,4 %, un taux historiquement bas. Et si 4,2 milliards d’euros
supplémentaires sont injectés dans le système, les dépenses progressant naturellement de + 3,8 % en raison
du progrès technique et du vieillissement de la population, 2,4 milliards d’euros d’économies sont attendus.
Dans le détail, un effort plus grand est demandé aux établissements sanitaires (dépenses en hausse de + 2,3
%) qu’à la médecine de ville (+ 2,4 %). Quant au médico-social, il bénéficie de la hausse la plus importante (+
3 %).
Ce contexte de contrainte budgétaire durable éprouve la quasi-totalité des établissements. Les marges se
contractent, le nombre de structures en déficit progresse. Tous les ans, la Fédération des établissements
hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs (Fehap) réalise une « photographie » de la situation
économique et budgétaire de ses établissements et services. « C’est un exercice de pédagogie et de
transparence vis-à-vis de nos membres, qui peuvent se situer, mais également vis-à-vis des pouvoirs publics,
afin qu’ils mesurent la portée des politiques qu’ils mènent », explique David Causse, coordonnateur du pôle «
santé-social » de la fédération. Le dernier bilan, pour l’exercice 2011, s’avère inquiétant : la Fehap « constate
une détérioration importante du résultat net pour la plupart des catégories d’établissements et services
étudiées. La part des structures déficitaires s’accroît fréquemment d’au moins 10 points, entre 2010 et 2011
». Fin 2011, 48,4 % des établissements accueillant des personnes âgées sont déficitaires ; 46,9 % des
établissements et service d’aide par le travail (Esat) ; et 63,2 % des établissements pour adultes en difficulté.
Equation complexe
Du côté de l’hospitalisation privée, même constat. Fin 2011, 25 % des cliniques (médecine, chirurgie,
obstétrique ; psychiatrie ; soins de suite et de réadaptation) sont dans le rouge ; et en 2011, le résultat net
moyen atteint + 1,8 %, contre + 2,2 % en 2009 et 2010, selon le rapport sectoriel 2013 de la Fédération de
l’hospitalisation privée (FHP). Un seul secteur prospère : les maisons de retraite. Le Syndicat national des
établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa) ne dispose pas de chiffres pour
l’ensemble du secteur, mais Korian et Medica, qui ont annoncé leur fusion mi-novembre, affichent
respectivement un résultat net de + 2,1 et + 6,5 %, en 2012.
Dans le champ sanitaire, tous les établissements privés - lucratifs ou non - doivent résoudre une équation
complexe : des tarifs qui évoluent faiblement, à un rythme bien moins soutenu que l’augmentation des
salaires, des loyers, de l’énergie, des impôts, etc. « En cinq ans, nos charges ont augmenté de 17 %, alors
que nos tarifs ne progressent que de 1 % par an », explique Jean-Loup Durousset, président de la FHP. « Et
l’Ondam va encore ralentir, renchérit Olivier Bossard, directeur général adjoint chargé des cliniques au sein
du groupe Harmonie soins et services. Il faut se saisir de cette contrainte de manière positive. » Ce dernier a
redressé la situation de la clinique Jules-Verne, à Nantes, en déficit de 3,9 millions d’euros pour 77 millions
d’euros de budget en 2009 : il a restructuré l’établissement de manière à diminuer les dépenses et à
augmenter l’activité. « La clé, c’est le volume d’activité », confirme Jean-Loup Durousset.
Dans le secteur médico-social, l’équation budgétaire diffère un peu, mais « les problématiques sont
semblables », juge Patrick Lambruschini, directeur des établissements à la Fondation caisses d’épargne pour
la solidarité. « L’Ondam médico-social progresse un peu pl us rapidement, mais compense tout juste l’effet
volume, puisqu’il y a de plus en plus d’établissements. La hausse de nos tarifs se situe aux alentours de 1 %
par an. » Là encore, cela ne suffit pas pour compenser l’augmentation des charges dans les 112
établissements et services de la fondation, lesquels affichent un déficit cumulé de 2 millions d’euros pour 331
millions d’euros de chiffre d’affaires.
Didier Sapy, directeur de la Fédération nationale avenir et qualité de vie des personnes âgées (Fnaqpa), ne
constate pas de défaillance majeure des établissements privés non lucratifs membres de la fédération. Selon
lui, l’ensemble du système est à revoir : « Le modèle économique de l’Ehpad est périmé, puisque tous les
financeurs s’essoufflent : l’assurance maladie, le conseil général et le résident. A 1 800 euros par mois en
moyenne, des personnes âgées commencent à renoncer à une maison de retraite. C’est très inquiétant. »
Dans un tel contexte, le rythme des rachats, regroupements ou fusions s’accélère. « La taille moyenne d’une
clinique privée est passée de 80 lits dans les années 80 à 150 lits aujourd’hui, explique Jean-Loup
Durousset. En médecine, chirurgie, obstétrique [MCO], le nombre d’établissements est passé de 1 000 à 650.
» Du côté du secteur privé non lucratif, Olivier Bossard exclut, lui aussi, qu’un établissement puisse
aujourd’hui fonctionner correctement « en monoactivité et sans coopération ». Les partenariats, groupements
de coopération sanitaire et autres conventions se multiplient et se jouent des statuts.
Actionnariat
Le secteur sanitaire privé est durablement « à rentabilité basse, mais constante, admet Jean-Loup Durousset.
Cela peut intéresser des investisseurs sur des cycles longs ». Le président de la FHP ne cache pas que
l’actionnariat des cliniques privées évolue : « Dans les années 70, 90 % des établissements étaient détenus
par des médecins ; aujourd’hui, 40 % sont aux mains de grands groupes, souvent des fonds
d’investissement privés, qui travaillent sur des cycles courts. » Ceux-là se détournent du secteur, indique
l’économiste de la santé Jean de Kervasdoué (lire page suivante) : « Ils ont gagné beaucoup d’argent
jusqu’en 2005-2006. C’est terminé. Tous les groupes capitalistes font actuellement des tours de table qui ne
se passent pas très bien. » Ceux que nous avons sollicités n’ont d’ailleurs pas souhaité nous répondre. JeanLoup Durousset évoque des contacts avec « des assurances, des banques, des institutions de prévoyance ».
Le plus grand groupe mutualiste, lui, exclut d’investir dans le secteur privé non lucratif : « Ce n’est pas notre
stratégie, explique Philippe Cotta, directeur général d’Harmonie services mutualistes. Notre objectif est
d’offrir à nos adhérents un accès à des soins de qualité, à des prix maîtrisés. Pour peser sur le marché, et le
réguler, nous investissons prioritairement dans des zones où l’offre mutualiste est déjà importante - la
Bretagne, les Pays de la Loire, ou l’Aquitaine -, souvent avec d’autres mutuelles. »
Mais les frontières se brouillent. La Matmut mutualité vient, par exemple, d’investir 7 millions d’euros dans le
centre de santé historique du square de la Mutualité (Paris), qui vient de rouvrir après plusieurs mois de
travaux. Après être entrée au capital de l’Institut Mutualiste Montsouris (Paris), elle poursuit son
investissement dans l’offre de soins. Pourtant, le modèle des centres de santé est structurellement déficitaire,
comme l’a rappelé l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), dans un rapport de juillet 2013 (*) : leurs
tarifs sont insuffisants et un complément de l’ordre de 14 % de leur budget serait nécessaire à leur bon
fonctionnement. « Pour parvenir à un équilibre économique, sans doute en 2015, nous allons mixer les
activités, explique la directrice du centre de santé, Anne-Lise Montaville. La médecine et le dentaire, sans
dépassements d’honoraires, restent notre cœur d’activité. Mais nous n’avons pas de tabou : nous proposons
également des activités à honoraires libres, comme la médecine esthétique. »
Economies
Tous les acteurs prennent donc acte de cette contrainte budgétaire durable. « Il faut la gérer. C’est
douloureux, mais citoyen, si les économies sont réalisées à bon escient, estime Jean-Patrick Lajonchère,
directeur général du groupe hospitalier Paris Saint-Joseph. L’un des enjeux de notre pays est le maintien de
la protection sociale telle qu’elle est. On ne peut pas continuer d’augmenter les cotisations sociales à ce
rythme. Il faut contenir les dépenses, pour éviter de passer à un système de santé à deux vitesses. »
2,4
milliards d’euros d’économies d’assurance maladie sont attendues en 2014.
48,4 % des établissements privés non lucratifs membres de la Fehap, accueillant des personnes âgées, sont
en déficit fin 2011.
De 2,2 à 1,8 %
Telle est l’évolution de la rentabilité nette des cliniques privées, entre 2010 et 2011.
3 milliards d’euros
Tel est le chiffre d’affaires visé par le groupe Korian Medica, à l’horizon 2017.
50 %
C’est le nombre d’établissements membres de la Fehap déficitaires, en 2011.
Des coopérations encouragées
« Les coopérations ne se décrètent pas ; mais nous les encourageons, car ce sont souvent de bonnes
réponses dans un environnement contraint », explique François Grimonprez, directeur de la qualité et de
l’efficience à l’agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire. Elles sont de deux types : « légères », sous
la forme de conventions, ou « formalisées » par un groupement de coopération sanitaire (CGS) ou sociale et
médico-sociale (GCSMS). Les établissements sanitaires nouent des coopérations public-privé « sur des
aspects logistiques ou médicaux », explique François Grimonprez. Les petits Ehpad peuvent employer en
commun « un ingénieur qualité, un responsable des ressources humaines. Les acteurs pensent que les ARS
cherchent les fusions. Ce n’est pas vrai. Les coopérations permettent de conserver une taille propice à la
proximité, tout en mutualisant des ressources devenues indispensables ».
Sources : PLFSS 2014 ; « Situation budgétaire et financière des adhérents Fehap », La Lettre de
l’observatoire économique, social et financier, juillet-août 2013, n° 14.|Sources : rapport sectoriel 2013 de la
FHP, "Situation budgétaire et financière des adhérents FEHAP", Korian Medica.|
: situation économique et place dans l’offre de soins de demain ».
(*) « Les centres de santé
Vendredi 3 Janvier 2014
Dernière page
Légion d'honneur 1 ère liste 2014
657 décorés au 1 er janvier 2014
Dans la promotion du nouvel an de la
Légion d'honneur, 657 personnes ont
été décorées ou promues. Parmi elles,
la comédienne de 93 ans Michèle
Morgan, devenue une star avec Quai
des Brumes , de Marcel Carné, en
1939, est élevée à la dignité de grandcroix, tout comme l'artiste peintre
Geneviève Asse et l'un des historiens
les plus connus des Français, Alain
Decaux.Jean-Paul Cluzel, président
de l'établissement public de la
Réunion des musées nationaux et du
Grand Palais, est promu commandeur.
Les journalistes Pierre Péan et
Michèle Fitoussi sont faits chevaliers.
Le comédien et metteur en scène
James Thierrée, petit-fils de Charlie
Chaplin, 39 ans, devient lui aussi
chevalier, tout comme la comédienne
Évelyne Didi. Une autre actrice,
Geneviève Page, âgée de 86 ans, a été
faite officier.
La recherche à l'honneur
Les « chasseurs de nazis » Beate et
Serge Klarsfled sont respectivement
promus commandeur et grand
officier. Guy Charmot, âgé de 99 ans
et doyen des compagnons de la
Libération, ainsi que Philippe Richer,
résistant déporté à Buchenwald et
diplomate, sont élevés à la dignité de
grand officier.
Dans le monde politique, les anciens
ministres Dominique Perben (UMP)
et Pierre Méhaignerie (UDI) sont faits
chevalier. Le maire d'Oradour-surGlane, Raymond Frugier, devient lui
officier.
Dans l'enseignement et la recherche,
le mathématicien Pierre-Louis Lions,
lauréat de la médaille Fields et
professeur au Collège de France, est
Tous droits réservés : L'Indépendant du Louhannais
promu commandeur.
Dans le domaine de la santé, le
professeur René Frydman, père
scientifique d'Amandine, premier
bébé éprouvette français en 1982, est
promu commandeur. Une sagefemme fait son entrée dans la Légion
d'honneur : Béatrice Idiard-Chamois,
atteinte d'une maladie génétique rare,
a créé la consultation « handicap et
parentalité » au sein du département
mère/enfant de l'Institut Mutualiste
Montsouris à Paris.
Dans le domaine économique, la
présidente Europe de Coca Cola, la
Lyonnaise Dominique Reiniche, est
promue officier, tout comme Yves
Carcelle, l'ancien PDG de Louis
Vuitton.
Vendredi
3 Janvier 2014
MONDE - FRANCE
Légion d'honneur : Michèle Morgan, Alain Decaux et Serge
Klarsfeld
L'actrice Michèle Morgan, l'historien Alain Decaux, Serge Klarsfeld, le professeur René Frydman
ainsi que la romancière américaine Danielle Steel figurent dans la promotion du nouvel An de
l'Ordre national de la Légion d'honneur publiée mercredi au Journal officiel.
Dans cette promotion de 657 personnes, la comédienne de 93 ans Michèle Morgan, devenue une
star avec " Quai des brumes", de Marcel Carné, en 1939, est élevée à la dignité de grand'croix,
tout comme l'artiste peintre Geneviève Asse et l'un des historiens les plus connus des Français,
l'ancien ministre et académicien Alain Decaux. Bruno Roger, PDG de Lazard Frères Banque, est
la quatrième personnalité élevée à cette dignité de grand'croix.
Dans le domaine de la culture, l'écrivaine américaine Danielle Steel est distinguée comme
"étranger résidant en France" et devient chevalier.
Jean-Paul Cluzel, président de l'établissement public de la Réunion des musées nationaux et du
Grand Palais, est promu commandeur.
Les journalistes Pierre Péan et Michèle Fitoussi sont faits chevaliers. Le comédien et metteur en
scène James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin, devient lui aussi chevalier, tout comme la
comédienne Evelyne Didi. Une autre actrice, Geneviève Page, âgée de 86 ans, a été faite officier.
Les " chasseurs de nazis" Beate et Serge Klarsfled sont respectivement promus commandeur et
grand officier. Guy Charmot, âgé de 99 ans et doyen des compagnons de la Libération, ainsi que
Philippe Richer, résistant déporté à Buchenwald et diplomate, sont élevés à la dignité de grand
officier.
Dans le monde politique, les anciens ministres Dominique Perben (UMP) et Pierre Méhaignerie
(UDI) sont faits chevalier. Le maire d'Oradour-sur-Glane, Raymond Frugier, devient lui officier.
Dans l'enseignement et la recherche, le mathématicien Pierre-Louis Lions, lauréat de la médaille
Fields et professeur au Collège de France, est promu commandeur. Dans le domaine de la santé,
le professeur René Frydman, père scientifique d'Amandine, premier bébé éprouvette français en
1982, est promu commandeur. Une sage-femme fait son entrée dans la Légion d'honneur:
Béatrice Idiard-Chamois, atteinte d'une maladie génétique rare, a créé la consultation " handicap
et parentalité" au sein du département mère/enfant de l'Institut Mutualiste Montsouris à Paris.
Dans le domaine économique, la présidente Europe de Coca Cola, Dominique Reiniche, est
promue officier, tout comme Yves Carcelle, l'ancien PDG de Louis Vuitton.
Tous droits réservés : L'éveil de la Haute-Loire
Jeudi 2 Janvier 2014
00-IG Paris
Distinctions Promo du 1 er janvier
Légion d'honneur: 657 décorés
L'actrice Michèle Morgan, la comédienne Évelyne Didi ou la romancière américaine Danielle
Steel figurent dans la promotion des 657 personnes distinguées.
Dans la promotion du nouvel an de la
Légion d'honneur, 657 personnes ont
été décorées ou promues.
Parmi elles, la comédienne de 93 ans
Michèle Morgan, devenue une star
avec Quai des Brumes , de Marcel
Carné, en 1939, est élevée à la dignité
de grand-croix, tout comme l'artiste
peintre Geneviève Asse et l'un des
historiens les plus connus des
Français, Alain Decaux.
Jean-Paul Cluzel, président de
l'établissement public de la Réunion
des musées nationaux et du Grand
Palais, est promu commandeur. Les
journalistes Pierre Péan et Michèle
Fitoussi sont faits chevaliers.
Le comédien et metteur en scène
James Thierrée, petit-fils de Charlie
Chaplin, 39 ans, devient lui aussi
chevalier, tout comme la comédienne
Évelyne Didi. Une autre actrice,
Geneviève Page, âgée de 86 ans, a été
faite officier.
Michèle Morgan, 93 ans, fait partie
de la promotion.La recherche à
l'honneur
Les «chasseurs de nazis» Beate et
Serge Klarsfled sont respectivement
promus commandeur et grand
officier. Guy Charmot, âgé de 99 ans
et doyen des compagnons de la
Libération, ainsi que Philippe Richer,
résistant déporté à Buchenwald et
diplomate, sont élevés à la dignité de
grand officier.
Dans le monde politique, les anciens
ministres Dominique Perben (UMP)
et Pierre Méhaignerie (UDI) sont faits
chevalier. Le maire d'Oradour-surGlane, Raymond Frugier, devient lui
officier.
Dans l'enseignement et la recherche,
le mathématicien Pierre-Louis Lions,
lauréat de la médaille Fields et
professeur au Collège de France, est
promu commandeur.
Dans le domaine de la santé, le
professeur René Frydman, père
scientifique d'Amandine, premier
bébé éprouvette français en 1982, est
promu commandeur. Une sagefemme fait son entrée dans la Légion
d'honneur: Béatrice Idiard-Chamois,
atteinte d'une maladie génétique rare,
a créé la consultation «handicap et
parentalité» au sein du département
mère/enfant de l'Institut Mutualiste
Montsouris à Paris.
Tous droits réservés : Le Dauphiné Libéré
Nord Littoral
La promotion du nouvel An de la Légion d'honneur Morgan, Decaux et Klarsfeld épinglés
2 janvier 2014
Nord Littoral
Copyright 2014 Tous droits réservés
La comédienne Michèle Morgan, l'historien Alain Decaux, les «chasseurs de nazis» Serge et Beate Klarsfeld
ainsi que la romancière américaine Danielle Steel figurent dans la promotion du nouvel An de l'Ordre national
de la Légion d'honneur publiée mercredi au Journal officiel. Parmi cette promotion de 657 personnes, la
comédienne de 93 ans Michèle Morgan, star depuis «Quai des brumes» de Marcel Carné en 1939, est élevée
à la dignité de grand'croix. Tout comme l'artiste peintre Geneviève Asse et l'un des historiens les plus connus
des Français, l'ancien ministre et académicien Alain Decaux. Toujours dans le domaine de la culture, JeanPaul Cluzel, président de l'établissement public de la Réunion des musées nationaux et du Grand Palais, est
promu commandeur. Les journalistes Pierre Péan et Michèle Fitoussi sont nommés chevaliers.
Le comédien et metteur en scène James Thierrée, petit-fils de Charlie Chaplin, âgé de 39 ans, devient lui
aussi chevalier, tout comme la romancière américaine Danielle Steel, distinguée comme «étranger résidant en
France». Les «chasseurs de nazis» Beate et Serge Klarsfled sont respectivement promus commandeur et
grand officier. Guy Charmot, âgé de 99 ans et doyen des compagnons de la Libération, est lui également
élevé à la dignité de grand officier. Dans le monde politique, les anciens ministres Dominique Perben (UMP)
et Pierre Méhaignerie (UDI) sont faits chevalier. Le maire d'Oradour-sur-Glane, Raymond Frugier, devient lui
officier. Dans le domaine de l'enseignement et de la recherche, le mathématicien Pierre-Louis Lions, lauréat
de la médaille Fields, est promu commandeur. Dans l'univers de la santé, une sage-femme fait son entrée
dans la Légion d'honneur: Béatrice Idiard-Chamois, atteinte d'une maladie génétique rare, a créé la
consultation «handicap et parentalité» au sein du département mère/enfant de l'Institut Mutualiste Montsouris
à Paris. Dans la fonction publique, le chef de la prison de Fleury-Mérogis Hubert Moreau devient chevalier.
Dans le domaine économique, Bruno Roger, PDG de Lazard Frères Banque, est élevé à la dignité de
grand'croix. La présidente Europe de Coca Cola, Dominique Reiniche, est elle promue officier, tout comme
Yves Carcelle, l'ancien PDG de Louis Vuitton. Marie Quatrehomme, artisan fromager à Paris, entre quant à
elle dans la Légion d'honneur.