Retail 2020
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Retail 2020
Panorama du marché des commerces en France MAPIC 20 13 2 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Des signaux d’amélioration sur le plan économique L’éclaircie devrait se confirmer à partir de 2014 La croissance revient Après une croissance positive en 2010 (+2%) et 2011 (+1,7%), la dynamique de l’économie française a connu un coup d’arrêt en 2012, avec une croissance atone. L’année 2013 devrait s’annoncer, sous les meilleurs auspices. La France a en effet enregistré au 2ème trimestre un rebond inattendu de son PIB (+ 0,5%) qui s’inscrit dans un contexte d’amélioration de la conjoncture internationale. Les grandes organisations financières internationales ont d’ailleurs revu à la hausse leurs prévisions de croissance pour la France en 2013, l’embellie ne devant toutefois se dessiner qu’à partir de 2014. La France devrait officiellement retrouver en fin d'année le niveau de PIB, qu'elle affichait avant la crise, au début de l'année 2008. Jusqu'ici, parmi les principaux pays européens, seule l'Allemagne y était parvenue. Le FMI prévoit ainsi une croissance du PIB de + 0,2 % en 2013 et + 1,0 % en 2014 pour la France, et de - 0,4 % en 2013 et + 1,0 % en 2014 pour la zone euro. Un regain d’optimisme du côté des entreprises 2ème indicateur positif, celui du climat des affaires en France, calculé à partir des réponses des chefs d’entreprise des principaux secteurs d’activité. En ligne avec l’environnement extérieur, le climat des affaires s’améliore en France dans tous les secteurs. Ce dernier s’est très nettement redressé depuis le printemps, ce qui laisse entrevoir une poursuite de l’embellie d’ici la fin de l’année. Il s’établit au mois d’octobre à 95. La plus forte progression vient du commerce de détail, dont l’indicateur atteint 99, un niveau proche de sa moyenne de long terme. Des ménages plus confiants 3ème indicateur positif, la confiance des ménages qui progressent dans de nombreux pays européens. La France suit cette tendance. Le moral des Français se porte mieux. En octobre, l’indicateur de confiance des ménages gagne 6 points par rapport au minimum historique atteint en mai et juin dernier, et se positionne désormais à 85 (un niveau stable par rapport à septembre). Ce rebond est toutefois de bon augure pour la consommation. Les ménages se montrent plus optimistes sur leur situation financière personnelle future. Ils sont plus nombreux à considérer comme opportun de faire des achats importants. Leur sentiment sur leur capacité d’épargne future progresse nettement. Leur opinion sur le niveau de vie en France, à la fois passé et futur, continue de s'améliorer. Ils sont aussi moins inquiets concernant l'évolution future du chômage. Pouvoir d'achat globalement positif, malgré un repli attendu en fin d'année Pour cette année, l’Insee prévient que le pouvoir d’achat devrait se replier au 3ème comme au 4ème trimestre (-0,1% et -0,2%), après une première partie d’année orientée à la hausse. En cause, le regain d'inflation et la vigueur des impôts sur le revenu et le patrimoine. Sur l'ensemble de 2013, les ménages français devraient toutefois afficher une progression de 0,5% de leur pouvoir d'achat. Rappelons que l'année 2012 aura été finalement particulièrement difficile pour le porte-monnaie des français ; leur pouvoir d'achat ayant alors baissé de 0,9%, un repli record. Evolution du PIB, du pouvoir d’achat et de la consommation des ménages français Sources : INSEE – Consensus Forecasts 3 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 La consommation reste fébrile Moins d’achats spontanés, plus d’achats raisonnés Pour compenser la baisse du pouvoir d'achat attendue en seconde partie d’année, les français devraient rogner sur leur épargne, ce qui pourrait maintenir à flot la consommation au second semestre. Pour l’heure, la consommation recule de 0,1% au 3ème trimestre, après avoir progressé de 0,3 % au 2ème trimestre. Du côté des consommateurs, les comportements de précaution perdurent. Selon les prévisions de l’Insee, la consommation des ménages pourrait toutefois renouer avec la croissance sur l’ensemble de l’année, bien que modérément, après une année 2012 en berne (0,4%, le plus fort recul enregistré depuis plus de 60 ans). Le constat global, derrière cette avalanche de chiffres, est un bilan économique plus optimiste et positif que l’an passé. Plusieurs indicateurs économiques sont au vert. L’économie française sort progressivement la tête de l’eau, même si pour le moment elle ne peut inverser la courbe du chômage et que la consommation demeure fébrile. La baisse de l'emploi marchand est appelée à continuer jusqu'à la fin de l'année d’après l’Insee, à un rythme toutefois moins soutenu. L’institut table au mieux sur une stabilisation du chômage au 4ème trimestre à 10,6% en métropole, sans entrevoir encore une inversion de la situation. Si les achats malins (promotions, soldes) avaient pris ces dernières années une certaine ampleur, ils stagnent voire diminuent en un an, d’après une étude menée par le Crédoc et PAIR Conseil, « Les Cahiers de la Consommation ». Les consommateurs privilégient davantage des biens durables, et continuent de faire des arbitrages. Les dépenses alimentaires deviennent par exemple une variable d’ajustement dans le budget de certains ménages. Dans cette lignée, les dépenses de loisirs et culture s’orientent à la baisse. A l’opposé, la consommation collaborative (seconde vie des objets, troc, prêt, auto-partage..etc), qui allient économie et comportement durable, connaît toujours un fort développement. Au-delà du simple motif financier, la consommation collaborative est ici créatrice de lien social et de nouvelles expériences réelles et uniques. Moins sollicité, le consommateur retrouve également une certaine maîtrise face à sa consommation, loin de l’hyper choix des magasins. Enfin l’économie collaborative peut permettre de réveiller, ou de révéler, certains talents cachés, et de les monétiser à l’instar des sites de « jobbing » (dont le principe est de mettre en relation des particuliers qui ont besoin d'un service et d'autres, qui possèdent les compétences requises ou le temps pour le réaliser) ou de « cookening » (permettant à chacun de s’improviser hôte ou chef d’un soir, pour un prix très raisonnable, chez un inconnu ou chez soi). La consommation collaborative est dans l’air du temps et devrait s’inscrire de manière durable dans nos modes de consommation. 4 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Une dynamique locative plus poussée sur le segment « prime » « Les nouveaux concepts bousculent les codes traditionnels du commerce » Nathalie Razafine Responsable Commerce Agence Situation financière encore délicate pour les commerçants, excepté pour l’industrie du luxe Dans l’ensemble, les enseignes demeurent prudentes quant à leurs choix d’investissement. Elles sont en quête d’emplacements stratégiques et sécurisés. Pour ce faire, elles n’hésitent pas à réaliser des arbitrages en fermant des sites aux résultats décevants et en renforçant leurs efforts sur les emplacements n°1. Aujourd’hui, seul le secteur du luxe résiste, même si la phase de forte expansion de ces dernières années semble s’apaiser. D’après une étude menée par la société de conseil Bain & Company, le secteur du luxe n’augmenterait que de 2% à 217 milliards d’euros dans le monde cette année, après une croissance de 10% en 2012. En cause, la crise persistante en Europe et la fin de l’ère de forte expansion chinoise dans le secteur. A cela s’ajoute l’ impact significatif des variations de taux de change, avec la forte dépréciation du yen qui pénalise les résultats des marques. En tout état de cause, le monde n’a jamais compté autant de milliardaires. Les consommateurs sont toujours plus nombreux à se presser dans les boutiques de luxe, soutenue par la hausse du niveau de vie et du pouvoir d’achat des pays émergents. Evolution du chiffre d’affaires des commerces L’activité du commerce spécialisé recule de 1,1% sur les 9 premiers mois de l’année, selon l’enquête mensuelle menée par le Procos. Ce repli de l’activité se réfère à une année 2012 elle aussi en baisse (-0,9%). Les moyennes surfaces des parcs d'activités commerciales apparaissent les plus touchées (-2% en cumul sur 9 mois), suivies par les magasins de centreville (-1,6% en cumul sur 9 mois). Les boutiques des centres commerciaux résistent mieux : -0,8% dans les cœurs des villes, +0,1% en périphérie. Malgré un dernier trimestre qui pourrait être un peu meilleur que l'an dernier, l'année 2013 devrait clôturer sur un nouveau recul d'activité, « de l'ordre de -1% comme l'an dernier » déclare le Procos. Tous les secteurs d’activité sont affectés par la fragilité de l’économie et de la consommation. Cette année encore un certain nombre d’enseignes ont déposé le bilan (Virgin, Game), mettent progressivement fin à leur activité sur le territoire (Manoukian, The Phone House), ou décident de réduire la voilure faute de rentabilité suffisante (Habitat, SFR). Source : Enquête semestrielle du Procos Des centres villes, pas tous logés à la même enseigne Face à des chiffres d’affaires fragilisés, et une concurrence accrue du commerce de périphérie, les centres villes ont dû renforcer leur attractivité en se modernisant. Cette mutation se poursuit, et les municipalités continuent d’œuvrer dans ce sens avec la mise en place de politiques volontaristes d’aménagement urbain, à l’instar de la réhabilitation de la Rue de la République à Marseille ou encore de la promenade Sainte Catherine à Bordeaux, pour ne citer qu’elles. 5 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Dans une étude conduite par le Procos sur l’évolution du commerce de centre-ville depuis 12 ans, il ressort qu’au fil des années, l’offre commerciale a eu tendance à se rétracter et à se polariser sur les artères principales, renforçant la hiérarchie des emplacements marchands et exacerbant la concurrence. Les cœurs de ville des petites et moyennes agglomérations ont été particulièrement touchés par cet assèchement. L’offre commerciale, éligible aux yeux des enseignes, s’est donc réduite. Elle ne se limite qu’aux rues à forte commercialité, généralement les plus fréquentées, et aux meilleurs emplacements, ce qui maintient une pression sur les valeurs locatives. En parallèle, l’offre commerciale s’est davantage spécialisée au profit des enseignes de l’équipement de la personne et de la beauté / santé. Ce phénomène de spécialisation de l’offre a été le plus marqué dans les villes moyennes, s’alignant sur le profil marchand standard des villes de taille plus importante, à la différence près que les enseignes nationales y sont prédominantes. Les cœurs de ville restent donc recherchés, avec une prime aux grands centres villes. Les enseignes n’ont d’ailleurs pas hésité à adapter leur format de vente comme par exemple l’alimentaire avec l’essor des « convenience stores » ces dernières années (Carrefour Market, Monop’..), ou plus récemment la FNAC avec son nouveau concept de magasins de proximité en centre-ville. Paris reste très prisée des enseignes internationales A Paris, l’année 2013 a été très animée en termes d’ouvertures, le luxe et le « mass market » ayant une nouvelle fois fortement contribué à ce dynamisme. Paris, la ville la plus visitée au monde, occupe une place prépondérante dans le milieu de la mode et du luxe. Le marché du luxe parisien continue de profiter de l’essor du tourisme mondial et de la hausse des dépenses de ses visiteurs. Sur le front de l’immobilier, cela s’est traduit par des extensions de magasins, des déplacements et de nouvelles implantations bouleversant quelque peu la géographie du luxe dans la capitale. Historiquement implantées Avenue Montaigne, Rue du Faubourg Saint-Honoré et Place Vendôme, les enseignes de luxe ont progressivement investi la rue Saint-Honoré (dont le pôle luxe a été renforcé par l’ouverture du Mandarin Oriental en 2011) et les abords de ces axes historiques, sous la pression de la demande et de la rareté des emplacements. Au cours de la dernière décennie, les enseignes de luxe ont ainsi concentré leur développement sur la Rive Droite, ciblant la clientèle internationale des grands hôtels parisiens. 6 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Le marché du luxe à Paris : les quartiers qui montent Opéra Capucines Source : Jones Lang LaSalle Saint-Germain / Sèvres 7 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Aujourd’hui, un double mouvement s’opère. Rive Gauche, les enseignes de luxe redécouvrent le quartier de Saint-Germain-des-Prés, avec notamment la Rue de Sèvres, animée par une clientèle locale aisée et par un tourisme d’initiés. Ce mouvement s’est opéré à partir de 2010 lorsque Ralph Lauren crée la surprise choisissant comme vaisseau amiral un hôtel particulier boulevard SaintGermain. Depuis les grands groupes du luxe, déjà présents, décident de réinvestir le quartier. La maison Hermès, elle, franchit la Seine et inaugure à la fin de cette même année une nouvelle boutique rue de Sèvres, en réinvestissant l’ancienne piscine Lutetia. S’en suit alors un jeu de chaises musicale entre les enseignes. Dernières arrivées en date, Shang Xia, l’enseigne chinoise du groupe Hermès, et Oméga qui s’implantent à quelques numéros. Rive Droite, c’est dans le quartier de l’Opéra, temple du « mass market », que des grands noms de l’horlogerie de luxe ont pris place. Non loin des grands magasins, ces enseignes espèrent ainsi capter le flux de touristes, avec en tête la clientèle chinoise gourmande en produits de luxe. En 2012, plus d’un million de touristes chinois ont visité la capitale. L’achat de produits de luxe est un élément fondamental de leur visite, symbole de réussite sociale. A deux pas de la célèbre place Vendôme et de la rue de la Paix, symbole de la haute joaillerie et plus récemment de l’horlogerie de luxe, Bucherer, Cartier, Tag Heuer et Oméga ont investi le boulevard des Capucines, qui suscitait jusqu’ici moins de convoitise que le boulevard Haussmann.Le tourisme reste donc plus que jamais l’un des moteurs incontournable du marché du luxe. En dehors de ce segment de marché, les enseignes internationales « mass market » ont elles aussi été actives cette année. Dans le prêt-à-porter, après les ouvertures de Banana Republic, Abercrombie & Fitch, et Hollister, c’est au tour de l’enseigne américaine Forever 21 d’inaugurer son premier flagship parisien en plein cœur de la rue de Rivoli, tandis que l’enseigne américaine Urban Outfitters met un pied dans la capitale avec un premier corner test aux Galeries Lafayette. L’enseigne anglo-irlandaise Primark s’invite elle aussi dans la partie, orientant pour le moment son développement en centre commercial. De leur côté les géants Inditex (Zara) et H&M poursuivent leur expansion. A Paris, H&M a par exemple diversifié ses formats de vente en lançant trois nouveaux concepts. Au printemps dernier, le magasin &Otherstories, la ligne haut de gamme de prêt-àporter d’H&M, s’implantait sur 700 m² sur la très chic rue Saint Honoré. Dans le même temps, l’enseigne Monki ouvrait sa première boutique de prêt-à-porter urbain et éthique rue de Provence, près du boulevard Haussmann, sur 300 m². Pour compléter le tableau, l’enseigne Cheap Monday, du groupe H&M également, spécialisée dans les jeans, devrait inaugurer un premier point de vente dans le Marais. Autre quartier, autre enseigne : Uniqlo va prochainement faire son arrivée dans le Marais, après ses implantations dans le quartier de l’Opéra et de Beaugrenelle. La marque japonaise pose ses rayonnages dans une ancienne usine (~1 500 m²), située dans la continuité d’un hôtel particulier en façade de la rue des Francs-Bourgeois. Il s’agit d’un point de vente de taille pour le quartier, habitué à des surfaces commerciales de moindre ampleur (< 200 m²). Dernier point, dans la restauration, les enseignes internationales grand public continuent également de conquérir le marché parisien. Quelques exemples en vrac : le grand retour de Burger King à Paris en décembre prochain, dans la galerie marchande de la gare Saint Lazare, ou encore l’expansion des enseignes britanniques Costa Coffee et Prêt A Manger à Paris et en région parisienne. 8 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Point législatif – Les ouvertures de commerce le dimanche Si le travail dominical est théoriquement proscrit en France par le code du travail, ce régime est toutefois soumis à de nombreuses dérogations qui sont fixées dans la loi dite "Mallié" de 2009. 1. Les « dérogations permanentes de droit », pour des secteurs d'activité soumis à des « contraintes de production et besoins du public » jugés incompatibles avec une fermeture le dimanche. Sont concernés par exemple les musées, les salles de spectacles, les hôtels, les restaurants, les établissements de santé mais aussi les magasins de meubles ou de jardinage. Les commerces alimentaires peuvent aussi ouvrir le dimanche sans demande d'autorisation particulière, mais seulement jusqu'à 13 heures. 2. Les dérogations liées à l'emplacement du magasin. Sont concernées les « zones d'intérêt touristique » caractérisées par une « affluence exceptionnelle » ou une « animation culturelle permanente » le dimanche. La liste des zones concernées est fixée par le préfet sur proposition du maire. Sont concernées les « périmètres d'usage de consommation exceptionnelle » (PUCE), situés dans les villes de plus d'un million d'habitants - en pratique, seuls Paris, Lille, Aix et Marseille sont concernées. Là aussi, le contour de ces zones, qui relève du préfet, fait débat. 3. Les dérogations autorisées par le Maire, jusqu’à cinq dimanches par an. Aujourd’hui, les dérogations prévues dans le cadre de la loi Mallié font débat notamment dans la délimitation des zones, qui restent à l’appréciation des préfets, ce qui se traduit par des différences de traitement parfois incohérents. Autre débat, les créations d’emplois liées à l’ouverture dominicale qui ne sont pas clairement démontrées. Dans un contexte économique exacerbé par un chômage important, les avis sont donc très partagés entre contraindre certains commerces de fermer le dimanche alors qu’ils étaient précédemment ouverts, et généraliser l’ouverture des magasins le dimanche. Dans une étude menée par Eurelia pour le Procos, la fédération du commerce spécialisé, sur l'ouverture généralisée des commerces le dimanche à Madrid, les résultats mettaient en avant des effets « contre-productifs » pour les enseignes françaises installées localement. La majeure partie des enseignes ont dû faire face à une baisse importante de fréquentation les vendredis et samedis d’une part. D’autre part, compte tenu de la réévaluation des salaires le dimanche, les comptes d'exploitations s'en sont trouvés dégradés. Pour l’heure, le repos dominical reste la règle en France. Le gouvernement a confié une mission à Jean-Paul Bailly, ancien Président de La Poste qui avait déjà travaillé sur le sujet en 2007, afin de clarifier le cadre juridique des dérogations et exceptions de l’ouverture dominicale des commerces. Jean-Paul Bailly devra rendre les conclusions de son rapport et des propositions au Premier Ministre pour la fin du mois de novembre. 9 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Les loyers « prime » se maintiennent à des niveaux record en centre-ville des espaces de vente qui leur permettront d’exprimer leur concept. Les valeurs locatives « prime » se maintiennent à leur plus haut niveau, et restent globalement orientées à la hausse pour les axes les plus recherchés des grands centres villes, notamment à Paris. Certaines hausses ont pu d’ailleurs sembler décorrélées du climat économique actuel. Si dans l’ensemble les enseignes ne sont pas prêtes, non plus, à accepter n’importe quel niveau de loyer, certaines d’entre elles pourront toutefois arbitrer pour des lieux de passage incontournables, quitte à payer le prix fort ; l’opportunité créant dorénavant la valeur d’un site. A ce jeu-là, les grands groupes internationaux du luxe et du « mass market », qui ont des capacités financières et qui sont dans des logiques d’expansion, ont un avantage certain face aux commerçants indépendants qui ne peuvent suivre cette course effrénée des valeurs locatives. Pour les meilleures parties de certains axes « prime » de la capitale, les loyers continuent de grimper sous la pression de la demande. En l’absence d’offre, les rues adjacentes connaissent souvent un intérêt croissant. Dans ce contexte, les propriétaires sont plus vigilants lors des échéances de baux de leurs locataires, et sont de plus en plus attentifs aux possibles revalorisations de loyers découlant des dernières valeurs locatives actées. Valeurs locatives « prime » sur les principaux axes commerçants parisiens Centres commerciaux : fréquentation et chiffres d’affaires toujours faibles Dans l’ensemble, la fréquentation dans les centres commerciaux peine à renouer avec la croissance, en l’absence d’une reprise franche de la consommation, même si là aussi tous les centres n’enregistrent pas les mêmes performances. En 2012, la fréquentation des centres commerciaux a reculé de 1,1%, pour la 5ème année consécutive. 2013 s’inscrit pour le moment dans la même lignée. La fréquentation est globalement en baisse depuis le début de l’année, malgré un été positif. Indice de fréquentation des centres commerciaux Source : Jones Lang LaSalle Rue de Sèvres, par exemple, les valeurs peuvent désormais atteindre jusqu’à 7 000 euros pour le meilleur tronçon, sous l’effet du boom du luxe. Même scénario sur les Champs Elysées où les valeurs locatives « prime » ont doublé en deux ans ; elles semblent toutefois aujourd’hui atteindre un palier. Dans le cadre d’une commercialisation plus classique, lors de la restructuration d’un immeuble par exemple, les valeurs pratiquées sont toutefois moins volatiles. Face à une consommation encore timide, et des chiffres d’affaires fragilisés, les enseignes restent très exigeantes dans le choix des emplacements. Les négociations sont souvent longues et âpres, et certaines décisions d’implantation sont parfois reportées. Les segments « prime » restent donc très recherchés, les taux d’occupation y sont très élevés, creusant le fossé avec les destinations moins prisées. Outre la qualité de l’emplacement, la qualité des locaux prend de l’importance. Les enseignes sont également attentives à la taille et à la configuration Source : CNCC La mesure de la fréquentation d’un centre est la pierre angulaire de son bon fonctionnement et de son efficacité. Pas de fréquentation, pas de chiffre d’affaires. Les chiffres d’affaires, toujours orientés à la baisse, ne sont pas très encourageants : -2,7% à la mi 2013 selon le dernier indice d’activité des centres commerciaux publié par le CNCC (indice cumulé à commerces constants). Cette baisse ne s’applique toutefois pas de manière homogène à tous les commerçants. Les boutiques de centres commerciaux affichent une meilleure résistance 10 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 que les grandes surfaces spécialisées et alimentaires qui sous-performent. Indice d'activité des centres commerciaux Source : CNCC Depuis le début de l’année, les enseignes de bricolage, jardinage et de beauté / santé enregistrent une activité en hausse. D’ailleurs dans le secteur de la beauté, les nouvelles enseignes et nouveaux concepts dédiés fleurissement. Après le déploiement de l’enseigne de maquillage Kiko en France, c’est au tour du hollandais Hema, qui se déploie maintenant depuis 3 ans sur le territoire français, de lancer son premier magasin Hema Beauty dans le centre commercial Belle Epine. A l’opposé les plus forts reculs ont été enregistrés pour les secteurs de la culture et de la restauration. Pour les enseignes de l’équipement de la personne les résultats sont plus contrastés. Priorité aux centres commerciaux les plus compétitifs Dans ce contexte, avec des plans de développements moins ambitieux et plus ciblés, les enseignes se tournent en priorité vers les centres établis les plus performants en termes de flux et de chiffres d’affaires au détriment des centres jugés secondaires. résultats sont là puisque d’après une étude menée par le Procos sur la vacance commerciale, les grands centres commerciaux (> 120 boutiques) affichaient en 2012 un taux de vacance de 4,4%. Dans le top 15 des centres commerciaux les plus visités d’Europe, se glissent 4 français : Les Quatre Temps (La Défense) en 2ème position derrière Westfield Stratford (Londres), suivi par le Forum des Halles (Paris) en 4ème position, La Part Dieu (Lyon) en 5ème position et Evry 2 (Evry) en 15ème position. En outre, il est intéressant de noter que ces très grands centres constituent la catégorie la plus ancienne des centres commerciaux en France. Ils ont, d’une certaine manière, fait davantage leur preuve dans le temps en comparaison aux centres commerciaux plus récents (moins de 10 ans) qui présentent des taux de vacance plus élevés de l’ordre de 11%. Force est de constater, qu’aujourd’hui, il faut compter plus de temps pour que de nouveaux centres atteignent leur vitesse de croisière, en moyenne cinq ans contre trois ans avant la crise. Pour autant les développements de centres commerciaux se poursuivent et le nombre de projets commerciaux identifiés en France demeure important. Cette année encore quelques inaugurations ont été retentissantes à l’image d’Aéroville (~85 000 m²) près de l’aéroport Charles-de-Gaulle, dernier né d’Unibail-Rodamco, ou encore de Beaugrenelle dans le 15ème arrondissement de Paris qui rouvre ses portes au public, 10 ans après sa fermeture, après une métamorphose totale, et une extension d’envergure. Principaux projets de centres commerciaux livrés cette année ou en cours de construction Cette prime aux meilleurs centres maintient donc les valeurs locatives « prime » faciales à un niveau élevé allant jusqu’à 1 600 / 2 200 € pour les centres régionaux les plus performants, qui affichent complet. Au-delà de ce segment de marché, l’heure est toutefois à la modération. Les taux d’effort importants supportés par les enseignes ont poussé les propriétaires à réviser leurs grilles de loyers, à prendre en charge quelques travaux, voire pour certains de s’abstenir de droit d’entrée. Les négociations sont toujours longues. Pour rester dans la compétition, les grands centres commerciaux de leur côté ont opéré un « grand lifting » ces dernières années et n’ont eu de cesse de proposer de nouveaux services à leur clientèle, résultat des politiques de valorisation immobilière des propriétaires de ces centres. D’ailleurs les Source : Jones Lang LaSalle 11 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Séduire et distraire à tout prix Aujourd’hui, les centres commerciaux de nouvelle génération essayent de se différencier en termes d’offre, un relais de croissance indispensable pour résister à la concurrence féroce. Ces derniers ne ménagent pas leurs efforts pour attirer de nouveaux consommateurs, et générer du trafic. A chacun sa technique, petit tour d’horizon des nouvelles tendances en la matière. Sophistication des centres commerciaux Les centres commerciaux poursuivent leur sophistication avec des stratégies marketing qui s’inspirent des codes du luxe. A l’image des « malls » des pays émergents, le centre commercial Westfield à Londres a été le pionnier en Europe, avec un espace entièrement dédié aux marques de luxe, « The Village ». Fort de son succès, la montée en gamme des centres commerciaux s’opère à son tour en France : labellisation 4* pour Unibail, façon grand hôtel, avec une multitude de services VIP ou encore positionnement « nouveau » grand magasin parisien pour Beaugrenelle qui accueille des enseignes non coutumières des centres commerciaux comme Guerlain, Baccarat ou encore Costes. Dans les cartons, Les Terrasses du Port à Marseille ou encore Polygone Riviera à Cagnes-sur-Mer ont choisi de se rapprocher de cet univers. Du côté des enseignes, les synergies entre les points de vente physiques et le e-commerce sont favorisées. Cette convergence du « on-line » et du « off-line » propose de nouvelles façons complémentaires de consommer. L’achat se dématérialise. Les cabines d’essayage se digitalisent. Les boutiques se théâtralisent. Elles se transforment en véritables lieux d’« expérience », dans lesquelles la place du digital est croissante. A terme, le digital devrait donc faire évoluer notre façon de faire du shopping, même si pour l’heure nous ne sommes qu’aux prémices. Du digital dans les commerces physiques Le digital et le commerce physique s’entremêlent de plus en plus. Les centres commerciaux proposent aujourd’hui des dispositifs complets de solutions digitales (site Internet, page Facebook, WIFI gratuit, affichage publicitaire digital…). D’autres vont encore plus loin, à l’heure où le m-commerce (commerce mobile) est en plein essor, en lançant des applications pour smartphones proposant aux membres de la communauté des informations pratiques sur leur centre ou encore des avantages exclusifs (bons plans, avantages fidélité). Autre exemple, Vente-privée.com, fleuron du ecommerce à la française, innove en lançant un nouveau service mobile baptisé « Le Pass » qui permet aux commerçants de communiquer des offres en temps réel aux consommateurs géographiquement proches de leur magasin, et de générer ainsi un trafic immédiat en point de vente. Evolution du montant des ventes en ligne Source : Fevad Un point rapide sur le e-commerce, où en est-on ? Le e-commerce se porte bien. Le marché a connu une croissance forte depuis trois ans (+80%). En 2012, il atteint 45 milliards d’euros en France, malgré un ralentissement constaté sur la dernière période en raison de la conjoncture économique difficile. La France est un marché majeur en Europe, l’un des plus importants pour le e-commerce où elle occupe la 3ème place, derrière l’Allemagne (50 milliards d’euros en 2012) qu’elle talonne et l’Angleterre loin devant (96 milliards d’euros). Au niveau mondial, la France se situe au 6ème rang. Le m-commerce (achats sur smartphones, tablettes…) gagne du terrain avec 1 milliard d’euros de ventes en 2012. Ce volume a plus que doublé en un an (400 millions en 2011). Il demeure toutefois encore loin derrière les EtatsUnis où le m-commerce représente 24 milliards de dollars (~18 milliards d’euros), soit 11% du marché du e-commerce local. En France, cette part dépasse à peine les 2%, ce qui offre de nouvelles opportunités de croissance au secteur. 12 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Le « Dining experience » La restauration est une tendance lourde dans les centres commerciaux. Même si ce n’est pas nouveau, la plupart des opérateurs y consacrent aujourd’hui une place majeure, intégrée bien souvent dès le départ dans les nouveaux développements. Ils sont appréhendés comme de véritables lieux de vie, dans lesquels on sort et on dîne, générant du trafic dans le centre et allongeant le temps de visite des clients. Ces nouveaux espaces de restauration se veulent conviviaux et proposent par exemple des animations gastronomiques ou des illustrations digitales de recettes. Concentrés dans un écrin dédié, ils sont conçus comme des restaurants de centre-ville, avec pour certains des terrasses extérieures. Autre nouveauté, l’offre se diversifie et monte en gamme en accueillant des concepts différenciants comme le fameux Bar à champagne de Westfield ou des enseignes inhabituelles comme Dalloyau à So Ouest ou Costes à Beaugrenelle. Le « retailtainment » Après les espaces de restauration, place aux divertissements, ce sont les nouveaux concepts qui sont dans l’air du temps pour assurer le renouveau des centres commerciaux. Il s’agit donc d’associer les loisirs au commerce pour offrir au public une véritable destination, lui permettant de se divertir et de s'adonner à ses loisirs. Simulateur de vol, murs d’escalade, bowling, expositions, spectacles, théâtralisation et mise en scène des espaces de vente, voici autant d’exemples qui semblent être l’avenir du centre commercial. Un exemple illustre les nouvelles innovations de demain, il s’agit du projet Vill’up à Paris, sur le site de La Villette, dont l’ouverture est programmée à l’automne 2014. Ce nouvel espace accueillera des commerces, des loisirs avec un simulateur de chute libre pour les amateurs de sensations fortes, un cinéma multiplexe et un complexe multi-loisirs de nouvelle génération « Moov’box », de la restauration avec un pôle « bistronomie », et une offre culturelle avec la Cité des Sciences et de l’Industrie. Les commerces de périphérie, un segment de marché qui évolue Dans l’ensemble, l’activité des commerces de périphérie est toujours en demi-teinte. Hausse des prix du carburant, baisse du pouvoir d’achat, nouveaux modes de consommation, contexte de marché de plus en plus concurrentiel sont autant de facteurs qui pénalisent l’activité commerciale périphérique. Pour autant, les ouvertures de programmes se poursuivent, à l’image du Family Village Costières Sud à Nîmes inauguré en début d’année ou encore du retail park Mondevillage à Caen qui vient d’ouvrir ses portes fin octobre. Les meilleurs concepts innovants, offrant un maximum de services et une centralité exemplaire en termes de transports, connaissent un bon taux de remplissage voire affichent complet. Les principaux attraits de la périphérie restent ses loyers modérés (en moyenne quatre fois moins chers que ceux des centres commerciaux) et ses formats de vente de grande taille qui séduisent les enseignes à faible marge. Fait nouveau, de plus en plus de grandes enseignes « mass market », jusqu’alors uniquement présentent en centre-ville et centres commerciaux, commencent, elles aussi, à regarder avec intérêt ce type de format. Là aussi la différenciation de l’offre est souvent l’une des clés du succès, à l’image de l’« outlet » qui apparait aujourd’hui comme l’un des formats résistant le mieux à la crise, animant le marché de l’immobilier commercial de périphérie. Les « outlets » chics ont le vent en poupe En effet, les « outlets » font partie des commerces de périphérie qui rencontrent un succès grandissant auprès de tous les consommateurs, et dans lesquels de plus en plus d’enseignes y sont représentées, y compris certaines marques de luxe. Nés dans les années 70 aux Etats-Unis sous la forme de magasins d’usine, le concept s’est étendu en Europe dans les années 80/90. Si à l’origine il s’agissait de bâtiments sommaire de type « industriel », ces centres ont connu depuis des transformations architecturales importantes, et sont devenus de vrais centres de vie dotés de services. La gamme de produits et des enseignes présentes s’est considérablement élargie. La clientèle s’est également diversifiée. Ces nouveaux espaces shopping attirent aujourd’hui un large éventail de consommateurs. 13 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Fort de son succès, le concept d’« outlet » continue de se développer, bien loin encore d’avoir atteint le taux de couverture de l’Angleterre ou de l’Italie. Le concept séduit toujours. Plébiscité des consommateurs, surtout en période économique difficile, il permet de se faire plaisir tout en faisant des affaires. The Style Outlets de Roppenheim près de Strasbourg, ouvert en avril 2012, accueillait par exemple en moins d’un an son millionième visiteur. Marques Avenue, le plus gros opérateur français de centre de marques, revient lui aussi dans la course avec l’ouverture d’un nouvel « outlet » sur l’autoroute A13 dans l’ouest parisien, prévu en 2015, la dernière inauguration datant de 2008. Enfin, Mc Arthur Glen a obtenu les autorisations administratives pour implanter le premier village de marques du sud-est de la France à Miramas. Aujourd’hui, le positionnement « luxe/haut de gamme » de certains de ces centres marque un nouveau tournant de ce modèle. Si « luxe » ne rimait pas encore il y a si longtemps avec « discount », les « outlets » chics ont démocratisé, en quelque sorte, l’accès aux produits de luxe en devenant un produit de prestige de masse. Treize ans après son ouverture, La Vallée Village est un très bon exemple en la matière avec une fréquentation et un chiffre d’affaires en perpétuelle hausse. Situé à deux pas de Disneyland Paris, la clientèle touristique, originaire de 170 pays différents, représente plus de 50% des ventes, avec en tête la clientèle chinoise et russe. Une manne qu’aimerait capter le tout dernier né des « outlets » de luxe One Nation Paris, le pendant de La Vallée Village à l’ouest de Paris, en prenant ses quartiers près du Château de Versailles. Outre l’étude de la zone de chalandise et l’accessibilité du site, le fort potentiel touristique de la zone semblent être une des clés du succès 14 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Le commerce, un secteur toujours très prisé des investisseurs Ainsi le commerce s’affirme toujours comme un marché profond et établi. Il concentre d’ailleurs près de 20% des investissements totaux en immobilier d’entreprise sur les 9 premiers mois de l’année dans l’hexagone, contre 10% en moyenne sur la période 2004 – 2012 (2007 exclus). Cette performance traduit l’attrait des investisseurs pour cette classe d’actifs. Perçue comme résiliente et pérenne, elle offre des atouts indéniables aux yeux des investisseurs qui la considère comme plus défensive et moins volatile que d’autres types d’actifs. Soutenue par un bon cru de très grandes transactions « L’année 2013 devrait réitérer les performances atteintes ces dernières années » Khokha Mansouri Responsable Commerce Investissement Une très bonne année sur le plan des investissements L’investissement en commerce continue d’être dynamique cette année encore au regard des performances déjà atteintes à fin septembre, près de 2 milliards d’euros, et des négociations en cours. Ce résultat s’inscrit dans la lignée des trois dernières années qui ont enregistré des volumes records, atteignant même 3,5 milliards d’euros en 2012. Autre fait notable cette année, dans la continuité de 2012, la bonne activité des transactions de plus de 100 millions d’euros. Au nombre de 7 à fin septembre, elles totalisent à elles seules la moitié des volumes investis en France sur cette période, grâce notamment à quelques larges cessions de pieds d’immeubles parisiens. Dans le top 3 des cessions, nous enregistrons pour le moment à fin septembre : Le portefeuille Vivarte - Opération de sale & lease back de 80 actifs de centre-ville acquis par La Française. Il s’agit d’actifs sécurisés par des baux longs, loués auprès d’enseignes nationales, situés en très grande majorité à Paris et dans de grandes métropoles régionales. Le portefeuille Metro Cash & Carry Opération de sale & lease back dans laquelle Amundi a acquis, pour le compte d’un fonds britannique, 75% d’un portefeuille de 43 magasins Metro Cash & Carry en France, loués sur la base de baux long terme. Le portefeuille Immochan - Cession de 3 galeries marchandes et de 4 retail parks en France pour un montant de plus de 160 millions d’euros auprès d’un institutionnel français. Evolution des montants investis en commerce en France Source : Jones Lang LaSalle Au regard des transactions actuellement en cours de négociation, ce bon dynamisme devrait se poursuivre sur la fin de l’année. Il pourrait même bousculer la hiérarchie avec en tête les centres commerciaux et les galeries marchandes, détrônant ainsi les pieds d’immeubles à la première place du podium l’an dernier sur ce segment de marché. 15 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Principales références de transactions investissement en 2013 * Quote-part Commerce Source : Jones Lang LaSalle Les commerces « prime » de centre-ville tiennent la palme Pour l’heure, les commerces de centre-ville enregistrent une très bonne performance, avec une nette préférence pour les grandes agglomérations ; Paris concentrant 70% des investissements. Au total, sur les 9 premiers mois de l’année, plus d’1 milliard d’euros ont déjà été investis dans les centres villes, soit plus de 50% des montants engagés en France, un poids historiquement élevé. Les pieds d’immeubles tirent parti de l’appétit des investisseurs long terme, jugés comme une typologie d’actifs moins ou peu exposée au ralentissement de la consommation. Ils répondent aux critères de sécurité et de pérennité auxquels les investisseurs sont attachés. Les cessions de centres commerciaux, après un bon démarrage, ralentissent un peu, par manque d’opportunités. Ce repli n’est toutefois que temporaire compte tenu des négociations en cours qui pourraient accroître de manière substantielle ces volumes en fin d’année ou au plus tard début 2014. A titre d’exemple, Carrefour est actuellement en discussion avec Klépierre pour racheter plus de cent galeries marchandes en France, en Espagne et en Italie. Le prix de cette transaction s’élèverait à 1,7 milliard d’euros. Les grands centres commerciaux, implantés dans les meilleures régions, demeurent eux aussi des produits de prédilection aux yeux des investisseurs, assurant des rendements long terme élevés et sûrs. En outre, le nombre limité de ces cessions a mécaniquement fait reculer leur part qui atteint 20% à fin septembre en France. Pour les retail parks, si la sélectivité des investisseurs est plus marquée, les produits « prime », sécurisés et bien placés, continuent à retenir leur intérêt. On citera notamment le portefeuille en sale & lease back de Metro Cash & Carry. Répartition des montants investis par typologie d’actifs Source : Jones Lang LaSalle 16 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Les dernières acquisitions sur les Champs-Elysées Source : Jones Lang LaSalle Des investisseurs toujours en quête de sécurité Si l’on constate une bonne liquidité du marché, il n’en demeure pas moins que les investissements se limitent essentiellement aux produits « core », les plus sécurisés c’est-à-dire entièrement loués, avec des locataires solides et des loyers en ligne avec leur marché. Les investisseurs font donc toujours preuve d’une grande vigilance et privilégient les localisations établies et les produits « prime » de type grands centres commerciaux ou rues commerçantes de premier ordre. A ce titre, les axes de prestige parisiens suscitent toujours l’intérêt des investisseurs, notamment étrangers. En 2012, Ramsbury se portait acquéreur de « Faubourg One », rue du Faubourg Saint-Honoré, pour un montant total de 165 millions d’euros. En 2013, Sofaz (fonds pétrolier de l’Etat d’Azerbaïjan) se positionne sur le 8 place Vendôme (Dior JoaillerieHorlogerie) pour 135 millions d’euros, et l’hôtel Mandarin Oriental rachète ses murs et des deux flagship stores en rez-de-chaussée, Ports 1961 et Dsquared2, auprès de SFL. Par ailleurs, il est intéressant de noter que les acquisitions sur les Champs-Elysées n’ont jamais été aussi nombreuses depuis deux ans. Les numéros 52 (Virgin) et 116 bis (Lido) ont été acquis en 2012 par les qataris (QIA). Le n°42 (Peugeot) a également été cédé. En 2013, le n°118 (MercedesBenz) a été acquis par Pramerica, le n°76-78 (Levi’s) par AG Real Estate, et le n°65-67 par Thor Equities. Au total ces investissements ont représenté plus d’1 milliard d’euros entre 2012 et 2013. 17 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Français et internationaux sont présents Depuis le début de l’année, le marché s’est rééquilibré entre les investisseurs domestiques et les investisseurs internationaux. Les investisseurs français totalisent un peu plus de 50% des montants engagés en France à fin septembre, avec une forte proportion de fonds d’investissement et d’institutionnels. On les retrouve également sur les gros volumes supérieurs à 100 millions d’euros, aux côtés des investisseurs internationaux. Les investisseurs internationaux restent plutôt centrés sur les trophées parisiens comme on a pu le voir précédemment. Cette année, les européens sont bien représentés, avec en trio de tête les allemands, les anglais et les hollandais. Répartition des montants investis par nationalité des acquéreurs Les fonds souverains du Qatar, qui avaient été très actifs en 2012, n’ont pas déserté pour autant le marché français. Ils se sont illustrés notamment cet été avec le rachat emblématique du Printemps pour 1,6 milliard d’euros. Cette acquisition marque une nouvelle étape dans la stratégie d’investissements du Qatar en France, qui accueille environ 10% des investissements de l’émirat à l’étranger (hôtels de luxe, immobilier commercial, participations dans de nombreuses grandes entreprises, et club de football). Maintien des taux de rendement « prime » à un niveau bas Dans l’ensemble, les taux de rendement « prime » se situent à un niveau bas. Certains actifs emblématiques parisiens de pieds d’immeubles, aux emplacements privilégiés, ont même connu au cours de l’année une compression de leur taux. Ces actifs ont démontré sur le temps leur capacité de résilience. Ils sont donc toujours aussi recherchés par les investisseurs qui demeurent plus nombreux que l’offre mise sur le marché. Ainsi, pour les meilleurs boutiques de pieds d’immeubles de la capitale, les taux sont passés sous la barre des 4% cette année, contre par exemple 4,5% pour le bureau. Les taux « prime » de référence des centres commerciaux les plus performants tendent vers 4,5% tandis que les taux pour les meilleurs retail parks demeurent tables depuis deux ans, dans une fourchette comprise entre 5,75 et 6,25%. Source : Jones Lang LaSalle 18 Panorama du marché des commerces en France – MAPIC 2013 Conclusions et perspectives Le monde du commerce ne cesse de se réinventer Malgré des signes encourageants sur le plan de l’économie, il est encore trop tôt pour mesurer une reprise franche de la consommation. Les résultats d’activité demeurent contrastés en termes de performance d’un secteur à l’autre. Dans ce contexte, les axes et les emplacements « prime », captant le plus de flux, devraient rester la cible privilégiée des enseignes, maintenant les valeurs locatives à leur plus haut niveau. Les formats traditionnels de commerce continuent de connaître des mutations profondes et rapides, tant structurelles que technologiques. Ce renouvellement qualitatif de l’offre, s’il a pour but de séduire les consommateurs, il permet aussi à l’immobilier commercial de conserver son attractivité auprès des investisseurs. Dans cet environnement commercial en perpétuel mouvement, les enseignes n’hésitent plus à repenser leurs implantations aussi bien en termes de formats de vente que de localisation, avec une frontière de plus en plus perméable entre centre-ville, centres commerciaux et retail parks. Elles poursuivent également la diversification de leurs canaux de distribution. Les lieux de vente devront donc continuer de rivaliser d’imagination et d’innovation pour attirer les consommateurs. Car aujourd’hui c’est bien lui qui a repris le pouvoir : il décide quoi, quand, et où acheter. Si son parcours d’achat s’est diversifié, la proximité géographique reste toutefois déterminante dans son choix. Sur le front des investissements, l’attractivité du marché français ne se dément pas. Doté de fondamentaux solides, il continue d’attirer de nombreux investisseurs comme en témoigne une nouvelle fois les très bons résultats enregistrés en 2013. Les volumes d’investissement devraient dépasser une nouvelle fois les 3 milliards d’euros. La liquidité des produits commerce, qui s’est installée depuis 3 ans, perdure, en particulier pour les produits « core ». Les investisseurs restent très sélectifs et prudents dans leur choix d’investissement. Les investisseurs domestiques et internationaux devraient demeurer très actifs, l’un comme l’autre ; l’appétit pour l’immobilier commercial s’expliquant par sa performance soutenue et sa grande résistance. La pression exercée sur les taux devraient se maintenir, sans pour atteindre le point bas de 2007. Au vue des transactions annoncées, l’année 2014 s’inscrit déjà dans la même lignée que ces dernières années. Contacts Sophie Rozen-Benaïnous Responsable Etudes Département Etudes & Recherche +33 (0)1 40 55 85 15 [email protected] Nathalie Razafine Responsable Commerce Agence +33 (0)1 40 55 17 12 [email protected] Khokha Mansouri Responsable Commerce Investissement +33 (0)1 40 55 15 54 [email protected] Mike Morris Président de Jones Lang LaSalle Expertise +33 (0)1 40 55 15 96 [email protected] Geoffrey Swartz-Oriou Corporate Retail Services +33 (0)1 40 55 17 49 [email protected] Carl Fuss Tétris Retail +33 (0)1 49 00 32 65 [email protected] www.joneslanglasalle.fr COPYRIGHT © JONES LANG LASALLE IP, inc. 2013 - Tous droits de reproduction, de représentation, de traduction et d'adaptation par tous procédés réservés pour tous pays. Toute reproduction intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, faite sans l'autorisation de Jones Lang LaSalle ou de ses ayants droits est illicite (art. 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