9 mars 2014 « Sur une largeur d`à peine un kilomètre, Bizy est un

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9 mars 2014 « Sur une largeur d`à peine un kilomètre, Bizy est un
LES SENTES DE VERNON AU DÉPART DE BIZY
9 mars 2014
« Sur une largeur d’à peine un kilomètre, Bizy est un lacis compliqué où les
sentes découpent en parcelles hétéroclites vergers et cultures ».
Le Village de Bizy sera mentionné pour la première fois vers 1060 / 1070, à la construction du prieuré de
Sainte Catherine. Il sera commune à part entière en 1790 avant d’être rattachée l’année suivante à Vernon dont
il deviendra ainsi, un faubourg.
Au nombre des événements marquants, il faut signaler la constitution d’un parc de 140 hectares clos de murs,
par le Maréchal de Belle Isle en 1719, grâce à la signature de 350 contrats d’acquisition portant notamment sur
les 2 prieurés de Ste Catherine et Ste Marie. Il y fera aménager des jardins à la française avec allées ombragées,
bosquets et fontaines. A l’extérieur, il regroupe un immense parc forestier de 640 hectares où il fera planter
70 000 arbres d’essences variées.
En 1775, le château deviendra la propriété du Duc de Penthièvre ; en 1817, il échoit à la
Duchesse d’Orléans, puis au Baron de Schikler qui fit rénover l’intérieur du château.
Les travaux réalisés sur le château que l’on connait aujourd’hui, feront s’accroitre la
population qui atteindra dès 1725, 453 personnes. L’ensemble sera alors relié à
Vernon par l’Avenue des Capucins plantée de 560 tilleuls en double rangée.
L’exploitation de la terre, restera l’occupation prioritaire des habitants de Bizy jusqu’au milieu du XXème siècle.
Dès 1750, un économiste agronome anglais, Arthur Young écrit : « à Bizy, les serres sont magnifiques ! Dans les
champs, les blés y sont beaux, les pommes de terre que l’on récolte s’exportent jusqu’en Amérique. On y trouve
aussi des cultures de lin et de chanvre, qu’il est interdit de rouir* dans les ruisseaux de Marzelles et de Montigny
et nombre d’arbres fruitiers, en particulier des noyers, sans compter la vigne qui a pourtant souffert
grandement de la grêle en 1734 et du rude hiver de 1739 ». (*rouir : immerger pour isoler la fibre)
Partout l’activité règne: Bizy travaille sans relâche au rythme des saisons; c’est la nature qui commande et selon
ses humeurs, maraîchers, fruitiers, herbagers, éleveurs, vignerons, exploitent avec la même constance, les
arpents et les perches de cette terre qui constitue pour la plupart d’entre eux, la seule source de revenus ».
« Mais dans le même temps, le coteau de Bizy est à lui seul, une symphonie de couleurs et d’odeurs. Senteurs
délicates du printemps quand les revers de ses talus se couvrent de violettes, de coucous, de primevères,
parfums entêtants de la chlorophylle quand l’herbe se couche dans les prés sous la lame meurtrière des faux,
odeurs plus subtiles des fruits qui achèvent leur maturité, émanations sucrées des pommes qu’on écrase et
entasse dans le pressoir, arômes fugaces des copeaux au pied des arbres que l’on abat à l’orée des bois quand
reviennent les teintes jaunes et rousses des somptueux automnes ».
En 1910, Bizy comptera encore 12 vignerons, autant de jardiniers et maraîchers, 15 cultivateurs.
Le vignoble s’étageait sur le coteau de Marzelles et plus bas jusqu’à la sente de St Marcel; il produisait le
Cailloutin qui titrait selon les sources, 6, 9 ou 10 degrés.
Michel de Decker, cite aussi le meunier, le néret, le mourillon noir; selon lui, la production locale les coteaux de
Seine en bonnes années pouvait atteindre 35 000 litres « d’une aimable piquette, un clairet sans grand
bouquet mais qui ne faisait cependant pas danser les chèvres ».
L’apparition du phylloxéra en 1882, puis les rudes hivers de 1888 et 1892 conduiront à la disparition progressive
de la vigne; la reconversion prendra la forme de cultures fruitières (groseilliers, cassissiers et pommiers qui se
compteront par centaines dans les prés de Bizy sans oublier les cultures maraîchères et fourragères.
LES SENTES DE VERNON AU DÉPART DE BIZY
9 mars 2014
Via la Coopérative Fruitière qui regroupe les récoltants du faubourg, ceux de Montigny, Saint-Marcel, Saint-Just
et Saint Pierre d’Autils, cerises, prunes, groseilles, cassis, mûres seront acheminées en train vers les Halles de
Paris et la clientèle anglaise.
Selon l’annuaire municipal de 1910, à ces travailleurs de la terre, il faut ajouter 10 maçons, 5 serruriers, autant
de menuisiers, quelques peintres et autres artisans comme des selliers, des briquetiers, des scieurs de long, des
bûcherons, un cordonnier, un charcutier, des tonneliers et une quarantaine de journaliers employés à la tâche
dans les fermes environnantes, sans oublier les commerces locaux de l’aubergiste, du limonadier, des 3 épiciers,
de la mercière, du laitier, du pâtissier traiteur, des 5 débitants de boissons et de l’entreposeur des Postes.
Le restaurant Quervel rue Sainte Catherine bénéficiera d’une renommée locale et régionale ; il accueillera entre
autres, Jean Nohain, Paul Meurisse, Henri Decoin. L’évocation de Sainte-Catherine
est liée à un prieuré aujourd’hui disparu, placé sous le patronage de Ste Catherine
d’Alexandrie, situé sur la route d’Evreux.
Le Restaurant Quervel et la Rue Ste Catherine
Les habitations sont en majorité de rustiques fermettes construites en torchis;
dans la cour intérieure, à côté de l’habitation, s’alignent le fournil, les hangars à outils et à bois, le poulailler, la
bergerie, le fenil (espace où l’on entasse le foin) et la fruiterie.
Plus haut, le manoir de Monsieur Thomine, aujourd’hui St Adjutor ; sera achevé en 1934 ; il aura été un temps sous le nom de « Manoir
Normand », maison de retraite et de repos pour dames aisées .
A Bizy affleurent de nombreuses sources en raison de la raideur
de la pente qui sépare la Seine au plateau de Madrie. La source la
plus importante via la rue Côte de la fontaine rejoindra au
château, la vasque « Gribouille » et la Fontaine de Neptune.
Une autre se déversait dans l’ancien lavoir public près du
restaurant Quervel, à l’entrée de la rue Sainte Catherine. Puis
vers la rue des Moulins, la source du même nom, côté Montigny,
alimentait la quasi-totalité de Vernon avant- guerre. 2 moulins,
celui du Haut et celui du Bas fournissaient en farine de blé
boulangers et pâtissiers d’alentour et en farine d’orge, fermiers
et éleveurs de porcs et de volailles.
Notre guide Alain Le Moal évoquant les nombreuses sources des
Fontaines, de Marzelles, de Montigny écrit nostalgique : « ainsi
suivions nous le fil de l’eau de Bizy, en nos folles années de
jeunesse vagabonde ; nos escapades nous amenaient bien
souvent à longer le cours de ses rus ou à patauger dans l’herbe
drue qui dissimulait ses sources! Et nous allions, sans vraiment
en avoir conscience, à la rencontre de bien des tableaux
champêtres qui ne vivent plus hélas que dans nos souvenirs».
Pour conclure, voici un extrait de la chanson « LE VIEUX BIZY » reprise à l’élection de la Reine de Bizy, qui durera
à l’initiative de l’Amicale jusqu’en 1930.
En juin quand le soleil répand
Jeunes et vieux à la ronde
On peut voir au milieu des champs
Pour vanter à tout le monde
Les arbres couverts de cerises
Que chacun de nous réponde
Prenez, goûtez, en voulez-vous
Vive la Reine ! Vive la Reinei
Dégustez les fruits de chez nous.
C’est la plus belle des Demoiselles
Une chaleur qui grise
Tremblotants sous la brise
De cassis, de groseilles exquises
Accourez tous à Bizy
Le mérite de nos fruits
A notre appel par ce cri joyeux
Le plus beau fruit de notre vieux Bizy.
i Bizy à partir du très bel ouvrage de Lucien Le Moal, « Un regard sur l’histoire de Bizy, faubourg de Vernon » et « Des histoires de
Vernon sur Seine, Giverny et d’ailleurs », magnifiquement contées par Michel de Decker.

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