en cliquant ici

Transcription

en cliquant ici
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
WALLONIE ESPACE INFOS
n°83
novembre-décembre 2015
Coordonnées de l’association Wallonie Espace
Wallonie Espace
WSL, Liege Science Park,
Rue des Chasseurs Ardennais,
B-4301 Angleur-Liège, Belgique
Tel. 32 (0)4 3729329
Skywin Aerospace Cluster of Wallonia
Chemin du Stockoy, 3,
B-1300 Wavre, Belgique
Contact: Michel Stassart,
e-mail: [email protected]
Le présent bulletin d’infos en format pdf est disponible sur le site de Wallonie
Espace (www.wallonie-espace.be), sur le portal de l’Euro Space Center/Belgium,
sur le site du pôle Skywin (http://www.skywin.be).
Que 2016 vous apporte joies et succès,
paix dans la sécurité, bonheur avec la santé !
SOMMAIRE :
Thèmes : articles
Mentions Wallonie Espace
Actualité : Perspectives 2016 (lancement OUFTI, ExoMars 2016, 8
Ariane 5, fusées réutilisables, vaisseaux privés, système Galileo), Fin de
mission HRPS – Récupérations Blue Origin et SpaceX – Baron Marcel
Ackerman (1931-2015) – Révélation de S.P. Korolev (1907-1966), le
« constructeur en chef » - Astérix et le fil d’Ariane – Précisions
concernant un article sur le spatial belge dans Air & Cosmos
ULg, Thales Alenia Space
Belgium, RSS (Redu Space
Services), WslLux/Galaxia, CSL,
CSR, UCL, Spacebel, Amos,
Techspace Aero, Sonaca, Rhea,
Lambda-X, EHP, SABCA,
MRC-ULB, ERM
1. Politique spatiale/EU + ESA: 8 nouveaux Directeurs ESA –
Personnalité 2015 : Elon Musk, l’homme d’affaires qui fait rêver –
Hausse du budget NASA pour 2016
2. Accès à l'espace/Arianespace : CSG, le n°3 pour les lancements en SABCA, Techspace Aero, Thales
2015 – Révolution Ariane 6 pour le transport spatial européen – Alenia Space Belgium
Echéance cruciale pour Ariane 6 en septembre – Extraits d’une rencontre
avec Frédéric d’Allest, l’un des pères d’Ariane et d’Arianespace –
SpaceX face au défi de 15 lancements en 2016 – « Première »
WEI n°83 2015-6 - 1
Page
2
15
18
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
commerciale au Japon – Prolifération de micro-lanceurs
3. Télédétection/GMES : Tableau Systèmes commerciaux de
télédétection/météorologie – Satellite sino-belge Global Végétation – De
la haute résolution chinoise depuis l’orbite GEO
4. Télécommunications/télévision : Comsat « made in France » pour le
Bangladesh – Etats de plus en plus nombreux en GEO
5. Navigation/Galileo : Bienvenue à Transinne pour le Centre de soutien Galaxia Business Park, Vitrociset
Belgium, Redu Space Services
logistique intégré Galileo – Une décennie de satellites Galileo en MEO
(RSS)
6. Sécurité/Défense : Renforcement des satellites militaires pour la Sonaca
France
7. Science/Cosmic Vision : L’ULg à l’heure martienne (aurores, érosion ULg, CSL, Amos
de l’atmosphère) - Vingt ans d’observations solaires avec SOHO
8. Exploration/Aurora : Décennie de préparatifs pour la Lune et Mars –
Mars vu par la MOM indienne
9. Vols habités/International Space Station : Recrutement d’astronautes à
la NASA – Un « Dream Chaser » sur un lanceur européen ?
10. Débris spatiaux/SSA : Proposition de « dépollueur » d’orbite
11. Tourisme spatial : Blue Origin et le lanceur pour vols touristiques
dans l’espace 12. Petits satellites/Technologie/Incubation : Space Tech Expo Europe à Skywin, CSL, FFT, SABCA,
Sonaca, Timelink Microsystems,
Brême Thales Alenia Space Belgium,
V2i
13. Education/formation aux sciences et techniques spatiales : Un ULg, CSL
ingénieur ULg en Guyane pour Airbus
14. Wallonie-Bruxelles dans l'espace : Eclosion de talents avec WSL – WSL, CSL, WslLux, Thales
Alenia Space Belgium, SABCA,
Missions spatiales (lancements récents)
32
35
36
38
39
41
42
44
44
45
48
43
Techspace Aero, Cegelec, Redu
Space Services (RSS), Spacebel,
VitroCiset Belgium, Amos
15. Calendrier 2016-2017 d’événements spatiaux pour la Belgique
Annexes-tableaux en anglais) : Les prochaines missions de l’Europe ULg
dans l’espace (2016-2024) - Palmarès des succès à l’exportation de
l’industrie spatiale européenne - Commandes à venir pour les satellites
civils de télécommunications et de télévision
Livres concernant l’odyssée de l’espace : Histoire de la conquête Euro Heat Pipes (EHP), Thales
Alenia Space Belgium
spatiale – ATV The European Spaceship
Perspectives 2016 : du « Lîdjwè » sur orbite,
la Planète Rouge plus européenne, année record pour Ariane 5,
cap sur la fusée réutilisable, compte à rebours
pour les vaisseaux spatiaux privés et pour le système Galileo
L’année qui vient de commencer devrait être une période faste, avec des événements
clefs, dans l’évolution de l’astronautique en Belgique, en Europe et dans le monde.
Nous en avons relevé quelques-uns en ce début de 2016 :
WEI n°83 2015-6 - 2
45
53
67
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
- Le premier engin spatial de Wallonie, à savoir le nano-satellite liégeois OUFTI, est
prévu pour une mise sur orbite au moyen du seul Soyouz qui sera lancé le 12 avril
(Journée de la Cosmonautique, 55ème anniversaire du premier vol d’un Homme – le
Russe Youri Gagarine – autour de la Terre - depuis le Centre Spatial Guyanais dans le
cadre du programme « Fly Your Satellite » de l’ESA. Les équipes de chercheurs et
étudiants de l’ULg (Université de Liège) vont voir l’aboutissement de leurs travaux,
depuis sept ans, sur le premier Cubesat « made in Belgium » qui aura l’honneur d’être
satellisé par le Soyouz, le doyen des lanceurs spatiaux. C’est la première version du
Soyouz, alias la fusée R7 « Semyorka », qui a placé autour de la Terre le premier
Spoutnik ! Comme l’a annoncé Arianespace, OUFTI, « microsat » de l’ESA, sera le
compagnon des satellites Sentinel-1B (observation radar) de l’ESA (pour le système
Copernicus de la Commission européenne) et Microscope (MICRO Satellite à traînée
Compensée pour l’Observation du Principe d’Equivalence) du CNES, ainsi que le
microsatellite Norsat-1 (30 kg) de la Norvège pour la surveillance du trafic maritime
depuis l’espace.
Restons néanmoins prudents : OUFTI-1 pourra être lancé sous réserve qu’il franchisse
l’ultime barrière des tests pour sa préparation finale au lancement. Il sera le
compagnon de deux autres nano-satellites, l’est&r-2 italien et l’Aausat-4 danois.
- Le 1er juillet, si tout se déroule comme prévu dans les instances du Conseil des
Ministres et du Parlement, la loi instituant l’Agence Spatiale Interfédérale de Belgique
sera institutionnalisée par une loi. Un directeur général sera choisi pour sa mise en
œuvre autour d’un programme qui aura l’assentiment des Régions et Communautés du
Royaume fédéral de Belgique. Et ce, avant les échéances du feu vert définitif en
septembre au développement d’Ariane 6 et de Vega C, et du Conseil ESA au niveau
ministériel de Lucerne en décembre.
- Jusqu’à huit vols Ariane 5 – 7 Ariane 5 ECA pour des missions en GTO
(Geostationary Transfer Orbit), plus 1 en octobre pour déployer quatre satellites de
navigation Galileo en MEO (Medium Earth Orbit) sont planifiés pour cette année.
- Tant Blue Origin (Jeff Bezos) que SpaceX (Elon Musk) vont tenter la réutilisation
d’une fusée. Le premier pour des vols suborbitaux du vaisseau New Shepard avec
touristes jusqu’à la frontière des 100 km de l’espace. Le premier pour réduire le coût
du premier étage du lanceur Falcon 9 avec ses neuf propulseurs kérolox Merlin.
- Les vaisseaux privés pour des vols spatiaux habités vont subir leurs essais intensifs
en vue d’une desserte de l’ISS dès 2018. La NASA a reçu le budget pour aller de
l’avant avec le CCP (Commercial Crew Programme). Un recrutement de nouveaux
astronautes aura lieu durant l’année pour reconstituer le corps d’hommes et femmes
qui s’entraînent au Johnson Space Center de Houston. Boeing et SpaceX ont reçu
commande de la NASA de missions respectivement avec CST-100 Starliner (sur le
lanceur Atlas V) et avec Dragon V2 (sur Falcon 9 Upgraded).
- Les premiers services du système Galileo de navigation civile par satellites seront
disponibles avec une quinzaine de satellites opérationnels sur orbite à la fin de l’année.
WEI n°83 2015-6 - 3
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Fin de mission pour la Haute Représentation belge pour la
politique spatiale : mise en orbite réussie pour 2016
de l’Agence spatiale interfédérale de Belgique
Le 30 novembre, Eric Béka a envoyé ce bulletin d’information BHRS. Il s’agissait du
dernier, le n°30 de novembre 2015.
« Au revoir et merci !
Le temps est venu pour moi de prendre congé de celles et ceux avec qui et pour qui j'ai
travaillé ces dernières années.
Je veux vous adresser ici mes sincères remerciements pour les échanges de vues que
nous avons eus, pour les collaborations que nous avons développées et pour les
projets que nous avons menés à bien. Je pense modestement que l'expertise
scientifique et technique du spatial belge en sort renforcée dans les cénacles
européens concernés.
En tout cas, je vous souhaite le meilleur qui soit dans vos responsabilités et activités
respectives et, plus généralement, dans votre vie professionnelle et privée.
D'un point de vue juridique, la Haute Représentation belge pour la politique spatiale
cessera d'exister à compter de demain 1er décembre 2015. A cette date, les membres de
mon équipe sont transférés au sein du Service spatial du SPP Politique scientifique,
qui préfigurera ainsi le team opérationnel de la future (et très prochaine, je l'espère)
Agence spatiale interfédérale de Belgique.
D'un point de vue pratique, les adresses électroniques suivantes vont être désactivées :
[email protected] et [email protected].
Pour tout contact par courriel, merci d'utiliser dorénavant l'adresse [email protected].
Ce 30ème numéro du "BHRS-Contact" est ainsi le dernier que vous recevez, mais une
suite est d'ores et déjà prévue sous la forme d'un "SPACE-be.Contact". Les
précisions suivront sous peu.
Cordialement, Eric Béka
A notre tour d’exprimer tous nos remerciements pour l’action énergique qu’Eric Béka
a toujours déployée pour que le spatial belge soit bien présent, le plus efficacement
possible, dans l’Europe de l’espace. Il n’a pas ménagé ses efforts au point de négliger
quelque peu sa santé. La famille du spatial belge a toujours apprécié son dynamisme et
sa disponibilité au service d’une Belgique forte au sein de l’Europe de l’espace.
Passionné d’histoire, il va les mettre au service du passé local de Gembloux. Mais
nous sommes convaincus qu’en matière spatiale, il n’a pas dit son dernier mot.
L’équipe de l’Agence spatiale interfédérale de Belgique aura besoin de son expertise,
pour qu’elle puisse décoller dans les meilleures conditions. Elle devrait être mise en
place le 1er juillet 2016 afin de préparer ce que la Belgique attend du Conseil ESA au
niveau ministériel de Lucerne (Suisse) les 1 et 2 décembre.
WEI n°83 2015-6 - 4
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
L’exploit historique de 2015 : le retour au sol
de fusées Blue Origin et Space. Prochaine étape : la réutilisation
« Le Faucon s’est posé. (The Falcon has landed) ». C’est l’annonce faite par SpaceX,
alias Space Exploration Technologies, le 23 décembre lors du reportage qui montre
« en direct » le retour du premier étage du Falcon 9 v.1.1 Upgraded, au moment où son
second étage largue autour de la Terre 11 micro-sats de télécommunications. Clin
d’œil à l’histoire de l’astronautique : en posant le module lunaire baptisé « Eagle »
(Aigle) sur le site de la Tranquillité, l’astronaute Neil Armstrong a annoncé d’une voix
calme : « L‘Aigle s’est posé (Eagle has landed) ». Des caméras infrarouge du
Télescope MWIR (Mid-Wave IR) ont suivi l’étage depuis sa séparation avec le
second. Après être monté jusqu’à l’altitude de 140 km, il a amorcé sa rentrée
supersonique. Entre 70 et 40 km, 3 des 8 propulseurs périphériques, puis le propulseur
central (juste pour se poser en douceur) ont été actionnés pour freiner la descente,
laquelle s’est achevée par un atterrissage correct.
Désormais, pour chaque lancement de Falcon, on en aura pour son argent. Il y aura
l’envol, puis – endéans les dix minutes – le retour au sol. Avec cet exploit, l’entreprise
d’Elon Musk pour le transport spatial donne la leçon aux géants de l’industrie
aérospatiale que sont Boeing, Lockheed-Martin, Airbus, CASC, Khrounitchev…
Quelle sera leur réaction ? Ils attendent de voir si la récupération d’un étage de fusée
en vaut vraiment la chandelle. Elon Musk leur a promis qu’il comptait réutiliser un
étage de Falcon 9 v.1.1 Upgraded au cours de 2016… SES a manifesté son intérêt de
lancer un prochain satellite en utilisant un étage restauré de SpaceX. L’étage récupéré
qui a servi à la satellisation de 11 Orbcomm pour une constellation globale de
télécommunications a été amené dans le bâtiment d’assemblage à l’horizontale de
SpaceX sur le site historique du complexe de lancement 39A. SpaceX prévoit de le
tester prochainement sur le pad historique d’où se sont élancés tous les lanceurs géants
Saturn V (sauf un – celui d’Apollo-10 en mai 1969).
Ainsi, coup sur coup, l’entreprise privée donne la leçon au secteur public. Deux
businessmen issus de la bulle informatique marquent désormais de leur empreinte
l’histoire de l’astronautique : à un mois d’intervalle, ces ambitieux et audacieux
entrepreneurs, tentés par la dimension de l’espace, ont réussi à récupérer en parfait état
des fusées ayant atteint la lisière de l’espace.
- Le premier est le discret Jeff Bezos, le patron et créateur de la boutique en ligne
Amazon.com : le 23 novembre, il a lancé et fait revenir intacte la fusée New Shepard
mise au point par sa société, assez secrète, Blue Origin. Il n’a annoncé son succès « à
la manière soviétique » : dans les heures qui ont suivi le vol réussi avec la diffusion
d’une vidéo et d’images.
- Le second est le timide Elon Musk, d’origine sud-africaine, qui a fait fortune avec
les logiciels winzip (compression de données) et paypal (acquis par ebay), s’est lancé
dans l’aventure spatiale pour, un jour prochain, établir une colonie humaine sur Mars !
En créant Space Exploration Technologies, il n’a pas ménagé ses efforts pour se doter
de sa propre capacité d’aller dans l’espace. A commencer par les petits lanceurs Falcon
WEI n°83 2015-6 - 5
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
1, puis en améliorant les Falcon 9, qui emploient des propulseurs kérolox Merlin
« made by SpaceX » de grande robustesse. Avec son team de jeunes ingénieurs, le
dynamique Musk a réussi à être le premier à développer avec le vaisseau récupérable
Dragon un système privé de ravitaillement de l’ISS (International Space Station). La
NASA a sélectionné SpaceX pour assurer la desserte de la station avec des équipages
d’astronautes à bord du Dragon V2, en concurrence avec Boeing et son CST-100
Starliner.
Ces deux pionniers répondent au message de la COP21 en faveur d’un développement
durable global: leur objectif est de polluer le moins possible avec l’emploi de fusées
récupérables… pour être réutilisées, ainsi que de faire baisser le coût du lanceur. On a
affaire à une autre philosophie de travail pour l’accès, plus écologique et plus
économique, au nouveau monde de l’espace. Le phénomène « New Space » est bel et
bien en marche. Ce qui se traduit par un autre esprit pour les activités spatiales. Le
reportage « live » qui a fait vivre chez SpaceX à Hawthorne (près de l’aéroport
international de Los Angeles) le beau succès d’une « première » historique a montré
l’enthousiasme d’une équipe jeune à la tenue très décontractée, marquée par
le
souffle du Far West (conquête de l’Ouest) appliqué à l’astronautique. La double
réussite du Falcon 9 v.1.1 Upgrade ou v.1.2, alias Falcon 9 FT (Full Thrust) a donné
lieu à des moments de grande excitation parmi les employés de SpaceX.
Tant Elon Musk que Jeff Bezos, par leur esprit de pionniers, réussissent à faire en sorte
l’aventure de l’espace se réapproprie la force du rêve, avec toute sa dynamique.
Comme au temps des « premières » spatiales. Celles qui ont marqué les « golden
sixties » et qui ont donné un coup de fouet magistral à la découverte d’un nouveau
monde. Ils participent à l’essor de l’ère du « New Space ».
Mais au fait, pourquoi a-t-il fallu attendre fin 2015 pour pouvoir réussir la
récupération d’un étage de fusée ? L’odyssée de l’espace a des origines militaires.
Ni plus ni moins, le lanceur spatial est l’héritier du missile balistique intercontinental.
C’est le R7, alias Semyorka, de l’URSS qui a ouvert la voie du Cosmos en lançant
depuis Baïkonour le premier Spoutnik le 4 octobre 1957. Le missile est destiné à
frapper l’adversaire pour y faire des dégâts humains et matériels. Il n’est point conçu
pour revenir à son point de départ… !
Depuis 58 ans, on va sur orbite à la manière d’un missile. Les étages, sauf le dernier
qui est satellisé, retombent. Soit sur la terre ferme, ce qui est le cas pour les centres de
lancements spatiaux en Russie (Baïkonour, Plesetsk, Kapustin Yar, Yazhny) et en
Chine (Jiuquan, Xichang, Taiyuan). Il arrive que des éléments de fusées Longue
Marche retombent dans les champs des paysans chinois, voire sur les toits de leurs
maisons. Soit en mer, dans l’océan, ce qui est le cas pour les mises sur orbite depuis
les Etats-Unis (Cape Canaveral, Vandenberg AFB, Wallops Island), la Guyane
française (Kourou), le Japon (Tanegashima), Israel (Palmachim). Pour la cause
spatiale, le fond marin se trouve jonché de morceaux d’épaves qui étaient des étages
de lanceurs spatiaux.
WEI n°83 2015-6 - 6
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
BLUE ORIGIN VERSUS SPACEX
Comparaison des trajectoires de récupération suivies
(à un mois d’intervalle) :
- par la petite fusée New Shepard de Blue Origin (Jeff Bezos),
le 23 novembre 2015 au-dessus du ranch de Van Horn (Texas)
- par le 1er étage Falcon v.1.1 Upgrade de SpaceX (Elon Musk),
le 22 décembre 2015 sur la base de Cape Canaveral (Floride)
L’exploit de SpaceX a une autre dimension que celui de
Blue Origin. Le retour, avec retournement en vol, de l’étage
de Falcon 9 v.1.1 Upgrade – il monte jusqu’à 140 km
d’altitude - apparaît bien plus complexe que le simple bond à
la verticale du New Shepard (un aller-retour à 100 km
d’altitude).
Décès d’un pionnier de la Belgique dans l’espace :
le Baron Marcel Ackerman (1931-2015) a rejoint les étoiles.
A son actif : la coopération internationale
WEI n°83 2015-6 - 7
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
pour l’aéronomie spatiale, tant avec l’Est qu’avec l’Ouest
L’un des pères de l’aéronomie spatiale en Belgique, aux côtés du Baron Marcel
Nicolet (1912-1996), s’en est allé en toute discrétion (comme il le souhaitait) le 14
novembre. Né à Libramont, le Baron Marcel Ackerman aurait eu 84 ans le 28
novembre. Il laisse le souvenir d’un acteur clef de la recherche spatiale belge, puisqu’il
présida sa Commission Nationale de l’Académie des Sciences. Surtout qu’il contribua
en novembre 1964 à la naissance de l’Institut, aujourd’hui royal, d’Aéronomie Spatiale
de Belgique (IASB). Après avoir été chef d’une section d’aéronomie expérimentale et
participé à des expériences sur fusées-sondes de l’ESRO (European Space Research
Organization) en Sardaigne et en Andalousie, il en devient le directeur de 1977 à 1996.
Il a fait de l’IASB, internationalement connu sous le nom de BISA (Belgian Institute
for Space Aeronomy), un acteur clef pour la surveillance globale de l’atmosphère afin
de mieux définir ses composants et déterminer son évolution.
Entêté comme sait l’être un Ardennais, M. Acherman a donné ses lettres de noblesse à
l’Institut qu’il dirigeait. En le faisant participer au programme scientifique de l’ESA,
ainsi qu’au nec plus ultra des missions spatiales habitées. Tant à l’Ouest qu’à l’Est. Il a
été honoré de vivre les presque 9 jours en impesanteur d’un de ses chercheurs,
l’ingénieur et physicien Dirk Frimout : sélectionné par la NASA, il faisait partie de
l’équipage du vol ATLAS-1 (Atmospheric Laboratory of Applications & Science) du
24 mars au 2 avril 1992. Ce laboratoire qui utilisait à bord de la navette Atlantis une
double palette Spacelab avec un igloo cylindrique (réalisé par SABCA), était composé
de trois instruments pour lesquels l’IASB (Spectromètre infrarouge à Grille, Spectre
solaire, détecteur atmosphérique ALAE) avait un rôle primordial.
Avec beaucoup de discrétion, M. Ackerman fit preuve d’une grande audace en
coopérant avec l’IKI (Institut de Recherche Cosmique) de Moscou pour placer
l’instrument franco-belge MIRAS (Mir Infra Red Atmosphere Spectrometer) sur le
module Spectre de la station Mir que l’URSS exploitait autour de la Terre. Ainsi, le 21
juillet 1995, pour sa fête nationale, la Belgique s’offre l’installation d’un équipement
« tricolore » sur Mir au prix d’une sortie spatiale (EVA) de près de 6 heures des
cosmonautes Anatoli Soloviev et Nikolaï Boudarine. MIRAS avait été réalisé sous la
maîtrise d’œuvre d’Alcatel-ETCA, aujourd’hui Thales Alenia Space Belgium. Nous
n’oublierons pas ce voyage à Moscou, en compagnie de Robert Hennecart,
responsable de l’instrument chez Alcatel-ETCA, pour vivre cette EVA « en direct »
au TSOUP (Centre de Contrôle spatial des Vols habités) de Kaliningrad (aujourd’hui
Korolev). Pour Marcel, les collègues russes, devenus des amis, jouaient la
transparence. Les portes s’ouvraient à l’IKI, chez RKK Energia (pour voir le
scaphandre et le matériel de la sortie), au MAI (Moscow Aviation Institute, pour
découvrir dans un entrepôt un modèle de l’atterrisseur lunaire qui aurait dû permettre à
un Soviétique de battre les Américains du programme Apollo !).
Merci à Marcel qui a permis l’essor de l’aéronomie spatiale en jetant des ponts entre
l’Est (à ce moment soviétique) et l’Ouest. Certes, il pouvait vous surprendre avec ses
accès d’humeur, une fois qu’il était contrarié. Mais dès qu’on avait gagné sa
WEI n°83 2015-6 - 8
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
sympathie, on découvrait une personnalité attachante. C’était assurément une bonne
soupe au lait… qui savait faire rire son monde. Grâce à ses efforts, l’aéronomie
spatiale a fait découvrir au monde des aspects du changement global. Tout compte
fait, depuis le paradis céleste, Marcel n’a-t-il pas contribué à l’accouchement - certes
au forceps - de l’Accord de Paris sur le Climat, suite aux négociations tendues entre
Etats de la planète lors de la COP21 (Conference of Parties) sur le dramatique
problème du réchauffement climatique.
L’historienne Dawinka Laureys a fait en décembre 2002 une longue interview pour les
archives de l’ESA. Il est possible de la télécharger sur :
http://archives.eui.eu/en/oral_history/INT794
Il y a 50 ans, disparition et révélation
du « constructeur en chef » du programme spatial soviétique,
qui fut à l’origine de « premières » historiques dans le Cosmos
Le 14 janvier 1966, Sergueï Pavlovitch Korolev (1907-1966) succombait sur la table
d’opérations lors d’une intervention chirurgicale pour un polype intestinal.
L’intervention fait découvrir un cancer et tourne mal à cause d’une hémorragie. Il a
fallu attendre son décès inattendu, pour que le monde apprenne via un avis mortuaire
dans le quotidien Pravda l’identité de celui que Moscou appelait officiellement « le
constructeur en chef ». Sous sa houlette - Korolev qui ne manquait pas d’autorité allait
jusqu’à travailler 18 heures par jour, quand l’imposaient les circonstances -, le
programme spatial de l’URSS (Union des républiques Socialistes Soviétiques) a connu
des heures de gloire historique : les premiers satellites (Spoutnik-1 & -2 dès 1957, le
premier planétoïde (Luna-1 en 1959), le premier objet sur la Lune (Luna-2 en 1959), le
premier survol de la face cachée lunaire (Luna-3 en 1959), le premier vol habité (avec
le cosmonaute Youri Gagarine à bord de Vostok-1 en 1961), le premier vol groupé de
deux vaisseaux habités (Vostok-3 et Vostok-4 en 1962). Il n’était plus là pour vivre
l’arrivée en douceur d’une sonde sur la Lune (Luna-9 qui s’y est posé le 31 janvier
1966) Une prouesse qui fut préparée durant 1965 au prix d’au moins six échecs…
Korolev aura pour dernière tâche officielle de transférer le programme des sondes
lunaires soviétiques au Bureau d’études Lavotchkine sous la direction de l’ingénieur
Gueorgui Babakine (1914-1971). Après sa disparition brutale, le programme
d’exploration lunaire avec des vaisseaux habités de type Soyouz, qu’avait conçu
l’équipe de Korolev, va s’enliser dans les difficultés. Celui qui lui succède comme
constructeur en chef est son bras droit, l’ingénieur aérospatial Vassili Michine (19172001) n’a pu être à la hauteur des ambitions de l’URSS sur la Lune. D’autant que la
cosmonautique soviétique souffre d’un manque d’organisation et d’une pénurie de
ressources.
Ingénieur aérospatial d’origine ukrainienne, S.P. Korolev dut vivre derrière le mur du
sacro-saint secret cher au régime communiste. Pas question pour les autorités du
WEI n°83 2015-6 - 9
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Kremlin de révéler la personnalité de celui qui leur traça la route des étoiles depuis le
cosmodrome de Baïkonour, aujourd’hui enclavé dans la République du Kazakhstan.
On doit à Korolev le développement des premières fusées soviétiques, dérivée de la
technologie du V2 allemand, notamment du premier missile balistique intercontinental
(ICBM), dite fusée R7 ou Semiorka. Grâce à ses performances, sans cesse améliorées,
celle-ci a servi aux grands succès de l’Union Soviétique dans le Cosmos. Elle est
toujours utilisée : par Roscosmos, pour satelliser les vaisseaux habités Soyouz et pour
ravitailler avec des vaisseaux automatiques Progress l’ISS (International Space
Station) ; par Arianespace pour lancer des satellites depuis le Centre Spatial
Guyanais… Il a créé plusieurs entreprises spécialisées dans les systèmes spatiaux,
parmi lesquelles la société RKK Energia, le bureau d’études Lavotchkine, le centre
spatial Progress de Samara, ISS Reshetnev de Krasnoïarsk… En 1996, la cité de
Kalinigrad, au Nord de Moscou, où il a beaucoup travaillé, était baptisée Korolev.
Astérix sur orbite depuis 50 ans : le déclic
pour tisser le fil d’Ariane au service de l’Europe spatiale
Depuis le 26 novembre 1965, la France est présente autour de la Terre. Avec sa fusée
Diamant, elle devenait la 3ème puissance spatiale - après l’Union Soviétique (Russie) et
les Etats-Unis - en réussissant du premier coup, à lancer un bébé-lune qui fut appelé
Astérix. Ce satellite expérimental de 42 kg est arrivé sur orbite muet en étant muet, car
ses antennes étaient endommagées par le lanceur lors de l’éjection de sa coiffe.
Immatriculé 1965-096A, il évolue toujours au-dessus de nos têtes. Comme il gravite
entre 500 et 1.500 km, il va tourner là-haut durant plusieurs décennies ! Et derrière ce
succès historique d’Astérix, on voit se tisser le fil d’Ariane qui a rendu l’Europe
autonome pour l’accès à l’espace et en a fait un acteur clef pour le transport des
satellites. Voir dans la rubrique notre compte-rendu sur le colloque Lanceurs de
l’ANAE, qui s’est tenu les 3 et 4 novembre à Paris. Avec une intervention très
remarquée de Frédéric d’Allest, l’un des pères du lanceur Ariane (voir les extraits
d’une interview qu’il nous avait donnée en 2003).
Air & Cosmos
Au service de l’Europe, le spatial belge :
un savant dosage entre les 3 Régions d’un royaume fédéral
Le magazine aérospatial Air & Cosmos fête 52 ans de parutions hebdomadaires
(depuis mars 1963 !) sur l’actualité dans les airs et dans l’espace (notamment
avec le chroniqueur de renom Albert Ducrocq, qui nous a communiqué sa
passion pour l’astronautique). Dans son numéro 2476 du 13 novembre, il nous
faisait l’honneur de réserver deux pages aux spécificités de la Belgique spatiale, à
l’heure où celle-ci va se doter d’une agence interfédérale (prévue pour le 1er
juillet, donc pour le prochain Conseil ESA au niveau ministériel). Il a fallu faire
WEI n°83 2015-6 - 10
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
des choix pour le contenu de ces deux pages qui devaient couvrir l’activité des
Wallons, Bruxellois et Flamands dans l’espace.
A elles seules, les compétences spatiales de Wallonie et Bruxelles auraient mérité
d’avoir trois pages… Plusieurs membres du Cluster Wallonie Espace s’en sont
émus, regrettant d’avoir été « oubliés » dans l’article. Des explications leur ont
été données. En guise de consolation, voici l’article tel qu’il aurait pu paraître
dans Air & Cosmos. Les passages soulignés sont ceux qu’on aurait dû reprendre
et qu’il n’a pas été possible de publier pour être quelque peu complet sur le
dynamisme de la Belgique spatiale.
Nous voudrions vous renvoyer au n°311 de la revue Athena de vulgarisation
scientifique, qui est publié par le Département de Développement technologique
du Service Public de Wallonie. Dans la rubrique Espace de mai 2015, nous nous
sommes efforcés de donner une vue d’ensemble complète sur « Wallonie Espace :
acteur-clé du spatial européen », à l’occasion de sa présence au Salon aérospatial
du Bourget 2015. Par ailleurs, cet article est paru « en première » dans le
Wallonie Espace Infos n°79 de mars-avril 2015.
La dimension spatiale est une affaire politique, vu les investissements à faire pour son
exploration et pour son exploitation. Démonstration faite par la Belgique de l’espace
qui est en train de tourner une page d’histoire. Avec la mise en place d’une Agence
Spatiale Interfédérale, sous l’impulsion de l’actuel gouvernement du Premier Ministre
Charles Michel.
Le gouvernement belge n’a pas cessé d’apporter un soutien déterminé à l’ESA en
participant à toutes ses activités à la carte. Un demi-siècle au service de l’Europe dans
l’espace a vu naître une Belgique spatiale avec des acteurs industriels dans des niches
technologiques. Il a favorisé l’expertise scientifique de renom international au sein
d’instituts fédéraux (Observatoire Royal de Belgique, Institut Royal Météorologique,
Institut d’Aéronomie Spatiale de Belgique) qui forment le Pôle Espace) et avec des
équipes de chercheurs universitaires (spécialement l’Université de Liège et la
Katholieke Universiteit Leuven, qui organisent des masters systèmes spatiaux).
Présences ESA
Sur le territoire belge, l'ESA (European Space Agency) met en oeuvre des installations
spécifiques :
- Le Centre ESA de Redu (Libin, Province de Luxembourg) voit le jour en 1968 dans
la campagne ardennaise à titre de compensation pour la Belgique qui n’a pu obtenir
près de l’aéroport national de Zaventem le centre technique des systèmes spatiaux
européens (aujourd’hui l’ESTEC à Noordwijk). Avec le support technique de la
société RSS (Redu Space Services), créée par SES Techcom et QinetiQ Space, il
assure le suivi permanent et le bon fonctionnement de satellites européens, une fois
qu'ils sont sur orbite. Il contrôle les Proba « made in Belgium », les premiers microsats
de l’ESA : 3 sont en service pour observer la planète et notre étoile. Il s’est doté d’une
WEI n°83 2015-6 - 11
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
infrastructure spécifique - avec une antenne de 20 m -, pour valider le fonctionnement
orbital de tous les satellites de la constellation Galileo de navigation civile. Il contribue
à la mise en œuvre du système GEO EDRS (European Data Relay Satellite) du
partenariat ESA-Airbus Defence & Space pour collecter de hauts débits de données
des satellites LEO.
Non loin de là, près de l’Euro Space Center qui est une référence européenne en
matière d’éducation aux systèmes spatiaux et à leurs applications, a pris forme
l’incubateur WSLlux, dans le Galaxia Business Park. Cet outil, né du partenariat entre
WSL et IdeLux, est devenu l’ESA BIC (Business Incubator Center) Wallonie Redu. Il
apporte son soutien logistique au développement de jeunes pousses (PME) qui
projettent de tirer parti de l’essor, en Europe, des applications intégrées qui combinent
satellites de communications, de télédétection, de navigation. Vitrociset Belgium, M3
Systems Belgium, ESNAH y font preuve de créativité) pour faire naître de nouveaux
produits et services.
- Le Centre Spatial de Liège (CSL), au sein de l’Université de Liège, sert aux essais
intensifs, dans des simulateurs d'environnement spatial et à des températures très
basses, d'instruments optiques pour satellites et sondes. Il a notamment contribué, en
qualifiant leur charge utile, aux succès scientifiques des observatoires Planck et
Herschel qui ont rempli avec brio leur mission à 1,5 millions de km de nous. Le CSL
conçoit des systèmes opto-électroniques pour des missions d’observation, comme le
télescope compact SWAP (Sun Watcher using Active pixel detector & image
Processing) à bord du petit satellite Proba-2 en orbite depuis novembre 2009 pour
observer les caprices de notre étoile.
Trois autres installations d’essais ont été implantées avec le soutien de l’ESA ;
- Il y a à l'UCL (Université Catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve) un cyclotron à
ions lourds qui simule le rayonnement de l'espace pour tester la micro-électronique des
systèmes spatiaux. Dans son orbite est né le Center for Space Radiation (CSR), qui a
développé pour équiper le microsatellite Proba V un détecteur compact destiné à
l’analyse « in situ » du rayonnement dans l’environnement spatial.
- L’Université de Liège a aménagé dans son campus du Sart Tilman un banc de tests
cryogéniques qui, dans le cadre du programme Ariane, met à l’épreuve les roulements
de turbopompes des propulseurs, comme celles qui équipent le Vinci.
- L’Observatoire Royal de Belgique abrite le SSA/Space Situational Awareness Space
Weather Coordination Centre (SSCC) qui traite les données de météo spatiale, avec les
données de l’observatoire solaire Proba-2 qui sont recueillies au Centre ESA de Redu.
Plus de réactivité
Chaque année et lors des Conseils ESA au niveau ministériel, la Belgique renouvelle
sa confiance en l'ESA en consacrant quelque 200 millions d'euros à ses programmes
pour la poursuite d'activités européennes de haut niveau. Jusqu’ici, elle a fait de l'ESA
son agence spatiale, mais dans le contexte des nouvelles ambitions de l’Europe dans
l’espace - notamment avec les systèmes d’applications Galileo (navigation) et
Copernicus (télédétection) -, il lui faut se doter d’une structure plus réactive pour
WEI n°83 2015-6 - 12
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
valoriser son potentiel scientifique et technologique pour des activités spatiales au
service de la société globale. Il est prévu que l’Agence Spatiale Interfédérale de
Belgique soit opérationnelle le 1er juillet 2016.
La Secrétaire d’Etat Elke Sleurs, responsable de la Politique scientifique, a précisé que
« la nouvelle institution disposera d’une personnalité juridique propre ; celle-ci sera
liée aux autorités politiques par un contrat de gestion qui définit les objectifs, les
ressources et les critères d’évaluation. » Il s’agira de faire preuve de plus d’efficacité
pour répondre aux missions de l’ESA et aux besoins de la Commission européenne,
comme de coller davantage aux spécificités technologiques des 3 Régions
économiques et des 3 Communautés culturelles du royaume fédéral de Belgique. Pour
décider les budgets à allouer aux programmes de l’ESA, la délégation belge de Belspo
(Politique scientifique fédérale) doit tenir compte du retour régional, afin d’avoir une
répartition équilibrée entre les acteurs industriels en Flandre, Wallonie et Bruxellescapitale. Il appartenait à Eric Béka, Haut Représentant pour la Politique Spatiale (avec
statut d’ambassadeur) d’assurer son bon pilotage dans les arcanes européens. Il prend
sa retraite à la fin de novembre en ayant préparé la création de l’Agence Spatiale
Interfédérale de Belgique.
Flandre-Bruxelles-Wallonie
En un demi-siècle d’activités au service de l’Europe spatiale, la Belgique a su se faire
une place enviée dans des niches technologiques qui ont des implantations régionales.
A la faveur du programme spatial européen, la Wallonie, Bruxelles, la Flandre ont
développé pour les systèmes dans l’espace des compétences dans des niches
technologiques. Ces spécialités sont devenues des références de renom international,
hors du cadre européen.
La Wallonie, vu son héritage de la révolution industrielle, a acquis la maîtrise de
spécialités touchant à l’électronique et l’aéronautique :
- L'alimentation électrique des satellites et les composants électroniques pour les
systèmes spatiaux fait de Thales Alenia Space Belgium, ex-ETCA (Charleroi, avec
une implantation flamande à Leuven), le n°1 européen dans la technologie du
conditionnement d'énergie à bord des satellites, comme le Spacebus Neo (dont le 1er
exemplaire vient d’être commandé par Eutelsat pour être le BB (BroadBand) for
Africa). Par ailleurs fournisseur d’équipements pour les lanceurs Ariane 5, Soyouz et
Vega, il se positionne pour la chaîne de sauvegarde Ariane et, comme sous-traitant de
SABCA, pour le pilotage des Ariane 6.
- L’intelligence sur orbite, avec les petits satellites de type Proba, a mis à l’honneur
Spacebel (Liège) comme informaticien spatial qui développe des logiciels "sur
mesure" à bord de systèmes spatiaux, pour la simulation numérique de tests, pour la
gestion des centres de contrôle, et pour le traitement des données.
- La réalisation de simulateurs du vide, ainsi que de télescopes au sol et d’optiques
pour satellites a fait connaître Amos (Liège) au-delà de l’Europe, en Inde, aux EtatsUnis, en Chine. L’entreprise liégeoise d’opto-mécanique contribue à la réalisation
d’instruments de pointe pour les observatoires spatiaux de l’Europe spatiale.
WEI n°83 2015-6 - 13
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
- D’autres grands acteurs ont réussi à bien positionner leur expertise au niveau
européen à l’occasion de missions spatiales :
. Techspace Aero (Groupe Safran) pour le développement et la production de vannes
cryo des lanceurs Ariane ;
. Sonaca pour la conception et la fabrication de structures sur mesure et avec des
matériaux composites ;
. Rhea pour des systèmes innovants pour la gestion informatisée des opérations de
satellites, depuis leur conception jusqu’à leur mise en œuvre, ainsi pour la sécurisation
des infrastructures informatiques ;
. Lambda-X pour l’instrumentation micro-optique d’expériences à bord de fuséessondes et sur orbite ;
. Euro Heat Pipes (EHP) pour le développement et la production de caloducs
performants pour systèmes dans l’espace.
Soucieuse de garder une longueur d’avance dans des activités de pointe, la Région
wallonne s’appuie sur des « Plans Marshall » d’innovation technologique, qui sont
gérés pour l’aérospatial par le Pôle de compétences Skywin. Etienne Pourbaix, son
directeur, mise sur le phénomène de miniaturisation des satellites : « Elle a ouvert le
marché à de nouveaux acteurs potentiels pour la Wallonie. Et sur cet aspect, nous
sommes complémentaires à l’ESA. »
La Région de Bruxelles-capitale est surtout concernée par le transport spatial avec
SABCA (servo-commandes, structures). La trajectoire correcte qu’impose une
satellisation précise continuera à se faire pour les Ariane 6 et Vega C(onsolidation)
avec des systèmes d’orientation des tuyères, dits EMTVAS (Electro-Mechanical
Thrust Vector Actuation System), de l’entreprise aérospatiale bruxelloise. A l’ULB
(Université Libre de Bruxelles), le Microgravity Research Centre développe des
équipements de physique des fluides pour l’étude de leur comportement en
impesanteur. L’ERM (Ecole Royale Militaire) a développé une expertise pour
l’exploitation des signaux SAR (Synthetic Aperture Radar) et pour des missions
humanitaires avec satellites.
La Flandre spatiale a dû, pour rattraper son retard dans le domaine spatial, faire
preuve de créativité avec les programmes ARTES (télécommunications), GSTP
(technologie) et Prodex (instrumentation) de l’ESA. Ses sociétés actives dans l’espace
ont réussi à percer avec des produits originaux et services innovants :
- Dans le domaine des télécommunications spatiales, notamment pour la télévision et
le haut débit, Newtec (Sint Niklaas) est devenu le spécialiste de l’utilisation optimale
de la bande passante. Les opérateurs et utilisateurs de satellites ont recours à sa
technologie qui rentabilise au mieux les charges utiles des satellites. Comme Intelsat,
qui a établi un partenariat public privé avec l’ESA et Newtec pour se mettre à la mode
INDIGO (Intelsat Dialog Open system) pour ses prochains satellites Epic.
- Avec le volet des petits satellites à l’ESA, qui emploient le bus intelligent Proba,
QinetiQ Space (Kruibeke, près d’Anvers) démontre avec succès sa maîtrise d’oeuvre
des systèmes spatiaux complets.
WEI n°83 2015-6 - 14
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
- Grâce à son développement sur mesure d’équipements optiques miniaturisés
(spectromètres, caméras) à bord de satellites et de sondes spatiales, OIP Sensor
Systems équipe les satellites Proba-2 et Proba Végétation et se trouvera à bord de la
sonde ExoMars 2016 (pour l’instrument NOMAD sur le satellite TGO, avec la caméra
de descente DECA sur le module de descente Schiaparelli sur Mars).
- En télédétection spatiale, l’établissement technologique flamand VITO s’est fait un
nom avec son Centre de Traitement des Images Végétation. Pour une vision
quotidienne du couvert végétal sur l’ensemble du globe, il exploite les images à large
fauchée - jusqu’à 100 m de résolution –, grâce au micro-satellite Proba V(égétation).
Des PME ont réussi à percer sur des créneaux technologiques :
- AntwerpSpace est spécialisée dans l’électronique à bord des satellites de
télécommunications, pour des équipements au sol pour l’observation de la Terre et
pour les liaisons par satellites ;
- Eurosense, depuis plus de 50 ans, s’affirme comme expert dans la télédétection et ses
applications, dans les services de géo-information, avec plusieurs filiales en Europe de
l’Est ;
- Septentrio, « spinoff » d’IMEC, est bien présent dans le business de la navigation par
satellites avec des récepteurs compatibles GPS-Glonass-Galileo ;
- Space Applications Services s’implique dans le segment sol pour les opérations dans
l’espace, dans des systèmes innovants pour les vols spatiaux, dans la mise en œuvre de
robots sur orbite…
Les industriels ont constitué des groupes de pression stratégique qui font du lobbying.
Au niveau national avec Belgospace (dès 1962) qui réunit les principaux protagonistes
du spatial belge, puis à l’échelon régional avec le VRI (Vlaams Ruimtevaart Industrie,
depuis 1995) et avec Wallonie Espace (créé en 1996). Il y a l’association plutôt
discrète Bruspace dont sont membres les acteurs du spatial à Bruxelles. Tous les deux
ans, le VRI et Wallonie Espace (Pôle Skywin) organisent en alternance des Journées
de l’Espace – Wallonia Space Days, - afin de promouvoir les compétences
technologiques et sensibiliser les jeunes aux métiers de l’espace (études, carrières).
Le spatial flamand en quête d’un meilleur retour :
quel rôle dans les systèmes récurrents des lanceurs européens ?
Le VRI (VlaamseRuimtevaart Industrie), l’association des industriels flamands de
l’espace, a organisé les Vlaamse Ruimtevaartdagen sur le thème « Vlaanderen,
buitenaards ! (La Flandre en avant toute !) » du 20 au 22 novembre au Brabanthal de
Leuven. Dans son speech d’ouverture de l’après-midi de conférence, en présence
d’Elke Sleurs, Secrétaire d’Etat fédéral pour la Politique scientifique, Hans Bracquené,
l’administrateur (et fondateur) du VRI a plaidé pour la mise en place de l’Agence
spatiale interfédérale de Belgique. Il considère que cette institution prévue pour le 1 er
juillet 2016 assurera, dans le cadre du spatial européen (ESA, Commission) la
continuité des activités belges dans l’espace et une meilleure consultation des régions
pour leurs besoins technologiques. Son constat sur la répartition budgétaire des efforts
WEI n°83 2015-6 - 15
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
entre les trois Régions de Belgique fait apparaître un déficit annuel d’environ 30
millions € pour la Flandre, comparé à la Wallonie et à Bruxelles-capitale.
Chaque année, le Royaume fédéral belge alloue au spatial un budget de quelque 200
millions €. H. Bracquené a voulu remettre le couvert habituel en rappelant que le
retour régional du spatial européen doit être réajusté en faveur des acteurs flamands. Il
est un domaine où la Flandre entend être davantage impliquée au niveau de l’ESA:
c’est la technologie des lanceurs dont l’intérêt est de donner lieu à des produits
récurrents pour les services d’Arianespace. Le VRI compte bien avoir accès au
potentiel économique du transport spatial. Sa revendication fera partie des propositions
de la délégation belge au prochain Conseil ministériel de l’ESA qui se tiendra à
Lucerne (Suisse).
1. Politique spatiale EU + ESA
1.1. Nouveaux Directeurs à l’ESA
Prof. Dr.-Ing. Johann-Dietrich Wörner est depuis le 1 er juillet le nouveau Directeur
Général de l’ESA. Une nouvelle équipe va le seconder dans ses tâches et
responsabilités.
Lors d’une session extraordinaire à participation restreinte, tenue à Paris le
21 novembre 2015, le Conseil de l’ESA a approuvé la proposition du Directeur général
concernant la future équipe de direction de l’Agence. Cette nouvelle équipe, dont la
composition est présentée ci-après, devrait prendre ses fonctions début 2016.
- Domaine des applications spatiales
Directeur Télécommunications et Applications intégrées (D/TIA) : Mme Magali
Vaissière (France)
Directeur Programme Galileo et Activités de navigation (D/NAV) : M. Paul Verhoef
(Pays-Bas)
- Domaine de la science et de l’exploration
Directeur de la Science (D/SCI) : M. Alvaro Giménez Cañete (Espagne)
Directeur Programmes de vols habités et d’exploration robotique (D/HRE) : M. David
Parker (Royaume-Uni)
- Domaine de la technologie spatiale et des opérations
Directeur Gestion technique et de la qualité (D/TEC) : M. Franco Ongaro (Italie)
Directeur des Opérations (D/OPS) : M. Rolf Densing (Allemagne)
- Domaine administratif
Directeur des Services internes : Ressources humaines, Gestion des sites, Finances et
Contrôle de gestion, Technologie de l’information (D/HIF) : M. Jean Max
Puech (France)
Directeur Industrie, Approvisionnements et Services juridiques (D/IPL) : M. Éric
Morel de Westgaver (Belgique)
WEI n°83 2015-6 - 16
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Ce team sera complété pour l’été 2016 par les Directeurs pour l’Observation de la
Terre (programme au budget le plus conséquent) – actuellement, M. Volker Liebig
(Allemagne) - et pour les Lanceurs (programme Ariane 6 avec une nouvelle
gouvernance) - M. Gaele Winters (Pays-Bas).
Les Etats-Membres qui seront représentés dès le 1er janvier 2016 dans l’équipe des
directeurs ESA, si on tient compte de ceux qui font l’objet d’un appel à candidats pour
une sélection à la mi-2016 : Allemagne (3, y compris le DG), France (2), Pays-Bas (2),
Belgique (1), Espagne (1), Italie (1), Royaume-Uni (1). La nomination de deux
derniers Directeurs ESA pour les importants programmes Lanceurs et Observation de
la Terre, devrait en principe rééquilibrer la répartition nationale en faveur de la France
(3 ?) et de l’Italie (2 ?). Mais avec l’actuelle présidence helvétique du Conseil ESA au
niveau ministériel, un citoyen suisse pourrait devenir Directeur Lanceurs… Wait &
see.
1.2. Personnalité de l’année 2015 : le timide Elon Musk, ambitieux et
audacieux, mise sur la jeunesse pour réussir l’ère du « New Space »
Le dernier lancement américain de l’année 2015 a permis à SpaceX de renouer avec le
succès. Et quelle réussite : la récupération de l’étage principal. Au siège de Space
Exploration Technologies, le vol du premier Falcon 9 v.1.2 a été suivi dans une
ambiance digne d’un match de baseball. Dans une volonté de transparence, la
transmission vidéo montrait de jeunes ingénieurs à l’allure décontractée, prenant
plaisir à savourer chaque étape réussie du lancement. C’était assez différent de
l’atmosphère sérieuse, moins spontanée, du centre de contrôle Jupiter 2 au CSG de
Kourou, où les invités gardent leur calme jusqu’à ce que soit officialisée la mise sur
orbite du ou des satellites lancés.
Elon Musk, le chef d’orchestre de la réussite de SpaceX, s’affirme comme un Homme
de notre temps. Il fait surtout rêver et joue cartes sur table en misant sur une jeunesse
aux idées innovantes. Sa grande ambition : l’implantation d’une colonie permanente
sur la planète Mars. Il n’hésite pas à se doter de ses propres systèmes (propulseurs
compris) d’accès au monde de l’espace. Outre les lanceurs Falcon, il réalise les
vaisseaux Dragon. Sa recette d’aller de l’avant en privilégiant la volonté de sortir des
sentiers battus, le businessman d’origine sud-africaine - il a fait fortune en
informatique avec les systèmes Zip2 et Paypal - l’applique dans d’autres défis qu’il
s’est donnés de relever :
- Tesla Motors produit des voitures entièrement électriques, ainsi que des ensembles
de stockage de l’énergie ;
- SolarCity est un fournisseur d’installations de grandes centrales photovoltaïques aux
Etats-Unis ;
- Hyperloop est un nouveau mode - futuriste - de transport terrestre, avec des cabines
pressurisées circulant dans un tube sous pression réduite en atteignant des vitesses de
plus de 1.200 km/h…
WEI n°83 2015-6 - 17
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
2.3. Budget en hausse pour la NASA - grands gagnants : l’exploration des
planètes, le lanceur lourd SLS, le programme commercial des vols habités
A la mi-décembre, après plusieurs mois d’hésitations entre les instances fédérales
chargées d’établir et d’approuver les budgets des Etats-Unis, la NASA (National
Aeronautics & Space Administration) a pu obtenir que soient revues à la hausse ses
ressources pour l’année fiscale 2016 (qui a commencé le 1 er octobre 2015). Ce sont
plus de $ 19.285 millions - quelque 17.753 millions € -, qui ont été inscrits pour
soutenir le fonctionnement et les activités de la NASA. Ce qui représente environ $
785 millions de plus par rapport à ce qui avait été demandé. Parmi les trois
programmes les mieux subsidiés, on a :
- $ 5.589 millions pour la science spatiale, avec des observatoires autour de la Terre,
des sondes vers Mars, Jupiter et des astéroïdes…
- $ 5.029 millions pour les opérations dans l’espace (maintenance et exploitation de
la station spatiale internationale jusqu’en 2024), dont $ 1.244 millions pour le CCP
(Commercial Crew Program) qui doit mettre en œuvre, dès fin 2017, les vaisseaux
privés de Boeing (CST-100 Starliner) et de SpaceX (Dragon V2) qui doivent assurer la
desserte de l’ISS (International Space Station) en lieu et place des Soyouz russes
actuels. La NASA procède à un recrutement d’astronautes pour voler à bord de ces
systèmes dus à l’entreprise privée et utilisés sous la forme d’un PPP (Partenariat
Public-Privé).
- $ 4.030 millions pour les missions d’exploration, comprenant $ 2 milliards pour le
lanceur lourd SLS (Space Launch System) et $ 1.270 millions pour le vaisseau MPCV
(Multi-Purpose Crew Vehicle) Orion. Celui-ci avec le module de service européen sera
testé en mode inhabité en 2018 lors du premier vol du SLS, dit EM-1 (Exploration
Mission-1). Il faut préparer le vol EM-2 prévu en 2021-2022, voire 2023, avec un
équipage à bord en vue d’une mission autour de la Lune. Un nouvel étage supérieur à
propulsion cryogénique ou EUS (Enhanced Upper Stage) doit être mis au point pour
ce vol lunaire qui rappellera celui d’Apollo 8 de décembre 1968 ! Par ailleurs, la
NASA obtient un premier financement - $ 55 millions – pour un module d’habitation
qui rendra plus confortables des expéditions de longue durée au-delà de l’orbite
terrestre.
2. Accès à l'espace/Arianespace
2.1. Centre Spatial Guyanais : le n°3 (12 succès)
au palmarès mondial des lancements spatiaux
Sous l’impulsion d’Arianespace, le port spatial de l’Europe, alias le CSG (Centre
Spatial Guyanais), a réalisé 12 lancements, tous réussis, de satellites depuis trois
ensembles (ELA-3 avec 6 Ariane 5, ELS avec 3 Soyouz « made in Russia », SLV
avec 3 Vega). Ce qui en fait le 3ème site dans le monde pour l’accès à l’espace en 2015.
Voici le palmarès pour les 84 mises sur orbite, dont 31 lancements pour des satellites
géostationnaires :
WEI n°83 2015-6 - 18
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
- n°1 (depuis plusieurs années): le cosmodrome de Baïkonour (Kazakhstan) avec 17
envols réussis de fusées ;
- n°2 : Cape Canaveral (Floride) avec 16 succès, dont la récupération d’un premier
étage ;
- n°3 : le CSG (Guyane) avec le record de 12 vols pour Arianespace;
- n°4 : Xichang Satellite Launch Center (Sichuan) avec 9 satellisations en orbite de
transfert géostationnaire ;
- n°5 : le cosmodrome de Plesetsk (près d’Arkhangelsk) avec 7 lancements orbitaux,
dont 1 sur une mauvaise trajectoire ;
- n°6 : le Satish Dhawan Space centre (Ile de Sriharikota, Andhra Pradesh) avec 5
mises sur orbite (dont 1 en orbite de transfert géostationnaire) ;
- n°7 : le Jiuquan Satellite Launch Center (Mongolie intérieure) : 5 vols réussis, dont le
premier CZ-11 pour de petits satellites ;
- n°8 : le Taiyuan Satellite Launch Center (Shanxi) : 5 succès, dont le 1 er CZ-6 de la
nouvelle génération des lanceurs chinois;
- n°9 : le Tanegashima Space center (Kyushu) : 4 lancements réussis, dont le premier
vol commercial du H-IIA pour un satellite de Telesat Canada (Telstar-12 Vantage) ;
- n°10 : Vandenberg Air Force Base (Californie) : 2 succès ;
- n°11 : le site de Semnan (Iran) : 1 lancement ;
- n°12 : la base de Yasny (Orenburg) : 1 vol Dnepr.
2.2. La Révolution Ariane 6 pour le transport spatial en Europe :
la leçon du colloque Les lanceurs européens pour les 50 ans de Diamant
L’Université Pierre et Marie Curie à Paris a célébré un demi-siècle français de
présence dans l’espace en accueillant les 3 et 4 novembre le colloque « Les lanceurs
européens - de Diamant à Ariane 6 : la réponse compétitive de l’Europe pour son
autonomie ». Cet événement était organisé par l’Académie de l’Air et de l’Espace à
l’occasion des cinquante ans d’Astérix sur orbite : du premier coup, le lanceur français
Diamant réussissait une satellisation. Durant les deux jours, il fut donc question du
rôle clef de la France pour l’accès de l’Europe à la dimension spatiale. Mais c’est
surtout l’actualité en cours qui fut la grande vedette : avec les nouveaux lanceurs
Ariane 6 et Vega C, qui seront dans les années à venir les outils d’Arianespace au CSG
(Centre Spatial Guyanais).
En ouvrant le colloque, Johann-Dietrich Woerner, directeur général de l’ESA, a
rappelé son mot d’ordre : « United Space in Europe ! ». Autour des acteurs
gouvernementaux que sont non seulement l’ESA, mais par ailleurs la Commission
européenne, Eumetsat, la GSA (European Global Navigation Satellite Systems
Agency), l’ESO (European Southern Observatory). Partant du constat que la
compétition globale, notamment avec l’avènement de SpaceX, est désormais la
référence pour les lancements spatiaux, il a insisté sur les atouts de l’Europe : la
nouvelle gouvernance d’Ariane 6, l’intérêt de son concept modulaire, la recherche de
solutions dans un esprit européen. Il est plutôt sceptique quant à l’impact de la
réutilisation sur le coût du lanceur et pour l’avenir du potentiel industriel.
WEI n°83 2015-6 - 19
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Le « miracle » du système Ariane
L’évocation du passé, à travers les témoignages vécus de Jacques Villain (historien,
ancien directeur des affaires spatiales internationales chez Safran) et Philippe
Couillard (président de l’ANAE, ancien directeur général des lanceurs à
l’Aérospatiale, puis chez Airbus), a mis en évidence l’importance des instances
politiques dans le développement des lanceurs en Europe. L’initiative française de la
fusée Diamant, qui tirait parti des recherches en propulsion pour la force de frappe
chère au Général de Gaulle (1890-1970), a contribué à tisser le fil d’Ariane dans un
cadre européen. Cette naissance du lanceur Ariane, puis sa percée commerciale dans le
monde ont donné lieu à la présentation très écoutée de celui que l’on considère comme
le père d’Ariane et le fondateur d’Arianespace, Frédéric d’Allest. D’emblée, il donne
le ton : « Si nous sommes ici aujourd’hui, c’est par miracle ! » Et de rappeler qu’en
décembre 1971, à la suite à l’échec du lanceur Europa 2 au Centre Spatial Guyanais,
plus aucun responsable politique ne croyait en la capacité de l’Europe de se doter d’un
système de transport spatial.
F. d’Allest d’évoquer la motivation importante du CNES pour entreprendre le projet
L3S qui allait devenir le programme Ariane. « L’objectif visé était 2 à 4 lancements
par an pour faire tourner les équipes de lancement. Il fallait donc commercialiser le
lanceur en apportant le marché. » Ainsi, dès 1973, après que dix Etats d’Europe aient
donné le feu vert au développement d’Ariane, le pari était pris de participer à la
compétition lancée par l’organisation internationale des télécommunications Intelsat
pour les lancements de ses satellites géostationnaires Intelsat V. Cette audace devait se
révéler payante, « à cause d’une erreur de stratégie de la NASA, forte de sa
suprématie : elle voulait imposer la navette spatiale », au détriment des lanceurs
conventionnels Delta et Atlas. En 1977, deux ans avant son premier vol, la fusée
européenne Ariane décroche son 1er contrat commercial chez Intelsat (1 lancement
ferme, 2 en option). « Cet épisode rendait crédible la mise sur pied d’Arianespace. »
L’audace payante d’Arianespace
A l’époque, la proposition de créer Arianespace était « audacieuse, car seuls les Etats
pouvaient assumer les risques financiers et techniques des lancements de satellites.»
C’est au Salon du Bourget 1979 - six mois avant le premier vol et succès d’Ariane qu’est officialisée la naissance de la société de transport spatial Arianespace. Pour ne
pas hypothéquer son avenir, « en cachette, on signait des contrats
d’approvisionnement pour des lanceurs Ariane » confie-t-il. En mars 1980, étaient
signés les statuts d’Arianespace, avec le CNES comme actionnaire principal et garant
de l’engagement public, aux côtés des industriels et investisseurs privés. Et le premier
président directeur général d’Arianespace d’insister sur ce qui a permis la montée en
puissance de l’Europe dans le business des lancements en orbite de transfert
géostationnaire :
- la stratégie du lancement double, ce qui a facilité l’essor d’Arianespace avec la
maîtrise d’une procédure qui était alors unique. « Ce qui a permis d’avoir plus de la
moitié des satellites commerciaux géostationnaires. Ce qui a permis le bon
WEI n°83 2015-6 - 20
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
fonctionnement d’Arianespace : je versais des dividendes à mes actionnaires sans
l’aide de subventions ».
- la garantie d’une filière Ariane, avec le développement de lanceurs de plus en plus
performants afin de coller à la taille et à la masse des satellites. « On constatait une
croissance de 125 kg chaque année ».
L’offre des Ariane 4, lesquelles se déclinaient en cinq versions principales - utilisées
jusqu’en février 2003 - pour l’accès à l’anneau géostationnaire, connut un beau
succès. En 1997, Arianespace a réussi la prouesse de 11 lancements pour 17 satellites !
Pourtant « dès 1989, il fallait anticiper la rupture et préparer une nouvelle génération
de lanceurs », explique F. d’Allest. Le lanceur Ariane 5 qui avait 2 x la performance
d’Ariane 4 (2 x 4 t) misait sur la minimalisation du nombre des propulseurs - un total
de 4 - pour être compétitif : « il fut décidé en 1988 pour consolider le leadership
d’Arianespace. » Aujourd’hui, il faut tenir compte de deux éléments majeurs :
SpaceX, nouvel entrant avec une politique agressive, et l’avènement de la propulsion
électrique qui réduit de 40 % la masse des satellites.
Défi mesuré, pari osé pour Ariane 6
« Il faut une réponse rapide, énergique ». Inquiet, le créateur de la première
compagnie commerciale de transport spatial exprime des regrets sur la stratégie de
l’Europe, qui ne fut décidée qu’en décembre 2014 au Conseil ministériel de l’ESA à
Luxembourg. D’abord, cette décision a été prise trop tardivement. Puis on devait au
préalable aller de l’avant avec une Ariane 5 ME intermédiaire en dotant son étage
supérieur du propulseur cryogénique Vinci. « Il fallait remplacer l’actuel HM7 dont la
conception remonte aux années 60 ! ». Pour la nouvelle donne Ariane 6, Airbus Safran
Launchers (ASL) a la maîtrise d’œuvre complète du lanceur européen de nouvelle
génération : « il est sous forte pression pour réussir le premier vol en 2020 ». Au sujet
du partenariat ASL et Arianespace, « il faut faire en sorte que soit améliorée la
synergie entre les équipes. » Il se réjouit qu’Ariane 6 permette de retrouver la
flexibilité de la filière Ariane 4 durant les années 1990.
Le colloque de l’ANAE, après la session historique, fut consacré à l’avenir du
transport spatial européen. Les années 2020 verront la mise en œuvre par Arianespace
du duo Ariane 6.2-6.4, de Vega C(onsolidation), voire de Vega E(volution). Ce fut
l’occasion de souligner l’importance accrue des lancements institutionnels en Europe
avec les systèmes Galileo (navigation) et Copernicus (télédétection), en plus des
missions scientifiques. Gaele Winters, Directeur ESA pour les Lanceurs, a insisté sur
la coopération européenne qui a prévalu à l’occasion du Conseil ESA de Luxembourg.
Il a noté le sérieux changement avec la nouvelle gouvernance qui constitue une autre
approche face à une forte concurrence : « Nous avons à apprendre à faire travailler
étroitement, dans une interaction permanente, l’ESA, le CNES, l’ASL et les
industriels. » Priorité à l’objectif de réduire d’au moins 30 % le coût du lancement.
En proposant l’Ariane 6 pour la moitié du prix du kg satellisé par une Ariane 5
actuelle : faire mieux en étant moins cher ! C’est ce que promet ASL (Airbus Safran
Launchers). Eutelsat et Thales Alenia Space de s’en réjouir.
WEI n°83 2015-6 - 21
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Production « au plus juste » (à fil tendu) selon Airbus
Quinze Etats membres de l’ESA ont accepté de contribuer aux activités de l’Europe
pour le transport spatial de nouvelle génération. Par ordre d’importance pour
l’engagement financier - 4.386,8 millions € déjà couverts, soit 91,35 % du budget
de 4.802,4 millions € qui fut décidé à Luxembourg - , on a la France (44,47 %),
l’Allemagne (20,78 %), l’Italie (10,19 %), l’Espagne (4,68 %), la Belgique (4,12 %),
la Suisse (2,53 %), la Suède (1,65 %), les Pays-Bas (1,56 %), puis (pour moins de 1
%) la Roumanie, l’Irlande, la Norvège, l’Autriche, le Danemark, le Royaume-Uni, le
Portugal. Stefano Bianchi, responsable à l’ESA du développement des lanceurs
européens - il est l’un des pères de Vega -, d’insister Ariane 6 comme une autre façon
de procéder pour préserver l’accès indépendant de l’Europe à l’espace. Surtout qu’on
ne part pas de rien : il y a l’héritage d’Ariane 5 et de Vega qui font d’Arianespace un
leader pour le transport spatial à des fins commerciales. Le 12 août 2015, l’ESA, ASL,
le CNES, Avio signaient à Paris les contrats pour les lanceurs Ariane 6 et Vega C et
leur infrastructure au CSG.
La phase finale de développement du système de lancement Ariane 6 se décidera
durant l’été prochain. Elle dépendra de la revue d’implémentation du programme, qui
aura lieu en juillet 2016. Il est prévu que la continuation du programme soit décidée
en septembre 2016 par les délégués des Etats qui y participent. S. Bianchi précise les
cinq principes qui représentent autant de défis pour la réussite des Ariane 6 et Vega C :
- un ensemble européen compétitif pour les lancements tant commerciaux (Ariane 6.4)
qu’institutionnels (Ariane 6.2 à 70 millions € le vol) ;
- la garantie de lancer les satellites gouvernementaux de l’Europe, afin de ne plus
devoir recourir aux aides publiques pour la commercialisation ;
- la standardisation autour d’un maximum d’éléments communs entre les lanceurs avec
les moteurs cryogéniques Vulcain d’Ariane 5 et Vinci testé avec succès, les
propulseurs solides P120C en développement pour Vega C ;
- la disponibilité d’Ariane 6 pour un premier vol dès 2020, la montée en cadence de sa
production afin de prendre la relève d’Ariane en 2023 ; il faudra alors arriver à
produire chaque année 35 P120C en Guyane, 11 étages cryogéniques (1er et 2nd) en
Europe ;
- l’assurance d’un service fiable auprès des clients avec le retrait progressif des
lanceurs Soyouz (satellites institutionnels) et Ariane 5 (satellites commerciaux).
Il y a par ailleurs la flexibilité du système qui offre un potentiel de croissance. Il n’est
pas exclu d’avoir une version améliorée Ariane 6 : jusqu’à six boosters à poudre sur le
1er étage pour en faire une Ariane 6.6, capable de rivaliser avec le Falcon Heavy de
SpaceX. Pour le lanceur Vega, Avio envisage déjà la version Vega E avec un 3ème
étage qui serait doté du propulseur ré-allumable LM-10 MIRA (oxygène
liquide/méthane).
Chez ASL, on est conscient du pari industriel que représente le programme Ariane 6.
Daniel Quancard, directeur général délégué dans l’entreprise conjointe, est conscient
WEI n°83 2015-6 - 22
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
des défis à relever : prix d’exploitation compétitif, planning et budget serrés pour le
développement, cadre d’une nouvelle gouvernance. Il a souligné les impératifs d’une
gestion dite « lean » - « au plus juste » ou « à fil tendu » -, comme elle se pratique dans
l’industrie automobile et aéronautique. Pour les acteurs industriels du spatial européen,
Ariane 6 est bel et bien une révolution qui a pour principe : le temps, c’est de l’argent.
Il s’agit de mettre en œuvre une approche innovante qui soit structurée depuis la
conception jusqu’à la production, qui privilégie l’automatisation et la visualisation, qui
fait la chasse aux gaspillages, redondances et imprévus, qui exploite le mieux possible
les moyens en place. Il s’agit d’aller droit au but sans passer par des détours, de
manière à ce que les coûts soient réduits.
ELA-4 d’inspiration Soyouz et SpaceX
Autre voie pour réduire les coûts d’exploitation Ariane 6 au CSG: l’infrastructure de
lancements, baptisée ELA-4, qui est réalisée sous l’autorité du CNES. Elle sera
implantée là où devait se situer la piste d’atterrissage de la navette Hermès (projet
européen des années 1980 avec le lanceur Ariane 5 et le laboratoire Columbus), entre
l’ELS (Ensemble de lancements Soyouz) et l’actuelle zone Ariane et Vega. « Il s’agit
du 8ème ensemble que nous construisons en Guyane » (*), note Jean-Marc Astorg,
directeur des lanceurs au CNES. « Son originalité est d’être basée sur l’intégration
horizontale - une « première » à Kourou - afin d’offrir la flexibilité pour les charges
utiles à satelliser, tout en réduisant la durée des campagnes de lancements. Un
portique mobile permettra de changer facilement des équipements sur le lanceur ou à
bord du satellite. »
Optimisé pour pouvoir effectuer un vol d’Ariane 6.2 ou 6.4 toutes les trois semaines
ou au moins 11 lancements par année, ELA-4 s’inspire des infrastructures qui sont
couramment utilisées par les lanceurs Soyouz et par les Falcon 9 de la société SpaceX.
Son chantier a déjà débuté avec la préparation du site qui s’étendra sur 170 hectares.
Les premières constructions prendront forme à la mi-2016 sur les Zones de Lancement
(ZL) et de préparation avec le Bâtiment d’Assemblage Lanceur (BAL). Une maquette
Ariane 6 servira à tester l’ensemble dès fin 2019. La plate-forme de lancements sera
simplifiée, afin d’être exploitée de façon économique. Elle est conçue pour accueillir
la puissante Ariane 6.6 et dans la perspective d’un lanceur post-Ariane 6. Le transport
spatial européen n’a pas fini de nous étonner au cours de 2016.
(*) Il y eut les ensembles Diamant et Europa des années 70, puis ELA-1 et ELA-2 jusqu’au
début 2003, ELA-3 pour Ariane 5 depuis 1996, ELS pour le Soyouz, puis SLV pour Vega.
A noter que l’industrie spatiale belge, avec SABCA, Techspace Aero (Safran), Thales
Alenia Space Belgium sont des acteurs clefs des programmes Ariane 6 et Vega-C. Ce
trio a contribué, dès les débuts, au programme des lanceurs Ariane et accumulé un
savoir-faire en matière de systèmes de lancement spatial.
Proposition de partenariat public-privé à long terme pour le transport
spatial européen : les obligations de part et d’autre
WEI n°83 2015-6 - 23
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Airbus Safran Launchers
ESA : 14 Etats contributeurs
Jusqu’à 10 % d’investissement industriel
Autorité de conception du système de lancement
Contrôle d’Arianespace
Garantie pour 5 années du prix
des lancements institutionnels
Renforcement de la compétitivité
pour la chaîne d’approvisionnement
Prise en charge à 90 % du développement
Suivi de la mise en œuvre du système
Pas de subsides publics à l’exploitation
Garantie de se procurer au moins
5 lancements par année
Sécurisation du retour géographique : 2 x
la contribution pour le développement
Répartition des frais pour la base de lancements
et pour les services d’accompagnement à l’exploitation
2.3. Septembre 2016 : le grand moment de vérité
pour que le lanceur Ariane 6 puisse voler dès 2020
Premier compte à rebours pour l’avenir des jumeaux Ariane 6. Les prochains mois
vont être cruciaux pour le démarrage définitif du programme, dans le cadre d’un PPP
(Partenariat Public-Privé) entre l’ESA, le CNES et ASL (Airbus Safran Launchers). La
co-entreprise d’Airbus et de Safran, issue de l’intégration des activités lanceurs de
deux puissantes entités, se révèle délicate, voire laborieuse. Cette intégration devait
être terminée pour fin octobre. Elle a été repoussée pour la trêve des confiseurs en
décembre… D’après le nouveau bimensuel AeroSpatium, dans son n°0.3 du 12
décembre, les questions administratives sur son fonctionnement financier se posent de
façon aiguë et sont loin d’être résolues, ce qui inquiète les salariés et leurs syndicats.
Il y a une date butoir à respecter pour les responsables d’ASL qui ont signé le contrat
Ariane 6 le 12 août dernier. Il faut avoir remis à la Direction Lanceurs ESA-CNES de
Daumesnil toute la documentation technique pour la revue d’implémentation du
programme en juillet 2016. Cette étape est décisive pour que la continuation du
programme puisse être décidée en septembre par les délégués des 14 Etats qui y
participent. Son issue aura, à coup sûr, un impact sur la Conseil ESA au niveau
ministériel, qui se déroulera à Lucerne (Suisse) en décembre prochain
2.4. Rencontre avec Frédéric d’Allest, pionnier européen du transport
spatial à des fins commerciales : extraits d’interview donnée en 2003
L’intervention de Frédéric d’Allest au Colloque Lanceurs européens était très attendue
et fut des plus remarquées. Elle nous a remis en mémoire les propos qu’il nous tenait
au début de 2003 pour une interview qui fut publiée en juin 2003 dans le mensuel
Aerospace America. Ses propos n’ont pas pris une ride. Voici les passages les plus
concernant la révolution que l’Europe avec son lanceur Ariane allait apporter pour
l’accès à l’espace. Ils ont de quoi encourager les à aller plus que jamais de l’avant.
Dans les années 70, les artisans de l’accès européen à l’espace ne disposaient pas
d’internet, ni de portables. Il leur fallait tout inventer notamment en matière de
propulseurs - les Viking qui continuent leur carrière en Inde sur les PSLV et GSLV, le
WEI n°83 2015-6 - 24
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
HM7 toujours en service dans une forme améliorée pour l’étage supérieur d’Ariane 5,
de l’avionique de contrôle du lanceur, des systèmes de pilotage des trois étages
d’Ariane 1. Et ils l’ont fait… en sept années, avec à peine six mois de retard !
Comme quoi, impossible n’est pas français. Ce qui est de bon augure pour les
promoteurs des jumeaux Ariane 6 : ils disposent d’une expertise de cinq décennies
dans le développement des lanceurs, pour réussir un vol inaugural avant la fin de 2020.
En tout cas, ils n’auront pas d’excuse pour ne pas tenir cette échéance. Surtout que
ULA (United Launch Alliance) avec le lanceur Vulcan et MHI (Mitsubishi Heavy
Industries) avec le lanceur H-3 prévoient de démontrer en 2019-2020 les performances
de leurs nouveaux systèmes pour un accès commercial à l’espace.
Le lanceur européen Ariane, c'est le beau succès de votre carrière spatiale ?
Frédéric d’Allest : J'ai eu la très grande chance de participer à l'aventure Ariane dès les
premières semaines. A l'heure où l'Europe arrêtait le programme de fusée Europa, j'étais
nommé chef de projet du lanceur L3S qui reçut par la suite le nom d'Ariane. C'était en janvier
1973. Ainsi j'ai vécu cette aventure européenne depuis la phase de conception et de montage.
J'ai dû convaincre les autorités du gouvernement français et de l'Europe spatiale, puis j'ai
réussi à faire de cette réalisation une entreprise à but commercial. C'est vrai: Ariane a été une
belle réussite de ma vie.
Vous vous souvenez des défis que vous aviez à relever pour le lanceur européen Ariane ?
Frédéric d’Allest : Le premier défi était de mettre sur pied un management européen. Il
s'agissait de réaliser un lanceur avec la participation d'un nombre important d'industriels dans
11 pays d'Europe. Pour Yves Sillard, mon Directeur, et moi-même, c'était une grande
inquiétude. Bien sûr, il y avait des problèmes techniques, de conception, de compétitivité
d'Ariane. Mais ce travail était normal. Ce qui était très nouveau, c'était de réussir là avait
échoué le précédent programme du lanceur Europa. Ce lanceur avait été conçu d'une manière
disparate par différentes équipes techniques. Pour Ariane, il fallait assurer un management
européen, avec des méthodes communes, une bonne communication, une coordination
efficace, une parfaite synergie des études techniques. Nous avions pu compter sur la
participation très active de l'architecte industriel qui était, à l'époque, Aérospatiale,
aujourd'hui EADS [devenu Airbus Defence & Space]. Nous avons mis au point un jeu très
complet de spécifications de management, qui concernaient la conception, l'ingénierie, le
dimensionnement des structures, les systèmes pyrotechniques, les systèmes électriques, les
procédures d'assurance qualité, les procédures de recette. Ces spécifications devaient être
comprises de la même manière par des ingénieurs français, suisses, allemands, écossais... .
Quels étaient les autres défis ?
Frédéric d’Allest : On avait à l'époque très peu de moyens financiers. On a fait tout le
développement d'Ariane 1 à partir de zéro avec un budget de 2.060 millions de francs de
l'époque. Nous n'avions pas droit à des dépassements autres que les marges d'aléas que nous
avions prévues dans le budget. En plus de ce défi financier, il y avait le défi politique de
donner à l'Europe l'autonomie pour l'accès à l'espace. La France, surtout, et quelques pays,
dont la Belgique, avaient une vision claire des enjeux stratégiques de l'espace. Nous ne
voulions pas dépendre du bon vouloir des Américains ou de l'URSS. Mais tous n'étaient pas
WEI n°83 2015-6 - 25
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
conscients qu'il fallait être en mesure de lancer des satellites pour des applications
commerciales et pour des missions de sécurité. Ariane était un lanceur politique pour affirmer
l'Europe dans l'espace. Souder cette coopération européenne était absolument vitale pour
réussir le programme Ariane qui faisait d'un "package deal", aux côtés des programmes
Spacelab de laboratoire réutilisable et Marots de satellites pour les télécommunications
maritimes. La grande satisfaction fut de voir au fil des années que grâce à l'ESA - sa création
avait été décidée en 1974 - cette solidarité européenne a été sans failles, même quand il y a eu
des difficultés.
Il a fallu que la France montre l'exemple en prenant en charge 60 % du développement.
Pourquoi 60 % ?
Frédéric d’Allest : C'est au corps défendant de la France, du CNES (Centre National
d'Etudes Spatiales). Il a fallu qu'on mette 60 %, sinon on n'arrivait pas à boucler le budget. Ce
chiffre a été établi par soustraction. et non par une volonté politique. On a fait le tour d'Europe
à plusieurs reprises. Après de multiples négociations et marchandages avec certains pays, on
a pu obtenir plus que les 38 % des 2.600 millions du budget soient pris en charge par d'autres
pays. La France a dû faire la différence. Elle a dû faire plus encore. Elle a dû garantir qu'elle
paierait seule les dépassements, s'il y en avait. Vous comprenez pourquoi nous étions
terriblement prudents sur les choix techniques d'Ariane. C'est en contre-partie de cette
garantie financière de succès que la France a demandé d'avoir la direction du programme.
Si la décision a été prise en 1973, vous avez dû vous battre dans le cadre politique français
pour qu'on maintienne le cap sur le programme Ariane ?
Frédéric d’Allest : Absolument, la décision avait été prise en France sous la Présidence de
Georges Pompidou. Celui-ci est décédé au début de 1974. Il y eut des élections
présidentielles. Le nouveau président Giscard d'Estaing, élu en mai 1974, était le Ministre des
Finances dans le précédent gouvernement. Il a demandé d'organiser une revue des grands
programmes, comme le nucléaire, le lanceur Ariane, pour examiner s'il était bien opportun de
dépenser les sommes d'argent qui étaient prévues. Nous avons été dans une position
extrêmement délicate, partagés entre l'Europe et la France.
Qu'est-ce qui a sauvé alors le programme Ariane ?
Frédéric d’Allest : Je crois que c'est le caractère européen d'Ariane qui a sauvé le
programme. Quand le Président d'Estaing nous a demandé de réexaminer l'opportunité de
faire Ariane, nous avions fait la répartition industrielle et terminé les appels d'offres dans
toute l'Europe. Nous avions les contrats de développement pluriannuel qui étaient prêts à être
signés. Le CNES agissait au nom et pour le compte de l'ESA (Agence Spatiale Européenne).
D'un côté, l'Agence nous disait: vous devez passer les contrats et vous n'avez pas le droit de
révoquer les contrats. De l'autre côté, nous avions le pouvoir politique français qui disait au
CNES: je vous interdis de passer ces contrats. Mais la raison a prévalu. Les rapports qu'on a
rédigés, les débats qu'on a organisés, la force de conviction de Michel Bignier qui était
Directeur Général du CNES ont persuadé le Président Giscard d'Estaing, qui était très
Européen, qu'il s'agissait d'un beau projet pour l'Europe.
D'où vient l'idée de développer un lanceur commercial, ce qui est la grande originalité
d'Ariane ?
WEI n°83 2015-6 - 26
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Nous savions très bien que les budgets en Europe pour les satellites gouvernementaux et
institutionnels, qu'ils soient de la science, de l'observation de la Terre, de la météorologie ou
les satellites militaires donnaient un nombre de lancements par an très faible. Maximum deux
par an. Un lanceur de la classe d'Ariane ne pouvait pas vivre, faire tourner l'industrie, la base
de lancements, les moyens d'essais en effectuant un aussi faible chiffre de vols. Ariane aurait
coûté terriblement cher et à un certain moment, avec l'affaiblissement de la volonté politique,
le programme aurait été arrêté. Dès le départ, se posait le défi d'en faire un lanceur
commercial. Il fallait donner à ce lanceur politique un caractère de continuité en lui donnant
accès au marché commercial. Pour l'Europe, à l'époque, ça paraissait présomptueux qu'on aille
gagner des contrats de lancements pour des satellites de télécommunications et de télévision.
Vous n'aviez sans doute pas le choix, mais comment l'Europe pouvait-elle décrocher des
contrats de lancement, alors qu'elle n'avait pas démontré sa capacité de lancer de gros
satellites ?
Frédéric d’Allest : Dès les débuts, en 1973, l'une des premières études sur papier que nous
avons faites est d'adapter l'architecture et les spécifications du système Ariane, pour qu'il
puisse embarquer sans difficulté technique les satellites qui étaient conçus à l'époque pour la
navette spatiale ou pour les lanceurs américains Atlas ou Delta. Nous avions pris l'option nous avons été critiqués à l'époque - d'être conservatifs et prudents en n'utilisant sur Ariane
que des techniques qui étaient bien connues au niveau des essais au sol, avec les missiles
stratégiques et le lanceur Diamant de la France. On n'a donc pas voulu prendre de risques
avec des moteurs trop évolués. On n'a pas voulu pousser trop les spécifications. On voulait
réussir du premier coup, car on avait peu de moyens financiers.
Le 24 décembre 1979, succès de la première Ariane. C'est un moment mémorable pour
vous ?
Frédéric d’Allest : L'envol de cette première Ariane fut un moment extrêmement fort qui
marque toute une vie. Pour moi et mes collègues. Nous avions pris l'option d'aller directement
à l'essai d'un lanceur complet, alors que tous les étages, tous les moteurs étaient nouveaux. On
a relevé le défi d'effectuer directement une mission complète. On n'avait pas pris l'approche,
comme aux Etats-Unis et comme pour le lanceur Europa, de valider tous les étages un par un
avec des maquettes, des simulations. Il faut dire qu'une partie importante de la presse ne
croyait pas beaucoup à Ariane, que certains journaux écrivaient qu'on allait droit à un échec, à
une catastrophe. On était vraiment le dos au mur, car on savait qu'on avait peu de marges
financières Nous étions condamnés à réussir ou à mourir, si j'ose dire. Le programme de
développement au sol a eu ses difficultés. Mais finalement on a fait le premier lancement avec
six mois de retard par rapport au calendrier qu'on avait établi sept ans auparavant.
Bien avant ce premier lancement et succès, la décision avait été prise de commercialiser le
lanceur en créant la société Arianespace ?
Frédéric d’Allest : Dès la fin de 1977, c'est-à-dire plus de deux ans avant le premier
lancement, nous avions débattu avec le conseil directeur Ariane de l'ESA sur les conditions
de la phase opérationnelle. Compte tenu du cycle de production des lanceurs qui était
d'environ trois ans à l'époque, il fallait dès 1977 engager la production des lanceurs
opérationnels. Sinon on aurait eu un arrêt des tirs. L'Exécutif de l'ESA était bien conscient
qu'il fallait décider cette production, mais les délégations de l'ESA étaient réticentes parce
qu'elles considéraient que préfinancer la production de lanceurs destinés à un usage
WEI n°83 2015-6 - 27
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
commercial avec des crédits de recherche ce n'était pas leur vocation. C'est pour cette raison
que j'ai proposé de créer une société qui est devenue Arianespace. Elle devait financer la
production des lanceurs, prendre les contrats commerciaux et effectuer les lancements à ses
propres risques. Les Etats avaient financé le développement, mais confiaient la phase
opérationnelle à Arianespace.
Vous ne manquiez pas d'audace à l'époque ?
Frédéric d’Allest : En effet, c'était un projet très novateur, puisque, dans le monde entier,
c'étaient les Etats qui effectuaient les lancements, étant donné les risques. Il nous a fallu plus
d'un an, de 1978 à mi-1979, pour convaincre les Etats européens, les industriels - car c'étaient
eux qui acceptaient d'assumer le risque - de s'engager dans l'aventure commerciale
d'Arianespace. C'est au Salon du Bourget de juin 1979, six mois avant le lancement de la
première Ariane, que nous avons signé un accord qui était bien sûr conditionné par les succès
des premiers lancements pour la création de la société. Si on voulait commercialiser le lanceur
Ariane, il fallait très vite financer un premier lot de production.
Vous avez même "osé" signer le premier contrat commercial avant le premier lancement,
donc en dehors d'Arianespace ?
Frédéric d’Allest : A la fin des années 70, nous avions ce double problème: mettre au point
le lanceur et garantir la production qu'on avait amorcée. Raymond Orye, le chef du
Programme Ariane à l'ESA, et moi avions commencé de faire une série d'actions
promotionnelles et nous avions décidé de négocier le premier contrat de lancement avec
l'organisation Intelsat de télécommunications par satellites. Nous le faisions presque en
cachette, parce qu''il n'y avait pas le moindre cadre juridique pour cette démarche. Bien
entendu, le contrat n'a pas été signé en cachette au cours de l'année 1979. L'opération avec
Intelsat, une fois gagnée, a été présentée aux délégations de l'ESA qui étaient vraiment
heureuses qu'on puisse avoir un contrat avec un client aussi prestigieux ! En mars 1980, après
le succès du premier lancement, nous signons les accords définitifs juridiques de création
d'Arianespace.
Comment avez-vous pu convaincre Intelsat d'utiliser un lanceur n’ayant pas encore volé ?
Frédéric d’Allest : Nous avons eu de la chance. En fait, la NASA nous a facilités la tâche.
Elle avait commis l'erreur de faire pression sur Intelsat avec cet argument: vous aimez les
Atlas, mais on ne vous les vend plus, parce que, maintenant, nous vous proposons un engin
révolutionnaire qui est le Space Shuttle. Les opérateurs des télécommunications, qui sont les
actionnaires d'Intelsat, ont été choqués par cette sorte de chantage, par cette pression que leur
faisait la NASA. A ce moment, la navette n'avait pas du tout fait ses preuves. Au contraire, sa
mise au point rencontrait énormément de problèmes. Le moteur réutilisable SSME explosait
au banc, victime d'incendies. C'était une chance de dire à Intelsat : le Space Shuttle n'a pas
encore volé; Ariane non plus. Si ça se passe mal, au moins vous aurez au moins un back-up. Il
faut que vous payiez le prix de ce "back-up". Nous leur avons proposé une commande ferme
avec deux options. Ce qui fut le premier contrat. C'est grâce à une mauvaise tactique de la
NASA que nous avons réussi à passer. Si Ariane avait été en compétition avec Atlas, ça aurait
été plus difficile.
La NASA commettait l'erreur de jouer "tout navette" ?
WEI n°83 2015-6 - 28
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Frédéric d’Allest : Malgré les difficultés qu'ils rencontraient dans la mise au point du Space
Shuttle, les Américains croyaient encore arriver à réduire les coûts. Il est vite apparu que la
navette allait être un gouffre financier. Après avoir réussi la qualification du lanceur Ariane
grâce aux succès des 3ème et 4èmes vols de démonstration, Arianespace s'est trouvé, en
compétition avec la NASA, presque exclusivement avec la navette. Il y avait encore quelques
lancements de Delta et la production des Atlas était arrêtée. C'était une compétition dure parce
qu'à l'époque les Américains qui avaient promis monts et merveilles aux clients faisaient des
prix très bas. Heureusement, le dollar était très fort, ce qui nous a aidés. Arianespace a pris
rapidement des contrats de lancements pour des satellites sur le marché américain, auprès de
sociétés privées. Les opérateurs de ces satellites se sont vite rendus compte qu'il y avait
beaucoup de contraintes techniques à lancer un satellite au moyen de la navette spatiale. De
plus, le manifeste de ses lancements était souvent remanié. La NASA qui avait été habituée à
avoir le monopole des lancements traitait avec une certaine condescendance les clients qu'elle
n'appelait pas clients mais "users", c'est-à-dire usagers. Arianespace a joué à fond le jeu
commercial, en acceptant de négocier avec les clients les clauses d’un contrat commercial.
Vous avez vraiment créé le transport spatial commercial, mais pour être compétitif, vous
avez proposé l'astuce du lancement double ?
Frédéric d’Allest : Tout à fait, ce choix extrêmement important avait été fait avant le premier
lancement. Nous étions confrontés au prix très bas de la navette et nous étions incapables
d'arriver à faire des offres compétitives avec des lancements simples sur Ariane 1. Donc, la
solution que nous avons trouvée est celle du lancement double. Nous avons dû l'imposer car
les gens étaient un peu réticents à cause des contraintes techniques et opérationnelles.
Beaucoup disaient qu'on ne lancerait jamais deux satellites en même temps. Ainsi nous avons
décidé dès 1977 d'adapter Ariane 1 pour en faire la version Ariane 3 conçue pour lancer deux
satellites simultanément. Deux satellites de la classe Delta ou PAM-D comme on les appelait
à l'époque. A partir de 1984, nous avons pratiqué des lancements doubles pour la plupart des
vols. Plus des 2/3 étaient des lancements doubles de satellites.
C'est cette politique qui a permis à Arianespace de décrocher des contrats pour devenir le
leader du transport spatial à des fins commerciales ?
Frédéric d’Allest : Même si cette politique du lancement double ne paraissait pas si simple,
c'est cette politique qui a été poursuivie systématiquement et qui a été le facteur déterminant
de la conception de la filière Ariane 4. On a fait évoluer Ariane 4 en performances pour
adapter la configuration en lancement double aux satellites qui prenaient de la masse. Sur les
premières Ariane 4, on embarquait un satellite classe PAM-D ou Delta et un satellite classe
PAM-A ou Atlas. Sur les plus puissantes, deux satellites classe Atlas. Quand on a défini
Ariane 5, c'était pour lancer simultanément de gros satellites de 2,8 à 3 tonnes. D'où la
performance d'Ariane 5 qui est de plus de 6 tonnes en orbite de transfert géostationnaire.
2.5. Le défi, dans l’immédiat, de SpaceX : rassurer sa clientèle
en réussissant jusqu’à 15 lancements de Falcon au cours de 2016 !
Space Exploration Technologies (SpaceX), l’audacieuse entreprise de l’ambitieux
Elon Musk, a terminé l’année sur un succès que l’on présente comme historique : le
lancement correct de 11 microsats Orbcomm destinés à une constellation pour des
services de messagerie et la collecte des signaux AIS d’identification des navires, avec
WEI n°83 2015-6 - 29
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
la récupération réussie d’un premier étage de la version améliorée du lanceur Falcon 9
v.1.1 (on parle par ailleurs de Falcon 9 v.1.2 ou FT/Full Thrust). SpaceX a accumulé
bien des contrats de lancements pour la période 2016-2018. La demi-année de retard,
dû à l’échec en vol, oblige à augmenter sa cadence de vols tout en ne remettant pas en
cause la fiabilité de ses services.
Ainsi 2016 pourrait être une année record pour les lancements de SpaceX. Mais
difficile de déterminer le nombre de vols à effectuer. Si on se réfère au site
https://spacexstats.com/ qui fournit la liste des missions qui sont envisagées, il y en
aurait une vingtaine :
- 17 janvier : Jason-3, satellite d’océanographie en SSO (Sun-Synchronous Orbit)
depuis la base de Vandenberg (Californie) avec au moyen de la dernière Falcon 9
v.1.1 pour la NOAA, la NASA, Eumetsat et le CNES ;
- 23 janvier : SES-9, satellite de télécommunications et de télévision (5,3 t) en GTO
avec une Falcon 9 v.1.2 (1er étage récupérable) pour l’opérateur luxembourgeois SES ;
- début février : SpaceX CRS-8 (avec le module gonfable BEAM de Bigelow
Aerospace) pour la NASA afin de ravitailler l’ISS avec le vaisseau Dragon, lancé par
une Falcon 9 v.1.2 ;
- février : JCSAT-14 en GTO pour l’opérateur japonais SKY Perfect JSAT Corp ;
- février-mars : AMOS-6 (5 t) en GTO avec une Falcon 9 v.1.2 pour l’opérateur
israélien Spacecom ;
- 21 mars : Space-X CRS-9 avec une Falcon 9 v.1.2 ;
- mars : Eutelsat 117W B et ABS-2A à propulsion électrique, réalisés par Boeing, en
GTO au moyen d’une Falcon 9 v.1.2 pour l’opérateur français Eutelsat et l’opérateur
ABS de Hong Kong ;
- avril-mai : Formosat-5 pour Taïwan, SHERPA Flight-1 pour Spaceflight Industries,
avec une Falcon 9 v.1.2 depuis Vandenberg pour déployer en SSO une multitude de
microsats et nanosats ;
- mai : vol inaugural, depuis le pad 39A du Kennedy Space Center (Floride) du
Falcon Heavy dont le 1er étage et les boosters sont à récupérer ; la charge utile
pour ce lancement expérimental n’est pas connue ;
- 10 juin : Space-X CRS-10 pour la NASA avec une Falcon 9 v.1.2 ;
- 15 août : Space-X CRS-11 pour la NASA avec une Falcon 9 v.1.2 ;
- 15 septembre : STP-2 () avec un Falcon Heavy pour l’US Air Force ;
- 31 octobre : SES-10 en GTO avec une Falcon 9 v.1.2 ;
- novembre : Es’hail-2 (3 t) en GTO avec une Falcon 9 v.1.2 pour l’opérateur EsHailSat du Qatar ;
décembre : Iridium Next Flight-1 de SpaceX avec10 satellites en SSO qui sont
interconnectés pour les services GSM, au moyen d’une Falcon 9 v.1.2, depuis
Vandenberg AFB
- 19 décembre : Space-X CRS-12 pour la NASA avec une Falcon 9 v.1.2 ;
- 31 décembre : Echostar 105/SES-11 (5,4 t) en GTO avec une Falcon 9 v.1.2 ;
[- fin de l’année : EuropaSat/HellasSat-3 (5,9 t) en GTO avec une Falcon 9 v.1.2 pour
l’opérateur Arabsat d’Arabie Séoudite] ;
[- fin de l’année ou début 2017 Inmarsat 5-F4 (6.070 kg) en GTO avec un Falcon
Heavy pour l’opérateur Inmarsat :]
WEI n°83 2015-6 - 30
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Falcon Heavy on Pad 39A.
[- fin de l’année ou début 2017: un satellite Intelsat en GTO avec un Falcon Heavy
pour l’opérateur Intelsat]
Un total d’au moins 20 lancements de satellites… Mais prudence oblige : 14 à 15
seraient vraiment programmés par SpaceX pour 2016. Pareille cadence représenterait
une moyenne de plus d’un lancement par mois ! Les clients de SpaceX piaffent
d’impatience pour voir leurs satellites sur orbite. Surtout que SpaceX ne peut plus
avoir de clients pour 2017 dont le calendrier est bien rempli.
2.6. « Première » commerciale du lanceur japonais H-II A :
mise en orbite réussie du satellite Telstar 12V pour Telesat Canada
Jusqu’ici, la concurrence pour le transport commercial de satellites destinés à l’orbite
géostationnaire - à quelque 35.800 km à l’aplomb de l’équateur – se limitait à un
trio de lanceurs : Ariane 5 d’Arianespace, Proton d’ILS (International Launch
Services), Falcon 9 de SpaceX. Le 23 novembre, pour l’opérateur Telesat Canada,
MHI (Mitsubishi Heavy Industries) a mis sur orbite du satellite haut débit - HTS (High
Throughput Satellite) en bande Ku - Telstar 12(Vantage) qui sera positionné à 15
degrés Ouest. Son lanceur H-IIA de la JAXA (Japan Space Exploration Agency) est
désormais présent sur le business des lancements pour des opérateurs privés de
télécommunications et de télévision. Il sera intéressant si MHI va confirmer en 2016,
avec une nouvelle commande, son entrée sur le marché global des lancements
spatiaux. La JAXA et MHI préparent pour 2020 le lanceur modulaire H-III, moins
coûteux, à propulsion cryogénique avec ou sans boosters à poudre.
2.7. Prolifération mondiale des projets
de micro-lanceurs : le grand rendez-vous de 2018
La NASA s’intéresse encore timidement à la technologie des micro-lanceurs pour les
nano-satellites. Elle a annoncé dans le cadre de son Launch Services Program (LSP)
des contrats VCLS (Venture Class Launch Services) - pour un total de $ 17,1 millions
WEI n°83 2015-6 - 31
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
- portant sur des lancements dès 2018 d’une cinquantaine de Cubesats. Elle a décidé
d’apporter son soutien à trois entreprises qui proposent une technologie « microlanceur » : Rocket Lab USA ($ 6,9 millions) pour son lanceur Electron (depuis un site
en Nouvelle Zélande, qui est en construction), Firefly Space Systems ($ 5,5 millions)
pour son lanceur Alpha en composites à partir du Cape Canaveral, et Virgin Galactic
($ 4,7 millions) pour son lanceur aéroporté LauncherOne.
Des présentations au Congrès international d’astronautique - IAC 2015 à Jérusalem ont fait connaître une demi-douzaine de projets de micro-lanceurs bon marché, dont la
mise en service est annoncée durant 2018. A l’exception de Virgin Galactic qui a un
important sponsor et qui a obtenu un contrat préliminaire de lancements pour la
constellation OneWeb, ces initiatives privées sont en quête d’investisseurs pour aller
de l’avant. Tous annoncent des prix attractifs, mais rien au sujet des coûts de
développement :
- LauncherOne de Virgin Galactic (400 kg en LEO/orbite basse) est un système à 2
étages à propulsion kérolox, qui est largué entre 10.000 et 12.000 m d’altitude. Sa
production en série aura lieu dans une usine nouvelle qui s’étend sur 14.000 m² près de
l’aéroport de Long Beach (Californie). Un avion porteur, plus performant, a dû être
choisi : après évaluation, c’est un Boeing 747-400 de la flotte de Virgin Atlantic, qui
sera utilisé sous le nom de « Cosmic Girl ». Un premier vol expérimental du
LauncherOne est planifié pour 2017.
- Bloostar, qui a fait l’objet d’une session spéciale organisée par zero2infinity, est une
initiative espagnole de fusée à trois étages à propulsion liquide (pour satelliser 75 kg
en orbite héliosynchrone). Lâchée par un ballon stratosphérique à 20.000 m au-dessus
de l’Océan Atlantique, elle emploiera sur ses quatre étages pressurisés un modèle
identique de moteurs à hydrocarbure et oxygène liquide (6 x 15 kN sur le 1er, 6 x 2 kN
sur le 2ème, 1 x 2 kN sur le 3ème). L’ingénieur Jose Mariano Lopez-Urdiales, créateur de
Bloostar, a rappelé que ce mode de lancement fut utilisé dès septembre-octobre 1957
par l’US Air Force depuis l’atoll d’Eniwetok (Océan Pacifique) dans le cadre du
programme Far Side de fusée à 5 étages qui lançait une expérience sur l’ionosphère à
très haute altitude. Zero2infinity avec son Bloostar envisage une première satellisation
dès 2018.
- Le lanceur modulaire Dynetics SLV (jusqu’à 30 kg en LEO) ayant 3 étages
standardisés, qui font appel à une technologie intégrée, est décrit comme le Nanosat
Launcher. Son objectif est d’offrir des mises sur orbite basse pour moins de $ 1 million
par lancement… Ses moteurs sous pression, dont les essais au banc sont mis en œuvre
par la société Dynetics spécialisée dans des activités technologiques pour la sécurité
nationale, ont l’originalité de consommer un liquide nitreux et de l’éthane.
- L’Orbital Launcher (50 kg en orbite héliosynchrone) est à 3 étages avec de petits
propulseurs fonctionnant à l’éthanol et à l’oxygène liquide sous pression. On doit ce
micro-lanceur à la société nipponne IST (Interstellar Technologies). Elle le décrit
comme le plus petit lanceur orbital du monde ($ 2,5 million par vol). IST qui a déjà
fait voler des fusées-sondes depuis Taiki-cho, sur l’île d’Hokkaido, envisage la
récupération du premier étage dans le Pacifique. C’est dans l’air du temps !
WEI n°83 2015-6 - 32
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
3. Télédétection/GMES
3.1. Tableau des nouvelles initiatives pour des systèmes commerciaux
de télédétection/météorologie spatial: à la recherché de partenaires
Il ne se passe pas un mois sans qu’un nouveau projet de constellation soit présenté en
Amérique du Nord et… en Chine. Sur base du recensement que nous avons pu réaliser,
voici un aperçu des systèmes commerciaux qui font appel aux investisseurs pour la
surveillance de l’environnement terrestre au moyen de petits, voire très petits satellites.
Nul doute qu’il faudra régulièrement mettre à jour le tableau ci-dessous.
En italiques: initiative dont la mise en oeuvre reste à confirmer
NOM (opérateur
/Etat)
AQUILA SPACE (Aquila Space +
Astro Digital + Dauria
Aerospace ?/USA + Russie ?)
Mission
Nombre des satellites des satellites - site internet
(orbite)
[perspective de développement]
Télédétection optique multispectrale Jusqu’à 28 microsats Corvus de type Cubesat : Landmapper
et haute résolution (héliosynchrone à BC avec 8 Corvus BC/Broad Coverage, LandMapper avec 20
600 km)
Corvus HD/High Definition – commercialisation de microsats
bon marché Corvus et de leurs équipements pour
l’observation globale de façon continue
http://www.aquilaspace.com/ [2 premiers microsats
expérimentaux lancer en 2016 par un Soyouz – coopération
avec Dauria Aerospace et son projet de constellation Perseus]
BLACKSKY GLOBAL (BlackSky Télédétection optique 1 m de
Jusqu’à 60 microsatellites de 50 kg –
Global + Spaceflight Services +
résolution en quasi direct
http://www.blacksky.com/ [2 Pathfinder à lancer fin 2015,
Exelis)
(héliosynchrone à 450 km)
puis 4 Global en 2016 comme démonstrateurs, constellation
complète prévue en 2019]
CONSTELLATION
Télédétection optique haute
Jusqu’à 16 satellites : 8 optiques et 8 radar - utilisation de
GENERATION 3 (Urthecast +
définition et radar dans les bandes X caméras sur l’ISS - acquisition de la société espagnole
SSTL + Deimos Space/Canada +
et L (héliosynchrone)
Deimos Space avec ses deux satellites et archives de
Espagne)
télédétection https//www.urthecast.com/ [déploiement
complet à l’horizon 2020]
FIRESAT (Quadra Pi R2E +
Surveillance du couvert végétal, afin Jusqu’à 200 senseurs thermiques à bord de nano-satellites de
JPL/USA)
de donner l’alerte en cas d’incendie type Cubesat ou comme charges hôtes. Premiers satellites
dans le ¼ heure, au moyen de
expérimentaux en 2016. http//www.firesat.info/ [système
senseurs infrarouge (héliosynchrone) opérationnel en 2018]
GEOOPTICS-CICERO (GeoOptics Prévisions météorologiques en 3D
Community Initiative for Continuous Earth Remote
+ JPL + University of Colorado +
grâce à la GPS Radio Occultation
Observation (CICERO), avec 6 premiers microsats à la fin de
Terran Orbital/USA)
dans l’atmosphère (entre 500 et 750 2016. Contrat pour un nanosat de démonstration avec
km)
Tyvak/Terran Orbital http://geooptics.com/
http://terranorbital.com/ [jusqu’à 12 microsats en 2017, 24 en
2018]
HERA SYSTEMS (Hera Systems
Télédétection optique multispectrale Constellation de micro-satellites pour une vision quasi+NASA Ames/USA)
avec une résolution d’1 m
continue de la surface terrestre. http://www.herasys.com/ [9
(héliosynchrone)
satellites à lancer dus fin 2016, avec la perspective d’en
déployer jusqu’à 48]
HYSPECIQ ( HySpecIQ + Boeing Observations hyperspectrales (plus
2 mini-satellites basés sur le bus BSS-502 Phoenix de Boeing
/USA)
de 200 bandes) à haute résolution
Phantom Works http://hyspeciq.com/ [à lancer en 2018]
(héliosynchrone à 500 km)
ICEYE CONSTELLATION
Observations radar en continu de
Constellation de microsatellites équipés chacun d’un radar
(à déterminer/Finlande)
l’environnement terrestre
pour voir à travers les nuages ; de jour comme de nuit, avec
(héliosynchrone à 400 km)
une rsolution de quelques mètres. http://iceye.fi/ [en 2020 ?]
JILIN CONSTELLATION
Télédétection optique multispectrale Constellation commerciale chinoise faite de minisats et de
(Chang Guang Satellite Technology pour des prises de vues avec une
microsats : projet de déployer jusqu’à 60 satellites en 2020,
+ CAST ?/Chine)
résolution de 0,72 m en
puis 137 satellites à l’horizon 2030 (1er satellite de 420 kg + 3
panchromatique, de 4 m en
microsats technologiques lancés le 7 octobre 2015) [12 autres
panchromatique (héliosynchrone à
à lancer en 2015-2017]
WEI n°83 2015-6 - 33
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
656 km)
NORTHSTAR (Norstar Space Data Suivi des débris dans le cadre d’une
Inc + Novawurks +
stratégie SSA/Space Situational
DARPA ?/Canada + USA)
Awareness (à 800 km ?)
Projet canadien de 40 microsats compact, dotés de senseurs
hyperspectraux et infrarouges pour la surveillance du milieu
spatial et pour la protection de l’environnement terrestre
http://norstar-data.com/ [à lancer dès 2017]
OMNIEARTH (OmniEarth LLC + Télédétection optique haute
Constellation d’au moins 18 satellites pour une visite
Dynetics Inc + Harris + Ball
définition et multispectrale
journalière des mêmes sites avec une résolution de 2 m
Aerospace /USA)
(héliosynchrone à 680 km)
panchromatique, 5 m en multispectral, avec une fauchée de
180 km http://www.omniearth.net/ [à lancer dès 2016 ?]
PLANETIQ (PlanetiQ + Blue
Prévisions météorologiques de
Constellation initiale de 12 microsatellites de 22 kg, basés sur
Canyon Technologies)
grande précision grâce à la GPS
la technologie Cubesat, avec la perspective de 18 à l’horizon
Radio Occultation dans l’atmosphère 2020, dont certains équipés de senseurs. Contrat avec Antrix
(à 750-800 km avec 72 degrés
pour lancer les 2 premiers satellites avec un PSLV.
d’inclinaison)
http://www.planetiq.com/ [lancements en 2016 et en 2017]
PLANET LABS FLOCK (Planet
Télédétection optique avec une
Production en grande série de Triple Cubesats, déployés par
Labs/USA)
résolution de 3 à 5 m (à 400 km)
NanoRacks à partir de l’ISS/International Space Station.
Acquisition de la constellation RapidEye de 5 microsats
https://www.planet.com/ (plus de 100 déjà satellisés !)
SATELLOGIC-ALEPH/BUGSAT
Télédétection optique multispectrale Constellation de microsats de 35 kg
(Satellogic/USA + Argentina)
pour une vision globale en continu
http://www.satellogic.com/ (essais avec 2 CubeBug, 1
(à 570 km)
démonstrateur BugSat-1 de 22 kg en orbite depuis juin 2014 ;
lancement de 16 Aleph en avril 2016 au moyen d’une CZ-4B
chinoise ; jusqu’à 300 microsats en orbite à l’horizon 2020)
SKYSAT (SkyBox Imaging +
Télédétection optique haute
2 démonstrateurs en orbite depuis - 15 satellites commandés
Google + SSL/USA)
résolution
à SSL pour des lancements http://www.skyboximaging.com/
SPIRE-LEMUR (Spire Global +
Prévisions météorologiques de
Constellation de 20 nanosats Triple Cubesat
Nanosatisfi/USA)
grande précision grâce à la GPS
http://www.spire.com/ (1 démonstrateur satellisé en juin
Radio Occultation dans
2014, 4 premiers satellites lancés le 28 septembre 2015)
l’atmosphère/Spire Stratos,
[lancements prévus en 2016-2017]
surveillance du trafic maritime à
l’échelle globale/Spire Sense (à 500600 km)
TEMPUS GLOBAL DATA
Sondeurs hyperspectraux comme
Développement du senseur hyperspectral, mais aucune
(Tempus Global Data + Ball
charges hôtes de satellites GEO (à
sélection de satellite géostationnaire…
Aerospace/USA)
35.800 km)
http://www.tempusglobaldata.com/ [1er sondeur en 2017?]
URBANONSERVER (Dauria
Suivi permanent avec une résolution Constellation privée sino-russe de 10 micro-satellites de
Aerospace, Russia + Cybernaut
de 0,7 m du développement urbain (à nouvelle génération, basés sur la technologie des Auriga HD
Investment Group, China)
500 km ?)
[1er lancement en 2017]
XPRESSSAR (XpressSAR, USA)
Observations radar entre les latitudes Constellation de 4 satellites identiques equips d’un SAR en
40 degrés Nord et Sud, d’une
bande X? http://www.xpresssar.com/ Déploiement complet
résolution de 1 à 2 m, avec des
en 2022. Centre d’exploitation à Miami (Floride) [lancement
survols espacés d’1 à 4 heures (à 600 en 2022]
km ?)
© Space Information Center/Wallonie Espace
4.2. Global V(égétation) : projet de
satellite sino-belge de télédétection
En 1986, Jean-Paul Malingreau, ingénieur agronome belge, tirait la leçon de son
expérience qu’il avait eue en Indonésie de l’évolution de l’agriculture par rapport à la
forêt tropicale. Conscient de la nécessité d’avoir un suivi global de la biosphère, il
lançait l’idée du système Végétation avec un senseur multispectral à large fauchée
(2.250 km) à bord d’un satellite d’observation, qui donnait rapidement une vision
d’ensemble de la végétation mondiale. Le CNES (Centre National d’Etudes Spatiales),
la Commission européenne, le gouvernement belge se montraient intéressés par ce
projet.
WEI n°83 2015-6 - 34
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Végétation est à présent un programme qui a fait ses preuves comme première activité
de la Commission dans l’espace. Le VITO, établissement flamand pour la recherche
technologique qui est implanté à Mol (province d’Anvers), en devenait un acteur clef
avec la mise en œuvre du CTIV (Centre de Traitement des Images Végétation). C’est
cette infrastructure informatique qui gère et archive la banque de données pour le
monde entier. D’abord, avec des images réalisées par deux spectromètres qui étaient
charges hôtes sur les satellites français Spot-4 et Spot-5, lancés respectivement en
1998 et en 2002. Puis, avec leur successeur, plus performant, qui est le micro-satellite
Proba-V (Végétation) financé par la Belgique, via l’ESA, et réalisé par la société
QinetiQ Space avec Spacebel : mis sur orbite par un lanceur Vega en mai 2013, il
assure la continuité opérationnelle de quelque 17 années d’informations sur l’évolution
du couvert végétal terrestre.
Grâce à son succès, Végétation a pris une dimension internationale au-delà de
l’Europe. La Belgique était sollicitée par la Chine pour la mise en œuvre des images à
grand champ pour l’évaluation permanente de l’état des cultures. Surtout que les
autorités de Beijing avaient du mal à disposer des observations de satellites de la
NASA concernant la crise de production du soja. C’est ainsi que le VITO et le RADI,
Institut de la Télédétection et de la Terre numérique qui dépend du CAS (Chinese
Academy of Sciences), ont pris l’habitude depuis 2013 de travailler ensemble sur
l’exploitation des données Végétation. Cette coopération va se focaliser sur un projet
conjoint de satellite qui garantira la pérennité du suivi de la biosphère depuis l’espace.
Bruxelles et Beijing ont décidé de développer ensemble le mini-satellite Global
Vegetation. En juin dernier, lors de la visite d’une importante délégation de
chercheurs et industriels belges en Chine, un protocole d’accord était signé en
présence du Roi Philippe et du Président Xi Jinping. Prévu pour un lancement en
2018-2019 avec une fusée chinoise Longue Marche 2D, le Global Vegetation de 400 à
500 kg combinera une plate-forme SAST 1000 de la Shanghai Academy of Spaceflight
Technology, l’instrument belge Vegetation d’OIP Sensor Systems, ainsi qu’un senseur
infrarouge « made in China ». Le VITO prévoit par ailleurs que soit développé, dans le
cadre de l’ESA, un second satellite Global Vegetation : basé sur un bus européen, cet
œil sur le couvert végétal de la planète, pourrait être satellisé en 2020-2021. Reste à en
trouver le financement.
4.3. Le Gaofen-4 chinois : la résolution décamétrique
gagne l’orbite géostationnaire (36.000 km d’altitude)
C’est la Chine qui a clôturé l’année des lancements 2016 avec la satellisation du
Gaofen-4 (GF-4) de 4,6 t: c’est le premier observatoire géostationnaire qui permet de
voir la surface terrestre avec une résolution de 50 m depuis une position
géostationnaire à quelque 35.800 km au-dessus de l’équateur. Le satellite chinois,
équipé d’un télescope qui est capable de prendre des images d’une zone de 7.000 km x
7.000 km avec une résolution de 50 m dans le visible et de 400 m dans l’infrarouge,
constitue une « première » technologique. Il est mis en œuvre dans le cadre du
WEI n°83 2015-6 - 35
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
développement de CHEOS (China High-resolution Earth Observation System). Les
satellites de météorologie qui sont placés en GEO nous ont habitués à des prises de
vues avec une résolution de 1 km ou de 3 km tous les quarts d’heure ou demi-heures.
Pour l’heure, l’ESA et Eumetsat, la NOAA (National Oceanic & Atmospheric
Administration), la JAXA (Japon), le KARI (Corée du Sud) n’envisagent pas (encore)
d’exploiter de tels observatoires géostationnaires offrant une résolution décamétrique.
Seule l’ISRO (Indian Space Research Organisation) est en train de réaliser le GISAT
(Geo Imaging Satellite) pour un lancement en 2017, avec son lanceur GSLV MkII
depuis l’île de Sriharikota. Ce satellite de 2,1 t, basé sur une plate-forme I-IK
modifiée, sera équipée d’un télescope avec un imageur qui a fait ses preuves sur le
satellite Cartosat-2 en orbite héliosynchrone. Il pourra observer toutes les demi-heures
avec des résolutions de 50 m dans le visible et proche infrarouge, de 320 m en mode
hyperspectral, de 1,5 km dans la bande infrarouge. Comme quoi, c’est l’Asie qui
montre l’exemple pour observer la Terre avec une résolution décamétrique depuis
l’orbite GEO.
4. Télécommunications/télévision
Le premier comsat du Bangladesh : un satellite Spacebus 4000B2
réalisé à Cannes par Thales Alenia Space pour un lancement fin 2017
Bangabandhu-1 est le nom du premier satellite du Bangladesh : destiné aux
télécommunications et à la télévision dans les bandes C (14 répéteurs) et Ku (26
répéteurs), il doit être positionné depuis 119 degrés Est en décembre 2017. La
Bangladesh Telecommunications Regulatory Commission (BTRC) a passé commande
à Thales Alenia Space (Cannes) de ce comsat qui utilisera une plate-forme Spacebus
4000B2. Thales Alenia Space Belgium, à Charleroi contribuera à ce satellite avec une
nouvelle avionique comprenant la PCU NG, 2 SDIU Mk2, 3 PPU et des TWTA Dual
Flex. Son lancement devrait être confié prochainement à Arianespace pour un vol
Ariane 5 ECA. Il est impératif que Bangabandhu-1 soit en GEO avant 2018 pour que
le Bangladesh puisse conserver ses droits sur la position et les fréquences qu’il a
enregistrées auprès de l’UIT (Union Internationale des Télécommunications).
Des Etats, de plus en plus nombreux, font valoir leur droite de souveraineté pour des
positions sur l’orbite géostationnaire qui est ressource naturelle pour tous les Terriens.
Tout en désignant un opérateur national, ils ont passé commande d’un satellite de
télécommunications pour l’exploiter en GEO dans les trois ans à venir. La plupart ont
signé des contrats pour des livraisons « clefs sur portes » avec la CGWIC (China Great
Wall Industry Corp) qui est l’office d’exportation de la CASC (China Aerospace
Corp) ; ces satellites dits nationaux feront partie du système global que la Chine est en
train de déployer sur l’ensemble du globe :
- Le Bélarus, qui a mis sur pied Belintersat, prévoit d’avoir dès cette année son comsat
« made in China » (un bus DFH-4 avec 20 répéteurs en bande C et 18 en bande Ku) ;
WEI n°83 2015-6 - 36
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
- En Bulgarie, la société Bulgaria Sat a commandé un satellite TV en bande Ku à SSL
(ex-Space Systems Loral) pour un lancement SpaceX fin 2016 ou début 2017.
- L’Angola a décidé d’acquérir son premier satellite auprès de l’industrie russe des
systèmes spatiaux : AngoSat-1 a été commandé à RKK Energia pour une satellisation
sur Angara A5 en 2017.
- L’Algérie a discrètement finalisé un contrat avec la CGWIC pour la mise sur orbite
d’Alcomsat-1 (bandes C et Ku) durant 2017.
- Le Nicaragua, grâce à la technologie chinoise, doit mettre en service durant 2017 le
Nicasat-1, mais peu d’informations ont filtré sur ses caractéristiques.
- La République démoratique du Congo compte disposer en 2018 du Congosat-01
fourni par la Chine.
5. Navigation/Galileo
5.1. Parc d’Affaires « Galaxia » à Transinne : bienvenue
au centre de soutien logistique intégré du système Galileo
La vocation de Libin-sur-espace va se renforcer. Avec le Centre ESA de Redu qui sert
au contrôle de satellites ainsi qu’aux tests sur orbite de chaque satellite de navigation
Galileo. Non loin du Centre ESA, en bordure de l’autoroute E411 qui relie les
capitales européennes de Bruxelles et de Luxembourg, a pris forme un complexe
éducatif permanent avec l’Euro Space Center de Transinne (autre village de l’entité
communale de Libin). Fonctionnant depuis juin 1991, il connaît un beau succès avec
des classes de l’espace pour jeunes et adultes, ainsi qu’avec un parcours multimédia
sur l’odyssée spatiale. On vient du monde entier – notamment d’Inde et de Chine –
pour se familiariser à l’astronautique. Et juste à côté, un complexe moderne de type
modulaire, alimenté par une muraille de panneaux solaires, accueille le centre
d’entreprises « Galaxia » dédié aux applications spatiales intégrées (navigation,
liaisons mobiles, géo-management…). L’ESA a décidé d’y implanter l’un des deux
incubateurs technologiques belges: l’ESA BIC (Business Incubation Centre) Redu.
En 2016, le « Galaxia » Business Park doit connaître un nouvel essor dans le domaine
de la navigation par satellites en se mettant au service de la Commission européenne
pour les activités de maintenance du système Galileo. La Belgique, avec la Région
Wallonne soutenue par le groupe intercommunal de développement économique
Idelux, avait présenté la candidature du site de Transinne pour accueillir le Galileo
Integrated Logistics Support Center : il s’agit du centre de logistique du segment sol
Galileo qui comprend une quarantaine de stations de référence du temps, dites GSS
(Galileo Sensor Stations), sur l’ensemble du globe. Elle avait comme concurrence la
République Tchèque qui a à Prague le siège social et administratif de la GSA
(European Global Navigation Satellite System Agency), le gestionnaire du système
pour la Commission. Finalement, après que les évaluations des offres donnaient la
préférence à l’offre belge dont l’expertise avait la meilleure base, le gouvernement
tchèque a annoncé récemment qu’il préférait renoncer.
WEI n°83 2015-6 - 37
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Reste à la Commission européenne à officialiser le choix du parc d’affaires
« Galaxia » de Transinne. Ce sera chose faite au 1er trimestre de 2016. A charge pour
la Belgique de construire le bâtiment approprié à travers des cofinancements. Le
groupe Idelux se verra confier cette construction sur mesure - il s’étendra sur 2.000 m²
- du centre de soutien logistique intégré. Mis à disposition de la Commission, il est
conçu pour être opérationnel pendant une vingtaine d’années. Il faudra désigner
l’opérateur de ce centre. La société Vitrociset Belgium, qui est implantée à Redu et
Transinne depuis des décennies, est bien positionnée pour jouer ce rôle qu’elle prépare
depuis le démarrage du programme Galileo. Elle est déjà impliquée dans la
sécurisation des signaux Galileo. Elle assure la fourniture d’équipements GSS dans le
monde dans le cadre du consortium européen SpaceOpal, formé par Telespazio (avec
Thales Alenia Space Deutschland) et le DLR.
5.2. Une décennie de Galileo sur orbite : le système de navsats civils à
grandes performances prend (enfin !) forme pour des services fin de l’année
L’ESA a rappelé sur son site que le premier satellite Galileo avait été lancé le 28
décembre 2005, il y a dix ans, par une fusée Soyouz depuis le cosmodrome de
Baïkonour. Il s’agissait de GIOVE-A (Galileo In-Orbit Validation Element-A), un
prototype expérimental de 602 kg, réalisé en un temps record par SSTL (Surrey
Satellite Technology Ltd), pour opérer dans les bandes L de la navigation par satellites
et pour tester sur orbite les horloges au rubidium. A noter que GIOVE-A fonctionne
toujours pour des expériences de télécommunications.
Il a fallu attendre 28 mois – jusqu’en avril 2008 pour que soit satellisé le GIOVE-B de
525 kg, réalisé par Airbus Defence & Space (charge utile, proche des satellites Galileo
IOV/In-Orbit Validation) et par Thales Alenia Space (plate-forme). Entre octobre 2011
et octobre 2012, quatre lancements Soyouz depuis le Centre Spatial Guyanais ont
permis de placer en MEO les quatre Galileo IOV. Le 22 août 2014, on a commencé le
déploiement, par paire sur un Soyouz guyanais, des Galileo FOC de 732 kg qui sont
réalisés par OHB System (maître d’œuvre) et SSTL (charge utile). Les deux premiers,
placés sur une orbite incorrecte, ont un fonctionnement parfait mais ne peuvent
vraiment rendre des services opérationnels. De mars 2015 à décembre 2015, ce sont
six Galileo FOC qui ont été satellisés de façon précise.
En tout, le système compte en opération trois Galileo IOV – l’un d’eux est
handicapé par une dégradation sérieuse de son alimentation en électricité -, deux
Galileo FOC sur une mauvaise trajectoire, six Galileo FOC qui donnent de bons
résultats. Les deux derniers subissent leurs tests sur orbite depuis le Centre spatial de
Redu, avec le support de RSS (Redu Space Services). Cet automne, une Ariane 5 ES,
spécialement aménagée pour lancer quatre Galileo FOC, servira à satelliser un premier
quatuor. A la fin de 2016, le système Galileo devrait mettre en œuvre treize satellites
en ordre de marche pour que les premiers services opérationnels puissent être proposés
par la GSA (European Global Navigation Satellite Systems Agency).
WEI n°83 2015-6 - 38
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
6. Sécurité & Espace/Défense spatiale
Conséquence des attaques terroristes à Paris : renforcement
des systèmes spatiaux français pour la défense et la sécurité
La DGA (Direction Générale à l’Armement) de France, soutenue par le Ministère de la
Défense, a passé commande de nouveaux satellites à usage militaire. Paris, victime des
attentats terroristes qui ont été commandés par l’Etat Islamique, alias Daech (non
reconnu au niveau international), s’est engagé dans un une lutte à outrance contre les
menées sanguinaires et destructrices de ces pirates du XXIème siècle. Il lui faut se
doter de systèmes de plus en plus performants pour éradiquer ce mouvement qui sème
la terreur, notamment en Europe. Des contrats avec l’industrie français ont été finalisés
pour deux programmes de satellites militaires :
- La France va se doter – elle aimerait y associer ses partenaires européens - d’une
capacité militaire d’écoute et de surveillance depuis l’espace. Pour la prochaine
décennie, elle aura déployé au-dessus de nos têtes le trio CERES (Capacité de
Renseignement Electromagnétique Spatiale) d’espions ELINT (Electronic
Intelligence). La DGA (Direction Générale de l’Armement) a choisi de confier sa
réalisation à Airbus Defence & Space (maîtrise d’œuvre, charge utile) et à Thales
Alenia Space (plate-forme). Les trois satellites seront lancés sur Vega-C (1ère
commande) en 2020. CERES, qui a un budget de quelque 340 millions €, tire parti de
l’expérience acquise par Airbus Defence & Space avec les quatre micro-satellites
Essaim lancés en décembre 2004 et les quatre petits démonstrateurs ELISA (Electronic
Intelligence by Satellite) satellisés en décembre 2011.
- Une suite est donnée avec le contrat Comsat NG (Nouvelle Génération) de quelque
800 millions € aux satellites Syracuse-3A et -3B de télécommunications en orbite
géostationnaire depuis octobre 2005 et août 2008. Deux satellites « tout électriques »
opérant dans les bandes X et Ka ont été commandés à Thales Alenia Space (65 % du
contrat), comme maître d’œuvre - TAS Belgium fournira pour Spacebus Neo 1 PCU
NG, 2 SDIU Mk2 et 3 PPU Mk3 - , mais ils seront réalisés conjointement avec Airbus
Defence & Space (35 %). Lancés par de Ariane 5 ou Ariane 6 durant la période 20202022, ces comsats de 3,5 t présentent la particularité d’utiliser deux plates-formes
différentes : Eurostar-3000EOR et Spacebus Neo.
Par ailleurs, le CNES et la DGA ont lancé le développement THR-NG (Très Haute
Résolution – Nouvelle Génération) de satellites d’observation à usage dual qui doivent
prendre la relève des deux Pleïades HR sur orbite. Jusqu’à trois satellites CSO
(Composante Spatiale Optique) sont en développement pour des lancements entre
2018 et 2021 ; le troisième a été commandé par la Bundeswehr. Rappelons que Sonaca
réalise la structure des satellites CSO pour le maître d’œuvre Airbus Defence & Space.
7. Science/Cosmic Vision
7.1. Les Liégeois à l’heure martienne : grâce aux chercheurs du LPAP
(Laboratoire de Physique Atmosphérique et Planétaire) de l’ULg
WEI n°83 2015-6 - 39
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
La Planète Rouge est déjà - avant l’envol de la sonde russo-européenne ExoMars 2016
prévu le 14 mars – une vedette du Département AGO (Astrophysique, Géophysique et
Océanographie) de l’Université de Liège. En 2015, les chercheurs du LPAP
(Laboratoire de Physique Atmosphérique et Planétaire) ont fait connaître dans des
articles scientifiques les résultats de leurs travaux d’analyse des données collectées
autour de Mars par les sondes Mars Express (ESA) et MAVEN (NASA). Ils sont
impatients de voir en orbite martienne ExoMars 2016 ; sa partie TGO (Trace Gas
Orbiter) est équipée du triple spectromètre NOMAD (Nadir and Occultation for MArs
Discovery). Cet instrument a été conçu par l’Institut royal d’Aéronomie Spatiale de
Belgique (IASB), réalisé avec OIP Sensor Systems (Oudenaarde) et Amos (Liège),
testé au CSL (Centre Spatial de Liège).
- Le Prof. Jean-Claude Gérard, spécialiste du phénomène des aurores, et Lauriane
Soret, chercheuse FNRS au LPAP, ont procédé à une analyse détaillée de dix années de 2004 à 2014 - des données de l’instrument SPICAM (Spectroscopy for the
Investigation of the Characteristics of the Atmosphere of Mars) à bord de Mars
Express, qui évolue autour de la Planète Rouge depuis décembre 2003. Ils ont mis en
évidence des aurores « discrètes » sur Mars, alors qu’elle est dépourvue de champ
magnétique, responsable des manifestations aurorales. SPICAM est un spectromètre
imageur qu’a conçu et fourni l’IASB (Institut royal d’Aéronomie Spatiale de
Belgique)-BISA (Royal Belgian Institute for Space Aeronomy) pour procéder à des
observations atmosphériques dans l’UV (0,118 à 0,320 µm) et dans l’infrarouge (1 à
1,7 µm). Son principal objectif consistait en la détermination 3D, en fonction de
l’altitude, des composants et de la température de l’atmosphère martienne. En passant
en revue ce qui avait été observé lors de survols de Mars, L. Soret a pu déceler une
vingtaine d’aurores discrètes dans l’hémisphère austral martien. Il s’agit bien de
réactions chimiques qui induisent des émissions lumineuses.
- Le jeune chercheur Arnaud Stiepen a étudié l’atmosphère martienne avec la sonde
américaine MAVEN (Mars Atmosphere & Volatile EvolutioN) qui évolue autour de la
Planète Route depuis septembre 2014. Pour son post-doctorat, il a passé une année –
de septembre 2014 à octobre 2015 - à l’Université de Colorado à Boulder. En ayant
accès aux observations de la NASA, il a fait la découverte d’aurores « diffuses » dans
l’Hémisphère Nord de Mars. Il s’est par ailleurs illustré avec une découverte majeure
sur l’évolution qu’a connue l’atmosphère martienne : une érosion progressive est due
depuis 3,5 milliards d’années à l’impact des ions et électrons provenant du Soleil.
Au cours des décennies à venir, les chasseurs d’aurores à l’ULg devraient en avoir
plein les yeux. D’ores et déjà, dans le cadre d’une collaboration entre les instituts
fédéraux et les universités régionales, les chercheurs du LPAP à Liège et de l’IASB à
Bruxelles se trouvent mobilisés pour faire progresser la science des phénomènes
lumineux qui se produisent dans l’atmosphère des planètes. La Politique scientifique
belge a retenu parmi les actions de recherche thématique pour des réseaux
interdisciplinaires le projet SCOOP (towards a SynergistiC study Of the atmOsphere
of terrestrial Planets). Ayant démarré en décembre 2014 pour une période de cinq ans,
WEI n°83 2015-6 - 40
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
il exploitera notamment les données de l’instrument NOMAD à bord de la sonde TGO
d’ExoMars 2016.
7.2. Vingt années d’observations de notre étoile :
fruit d’une collaboration entre la NASA et l’ESA
Vous voulez revoir l’activité du Soleil sur deux décennies. Allez sur le site SOHO
(Solar & Heliospheric Observatory) - http://sohowww.nascom.nasa.gov/ - et vous
découvrirez les images prises toutes les demi-heures par son instrument EIT (Extreme
ultraviolet Imaging Telescope). L’observatoire spatial de notre étoile a été réalisé
conjointement par l’ESA et la NASA, les industriels et chercheurs européens et
américains. Il est positionné sur le point L1 à 1,5 millions de km de la Terre (du côté
Soleil) depuis décembre 2005 et continue de remplir sa mission jusque fin 2016.
Savez-vous que EIT est un instrument de l’ESA, réalisé avec une importante
participation du CSL (Centre Spatial de Liège) ? Il ne cesse de produire chaque jour
des vues spectaculaires du disque solaire.
8. Exploration/Aurora
8.1. Les années 2020 : une décennie prodigieuse pour les préparatifs d’un
retour sur la Lune (Russie) et d’une expédition sur Mars (Etats-Unis)
Il est toujours permis de rêver. Et la NASA ne s’en prive pas. Ces dernières semaines,
il a été beaucoup question de son lanceur lourd, le SLS (Space Launch System) qui
permettra d’expédier le vaisseau MPCV (Multi-Purpose Crew Vehicle), dit Orion,
WEI n°83 2015-6 - 41
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
autour de la Lune, vers un astéroïde, puis pour une expédition sur Mars (dans les
années 2030). Voici un plan des EM (Exploration Missions) établi par la NASA pour
les cinq premières années de la prochaine décennie.
Alors que Charlie Bolden, administrateur de la NASA, inscrit la Planète Rouge comme
priorité pour la coopération internationale, la Russie projette le retour des Terriens avec des femmes et hommes russes – sur la Lune. Il est question de voir un véhicule
d’atterrissage lunaire de Russie se poser sur la Lune en 2029. Mais les réductions
budgétaires, dues à la chute du prix du pétrole, affectent le programme spatial de
Roscosmos. Dr Johann Woerner, directeur général de l’ESA, appelle de ses vœux la
coopération internationale - avec la Russie, la Chine, l’Inde… - pour installer un
« village lunaire » dès 2030. L’ère post-ISS - après 2024 – sera un sujet de discussions
entre grandes agences spatiales durant cette année.
8.2. Atlas indien de Mars : sur base
des images remarquables de la sonde MOM
L’aurait-on perdu de vue ? L’Inde est bien présente autour de la Planète Rouge avec sa
sonde MOM (Mars Orbiter Mission), qui fut lancée par une fusée PSLV XL le 5
novembre 2013 et qui s’est placée en orbite martienne le 24 septembre 2014. Pour
célébrer le 1er anniversaire de MOM autour de Mars, l’ISRO (Indian Space Research
Organisation) avec le SAC (Space Applications Centre) a publié un album de photos
prises la Planète Rouge. Sous le titre de « Mars Atlas », ce témoignage très didactique
sur la présence de l’Inde autour de Mars contient de superbes images du monde
martien, observé par la MCC (Mars Colour Camera) de MOM. On peut le télécharger
en allant sur le site de l’ISRO.
9. Vols habités/International Space Station/Microgravité
9.1. Reprise américaine des vols spatiaux habités:
la NASA recrute une nouvelle classe d’astronautes
WEI n°83 2015-6 - 42
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Ayant obtenu le financement nécessaire du CCP (Commercial Crew Program) de vols
spatiaux habités avec des vaisseaux privés - $ 1.244 millions dans son budget 2016 -,
la NASA peut aller de l’avant avec le recrutement d’une nouvelle classe
d’astronautes. Jusqu’en 2018, pour aller dans l’espace, les astronautes de la NASA
devaient dépendre du vénérable – certes modernisé – Soyouz de la Russie
(Roscosmos/RKK Energia). Boeing avec le CST Starliner ainsi que SpaceX avec le
Crew Dragon/Dragon V2 ont été choisis par la NASA pour assurer la desserte de l’ISS
(International Space Station). De son côté, la NASA a confié à Lockheed Martin le
développement de son vaisseau MPCV Orion (Multi-Purpose Crew Vehicle), pour un
équipage de 4 astronautes, destiné à l’exploration lointaine du système solaire.
Le sticker publié pour lancer l’appel aux candidats-astronautes montre bien trois
destinations : la station spatiale, la visite d’un astéroïde, la découverte de Mars. Pas de
Lune au programme… « Be an astronaute » : la NASA accepte les candidatures depuis
le 15 décembre jusqu’au 18 février. Jobat.be, site d’offres hebdomadaires d’emplois, a
cru bon répercuter l’information. Il omet de préciser que la première condition pour
déposer sa candidature est d’être un citoyen qualifié des Etats-Unis ! Si vous avez
la double nationalité, vous pourrez sans doute vous signaler à la NASA.
NASA begins accepting applications for a new class of astronauts who will fly Commercial Crew spacecraft.
Credits: NASA
9.2. Le Dream Chaser européanisé… pour voler sur le lanceur Ariane 5 ?
Sierra Nevada Corporation (SNC) va-t-il réaliser le rêve de la navette européenne
Hermès ? Lors des conférences de Space Tech Expo Europe à Brême, il fut question
des rencontres UGART (US-German Aerospace Round Table) en faveur d’une
coopération plus étroite entre les Etats-Unis et l’Allemagne dans l’espace. On y aborde
ce que sera l’après ISS (International Space Station), quels seront les prochains robots
sur Mars, quel avenir pour le partenariat DLR-OHB-SNC concernant le Dream
Chaser… L’entreprise américaine propose à la NASA l’emploi en mode automatique
d’un planeur réutilisable, de type « lifting body » (structure portante), pour répondre à
l’appel d’offres CRS-2 (Commercial Resupply Services – contrat 2) de ravitaillement
de la station spatiale internationale avec des systèmes privés. Elle est en compétition
WEI n°83 2015-6 - 43
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
avec Orbital ATK et son ravitailleur Cygnus (auquel contribue Thales Alenia Space
Italia), ainsi qu’avec SpaceX et sa capsule récupérable Dragon. La NASA a postposé
jusque fin janvier 2016 son choix des entreprises qui fourniront les services de
ravitaillement privé pour la période 2018-2024.
SNC souhaite l’européanisation du planeur spatial Dream Chaser. Elle a annoncé à
Brême que si son offre était retenue par la NASA pour le contrat CRS-2, elle
s’efforcerait d’associer des entreprises européennes à sa mise en œuvre. Alors que le
Dream Chaser est conçu pour voler à bord d’un lanceur Atlas 5 d’ULA (United
Launch Alliance), elle est intéressée par des lancements Ariane 5. Le DLR (Deutsche
Zentrum für Luft- und Raumfahrt) et SNC ont, en avril dernier, renouvelé pour deux
ans leur coopération sur les missions du Dream Chaser en Europe. OHB à Brême a
réalisé une étude de faisabilité sur l’utilisation européenne du planeur spatial
réutilisable. Verra-t-on l’ESA - dont le Directeur Général présidait le DLR au moment
de la signature du partenariat avec SNC – se faire le chantre du Dream Chaser pour
amener vers l’ISS et en faire revenir non seulement des charges mais aussi des
équipages ? Rendez-vous au début de 2016 ; l’engagement pris par la NASA de s’en
servir afin de ravitailler la station s’avère décisif pour l’avenir du planeur du SNC.
10. Débris spatiaux/Space Situational Awareness (SSA)
Let’s go Clean Space : la proposition de « dépollueur » e.deorbit
au menu du Conseil ESA, au niveau ministériel ESA de Lucerne
La multiplication, à des fins scientifiques, technologiques, voire économiques (comme
la constellation Outernet avec la firme écossaise Clyde Space), des micro-sats, voire de
Cubesats (que d’aucuns affublent du sobriquet de « debri-sat »), soulève la question
des moyens de dépolluer l’environnement spatial. Par ailleurs, des satellites toujours
sur orbite n’ont pas été conçus pour résister aux forts écarts de température, si bien
qu’ils peuvent se disloquer en plusieurs débris… L’ESA montre la voie à suivre avec
son initiative Clean Space qui a le soutien des grands constructeurs de satellites en
Europe. Sa mission e.deorbit d’un satellite « dépollueur » à l’horizon 2020 est en cours
de définition pour un financement à décider lors du Conseil ESA au niveau ministériel
le 1er et 2 décembre 2016 à Lucerne (Suisse). Par ailleurs, les constructeurs de
systèmes pour le transport spatial réfléchissent à des concepts de réutilisation soit
d’étages, soit des propulseurs. Plus que jamais, l’activité dans l’espace se trouve à une
croisée de chemins.
11. Tourisme spatial/véhicules suborbitaux
« Première » historique de Blue Origin : le discret patron
d’Amazon se paie un lanceur récupérable pour vols touristiques
La secrète entreprise Blue Origin de Jeff Bezos, le fondateur et patron d’Amazon, estelle en train de prendre de court les prétendants trop connus Virgin Galactic (avec le
WEI n°83 2015-6 - 44
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
planeur-fusée aéroporté SS2) et XCOR (avec le Lynx MkII) qui sont apparemment en
perte de vitesse ? Parti bon dernier, Jeff Bezos avec Blue Origin sera-t-il la première à
faire voler des touristes à plus de 100 km d’altitude ? En progressant dans un secret
digne de la cosmonautique soviétique, il a réussi son audacieux pari de développer une
fusée réutilisable à propulsion cryogénique.
En créant en l’an 2000 la société Blue Origin, le milliardaire Jeff Bezos, fondateur et
patron d’Amazon.com, rêvait de mettre l’espace à la portée du plus grand nombre. Il a
acquis un vaste ranch à Van Dorn, au Texas, pour tester des fusées. Il a mis sur pied
une équipe motivée d’ingénieurs de haut niveau, dont la devise latine est « Gradatim
Ferociter ! ». C’est-à-dire « pas à pas, avec force » pour les quelque 400 employés de
l’entreprise. L’ambitieuse mission est de développer un système économique d’accès à
l’espace, depuis les propulseurs jusqu’à des éléments réutilisables. Sur fonds privés,
sans l’aide des instances fédérales, notamment de la NASA, ce projet a pris forme à
pas feutrés, dans un secret digne de la celui qui marqua le programme spatial
soviétique au temps de la guerre froide ! Ces derniers mois, Blue Origin s’est révélé un
acteur clef dans le transport spatial. Défiant le motoriste Aerojet qui a fait ses preuves,
elle a réussi à vendre à ULA (United Launch Alliance), entreprise conjointe de Boeing
et de Lockheed Martin pour l’exploitation des lanceurs Atlas et Delta, son moteurfusée BE-4 fonctionnant à l’oxygène liquide et au méthane. Celui-ci équipera le 1er
étage du nouveau Vulcan (1er vol prévu en 2019).
Le 23 novembre 2015, à la surprise générale, c’était l’annonce, avec vidéo à l’appui,
du premier aller-retour réussi, jusqu’à 100 km d’altitude, de sa fusée New Shepard (en
l’honneur du premier Américain qui a effectué le 5 mai 1961 un vol suborbital à bord
d’une capsule Mercury). La fusée qui utilise le propulseur BE-3 à oxygène et
hydrogène liquides est revenue se poser en parfait état, pour pouvoir revoler. Il aura
donc fallu attendre plus de 73 années avant de voir une fusée revenir intacte après
avoir frôlé la frontière de l’espace ! La première fusée à liquides, capable d’aller dans
l’espace, fut la V2 nazie de sinistre mémoire : son lancement réussi, depuis le centre
militaire de Peenemünde sur les bords de la Baltique, remonte à octobre 1942… (*)
Mais comme toutes ses consoeurs qui prenaient leur envol vers l’espace, elle ne servait
qu’une fois ! Les lanceurs qui lui ont succédé voient leurs étages, une fois leur action
terminée, retomber en mer ou au sol. Un mois plus tard, c’était au tour de SpaceX de
faire revenir, au prix d’une incroyable acrobatie - retournement à la vitesse
supersonique - le 1er étage de son Falcon 9 v1.1 Upgraded.
Dans les mois à venir, le système New Shepard va effectuer régulièrement des bonds à
la lisière du monde spatial. Il servira à emporter des équipements pour des expériences
en microgravité. En 2017, si ses lancements ne posent aucun problème, il pourra
emmener un équipage de six touristes de l’espace. Jeff Bezos, qui a de la suite dans les
idées, prépare le lanceur Very Big Brother pour des mises sur orbite à partir du
complexe 36 au Cape Canaveral, sur la côte de Floride. Son premier étage, équipé de
propulseurs BE-4, sera réutilisable. Le second sera dérivé de la fusée New Shepard. Sa
mise en service est attendue pour 2020. Décidément, à l’heure du « Nouvel Espace »,
le privé fait la leçon au public.
WEI n°83 2015-6 - 45
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
(*) Le 3 octobre 1942, l’Allemagne nazie faisait voler la fusée V2 (arme de la
vengeance) jusqu’à 84,5 km d’altitude, qui était un record d’altitude à l’époque. Au
cours de la Seconde Guerre, le 20 juin 1944, elle allait atteindre près de 175 km.
12. Petits satellites/Technologie/Incubation
Compte-rendu Space Tech Expo Europe à Brême Mutation en cours sur orbite : vive l’ère « New Space » !
Notre quotidien s’est peu à peu mis à la mode de l’intelligence mobile, en poche ou
sous la main. Sous forme de smartphones et de tablettes de plus en plus performants
qui vous aident non seulement à communiquer partout, mais aussi à vous informer,
piloter, localiser… Nous sommes bel et bien entrés dans l’ère des TIC (Technologies
de l’Information et de la Communication). La dimension spatiale, qui contribue à leur
essor avec les satellites, démontre des systèmes en pleine mutation. On entre dans l’ère
du « New Space » ou « Nouvel Espace », marquée par un souffle d’innovations qui ont
pour noms : composants miniaturisés, matériaux ultra-légers, intelligence de bord,
logiciels de modélisation, fabrication 3D de structures, calibration de haute qualité,
services à grande réactivité…
Du coup, la libre entreprise doit compter désormais sur cette nouvelle donne
d’activités innovantes, avec emplois à valeur ajoutée. Il lui faut s’adapter à cette
créativité stimulée par les systèmes spatiaux pour l’exploration, les applications et le
transport sur orbite. Et la technologie de progresser très vite. Les grands donneurs et
exécutants d’ordres pour des missions spatiales ne sont plus seuls à rythmer la
cadence. On voit éclore de jeunes pousses au sein d’incubateurs (comme WSL à Liège
depuis 15 ans), avec des aides à l’investissement, sous l’impulsion de programmes de
recherche et développement, tels que les Plans Marshall via le Pôle Skywin Wallonie
et la stratégie Horizon 2020 de l’Union européenne. Interviewé par l’hebdomadaire Le
Vif pour un dossier sur l’activité spatiale belge, Etienne Pourbaix, directeur du Pôle
Skywin, constate : « La miniaturisation des satellites a ouvert le marché à de nouveaux
acteurs potentiels pour la Wallonie. Et sur cet aspect, nous sommes complémentaires à
l’ESA. »
D’entreprenants Wallons à Brême
C’est aux Etats-Unis, notamment dans la Silicon Valley de Californie, qu’a pris forme
le phénomène « Nouvel Espace ». Il déferle à présent sur l’Europe. Comme l’a montré
dans la cité hanséatique de Brême l’initiative américaine Space Tech Expo qui, pour sa
première édition européenne, a attiré quelque 2.600 participants. Du 17 au 19
novembre, plus de 200 sociétés du business aérospatial, dont une majorité de PME,
démontraient leur dynamisme au service de l’innovation pour les produits et services.
En tirant parti du défi spatial comme outil scientifique, stimulant technologique, acteur
économique.
WEI n°83 2015-6 - 46
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
La Région Wallonne se veut partie prenante dans l’évolution en cours, avec la
présence de Skywin au Space Tech Expo Europe (*). Un superbe stand faisait la
promotion des compétences du CSL (Centre Spatial de Liège), de FFT (Free Field
Technologies), SABCA, Sonaca, Timelink Microsystems, Thales Alenia Space
Belgium. Par ailleurs, les PME liégeoises V2i et Optrion, désormais jumelées,
exposaient leur expertise en métrologie optique avec des solutions aux problèmes liés
à la dynamique des structures.
Cubesats à la hongroise
La Hongrie, devenue le 15 novembre le 22ème Etat membre de l’ESA, était présente
avec la start-up spatiale C3S LLC qui propose une plate-forme légère « sur mesure »
de nano-satellite Cubesat.
Démocratisation et prolifération
Trois journées de conférences, ponctuées par des présentations de l’ESA, des agences
spatiales DLR (Allemagne) et CNES (France), d’industriels européens et américains,
mirent en évidence l’impact des rencontres UGART (US-German Aerospace Round
Table) sur la coopération entre les Etats-Unis et l’Allemagne dans l’espace. Il est
question de l’après ISS (International Space Station), des prochains robots sur Mars,
du partenariat DLR-OHB-SNC (Sierra Nevada Corp) pour européaniser le planeur
spatial Dream Chaser (avec Ariane 5 comme lanceur possible ?). Elles ont surtout
permis de prendre la mesure du « Nouvel Espace » comme facteur de démocratisation
des systèmes spatiaux. L’objectif est de rentabiliser la créativité face aux défis que
pose l’exploitation intensive de l’environnement spatial.
- La miniaturisation continue de composants qui offrent des performances à la hausse
fait que des micro-satellites sont capables de remplir des missions de plus en plus
ambitieuses au-dessus de nos têtes. On mise même sur des Cubesats de 5 à 20 kg pour
remplir des missions qui, jusqu’ici, exigeaient l’emploi d’importants outils sur orbite.
On peut. Conscients qu’il est possible de faire mieux avec du plus petit, de nouveaux
entrepreneurs se lancent dans les affaires sur orbite. On voit apparaître des projets de
constellations pour répondre aux besoins croissants de la société de la communication
et de l’information.
- La satellisation passe par davantage de souplesse pour avoir accès à l’orbite. Ce qui
suppose des outils de lancements qui soient moins contraignants pour leur
disponibilité, plus économiques dans leur mise en œuvre. Il y a bien des projets de
micro-lanceurs, mais ils doivent encore faire leurs preuves (pas avant 2017). La
réduction des coûts constitue la priorité des prochaines années. Les lanceurs en
service, dont on maîtrise la technologie, ont toujours de beaux jours devant eux grâce à
des versions améliorées qui verront le jour en 2020 : avec les Ariane 6 et Vega C en
Europe, les Falcon 9 et Vulcan aux Etats-Unis, les Angara en Russie…
WEI n°83 2015-6 - 47
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
- La pollution est à l’ordre du jour dans l’espace avec la prolifération des satellites
autour de la Terre, puis au sol avec la multiplication des lancements dont les étages
tombent le plus souvent dans l’océan.
(*) Les cités européennes de l’espace accueilleront en alternance le Toulouse Space Show
(prévu du 28 au 30 juin 2016) et le prochain Space Tech Expo Europe à Brême (du 24 au 26
octobre 2017).
13. Education/formation aux sciences et techniques spatiales
André Gellon, ingénieur ULG: en Guyane dans l’orbite d’Airbus
Il est sur tous les fronts des activités spatiales chez Airbus Defence & Space. André
Gellon, ingénieur civil (section électronique) de l’ULg pour l’année 1983, en a fait du
chemin dans l’Hexagone français depuis qu’il a quitté la Cité Ardente. Avec un
parcours fort diversifié, qui lui a donné des occasions de travailler avec des équipes de
la communauté des chercheurs et industriels du spatial dans le monde entier. Il a dû
faire preuve d’une grande flexibilité dans les missions qui lui ont été confiées. Pour
lui, « le fait d’avoir testé plusieurs expériences m’a permis de garder la motivation et
de rester enthousiaste, en m’imposant chaque fois de relever un challenge ».
Aujourd’hui, A. Gellon est impliqué dans le transport spatial européen. Depuis mars
dernier, on le retrouve en Guyane française pour gérer les améliorations du Port spatial
de l’Europe, qui se met à la mode des lanceurs de nouvelle génération Ariane 6.
L’ESA (Agence Spatiale Européenne), ASL (Airbus Safran Launchers) et le CNES
(Centre National d’Etudes Spatiales) se sont mis d’accord pour le développement de
ces lanceurs qui doivent, au cours de la prochaine décennie, remplacer les actuelles
fusées Ariane 5 et Soyouz. Adjoint de la Direction Airbus D&S au Centre Spatial
Guyanais (CSG), il est responsable de l’intégration des Ariane 6 qui seront mises en
service dans les années 2020 afin de rivaliser avec les lanceurs Falcon et Vulcan des
Etats-Unis, Angara de Russie, H3 du Japon...
Flexibilité à toute épreuve
Durant 14 ans, André Gellon a acquis et démontré son savoir-faire à Liège. D’abord
comme responsable de la section informatique à l’Institut d’Astrophysique
(aujourd’hui CSL/Centre Spatial de Liège), puis comme co-fondateur de la start-up
Spacebel Instrumentation où il était en charge de l’électronique et des logiciels. Matra,
actionnaire de Spacebel Instrumentation, va le remarquer : il lui confie la réalisation
d’un système complexe pour des vols spatiaux habités : le Biolab, laboratoire de
biologie qui est installé à bord du module européen Columbus de la station spatiale
internationale. « Sa réalisation occupe une place à part, pour ne pas dire
exceptionnelle, dans ma carrière : elle répondait à un rêve d’enfant, car j’ai travaillé
pour et avec des astronautes. Comme dernier chef de projet, j’ai eu la chance de livrer
le modèle de vol chez Airbus à Brême, en Allemagne ».
WEI n°83 2015-6 - 48
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Après cette mission Biolab, Airbus Defence & Space lui confie en novembre 2006 la
gestion de deux micro-satellites pour l’observation de la Terre. « Cette première
expérience en matière de satellites m’a fait rencontrer des ingénieurs d’autres cultures
», confie A. Gellon. Ces systèmes miniaturisés, qui appartiennent à la filière
Myriade/Astrosat-100 (100 kg), ont été fournis à l’Algérie et au Chili : Alsat-2A et
SSOT (Sistema Satelital par la Observacion de la Tierra) focntionnent sur orbite
respectivement depuis juillet 2010 et en décembre 2011. « Leur mise en œuvre a
préparé la voie chez Airbus à la technologie des petits satellites et à leur
commercialisation internationale.»
Entre octobre 2009 et fin 2013, A. Gellon est impliqué pour l’ESA dans la préparation
et l’intégration d’un observatoire de grande complexité, qui fut lancé le 19 décembre
2013 : le satellite d’astrométrie Gaia, placé à 1,5 millions de km de la Terre, est en
train d’établir un catalogue en 3D d’un milliard d’étoiles de la Voie Lactée. Pour
l’ingénieur liégeois, « c’est le programme le plus important de ma carrière, vu les
multiples contraintes qu’ont été le planning et le coût ; il m’a demandé beaucoup
d’énergie, mais quel beau résultat à l’arrivée ! ». Gaia, fleuron européen de
technologie opto-électronique, c’est par ailleurs un retour aux sources. Son équipe,
responsable de la plate-forme de Gaia, est venue au CSL pour suivre les opérations
mécaniques lors des tests de qualification sous vide. A noter que plusieurs chercheurs
du Département AGO (Astrophysique Géophysique Océanographie) de l’ULg – au
sein d’AEOS (Astrophysique Extragalactique et Observations Spatiales) et du GAPHE
(Groupe d’Astrophysique des Hautes Energies) – se trouvent concernés par le
traitement des données.
Aujourd’hui, au Centre Spatial Guyanais de Kourou, André Gellon doit jongler avec
plusieurs responsabilités. En plus de la mise en œuvre de l’infrastructure des Ariane 6,
il apporte son support aux campagnes de lancement des satellites « made by Airbus ».
Par ailleurs, il a une diversité de tâches à remplir sur le territoire du département
français : le développement des services internet par satellite, la lutte contre les
chercheurs d’or illégaux, les contacts avec les Forces armées françaises, le transport et
le dédouanement de matériels…
14. Wallonie-Bruxelles dans l'espace
14.1. 15 ans de WSL et que de talents !
En 1999, la Wallonie faisait preuve d’audace en se dotant d’un incubateur
technologique au Liège Science Park. Il avait pour mission de rentabiliser les
retombées de la recherche technologique au CSL (Centre Spatial de Liège). Très vite,
il n’a cessé de grandir : en élargissant son offre de services aux activités des sciences
de l’ingénieur (aéronautique, spatial, automobile, chimie verte, développement
durable, équipements médicaux, applications numériques, micro- et nano-systèmes…),
en s’ouvrant à tous les pôles universitaires en Région Wallonne (Louvain-la-Neuve,
WEI n°83 2015-6 - 49
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Charleroi, Mons, Namur), en établissant des partenariats a et avec l’ESA et Idelux
(pour la création de l’incubateur WSLLux près de l’Euro Space Center à TransinneLibin). Une nouvelle implantation, dédiée aux technologies de l’information et de la
communication, est envisagée sur le site du Val Benoît à Liège.
Non seulement, dans la refonte du tissu socio-économique wallon, WSL a tenu ses
promesses. Mais surtout, dans une volonté de mieux connecter la communauté des
chercheurs et le monde des entrepreneurs, il y est allé « crescendo » : c’est son mot
d’ordre du quinzième anniversaire. Si on réunissait les sociétés incubées au sein d’une
seule entité, on aurait affaire à une entreprise comptant 455 emplois directs pour un
chiffre d’affaires de 56 millions €. En tout, 85 Pme ont pris forme grâce au soutien
logistique de WSL (équipe de 11 personnes, dirigée par Agnès Flémal) et avec 95 %
de réussite après 5 années d’incubation. Le cap des 100 devrait être franchi dans les
prochains mois !
14.2. Missions spatiales avec du "made in Wallonie-Bruxelles"
Régulièrement, sous la forme de ce tableau, nous faisons état des lancements de
satellites ou des missions spatiales qui utilisent du matériel des membres de Wallonie
Espace.
Il ne se passe pas une semaine sans qu'une mission spatiale
dans le monde n'implique un centre de recherches
ou une entreprise en Wallonie et à Bruxelles.
Ce résultat est rendu possible grâce aux efforts consentis par l'Etat belge, depuis quatre
décennies, dans les programmes de l'Europe dans l'espace.
Afin d'être au courant des principales caractéristiques (maître d'oeuvre, plateforme, performances, planning...) des satellites et lanceurs (classés par pays), le
site de Gunter's Space, bien tenu à jour, est à recommander :
http://www.skyrocket.de/space/
Pour l'actualité quotidienne concernant le spatial dans le monde :
http://www.spacetoday.net/
http://www.spacedaily.com/
Evénement spatial
Participation wallonne de chercheurs et d’industriels
Lancement V227, le 10 novembre, d’Ariane 5ECA avec les satellites de télécommunications
Arabsat-6B/Badr-7 (Airbus D&S + Thales
Alenia Space) pour Arabsat (Arabie Séoudite) et
Gsat-15 (ISRO) pour le système Insat (Inde).
Participation au lanceur Ariane 5 de SABCA (servocommandes,
structures), de Thales Alenia Space Belgium (nombreux éléments et
composants d’avionique pour la case à équipements), Techspace
Aero (vannes et organes de commande). Centre de Contrôle n°3
(pour les opérations du compte à rebours) équipé et mis en œuvre par
Thales Alenia Space Belgium. Implication de Cegelec dans le
fonctionnement du Centre Spatial Guyanais.
WEI n°83 2015-6 - 50
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Lancement VV06 de Vega, le 3 décembre, avec SABCA comme sous-systémier du pilotage des quatre étages avec
le satellite technologique LISA Pathfinder des EMAs (Electro-Mechanical Actuators) ou servo-vérins
(Airbus Defence & Space) pour l’ESA
électromécaniques et comme fournisseur de la structure de base du 1 er
étage. Thales Alenia Space Belgium pour de l’électronique dans la
centrale inertielle. Spacebel pour la contribution au logiciel de bord.
Implication de Cegelec dans les bancs d’essais des EMAs de SABCA
et dans le fonctionnement du Centre Spatial Guyanais. Spacebel pour
l’informatique de LISA Pathfinder.
Lancement VS13 du Soyouz ST guyanais, le 17 Participation de Thales Alenia Space Belgium à l’alimentation
décembre, avec deux Galileo FOC (OHB + électrique de chaque Galileo FOC. Thales Alenia Space Belgium à
SSTL), baptisés Andriana et Liene, pour le bord du Soyouz ST guyanais avec le système KSE (Kit Sauvegarde
déploiement d’une constellation civile de satellites Européen). A noter que le Centre ESA de Redu, avec Redu Space
de
navigation
(Commission
Européenne- Services, est chargé des tests sur orbite, en bande L, de chaque
GSA/European GNSS Agency)
satellite Galileo FOC. Contribution de Spacebel au logiciel de
manipulation des données à bord de chaque satellite en soutien des
opérations au sol. Implication de VitroCiset Belgium dans le segment
sol du système Galileo.
Lancement Longue Marche 3B depuis Xichang, Contribution de Thales Alenia Space Belgium à l’électronique de la
prévu le 16 janvier, du satellite de charge utile du satellite pour le Bélarus.
télécommunications BelinterSat-1/Chinasat-15
réalisé par la CAST (China ) pour (Bélarus)
Lancement du Falcon 9 v1.1 (dernier Contribution de Thales Alenia Space Belgium à la plate-forme du
exemplaire), prévu le 17 janvier 2016, avec le Jason-3 et des modules de distribution d’énergie sur l’altimètre
satellite d’océanographie Jason-3 (Thales Alenia Poseidon, l’élément principal de la charge utile.
Space) pour la NOAA (USA) et Eumetsat
(Europe)
Lancement Rokot-BreezeM depuis Plesetsk, Participation de Thales Alenia Space Belgium à l’équipement
prévu fin janvier, du satellite d’observation électronique. Essais au CSL (Centre Spatial de Liège)
optique Sentinel-3A réalisé par Thales Alenia
Space pour le système Copernicus (Commission
européenne)
Lancement V228, prévu le 27 janvier, d’Ariane Participation au lanceur Ariane 5 de SABCA (servocommandes,
5-ECA avec le satellite de télécommunications structures), de Thales Alenia Space Belgium (nombreux éléments et
Intelsat-29e (Boeing Satellite Systems) pour le composants d’avionique pour la case à équipements), Techspace
système Intelsat (USA/Luxembourg).
Aero (vannes et organes de commande). Centre de Contrôle n°3
(pour les opérations du compte à rebours) équipé et mis en œuvre par
Thales Alenia Space Belgium. Implication de Cegelec dans le
fonctionnement du Centre Spatial Guyanais.
Lancement V229, prévu le 25 février, d’Ariane Participation au lanceur Ariane 5 de SABCA (servocommandes,
5-ECA avec le satellites de télécommunications structures), de Thales Alenia Space Belgium (nombreux éléments et
Eutelsat 65 West A (Airbus D&S) pour Eutelsat composants d’avionique pour la case à équipements), Techspace
(Europe), avec la charge hôte EDRS-A de liaisons Aero (vannes et organes de commande). Centre de Contrôle n°3
optiques/laser (Airbus Tesat) pour l’ESA dans le (pour les opérations du compte à rebours) équipé et mis en œuvre par
cadre du partenariat public-privé avec Airbus Thales Alenia Space Belgium. Implication de Cegelec dans le
D&S.
fonctionnement du Centre Spatial Guyanais.
Lancement Proton, prévu le 14 mars, de la sonde Participation de Thales Alenia Space Belgium à TGO. Instrument à
ExoMars 2016, comprenant TGO (Trace Gas bord pour l’expérience NOMAD (Nadir & Occultation for Mars
Orbiter) et EDM (Entry, Descent & landing Discovery) de l’Institut Royal d’Aéronomie Spatiale, qui est
Demonstrator) Schiaparelli réalisés par Thales constitué de SO (Solar Occultation), de LNO (Limb, Nadir & solar
Alenia Space pour l’ESA (Europe) et Roscosmos Occutation) et UVIS (Ultraviolet Imaging Spectrograph) : à sa
(Russie).
réalisation ont participé le CSL (Centre Spatial de Liège) pour les
tests sous vide, Amos, Lambda-X, Thales Alenia Space Belgium.
WEI n°83 2015-6 - 51
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
15. CALENDRIER 2016-2017
D'"EVENEMENTS SPATIAUX" POUR LA BELGIQUE
(*) Théo Pirard prévoit de participer à ces événements.
Note : si vous avez des conférences qui peuvent intéresser des chercheurs et ingénieurs
du domaine spatial, n’hésitez pas à les communiquer pour les inclure dans cet agenda.
2016
(*) 12-13 janvier : 8th Annual Conference on European Space Policy, au Bâtiment
Charlemagne de la Commission Européenne à Bruxelles, organisée de façon experte par
Business Bridge Europe avec les acteurs du spatial en Europe. Le thème retenu : Europe as
a global space player. L’occasion à ne pas manquer de faire le point sur les ambitions de
l’Europe dans l’espace, six mois après l’entrée en fonction du Dr Jan Woerner, comme
directeur général de l’ESA, d’en savoir plus sur les systèmes européens Galileo et Copernicus,
sur le lanceur de nouvelle génération Ariane 6, sur la pollution de l’environnement spatial
avec l’arrivée des méga-constellations…
(*) 26-28 janvier : Proba V(egetation) Symposium au Mariott Hotel, à Gand, organisé par
Belspo/Belspace en partenariat avec l’ESA.
(*) 3 février : Spaceport UK, a new frontier for growth & enterprise, conférence d’un
jour organisée par la Royal Aeronautical Society. L’occasion de faire le point sur les vols
suborbitaux et les micro-lanceurs, sur les possibilités de les expoiter à partir du Royaume-Uni.
(*) 9 février : Perspectives spatiales 2016, événement annuel organisé par Euroconsult,
pour faire le point sur les activités, tant civiles que militaires, de l’Europe dans l’espace.
1er-3 mars : Munich Satellite Navigation Summit 2016, au Palais Residenz Muenchen.
Trois jours de présentations pour faire le point sur les systèmes navsat et leurs applications
dans le monde.
14-18 mars : « Fron Giotto to Rosetta » - 50th ESLAB Symposium, au Holiday Inn de
Leiden (Pays-Bas), avec la présence de Roger Bonnet, l’ex-Directeur ESA pour la Science, et
de nombreux spécialistes de l’étude des comètes.
15-17 mars : 2016 Conference on Big Data from Space (BiDS’16), Auditorio de Tenerife,
Santa Cruz de Tenerife (Espagne). Une conférence qui tombe à point avec l’avalanche de
données à stocker et à traiter avec les satellites Sentinel du système Copernicus de
surveillance globale pour l’environnement et la sécurité.
12-15 avril : Water in the Universe : from Clouds to Oceans, conférence à l’ESTEC,
Noordwijk (Pays-Bas)
(*) 26-28 avril : 3rd Space Access International Conference, à Paris, organisée par Astech
Paris Region pour mettre en évidence les enjeux des systèmes spatiaux pour le business
d’applications innovantes.
WEI n°83 2015-6 - 52
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
9-13 mai : ESA Living Planet Symposium, à Prague (Palais des Congrès) : cette conférence
avec exposition est organisée tous les 3 ans pour faire le point sur l’utilisation des satellites de
télédétection pour la météorologie, l’océanographie, l’aéronomie, la géodésie, les applications
terrestres… Avec quelque 3000 participants, c’est l’une des plus importantes sur l’observation
de notre planète par satellites. Un événement d’autant plus attendu que l’Union Européenne
aura en service trois satellites Sentinel de l’ESA. Il sera question des missions Earth Explorer,
des nouvelles générations de Meteosat et de Metop, de Proba et de Végétation… Ce
Symposium prend toute sa signification à la lumière de l’Accord de Paris (COP21) sur le
climat global.
9-11 mai : XMM-Newton : the Next Decade, à l’ESAC (European Space Astronomy
Centre), Villafranca del Castillo (Espagne). Cet atelier permettra de faire le point sur les
missions d’astronomie dans les rayons X qui sont en développement et en projet dans le
monde.
30 mai-3 juin : Symposium IAA 4S (Small Satellites Systems & Services) avec l’ESA au
Grand Hôtel Excelsior de Malte. C’est l’occasion de joindre l’utile à l’agréable en faisant le
point dans un site balnéaire sur les missions des petits satellites.
(*) 30 mai-3 juin : 2016 European Space Solutions – Bringing Space to Earth, à La Haye
(Pays-Bas), organisé par la GSA (European Global Navigation Satellite System Agency) sous
les auspices de la Présidence néerlandaise du Conseil européen. Cette conférence de cinq
jours, durant laquelle une visite de l’ESTEC à Noordwijk aura lieu, en est à sa 4 ème édition : il
s’agit de mettre en évidence avec des exemples concrets comment les services et technologies
- avec l’accent sur les acteurs industriels - mettant en œuvre les systèmes spatiaux répondent
aux besoins de la société en Europe.
1-4 juin : ILA 2016 – Berlin Air Show, au Berlin ExpoCenter Airport, près de l’aéroport de
Schönefeld et du nouvel aéroport international… qui n’est toujours pas fonctionnel.
6-7 juin : GLIS 2016 (Global conference on Space and the Information Society) à
Genève, organisé par l’IAF et par l’UIT (Union Internationale des Télécommunications) pour
faire le point sur le rôle des systèmes spatiaux dans les Technologies de l’Information et de la
Communication (TIC).
30 juillet-7 août : 41st COSPAR Scientific Assembly, à Istanbul (Turquie)
(*) 12-16 septembre : Euroconsult-World Satellite Business Week, le « must » européen
pour s’informer sur l’état du business spatial dans le monde. Cet événement comprend le
20ème Sommet pour le financement des satellites, la 13ème édition du Symposium des prévision
du marché satcom, e 8ème sommet sur le business de l’observation de la Terre par satellites.
(*) 26-30 septembre 2016: 67th IAC à Guadalajara (Mexique) sur le thème « Making space
accessible and affordable to all countries ». Mettre le spatial à la portée de tous les pays : tel
est le thème retenu pour l’édition 2016 du rendez-vpous annuel de la famille mondiale de
l’astronautique.
(*) 1er-2 décembre : Conseil ESA au niveau ministériel à Lucerne (Suisse). Au menu : le
développement d’Ariane 6, la participation européenne à l’ISS, le financement de nouveaux
programmes de technologie spatiale…
WEI n°83 2015-6 - 53
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Septembre-octobre 2017 : 68th IAC à Adélaïde (Australie).
Septembre-Octobre 2018 : 69th IAC à Brême (Allemagne)
14-22 juillet 2018 : 42nd COSPAR Scientific Assembly, à Pasadena (Californie)
En projet pour l’été 2019 : un IAC à Washington D.C. ou à Orlando (Floride) pour célébrer
les 50 ans de l’Homme sur la Lune (mission Apollo 11).
Annexes-tableaux (en anglais)
A.1. Calendrier des prochaines missions de l’Europe dans l’espace
(2016-2024)
Cette liste, qui veut montrer que la technologie spatiale est une réalité bien vivante
dans l’Union européenne, s’efforce d’être la plus complète possible mais elle ne
prétend pas être exhaustive. La difficulté réside dans la mise à jour de ce calendrier,
car le planning des missions – surtout d’ordre scientifique et technologique - n’est
guère respecté. On s’efforce, dans la mesure du possible et sans être certain des dates
de lancement, d’inclure les pico- et nano-satellites (Cubesat) qui est réalisés par des
teams d’étudiants comme outils d’éducation et de recherche… S’il manque l’une ou
l’autre mission, pouvez-vous le signaler ([email protected]) ?
Surlignés en bleu : les missions ESA, Eumetsat et Union
Surlignés en rouge : les missions ESA vers l’ISS
Surlignés en vert : les satellites d’opérateurs commerciaux
NAME
Launch
Launcher
Mission (agency/operator)
GALILEO FOC 5-6
LAPAN-TUBSAT-A2
AAUSAT-5
GOMX-3
TURKSAT-4B
LISA PATHFINDER
GALILEO FOC 8-9
EUTELSAT-36C/AMU-1
BELINTERSAT-1
JASON-3
EUTELSAT-9B + EDRS-A
SES-9
SENTINEL-3A
EUTELSAT-65 WEST A
EXOMARS-1
TGO
11 September 2015
28 September
5-7 October 2015
5-7 October 2015
16 October 2015
3 December 2015
17 December 2015
24 December 2015
January 2016
January 2016
January 2016
February 2016
Febrary 2016
February 2016
March 2016
Soyuz CSG
PSLV
H-II/HTV/ISS
H-II/HTV/ISS
Proton
Vega
Soyuz CSG
Proton
Long March 3
Falcon 9 v.1.1
Proton
Falcon 9 v.1.2
Rokot
Ariane 5
Proton
April 2016
April 2016
April 2016
April 2016
April 2016
April 2016
2016
Soyuz 2 CSG
Soyuz 2 CSG
Soyuz 2 CSG
Soyuz 2 CSG
Soyuz 2 CSG
Soyuz 2 CSG
Dnepr?
/SCHIAPARELLI + LANDER
SENTINEL-1B
MICROSCOPE
NORSAT-1
OUFTI-1/LEODIUM
AAUSAT-4
e@star-2
PAZ/SEOSAR
Navigation (Commission + ESA)
Earth observations (LAPAN)
AIS demonstration (Un. Aalborg)
ADS-B signal collection (GomSpace)
Communications (Türksat)
Technological demonstrator (ESA)
Navigation (Commission + ESA)
Communications (Eutelsat + RSCC)
Communications (Belintersat-Belarus)
Oceanography (Eumetsat + NOAA)
Communications (Eutelsat + Airbus D&S)
Communications (SES)
Oceanography GMES (ESA)
Communications (Eutelsat/Echostar)
Mars exploration with orbiter and lander
(ESA + Roscosmos)
Radar observations GMES (ESA)
Technology (CNES + ESA)
Sea & space surveillance (Norsk Romsenter)
Télécom D-Star (Amsat ?)
Maritime surveillance (AAU)
Technology (Polytechnics Turin)
Military radar (CDTI)
WEI n°83 2015-6 - 54
Prime contractor
OHB-System + SSTL
LAPAN + TU Berlin
Un. Aalborg
GomSpace
MELCO + TAI + Türksat
Airbus D&S Satellites
OHB-System + SSTL
Airbus Defence & Space
CASC/China + CGWIC
Thales Alenia Space (F) + CNES
Airbus D&S + ESA
Boeing Satellite Systems
Thales Alenia Space (F)
Space Systems/Loral
Thales Alenia Space
Thales Alenia Space (I)
CNES + ONERA
Norsk Romsenter + Un. Toronto
Un. Liege + CSL + ESA
Aalborg University + ESA
Polytechnics Turin + ESA
CDTI + EADS CASA + INTA
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
EUTELSAT 117 WestB
GALILEO FOC 7 & 10-12
GALILEO FOC 13-14
AALTO-1
PILSENCUBE
POLYTEC-1/NAOSAT
ROBUSTA-1B
ELISE
TECHNOSAT
CYGNUS CRS-5
HISPASAT AG-1
BIROS/FIREBIRD
MAX VALIER SATELLITE
BEESAT-4
OTB-1
LAPAN TUBSAT-A3?
FLYING LAPTOP
MICROPPTSAT ?
ATMOCUBE
AYSEM-1
BEOSAT ?
ESTELLE
IMSAT ?
NADEGE
HEIDELSAT
ESTCUBE-2
GAMASAT-1
NUTS
OPTOS-2G
NANOSAT-2A
DELFFI/DELTA + PHI
PICASSO
SIMBA
VKI RE-ENTSAT
INFLATESAIL
GOSSAMER-1
CFOSAT?
SENTINEL-5 PRECURSOR
SES-10
ESEO
OPS-SAT
QBITO
S-NET-1/-2/-3/-4
SES-11/ECHOSTAR 105
NOVASAR-S
HISPASAT-1F
OPSAT-3000
VENµS
UPMSAT-2 UNION
VENTA-1
NEMO-HD
PRISMA ITALIA
ALMASAT-EO
GOSSAMER-3
METOP-C/EPS
SENTINEL-3B
TARANIS
GÖKTÜRK-3
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016?
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016 ?
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
Falcon 9 v.1.1
Ariane 5 ES
Soyuz CSG
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
Atlas 5
Ariane 5
Soyuz
PSLV
PSLV?
TBD
PSLV
Soyuz
Vega ?
Vega ?
PSLV ?
PSLV ?
Dnepr
PSLV or Vega
TBD
PSLV ?
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
TBD
Long March 2C
Rokot
Communications (Eutelsat Americas)
Navigation (Commission + ESA)
Navigation (Commission + ESA)
Earth Observation (VTT Finland)
Communications (Un. West Bohemia)
Earth observations (Un. Pol. Valencia)
Radiation testing (Un. Montpellier)
12U Cubesat demonstrator (Nexeya)
Technological microsat (TU Berlin)
COTS module to ISS (Orbital Sciences)
Communications (ESA + Hispasat)
Infrared earth observations (DLR)
Astronomy Quadsat (Inst Bozen)
Technological Cubesat (TU Berlin)
Orbital Test Bed (SSTL)
HDTV Earth imagery (TU Berlin)
Technology (IRS Un.Stuttgart)
Cubesat micropropulseurs (ARC)
Cubesat scientifique (Un. Trieste)
Türkish Cubesat (Bahcesehir Un)
Space environment (ERIG)
Technology cubesat (Estonia)
Remote sensing microsat (ASI)
Triple Cubesat techno (Nexeya)
Triple Cubesat (FH Heidelberg)
Micro-propulsion (Un. Tartu)
Reentry test (Un. Porto)
Gravity waves (NTNU)
Astrophysics (INTA + ?)
Technology (INTA + ?)
Formation flight (TU Delft)
Aeronomy (Clyde Space)
Sun-earth Imbalance (RMI)
Re-entry experiment (VKI)
Solar sail demonstrator (SSC)
Solar sail demonstrator (DLR + ESA)
Oceanography (CNES + CNSA)
Atmosphere chemistry (ESA + TNO)
2016
Falcon 9 v.1.2
Broadcasts/communications in Latin America (SES)
2016
2016
2016
2016
Vega?
TBD
TBD
TBD
Student earth observation microsat (ESA)
Technological triple cubesat (ESA)
Spain QB50 (Un Pol Madrid)
Nanosat constellation (TU Berlin)
2016
Falcon 9 v.1.2
Broadcasts/communications (SES)
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016
2016?
2016?
2017
2017
2017
2017
2017
TBD
Ariane 5
Vega
Vega
Dnepr ?
Dnepr ?
Dnepr ?
Vega ?
Vega ?
TBD
Soyuz 2 CSG
Soyouz 2 ?
Vega
TBD
S-band radar satellite (UKSpace + SSTL)
Communications (Hispasat)
Dual-use high-resolution EO (It. Min.Defence)
Observations (CNES + ISA)
Earth environment monitoring (UPM)
AIS Quadsat (Ventspils + Un. Bremen)
Earth observations (SFL + Space-SI)
Security monitoring (ASI)
Earth Observations (Min Univ & Res)
Large solar sail demonstrator (DLR)
Polar meteo (Eumetsat +NOAA)
Oceanography GMES (ESA)
Analysis of lightning & stripes (CNES)
SAR Earth Obs (TAI + Tübitak)
WEI n°83 2015-6 - 55
Boeing Satellite Systems
OHB-System + SSTL
OHB-System + SSTL
VTT Finland
Un. West Bohemia
Noasat + Un. Valencia
ESA + Un. Montpellier
Nexeya + Silicom
TU Berlin + DLR ?
+ Thales Alenia Space Italia
OHB + Thales Alenia
DLR + ?
Inst Bozen + MPE Garching
TU Berlin + DLR ?
SSTL
TU Berlin + LAPAN
IRS Un.Stuttgart
Austrian Research Centers
Un. Trieste
Bahcesehir University/ CalPoly
Univ. Braunschweig
Tartu University + NanoSpace
Carlo Gavazzi Space ?
Nexeya + Silicom
FH Heidelberg + DLR
Un. Tartu, Estonia
Un. Porto + Tekever)
NTNU, Norway
INTA
INTA
TU Delft + ISIS
BISA, Belgium
RMI Belgium + ?
VKI, Belgium + ?
Surrey Space Center
DLR/Kayser Threde
CNSA + Thales Alenia Space
Airbus D&S UK + TNO
Airbus D&S
SITAEL/AlmaSpace
GomSpace +TU Graz
E-USOC + VKI
TU Berlin + BST
Airbus D&S
SSTL
SSL
IAI (Israel), CGS + Telespazio
ISA + French & Israeli industry
UPM + INTA
Ventspils + Augstkola + OHB
+ Space-SI (Slovenia)
Carlo Gavazzi Space
AlmaSpace
DLR / ?
Airbus D&S Satellites
Thales Alenia Space (F)
CNES + CNRS
TAI + ?
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
TUBIN
GALILEO FOC 15-18
EUTELSAT-172B
AMAZONAS-5
MUSIS CSO-1
INGENIO-SEOSAT
SES-12
2017
2017
2017
2017
2017
2017
2017
ERA/ISS NAUKA MODULE
2017?
2017
SES-14
2017
SES-15
2017
SES-16/GOVSAT
2017
ENMAP
2017
AZERSPACE-2
2017
ADM-AEOLUS
2017
SENTINEL-2B
2017
CHEOPS
2018
PROBA-3A
2018
PROBA-3B
2017
GALILEO FOC 19-22
2018
SIGMA/MARCONI-2
2018
HEINRICH HERTZ
2018
EU:CROPIS
2018
EARTHCARE
GLOBAL V(EGETATION)1 2018
2018
OPSIS
2018
PROBA-ALTIUS?
2018
SUMO
2018
MEGASAT ?
2018
MTG-I-1 (METEOSAT)
2018
BEPICOLOMBO
2018
SOLAR ORBITER
2018
MUSIS CSO-2
2018
JAMES WEBB ST
2018
EXOMARS-2 Rover
2018
SENTINEL-6/CRYOSAT-
TBD
Ariane 5 ES
Ariane 5
Ariane 5 ?
Vega ?
Vega
Earth Observation in infrared (TU Berlin)
Navigation (Commission + ESA)
Communications (Eutelsat)
Communications (Hispasat)
Spy satellite (DGA)
Observations (CDTI + ESA)
Ariane 5
Broadcasts/communications (SES)
Proton
Falcon 9
Ariane 5
Falcon 9
PSLV
Ariane 5
Vega
Soyuz 2
Vega ?
Vega
Vega
Ariane 5 ES
TBD
TBD
TBD
Soyuz
Long March 2D
Vega
TBD
TBD
TBD
Ariane 5
Ariane 5
Atlas 5
Vega ?
Ariane 5
Proton-Breeze
Vega
ISS remote manipulator (ESA)
Communications (SES)
Communications (SES)
Military communications (LuxGovsat+SES)
Hyperspectral imagery (DLR)
Powerful comsat (Azerspace + Intelsat)
Lidar measurements (ESA)
Observations GMES (ESA)
Exoplanets monitoring (ESA)
Formation flight (ESA)
Formation flight target (ESA)
Navigation (Commission + ESA)
Broadband communications (ASI + PPP)
Communications (DLR + ?)
Biological laboratory (DLR)
Earth Explorer (ESA + JAXA)
Earth observations (Belspo + VITO)
High-Resolution EO (ASI)
Atmosphere chemistry (ESA + BISA)
Ozone measurements (LATMOS)
Communications (CNES + Eutelsat ?)
GEO meteo imager (ESA/Eumetsat)
Mercury orbiters (ESA + JAXA)
Solar exploration (ESA)
Spy satellite (DGA)
Astronomy/Astrophysics (NASA)
Mars rover (ESA + NASA) ?
Oceanography (ESA + Eumetsat)
SLS Block1
Ariane 5
TBD
TBD
Soyuz or Vega
Falcon 9 v.1.1
Falcon 9 v.1.1
Vega ?
Ariane 5?
TBD
Vega ?
TBD
Ariane 6.2
TBD
Vega ?
Vega C
TBD
Vega ?
Soyuz?
Soyuz
TBD
Ariane 6.4
Manned spacecraft (NASA + ESA)
GEO meteo sounder (ESA/Eumetsat)
Dual-use radar satellites (Defensa/ASI)
Broadband communications (ASI + PPP)
Chemistry of atmosphere (CNES)
Satellite émetteur radar (Bundeswehr)
Satellite récepteur radar (Bundeswehr)
Oceanography & Polar monitoring (ESA)
Intelligent comsat (ESA + Eutelsat)
HTS with spotbeams (Eutelsat)
Spy satellite (DGA + Bundeswehr)
Cosmology (ESA)
New generation launch vehicle (Airbus)
Ocean topography (CNES + NASA)
Asteroid mission (ESA)
Electronic intelligence (DGA + CNES)
GEO meteo imager (ESA/Eumetsat)
Space Weather forecasts (CNES + CAS ?)
Earth Explorer (ESA)
Asteroid Impact Mission (ESA)
Mars Science (ESA + NASA)
New generation launch vehicle (Airbus)
JASON-4
MPCV ORION
MTG-S-1 (METEOSAT)
COSMO SG-1 & SG-2
SIGMA/MARCONI-1
MICROCARB
SARAH AKTIV-1
SARAH PASSIV-1 & -2
SENTINEL-6/JASON-4 CRYOSAT
EUTELSAT QUANTUM
EUELSAT BB AFRICA
MUSIS CSO-3?
EUCLID
ARIANE 6.2 DEMONSTRATOR
SWOT
PROBA-4 IMP ?
CERES-1, -2, -3
MTG-I-2 (METEOSAT)
SWUSV
BIOMASS
AIM
EXOMARS-3 ?
ARIANE 6.4 DEMONSTRATOR
2018
2019
2019
2019 ?
2019
2019
2019
2019
2019
2019
2019
2019
2020
2020
2020
2020
2020
2020
2020
2020
2020 ?
2021
WEI n°83 2015-6 - 56
TU Berlin + BST
OHB-System + SSTL
Airbus D & S
SSL/Space Systems/Loral
Airbus D&S + Thales Alenia Space
EADS CASA
Airbus D&S
EADS Dutch Space
Airbus D&S
Boeing Satellite Systems
Orbital Science Corp
Kayser-Threde
SSL
Airbus D&S
Airbus D&S
SSTL
QinetiQ Space
EADS CASA + Sener
OHB-System + SSTL
Italian industry + ?
OHB-System + Airbus D&S ?
DLR + ?
TBD
VITO + SAST + OIP
CGS + Italian industry + OHB ?
QinetiQ Space
Polytechnique Palaisseau
Airbus D&S/Thales Alenia Space ?
Thales Alenia Space + OHB
Airbus D&S + JAXA
Airbus D&S
Airbus D&S + Thales Alenia Space
Northrop Grumman + ESA
Thales Alenia + Airbus D&S
Thales Alenia Space + Airbus
Defence & Space
Lockheed Martin + Airbus D&S
Thales Alenia Space + OHB
Thales Alenia Space Italia
Italian industry + ?
CNES + ?
OHB + Airbus D&S
OHB
Thales Alenia Space + Airbus D&S?
SSTL + Airbus D & S
Thales Alenia Space
Airbus D&S + Thales Alenia Space
Thales Alenia Space
ESA + Airbus Safran Launchers
TBD + NASA/JPL
TBD
Airbus D&S + Thales Alenia Space?
TBD
TBD
TBD + US industry
TBD + NASA
TBD
ESA + Airbus Safran Launchers
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
2021
TBD
Polar Meteo (ESA + Eumetsat)
EPS/METOP SG-1
2021
?
TBD
Super High resolution EO (DGA + CNES)
OTOS
2021
Long
March
6?
Space Weather from L5 (ESA + CAS)
SMILE/INSTANT
2021
TBD
Hyperspectral EO (ISA + ASI)
SHALOM
2021
TBD
Earth observations (Belspo + VITO)
GLOBAL V(EGETATION)2
2021
?
Ariane
5
ou
6
Military Satcom (DGA + CNES)
COMSAT NG-1
2022
Vega
Photosynthesis monitoring (ESA)
FLEX
2021
?
Ariane
5
ou
6
Military Satcom (DGA + CNES)
COMSAT NG-2
2022
Ariane
5
Jupiter Moon exploration (ESA + NASA?)
JUICE
2023
TBD
Polar Meteo (ESA + Eumetsat)
EPS/METOP SG-2
2023
TBD
GEO meteo imager (ESA/Eumetsat)
MTG-I-3 (METEOSAT)
2024
Soyuz
?
Exoplanetary science (ESA)
PLATO
2028
Ariane
5
?
X-ray observatory (ESA)
ATHENA
© Space Information Center/Belgium – December 2015
Airbus Defence & Space
Airbus D&S + Thales Alenia Space?
European bus
IAI + Rafael + Italian industry
VITO + QinetiQ Space + OIP?
Thales Alenia Space + Airbus D&S
TBD
Thales Alenia Space + Airbus D&S
Airbus Defence & Space
Airbus Defence & Space
Thales Alenia Space + OHB
TBD
TBD
4. Export contrats for the satellite industry in Europe
This alphabetical list review the known contracts signed by the European
industry of space systems for spacecraft outside Europe to be launched during the
period 2016-2020. It also includes the major contracts for payloads or platforms.
NAME
Contractor (Country)
“AFRICA” EOSAT-1/-2
Mission (launch schedule)
ARABSAT-6B
High-resolution observations (2017)
Remote sensing microsats [2015]
Remote sensing micro-satellites (2010)
ASAL (Algeria) + UKSpace
Techno Triple Cubesat (2016)
AOneSat Communications GEO telecommunications (2016?)
(Switzerland/India)
Arabsat (Saudi Arabia)
GEO telecom/broadcasts (2014)
ARSAT-1/-2 & /-3 ?
ArSat (Argentina)
BANGABANDHU-1
BADR-7
(Bangladesh)
Arabsat (Saudi Arabia)
ALSAT-1B
ALSAT-2A/2B
ALSAT NANO
AONESAT-1?
BELINTERSAT-1
DIRECTV-15
Not disclosed (Morocco)
ASAL/CNTS (Algeria)
ASAL/CNTS (Algeria)
Belintersat (Belarus)
DirecTV (USA)
Latin DirecTV (USA)
DIRECTV
America/INTELSAT-31
ECHOSTAR-105
/SES-11
EXPRESS AM-7
EXPRESS AM-8
EXPRESS AMU-1
FALCON EYE-1
& -2
GEO-KOMPSAT-2B
GÖKTURK-1
HELLASAT-3/
EUROPASAT
INMARSAT-6 F1 & F2
IRIDIUM NEXT
/IRIDIUM PRIME?
Prime contractor (State)
Thales Alenia Space (France)
SSTL + DMCII
Airbus D&S (France)
Surrey Space Centre (UK)
*Thales Alenia Space (France)
Airbus D&S (France) +
*Thales Alenia Space (France)
GEO telecommunications (2014-17)
* Thales Alenia Space + Airbus
D&S
GEO telecommunications (2017-2018) Thales Alenia Space (France)
GEO telecom/broadcasts (2015)
Airbus D&S (France) +
*Thales Alenia Space (France)
GEO telecom/broadcasts (2016)
*Thales Alenia Space (France)
GEO broadcasts (2014)
Airbus D&S Satellites (France)
GEO broadcasts (2016)
Airbus D&S Satellites (France)
Echostar (USA) + SES
(Luxembourg)
RSCC (Russia)
RSCC (Russia)
RSCC (Russia)
UAE Armed Forces (UAE)
GEO broadcasts & communications
(201)
GEO telecom/broadcasts (2014)
GEO telecom/broadcasts (2014)
GEO telecom/broadcasts (2015)
Very high-resolution observations
(2017, 2018)
KARI (South Korea)
Min Defence (Turkey)
Arabsat (Saudi Arabia) &
Inmarsat (United Kingdom)
Inmarsat (United Kingdom)
Iridium Satellite (USA)
GEO meteorological observations (2019)
High-resolution observations (2015)
GEO High-power broadcasts (2017)
Airbus D&S Satellites (France)
Airbus D&S (France)
*Thales Alenia Space (France)
Airbus D&S (France)
Thales Alenia Space + Airbus
D&S (France)
*Airbus D&S (France)
Telespazio + Thales Alenia Space
Thales Alenia Space (France)
GEO Mobile Services (2020-2021)
Airbus D&S (France)
Mobile comsat constellation (2015- Thales Alenia Space (France)
2017)
WEI n°83 2015-6 - 57
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
KAZSTSAT/Earth Mapper
KOREASAT-5A
KOREASAT-7
LAPANSAT-A2
LAPANSAT-A3
NEXSTAR-1 & -2
ONEWEB
MICROSATS (900)
OUTERNET-1, -2, -3
PERUSAT-1
SGDC-1
TELSTAR-12R
YAMAL-601
Ghalam KJC (Kazakhstan)
KT Sat (South Korea)
KT Sat (South Korea)
LAPAN (Indonesia)
LAPAN (Indonesia)
Aniara
Communications
(India)
OneWeb (USA)
Remote sensing micro-satellite (2015)
GEO Telecom (2016)
GEO Telecom (2016)
Remote sensing micro-satellite (2014)
Remote sensing micro-satellite (2014)
GEO Telecommunications (2017)
SSTL (United Kingdom)
Thales Alenia Space (France)
Thales Alenia Space (France)
*TU Berlin (Germany)
*TU Berlin (Germany)
* Elecnor Deimos (Spain) +
European partners
Megaconstellation of microsats for Airbus Defense & Space (France
internet connectivity (2017-2019)
+ Germany)
Outernet Inc (USA)
Cubesat internet constellation (2017)
Clyde Space (United Kingdom)
Min Defence (Peru)
High-resolution observations (2016)
Airbus D&S Satellites (France)
Visiona Technologia (Brazil) Governmental communications (2016) Thales Alenia Space (France)
Telesat (Canada)
GEO telecom (2015)
Airbus D&S Satellites (France)
Gazprom Space Systems (Russia) GEO communications (2016)
*Thales Alenia Space (France)
* Payload contractor
SSL = Space Systems Loral
SSTL = Surrey Satellite Technology Ltd
© Space Information Center/Belgium – December 2015
A.3. Table of planned/expected contrats
related to civilian satellites for communications and broadcasts
The most profit-making space business concerns the satellite systems for
communications and broadcasts (see in this Directory the table reviewing all the
spacecraft in operational service and in preparatory status). This new and
original table summarizes the known/announced satellites for which a RFP is in
progress or in project. European satellite industry has to play a significantly
promising role, in spite of the high value of the euro. Space Systems/Loral as One
of the main aggressive contenders for comsat contracts was acquired by Canada’s
MDA (McDonald Dettwiler & Associates).
SATELLITE (Operator/country)
ABS-8 (Asia Broadcast Satellite/Hong
Kong)
Position (frequencies)
116.1°E (C-, Ku- & Kabands)
ABS-9 (Asia Broadcast Satellite/Hong
Kong)
16°W (Ku- & Ka-bands)
ABS-10 (Asia Broadcast Satellite/Hong
Kong)
159°E (Ku) & Ka-bands)
AFRICASAT-2A (Measat Satellite
Systems/Malaysia)
5.7° E (C-, Ku & Ka-bands)
ALCOMSAT-1 (ASAL/Algeria)
24.5°E? (C- & Ku-band –
Northern beams)
AL YAH-3/YAHSAT-3 (Yahsat/United 20°W (Ka-band)
Arab Emirates)
Status (particular aspects) - Launcher
All-electric comsat contracted to Boeing (Boeing 702SP). To be
launched by Falcon 9 First UTS (Ultra High Throughput Satellite)
for Asia. Problem to get US funding through Ex-Im Bank. If ExIm authorization is not revived by US Congress, RFP to be
reissued, with some chance for European industry (2018)
International RFP to be issued in 2016, if the funding is acquired.
All-electric UTS (Ultra High Throughut Satellite) to cover
Europe, Africa and Americas, giving a global dimension to ABS
services for DTH platforms. (2019)
International RFP to be issued in 2016, if the funding is acquired.
All-electric UTS (Ultra High Throughut Satellite) to cover Asia,
Oceania and Pacific region with DTH platforms. (2019)
RFP in progress for satellite, but contract not yet finalized.
Measat looking for a partner such as Eutelsat or Arabsat…
(upgrade for Africasat-1/Measat-1 positioned at 46°East,
replacement of Africasat-2/Measat-2 positioned at 5.7°East)
Indigenous development, with technical assistance of CASC, of a
SmallGEO-type comsat since September 2013. Launch contract
with CGWIC/China Great Wall Industry Corp (2018).
First private comsat operator in the Middle East interested by
Latin America for broadband connections. Contracts with Orbital
WEI n°83 2015-6 - 58
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
AMAZONAS-5 (Hispasat/Spain)
AMOS-6 (Spacecom/Israel)
AMOS-7 & -8 (Spacecom/Israel)
AMOS-E (IAI/Israel)
ANGOSAT-1 (Ministry
Telecoms/Angola)
ANIARA NEXSTAR-1 & -2 ? (Aniara
Communications/India)
ANIK G-2 (Telesat/Canada)
AONESAT-1 (AOneSat
Communications/Switzerland + India)
APSTAR-5C or TELSTAR-18
VANTAGE (APT Satellite
Holdings/Hong Kong)
APSTAR-6C (APT Satellite
Holdings/Hong Kong)
APSTAR-9/MySat-1 (APT Satellite
Holdings/Hong Kong)
APSTAR-10 (APT Satellite
Holdings/Hong Kong)
ARABSAT-6A & -6E?
(Arabsat/Saudia Arabia)
ARMSAT-1 (Armcosmos, Armenia)
ARSAT-1/-2/-3 (ArSat/Argentina)
AZERSPACE-2/INTELSAT-38
(Azercosmos/Azerbaidjan, Intelsat)
BANGABANDHU-1 (Bangladesh
Telecommunications Regulatory
Sciences (Geostar-3) et Arianespace. (2016)
Replacement Amazonas-4B after cancellation of contract with
Orbital Sciences. SSL as prime contractor. To be launched by
Arianespace? (2017)
4°W (Ku- & Ka-bands)
After international RFP, Israel Aerospace Industries (IAI)
selected as prime contractor, with Canadian MDA as payload
contractor. Heavy satellite with hybrid propulsion, to be launched
by Falcon 9. To replace Amos-2 and to add Ka-band capacity – to
be used by Eutelsat following contract with Facebook for efficient
internet coverage of Africa) to the ‘hot bird’ position of
Spacecom. (2016).
17°W and ? (Ku- & KaPowerful satellite(s) to cover Latin America. Specifications under
bands)
study for international RFP. To be contracted in 2016. (2018)
TBD (Ku or Ka-band)
Compact “all-electric” comsat to be proposed by IAI to emerging
markets or new operators. (2018?)
24.5°E (C- & Ku-band –
In-orbit delivery contract with Russian RKK Energia and
Southern beams)
Rosoboronexport. Negotiations finalized in May 2011. Total cost
of the full system: around 245 million euros. To be launched by
Angara 5 (2016 or 2017, with a full coverage of Eastern and
Southern Africa).
50°E, 98°E or 160° E (KuPrivate operator in India with small GEO satellites. Contract to
band)
Dauria Aerospace for two 16-Ku band spacecraft to cover Middle
East and Africa. Launcher not yet selected, but possibility of dual
launch with Indian GSLV MkII (2017)
107.3° E (Ku- & Ka-bands?) Multipurpose broadcasting & communications satellite. Planned
contract in 2015. (2017)
47.5° W (C-, Ku, KaNew operator based in Switzerland. Company created by Indian
bands ?)
family Pavuluri (Hyderabad) with views for global broadband
business. First medium-size Ekspress-1000N type comsat,with
payload of Thales Alenia Space, contracted through MOU by ISS
Reshetnev in order to cover Latin America. Launcher not yet
selected. Plan for further two comsats around the globe. (2017?)
138°E (C- & Ku-bands)
HTS comsat to be jointly used by Telesat Canada and by APT
Satellite. Contract with SSL for SSL 1300 spacecraft. Launcher
not yet selected (2018)
TBD (C-band, Ku-band, Ka- DFH-4 communications and broadcasting satellite: contract with
band
CGWIC (2018)
142°E (Ku-band, Ka-band
Plan to expand coverage and services. Geosynchronous position
?)
preserved by Chinasat-5A. Contract with CGWIC (China Great
Wall Industry Corp) for in-orbit delivery of high-power DFH-4
type comsat (launched on 17 October 2015)
TBD (Ku-band, Ka-band?) In-orbit delivery contract with CGWIC, including financing
services, for high-power DFH-4 type comsat (2017)
26°E, 34°E ? (Ku- & KaSixth generation of Arabsat spacecraft: contract with Lockheed
bands)
Martin. To be launched by Falcon Heavy (2017).
71.4°E (Ku-band)
National comsat, for coverage of Eastern Europe and Central
Asia, to be developed with the assistance of Roscosmos or
CGWIC? (2017 ?)
71,8° W, 81° West (KuPart of SSGAT (Sistema Satelital Geoestacionario Argentino de
band)
Telecomunicaciones). Invap SA as prime contractor, with Thales
Alenia Space selected for the payload after an international RFP.
Launches with Arianespace. (2014, 2015, 2018)
45°E (Ku- & Ka-bands)
Comsat developed with Intelsat as partner for joint use of
geosynchronous position and frequencies. Coverage of Europe,
Middle East, Africa, Central and South Asia, To be used jointly
with Azerspace-1 which is in GEO since February 2013. Contract
to SSL. To be launched by Ariane 5. (late 2017)
119.1° (C- and Ku-band)
Powerful comsat with up to to 40 transponders. Orbital slot
acquired from Intersputnik (Russia). Technology transfer with
61° W (C-, Ku- & Ka-band)
WEI n°83 2015-6 - 59
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Commission/Bangladesh)
BELINTERSAT-1 (Belintersat/Belarus) 51.5° E (14 transponders in
C-band, 26 transponders in
Ku-band)
BELINTERSAT-2 (Belintersat/Belarus) Tbd (transponders in CKu- and Ka bands? )
BITSAT (Dunvegan Space
LEO system (S-band
systems/USA)
frequencies)
BRISAT-1 (PT BRI/Bank Rakvat
Indonesia)
150.5° E (C- & Ku-band)
BSAT-4A (Broacasting Satellite
Corp/Japan)
BULGARIASAT-1 (Bumilsatcom
/Bulgaria)
110°E (Ku-band)
CHINASAT-16 (CASC-Chinasatcom
/China)
CHINASAT-18 (CASC-Chinasatcom
/China)
CONGOSAT-01 (Renatelsat/Congo)
TBD (Ka-band)
DIRECTV-15 (DirecTV/USA)
From 99° to 119°W (Ku- &
Ka-bands)
DIRECTV LATIN AMERICA or
INTELSAT-32 (DirecTV-Sky Brasil
/USA-Brasil)
DPRK COMSAT-1? (KCSTNADA/North Korea)
43°W (Ku-band)
ECHOSTAR-18 (Dish Network CorpEchostar/USA)
TBD (Ku-band)
ECHOSTAR-19/JUPITER-2 (Hughes
Network Systems/USA)
TBD (Ka-band)
ECHOSTAR-21/TERRESTAR-2
SOLARIS MOBILE (Echostar/USA)
10° E (S-band)
ECHOSTAR-23 (Dish Network CorpEchostar/USA)
ECHOSTAR-105/SES-11
(Echostar/USA & SES/Luxembourg)
TBD (Ku-band)
EKSPRESS AM-7 (RSCC)
40° E (L-, C- & Ku-bands)
EKSPRESS AM-8 (RSCC)
14°W (C- & Ku-bands)
TBD (Ku-band)
TBD (Ka-band)
TBD (C- & Ku-bands)
TBD (C-band)
105°W (C- & Ku-bands)
SPARRSO (Space Research & Remote Sensing Organization).
Plan for in-orbit delivery contract and turnkey system: Thales
Alenia Space with Arianespace. (2017)
After international RFP launched in 2010, CGWIC (China Great
Wall Industry Corp) selected for in-orbit delivery contract –
DFH-4 type comsat for services in Central Asia, Africa and
Europe - Financial support of Chinese Ex-Im (2015) – Launch
with Long March 3B (2016)
Belintersat looking for an international partner to go ahead with
the 2nd comsat (2018?)
Constellation of up to 24 low-cost Triple Cubesats for “cloud
computing” services around the globe (first satellites to be
launched in late 2016)
SSL (ex-Space Systems Loral) as contractor for the medium-size
comsat to connect the 11,000 bank branches of Babk Rakvat
Indonesia across the Indonesian Archipelago. Launch contract
with Arianespace (2016)
Broadcasting satellite contracted with SSL. Launcher still to be
selected. (2017)
High-power broadcasting saltellite to cover the Balkans. After
international RFP, SSL (ex-Space Systems/Loral) with SSL 1300
spacecraft, selected as prime contractor. SpaceX Falcon 9 as
launch vehicle. (2016)
HTS (High Throuput Satellite) with multi-spot beam payload to
cover China. (2017)
HTS (High Throuput Satellite) with multi-spot beam payload to
cover China. (2018)
Announcement of a contract for in-orbit delivery with China
Telecom and CGWIC (China Great Wall Industry Corp). No
recent info about development status (2017?)
6.3-t broadcasting satellite to cover North America with highpower beams. Airbus D&S Satellites selected as prime contractor
– To be launched by Ariane 5. (May 2015)
Powerful DTH satellite to cover Brasil and Latin America. Airbus
D&S Satellites selected as builder with a Eurostar 3000 platform.
To be launched by Ariane 5-ECA (2016)
Indigenous development of a geosynchronous satellite in the
Space Plan 2012-2017 of DPRK, but no recent info. To be
launched by a national system. (2018 ?)
Direct broadcasting satellite for the Dish Network Corp. Space
Systems/Loral as prime contractor. Launcher not yet selected
(TBD)
SSL (Space Systems Loral) as prime contractor for interactive
broadband satellite with very heavy and powerful spacecraft to
cover North America. Atlas 5 selected as launch vehicle (2016)
Purchase of Solaris Mobile Ltd (Ireland), with S-band payload of
Eutelsat W2A/10A in order to develop S-band multimedia
applications in Europe. Use of Terrestar-2 satellite contracted
with SSL (Space Systems Loral). To be launched by Ariane 5ECA. (2016)
SSL (Space Systems Loral) as prime contractor with LS-1300
spacecraft. Launcher not yet selected. (2016)
Joint Echostar-SES communications satellite to cover North
America, Mexico et the Carribean. Contracted with Airbus
Defence & Space. Launcher not yet selected (2016)
5.7 t satellite contract with Airbus D&S: Eurostar 3000 bus with
16 kW payload . To be launched by Proton. (2015)
AM-8 to be built by ISS Reshetnev for the platform and Thales
Alenia Space for the payload. To be launched in GEO by Proton-
WEI n°83 2015-6 - 60
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
EKSPRESS AM-9? (RSCC)
EKSPRESS AMU-1/EUTELSAT-36C
(RSCC/Eutelsat)
36° E? (C-, Ku- & Kabands?)
36° E (70 repeaters in Ku& Ka-bands)
Breeze DM-03. (2015)
RFP in progress for a possible contract in 2015. (2017)
Airbus D&S selected with Eurostar-3000 spacecraft. Capacity to
be jointly operated by RSCC and Eutelsat. To be launched by
Proton-Breeze M. (2015)
EKSPRESS AMU-2 (RSCC)
103° E (80 repeaters in CInternational RFP in progress for selection in 2015. Pressure of
& Ku-bands)
Roscosmos to get the contract for a Russian enterprise of space
systems. (2017)
ENERGIA-100 (EnergiaTBD (Ka-band)
Small HTS (High Throughput Satellite) developed by RKK
Telecom/Russia)
Energia for broadband connections in Russia. In partnership with
Rostelecom. (2018)
ES’HAIL-2 (ES’HAISAT/Qatar)
26°E (Ku- & Ka-bands),
Parnership with Arabsat for the joint use of the capacity. After
close to Badr position of
international RFP, Mitsubishi Electric as prime contractor.
Arabsat
Launch vehicle sdtill to be selected. (2017)
EUTELSAT-9B + EDRS-A (Eutelsat + 9°E (Ku-bands + optical
Airbus D&S as prime contractor. Hosted payload for EDRS
Airbus D&S Services)
relay for data intersatellite
(European Data Relay Satellite) contracted to Airbus D&S
links)
Services in PPP with ESA. To be launched by Proton. (2015)
EUTELSAT-8 WestB (Eutelsat + Thales 8°W (C- & Ku-bands)
Thales Alenia Space selected as prime contractor with Spacebus
Alenia Space)
4000C3-type spacecraft. To be launched by Proton-Breeze M
(2015)
EUTELSAT-65 WestA (Eutelsat +
65°W (C-, Ku- & Ka-bands, Eutelsat offer selected by Anatel for the use of Brazilian position
Anatel/Brazil)
with spotbeams)
to cover Latin America. Contract with SSL (ex-Space
System/Loral). Availability of services for the Olympic Games.
Launcher still to be selected. (2016).
EUTELSAT-172B (Eutelsat)
172°E (C- & Ku-bands, with Innovative HTS (High Throughput Satellite) to cover Asia-Pacific
spotbeams)
for broadband links and mobile connectivity. With the partnership
of Panasonic Avionics Corp. All-electricEurostar 3000EOR
platform developed by Airbus Defence & Space. Ariane 5 as
launcher. (2017)
EUTELSAT BB FOR AFRICA
4°W ? (Ka-band with
Innovative « all-electric » HTS based on Spacebus Neo (1st
(Eutelsat)
spotbeams)
contract), developed by Thales Alenia Space. For the
development of Internet services in Africa, for Facebook, in
addition to Ka-band capacity of AMOS-6. (2019)
EUTELSAT QUANTUM (Eutelsat)
TBD (Ku- & Ka-bands)
Intelligent communications satellite for multipurpose services.
Spacecraft developed through PPP between Eutelsat and ESA.
Airbus Defence & Space as prime contractor, with SSTL (Surrey
Satellite Technology Ltd) for the platform. To be launched by
SpaceX. (2018)
GOVSAT/SES-16
21.5°E (X- & Ka- bands)
Establishment of public-private enterprise (Luxembourg gov +
(LuxGovsat/Luxembourg)
SES). Satellite contracted to Orbital ATK. Designed to receive
additional payload during orbital lifetime? Launch with Falcon 9
from SpaceX commercial center at Boca Chica, Texas (2017).
GSAT-6/6A (ISRO/India)
TBD (C- & S-bands)
2.1-t comsat based on the I-2K platform for mobile services and
governmental communications. Launched by GSLV MkII. (2015
- success, 2017)
GSAT-9 (ISRO/India)
TBD (Ku-band)
2.2-t comsat using the I-2K platform. To be launched by GSLV
MkII (2017)
GSAT-11 (ISRO/India)
TBD (Ku- & Ka-bands)
Advanced 4-t comsat based on the I-4K platform. To be launched
by the heavy GSLV MkIII or by a non-Indian rocket (2016)
GSAT-15 (ISRO/India)
93.5°E (Ku-band)
3.1-t comsat based on the I-3K bus. Successfully launched by
Arianespace (November 2015)
GSAT-17 (ISRO/India)
TBD (C-, Ku & S-bands)
I-3K spacecraft decided in 2015. To be launched by Ariane 5ECA (2016)
GSAT-18 (ISRO/India)
74° E (C- & Ku-bands)
I-3K spacecraft decided in 2015. To be launched by Ariane 5ECA (2017)
GSAT-19 (ISRO/India)
TBD (C-, Ka & S-bands)
Powerful I-6K spacecraft in planning phase. (2018)
HEINRICH HERTZ/H2SAT (DLR +
TBD (Ka-band)
OHB as prime contractor with SmallGEO bus. Broadband
OHB + ESA? )
services with advanced Ka-band payload for dual use. Launcher
WEI n°83 2015-6 - 61
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
HELLASSAT-3/EUROPASAT
(Arabsat/Greece + Saudi Arabia &
Inmarsat/UK)
HELLASSAT-4/SAUDIGEOSAT-1
(Arabsat/Greece + Saudi Arabia)
HISPASAT AG1 (ESA + Hispasat
/Spain)
HISPASAT-1F (Hispasat/Spain)
HYLAS-3/EDRS-C (Avanti
Communications, United Kingdom +
ESA)
HYLAS-4 (Avanti Communications,
United Kingdom)
HORIZONS-3E (Sky Perfect JSAT +
Intelsat Horizons-3 Satellite
(Japan/USA)
INMARSAT 5/GLOBAL EXPRESS
(Inmarsat/United Kingdom)
INMARSAT 6 (Inmarsat/United
Kingdom)
INSAT K (ISRO/India)
INTELSAT-27R or -34
(Intelsat/Luxembourg)
INTELSAT-30 DLA-1 & -31 DLA-2
(Intelsat/Luxembourg – DirecTV Latin
America)
INTELSAT-32E/SKY BRASIL-1
(Intelsat/Luxembourg – DirecTV Latin
America
INTELSAT-36 MULTICHOICE
(Intelsat/Luxembourg – Multichoice
/South Africa)
INTELSAT EPIC-1/-29E & -2/33E/NEXT GENERATION
(Intelsat/Luxembourg)
INTELSAT EPIC-3/-35E/NEXT
GENERATION (Intelsat/Luxembourg)
not yet selected. (2018)
Powerful broadcasting satellite contracted by Arabsat to Thales
Alenia Space. Addtional S-band hosted payload for Inmarsat to
cover Europe with MSS broadcasts. To be launched by Falcon
Heavy? (2017)
39°E? (Ku- & Ka-bands)
Joint venture between Hellasat/Arabsat and KACST (King AbdulAziz City for Science & Technology). Powerful 6-t spacecraft for
broadcasts, carrying many innovations, contracted with Lockheed
Martin. To be launched byAriane 5. (2018)
36° W ? (Ku-band)
Luxor/SmallGEO bus (ARTES 11 programme) with payload
developed by TESAT and Thales Alenia Space. Contract signed
with OHB System. PPP between ESA and Hispasat for the
payload. To be launched by Arianespace. (2016)
30°W (Ku-band)
High-capacity communications satellite for broadband
connections. SSL selected as prime contractor. To be launched by
Proton or Falcon 9. (2017)
0° ? (S- & Ka-band)
Small GEO platform of OHB carrying EDRS-C of Airbus D&S
Services/TESAT + Avanti payload for broadband Ka
communications through PPP agreement with ESA. Launch
contract with Arianespace (2017)
TBD (Ka-band)
Broadband comsat based upon Geostar-3 bus. Contracts with
Orbital ATK for satellite and Arianespace for launch. (2017)
169°E (C- & Ku-bands)
Continuation of Intelsat-Jsat partnership. HTS (High Troughput
Satellite) with advanced digital payload based Intelsat Epic
platform for Asia-Pacfic region. To be jointly operated by Sky
Perfect JSAT for own purposes and by Intelsat Horizons Satellite
within the global system of new generation Epic platforms.
Satellite and launch contracts not yet announced. (2018)
Atlantic, Pacific & Indian
Contract for up to 4 powerful spacecraft for mobile broadband
Oceans (89 Ka-band
services: Boeing Satellite Systems as prime contractor with BSStransponders on each
702HP bus. Proton-Breeze M launch contract with ILS. Falcon
satellite)
Heavy for 4th satellite? (2014, 2015)
TBD (L-band & Ka-band)
Two all-electric Eurostar 3000EOR satellites, contract with
Airbus D&S. Launcher not yet selected (2020, 2021)
Indian Ocean (Ka-band)
6-t class spacecraft for Ka-band communications (broadband
links), to be purchased from abroad; 2nd satellite to be
indigenously developed (2016?)
55.5° E/Atlantic Ocean (C- Lost at launch with Zenit 3SL, on 31 January 2013, of the
and Ku-bands + UHF
medium-power HS702 satellite developed by Boeing Satellite
military payload for US
Systems, carrying a hosted payload for military purposes. Specific
Navy)
coverage of Latin America. Replacement with 3-t comsat ordered
to SSL (ex-Space Systems/Loral) in 2013. (2015)
95°W (C- & mostly KuCo-located high-power LS-1300 satellites of SSL (ex-Space
bands)
Systems/Loral), for DTH broadcasts in Latin America (DLA:
DTH Latin America). Ariane 5 launch for Intelsat-30 DLA-1 ,
Proton-Breeze M launch for Intelsat-31 DLA-2 (2015)
TBD (Ku-band)
Powerful DTH satellite to cover Brasil and Latin America. Airbus
D&S Satellites selected as builder with a Eurostar 3000 platform.
To be launched by Ariane 5-ECA (2016)
68.3°E (C- & Ku-bands,
Powerful satellite to be co-located with Intelsat-20 for panmainly for DTH broadcasts) african coverage. SSL (Space systems/Loral) selected as prime
contractor. Launcher not yet selected. (2017)
29°E, 33°E (C- and KuVersatile high-power satellites, using an innovative heavy
bands with broadband
platform, for mobile broadband applications: after international
spotbeams/high throughput RFP, contracts in 2012 and in 2013 to Boeing Satellite Systems.
technology)
Ariane 5, Proton or Heavy Falcon as candidates for the launches
(2015 & 2016)
35°E (C- and Ku-bands with Versatile high-power satellites, using an innovative heavy
broadband spotbeams/high
platform, for mobile broadband applications: Boeing Satellite
39°E (Ku- & Ka-bands, Sband)
WEI n°83 2015-6 - 62
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
throughput technology)
INTELSAT-38/AZERSPACE-2
Intelsat, Azercosmos/Azerbaidjan)
IRANSAT-1, -2 & -3 (SRI-Space
Research Institute & ISA/Iranian Space
Agency/Iran)
IRIDIUM NEXT
(Iridium Communications/USA)
IRIDIUM PRIME
(Iridium Communications/USA)
JCSAT-14 (Sky Perfect JSAT/Japan)
JCSAT-15 (Sky Perfect JSAT/Japan)
JCSAT-16 (Sky Perfect JSAT/Japan)
JUPITER-2/ECHOSTAR-19 (Hughes
Network Systems/USA)
KACIFIC-1a & -1b (Kacific Broadband
Satellite/Singapore)
KOREASAT-5A (KT Sat/South Korea)
KOREASAT-7 (KT Sat/South Korea)
KYPROSAT (Kypros Satellites
/Kyprus)
LAOSAT-1 (Min.
Telecommunications/Laos)
LEOSAT CONSTELLATION (Leosat
Inc/USA)
LYBID-1/UKRCOMSAT-1 (NSAUUkrCosmos/Ukraine)
Systems selected as prime contractor. Launcher not yet selected
(2016)
45°E (Ku- & Ka-bands)
Comsat developed with Azercosmos as partner for joint use of
geosynchronous position and frequencies. Coverage of Europe,
Middle East, Africa, Central and South Asia. Satellite and launch
contracts in 2015. (2017)
47°E, 34°E (Ku-bands)
Civilian project of small geosynchronous satellites to carry 2 Kuband transponders for digital broadcasts. Indigenous
development in progress with North Korea? See also the military
Qaem project. (2016?)
LEO constellation (L- band, Thales Alenia Space (with Orbital Sciences as US partner)
with interlinks)
selected as prime contractor for the space segment (72 satellites in
orbit + 9 ground spare). Launch services with nine Falcon 9
rockets of SpaceX from Vandenberg AFB and Dnepr from
Yazny. Contract with Canadian Aireon LLC to collect ADS-B
signals for aeronautical traffic monitoring (20152017/replacement of the existing and operational 66-satellite
constellation)
LEO constellation (L-band, Expansion of Iridium Prime to offer LEO missions with hosted
with interlinks)
payload for innovative research and applications. Iridium Next
satellites, based upon EliteBus platform and made by Thales
Alenia Space in Orbital Sciences facility, proposed to welcome
265-kg instrumentation for up to 17 Mbps of data. Prospective use
to collect AIS data for sea traffic surveillance. An average of 2 to
6 satellites launching per year. Use of Iridium Next ground
infrastructure (after 2017).
154°E (C- & Ku-bands)
Replacement of JCSAT-2A with SSL (ex-Space Systems/Loral)
as prime contractor. To be launched by Falcon 9 v1.1 (2015)
110°E (Ku-band)
Replacement of JCSat-110. Contract to SSL (Space systems
Loral). To be launched by Ariane 5. (2016)
TBD (C- & Ku-bands)
First of five comsats to be ordered until end of the decade.
Contract to SSL for launch with Falcon 9 v.1.1. (2016)
109.1° W, close to Jupiter-1 SSL (ex-Space Systems Loral) as prime contractor for interactive
(Ka-band)
broadband satellite with powerful 6.6-t spacecraft to cover North
America with broadband spotbeams to meet HughesNet Gen4
high-speed internet services. Ariane 5-ECA selected as launch
vehicle (2016)
From 130 to 170°E (KaSystem starting operations with a hosted Ka-band multibeam
band)
payload to enhance broadband connections in the Pacific. Plan to
purchase a dedicated satellite in early 2016. (2018?)
113°E (Ku-band)
Upgraded Spacebus 4000B2 spacecraft of 3.5 t contracted to
Thales Alenia Space. Launch vehicle not yet selected. (2016)
116°E (Ku- & Ka-bands)
Upgraded Spacebus 4000B2 spacecraft of 3.5 t contracted to
Thales Alenia Space. Launch vehicle not yet selected. (2016)
TBD (Ku-, Ka-bands)
Partnership with SSTL (Surrey Satellite Technology Ltd) as an
offer for new operators.
128.5° E (C- & Ku- bands) In-orbit delivery contract with CGWIC (China Great Wall
Industry Corp), in order to cover South East Asia, from Pakistan
to Papua New Guinea. Satellite made by CAST (Chinese
Academy of Space Technology) for launch with Long March
3B/G2 launch (November 2015)
SSO at 1,800 km (Ka-band) Constellation of 80-100 microsats for secured links between
enterprises around the globe. Feasility study made by Thales
Alenia Space (to be operational in 2019?)
48° E (Ku-band & Ka-band) High-power satellite (transponders of 120 W) built by MDA
(McDonald Dettwiler & Associates – ex-SPAR Aerospace) as
prime contractor with ISS Reshetnev platform (Ekspress 1000H).
Canadian funding of the system. Development delayed by
financial problems. Launch with “made in Ukraine” Zenit 3LB
WEI n°83 2015-6 - 63
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
MEASAT-3C/AFRICASAT-2a (Measat NA (C-, Ku- and Ka-bands)
Satellite Systems/Malaysia)
MEXSAT-1/CENTENARIO &
113°W (L- & Ku-bands)
-2/MORELOS-3 (SCT-Secretaria de
Communicaciones y
Transportes/Mexico)
MYANMAR-SAT? (M-Tel/Myanmar or TBD (C- & Ku-band)
Birmania)
NBN CO-1A & -1B (NBN/Australia)
137.9 & 154° E (Ka-band)
NBN CO-1C (NBN/Australia)
TBD (Ka-band)
NEOSAT/EUTELSAT (ESA +
Eutelsat/Europe)
NICASAT-1 (TBD/Nicaragua)
TBD (Ku- & Ka-bands)
NIGCOMSAT-2
(Nigcomsat/Nigeria)
19° E (C- , Ku- and Kabands)
NIGCOMSAT-3
(Nigcomsat/Nigeria)
22° W (C- , Ku- and Kabands)
NYBBSAT-1/SILKWAVE-1 (CMMB
Vision/Hong Kong)
105°E (L-band)
TBD (Ku-band)
NYBBSAT-2 & -3 (CMMB
TBD (L-band)
Vision/Hong Kong)
ONE WEB (One Web + Virgin Galactic Up to 648 operational
+ Qualcomm + Airbus D&S)
satellites in 1,200 km orbits
(Ku-band)
O3b/up to 20? (O3b Networks/Jersey)
Equatorial MEO
constellation (Ka-band)
QAEM (Defense Ministry/Iran)
TBD (C- & Ku-bands)
PALAPA-E1 (PT Indosat Tbk
/Indonesia)
150.5° E? (Ku-band)
PSN-6 (PT Pasifik Satelit
Nusantara/Indonesia)
SAARC-SAT (ISRO/India)
146°E (Ku-band)
TBD (C- & Ku-bands)
(announced for September 2011, now postponed to 2016?)
Negotiations in progress for a partnership with another comsat
operator, to cover Europe, Africa,the Middle East. No recent info
about development (2016)
Governmental contract for 3 satellites with Boeing Satellite
Systems, including 2 Boeing 702HP Geomobile satellites
equipped with 22-m L-band antenna. Launched by Proton-Breeze
M (2014). To be launched by Atlas 5 (2015)
Negotiations with satellite operators - especially Intersputnik - for
the use of orbital slot and frequencies. Singtel and CGWIC well
positioned for development contract? (2017?)
High-power satellite system for NBN (National Broadband
Network). Space Systems/Loral as prime contractor for the two
co-located spacecraft. To be launched by Ariane 5-ECA (2015,
2016)
Need for a third broadband comsat. RFP to be decided for
contract in 2015 (2018?)
New-generation platform for geo comsats. Technologies
developed for Spacebus neo and for Eurostar neo. (2019)
Communication & broadcasting satellite for Latin America.
Based on DHF-4 bus, to be developed and delivered in orbit by
CGWIC (2017?)
Contract with CAST through CGWIC to upgrade the capacity of
Nigcomsat-1R and to achieve a global system. Coverage of
Africa, Middle East, China and Central Asia (2018 ?)
Contract with CAST through CGWIC to upgrade the capacity of
Nigcomsat-1R and to achieve a global system. Coverage of
Africa, the Americas (2018 ?)
High-power L-band satellite, based upon 702MP platform, to
support mobile services in China, then in Asia. Purchase of
Asiastar satellite to start services during 2015. Contract with
Boeing for first satellite. Launcher not yet selected. (2017)
High-power L-band satellites to be based on “made in China”
DFH-4 Contracts with CGWIC? (2017-2018)
Project to produce up to 900 microsats of 150 kg for global
internet connections at low cost. Technical and financial
partnership with Airbus Defense & Space. Automated production
of small satellites, at the rate of 3-4 units per day… (full
deployment for 2019, with first launches in 2018)
Broadband system for 3G cellular networks and WiMAX towers.
Development in progress with the strong support of SES for
funding resources and control facilities. 16 satellites in
construction, with 12 launched by Soyuz from French Guyana.
First 4 satellites launched in June 2013, but affected by power
problems. Soyuz launches in July and December 2014. Plan to
order further satellites. (2013-2014)
National project of comsat for governmental services in Iran, with
C-band and Ku-band transponders. To be indigenously developed
and launched (2018 ?)
High-power communications satellite contracted to Orbital
Sciences, in order to replace Palapa-C2. Indosat looking for
exploitation with an international partner. Preceded since June
2012 by PSN-V, the Chinasat-5B, in inclined orbit, sold by
Chinasatcom (2016). See BRIsat.
Medium-size comsat contracted to SSL. To be launched by
SpaceX Falcon 9 (2017).
Medium-size satellite for communications and meteorology. To
be developed by ISRO and Indian industry for SAARC/South
Asian Association for Regional Cooperation (2016?)
WEI n°83 2015-6 - 64
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
SATMEX-9/EUTELSAT 117 WestB
(Eutelsat Americas/Mexico)
SES-9 (SES/Luxembourg)
SES-10 (SES/Luxembourg)
SES-11 (SES/Luxembourg)
SES-12 (SES/Luxembourg)
SES-14 (SES/Luxembourg)
SES-15 (SES/Luxembourg)
SES-17 (SES/Luxembourg)
SGDC BRSAT (AEB + Visiona
Technologia Espacial/Brazil)
SPACEX CONSTELLATION (SpaceX
+/ Google?)
STAR ONE-C5 (Star One/Brazil)
STAR ONE-C6 (Star One/Brazil)
STAR ONE-D1 (Star One/Brazil)
SUPREMESAT-2 (Supremesat/Sri
Lanka)
TELKOM-3S (PT Telekomunicasi
Indonesia)
TELKOM-4 (PT Telekomunicasi
Indonesia)
TELSTAR-12V/VANTAGE
(Telesat/Canada)
116.8°W (C- & Ku-band)
Regional operator acquired by Eutelsat. Contract with Boeing
Satellite Systems for an all-electric medium-size comsat. To be
launched by Falcon 9 of SpaceX (early 2016)
108.2 E (Ku-band)
High-power SES-9 satellite contracted with Boeing Satellite
Systems, in order to cover Asia-Pacific regions. To be launched
by Falcon 9 (January 2016)
67° W for Latin America
High-power SES-10 to cover Andean countries for DTH and
(Ku- & Ka-bands)
broadband applications. Contracts with Airbus D&S for powerful
Eurostar E3000 and with SpaceX for Falcon 9 launch (2016 )
105°W (Ku- & Ka-bands)
New high-power satellite to extend strategic partnership with
EchoStar to cover North America. Contracts with Airbus D&S.
Launcher not yet selected (2016)
95°E (Ku- & Ka-bands)
DTH (Direct To Home) and HTS (High Throughput Satellite)
comsat to cover Asia-Pacific. Airbus Defence & Space as prime
contractor with all-electricEurostar 3000EOR platform. To be
launched by Ariane 5 (2017)
47.5-48° W (C- & KuAll-electric “intelligent” comsat of 4.2 t, based on the E3000e of
bands)
Airbus Defence & Space, with DTH (Direct To Home) and HTS
(High Throughput Satellite). Capacity for mobile, maritime and
aeronautical services. Launch with Falcon 9 from SpaceX
commercial center at Boca Chica, Texas (2017)
TBD (Ku- & Ka-bands)
All-electric comsat using BSS 702SP of Boeing Satellite Systems.
Capable to offer entertainment and Wifi services onboard aircraft
in flight over the America’s. Launcher not yet selected (2017)
TBD (Ku- & Ka-band)
High-power satellite for broadcasts and broadband links
evaluation of proposals in progress (2018)
68°W & ? (C-, X-, KuSatélite Geoestacionário de Defesa e Comunicações Estratégicas
bands ? + meteo payload for (SGDC) or Multi-purpose satellites to be used for governmental
SGDC-3)
commun ications, broadband links, air traffic management. Joint
venture Embraer+Telebras, under the name of
VisionaTechnologia Espacial, to manufacture the satellites with
foreign support. Possibility to include a meteorological payload
on the 2nd spacecraft After international RFP, selection of Thales
Alenia Space and Arianespace for SGDC-1 satellite and launch
(2016-2017)
Up to 4,000 cheap microsats Private project of megaconstellations for global internet
in various orbital planes at
connectivity. Still to be approved by FCC. Specific factory with
625 km? (S- & Ku-bands)
automated production of satellites, located at Seattle, Washington.
(first demonstrators to be launched in 2016; full deployment in
2019-2020?)
68° W (C- & Ku-bands)
Civilian comsat to cover Latin America. RFP for selection of
contractor in 2015 (2017)
84°W (Ku-band)
Civilian comsat for Latin America. RFP for selection of
contractor in 2015? (2017?)
85° W (C-, Ku- & Ka-band) Civilian comsat to support the Olympic Games of Rio for
broadcasts and broadband services in Latin America. SSL (exSpace Systems Loral) as contractor. To be launched by Ariane 5
(2016)
50°E (Ku-bands)
Contracts with CGWIC (China Great Wall Industry Corp) for inorbit delivery of DFH-4 type comsat and with China Satellite
Communications Corp. Supremesat-1 launched in November
2012 with leased capacity onboard Chinasat-12 (2015)
118°E (C- & Ku-bands)
3.5 t Spacebus 4000B2 spacecraft contract with Thales Alenia
Space to cover Indonesia and South-East Asia. Arianespace as
launch provider (2016)
108°W (C-, Ku- and KaContracted to SSL. Launch vehicle not yet selected(2017)
bands
15°W (Ku-band)
High-power broadcasting satellite with beams on Europe, Larin
America, Middle East, Africa, in order to replace Telstar-12.
WEI n°83 2015-6 - 65
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
TELSTAR-18 VANTAGE/
APSTAR-5C (Telesat/Canada)
138° E (C- & Ku-bands)
TELSTAR-19 VANTAGE
(Telesat/Canada)
63°W (Ku- & Ka-bands,
with spotbeams)
THAICOM-6/AFRICOM-1
(Thaicom/Thailand)
78.5° E (C- & Ku-bands)
THAICOM-8
(Thaicom/Thailand)
78.5°E (Ku- & Ka-bands)
THAICOM-9?
(Thaicom/Thailand)
50.5°E (Ku-band)
THAICOM-IPSTAR-2?
(Thaicom/Thailand)
119.5°E (Ku- & Ka-bands)
THAI-ICT SAT
(ICT Ministry/Thailand)
THOR-7 (Telenor Satellite
Broadcasting/Norway)
TBD (Ku- & Ka-band?)
THURAYA-4/Thuraya/United Arab
Emirates) ?
Position over the Atlantic?
(L- & S-bands)
1° W (Ku- & Ka-bands
TKSAT-2/TUPAC KATARI
87.2° W? (C-, Ku- and KaSATELLITE-2 (Bolivian Space Agency bands)
/Bolivia)
TÜRKSAT-5A/-5B
(Türksat/Turkey)
TÜRKSAT-6A (Türksat/Turkey)
31°E & 42°E (C- & Kubands ?)
42°E (Ku-band)
TÜRKSAT-7A (Türksat/Turkey) ?
VIASAT-2 (Viasat/USA)
TBD (Ku- & Ka-bands)
111.1°W (Ka-band)
VIASAT-3 (Viasat/USA)
TBD (Ka-band)
VIASAT GEO CONSTELLATION
(Viasat/USA + ?)
VINASAT-3 & -4 (VNPT/Vietnam)
21.5° E (X- and Ka-bands)
YAMAL-601 (Gazprom Space
Systems/Russia
49°E (C-, Ku- and Kabands)
YAHSAT-3/AL YAH-3 (Yal Yah
Satellite Communications
Atlantic Ocean (Ka-band)
Spotbeams for maritime mobile services. Airbus D&S selected as
contractor. To be launched by Japanese H-2A (November 2015)
Replacement of Telstar 18 by a powerful HTS comsat. Contract
with SSL. To be jointly used with APT Satellite. Launcher not yet
selected. (2018).
New generation comsat with versatile HTS (High Throughpout
Satellite) payload. To be co-located with Telestar 14R for the
coverage of the Americas. Contract with SSL. Launch contract to
be announced in the next weeks. (2018)
Medium-size comsat approved by government. Orbital Sciences
as prime contractor. C-band coverage of Africa. Launched in
January 2014 by Space X Falcon v1.1 and co-located with
Thaicom-5 – See Asiasat-6/Thaicom-7.
High-power broadcasting satellite to be collocated with Thaicom5 and -6. Contracts to Orbital Sciences for satellite, to SpaceX for
launch (2016)
Broadcasting satellite for expansion of the Thaicom system to the
Middle East, Europe and Africa. Not yet decided. Possibility of
acquiring a 2nd hand comsat already in orbit to keep the orbital
slot. (2017)
High-power broadband satellite to be acquired through
partnership with another operator. Enhancement of IPSTAR-1
capacity in South-East Asia and Oceania. Contracts not confirmed
to SSL for satellite, to SpaceX for launch (2017)
Governmental broadband satellite currently in preparation. RFP in
preparation. (2018)
Contracts to SSL (ex-Space Systems Loral) for high-power
satellite and Arianespace for Ariane 5 launch. Successfully
launched on 26 April 2015. Enhancing Telenor Satellite
Broadcasting fleet and offering mobile services. (2015)
RFP not yet finalized, in order to achieve a global coverage for
personal communications. Go-ahead decision related to financial
results. (2017?)
Project of second comsat for Bolivia, after the successful
operations with TKSat-1, developed by CGWIC (China Great
Wall Industry Corp) and launched in December 2013. Delayed
decision for contract [2017?]
International RFP in preparation for medium-size comsats (20182019)
First medium-size comsat to be developed in Turkey by TAI.
(2020)
Comsat to be made in Turkey by TAI. (2022?)
6.7-t powerful HTS (High Throughput Satellite) for broadband
services in North America and for air & maritime links over the
Atlantic Ocean. Contract with Boeing Satellite Systems for BSS702HP spacecraft. To be launched by Falcon Heavy. (2016)
HTS (High Throughput Satellite) for a global 3-satellite system
for transmissions of up to 1 Terabits per second, in order to
compete with LEO constellations. RFP to be issued in 2016.
(2018-2019)
Preparation of international RFP for contract in 2015? Possible
partnership with another operator in Asia-Pacific. (2017?)
Replacement of Yamal-202. After international RFP, Thales
Alenia Space selected in 2013 as prime contractor. Proton as
launch vehicle (2016)
Ka-band HTS (High Thoughput Satellite) for translantic
connections, with coverage of Latin America and Africa.
WEI n°83 2015-6 - 66
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
Company/UAE)
Selection of Orbital Sciences Geostar-3 spacecraft. To be
launched by Ariane 5 (2016)
© Space Information Center/Belgium – December 2015
In italics: project in study phase or with unclear status
Si vous avez des suggestions à faire, des modifications à apporter, n'hésitez pas à
le faire: elles seront les bienvenues.
Courriel : [email protected]
=============================================================
Lecture – Livres concernant l’odyssée de l’espace
Le livre redevient le beau cadeau des fêtes de fin d’année. Les publications sur
l’aventure spatiale, qui sont de qualité et d’un caractère inédit, ne sont pas très
nombreuses, surtout dans la langue de Molière. Nous avons relevé pour 2015 la
parution de deux beaux ouvrages : l’un aux Editions Vuibert pour une diffusion
« grand public », l’autre aux Editions de l’ESA (ESTEC) avec une distribution assez
confidentielle.
- Histoire de la Conquête spatiale, par Jean-François Clervoy et Frank Lehot,
aux Editions Vuibert (Paris), octobre 2015, 210 pages avec de nombreuses
illustrations.
L’astronaute français Jean-François Clervoy (dont on connaît le talent de conférencier) et le
médecin Frank Lehot, qui se connaissent pour les vols en microgravité, se sont associés pour
faire revivre par l’image en couleurs et un texte très abordable l’Histoire de l’astronautique.
C’est un récit chronologique de l’aventure des vols spatiaux habités, de 1900 (avec les
visionnaires) à 2050 (avec les projets du futur). En passant par les grands chapitres de 19611972 (premier cosmonaute, première sortie dans le vide, les préparatifs du vol lunaire avec
Gemini, Américains sur la Lune avec Apollo), de 1973-1998 (laboratoires en orbite terrestre,
station modulaire Mir, navettes spatiales pour aller et venir dans l’espace), de 1998-2015 (de
l’International Space Station à l’accès privé à l’espace), d’après 2015 (nouveau bond de géant
pour l’humanité). Il s’agit d’un éclairage très explicite sur ce que fut, est et sera la présence
humaine au-dessus de nos têtes. On y apprend qu’ « en date du 12 mars 2015, 541
astronautes différents ont voyagé 1221 fois dans l’espace » que « le cumul de leurs missions
s’élève à 124 ans, soit plus de 45.000 jours ». Comme quoi, les hommes et les femmes n’ont
pas « chômé » pour aller dans l’espace.
L’ensemble facile à lire est émaillé d’encarts pédagogiques qui décrivent le mal de l’espace,
les fêtes en impesanteur, l’entraînement des astronautes, les risques et dangers, les raisons du
sport en microgravité, le rôle de l’Homme dans l’espace, la communication des membres de
l’équipage avec leurs familles respectives, la vie quotidienne à bord d’une station, les facéties
des hommes et femmes sur orbite…). On regrettera l’emploi du terme « apesanteur ». Nous
lui préférons le terme d’impesanteur. A la fin du livre, deux index nous renvoient aux noms
propres. Cet ouvrage qu’on ne se lasse pas de feuilleter vu une iconographie abondante et
qu’on peut lire par morceaux au gré de ses intérêts est à conseiller dans toutes les
bibliothèques et les écoles, collèges, lycées… Il est à la portée des élèves depuis l’âge de 10
WEI n°83 2015-6 - 67
WALLONIE ESPACE INFOS n°83 novembre-décembre 2015
ans : un excellent outil pour leur rappeler la rapidité avec laquelle l’humanité a apprivoisé ce
nouveau monde qui mène à l’infiniment grand.
- ATV The European Spaceship – Stories behind the scenes of an
international success, par Frédéric Castel et Alberto Novelli, aux Editions ESA
(ESTEC, Noordwijk), 2015, 210 pages fort bien illustrées.
Le journaliste Frédéric Castel, ami de longue date (depuis Apollo-15 en juillet 1971) a réalisé
pour l’ESA, avec Alberto Novelli, ce superbe album sur cette magnifique odyssée de l’ATV
(Automated Transfer Vehicle). Cet ouvrage, publié à l’initiative de Jean-Jacques Dordain,
directeur général de l’ESA, fait revivre en anglais, avec le support de nombreuses images, la
belle histoire du ravitailleur automatique européen de l’ISS (International Space Station).
C’est en 1995, lors du Conseil ministériel de Toulouse, que dix Etats d’Europe ont décidé de
lancer le développement du laboratoire Columbus et du vaisseau ATV (en remplacement du
projet mort-né de navette européenne Hermès). Il a fallu une douzaine d’années - de 1996 à
2008 - pour que celui-ci devienne une réalité opérationnelle avec le premier exemplaire
baptisé « Jules Verne », qui vola de mars à septembre 2008. Quatre autres ont réussi avec une
grande maîtrise leur mission d’assurer la maintenance de l’ISS : « Johannes Képler » de
février à juin 2011, « Edoardo Amaldi » de mars à octobre 2012, « Albert Einstein » de juin à
novembre 2013, puis « Georges Lemaître » de juillet 2014 à février 2015.
Le livre de Frédéric Castel et d’Alberto Novelli, qui retrace l’aventure de l’ATV avec ses
multiples aléas, est plus humain que technique. Il fait découvrir les phases du développement
laborieux d’un robot de l’espace, qui devait s’arrimer automatiquement à une infrastructure
internationale habitée. Pour l’industrie européenne aux côtés de l’ESA et avec la coopération
de RKK Energia (pour la pièce de rendez-vous et d’amarrage), il s’agissait d’une « première »
délicate qui comportait de grands défis technologiques. Cette réalisation qui fait de l’ATV un
engin unique a démontré la maîtrise en Europe de systèmes spatiaux pour des vols habités.
Trois industriels belges - Space Applications Services, Thales Alenia Space Belgium, Euro
Heat Pipes (EHP) - ont contribué à la réussite technologique de l’ATV. Dans un dernier
chapitre, il est question du futur de l’expertise européenne pour la présence humaine dans la
dimension spatiale. Des projets de vaisseaux habités européens sont passés en revue, puis on
décrit la prochaine étape avec la NASA : l’ESM (European Service Module) dérivé par
Airbus Defence & Space (Brême) du module de service de l’ATV équipera le vaisseau
américain MPCV (Multi-Purpose Crew Vehicle), alias Orion, que Lockheed Martin est en
train de développer pour l’exploration lointaine du système solaire. Le premier ESM doit
voler en 2018 en équipant l’Orion du vol expérimental EM-1 (Exploration Mission-1) en
mode inhabité.
=============================================================
WEI n°83 2015-6 - 68

Documents pareils

en cliquant sur ce lien

en cliquant sur ce lien Bulletin bimestriel de l’association Wallonie Espace Wallonie Espace WSL, Liege Science Park, Rue des Chasseurs Ardennais, B-4301 Angleur-Liège, Belgique Tel. 32 (0)4 3729329 Skywin Aerospace Clust...

Plus en détail

en suivant ce lien

en suivant ce lien WALLONIE ESPACE INFOS n°77 novembre-décembre 2014

Plus en détail