LA MICRO-INFORMATIQUE par Pierre BOYER
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LA MICRO-INFORMATIQUE par Pierre BOYER
LA MICRO-INFORMATIQUE par Pierre BOYER LA MICRO-INFORMATIQUE par Pierre BOYER ALS (séance du 11 mai 2003) 42 La micro-informatique (Pierre BOYER) La micro-informatique Quelques applications : • Bureautique - traitement de texte, PAO - dessin, traitement de l’image - tableur - bases de données - ... • communication (web) - accès à des informations - messagerie, «chat» - téléchargement • jeux (individuels ou en réseau) • enseignement assisté par ordinateur • ... L’introduction du micro-ordinateur domestique dans les foyers me semble être une excellente chose mais à la condition expresse qu’il soit utilisé à bon escient ! Il est certain que la micro-informatique peut apporter beaucoup d’avantages par les services qu’elle offre, que cela soit dans le domaine de la bureautique, des jeux ou de la communication. En particulier, je suis persuadé qu’elle peut contribuer à la diffusion de la culture et au développement des connaissances par l’enseignement à distance. Malheureusement, pour beaucoup de jeunes et de moins jeunes, la pratique de la micro-informatique est devenue une véritable drogue et peut donc être considérée comme pouvant être nuisible à la santé, tout comme elle est également susceptible d’être très onéreuse ! C’est uniquement cet aspect négatif que je vais développer maintenant. Peut-être certains d’entre vous se reconnaîtront dans mes propos : qu’ils réfléchissent alors à leur comportement ! Quant aux autres, qu’ils se gardent bien de sombrer dans cette drogue ! Dépendance à la micro-informatique Certains «informaticiens» sont devenus de véritables esclaves de leur micro-ordinateur. C’est le règne de la souris ! J’examinerai la dépendance induite d’abord par la micro-informatique «isolée», puis par celle que je qualifierai de «communicante», c’est-à-dire celle qui utilise les réseaux de télécommunication. Trop souvent l’achat du micro-ordinateur personnel ne se fait pas en fonction d’un projet précis, mais plus sur l’avis malheureusement pas toujours très autorisé d’un ami ou d’un vendeur. On se laisse guider par la multitude des fonctions offertes, par la nouveauté de l’appareil. Ce dernier aspect est d’ailleurs valable pour tous les produits, quels qu’ils soient : il suffit de regarder les publicités à la télévision pour se convaincre que le maître mot de la promotion commerciale est nouveau. L’aspect de la «nouveauté» ALS (séance du 11 mai 2003) 43 Cet attrait pour la nouveauté conduit à des dépenses non négligeables et le plus souvent inutiles. Pourquoi est-il nécessaire d’avoir la dernière version du microprocesseur, l’ultime “release” du logiciel qui est souvent utilisé à moins du quart de ses possibilités ? Remarquons que moins les gens sont informaticiens et plus ils sont évidemment victimes de cette attitude. Un nouveau jouet : le micro-ordinateur ! Le micro-ordinateur jouet permet de capter une future clientèle . Afin de se constituer une clientèle assurée dans les années à venir, les «marchands d’informatique» essayent de fidéliser les très jeunes enfants en proposant aux parents des micro-ordinateurs dits «pédagogiques» ! Les jeux informatiques ont envahi le marché des logiciels, à tel point qu’ils ont donné naissance à des consoles spécialisées. L’un des dangers de ceux-ci pour les enfants est de les habituer à vivre dans un monde virtuel, danger qui vous sera dénoncé ultérieurement. Avec l’ouverture des «autoroutes» de l’information, c’est-à-dire la possibilité donnée à tous de se connecter sur la toile, les fournisseurs d’accès s’en sont donné à cœur joie pour faire des offres mirobolantes, appâter le client en utilisant des méthodes de dealers de drogue, tout comme le font les vendeurs de téléphone portables, méthodes qui seront décrites tout à l’heure. Par tous les moyens, il faut faire souscrire des abonnements aux points d’accès à l’internet, créer un besoin, provoquer la dépendance. Partout, sont offerts gratuitement des CD permettant de bénéficier de périodes d’essais qui très généralement se prolongent. Il faut reconnaître qu’il est très tentant d’accepter une offre proposant un service gratuit sur une durée plus ou moins longue ! Pour en profiter, il est cependant obligatoire de donner toutes les indications nécessaires pour qu’à l’issue de ce temps, le fournisseur d’accès puisse effectuer un prélèvement automatique sur le compte bancaire. Par négligence, nombreux sont ceux qui continuent à payer très cher un service qu’ils utilisent de moins en moins ! Le haut débit (ADSL) ALS (séance du 11 mai 2003) 44 Actuellement, on voit de nombreuses propositions de connexions par 1'ADSL, c’est-à-dire des connexions à haut débit. C’est une façon onéreuse d’encourager à aller surfer confortablement sur le web. Mais se connecter, pourquoi faire ? Ce n’est évidemment pas moi qui prône le développement des nouvelles techniques d’information et de communication qui vais essayer de vous en dissuader ! Dans ce qui suit, je veux simplement mettre en garde les utilisateurs, ou futurs utilisateurs, du risque qu’ils prennent de devenir des drogués du net s’ils n’en modèrent pas l’usage. Les utilisations de la toile peuvent être regroupées en trois grandes catégories : • consultation et réalisation de sites web ; • téléchargement de logiciels, de musiques, de films... ; • messageries, forums, chats, jeux en réseau... Je vais passer en revue ces trois aspects de l’internet en essayant de mettre en évidence les risques d’abus auxquels on s’expose avec chacun d’entre eux. Tout d’abord la consultation et la réalisation de sites web. Le surfer errant Des liens successifs peuvent susciter de nouveaux intérêts qui éloignent du sujet de recherche initial et entraîner d’une manière aléatoire sur des pistes nouvelles. Le surfer entame une véritable errance sur la toile. Surfer sur la toile peut, en allant de lien en lien, susciter des intérêts successifs qui éloignent du sujet de recherche initial. Ainsi, on est entraîné d’une manière quasiment aléatoire sur des pistes nouvelles et l’on entame alors une véritable errance sur la toile. Pour un esprit curieux, cela peut être fructueux au niveau de sa culture générale, mais cela conduit à un temps de connexion de plus en plus long et sans pour cela donner l’information initialement désirée ! Accessoirement, la visite de sites web peut donner l’envie d’en réaliser un soi-même. Mais, dans certains cas, quelle source de temps passé devant l’ordinateur, avec le scanner, pour construire un site qui risque d’être peu ou quasiment pas consulté, faute de promotion de celui-ci : seuls quelques initiés s’y rendront avec un risque important de non retour... Les hackers Parmi les forçats du web, on trouve aussi les hackers, c’est-à-dire ceux qui essayent de pénétrer dans les parties confidentielles de sites protégés (banques, entreprises, administrations…). Dans ce qui précède, je m’étais tout d’abord intéressé à l’individu qui se limite à l’utilisation des ressources propres de son micro-ordinateur, puis à celui qui déborde en allant consulter des sites web, mais sans échanges avec d’autres. Je vais maintenant aborder très rapidement les messageries, les forums, les chats et les jeux en réseau…, tous ces produits qui nécessitent une mise en relation en temps réel ou différé de plusieurs personnes. ALS (séance du 11 mai 2003) 45 Les chats mettent en relation des gens qui ne se connaissent pas et qui souvent, sous le couvert de surnoms, restent des anonymes. Cela est souvent un moyen de s’exprimer très librement sans d’ailleurs se soucier de savoir si l’on a un réel interlocuteur : on émet des messages sans se préoccuper de l’impact qu’ils ont sur les destinataires potentiels. Ainsi, cette appartenance ponctuelle à un réseau peut donner l’illusion d’une communication avec les autres, alors qu’en réalité, on est quasiment isolé dans une foule impersonnelle. Mais qu’importe, on continue de jeter des anathèmes sur ses adversaires idéologiques, on persiste à encourager ceux qui partagent les mêmes points de vue, tout cela à la grande satisfaction des providers, c’est-à-dire les fournisseurs d’accès, qui engrangent des connexions qui durent des minutes, voire des heures ! Les anonymes «parlent» aux anonymes ! Les messageries pourraient donner plus l’illusion d’une communication, la correspondance s’effectuant entre des adresses précises puisque les participants au réseau, à défaut d’être réellement identifiés, sont définis. Mais, là encore, rien ne permet d’affirmer que les destinataires lisent leur courrier... Cela n’empêche pas d’écrire, ce qui contribue à une diffusion d’adresses. C’est ainsi qu’un jour, figurant sans le savoir sur des listes de diffusion, on se retrouve être le maillon d’une chaîne, le destinataire de pétitions à signer et que l’on s’étonne de voir sa boîte aux lettres envahie par des messages publicitaires, les spams, ... Mails et mailing C’est aussi, généralement par le biais de fichiers attachés, que l’on importe des virus. À leur sujet, on est parfois prévenu par des âmes charitables qu’il ne faut surtout pas ouvrir tel fichier infecté que l’on recevrait, message que l’on s’empresse de rediffuser à tous ceux que l’on a listé dans son carnet d’adresse et cela sans avoir vérifié l’existence réelle du virus en question ! C’est ainsi que se propagent des messages de fausses nouvelles, les hoax, qui contribuent à l’engorgement des boîtes aux lettres. Mais tout cela donne l’illusion de communiquer et fait vivre les providers. ALS (séance du 11 mai 2003) 46 La seule interaction réelle avec d’autres correspond aux jeux en réseau. En effet, grâce au web, on peut se trouver un ou des partenaires pour jouer aux échecs ou à d’autres jeux non solitaires. Nombreux sont les accros qui passent des heures devant leur micro-ordinateur pour télécharger le maximum de logiciels gratuits qu’ils peuvent trouver sur la toile et dont ils n’ont aucun besoin quand ils savent seulement à quoi ils peuvent servir ! Un téléchargement qui a beaucoup fait parler de lui est celui des musiques. Le développement de cette pratique a été tel qu’il a été nécessaire de fermer les serveurs (Napster…) pour protéger les auteurs-compositeurs et les éditeurs de CDrom. Aujourd’hui, on retrouve un engouement analogue pour les DivX. Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce produit, je rappelle que c’est un standard de compression (MPEG 4, .avi) permettant de faire tenir un film sur un CD ordinaire et de le reproduire autant de fois qu’on le désire à l’aide d’un simple graveur, à la différence du DVD qui lui n’est pas copiable. On rencontre de plus en plus de mordus qui se vantent d’avoir plusieurs centaines de films. Ce qu’ils oublient de préciser, c’est que très généralement ils n’ont pas le temps de les visionner et qu’il était donc inutile d’être particulièrement fier d’avoir ceux qui sortaient en salle au moment du téléchargement ! Il ne faut pas non plus oublier que tous ces jeux, consultations, téléchargements imposent de très nombreuses heures devant l’écran, au détriment du sommeil… Tout mon propos sur la micro-informatique a pu paraître très négatif. Je rappelle que mon intention initiale était de montrer que celle-ci pouvait être une véritable drogue. Il va de soi qu’utilisée avec modération et discernement, la micro-informatique peut apporter beaucoup de satisfaction et de confort à ses consommateurs. ALS (séance du 11 mai 2003) 47