Incohérence, déficit de leadership et stagnation…

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Incohérence, déficit de leadership et stagnation…
Hebdo
LE POINT TOUS LES WEEK-ENDS
Vendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010
103e année • un siècle d’information
www.lematinhaiti.com
No 34224
Reconstruction d’Haïti
ACTUALITÉ
René Préval réussira-t-il son
P3
pari électoral ?
par Patrick Réma
Mandat élargi du CEP :
L’opposition prise
au dépourvu
Prix de l’exemplaire : 25 gourdes
P5
par Jacques Desrosiers
PORTRAIT
Incohérence, déficit
de leadership et stagnation…
Le Sénat américain dénonce
(Page 2)
Ernst Erilus : l’homme
aux multiples réalisations !
P7
par Erilande Sully
ÉCONOMIE
Les bouchons monstres
tarissent les bourses des
ménages
P9
par Pierre Ricardo Placide
AGORA
Haïti, terre sans repos
P16
par Jean Métellus
SOCIÉTÉ
Les rendez-vous manqués
P17
par Nicolas Janvier
Coupe du monde : un mois
pour tout oublier
P19
par Jean Panel Fanfan
CULTURE
photo JJ Augustin
Coupe du monde : hymne
officiel en folie sur les ondes
P20
haïtiennes !
par Hudler Joseph
SPORT
« Regrouper à nouveau la
famille du basket-ball » P27
par Gérald Bordes
Le président haïtien René Préval est mis en cause dans le rapport de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain.
2 Actualité
Reconstruction d’Haïti
Incohérence, déficit de leadership
et stagnation…
Vendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010
No 34224
Haïti / Elections
L’Amérique monte le ton !
La multiplication des dossiers sur Haïti en provenance des
Etats-Unis, qui d’ailleurs exigent entre autres la restructuraLe Sénat américain dénonce
tion du Conseil électoral provisoire (CEP), donne du tournis à
l’Exécutif. Le rapport de la commission des Affaires étrangères
Si aucun progrès significatif n’est jusqu’à présent enregistré dans le processus de la reconstruc- du Sénat américain, rédigé sous la présidence d’un sénateur
tion d’Haïti, c’est le manque de leadership du président de la République qui en est la cause, se- démocrate, John Kerry, candidat malheureux à la présidenlon le tout dernier rapport du Sénat américain sur Haïti. Les Américains dénoncent le laxisme tielle de 2004, en dit long.
du gouvernement dans la mise en œuvre des programmes de développement et le déficit de communication qui caractérise les rapports de ce gouvernement avec la population haïtienne. Ils
eux rap- tion de tous les secteurs dans
soulignent également un manque de cohérence dans les actions des organisations internatioles prochaines élections qui
ports,
nales qui s’impliquent dans le dossier de la reconstruction d’Haïti.
doivent permettre non seuen
moins
d’un lement d’élire un président,
ans son fois, le Premier ministre Jean- sif pour la construction d’une
mois.
Le mais également de renouveler
dernier Max Bellerive a un point de société fonctionnelle, égale et
vue totalement différent. Ré- responsable. Le gouvernement
Congrès améri- le tiers du Sénat, la totalité de
rapcain suit de plus la Chambre des députés et les
port sur Haïti, pondant à ces critiques, il a haïtien doit embrasser la sopar Ladenson
en plus de près Collectivités territoriales.
la commission avancé que le gouvernement ciété civile, les organisations
Fleurival.
Rappelons que, dans son
le déroulement
des Relations travaille très dur dans les cou- non gouvernementales haïétrangères du lisses pour assurer la recons- tiennes et le secteur privé », re- du processus électoral, somme rapport en date du 10 juin
par Patrick
Sénat américain truction. Le chef du gouver- commande la commission des toute incertain, dans le pays. dernier, l’influent congressRéma
a, une nouvelle nement a renvoyé la balle aux Relations étrangères du Sénat Au fil des jours, le ton change man américain Richard G. Luet monte. Le dernier docu- gar de l’État d’Indiana, répufois, en moins deux semaines, législateurs américains, en américain.
Tous ces efforts doivent ment produit par la commis- blicain de son état et membre
épinglé l’administration Pré- qualifiant d’injuste leur posival/Bellerive. Mais ce coup- tion alors que le Sénat amé- aussi inclure des solutions sion des Affaires étrangères, de la commission des Affaires
ci, c’est le bureau du séna- ricain n’a pas encore approu- pour déplacer des personnes présidé par le sénateur de étrangères du Sénat américain
teur John Kerry, président de vé les fonds que la secrétaire sinistrées qui se trouvent ac- Massachussetts, John F. Kerry, , avait plaidé pour l’implication du parti de l’ex-président
cette commission, qui s’en est d’État Hillary Rodham Clin- tuellement dans des camps de semble en témoigner.
Publié le 22 juin 2010, le Jean-Bertrand Aristide, Fanchargé. Publié en début de se- ton a promis à Haïti lors de la fortune. « Les Haïtiens, plus
maine, ce rapport dénonce un conférence des donateurs en longtemps qu’ils continuent à rapport recommande notam- mi Lavalas, aux prochaines
vivre dans des camps de for- ment l’organisation d’élections compétitions électorales. « Le
certain laxisme du gouverne- mars dernier.
tune, plus difficile on pourra honnêtes et transparentes, gouvernement doit faire tout
ment à démarrer le processus
les réintégrer et démonter ces avec un CEP crédible. Nulle son possible pour permettre à
de la reconstruction du pays, Les sénateurs propocamps », souligne le rapport. part dans le texte, on n’a fait Fanmi lavalas de prendre part
cinq mois après le tremble- sent aussi des pistes
« Si ces camps ne sont pas mention de la loi prorogeant aux prochaines élections »,
ment de terre du 12 janvier. d’intervention
Les enquêtes sur le terrain réPréoccupations et inquié- confrontés à de graves actes le mandat du chef de l’État au pouvait-on y lire en substance.
Par ailleurs, le quotidien
vèlent une stagnation dans les tudes imprègnent le rapport d’insécurité, c’est parce que 14 mai 2011, au cas où il n’y
conditions de vie de la popu- des sénateurs américains. Ils se leurs occupants gardent l’es- aurait pas d’élections avant le américain, le Miami Herald,
lation sinistrée, malgré le dé- montrent conscients des diffi- poir dans un avenir meilleur. 7 février 2011. Par ailleurs, la qui rapporte, dans une de ses
but de la saison cyclonique et cultés auxquelles le gouverne- Et cet espoir se dissipe, et que commission sénatoriale a in- éditions, les propos tenus par
des ouragans.
ment fait face après la destruc- le désespoir survient, il faut sisté sur le fait qu’il y ait un un sénateur républicain, afD’après ce rapport co- si- tion des infrastructures du s’attendre à une situation d’in- président élu pour succéder firme : « Les Républicains et
gné par 20 sénateurs améri- pays et la perte de nombreux sécurité qui sera très difficile à à René Préval le 7 février de les Démocrates peuvent être
cains, cet état de fait résulte cadres pendant le séisme ; gérer », préviennent les séna- l’année prochaine. Plus loin, le en désaccord sur beaucoup
texte parle de préférence d’un de questions liées à la polid’un manque de leadership mais ils croient nécessaire que teurs.
D’un autre côté, les séna- CEP structuré. Hormis le par- tique des États-Unis vis-à-vis
du président de la République, tout soit fait pour rassurer les
René Préval. Depuis le 12 jan- Haïtiens que la reconstruction teurs américains estiment né- ti INITE, proche du pouvoir d’Haïti. Cependant ils s’entenvier, la capacité du chef de d’Haïti n’est pas un vœu pieux. cessaire que les donateurs en place, la classe politique dent sur l’importance d’avoir
l’État à prendre des initiatives De même, ils estiment que les parlent d’une même voix et haïtienne dans son ensemble des élections justes, transpaa été mise en doute. Ce rap- donateurs ont besoin d’un in- améliorent la coordination de exige le renvoi de l’institution rentes et libres en novembre
port ne vient donc qu’ajouter terlocuteur viable, capable de leurs actions en faveur d’Haïti. électorale, présidée par Gaillot prochain dans le pays ». Selon des informations publiées
aux tonnes de critiques dont piloter convenablement les ac- « Il y a trop de fragmentations Dorsainvil.
L’Administration publique par la presse, des diplomates
est la cible René Préval depuis tivités de reconstruction. Pour dans la communauté des dole séisme, critiques qu’expli- cela, la fonction publique haï- nateurs et trop de désaccords américaine craint qu’un éven- étrangers auraient rencontré
queraient les réponses inadé- tienne doit être reconstruite. « », note le rapport, en mention- tuel boycott, par l’opposi- le président Préval le jeudi 17
quates apportées aux besoins Presque tous les bâtiments des nant que le président Préval tion politique, des prochaines juin dernier, l’invitant à apde la population victime.
ministères ont été endomma- reçoit des messages contra- joutes n’engendre une grave porter quelques modifications
En effet, pas grand-chose gés ou détruits en raison de dictoires sur des questions crise sociale en Haïti, déjà en dans l’actuel Conseil électoral,
n’a changé depuis le séisme. leur proximité à l’épicentre du importantes, menant ainsi à proie aux problèmes post- en panne de crédibilité.
Le déplacement de la popula- tremblement de terre, tuant la confusion. Sur ce point, les séisme. La commission des
tion sinistrée dans des camps un nombre énorme de fonc- législateurs américains appel- Affaires étrangères du Sénat Absence de leadership
aménagés à cet effet est stoppé tionnaires et brisant la co- lent la communauté des dona- américain prône la participaLe comité rédacteur du
en cours de route. Ce qui fait lonne vertébrale du gouverne- teurs a parlé d’une voix unifiée
qu’un des premiers objectifs ment haïtien », lit-on dans le et cohérente pour représenter
que s’était fixés le gouverne- rapport qui recommande que ses intérêts et prendre des dément, à savoir le déplacement la stabilisation du secteur pu- cisions nécessaires pour faire
avancer le processus. Plusieurs
des sinistrés, n’a justement blic soit une priorité.
pas été atteint. Les places puLa reconstruction ne doit reconnaissent que le Reprébliques, certaines rues de la pas être seulement l’affaire du sentant spécial de l’Onu, l’ancapitale, certains terrains pri- gouvernement. Sur ce point, cien président Bill Clinton,
vés sont toujours bondés le Sénat américain est ferme. peut être dans la meilleure pode tentes de fortune pour la Tandis que plusieurs comp- sition pour assumer ce rôle. Ils
plupart. Et que dire des dé- tent sur le gouvernement pour avancent que la Commission
combres des bâtiments effon- fournir des conseils et la direc- intérimaire pour la reconsdrés ! Ils occupent toujours les tion pour la reconstruction, il truction d’Haïti (CIRH) rechaussées.
est également important que présente peut-être la meilleure
Un tel tableau, selon plu- la société civile haïtienne et perspective du pays en ce sens.
Les dés sont donc jetés. Au
sieurs leaders d’organisations d’autres acteurs de la société
sociales, justifie parfaitement mettent les mains à la pâte. « gouvernement d’assumer ses
bien la préoccupation des sé- La reconstruction du pays ne responsabilités.
nateurs américains quant à la devrait pas être politisée, mais
[email protected]
reconstruction d’Haïti. Toute- devrait être un processus inclu-
D
D
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Actualité 3
Vendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010
rapport a produit son rapport,
après des visites en Haïti et des
interviews réalisées avec des
personnes intéressées. Il critique le manque de leadership
du président de la République
après la catastrophe du 12 janvier dernier. Le retard dans
la publication de l’arrêté présidentiel donnant aux actuels
membres du CEP mandat d’organiser la prochaine présidentielle au cas où il n’y aurait pas
de remaniement, le retard dans
la fixation d’une date pour la
réalisation de ces joutes, semblent motiver l’allure du rapport de la commission qui renforce les conclusions de celui
du sénateur Lugar, publié 12
jours avant.
Entretemps, la communauté internationale s’impatiente
des nombreux ajournements
dans le processus électoral.
L’éventualité d’une crise politique au-delà du 7 février 2011
est à redouter. « Si des élections ne seront pas réalisées
avant la fin du mandat du président Préval, Haïti peut être
confrontée à un vide institutionnel… Le pays n’a pas besoin d’ajouter une crise politique à celle occasionnée par
le tragique tremblement de
terre du 12 janvier qui a causé
près de 300 000 morts », lit-on
dans le document.
La commission note le refus systématique du président
de porter des changements au
sein du CEP, alors que c’est une
condition posée par l’opposition politique pour prendre
part aux prochaines joutes. La
crédibilité du CEP est essentielle pour éviter un boycott ou
une crise politique.
La commission prévient
que toute crise politique pourrait constituer un obstacle aux
efforts du gouvernement américain pour aider Haïti à sortir de l’état lamentable où elle
se trouve après le 12 janvier.
Politique
René Préval réussira-t-il son pari électoral ?
Les prochaines élections auront donc lieu le 28 novembre, et c’est bien le Conseil électoral provisoire (CEP) en place qui sera
chargé de son organisation. En publiant l’arrêté présidentiel convoquant le peuple en ces comices, René Préval donne son appui
à l’actuel Conseil électoral provisoire, que l’opposition et la société civile haïtienne ne jugent pas apte à organiser des élections
crédibles et démocratiques.
I
l est une évidence que la
volonté du président de
la République à réaliser
les prochaines élections avec
l’actuel Conseil électoral est
inébranlable. D’ailleurs le mépris affiché vis-à-vis des secteurs réclamant la destitution
des membres de ce conseil
est un signe de son obstination à voir les collègues de
Gaillot Dorsainvil, contestés
depuis leur désignation, s’occuper du processus électoral.
Certains soutiennent que, par
cette attitude, le chef de l’Etat
veut assurer sa mainmise sur
ce processus et ainsi garantir l’élection d’un ses proches à
la présidence. De ces accusations, René Préval fait peu de
cas. La date du 28 novembre
est officiellement fixée pour
l’organisation des élections
dans l’arrêté présidentiel publié ce week-end.
Avec la publication de cet
arrêté, c’est la consécration
définitive du CEP de Gaillot
Dorsainvil. D’ailleurs, avant
même l’arrêté présidentiel, le
Conseil électoral provisoire
(CEP) avait déjà mis le cap
sur l’organisation des prochaines compétitions électorales. Selon un projet de budget soumis à l’Exécutif, les
élections générales fixées au
28 novembre 2010 coûteront
environ 38 millions de dollars. Gaillot Dorsainvil avait
annoncé, pour la fin du mois
en cours, la mise en branle de
la machine électorale. Il disait
attendre les réactions de l’Exécutif sur le calendrier afin
d’engager des discussions avec
les autres acteurs concernés.
Un grand pas est enregistré dans le processus électoral,
mais toujours selon l’agenda
du chef de l’État. Ce qui doit
faire grincer les dents aux responsables politiques de l’opposition qui ne sont jusqu’à
présent pas arrivés à obtenir
la destitution du Conseil électoral provisoire. La pression
du béton n’a donc pas dissuadé René Préval, ni même
les appels du Sénat américain
qui plaide pour le remanie-
ment de l’appareil électoral.
Encore moins la proposition
faite par la Société civile d’un
CEP formé sur le modèle de
celui de 1987, avec en plus
un Directeur exécutif. Sur la
base d’une telle proposition,
le CEP serait constitué de représentants de l’Exécutif, de
la Conférence épiscopale, de
la Fédération protestante, de
la Cour de Cassation, du secteur des droits humains, du
Conseil de l’université d’Etat
et de l’Association des journalistes haïtiens.
Donc la machine électorale
suit son cours sans les changements souhaités. L’ambassadeur français accrédité en
Haïti, Didier Lebret, qui commentait la situation électorale,
estime normales les contestations observées lors des élections en Haïti. « Même aux
Etats-Unis, souligne-t-il, des
contestations électorales ont
duré plusieurs mois ; il n’y a
pas d’élections parfaites ». Selon le diplomate, le mieux,
c’est d’éviter le boycott qui
ne profitera à personne. « Le
boycott compromet la légitimité du président élu et entrave la vie politique dans tout
pays », a-t-il dit.
Didier Lebret invite les autorités haïtiennes à donner des
garanties aux partis de l’opposition ainsi que des moyens
nécessaires à leur campagne
électorale. « Que l’État haïtien
prenne le plus grand soin de
leur demande légitime, leur
accès aux medias, leur représentation dans les bureaux de
vote pour observer le processus électoral », recommande
Didier Lebret, affirmant que
la France est prête à répondre
à tous les besoins liés à l’assistance technique en matière
électorale.
Le diplomate s’est cependant abstenu de faire le point
sur la remise en question de
la crédibilité du Conseil électoral provisoire. « C’est pas
dans notre intérêt », s’est-il
excusé.
[email protected]
La société civile propose, à René Préval de disposer…
Plusieurs organisations de la société civile, notamment le Conseil national des acteurs haïtiens non étatiques (Conahne), l’Initiative de la société civile (ISC) ont rendu publique, lundi, une proposition devant permettre la réalisation d’élections honnêtes,
crédibles et démocratiques dans le pays avant la fin de l’année 2010.
ormer le ciété civile intervient à un la matière, ainsi qu’une force une tâche de Conseil d’admimoment où l’opposition poli- de caractère et une personna- nistration et ne pourront pas
Conseil
tique semble s’essouffler dans lité devant leur permettre de occuper une fonction dans la
électoral provisoire les différentes mobilisations garantir, en tout temps, leur machine électorale.
De nombreux scandales
(CEP) sur le entreprises pour obtenir le indépendance vis-à-vis des
modèle de celui départ en bloc des conseillers autorités et des acteurs poli- ont éclaboussé l’image du
CEP en fonction ; les manide 1987, avec électoraux et une hypothé- tiques.
par Lionel
Edouard
Cette proposition est ac- festations de rue expriment
en plus un di- tique démission du chef de
cueillie favorablement par toute la méfiance et l’hostirecteur exécutif, voilà le fil l’État René Préval.
La formule, proposée par certains leaders de l’opposi- lité de l’opposition politique
conducteur de cette [email protected] sition. L’initiative de la so- les organisations de la société tion. C’est le cas de Myrlande vis-à-vis de l’appareil électocivile, n’était valable, dit-on, Manigat du Rassemblement ral. Pour Rosny Desroches de
que pour la conjoncture de des démocrates nationaux l’ISC, la démarche des orga1987 et le gouvernement mi- progressistes (RDNP). Ce- nisations de la société civile
litaire de Henry Namphy. Se- pendant Mme Manigat a trouve justement son justifilon le document, un nouveau tenu à préciser que cette for- catif dans le fait que l’actuel
CEP reconstitué à 80% de- mule insérée dans les dis- CEP est décrié. Aucun acteur
vrait remplacer l’actuel. Sept positions transitoires de la politique ne croit ce conseil
des neuf secteurs désignés par Constitution de 1987 n’a plus capable d’organiser des élecles dispositions transitoires aucune valeur légale, car ca- tions crédibles. M. Desroches
souhaite que la classe polide la Constitution de 1987 y duque.
La dissolution du CEP de tique, notamment le pouvoir
délégueraient des membres. Il
s’agit de : l’Exécutif, la Confé- Gaillot Dorsainvil, de l’avis de en place, prenne en compte
rence épiscopale, les Organi- plus d’un, ne garantit en rien cette proposition afin d’évisations de droits humains, le la tenue de bonnes élections. ter que soit gaspillé l’argent
Conseil de l’université et l’As- C’est dans cette optique que que la communauté internasociation des journalistes haï- la proposition de la Socié- tionale projette de débloquer
tiens. La dernière place est té civile est intéressante. Elle pour l’organisation des élecest de nature à permettre le tions.
laissée au secteur vaudou.
L’adhésion totale de la
Il faut noter également que divorce d’avec une tradition
cette proposition tient compte vieille de plus de vingt ans. Le classe politique à cette noudes critères de sélection des chef de l’État n’a plus à choisir velle proposition de la société
conseillers électoraux. Les les conseillers électoraux. Ce civile, mettrait, dit-on, René
dirigeants de la Société ci- qui diminuerait son emprise Préval au pied du mur.
vile exigent la transparence. sur l’appareil électoral. De
[email protected]
Les sélectionnés doivent avoir plus, les conseillers électoraux
une certaine compétence en seront uniquement astreints à
F
4 Actualité
Vendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010
anciennes pratiques prédatrices de l’opposition ». « Il
est temps, dit-il, de divorcer d’avec le discours ‘je suis
L’opposition n’arrive pas à mobiliser l’opinion publique contre René Préval. A l’approche des mieux que toi, je peux faire
élections, les citoyens paraissent peu emballés et boudent la mobilisation antigouvernementale mieux’, sans rien proposer ».
lancée depuis plus d’un mois.
Opposition / mobilisation :
Double jeu ou incapacité ?
Que veut vraiment
l’opposition !
Quelques manifestants anti-CEP dans les rues de Port-au-Prince. (photo Marc Régis)
L
e mouvement enclenché
par l’opposition politique haïtienne, depuis
le début du mois de mai, pour
obtenir le départ du chef de
l’État et des conseillers électoraux semble s’essouffler. Déjà
loin, la grande foule des premiers jours de mobilisation.
Malgré un bilan contrasté
et contesté, René Préval est
confortable. L’opposition ne
propose pas mieux. Sans chef
de file confirmé, elle se débat dans une crise identitaire
et stratégique stérile. L’apport
quantitatif plus que considérable de Fanmi Lavalas, qui
continue d’alimenter les mobilisations, ne change en rien
la situation.
Selon les observateurs,
l’opposition a raté, après le
séisme du 12 janvier, l’occasion de marquer les esprits.
Elle n’a jamais su contraindre
le chef de l’État à la table des
négociations pour participer
dans l’élaboration du projet
de reconstruction du pays.
Les faibles capacités de mobilisation constatées du côté de
l’opposition et un manque de
leadership apparent ont longtemps fait office d’argument
dans les milieux du pouvoir
pour justifier la mise à l’écart
de cette opposition. « Pour
être une force de proposition, il faut avoir deux choses
: la force et les propositions
», avancent certains analystes
politiques. Les démarches entreprises contre René Préval,
depuis le début du mois de
mai, sont caractérisées par un
problème d’identité sérieuse,
voire de paternité. Aucun leader n’incarne ce mouvement.
Et la défection de certains
fleurons de l’opposition n’est
pas pour arranger les choses.
D’autres éléments font également obstacles à la réussite
de ce mouvement. La Coupe
du monde de Football et la
période des fêtes champêtres,
qui débute le 24 juin avec la
St Jean, vont réduire considérablement la participation populaire aux rassemblements
convoqués par l’opposition. «
Il y a des moments qui se prêtent plus à ces genres de mouvement que d’autres», avance
le politologue Gracien Jean.
A l’heure où la reconstruction du pays focalise l’attention, tant de la communauté
nationale qu’internationale,
l’homme politique estime que
le spectacle offert par les acteurs de l’opposition est hideux. Cette démarche, fait-il
remarquer, s’apparente « aux
Éducation/Examens d’État
Faire en sorte que tout se passe bien !
Les responsables du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle(Menfp)
ont retenu la semaine du 30 juin pour les examens de la 6e année fondamentale. Une session
spéciale est prévue pour le bac permanent. Mais ces examens ne concernent que les départements non affectés par le séisme du 12 janvier dernier. Au-delà se profile le casse-tête qu’ils doivent résoudre quand viendra le tour des départements touchés par le séisme.
L
a situation est
loin d’être
réjouissante.
Si un nombre
considérable
d’écoliers a pu
par Jean Panel réintégrer
les
Fanfan
salles de classe,
un autre groupe, tout aussi important, a tout simplement dit adieu à cette année
scolaire. Leurs écoles n’ont pu
être déblayées et les parents
n’ont pas d’argent. Ceux qui
sont retournés à l’école ont
grand espoir de subir les examens d’État dans trois mois.
Beaucoup de syndicats d’enseignants et de parents ont
dénoncé cet état de fait, mais
qu’à cela ne tienne. Il fallait
tout de même renvoyer les
enfants à l’école, ont répondu
les autorités. Une autre raison
évoquée : sortir les enfants de
l’inaction continue afin qu’ils
cessent de penser au séisme et
tournent la page.
Les examens officiels dans
les départements affectés par
le tremblement de terre, sa-
voir l’Ouest, les Nippes, le
Sud’Est, sont prévus au milieu du mois d’août. Certains
problèmes restent encore à
être résolus. Pratiquement,
toutes les écoles, qui servaient
de centre d’examens et qui
pouvaient accueillir un grand
nombre de candidats, ont
été détruites. Sur ces espaces
étendus, des constructions
en bois ont été érigées, mais
le nombre est assez restreint
comparativement aux années
d’avant le séisme. « Nous envisageons d’utiliser dans cette
Depuis quelque temps,
l’opposition a appris à se
contenter des miettes. Au lieu
de s’unir autour d’un idéal
commun en vue de conquérir
le pouvoir, elle se contente de
faire pression et de négocier
pour occuper des fonctions
dans le gouvernement (le partage du gâteau). De l’avis de
plusieurs observateurs dont
Gracien Jean, les objectifs du
mouvement de l’opposition
ne sont pas clairement exprimés. Comme à l’accoutumée,
quelle que soit l’ampleur de
leur contestation, les principaux leaders de l’opposition
viennent toujours à la rencontre de l’Exécutif, à la table
des négociations.
La dissonance observée
dans le mouvement rend
l’opposition impuissante et
confirme de plus en plus les
velléités sectaires des partis
politiques. Les groupes engagés n’arrivent pas à trouver la bonne formule pour
faire avancer cette mobilisation qui s’enlise dans la stagnation. Chacun tente d’imposer ses propres doléances.
Pour certains, le chef de l’État
représente le véritable problème ; pour d’autres groupes,
il s’agit du CEP, et, pour un
dernier groupe, ce sont les
deux. Chaque leader nourrit
ses rêves d’accéder à la présidence lors des prochaines
joutes. Aucun projet de société, fait remarquer Gracien
Jean, ne les unit. Aucun leadership devant permettre au
mouvement d’aboutir n’a été
dégagé.
Le jeu de l’usure
En réclamant à la fois le
départ du CEP et du chef de
l’État, les partis engagés dans
la mobilisation antigouvernementale paraissent ne pas
maitriser la réalité électorale
du pays. Gracien Jean explique que le chef de l’État
perspective les abris que nous
avons construits pour des établissements », explique Grégory Telfort, l’un des responsables de l’Enseignement
secondaire au Menfp. Sous les
tentes, la situation sera intenable, car les mois de juillet
et d’août seront très chauds
selon les prévisions météorologiques. Il faudra donc trouver des solutions alternatives
pour atténuer la chaleur.
Un jeune élève de la Rhéto se montre assez impatient,
mais aussi un peu anxieux
pour les trois mois à venir.
No 34224
est le seul capable légalement
d’opérer des changements et/
ou de former un nouveau
CEP. En exigeant son départ,
cette tâche reviendra donc
à un président provisoire,
ajoute-t-il. Toutefois, un problème majeur se pose. Pour la
communauté internationale,
présente en Haïti à travers la
mission onusienne, et toutes
les autres entités qui œuvrent
depuis six ans pour la « stabilisation » d’Haïti, ce serait un
cuisant échec. Un retour à la
case de départ serait donc une
gifle pour l’Onu et ses principes démocratiques.
À l’heure où la communauté internationale, notamment
les Etats-Unis via le Congrès,
réclame des élections avant
la fin de l’année, René Préval
n’a qu’un choix, celui de négocier et d’effectuer des changements dans l’appareil électoral. Cependant, pour Gracien
Jean, il fait tarder l’échéance,
il pratique le jeu de l’usure,
une manière d’affaiblir un peu
plus l’opposition et de faire
éclater le mouvement. « A
l’arrivée, à l’approche des élections, aucun parti de l’opposition ne sera prêt alors que
le sien le sera et gagnera les
élections », analyse Gracien
Jean.
La
démission
des
conseillers électoraux ne
peut en rien garantir la tenue
d’élections crédibles, honnêtes
et démocratiques dans le
pays. « Les élections sont une
affaire technique. La direction
générale, celles des opérations
et de tabulation du CEPsont
les principaux acteurs qui les
réalisent ». Pour corriger les
erreurs, avance Gracien Jean,
les contestataires devraient
également se pencher sur l’aspect technique des élections,
d’autant que les conseillers
électoraux n’ont qu’une fonction administrative. Avec les
frictions entre les principaux
éléments de la classe politique, l’opposition perpétue
les pratiques d’avant 2004.
Depuis près de dix ans, elle ne
progresse en rien et esquisse
les mêmes perspectives. Elle
s’enlise.
[email protected]
« Je ne sais pas si dans mon
école nous verrons tout le
programme. Mais, pour l’instant, ce n’est pas le cas et nous
n’aimerions pas être victimes
de cette situation », craintil. Toutefois, il se dit confiant
dans les promesses des responsables faisant état d’un
bac allégé.
En attendant, cap sur
les examens
Les épreuves de la 6e année
fondamentale se dérouleront
les 30 juin et 1er juillet
(suite page 6)
No 34224
Actualité 5
Vendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010
Élargissement du mandat du CEP
L’opposition prise
au dépourvu
Les partis politiques de l’opposition s’apprêtaient à s’aligner
derrière la proposition d’un groupe d’organisations de la Société civile, quand le président René Préval a publié, le vendredi
24 juin, l’arrêté élargissant le mandat de l’actuel Conseil électoral provisoire (CEP), organe en déficit de crédibilité depuis
l’affaire du conseiller Jean Enel Désir. Une décision qui choque.
L
undi 21
juin 2010,
une quinzaine d’organisations de la société civile ont
proposé le renpar Jacques
Desrosiers
voi de l’actuel
Conseil électoral provisoire et son remplacement selon la formule prévue dans l’article 289 de la
Constitution. Selon cette formule, le nouveau CEP devrait
être constitué, entre autres,
des représentants de l’Exécutif, de la Cour de cassation, de
la Conférence épiscopale, de
la Fédération protestante, du
Conseil de l’Université d’État
d’Haïti, de l’Association des
journalistes.
L’arrêté présidentiel publié, le jeudi 24 juin, met fin
aux débats et tractations politiques relatives à cette proposition de la société civile.
Il donne à l’actuel Conseil
électoral provisoire mandat
d’organiser l’élection présidentielle, les élections pour
le renouvellement du tiers du
Sénat, celles pour une nouvelle Chambre des députés et
les élections locales. Le CEP
aura à organiser des joutes
pour tout poste vacant au Sénat.
Le pouvoir de l’actuel
Conseil électoral provisoire
s’étend
jusqu’à l’organisation des élections indirectes.
« Le mandat des membres du
Conseil électoral provisoire
prendra fin avec l’épuisement
de la mission définie à l’article
1er du présent arrêté », lit-on
dans l’article 2.
Rosny Desroches n’a pas
tardé à réagir. Pour lui, le chef
de l’État a commis une très
grave erreur en publiant cet
arrêté. Desroches prévient
contre les turbulences politiques à venir. Il invite le président René Préval à revenir
sur cet arrêté.
Au niveau des partis et regroupements politiques de
l’opposition, c’est la concertation. C’est le cas par exemple
de la Plateforme des patriotes
haïtiens (Plaph) qui devait se
réunir le samedi 26 juin en
vue de définir une position et
une stratégie.
Le chef de l’État aurait profité de l’accalmie constatée
avec la fièvre de la Coupe
(suite page 6)
RÉPUBLIQUE D’HAÏTI
LIBERTÉ EGALITE FRATERNITÉ
ARRÊTÉ
RENE PREVAL
PRÉSIDENT
VU les articles 11, 12-1, 15, 16, 16-1, 16-2, 17,28,31,311,31-2,31-3,52-1,52-2,58,59,59-1, 88, 89, 90, 90-1, 91, 92, 94,
94-1, 94-2, 95, 95-3, 96, 130, 132, 133, 134, 134-1, 134-2, 1343, 135, 136, et 191 de la Constitution;
Vu la Loi Électorale du 9 juillet 2008;
Vu l’Arrêté du 18 janvier 2008 établissant les règlements
généraux du Conseil Électoral Provisoire ;
Vu l’Arrêté du 16 octobre 2009 nommant les Membres du
Conseil Électoral Provisoire; Considérant qu’il y a lieu d’organiser les élections du Président de la République, du tiers
du Sénat, des Députés, des Conseils Municipaux, des Conseils
d’Administration des Sections Communales, des Assemblées
des Sections Communales et des Délégués de Ville;
Considérant qu’il y a. lieu d’organiser les élections pour
tout autre poste vacant au Sénat de la République ;
Considérant qu’il convient également d’organiser les
élections des Membres des Assemblées Municipales, des
Membres des Assemblées Départementales, des Membres des
Conseils Départementaux et des Membres du Conseil Interdépartemental;
Considérant qu’il y a lieu, à cet effet, de modifier le mandat du Conseil Électoral Provisoire formé le 16 octobre 2009 ;
Sur le rapport du Ministre de l’Intérieur et des Collectivités
Territoriales, du Ministre de l’Économie et des Finances, du
Ministre de la Justice et de la Sécurité Publique, et après délibération en Conseil des Ministres,
Haïti/élections
Préval étend le pouvoir du CEP !
Les pressions de la communauté internationale conjuguées aux contestations de l’opposition
politique n’ont pu dissuader le président René Préval de confirmer les membres de l’actuel
Conseil électoral provisoire (CEP) à leur poste dans la perspective des élections générales à la
fin de l’année.
oin de remanier l’institution électorale, pourtant
décriée par l’ensemble des
partis politiques de l’opposition
et des secteurs de la société civile, le chef de l’État a étendu les
pouvoirs de l’équipe dirigée par
Gaillot Dorsainvil en lui donnant mandat d’organiser la présidentielle de la fin de l’année.
Longtemps en discussion
dans les milieux politiques haïtiens, la date du 28 novembre a
été officiellement retenue pour
la réalisation des scrutins.
Cet arrêté de 3 articles, publié le 24 juin dernier, autorise l’actuel CEP à : « organiser
Gaillot Dorsainvil, le président du CEP.
les élections du président de la
République, du tiers du Sénat, à l’organisation et au fonction- tés techniques, notamment à
des Députés, des Conseils mu- nement des Collectivités terri- Port-au-Prince où les centres
de votes ont été détruits par le
nicipaux, des Conseils d’admi- toriales. »
Ce document est publié séisme du 12 janvier dernier et
nistration des Sections communales, des Assemblées des dans un contexte particulière- où la population vit dans la rue.
sections communales, des Dé- ment troublé. Depuis plus de D’autre part, le déplacement de
légués de ville ; d’organiser des deux mois, des manifestations la population vers d’autres réélections pour tout autre poste populaires anti-gouvernemen- gions du pays complique davacant au Sénat de la Répu- tales se sont étendues à travers vantage la tâche de réaliser des
les rues de la capitale et dans les listes électorales définitives.
blique ».
D’autre part, en cas d’un
L’article premier de l’arrêté villes de province. Le renvoi de
indique : « Le Conseil électoral l’actuel CEP constituait la prin- éventuel boycott des scrutins
provisoire a pour mandat d’or- cipale revendication des acteurs par l’opposition politique, les
ganiser les élections indirectes politiques qui guidaient les dé- nouveaux élus feront face à
des membres des Assemblées bats. L’arrêté du 24 juin vient un déficit de crédibilité et l’on
municipales, des Assemblées comme une douche froide pour craint que la crise post électodépartementales, des membres les opposants politiques et des rale de 2001 ne se reproduise.
En tout cas, dans cinq mois,
des Conseils départementaux membres de la société civile
et des membres du Conseil in- qui venaient de soumettre une les électeurs seront appelés à
terdépartemental. Ces élections proposition de formation d’un élire un président de la République, 12 sénateurs, 99 dépuseront programmées en tenant nouvel organisme électoral.
Par ailleurs, le CEP doit s’at- tés...
compte de l’établissement par le
Parlement du cadre légal relatif tendre à de grandes [email protected]
L
ARRÊTE
Article 1.Le Conseil Électoral Provisoire a pour mandat de :
Organiser les élections du
Président de la République, du
tiers du Sénat, des Députés,
des Conseils Municipaux, des
Conseils d’Administration des
Sections Communales, des Assemblées des Sections Communales, des Délégués de Ville;
Organiser les élections pour
tout autre poste vacant au Sénat
de la République ;
Organiser les élections in-
directes des Membres des Assemblées Municipales, des
Membres des Assemblées Départementales, des Membres
des Conseils Départementaux
et des Membres du Conseil Interdépartemental. Ces élections
seront programmées en tenant
compte de l’établissement par le
Parlement du cadre légal relatif
à l’organisation et au fonctionnement des collectivités territoriales.
Article 2.e mandat des membres du
Conseil Électoral Provisoire
prendra fin avec l’épuisement
de la mission définie à l’article 1
er du présent Arrêté.
Article 3.Le présent Arrêté sera publié et exécuté à la diligence
des Ministres de l’Intérieur et
des Collectivités Territoriales,
de l’Économie et des Finances,
de la Justice et de la Sécurité
Publique, chacun en ce qui le
concerne.
Donné au Palais National, à
Port-au-Prince, le 24 juin 2010,
An 207ème de l’Indépendance.
6 Actualité
Vendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010
No 34224
Les chroniqueurs sportifs : ces faiseurs d’opinions !
À Port-au-Prince, la couverture de la Coupe du monde de football a la priorité dans la programmation des radios et télévisions. Les activités sociopolitiques, la
question de la reconstruction du pays sont carrément reléguées au second plan. L’œuvre des chroniqueurs ?
L
a retransmission
de
cette 19e édition de la
phase finale de la Coupe
du monde de football n’a pas
connu de restriction cette année en Haïti. C’est d’autant
plus surprenant que cet événement se déroule quelque
mois seulement après la catastrophe du 12 janvier, tandis que le peuple haïtien vit
encore les conséquences douloureuses du séisme, manifestant très peu d’intérêt pour
les débats qui se font autour
de la reconstruction d’Haïti.
Quasiment tous les medias haïtiens assurent la retransmission de la Coupe
du monde 2010. Cette large
couverture médiatique de la
plus grande fête sportive de la
planète a chambardé la programmation des stations de
radio et chaines de télévision
qui s’y consacrent sans mesure. Pendant les premiers
dix jours du déroulement
de l’événement, qui ont vu
certaines équipes s’affronter
à 6 heures am (heure d’Haiti), on ne parle que de football du matin au soir dans les
stations hertziennes du pays.
Tantôt c’est la retransmission
d’un match, tantôt des filmdocumentaires sur le foot,
tantôt la diffusion des vidéos
clips y relatives, tantôt la reprise d’un match. Les émissions à caractère social, éducatif, politique ont dû céder la
place. Le foot semble occuper
l’attention de tous.
Comme d’habitude, des
analystes connus comme références dans les milieux sportifs (Patrice Dumont, Kesner
Pharel et Jean Pierre Etienne
pour la TNH ; Philippe Vorbe
pour Radio Télé Caraïbe ;
Berman Gay pour Radio Télé
Galaxie, entre autres), assurent la retransmission du
Mondial FIFA Afrique 2010
avec professionnalisme pour
le plaisir des auditeurs/téléspectateurs.
Néanmoins, le contenu
des messages, véhiculés par
certains chroniqueurs sportifs des medias les plus populaires, s’avère en général très
peu instructif. Les slogans et
expressions, souvent vides de
sens et grivois, qui se propagent à travers certains medias de la capitale semblent
avoir un impact considérable sur la population haïtienne réveillée de sa léthargie pour célébrer cette Coupe
du monde.
On a bien noté ce fait lors
de la rencontre mettant aux
prises les Oliverde à la formation ivoirienne, le 20 juin
dernier. La fièvre du mondial
s’est emparée des fans haïtiens du Brésil. En effet, tout
au long du déroulement de ce
match, toutes les activités ont
été suspendues, les rues devenant désertes. Dès le coup
de sifflet final, les fans du Brésil ont regagné les rues et rendu la circulation impossible,
L’opposition prise au dépourvu
(suite de la page 5)
du monde de football, dans
les mouvements anti-gouvernementaux, pour publier cet
arrêté.
Le Conseil électoral provisoire, en plus d’être décrié par
les partis politiques de l’opposition et des organisations
de la société civile , est sous
enquête de l’Unité de lutte
contre la corruption (ULCC).
Sur demande du commissaire
de gouvernement près le Tribunal de première instance
de Port-au-Prince, l’ULCC
conduit une investigation sur
des cas de corruption qui divisent les conseillers électoraux, particulièrement sur le
cas du représentant de l’Église
catholique au sein du CEP,
Jean Enel Désir, accusé de
confiscation de chèques d’un
employé.
Dans l’état actuel des
choses, seuls Edmond Mulet,
chef civil de la Minustah, et
le président René Préval, ont
confiance en la capacité de
l’actuel Conseil électoral provisoire (CEP) d’organiser les
prochaines élections, en dépit des soupçons et des accusations dont sont l’objet les
conseillers électoraux. L’arrêté présidentiel est publié le
jour même (le jeudi 24 juin)
d’une réunion entre le président René Préval et Edmond
Mulet, des représentants de
l’Organisation des Etats américains (OEA), du Brésil, de la
Caricom, autour du processus
électoral.
Faire en sorte que tout...
et ceux de la 9e année fondamentale du 6 au 8 juillet.
Les élèves déplacés sont automatiquement intégrés dans
le département de leurs nouveaux établissements. Pour
Grégory Telfort, tout est fin
prêt pour le déroulement des
examens des années fondamentales. Les inspecteurs des
différents départements ont
récupéré les textes. La ten-
dance est à l’allègement des
questions pour les postulants
et de la prise en compte du
contexte. « Nous avons privilégié le moins de déplacement
possible », indique Telfort,
ajoutant que les sujets sont
adaptés à la situation.
Une session spéciale est
prévue pour le bac permanent. Quant aux examens
pour les départements affec-
Deux rapports, en quinze
jours, de la commission des
Affaires étrangères du Sénat
américain expriment, entre
autres, des inquiétudes quant
à l’avancement du processus
électoral. Ils ont même appelé
à des changements au sein du
Conseil électoral provisoire.
L’ambassadeur du Canada
en Haïti, dans un entretien
avec une station de radio de la
capitale, la semaine écoulée,
a réaffirmé la volonté de son
pays de soutenir le processus
électoral. Cependant, Gilles
Rivard a insisté sur la nécessité d’organiser des compétitions électorales honnêtes,
crédibles et démocratiques.
[email protected]
(suite de la page 4)
tés par le séisme du 12 janvier, Telfort affirme que les
responsables sont en train
d’étudier les possibilités relatives aux espaces disponibles.
Ils comptent utiliser certains
abris provisoires pour faciliter la tenue des examens. «
De toute façon les examens
doivent se tenir », tranche
Gregory Telfort.
[email protected]
à pied ou en voiture. Les artères les plus fréquentées de
la zone métropolitaine étaient
bloquées à cause de la célébration de cette victoire.
Si pour certains citoyens il
y avait lieu de célébrer, pour
d’autres, c’était l’énervement
et la colère. Il fallait attendre
plus de trois heures pour que
les « fous du Brésil » décongestionnent les rues. Phara
Léoné Baptiste est économiste et travaille à la Fondation Espoir. Il s’en prend au
peuple haïtien et particulièrement aux chroniqueurs
sportifs qui, dit -il, utilisent
leur aura pour influencer
les auditeurs/téléspectateurs
dans le sens de la « honte
». « Ce n’est pas normal que
tout un pays soit bloqué juste
pour célébrer une victoire de
l’équipe du Brésil, alors que la
mission de coopération brésilienne n’a même pas pensé à
faire don d’un stade au moins
à Haïti », a lâché monsieur
Baptiste.
Pour ce dernier, les medias
et le peuple haïtien devraient
se concentrer davantage sur
les débats autour de la reconstruction du pays dévasté
par le tremblement de terre
du 12 janvier. Phara Léoné Baptiste évoque l’absence
du pays à cette 19e Coupe
du monde de football. « Les
gens auraient dû s’intéresser
à la première rencontre de la
CIRH, au Karibe, la semaine
dernière », déplore-t-il.
Emotivité ou rationalité, il
reste vrai que le pouvoir que
détiennent les journalistes
en général, les chroniqueurs
sportifs en particulier, ne leur
sera pas enlevé. Cela dit, ils
canaliseront toujours l’opinion nationale dans la mauvaise ou la bonne direction,
dans le sens de leur personnalité, leur niveau d’éducation, leur vision des choses.
[email protected]
Plus d’un million d’Haïtiens aidés par le Pam
Le Programme alimentaire mondial (Pam) a annoncé, au
cours d’un bilan, que cinq mois après le tremblement de terre
du 12 janvier, qu’il a déjà fourni une aide alimentaire à 1,3 million d’Haïtiens.
Selon Alejandro Chicheri, plus de 1,3 million de personnes bénéficient des différents programmes mis en place en Haïti par
l’agence onusienne, dans les zones touchées par le séisme à
Port-au-Prince et dans les provinces.
Il a fait remarquer que durant la phase d’urgence, deux millions d’Haïtiens avaient reçu une assistance alimentaire du
Pam.
Monsieur Chicheri affirme que la situation des plus vulnérables est en train de s’améliorer. Toutefois il dit qu’il reconnait
que la situation reste difficile pour certains Haïtiens.
Par ailleurs , il a précisé que plus 30 mille Haïtiens sont actuellement embauchés dans le cadre du nouveau programme
baptisé « Cash and food For work, », mis en place par le Programme alimentaire mondial.
Intervenant à la traditionnelle conférence de presse hebdomadaire de la Minustah, Monsieur Chichero a indiqué que l’objectif du Pam est d’arriver à 70 mille emplois dans le second
semestre de 2010. (Source : metropolehaiti.com)
Haïti-Canada : acheter le café haïtien
pour aider le pays
L’Entreprise canadienne, Noir Café, spécialisée dans l’importation de café au Canada, souhaite aider Haïti à travers le
commerce équitable en achetant son café pour le vendre au
Québec.
A cet effet, Marcel Guérin et sa fille Catherine, propriétaires
de Noir Café, ont déjà établi des contacts avec la coopérative des planteurs de café à Belle-Anse (COOPCAB) dans le
Sud’Est du pays.
Leur intention est de retourner 2 dollars canadiens par kilo de
café vendu, à des fondations haïtiennes de développement
durable, selon le journal canadien Le Soleil.
Une première livraison de 1000 sachets de 250 grammes de
café équitable et biologique doit bientôt arriver au Québec.
La société Équitable, entreprise française spécialisée dans le
commerce équitable, a récemment importé du chocolat haïtien
en France, toujours dans l’idée d’aider l’agriculture haïtienne
et d’accroître les revenus des producteurs haïtien. (Source :
Alterpressehaiti.org)
No 34224
Portrait 7
Actualité
Vendredi 25- Jeudi 1er juillet 2010
Ernst Erilus : l’homme
aux multiples réalisations !
l’ancien maire de Delmas,Ernst Erilus. (photo Marc Regis)
Avec très peu de moyens, utilisant souvent ses propres fonds, l’ex-maire adjoint de Delmas, Ernst Erilus, compte à son actif de nombreuses réalisations communautaires. Une volonté exemplaire de servir l’anime depuis bien longtemps.
«
Je crois
qu’on n’a
pas besoin
d’être
riche comme
Crésus pour
se rendre utile
par Erilande
à son pays »,
Sully
déclare Ernst
Erilus, d’un ton ferme et
convaincant. Il est de ces personnalités qui ont beaucoup
souffert dans leur vie et qui
se consacrent, par la suite, au
soulagement de la souffrance
des autres.
Orphelin de père et de
mère, Ernst Erilus a été inspiré, dès sa jeunesse, par l’animateur vedette de « Tam Tam
129 », une émission de variété musicale animée sur radio
Métropole, dans les années
70, par l’immortel Ricot Jean
Baptiste, alors grande vedette
de la station. Ricot était le
seul à soutenir Erilus dans ses
études classiques. A en croire
les confidences de notre interviewé, il se débrouillait
durement, tout seul pour
poursuivre ses études au Lycée Alexandre Pétion. Notre
homme a eu l’opportunité de
se rendre à Moscou, en Union
soviétique, plus précisément à
l’université Patrice Lumumba
où il a étudié les Sciences po-
litiques et à l’Université populaire de la Havane, Cuba, pour
étudier la « Guérilla urbaine
».
Militant politique de longue date, Ernst Erilus, qui
se présente membre fondateur de l’OPL avec les Gérard Pierre-Charles, Sauveur
Pierre Etienne, Paul Denis,
Marc Romilus, entre autres,
semble vouloir s’écarter des
pratiques politiques traditionnellement en cours dans
le pays. Les techniques de «
Guérilla urbaine » apprises
dans les écoles cubaines et soviétiques sont jetées aux oubliettes, à bien saisir les démarches de Ernst Erilus qui
se contenterait aujourd’hui
d’initiatives moins risquées,
mais fort utiles au bien-être
de sa communauté..
Maintes réalisations
à son actif !
En 1991, au Bel-Air, le
très populaire Erilus a fondé
le Centre de Formation populaire (Ceforum). En 1992,
avec ses modestes fonds, il a
lancé une coopérative qui prêtait de l’argent aux petits marchands de Cité Soleil, où il réside depuis déjà longtemps.
Le centre de santé Solame à
Solino, un quartier populaire,
a suivi en 1993. Devenu maire
adjoint à l’édilité de Delmas
en 1995, Ernst Erilus allait
fonder la Fondation Lapraille,
différente du mouvement politique « La Pway », avec 80%
des économies cumulées durant son mandat à la mairie
de Delmas. Cette fondation a
été lancée dans le but de compenser au manque d’actions
concrètes envisagées durant
son passage à la municipalité,
en raison du fait, a-t-il déclaré, qu’on lui rognait les ailes.
Et, c’est la Fondation Lapraille qui allait inaugurer la
plus grand immeuble jamais
construit alors au plus grand
bidonville du pays, le 14 septembre 1999. L’immeuble de
4 étages qui dominait toute
la Cité Soleil. Il s’agit du siège
du Complexe socio-médical
Ernst Erilus qui prodiguait
gratuitement des soins de santé à la population de Cité Soleil. Ce complexe était aussi doté d’une école et d’une
cantine populaire. Mais les
hommes du chef de gang Emmanuel Wilmé, plus connu
sous le sobriquet Djed Wilmé,
n’ont pas pris beaucoup de
temps pour détruire ce bâtiment. Raison ? Les soldats de
la Mission des Nations unies
pour la stabilisation en Haïti
(Minustah) avaient occupé le
complexe en 2004, question
d’avoir une vue périphérique
sur les activités des bandits
recherchés.
Ces déconvenues n’ont pas
pu toutefois décourager Erilus. A Sarthes, quartier limitrophe de Cite Soleil, sur
la nationale # 1, il a fait don
de sa résidence privée pour
la construction du Centre de
santé Christina Erilus, où les
services sont encore offerts
gratuitement, a appris Ernst
Erilus, père de 8 enfants.
En outre, au cours de son
mandat de maire adjoint, un
village pour rapatriés a été
construit à Duvivier sur plus
de 60 carreaux de terre- en
plaine- et à Carradeux, où
près de 50 mille Haïtiens vivent aujourd’hui, à en croire
les propos de Ernst Erilus.
Les planteurs de ce village reçoivent des engrais, ont accès à un centre de santé, à
un centre d’alphabétisation,
grâce, semble-t-il, aux largesses de Ernst Erilus qui
avoue rêver d’un changement
réel pour son pays, Haïti. A
Thomassique, dans le haut
Plateau central, une radio
communautaire, un centre de
santé, fonctionnent suite à ses
initiatives, rapporte Ernst Eri-
lus.
Pourtant, l’homme n’est satisfait qu’à 60% de ses œuvres
de bienfaisance. Ernst Erilus dit regretter que son plan
d’aménagement de Cité Soleil,
conçu par son plus proche
collaborateur,
l’ingénieur
Pierre Azema, lequel plan remis personnellement au président René Préval en 1998, soit
resté dans les tiroirs. « Dans
ce plan, il était question de
la mise à plat de la cité pour
construire une ville moderne
à l’image de ce que j’ai vu en
Allemagne de l’Est, en Russie
ou à Cuba ». Mais rien n’a été
fait jusqu’ici.
Il croit qu’il est possible
d’avoir une autre Cité Soleil.
L’homme âgé de 51 ans,
corps strié de balafres laissées
par des balles reçues lors différents événements politiques,
n’a pas fini de travailler pour
son pays. Son prochain projet
est la construction d’un centre
d’hébergement en faveur des
personnes handicapées, des
enfants orphelins comme lui.
Et les seules institutions qui
le supportent toujours dans
ses activités, sont le Food for
the poor et l’Adra Haïti, à en
croire Ernst Erilus.
[email protected]
8 Économie
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
No 34224
Comment renflouer les bonnes banques
et laisser échouer les mauvaises banques
L
os Angeles. Comment
peut-on répondre aux
défaillances systémiques
de grande ampleur dans le
système financier d’un pays
? Personne ne veut renflouer
des banques qui prennent de
mauvaises décisions. Mais
pour sauver un système financier du désastre, il faut faire
en sorte d’éviter que toutes
les banques ne s’écroulent
en même temps. Il nous faut
trouver un moyen de sauver
les bonnes banques mais autoriser les mauvaises à faire
faillite. Mais comment peuton distinguer les bonnes et les
mauvaises banques ?
Lorsque les marchés paniquent, comme en 1929 et encore en 2008, il est essentiel de
soutenir le système financier.
L’alternative serait une dépression dans le même esprit de
celle des années 30. Mais cela
ne veut pas dire qu’il faudrait
renflouer les banques privées.
L’histoire économique récente foisonne d’exemples de
crises financières : les EtatsUnis à la fin des années 80, la
Suède, la Finlande et la Norvège en 1992, le Japon en 1998
et pratiquement l’ensemble de
l’économie mondiale en 2008.
Les traitements qui ont été appliqué à ces crises offrent de
nombreuses leçons.
En 1992, la Riksbank, la
Banque Centrale de Suède, a
autorisé que les détenteurs de
capitaux propres de banques
privées soient effacés mais elle
a sauvé les dépositaires et les
créanciers en rachetant les actifs à risque d’institutions en
faillite. La Suède s’est rétablie.
Le Japon a recapitalisé ses
banques en 1998, mais n’a pas
effacé les détenteurs de capitaux propres. Parce que les
banques insolvables ont été
maintenues en vie par les renflouages et les garanties publiques, le Japon a donné de
mauvaises incitations à ses
institutions financières. Le Japons n’a donc jamais vraiment
récupéré de cette récession.
La leçon est donc que nous
devons laisser les détenteurs
de capitaux propres perdre
parfois de l’argent pour maintenir un système financier
sain.
Un rôle important des
banques centrales est de fournir des liquidités aux banques
potentiellement insolvables en
périodes de panique lorsque
toutes les autres sources de
capitaux sont épuisées. La
banque centrale est le « prêteur de dernier ressort ». Mais
si les banquiers savent qu’ils
Par Roger E. A. Farmer
vont être renfloués quand les
temps seront difficiles, ils sont
incités à faire des prêts risqués. Ces prêts offrent des retours très élevés lorsque l’économie est forte, mais sont
protégés des pertes par les
renflouages gouvernementaux
lorsque l’économie faiblit.
En 2007, Lehman Brothers,
AIG, et la plupart des autres
acteurs des marchés financiers percevaient d’énormes
retours en négociant des produits dérivés adossés à des
prêts hypothécaires extrêmement risqués. Lorsque les prix
de l’immobilier américain ont
chuté, certains de ces acteurs
auraient dû faire faillite. Mais
lorsque la Réserve Fédérale
a permis à Lehman Brothers
de faire faillite en septembre
2008, la panique s’est répandue, amenant la Fed à intervenir pour éviter l’effondrement
des autres acteurs majeurs.
Comment aurait-on pu gérer
la situation d’une manière différente ?
Comme le suggère Simon
Johnson dans son livre 13
Bankers (13 banquiers, ndt)
nous devrions démanteler les
méga-banques en entités plus
petites qui pourront plus aisément être autorisées à faire
faillite. Mais il ne suffit pas
d’avoir beaucoup de petites
banques. Nous devons aussi
trouver un moyen de soutenir
le système dans son ensemble.
Je propose une nouvelle solution qui soutiendrait l’ensemble et non les entités séparées. Les banques centrales
devraient mettre un seuil sous
la valeur du système bancaire d’un pays en s’engageant
à acheter des parts dans un
fond indexé de réserves bancaires à un prix prédéfini. Cet
engagement de prix prendrait effet en période de panique financière. En s’engageant à acheter des parts d’un
fond mutuel, la banque centrale donnerait une incitation
aux investisseurs privés pour
acheminer l’argent vers les entités plus fortes du système
bancaire tout en autorisant les
plus faibles à faire faillite.
Le fonds indexé serait similaire à ceux détenus aujourd’hui par tant de travailleurs dans les fonds de
pension privés. Les banques
privées monteraient ou tomberaient en importance sur la
base de leur valeur par rapport à l’index du marché de
toutes les banques dans le
fond. En offrant de racheter
des parts du fond mutuel à un
prix minimum prédéfini, la
banque centrale donnerait un
moyen d’acheminer les fonds
dans le système financier par
temps de crise. Même si ce
plan revaloriserait le système
financier dans son ensemble,
cela permettrait tout de même
aux forces du marché de déterminer les prix des parts des
banques privées.
Si cette structure avait été
en place aux Etats-Unis en
2008, lorsque les prix de l’immobilier se sont effondrés, les
banques détentrices d’importants portefeuilles de titres
toxiques sous-performants auraient entrainé la baisse la valeur du fond indexé. Mais ces
banques auraient aussi perdu
de leur importance dans l’index total. L’engagement de la
Fed à acheter des parts dans le
fond mutuel à un prix prédéterminé aurait entrainé les investisseurs à remettre du capital neuf dans les banques plus
solides pour prendre avantage du soutien de prix de la
banque centrale.
Ce projet pour recapitaliser
les banques a trois avantages
sur les autres plans suggérés
par les économistes et les politiciens. D’abord, il ne néces-
site pas que les régulateurs du
gouvernement décident d’eux
mêmes la valeur des actifs privés, parce que les marchés privés aiment les titres toxiques.
Deuxièmement,
les
banques seront moins enclines à prendre de mauvaises
décisions. Le fait de permettre
aux mauvaises banques de
faire faillite résout les problèmes d’éthique.
Enfin, en proposant d’acheter des parts dans un fond
mutuel de réserves bancaires,
la banque centrale encourage
et redonne confiance aux investisseurs privés pour recapitaliser le système bancaire.
Ce projet nous permettrait de
renflouer les bonnes banques
et laisserait les mauvaises
banques faire faillite. Sans que
cela ne coûte un centime au
contribuable.
Copyright: Project Syndicate, 2010.
www.project-syndicate.org
Traduit de l’anglais par Frédérique Destribats
* Roger E. A. Farmer est Distinguished Professor d’économie à
UCLA et l’auteur de deux nouveaux ouvrages sur la crise économique globale actuelle : How
the Economy Works: Confidence, Crashes, and Self-Fulfilling
Prophecies et Expectations, Employment, and Prices.
No 34224
Économie 9
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
L’économie haïtienne sur un sentier de croissance ?
D
epuis
quelque
temps,
le discours du
ministre
de
l’Economie et
des Finances,
par Jean Samuel
Vincent M. Ronald Baudin, est marqué
par la fameuse prévision d’un
taux de croissance d’environ
10% que l’économie haïtienne
doit enregistrer d’ici le prochain exercice fiscal. Le ministre souhaite un taux de
croissance pas moins de 6% et
cela jusqu’en 2015. Il est vrai
que par rapport à l’exercice en
cours, dont le taux de croissance sera certainement négatif à cause de la destruction
de plus de 120% du Produit
intérieur brut (PIB), le taux
de croissance de notre économie connaîtra un bond pour
le prochain exercice. Mais y at-il vraiment lieu de s’attendre
à une pareille performance
? Par ailleurs, si cela devrait
être possible, quelles sont les
conditions sociopolitiques qui
doivent prévaloir ?
Les sources de cette
croissance de 10%
Il est intéressant de savoir
que les raisons qui poussent
les autorités économiques nationales à une telle prévision
se retrouvent essentiellement
dans les injections de capitaux
qui sont en perspective dans
le cadre de la reconstruction
du pays. En effet, cette reconstruction, à travers le financement de nombreux programmes et projets, est apte
à attirer beaucoup de capitaux
dans l’économie haïtienne
pour déboucher sur un taux
de croissance assez considé-
rable. De fait, aux dernières
nouvelles, le Fonds pour la
reconstruction d’Haiti (FRH)
dispose déjà d’au moins $
95 millions US pour financer des programmes et projets qui seront approuvés par
la Commission intérimaire
pour la reconstruction d’Haiti
(CIRH).
notre économie.
cer dans le cadre de cette reconstruction. Ce n’est qu’alors
La croissance à laqu’on pourra parler d’un taux
quelle il faut aspirer… de croissance élevé qui soit la
Tout cela pour dire que si résultante de la performance
nous reconnaissons que les in- de l’économie.
jections de capitaux sont de
nature à favoriser un meilleur Les conditions sociotaux de croissance de notre politiques…
économie, il nous sera plus faNous devons comprendre
Evolution du taux de croissance du PIB sur la période 1990 – 2007
Sources : BRH / IHSI
Il est également intéressant
de savoir que, quand on enregistre un taux de croissance
élevé suite à une injection de
capitaux dans une économie,
cela ne reflète pas nécessairement une performance réelle
de cette économie. On doit se
rappeler du taux de croissance
de 4,4% enregistré au cours de
l’exercice 1994-1995, après le
retour à l’ordre constitutionnel
et démocratique. Ce dernier
taux était dû justement à une
série d’injections de capitaux
dans l’économie nationale par
la communauté internationale
(Voir le graphique ci-dessus).
Ce n’était pas le résultat d’une
quelconque performance de
vorable de faire en sorte que
ces capitaux viennent relever
l’appareil de production nationale. Car, si l’économie haïtienne n’atteint pas cette capacité de créer de la richesse,
d’augmenter ses valeurs ajoutées et de valoriser la qualité
de ses produits (biens et services), les injections de capitaux n’auront servi réellement
à rien, comme cela a été le
cas après le pic de 4,4% enregistré en 1994-1995 ! D’où,
des secteurs tels que l’agriculture et l’agro-industrie, l’industrie textile et manufacturière, le tourisme, l’artisanat
et les technologies de la télécommunication sont à renfor-
Les bouchons monstres tarissent
les bourses des ménages
aussi que la stabilité sociopolitique est essentielle si l’on veut
que ces injections de capitaux
par les bailleurs de fonds internationaux deviennent une
réalité. Nous avons à l’horizon les élections générales
qui arrivent, un Conseil électoral provisoire contesté par
la classe politique et la méfiance que celle classe exprime
face à l’Exécutif, qui ne jouit
pas d’une bonne réputation
dans les questions électorales.
Toutes les conditions sont
pratiquement réunies pour un
éclatement politique et social
au sein d’une population qui
essaie de se relever d’un puissant séisme qui lui a presque
tout emporté.
D’un autre côté, M. Ronald
Baudin nous a confié qu’aucun secteur de la vie nationale
ne peut délibérément faire
L’embouteillage a toujours été un problème quotidien dans la région métropolitaine.
Cependant, il semblerait qu’après le séisme du 12 janvier la situation ait empiré. Ce de travail.
qui affecte considérablement diverses couches de la population qui doivent réviser à la
Les grandes victimes
hausse les budgets qu’ils consacrent à leurs déplacements quotidiens.
N
ul
ne
peut
ignorer
le rôle prépondérant que joue
le
transport
dans
par Ricardo terrestre
Placide notre société et
plus particulièrement dans la
mobilité des personnes et des
marchandises. Et de l’avis de
plus d’un, la mobilité est un
moyen de liberté, de développement et même de compétitivité. C’est la raison pour
laquelle certains pays investissent des sommes vertigineuses en vue d’établir un ré-
seau routier efficace, capable
de résorber les difficultés dues
aux surcroîts de trafics. Ce qui
est tout à fait logique, car l’incidence des coûts directs liés
au transport est très préjudiciable à la société moderne.
Si, dans certains coins du
globe, des solutions sont déjà
envisagées pour résoudre le
problème des transports routiers, en Haiti ce n’est pas le
cas. Force est de constater que,
depuis le séisme du 12 janvier qui a secoué la capitale,
une certaine recrudescence
des bouchons monstres sur
les grandes artères de la ré-
gion métropolitaine de Portau-Prince, notamment sur les
routes menant à la Croix des
Bouquets, Bon Repos, Gerald Bataille. Parfois, les usagers de ces voies sont obligés
de passer plus de deux heures
pour parcourir le simple trajet reliant Croix des Bouquets
à Gerald Bataille, alors qu’un
tel trajet, auparavant, ne leur
prenait qu’une demi-heure,
a déclaré, énervé, un de ces
usagers. La situation devient
quasiment impossible
aux
heures de pointe, notamment
avant et après la rentrée des
classes et à la fin de la journée
Du simple piéton aux responsables de la circulation
routière, chacun a sa propre
interprétation du phénomène
de l’embouteillage. Pour Gerald Mathurin, qui fréquente
quotidiennement la route de
la Croix des Bouquets pour se
rendre à son boulot, ce sont
nos dirigeants qui en sont responsables, pour n’avoir pas
pensé à mettre en place les
structures d’accompagnement
du développement démographique de ces zones.
Selon un policier, assurant
la circulation au Carrefour
Shada, ce sont les chauffeurs
de « tap tap » qui en sont les
obstacle à la reconstruction
du pays : « Tous les secteurs
s’occuperont de leurs affaires,
et la reconstruction du pays
fera son petit bonhomme de
chemin ». Nous aurions souhaité que les choses se passent ainsi, mais nous sommes
habitués aux comportements
des bailleurs de fonds qui, à
la moindre émeute, peuvent
surseoir aux décaissements
en attendant la stabilisation
de la situation ou que le prochain gouvernement légitime
prenne les affaires de la cité en
main.
En dernier ressort, certaines conditions sont plutôt encourageantes pour porter les autorités économiques
du pays à prétendre à un tel
niveau de croissance. Prenons, par exemple : la réaffirmation de la volonté de la
communauté internationale
d’apporter son appui à la reconstruction d’Haiti lors de la
rencontre de Punta Cana (République dominicaine) ; l’état
actuel des discussions avec les
bailleurs de fonds internationaux qui, jusqu’à présent, sont
plutôt favorables à des décaissements dans les meilleurs délais pour le financement des
travaux ; le fait que l’administration fiscale haïtienne arrive
à recouvrir 80% des recettes
publiques en juin 2010 contre
seulement 20% en janvier dernier.
Nous espérons que des efforts et une discipline seront
consentis du côté de tous les
Haïtiens pour ne pas fragiliser davantage le contexte politique et social du pays. Car
il serait dommage que nous
ayons à attendre indéfiniment
des fonds qui ne viendront
peut-être jamais au cas où les
choses se gâteraient !
Jean Samuel Vincent
[email protected]
grands responsables. De leur
côté, les chauffeurs pointent
du doigt les agents de la circulation
De toute façon, l’intensification des embouteillages dans
certaines artères de la région
métropolitaine de Port-auPrince est la résultante d’une
carence de politique nationale
de transport. C’est le reflet
d’un mode de gouvernance,
« le laisser-faire », ne tenant
pas compte des besoins futurs
du pays. De plus, la majorité de nos infrastructures routières ne correspondent pas à
l’augmentation
vertigineuse
des voitures circulant à Portau-Prince, d’autant plus qu’il
existe une inadéquation
(suite page 11)
10 Économie
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
No 34224
Protection des terroirs agricoles proches des villes :
passage obligé vers la relance de la production agricole nationale
1.Un contexte et une
mentalité qui nous
interpellent tous pour
un changement en profondeur
La tragédie du 12 janvier
dernier a notamment mis en
évidence notre incapacité en
tant que dirigeants et élites
de ce pays à anticiper les situations critiques qui appellent la conception préalable de
politiques et la mise en place
de stratégies et de dispositifs
de mitigation appropriés. Les
pertes énormes en vies humaines et les immenses dégâts matériels enregistrés sont
assez éloquents du néant programmatique autour duquel
gravitent les décideurs haïtiens
privés ou étatiques incluant
toute la batterie de supporteurs étrangers. Cependant, les
leçons apportées par l’ampleur
même du désastre ne sont pas
encore suffisamment assimilées ou tout simplement retenues pour provoquer une rupture même progressive avec
la façon usuelle de penser, de
se comporter et d’agir qui s’est
révélée défaillante. Or, le redressement du pays qui est
aujourd’hui exsangue impose
une réelle prise de conscience
de notre situation et de nos
opportunités et commande
une totale rupture avec cette
étrange mentalité caractérisée
à la fois par le gaspillage des
ressources vitales dont nous
disposons et la mendicité des
miettes de la table des autres.
Nous avons choisi de dépendre des autres autant pour
l’alimentation, le logement,
que pour l’élimination de nos
ordures ménagères. Nos responsables se comportent
comme des mineurs orphelins
qui ne sauraient survivre sans
un tutorat. Le pays n’a presque
pas de dernier carré où se retrouveraient l’orgueil, l’amour
propre, la dignité et la fierté nationale. Ce dernier bastion réputé inviolable n’existerait plus. L’âme nationale est
en péril. Si nous ne nous réveillons pas, nous risquons de
la perdre.
La catastrophe du 12 janvier 2010 avec ses conséquences dramatiques et douloureuses a malheureusement
donné raison à ceux qui n’ont
jamais eu de cesse de faire le
plaidoyer d’une vision qui met
le bien-être de la majorité au
centre des préoccupations et
qui s’articule en priorité autour de la prise en compte de
nos potentialités. Cette vision
nous invite à nous appuyer
d’abord sur nous propres
forces, si limitées soient-elles,
avant le recours à l’assistance
étrangère. Elle fait de l’aide des
autres non pas une fin en soi
mais un instrument d’appui
à construction d’un nouveau
savoir-être, à la mobilisation
du savoir et du savoir-faire de
tous les haïtiens dans le cadre
d’une meilleure valorisation
de toutes les ressources. Des
expériences en ce sens ont
donné des résultats prometteurs qui donnent des raisons
d’espérer. L’entreprise « Lèt à
Gogo », certaines coopératives
de production qui participent de cette logique sont des
exemples parmi les quelques
succès jusque là enregistrés.
En dépit de la tendance de la
plupart de nos décideurs, caractérisée par une soumission
presqu’aveugle aux dictats de
l’étranger, il reste encore des
haïtiens qui ont choisi de lutter jusqu’au bout pour un retour de situation. Ce sont de
simples compatriotes, des professionnels d’horizons divers,
membres d’organisation ou
non. Ils expérimentent des actions privilégiant la recherche
de solutions endogènes aux
problèmes confrontés par le
pays. Ils font un constant plaidoyer en faveur du développement d’une réelle production
nationale. Ils alimentent les
débats sur les approches, les
stratégies, les techniques, les
actions qui seraient capables
de galvaniser les efforts de la
population vers la recherche
d’une amélioration significative de la situation. Pour diverses raisons, les graines ensemencées n’ont pas encore
donné les résultats escomptés.
La masse critique nécessaire
n’est pas encore atteinte, mais
tôt ou tard cela viendra.
Le propos d’aujourd’hui
du Groupe de Recherches
d’Etudes Environnementales
et Foncières (GREF) s’inscrit
au cœur de cette profonde
conviction et se veut une
contribution à une meilleure
prise en compte de nos ressources nationales en général et des terroirs agricoles
proches des villes en particulier dans tout plan de développement national.
2. De quels terroirs
agricoles parlonsnous ?
Les terroirs considérés sont
principalement les plaines
agricoles qui, de par la qualité
de leurs sols et de la disponibilité en eau, sont généralement
classées parmi les aires les plus
fertiles du pays. Nous pouvons
citer : la plaine du Nord, la
plaine des Gonaïves, la plaine
de l’Artibonite, la plaine de
l’Arcahaie, la plaine du Cul
de Sac, la plaine de Léogâne,
la plaine des Cayes. Situées
pour la plupart en périphérie des villes, elles sont dotées
d’infrastructures hydro-agricoles et d’organisations sociales destinées à maximiser
au mieux leur potentiel. Ces
installations sont le résultat
de beaucoup d’efforts consentis par le pays depuis des années dans le but d’améliorer les
revenus des exploitants agricoles et d’augmenter la disponibilité alimentaire nationale.
Aujourd’hui, plus que jamais,
nous pensons que ces espaces
doivent faire l’objet d’une attention toute spéciale, dans
la mesure où ils sont appelés
à jouer un rôle éminent dans
toute politique de relance effective de la production agricole nationale. Il devient de
plus en plus incontournable de
renoncer au gaspillage si nous
voulons sortir de cette mentalité de dépendance qui nous
empêche d’exprimer et de mobiliser nos ressources (humaines et matérielles) dans le
sens d’une amélioration qualitative de notre situation.
3.Quel est l’objet de
notre propos ?
Depuis déjà de nombreuses
années, les terroirs agricoles
proches des villes sont menacés dans leurs fonctions et attributs naturels par deux mouvements différents mais qui se
complètent dans leur finalité.
Le premier mouvement est
vertical et est animé par l’érosion des montagnes qui les
surplombent. Il affecte progressivement la fertilité des
sols des zones concernées en
y déposant périodiquement
des matériaux grossiers arrachés des montagnes. A terme,
on risque d’assister à une sédimentation complète, laquelle
conduira à la stérilisation de
ces importants espaces agricoles. Le second mouvement
est horizontal et provient des
villes avoisinantes sous forme
d’une demande croissante
de terrains à bâtir, alimentée
par une démographie galopante et l’argent de la diaspora.
Face à ces dangers qui menacent de saper l’une des principales bases de la production
agricole et dans un contexte
qui réclame une nouvelle approche dans la gestion du territoire, le GREF estime tout à
fait opportun de réanimer le
débat en espérant que l’intérêt
de la collectivité prévaudra sur
les intérêts personnels. Il s’agit
d’attirer l’attention des responsables sur la gravité de la situation à l’intérieur des périmètres irrigués proches des
agglomérations et de les inciter à agir dans les meilleurs
délais afin de protéger ces importantes ressources. Nous
sommes conscients que beaucoup d’encre, de salive, et
même de larmes sont déjà
versées sur la question sans
qu’une réponse appropriée n’y
soit véritablement apportée.
L’état actuel de la plaine du Cul
de Sac, entre autres, est révélateur de l’indifférence ou tout
au moins de l’incapacité des
responsables directs à apporter les solutions nécessaires.
Faut-il se décourager pour autant et jeter l’éponge ? Nous
disons non, mille fois non. A
l’instar d’autres professionnels
interpellés par cette problématique, nous pensons qu’il faut
persévérer jusqu’à une prise
de conscience collective. A un
moment où le Ministère de
l’Agriculture se propose de finaliser et de valider un cadre
stratégique du développement
de l’irrigation, nous pensons
que les présentes réflexions
peuvent éventuellement servir
à faire avancer les choses dans
la bonne direction. Tel est l’objet de notre propos.
4. Pourquoi protéger
les terroirs agricoles
proches des villes ?
Cette question paraît un
peu idiote dans la mesure où il
est tout à fait normal de protéger son patrimoine surtout s’il
est de grande valeur. Les principales plaines agricoles du
pays représentent une richesse
extraordinaire tant du point de
vue agricole et environnemental que du point de vue social
et économique. Elles sont classées parmi les terroirs les plus
fertiles du pays. Elles sont dotées d’excellentes potentialités
agricoles en termes de qualité
des sols et de disponibilité en
eau tant en surface (rivières,
sources, etc.) qu’en profondeur
(nappe souterraine). Elles sont
pourvues notamment de systèmes d’irrigation, de routes
agricoles pour lesquelles le
pays a consenti beaucoup de
sacrifices. Elles jouissent d’une
position géographique stratégique parce qu’elles sont relativement proches des grands
marchés. Ces espaces agricoles
sont en fait des nerfs vitaux
pour l’agriculture haïtienne
d’autant plus que les capacités de production des sols de
montagne sont devenues très
faibles à cause de l’érosion. De
plus ces terroirs, par la diversi-
té de leurs paysages, les beautés panoramiques, le calme et
la tranquillité des lieux, représentent des pôles d’attraction
pour les citadins en quête de
resourcement. Toutes ces caractéristiques placent ces écosystèmes parmi les ressources
naturelles les plus importantes
du pays.
Cependant, la question est
à la fois opportune et d’une
brûlante actualité parce que,
comble d’ironie, cette richesse
dont nous parlons ne fait pas
l’objet d’une protection systématique. Elle est plutôt en
grand danger de disparition.
Les données générées par le
GREF montrent qu’au niveau
de toutes les plaines côtières
du pays, l’avancée du front urbain ensevelit chaque année
de quantités importantes de
terres agricoles. Dans la plaine
de Léogane, au cours de la période 2002-2008, soixante-dix
(70) hectares de terres arables
sont enlevées à l’agriculture
chaque année(1). Dans la
frange côtière Jacmel/CayesJacmel, les calculs et observations faites pour la même
période indiquent qu’environ 20 hectares de terres sont
consommés chaque année par
les constructions. La petite
plaine agricole de Saint Marc
d’environ 300 hectares avec
deux systèmes d’irrigation est
en voie de disparition. 80%
de sa superficie sont à jamais
perdues pour l’agriculture. Il
s’agit de quelques exemples
qui illustrent une situation générale. Parallèlement à cette
invasion qui se fait à l’horizontale, il y a l’érosion des montagnes qui surplombent ces
plaines et qui est à la base de
l’ensevelissement
progressif
des sols notamment par du
sable et du gravier charriés
d’en haut. Cette situation fragilise les infrastructures de production qui sont partiellement
ou complètement détruites à
l’occasion de désastres naturels de moyenne importance.
La réhabilitation de systèmes
d’irrigation est devenue depuis
quelque temps une activité récurrente dans le pays.
Il s’agit donc d’autant de
raisons valables qui imposent
la protection durable de ces
importants terroirs dans un
contexte caractérisé par une
baisse de plus en plus inquiétante de la production agricole nationale, la hausse des
importations de produits alimentaires, et les difficultés
d’accès à ces produits. L’inversion de cette dynamique infernale passe par une valorisation soutenable de ces espaces
No 34224
Économie 11
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
à fortes potentialités agricoles
qui doivent être au cœur de
toute politique de relance de la
production agricole nationale.
5.Comment donc protéger les terroirs agricoles proches des
villes ?
La protection des terroirs
agricoles situés au voisinage
des villes est, à notre avis, subordonnée à deux conditions
préalables. Primo, il faut une
réelle volonté politique capable
de rompre définitivement avec
la pratique du « laisser-faire
» de l’indolence institutionnelle, du gaspillage de ressources et qui met en avant la
valorisation de nos potentialités. Deuxio, cette volonté devra favoriser la mise en place
de mécanismes institutionnels
destinés à assurer la durabilité
des actions à engager.
En ce qui concerne les mesures à prendre pour protéger
et inciter à la meilleure utilisation possible des terroirs
agricoles proches des villes,
elles seraient de deux sortes.
Il y a d’une part les mesures
de court terme portant sur les
urgences à attaquer et d’autre
part celles de moyen et long
termes qui seraient beaucoup
plus structurantes.
a) Les mesures de
court terme
Il s’agit de mesures à
prendre sans délai relevant
du conservatoire et qui portent sur la nécessité et même
l’obligation d’empêcher l’aggravation de la situation à l’intérieur de ces territoires agricoles. Les occupations de fait
qu’on est en train d’observer
suite aux mouvements de population occasionnés par le
tremblement de terre du 12
janvier dernier doivent être à
tout prix évitées par la proposition d’autres options aux sinistrés. Le cas de la plaine de
Léogane où un incendie considéré volontaire par plus d’un a
facilité l’installation, non loin
de l’usine sucrière de Darbonne, de beaucoup de sans
abris est révélateur d’une nouvelle donne qui risque d’envenimer un problème déjà difficile à résoudre. Au niveau
de cette même plaine, la plupart des immeubles sont détruits. Il faudra trouver des
moyens pour empêcher la reconstruction de certains de
ces bâtiments et maintenir la
plaine de Léogane dans sa vocation naturelle. Pour toutes
les plaines concernées, les
mêmes précautions sont préconisées. Un zonage des terres
agricoles récupérables à l’intérieur de ces plaines devra
être fait sans délai et des mesures opérationnelles d’interdiction de construire même
provisoires sont à prendre. La
mise à contribution et la mobilisation des autorités locales
(Maires, CASECs, etc.), des
regroupements d’agriculteurs
et de toutes les personnes ressources intéressées restent et
demeurent subordonnées à
la durabilité des dispositions
prises. A ce niveau, l’appui
de l’étranger, fortement présent en Haïti depuis quelque
temps, pourrait être sollicité
pour l’obtention de photographies aériennes plus récentes
et une délimitation plus actualisée des aires concernées.
Parallèlement, l’interdiction
provisoire de construire dans
les zones concernées doit être
accompagnée d’un ensemble
d’actions visant à susciter l’intérêt des exploitants agricoles
et des propriétaires et à les
encourager à investir davantage dans l’agriculture. Dans
la plaine de Léogane, la FAO,
l’ACTED, la CARE, l’IRD, interviennent dans l’appui aux
travaux de préparation de sol,
la distribution de semences et
d’outils agricoles, le curage des
canaux d’irrigation, la réhabilitation de pistes. Le Ministère de l’Agriculture assurerait
la mise en cohérence de ces
actions. Il s’agit évidemment
d’interventions tout à fait opportunes qui rentrent dans le
cadre de mesures visant à apporter un rapide soulagement
à la situation de détresse dans
laquelle se trouvent des populations agricoles. Cependant,
il est nécessaire de les intégrer
dans un plan d’ensemble visant
à faire de la plaine de Léogane
le fer de lance de la production
agricole de la commune. Cette
proposition vaut autant pour
toutes les plaines agricoles qui
sont, comme celle de Léogane,
menacées dans leurs fonctions
naturelles. Il revient au Ministère de l’Agriculture de s’assurer des niveaux d’appuis techniques, logistiques, financiers
nécessaires à la protection et à
la mise en valeur rentable des
terres des plaines du pays.
b) les mesures de
moyen et long termes
Ces mesures ciblent les
forces motrices à la base de
la problématique de la plupart des plaines côtières du
pays. Le Ministère de l’Agriculture, dans son document
de politique de développement agricole 2010-2025, se
propose d’atténuer les effets
de la dégradation des mornes
sur les plaines agricoles à travers une approche qui intégrerait l’amont et l’aval. La déprise
agricole consécutive à l’envahissement des espaces considérés par des constructions
en dur n’est pas suffisamment
prise en compte. Ce problème
a été souligné lors des débats
organisés récemment par le
Ministère de l’Agriculture au-
tour du plan d’investissement
pour la croissance du secteur
agricole. Nous espérons qu’il
sera pris en considération.
Parmi les mesures de
moyen et long termes, il y
a celles qui rentrent dans le
cadre des prérogatives du Ministère de l’Agriculture et
celles qui sont de la responsabilité d’autres instances de
l’Etat. L’appui à de nouvelles
formes de mise en valeur des
terres relève de la compétence
du MARNDR. Cette mesure
vise une meilleure rentabilité
des ressources mobilisées. Elle
requiert des investissements
importants qui sont de nature
à redonner confiance aux intéressés à s’engager davantage
dans l’agriculture. Il en est de
même de l’opérationnalisation
d’un dispositif de veille foncière destiné à empêcher la désaffectation de terres agricoles
à d’autres fins. Les autres mesures concernent notamment
l’apaisement de la démographie galopante qui crée, entre
autres, une demande sans
cesse croissante de terrains à
bâtir, l’actualisation du cadre
légal et institutionnel portant sur l’urbanisme et la gestion du territoire, le renforcement des collectivités locales.
En clair, une coordination de
toutes les instances compétentes de l’Etat est indispensable. En tout état de cause, il
faut nécessairement un changement de paradigme qui
met le devenir du territoire au
centre des préoccupations et
qui s’appuie sur les potentialités locales.
Plusieurs scénarios passant
du minimaliste (100% ressources haïtiennes) au maximaliste (forte composante de
ressources externes) doivent
être envisagés afin de parer
à toute éventualité et d’être
toujours en mesure de faire
quelque chose avec les moyens
disponibles.
Serge Michel Pierre-Louis
Groupe de Recherches
d’Etudes environnementales
et foncières (GREF)
[email protected]
(1) Programme de recherche-action
et de plaidoyer autour de la problématique de l’étalement urbain sur les
terres agricoles et les paysages naturels
en Haïti. Le cas de la Plaine de Léogane
et de la frange côtière Jacmel/CayesJacmel. GREF, novembre 2009
Les bouchons monstres...
(suite de la page 9)
majeure entre l’offre et la demande de services dans ce secteur.
Face à ce problème d’envergure, malheureusement ce
sont les bourses des ménages
qui en paient les frais. C’est le
cas de Marcus, chauffeur du
circuit du Carrefour aéroport,
qui voit ses besoins en carburant doubler pour le même
trajet alors que ses recettes
continuent de chuter énormément. Cette situation n’est pas
aussi profitable pour le pays
qui, en tant qu’exportateur de
produits pétroliers, doit allouer des sommes importantes
à l’importation de ces produits.
Ce qui, à coup sûr, va créer un
déséquilibre au niveau de la
balance commerciale du pays.
Autres grandes victimes,
les écoliers et les employés
qui sont obligés d’utiliser le
transport en commun pour se
rendre à l’école ou du moins à
leur travail. La bifurcation des
trajets est devenue une pratique courante chez certains
chauffeurs pour atténuer le
poids excessif du coût du carburan. Par exemple, le trajet
Carrefour aéroport - Croix des
Bouquets est subdivisé en cinq
sous-trajets (Carrefour aéroport – trois mains – Gerald –
Fleuriau – Carrefour Marassa
– Croix des Bouquets), c’est-àdire, les usagers de cette voie
doivent payer cinq fois plus la
somme qu’ils payaient avant.
Une telle situation a de rudes
conséquences sur le budget de
certains ménages qui se voient
contraints de donner beaucoup plus à leurs enfants pour
que ces derniers puissent jouir
des bénéfices des premières leçons. Le plus souvent, ces frais
supplémentaires concurrencent considérablement ceux
consacrés à l’alimentation.
Les coûts liés aux embouteillages sont très catastrophiques pour notre économie,
d’où la nécessité de réfléchir
sur de nouvelles alternatives,
dans le cadre de la reconstruction de la nouvelle Haiti, en
vue de résoudre le problème.
Pourquoi pas ne pas exploiter les possibilités offertes par
les nouvelles technologies de
transport en vogue pour résoudre la saturation de nos artères ?
[email protected]
Haïti reçoit sa part des actifs confisqués
à un trafiquant de drogue
L’ambassadeur américain Kenneth H. Merten et le ministre haïtien de la Justice,
Paul Denis. (photo JJ Augustin)
Le gouvernement américain a remis jeudi aux autorités haïtiennes 50% des
biens confisqués au narcotrafiquant haïtien Serge Edouard, alias Sergot
Persévérance.
Cette part représente 1 million 376 mille dollars américains. Elle sera déposée sur le compte de la Commission nationale de lutte contre la drogue,
affirme l’ambassadeur américain en Haïti, Kenneth H. Merten.
Serge Edouard a été jugé et condamné à la prison à vie en septembre
2005 par la justice américaine.
Il a été reconnu coupable de conspiration d’importation de cocaïne, conspiration de blanchiment d’argent et utilisation de profits illégaux pour effectuer
des transactions financières.
Le diplomate américain se félicite de la franche collaboration entre les institutions judiciaires des deux pays, à savoir Haïti et les Etats-Unis d’Amérique.
L’argent remis aux autorités haïtiennes servira au renforcement de la lutte
contre le blanchiment des avoirs et le trafic illicite des stupéfiants, précise
Paul Denis, ministre de la Justice et de la Sécurité publique.
Le garde des sceaux de la République a mis l’accent sur l’importance de la
coopération entre les Etats-Unis et Haïti dans ce domaine. Un partenariat
qui doit se poursuivre vu la menace que représente le crime organisé à la
sécurité et la stabilité de la région, souhaite le ministre Paul Denis.
La loi américaine habilite le partage équitable des actifs qui auront été
confisqués à un trafiquant de drogue suite à une investigation, selon une
note de l’ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince.(Source : vision2000haiti.net)
12 Économie
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
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Agora 13
Vendredi 25 - Jeudi 1er juillet 2010
Haïti face au défi du développement
H
aïti est aujourd’hui en
exigence de développement. Il est clair et
évident qu’au point où nous
sommes parvenus, le développement est à nous autres
Haïtiens « un défi ». Un défi
qu’il faut rapidement surmonter pour cesser d’être le
pays le plus pauvre de l’Amérique, l’unique Pays moins
avancé (PMA) du continent,
pour passer au statut, plus ou
moins, de pays le moins riche
de l’hémisphère.
Qu’on le veuille ou non,
qu’on l’accepte ou pas, il est
aberrant, tenant compte de
notre valeur historico-raciale
de peuple, de continuer à accepter de vivre dans une situation aussi abjecte de mendicité, d’assistanat qui ternit
notre image sur le plan international. Très certainement,
nous pouvons faire de grandes
choses, tout comme nous en
avons fait d’ailleurs. Mais aujourd’hui, il faut un élan collectif, bien planifié dans le
cœur et l’esprit de ceux-là
qui sont considérés comme
l’élite de ce pays. Nous disons
l’élite parce que, justement,
toute conscience nationale
est une conscience émanant
d’une élite. Lorsque les élites
d’un pays trahissent, cette
société meurt. Et pas avant
que ses élites ne se ressaisissent, cette société sera l’objet
de manipulation et de diktats des autres nations pour
le bonheur de peuples étrangers. Il s’agit effectivement de
ce que nous sommes en train
de voir : véritable appauvrissement. Pourquoi ? Parce
que malheureusement, sans
le vouloir, nos élites ont trahi
; parce qu’elles sont encore et
à nouveau colonisées. Ensuite,
à cause des machinations de
peuples étrangers prétextant
toujours vouloir nous aider,
pendant qu’au fond, ils ne défendent que leurs intérêts et
rien que leurs intérêts.
Pour lever le défi du développement, la responsabilité
est d’abord, ensuite et finalement haïtienne.
Il y a des discours par
exemple qui font croire
qu’Haïti n’est pas un pays
pauvre, mais appauvri. Evidemment, ça a un sens, mais,
quelque part, ce genre de discours nous anesthésie également. Il nous rend dépendants.
Psychologiquement,
nous avons tendance à croire
que ces pays ont une redevance envers nous. À mon
avis, c’est un pur prétexte pour
ne pas prendre en charge ses
responsabilités vis-à-vis de
soi-même.
Si, aujourd’hui, nous nous
sentons aussi à l’aise dans
notre situation de mendicité,
de parasite et d’assistanat, c’est
justement parce que nous estimons que certains pays nous
doivent de l’aide, sous prétexte
qu’ils nous ont colonisés ou
occupés, qu’ils ont construit
leurs richesses en faisant travailler nos ancêtres sans
contrepartie. Effectivement,
cet épisode a de grandes répercussions sur notre société
actuelle. Il est évident que si je
vous fais travailler pendant au
moins trente ans sans salaire,
mon fils sera plus éduqué et
plus riche également que le
tien. Mais il faut toujours être
en mesure d’effectuer cet effort de dépassement de soi,
nous permettant de transformer – à notre profit –un passé paradoxalement glorieux
et douloureux qui ne doit pas
nous rattraper. Et c’est un peu
ce qui nous arrive aujourd’hui
: nous nous plaignons toujours de ce que nous ont fait
les autres, du fait qu’ils ont
volé nos richesses, nos ressources naturelles…
Personnellement, j’estime
que ces approches relèvent de
l’enfantillage, de l’hébétude. Si
nous sommes aussi étrangers
dans le monde actuel, c’est
parce que nous n’observons
rien, nous ne portons pas
vraiment attention. Nous ne
faisons que lire et « parcœuriser », absorber aveuglement
ce que nous lisons sans les remettre en question ou encore
les jauger par rapport à ce qui
se fait dans la réalité.
Vous vous direz peut-être
: « Mais… Haïti est un petit
pays ! ».
Je vous répondrai : non.
Pourquoi ? Parce qu’Haïti est
un pays petit mais pas un petit pays. Comme l’a fait remarquer le célèbre historien
cubain, M. Guillermo de Zendegui : « Ce n’est ni par la dimension du territoire, ni par
les niveaux de développement
économique social qu’Haïti figure parmi les premières nations du continent. La grandeur d’Haïti ne se mesure pas
en milles carrés de superficie, en terme de revenu per
capita, en millions de rentes
nationales, mais plutôt en jalons d’une histoire forgée à
coups de valeur et d’audace,
en années d’abnégation et
de luttes et en suprêmes instants de gloire.»(1) La dimension territoriale d’un pays ne
peut nullement l’empêcher
d’être une puissance militaire
ou économique. Du point de
vue militaire, la définition de
puissance a complètement
changé. La force d’une armée
ne se mesure plus au nombre
de poitrines qu’elle peut aligner derrière les baïonnettes,
mais à la qualité de son matériel et au degré de sophistication des techniques qu’elle
y incorpore . Le résultat en ce
sens ne peut être obtenu que
par l’éducation. En ce qui a
trait à la richesse sur le plan
économique, le Singapour par
exemple, avec ses 620 km2,
fait partie des pays les plus
riches de la planète. Or nous
avons quant à nous plus de
27.000 km(2) et nous sommes
aussi misérables, jusqu’à faire
de la pauvreté la rente nationale. Il faut savoir, comme
l’a soutenu Christiane Taubira, que « Haïti est au cœur de
l’histoire de l’Humanité. Haïti a posé à l’humanité toutes
les grandes questions ».(3)
Alors, si nous ne connaissons
pas notre valeur en tant que
peuple, c’est parce que nous
avons une cécité historique,
une partie de notre histoire
nous est occultée. Mais qu’on
ne se méprenne pas : l’or, qu’il
soit recouvert de poussière ou
de boue, reste de l’or. La poussière et la boue ne diminuent
aucunement sa valeur. Elles
peuvent en dissimuler la préciosité, mais sans perte de valeur. Il ne suffit que d’un petit
nettoyage pour que la matière
réapproprie sa valeur d’or.
Haïti n’a pas perdu de sa valeur. Il suffit à nous-mêmes de
prendre notre responsabilité
de nationaux et de citoyens
pour nettoyer ce pays duquel
nous nous sommes détachés.
Dans le discours d’investiture de Nicolas Sarkozy, celui-ci était clair. Dans un premier temps, il a cité le nom du
général de Gaulle, de Georges
Pompidou, de Valery Giscard
d’Estaing, de François Mitterrand et de Jacques Chirac.
Il n’a pas cité le nom William
J. Clinton, Georges Bush de la
reine d’Angleterre, etc. Pourquoi ? C’est parce que, comme
il l’a signalé dans son discours
: « C’est le peuple français qui
lui a confié un mandat. Et il
a ainsi continué: Je le remplirai. Je le remplirai scrupuleusement, avec la volonté d’être
digne de la confiance que
m’ont manifestée les Français.
Je défendrai l’indépendance
et l’identité de la France parce
que la France a une identité
»4. Effectivement la France
a une identité ! Quel peuple
n’a pas d’identité ? Sauf ceux,
bien sûr, qui ont toujours
peur de prendre en charge
leur responsabilité de peuple.
La mission que veut accomplir Sarkozy est une mission
que lui a confiée le peuple
français. Il n’est redevable ni
aux Américains, ni aux Japonais, ni aux Anglais… mais
aux Français, les siens.
Si nous laissons le discours
d’investiture de Sarkozy pour
passer à celui d’Obama, nous
verrons qu’il s’agit de la même
chose, du même cas de figure.
Lors de l’investiture de ce dernier, il a précisé au tout début
de son discours qu’il prenait
la parole au nom de ses ancêtres américains, au nom de
son peuple, et a parlé de fidélité aux idéaux de ses ancêtres
et à la Constitution des EtatsUnis. Il n’a pas demandé d’être
fidele à la Constitution de la
France ni aux Bill of Rights de
l’Angleterre. Les paroles qu’il
prononçait engageaient son
pays et visaient le bonheur des
siens. Dans ce discours, ce qui
a attiré le plus mon attention,
c’est lorsqu’il a dit : « Nous
réaffirmons la grandeur de
notre nation en sachant que la
grandeur n’est jamais donnée,
mais se mérite. Dans notre
périple nous n’avons jamais
emprunté de raccourcis et ne
nous sommes jamais contentés de peu. »(4) . Ce discours
nous dit clairement la réalité du monde. Obama affirme
que la grandeur n’est jamais
donnée mais se mérite. Sur
terre on ne reçoit que ce qu’on
mérite. Qu’il s’agisse d’honneur ou d’insulte, c’est notre
mérite. C’est donc à nous, à
travers notre responsabilité
vis-à-vis de nous-mêmes, de
déterminer notre mérite. Tout
comme Obama, construisons
notre force sans emprunter de
raccourcis.
Quand finalement, nous
autres Haïtiens, aurons-nous
un président qui prendra la
parole avec autant d’autorité
et de responsabilité vis-à-vis
du pays ? Nos chefs d’État, par
un bien triste constat, se sentent plus responsables vis-àvis de pays étrangers que de
leur sien propre. Même pour
la réalisation d’élections ici, on
peut voir combien les étrangers sont impliqués. Ils financent presque totalement nos
élections. Que dire du budget de l’Etat tributaire à 80%
des étrangers ? Et lorsque nos
candidats sont élus, ils passent plus de temps à saluer les
présidents étrangers, les ambassadeurs, les investisseurs…
qu’à s’adresser au peuple pour
dire ce qui est juste, ce qui est
du devoir réel de tout chef
d’État. Je n’ai pas vu Obama
en train de saluer les ambassadeurs étrangers lors de son
investiture. Il a prêté serment
et s’est adressé à son peuple.
Pourquoi ne pouvons-nous
pas faire autant ? Il est grand
temps de nous comporter en
tant qu’adultes, en tant que
peuple fièrement responsable
qui cesse de se plier devant les
nations étrangères.
Il est grand temps que nous
cessions de suivre les Occidentaux. Il nous faut marcher sur
nos propres pas. Pas à pas. Je
n’ai jamais vu nulle part, dans
l’histoire de l’humanité, un
peuple déterminé à suivre un
autre, parvenir à dépasser celui qu’il a suivi. Traçons nousmêmes notre propre chemin. Si
nous voulons nous réapproprier
notre valeur de peuple et de nation, il nous faut prendre notre
propre voie, notre propre direction. Seulement à ce moment-là,
à ce prix, nous cesserons d’être
des suiveurs, attendant des solutions venues d’ailleurs. C’est
l’ancien représentant spécial du
secrétaire général des Nations
unies, Hédi Annabi, en date du
7 janvier 2010, cinq jours avant
sa mort à Port-au-Prince sous
les décombres du quartier général de la Mission des Nations
unies pour la stabilisation en
Haïti (Minustah), qui déclarait :
« Haïti est à un moment décisif
de son histoire. On a vu se profiler à l’horizon, en 2009, l’espoir
d’un nouveau départ. Il appartient aux Haïtiens, et aux Haïtiens seuls, de transformer cet
espoir en réalité, en travaillant
ensemble au service des intérêts
supérieurs de leur pays. »
Le temps dans lequel nous
vivons actuellement est celui
qui invite à profiter d’un certain ressaisissement, pour faire
marche arrière, question de retourner sur nous-mêmes pour
prendre la juste voie, la voie
pouvant nous ramener vers
l’Haïti réelle où nous aurons à
compter sur nous-mêmes, par
nous-mêmes et pour nousmêmes, tout en n’écartant pas
la nécessité de coopérer avec
les pays estrangers dans le
cadre d’échanges fructueux et
féconds, au bénéfice de nos
dignes compatriotes.
Le 16 juin 2010.
Roudy Stanley Penn
[email protected]
(1) Revue Americas, mars 1972
(2) Boniface, Pascal, Le
Monde Contemporain : les
grandes lignes de partage,
les Presses Universitaires de
France, 2001, p. 45
(3) Conférence prononcée à
l’Institut français d’Haïti, le 29
avril 2008
(4()Consulter www.lepoint.
fr, Discours d’investiture de Barack Obama, le 20 janvier 2009
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Vendredi 25 - Jeudi 1er juillet 2010
No 34224
Proposition en vue de la formation
Démocratie
et processus électoral d’un Conseil électoral digne de confiance
La Chronique hebdomadaire des droits de l’homme
(CHDH) s’était interrompue, en raison du cataclysme du
12 janvier qui a touché toute la conscience de l’humanité
dans sa dimension la plus profonde. Car, ce séisme dévastateur qui n a pas tenu compte de cagoterie et d’appartenance sociales, de couleur, de sexe, de religion, d’idéologie politique, de position dans la hiérarchie sociale…
devait faire environ un demi (½) million de morts, selon
les estimations scientifiques. Le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (Cardh), profite de la diffusion de ce bulletin qui annonce la reprise de sa Chronique hebdomadaire des droits de l’homme pour adresser
ses sympathies à chaque homme, à chaque femme et à
chaque enfant, sans considérations aucunes, victimes de
ce catastrophe épouvantable.
G
énéralement, on s’accorde sur cette approche de la démocratie comme étant : « le pouvoir
du peuple, par le peuple et
pour le peuple ». Un système
démocratique requiert, en
tout premier lieu, l’existence
de véritables institutions qui
visent à favoriser l’exercice
pleine et effective du pouvoir.
Car, elle est : « le pouvoir du
peuple (…)». L’existence d’institutions dans ce système dit
démocratique est, par ailleurs,
soumise à un autre facteur incontournable. Il s’agit du respect scrupuleux des normes et
des principes tant par le gouvernants (les dirigeants) que
par les gouvernés (le peuple).
En deuxième lieu, l’Etat de
droit s’impose comme l’un
des piliers fondamentaux de la
démocratie. L’exercice du pouvoir en question étant : « pour
le peuple (…) », la démocratie, dans cette logique, doit viser, d’entrée de jeu, « le bienêtre du peuple ». Ce qui laisse
entendre que le troisième pilier de la démocratie est l’humanisme. Tout système qui
se veut démocratique doit
se donner pour mission «
le respect et la promotion
des droits et des valeurs de
l’homme », comme le prescrivent la Charte des Nations
unies, symbole de la nouvelle
coopération internationale, et
la Déclaration universelle des
droits de l’homme (Dudh) qui
se veut l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et
la grande Charte de l’humanité tout entière.
Cette trilogie démocratique, à savoir l’existence
d’institution, l’Etat de droit et
le respect et la promotion des
valeurs et de la dignité humaines, s’exerce par des mécanismes connus sous le nom de
« pouvoirs politiques ». Mais,
ces derniers, en tant qu’organes chargés d’exercer la démocratie, ne sont pas constitués directement du peuple.
Celui-ci désigne ses représentants (es), les gouvernants, qui
agissent en son nom. Il s’agit
de la démocratie représenta-
tive.
Ce processus se matérialise via un système connu sous
l’appellation d’élections. En
d’autres termes, les élections
constituent le mécanisme qui
permet au peuple, c’est-à-dire
l’ensemble des citoyens, détenteur de la souveraineté nationale, de désigner ses représentants (es) au sein des pouvoirs
politiques.
Cependant, il y a lieu de
comprendre deux choses importantes dans le cadre de
cette approche politico-juridique. D’abord, l’organisation
périodique d’élections, selon
les normes constitutionnelles,
est l’une des exigences de tout
système ou de toute société
qui se veut démocratique. Elle
permet au peuple de designer
et de renouveler les personnels des pouvoirs politiques.
L’autre aspect fondamental
est que les élections permettent au peuple d’exercer les
droits politiques (première génération de droits de l’homme
), soit en désignant les futurs
gouvernants (droit de voter
)ou en devenant lui-même
gouvernants (droit de se porter candidat). Elles sont, pour
ainsi dire, soumis à des préalables.
À l’heure actuelle où le devant de la scène est préoccupé par l’organisation des
prochaines élections pour renouveler les personnels des
pouvoirs politiques, la Chronique hebdomadaire des
droits de l’homme (Chdh), le
bulletin du Centre d’analyse
et de recherche en droits de
l’homme (Cardh), vous propose une série d’articles, sous
le titre ; « Démocratie et processus électoral »
Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme
(Cardh)
53, Ave. Christophe (Port-auPrince, Haïti)
(509) 3436-1282/37956597/3619-3865/3485-8027
www.cardh.org
Justification
Notre pays vit aujourd’hui
une situation de précarité,
d’incurie et de dépendance
particulièrement dangereuse
pour sa souveraineté, sa survie en tant que nation et le
bien-être de son peuple. Pour
sortir de ce marasme, le pays
a besoin d’un leadership compétent, éclairé, soucieux du
bien-être collectif et jouissant de la pleine confiance
du peuple haïtien. Seules des
élections crédibles, réalisées
par un Conseil électoral provisoire non partisan, composé d’hommes et de femmes
intègres et courageux, peuvent ouvrir la voie à une sortie positive de la crise sociale,
économique et politique que
nous vivons aujourd’hui.
En raison des fraudes grossières et évidentes qui ont
émaillé les dernières élections
sénatoriales, de la démarche
unilatérale de l’Exécutif ayant
conduit au récent replâtrage
du CEP et des derniers scandales administratifs révélés
par des parlementaires , l’actuel Conseil électoral a perdu
toute crédibilité et représente
un sérieux facteur de trouble
et d’instabilité sociale et politique pour notre pays, qui
vit dans des conditions de
grande fragilité. De toute évidence, le pays a besoin d’un
autre Conseil électoral.
Nous saluons les efforts déployés par la Communauté
Internationale pour participer financièrement et techniquement à la reconstruction
du pays, tout en déplorant
que les dispositions légales
prises pour faciliter cette
participation ne responsabilisent ni l’Etat haïtien, ni la
Communauté internationale.
Toutefois, nous attirons l’attention des pays qui se proposent de contribuer financièrement à la reconstruction du
pays sur le fait que cette entreprise louable et nécessaire
ne pourra réussir que dans
un climat politique apaisé et
dans la mesure où un processus électoral crédible permet
l’émergence d’un pouvoir véritablement légitime.
En vue d’éviter à notre pays
les dérives d’une grave détérioration de la situation politique dans le contexte difficile de l’après 12 Janvier, le
Collectif d’organisations de la
Société civile signataires de la
présente déclaration, propose
à la nation et aux principaux
acteurs concernés le mécanisme suivant pour aboutir
à un choix approprié et non
partisan des membres du
Conseil électoral provisoire.
Proposition
1.- Profil des membres
du CEP
Le Conseil électoral provisoire appelé à jouer le rôle
d’un Conseil d’Administration
au sein de l’Institution électorale doit être formé de personnalités bien connues , caractérisées par leur compétence et
leur professionnalisme, leur
honnêteté et leur force de caractère , leur ouverture d’esprit
et leur indépendance de jugement et, le cas échéant, leur expérience confirmée de la question électorale.
2.-Les Instances appelées à choisir les 9 membres
du CEP
I. Sept des neuf instances
qui auront la responsabilité
de désigner les membres du
Conseil électoral provisoire
sont prévues par la Constitution de 1987 en son article
289, : l’Exécutif, la Conférence épiscopale, les Cultes
réformés, la Cour de cassation, les Organismes de défense des Droits humains, le
Conseil de l’Université, l’ Association des journalistes.
Deux autres entités : l’Eglise
épiscopale et le Culte Vodou, par exemple, pourraient
remplacer le Conseil consultatif (qui n’existe plus) et le
Conseil national des Coopératives (qui est un appendice
administratif de l’Exécutif).
3.- Procédure à suivre
pour la désignation des 9
membres du CEP
II. A partir des critères retenus pour définir le profil
des membres du CEP, chacune des neuf instances identifiées aura la responsabilité
de proposer une personnalité, sur une base strictement
citoyenne, dans un esprit non
sectaire et non partisan. Le
choix de cette personnalité
devra se faire sur une base
institutionnelle et démocratique au sein des instances
concernées. Aucun membre
de l’actuel CEP ne sera éligible.
4.- Fonctionnement du
Conseil électoral provisoire
Les membres du Conseil
électoral provisoire ainsi
constitué, éliront un bureau
en leur sein. Ils fonctionneront exclusivement en qualité de Conseil d’Administration sur une base collégiale
et démocratique pour toutes
les décisions relatives à la
conduite du processus électoral. Ils nommeront un Directeur exécutif et les membres
clés du staff chargés d’organiser et de gérer le processus
électoral sous l’autorité suprême du Conseil et selon ses
directives.
L’Administration des opérations électorales à travers
les différents départements
géographiques du pays devra être confiée au personnel
compétent en la matière sous
la supervision du Directeur
exécutif et l’autorité ultime
de l’ensemble du Conseil.
Les membres du Conseil ne
pourront point se substituer
au personnel de bureau et
de terrain chargé des tâches
techniques et administratives,
ni se partager la responsabilité exclusive de la gestion des
opérations électorales dans
chacun des 10 départements
géographiques.
Les membres de ce Conseil
électoral - qui, nous l’espérons vivement, sera le dernier provisoire - n’étant point
considérés comme des salariés, percevront de simples
frais, et bénéficieront de prérogatives compatibles à leur
fonction.
Les organisations signataires de la présente, dans le
souci de préserver le processus démocratique, soumet à
tous les acteurs politiques la
présente proposition pour
la formation d’un Nouveau
Conseil électoral provisoire
et les invitent à un sursaut patriotique, en vue de rechercher la voie du dialogue et
du compromis politique afin
d’éviter à la nation une nouvelle période de troubles, à un
moment particulièrement difficile de notre vie de peuple.
Ces organisations sont à la
disposition du pays pour faciliter le dialogue et les négociations.
21 juin 2010
Suivent les signatures :
Rosny Desroches, Initiative de la
Société Civile(ISC)
Edouard Paultre, Conseil Haïtien des Acteurs Non Etatiques
(CONHANE)
Organisation des Patriotes Pour
Ayiti (OPA)
Léopold Berlanger
Jean Garry Denis, Initiative Citoyenne (IC)
Jean-Claude Bajeux, Centre
Œcuménique des Droits de
l’Homme (CEDH)
Dominique Joseph, Office de
Concertation pour le Développement (OCODE)
Bellegarde Berthony, Action Citoyenne
Jn Gardy Théodore, Centre pour
la Promotion des Droits Humains et de la Démocratie en
Haiti (CEPRODHD)
James Jacques, Grand Front National des Etudiants Haïtiens.
(GRAFNEH
Pierre Espérance, Réseau National de Défense des Droits de
l’Homme (RNDDH)
Arnold Antonin, Centre Pétion
Bolivar
Joseph Jean Midley, Mouvement
pour la Démocratie, l’Ordre et
la Démocratie (MODOD)
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Agora 15
Vendredi 25 - Jeudi 1er juillet 2010
Keynes et la démocratie sociale aujourd’hui
L
ondres. Pendant des
décennies, le Keynésianisme a été associé
aux politiques sociale-démocrates des grands gouvernements. Mais la relation de
John Keynes avec la socialdémocratie est complexe.
Bien qu’ayant été l’architecte
des composants essentiels de
la social-démocratie – particulièrement le plein emploi
– il n’a pas souscrit aux autres
objectifs clé de la social-démocratie, comme la propriété
de droit public ou l’extension
massive de l’Etat Providence.
Dans La Théorie Générale
de l’Emploi, des Intérêts et de
la Monnaie, Keynes a finalement résumé les forces et les
faiblesses du système capitaliste. D’un côté, le capitalisme
constitue le meilleur garant
de la liberté individuelle, du
libre choix, et de l’initiative
entrepreneuriale. D’un autre
côté, les marchés non régulés ne parviennent pas à atteindre deux objectifs essentiels à n’importe quelle société
civilisée : « La société dans laquelle nous vivons commet
deux fautes remarquables :
elle ne parvient pas à fournir
le plein emploi et elle autorise
une distribution arbitraire et
inéquitable des ressources et
des revenus. » Ceci implique
un rôle actif du le gouvernement, une idée qui flirte avec
certains des principes importants de la pensée de gauche.
Jusqu’à la publication de
La Théorie Générale en 1936,
les sociaux démocrates ne savaient comment parvenir au
plein emploi. Les politiques
appliquées visaient à déposséder les capitalistes de la propriété des moyens de production. Comment cela était-il
sensé produire le plein emploi n’a jamais été déterminé.
par Robert Skidelsky*
Une idée, dérivée à l’origine de Ricardo and Marx,
voulait que la classe capitaliste avait besoin d’une « armée de réserve de sans-emplois » pour maintenir ses
parts de bénéfices. Si les profits disparaissaient, il en serait
de même pour cette armée de
réserve. Le travail serait payé
selon sa valeur et tous ceux
qui seraient capables de travailler pourraient trouver un
emploi.
Mais, en dehors de l’impossibilité politique de nationaliser l’ensemble de l’économie de manière pacifique,
cette approche avait le funeste
défaut d’ignorer le rôle de la
demande globale. Elle partait
du principe que la demande
serait toujours suffisante si les
profits étaient éliminés.
Keynes a démontré que la
raison principale de périodes
prolongées de chômage élevé
n’était pas l’empiètement du
travail sur les profits, mais les
perspectives fluctuantes des
investissements privés dans
un monde incertain. Presque
tous les cas de chômage lors
d’une période de déclin cyclique
provenaient
d’un
manque de demande d’investissement.
L’important n’était donc pas
de nationaliser les réserves de
capitaux mais de socialiser
l’investissement. L’industrie
pouvait sans problème être
confiée à des mains privées,
à condition que l’Etat garantisse suffisamment de pouvoir
d’achat dans l’économie pour
maintenir un niveau d’investissement de plein emploi.
En résumé, Keynes voulait
parvenir à remplir un objectif social démocrate clé sans
transférer la propriété indus-
Pour un CEP crédible
1
.- La première partie de
la proposition de la Société civile, basée sur la
Constitution – comme celle
d’Odette Roy Fombrun – est
parfaite. C’est bien de remplacer deux institutions non
fonctionnelles par deux autres
qui méritent d’en faire partie
(dont le culte Vaudou, comme
ORF l’a aussi proposé).
2.- Concernant le profil des
membres du CEP, on pourrait
ajouter quelques spécifications concernant les capacités
des candidats (gestion, administration, connaissance en
système électoral…).
trielle. Il pensait néanmoins
que la redistribution permettrait d’assurer le plein emploi. Une augmentation de la
consommation « serait dans
le même temps une motivation pour investir. » Et la faiblesse des taux d’intérêt nécessaire au maintien du plein
emploi entrainerait à terme «
l’euthanasie des rentiers » - de
ceux qui vivent des rentes du
capital.
Une redistribution modérée était l’implication la
plus politiquement radicale
de la théorie économique
de Keynes, mais les mesures
soulignées plus haut constituaient aussi selon lui les limites de l’intervention de
l’état. Aussi longtemps que «
l’état est capable de déterminer l’ensemble des ressources
dévouées à augmenter les instruments [c’est-à-dire la base
du capital] et une rétribution
de base pour ceux qui les possèdent, » il n’y pas de « raison
évidente » pour plus d’implication. Le public ne devait jamais se substituer au privé,
seulement le compléter.
Aujourd’hui, les principes
de plein emploi et d’égalité demeurent au cœur de la
social-démocratie. Mais le
combat politique doit être
mené sur d’autres terrains.
Alors que la ligne de front
se situait entre le gouvernement et les propriétaires des
moyens de production – les
industriels, les rentiers – elle
est aujourd’hui entre les gouvernements et la finance. Des
mesures comme les efforts du
Parlement Européen pour réguler le marché des produits
dérivatifs, l’interdiction des
ventes à découvert par le gouvernement britannique au début de la crise financière ou
les demandes pour limiter les
donc changé si elle en désigne
un nouveau.
b) L’indépendance
3.- La nomination des
Ce nouveau membre sera
membres est à rejeter, vu encore lié à l’institution qui le
qu’elle ne rend les membres nommera. Rien n’aura changé.
ni plus indépendants, ni plus
honnêtes.
En conclusion
Il n’y a que la FORMULE
ELECTIVE proposée par ORF
Pour l’honnêteté, ce sont les qui peut rendre un membre
règlements intérieurs qui doi- du CEP indépendant et plus
vent être plus stricts, car, il est crédible.
certain que l’Eglise catholique,
en désignant un membre de
Les institutions crédibles
l’ancien CEP, avait pensé que de la Constitution ne peuvent
cette personne était stricte- être que des ELECTEURS
ment honnête. Rien n’aura CRĖDIBLES.
a) L’honnêteté
boni des banquiers sont des
expressions contemporaines
du désir de réduire le pouvoir
destructeur de la spéculation
financière sur l’économie.
L’intervention de l’état
doit combler les écarts que
le secteur privé ne peut raisonnablement combler par
lui-même. La crise actuelle
a montré à l’évidence que
les marchés privés sont incapables de s’autoréguler ;
le gouvernement a donc un
vrai rôle à jouer dans la régulation interne. De même,
les questions d’incompatibilité temporelles empêchent les
grandes firmes internationales
de compartimenter leurs marchés. Une autre tâche incombant au gouvernement est de
limiter les flux de capitaux par
le biais de taxes internationales, ce qui cloisonnerait les
crises avant qu’elles ne deviennent globales.
La nouvelle tendance à
vouloir maitriser le pouvoir
de la finance est en grande
partie une conséquence de la
globalisation. Le capital traverse les frontières plus librement et plus rapidement que
les biens ou les personnes.
Pourtant, alors que les
grandes firmes globales utilisent habituellement leur forte
concentration de ressources
financières pour faire presLa plus grande contribusion pour plus de dérégulation (« ou nous irons ailleurs tion de Keynes à la social»), la crise a fait de leur taille démocratie, cependant, ne
repose pas sur des points spéun handicap.
cifiques de politique. Keynes
Le fait d’être trop gros insistait sur le fait que l’Etat,
pour échouer signifie simple- en tant qu’ultime protecteur
ment que l’on est trop gros. du bien public, a un devoir
Keynes avait remarqué que « de compléter et de réguler les
c’est la précarité des marchés forces du marché. Si les marfinanciers qui est en grande chés nous ont utiles pour empartie responsable de notre pêcher l’Etat de mal se comproblème contemporain de porter, nous avons besoin que
garantir un niveau d’investis- l’Etat empêche les marchés de
sement suffisant. » Cela sonne mal se comporter.
encore plus vrai aujourd’hui –
Par les temps qui courent,
plus de 70 ans plus tard – qu’à
son époque. Plutôt que de cela signifie d’interdire aux
garantir des investissements marchés de mal se comporter.
pour les secteurs productifs Ce qui veut dire limiter leur
de l’économie, l’industrie fi- pouvoir et leurs profits.
nancière est devenue une
adepte de l’investissement
Copyright: Project Syndicate,
pour lui-même.
2010.
www.project-syndicate.org
Ceci, une fois encore, de* Robert Skidelsky, membre
mande une intervention gouvernementale active. Pour- de la Chambre des Lords britant, ainsi que Keynes l’aurait tannique, est Professeur Emedit, il est important que l’am- ritus d’économie politique à
plification de l’implication du l’université Warwick. Il est l’augouvernement se fasse sur la teur d’une biographie primée
base d’un raisonnement éco- de l’économiste John Maynard
nomique sain plutôt que par Keynes. Il est aussi membre du
idéologie politique, qu’elle conseil d’administration de la
soit sociale-démocrate ou Moscow School of Political Studies.
autre.
Pour la liste des candidats,
un simple consensus entre les
concernés par les élections
doit permettre de la dresser.
Par exemple, chaque parti politique, régulièrement inscrit
(Dieu seul sait qu’il y en a !)
présente un candidat.
Les électeurs crédibles votent sur cette liste pour les
neuf membres du CEP : élus
par neuf institutions, ils sont
supposés de ce fait être plus
crédibles que s’ils sont individuellement nommés.
té civile commet une injustice
en les bannissant purement et
simplement, alors qu’ils n’ont
pas été reconnus coupables de
fraudes ou d’infractions.
Pour nous, les noms des
membres de l’actuel CEP –
non accusés de fraudes ou
d’infractions - peuvent figurer sur la liste des candidatspourvu que les partis politiques les désignent comme
tels.
Concernant les membres
de l’actuel CEP
Ceux élus par les neuf institutions feraient partie du nouveau CEP. Ce serait justice.
23 juin 2010.
La proposition de la Socié-
Odette Roy Fombrun
16 Agora
Vendredi 25 - Jeudi 1er juillet 2010
Haïti, terre sans repos
« Au-delà du paysage
Je vois en moi un trou profond
Comme la tombe »
F.G. Lorca
C
’est par la télévision
que j’ai appris, le mardi 12 janvier, la catastrophe survenue dans mon
pays, Haïti. Les images défilaient, apocalyptiques, montrant la capitale, Port-auPrince défigurée. Pendant
quelques heures, j’ai cru ou
voulu croire que les autres
villes étaient épargnées mais
les informations sont arrivées, dramatiques : Léogane,
la ville de la reine Anacaona,
endommagée à 90%, PetitGoâve, gravement touchée,
Jacmel, ma ville natale, la
quatrième ville du pays avec
ses 40.000 habitants, véritable
capitale culturelle de la république d’Haïti dans un grave
état de désolation : maisons
fissurées à tel point que les
habitants les fuient pour dormir dans les rues de crainte
d’être ensevelis sous les décombres - ils vont même
jusqu’à monter des sortes de
barricades afin d’empêcher la
circulation des quelques véhicules encore susceptibles de
rouler -, la plupart des bâtiments officiels effondrés.
Haïti tout entière est sinistrée : la quasi-destruction
de la capitale et des agglomérations dans un rayon de
100km, la détérioration des
routes déjà très vulnérables
et en mauvais état, l’effondrement de l’habitat aussi bien
bourgeois que précaire, tout
concourt à ce paysage lugubre
que chacun peut voir sur son
écran.
Mais pourquoi donc un
pareil désastre dans un pays
qui a plus de 200 ans d’existence ?
Le risque de séisme dans la
région est connu depuis longtemps. Moreau de Saint-Méry,
grand historien de Saint-Domingue d’avant la Révolution
a brillamment décrit les dégâts provoqués par les commotions sismiques de 1701,
1752, 1770. Ses descriptions
précises,
impressionnantes
conviendraient fort bien aux
ruines qui s’amoncellent actuellement en Haïti.
Il y a donc plus de deux
siècles que le pays connaît
des malheurs absolument
semblables sur les mêmes
sites avec des retentissements
exactement superposables à
ceux que nous constatons aujourd’hui : ou bien il faut modifier la nature ou la fuir ou
bien il faut faire face. En tout
cas la leçon est très claire, de
tels tremblements de terre
peuvent recommencer. C’est
l’homme qui, par son aveuglement ou son entêtement,
est en grande partie responsable des effets désastreux
qu’ils provoquent. C’est sa
responsabilité si de telles catastrophes peuvent se reproduire avec la même violence, la même intensité, la
même fureur. Il faut pointer
du doigt l’impéritie, l’imprévoyance des dirigeants et des
gouvernements plus attachés
au pouvoir pour le pouvoir,
et à leur plaisir, qu’à offrir à
leurs concitoyens un minimum de sécurité. La nature
n’est ni bonne ni méchante,
elle a sa propre respiration,
son propre rythme et ses
propres contraintes. L’homme
doit simplement savoir vivre
avec.
Toutes les puissances du
monde savaient qu’Haïti, le plus pauvre des États
d’Amérique du Sud, pouvait
un jour ou un autre être en
butte à des phénomènes naturels d’une grande violence
et qu’elle n’était pas préparée
à y faire face. On s’en allait
partout ironiser sur le pays le
plus pauvre sans vouloir s’interroger sur cette menace. Les
stratèges conseillers de ces
puissances, eux, le savaient.
Maintenant que la faille géologique s’est rouverte, il importe aussi d’insister sur la
faille économique et financière créée, dans le passé, par
les puissances étrangères :
par la France d’abord qui, dès
l’Indépendance
proclamée
le 1er janvier 1804, a mis le
pays sous embargo puis lui a
imposé, en 1810, le paiement
d’une indemnité de 150 millions de francs-or de l’époque
dont le règlement n’est pas
encore achevé, puis par l’Angleterre, l’Allemagne qui, au
moindre problème survenu
à l’un de leurs ressortissants,
demandaient des indemnités énormes. Ces exigences
multiples et répétées n’ont pas
permis aux gouvernants haïtiens de faire véritablement
démarrer le pays. L’occupation du pays par les U.S.A, de
1915 à 1934, n’a pas contribué au délabrement physique
du pays, mais a déstabilisé les
élites. Elle a aussi créé une
gendarmerie devenue Armée
nationale toute puissante avec
à sa tête un État-major qui
intervenait dans les affaires :
cette armée est devenue au fil
des ans, la seule force organisée du pays capable de faire et
de défaire les gouvernements.
Grâce à elle, les Etats-Unis
ont pu contrôler le pays, c’est
ce qui a abouti au mauvais
héritage qu’ils nous ont laissé.
Maintenant l’aide internationale afflue : les Etats-Unis
en tête avec la volonté du président Obama d’être là aujourd’hui, demain et à l’avenir, puis la France, le Canada
et bon nombre de pays amis
dont l’Espagne. Mais il faut
que cette aide massive tienne
compte des besoins réels de
huit millions de nos compatriotes et qu’elle s’installe dans
la durée. Haïti ne se relèvera
pas seule. Les médecins et les
ingénieurs doivent être nombreux à son chevet et durablement pour que puissent être
mises en place des infrastructures modernes : de l’école
maternelle jusqu’à l’université
et des écoles d’apprentissage
jusqu’à l’embauche. Je rêve, je
suis un peu fou de penser que
la communauté internationale
qui nous a ostracisés pendant
si longtemps attachera une
quelconque importance à des
propos comme ceux-ci. Mais
il y a des choses qui doivent
être dites.
Malgré toutes les difficultés rencontrées au cours de
sa jeune existence, Haïti a
toujours fait preuve d’une vitalité étonnante : pays d’artistes admirés par A. Breton,
A. Malraux, pays d’écrivains
unanimement salués, pays
d’artisans créatifs, pays de
paysans durs au travail, Haïti se relèvera avec l’aide fraternelle des autres nations.
Mais il importe que cette aide
se manifeste dans l’égalité et
l’équité.
On reproche habituellement aux Haïtiens de ne pas
prendre suffisamment euxmêmes les choses en main.
Mais dans ces circonstances
dramatiques, ils savent fa
ire preuve de solidarité : en
France, 14 associations haïtiennes, toutes tendances
confondues, à l’initiative de
Gérald Bloncourt (photographe, peintre, écrivain haïtien) se sont rassemblées en
un collectif unique, le Comité
urgence et soutien pour Haïti
sous le patronage de l’ambassade d’Haïti
Cependant j’accuse, une
fois encore, les gouvernements passés d’Haïti d’être
responsables en partie des
malheurs actuels car ils n’ont
pas mis en place les structures nécessaires qui auraient
permis au pays d’être moins
vulnérable. Et nombre de ces
gouvernements étaient soutenus par des puissances étrangères. La responsabilité des
conséquences de cette catastrophe incombe donc à ces
Haïtiens et à ces puissances
qui ont permis à de pareils
gouvernements de régner,
d’exiler les compétences haïtiennes ou de les maintenir en
ex il, de s’enrichir en pillant
les caisses de l’État. Si j’accuse
les nôtres, je récuse l’hypocrisie et l’assurance de ceux des
technocrates occidentaux qui
font peser tout le malheur du
No 34224
pays sur la seule incurie des
Haïtiens. Sur une terre qui ne
cesse de vaciller et qui menace ses habitants, il faut un
courage immense pour déblayer le terrain et creuser de
nouvelles fondations : vivre
sous la tente reste pour l’instant plus sécurisant. L’espoir
ne viendra qu’avec la diminution puis la disparition des
répliques sismiques. Mais le
problème central, fondamental, est non seulement la prévention de ces catastrophes
mais les rapports au monde de
ce pays. Les milliards qui vont
être déversés susciteront inévitablement des appétits. Oui,
l’homme, sur tous les continents, est faible. Je demanderais donc à l’Onu la création
d’une cour des comptes spéciale pour suivre la destination et l’utilisation réelle du
moindre dollar, du moindre
euro. C’est à cette condition
qu’Haïti, grâce au monde qui
l’a jadis maltraitée, pourra
se relever. Nos paysans, nos
ouvriers,- le petit peuple,
comme on dit -, ont donné
dans le passé des preuves de
leur courage, de leur énergie, de leur savoir-faire. Mais
la tentation est toujours aux
aguets, toujours prête, à surprendre l’honnêteté et à la
mettre en défaut, surtout dans
un pays où la stabilité des situations est rarement acquise.
Mais pourquoi cette catastrophe en Haïti ?
« Mon Dieu, je suis venu
avec la graine des questions !
Je les ai semées et elles n’ont
pas fleuri
Mon Dieu, j’irai m’asseoir
sans questions mais avec
une réponse
à voir bouger les branches »
(F. Garcia Lorca)
Oui, il faut faire bouger les
branches pour que tombent
les feuilles fanées et les fruits
pourris.
Alors une réponse viendra,
alors Haïti se remettra, se relèvera.
Jean Métellus
No 34224
Société 17
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
Les rendez-vous manqués
Voyons vrai !
L’on n’y pense pas assez,
mais les affaires de ce pays
n’épouseront peut-être jamais
les contours de l’orthodoxie démocratique, telle qu’elle
s’observe dans les pratiques
occidentales ; les choix démocratiques semblant surtout
être question du tempérament
des peuples.
Dans cet ordre d’idées, il
n’est pas interdit de penser
que même la chute de JeanClaude Duvalier aurait pu être
largement différée, si les résultats du Référendum de 1983
avaient menti dans d’autres
proportions, dans les limites
du vraisemblable. Autrement
dit, si les puissants de l’heure
avaient eu l’intelligence de
faire perdre la force convocante, dans des proportions
qui devaient refléter la réalité de la conjoncture d’alors :
52% contre et 48% pour, par
exemple.
Car, ne l’oublions pas, la
proposition formulée en question référendaire n’était pas de
savoir si l’on voulait encore
continuer avec Jean-Claude
Duvalier comme président,
mais plutôt comme : président
à vie.
Et cela faisait toute une différence.
Si, donc, on lui avait fait
perdre avec une marge entendue, c’est en toute vraisemblance qu’une élection présidentielle,
immédiatement
organisée par les soins traditionnels du ministère de l’Intérieur, lui eût confié le pouvoir, cette fois sur une base
périodique.
Mais voilà, les Princes du
moment choisirent la dialectique du lion. Et mal leur en
prit…
Un autre rendez-vous manqué est le sort fait à Lesly F.
Manigat, lui qui, bravant l’anathème, accepta de donner un
semblant de normalité aux
élections qui allaient suivre les
sanglants comices du 29 novembre 1987.
Même si la petite histoire
a retenu les maladresses antimilitaires, donc conjoncturellement ingrates, de certains
par Nicolas Janvier
membres du Gouvernement :
Célestin – Manigat, il reste
que, dans l’ensemble, l’allure
que prenait ce gouvernement
semblait conférer noblesse à
cet État haïtien de plus en plus
paria et que les excès de la soldatesque avaient enfoncé dans
l’ignominie.
C’était en juin 1988. Et
ce fut alors qu’on commença vraiment à parler de crise.
Crise d’où sortir, crise à juguler, crise à résoudre, crise
sans fin. On parla interminablement de crise, jusqu’au jour
d’aujourd’hui ; faisant ainsi mentir le Petit Robert qui
donne à ce vocable un caractère limité dans le temps, en
faisant un état passager, de la
résolution duquel dépend le
retour à l’état normal.
Oui, l’état normal ! Même
si l’on n’en garde que lointain
souvenir. État normal, qu’on
peut, en l’occurrence, prendre
dans le sens d’un pays normal.
Crise de nerfs ou crise financière, crise hystérique ou
crise politique, la crise est
donc nécessairement une si-
Brazzaville
Trois cahiers et un bout de pain
pour éviter la rue
(Syfia/CRP). Des cahiers et un peu d’argent suffisent parfois pour éviter que des enfants
de familles pauvres se retrouvent à la rue. À Brazzaville, une association et quelques
parrains apportent une aide modeste des plus précieuses.
«
Je suis parti parce que
ma mère n’avait plus rien
pour me nourrir et que
je n’avais pas de quoi m’acheter des cahiers », raconte Roflan. À 22 ans, il a aujourd’hui
retrouvé l’harmonie familiale,
après avoir passé plus d’un an
dans la rue quand il était adolescent. Comme lui, beaucoup
d’autres fuguent quand la pauvreté est intenable chez eux. «
Le manque d’un bout de pain
suffit pour qu’un enfant se retrouve dans la rue », affirme
Paloulou Hervé, coordonnateur de l’ONG Éducation en
milieu ouvert (EMO).
« Ma fille avait honte de me
demander de l’argent. C’est ce
qui l’a poussée à partir », explique Rosalie. Les huit enfants à la charge de cette maman écoutent désormais plus
attentivement ses conseils. Il
y a quatre ans, ils ont pourtant failli se retrouver tous à la
rue, faute de moyens et d’encadrement. « Je ne les contrôlais plus. Toute la journée, ils
étaient dehors. Cela me faisait
honte et mal », confie cette
veuve. Parmi ces enfants, trois
sont ceux de sa sœur cadette
décédée en 2005. « Je m’occupe de mes neveux, car toute
la famille a refusé », ajoute
Rosalie. Aujourd’hui, elle a
toujours du mal a bien tenir
son foyer qu’elle gère seule depuis la mort de son mari en
2000. Elle en est à son troisième logement depuis le début de l’année. Une instabilité dont ont souffert aussi les
enfants, obligés d’aller mendier. « Aujourd’hui, vous êtes
dans un quartier, demain dans
un autre… Ils ont du mal à
s’adapter », confirme Hervé
dont l’OSC fournit notamment du matériel scolaire à ces
enfants qui vont désormais à
l’école. Globalement, la famille
s’en sort mieux qu’avant grâce
à l’argent versé par EMO.
Le coup de pouce des
parrains
Manquant de moyens, cette
association a créé en 2009 le
projet Coopération bonne initiative, qui fait appel aux personnes de bonne volonté pour
aider les familles. Depuis, plus
de 25 parrains y participent. «
Je soutiens les enfants malades
en achetant les médicaments,
le kit scolaire et je les invite
à venir passer les fêtes chez
moi », explique par exemple
Joseph Ouatimou, parrain de
la famille de Rosalie, qui aide
trois autres familles. M. Ouatimou a par ailleurs accueilli
chez lui un enfant de la rue
âgé de 4 ans, qui aujourd’hui
est en classe de 3e. « La cohabitation ne pose aucun problème avec les miens qui le
considèrent comme leur frère
», ajoute-t-il.
« Le parrainage est une
bonne initiative, mais il faut
qu’il se fasse en respectant les
droits fondamentaux de l’enfant (nourriture, hébergement
et éducation, Ndlr) », déclare
Joseph Biviyou, directeur la
Direction de la protection légale de l’enfance (DPLE), une
structure du ministère de la
Justice qui a pour mission de
prendre en charge les enfants
en danger et les délinquants.
Elle aide aussi les ONG à
mieux travailler en leur facilitant notamment la médiation
avec les parents. M. Biviyou
tuation passagère.
Sinon, c’est autre chose.
Et dans le cas nôtre, où l’on
crée les crises et l’on s’y complaît ; telle cette sorte de pyromane qui allume l’incendie
pour l’admirer ; dans le cas
haïtien, il semble bien qu’il
s’agisse d’autre chose…
Même si nous sommes si
confortables à donner dans
l’abstrait, à forcer la réalité ;
travestissant la vérité, pour
en faire notre vérité à nous.
Au point qu’on ne se surprend plus d’entendre de la
bouche de tel éminent politologue que « l’État d’Haiti est,
depuis 1804, en situation de
crise permanente, par le fait
des élites » (sic et rigoureusement sic).
Une assertion détestable,
énoncée dans le seul propos
de donner de la voix, de hurler avec les loups, d’être dans
le ton. Quitte à laisser la bizarre impression que certains ont fait « Science Po »,
comme des oiseaux qui iraient
au conservatoire pour chanter
mélodieux.
Le meilleur rendez-vous
manqué reste, malgré tout,
l’accession au pouvoir du petit
prêtre des bidonvilles, lui qui,
l’eusse-t-il voulu, eût pu, en un
mandat, réaliser dans ce pays
ce que, par déficit de popularité, d’autres, avant lui, ne purent réaliser en cinquante ans
; lui qui, de son seul verbe, eût
pu civiliser les manières du
petit peuple et le convaincre
des vertus de la cohabitation
harmonieuse.
Il ne le fit point, il ne le sut
pas faire ; pour s’être, au départ, piégé par une rhétorique
sciemment dépourvue d’abnégation et de générosité envers
ceux-là, légion, qu’il considérait comme « les ennemis
du peuple », donc les siens
propres.
D’autres rendez-vous sont
aussi à retenir et qui furent
manqués, parce que noyés
dans l’océan des petits calculs,
des projets à courte vue, ou
bassement revanchards ;
comme pour discuter à certain devancier le monopole de
l’intolérance.
Et l’instant présent nous retrouve engouffrés dans « la
crise », ou, plutôt, ce qui se
voudrait l’être ; les jours à venir ne semblant annoncer
qu’une légère éclaircie, dont
n’est pas étrangère la dernière
proposition des représentants
de « la société civile».
Plaise au ciel que l’on sache
par où creuser.
Nous avons, en vérité, trop
en commun, pour ne pas être
capables de transcender nos
quelques différences et nous
guérir, pour de bon, de ce crisis-mania qui n’en finit pas.
insiste : « La place de l’enfant
est dans sa famille respective
et non dans la rue ». Pour les
éducateurs d’EMO également,
l’enfant a besoin de cette chaleur. « Sans quoi, selon un
éducateur, il aura tendance
à aller dehors et les filles risquent de se prostituer. »
Loin de remplacer les pa-
rents, OSC et parrains apportent donc une aide à la fois
complémentaire, modeste et
précieuse, qui aide certaines
familles à dépasser leurs difficultés. « Si on pouvait être
plus nombreux à aider les enfants de la rue, ce serait bien »,
conclut M. Ouatimou.
18 Société
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
Distributions/T-Shirts
En Haïti tout est possible
C
e qu’on peut faire en
Haïti et qui serait impensable ailleurs.
On peut se garer au milieu
de la route, bloquer la circulation .
On peut s’arrêter au milieu
de la chaussée, converser avec
un autre automobiliste sans se
soucier des autres usagers de
la route qui attendent.
On peut être « notaire »; «
arpenteur » et enregistrer, topographier un même bien,
plusieurs fois dans l’année aux
bons grés d’un vendeur sans
foi ni loi, sur des diasporas à
plumer.
On peut organiser le
meurtre de sa femme, de son
frère, de son associé, de n’importe qui.
On peut organiser le kidnapping de son enfant, de son
neveu, …, dans le but de soutirer de l’argent à ses proches.
On peut violer la femme,
l’enfant de quelqu’un en toute
impunité dans le seul but
d’exercer une certaine pression psychologique afin d’obtenir des contreparties de
toutes natures…
On peut soudoyer les fonctionnaires de l’État. Attention,
il convient « d’arroser » toute
la hiérarchie, sinon vous n’obtiendrez pas ce que vous cherchez.
On peut vendre, louer, s’accaparer le bien, la propriété
d’autrui par la force des armes
et grâce à la complicité de
ceux qui sont chargés de faire
respecter la loi. Quelle loi?
Grands et petits participent à
la fête!!!
On peut acquérir un véhicule de l’État à vil prix après
l’avoir mis en panne quelques
mois plus tôt.
On peut prendre l’argent
de la caisse de la nation pour
améliorer son quotidien. L’essentiel est de faire en sorte
que les comptes « balancent
» et que tout le monde reçoive
sa part.
On peut « acheter » des
journalistes, ou exercer des
pressions sur les journaux
pour qu’ils se taisent ou produisent des articles « bidon »
ou orientés pour contrarier ou
favoriser des manigances de
tous genres.
Fort heureusement, grâce à
ce formidable outil de communication qu’est internet, il
est tout à fait possible, comme
j’en fais la démonstration, de
dénoncer tous les scandales.
Hélas, cette liberté d’expression n’est pas à la portée de
toutes les bourses et les plus
nantis ne l’utilisent pas suffisamment.
On peut payer des factures
d’électricité, de téléphone, de
Camep, pour des biens ou des
services que vous n’avez pas
consommés.
On peut boire de l’alcool en
conduisant une auto, un bus,
un camion de transport ou un
bateau…
On peut fumer un « joint
», acheter de la « coke », la
goûter chez l’acheteur (personnage fort connu et très influent) sortir dans la rue complètement défoncé, conduire
sa voiture sans avoir rien à
craindre de représailles.
On peut sortir son pistolet.
Tirer des coups de feu en l’air,
rien que pour démontrer aux
passants qu’on est « un chef
», qu’on a des relations et que
l’on manifeste bruyamment sa
joie , parce que le Brésil vient
de marquer un but!!!!
On peut aussi s’éclater, s’offrir les femmes, les hommes,
et même les enfants que l’on
veut, afin d’assouvir ses fantasmes sexuels et ce au vu et
au su de tous.
On peut influencer le cours
de la justice en achetant tous
les intervenants afin d’échapper au châtiment.
On peut envoyer n’importe
qui en prison. Il n’est pas nécessaire d’avoir un motif. Si
vous ne savez pas comment
faire, c’est que vous ne vivez
pas en Haïti. Renseignez-vous
et vous aurez toujours de
bonnes âmes qui vous donneront, contre rémunération, la
marche à suivre pour arriver à
vos fins.
On peut avoir son acte de
décès avant de passer devant
Saint Pierre. On osera même
aller réclamer son assurance
vie, puisqu’on est mort.
On peut établir tous les «
faux vrais » documents, plus
vrais que nature, que vous
souhaitez: il suffit de payer.
Cela passe par les papiers officiels , mais aussi toutes les
attestations et les diplômes
universitaires qui vous permettent de vous élever socialement !!!
On peut faire la fête
bruyamment, mettre la ra-
No 34224
dio à fond en pleine nuit, en
toute quiétude sans se soucier
des voisins qui subissent sans
réaction car ils ont peur de
vous et de vos réactions.
On peut tout avoir immédiatement et sans jamais faire
la queue. Il suffit de connaître
du monde, d’être reconnu et
surtout « d’arroser copieusement » : la vie est facile en
Haïti pour les riches!!!
Il est tout à fait possible
de dresser un catalogue des
passe-droits .Des exemples
comme ceux-là, j’en suis sûr
que vous en avez d’autres.
Le but n’est pas de les énumérer, mais de faire prendre
conscience au maximum de
la population que ces procédés d’une autre époque sont
contraires au bon développement de notre société.
J’ai toujours été impressionné par ces Haïtiens qui
quittent leur pays pour la première fois et qui arrivent dans
un milieu organisé. Vous serez
impressionnés par leur comportement. Ils connaissent et
appliquent mieux que vous les
lois et les règles d’usages du
pays d’accueil.
Nous sommes peut-être le
pays le plus corrompu de la
planète : triste record ...
Comment voulez-vous que
nous puissions nous en sortir
si nous poursuivons dans cette
voie.
Il faut rétablir l’ordre
constitutionnel, en responsabilisant les décideurs et les
gouvernants tout en sanctionnant d’une manière exemplaire tous ceux qui continueront à entraver la bonne
marche de nos institutions.
La pauvreté dans laquelle la
majorité de nos compatriotes
survit tant bien que mal, ne
pourra être vaincue que par
une remise à niveau d’une société égalitaire que nos ancêtres avaient établie en 1804.
La démocratie ne veut pas
dire la liberté de tout faire
sans interdit, sinon « c’est de
la chienlit » (pagaille).
Les vraies valeurs passent
par une application réelle et
saine de la justice pour tous.
Sommes-nous prêt à relever le défi?
Notre avenir et le devenir
de nos enfants sont entre nos
mains ....
Les enfants, les grands
gagnants
La Coupe du monde bat son plein et plusieurs actions
sont entreprises en faveur des démunis et, particulièrement, des enfants défavorisés. Rob Dnalsi a tenu à jouer,
lui aussi, sa partition en procédant, la semaine dernière
à une distribution de T-Shirts.
Rob Dnalsi aidant un enfant à enfiler un maillot. (photo JJ Augustin)
C
’est le jeudi 17 juin
à l’Athlétique d’Haïti (Drouillard) dans
l’après-midi que s’est organisée la cérémonie de distribution de maillots de sport par
Rob Dnalsi, designer et propriétaire de la firme DNALSI (www.dnalsi.com). Plusieurs centaines d’enfants, les
bénéficiaires, étaient présents
en la circonstance. Chaque
groupe était réparti avec discipline sous la supervision de
quelques entraineurs.
Le message principal véhiculé en la circonstance par
Rob Dnalsi invitait au fairplay et au respect de la parole
donnée. « Vous devez savoir
que vous pouvez aspirer à être
ce que vous souhaitez devenir, personne ne peut vous en
empêcher ou vous faire croire
le contraire », voilà dans quels
termes il s’est adressé aux enfants, leur expliquant qu’ils
sont maitres de leur destin. «
Ma présence ici se veut un
exemple éloquent qu’une promesse faite doit être tenue »,
a-t-il poursuivi, insistant sur le
respect de la parole donnée.
Rob Dnalsi a également
Didier Frank Waché
promis
de lancer, dans les proDf wache (@) yahoo (.) ca
chains mois, des projets au bénéfice des jeunes Haïtiens des
deux sexes. Il s’est dit confiant
quant au soutien de son partenaire sur le terrain, la Banque
de l’Union haïtienne (BUH).
Il a également cité des partenaires basés aux USA, tels le
puissant syndicat américain «
1199 SEIU Union » (où a tra-
vaillé l’actuel Directeur politique de la Maison Blanche,
Patrick Gaspard), Crème Magazine – une publication de
mode pour professionnels - ,
Where Itz At Live – une publication
caribéenne
aux
États-Unis - , Red Carpet Entertainment – une des plus importantes compagnies haïtiano-américaines de promotion
de New York et Quad Star Capital LLC.
Rappelons qu’ une première distribution avait eu
lieu à l’Athlétique d’Haïti en
septembre 2009. À cette occasion, les enfants (environ un
millier) qui fréquentaient le
programme d’after-school lancé par Bobby Duval et dirigé
par Stéphanie Péreira n’avaient
pu être tous comblés.
Conséquemment,
Rob
Dnalsi avait promis de revenir
dans le meilleur délai, muni
d’un plus grand stock. La première date retenue était le 21
janvier dernier, voyage qui
avait dû être reporté suite au
séisme du 12 janvier. Cette
promesse a finalement été honorée le jeudi 17 juin. Environ 1,300 maillots ont été
distribués aux enfants du programme, résidant tous dans la
zone de Drouillard, zone autrefois dite de non-droit.
No 34224
Société 19
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
Coupe du monde/Société
Un mois pour tout oublier
Depuis plusieurs jours la ville s’agite de soubresauts. La Coupe du monde a déjà commencé en Afrique du Sud et le verdict pour les équipes qualifiées pour le deuxième tour
est rendu. Tout le pays vibre au rythme du football, le sport-roi. Les problèmes cessent le
temps que durent les parties. Et le peuple n’attend que de vibrer avec les idoles des temps
modernes, Kaka, Messi, Ronaldo, entre autres. Toutefois, entre euphorie et célébration,
les comportements peuvent virer à l’excès et des accidents tragiques peuvent subvenir.
Des centaines de « Brésiliens» dans les rues de Delmas... (photo JJ Augustin)
I
mpossible
d’échapper
à la fièvre
qui a saisi le
pays, qu’on soit
supporter
ou
par Jean Panel
pas. Elle est là,
Fanfan
oppressante,
étouffante. Les
voitures portent toutes un petit drapeau de l’équipe de leurs
propriétaires et , dans les rues,
les maillots des deux équipes
les plus cotées, Brésil et Ar-
L
gentine, sont omniprésents.
Les discussions animées vont
bon train entre les supporters.
Dans des bases de fanatiques,
des écrans géants sont installés pour permettre de regarder les matchs. Le gouvernement s’est impliqué lui-même
en installant des panneaux
solaires. Une amélioration
considérable de la distribution
de l’électricité est également
constatée. Dans les médias,
c’est le branle-bas de combat
et les programmations ont été
bouleversées pour donner la
priorité au mondial.
Frappés durement par le
séisme du 12 janvier, les Haïtiens restent très friands de
football. Nombre de fanatiques de ce sport vivent dans
des camps de sinistrés dans
des conditions difficiles et la
pluie qui tombe vient aggraver les choses. Cette Coupe
du monde, ainsi, a une saveur
particulière pour beaucoup. «
Durant un mois, nous allons
nous amuser et oublier notre
misère ne serait-ce que l’instant de la partie », lance un
jeune homme, comme si les
difficultés de survivre pouvaient être gommées par les
exploits des joueurs. Ils sont
en petit nombre, ceux qui ne
sont pas pris par l’ambiance.
Dans les centres d’hébergement, on s’organise comme on
peut. Certaines personnes ont
pu amener une prise d’électricité dans leurs abris provisoires ou leurs tentes. Solidarité de fans, d’autres mettent
leurs téléviseurs dans la rue
pour en faire profiter au plus
grand nombre. Au Champ de
Mars, un écran géant a été
installé, ainsi qu’au stade Sylvio Cator, là il faut payer dix
gourdes pour y accéder. Un
jeune supporter aux couleurs
du Brésil souhaite que son
équipe puisse brandir le trophée du vainqueur pour une
sixième fois. « La Coupe du
monde reste un moment important qu’on attend tous les
quatre ans », poursuit-elle,
ajoutant que le moment sert
d’exutoire pour la population.
Quand leurs regards sont rivés à leur petit écran, plus rien
n’existe, hormis les acteurs
qui sont sur le terrain. À la
fin des rencontres, on entend
résonner les klaxons des voitures et des motos. C’est une
joie délirante et totale.
Beaucoup de craintes ont
été formulées dès les premiers
moments du séisme à cause
de la destruction partielle du
réseau électrique métropolitain. Les appréhensions se
sont évanouies quelques semaines après. « Le séisme
nous a frappés en plein cœur.
La vie continue et regarder le
mondial nous aide à chasser
le stress d’un quotidien tellement dur à supporter », confie
Henry B., un responsable d’un
club de supporters de l’équipe
d’Argentine.
Gare aux excès : le cas
des supporters du Brésil
Les victoires de la sélection
brésilienne, celle qui compte
en Haïti le plus de fanatiques,
donne souvent lieu à des
scènes de liesse dans les rues
et les fanatiques ne se contrôlent plus. Les gens courent
dans tous les sens avec les drapeaux dans les mains. Dans
certains cas, l’alcool coule à
flots. Les voitures passent à
toute vitesse. Les bandes à
pied et les chars musicaux
peuvent investir les rues. La
circulation sur la route de
Delmas a été complètement
bloquée, le dimanche 19 juin
dernier. Au grand dam de certains automobilistes qui ne
demandaient autre chose que
de pouvoir rentrer chez eux.
On a, malheureusement,
enregistré un mort au moins
et plusieurs blessés au cours
de la « fête ». La présence
d’agents de police n’a pu éviter
le drame. Analysant cette situation, Michel Antoine, journaliste sportif à Mélodie FM
et communicateur social, estime qu’il est important d’informer la population à travers
des campagnes de sensibilisation. « Les chroniqueurs
sportifs ont leur mot à dire.
Ils doivent faire comprendre
à la population que ce n’est
qu’un jeu et qu’il faut refréner les passions », déclare-t-il,
ajoutant que cela se fera sur le
long terme. L’accent est également mis sur la question de
l’éducation de la population.
Car il est important d’apaiser
les fanatismes et d’éviter des
incidents malheureux qui se
produisent quand les supporters prennent les rues.
Jean Panel Fanfan
[email protected]
Le Mondial en Haïti et ses coulisses
e Mondial sud-africain
crée jusqu’ici de fortes
sensations
en Haïti.
Chaque rencontre comporte
ses joies, ses peines, ses délires, ses dérapages à travers
les rues ou encore sous les
tentes des villes en liesse lors
des retransmissions radio-télédiffusées.
Bien de choses s’observent
dans les coulisses du Mondial à Port-au-Prince, capitale
de douleurs : la joie retrouvée
d’écoliers ou d’étudiants améliorant leur amour du sport,
baisse du sentiment d’échec
total d’Haïti, des arrangements sous les tentes après les
rencontres, des demoiselles
aux vêtements gais et chaussures sexy à travers les bars.
Une vraie ambiance de carna-
val en cette saison pluvieuse et
footballistique assez animée.
Par tradition, quand il
s’agit d’une coupe du Monde
en Haïti - et ceci remonte
peut être à la Coupe du
Monde de 1974 où notre ancienne gloire nationale, Emmanuel Sanon, dit Ti Manno,
avait dompté l’invincibilité de
Dino Zoff , le portier légendaire de l’équipe italienne de
l’époque. Un Mondial, tel que
vécu en Haïti depuis des années - soit à l’aide d’un transistor ou grâce à un téléviseur - engendre souvent des
attitudes plus que délirantes :
troubles dans la vie conjugale,
et même des cas de divorce.
Sans omettre la violence sauvage ou des accidents mortels sans précédent. Pour rap-
pel : en 1998, l’obtention de
la Coupe de football par la
France de Zidane sur le Brésil de Ronaldo, avait provoqué
des morts à Port-au-Prince.
Le journaliste et directeur de
Radio Haïti, le regretté Jean
Dominique avait produit un
magistral éditorial. Le même
drame s’est répété le dimanche
20 juin 2010 à Delmas, commune de Port-au-Prince, à la
suite de l’élégante victoire du
Brésil aux dépens de la redoutable Côte d’Ivoire.
Avec l’intensité des matches
de ce Mondial, des sourires
reviennent sur des lèvres de
fans du ballon rond encore
traumatisés par le séisme du
12 janvier qui avait fait en
Haïti environ 300. 000 morts.
Autres remarques se font de
jour comme de nuit : des
lieux encore paradisiaques
tels que des bars, des restaurants dansants attirent bien
des clients. On observe des
points de vente de casquettes,
de T-shirt, de chapeaux aux
couleurs des équipes en compétition. Certains matches
suscitent bien des débordements et alertent souvent la
Police nationale d’Haïti.
Il faudra mentionner la
présence artistique haïtienne à
cette Coupe du monde par le
biais d’une œuvre picturale de
Marie-Hélène Cauvin et l’affichage sur panneau électronique d’un texte poétique du
graphiste et communicateur,
Gary Saint-Germain, emporté, lui, par le séisme du 12 janvier. Cette coupe du monde
aura servi jusqu’à présent de
thérapie à des millions Haïtiens.
Dominique Batraville
20 Culture
Haïti/Mondial 2010
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
K’Naan’s Waving Flag
«Coca Cola Celebration
mix» - official World Cup
2010 - lyrics
Ooooooh
Wooooooh,
Ooooooh Wooooooh
Give me freedom, give me
Oh Africa 2010, Waka waka This Time for Africa, Waving Flag, ces chansons désignées respecfire, give me reason, take me
tivement hymne officiel de la Coupe du monde de la FIFA 2010 occupent, depuis mai, les ondes higher
des principaux médias en Haïti. La chanson la plus captivante ? Certains mélomanes et fans du
See the champions, take the
football interrogés n’ont pas caché qu’ils étaient dans l’embarras du choix.
field now, you define us, make
us feel proud
In the streets our heads are
a musique
lifting, as we lose our inhibide Akon «
tion,
Oh Africa
Celebration, it surround us,
2010 », celle de
every nations, all around us
Shakira « Waka
Singing forever young, sinwaka This Time
ging songs underneath that sun
for Africa », et,
par Hudler
Lets rejoice in the beautiful
enfin, la chanJoseph
game,
son de K’Naan
And together at the end of
baptisée « Waving Flag » font
the day.
la une des médias en Haïti. Ces
We all say
chansons diffusées à longueur
de journée sont tout naturelWhen I get older I will be
lement sur toutes les lèvres.
stronger
Excellente campagne de proThey’ll call me freedom, just
motion en faveur de Alioune
like a wavin’ flag
Badara Thiam (Akon), chanWhen I get older I will be
teur américain d’origine séstronger
négalaise, et de la chanteuse
They’ll call me freedom, just
colombienne Shakira Isabel
like a wavin’ flag
Mebarak Ripoll.
So wave your flag, now wave
Cependant, Keinan Abdi
your flag, now wave your flag
Warsame dit K’naan, chanteur Mikaben interprète de la version créole de Waving Flag. (photo Marc .Régis)
canadien d’origine somalienne,
Oooohhh,
Oooooooooh
qui n’a pas été très populaire à ca-Cola à l’occasion des pro- Dooh Belley, moi et Emile KoOooooooooh
Port-au-Prince, semble rem- chaines éditions de la Coupe jidie. C’est d’ailleurs ce dernier, wooooohh,
porter la palme dans les son- du monde de football. « C’est installé aux États-Unis depuis wooooohh
dages avec sa composition un pas important dans cette quinze ans, qui a signalé à ses
Give you freedom, give you
« Waving Flag ». La plupart direction », a commenté un amis l’adaptation de leur chandes musiciens et également chanteur de style Rapp, tout en son, et saisi un avocat pour fire, give you reason, take you
des fans du football interro- applaudissant le succès de Mi- obtenir réparation ». Opéra- higher
See the champions, take the
gés sur leur chanson préférée chaël Benjamin avec sa version tion qui s’est révélée bénéfique
pour les plaignants, selon les field now, you define us, make
parmi les trois tubes du mon- créole de « Waving Flag ».
Shakira, qui avait fait un pe- informations rapportées dans us feel proud
dial 2010 votent en faveur de «
In the streets our heads are
Waving Flag ». Cette chanson, tit tour en Haïti dans le but de la presse internationale. « Lors
l’hymne de Coca-Cola pour la renouveler l’expression de ses d’une conférence de presse à lifting, as we lose our inhibiCoupe du monde de football sympathies aux sinistrés du 12 Douala le 11 mai, le groupe, tion,
Celebration, its around us,
2010 en Afrique du Sud, inter- janvier, a vu monter d’un cran qui sommeillait depuis une
prétée dans plusieurs langues, sa cote de popularité. Sa chan- décennie, a indiqué qu’il avait every nations, all around us
son « Waka Waka », qui a bé- trouvé un arrangement avec
a connu diverses adaptations.
Singing forever young, sinC’est Michaël Benjamin dit néficié d’une diffusion impo- Sony Music, qui produit le
Mikaben qui a réalisé la ver- sante, challenge le « Waving titre. Un arrangement dont ni ging songs underneath that sun
la nature ni le montant n’ont
Lets rejoice in the beautiful
sion créole de « Waving Flag Flag ».
« Waka Waka » est une été dévoilés. « Il y a eu un ac- game,
». Le chanteur haïtien s’est insAnd together at the end of
piré de l’esprit du texte origi- adaptation d’un ancien suc- cord. Le groupe n’a pas été pas
nal pour écrire les paroles de cès de Golden Sounds, un lésé », avait déclaré Didier Edo, the day.
We all say
la chanson, a fait savoir Lionel «band » camerounais formé le manager, en se frottant les
Benjamin Jr. Le manager de en 1984 par des musiciens de mains. Car les négociations se
When I get older I will be
Mikaben se dit fier parce que la garde présidentielle came- poursuivent, une version espales responsables de Coca-Cola rounaise, a rappelé la presse gnole de Zangalewa étant en- stronger
They’ll call me freedom, just
ont apprécié le travail effectué africaine. C’est ce qui justifie visagée. Et le groupe pense délike a wavin’ flag
par son frère grâce à l’encadre- la polémique entre les auteurs sormais se reformer ».
C’est depuis la 14e édition
When I get older I will be
ment de Joël Widmaier. Celui- de la chanson et Shakira. Ce
ci avait pourtant la charge de groupe qui a évolué sous la di- de la Coupe du monde de stronger
They’ll call me freedom, just
réaliser lui-même cette version rection de Jean-Paul Zé Bella football en 1990 que le thème
créole de l’hymne de Coca- n’est plus en activité. Cela n’a du mondial a commencé à en- like a wavin’ flag
So wave your flag, now wave
Cola pour la Coupe du monde pas empêché les auteurs de la vahir les ondes des médias à
2010. Joël a expliqué qu’il avait chanson de monter au créneau Port-au-Prince. Jeunes et vieux your flag, now wave your flag
Now wave your flag (4x)
jugé bon de confier la tâche à pour exiger réparation auprès prennent plaisir à fredonner
Mikaben qui a le vocal appro- de la chanteuse colombienne. les refrains. La diffusion à ouprié à l’interprétation de cette Zé Bella avait confirmé ces trance de ces chansons favoOohhoooohh Woooh Ohochanson. Le chanteur et bat- démarches dans la presse ca- rise la popularité en Haïti des hooooh Wooohoooh
teur de Zèklè déplore que les merounaise. « Nous sommes artistes qui n’y étaient pas vraimédias en Haïti n’aient pas suf- donc les premiers arrangeurs ment familiers. Durant la péWe all say
fisamment diffusé cette ver- compositeurs de cette chan- riode de la Coupe du monde
When I get older I will be
son qui peut être considérée de football, la musique haï- stronger
sion créole.
Cette expérience de Mi- comme faisant partie du pa- tienne occupe très peu de
They’ll call me freedom, just
kaben peut ouvrir la voie à trimoine national militaire ca- temps d’antenne dans la région like a wavin’ flag
d’autres musiciens haïtiens qui merounais. Les propriétaires métropolitaine.
When I get older I will be
penseraient à l’avenir proposer des droits sont les membres
stronger
[email protected]
des chansons à la Fifa et à Co- du groupe, c’est-à-dire Victor
They’ll call me freedom, just
Hymne officiel en folie
sur les ondes haïtiennes !
L
No 34224
like a wavin’ flag
So wave your flag, now wave
your flag, now wave your flag
Now wave your flag (4x)
Oooooh woowoo ooh Wooo
ooohh ooohoh
And everybody will be singing it
Oooooh woowoo ooh Wooo
ooohh ooohoh
And we all will be singing it.
Paroles de Waka Waka de
Shakira :
You’re a good soldier
Choosing your battles
Pick yourself up
And dust yourself off
And back in the saddle
You’re on the frontline
Everyone’s watching
You know it’s serious
We’re getting closer
This isnt over
The pressure is on
You feel it
But you’ve got it all
Believe it
When you fall get up
oh oh
And if you fall get up
hé hé
Zamina mina Zangaléwa
Cuz this is Africa
Zamina mina hé hé
Waka waka hé hé
Zamina mina Zangaléwa
This time for Africa
Listen to your God
This is our motto
Your time to shine
Don’t wait in line
Y vamos por Todo
People are raising
Their Expectations
Go on and feed them
This is your moment
No hesitations
Today’s your day
I feel it
You paved the way
Believe it
If you get down
Get up oh oh
When you get down
Get up hé hé
Zamina mina Zangaléwa
This time for Africa
Zamina mina hé hé
Waka waka hé hé
Zamina mina Zangaléwa
Anawa ah ah
Zamina mina hé hé
Waka waka hé hé
Zamina mina Zangaléwa
This time for Africa
[Chant Sud-Africain]
Zamina mina hé hé
(suite page 22)
No 34224
Haïti/Piratage
Une commission de plus !
Formée des personnalités actives dans le secteur musical, une nouvelle commission est mise
sur pied et a pour mission de travailler à l’implantation d’une association professionnelle de
la musique.
es débats ne font que Le ministère de la Culture au- tions parait inévitable. « Un
commencer sur le phé- rait profité de l’occasion pour certain nombre d’institutions
nomène du piratage en annoncer le train de mesures de l’État, en l’occurrence les
Haïti. Comment parvenir à drastiques qu’il entend adop- ministères du Commerce, de
éradiquer ce fléau ? Le mi- ter dans le plus bref délai pour la Justice et de l’Économie,
nistère de la Culture et de la juguler ce cancer. L’interven- ont un rôle important à jouer
Communication ainsi que des tion dudit ministère afin de dans la bataille contre le piraacteurs évoluant dans le do- restructurer le Bureau haï- tage », a martelé Emmanuel
jugeant difficile
maine musical ont profité de tien des droits d’auteurs et de Dérivois,
la Journée internationale de mettre à la disposition de ce d’obtenir de résultats satisla musique, le 21 juin dernier, bureau les fonds nécessaires faisants sans la collaboration
pour réfléchir en ateliers sur pour un meilleur fonctionne- de la Police nationale d’Haïles meilleures stratégies à uti- ment aurait été bien accueillie ti (Pnh) . « Les interventions
liser pour parvenir à freiner le le 21 juin dans le cadre d’un de cette institution sont plus
bilan partiel. Cela éviterait que nécessaires en vue de faire
piratage.
Les échanges dans des ate- l’étalage de tout un ensemble respecter les droits d’auteur en
liers formés de musiciens et de frustrations de la part des Haïti », a-t-il soutenu.
Une association professionde journalistes semblent avoir responsables du BHDA, arété fructueux. Une commis- guant n’avoir pas les moyens nelle de musique concernerait strictement les musiciens,
sion est constituée afin de ré- d’exécuter certains projets.
interprètes,
Le Bureau haïtien des drois compositeurs,
cupérer les produits de ces
ateliers et en assurer un cer- d’auteurs cite en l’occurrence producteurs et promoteurs
tain suivi auprès de qui de les deux grands répertoires na- entre autres. Ce devait être
droit. Cette commission dont tionaux. Le répertoire général une entité indépendante charla mission prendra fin en sep- de tous les créateurs haïtiens gée de défendre les intérêts de
tembre prochain a pour obli- dans les domaines de la mu- ses membres. Joël Widmaier
gation entre autres d’implan- sique, du cinéma, de la pein- parle « d’un véritable synditer une véritable association ture entre autres et de l’index cat qui pourrait même au beprofessionnelle de musique en des œuvres de toutes les disci- soin utiliser la grève comme
Haïti. Tâche s’annonçant très plines artistiques. La liste des forme de protestation dans
difficile de l’avis de plusieurs projets contient également une les périodes carnavalesques
musiciens qui ont pris part maison de culture ; une bri- par exemple pour obtenir sagade anti-piraterie. Plusieurs tisfaction à des revendications
aux débats.
Une entité chargée de dé- projets de lois ont été long- légitimes ». Le ministère de la
fendre les intérêts des mu- temps soumis sans succès au Culture n’a pas à s’impliquer
siciens a déjà été formée en ministère de la Culture pour dans la création d’une telle enHaïti. Au cours des années les suites nécessaires, a révélé tité qui est supposée être libre
80, Raoul Denis Jr et feu Ansy Emmanuel Dérivois, directeur de ses mouvements.
Plusieurs musiciens, préDérose avaient pris l’initiative général du BHDA. Le gouverde fonder l’Association natio- nement haïtien n’a jamais vou- sents à Le Vilatte lundi dernale des interprètes et musi- lu signer un ensemble de trai- nier, estiment louable la déciens haïtiens (Anasimh). Les tés internationaux notamment cision de constituer une
musiciens et producteurs, vé- le Traité de l’Organisation commission devant accélérer
ritables poumons de l’asso- mondiale de la propriété intel- le processus de lutte contre le
ciation, ont contribué à son lectuelle (OMPI) sur le droit piratage en Haïti. Cette coméchec, a déploré un ancien d’auteur (WCT) et du Traité mission aura sûrement besoin
membre de l’Anasimh voulant de (OMPI) sur les interpréta- d’un ensemble de moyens
garder l’anonymat. Aucune tions et exécutions et les pho- pour accomplir sa tâche. Si le
institution de l’Etat n’avait nogrammes (WPPT), a déplo- BHDA, fondé depuis trois ans
par le ministère de la Culture,
supporté cette association en ré M. Dérivois.
Un débat sur le thème : est dépourvu de tout moyen
herbe, a-t-il révélé.
Le Bureau haïtien des comment forcer le gouver- de fonctionnement, comment
droits d’auteurs (BHDA), qui nement à assumer ses res- cette nouvelle commission vaest fondé depuis le 23 avril ponsabilités en vue de frei- t-elle pouvoir s’y prendre ?
2007 et placé sous la tutelle ner le piratage en Haïti, serait Autrement dit, s’il peut exister
du ministère de la Culture, n’a beaucoup plus intéressant. des fonds à allouer au foncrien fourni en terme de résul- Actuellement, pour contre- tionnement de la dite comtats pour n’avoir jamais dispo- venir au piratage, il faut ab- mission, le BHDA pourrait en
sé de moyens adéquats. C’est solument la restauration de trouver également pour agir.
ce qu’a déclaré Joël Widmaier, l’autorité de l’Etat. La mobili- Méli-mélo !
musicien, lors des débats du sation d’une chaîne d’[email protected]
21 juin. Une masse de lois
existe et reste lettre morte à
• Mimerose Beaubrun
Le Comité proposé est le
cause de l’irresponsabilité du
Pour représenter le Misuivant :
gouvernement et de l’insounistère de la Culture et de la
• Yole Dérose
ciance même des musiciens, a
Communication au sein de
• Richard Adrien
critiqué Joël.
ce comité
• Adolf Janvier
C’est une excellente idée
• Fritz Evens Moїse
• Berthovna Grimard
d’encourager le dialogue sur
Pour la représentation de
• Carel Pèdre
le piratage en Haïti. Un débat
la diaspora
• Lionel Benjamin
de ce genre aurait attiré beau• Alex Abellard New York
• Gertrude Séjour
coup plus d’attention s’il était
• Bernard Montréal
• Robert Denis
réalisé également le 23 avril
• Rodney Noël Miami
• Milena Sandler Widmaer
dernier, Journée mondiale du
• Farah Larrieux Miami
• Smoye Noisy
livre et des droits d’auteurs,
• Charlot Murat France
• Lodie Auguste
sous la direction du BHDA.
• Fred Lizaire
L
Culture 21
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
Entre les lignes
L’art haïtien
ou le rejet du silence
L
par Martial Seide
es retombées de la complexité de cette crise
conjoncturelle qui chemine inlassablement depuis le
séisme du 12 janvier imprègnent avec subtilité les sphères
d’expression de la créativité
haïtienne. En dehors des pertes
lamentables consenties malgré
soi dans ce patrimoine, souvent négligé, voire galvaudé,
le secteur bénéficie de l’appui des institutions internationales, beaucoup plus préoccupées que nous des incidences
regrettables de la tragédie sur
le legs précieux qui témoigne
de notre identité culturelle.
Des accords ont été signés. Des
promesses faites. Mieux encore, des tentatives d’investissement hasardées.
Travailleurs culturels d’acabit diversifié montent au créneau .Les grands discoureurs,
comme d’habitude, assautent
et briguent les tribunes, brandissant l’étendard de la révolution culturelle considérée en
raison de son caractère collectif. Perçus comme ferment
de la communauté d’appartenance, les éléments de l’identité culturelle haïtienne ont toujours su exprimer les moindres
palpitations de l’âme nationale
dans tous ses méandres. L’actualité immédiate en dit long.
Écrivains, plasticiens, musiciens, cinéastes, dramaturges et
chorégraphes s’y mettent. Avec
acharnement.
A chaque tournant décisif
de notre histoire, l’art haïtien,
s’inspirant des détails qui façonnent le quotidien, traduit
les soubresauts de notre vécu.
Aujourd’hui encore, malgré les
contraintes enfantées par les
aléas d’une conjoncture étriquée, la créativité haïtienne
maintient la gageure, épousant
les contours du présent, s’engageant sans détour à signifier
ce qu’elle a toujours été en son
essence ; la perpétuation donc
de nos ressemblances, de nos
différences, en puisant une vigueur renouvelée à la source
vivante des valeurs, symboles,
représentations, manières de
sentir, de penser et de vivre
qui constituent nos spécificités
culturelles.
Évidence irréfutable aussi, le
calvaire des artistes à un moment où la disponibilité des
moyens de production ne se
révèle pas aisée. Sacrée crise,
avouons-le.
Au cœur de cette croisée où
les postulats d’articulation différente donnent le ton à un renouveau moulé dans le creuset
des contradictions, des tentatives de solidarité nationale,
des interdictions et recommandations « d’autrui », les expressions de la culture haïtienne
constituent des « atouts » stratégiques importants dans l’élaboration d’une politique de développement humain durable
qui prend en compte la culture
comme force motrice de développement. En ce sens, l’artisanat haïtien, souvent considéré
comme deuxième secteur économique du pays, aurait gagné
en attention, car il permettrait
de mieux démarrer la réinsertion sociale en milieux défavorisés, et de faciliter l’inclusion
économique des milliers de
jeunes qui grossissent les rangs
de la main- d’œuvre non qualifiée.
Les travailleurs culturels rejettent le silence. Ils estiment
que, dans cette conjoncture
historique particulière, le développement national doit se
concevoir comme un processus d’émancipation de toute
forme d’aliénation. Selon eux,
ce processus doit prendre racine dans le substrat culturel
de notre population. Sinon,
sa nature imposera de nouvelles formes de dépendance,
pesantes à cause de ses hypothèques sur un avenir édifié
sur des décombres.
Exposition d’objets du vodou haïtien
au Musée ethnographique de Berlin
Trois cent cinquante objets du vodou haïtien sont exposés, au
Musée ethnographique de Berlin pour expliquer les mystères
du vodou. « Voodoo (Vodou) : l’art et la religion d’Haïti » est le
thème de cette exposition, qui reste ouverte jusqu’au 24 octobre.
Les pièces présentées proviennent de la collection de Marianne
Lehmann, une Suissesse établie en Haïti depuis 1957 et qui a déjà
collectionné 3000 objets du culte vodou.
L’exposition commence avec une explication de l’histoire du pays
et son développement en rapport avec la pratique de cette religion. « Une atmosphère de mystère » s’installe dans l’espace où a
lieu l’exposition, rapporte l’agence espagnole EFE.
Le Musée ethnographique de Genève avait accueilli , en janvier
2008, une exposition du même genre sous le thème « Le vodou,
un art de vivre ».
Source : Alter Presse
22 Culture
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
La dive bouteille selon Carl Brouard
L
es textes poétiques majeurs de Carl Brouard se
lisent comme un guide
pratique et presque surréaliste
des boissons alcoolisées d’Haïti dont le clairin Saint Michel,
le rhum Barbancourt ,clairin
Sonson Pierre-Gilles ;le rhum
Barbancourt et forcément la
bière Prestige occupent depuis quelque temps la tête du
classement.
La littérature et le boire
font bon ménage à travers
le travail poétique de Carl
Brouard, ce poète haïtien
considéré à mon avis comme
le plus absolu des philosophes
du « Tractatus philosiphicus »
de Bacchus dans un protocole
de buveur-poète, immobile
devant sa table de boissons
et conséquent dans ses versets ou psaumes de Béatitudes
.C’est sans aucune tricherie
que m’est venue l’idée de poser mon regard sur des textes
de Brouard liés aux boissons
et au goût culinaire , et ceci
sous la dictée d’un poète, plus
que débonnaire :Monsieur
Brouard.
Il s’agit d’un merveilleux
voyage autour des boissons
haïtiennes .C’est vrai que sur
les bancs de l’école, -surtout au
bac- j’avais appris à disserter
sur Carl Brouard, mais à force
de relire « L’anthologie secrète
»,travail magistral de l’éditeur Rodney Saint-Eloi, qui
a réuni à peu près l’ensemble
des poèmes les plus rares de
Carl Brouard , j’ai appris donc
à me réinventer un monde
de boissons sous le contrôle
presque post-mortuaire de
Carl Brouard, le dictant .
Si Haïti produit un clairin
national, c’est indiscutablement l’alcool de canne, sous
toutes ses formes : rhum ou «
(suite de la page 20)
Waka waka hé hé
Zamina mina Zangaléwa
Anawa ah ah
Zamina mina hé hé
Waka waka hé hé
Zamina mina Zangaléwa
This time for Africa
Django hé hé
Django hé hé
Zamina mina Zangaléwa
Anawa ah ah
Django hé hé
Django hé hé
Zamina mina Zangaléwa
Anawa ah ah
This time for Africa
This time for Africa
We are all African
We are all African
Carl Brouard.
trempé » .Pour préparer un «
trempé », il faut des épices, des
fruits, des sirops, des feuilles
ou des écorces à macérer dans
du rhum blanc .A chaque «
trempé » ses propriétés médicales, aphrodisiaques ou
autres .Le vendeur de clairin,
aussi appelé « pharmacien ou
apothicaire par les plus justes,
» a forcément le remède qu’il
vous faut. C’est bien connu,
l’alcool de canne guérit tout…
Il suffit de savoir quoi mettre
dedans comme feuilles.
Boissons haïtiennes
et maximes
Bouteilles et légendes po-
Akon : Oh Africa!
I know that we have to take
it to the goal ’cause everyone is
depending on we
see we ain’t got nowhere to
go but, it’s our destiny
[Keri Hilson]
we’re choosing our way, we’ll
do what it takes to get to the
top of the highest mountain
we’ll do anything, we’ve got
to prove ourselves ’cause we
know
~~OH AFRICA~~
[Akon]
see we’ll never be able to forget this day ’cause it’s the greatest day of our life
see no matter what happens
at least we can say «we came,
we saw, we tried»
[Keri Hilson]
we’re choosing our way, we’ll
do what it takes to get to the
top of the highest mountain
we’ll do anything, we got to
prove ourselves ’cause we know
~~OH AFRICA~~
pulaires haïtiennes font parfois un merveilleux mixage
et invitent à un code moral éthique automatique mis
souvent à l’usage des grandes
masses de la population, pas
toujours rompues aux rudiments de l’écrit établi depuis
des millénaires.
On ne consomme pas la
même boisson d’une classe
sociale à l’autre , on ne collectionne pas la même bouteille d’une ville à une autre.
Certaines meringues carnavalesques haïtiennes font parfois
allusion à nos dirigeants politiques illuminés, genre général « grand buveur et pré[Akon & Keri Hilson]
This is our time to shine, our
time to fly, our time to be inside the sky
our time to soar, our time of
song
the last one in football
Traduction de Waka
Waka de Shakira :
Tu es un bon soldat
Tu choisis tes combats
Tu te relèves
Et te dépoussières
Et te remets en selle
Tu es en première ligne
Tout le monde regarde
Tu sais que c’est sérieux
On se rapproche
Ce n’est pas fini
La pression est là
Tu la sens
Mais tu as tout pour toi
Sache le
Quand tu tombes relève toi
oh oh
Et si tu tombes relève toi
hé hé
No 34224
sident constitutionnel, grand
tafiateur devant l’Eternel des
armées. »
Haïti est l’un des rares
pays du monde ou l’alcotest
n’est pas encore obligatoire.
On peut même conduire 24h
/ 24 en Haïti avec sa bouteille
de bière dans une main et sa
bouteille de tafia dans l’autre.
Boire, se rebeller, se kamikaser aurait été des motifs
guerriers pour Boukman, Makandal, Boisrond Tonnerre,
Dessalines, comme pour les
nègres marrons de Saint Domingue au temps de la dynamite explosive révolutionnaire
dans les guildives et les sucreries de la légendaire Perle des
Antilles.
Les premiers scribes de
la république d’Haïti ont
presque tous développé un
certain penchant pour la dive
bouteille et la pratique des offrandes aux Déités vodou .
On n’a pas une statistique
établie jusqu’à présent sur le
nombre d’accidents de voiture ou autres provoqués par
les démons de l’alcool ou de
l’éthanol. Aucun panneau de
circulation jusqu’à date, ne
fait encore mention de l’interdiction de boire au volant.
Pour parodier le chanteur jacmélien, Ti Paris chauffeurs,
chauffards et buveurs stupides
peuvent entonner sans fin :
«Tou lejou mwen sou.»
Voilà la rythmique d’une
Haïti fixée dans sa dive bouteille. Tout cela ne nous
éloigne pas du tout des nourritures spiritueuses du poète
Carl Brouard, saint et martyr comme Rimbaud, Saint –
Aude ,Davertige et Rulfo…
Il faudra relire ou lire Carl
Brouard, avant d’aborder Roumain, Alexis et Tagore .
Ainsi soit-il !
Merci, Monsieur Brouard ,
pour ce traité de la dive bou-
teille.
Toutes les cités à venir auront besoin de poètes et de
musiciens. Tant pis pour Platon, tant pis pour Athènes.
Zamina mina Zangaléwa
Car c’est l’Afrique
Zamina mina hé hé
Waka waka hé hé
Zamina mina Zangaléwa
C’est le temps de l’Afrique
Écoute ton Dieu
C’est notre devise
Ton heure pour briller
N’attends pas
On y va
Les gens se lèvent
Leurs attentes
Continue et donne leur ce
qu’ils veulent
C’est ton moment
Pas d’hésitations
Aujourd’hui c’est ton jour
Je le sens
Tu as tracé le chemin
Crois le
Quand tu tombes relève toi
oh oh
Et si tu tombes relève toi
hé hé
Zamina mina Zangaléwa
C’est l’heure de l’Afrique
Zamina mina hé hé
Waka waka hé hé
Zamina mina Zangaléwa
Anawa ah ah
Zamina mina hé hé
Waka waka hé hé
Zamina mina Zangaléwa
C’est l’heure de l’Afrique
[Chant Sud-Africain]
Zamina mina hé hé
Waka waka hé hé
Zamina mina Zangaléwa
Anawa ah ah
Zamina mina hé hé
Waka waka hé hé
Zamina mina Zangaléwa
This time for Africa
Django hé hé
Django hé hé
Zamina mina Zangaléwa
Anawa ah ah
Django hé hé
Django hé hé
Zamina mina Zangaléwa
Anawa ah ah
C’est l’heure de l’Afrique
C’est l’heure de l’Afrique
On est tous Africains
On est tous Africains
Dominique Batraville
ô LOULOUSE
Douce Loulouse
Tu buvais de la crème de
menthe
Du gin
Du « Black and White »
Et tu es morte.
O Loulouse,
Tu sentais la pommade
moelle de bœuf
Le Pompéia
Tu fumais le tabac de Vrginie
Et tu es morte.
Loulouse,
tu te dévêtais entièrement
Quand tu faisais l’amour,
Mais tu es morte
Et contemples à jamais
Le bout de tes orteils.
Invitation à vider la
coupe
Où sont passés les grands
conquérants qui furent l’effroi des peuples ? Tous les
rois de Babylone ou d’Assyrie, le jeune Macédonien qui
soumit la molle Asie, César
adoré comme un dieu, Tamerlan, « e Corse aux cheveux plats ? »
Ils ont passé comme un
vent sur le morne.
Comme eux passeront
le rusé Hirohito, le César
italien, Hitler devant qui
trompe la terre. Ils seront
broyés comme des grains de
maïs, et sur le monde pacifié, la Croix règnera. C’est
pourquoi, ma bien-aimée,
ma colombe, ma tourterelle,
réjouissons-nous et buvons,
durant les jours que Dieu
nous accorde.
No 34224
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
Bélier
(20 mars – 20 avril)
Balance
(24 septembre – 23 octobre)
C’est clair, aujourd’hui, vous n’allez
vous laisser envahir par des broutilles,
vous irez droit à l’essentiel ! Il est probable que vos conditions de travail passent en second plan par rapport à l’objectif que vous vous êtes fixé. Quand
un Bélier se fixe un objectif, il n’a de
cesse de travailler tant qu’il n’est pas
atteint, vous le savez bien !
Attendez-vous à vivre un violent coup
de foudre aujourd’hui ! Un homme
pourrait faire irruption dans votre vie
et la chambouler complètement. Cette
histoire sera-t-elle durable ou non ? Difficile à dire. En revanche, il est certain
que vous vous en souviendrez longtemps ! Dans un domaine totalement
différent, vous pourriez éprouver un intérêt soudain pour les techniques artistiques modernes, comme l’infographie
ou la photographie. Lancez-vous !
Taureau
(21 avril – 21 mai)
Si vous pensez - surtout depuis une dizaine de jours - que vous avez des efforts à faire pour progresser dans votre
activité principale, vous accepterez
plus facilement les contraintes de cette
journée. Car il n’est pas impossible que
l’on vous demande quelque chose qui
ressemble à la perfection ! Faites tout
de même attention sabine de ne pas
trop vous perdre !
Gémeaux
(22 mai – 21 juin)
Vous pourriez être obsédée par un futur voyage aujourd’hui ! Vous rêvez
d’évasion lointaine, de paysages spectaculaires, d’exotisme et de cocotiers.
Tirez le signal d’alarme et toutes vos
copines rappliqueront pour vous accompagner au bout du monde ! A
moins que vous ne préfériez partir en
amoureux ? Votre soif de découvertes
ne s’arrête pas là ; vous avez envie
d’entreprendre de nouvelles activités,
d’apprendre, d’ouvrir votre horizon.
Faites attention à ne pas vous disperser...
Cancer
(22 juin – 23 juillet)
Quelle journée ! Que cela soit dans le
domaine professionnel ou dans la vie
de famille, vous pourriez vivre deux alternatives émanant de la même origine
: un sentiment d’inquiétude ! Soit vous
combattez vos doutes en vous mettant au travail et là il faut vous attendre
à dépenser beaucoup d’énergie pour
vous rassurer. Soit vous êtes figée sur
place et là vous dépenserez tout autant
votre énergie. Dans ces jours prochains
tout ira mieux !
Lion
(24 juillet – 23 août)
Si l’on dit souvent de l’énergie Lion
qu’elle se nourrit de fortes émotions, il
faut bien comprendre qu’elle les trouve
dans des situations un peu risquées...
Cela pourrait peut-être vous faire comprendre le contenu de cette journée !
Effectivement, il faut vous attendre à
entrer dans l’arène aujourd’hui et montrer qui vous êtes, tant dans votre activité principale que dans votre couple !
Vierge
(24 août – 23 septembre)
Vous devez agir avec fermeté et être
en mesure de dire précisément où vous
allez et pourquoi. Car vous possédez
toutes les cartes en main aujourd’hui
pour faire évoluer de façon positive vos
relations familiales et sentimentales.
Mais c’est à vous de donner des directives, de vous occuper des autres et de
créer l’harmonie au sein de vos relations. On compte sur vous, alors soyez
à la hauteur !
Scorpion
(24 octobre – 22 novembre)
Avez-vous fait quelques dessins ? Depuis le mois dernier, et même avant, il
est question de toutes ces aptitudes, à
dessiner, à photographier, à écrire, que
vous avez l’habitude de vous refuser,
et qui pourtant sont là, en vous, à attendre. Car en effet, on attend plus que
vous. Il suffirait que vous preniez un pinceau ou un stylo, et le tout serait joué !
Sagittaire
(24 novembre -21 décembre)
Parmi tous les signes du zodiaque,
c’est probablement vous qui serez le
plus en harmonie avec le changement
d’ambiance qui s’opère à partir d’aujourd’hui ! Plus que jamais vous exposerez vos grandes idées, ne vous embarrassant absolument pas de détails... Et
vos paroles seront chargées d’un optimisme qui va ravir votre entourage.
Faites tout de même attention au prosélytisme !
Capricorne
(22 décembre -20 janvier)
Quelque chose d’intéressant se trame
dans votre ciel aujourd’hui. Si vous êtes
célibataire, vous pourriez faire une rencontre imprévue et non dépourvue de
charme... Car vous êtes au début d’un
nouveau cycle favorable au romantisme. Et si vous vivez en couple, c’est
le moment ou jamais de franchir une
étape supplémentaire dans votre relation et de vous engager corps et âme...
Verseau
(21 janvier – 19 février)
Parfois, pour assainir la situation, il faut
revenir « à la case départ ». C’est parfois frustrant, voire humiliant, mais si
l’enjeu est d’assainir vos bases pour
pouvoir reconstruire quelque chose de
nouveau et de solide, ça vaut le coup.
Ne restez pas trop attachée à votre
passé professionnel, mais si cela vous
en coûte un peu. Il faut avancer, et
vous êtes un peu trop chargée. Lâchez
du lest !
Poissons
(21 février – 20 mars)
Si vous cherchez l’âme sœur, vous
pourriez la trouver aujourd’hui. Ce n’est
pas le moment de tergiverser et de
vous demander si le prince charmant
existe. Vous devez au contraire prendre
des initiatives et aller au-devant des
personnes qui vous attirent. Et si vous
vivez déjà en couple, le moment est
peut-être venu de vous engager plus
sincèrement et plus durablement dans
votre relation. Ah ! C’est beau l’amour...
Loisirs 23
24 Annonces
attributions civiles, le jugement maintient le défaut octroyé contre
dont le dispositif est ainsi concu. la défenderesse à la sus-dite
audience, pour le profit du défaut,
Je soussigné, LINOT JEAN Entre:
PIERRE propriétaire demeurant 1- Le sieur Jean-René la fleur déclare fondée ladite action,
à Saint Martin, et domicilié a demandeur en divorce d'une part; admet en conséquence le divorce
du sieur OVINSON CORNET, d'avec
Port-au-Prince identifié par mon Et
son épouse née Marie Edelène
passeport au No CU1331510 fais
savoir au public en général, au 2- La dame Jean René Lafleur née DESROCHE, pour injures graves
commerce en particulier que Marie Gerty Julien défenderesse et publiques aux torts de l'épouse,
prononce la dissolution des liens
je ne suis plus responsable d'autre part .
des actes et actions de mon Par ces causes et motifs, le matrimoniaux existant entre les
épouse Jocelyne Sainthey pour tribunal après examen, le dits époux, ordonne à l'Officier
incompatibilité de caractère, ministère
public
entendue de l'Etat Civil de la commune de
injures graves et publiques accueille l'action du sieur Jean Carrefour, de transcrire dans ses
en attendant qu'une action en René Lafleur pour être juste registres à ce destiné le dispositif
divorce soit intentée contre elle. et fondée, maintient le défaut du présent jugement dont un
requis et octroyé à I’audience extrait sera inséré dans l'un des
AVIS MATRIMONIAL
prononce la dissolution des liens quotipiens s'étiditant à la capitale
matrimoniaux existant entre le sous peine de dommages-intérêts
Le Tribunal de Première Instance sieur Jean René Lafleur et la envers les tiers s'il échet, commet
de Port -au-Prince a rendu en dame Marie Gerty Julien pour l'huissier Viineret GABRIEL de ce
ses attributions de divorce un injures graves et publiques aux siège pour la signification de ce
jugement dont le dispositif est torts de l'épouse. Ordonne à jugement, compensé les dépens.
ainsi libellé :Par ces Causes l'officier de I’ Etat civil de Cabaret
AINSI JUGE ET PRONOCE, par
et Motifs, le Tribunal après de transcrire le dispositif du
nous, Raymond JEAN-MICHEL,
examen, le Ministère Public divorce dudit jugement dans le
juge, en audience civile, ordinaire
maintient le défaut octroyé registre à ce destiné: ordonne
et publique~ du vendredi vingt
contre le défendeur à l'audience en outre la publication de la
Novembre dex mille neuf, en
précité, pour le profit déclare décision dans l'un des quotidiens
présence de Me. ST Anaud
fonder la dite action. Admet en de la capitale sous peine de
NORZE, Substitut du Commissaire
conséquence le divorce de la dommages et intérêts envers les
du Gouvernement de ce ressort,
dame Pierre Richard Joseph tiers; compense les dépenses et
avce l'assistance du Greffier
née Lorine Mingot d'avec son enfin commet l'huissier Walky
Jean-Claude ALFERIS.
époux Pierre Richard Joseph Pierre pour la signification dudit
Me. PlacideL.erito, Avocat
pour injures graves et publiques jugement.
aux torts de l'époux. Prononce
AVIS DE FORMATION
la
dissolution
des
liens AINSI JUGE ET PRONONCE PAR
NOUS,
Me
MARIE
ROSIE
NICOLAS
matrimoniaux existant entre les
dits époux; Ordonne à l'officier DEGAND, juge en audience civile Société en Non Collectif COPS
d'Etat Civil de Delmas de ordinaire et publique du jeudi trois Group
transcrire sur les registres à ce juin deux mille dix, en présence Entre les soussignés:
destinés le dispositif du présent de Me Marie Chantale Occenade, Monsieur
Sony
LISTHER,
jugement dont un extrait sera substitut du commissaire du propriétaire,
demeurant
et
inséré dans l'un des quotidiens gouvernement de ce ressort avec domicilié à Pétion-ville, Route de
s'éditant à la capitale sous peine l’ assistance de Me Jean Thomas frères, Rue Saint Louis Jeanty #
de dommages intérêts envers LansJ greffier du siège.
27, identifié au numéro: 003-627les tiers s'il y échet. Commet Il est ordonné a tous huissiers 975-1;
l'huissier Canal Gabriel de ce sur ce requis de mettre le
siège pour la signification de ce présent jugement à exécution aux Monsieur Marc Dit Milfranc
jugement; compense les dépens. officiers du ministère public près Joseph, propriétaire, demeurant
Ainsi jugé et prononcé par nous les tribunaux civils d'y tenir la et domicilié à Pétion-ville, Rue
Maguy Florestal Pierre-Louis, main à tous les commandants et Maurepas, # 9, identifié au
juge en audience civile ordinaire autres officiers de force publique numéro: 003-097-784-9;
et publique du jeudi trois dJy prêter la main forte lorsqu’ils Il est arrêté et convenu ce qui suit
décembre deux mille neuf en en seront légalement requis.
:
présence de Me Brunet Salomon,
EN FOI DE QUOI, la minute du Art. 1- Il est formé entre les
Substitut du Commissaire du
présent jugement est signée du soussignés
sus-désignés
Gouvernement de ce ressort
juge et du greffier susdits.
une Société en Non Collectif
et avec l'assistance du sieur
dénommée: COPS Group, dont le
Joseph Pierre¬Louis Greffier Ainsi signé: Frenot CAJUSTE et
siège social est à Pétion-ville,
du siège. Il est ordonné à tous JEAN THOMAS LANS, Greffier.
Route de frères, Rue Saint Louis
huissiers sur ce requis de mettre Pour ordre de publication
Jeanty # 27, laquelle est régie
le présent jugement à exécution
par les lois en vigueur et les
aux officiers du Ministère Public
AVIS MATRIMONIAL
présents statuts. Art. 2- Cette
près les tribunaux civils d'y'tenir
société a pour objet principal la
la main forte lorsqu’ils en seront Le
Tribunal
de
première prestation de service de gestion et
requis, En foi de quoi la minute Instance
de
Port-au-Prince, d'administration pour tous tiers.
du présent jugement est
compétemment reuni au palais
Elle
pourrait
donner
des
signée du juge et du greffier sus.- de justice de cette ville, a rendu
consultations à tous intéressés en
dits. Ainsi signé Maguy Florestal en audience publique et ses
matière de Protection et faire de
Pierre –Louis et Joseph Pierre attributions civiles, le vingt
formation en Prévention.
Novembre deux mille neuf, le
Louis .
jugement de 'divorce entre les Elle pourra entreprendre toutes
AVIS MATRIMONIAL
opérations
mobilières,
sieur et dame Ovinson Cornet et les
Le tribunal de première instance Marie Edelène Desroche dont le immobilières et fmancières
de la croix des bouquets dispositif dudit jugement est ainsi quelconques
se
rattachant
compétemment réuni au palais libéllé :
directement ou indirectement a
justice de
son but principal, susceptible
PAR CES MOTIFS, le Tribunal,
Cette ville, a rendu en audience âpres examen et sur les de faciliter son extension. Les
publique ordinaire et en ses conclusions du Ministère Public, objets dessus mentionnés sont
énumératifs et nom limitatifs.
AVIS MATRIMONIAL
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
No 34224
MAXY et Wisny SAINVIL pour
le stage, identifiés, patentés
et imposés respectivement aux
nos: 003-107-540-2, à la rue
St-Jean, à l'étage, Croix des
Art. 4- Le siège social de la Bouquets, défendeur d'autre
société est à Pétion-ville, Route part
de Frères, Rue Saint Louis Jeanty « PAR CES MOTIFS, le Tribunal,
en
avoir
délibéré
# 27. Elle pourra établir et faire après
fonctionner des bureaux dans conformément au vœu de la loi,
n'importe quelle commune du le Ministère Public entendu dans
Département de l'Ouest, dès que ses conclusions, se déclare
les soussignés en auront décidé. compétent pour connaître du
Art. 5- Le capital social est de litige, maintient le défaut
cent mille (100.000) gdes, en requis et octroyé à l'audience
par application de l'article 287
nature réparti comme suit:
du CPC, rejette l'exception
1- M. Sony LISTHER de nullité de l'acte introductif
95.000 gdes (Président- Directeur d'instance du 22 Septembre
Général)
deux mille huit, et lui adjugeant
2- M. Marc Dit Milfranc les conclusions insérées dans
Joseph 5.000
gdes
(Vice- son assignation, déclare nulle
la signification du jugement de
Président)
défaut du 5 Mai deux mille six
Elle est enregistrée au Ministère
rendu par le Tribunal de Première
du Commerce et de l'Industrie en
Instance de Port-au-Prince
date du 23 juin 2010, au numéro
et par voie de conséquence
A276, Folio 144, registre IX
la nullité de l'exécution du
Cabinet AGENOR et Associées
19 Juillet deux mille huit, ce
avec les conséquences de
droit; reconnaît les préjudices
AVIS JUDICIAIRE
résultant de cette exécution
nulle; admet qu'il y a lieu à
Extrait des minutes du greffe
condamnation du défendeur à
du Tribunal Civil de la Croix des
dommages intérêts et fixe cette
Bouquets
condamnation à un million de
Le Tribunal de Première Instance gourdes au profit du demandeur
de la Croix des Bouquets, par application des article 1168
compétemment réuni au Palais et 1169 du C.C, condamne
de Justice de cette vile, a rendu, également le défendeur aux
en audience publique et en ses dépens; enfin donne délégation
attributions civiles le jugement à la Doyenne du Tribunal de
suivant:
Première Instance de Port-auPrince à l'effet de commettre
ENTRE:
un Huissier de son Tribunal pour
1 e) Le Sieur Frédéric PIERRE la signification du jugement au
LOUIS, propriétaire, demeurant défendeur demeurant à Port-auet domicilié à Port-au-Prince, Prince, le Sieur Antoine Edouard
identifié au no: 003-383-234- LATORTUE; et commet l'huissier
1 pour le présent exercice, du siège pour la même formalité
ayant pour Avocat Me. Wilson à la Croix des Bouquets ».
ESTIME, du Barreau de Port¬auPrince, identifié, patenté et Ainsi jugé et prononcé par
imposé aux nos: 001-381-102- nous, Frénot CAmSTE, Juge en
4,
05-01-99-1960-07-00042, audience civile et publique du
4007063, 254927 ; avec élection quatre juin deux mille dix en
de domicile en son Cabinet sis présence de Me. Aldrin JOAS
à la rue de la Montagne au no SAINT Substitut du Commissaire
: Il (Pacot), à Port¬au-Prince et du Gouvernement et avec
à la Croix des Bouquets à la rue l'assistance du citoyen Jean
St Jean au no : 31 au cabinet de Joanem NERETTE, greffier.
- Cette société fonctionnera sous
la raison sociale: Listher, Joseph
et Co Art. 3- La durée de la société
est pour une période de dix ans
renouvelable.
Me. Jean Auguste BRUTUS
Et:
Le Sieur Antoine Edouard
LA
TORTUE,
propriétaire,
demeurant
aux
Etats-Unis
d'Amérique et domicilié à Portau-Prince, identifié au no:
000-796-436-5 poursuites et
diligences de sa mandataire,
la Dame Jocelyne BELIZAIRE,
propriétaire, demeurant et
domiciliée à Port-au-Prince,
identifiée au no: 003-872-195-2,
ayant pour Avocats légalement
constitués Mes. Jean Ernst
CHERY, Clivens CHERY, du
Barreau de Port¬au-Prince;
Chenet PAMPHILE, Rockfeller
Il est ordonné à tous Huissiers
sur ce requis de mettre le
présent jugement à exécution,
aux Officiers du Ministère Public
près les Tribunaux Civils d'y tenir
la main à tous commandants
et autres Officiers de la force
publique d'y prêter main forte
lorsqu'ils en seront légalement
requis.
En foi de quoi, la minute du
présent jugement est signée
du Juge et du Greffier sus dits.
Ainsi signé: Frénot CAmSTE,
Juge et Jean Joanem NERETTE,
greffier.
POUR EXPEDITION CONFORME
COLLATIONNEE Le Greffier.-
No 34224
Annonces 25
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
AVIS MATRIMONIAL
Le Tribunal de Première Instance
de
la
Croix-des-Bouquets
compétemment réuni au Palais
de Justice de cette ville a rendu
en audience Civil et Publique le
Jugement suivant;
Entre:
l)
Duvard
François
propriétaire,
demeurant
et
domicilié à Fontamara # 5,
identifié au No. : 009¬698-4311 ayant pour Avocat Me Jean
Gérard Augustin du Barreau d
Port-au-Prince dûment identifié,
patenté et imposé aux Nos.: 001979-340-2, PA-3989 et J-39834
pour l'exercice en Cours avec
élection de domicile en son
Cabinet sis à la Rue Geffrad # 74
à l'Etage, Pétion-Ville¬ Port-auPrince;
2) La dame Christine Joisaint,
propriétaire,
demeurant
et
domiciliée à Fontamara ;
DONT LE DISPOSITIF EST AINSI
CONÇU
PAR CES MOTIFS, le Tribunal
après examen et sur les
conclusions du Ministère Public
accueille l'action du requérant
pour être juste et fondée;
maintien le défaut octroyé
contre la défenderesse et pour
le profit admet le divorce du
sieur Duvard François d'avec
son épouse Christine Joisaint
pour injures graves et publiques;
prononcé la dissolution des liens
matrimoniaux ayant existés
entre les dits époux; ordonne
à l'Officier de l'Etat Civil de
Port-au-Prince Section-Nord de
transcrire dans les registres à ce
destinés le dispositif du présent
jugement dont un extrait sera
inséré dans un journal de la
place sous peine de dommages
intérêts s'il y echet ;
Comme l'Huissier Jean Bernard
Pierre Louis pour la signification
du présent jugement; Compenser
les dépenses vu la qualité des
parties.
dénommée:
SECURICAP
Management, dont le siège social
Il est porté à la connaissance est au Cap- Haitien, Rue 3 L # 28,
du public en général et de tous laquelle est régie par les lois en
ceux que la question interesse la vigueur et les présents statuts.
formation à Port-au-Prince ,entre Art. 2- Cette société a pour Objet
les sieurs Jean Gary ROUZIER principal la prestation de service
jr,Salcedo
Moreta
Ramon de gestion et d'administration
AUGUSTO RECYCLE MATERIAL
pour tous tiers.
AVIS
le sieur Gilles François.
Par ses motifs : le tribunal après
en avoir délibéré conformément au
vœu de la loi maintient le défaut
requis et octoye contre le cite le
sieur Gilles François qui n’a pas
comparu a l’audience ni personne
pour lui. En conséquence ordonne
son expulsion des lieux occupes
commet l’huissier Wilner Sulme
de ce siège pour la signification du
dit jugement avec commandement.
Le condamne en outre aux frais et
dépends de la procédure, ce, sera
justice.
Dessources,
propriétaire,
demeurant et domiciliée à la
Croix-des-Bouquets,
partie
défenderesse, d'autre part ;
PAR CES CAUSES ET MOTIFS,
le Tribunal, le ministère public
entendu, accueille l'action du
sieur Louis Robert EUGENE pour
être juste et fondée, maintient
le défaut requis et octroyé à
l'audience, prononce la dissolution
des liens matrimoniaux existant
entre le sieur Louis Robert EU
GENE et la dame Yves-Line Fita
DESSOURCES pour injures graves
et publiques aux torts de l'épouse,
ordonne à l'Officier de l'Etat
Civil de la Croix-des-Bouquets
de transcrire le dispositif du
divorce dudit jugement dans le
registre à ce destiné, ordonne
en outre la publication de la
décision dans l'un des quotidiens
de la capitale sous peines de
dommages-intérêts envers les
tiers, compense les dépens et
enfin commet l'huissier Godbert
Humbert pour la signification
dudit jugement.
La Société a pour objet principal
la récupération et démolition
de vieux bateaux ou toute autre
opération de recyclage de métaux
en vue de les exporter. Elle
peut effectuer toutes activités
relatives à son objet aussi bien
en Haïti qu'a l'étranger. A cet
effet, elle pourra se livrer à
toutes opérations commerciales,
pouvant se rattacher directement
ou indirectement à son objet et
à tous autres susceptibles d'en
faciliter le développement. La
société pourra faire toutes ces
opérations ou l'une d'elles ou
plusieurs d'entre elles, pour
son compte ou pour le compte
de tiers, soit seule, soit en
association avec les tiers. Elle
pourra prendre tous intérêts
et participation dans toutes
entreprises pouvant se rattacher
à l'un des objets précités ou de
nature à les favoriser. Elle aura la
faculté de remplir l'objet en vue
duquel elle a été créée au même
degré et aussi complètement que
pourrait le faire une personne
physique.
Elle
pourrait
donner
des
consultations à tous intéressés en
matière de protection et faire de
formation en Prévention.
Port-au-Prince, ce 24 juin 2010
1- M. Gluck THEOPHILE .40.000
gdes
(Président- Le sieur Louis Robert Eugène, En foi de quoi etc.
propriétaire,
demeurant
et
Directeur Général)
'Lamille LEBLANC, Av.-
AVIS PROFESSIONNEL
Elle pourra entreprendre toutes
les
opérations
mobilières,
immobilières et fmancières
quelconques
se
rattachant
directement ou indirectement Ii
son but principal, susceptible
de faciliter son extension. Les
objets dessus mentionnés sont
énumératifs et non limitatifs.
Ainsi juge et prononce par nous,
Frantz Guillot juge de paix de
la commune de carrefour, en
audience civile et publique en date
du mercredi cinq (5) aout 2009,
avec l’assistance du sieur Willins
Peltrop, greffier
Il est ordonne…etc…
~ Cette société fonctionnera sous En foi de quoi…etc.
la raison sociale : Théophile, Me. Annuel Thélot, avocat
Théophile et Co Art. 3- La durée
de la société est pour une période
AVIS MATRIMONIAL
de dix ans renouvelable.
Extrait des minutes du greffe du
Ainsi jugé et prononcé par nous,
tribunal de Première Instance de
Me Frénot Cajuste, Juge en
la Croix-des-Bouquets
audience civile, ordinaire et
Le Tribunal de Première Instance publique du jeudi six mai deux
de
la
Croix-des-Bouquets, mille dix, en présence de Me Marie
compétemment réuni au Palais Chantal OCCENADE, substitut
de Justice de cette ville a rendu Commissaire du Gouvernement
en audience publique et en ses de ce ressort, avec l'assistance du
Art. 5- Le capital social est de attributions civiles le jugement
citoyen Jean Amando CHRISPIN,
cinquante mille (50.000) gdes, en suivant:
greffier du siège.
nature réparti comme suit:
Entre:
Il est ordonné etc.
Art. 4- Le siège social de la
société est au Cap-Haitien, Rue
3 L, # 28. Elle pourra établir et
faire fonctionner des bureaux
dans n'importe quelle commune
du Département du Nord dès que
les soussignés en auront décidé.
domicilié
à
la
Croix-des-
2Madame
Sylvie Bouquets, identifié au No. 003THEOPHILE 10.000 gdes 224-777-5, ayant pour avocats
Maîtres Ricot JOSAPHAT et Marie (Vice~Présidente)
constitués Mes Samuel Madistin
Suzy LEGROS remercient tous les
et Jean Gary Rémy du Barreau de
confrères et consoeurs - avocats, Elle est enregistrée au Ministère Port-au-Prince, respectivement
amis et clients du Cabinet Ricot du Commerce et de l'Industrie en identifiés, patentés et imposés
JOSAPHAT de leurs témoignages date du 23 juin 2010, au numéro aux numéros: 003-341-604-3,
de sympathie à la suite du séisme A274, Folio 143, registre IX
1153640 et 1153122 ; 003-265694-7, 4050286 et 4050286, avec
du 12 janvier 2010.
Cabinet AGENOR et Associées
Ils les assurent de la reprise
graduelle de leurs activités
professionnelles et pour tout
contact avec le Cabinet, leur
demandent d'appeler les numéros
suivants: 34-64-08- SO,
Donné de nous Frénot Cajuste,
Doyen en audience civil et
AVIS DE FORMATION
publique du Jeudi Sept (7)
Janvier deux mille en présence Société
en
Non
Collectif
de Me Chantale Occenade et SECURICAP Management
avec l'assistance du Greffier
Entre les soussignés:
Lans Jean Thomas.Monsieur Gluck THEOPHILE,
Il est ordonné à tous huissiers
propriétaire,
demeurant
et
sur simple réquisition de mettre
domicilié au Cap-haitien, Rue 3
le présent jugement à exécution
L, # 28, identifié au numéro: 003aux Officiers du Ministèr~Public
950-988-5;
près le Tribunal Civil d'y tenir la
main à tous Commandements Madame Sylvie THEOPHILE,
demeurant
et
et autres Officiers de la force propriétaire,
publique d'y prêter main forte domiciliée au Cap-Haitien, Rue 3
lorsqu'ils en seront légalement L, # 28 identifiée au numéro: 000986-696-2;
requis.-
En foi de quoi la minute du Il est arrêté et convenu ce qui suit
présent jugement est signé du :
Juge et du Greffier susdits.
Art. 1- Il est formé entre les
sus-désignés
POUR
COPIE
CONFORJ'vIE soussignés
une Société en Non Collectif
COLLATIO
élection de domicile à la rue Rémy
# 30, Croix¬des-Bouquets et au
cabinet Madistin et associés sis
Le sieur Prézilus INNOCENT, au no 195, avenue John Brown,
identifié au No. 003-~26-719-3 Port-au-Prince, Haïti, partie
demeurant et domicilié à Port-au- demanderesse, d'une part ;
AVIS MATRIMONIAL
Prince, informe par la présente le Et:
public en général et le commerce
en particulier qu'il n'est par La
responsable des actes et actions
posés par son épouse Madame
Emmanuella P. Innocent née
Emmanuella Pierre, demeurant et
domiciliée à Port-au-Prince~ Ce,
pour injures graves et publiques.
En attendant qu'une action en
divorce soit intentée contre
elle par devant la juridiction
compétente.
Port-au-Prince, le 18 Juin 2010.
Monsièur Prézilus INNOCENT
AVIS JUDICIAIRE
Dispositif d’un jugement rendu par
défaut par le tribunal de paix de
Carrefour en date du 5 aout 2009 au
profit du sieur Manès Chéry contre
dame
Yves-Line
Fita
AVIS
Avis perte de plaque
Le, soussigné Joseph Jean, avise
le public en général que la plaque
d’immatriculation, # AA-02457,
de son pick-up de marque Ford
et de couleur grise, a été égarée
au niveau de la rue Vilgrain,
Port-au-Prince. En conséquence,
le soussigné décline toute
responsabilité dans l’utilisation
de cette plaque à quelque fin que
ce soit.
Joseph Jean
26 Annonces
AVIS
Avis de formation de société en
nom collectif
Le public est informé qu'à la date
du 22 Juin 2010, le Ministère du
Commerce a inscrit au registre IX,
folio 142, No A-273, les Statuts de
la Société en nom Collectif dont
la raison sociale est« DIKENS
GUILLAUME ET CO» et pour
dénomination commerciale «
CAIMITES CONSTRUCTIONS»
Le siège social se trouve au no
706, Santo 8, Croix-des-Bouqucts.
Le capital socialde la société
est de 1000000.°0 Gdes reparti
comme suit:
propriétaire,
demeurant
à
SARTROUVILLE-FRANCE
et
domicilié
à
Port-au¬Prince,
identifié au no: 006-998-445-2,
représenté par son mandataire
Monsieur
Jocelyn
PIERRE,
propriétaire,
demeurant
et
domicilié
à
Port-au-Prince,
identifié au no :003-626-1233 procédant par Mes Rodrigue
DUMAS, avocat au barreau de
Port-au-Prince et Jean Guito
ROMAIN, Praticien en Droit,
respectivement
identifiés,
patenté et imposé aux nos :003350-569-9, 678366, 121, 239 et
005-756¬179-8 avec élection de
domicile en leur Cabinet sis à
Delmas 62 no 2 (2ème étage),
demandeur d'une part;
1- Mr Dikens GUILLAUME 80%,
identifié au NIF: 001-285-428-7, Et Les sieurs Wilner CHÉRY,
demeurant et domicilié au # 56, Josué Médor dit Patrick MÉDOR
Rue des remparts, Verrettes,
et Aristhène BREVIL dit TUE
2- Mr Edouard DENEUS 10%, KADAV,Propriétaires, demeurant
identifié au NIF . 003-178-994-5, et domiciliés à Delmas, en leurs
demeurant et domicilié au # 5, demeure et domiciles; Défendeurs
d' autre part.
Rue Jubilée, Verrettes,
3- Ml' Wilkens GUILLAUME 10%,
identifié au NIF: 004-653-880-1,
demeurant et domicilié au # 99,
Rue Cassagnol, Delmas 33.
La société a pour objet principal:
l'aménagement, l'entretien, le
décor intérieur et extéteriur des
résidentiels, commerciaux ou
autres, l'enlèvement des débris,
la construction d'infrastructures
routières, ponts, Gabions selon
les normes internationales de
construction. Elle pourra aussi
entreprendre toutes opérations
commerciales,
financières,
mobilières
et
immobilières
se rattachant directement ou
indirectement à l'objet social
susceptible d'en faciliter le
développement.
La société est administrée par un
conseil de trois membres: 1- Mr
Dikens GUILLAUME, président et
trésorier du conseil,
2- Ml' Wilkens
conseiller,
GUILLAUME,
3- Ml' Edouard DENEUS, secrétaire
général du conseil.
Le Tribunal de Paix de la commune
de Delmas compétemment réuni
en son local sis au no : 206 Route
de Delmas a rendu en audience
publique et en ses attributions
civiles et ordinaires le jugement
suivant; entre:
Le
sieur
Amos
TOUSSAINT,
en particulier qu'interdiction
formelle et de manière la plus
énergique leur est faite de
recevoir des transactions de
quelque nature directement ou
indirectement de quiconque relatif
aux Propriétés des héritiers de
feu Marcelinette Marcelin"Pierre
Jeudi,Colonel Celestin Augustin,
Joseph Augustin representes par
Jeannot Augustin, Michel Augustin
, \Vilner Augustin,Emilienne,
Dejean Gabriel, Marie PhilOluene
Jean Noel Delance, Marie Josue
Augustin, Ernest StJuste, Edens
St-Juste, lesquelles proprietes
se trouvent respectivement a
Debuissy morne de l'hôpital,
L'aboule 12 zone St-laurent, pacot
prolongée Habitation NAlJD,
laissant comme habile a leur
succéder les héritiers susdits.
Déclarant
Augustin,Jacqueline
Augustin,Pierre Julien, Lesly
Julmis~
Raymond
CASTIL,
?+V1akenson AUGUSTIN, Solange
A TROUILLOT, Lilia AUGUSTIN,
Minocles AUGUSTIN que faute
par eux d'obtempérer aux fIDS
de cette injonction fOlmelle, ils
seront tenus personnellement
responsables de tous écarts et ou
différends causes auxdits héritiers
et seront assignes par devant la
juridiction compétente, et que
personne n'en prétexte cause
d'ignorance. Cette interdiction fait
défense formelle aux arpenteurs
et Notaires d'effectuer desw
transactions sous aucune fonne
que ce soit avec la nommée
Charlotte Debrosse Prince qui
n'a. aucun pouvoir de décision
sur les dites propriétés et par
conséquent tous actes poses par
cette dernière est nul et de nullité
radicale et les héritiers attendent
impatiemment a ce que tous les
titres authentiques leurs soient
restitues dans le meilleur délai
,et, ce, pour éviter une action
judiciaire, et elle est tenue de
donner certaines explications sur
les transactions par elle faite sur
les dites propriétés.
Par ces motifs, Le Tribunal
jugeant à charge d'appel et
suivant le vœu de la loi; maintient
le défaut requis et octroyé à
l'audience du mercredi 08 avril
2009 contre les cités les sieurs
Wilner CHÉRY, Aristhène BRÉVIL
dit TI JE KADAV, et Josué MÉDOR
dit Patrick MÉDOR, se déclare
compétent pour connaitre de cette
affaire, s'agissant d'une action
possessoire en réintégrande qui
est de compétence exclusive
dudit Tribunal, accueillie l'action
du requérant pour être juste et
fondée. En conséquence ordonne
à ce que le requérant soit réintégré
dans la possession du terrain sis
sur l' habitation « BONNY» section
Saint Martin dans la commune de
Delmas, dit aux cités les sieurs
Wilner CHÉRY , Aristhène BREVIL
dit TUE KADAV et Josué Médor
dit Patrick Médor de ne plus
troubler à l'avenir la possession
du requérant, les condamne
solidairement à dix mille gourdes
(Gdes 10.000.-) de dommagesintérêts; les condamne enfin aux A Bon Entendeur Salut!
frais et dépens de la procédure, Pour les héritiers :
dit en outre que la contrainte
par corps sollicitée est écartée;
AVIS DE DIVORCE
Commet l' huissier SOIGNER
DIDIER pour la signification de Entre:
1) La dame Raphael CHARLES
cette décision.
La durée de la société est de dix ans
à compter de son immatriculation
aux. registres susdits. Cette durée
pourra cependant être prolongée
ou au contraire, écourtée en cas
de dissolution anticipée de la Ainsi jugé et prononcé par Nous
société.
Me AI Duniel DIMANCHE, Juge
Le présent avis est publié, en audience publique et civile du
conformément aux articles 44 et Mercredi vingt deux avril deux
45 du code de commerce, aux fins mille neuf (22/04/09) An 206ème
de l'Indépendance, assisté du
utiles de droit.
greffier Fredlan BELFORT.
Par le cabinet Edler GUILLAUME
Il est ordonné ...
et ASSOCIES.
En foi de quoi ...
Me Edler
AVIS
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
BOOT, nee Solange COULANGE,
demanderesse d'une part
2) Le sieur Raphael Charles BOOT,
défendeur d'autre part.
P AR CES MOTIFS: Le TribunaL
après examen, le Ministère Public
entendu, au vœu de la loi, maintient
le défaut octroyé contre le defendeur
à la susdite audience pour le profit du
defaut, declare fondee la dite action
de la dame Raphael CHARLES BOOT,
nee Solange COULANGE contre son
AVIS
époux le sieur Raphael Charles BOOT;
En consequence admet et prononce la
IL est porté a la connaissance
dissolution des liens matrimoniaux
du public en général, les
ayant existés entre lesdits epoux,
commerçants,
usuriers,
les renvoie devant l'officier de l'Etat
hommes d'affaires, Directeurs Civil de Delmas pour la transcription
Responsables
des
banques du dispositif du présent jugement
tant a capitale qu'aux villes dont un extrait sera publié dans l'un
de
provinces,
Directeurs des quotidiens s'éditant à la capitale
Responsables des transferts en sous peine de dommages- intérêts
tous genres~ Notaires, arpenteurs
No 34224
envers les tiers s'il y échet, Commet
l'huissier Vilneret GABRIEL de ce
siège pour la signification de ce
jugement, compense les dépens.
Perrin AIMABLE, Substitut du
Commissaire du Gouvernement de
ce Ressort et avec l'assistance du
sieur Jean Atassi CADET, Greffier
Ainsi jugé et prononcé par nous, de ce siège.
Jean-Michel RAYMOND Juge en
audience civile, ordinaire et publique
du vendredi treize (13) Novembre
(2009) deux mille neuf, en présence
de Me Saint-Anaud Norze, Substitut
du commissaire du Gouvernement de
ce ressort, représentant du Ministère
Public avec l'assistance du sieur
Jean-Claude ALFERIS, greffier du
siège.
Pour
expédition
collationnée. Le greffier
conforme
Pour le Cabinet:
Port-au-Prince, le 18 Juin 2010
Me Jean Baptiste Desire CELETIN/Av
AVIS
Il est ordonné .
.
En foi de quoi Ainsi signé: MARIE JOCELINE
CAZIMIR et Jean Atassi CADET
Le Greffier
Pour copie conforme.
AVIS DE FORMATION
Avis de formation de la société
CHARLES ET CHARLES & CO.
Il est porté à la connaissance du
public en général et du commerce
en particulier la création d'une
société en noms collectifs entre:
1- Monsieur Paul Patrick Charles,
Il est porté à la connaissance
propriétaire,
demeurant
et
des intéressés que le Tribunal de
domicilié
à
Port-au-Prince,
Première Instance de Port-auDelmas 41 No. 21 A, identifié au
Prince a rendu entre:
No. 003-019-437-9 ;
1) Le sieur Ossen Jean Pierre
LAVAUD, propriétaire, demeurant et 2- Madame Marie Volette
domicilié à Port-au-Prince, identifié Duplessis Charles, propriétaire,
au No : 003-653-099-9, ayant demeurant et domiciliée à Portpour avocats Mes. Lesly ETIENNE, au-Prince, Delmas 41 No. 21 A ;
Wilfrid DOLLY, Hervé François Cette société a un capital social de
ALCINDOR du Barreau de Port- cents mille gourdes (100.000.00).
au-Prince, et Luc Albert ETIENNE Monsieur Paul Patrick Charles
(pour le stage) identifiés, patentés apporte à la société cinquante
et imposés aux Nos: 003-159-838- mille &% gourdes (50.000.00),
0, 30618-L, 13821-RR; 001-001- Madame Marie Volette Duplessis
058-1, B-1315634, A0226048; avec Charles cinquante mille &
élection de domicile au Cabinet
% gourdes (50.000.00), elle
des dits avocats sis en cette ville,
fonctionnera sous la raison
au No 84 de l'Avenue Jean Paul
sociale {( CHARLES ET CHARLES
Il, Turgeau, demandeur en divorce
& CO », a pour nom commercial {(
d'une part.C & C ENTREPRISES» ayant pour
ET
sigle: (CCE)>>. Le siège social et
2) La dame Ossen le principal établissement de la
Jean Pierre LAVAUD née Marie société sont au No. 47, Rue de la
Réunion, Port-au-Prince, Haïti.
Scherlly LAURENT,
Propriétaire,
demeurant
et La société dont la durée est
domiciliée
à
Port-au-Prince, fixée à dix ans consécutifs,
défenderesse d'autre part
renouvelable pour une même
période, s'adonnera à toutes
Le jugement dont teneur suit:
les opérations d'importation,
PAR CES MOTIFS, le Tribunal sur les d'exportation,
de
stockage,
conclusions conformes du Ministère d'entreposage, d'emmagasinage,
Public après en avoir délibéré de transformation de tous
maintient le défaut octroyé contre produits, marchandises destinés
la partie défenderesse à l'audience
à fins commerciales.
précitée; POUR LE PROFIT accueille
l'action en divorce de la partie Elle pourra en outre se livrer à
demanderesse pour être juste et toutes opérations commerciales,
mobilières
ou
fondée; ADMET en conséquence financières,
le DIVORCE du sieur Ossen Jean immobilières pouvant se rattacher
Pierre LAVAUD d'avec son épouse directement ou indirectement
née Marie Scherlly LAURENT pour à son objet et à tous autres
injures graves et publiques aux susceptibles d'en faciliter le
torts de l'EPOUSE: PRONONCE la développement.
Elle
pourra
dissolution des liens matrimoniaux acheter, vendre, prendre et
ayant existé entre lesdits EPOUX; donner à bail, emprunter avec ou
ORDONNE à l'Officier de l'Etat Civil sans garantie et d'une manière
de Pétion-Ville de transcrire sur les générale, poser tous actes
registres à ce destinés le dispositif autorisés par la loi.
du présent jugement dont un Extrait
sera publié dans un QUOTIDIEN Elle est enregistrée au Ministère
s'éditant à la Capitale sous peine de du Commerce et de l'Industrie
dommages-intérêts envers les tiers le 18 Juin 2010 au No. A-272,
s'il y échet; Compense les dépens. Registre IX, Folio: 142.
Commet l'huissier Dor Hyppolite Le présent avis est publié
de ce siège pour la signification du conformément à la loi pour servir
présent jugement.
et valoir ce que de droit. Port-auAinsi jugé et prononcé par Nous, Prince, le 21 Juin 2010.
MARIE JOCELINE CAZIMIR Juge,
Me. Judith Louis .
en audience civile et publique du
mardi premier décembre deux mille
neuf en présence de Me. Carolle
No 34224
Sport 27
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
Coupe du monde/Interview
Un rêve devenu réalité !
Pour son 4e anniversaire, la Digicel a organisé un tirage dont la prime fut un voyage
pour deux, tous frais compris, pour les phases finales du Mondial de football en Afrique
du Sud. Le gagnant répond au nom de Gilbert Bailly. Ce dernier laissera le pays, le 7
juillet prochain, afin d’assister aux matches des demi-finales et de la finale de la 19e édition de la Coupe du monde. Il a accepté de répondre à nos questions.
Gérald Bordes
: En 2005,
l’organisation
de la 19e
édition
de
la Coupe du
monde a été
par Gérald
Bordes
confiée
à
l’Afrique du
Sud de Nelson Mandela.
Avez-vous rêvé de participer à cette belle fête ?
Gilbert Bailly : Oui, j’ai
toujours rêvé d’assister directement aux épreuves d’une
Coupe du monde, mais je n’ai
jamais pensé que ce jour était
si proche.
G.B : Votre rêve est devenu
réalité, le 3 mai écoulé,
grâce à une attribution
de la Digicel. Quelle était
votre première réaction
quand vous aviez constaté
que vous étiez l’heureux
est d’autant plus spéciale pour
moi, car c’est la première fois
que j’ai gagné une prime aussi
importante. De plus, suite aux
dommages subis par ma maison, lors du séisme du 12 janvier dernier, croyez-moi, un
voyage pour des vacances fut
loin d’être ma priorité. Mais,
je me considérais heureux et
chanceux car toute ma famille
est sortie saine et sauve de cette
terrible tragédie.
G.B : Vous irez seul en Afrique du Sud ?
G. Bailly : Non, c’est un
voyage pour deux et je serai
accompagné de ma femme.
Nous sommes très heureux,
car cela fait longtemps qu’on
n’a pas pris de vacances seuls,
sans les enfants.
Gilbert Bailly et Tatiana Policard.
gagnant habilité à assister
directement au déroulement des matches de demi-finales et de finale ?
G. Bailly : J’étais très surpris
d’être parmi les participants à
ce tirage. Quand j’ai réalisé que
c’est moi le gagnant, c’était tout
simplement incroyable ; cela
m’a pris deux jours pour réaliser que je suis effectivement
le grand gagnant. Cette prime
G. B : Vous êtes fan de
quelle sélection, pensezvous que votre équipe sera
championne le 11 juillet
prochain ?
G. Bailly : Je suis fan du
Brésil et ceci dès mon très
jeune âge. Je me rappelle qu’en
1972 on avait diffusé un film
sur l’équipe du Brésil de 1970
au Drive in ciné (cinéma en
plein air) et j’ai découvert Pelé
et les autres joueurs de l’époque
; et depuis lors je m’attache à
cette équipe. Si l’équipe du Brésil sera sacrée championne ? Je
le crois à 99 %.
G. B : D’après vous, les
gens ont intérêt de switch
le vert en rouge ?
G. Bailly : Ceci est un choix
personnel, cela dépend des besoins des gens. Je suis un entrepreneur. Rouge ou vert, j’en ai
besoin, car en affaires la communication est très importante.
G. B : Le dernier mot
G. Bailly : Je veux remercier la Digicel pour cette fantastique opportunité qu’elle
m’a offerte pour me rendre en
Afrique, terre des ancêtres de
mon pays. Également pour le
dynamisme qu’elle apporte au
secteur de la télécommunication en Haïti. Je profite pour
remercier la Digicel du support
apporté au football haïtien qui
est le sport roi en Haïti, surtout
que le pays rêve d’une autre
participation à une des phases
de la finale de la Coupe du
monde, après celle de 1974. Un
grand merci aux employés de
Digicel pour leur gentillesse. Je
souhaite bonne chance et longue vie à Digicel.
Propos recueillis par Gérald Bordes
Basket-ball
« Regrouper à nouveau la famille du basket-ball »
Le tournoi de la Ligue senior de basket-ball (LSB) « Hoops I am Alive » touche à sa fin. Les Giants et l’Asba ont disputé samedi à Quisqueya Christian School la grande finale. Dans notre prochain numéro nous présenterons un reportage complet sur ce duel. Nous avons rencontré deux jours
avant la finale Jason Valbrun, l’un des responsables de la LSB, qui a accepté de répondre à nos questions.
«
Après le désastre du 12
janvier écoulé, le monde
du basket-ball était inactif et pour pallier cet handicap, nous autres de la LBS,
avons pris l’initiative de regrouper la famille du basket en organisant un tournoi
afin de permettre aux dirigeants des clubs et aux entraîneurs de se retrouver avec les
joueurs », a déclaré Jason Valbrun au Matin.
« Nous avons organisé le
tournoi sans le support des
sponsors. Nous avons même
demandé aux équipes participantes de donner une cotisation dont plusieurs étaient
dans l’impossibilité de répondre positivement », a-t-il
mentionné.
« Nous avons invité plusieurs institutions privés et
des ONGs à participer à ce
tournoi. C’est seulement la
Minustah avec son contingent philippin qui a répondu
à notre invitation. Au nom de
tous les membres de la LSB je
les remercie et d’ores et déjà,
l’équipe onusienne manifeste
son intention de participer
au championnat de vacances
estivales qui se déroulera en
juillet prochain. Nous comptons réaliser ce championnat
Giants.
Quisqueya Christian School.
Centre Roger François.
avec 14 équipes et nous espérons que le ministère des
Sports va aider à réaliser ce
tournoi afin de permettre aux
jeunes de se distraire », a-t-il
informé.
M. Valbrun a profité de
Zèklè.
l’occasion pour annoncer aux
fans du sport, plus précisément aux passionnés du basket-ball, l’ouverture du magasin sportif dénommé Slam
Dunk le 3 juillet prochain à
Delmas 50. « Le 3 juillet pro-
chain, nous allons procéder à
l’ouverture du premier magasin sportif réservé aux basketteurs à Delmas 50. À Ce local
seront disponibles des informations relatives aux activités
de l’Asi, la FBS et la LSB. Les
Minustah.
Asba.
journalistes pourront avoir
aussi tous les résultats des
matches et ils pourront appeler au 28131629 pour informations supplémentaires » a
conclu Jason Valbrun.
[email protected]
28 Sport
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
Coupe du monde
Vue d’ensemble
L
a
première semaine de
la Coupe du
monde n’a pas
été riche au
strict point de
par Patrice
vue du spectacle
Dumont
footballistique,
la faute à la volonté de la plupart des équipes d’abord de ne
pas encaisser de but plutôt que
d’en marquer, mais aussi à la
faiblesse technique de quelques
rivales. Les performances individuelles ont aussi dans l’ensemble déçu si on considère le
rayon des stars attendues, aux
nobles exceptions de Messi, le
Japonais Honda, dont l’équipe
a sorti un match plein d’intelligence et d’habileté pour éliminer le Danemark (2-1), et
l’Espagnol Villa, auteurs de
prestations remarquables, encore que le compteur buts de
l’Argentin reste scandaleusement fermé alors qu’il a tiré
vingt fois au but, soit pratiquement une moyenne de sept par
match.
L’intensification de la pratique du football à travers le
monde et la vulgarisation des
méthodes de préparation depuis ces trente dernières années
a certes élevé le niveau général
du jeu. Par exemple, en 1974,
l’écart entre le Zaïre, représentant de l’Afrique défait 9-0 par
la Yougoslavie, et les meilleures
formations sud-américaines ou
européennes, était comme incommensurable. Ce n’est pas le
cas aujourd’hui, même si l’Arabie Saoudite avait ramassé un
8-0 face à l’Allemagne en 2002,
niveau de déculottée imposé
aujourd’hui à la Corée du Nord
(7-0) par le Portugal. À revoir
les matchs d’Haïti de 1974, on
se rend compte de ce que nous
ne nous étions pas encore dépouillés de certains réflexes défensifs qui datent des premiers
âges du football. L’exploit, finalement anecdotique, des EtatsUnis vainqueur de l’Angleterre
1-0 en 1950 au Brésil, vaut
moins que le nul 1-1 enregistré
entre ces deux pays à l’occasion
de leur opposition le 12 juin à
Rustenburg. À la fin de ce premier tour, d’aucuns voient la
bannière étoilée flotter dans un
stade qui accueille un match
de demi-finale. Les USA terminent 1e de leur groupe devant l’Angleterre, la Slovénie
et l’Algérie. C’est une Révolution. On a aussi apprécié que
la Corée du Nord, il est vrai
étonnant vainqueur de l’Italie
et quart finaliste en 1966, ne se
soit pas fait manger par l’ogre
brésilien (seulement 2-1 à Johannesburg le 15 juin). Mais
c’était un faux espoir, on l’a vu.
L’élimination avec les honneurs
au premier tour des Océaniens
néo-zélandais et australien, le
premier sans avoir perdu le
moindre match, le deuxième
en ayant gagné contre les
Serbes et partagé les points
avec le Ghana, seul africain des
1/8e de finale, témoigne du nivellement des valeurs.
N’étaient les particularités raciales et la couleur des
maillots, on pourrait presque
confondre les équipes nationales tant leurs expressions techniques et tactiques
se ressemblent. C’est que les
énormes intérêts économiques
et le développement urbain
ont tué la poussée des footballeurs sauvages de la lignée des
Pelé, Garrincha, Best, Charlton, Beckenbauer, voire Keegan, Zico ou Maradona. La
prise en charge des enfants de
8 ans par les centres de formation inculque les gestes de base
avec un succès certain : il en
sort un footballeur robot à la
technique de base moyenne,
aiguisé sur le plan tactique,
époustouflant athlétiquement,
mais aussi fragile musculairement tant son corps est surentraîné; on en a la malheureuse illustration par les trop
nombreuses blessures qui entachent cette compétition. Le
contrecoup est l’absence de ces
joueurs créatifs, subtils, spectaculaires non moins efficaces
qui peuplaient les équipes sudaméricaines et européennes.
On pouvait espérer de l’arrivée
de l’Afrique un renouveau de
ce côté-là, mais les meilleures
pousses sont exportées précocement en Europe où ils sont
moulés dans le laboratoire de
footballeurs appliqués. Pas
étonnant qu’aucune des six nations africaines présentes dans
cette Coupe du monde n’apporte un ton différent tant individuellement que collectivement.
Mais le football est génétiquement trop riche pour être
sacrifié à l’hôtel du calcul de
l’efficacité bon marché. Les Allemands ont sorti un match
spectaculaire dont les Australiens ont fait les frais (4-0) ;
le Chili a pris du plaisir pour
battre le Honduras et la Suisse
(1-0), a bousculé l’Espagne durant les trente premières minutes avant de céder sur une
bévue de son gardien Bravo et
un second but d’école d’Iniesta.
N’empêche que les garçons de
Bielsa ont réduit le score alors
(1-2) alors qu’ils jouaient en
infériorité numérique injustement. En l’emportant sans bavure sur le Danemark, le Japon
et le Cameroun, les Pays-Bas
a fait la promesse d’un jeu de
qualité enfin réaliste qui devrait se confirmer au moins
jusqu’aux demi-finales; le Brésil n’était pas particulièrement
brillant dans son face à face
avec la Corée du Nord, mais
ce pays a le don de surprendre,
cette fois grâce à un excellent Robinho et un but venu
de nulle part du pied droit de
Maicon capable de faire passer le ballon entre le premier
poteau et le gardien alors qu’il
se trouvait à environ douze à
quinze mètres pratiquement
sur la ligne de buts. C’était à
peine mieux contre la Côted’Ivoire (3-1) décevante par
rapport à ses individualités
de classe internationale, voire
mondiales, mais pas plus que
le Cameroun défait trois fois.
Le Ghana sera finalement le
seul représentant africain à
connaître au moins un match à
élimination directe.
Avec les cousins portugais,
on n’a pratiquement pas reconnu le Brésil. Le Chili sera un
adversaire enquiquineur pour
les Auriverde en 1/8e. L’Argentine s’est rachetée par sa large
victoire ( 4-1 ) obtenue aux dépens de la Corée du Sud après
celle laborieuse concédée par
le Nigéria (1-0), et le marquage
individuel des Grecs ne leur a
pas épargné deux buts, De Michelis et Higuain bénéficiaires
des initiatives obstinés d’un
Messi étonnant de malchance.
Accompagne l’Argentine dans
ce voyage des 1/8e de finale la
Corée du Sud, co-représentant
avec le Japon de la présence
asiatique dans la hiérarchie
mondiale.
Le Mexique a bien joué
son rôle de principal hôte en
match d’ouverture face à l’amphitryon sud-africain (1-1)
dont la bonne volonté n’a pas
suffi pour éviter l’élimination
au premier tour. Les Mexicains ont été en outre d’une
grande utilité en rossant le jeudi 17 pour leur second match
une arrogante autant que débile équipe française dont une
qualification aux huitièmes de
finale aurait été littéralement
un tort au football. Les SudAfricains, lors de la troisième
journée de ce groupe, ont enfoncé le dernier clou dans le
cercueil du cadavre français
en putréfaction (2-1). L’Uruguay a terminé fort par la victoire obtenue aux dépens du
Mexique (1-0), ce qui lui évite
d’affronter Messi aux 1/8e. Aucun mot n’éclairera les ténèbres
françaises de cette Coupe du
monde.
Même si les moyens pour le
faire n’enrichissent pas le jeu et
que l’exploit n’a pas eu de suite,
comment cependant ne pas féliciter la Suisse tombeuse de
l’Espagne (1-0), cette Espagne
porte-étendard du football
champagne qu’on a hâte de revoir sous un jour plus brillant
après ses victoires laborieuses
face au Honduras et au Chili
qui le mettent en face du voisin
portugais. La Slovaquie, belle
surprise de ce premier tour,
a indiqué la voie du retour au
pays à l’Italie dans un groupe
dominé par le Paraguay, stable
dans sa progression depuis
1998. C’est l’incontestable numéro 3 de l’Amsud.
Au chapitre des individualités, les gardiens suisse Benaglio, américain Howard, uruguayen Muslera et surtout,
nigérian Enyeama, malheureux
sur l’un des deux buts concédés au second match contre la
Grèce, ont fait le spectacle. Le
jeune Allemand Ozil, Sneijder,
Van Persie, Lham, le demi défensif américain Bradley, fils de
l’entraîneur, Diego Forlan, Landon Donovan, Keisuke Honda,
Elano, Tiago Mendes (2 buts),
Higuain, Vittek, Villa (3 buts)
sont en train de réussir une
bonne Coupe du monde. Des
stars connues, annoncées et attendues, les Cristiano Ronaldo,
Wayne Rooney, Eto’o, Drogba
et Roben blessés, seul l’Argentin Lionel Messi maintient son
rang. Il n’a pas marqué contre
le Nigéria mais a monopolisé le spectacle qu’il a transformé en un duel avec Enyeama vaincu finalement que par
une tête plongeante de Heinze
après que le gardien nigérian
eut concédé un corner sur une
de ces frappes liftées qu’il élève
au niveau d’un art. Il a affolé
les Coréens par ses accélérations en zigzag et ses passes astucieuses, et rendu pathétique
Papastatopoulos désigné par
Rehagel pour éteindre ses feux
de joie.
Si le laboratoire médical a
sauvé le sportif Lionel Messi d’un mal congénital qui le
condamnait à ne pas dépasser
1,50 mètre de hauteur, c’est le
football sauvage des rues de
Rosario qui a pondu le footballeur couvé alors par la Masia
de Barcelone, l’un des très rares
centres de formation à sentir le
jeu comme au temps de Garrincha.
Les deux premiers matchs
des 1/8e, Uruguay-Corée,
USA-Ghana, auront été bouclés à la fin de la consommation de ce numéro de Le Matin. Il sera alors temps de
saliver sur la suite où on a le
droit d’espérer de la splendeur,
de la classe et de la vaillance
comme en ont offert jusqu’à
présent l’Espagne, belle victime du réalisme suisse, l’Allemagne large vainqueur de
l’Australie et sublime vaincu
du chanceux serbe, le Chili
frondeur, l’Argentine offensive et spéciale par Messi, les
Etats-Unis et la Slovénie, généreux partageurs de points (22) dans un match gâché seulement ( !) par la décision de
l’arbitre malien Koulibaly d’annuler un but valable des Américains pour hors-jeu.
[email protected]
No 34224
Calendrier des qualifiées
et des matches
Groupe A
Uruguay
Mexique
Groupe B
Argentine
C. du Sud
Groupe C
États-Unis
Angleterre
Groupe D
Allemagne
Ghana
Groupe E
Pays-Bas
Japon
Groupe F
Paraguay
Slovaquie
Groupe G
Brésil
Portugal
Groupe H
Espagne
Chili
Points
7
4
9
4
5
5
6
4 9
6
5 4 7
5
6
6
1/8 finale
26 juin
Uruguay – C. du Sud (Match HF1)
États-Unis - Ghana (Match HF2)
27 juin
Allemagne - Angleterre (Match HF3)
Argentine - Mexique (Match HF4)
28 juin
Pays-Bas - Slovaquie (Match HF5 )
Brésil – Chili (Match HF6)
29 juin
Paraguay - Japon (Match HF7)
Espagne - Portugal (Match HF8)
Quart de finale
2 juillet
Vainqueur HF5 - Vainqueur HF6
(QF1)
Vainqueur HF1 - Vainqueur HF2
(QF2)
3 juillet
Vainqueur HF4 - Vainqueur HF3
(QF3)
Vainqueur HF7 - Vainqueur HF8
(QF4)
Demi-finale
6 juillet
Vainqueur QF2 - Vainqueur QF1
(DF1)
7 juillet
Vainqueur QF3 - Vainqueur QF4
(DF2)
Match pour la 3e place
10 juillet
Perdant DF1 - Perdant DF2
Finale
11 juillet
Vainqueur DF1 - Vainqueur DF2
No 34224
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
Sport 29
30 Sport
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
No 34224
Le Mondial en images
Les supporteurs brésiliens aimeraient manger du coq cette année,
pour se venger de 2006.
Bien sûr, les supportrices sud-africaines sont là.
Les supporteurs Oranje sont parfois étranges....
d’oreilles....
en a de drôles
ni
ta
si
lu
n
pi
Ce joli la
forte impression.
L’Argentine fait
Fanatik kantan wè
Almay chanpyon.
Belle Italienne.
L’humour britannique dans toute sa splendeur.
No 34224
Sport 31
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
Cristiano pran nan
cho.
lè fou.
Ivoirien sa gen
wap monte
Se sou cheval la
la.
Juan fè Cristiano vole.
jj Augustin)
A la rue Capois c’était la fête...(photo
Men m sou dekonb ya fete.
L’Allemagn
a rapidemen
t montré se
s arguments
.
Espanyòl yo pran lari.
Xabi Alonso ceinturé par Valdivia.
A
32 Sport
Vendredi 25 - Jeudi 1er juin 2010
No 34224