Femme j`ai osé la mer

Transcription

Femme j`ai osé la mer
Sophie Angeli Chacoux
Femme,
j’ai osé la mer…
Une femme et son voilier
à la recherche de la Terre sans mal
La Découvrance
2011
Les Açores
Toulon
St-Tropez
Barcelone
Les Baléares
Madère
Canaries
Maroc
Océan Atlantique
Afrique
Amérique du Sud
Recife
Salvador de Bahia
Rio de Janeiro
Paraty
Buenos Aires
Rio Grande
LES PRINCIPALES ESCALES
Saint-Tropez
Toulon
Barcelone
Les Baléares
Gibraltar
Madère
Mohammedia
Îles Canaries
Açores
Cabo Verde : Sal
Recife
Salavador de Bahia
Itaparica
Rio de Janeiro
Paraty
Florianopolis
Rio Grande Do Sul
Piriapolis
Buenos Aires
La Plata
Parana, Zarate
Colonia del Sacramento
Carmelo
Rio Uruguay
De 1998 à 2010.
Deux personnages principaux : Sophie la matelote, Enomis le
bateau. En vrac, des anecdotes, des essais de navigation pas toujours réussis, une transat atlantique, des escales favelas chez les
pêcheurs brésiliens, la magie du rio de La Plata, l’Uruguay et enfin
l’Argentine : un rêve réalisé.
Dans cet ouvrage sont conjuguées mes aventures au féminin singulier. Elles sont le fruit de mes tribulations avec Enomis,
mon petit voilier de onze mètres cinquante, un Amphora d’Henri
Wauquiez. Elles reflètent le compte rendu des péripéties vécues
entre navigations, mouillages insolites, les ports et marinas dans
lesquelles résonne une éternelle musique de tam-tam-ponton.
Les histoires s’égrènent au fil de treize années flottantes entre la
Grande Bleue et l’Océan pour arriver enfin à cette Terre sans mal,
le pays guarani, là-bas, au bout de la terre.
Ce récit est le reflet d’une vie de tous les jours, mais également
une drôle de renaissance personnelle. La note originale est dans
la matelote que je suis devenue. Qui l’eût cru ? Si un message se
trouve dans ces lignes, il est probablement dans cette phrase que
mon papa me serinait dans mon enfance : Ma p’tite fille, quand
on veut, on peut ! Alors, j’ai fait de mon mieux pour me réaliser.
Plus d’une fois j’ai grincé des dents à en écraser des larmes, tout
en vibrant de bonheur en regardant grandir mon bateau. J’ai vécu
beaucoup d’années de difficultés comme de joies à voir mon voilier
se transformer peu à peu en bateau de grand voyage. Je suis passée
par des mois et des mois bien durs, mais qui ne sont rien en comparaison de l’enchantement qu’Enomis m’apporte aujourd’hui.
Alors, on peut ! On peut en dépit de l’âge, de sa condition de
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vie, de l’endroit où l’on se trouve, de ses moyens, de ses capacités,
et surtout de ses doutes.
J’en ai la preuve.
Merci Enomis.
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SOPHIE, la matelote
Résumer soixante années de vie en quelques lignes n’est pas
une mince affaire, surtout quand cette existence n’est depuis l’enfance qu’un tourbillon. Petit regard en arrière.
Un papa officier dans la Marine nationale, une jeunesse en
Nouvelle-Calédonie, ce sont les années 1958 à 1966. La chance
m’est donnée d’avoir un très proche parent également galonné,
peintre et écrivain de la Marine et fervent admirateur des grands
navigateurs explorateurs des îles du Pacifique.
Particulièrement attaché à la mémoire de La Pérouse, l’amiral de Brossard m’a permis de vivre de très près les recherches
effectuées sur l’épave de l’Astrolabe, disparue devant Vanikoro.
Haroun Tazieff, le célèbre volcanologue, faisait partie de l’équipe
qui a remonté canons et ancres des profondeurs.
C’était en 1959. Je fêtais mes dix ans.
Mon goût d’aventure est certainement né avec ces reliques
pleines d’histoire que nous venions de tirer de l’abîme.
À l’époque, j’étais scolarisée à l’institution Saint-Joseph de
Cluny de Nouméa. En cours, on nous apprenait toutes les découvertes du Pacifique, qui passaient bien avant celles de la grande
Europe. Alors, puisque dans la famille il y avait un historien de la
mer, il était normal que la petite aventureuse en herbe que j’étais
commence à construire son univers particulier.
En ce temps-là, pour aller d’un bout à l’autre de la planète,
on se déplaçait encore sur les vieux cargos mixtes de la Compagnie des messageries maritimes. Le temps n’avait pas la valeur
d’aujourd’hui. À l’aller, nous mettions plus d’un mois pour relier
Marseille à Nouméa, en passant par le canal de Panama et en
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flirtant souvent avec les cyclones. Le retour était tout aussi long et
folklorique, mais s’effectuait au départ de Sydney, qu’on rejoignait
sur les premiers Boeings de la compagnie aérienne TAI (Transports aériens intercontinentaux, l’ancêtre d’UTA).
C’était de l’Australie que nous repartions vers la France sur
d’autres compagnies maritimes, en empruntant un autre canal,
tout aussi mythique : Suez. Et nous faisions toutes les escales possibles sur la planète ! Des escales aux noms chargés de l’histoire
maritime, celle des grandes découvertes comme celle des débuts
des grandes compagnies de commerce. Que de souvenirs ! Par la
suite, mon existence s’est poursuivie plus terriennement. Mais j’ai
toujours conservé ce goût pour la diversité et l’aventure, fil rouge
de ma vie.
Durant ma scolarité, je n’ai jamais brillé dans mes études, et
mes notes étaient plutôt médiocres. Mais en indiscipline, j’avais la
palme ! Les braves mères des écoles de bonnes sœurs qu’on m’obligeait à fréquenter depuis l’âge de dix ans faisaient régulièrement
des oraisons pour moi. Elles disaient à mes parents : « Votre fille
a le diable au corps, nous allons prier pour elle ». Et c’est qu’elles
le faisaient !
J’ai quand même mené à bien des études que l’on disait à
l’époque classiques, dans lesquelles je m’embrouillais régulièrement avec les Grecs et les Latins. J’y accumulais aussi les zéros de
conduite. “Trop dissipée, peut mieux faire !” c’était la sempiternelle
annotation de mon cahier de notes, sur lequel venaient s’ajouter
bon nombre d’heures de colle. Si j’ai décroché mon bac, c’est parce
que je l’ai passé en soixante-huit. Cette année-là, tous les cancres
l’ont eu !
Toujours est-il que grâce à ces études tirées par les cheveux
j’ai pu exercer un tas d’activités plus ou moins hétéroclites. J’ai
commencé par le métier d’infirmière, qui m’a amené à travailler
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plusieurs années à Arcachon, puis au Gabon à la fondation Albert
Schweitzer, ainsi que dans bon nombre de dispensaires de brousse.
J’ai continué dans le tourisme, où je me suis bien amusée en tant
que directrice de marketing d’un hôtel très étoilé en Côte d’Ivoire.
J’ai terminé par le métier d’exploitante forestière, qui m’a donné
l’occasion de côtoyer les Pygmées de la forêt équatoriale. Dans les
monts de Cristal ou au cœur de la forêt des Abeilles, je surveillais
les chantiers forestiers. Il y avait de la magie à travailler au milieu
des gorilles… comme à se planquer devant les troupeaux d’éléphants aux confins du fleuve Ogooué.
Ainsi se résument mes années africaines, de 1979 à 1990.
Plus tard, pour remplir la caisse de bord d’Enomis, je me suis
surprise à savoir faire un tas de choses : gratter la coque d’un
bateau de passage, assister des touristes en mal de soleil, vendre
des fringues dans une boutique de mode, noircir des feuilles
pour un magazine, donner des cours de français, faire des conférences… Des boulots très représentatifs de mes années îliennes,
entre Madère et les Canaries, de 1990 à 2005.
Ensuite et jusqu’à ce jour, je ne serai plus qu’une toute petite
navigatrice en quête d’un seul objectif : arriver dans le Grand Sud
américain, à la recherche de la Terre sans mal.
En fin de compte, j’ai très peu vécu en France, où je n’ai même
pas grandi. Ma culture et mes valeurs sont un patchwork de toute
une vie d’aventures entre Toulon, la Corse, la Mélanésie, la France,
le Gabon, la Côte d’Ivoire, Madagascar, le Brésil, l’île de Madère,
les Canaries… et maintenant le continent sud-américain, où mon
exploration continue, puisque j’ai en tête de remonter le delta du
Paraná pour toucher cette merveilleuse contrée de Missiones où
les jésuites ont laissé des traces profondes.
Enfin, atteindre le Paraguay, là-bas, tout au bout du rio… et
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retrouver les Guaranis, ces Indiens d’Amérique du Sud qui veulent que la Terre sans mal soit leur contrée.
Alors, avec Enomis, je me lance à sa recherche.
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ENOMIS, le bateau
Avoir mon voilier est un vieux rêve de gamine avide de liberté.
Quand on a eu le monde pour terrain de jeux, comment pourrait-il en être autrement ? En septembre 1998, je découvre Enomis,
mon bateau, mon histoire, celui qui va devenir mon compagnon
de voyage, ma maison, le prolongement de mon âme, une partie
de moi-même.
Il n’est pas facile, lorsqu’on est femme – et presque cinquantenaire ! – de se retrouver capitaine d’un gentil monstre à voiles
comme l’Amphora. À vrai dire, je n’ai jamais tenu une barre. J’ai
toujours fait partie de cette catégorie de femmes assistées à bord,
qui laissaient faire les messieurs… parce que c’était comme ça !
Était-ce là le fruit d’une éducation un peu rétrograde ? En tout cas,
depuis, je me suis rattrapée. Enfin j’ai essayé. Mais quel challenge !
Au début de mon aventure océanique, j’avais l’impression de
tout savoir de la mer, puisque le Pacifique avait été mon jardin
d’enfant. Mais en fait je n’y connaissais rien, tout comme je ne
connaissais rien à la voile. Beaucoup disent qu’en mer il faut être
humble et modeste. L’avenir m’apprendra au moins une chose,
c’est que c’est vrai !
En 1998, après la disparition de ma maman, ma famille se rétrécit. De toute façon, le clan familial s’était déjà clairsemé durant
la dernière décennie. Seule une vieille tante représente encore la
famille paternelle, mais sa fille, Sylvie, je ne l’ai vue qu’une seule
fois !
Mon fils Bertrand du haut de ses trente ans de l’époque, a
choisi de vivre sur une autre planète que la mienne… autant dire
que nous ne nous voyons jamais.
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Il me reste tante Lou, la sœur de ma maman, la matriarche du
clan corse, qui continue à tenir une place importante dans ma vie.
De quoi se sentir bien seule par moments…
Automne 1998. Je travaille dans le tourisme aux îles Canaries
lorsque les événements se précipitent. Je dois rentrer en France
quelques semaines pour régler de contraignants problèmes familiaux. Mais je ne me vois pas vivre longtemps dans l’Hexagone,
alors je prends ma décision : liquider l’appartement familial et le
troquer pour… Enomis bien sûr ! C’est ainsi que je deviens propriétaire de mon petit voilier, que je découvre à Saint-Tropez par
une belle matinée de septembre.
Un couple d’amis m’a avertie de son existence. Marianne et
Gilbert m’aident à remonter mon bateau de Saint-Tropez jusqu’à
Toulon, avec juste ce qu’il faut de mistral pour gonfler les voiles ce
jour-là. C’est encore ensemble que nous carénons sous les fenêtres
de ma chère tante Lou, ravie d’avoir, pour une fois, sa nièce à portée de regard.
Dire que c’est le coup de foudre entre Enomis et moi serait
banal et en dessous de la vérité. L’attirance est tout aussi entière
qu’inexpliquée ! Je regrette beaucoup que mon papa ne soit plus
là. Je ne vais pas déjà lui piquer tous ses galons, mais je me promets de les mériter un jour. Mon cœur se serre lorsque je pense
à lui, parce que je sais que quelque part, à travers ce bateau, je lui
rends un hommage posthume.
Un jour peut-être, là où il se trouve, il sera enfin fier de sa fille…
Enomis est au port à sec – zone technique – du quartier du
Mourillon, à Toulon.
Beau début que celui d’une relation qui commence par l’apprentissage des formes d’une carène ! Je commence par apprendre les
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coins et les recoins de mon bateau. Mais vite, très vite, finalement
bien trop vite.
Le bonheur d’avoir Enomis me rend inconsciente, troublée
comme par un premier amour. Je n’ai qu’un désir, celui de partir,
ou plutôt de re-partir, mais avec lui. Je veux regagner Lanzarote
pour l’hiver. Après, on verra…
Lanzarote est une petite île de l’archipel des Canaries où je
réside actuellement. Je veux reprendre mon job de guide touristique et continuer de bosser sur mon bateau, mais au soleil
surtout, et sans ce stress épouvantable que je ressens en France. En
attendant, en cet automne 1998, j’en bave pour préparer Enomis !
Pour descendre dans mes îles, je réquisitionne Éric, dit le Belge,
réputé bon marin. Marianne et Gilbert décident également de
m’accompagner. Nous sommes quatre joyeux drilles, tous ravis
de naviguer. Je pars tranquille et confiante en mon équipage. Avec
eux, je commence à apprendre les balbutiements des premières
manœuvres sur l’eau. J’apprivoise tout à la fois la voile, la mer, le
vent. C’est au-delà de ce que j’espérais ; toutes les sensations sont
au rendez-vous. Pas seulement celle du toucher de barre, non,
toutes, dont celle de l’atmosphère qui m’entoure. J’apprends à sentir l’eau et le vent et à caresser mon bateau comme si c’était mon
propre corps. Chaque jour est plein de découvertes. Je suis comme
une enfant qui découvre la vie.
Au passage, je remercie tous mes copains de la mer, Éric, Gilbert, Jeff, Jean-Pierre, Christopher, Cathy et Mahu – aujourd’hui
tristement disparu – Paulo, Mario et les autres… Ils ont toujours été là, armés de beaucoup de patience pour m’apprendre les
ficelles des écoutes, des drisses, et m’aider dans les moments pleins
de cambouis. Aujourd’hui, c’est avec une certaine fierté que je dis
commencer à bien le connaître, mon bateau, car nous en avons
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avalé des milles et des milles, depuis le jour où nous nous sommes
rencontrés.
Et ce n’est pas fini ! Je veux découvrir encore et toujours plus.
Je veux partager avec mon Enomis les endroits que j’aime, ceux
que j’ai aimés, ou les redécouvrir, mais cette fois avec un autre
regard. Je veux faire revivre les chers vieux clichés en couleurs
qui nagent dans mes souvenirs. Tout cela, bien sûr, en donnant
du temps au temps, car précipitation ne rime pas avec navigation.
En fait, je dois plutôt dire rythme, tant l’empreinte du souffle du
vent, l’oscillation de la houle battent la mesure de ma nouvelle vie
de matelote…
Mais il faut aussi penser à remplir cette fichue caisse de bord !
Ce que je fais assez souvent, et de multiples manières. Pour la
santé d’Enomis, il n’y a pas de sot métier : tous mes boulots sont
bien loin de ma formation première, mais ils me sont indispensables pour avoir une autre vision de l’escale que celle du touriste
de passage, et sont aussi une solution pour progresser dans le
baragouinage des langues des pays traversés.
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Les premières escapades d’Enomis
Ces premières années, je ne les oublierai pas ! Tout le monde
me dit que je suis inexcusable. Les amis, la famille… ou ce qu’il
en reste. On se plaint de mon silence. Mais il y a la mer ! Et mon
bateau qui accapare toute mon énergie. Et le temps qui passe trop
vite…
Nous venons juste de nous tester, Enomis et moi, en naviguant
avec Marianne la Normande, Gilbert le Sétois et Éric le Belge.
Un premier France-Canaries effectué dans des conditions plutôt
spartiates. De retour aux îles Fortunées – autre nom des Canaries
– je suis partagée entre l’obligation de gagner des sous, de m’occuper d’Enomis (que de travaux encore en prévision !) et l’envie de
naviguer.
Nous sommes en décembre 1998 sous le soleil canarien, et me
voici revenue à la case départ, celle d’avant Enomis. J’y ai encore
mon travail, que je ne veux pas et ne dois pas lâcher. Je continue
d’aller accueillir les touristes à l’aéroport et à les promener sur le
parc volcanique du Timanfaya en racontant César Manrique, son
île et ses merveilles.
Enomis, lui, est à Puerto Calero. C’est une marina toute récente,
toute neuve. Il y a d’énormes bittes en laiton que les marineros
astiquent tous les jours. Une curiosité du coin ! Un seul hic pour
moi : ce port est réellement trop loin de tout. Il me faut courir
tout le temps, et avec mon boulot alimentaire cette vie devient une
perpétuelle course contre la montre. Alors, tout bien pesé-penséréfléchi, c’est pour Gran Canaria que je décide de partir. Plus
précisément pour Mogán, un adorable petit village de pêcheurs
du sud de l’île.
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Avec ce départ, je tourne définitivement la page de Lanzarote,
où je viens de vivre plus de trois ans : un exploit pour moi qui
ne tiens pas en place ! Et puis, je viens aussi de rompre avec Éric.
Une histoire qui vieillissait mal, depuis sept ans que nous étions
ensemble. Hormis dans le travail, notre aventure se traînait sur un
terrain devenu aussi volcanique que l’île sur laquelle nous vivions !
Cette décision m’aide à lâcher complètement ma vie de terrienne.
À Mogán, je retrouve plein de copains, dont Jean-Pierre, navigateur, mais surtout restaurateur. À l’époque, il tient le fameux
restaurant Barranco, avec Marcelle, sa compagne. En 1999, tout
le monde connaît le Barranco. D’ailleurs, on fait escale à Mogán
pour aller au Barranco, un peu comme on s’arrête chez Peter à
Horta, aux Açores. Il y a plein de cartes postales sur les murs et on
y mange sur des cartes nautiques. En parlant navigations en tous
genres, évidemment. Inoubliable période !
Le resto de Jean-Pierre est le point de rencontre de tous les
navigateurs qui traversent. C’est le lieu à la mode où l’on croise
aussi bien Gérard d’Aboville que Peggy Boucher ou Emmanuel
Coindre. Les uns pédalent pour traverser, les autres rament pour
arriver de l’autre côté. Bref, tout le monde prépare son bateau pour
sa transat. L’ambiance est chaudement sportive et décontractée.
Aujourd’hui, en 2010, le Barranco n’existe plus. Jean-Pierre a
également vendu son voilier, le Lydie. Marcelle est partie, attirée
par d’autres horizons et Marco, le fidèle cuisinier, a migré vers
un autre restaurant du pueblo (Mogán-village). Néanmoins, on
se prépare toujours à Puerto Mogán pour la traversée. Mais si les
fêtes actuelles sont toujours pimentées, elles n’ont plus le goût salé
d’antan.
Quand le travel lift pose Enomis sur le varadero de Mogán – la
zone technique locale – mon bateau ne sait pas encore que je vais
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lui faire subir une véritable cure de rajeunissement. Mon petit voilier va avoir :
– une cuisine neuve,
– de nouveaux WC,
– un groupe électrogène,
– toutes les vannes changées,
– … et même une machine à laver, rien que ça !
Je finirai de l’équiper avec de l’électronique traditionnelle. À sa
grande satisfaction… et à la mienne ! Ce sont les premiers pas vers
un équipement futur plus important, quand il y aura un peu plus
de sous dans la tirelire…
Je reste quelques mois sur le varadero pour travailler sur Enomis… quand je ne travaille pas sur le bateau des autres ! Il y a
beaucoup de vernis à refaire sur les voiliers de passage cette annéelà. C’est une chance pour moi !
Après ces premiers travaux, une curieuse envie me prend :
remonter vers la France. En effet, Enomis et moi ressentons le
besoin de nous connaître davantage, donc de naviguer. D’un
commun accord, nous décidons de prendre un cap Méditerranée,
histoire, bien sûr, de ne pas faire ce que tout le monde fait : descendre immédiatement vers les Caraïbes ou le Brésil en passant
par le Cap-Vert. Un parcours que nous suivrons, bien sûr, mais
plus tard.
Fin août 2000, c’est le départ de Mogán. Jeff, un bon copain
skipper, habitué des transats, m’accompagne. Heureusement qu’il
est là ! Je reconnais aujourd’hui que le jeune couple Sophie-Enomis n’était pas assez préparé pour cette navigation. Ainsi, dès
les amarres larguées, Enomis fait des caprices. Il est atteint d’un
tas de petits et gros bobos, que nous pouvons heureusement soigner en navigation. Pas le choix, de toute façon ! Durant cette
remontée vers la Méditerranée, Jeff me transmet son calme, ses
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connaissances, son assurance terriblement rassurante, et m’amuse
de ses facéties involontaires.
J’ai à lutter contre mon premier mal de mer. Un vrai de vrai !
Jamais cela ne m’était arrivé. Un mal qui me cloue à l’horizontale et me fait entrevoir ma dernière heure. Les douleurs prennent
aux tripes, à la tête, partout, avec la perte de toutes notions. C’est
réellement impressionnant, un vrai mal de mer ! Il faut dire que
Sir Perkins – le surnom que j’ai donné à mon fidèle moteur inboard de cinquante chevaux – nous joue un sale tour en explosant
une durite dès le départ. Jeff et moi passons des heures à quatre
pattes dans le compartiment moteur, alors qu’Enomis navigue au
milieu des accélérations inter-îles qui sévissent dans ces parages.
Odeurs de gasoil, chahut du bateau qui remonte au près, et l’effet
Venturi qui en rajoute : c’est beaucoup trop pour l’estomac de la
néophyte que je suis. Il déclare forfait. Je crois bien être restée H.S.
une bonne douzaine d’heures. Une éternité !
Le lendemain, c’est Jeff qui me fait un coup pendable alors que
je suis toujours flagada avec mon mal de mer. Enomis avance doucement à cinq nœuds, sous voiles et moteur. Jeff étant de quart,
je suis allongée dans ma bannette. Et ne voilà-t-il pas que mon
pauvre cerveau fatigué enregistre un pschitt vicieux qui ressemble
étrangement à celui de la durite que mon Sir Perkins a explosé
quand il s’est mis en colère après le départ ! Depuis le cockpit,
à l’extérieur, et à cause du bruit du moteur, Jeff n’entend rien.
Je gueule, il descend. On va ensemble faire un tour chez le Sir :
ronron parfait ! Une minute plus tard, nouveau pschitt. Nouvelle inspection du moteur. Rien. Un instant encore et troisième
pschitt ! Jeff m’envoie bouler, bien sûr ! « Sophie, va dormir, tout
va bien. » Ah ! ces mecs…
Ce que j’ai pu le haïr quand il m’a avoué que le pschitt vicieux
était le soupir de la soupape de la cocotte-minute sur la gazinière.
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Eh oui ! L’Océan s’était calmé et Jeff avait eu des envies de patates.
Or, sur Enomis, la cuisine est à l’opposé de ma cabine. Alors suivez
mon regard… du pschitt vicieux jusqu’à ma couchette.
Plus de deux jours de navigation ont déjà passé. Nous approchons de l’île de Madère, mais sans en apercevoir encore les côtes.
Enomis tape, tape, tape dans les vagues. Contre le vent… Contre
le courant… C’est très désagréable. On fait du près tout le temps.
On file à cinq nœuds, aidés du moteur qui a l’air d’avoir oublié
son avarie. Remonter depuis les Canaries vers Madère n’est décidément pas une sinécure. Pourtant, quand Madère, ce petit jardin
sur l’Océan, apparaît sur fond de brume et soleil déclinant, c’est
fascinant, magique !
Belle récompense.
Je garde en moi le souvenir de trois délicieuses années passées
à Funchal, le chef-lieu de Madère, dans les années quatre-vingtdix. Je vivais et travaillais dans un hôtel de grand luxe où j’avais
la responsabilité de l’équipe du département de tourisme. Un job
passionnant. Mais Madère avait aussi été ma première escale sur la
route du Pacifique lorsque j’étais petite fille. Comment l’oublier ?
J’ai encore en mémoire des souvenirs… comme si c’était hier !
Lors de la toute première escale, par exemple. Embarquée sur
le cargo mixte des Messageries Maritimes que nous prenions pour
nous rendre à Nouméa, j’avais dit à ma maman, dans mon langage
d’enfant, que je voyais des escaliers sur la montagne. C’étaient en
fait les fameuses cultures en terrasses accrochées à ses flancs, jolie
vision depuis la mer quand on approchait avec le Tahitien !
Aujourd’hui, ces cultures dégringolent toujours dans les vallées, mais il y en a moins. La main de l’homme est passée par là et,
malheureusement, des constructions ont poussé anarchiquement
un peu partout. N’empêche que c’est toujours aussi beau !
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Madère est faite de couleurs, de senteurs, de saveurs. Madère, il
faut voir, toucher, goûter, respirer. Madère, il faut y aller.
Quand, le lendemain, nous larguons l’île des Fleurs - l’autre
nom de Madère - j’appréhende le mal de mer. Mais je constate qu’il
est passé aux oubliettes. Une vingtaine d’heures après le départ,
nous remontons au large de l’île de Porto Santo, la petite sœur de
Madère, quand une autre avarie, du côté du presse-étoupe cette
fois, nous rend assez inquiets : l’eau se met à entrer dans le bateau
comme si un robinet avait été ouvert.
Grave question : Qu’est-ce qu’on fait ? On fait demi-tour ou pas ?
D’un commun accord, on répare et on continue. Une réparation
de fortune, certes, mais solide, puisque tout a bien tenu jusqu’en
France. Jeff est un chef. Mais on aura quand même eu du bol !
Cap sur Gibraltar, tout va bien à bord et le soleil chauffe fort.
Rien côté fil de traîne… Pas la moindre petite dorade ou bonite.
Bon, on se passera de poisson. Passer le détroit de nuit n’est pas
chose aisée, mais nous ne pouvons pas toujours prévoir les caprices
d’Éole. Amorcée sans l’aide météo du Navtex pour cause de panne
de l’émetteur de Tarifa, une ville espagnole proche de Gibraltar,
l’expérience restera pour le moins enrichissante. Nous naviguons
dans une sorte de purée de pois. Je peux dire que se taper Gib’ by
night en remontant sur l’Espagne depuis Madère, pour la petite
matelote que je suis à l’époque, est une sacrée leçon de navigation !
La chanson du moment est un refrain connu : Rouge sur rouge
rien ne bouge. Vert sur vert tout est clair. Rouge sur rouge rien ne
bouge… Cette nuit-là, mes yeux ne verront que ces deux couleurs.
Les vaisseaux fantômes sortent de toute part et les ectoplasmes
se dessinent au niveau des filières. Ces masses qui flottent autour
d’Enomis, sont-elles rêve ou réalité ? Passeront ainsi des heures
interminables jusqu’à notre arrivée à l’intérieur du détroit.
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Quand le jour se lève, nous sommes cernés : supertankers, cargos hétéroclites, bateaux de pêche, petits voiliers, barcasses. Il y a
foule sur les Champs-Élysées de la mer en cette fin de mois d’août.
Septembre 2000. L’escale de Gibraltar est courte. Vite sont
abandonnés les singes du Rocher pour l’île de Majorque. Les
Baléares sont, elles aussi, une halte très rapide. Le port de Palma
est bien trop envahi à mon goût en été ! Juste le temps d’une rencontre programmée avec un couple de copains plein d’originalité :
Claude et Jean-Pierre. J’avais promis. Le temps de piquer quelques
marrades entre deux apéros et nous sommes déjà repartis.
Dix-sept jours après avoir quitté les Canaries, nous arrivons en
France. Déjà ! Dix-sept jours et seulement trois escales. Enomis a
bien filé. Brave bateau, j’en suis fière et heureuse.
Nice se dessine sur fond d’après-midi de fin d’été. Une Méditerranée calme et peu agitée a fait de la dernière étape une délicieuse
croisière. Mais quel monde sur la flaque ! Je regrette la solitude
atlantique…
Octobre 2000. La France, Saint-Laurent-du-Var. Enomis se
range sur une petite place, nez au mur. Je crois bien qu’il râle. Il est
fatigué, il a besoin qu’on s’occupe de lui. Un rendez-vous est pris
pour le sortir de l’eau au plus vite et lui faire subir un check-up,
avec peeling et lifting bien mérités. Repos, certes, mais seulement
pour lui, qui prend un vrai plaisir égoïste à se faire tripoter le
bidon, qui se laisse gratter, poncer, peindre. Quand je le remets à
l’eau, il a fière allure. Et moi qui, des jours durant, ai gratté, poncé,
peint, je n’ai plus qu’une envie : dormir, dormir, dormir…
Je me réveille avec l’automne.
Les feuilles commencent à tomber et le mauvais temps à s’installer sur ma France retrouvée. Entre-temps, le copain Jeff est
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reparti pour les Canaries, où tout un pont en teck l’attend pour
réfection. Vivre sur l’eau, éternelles vacances ? Que nenni ! Sur un
bateau, il faut toujours boulonner !
Marianne et Gilbert viennent me rejoindre, heureux de revoir
Enomis. Ensemble, nous remontons de Saint-Laurent-du-Var à
Toulon, ma ville natale. Dans la magnifique rade, à la barre de
mon bateau qui flirte avec les grosses unités de la Marine Nationale, je ne peux retenir mon émotion. Surtout quand nous
passons devant la presqu’île de Saint-Mandrier. Voilà que revient
ma petite enfance. Je revois mon papa dans son fringant uniforme
de la Royale. Moi qui traîne un vieux jean troué ! S’il me voyait…
Mais qu’importe l’habit ? Je suis certaine qu’il serait fier de moi,
mon père.
Novembre 2000. Toulon. Il pleut. Il fait froid. Le mistral balaie
la rade. Je craque. Je ne supporte plus la grisaille, ni la pluie, ni le
souffle frisquet du vent qui me fait exploser la tête ! Je fais mille
excuses au mont Faron, l’Everest des Toulonnais, sous lequel je
suis née. Il porte son voile des mauvais jours, comme disait mon
grand-père corse qui m’a élevée entre son sommet et ceux de l’île
de Beauté.
Ma chère tante Lou, que je viens de retrouver, est un peu triste
de me voir repartir si vite. Mais le désir de remettre les voiles vers
mon soleil me tenaille trop. Et il faut faire vite, car novembre est
bien entamé. Ce n’est déjà plus la saison pour descendre vers l’Atlantique. Je vais partir quand même.
J’ai lancé un appel à Jean-Pierre, l’ami navigateur de Mogán
qui tient le fameux Barranco. Comme la saison d’hiver n’a pas
encore commencé à Gran Canaria, il sera peut-être disponible
pour me filer un coup de main. Eurêka ! Jean-Pierre peut se libérer. Il pourra m’accompagner. Je lui trouve vite un billet d’avion.
Nous ne sommes plus en été et la météo est particulièrement
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mauvaise cette année. Je prends le béret de moussaillon-cuistot
et je confie à Jean-Pierre la casquette de skipper. (Hum… moi en
cuisinière ? Ce fin cordon bleu devra se faire à mes tambouilles
rarement réussies !)
Nous larguons les amarres fin novembre, alors que depuis un
moment les avis de coup de vent alternent avec les avis de tempête. Coup de vent, tempête, coup de vent : il y a intérêt à foncer
dès l’annonce d’une accalmie. Sur le port, beaucoup me disent
que partir maintenant n’est pas très sérieux, d’autant que je n’ai
toujours pas décidé de ma destination finale ! Vais-je mettre le cap
sur Madère, le Maroc, ou aller directement sur les Canaries ? Où
vais-je passer l’hiver ?
Bah ! on verra ça en cours de route…
Le cabotage que nous impose le mauvais temps a quand même
du bon. Il nous permet, par exemple, de rentrer en catastrophe à
Marseille, une autre durite ayant eu la bonne idée de lâcher devant
le Frioul, à une heure du matin et par force huit ! La pluie, le vent,
le courant, tout est réuni dans ce réjouissant tableau, dans lequel,
ô bonheur, le mal de mer semble m’avoir oublié ! Réparation de
fortune. Lorsque nous trouvons une place de parking au pied de
Notre-Dame de la Garde (merci Bonne Mère), la durite est remplacée. La bouillabaisse du lendemain midi, sur le Vieux-Port, n’a
pas de prix.
Enomis reste coincé à Marseille pendant trois jours. Une
éternité pour moi qui veux toucher le soleil ! La météo est épouvantable. Du coup, on vérifie et archi-vérifie Sir Perkins, dont les
durites ne lâcheront pas de sitôt. Je ne sais plus très bien comment nous avons traversé le golfe du Lion par trente-cinq nœuds
de vent, sans moteur, tout à la voile. Je me souviens juste qu’Enomis avait très bien filé : six nœuds… sept nœuds… huit nœuds
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et plus. Ce bateau est merveilleux ! N’empêche que le cabotage
sera encore notre lot sur la côte espagnole, car les avis de coups
de vent-tempête se succèdent régulièrement. Fatigant, éprouvant,
mais quelque part terriblement excitant.
Le plus mauvais souvenir de cette navigation est le cap Palos,
après Valence, à la latitude des îles Baléares, grosso modo. Oh là
là ! Il fait nuit. Il pleut. La mer est grosse et agitée. Enomis craque
de partout, comme s’il voulait se casser. Le tableau est impressionnant. Quand la bouée d’eaux saines arrive, c’est un ouf de
soulagement que nous poussons, Jean-Pierre et moi. Fonce, petit
bateau ! Prochain port, Gibraltar. À bord, nous tenons à coups de
ti’ punchs soutenus de musiques ethniques ou classiques. Inoubliable retour.
Voici le Rocher. Il doit me reconnaître. Mais une nouvelle avarie nous condamne à prendre le temps de sillonner, en long en
large et en travers, Main Street, la rue principale de Gibraltar : le
démarreur ne veut plus rien savoir. L’oxydation l’a rongé de l’intérieur. Je me dis qu’après vingt-cinq ans de bons et loyaux services,
il n’y a là rien de vraiment anormal. Je pense que les récentes
explosions de durites en navigation y sont sûrement pour quelque
chose. J’aurais dû au moins rincer le démarreur à l’eau douce. Et je
ne l’ai pas fait. Alors faut remplacer. Voilà !
On reste à Gib’ le temps de réparer, de s’offrir une indigestion de cuisine indienne et d’aller taquiner les singes du Rocher.
Quand Sir Perkins redémarre, tout va très vite et la décision est
prise : direction le Maroc. Jean-Pierre veut bien m’accompagner
jusque-là. C’est une chance, car sa présence est bigrement rassurante. Le passage de l’an 2000 à celui de 2001 se passera donc à
Casablanca ou à Marrakech. J’irai dire bonjour aux chameaux et
aux premières dunes du grand désert. L’immensité de sable contre
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l’immensité de la mer. J’ai bien du mal à expliquer ma fascination
pour l’infini…
Après le gros mauvais temps rencontré en Méditerranée,
qui nous a obligés à faire une navigation côtière en descendant
l’Espagne, les bulletins météo sont de nouveau bons, du moins
relativement optimistes. Nous sommes en pleine zone anticyclonique. Partis aux aurores de chez les Anglais pour avoir le courant
avec nous, nous traversons le détroit de jour (quelle aubaine !),
sous un ciel aussi bleu que la mer et sous un soleil radieux. Je
revois enfin la vie en couleurs. Une très forte houle affreusement
désagréable accompagne Enomis. Elle est assez normale après les
énormes dépressions qui viennent de se succéder dans l’Atlantique Nord. On se traîne à deux, trois nœuds maximums sous
une légère caresse d’Éole.
La route que nous prenons n’est pas recommandée. Ceux
qui connaissent le coin savent qu’il faut toujours s’éloigner largement des côtes marocaines, pleines de dangers. Jean-Pierre et
moi faisons preuve d’une certaine inconscience… mais la chance
est avec nous ! Les doigts de pieds en éventail, nous admirons de
loin les premiers paysages nord-africains. On distingue vaguement quelques voitures sur ce qui semble être l’unique petite
route côtière. On arrive à capter les chiens qui aboient. On croise
des tortues, des sacs plastiques, des dauphins… Un petit oiseau
vient nous rendre visite, en même temps qu’un Exocet. D’où sortil celui-là ? Nous restons vigilants, surtout à cause des pêcheurs et
de leurs filets dérivants. Au gré des quarts, nous écarquillons les
yeux à tour de rôle. Nous finissons par avoir des doutes sur ce que
nous voyons… Finalement nous ne voyons plus rien du tout ! Par
bonheur, la nuit, la lune-réverbère nous éclaire.
Chic, une bonite ! Nous avons enfin pris un poisson ! Elle est
grosse, peut-être bien cinq kilos. Nous la réservons pour le comité
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d’accueil à l’arrivée. Nous savons déjà qu’avec toutes les administrations locales, il y aura beaucoup de monde. Nous flirtons avec
une madrague, bien sûr… sans passer dessus. Quelle angoisse ces
filets à fleur d’eau !
Et c’est ainsi que par un bel après-midi ensoleillé, toujours
désagréablement porté par l’éternelle houle qui n’en finit pas,
Enomis se présente devant l’entrée du port de Mohammedia,
en saluant deux ou trois tankers en attente de pilote. Des amis
locaux m’avaient conseillé d’arriver à marée haute, car avec mon
tirant d’eau de un mètre quatre-vingt-deux je risque de talonner.
Avec Jean-Pierre, on n’a rien calculé, mais le hasard nous fait arriver pile au bon moment. Quand je dis qu’une bonne étoile nous
accompagne !
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Table des matières
De 1998 à 2010. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
SOPHIE, la matelote . . . . . . . . . . . . . . . . 13
ENOMIS, le bateau . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Les premières escapades d’Enomis . . . . . . . . . . 21
Une escale au Maroc . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Du Maroc aux Canaries . . . . . . . . . . . . . . . 45
Ma vie aux Canaries . . . . . . . . . . . . . . . . 48
L’ARC à Las Palmas . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Carnaval à Las Palmas . . . . . . . . . . . . . . . 60
Tempête sur Mogán . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Enomis devient un bateau de grand voyage . . . . . . . 71
Madère et les îles Salvagens . . . . . . . . . . . . . 74
À la découverte des îles Fortunées . . . . . . . . . . . 82
Carrefour atlantique, l’archipel des Açores . . . . . . . 89
Adieu Mogán… c’était si bien ! . . . . . . . . . . . 109
Transat, première manche ! . . . . . . . . . . . . . 121
Cap-Vert, escale océanique . . . . . . . . . . . . . 128
Transat, deuxième manche . . . . . . . . . . . . . 133
Terre ! Brésil… . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
J’ai vu l’enfer balayer l’Océan . . . . . . . . . . . . 147
Salvador aux couleurs de Bahia . . . . . . . . . . . 155
Itaparica, je t’aime . . . . . . . . . . . . . . . . 166
En passant par les Abrolhos et Rio . . . . . . . . . . 176
Épopée fantastique dans la baía da Ilha Grande . . . . 190
Autre départ, autre temps… le Sud brésilien . . . . . 207
Enomis découvre l’Uruguay . . . . . . . . . . . . 224
Argentine ! Ma fugue au pays du tango . . . . . . . 233
Colonia, la mystérieuse . . . . . . . . . . . . . . 244
Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252
Enomis technique . . . . . . . . . . . . . . . . . 254
Glossaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258

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