Les sociétés et les associations yiddishisantes à Paris

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Les sociétés et les associations yiddishisantes à Paris
Par Frédéric Viey
Les sociétés et les associations yiddishisantes à Paris
A la fin du XIXème et au début du XXème siècle.
ou le peu que je connais d’elles.
Histoire de la Yiddisheit
A l’aube du XXème siècle, devant l’étendue des pogroms qui se répandirent
dans toute l’Europe Orientale, les juifs des différentes communautés de ces pays
décident d’émigrer. Ces vagues d’émigration commencèrent autour de 1880 et
enflèrent après le drame de Tisza-Eszlar en Hongrie en 1883. Une grande partie des
Juifs de l’Empire tsariste opta pour les Etats-Unis, peu finalement choisirent la
France : quatre mille Juifs russes jusqu’en 1901, trois mille de Roumanie, un millier de
Pologne et quelques-uns de Hongrie. En effet, un certain nombre d’immigrés,
désespérés de la longue attente d’un visa et compte tenu d’une certaine bienveillance
de l’Administration française, décidèrent pour cette raison de rester définitivement en
France. Les réfugiés s’installèrent majoritairement à Paris et se regroupèrent dans le
IIIème arrondissement, autour du Carreau du Temple, et du IV éme arrondissement :
rue des Rosiers, des Ecouffes, du Roi de Sicile, de la Juiverie (qui deviendra Ferdinand
Duval après l’Affaire Dreyfus) et formèrent autour du métro Saint-Paul ; le ‘’Pletzl’’ (la
Place).
Si le IVème arrondissement avait un grand marché en face l’hôtel de ville
connu sous le nom de ‘’Marché de l’Hôtel de Ville’’ longeait la rue de Rivoli ouverte
par Viollet le Duc en 1862 juste en face de la rue Lobau, le IIIème arrondissement
avait aussi son grand marché connu sous le nom de ‘’Carreau du Temple’’. Il a été
construit en 1863 sur les ruines d’une partie de la forteresse du Temple et remaniè en
1905.
La Rotonde du Temple et les halles de bois à gauche
Partie intégrante de l’Enclos du Temple, la Rotonde du Temple, construite en
1788 par l’architecte
Perrard de Montreuil, bénéficiait des privilèges
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d'extraterritorialité accordés à cette enceinte. Les boutiques s’y louaient donc à prix
d’or et les banqueroutiers y trouvaient un refuge. C’est un décret de Bonaparte,
Premier Consul qui instaure définitivement le commerce de ‘’ vieux linge, des hardes et
des chiffons’’. Quatre hangars en bois sont ensuite construits entre 1809 et 1811 allant
de la Rotonde à la Rue du Temple. Chacun de ses magasins avait une spécialité :
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Carré du Palais-Royal : tapis, soieries, rubans, gants, plumes et articles à la
mode.
Carré de Flore : linge de maison
Carré du Pou-volant : ferraille et friperies
Carré de la Forêt-Noire : cuir…
Entre ces 4 halles et la Rotonde se trouvait un « carreau », terre-plein où
fonctionnait une bourse du vêtement d’occasion, qui durera jusqu’à l’après-guerre.
C’est à partir de 1880, qu’un grand nombre de juifs aschkénazes s’installent autour
du ‘’Carreau du Temple’’ et s’occupent du commerce du ‘’Schmatés’’ : vêtements.
Plan du ‘’Carreau du Temple’’
Des groupes se fixèrent également à Clignancourt et à Belleville. De 1881-82 à la
Seconde Guerre Mondiale, ces juifs s’installèrent dans le grand périmètre délimité par
les Boulevards de Belleville et Ménilmontant, la rue des Pyrénées et l’Avenue
Gambetta. Paris n’est pas encore le Paris que l’on connaît aujourd’hui : en 1881, la
‘’Commune de Belleville’’ vit encore au rythme d’un village. Vingt sept juifs originaires
d’Alsace-Lorraine posèrent leurs pénates sur les contreforts de Belleville et
précédèrent les vagues successives de Juifs de l’Europe de l’Est entre les années 1900 à
1925. Ces ‘’Judéo-Allemands’’ à Belleville possédèrent des temples, des abatteurs rituels…
Les ‘‘Greener’’ (Verts, nouveaux) y recréèrent une vie juive tant culturelle que
professionnelle. Cette histoire a été si bien raconté par André Billy et Moïse Twersky
dans la livre : ‘’Comme Dieu en France’’ Béatrice Philippe, dans son livre : ‘’Etre Juif dans
la Société Française du Moyen-Âge à nos jours’’ donne la description d’un des héros
d’André Billy ; M. Valens : ‘’Son vrai nom est Valensky. Quand il est venu à Paris, c’était
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un pauvre bougre de socialiste révolutionnaire ayant fait vaguement quatre ou cinq classes
dans un lycée, et tellement fanatique qu’il voulait devenir propriétaire. Il apprit le métier de
cordonnier et se mit à ressemeler les chaussures de ses camarades…..’’ Dans ces quartiers
populaires les immigrants mènent une vie difficile, afin d’acquérir certains droits, ils
vont militer dans des mouvements de gauche ou des mouvements syndicaux : ils sont
alors, artisan casquettier ou maroquinier, ouvrier fourreur, tailleur etc…. En matière
politique, leurs opinons sont diverses : les uns sont sionistes, les autres adhèrent au
Bund, parti juif d’inspiration socialiste défenseur de la langue Yiddish, et d’autres
dans différents mouvances allant du socialisme au libéralisme. D’autres Ashkénazim,
venant généralement des Balkans, s’établirent dans le XIème arrondissement. Ce petit
monde de Shalom Aleikhem pratique encore les métiers du ghetto : brocanteursartisans, petits commerçants, tailleurs pour dames ou fabricants de casquettes,
bottiers, bourreliers, rabbins, hazanim, sacrificateurs, etc…. A la même époque, des
juifs levantins se massèrent dans les rues étroites du quartier de la Roquette, non loin
de la Place Voltaire : rue Popincourt, rue Sedaine, la rue de la Roquette, avenue
Parmentier, etc…. Les professionnels du bois établiront leurs ateliers dans le Quartier
Saint-Antoine, près de la Gare de la Bastille afin de s’intégrer aux grandes guildes des
métiers du meuble. Sans aide extérieure, ces étrangers de condition modeste eurent le
courage d’organiser eux-mêmes une société d’entraide, pour tenter de résoudre leurs
problèmes sociaux et humains.
Or, ces groupes furent souvent mal accueillis par la communauté juive
française, le plus souvent avec mépris. Généralement rejetés de la vie consistoriale, la
communauté officielle marginalisa et ghettoïsa ces nouveaux immigrés juifs. Les
Ashkénazim transplantèrent donc dans les quartiers où ils s’installèrent toutes leurs
traditions religieuses : Hassidiques,
Orthodoxes, (Mitnagdim) adeptes de la
Hashkala ‘’Les Lumières’’ selon Moïse Mendelssohn (Aufklärung) et y développèrent
un combat syndicaliste et politique qui trouvera son nom sous générique: ‘’le
socialisme’’. Le ciment de ces communautés déracinées et replantées dans Paris est la
langue yiddish. Ce dialecte ‘’judéo-allemand’’ agrémenté de mots de toutes les langues
d’Europe Orientale donna une culture et une manière de vivre tout à fait particulière.
Il apporta à la culture occidentale, une musique, une littérature et un théâtre très
riche mais également une nouvelle forme de combativité sociale et politique. Des
sociétés de secours mutuel, ou landsmanshaftn, virent alors le jour et regroupèrent la
majorité des immigrés de fraîche date : en 1939, il y en avait près de 200, par localité
d'origine, où chacun retrouvait ses anciens compagnons de Pologne et de Russie. Ces
sociétés constituaient un réseau convivial, d'entraide, éducatif et culturel.. Les
landsmanshaftn sont le reflet des havershaftn (confréries) qui se regroupaient soit par
affinité professionnelle ou idéologique, soit selon le lieu d'habitation actuel ou
ancien. On trouve aussi des landsmanshaftn par affinité idéologique (sionistes de
gauche ou de droite, socialistes, etc.) ou par métiers (par exemple : Carreau du
Temple). Elles ont été créées à partir du début du siècle, et pour l'essentiel d'entre
elles entre 1918 et 1939. En 1939, il y avait 87 landsmanshaftn et 83 havershaftn, soit 170
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sociétés de secours mutuel ; 17 000 ménages cotisaient : la majorité des immigrés était
donc adhérente. Les landsmanshaftn étaient regroupées dans la Fédération des
sociétés juives de France depuis le début des années vingt. En 1938, les communistes
créèrent l'Union des sociétés juives de France (Farband). Certaines landsmanshaftn
adhérèrent aux deux regroupements ; certains shtetlekh d'origine avaient deux
sociétés, l'une adhérente à la Fédération, l'autre à l'Union. Or, l’élément vernaculaire
qui lie cette ‘’
La Presse Juive à Paris
avant la Seconde Guerre Mondiale
Le premier journal en Yiddish paru en
(Godchaux) Spire. Il débute en novembre 1789
Presse Yiddish prendra un essor particulier
immigration venant d’Europe Orientale. Les
multiplier tels :
France est le ‘’Zeitung’, d’Abraham
et finit sa carrière en avril 1790. La
à la fin du XIXème avec la forte
titres vont ainsi se succéder et se
Le Parizer Algemaïne Yddisher Folks-Zeitung ( Le Journal parisien du peuple juif)
Publié en 1892 sous la direction de M. Zuckerman.
Le Parizer Algemaïne Yiddisher Volkblatt (La feuille parisienne du peuple juif)
Publié en 1893.
L’Hatikwo
Hebdomadaire qui paraît de 1895 à 1896.
Die Warheit (La Vérité)
De 1902 à 1905
Die Modern Zeït (Les Temps Modernes)
De 1908 à 1909
Parizer Journal (Le Journal de Paris)
1910-1911
Yddisher Arbeiter (Le Travailleur Juif)
1911-1914
Der Naïer Journal (le Nouveau Journal)
De tendance socialiste et lié à la Seconde Internationale, il est édité en 1913.
Die Letzte Naïe (Les Dernières Nouvelles)
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Quotidien qui paraît à partir de 1914.
L’Arbeiter Shtime (La Voix du Travailleur)
Fondé en 1923
L’Arbeiter Fraïnd (l’Ami du Travailleur)
1924
Parizer Bleter (La Feuille de Paris)
1926
Illustrierte Yddishe Presse (La Presse Yiddish Illustrée)
1926
Parizer Haïnt (Paris Aujourd’hui)
Fondé en 1930. Journal de la Fédération des Sociétés Juives de France
Der Morgen (Le Matin)
Fondé en décembre 1933, il devient ‘’Di Naïe Presse’’ en 1934.
Journal en yiddish. C’est l’organe de propagande de la section juive du Parti
Communiste. Les dirigeants avant la Seconde Guerre Mondiale sont :
- Taper Isaac, né le 17 janvier 1896 à Varsovie
- Lerner Mojzebz dit Moïse, né le 11 septembre 1909 à Cracovie
- Kaminski Joseph, né le 1 janvier 1904 à Odessa
- Strynski Fawjel, né le 2 mai 1907 à Krynki
Unzer Shtime (Notre Voix)
Fondé en 1935. Journal bundiste
La Terre Retrouvée
Ce Bimensuel sioniste est fondé en 1918 par Joseph Ariel.
Permis de séjour en France pour les Etrangers
Un Comité spécial a été constitué pour le maintien ou le retrait de permis de
séjour en France pour les étrangers. La Commission de décision est placée sous la
vice-présidence de M. Durckeim et siège tous les deux jours pour statuer sur les
positions à prendre vis-à-vis des étrangers résidants en France durant le début de la
première guerre mondiale. Les délibérations de ce Comité sont consignées dans deux
carnets dont une copie est conservée aux Archives de la Préfecture de Police. Parmi
ces étrangers, il y a beaucoup de juifs ou juives polonais, russes, austro-hongrois ou
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turcs. Il y a des conditions particulières en ce qui concerne les Austro-Hongrois en
raison de structures spéciales et compte tenu des engagements de l’Autriche auprès
des forces de l’Axe. Certains des hommes, ayant reçu la nationalité française, sont au
front après leur mobilisation. Voici quelques exemples de l’attribution ou du retrait
du permis de séjour à des juifs étrangers entre 1914 et 1918 :
‘’Mme Eugénie Guggenheim 52 ans 5 avenue des Chalets. Habite en France depuis
Permis maintenu
34 ans. N’a plus aucune attache en Allemagne et toute
Sa famille est en France. Elle a 4 neveux sous les drapeaux
19 janvier 1916
Barach Rappoport Horace, Emile : Sujet autrichien, d’origine russe.
Retrait du permis dès que son état de santé le permettra
22 janvier 1916
Affaire Kohler :
Bonne d’enfants chez M. Ulman, journaliste. Elle devait quitter Paris le 21/11/1915, elle a
obtenu un sursit de 3 semaines.
Mayer Pierre Edouard
Naturalisé le 22 août 1914 et mobilisé à la 22ème section des Commis et ouvriers
d’administration. Mayer a été dénaturalisé en vertu de la loi du 7 avril 1915. Il a obtenu le 9
septembre 1915 un permis de séjour provisoire rendu définitif le 26 septembre sur
l’intervention du Président du Comité Polonais.
Affaire Lévine Dorah, femme Trener
Trener, autrichien (dit polonais) naturalisé le 22 décembre 1913. A été dénaturalisé en 1915 et
évacué pour ses propos antifançais. Sa femme, née française, avait reçu un ordre d’évacuation,
mais avait été maintenue à cause de sa mauvaise santé. Les deux enfants ont bénéficié d’une
déclaration de nationalité française. La Commission conclut au maintien du permis de séjour.
Affaire Asseo, femme Lévi (Albert)
Lévi Albert, sujet ottoman, naturalisé le 11 janvier 1913 et mobilisé sur le front a été
dénaturalisé le 24 juillet 1915 et évacué au camp de concentration de la Ferté Macée, d’où il
est parti sur sa demande à Barcelone (Espagne).
Sa femme, née Asseo, de même nationalité après avoir reçu un ordre d’évacuation, a été
autorisée par suite d’un accord intervenu entre le Ministre des Affaires Etrangères et le
Ministre de l’Intérieur à résider à Paris.
Permis maintenu.
Mercredi 2 février 1916
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Stern Jacob dit Julien
Stern est d’origine allemande mais naturalisé américain.
Dénaturalisé en juillet 1915
Singer Adolphe
Sujet autrichien dénaturalisé, a reçu le 27 janvier 1916 un ordre d’évacuation.
Wildemith, femme Loos, évacuée puis réintégrée à Bry-sur-Marne, française d’origine,
autrichienne par mariage.
Leber Abraham
Leber, polonais autrichien, dont la concubine Glass originaire aussi de Galicie est internée au
camp de concentration de Garaison, avait obtenu le 14 novembre un permis de séjour pour
résider chez les époux Kittmayer, ses fille et gendre. Ses sentiments apparaissent nettement
francophobes.
Retrait de permis.
Semmel Charles et Schonberg
Tous deux polonais autrichiens, âgés de 31 ans et 26 ans. Ils ont obtenu un permis de séjour
au mois de juin 1915 venant de Londres.
16 février 1916
Sollicitations pour l’obtention d’un permis de séjour pour les époux Lévi-Asseo à raison de ce
fait qu’avant d’être dénaturalisé le sieur Lévi se trouvait mobilisé au front des armées depuis
dix mois.
Samedi 19 février 1916
Affaire : Lilienstein : sujet russe
Renvoi du dossier au Préfet.
Affaire Dame Goldschmidt née Rothschild, allemande par mariage.
La Commission est d’avis de maintenir le permis de séjour.
Affaire Friedlander, Polonais allemand
Supplément d’enquête.
26 février 1916
Neumeyer : pas de certificat d’origine, retrait du permis
Goldberg Ruben et sa femme née Recht (Rude)
Sujet autrichien, sentiments antifançais, frère dans l’armée ennemie.
Retrait de permis
Goldstein : sujet autrichien, sentiments douteux
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Retrait de permis.
Lévi/Asseo
En raison de la mauvaise attitude de Lévi sous les drapeaux français, qui a contribué à motiver
sa dénaturalisation et son séjour actuel en Espagne, la commission retire le vœu qu’elle a formé
en faveur de cet étranger et émet l’avis qu’il n’y a pas lieu de lui accorder de permis de séjour.
Schwartz Elisa, allemande, née en Bavière en 1852
Concubine d’un français, résidant en France depuis 15 ans
Permis de séjour
Krammer Eva Oppoline, allemande, concubine d’un français mobilisé dont elle a un enfant.
Permis de séjour.’’
En 1918, la France, bien que victorieuse, a subi de lourdes pertes humaines.
Afin de reconstituer ses forces, elle fait appel à la main-d’œuvre étrangère et c’est
ainsi que des ouvriers de divers pays répondent présent, parmi eux de nombreux
juifs.
La Pologne, ayant retrouvé sa souveraineté, signe à Versailles le Statut
protégeant les minorités nationales. Malheureusement jamais elle n’a respecté ce
traité, bien au contraire dès les premiers jours de son indépendance, une forte vague
d’antisémitisme haineux se répand dans cet état. Les juifs des petites villes et des
petites bourgades en subissent les conséquences et les ruinent quasiment tous. La
jeunesse juive désœuvrée n’a qu’une alternative : l’exil. C’est ainsi que dès 1920
l’immigration des Juifs de Pologne est accueillie en France à bras ouverts. De
nouvelles ‘’Sociétés d’originaires’’ se multiplient et sont un véritable facteur social
important dans la vie des Juifs de France. C’est ce qui est appelé les
‘’Landsmanshaften’’.
Les institutions et les Landsmanschaften
(Associations d’originaires) du Yiddishkeit
Dans le microcosme russo-juif à Paris, outre les institutions qui sont créées, on
trouve en premier lieu des librairies et des cercles d’étude. Dans le Marais se
développe une presse juive, des bibliothèques (du Bund), des théâtres yiddish (rue
des Francs-Bourgeois dans une cave à partir de 1902, rue Beaubourg…), des cafés
politiques (Café du Trésor) ou littéraires s’installent dans le Pletzl. Une Université
Populaire ouvre ses portes au 8 rue Jarente pour y donner des cours de français, des
conférences sur l’histoire et la pensée juive, le sionisme, l’hygiène et le droit. La
création d’un bureau de placement en 1904 démontre son rôle pour l’intégration des
juifs d’Europe Orientale dans une France au tout début du XXème siècle. Cette
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association de solidarité inaugura également un dispensaire du nom de ‘’Zadock
Kahn’’ au 40 rue de Sévigné en juin 1911.
La misère continuant à sévir dans les milieux juifs français, le Comité de
Bienfaisance a mis en place différents ‘’fourneaux économiques’’ notamment un rue des
Rosiers. A cette situation s’ajoute la très grande pauvreté générale des masses juives
originaires de Russie, de Pologne ou de Roumanie. De nombreuses institutions
philanthropiques françaises et d’originaires se mettent en place dont un ‘’restaurant à
deux sous’’ voit le jour rue Fernand Duval (ex rue des Juifs). Dès 1899, un asile de nuit
est organisé rue du Figuier qui sous la pression démographique déménage rue des
Saules à Montmartre.
Parmi toutes ces œuvres, on trouve :
La Bibliothèque des Prolétaires Juifs
Une bibliothèque des Prolétaires Juifs est ouverte au 28 rue du Bourg Tibourg en 1906.
Dans son numéro portant la date du 24 novembre 1906, le Journal ‘’Les Temps
Nouveaux’’ a publié l’entrefilet suivant :
‘’La Bibliothèque des prolétaires juifs, 28, rue du Bourg Tibourg, fait appel à ceux qui
pourraient lui envoyer des volumes en toutes langues ; principalement en français, allemand et
russe’’.
Il résulte de l’enquête, qui a été procédé par la Préfecture du Police, que la Bibliothèque dont il
s’agit est située au rez-de-chaussée, au fond de la cour de l’immeuble sis rue Bourg Tibourg,
28. Le local a été loué par le nommé Dinner Simon, né le 8 octobre 1861 à Bakarjews (Russie),
ébéniste, naturalisé français, demeurant rue de Lappe 18, qui a fait l’objet d’un rapport en date
du 31 août 1898.
Le loyer est de 320 francs par an. Ce local comprend deux salles dans lesquelles il y a des
chaises, des tables et une bibliothèque. Cette dernière contient une centaine de livres et
brochures dont les principaux auteurs sont : Tolstoï, Bakounine, Kropotkine, etc…’’
Cette bibliothèque est fréquentée par une dizaine de juifs polonais ou russe qui
viennent lire les ouvrages qu’elle contient. Il n’y a pas eu de réunion dans ce lieu.
La Bibliothèque Russo-juive ouvrière
En mai 1912, la Bibliothèque Russo-juive ouvrière se trouve au 27 rue des Ecouffes, au
1er étage dans une pièce du restaurant tenu par Henri Rosenstrauch. Elle était
domiciliée avant au 69 rue de l’Hôtel de Ville. Henri Rosenstrauch est né en 1880 à
Sacource (Autriche), il est le beau-frère de Leib Plater.
La Bibliothèque du Bund
(qui deviendra la Bibliothèque Medem)
La police inspecte les locaux de la Bibliothèque du Bund, qui sont situés au 27 rue des
Ecouffes, chez le restaurateur Rosenstrauch. Le propriétaire la transfère au 16 rue
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Fernand Duval. Dans cette bibliothèque, le lecteur peut y trouver des brochures et
journaux étrangers notamment en russe et en yiddish. Des réunions et des causeries
s’y déroulent de temps à autre.
Le 20 mars 1916, à la Salle du Grand Orient, 16 rue Cadet, un concert est donné en
faveur de la Bibliothèque Juive, 16 rue Fernand Duval. Il réunit 300 personnes.
Bibliothèque du Progrès
Le 28 janvier 1916, la police constate que la Bibliothèque du Progrès et un restaurant
sont tenus par certain Monsieur Rosenberg au 23 rue des Ecouffes. Dans le local
arrière, M. Rosenberg vend des livres de prières, des syllabaires et des manuels pour
écoliers. Dans son restaurant, Rosenberg débite des boissons hygiéniques. Rosenberg
reçoit souvent des israélites de toutes nationalités. Il a voulu s’engager mais il a été
réformé. Ces deux frères sont sous les drapeaux dans des régiments de la Légion
Etrangère.
En 1910, la Bibliothèque du Progrès est sous les eaux. La crue de la Seine
envahie toutes les rues Marais. Quelques années plus tard, Marc Chagall vient
souvent prendre ses repas dans le restaurant tenu par la famille Rosenberg.
Librairie Fridman.
Différents livres en Yiddish tels que : Le Comte de Monté Cristo d’Alexandre Dumas
ou Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift sont estampillés :
J. Fridman
Successeur Blum
Librairie Israélite
11, rue des Rosiers
Paris
Reliure Ancienne
Reliure Moderne Reliure de Luxe.
A St-Nazaire, dans le Camp américain, sont réunis des étrangers, généralement
de nationalité russe, titulaires de la carte verte. Le 10 juin 1918 Fridman Lazare, né le
30 mars 1880 à Radzivil, Russie est autorisé à Jaligny (Allier). Ce Lazare Fridman,
habitant Rue des Rosiers, est sans doute un parent de J. Fridman, libraire.
Restaurant rue des Rosiers
En mai 1905, un restaurant russe est ouvert au 23 bis rue des Rosiers. M. Blonés tient
ce restaurant. En réalité l’orthographe du nom du propriétaire est Bleines Ruben, né
en 1875 à Berditchew Russie, fils de Samuel et de Léa, marié et père de 2 enfants. Il est
associé à son beau-frère Roubine Jankel, né le 14 janvier 1876 à Lodz (Russie), fils de
David et de Havé, marié et père d’un enfant.
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Restaurant rue Vauquelin
Le 29 avril 1905, la Préfecture de Police établie un rapport concernant la Société des
Etudiants russes.
Le 30 mars 1905 est ouvert un restaurant au n°11 de la rue Vauquelin. Le bail est loué
à Lopalo Théodore et à Lesmann Isaac, sujets russes. Ces individus sont associés au
nommé Poliakoff Lasar, de nationalité russe.
La clientèle semble se composer que de russes des deux sexes et particulièrement de
Juifs polonais qui fréquentent des établissements similaires installés autrefois rue
Tournefort, 32 rue de l’Arbalète et 6 rue Bertholet.
C’est la femme de Lopalo qui dirige la maison, fait les achats, règle le service. Les
clients ne dépensent à chaque repas qu’une somme minime (0f30 ou 0f40)
Le 1er juin 1905, le restaurant de la rue Vauquelin est exploité par les frères Glode
Pinkous (41 ans), né à Karkoff (Russie) et Glode Salman Ber, né le 29 septembre 1877 à
Karkoff (Russie)
Au n° 12 de la Rue Flatters, M. Timotieff tient également un restaurant russo-juif.
Restaurant rue des Cordelières
Le 20 juin 1915, la Presse révolutionnaire russe de Paris annonce l’ouverture d’un
restaurant populaire russe au 46 rue des Cordelières. Ce restaurant est subventionné
par le Docteur Victor Kasimir et est géré par Libine Zouss, aidé par une fille de salle et
une cuisinière. Libine Zouss est né le 14 mars 1872 à Kemechine (Russie), fils de Berk
et Nechama, et est marié à Braun Genendel, âgée de 37 ans, née en Russie. Ils ont 3
enfants : une fille de 11 ans et deux garçons de 9 et 7 ans.
Arrivés à Paris en 1907, ils demeurent depuis deux ans au 36rue du Faubourg StDenis.
Le 22 mai 1916, une représentation du ‘’Cercle Dramatique Russe’’ est donné à Paris.
‘’Le Cercle Dramatique Russe’’ est dirigé par le régisseur du ‘’Théâtre Juif de Paris’’, le sr
Vinogradoff. Ce cercle donne sa seconde représentation le 28 mai 1916. La moitié des
bénéfices est versée au ‘’Fonds des dîners gratuits’’ organisé par la société coopérative
du Restaurant Populaire Russe, 46 Rue des Cordelières.
L’Union Amicale de la Jeunesse Juive
La Création de l’Union Amicale de la Jeunesse Juive date du 16 janvier 1917.
Paradoxe son nom est en hébreu et non en yiddish : ‘’Agoudat Tsaïri Réaïm’’. Henri
Rosenstrauch, trésorier de l’Union Amical de la Jeunesse Juive, annonce à la
Préfecture de Police la tenue d’une soirée privée au 49, rue de Bretagne.
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L’Association des Etudiants Israélites Russes
L’association des Etudiants israélites Russes est une Société d’Assistance Mutuelle
fondée en 1891. Son responsable est alors Kouwine Abraham.
La Société des Etudiants Russes
La plupart des clients du restaurant de la rue des Cordelières étaient les membres de
la Société des Etudiants Russes. Ces étudiants juifs fréquentaient l’Ecole des Hautes
Etudes Sociales au 16 de la rue de la Sorbonne.
La jeunesse russo-juive et les travailleurs juifs originaires de Russie sont très politisés.
Le 24 juillet 1918 est créé le Comité exécutif des organismes politiques de Russie. Le
Conseil d’administration se constitue ainsi :
Président ; Prof V. Lounkevitch
Vice-Président Pokorwsky
Trésoriers S. Posner et Lévitzky
Secrétaire Weltman et Levinsky
Membres A. Gafonoff, Hirschfeld, Peskine, Jacques Raschkess, Schenfeinkel, Glaeser,
Taratouta et Lazar Kevitch.
Le Prolétariat Juif
L’Association ‘’Le Prolétariat Juif’’ se réunit le 2 septembre 1899 en la salle Léger au 108
rue du Temple à Paris. 120 à 130 personnes sont présentes dont une quinzaine de
femmes. La séance est ouverte sous la présidence des organisateurs ayant Sokolowki
et Spitz comme assesseurs et Lumet comme secrétaire.
‘’Abriol engage les Juifs à se défendre contre les menaces des antisémites qui rêvent de faire
une Saint Barthélemy des Juifs comme celle qu’ils ont fait e autrefois des protestants……’’
L’enquêteur de Police Foureur fait un rapport le 8 septembre à la Préfecture de Police
sur les menées de certains dreyfusards. Ces quelques personnes auraient eu, selon lui,
l’idée d’organiser un groupe socialiste de Juifs prolétaires. Il remarque que durant la
réunion qui s’est tenu le samedi 2 septembre 1899, il se trouvait de nombreux
socialistes et des anarchistes dont un allemand qui chantait régulièrement : ‘’Viva
l’Anarchia’’. ….
La Caisse des Emigrés, Le Bureau du Travail, La Bibliothèque russe
Le 28 avril 1912, un inspecteur de la Préfecture de Police est chargé d’établir un
rapport sur trois institutions russes domiciliées dans le même immeuble au 63 avenue
des Gobelins dont le caractère reste philanthropique :
Il enquête donc sur :
La Caisse des Emigrés
Le Bureau du Travail
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La Bibliothèque russe
Elles forment le groupement russe de Paris le plus sérieux et le mieux organisé.
1° La Caisse des Emigrés a pour but :
A)
De venir en aide aux Russes arrivant à Paris sans ressources.
B)
De secourir les membres de la colonie russe de Paris tombés dans la gêne
par suite de maladie ou de chômage.
Elle avait créé, quelques mois auparavant, une table d’hôte à bon marché intitulée
‘’Table d’hôte des Emigrés’’. Un certain nombre de tickets étaient distribué
gratuitement aux émigrés nécessiteux ne pouvant pas payer.
2° le Bureau du Travail.
La fondation du Bureau du Travail remonte à octobre 1910. En effet, la ‘’Caisse de
Secours aux Emigrés Politique’’ ayant fermé ses asiles de nuit, une Commission a décidé
d’organiser un ‘’Bureau du Travail’’ dont le but est d’apprendre un métier aux réfugiés
russes qui n’en avaient pas et de trouver du travail à ceux qui en sont dépourvus.
Le Bureau de Travail est donc un bureau de placement pour les Russes des
deux sexes réfugiés à Paris. Ce Bureau est très fréquenté, tant dans la journée que
dans la soirée.
Dans ce local sont également données le soir des conférences auxquelles assiste
une cinquantaine de personnes. Les orateurs n’y parlent qu’en russe et à la fin de ces
conférences des quêtes sont effectuées en faveur de familles russes nécessiteuses.
Au cours de son assemblée générale du 13 mars 1912, le ‘’Bureau du Travail’’ a
décidé qu’il serait représenté à la C.G.T. En outre, il est question de créer des sections
auprès de tous les principaux syndicats professionnels français. Les représentants de
ces sections sont en relations constantes avec le siège central du Bureau et reçoivent le
mot d’ordre pour tout ce qui a trait aux besoins professionnels du prolétariat russe à
Paris.
Une institution nommée ‘’Association Professionnelle Russe – Cours
d’électromontage Rachel’’ recrute ses membres par l’entremise du ‘’Bureau du Travail’’.
Cette institution est dirigée par le Docteur Georges Le Serrec de Kervilly, né le 1er
mars 1853, à Venise (Italie), de parents français.
Cette association occupe les locaux du 34 de l’Avenue du Parc-Montsouris et le
loyer est au nom des sieurs Vilter Henri, né le 24 août 1869 à Pinsk (Russie), naturalisé
français, ingénieur électricien, et Romanoff, âgé de 35 ans, ingénieur.
13
Les cours durent six mois, les élèves qui suivent ces cours sont capables de
travailler comme monteurs-électriciens. L’Association ou le Bureau du Travail se
charge de leur placement, tant à Paris qu’en Province et à l’Etranger.
Salomon Dridza, né le 15 mars 1878, à Alexandrowsky (Russie) en est le
professeur. Le chef d’atelier est un certain Peksin, né le 15 septembre 1870 à Wilna
(Russie) ayant comme profession : Ingénieur-électricien. L’âme de cette association est
un dénommé Rosenwald. Le nom de Rachel, qui est le prénom de sa mère, a été
donné au cours d’électromontage à cause des services rendus par cette dernière.
Pour alimenter son budget, l’Association Professionnelle Russe, a organisé le
23 mars 1912, un concert suivi d’un bal auquel ont assisté environ 500 personnes.
3° la Bibliothèque russe
Cette bibliothèque est l’un des principaux lieux de réunion de la jeunesse russe du
quartier latin. Elle est dirigée par Meyer Ingber qui s’est spécialisé dans la fondation
de bibliothèques russe.
Le 16 juillet 1913, l’Association transfert sa Caisse des Emigrés. En effet, la Caisse des
émigrés, qui avait son siège 63 avenue des Gobelins, déplace ses activités à la
Bibliothèque Tourgenieff 38 rue Saint-Jacques. Elle s’est ainsi détachée du Bureau
Russe du Travail.
Le 17 novembre 1915, la Police inspecte les locaux de la Bibliothèque Populaire
Russe’’ : ‘’cette bibliothèque est située au 63 avenue des Gobelins. Elle est dirigée par Ingber
Meyer, né le 10 octobre 1872 à Mohilew (Russie), fils de Aizik et de Claire, célibataire.
Cette bibliothèque fut fondée par des Social-démocrates et des Socialistes révolutionnaires
russes. On note quelques fois la présence de Rappoport et Roubanovitch, rédacteurs à
‘’L’Humanité’’, membres du Comité d’Emigration Russe.
On y trouve de nombreuses publications dont de nombreux journaux tels que :
‘’Le Bonnet rouge’’, ‘’La guerre sociale’’ et ‘’Le Radical’’. ‘’
Concernant le Bureau Russe du Travail, 63 avenue des Gobelins 75013 Paris. Ce
bureau procure des ouvriers, des ouvrières et des employés de toutes spécialités
particulièrement des déménageurs, des hommes de peine, des traducteurs, des
femmes de ménage, des cuisinières, etc…. Pour cela, il faut s’adresser au siège social
de 8h à 9h matin et soir.
Boulangers Juifs
Les ouvriers boulangers israélites se mettent en grève. Le 28 janvier 1908, les grévistes
fondent une coopérative de production au 7 rue de la Bûcherie.
14
Le 15 mars 1915, prenant parti dans le conflit qui aboutit à la grève des ouvriers
boulangers russes, le Bureau Russe du Travail invite la colonie russe de Paris à
boycotter les boulangeries juives qui passent pour exploiter leur personnel :
Les boulangeries visées sont les suivantes :
Pototzky 27 rue de la Forge Royale
Zoubritzky Abraham 16 rue des Rosiers
Zoubritzky Leib 87 rue Marcadet
Rizinsky 69 rue Marcadet
Schtatwainer 31 rue Basfroi
Limann 10 rue de la Collégiale
Roïte Hilf (Secours Rouge)
Certains immigrés de gauche créèrent le Roïte Hilf (Secours Rouge), des réseaux
d'écoles, une université populaire, un Théâtre ouvrier yiddish. Le mot d'ordre fut :
Mit ponim tsu Frankreich (Le visage tourné vers la France).
Les Organisations et les Sociétés du Yiddishkeit
Le Bund :
Acronyme yiddish pour ‘’Union Générale des Ouvriers Juifs de Lituanie, de Pologne
et de Russie’’. Fondé à Vilno en 1897, il rejoint la social-démocratie russe lors de son 1 er
Congrès (1898) ‘’en tant qu’organisation indépendante seulement pour les questions
touchant spécialement le prolétariat juif’’. Mais en 1901, le Bund reprend son autonomie,
sa résolution indiquant qu’il considérait le P.O.S.D.R. comme une fédération
d’organisations.
Au IIème Congrès du P.O.S.D.R. (1904), après le rejet de l’exigence du Bund suivant
laquelle cette organisation devait être reconnue comme l’unique représentant du
prolétariat juif, le Bund quitta le Parti. En 1906, aux termes de la décision du IVème
Congrès (‘’d’unification’’), le Bund adhéra de nouveau au P.O.S.D.R. pour un temps.
A la revendication bolchevique du droit des nations à l’autodétermination, le Bund
opposait l’autonomie nationale-culturelle. En 1917, les Bundistes soutiendront le
gouvernement provisoire, et s’opposeront à la prise du pouvoir bolchevique. Après
1917, le Bund se scinda, une partie de ses membres rejoignant les Partis Communistes.
En Russie, ce qui restait du Parti sera rapidement démantelé mais continuera à exister
en Pologne jusqu’à son démantèlement par la Russie. Le Bund sera présent dans la
Diaspora et principalement aux Etats-Unis à travers la vie syndicale, culturel et
politique.
Hymne du Bund
‘’Frères et sœurs dans le travail
15
Et la misère. Tous ceux qui
Sont désespérés et séparés
Ensemble, groupons-nous, le
Drapeau est prêt, il claque
De colère, de sang il est rouge
Pour le Serment à la vie
A la mort.
Les cieux et la terre nous
Entendront, les Témoins seront
Les étoiles qui scintillent
Refrain
De larmes, nous jurons
Nous jurons, nous jurons !
Nous jurons de combattre pour
La liberté et le droit, tous
Les tyrans et leurs valets
Ténèbres du Pouvoir, ou
De mourir dans la lutte
Nous jurons de vouer une
Haine farouche aux voleurs et
Assassins de la classe ouvrière
Au Tzar et ses gouvernants, les
Capitalistes. Nous jurons de les
Abattre et les détruire.
Nous jurons de conduire
Notre saint combat, pour
Un monde nouveau, sans
Gueux, ni seigneurs, ni
Exploités. Egalité sera notre
Force.
Nous jurons fidélité sans
Borne au BUND
Lui seul peut libérer tous
Les esclaves d’aujourd’hui
Son grand Drapeau rouge
Flotte au vent. Nous lui
Jurons à la vie à la mort. ‘’
Historique du Bund en quelques années* :
16
1884-1892 :
Les groupes de socialistes juifs s’organisent à Minsk, Vilno, Varsovie et dans d’autres
Villes de l’Empire russe. Premières luttes des travailleurs juifs pour la journée de
travail de douze heures.
1892
Première commémoration clandestine du 1er mai par des ouvriers juifs, célébrée par
les précurseurs du Bund à Vilno.
1893-1896
Etablissement d’un programme pour la constitution d’une organisation ouvrière juive
couvrant l’ensemble de l’Empire russe, premières réunions de Socialistes Juifs à Vilno
et à Minsk notamment parution des premiers documents (clandestins) de
propagande.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------* Renseignements donnés par le Centre Medem, Arbeter Ring, Centre Culturel
Vladimir Medem
Des comités du ‘’Jargon’’ se créent pour répandre la littérature yiddish ; premiers
tracts en yiddish ; premières arrestations de militants socialistes juifs.
1896
Les ouvriers juifs de Russie sont représentés pour la première fois au Congrès de
l’Internationale Socialiste à Londres par Véra Zassoulitch, Paul Axelrod et Rosalia
Piechanov.
1897
Congrès national des socialistes juifs à Vilno, qui décide la constitution de l’Union
Générale des Travailleurs juifs ‘’Bund’’. Le journal clandestin Arbeter Schtime (la voix
ouvrière) devient l’organe du Comité Central.
1898
Le Bund aide à la formation de la Social-démocratie et y participe en tant
qu’organisation autonome. Arrestation des dirigeants des Comités Centraux du Bund,
de la Social-démocratie et de nombreux militants. Deuxième Congrès du Bund à
Kovno. Création du Comité du Bund à l’Etranger, à Genève.
1899
Troisième Congrès du Bund à Kovno. Les droits nationaux des juifs à l’ordre du jour.
1900
Participation du Bund au Congrès de l’Internationale Socialiste à Paris.
17
1901
Quatrième Congrès à Bialystok ; vote d’une résolution selon laquelle la Russie doit
devenir une fédération de toutes les nationalités, avec l’autonomie garantie pour elles
et que ‘’le concept de nationalité doit être appliqué au peuple juif’’.
1902
Premiers appels du Bund pour la création de groupes d’autodéfense contre les
pogromes.
1903
Cinquième Congrès à Zurich. Conflit avec la S.D. russe sur la structure du parti. Le
Bund quitte la S.D. Le Bund organise des premiers groupes armés contre les
pogromes.
1905
Participation active du Bund lors de la Révolution ; il se distingue par sa lutte armée
pour les libertés de peuples opprimés par l’Empire tsariste. Dixième Congrès à Zurich.
Programme de l’autonomie nationale culturelle pour le peuple juif.
1906
Premier quotidien du Bund en yiddish. Septième Congrès à Kovno. Le Bun réintègre
la S.D. comme organisation autonome.
1912-1913
Organisation par le Bund d’une campagne de protestation, aboutissant à une grève
des travailleurs juifs, contre les accusations de crimes rituels. (Affaire Beilis).
1917
Le Bund participe activement à la Révolution de Février et aux négociations
internationales. Le Bund et d’autres socialistes quittent la S.D. lors de son deuxième
Congrès, pour protester contre la mainmise sur le pouvoir par les Bolcheviks.
Huitième Congrès du Bund à Petrograd (Leningrad). Décembre : le Bund tient une
conférence à Lublin, qui consacre son implantation en Pologne.
1919
Débats sur l’attitude vis-à-vis de la Révolution d’Octobre. Premières mesures du
Gouvernement des Soviets contre les Bundistes. Congrès d’unification du Bund en
Pologne (Cracovie) et arrestations de militants par le Gouvernement polonais.
Liquidation du Bund en Union Soviétique. Deuxième Congrès du Bund polonais. La
majorité refuse les 21 conditions (Zinoviev) pour rejoindre la Troisième Internationale.
18
1921-1922
Congrès du Bund et des Jeunesses du Bund –Zukunft (Avenir) – en Pologne.
Développement d’écoles Juives. Organisation des syndicats, en fait contrôlés par le
Bund. Adhésion à la Deuxième Internationale.
1930-1938
Renforcement de la réaction et de l’antisémitisme en Pologne. Le Bund appelle à une
grève générale le 17 mars 1936 pour protester contre un pogrome. Victoires électorales
du Bund (Conseil Municipal et Assemblée communautaires juives – Kehilas).
Le Bund est le premier parti juif en Pologne.
1939
Occupation par l’Allemagne nazie de la Pologne. Le Bund organise les premiers
mouvements clandestins. Dans la partie de la Pologne occupée par l’URSS liquidation
des Bundistes.
1941
Assassinat, sur ordre de Staline, des dirigeants du Bund : Erlich et Alter.
1942-1944
Croissance des mouvements de résistance auxquels le Bund prend une part
prédominante. Nombreuses publications clandestines du Bund. Liquidation de la
judaïcité polonaise.
Le Bund français :
A Paris, le Cercle Amical- Arbeter Ring fut créé en 1931 par des militants du Bund.
Alors que ce dernier se consacrait aux activités purement politiques, le Cercle Amical
prenait en charge le secteur culturel, social, éducatif, pour un public yiddishophone,
composé majoritairement avant-guerre d’ouvriers et d’artisans. Pinches Szmajer a
écrit un article très intéressant sur la contribution à l’histoire du Bund à Paris * ,
reprenons quelques extraits :
‘’… Quand un groupe du BUND fut fondé en 1900, le mouvement politique et social des
ouvriers juifs immigrés en France avait déjà un passé. Nous rencontrons déjà une organisation
en 1883. C’était la Société des ouvriers Juifs qui avait son siège au café ‘’Le Trésor’’ en plein
centre de l’émigration juive, le fameux Pletzl. C’était une mutuelle. Certains, parmi les
fondateurs, avaient d’autres visées. Ils proposaient plutot d’en faire une arme politique, ce
qu’ils ont partiellement réussi. La propagande, inspirée à cette époque par les idées anarchistes
s’exprimait par des conférences qui ont toujours attiré des dizaines d’ouvriers. La langue
courante était le russe, ce qui provoquait un mécontentement parmi les ouvriers qui ne
connaissaient que le Yiddish. C’est la raison pour laquelle le yiddish est devenu la langue de la
société.
19
Trois ans après sa fondation, en 1886, la société a invité pour une manifestation du 1er mai
(toujours au Café Le Trésor) le fameux révolutionnaire russe Piotr Lavroff qui a présidé la
réunion. Il est intéressant de noter qu’à cette époque l’antisémitisme n’était pas seulement de
droite mais aussi de gauche, aussi bien russe que français. ‘’Rothschild’’ était synonyme de
capital, de banque, de tout ce qu’on combattait. On ne connaissait pas en France l’existence
d’un prolétariat juif. IL y avait dans la gauche de l’époque d’heureuses exceptions. Lavroff était
parmi celles-là. Révolutionnaire par tempérament et conviction, il a développé des idées
cosmopolites dans ses écrits et ses discours. Mais il combattait l’antisémitisme, comme un fait
nuisible pour le prolétariat. C’est ce qu’on retient de ses conférences à la Société des Ouvriers
Juifs.
Douze ans plus tard on était en pleine affaire Dreyfus. On connaît l’attitude de la bourgeoisie
judéo-française qui ne voulait pas ‘’se mouiller’’. Ce fut l’anarchiste juif Bernard Lazarre qui
scandalisa l’opinion publique par son parti pris pour la Justice. C’est probablement lui qui fut
l’inspirateur d’une lettre ouverte des ‘’Ouvriers Juifs de Paris’’ au Parti Socialiste Français.
Les signataires de cette lettre, Karpel et Diner, au nom d’un groupe d’ouvriers Juifs et
Socialistes de Paris, s’adressaient aux socialistes français à qui ils demandaient de se
solidariser avec les masses juives, qui étaient en danger par suite de l’antisémitisme que
l’affaire Dreyfus avait renforcé. Ils leur demandaient d’être fidèle à leurs traditions d’égalité et
de liberté. Auparavant ils présentaient l’état du peuple juif comme un peuple de prolétaires
‘’parias des classes et parias des peuples’’ (Kautsky).
En 1896, un groupe de travailleurs fondait le premier syndicat des ouvriers juifs, le syndicat -des casquettiers, profession exercée principalement par des ouvriers juifs et immigrés. Plus
tard ce syndicat s’affiliait à la C.G.T. Il eut une longue vie, qui se caractérisa par sa
combativité. A travers lui les ouvriers français prirent conscience que le peuple Juif n’était pas
seulement constitué de quelques banquiers ou capitalistes, mais aussi de prolétaires.
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------* Combat pour la Diaspora, n° 4, 3ème trimestre 1980, Le Bund
Partout où naissait une société d’ouvriers Juifs, était simultanément créée une bibliothèque
ouvrière. La première à Paris fut fondée en 1892 (147 rue Vieille du Temple) avec quelques
centaines de livres en yiddish, russe et français. Plus tard, une autre bibliothèque naquit, en
grande partie grâce aux anarchistes, au 35 rue du Roi de Sicile. En 1898 à Paris, parmi les
fondateurs, se trouvaient le bundiste connue Moishe Terman et quelques autres. Encore
aujourd’hui on trouve des traces de ces bibliothèques à la Bibliothèque Medem, 52 rue René
Boulanger à Paris. On y trouve des livres qui portent les cachets de ces bibliothèques
disparues.
C’est en 1900 qu’on trouve pour la première fois le BUND à Paris. Cette même année, fut
créée une Société Ouvrière Culturelle et Socialiste qui avait pour but de développer la culture
et la science parmi les ouvriers juifs à Paris.
….
20
1903. La lutte était d’abord politique. De la Russie arrivaient des nouvelles de plus en plus
alarmantes. Les juifs y vivaient comme sur un volcan. Et la nouvelle éclata comme une
bombe : un pogrom à Kichinev, avec la participation de la police et des soldats de la troupe,
dura trois jours et fit une centaine de morts et plusieurs centaines de blessés…..
Un mois plus tard, exactement le 26 juin, on put entendre la voix puissante de Jean Jaurès
devant 4000 personnes au Tivoli-Vauxhall. Et avec lui le futur président de la Ligue des
Droits de l’Homme, Francis de Pressensé. La voix de Jaurès, on l’entendra encore une fois à un
meeting consacré aux affaires juives. En 1913, il parlera dans la même salle, de concert avec le
bundiste renommé A. Liwak (qui, lui, parlera en yiddish). C’était l’affaire Beilis, jugé – et
libéré – par une Cour d’Assises à Kiev pour un meurtre rituel !….
En 1932 fut fondé le Cercle Amical, une mutuel qui avait aussi d’autres activités. A l’époque,
le Cercle avait deux ‘’Tsugub-Shul’’, un dispensaire, un restaurant, une université populaire
et une chorale. La jeunesse du BUND était organisée dans le ‘’Tsukumft’’ tandis que pour les
enfants existait le ‘’Skif’’.
En 1937 a commencé à paraître un journal du BUND, Unzer Stimme qui paraît sans
interruption jusqu’à ce jour…..’’
Le Bund ; Union Socialiste Juif est donc un mouvement de lutte socialiste antiraciste.
Parmi ses buts, il faut compter le renforcement de la culture juive en Yiddish. Il a aussi
plusieurs sections : politique, social, jeunes ; Jugnt bund Tzukurft, enfants. Il publie le
journal en yiddish : ‘’Unzer Schtim’’.
Les Activités de certaines Sociétés philanthropiques et politiques juives :
•
Un bal du groupe des Juifs russes de Montmartre, salle du Progrès, 36 bld de
l’Hôpital, est organisé le 10 novembre 1892. La Société philanthropique et Fraternité
des ouvriers juifs russes à Paris sont également appelées: ‘’Groupe Montmartrois’’. C’est
l’ancienne Société des Ouvriers Juifs Russes Socialistes.
21
•
Le Groupe International Anarchiste a son siège au 126 bld de la Chapelle. Ce
groupe a été créé en février 1892 par les Juifs russes de la rue du Trésor dit ‘’Israélites
Russes’’.
•
Une réunion de plusieurs anarchistes allemands se tient le 19 octobre 1893 au
Café du Trésor. Ils organisent une quête en faveur de Pallas, anarchiste espagnol. Un
inspecteur de Police rédige un rapport sur une réunion similaire le 31 janvier 1894.
•
‘’Groupe International anarchiste’’. Groupe créé en 1892 par des Juifs russes de la
rue du Trésor, comprend une centaine de membres français, allemands, russes,
polonais, italiens, se livrent à une critique des gouvernements et entonnent des
chantes révolutionnaires.
•
’’L’Association des Jeunes Juifs’’ publie en novembre 1913 une affiche annonçant
un meeting sur la situation en Russie, notamment après la libération de Beilis, qui
avait été arrêté et accusé d’avoir commis un meurtre rituel
•
Un meeting est organisé contre la tenue du procès Beilis, l’homme de Kiev. Le
17 octobre 1913 s’est tenu un meeting de protestation contre le procès de Beilis à Kieff,
organisé par le groupe du ‘’Bound’’ à Paris, le Parti Socialiste et la Ligue des Droits de
l’Homme à la Salle Wagram. 5000 personnes environ, dont 200 femmes y assistent.
L’ordre du jour était ‘’Contre la Sauvagerie antisémite’’.
‘’ La séance fut ouverte sous la présidence de Dubreuilh, assisté de Cremier, Karpoff et
Roubanowitch. Dubreuilh s’élève contre l’autocratie de Nicolas qui vient d’essayer de
nouveau d’écraser la contre-révolution d’il y a 8 ans.
Il fait le procès des nationalistes russes qui cherchent actuellement, par tous les
moyens, à exercer des représailles sur la race israélite. Il blâme la faiblesse de caractère
de l’empereur de Russie et voit dans le procès de Kieff l’éclair qui doit de nouveau
déchaîner la Révolution dans les consciences, depuis quelques années brimées et
opprimées outre mesure.
En terminant, il assure les juifs russes qu’ils peuvent compter sur la solidarité des
socialistes français et du prolétariat organisé tout entier dans la lutte qu’ils viennent
d’engager contre la sauvagerie antisémite.
Litvac, du ‘’Bound’’ fait savoir aux israélites français que leurs camarades de Russie
sont organisés solidement et se préparent, dès maintenant, à mener la lutte sur son vrai
terrain. Il a ajouté que les Juifs sont, à part une faible minorité bourgeoise, des
socialistes d’avant-garde courageux et tenaces.
Roubanowitch fait l’historique du procès de Kieff. Il déclare que la police avait tout
d’abord orienté ses investigations vers les véritables coupables, mais que sur
l’intervention d’un membre de la Douma il dut immédiatement se rétracter pour
donner satisfaction à son Gouvernement. Dans cet acte il voit un retour au régime du
moyen-âge russe.
22
L’orateur rappelle que l’empereur Frédéric eut à statuer sur un procès analogue et dit
qu’il fut plus sage que son successeur, car il s’entoura de juristes choisis dans toutes les
religions, et la plupart chez les juifs convertis. ‘’Le résultat de cet essai, dit-il, fut
entièrement favorable à l’accusé car l’empereur en personne déclara qu’il n’y avait
jamais eu de sang versé dans l’exercice du culte’’.
En terminant il établit un parallèle entre les deux cas et réclame la lise en liberté et
l’acquittement de Beilis. Il fait un exposé semblable en langue russe.
Francis de Pressensé s’élève, lui aussi, contre l’attitude du Gouvernement russe et en
particulier contre le tsar. Il voit dans cette accusation infâme un défi lancé au droit et à
l’humanité. Il réfute les arguments de ceux qui ne voient dans les juifs que des
banquiers et de gros commerçants cosmopolites. Il rend hommage aux grands hommes.
L’orateur représente la secte israélite comme étant l’une de celles qui ont répandu dans
le monde les grands principes de la liberté et qui ont en même temps fait jaillir sur tous
les coins du globe le pur ferment de la révolution.
En s’adressant à l’ensemble des gouvernements, il s’écrie : ‘’Autocrates de toutes
natures, prenez garde ! si courageux et si tenace pourraient bien se retourner à votre
désavantage’’.
Il prétend que le procès de Kieff est nettement d’ordre politique, disant qu’il n’en veut
pour preuve que la mauvaise volonté des pouvoirs publics notamment du Ministre de
la Justice Russe qui s’oppose formellement à ce qu’il y ait entente entre l’accueil et la
défense. Il blâme aussi la Cour qui refuse également une autorisation aussi justifiée.
Jaurès signale l’élan et l’enthousiasme qui s’échappe de toutes les poitrines à la fois
lorsqu’il s’agit de défendre le jeune Beilis. ‘’Pas de défections, s’écrit-il, étudiants et
prolétaires, unis dans une même pensée n’ont qu’un désir : combattre pour éviter le
retour à un autre âge.’’
Il signale l’effort fait par l’église catholique qui cherche à reconquérir l’influence qu’elle
avait encore il y a quelques années sur les pouvoirs publics en même temps que sur les
doctrines religieuses.
S’adressant aux chrétiens, il leur dit :’’ Vous êtes pressés d’agir et si vous dites parfois
que votre Dieu est patient, c’est parce qu’il est éternel ; vous vous ne l’êtes pas’’.
Il blâme la conduite du Gouvernement français qui s’associe trop volontiers aux désirs
de gros financiers russes. Il ajoute que le voyage de M. Poincaré a été un exemple
typique de servitude de la France vis-à-vis de son amie la Russie, et que c’est de chez
cette dernière qu’est venu l’ordre du service à long terme.
En terminant, il dit que nos gouvernants ne doivent pas oublier que la France de la
Révolution a un rôle plus noble et plus généreux, et il préconise l’application des
théories socialistes qui prévoient l’union de tous les hommes sans distinction de
religion.
Dubreuilh donne lecture de l’ordre du jour suivant :
‘’5000 citoyens réunis sur la convocation de plusieurs partis blâment les théories de
l’obscurantisme, veulent que justice soit faite dans le procès imbécile de Kieff ; se
23
déclarent unis et prêts à travailler utilement, et se séparent aux cris de : ‘’Vive
l’internationale ouvrière ! Vive le Parti Socialiste !’’
A différentes reprises on entend des cris : A bas le czar ! A l’ambassade !….
Le 20 novembre 1913, un autre meeting est organisé par ‘’l’Association des
Jeunes Juifs’’, Salle des Sociétés Savantes, 8 rue Danton. 500 personnes
participèrent à ce meeting dont une cinquantaine de femmes.
•
Le député de la Seine, Jean Longuet, adresse un courrier au Préfet de Police en
date du 29 septembre 1915 lui faisant part de son constat que le permis de conduire a
été refusé à plusieurs israélites. Ceux-ci ont pu pourtant fournir des pièces que leur
qualité de réfugiés politiques ne leur permettait pas de produire. Il s’agit ici d’une
méconnaissance des engagements pris par le Ministre de l’Intérieur à l’égard des
réfugiés politiques russes à Paris. Malgré tout le 30 octobre 1915, le Préfet oppose une
fin de non recevoir.
•
Le 5 octobre 1915, le Directeur de la Sûreté Générale adresse une lettre au Préfet
de Police. Il lui retransmet la copie d’une note remise par J. Guesde à propos des
difficultés éprouvées par les sujets russes pour exercer à Paris le métier de cocher ou
de conducteur de taxi. Le 10 octobre 1915, la réponse du Préfet de Police est dilatoire.
Société des juifs russes dite ‘’Bene-Sion’’ et autres associations de Juifs
russes (1891-1893).
•
En 1891-1892, la Préfecture de Police demande un rapport sur la Société des
Juifs russes ‘’Bene-Sion’’. Or, cette société fonctionne depuis plusieurs années sans
autorisation. Son but est l’émigration gratuite en Palestine de tous les Juifs sans
ressource. La société ‘’Bene Israël’’ est dirigée par Dobruskine, demeurant au 27 Bld St
Marcel et par Lazare Baumgarten, né à Kalovaria (Pologne), demeurant 42 rue de la
Roquette, ainsi que par Michel Erlanger, 129 rue du Faubourg Poissonnière et Elly
Sied, 1 rue St Claude. Les ‘’Bene Sion’’ possèdent un cabinet de lecture au 8 rue du
Foin, les ouvrages sont en ‘’langue hébraïque’’. Elle cesse de fonctionner en 1893.
Cette société d’israélites russes, a un lieu de rendez-vous au Café du Trésor. Ce
ne serait qu’une succursale d’une vaste affiliation créée par les Israélites
révolutionnaires pour la plupart établis à Londres et aux Etats Unis.
•
Le 23 février 1906, le groupe ‘’La Russie Révolutionnaire’’ ouvre un établissement
pour ouvriers russes. Une chambre est louée par Joseph Leib Katzmann, né en 1880 à
Gomel (Russie), marbrier. Cette chambre sert de salle de lecture pour les membres du
groupe ‘’ La Russie Révolutionnaire’’.
24
•
Le 13 janvier 1892, un rapport est fait à la Préfecture de Police au sujet des
groupes d’Israélites dit : ‘’Cercle des ouvriers israélites, ‘’Bene Israel’’ (Enfants de
Jérusalem) et ‘’Palestinak’’ (Palestiniens). Il n’y a aucun rapport entre les différentes
sociétés.
•
Les groupes d’Israélites révolutionnaires dit ‘’Palestinak’’ (Palestiniens) se
réunit au ‘’Café Charles’’, 2 bld Barbés.
•
Le 13 janvier 1892 est rendu au Préfet de Police un rapport sur le ‘’Cercle des
Ouvriers israélites de Russie’’. Ce cercle existe depuis 1884, regroupe 80 membres, qui
se réunissent au Café du Trésor, 89 rue Vieille du Temple et impasse du Trésor. Ce
groupe est essentiellement composé d’anarchistes et est affilié à d’autres groupes
révolutionnaires d’Angleterre, d’Amérique, de Suisse…. Il est dirigé par David
Gordon, ouvrier mécanicien, demeurant rue 39 rue Linois. Gordon est le frère de la
maîtresse de Jean Kaschintzeff dit Ananiew, détenu à Angers.
•
Le 13 janvier 1892. La Préfecture de Police s’inquiète également des activités de
‘’Palestinak’’. Cette association a pour objectif l’établissement d’un Etat communiste en
Palestine, avec les juifs expulsés de Russie, dirigée par Rubinstein. Les réunions ont
lieu au Café Charles, Bld Barbés.
•
Activités et réunions de la ‘’Bounda’’ dont le siège est au 16 rue Ferdinand
Duval, à Paris. La ‘’Bounda’’ est un groupe du Bund comprenant environ 700
personnes. Le 13 février 1905, les membres de la ‘’Bounda’’ décidèrent d’envoyer des
délégués au Congrès Socialiste qui devait avoir lieu à Londres, le dimanche 14 février
1905, alors qu’ils étaient certains qu’il ne sortirait pas grand chose de ce Congrès parce
que les Socialistes européens ne devaient pas y être présents. Cette décision a été prise
sur les instances du Parti Socialiste Français qui ne manquait jamais l’occasion dans
toutes ses manifestations sociales, de faire appel au ‘’Bund’’ en raison de l’importance
de ce groupement.
•
Le 6 avril 1915, le siège central du Bund à Genève lance un appel pour le
paiement du local.
•
Le 14 mai 1915, les associations juives adressent une note concernant les
chômeurs devant s’inscrire pour travailler dans les tranchées. Il leur est conseillé de
s’abstenir de toute propagande.
•
Annonce d’une conférence à la mémoire de Yéhouda Loeb Peretz, le 16 juin
1915.
Une conférence est organisée par la ‘’Bibliothèque Ouvrière Juive’’ pour le
souvenir du romancier Y.L. Peretz. Le 2 juillet 1916, la Bibliothèque Ouvrière
Juive ou Bibliothèque du Bound, le Cercle des Ressortissants Russes de
25
Montmartre, le Syndicat des Casquettiers et les Artistes Juifs de Paris
organisent une matinée destinée à commémorer le souvenir de l’écrivain
populaire juif Cholem Aleikem, décédé le 12 mai 1916 à New York. Cette
matinée a lieu Salle Lancry, rue de Lancy. Elle réunit plus de 400 personnes et
l’annonce a été faite par le journal ‘’Naché Slowo’’.
•
Des tracts, en yiddish, avec traduction, sur les atrocités commises en Russie
contre les Juifs sont distribués dans les rues de Paris le 9 août 1915..
•
Marius Moutet intervient en faveur de Tabachnik, auprès du Ministre de
l’Intérieur, M. Malvy, pour que soit rapporté son arrêt d’expulsion.
•
Le 27 avril 1917, le gouvernement français fait paraître un décret interdisant les
publications et tracts émanant du Bund. La Préfecture de Police interdit d’introduire
en France le ‘’Bulletin’’ et les tracts émanant du Comité étranger du Bound (Union des
Ouvriers Juifs de Pologne et de Russie Socialiste).
•
Changement du siège du Bund, le 10 décembre 1973. Il est transféré au 110 rue
Vieille du Temple.
Groupe des Emigrants juifs de Paris
•
Le Cabinet du Préfet de Police édite une note le 8 août 1905 à propose du
syndicat des Juifs russes émigrants se réunissant au 20, rue de l’Hôtel de Ville, chez
Mme Rosenweig, et au Café Horn, 19 rue Fernand Duval. A la tête de ce syndicat, il y
a Tschertkow et Fleichmann. Le syndicat prétend obtenir des secours du Comité de
Bienfaisance Israélite de Paris, 60 rue Rodier. Au refus qui lui a été opposé ce Comité,
le syndicat a répondu par la menace.
•
Le Syndicat des Juifs Russes Emigrés se réunit 20 rue de l’Hôtel de Ville chez
Mme Rosenweig et au Café Horn, 19 rue Fernand Duval, le 8 août 1905. C’est Maître
Georges Dreyfus, docteur en droit, 41 rue Cambon qui est l’avocat du Syndicat des
Juifs Emigrés.
•
Le 23 décembre 1912, au ‘’Restaurant des Archives’’ 15 rue Rambuteau se tient
une réunion de différents membres du Parti Révolutionnaire Russe Juif ‘’Le Bound’’
dans le but de créer à Paris un journal hebdomadaire rédigé en yiddish.
•
Un rapport de la Direction des Recherches au sujet du Groupe des Emigrants
Juifs de Paris est présenté au Préfet le 10 août 1905. Il s’agit de Juifs russes cherchant à
obtenir des secours du Comité de Bienfaisance israélite de Paris, ils se disent
déserteurs de l’armée russe. Trois individus à leur tête : Henrich Tschorkopf, ouvrier
26
décorateur, né à Ekaterinoslaw (Russie) en 1883, 77 rue de Belleville, Abraham Marco
Fleischmann, ouvrier casquettier, né à Kishiniew (Russie) en 1881,14 rue des nonnains
d’Hyères, Mardoché-Moïse Fisch, né à Elisabethgraw (Russie) en 1883, 77 rue de
Belleville. Ils ont établi une liste de 63 membres auxquels ils cherchent à faire obtenir
des secours. Le Comité de Bienfaisance, ne soutenant que les israélites de passage à
Paris, n’a pu leur accorder que quelques bons de nourriture, ce qui a provoqué des
manifestations, des menaces… Les membres du groupe se réunissent dans la chambre
de Tschorkofp, 77 rue de Belleville, chez Horn, restaurateur 19 rue Fernand Duval,
chez Lefcowitz, 18 rue du figuier. Presque tous appartiennent à la classe miséreuse, ils
ont fui leur pays en abandonnant leur famille pour échapper à l’enrôlement dans
l’armée pour la Mandchourie, sont venus à Paris, mais ont l’intention de gagner la
République argentine. Ils sont à la merci de patrons juifs, russes et roumains, qui les
exploitent. Leur misère est profonde ; suit une liste des 83 membres composant le
Groupe.
•
Le Commissaire de Rochechouart adresse au Préfet de Police un télégramme, le
11 août 1905. Il lui fait part que selon les instructions reçues, il envoie au dépôt trois
suspects russes les nommés : Salomon Cytrenowitz, né le 17 aout 1886 à Kloow
(Pologne Russe), casquettier, 59 rue de Charonne, Georges Stravoselky, né le 18 février
1876 à Chodorkow (Russie) marié, 2 enfants, journalier, 14 rue de Charonne et
Benjamin Golouboff, né en 1877 à Gomel (Russie), marié à Tréga Schew, cordonnier,
22 rue des Rosiers, arrêtés le jour même à 10h30 sur réquisition du Comité de Secours
Israélite 60 rue Rodier. Plusieurs délégués étaient venus au Comité de Bienfaisance
israélite chercher réponse à une lettre de menaces de mort contre ce Comité, ont été
arrêtés 29 ans, 28 ans.
•
Un nouveau rapport de la Direction des Recherches, sur la surveillance au
Comité de Bienfaisance israélite, est rédigé sur les mêmes faits que dans la pièce
précédente, le 12 août 1905. Cytrenowitz, Stravoselky, Golouboff déclarent appartenir
au Mouvement révolutionnaire juif.
•
Dans un rapport de la Direction générale des Recherches daté du 25 avril 1909,
il est signalé qu’aucun incident ne s’est produit au cours de la surveillance exercée aux
abords de la salle de l’Athénée- St-Germain, rue du Vieux Coulombier, où a lieu la
réunion organisée par la Caisse des Emigrés russes.
•
Un rapport est adressé le 31 mai 1909 sur la formation d’une fédération des
groupes révolutionnaires juifs de Paris. Les groupes révolutionnaires juifs de Paris ont
fondé une fédération le 29 courant. Le but de cette fédération est de créer : 1° une
Bibliothèque où tous les camarades pourront se rencontrer, 2° d’essayer de se fédérer avec les
groupes anarchistes de Paris pour faire, en commun, de la propagande anarchiste en France 3°
de s’affilier à l’Internationale Anarchiste de Londres (un camarade a été chargé, à cet effet, de
se rendre dans cette ville incessamment), 4° de tenir une réunion secrète à laquelle seront
27
invités tous les groupes anarchistes de Paris, à l’effet d’établir en vue d’établir un plan pour la
reprise de la propagande anarchiste en Russie, 5° de créer une ‘’école d’orateurs
propagandistes’’, de façon à pouvoir envoyer en Russie, pour y porter la bonne parole, des
camarades ayant une certaine compétence. On croit donc fermement qu’à l’état d’accalmie
actuel va succéder bientôt une nouvelle période d’activité, tout au moins en Russie où il existe
aujourd’hui, presque plus de groupes anarchistes. Dans son programme, la nouvelle fédération
prévoit, en effet la création, en Russie, de nouveaux groupes fondés sur des bases solides et où
devront être bannies toutes querelles de factions. Parmi les fondateurs de cette fédération des
groupes révolutionnaires juifs de Paris, on trouve :
Ackermann, Mendel, 2 avenue de Ségur
Aronovitch, Peretz, 20 rue de l’Hôtel de Ville
Aroyn, Haichin, 14 impasse Guéménée
Bick, Abraham Isaac, 33 rue du Poteau et 116 Bld de la Villette
Bick, Leiser, 18 rue du Figuier
Blaich, Itzi 22 rue des Rosiers
Bornstein, Samuel, 8 rue du Parc Royal
Bravarnick, Moses, 3 passage St Pierre
Bronsvaich, Joseph, 46 rue Quincampoix
Charafan, Hairsch, 22 rue des Rosiers
Cherman, Aron, 20 rue de l’Hôtel de Ville
Chmukler, Chaïm, 125 rue St Antoine
Chterba, Jacob, 15 rue des Ecouffes
Chvartz, Joseph, 20 rue de l’Hôtel de Ville
Czertkoff, Henrich, 77 rue de Belleville
Diamantowsky, Schwartz, 1 rue de l’Hôtel de Ville
Dvoretzky, Archi, 14 rue de Charonne
Eliach, Motel, 22 rue des Rosiers
Fleischmann, Leiser, 14 rue des Nonnains d’Hyères
Fraenkel, Jacob, 66 rue St Antoine
Gelbchtein, Natan, 66 rue François Miron
Geldmann, Boris, Juda, Leib, 14 rue de Charonne
Gelfgot, Israel, Simon, 98 rue St Antoine
Germann, Michel 18 rue de l’Hôtel de Ville
Gimelfarb, Zadick, chez Horn, 19 rue Ferdinand Duval
Glatovsky, Natan, 22 rue des Rosiers
Goluboff, Benjamin, 22 rue des Rosiers
Sigelmann, Abraham, 3 place du Marché Ste Catherine
Ssellezky, Chaïm, 59 rue de Charonne
Staroselsky Hirsch, 14 rue de Charonne
Vendrovsky, Ksil, 20 rue de l’Hôtel de Ville
Viner, Benjamin, 22 passage St Bernard
Zeitlin, Asriel, 3 rue de Passy
28
Zitronovitch Salomon, 59 rue de Charonne
Fisch, Mardochi, Moïse, 77 rue de Belleville.
•
La Préfecture reçoit un rapport le 1er juin 1909 sur l’aide que doit fournir la
Fédération Anarchiste de Londres à la Fédération anarchiste juive de Paris pour
fonder une Bibliothèque. Parmi les discussions de Londres, il est proposé que la
Fédération anarchiste juive de Paris fasse des démarches pour se fédérer aux groupes
anarchistes communistes français de Paris; que les anarchistes communistes français
résidant à Paris s’efforcent de faire de la propagande parmi les Juifs de Paris, mais
également parmi les Français (ateliers et syndicats), que ceux des camarades qui
parlent français s’introduisent dans les groupes français de Paris ; que ceux des
compagnons qui ne sont à Paris que temporairement se joignent aux groupes
anarchistes communistes russes.
•
Le 3 juin 1909 le Préfet est prévenu qu’une Mission doit être effectuée à
Londres par un membre de la Fédération Anarchiste Juive. Ce camarade doit donner
l’adhésion à l’Internationale Anarchiste de la Fédération Anarchiste Juive ; tenter de
réunir la fédération juive de Londres à celle de Paris ; s’entendre avec Rocker,
Malatesta et autres pour fonder un journal en yiddish destiné à la Russie ; réclamer le
concours des camarades de Londres pour envoyer des propagandistes en Russie et
demander des livres et des brochures pour la propagande à Paris.
•
Un meeting est organisé par l’Internationale Anarchiste à l’Alcazar d’Italie, 190
avenue de Choisy, pour protester contre le voyage du tsar en France, le 17 juillet 1909.
Parmi les orateurs : Favier, Vandamme et le secrétaire de la Fédération anarchiste
juive de Paris, celui-ci parle de la Révolution russe et critique les gouvernements de
tous les pays.
•
Le 29 septembre 1909, la Préfecture de Police prend connaissance d’un rapport
sur le voyage d’un anarchiste russe à Vienne. Cet anarchiste a établi dans cette ville,
chez Grossman, dit Pierre Ramus, rédacteur du journal anarchiste allemand Wohlstand
für Alle, un dépôt de littérature révolutionnaire russe. Cette littérature doit être portée
en Russie par des camarades par Vienne, munis d’une recommandation des groupes
Boureviestnik.
•
Le 13 octobre 1909, les trois groupes anarchistes juifs russes de Paris envoient à
la frontière italienne un émissaire pour se renseigner sur l’état des esprits en Italie en
vue de l’arrivée du tsar. Celui-ci fait état d’une manifestation hostile.
•
Le 7 janvier 1910, des anarchistes juifs russes arrivent à Pairs. Ceux-ci viennent
de la République d’Argentine, d’où ils ont été expulsés à la suite de l’assassinat du
chef de la police de Buenos-Aires.
29
•
Tenue d’une réunion au profit du groupe social-démocrate russe. Cette réunion
a lieu le 19 janvier au 190 avenue de Choisy. L’orateur, Kamanieff prévoit un krack
financier considérable en Russie et lance un appel aux révolutionnaires.
•
Une représentation au profit des volontaires russo-juifs engagés dans l’armée
française est annoncée. Elle a lieu le 30 mai, à l’hôtel des Sociétés Savantes, des artistes
juifs jouent en yiddish, ‘’l’Homme sauvage’’ de Jacob Gordine.
•
Le Mouvement Russe et Polonais (d’octobre 1916 à Janvier 1917)
Depuis l’expulsion du Territoire français qui a eu lieu le 30 octobre 1916, Léon
Bronstein-Trotsky, ancien directeur de ‘’Naché Slowo’’ n’a pas cessé de donner
de ses nouvelles à ses amis à Paris. C’est Salomon Dridza, dit ‘’Lozowsky’’ qui a
pris à Paris la succession de L. Bronstein-Trostky. Il dirige dans la coulisse le
journal ‘’Natchalo’’ (Le Début) qui a remplacé ‘’Nache Slowo’’.
•
Le 29 décembre 1913, un rapport est déposé sur le bureau du Préfet de Police
concernant la réunion de plusieurs membres du parti révolutionnaire russo-juif Bund,
ayant pour but de créer à Paris un journal hebdomadaire en ‘’iouddisch’’ (yiddish). Ce
journal a pour mission la propagande socialiste révolutionnaire parmi les ouvriers
juifs appartenant aux syndicats affiliés à la CGT.
L’Union Fraternelle des Gobelins ‘’Agoudat Akhim d. Goblin’’.
Cette Union est l’un des membres de l’Union des Sociétés Juives de France. Les
Caveaux de l’Union Fraternelle des Gobelins sont situés au Cimetière de
Bagneux.
Le Beis Agoudas Israël
‘’Le Beis Agoudas Israël’’, est domicilié au 90 rue Julien Lacroix. Lors de l’achat
de terrain au 70-77 rue Julien Lacroix, l’association consistoriale de Paris se
substitue à l’association Beis Agoudas Israël (1923-1928).
Agoudas Hakéhilos (Union des Communautés).
Cette Association russo-polonaise naît en 1911 sur l’impulsion Joseph Landau.
Pour bâtir sa synagogue au cœur du Pletzl, elle fit appel à Hector Guimard.
Cet édifice prouve l’intention des nouveaux immigrés de s’installer
définitivement autour de la rue Pavée.
Fondation Roger Fleischman
Cette fondation fut créée, rue des Ecouffes, en 1931 en mémoire de Roger Fleischman.
Elle comporte un oratoire, un beith hamidrach et un talmud thora. Elle se propose de
diffuser auprès de tous, petits et grand, la thora.
30
Yiddish Athletic Sporting Club, Association Sportive Fraternité YASC
A l’origine le Yiddisher Arbeter Sport Klub (Club Sportif Ouvrier Juif) prend ses
racines dans la Kultur Liga. Cette ligue fut fondée par des communistes juifs en 1922.
Sous forme politico-littéraire, cette association a une bibliothèque et des activités
culturelles comme le théâtre (Parizer Yiddisher Arbeter Teater). Elle guère également
plusieurs journaux en yiddish. Au cœur de plusieurs quartiers juifs, la Kultur Liga a
installé ses locaux au 26 rue de Lancry. C’est avant tout un regroupement
d’associations où l’on favorise le sport comme en Pologne : le Yask. La vocation des
dirigeants est de développer l’esprit de défense et les qualités physiques des Juifs. Au
Yask, on trouve des sections : natation, football, volley-ball, basket, rugby et
gymnastique. Le Yask était un club sportif à tendance progressiste. Une grande partie
des membres du Yask appartenait à la Section Juive de la MOI (Main d’œuvre
Immigrée) du Parti Communiste. Ils furent les premiers a entrer dans la Résistance
durant la Seconde Guerre Mondiale.
La Ligue pour la Défense des Juifs Opprimés
Cette ligue est fondée le 24 juillet 1915.
Aide aux Volontaires Juifs
Cette association est fondée en juillet 1915. Son siège est: 19 rue du Marché à
Levallois-Perret.
Association Philanthropique de l’Asile de nuit et de jour et la Crèche
Israélite de Paris.
L’Association philanthropique est fondée en 1900 par le Rabbin Lubetski et Moïse
Flescher reconnue d’utilité publique le 2 décembre 1914. L’asile héberge des familles
sans gîte et leur sert des repas chauds à titre gratuit.
En 1923, il y a du nouveau dans la Communauté de Paris; la fusion de l'Asile de Nuit
et de l'Asile de Jour. Ces deux sociétés philanthropiques, la première déjà âgée de
plusieurs années et la seconde jeune encore, qui ont rendu de signalés services aux
déshérités de la fortune en général et aux malheureux émigrants en particulier
viennent de fusionner en une seule société qui portera désormais les noms réunis des
institutions associées. M. Arcous, le distingué et actif président de l'Asile de nuit
continuera à présider la nouvelle association. A l'Assemblée extraordinaire qui a eu
lieu à cet effet, M. le Grand Rabbin Israël Levy a rendu hommage à l’œuvre
éminemment humanitaire accomplie par l'Asile de Jour. Il a fait également l'éloge du
Comité de cette institution et particulièrement de son président M. Meèroff, qui se
sont consacrés à leur oeuvre avec un dévouement vraiment remarquable.
Cercle Amical – Arbeter-Ring
31
Le Cercle Amical, Société de Secours Mutuels, a été créé en 1928. Il est domicilié au 52
rue René Boulanger à Paris. Au début de la guerre 1939-1945, il a pourvu aux besoins
matériels de la population juive tant en zone libre qu’en zone occupée et favorisé le
départ vers la Suisse d’enfants de déportés et de familles entières.
Dispensaires populaires de Paris
Deux dispensaires populaires sont créés à Paris à la mémoire de Wladimir Tiomkine
(rue Saulnier et rue Jean-Pierre Thimbault)
Société ‘’L’Espoir d’Israël’’ (Hatikwa)
Cette association est fondée en 1919.
Le Foyer israélite
En juin 1920, l’association ‘’Le Foyer Israélite’’ est constitué selon la loi 1901 :
‘’Paris 2 juin 1920
Monsieur le Préfet,
J’ai l’honneur de vous aviser qu’il s’est constitué une association sous le titre :
Le Foyer Israélite
Dont le siège est, 5 rue Médicis, à Paris. Son but est de procurer à ses membres des repas au
prix le plus réduit, de constituer un centre d’Etudes Juives et d’établir entre ses membres des
liens de solidarité basés sur les principes de la tradition juive.
Agence de placement gratuite : Déléguée Mme Bauer
Sont chargées de son administration
Mesdames Bauer, Gabrielle, s. prof, 9 rue Vauquelin Présidente
Tedesco L.G. 4, rue de Longchamp, vice-Présidente
Léon Pauline, 91 rue des Ternes, Trésorière
Klibenski N.G., rue Guy Maupassant
Muller Mathieu, étudiant, 56 rue Montpensier
Agréez, Monsieur le Préfet, l’expression de mes sentiments distingués.
Gabrielle Bauer
Présidente’’
Un inspecteur de Police rédige un rapport de la Préfecture de Police sur le ‘’Foyer des
Etudiants israélites’’ en date du 14 décembre 1920 :
‘’Le Foyer des Etudiants israélites’’ fondé récemment, est installé, 5, rue Médicis, dans un rezde-chaussée d’un loyer annuel de 4.000 frs.
Son but est d’apporter une aide matérielle aux étudiants et employés israélites de toutes
nationalités qui ne disposent que de faibles ressources.
32
Il est présidé par Mme Bauer, femme du Grand Rabbin, directeur de l’Ecole Rabbinique, 9, rue
Vauquelin.
Il ne compte encore que soixante adhérents.
Le ‘’Foyer des étudiants israélites’’ comprend un restaurant dans lequel ses membres peuvent
prendre leurs repas au prix réduit et uniforme de 2 frs ; une caisse mutuelle destinée à solder
les frais de nourriture de ceux d’entre eux qui se trouvent dans une situation particulièrement
nécessiteuse et un bureau où tous les renseignements utiles, concernant les études et la vie
scolaire de Paris, sont fournis aux étudiants. On y indique aussi les maisons qui accordent à
leurs employés israélites la faculté d’observer le repos du samedi prescrit par leur religion.
Le restaurant et le dit bureau sont dirigés par Melle Scialtiel, institutrice, de nationalité
française, qui est logée dans les dépendances de l’œuvre.
De temps a autre des conférences sont organisées au Foyer, mais toute discussion politique en
est rigoureusement bannie.
D’autre part, un cours d’hébreu a lieu tous les jours à 20h30 et, depuis le 18 novembre dernier,
un cours sur la doctrine et la vie juive est fait le Jeudi, de 18 à 19 heures sous la direction du
rabbin Lieber.
Le ‘’Foyer des Etudiants israélites’’ fonctionne au moyen des dons qu’il reçoit de la colonie
juive de Paris.
Il a été inauguré le dimanche 7 novembre écoulé, sous la présidence du Grand Rabbin Bauer.
Celui-ci a prononcé, à cette occasion, une allocution au cours de laquelle il a rappelé les débuts
de l’œuvre et l’esprit qui a présidé à sa fondation. Il a ajouté que ce ‘’Foyer’’, créé au cœur de
Paris, devait faire ‘’aimer la France, généreuse et hospitalière aux jeunes israélites venus de
l’étranger pour achever leurs études, mais qu’il devait être aussi un lien de respect pour les
traditions et les croyances juives’’.
En Février 1930, selon un nouveau rapport adressé au Préfet de Police, l’association
dite ‘’Le Foyer Israélite’’ fondée en juin 1920 a été déclarée à la Préfecture de Police le 21
du même mois.
‘’Elle a son siège, 5 rue Médicis. Son but est de procurer des repas à prix réduit aux étudiants
israélites et, en général à tous les étudiants nécessiteux.
Cette association se compose de membres d’honneur, bienfaiteurs, donateurs et actifs au
nombre de 200 et tire ses ressources des cotisations et souscriptions de ses membres, des dons
et subventions qui peuvent lui être accordés et, s’il y a lieu, de ressources exceptionnelles
créées avec l’assentiment de l’autorité compétente.
Elle est administrée par un comité composé comme suit :
Présidente
Mme Bauer
Secrétaire Générale
Mme Klebanski
Trésorière
Mme Léon Pauline
Mme Bauer, née Salomon Gabrielle, le 16 juin 1876 à Paris (1 er) est mariée et à quatre enfants.
Elle est domiciliée 9, rue Vauquelin dans les locaux du Séminaire Israélite.
33
Mme Bauer est sans profession. Son mari est le Grand Rabbin et directeur de l’Ecole située à
son domicile.
Mme Klebanski, née Michel Salomon Eugénie, le 6 août 1885 à Paris (5ème) est mariée et n’a
pas d’enfant.
Elle est domiciliée au 1888 avenue Victor Hugo. Elle demeurait précédemment 6 rue Guy
Maupassant.
Elle n’exerce aucune profession. Son mari, d’origine allemande et naturalisé français par décret
du 8 octobre 1909 est établi banquier 17 rue Monsigny.
Mme Léon, née Merzbach Pauline, le 22 juillet 1872 à Paris (3ème) est mariée et a un enfant.
Elle est domiciliée au 91 avenue des Ternes.
Son mari, M. Léon Emmanuel, né le 16 mars 1867 à Bordeaux, ancien commerçant, est
actuellement représentant en soieries.
Le Foyer Israélite, qui s’est surtout une œuvre d’assistance, possède un restaurant, 5 rue
Médicis, où journellement, les étudiants israélites trouvent des repas complets au prix de 3 f
50, ou même selon les moyens des bénéficiaires. En outre, de nombreux bons donnant droit à
des repas entièrement gratuits, sont distribués aux étudiants nécessiteux.
Ain d’augmenter le nombre de bons gratuits et pour faire face aux dépenses en résultant,
l’association organise une loterie qui comprenait 12.500 billets à 2 f, comportant de nombreux
lots, dons pour la plupart des commerçants et industriels du quartier dont le tirage eut lieu le
9 mars 1930 au domicile de la Présidente de l’œuvre, 9 rue Vauquelin.
L’association dite ‘’Le Foyer Israélite’’ était une œuvre sérieuse fonctionnant normalement et
susceptible d’être encouragée.
Les Membres du Conseil d’Administration étaient honorablement représentés.
Le Foyer Israélite est l’une des plus anciennes institutions juives parisiennes du
XXème siècle, puisqu’il a été créé dès 1920 pour permettre aux étudiants juifs de
manger cacher. La guerre l’oblige à fermer ses portes. Mais dès la paix revenu, son
fondateur, Me Mathieu Muller, décide de le rouvrir. Il fait alors venir de Limoges
pour en assurer la gérance la famille Sandler qui a acquis une certaine expérience de la
restauration. En 1946, le ‘’Foyer Israélite’’ rouvre, mais pas encore comme ‘’Resto-U’’.
Les clients sont alors des personnes déplacées, les rescapés des camps qui cherchent à
travers l’Europe une nouvelle patrie. Dans les années 80, le ‘’Foyer’’ retrouve sa
vocation initiale, après avoir obtenu, en qualité d’association loi 1901,l’agrément du
Comité parisien des œuvres universitaires. Il en découle alors deux choses : 1° les
étudiants paient demi-tarif et le COPAR rembourse la différence, 2° le ‘’Foyer’’ n’est
pas réservé uniquement aux seuls étudiants juifs. Dans les années 50 et 60, le
‘’Médicis’’ accueillait une foule croissante et servait plus de mille repas par jour. Tous
les habitués s’accoutume non seulement au ‘’chaleuth’’ traditionnel du vendredi soir
mais les étudiants non-juifs s’habituent aussi, la première surpris passée, à recevoir
une portion de fromage à la sortie : ne pouvant en servir au menu, on le distribuait en
34
parts pré-emballées à la sortie. Le 19 mars 1957, un différent s’installe entre la
direction du ‘’Foyer Israélites’’ et des étudiants à propos de la création d’un nouveau
restaurant cachére. Krivine Jocelyn est interpellé par la police puis relâché. Le
‘’Foyer Médicis’’ sera rénové et agrandi, notamment par la construction d’une terrasse.
Le couple Sandler a également étendu ses activités en faisant ‘’traiteur’’, ils livreront
également des repas dans les écoles juives. Hélas, Monsieur Sandler disparaît
soudainement et à la rentrée 1963, un nouveau gérant, M. Simoni, reprend le Foyer.
Or pour des raisons diverses la clientèle s’amenuise et à force, il ne sera fréquenté que
par des étudiants juifs. Dans les années 70, une nouvelle équipe, dirigée par M.
Magnichewer, prend la relève, au restaurant comme à l’association. M. et Mme Muller
émigrent en Israël. Au début 1979, environ 300 repas sont servis par jour mais le 27
mars un attentat, à l’heure du déjeuner, fait 30 blessés. Plus de 5000 personnes
défileront en criant des slogans anti-OLP. Aussi, si le Foyer relance ses fourneaux, cela
ne sera plus comme avant, les années suivantes alternèrent entre période d’ouverture
et de fermeture, avec de nouveaux patrons. En 1990, après une longue période de
porte close, le 5 rue de Rue Médicis ferme définitivement ses portes.
En 1985, l’Association ‘’Le Foyer Israélite’’, propriétaire de l’Hôpital ‘’Le Foyer
Richemond’’, sis 6 avenue Richemond’’ contrôle directement ou indirectement trois
autres établissements.
L’hôpital de Passy : 10 rue Nicolo à Paris 16ème
L’hôpital de Villeneuve-la-Garenne
L’hôpital de Pierrefitte.
Foyer des Israélites Réfugiés (F.I.R)
Fondé en 1934 par Mme Tauba Lewine pour les réfugiés israélites.
Association Générale des Etudiants Juifs à Paris
Cette association est fondée en 1927, son siège est situé au 7 rue d’Ulm à Paris.
Groupe des Etudiants Juifs de France
Le 12 avril 1928 se tient à Paris le deuxième congrès des Etudiants Juifs de France dans
la Salle des Fêtes de la Mairie du VIème arrondissement.
Le Compte rendu du 2ème congrès des Etudiants Juifs de France est rédigé de cette
manière:
‘’La séance d’ouverture a lieu à 21h15 en présence de 200 personnes, dont 25 délégués
représentant diverses universités :
Comité exécutif ; MM. Hoffmann et Mangiel.
Paris: MM. Boruchowietz, Schneider, Huban et Guttmann;
Nancy: MM. Lewik, Deift, Meites, Hudumann;
Strasbourg: M. Feldoterie
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Lyon: MM. Malofis et Hadas-Lebel ;
Grenoble : MM. Bouchmann et Heler ;
Chambéry : M. Laspsker
Montpellier : M. Buchovicki
Toulouse: MM. S ; Fichleiw et Pernik
Bordeaux : M. Brauer
Rouen : MM. Kelier et Halpesn
Caen: MM. Fichelew et Maguer.
M. Mangiel, du Comité Exécutif, propose comme Président l’écrivain juif Schaumacher et
donner lecture de diverses lettres de vœux ou de bienvenue, notamment de M. Herriot,
Ministre de l’Instruction Publique, qui accorde une audience à une délégation du Congrès ; du
Conseil Général de la Seine et du Conseil municipal de Paris.
Il traduit une longue lettre dans laquelle le savant allemand Einstein fait l’apologie du
Judaïsme, signale le martyr des émigrants juifs et montre l’évolution qui se produit dans le
monde en faveur des partisans d’Israël.
M. Mangiel remercie ensuite le représentant de M. le Préfet de Police, ainsi que le Président de
l’Association Générale des Etudiants de Paris.
M. Eizenstadt, rabbin de la Communauté juive russe de Paris, Dizendoff premier et ancien
maire de Tel-Aviv (Palestine), Einhorn, Zlatopolski, membre du parti sioniste révisionniste,
Kouslicher, ancien professeur de l’Université de Strasbourg, Naïditch, organisateur sioniste,
Président du Fonds de reconstruction palestinienne, se succèdent à la tribune et en hébreux ou
en yiddish expriment les sentiment de la race juive et adressent leurs profonde reconnaissance
à la France ‘’leur seconde patrie’’.
M. Henri Marx souhaite que chaque juif cultive sa religion dans la science. ‘’Celui qui déroge,
à ce principe, dit-il, est traître ‘’non seulement au judaïsme mais à l’humanité tout entière’’.
Selon lu, Sion doit être la terre et la patrie de l’esprit. Il est chaleureusement applaudi.
M. Mangiel donne enfin lecture de nombreux télégrammes ou lettres émanant de partisans et
sympathisants de Strasbourg, Rouen, Toulouse, Nancy, Montpellier, Bordeaux, Caen, de M.
Justin Godard ; du Dr Jacobson, du Club Israélite de Paris, de l’Union Universelle de la
Jeunesse Juive, etc…
La séance est levé à 23heures au chant de l’Hymne Palestinien.
Les travaux du congrès devaient se poursuivre le vendredi 13 et dimanche 15 avril. Tous les
débats furent en langue hébraïque.’’
Groupe des Etudiants Sionistes
Le 28 mars 1917, le groupe des Etudiants Sionistes envoie la dépêche suivante au
gouvernement provisoire de Russie ;
‘’Groupement Provisoire, Petrograd
Groupe Etudiants Sioniste, Paris, envoie chaleureuses félicitations peuple russe libre. Espère
voir réparation injustices ancien régime criminel envers peuple juif : octroi droits politiques,
religieux, nationaux
Sosnovik, secrétaire’’.
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Le 1er mars 1919, le groupement des Etudiants Sioniste de Paris a son siège au 80 rue
de Rivoli. Son objet est de répandre parmi la jeunesse studieuse en France l’idée
sioniste. Son conseil d’administration est composé de :
Président :
Jacobson Jacob, Etudiant, Hospice Brévannes (S et O)
Secrétaire :
Fellman Solomon, Etudiant, 2 rue Cujas
Trésorier :
Cherchewsky Jacques, Etudiant, 4 rue d’Orsel.
Le 19 mai 1920 se tient dans la salle des Sociétés Savantes, 7, rue Danton une réunion
organisée par l’Association des Etudiants Sionistes. Lors de cette soirée il y a environ
700 personnes qui y assistent. La séance est ouverte à 20h40 avec un bureau constitué
à l’avance. Marcel Berstein, secrétaire de l’Association, parle des aspirations sionistes.
‘’Nous ne voulons pas seulement représenter une religion, dit-il, mais une nation. Notre place
est là-bas sur la terre de Palestine, puisque les Traités de Versailles et de St-Germain ont
reconnu aux peuples le droit de disposer d’eux-mêmes.
Il déclare ensuite que la Roumanie et la Pologne sont prêtes à violer leurs signatures et que les
Russes ont tout de même massacré les Juifs, malgré que ceux-ci aient payé la dette du sang
dans les rangs français et russes. Il demande de protester auprès de la France pour que la terre
de Palestine leur soit accordée.
Riter déclare que l’Union des Jeunesses républicaines françaises, dont il est le vice-président,
s’associe aux sionistes dans leurs revendications qu’il espère voir aboutir.
Gostin, de l’Union des Etudiants de France, apport le salut sympathique de l’Union aux
Etudiants Sionistes. Il dit qu’il espère qu’après 1.800 ans d’exil, la nation du Sion se reformera
sur les rives du Jourdain.
Le docteur Pasmanik parle des Juifs qui vivent en Russie, en Roumanie et en Pologne. Il flétrit
l’attitude de ces nations qui, oubliant qu’hier encore elles étaient opprimées, ont massacré
162.000 Juifs. Il termine en disant que les peuples pouvant désormais disposer d’eux-mêmes, il
faut que les sionistes se réveillent et aillent s’établir à Jérusalem.
Un pasteur déclare apporter, comme chrétien, son salut au peuple d’Israël.
Il espère que le peuple juif sera lavé, dans l’avenir, des insultes dont l’a accablé Michelet.
Dominique parle de l’émancipation juive qu’il représente comme un droit acquis.
David X. apporte le Salut de l’Arménie indépendante à la nation du Sion naissante.
Ferdinand Buisson, de la Ligue des Droits de l’Homme, s’élève contre les massacres d’israélites
et expose la nécessité qu’il y a pour le peuple juif à vivre indépendant.
Le président donne ensuite lecture de l’ordre du jour suivant qui est adopté à mains levées :
‘’Les citoyens et citoyennes Sionistes, réunis au nombre d’un millier déclarent qu’ils espèrent
que le Gouvernement français, mis au courant des revendications des Sionistes, aidera ces
derniers à faire reconnaître leur indépendance’’.
La Société des Amis des Etudiants juifs
En 1929, un Comité de Bienfaisance se crée en faveur d’une fondation pour des
étudiants Juifs. Le 15 février 1929 s’est constitué la Société des Amis des Etudiants
Juifs dont le Comité comprend un grand nombre de personnalités éminentes aussi
bien de la société israélite parisienne que des milieux immigrés. La présidence
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d’honneur a été confiée à l’animateur de l’œuvre M. le Grand Rabbin Eisenstadt,
auquel la cause des étudiants juifs tient particulièrement à cœur. La Présidence est
assurée par Mme Goldstein, femme de Moïse Goldstein, le célèbre avocat de
Petrograd, établi actuellement à Paris. Parmi les membres du bureau et du Comité
d’Honneur nous trouvons Mmes Viner et Yvonne Netter, MM. Naoum Aronson, A.
Zesredka (de l’Institut Pasteur), la philosophe L. Brunschvicg, G. Glotz, L. Lévy-Bruhl,
J. Hadamard de l’Institut, le Prof. Haffkine, les professeurs Sylvain Lévi, A. Walch, W.
Oualid ensuite Léon Motzkin, H. Sliosberg.
Depuis sa fondation jusqu’au mois de Juillet dernier l’œuvre a dépensé 6000
francs pour une subvention aux restaurants de Grenoble et de Toulouse.
Le Comité des Etudiants Etrangers, présidé par le Prof. Sylvain Lévi,
fonctionne sous la direction de MM. Jacques Bigart et Bénédict. Des allocations sont
accordées à raison de 200 francs par mois pendant l’année scolaire aux étudiants
originaires d’Europe orientale et centrale. En bénéfice non seulement les étudiants de
Paris mais aussi ceux de Toulouse, de Nancy, de Strasbourg et même de Liège.
Œuvre des Orphelins Israélites de la Guerre
Cette œuvre est fondée en octobre 1915 et son siège est situé au 17 rue Saint Georges
dans les bureaux du Consistoire Central.
Son but : Prendre sous sa protection les orphelins israélites de la guerre dont le père
est mort sous les drapeaux au service de la France. Elle se propose suivant l’âge et la
situation de ces orphelins de suivre et de surveiller leur première enfance, de leur
faciliter l’accès des métiers ou des professions qui leur conviennent, de leur fournir le
moyen de poursuivre ou d’entreprendre des études pour lesquelles, ils ont des
dispositions, de remplacer en un mot, dans la mesure du possible et jusqu’à ce qu’ils
soient en état de se suffire à eux-mêmes, l’appui dont ils se trouvent privés.
Elle doit également compléter l’assistance que les lois de la République, ainsi que les
différentes institutions publiques ou privées assurent à ces orphelins.
Son action doit s’étendre sur tout le territoire français, les colonies et les pays du
protectorat. L’œuvre comprend des membres bienfaiteurs dont la cotisation est de
1000 francs au moins, des membres donateurs dont la cotisation minimum est de 500
francs et des membres adhérents payant une cotisation annuelle indéterminée dont le
minimum était de 5 francs.
Cette œuvre est administrée par un Comité de direction composé comme suit :
Président d’honneur : Le Baron Edmond James de Rothschild, né le 19 aout 1845 à
Paris, demeurant 41 rue du Faubourg St-Honoré.
Président : M. Lyon-Cahen Charles Léon, né le 25 décembre 1843 à Paris, membre de
l’Institut professeur à la Faculté de Droit de Paris et à l’Ecole des Sciences politique,
officier de la Légion d’honneur, demeurant 13 rue Soufflot.
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Vices-Présidents : MM. Emile Deutsch (de la Meurthe), industriel, demeurant 54
avenue d’Iéna ; Georges Dreyfus, avocat à la Cour d’Appel, demeurant 37 rue de
Rome ; Paul Oulmont, docteur en médecine, médecin de l’hôpital Beaujon, demeurant
5 rue de Téhéran et Eugène Sée, Préfet honoraire, demeurant 17 place des Etats-Unis.
Secrétaire-Général : M. Feldmann Bernard-Armand, avocat à la Cour d’Appel, né le 12
avril 1855 à Paris, demeurant 146 boulevard Haussmann.
Secrétaire : M. Manuel Albert, né le 25 septembre 1871, à Saint Quentin (Aisne) rabbin,
demeurant 45 Boulevard Beauséjour.
Trésorier : M. Alphonse Ochs, né le 30 janvier 1851 à Paris, ancien négociant, trésorier
de l’association cultuelle israélite de Paris, demeurant 164 rue de Courcelles.
Trésorier-Adjoint : M. Lucien Sauphar, né le 22 novembre 1856, banquier, adjoint au
maire du 9° arrondissement, demeurant 31 rue Octave Feuillet.
L’’œuvre des Orphelins Israélites de la Guerre’’ avait plus de 150 membres bienfaiteurs,
ou donateurs et 900 membres adhérents.
Son fonds de réserve était de 104.800 francs et un placement temporaire de 147.000
francs.
Après la Seconde Guerre Mondiale, cette association est devenue l’O.D.A.S.E.J.
Conférence Universelle Juive de Secours
La Conférence Universelle Juive de Secours est fondée en 1921, son siège se trouve au
10 place Edouard VII. Elle sous-loue ce local au ‘’Comité des délégations juives’’. Cette
association de caractère purement humanitaire a pour but de prêter aide et assistance
aux juifs sinistrés de l’Est de l’Europe, et plus particulièrement aux victimes des
pogroms.
Elle étudie les conditions d’existence des Juifs sinistrés des pays de l’Europe Orientale,
où émigrés de ces pays et recherche les moyens d’améliorer leur état. La Conférence
favorise la création d’œuvres juives de secours dans les différents pays ; elle accorde à
ces œuvres des subsides pécuniaires et leur prête son concours de toute autre manière.
Elle coordonne l’action des sociétés et œuvres juives de secours des différents pays,
sert d’intermédiaire ente elles et centralise leur travail. Elle convoque et organise des
conférences et congrès de représentants des sociétés et œuvres juives de secours et
contribue à l’exécution des résolutions qui sont prises au cours de ces assemblées.
La ‘’Conférence Universelle Juive’’ publie des mémoires, des bulletins et autres éditions
ayant trait à l’action juive de secours ; elle coopère avec des organisations de même
nature, conclut avec elle des accords relatifs à l’accomplissement de telle ou telle tâche
spéciale.
Elle crée des sections dans les diverses villes ou pays, etc… L’Association se compose
de 28 membres fondateurs. Elle est administrée par un Comité Exécutif composé de 5
à 10 personnes désignées par l’Assemblée Générale et comprenant un président, un
secrétaire-général et un trésorier. Les ressources de l’association sont constituées par
les cotisations des membres, dont le minimum est fixé à 10 f par an.
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Le Comité Exécutif se met en rapport avec les autorités, avec les organisations
publiques et les particuliers, défend les droits et les intérêts de l’Association. Il décide
des subsides à allouer aux œuvres de secours juives et, en général, de l’emploi de tous
les fonds de secours se trouvant à la disposition de l’Association. Le Comité Exécutif
de la ‘’Conférence Universelle Juive de Secours’’ est composé comme suit :
- Président Trésorier : M. Motzkin, Léon, né le 6 décembre 1867, à Kieff (Russie), de
nationalité russe, journaliste, demeurant 3 rue du Mont Thabor. Il fut en mission à
Kowno pour le compte de cette organisation.
- Secrétaire Général : M. Jeffroyfin Israël, né le 24 janvier 1884, à Vekehm (Pologne),
rédacteur au Comité des Délégations Juives, demeurant 4, rue Choron.
- Membres : MM.
Bramson Léonty, né le 29 avril 1869, à Kowno (Russie), avocat, ancien député de la
2ème douma, demeurant, 14 bis, rue Raynouard.
Sliosberg, Henry, né le 13 février 1863, à Nur (Russie) ex-avocat au barreau de
Petrograd, demeurant 27 rue Jasmin
Temkin Waldemar, né le 9 mai 1861, à Elisabethgrad (Russie), ingénieur, demeurant 6,
rue Tournefort.
L’Association compte parmi ses membres les grands rabbins et les notabilités
israélites de chaque pays. Les membres du Comité Exécutif sont pour la plupart des
militants sionistes en vue. Ils ne s’occupent pas de politique militante.
Groupe la Culture Juive
Cette association ‘’Groupe la Culture Juive’’ est plus ou moins patronné par
l’Association Ouvrière Juive vers 1920.
Théâtre Juif
Il est impossible de dater la présence d’un théâtre juif à Paris. Pourtant en décembre
1917, le principal organisateur de pièces en yiddish est Rardachnik Israël Noë, dit
‘’Franck Nathan’’, né le 10 octobre 1889 à Nigéne Russie, fils de Favish et Guerstein
Guittel.
Comité de Protection des Emigrants Israélites
Le Comité de Protection des Emigrants Israélites a été fondé en 1920. Son but est
d’apporter une aide morale aux émigrants israélites, soit en effectuant pour ceux qui
traversent la France toutes démarches nécessaires auprès des pouvoirs publics pour
leur faciliter ce passage, soit en procurant à ceux qui désirant ce fixer en France un
permis de séjour, du travail et un logement.
Le Comité se propose de faire une sélection sévère parmi ceux qui solliciteront son
patronage afin d’éliminer tout individu suspect. Il n’accorde son aide matérielle qu’à
de rares exceptions et pour ce motif il ne constitue pas de caisse. Les quelques frais
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occasionnés par les démarches effectuées sont prises en charge par les fondateurs.
Ceux-ci qui appartiennent à l’Alliance Israélite Universelle, ont installé un bureau
dudit comité au siège de cette organisation, 45 rue La Bruyère.
Le Comité de Protection des Emigrants Israélites est un nouveau service de l’Alliance
Israélite Universelle. Ses membres participants sont : MM. Lyon-Caen, de l’Institut ;
Victor Basch, professeur, homme de lettres ; Israël Lévy, Grand Rabbin et le Colonel
Meyer, qui remplit les fonctions de secrétaire.
Le Colonel Meyer Henri, est né le 27 septembre 1859, à Colmar (Alsace). Il est marié.
Depuis plusieurs années, il demeure avenue de Malakoff, 4. Il a commandé pendant la
guerre 14-18 le 11ème régiment d’Artillerie de Campagne. Mis en sursis d’appel sur sa
demande quelques mois avant la fin des hostilités, il a obtenu sa mise à la retraite. IL
est l’ami de M. André Lefèvre, Ministre de la Guerre.
Le 9 décembre 1920, le Comité de Protections des Emigrants Israélites est doté d’un
nouveau local. En effet, le Baron Edmond de Rothschild vient de mettre à la
disposition du Comité l’immeuble situé, 5 rue de la Durance, dans lequel était installé
l’œuvre d’assistance par le travail ‘’L’Atelier’’ présidée par le Baron James de
Rothschild. Le Comité de Protection des Emigrés Israélites, dont le Président est alors
le Colonel Henri Meyer, va transformer les locaux de ‘’L’Atelier’’ en refuge pour
émigrants. Il compte que ce refuge pourra donner asile à deux cents personnes.
Liste des Polonais qui sont signalés pour être en contact avec le Comité de Protection
des Emigrants Israélites :
Ball Chaskell
Dzik Adam
Eisenberg Maurice
Fajwlewicz Mendel
Guiszow Naphtali
: Mann Joseph et sa femme Lise Singer Josué
: Scheinberg Maurice
: Shonim Yehouda Leib
: Sack Gershon
: Schneidermann Maurice avec sa femme
Lisa
Kalmovitsch Salomon
: Tsegel Pinkhos
Korentayer Idel
: Ziberberg Jossel
Levin Aaron
: Wilbuersky Bernard
Ludvikowski Herman et sa femme Sura: Lerman Mordka
Lupsiger Nathan
: Markowicz Samuel et son épouse Ruchla
: Lerer née Ghelbaum.
O.S.E. : L'Oeuvre de Secours aux Enfants.
Fondée en 1912 en Russie, l'Organisation OSE composée en majorité de jeunes
médecins réputés, a pour but d’apporter aux populations juives une protection
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sanitaire. Ces actions sont menées dans un esprit apolitique excluant tout sectarisme.
La révolution russe de 1917 amène certains de ses fondateurs à mettre fin à leurs
fonctions jusqu’à émigrer. Ils recréent dans les pays limitrophes ou non de la Russie
soviétique les mêmes structures pour accueillir les milliers de juifs qui fuient la guerre
civile.
Vers la fin de l’année 1922, des branches locales s'organisent en Bessarabie, en
Pologne et dans les Pays baltes en formation nationale. Il devient alors nécessaire de
centraliser toutes ces activités. Au Congrès de Berlin en 1923, il est alors décidé de
créer une Fédération des Sociétés Nationales qui portera le nom OSE (Œuvre de
Secours aux Enfants). Son premier Président est le Professeur Albert Einstein.
Avec l'avènement du National Socialisme, le bureau de Berlin, soumis à des
brimades et à des interdictions, décide les membres de l'organisation à transférer en
1933 leurs activités à Paris. Le Secrétariat Général de l'Union OSE, L. Gurvic, poursuit
cette mission en fondant l'OSE-France, pour apporter une aide aux nouveaux réfugiés.
Sa tâche est de collecter des dons pour faire face aux demandes.
Pendant la période 1940-1942, les nouvelles orientations de l'OSE se précisent
comme suit:
- Assistance médico-sociale aux enfants et aux adultes.
- Assistance aux réfugiés apatrides internés dans les camps
- Sauvetage de l'enfance
- Entraide médicale.
Foyer Ouvrier Juif
Rue Béranger Paris3ème
Cette Association Sioniste est fondée en 1925. Elle s’occupe de plusieurs activités
culturelles, entretient des maisons d’enfants et des colonies de vacances. Elle organise
des patronages et possède une bibliothèque. Elle publie: ‚’Arbeiter Wort’’ en yiddish.
Foyer des Israélites Réfugiés
Fondée en 1926 à Berlin, l’œuvre du Foyer des Israélites Réfugiés a été transférée en
France le 10 aout 1934. Elle a pour but de protéger et assister les Israélites Réfugiés en
France ainsi que leurs familles et dispose pour ses activités :
d’une cantine
d’un Asile de Vieillards
Et d’un vestiaire
Comité des ouvriers juifs pour aider les éprouvés juifs de la guerre de
Russie.
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Cette Association est fondée en octobre 1915 par un groupe d’ouvriers juifs
appartenant pour la plupart à la ‘’Section Parisienne du Parti Socialiste Révolutionnaire’’ ;
le ‘’Bound’’. Son siège est domicilié au début au ‘’Café Robert’’, 2 rue de la Verrerie puis
passera au 16 rue Fernand Duval. Le Comité est administré par un Conseil composé
de quatre membres :
Picard Charles, de nationalité française, demeurant 3 rue St Blaise, Président
Korufeld, Bouroueh, sujet russe, demeurant 40 rue St Paul, Secrétaire
Mme Fraenkel, née Borovski, Anna, de nationalité française, demeurant 21 rue Pierre
Nicole Trésorière
M. Schpringer, Isser, dit ‘’Spriager’’, sujet russe demeurant 21 rue Charles V, Caissier.
Ses buts sont : de remédier aux calamités de la guerre qui atteignent spécialement les
Juifs résidant en Russie, à la suite de leur évacuation de leurs demeures habituelles.
Peuvent être membres actifs, moyennant une cotisation de un franc par mois, tous les
travailleurs appartenant aux pays alliés, sans distinction de religion ou d’opinions
politiques.
Pour atteindre ses buts, la société a décidé d’organiser des conférences, des
causeries, des fêtes et d’employer tous les moyens légaux propres à alimenter son
fonds de solidarité. En février 1916, ce Comité organise, au bénéfice de sa caisse, en la
Salle Lancry, une série de représentations théâtrales dont la première eut lieu le 18
février 1916. Le Comité suggère que dès que la Société sera en possession de 500
francs, elle devra la faire parvenir à une personne désignée par le Conseil
d’administration, afin de venir promptement en aide à ceux que la société désire
secourir. Malgré l’urgence de demande de secours, la société préfère adresser le
bénéfice de la représentation du 19 mars 1916 au paiement du loyer arriéré des locaux
du ‘’Bund’’, 16 rue Ferdinand Duval.
Association juive des anciens élèves de l’orphelinat de Rothschild
Cette association est une amicale et une mutuelle. Son siège est situé au 7 rue de
Lamblardie. Ses statuts sont modifiés le 24 avril et 24 octobre 1920.
Son bureau est représenté par :
Président Albert Manuel
Vice-Président Marcel Sach
Secrétaire Jules Jean
Trésorier Cécile Loeb.
Société Amicale de la Maison de Refuge pour l’Enfance.
Maison Israélite de Refuge pour l’Enfance
En 1892, les Membres du Conseil d’Administration de la Maison Israélite de Refuge
pour l’Enfance à Neuilly sur Seine demande la reconnaissance d’Utilité Publique de
cette Maison , fondée en 1862, Bld de la Saussaie.
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En 1908, une association est fondée selon la loi de 1901 et de 1905 et à son siège au
19 bld de la Saussaye. Sa présidente est Mme Georges Leven,
La Vice Président : Mme Ignace Kahn
La Secrétaire : Mme Paul Crémieux
La Secrétaire adjointe : Mme Fanny Harbleiche
La Trésorière : Mme Jo Cahen
Membres : Mmes Bruhl, Henriette Schuman et Rachel Baur.
Mme Rachel Baur, née Weill, le 10 octobre 1869, à Versailles de Emmanuel et de
Dreyfus Adèle, de nationalité française, de confession israélite, est mariée à
Charles Baur, né en 1869. Ils habitent au 15 rue d’Eylau à Paris.
Les Enfants de Japhet
La Société de Secours mutuels et de bienfaisance ‘’Les Enfants de Japhet’’ est constituée
le 1er mai 1851.
Son siège est domicilié 21 rue du Château d’Eau. Les membres se réunissent dans la
salle de la ‘’Fédération des commerçants détaillants de France’’.
Président : Maurice Bader
Vices Présidents : Emile Weil, Jacques Dreyfus et Arthur Selz
Trésorier : Edmond Sittenfeld
Secrétaire Général : Maurice Bloch
Secrétaire Général Adjoint : Joseph Besso
Membres du Conseil d’Administration : René Blum, Raoul Caen, Henri Gentzburger,
Albert Klein, Albert Lévy, Charles Lévy, Edmond Ullmo, Gaston Ullmo, Albert Weill,
Lévy Albert Weill.
Société de Secours aux Volontaires Juifs de Paris.
Société dont le siège se trouve au 16 rue des Cloys, à l’Asile de Jour, fondée en février
1915.
Elle a pour but de venir en aide aux engagés volontaires juifs dans l’Armée française
pendant leur présence sous les drapeaux.
Président : Léon Goldberg
Vice Président : Moïse Kanner et Moïse Kerbaume.
Trésorier : Honon Nachba
Secrétaire : David David
Secrétaire adjoint : Noeh Sender
Contrôleurs : David Barsky, Anghel Rottenberg
La Fraternelle Israélite du 11ème
Cette Société est fondée en 1923 et le siège se trouve au 92 rue Claude Decaen.
Son président est Benjamin Abramovitch.
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Elle a pour but de payer une indemnité d’incapacité de travail à ses membres malades
et plus spécialement de pourvoir à leurs funérailles.
Elle est adhérente à la Fédération des Sociétés Juives de France.
Son trésorier est Moïse Lifermann
Et son secrétaire : Alexander Willig.
La Fraternité des Ouvriers Travailleurs Modernes
Son siège est domicilié au 23 rue du Poitou
Elle est déclarée le 15 mars 1890 à la Préfecture de Police de Paris sous la forme de
Société Israélite de Secours Mutuels. Son président est Elie Korobelnik.
Les Vices Présidents sont : Jules Winter et Charles Fadt
Le trésorier : Robert Laufer
Et le Président Sanitaire : Haïm Katz
L’Etoile de France
C’est une association Sportive Juive, domiciliée au 15 rue Béranger.
Association Zadock Kahn
Fondée en 1906, cette association, créée en mémoire du Grand Rabbin Zadock Kahn,
accorde des bourses aux étudiants ayant donné la preuve de leur aptitudes
exceptionnelles et des pensions aux veuves et orphelins israélites qui sont distingués
par leur travaux.
Association des Juifs Polonais en France
Fondée en 1937, cette association se propose d’unir et de soutenir les juifs polonais
établis en France. Elle met à leur disposition les services suivants :
Conseil juridique, assistance sociale, entr’aide médicale, aide aux enfants.
Association parisienne des anciens de Zémyrock.
Zémyrock est un petit village polonais où est né le père d’André Schwartz-Bart. Au
plus grand temps fort de cette association, il y avait vingt sept membres !!!
Agoudah, Société Juive
Cette société est fondée en octobre 1915.
Les Amis de l’Humanité et de l’Union
Association dont le siége est domicilié au 10 rue Béranger.
Paradis, Association Juive
Association dont le siège est situé au 10 Place de la Bastille
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Association Juive ‘’Enfants d’Isaac’’
Association dont le siège est au 5 avenue de la République.
Société de Secours Netzah Israël
Société fondée en 1934.
Amicale d’Odessa Société de Secours Mutuels
Fondée en 1914, cette amicale a pour but de consolider la solidarité entre ses
membres au plan social et culturel, d’entretenir éventuellement un oratoire et surtout
assurer les derniers devoirs et les sépultures.
Société juive de prêt gratuit
Cette société est fondée en octobre 1931.
Union des Polonais en France
L’Association est fondée en 1940, le siège est situé au 20 bld Magenta.
Salut Public Israélites
Cette Association est fondée en 1933, son siège est domicilié au 16 rue Louis Bonnet.
Cercle Amical
Cette Société de Secours Mutuels ; le Cercle Amical est créé en 1928.
Les buts de ce Cercle sont la prise en charge des secteurs mutualistes, culturels,
sociaux, éducatif et du troisième âge.
Amitié
Association fondée en 1934, elle organise des réunions et des conférences sur la
question juive.
Association des Espérantistes Juifs
Cette association est fondée en 1934 pour traduire en espéranto les littératures Yiddish
et hébraïques. Elle permet les réunions espérantistes et organise des cours et des
traductions d’ouvrages.
Le fondateur de l’Espéranto est Louis Lazare Zamenhof. Après des études médicales,
il obtient son diplôme et choisit comme spécialité l'ophtalmologie qu'il va étudier à
Vienne (Autriche). L.L. Zamenhof cherche dans différentes grandes villes d'Europe
orientale à se créer une clientèle suffisante pour subsister. Zamenhof parle trois
langues avec aisance: le russe, le polonais et l'allemand. Il en lit couramment trois
autres: le latin, l'hébreu et le français - sans parler du Yiddish pour lequel il élabore
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une grammaire complète. Quant au grec, à l'anglais, à l'italien et à quelques autres
langues, il en a seulement quelques connaissances. Rêvant alors d'une langue
nouvelle, il termine son élaboration pendant les vacances de 1878. Il lui donne le nom
de ‘’Lingwe Uniwersala'' avec une grammaire, un dictionnaire, quelques traductions et
même des poèmes originaux. Ce que le ‘’lycéen’’ croit définitif n’est en fait que la
première étape de ce qui va devenir l'Espéranto.
C’est sous le pseudonyme de
''D-ro Espéranto'', que Zamenhof, avec la dot de sa femme, lance dans les années 18881889 toute une série de livres en espéranto. Le coût de ces publications successives le
ruine complètement et c'est à partir de 1905 que la propagande espérantiste dépend
financièrement des premiers adeptes. Parmi eux, on compte l’ophtalmologiste Emile
Javal.
En juillet 1906, un congrès espérantiste se tient à Fontainebleau, sans doute
pour préparer le 2ème Congrès Universel qui doit se dérouler du 27 août au 5
septembre 1906 à Genève. Lors de ce congrès espérantiste à Fontainebleau/Avon, les
participants sont invités à un repas donné à l'Hôtel des Cascades, le dimanche 1er
juillet 1906. Le menu est rédigé en espéranto. A Genève, Lazare Zamenhof et Emile
Javal logent dans le même hôtel sur les bords du Lac Léman. En effet, Javal et
Zamenhof sont de véritables amis. Javal après le Congrès de Boulogne-sur-Mer en
1903 facilite financièrement la fondation de l'Office Central de l'Espéranto. Usant de
sa grande influence, Emile Javal entreprend des démarches pour favoriser les progrès
officiels de la langue. C'est encore lui qui agit le plus efficacement pour que Zamenhof
puisse recevoir la Légion d'honneur.
L’Univers Israélite de 1929 publia un article sur le Sionisme et l’Espéranto qui dit
en substance : ‘’Le dix-huitième Congrès de l’Espéranto vient d’avoir lieu à Edimbourg. Le
Dr Emanuel Olsvanger, représentant de l’Organisation Sioniste, a parlé sur le nationalisme et
son idéal, comme faisant partie du mouvement international. Il a annoncé la traduction de la
Bible en Espéranto et a exprimé le désir que le prochain Congrès d’Espéranto ait lieu à
Jérusalem. Cette déclaration a provoqué un grand enthousiasme de la part des membres du
Congrès. Le Bureau Central du Keren Hayesod a publié, à l’occasion du Congrès, une brochure
spéciale en Espéranto, sous le titre ‘’ Novaj Homo, Novaj Vojoj’’ (Nouveaux Hommes,
Nouveaux Chemins) qui a été distribuée parmi les délégués’’.
L’Union des Libres Penseurs d’origine Juive
L’Union des Libres Penseurs d’origine juive est fondée à Paris en 1900 avec le
concours des principaux membres de la Ligue Anticléricale de France, notamment :
Ulysse Baudrit, Secrétaire Général de la Ligue, demeurant, 3 avenue de Strasbourg à
Noisy-le-Sec, Jacques Prollo et Charles Malato, publicistes.
Ce groupe a pour but de protester contre la cérémonie juive du Grand Pardon
ou Yom Kippour et propager les idées de libre-pensée. Il n’a jamais fonctionné
régulièrement et, en réalité n’a manifesté sa vitalité que pour l’organisation des
banquets de protestation qui eurent lieu le 2 octobre 1900 et 1er octobre 1903.
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Au début de sa fondation, il a participé à l’organisation de conférences
anticléricales tenues sous les auspices de la Ligue Anticléricale de France. A cette
époque, Armand Klotz, imprimeur, 16 rue Popincourt, en était l’orateur. Or, il ne
s’occupait plus de politique militante. L’Union des Libres Penseurs d’origine juive ne
se composait vers 1903 que de quelques membres dont les principaux sont :
- Paul Cohen, secrétaire, 33 rue des Francs-Bourgeois
- Jules Bernard, 60 rue St André des Arts, secrétaire de la Pensée Libre du 6ème arrond.
- Mardochée Brunschwich dit Montehus, chanteur populaire.
Le Banquet de protestation contre le jeune de Kippour, en date du 2 octobre 1903, est
présidé par Alfred Naquet. Celui-ci a à ses cotés l’anarchiste Malato et Paul de
Bellegarde s’est excusé.
Georges Montehus (Gaston Mardochée Brunswick) comme Aristide Bruan, fit le
renom du Caf-Conc. Chantre de la Butte Montmartre et de Montparnasse, il affiche
des opinions anarchistes, pacifistes et anti-cléricales qu’il introduit dans ses chansons.
En effet, auteur compositeur interprète, il a laissé une oeuvre importante dont : ‘’La
Grêve’’, ‘’La Jeune Garde’’, ‘’L’Appel aux Soldats du 17’’, etc.... En 1914, Montehus tombe
dans un patriotisme exalté. Avec lui s’achève une époque du spectacle, la génération
du Music-hall prend le pas sur lui.
Société d’Histoire de la Médecine Hébraïque
Société fondée en 1936, elle a pour but de faire connaître la contribution des médecins
juifs et d’entreprendre toutes les recherches scientifiques et historiques sur la
Médecine hébraïque. Elle organise des conférences au cours desquelles des
communications sont faites par des spécialistes d’histoire de la Médecine. Le Dr
Henri Baruch en fut longtemps la figure emblématique.
Alliance Israélite Universelle
L'idée de fonder une organisation internationale pour sauver les Juifs persécutés à
travers le Monde fit son apparition très tôt dans les cercles libéraux. L'un des
rédacteurs des « A r c h i v e s Israélites», Godchaux Baruch Weil, alias Ben Levi,
proposa dès 1845, quelques années après l'affaire de Damas, de constituer une
société mondiale pour la défense des droits des juifs. Les personnalités juives qui
furent pressenties pour cette grande oeuvre étaient alors: Adolphe Crémieux,
Achille Fould, Max Théodore Cerfbeer, Adolphe Franck, Philippe Anspach et
Joseph Salvador, mais la société juive française n'était pas encore mûre pour cette
grande réalisation.
Pourtant, Jules Carvallo reprit en 1851 les suggestions de Ben-Levy et d'Isidore
Cahen et voulut réunir à Paris une grande assemblée des délégués de toutes
les Communautés qui aurait pour mission de défendre les juifs à l'échelle
48
internationale. Or que peut faire une voix isolée prêchant dans le désert? Sept ans
plus tard l'affaire Mortara allait précipiter le mouvement.
Edgar Mortara était un jeune juif dont la famille habitait Bologne (Italie) et qui fut
baptisé en secret par une servante chrétienne. Cette femme avant fait part de son acte
à son entourage, le Saint-Siège décida que l'enfant devait être élevé dorénavant
dans la religion catholique et le fit arracher à ses parents. Cette affaire
provoqua la stupeur, l'émotion et l'indignation dans le monde juif et dans tous les
milieux libéraux. Des démarches furent entreprises pour obtenir la restitution de
l'enfant à ses parents. Pie IX se montra intraitable prétextant que l'enfant voulait
devenir prêtre et une campagne antisémite fut menée tambour battant par
"L'Univers" de Veuillot, porte-parole des catholiques intransigeants. Les
Consistoires Israélites temporisèrent en conseillant la prudence mais Isidore
Cahen et Jules Carvallo réagirent en démontrant qu'il était temps de serrer les
rangs pour résister.
Le 17 mai 1860, une quinzaine de personnes conscientes qu'il fallait mener une
action constante et énergique pour défendre la liberté au nom des Droits de
l'Homme, se réunirent au domicile de Charles Netter. Ils y jetèrent les bases
d'une société internationale et désignèrent un comité provisoire pour l'organiser:
l'Alliance Israélite Universelle était née. Les Comités de l'Alliance Israélite
Universelle s'étendirent jusqu'en Chine. Les principaux fondateurs de l'A.I.U.
étaient: Charles Netter, Narcisse Leven, Isidore Cahen, Eugène Manuel, Aristide
Astruc et Jules Carvallo, les objectifs de cette nouvelle association furent fixés dans
les statuts:
1) travailler partout pour l'émancipation et aux progrès moraux des Israélites 2)
prêter un appui efficace à ceux qui souffrent pour leur qualité d'Israélite 3)
encourager toute publication propre pour amener ces résultats.
Il s'agissait de défendre les juifs sur le plan politique et social mais aussi de
répandre les bienfaits de la société libérale et des idées françaises par l'école,
par le journal et par le livre. L'Alliance Israélite Universelle créa un réseau d'écoles
juives à travers le monde; Maroc, Turquie, Moyen-Orient, etc et pour pouvoir
former des maîtres qui puissent enseigner dans toutes ces écoles, l'Alliance
Israélite Universelle jeta les bases à Paris en 1867 de l'Ecole Normale Israélite
Orientale. Charles Netter organisa également en Palestine la première ferme-école:
Mikvé Israël.
Parmi les personnalités qui sortiront de ces écoles, il faut compter : M. Navon, Nissim
Behar et sa sœur, Simy Danon, etc…
49
La Ligue Internationale contre le Racisme et l’antisémitisme
Ligue fondée en 1927, à l’initiative de Bernard Lecache, Henri Torrès et Joseph Kessel,
pour lutter contre l’antisémitisme, la LICA prend quelques années plus tard le nom de
LICRA ; Ligue contre le Racisme et l’Antisémitisme.
Union Juive
‘’L’Union Juive’’ est fondée en 1916. Le responsable est le Rabbin Kahn Heyman, 16 rue
Sedaine. Le trésorier est alors Isaac Blanstein, 27 Bld de Brévannes à Brévannes (S et
O).
Sous ce nom a été fondé un comité provisoire dont le but est de réunir des délégués
ou représentants de toutes les associations juives de Paris ainsi que toutes les
personnalités qui s’intéressent aux questions juives. A ce propos, il est lancé l’appel
suivant :
‘’Frères !
Vous savez combien notre peuple a supporté depuis qu’il a été chassé de son antique patrie,
combien son martyr bi-millénaire a été douloureux, notre histoire le raconte, mais la crise qu’il
traverse maintenant, ce que nos frères endurent à présent dans certains pays ne peut plus être
dépassé.
Dans cette horrible catastrophe mondiale où sont englobées dans une lutte à mort des nations
grandes et petites, pour leur indépendance ou pour ce qu’elles croient être leur bon droit, le
peuple juif est entraîné lui aussi dans sa grande majorité et verse son sang pour l’intérêt de
tous.
En égard de son sacrifice immense, le peuple juif n’a-t-il pas le droit à une amélioration de son
sort malheureux, partout, de même qu’à la réalisation de son idéal national propre ?
Au moment où viendra le Congrès de la Paix qui réunira les représentants de toutes les
nations en guerre, le peuple juif a le droit d’être représenté lui aussi et pour que ses délégués
puissent vraiment parler en son nom, il faut que celui ci leur donne plein pouvoir.
En vue de ce but, il se tiendra aux Etats-Unis un Congrès du Peuple Juif. Il est indispensable
pour l’intérêt général des Juifs que la Communauté Juive de Paris prenne part à cet important
Congrès.
Nous faisons donc appel à toutes les associations juives de Paris sans distinction, de s’unir
dans un travail d’intérêt général juif en prenant part à ce Congrès.
La réunion aura lieu Samedi le 12 février (1916) à 8 heures précises.
10 rue de Lancry, 10
Plusieurs orateurs prendront la parole.
Le Comité’’.
L’Union Universelle Juive
Selon la lettre des Renseignements Généraux au Préfet de Police de Paris sur les
agissements de l’Union Universelle Juive en date de septembre 1926, il est aisé de
comprendre les buts de cette association :
50
‘’Le 14 septembre courant, dans la matinée, une vingtaine de personnes appartenant toutes, à
différents titres, au Comité directeur de la société dite ‘’Union Universelle Juive’’, dont le siège
en France est à Paris, 83 avenue de la Grande Armée, se sont réunies dans un salon de l’Hôtel
Majestic, 19 avenue Kléber.
On n’a pu connaître l’ordre du jour de cette réunion, mais on sait qu’elle a été motivée par les
décisions qu’ont prises les grandes commissions de la Société des Nations à Genève en ce qui
concerne les minorités : M. Jacobson, Victor, délégué officiel de la S.D.N. comme représentant
de l’organisation sioniste, y a fait un compte rendu des débats de Genève.
L’ ’’Union Universelle Juive’’ a des bureaux dans toutes les grandes capitales. Elle est en
opposition avec d’autres sociétés juives au sujet du développement des colonies sionistes de
Palestine et ses dirigeants eux-mêmes sont divisés sur les questions nationales et
internationales juives. Certains feraient grandes réserves quant à la propagande à exercer dans
les pays européens, notamment en France, en Allemagne et en Russie. Ils considèrent qu’en
France surtout, en raison de l’hospitalité et des libertés accordées aux juifs, les sionistes
doivent agir avec circonspection afin d’éviter tout conflit avec le Gouvernement français qui
pourrait prendre ombrage de l’activité des éléments israélites à combattre le nationalisme de
leurs coreligionnaires naturalisés français. D’autres sont partisans de l’internationale juive,
même au détriment du pays qui les accueille et combattent le nationalisme sous toutes ses
formes.
Cinq membres du Comité Directeur de l’’’Union Universelle Juive’’, qui ont assisté à la
réunion du 14 septembre, ont pu être identifiés ; ce sont : MM. Zlatopolsky, Jacobson,
Eisenstadt, Naidicht et Motzkin.
M. Zlatopolsky, Hillel, né le 12 juillet 1868, à Ekaterinoslaw (Russie), de nationalité russe,
marié, père de famille, est domicilié, 84 avenue de la Muette.
Chevalier de la Légion d’Honneur depuis 1924, au titre d’étranger (Industriel), il est
administrateur délégué de l’’’Omnium d’Industries Sucrières et Agricoles’’, dont les bureaux
son situés à Paris, 63 bd Haussmann. Il est à la tête d’une grosse fortune.
M. Zlatopolsky est partisan d’une neutralité bienveillante de l’élément israélite à l’égard de la
France et de l’assimilation du Juif au sein d’une patrie librement choisie.
M. Jacobson, Victor, né le 24 septembre 1869, à Simféropol (Russie), de nationalité russe.
Marié, père de famille, il habite à Epinay-sur-Seine, 12 avenue Gallieni. Fervent sioniste, il
contribue au développement de l’organisation du sionisme en Palestine. C’est un ami de M.
Zlatopolski.
M. Eisenstadt, Mowska (Moïse), né le 20 février 1870, à Neswiz (Russie). Marié, il habite avec
sa famille, 99 rue de Rome. Docteur en philosophie, ancien grand rabbin du Gouvernement de
Petrograd, il s’intéresse sans relâche à ses coreligionnaires et est considéré comme le conseil
religieux de l’’Union Universelle Juive’’.
51
Il fait une active propagande en faveur du rachat des terres dites ‘’d’Israël en Palestine’’.
Toutefois, il admet, lui aussi, l’assimilation du juif en France par respect des libertés de
conscience. Il est opposé à l’Internationale juive qu’il juge néfaste à sa race.
M. Eisenstadt est très lié avec le grand rabbin de France, M. Lévy.
M. Naiditch, Isaac, né le 26 novembre 1864, à Puisk (Russie), marié, père de famille, demeure
30 avenue Marceau.
Administrateur de la ‘’Société d’Industries Agricoles’’, 29 rue Tronchet, il possède une très
grosse fortune. M. Naiditch suit avec sa famille les offices religieux et s’en tient strictement
aux rites israélites. C’est un partisan de l’Internationale juive. IL reçoit, en dehors de certains
journaux financiers, toutes les revues juives.
M. Motzkin, Léon, dit Léo, né le 6 décembre 1867 à Kieff (Russie), de nationalité russe, marié,
père de famille, il a fait élection de domicile au siège de l’Union Universelle Juive, 83 avenue de
la Grande Armée, mais il n’y demeure pas.
M. Motzkin a presque toujours résidé à Berlin. Intelligent et très documenté, il a un grand
ascendant sur ses coreligionnaires. Il poursuit l’expansion internationale de la puissance juive
dans toutes les branches de l’activité. Ennemi acharné de l’assimilation du juif, notamment en
France où selon sa parole, ‘’l’israélite s’amollit et devient patriote’’, il combat sans merci ceux
qui proclament la nécessité de la reconnaissance juive à l’égard de la France.
Asile de Nuit et Asile de Jour
Association philanthropique fondée en 1900 par le Rabbin Lubetski et Moïse Fleischer.
Reconnu d’utilité publique le 2 décembre 1914, l’Asile héberge des familles sans gîte et
leur sert des repas chaud à titre gratuit. En 1923, il y a du nouveau dans la
Communauté de Paris; en effet on y voit la fusion de l'Asile de Nuit et de l'Asile de
Jour. Ces deux sociétés philanthropiques, la première déjà âgée de plusieurs années et
la seconde jeune encore, qui ont rendu de signalés services aux déshérités de la
fortune en général et aux malheureux émigrants en particulier viennent de fusionner
en une seule société qui portera désormais les noms réunis des institutions associées.
M. Arcous, le distingué et actif président de l'Asile de nuit continuera à présider la
nouvelle association. A l'Assemblée extraordinaire qui a eu lieu à cet effet, M. le
Grand Rabbin Israël Levy a rendu hommage à l’œuvre éminemment humanitaire
accomplie par l'Asile de Jour. Il a fait également l'éloge du Comité de cette institution
et particulièrement de son président M. Meèroff, qui se sont consacrés à leur oeuvre
avec un dévouement vraiment remarquable.
Le Café Méphisto
C’est dans ce Café du Boulevard St Germain que se tenaient, à partir de juin 1933, les
lundis du Schutzverband Deutsche Schrifsteller (Association de défense des écrivains
allemands). La plupart des membres de cette association étaient juifs. Lors de ces
réunions du Lundi de nombreux orateurs intervinrent notamment : Rudolf Léonhard
52
(1885-1953), Heinrich Mann (1871-1970), Klaus Mann (1906-1949), Arnold Zweig
(1887-1948), Alfred Kantorowicz (1899-1979)…
Union Populaire Juive
Cet organisme est affilié au Labour Zionist Committee de New York. Outre ces
nombreuses activités culturelles et sociales, il gère des jardins d’enfants, des maisons
d’enfants et des colonies de vacances (Bellevue et Montmorency), un atelier-école et
accueille des réfugiés d’Europe Orientale.
L’Union Populaire Juive a ouvert un restaurant populaire au 7 rue des Rosiers ainsi
qu’un restaurant pour les écrivains juifs au 9 rue Guy Patin. Elle met à la disposition
de ses membres une bibliothèque et une salle de lecture au 7 rue des Rosiers. Pour les
femmes, elle a créé une division ‘’Femmes Pionnières’’ et ‘’Dos Yiddishce Winkl’’.
L’Union publie ‘’Cahiers Populaires’’.
L’Union Populaire Juive a longtemps été présidée par Marc Jarblum.
Parmi les autres sociétés Yiddishisantes, il faut rappeler Société d’Asile de Jour
Juif, Les enfants de Cracovie, La Société de Secours Mutuels Netzah Israël fondée en
1934, Amicale d’Odessa Société de Secours Mutuels fondée en 1914, Union Patriotique
des Français Israélite, Œuvre Israélite d’Assistance aux Victimes de Guerre, etc….
La Culture Juive
Deutsch Freihetitsbibliothek. (La Bibliothèque allemande de la Liberté)
Créée en 1934
Congrès Mondial pour la défense de la Culture Juive.
Le premier Congrès Mondial pour la défense de la Culture Juive se tient le 15
septembre 1937 à la Salle Wagram. Les buts de la création de ce Congrès étaient la
promotion de la Culture Yiddish, fondée sur la langue Yiddish, grâce à des réseaux
répandus dans le monder entier. La lutte contre le fascisme est évidemment à l’ordre
du jour. Le bureau exécutif comprend un grand nombre d’intellectuels, d’avocats, des
journalistes et des artistes. En 1938, le Yiddisher Kultur Ferband (Union Culture Juive)
est créé à la Mémoire de Shalom Aleichem.
53
Société ‘’Mévassereth Zion’’.
Les Amis de Nordau
54
Les Amis de Marmorek
Le Romantisme de la littérature yiddish
Léon Tolstoï - comte Lev Nikolaïevitch Tolstoï ,est né le 28 août (selon le
calendrier Julien)/9 septembre 1828 à Iasnaïa Poliana en Russie et meurt le 7
novembre 1910 à Astapovo. Il est l’un des écrivains majeurs de la littérature russe
surtout pour ses romans et ses nouvelle. L’une de ses œuvres principales est ‘’Guerre
et Paix’’ ou ‘’Anna Karénine’’. A la fin de sa vie, il devient une sorte de maître à penser
prônant une vie simple et morale et combattant les institutions oppressives et les
formes de violence : il a eu de ce fait une grande influence sur le mouvement
révolutionnaire russe, sur la population juive ou d’autres personnalités comme le
Mahatma Gandhi, etc…. Malgré une inclinaison pour l’écriture, il n’arrive pas à se
convaincre que son destin est celui d’un écrivain. Lors de la Guerre de Crimée, il
rejoignit son régiment en Bessarabie et participa à la Bataille de Sébastopol. Il écrivit
alors trois récits, Sébastopol en décembre 1854, Mai et août 1855. Ces textes furent
traduits en français à la demande d' Alexandre II . Il fut ensuite envoyé comme
courrier à Saint-Petersbourg où Ivan Tourguéniev l’invita. Léon Tolstoï put
fréquenter grâce à lui les cercles des écrivains cotés de l'époque mais il préféra se
retirer à Iasnaïa Poliana pour vivre plus paisiblement, tout en formulant le souhait
de fonder un foyer. L'abolition du servage édictée par Alexandre II, le 19 février
1861, exhalta Tolstoï. . Il exerça alors la fonction d'arbitre de paix, chargé de régler les
contentieux entre propriétaires fonciers et les serfs dans le district de Krapivna.
Tolstoï rejette l'Etat et l’Eglise, sa pensée se rapproche d’un certain nihilisme fondé
sur une morale personnelle et d’un anarchisme chrétien. C’est en 1879 que Léon,
Tolstoï se convertit au christianisme bien que très critique à ‘égard de l’Eglise
orthodoxe. Son christianisme reste empreint de rationalisme. À la fin de sa vie,
Tolstoï part en vagabond, attrape froid et meurt d'une pneumonie dans la solitude, à
la gare d'Astapovo, loin de sa propriété de Iasnaïa Poliana et de sa famille.
55
Espérantiste convaincu, Tolstoï fait savoir qu'il est favorable à l'esperanto,
langue internationale. Il adopte aussi le régime végétarien en 1885. Il préconise le
« pacifisme végétarien » et prône le respect de la vie sous toutes ses formes même les
plus insignifiantes. Il souhaite aussi libérer l’individu de l’esclavage physique mais
aussi mental. En 1856, il donne ses terres aux serfs, mais ceux-ci refusent en pensant
qu’il va les escroquer.
Cholem Aleikhem
‘’Ici gît un Juif ordinaire
Il écrit pour les femmes en judéo-allemand
il fut connu des simples gens
Comme humoriste littéraire
Il riait de la vie entière
Se moquait de tout, chassant le souci
Le monde prospérait autour de lui
Lui-même hélas était dans la misère
Lorsque le public, comme un fait exprès,
Riait, applaudissait, se réjouissait,
Malade, il souffrait si fort, Dieu le sait,
Gardant sa souffrance comme un secret.
Epitaphe sur la tombe de Chalom Aleikhem.
Le grand romancier yddish Cholem Aleikhem est né à Preyaslav, en Ukraine,
le 2 mars 1859. De son vrai nom Cholem Rabinovitch, il passe les premières années
de sa vie dans un petit village du gouvernement de Poltava du nom de Voronkovo.
Son père appartenait aux privilégiés de la ville et on le considérait comme un homme
riche. Sa mère tenait boutique. La famille était nombreuse et les enfants très
rapprochés. Les habitants de Voronkovo vivaient selon les coutumes ancestrales d’un
sttel juif. La première éducation de Cholem Aleikhem fut religieuse. C’est à l’école
confessionnelle qu’il reçut son instruction primaire. Or les insouciantes années
d’enfance de Cholem passèrent rapidement. Son père perdit sa fortune. Ses affaires
allèrent mal, et il fut obligé de chercher ailleurs où s’installer. La famille quitta alors
le village de Voronkovo et retourna à Preyaslav. Nahum Rabinovitch, le père de
l’écrivain, y ouvrit une auberge. Tout ce qui restait des bijoux de famille fut engagé
chez un usurier. La misère fit son apparition au seuil de la maison de Cholem
Aleikhem. Le choléra frappa encore la famille en lui enlevant sa mère. Chalom fut
alors obligé d’aider son père à l’auberge. Or, l’éducation de Chalom était un souci
pour son père. Celui-ci n’était pas étranger aux connaissances laïques. De plus, il
avait été touché par les nouveaux courants rationalistes ; le siècle de ‘’Lumières’’
connu sous le nom de ‘’Hashkala’’. Toute la littérature didactique et philosophique
venait de voir le jour en hébreu, et le père du futur écrivain en était un fervent
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lecteur. Les nouveaux vents qui soufflaient sur la Russie entraînaient aussi dans leur
mouvement les milieux juifs. Les murs qui jusqu’alors séparaient le village juif du
monde extérieur s’ébranlaient et des hommes nouveaux de plus en plus nombreux
sortaient à la surface de la vie. Nahum Rabinovitch envoya son fils Chalom à l’école
du district, qui était un établissement scolaire d’Etat au chef-lieu de la région. Cet
enfant était un garçon capable et qui désirait apprendre ; aussi lui aussi se précipita-til sur les nouveaux livres. Après ses études, en 1876, Chalom chercha un gagne-pain,
il s’engagea comme précepteur dans la maison de son futur beau-père Loïev, un
riche administrateur des biens seigneuriaux. Après trois ans de bons et loyaux
services il fut chassé de ce ‘’jardin d’Eden’’. Il décida donc de tenter sa chance à Kiev.
Cette capitale attirait la jeunesse à cause de l’atmosphère cultivée qui y régnait.
Cependant Chalom Rabinovitch était juif et la ville lui était interdite. Finalement
après mille péripéties, il accepta un poste de rabbin d’Etat à Louben dans le
gouvernement de Poltava. En 1883, il épousa son ancienne élève Olga Loïev et le
jeune couple s’installa à Biélotserkov. C’est à cette époque qu’il commença son
activité littéraire en adoptant le patronyme de : ‘’Chalom Aleikhem’’ (La Paix sur
tous). En 1885, après la mort de son beau-père il hérita une grosse fortune. Il se
transporta aussitôt à Kiev, mena grand train et perdit tout son bien. En 1891, après
avoir voyagé en Europe Orientale, il se fixe à Odessa, où il se rapprocha du grand
classique de la littérature yiddish ; Mendele Mokher Séfarim. Celui-ci joua un rôle
déterminant dans l’évolution littéraire de Chalom Aleikhem. Il publie les premières
nouvelles de son cycle ‘’Menahem-Mendel. En 1894, il fait paraitre la première
nouvelle d’un autre cycle, connu sous le nom de ‘’Tévié le laitier’’. En 1904, il se rend
à Saint Petersbourg pour demander l’autorisation de faire paraitre un quotidien en
yiddish. Ses démarches n’aboutissent pas mais son séjour à St Petersbourg lui permit
d’entrer en relations avec plusieurs écrivains russes connus : L. Andréev, A.
Kouprine, M. Gorki et plusieurs autres de moindre importance. 1905, marqua le
marqua profondément : c’est l’année où il se lance dans le théâtre mais c’est aussi
l’année du grand pogrom de Kiev. L’année suivante, il visita New York mais fut pris
de nostalgie rapidement il retourna en Russie où dès 1908, il entreprit un long
voyage dans le pays. Au cours de ce long périple il fut atteint de phtisie galopante. Il
partit alors se reposer en Italie. Au printemps 1914, il reprit ses tournées en Russie.
Au cours de ce voyage il rencontra à Varsovie I.L. Peretz. La Première Guerre
Mondiale surprit Chalom Aleikhem dans un sanatorium allemand. Il fut dirigé sur
Berlin avec d’autres ressortissants russes et de là put gagner avec sa famille le
Danemark. A la fin 1914, il arrive à New York où il meurt le 13 mai 1916 à l’âge de
cinquante sept ans. Plusieurs centaines de milliers de personnes l’accompagnèrent à
sa dernière demeure.
Cholem Aleikhem et Léon Tolstoï*
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Nous publions ci-dessous une lettre de Cholem Aleikhem au docteur Perper, lettre bien
significative pour les attitudes de l’écrivain et surtout pour ses rapports avec Léon Tolstoï.
Le docteur Perper était le directeur de la Revue végétarienne russe Vegetarianskoé Obozrenié,
où furent publiées plusieurs traductions du cycle ‘’Pitié pour tout ce qui vit’’ comme
‘’Riabtchik’’ par exemple).
Dans cette lettre Cholem Aleikhem répond à la proposition qui lui a été faite d’écrire quelque
chose sur Léon Tolstoï. La réponse de Cholem Aleikhem fut rédigée en russe et en yiddish. Le
texte russe fut publié dans plusieurs traductions, y compris en yiddich. Le texte yiddich fut
gardé par l’auteur dans ses archives et ce n’est qu’après sa mort que la lettre en yiddich a été
publiée.
Nous donnons ici la traduction française du texte yiddich (extrait du ‘’livre de Cholem
Aleikhem’’ deuxième édition. ‘’Ikuf’’, New York 1958, page 234-236.
Très estimé Directeur de Végétarianskoé Obosréné et Cher ami Perper.
Votre lettre où vous le faites savoir que vous allez publier un recueil de jugements et de
souvenirs sur Tolstoï m’a trouvé, hélas, au lit. Mais ne craignez rien, ne pensez pas que je
suis Dieu m’en garde, malade au point de quitter ce monde. Il est vrai que ces temps derniers
je pense à ‘’l’heure suprême’’ plus souvent qu’autrefois, bien que, pour atteindre l’âge de
Tolstoï, il me reste à traîner encore quelque trente-trois ans. Cependant, la distance est assez
longue entre penser à la mort et s’y préparer. Ne vous tourmentez pas : plus d’une volaille
innocente nous servira à expier, plus d’un bœuf rendra son âme à Dieu pour le petit beefsteak
que le médecin nous ordonne de manger exprès à moitié grillé et exprès saignant, plus d’une
dizaine et plus d’une centaine de gais petits poissons pleins de vie pourront en palpitant
devant nos yeux se transformer en harengs salés que nous aimons tant et cela non à cause de
notre grand amour pour ces charmantes petites créatures propres, honnêtes et pures, mais
parce qu’elles excitent notre appétit. Avant de commencer par une côte de bœuf ou par une
poitrine de veau, il est nécessaire d’avaler quelques petits poissons. C’est que nous conseille la
science médicale, et l’éthique humaine s’accorde très bien avec ce conseil.
Ne m’en veuillez pas si je me suis un peu écarté de mon sujet. Cela touche de près, vous le
savez très bien, et Tolstoï et un peu vous-même, et votre idée et votre revue. Mais vous pensez
que j’écrive sur Tolstoï. Oh, mon Dieu ! Que j’écrive sur Og, roi de Bassan de la littérature.
Que j’écrive sur un pareil Samson de l’humanité ! Vous l’arrêtez : ‘’Dis-moi, moucheron, que
penses-tu du soleil ?’’ Si la fable n’est pas tout à fait juste, la moralité l’est. Toute ma vie j’ai
admiré ce soleil brillant, lumineux et réchauffant qui se nommait Tolstoï. Je me suis juré un
jour que je ne mourrai pas avant de me rendre à Iasnaïa Poliana pour y voir Tolstoï. Mon
désir de voir Tolstoï n’était pas une vaine curiosité de contempler le prophète de notre temps.
Autre chose m’attirait vers lui. Je sentais intimement que le plus grand homme de notre
siècle n’était pas capable d’assister à la plus grande injustice, aux plus horribles bestialités
commises dans son pays sur quelques millions des plus malheureuses créatures parmi mes
malheureux frères sans élever sa voix puissante, dont le retentissement serait de par le monde.
Il est possible que je ne sois pas impartial à l’égard de deux qui, par leur sang, me sont plus
proches que d’autres. Il est possible qu’à part mes coreligionnaires il existe encore dans ce
58
pays pas mal de millions d’hommes qui ‘’ne roulent pas sur l’or’’. Pourtant, il y a une grande
différence : il y a malheur et malheur. Tous les peuples ont quelqu’un pour les défendre. Mon
peuple n’a personne nulle parti. Au contraire. Les ‘’grands’’ de la littérature mondiale n’ont
pas ménagé leur génie pour en tirer des caricatures célèbres et les rendre immortelles. Elles
sont considérées par nos ennemis comme des types. Même un type de l’humanisme le plus
haut, Shylok, nos ennemis aveuglés veulent l’utiliser dans des buts antisémites, prétendant
que tous les Juifs sont des Shylok avides de sang qui possèdent beaucoup d’argent et dont les
filles sont jolies. Ah, les imbéciles, ils ignorent que la plupart des Juifs ont peu d’argent et que
leurs filles sont laides. Et non seulement nos Shylok n’exigeront pas qu’on vous coupe un
morceau de chair et qu’on vous suce le sang pour leur argent, bien au contraire ils
pardonneront, vous rendront toutes vos traites pourvu que vous ne vous coupiez pas le doigt
en leur présence…..
Ca, c’est Shakespeare. Et les écrivains modernes ? Dickens, le grand humoriste
Charles Dickens, à qui la critique russe m’a à tort comparé, lorsqu’il s’agit de décrire un
authentique voleur qui fonde une école pour voleurs, ne trouve personne d’autre dans sa
patrie qu’un juif (1). Evidemment, il faut être un sacré imbécile pour accuser une aussi
bonne âme que Dickens d’antisémitisme. Prenez une âme innocente : Robert (2) Welles, qui
s’intéresse à un autre monde, celui de Mars, de la Lune et d’autres astres et planètes ; il ne se
gêne pas pour choisir un Juif lorsqu’il s’agit de ramasser l’argent et les bijoux abandonnés par
les hommes pendant que les Marsiens descendent chez nous dans le but d’anéantir notre
monde coupable. Je ne parle pas de nos génies russes, tels que Gogol, Tourgueniev,
Dostoïevski et quelques autres. Ceux-ci ont connu les Juifs comme moi, j’ose à peine le dire, je
connais les Marsiens. Même un homme aussi aimable que Tchékhov, qui paraît-il a vu
quelquefois un Juif, commet sous ce rapport de telles erreurs qu’on ne peut pas, qu’il me
pardonne dans l’autre monde, s’empêcher de pouffer de rire.
Ces pensées là, précisément, m’ont poussé vers l’apôtre de Iasnaïa Poliana, et je ne parle pas
du fait que j’étais un grand admirateur de son immense talent artistique et l’adepte de son
enseignement était notre enseignement juif. Sur plusieurs points, il se rencontre avec
beaucoup, beaucoup de nos sages et de nos justes. Sa guerre éternelle contre les mauvais
esprits, contre Satan, son renoncement aux biens de ce monde, ses appels éternels à la pitié
pour tout ce qui vit, même sa fuite dans l’inconnu, son désir de fuir sa propre personne et sa
mort et même sa mise en bière – tout, tout est juif.
J’ai cru qu’à l’occasion il me serait facile de convaincre ce grand artiste et penseur que, dans
la grande foule de millions d’hommes où chacun est malheureux à sa façon, se trouvent
quelques millions de malheureux parmi les plus malheureux, dépourvus de tout droit
d’homme et qu’i attendent sa puissante parole comme celle d’un Messie.
------------------------------------------------------------------------------------------------------------*Domaine Yiddish, Revue de littérature juive n° 3-4 printemps 1959
1) il s’agit de Feigin dans Olivier Twist.
2) il faut lire ‘’Herbert’’.
59
3) ‘’Zone juive’’ une partie du territoire de la Russie où les Juifs pouvaient seulement
habiter.
Je n’ai pas réussi à aller à Iasnaïa Poliana, j’ai seulement eu l’occasion de m’entendre avec lui
par lettre au sujet d’une affaire privée après le premier pogrome ‘’modèle’’ de Kicheniev (un
1903). A la question douloureuse et essentielle que j’ai abordée, il m’a répondu par quelques
traits puissants, précis. Une des lettres qu’il m’a adressées a été publiée, mais pas en entier.
Nous sommes, Dieu merci, loin du pogrome de Kichenev, et je ne pense pas que ce soit le
moment de publier cette lettre…..
Non, il ne m’a pas été donné de connaitre Tolstoï personnellement, et je le regretterai jusqu’à
mon dernier jour sur la terre. Probablement, le destin veut que nous nous rencontrions
quelque part ailleurs, de l’autre côté de la vie, là où, espérons-le, il n’y a aucune ‘’zone juive’’
(3) et aucun problème juif.
Pourvu que cela ne se produise pas trop tôt. On voudrait souffrir encore un peu sur cette
terre avant de voir ce qui se passera plus loin….
Cholem Aleikhem
Nervi (Italie) 1er décembre 1910.
La lettre de Léon Tolstoï
Voici la réponse de Léon Tolstoï à Cholem Aleikhem, mentionnée ci-dessus. Le célèbre écrivain
juif avait demandé au Sage de Iasnaïa Poliana d’envoyer un texte pour le recueil ‘’Secours’’
publié aux Editions ‘’Touhia’’ u profit des victimes du pogrome de Kichenev et d’élever sa
voix pour protester contre le pogrome lui-même.
Tolstoï écrivit trois contes qui furent traduits par Cholem Aleikhem et publiés dans le dit
recueil.
Salomon Naoumovitch,
L’horrible crime commis à Kichenev m’a surpris douloureusement. J’ai déjà exprimé mon
sentiment sur cette affaire dans ma lettre à un juif de mes connaissances dont ci-joint la copie.
L’autre jour, nous avons envoyé de Moscou une lettre collective au bourgmestre de Kichenev
à qui nous exprimons notre indignation à l’occasion de cette horrible affaire.
Je serai très heureux de concourir à votre recueil, et je tâcherai d’écrire quelque chose qui
corresponde aux circonstances. Malheureusement, ce que j’ai à dire, notamment que le seul
coupable, non seulement des pogromes de Kichenev, mais de toute cette discorde semée dans
une certaine petite partie – non populaire – de la population russe est le gouvernement, je ne
peux pas le dire dans une édition russe imprimée.
le 6 mai 1903’’.
Mendele Mokher Séfarim
Mendele est né dans une famille pauvre de Kopyl près de Minsk alors en
Russie (actuellement capitale de la Biélorussie) et a perdu son père, Haïm Moshe
Broyde, peu de temps après sa Bar-Mitzva. Il étudie dans une yéchiva à Slutsk et à
Vilnius jusqu'à l'âge de 17 ans ; durant cette période, il est interne de jour avec le
60
système du Teg-Essen (mangeant chaque jour dans une maison différente), dévorant
les restes, et souvent affamé. Après, Mendele voyage énormément en Biélorussie, en
Ukraine et en Lituanie en compagnie d'un mendiant grossier du nom de Avreml
Khromoy (du russe: "Avreml le boiteux"; Avreml deviendra par la suite une source
d'inspiration pour le personnage principal de Fishke der Krumer, Fishke le boiteux). In
1854, Mendele s'installe à Kamianets-Poodilskyï, où il fait connaissance de l'écrivain
et poète Avrom Ber Gotlober, qui l'aide à apprendre la culture profane, la
philosophie, la littérature, l'histoire, le russe et d'autres langues. Le premier article de
Mendele, « Lettre sur l'éducation », paraît en 1857 dans le premier journal en hébreu,
Hamagid. Il s’installe à Berditchev en Ukraine entre 1858 et 1869 où il commence à
publier des romans en hébreu et en yiddish. Il est obligé de quitter Berditchev à
cause de la publication d’une satyre concernant les autorités locales. Il enseigne alors
comme rabbin dans l’école rabbinique de Jitomir. Celle-ci est subventionnée par le
gouvernement et d’orientation libérale. Il y restera de 1869 à 1881, puis il s’établit à
Odessa. Il accepte le poste de responsable d’une école traditionnelle (Talmud Torah).
Il finira sa vie dans cette ville sur la Mer Noire en 1917. Le journalisme en langue
yiddish est un peu plus ancien que celui en hébreu. Mendele Mokher Séfarim
supporte Kol Mevasser, et lui donne à publier sa première histoire en yiddish, "Dos
Kleine Menshele" ("Le petit homme") en 1863. Ce journal est considéré comme le
premier journal stable et le plus important en yiddish. Parmi les romans les plus
populaires de Mendele Mokher Séfarim, il faut lire : ‘’Les Voyages de Benjamin III’’.
Isaac Leib Peretz
Isaac Leib Peretz (né le 18 Mai 1852 à Zamosc, mort le 3 Avril 1915 à Varsovie),
connu également en tant que Leybush Peretz et Izaak Lejb Perec (en polonais) mais
surtout sous le nom de I.L. Peretz, était un écrivain et dramaturge de langue yiddish.
Il fait partie des trois auteurs classiques de la littérature yiddish, aux côtés de Cholem
Aleikhem et de Mendele Mokher Séfarim. Il joua un rôle pionnier dans l'émergence
d'une littérature yiddish, donnant ses lettres de noblesse à une langue jusqu'alors
décriée comme un vulgaire jargon, mais dont l'essor devait être confirmé par Cholem
Aleikhem. Né dans le shtetl de Zamosc dans une famille d'ascendance sépharade, et
éduqué dans une famille orthodoxe, il est attiré, dès l'âge de quinze ans, par les idées
de la Haskalah. Prenant ses distances par rapport à son entourage, il commence les
lectures profanes, lisant en polonais, en russe et en français. Pour sa mère, il renonce
d’aller étudier dans une école rabbinique réformée à Jitomir et se maria avec la fille
de Gabriel Judah Lichtenfeld, décrit par Lipzin comme ‘’un poète et un écrivain
mineur’’. Contrairement aux Maskilim; tenants de la philosophie des ‘’Lumières’’ de
Mendelssohn, il avait un grand respect pour les Juifs Hassidiques pour leur mode de
vie, tout en admettant que des concessions à la faiblesse humaine étaient nécessaires.
Ses nouvelles "If Not Higher", "The Treasure", ou "Beside the Dying" symbolisent
l'importance de privilégier les devoirs du cœurs plutôt que les devoir du corps. Pour
gagner honorablement sa vie, il tentant sans succès la distillation de whisky, puis il
61
commença à écrire en hébreu : de la poésie, des chansons et des contes - quelquesuns écrits "à quatre mains", avec son beau-père. Ceci n'empêcha nullement son
divorce, en 1878, à la suite duquel il se remaria avec Hélène Ringelblum. À la même
époque, il réussit le concours d'avocat, métier qu'il exerça pendant une dizaine
d'années, jusqu'à la révocation de son autorisation en 1889 par les autorités de la
Russie impériale, en vertu de soupçons quant à son nationalisme polonais. Dès lors,
il s'établit à Varsovie, subsistant grâce à un modeste emploi de bureau au sein de la
communauté juive locale. Il lança ‘’Hazomir‘’(Le rossignol), qui devint un pôle culturel
important de la Varsovie yiddish d'avant-guerre. Il publia en 1888 son premier
ouvrage en yiddish, La Ballade de Monish, , dans un recueil édité par Cholem
Aleikhem. Ses histoires, ses contes folkloriques et ses pièces de théâtre font œuvre de
critique sociale, et révèlent son inclination vers l'idéal du mouvement ouvrier.
Liptzin le considère à la fois comme un auteur réaliste et comme un romantique, "un
optimiste qui croyait à la marche du progrès à travers l'émancipation" - optimisme
exprimé par des "visions d'horizons messianiques". Cependant, à contre-courant des
intellectuels juifs contemporains qui soutenaient sans réserve la Révolution russe de
1905, son adhésion était plus réservée, s'arrêtant sur les pogroms qui noircirent la
Révolution et craignant que le non-conformisme juif ne puisse se fondre dans l'idéal
universel de la Révolution. Peretz meurt en 1915 à Varsovie, où une rue est baptisée
en son honneur ("ulica Icchaka Lejba Pereca"), selon l'orthographe polonaise. Il est
enterré dans l'ancien cimetière juif de la rue Okopowa ("ulica Okopowa"), et à son
enterrement se presse une foule importante, issue de la communauté juive de
Varsovie.
Zalman Schenour
En 1959, le célèbre écrivain yiddish Zalman Schenour meurt à New York à
l’âge de 72 ans. Né en 1887, sur les bords du Dnieper, en Biélorussie. Il fit ses études à
la Sorbonne à Paris de 1908 à 1913. Pendant la guerre de 1914-1918, il fut prisonnier
civil en Allemagne puis vécut en Allemagne, en Suisse et en France, d’où il partageait
sont temps entre New York et Tel Aviv. Zalman Schenour est l’un des écrivains qui
manièrent avec un rare talent à la fois le Yiddish et l’Hébreu. Comme poète, c’est
surtout en hébreu qu’il s’est exprimé et qu’il exerça une très grande influence sur
toute une génération. Il introduisit dans la poésie hébraïque des éléments nouveaux.
En yiddish, il est connu comme l’un des plus grands prosateurs de l’époque postclassique. Il exalte les mêmes qualités de courage, de force vitale et de sensualité. Ses
romans ont été traduits dans de nombreuses langues dont le français.
La Jeunesse
La Colonie Scolaire
Rue Amelot Paris 11ème
62
L’Œuvre pour la protection de l’enfance et le développement de l’éducation juive
fondée en 1926 par des originaires d’Europe Centrale. La Colonie Scolaire fut créé la
même année à la mémoire de l’Abbé Grégoire qui, 135 ans auparavant, pendant la
Révolution française, avait été de ceux qui firent prendre par l’Assemblée Nationale
en 1791 une disposition autorisant les Juifs d’Alsace et de Lorraine, victimes de
pogroms, à devenir citoyens français et à y avoir le droit de résidence. Ce fut à
l’initiative des Présidents de Sociétés Mutualistes représentant nombre de familles
récemment immigrées en France dans des conditions parfois très misérables que cette
association vit le jour pour lutter contre la tuberculose qui sévissait au début du siècle.
En 1928, elle créa un centre de vacances à Berck-Plage, dont le climat était renommé
pour ses bienfaits contre cette maladie. Les œuvres de l’Association au service de la
protection de l’Enfance s’exercèrent dans de multiples actions humanitaires et
humanistes :
- en 1929 des cours complémentaires yiddish,
- en 1933 un dispensaire à Paris :‘’ La mère et l’enfant’’ pour aider les familles modeste à
lutter contre les maladie
- Pendant l’occupation : Le foyer de résistance
- l’Orphelinat
‘’L’Univers Israélite’’ du 25 juillet 1930 narre l’inauguration de la Maison de l’œuvre
‘’Pour nos enfants’’ à Berck :
‘’Le dimanche 13 Juillet a été inaugurée, à Berck-Plage, 19 rue des Bains, la maison de l’œuvre
‘’Pour nos enfants’’ ; œuvre dont la création remonte à quelque mois seulement. La cérémonie
d’inauguration s’ouvrit devant une foule nombreuse où l’on remarquait le Dr. Malingre,
maire de Berck, entouré des membres du Conseil Municipal, de M. Marcel Kahn, Président de
l’œuvre, de M. Friedman, préposé à la surveillance du ‘’Cacherouth’’, etc… plusieurs sociétés
juives avaient envoyé des délégations. La musique municipale prêta son concours à la fête.
Après qu’un chœur d’enfants eut entonné ‘’La Marseillaise’, M. Zoubritzky coupa le ruban
qui barre la porte d’entrée et à cette occasion fit à l’œuvre un nouveau don de 5000 francs. On
visita ensuite la maison où l’installation perfectionnée fut l’objet de l’admiration de tous.
Plusieurs discours furent ensuite prononcés : M. Marcel Kahn, M. Malingre, des Conseillers
Municipaux, M. Delmann, représentant ‘’l’Entraide Fraternelle’’ prirent successivement la
parole et furent chaleureusement applaudis. Une quête effectuée ensuite parmi l’assistance
produisit plus de 12.000 francs. Les ‘’Enfants de la Prévoyance’’ s’inscrivirent pour 1000
francs, les ‘’Progressistes’’ pour 500 frs ainsi que les ‘’Amis Solidaires’’, ‘’L’Entr’aide
Fraternelle’’, ‘’L’Union de la Jeunesse Juive’’, et ‘’L’Agoudath Israël, ‘’L’Avenir Fraternel’’,
‘’Salvey’’ donnèrent 300 frs, ‘’Les Originaires de Roumanie’’ 200 frs etc…. En outre, plus de
20 lits furent fondés par diverses sociétés ; l’un d’eux fut dédié à la Mémoire du regretté Grand
Rabbin Raphaël Lévy.
Cent enfants sont déjà installés dans cette maison, où ils passeront un mois, en attendant que
d’autres lieux succèdent. La nourriture est strictement cachére où les règles d’hygiène sont
soigneusement observées. En outre, les petits pensionnaires sont tous assurés contre les
accidents. Des dons nombreux parviennent chaque jour à cette belle œuvre : signalons, entre
63
autres, celui de M. Boris, transmis par M. le Grand Rabbin de France, qui s’élève à 500 frs, et
celui de Mme Levylier (300 frs), transmis par M. le Grand Rabbin Liber. Le nombre
d’adhérents augmente chaque jour, et c’est avec une confiance légitime que les dirigeants
envisagent l’avenir de l’œuvre’’.
Les Mouvements de Jeunesse Juifs
C'est à la fin du XIXème siècle que les Juifs de France jettent les premiers jalons
des Mouvements de Jeunesse. Vers 1899-1900, les juifs d'Alsace, réfugiés en France,
créent ''L'Union Scolaire'', et quelques mois après d'autres immigrants établissent
‘’l'Université Populaire Juive’’. Ces deux organismes s’adonnent à la Bienfaisance.
‘’L'Union de la Jeunesse Israélite’’ s'adresse plus particulièrement aux jeunes
adolescents. Elle bénéficie du soutien du Consistoire de Paris. ‘’L'Association des Jeunes
Juifs’’ se constitue en 1911. Les jeunes de l'AJJ se retrouvent le jeudi soir pour débattre
de religion, d'antisémitisme et de leur lutte contre l'assimilation. L’un des principaux
combats fut l’Affaire ‘’Beiliss’’ à Kiev.
Le B.L.E
Boursiers et Lauréats des Ecoles.
C'est à la fin du XIXème siècle que les Juifs de France jettent les premiers
jalons des Mouvements de Jeunesse. Vers 1899-1900, les juifs d'Alsace, réfugiés en
France, créent ''L'Union Scolaire'', et quelques mois après d'autres immigrants
établissent ‘’l'Université Populaire Juive’’. Ces deux organismes s’adonnent à la
Bienfaisance.
‘’L'Union de la Jeunesse Israélite’’ s'adresse plus particulièrement aux jeunes
adolescents. Elle bénéficie du soutien du Consistoire de Paris. ‘’L'Association des
Jeunes Juifs’’ se constitue en 1911. Les jeunes de l'AJJ se retrouvent le jeudi soir pour
débattre de religion, d'antisémitisme et de Leur lutte contre l'assimilation.
Le ‘’B.L.E’’ (Boursiers et Lauréats des Ecoles) est créé sur le modèle protestant:
le patronage. Le patronage inaugure de nouvelles activités pour ses adhérents:
causeries, jeux et sorties guidées. Le ‘’B.L.E.’’ ne doit rester qu'un patronage avec des
moniteurs de 18 à 25 ans. Le sigle ‘’B.L.E.’’ a sens mystique : ‘’le Levain''.
C'est à partir de 1919 que le Grand Rabbin Maurice Liber et Suzanne Aron
créent l'association ''Chema Israël''. Le Secrétaire Général du Patronage de la Jeunesse
d'Israël; René Dreyfus réadapte le ‘’B.L.E.’’, disparu pendant la première guerre.
Outre ses activités, le ‘’B.L.E’’. donne une dimension spirituelle de germinaison. Le
principal souci des fondateurs du ‘’B.L.E.’’ et de ‘’Chema Israël’’ est de sauvegarder
les principes moraux et religieux du Judaïsme. Le ‘’B.L.E.’’, par sa constitution,
64
ouvre la voie du scoutisme. Robert Gamzon, ayant reçu une formation d’éducateur
au ‘’B.L.E.’’, propose la création d'une section ‘’scoutisme’’ juif. Encouragé par le
Rabbin Maurice Liber, les premières patrouilles des Eclaireurs Israélites de France
voient le jour. En parallèle de ''Chema Israël'' et du ‘’B.L.E.’’ d’autres mouvements se
développent, par exemple: ''L'Union Universelle de la Jeunesse Juive''. En 1926, la
synagogue libérale de la rue Copernic crée elle aussi une section pour ses jeunes: ''La
Jeunesse Libérale Israélite'' avec l'aide d'Aimé Pallière, un chrétien en voie de
conversion.
''L'Univers Israélite'' de 1922 publie un petit article à propos du Groupement
B.L.E. et du Congrès Scoutisme à Fontainebleau:
''Par ailleurs, les communautés dans les villes qui ont été visitées ont accueilli avec
empressement les membres du groupement ‘’B.L.E.’’ C'est ainsi qu'à Versailles, Monsieur le
Grand Rabbin Emile Lévy, à Fontainebleau M. Cerf, Ministre-Officiant, ont organisé des
offices à leur intention et leur ont offert la plus cordiale hospitalité.
Si le groupement ne fait point de scoutisme ''intégral'', si ses membres ne comptent point
être forts, ne font point la cuisine, s'ils ne portent pas le costume, le but et l'idéal de l'œuvre
sont les mêmes que ceux des organisations scoutistes qui veulent donner à la jeunesse une
bonne santé physique et morale''.
E.I.F.
Éclaireurs Israélites de France.
Avec l'appui du Grand Rabbin Maurice Liber, Robert Gamzon, alors âgé
de 17 ans, fonda le Mouvement des Éclaireurs Israélites de France (E. I. F.) en 1923.
R. Gamzon avait eut raison de penser qu'il manquait quelque chose à la jeunesse
juive. Le premier embryon de ce mouvement fut recruté dans un patronage
auquel se joignit plusieurs élèves du Séminaire Rabbinique. Venant d'horizons
différents, ils furent coulés dans un même moule, s'enrichissant mutuellement et
créant peu à peu un type nouveau de juif français où les jeunes d'origine
alsacienne, russe, polonaise, roumaine, hongroise, salonicienne et nord-africaine,
parlaient une langue commune, forgeant lentement, à toute la communauté, un
visage nouveau.
Isaac Pougatch dans son livre sur Robert Gamzon explique que: "Le seul fait
que les premiers membres du Mouvement aient fait leur " promesse" scoute tous ensemble à
la synagogue de Versailles, tendait à prouver qu'ils plaçaient délibérément leur
groupe dans le cadre de la Communauté".
En matière d'éducation, il faut préciser qu'il y avait à cette époque l'Ecole
Normale Orientale des filles à Versailles financée par l'Alliance Israélite Universelle.
Pour ce qui est du scoutisme, différentes associations telles que Chema Israël, l’Union
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Universelle de la Jeunesse Juive, Yechouroun et la Jeunesse Libérale Israélite eurent
leurs propres troupes.
Mais après la Première Guerre Mondiale, c’est surtout vers les mouvements
sionistes que va se tourner la jeunesse aschkénaze fraîchement arrivée d’Europe
Orientale ; à droite : le Betar et à gauche : l’Hachomer Hatzaïr.
BETAR
Brith Trumpeldor de France.
Issu du Mouvement révisionniste, le Betar est créé en 1923 à Riga (Lithuanie) par Zeev
Jabotinski afin de rappeler le nom de Joseph Trumpeldor. Les buts de ce mouvement
sont l’éducation d’un nouveau type de juif, la création d’un Etat Juif en terre d’Israël
et l’intégration des Exilés de Sion dans leur nouvelle patrie. Les jeunes du Betar créent
des ‘’Bataillons du Travail’’ en Palestine pour la régénération de la terre. Des sections
du Bétar sont développées dans tous les Pays : Pologne, Roumanie, Ukraine,
Angleterre, Chine, etc… La section française voit le jour en 1928 à Paris. Elle est mise
en place par Victor Mirkin, qui trouva la mort lors de la lutte contre les nazis.
HACHOMER HATZAIR
La Jeune Garde
Ce mouvement de jeunesse est fondé en 1913 et représenté en France depuis 1930.
L’Hachomer Hatzaïr, d’inspiration socialiste, est affilié au Parti politique Mapam. Son
objectif est d’éduquer la jeunesse juive dans un esprit sioniste et progressiste.
Beaucoup de jeunes de l’’’Hachomer’’ se sont installés dans des Kibboutzim.
Le Syndicalisme Juif à Paris
Le ‘’Pletzl’’ est un quartier de petits ouvriers et de petits prolétaires. La plupart
des nouveaux immigrants arrivent avec un passé militant et révolutionnaire. Dès
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1914, c’est de ce quartier que partir les premiers contingents de volontaires étrangers.
L’immigration juive polonaise est très bénéfique pour l’économie de la France, de
nombreuses branches de l’industrie légère, telles l’habillement, la maroquinerie, le
tricotage, la fourrure, la chapellerie, etc.. sont redynamisées grâce aux qualifications
professionnelles des immigrés juifs . Si avant 1914, la France importait des vêtements
à partir de 1920, elle est exportatrice. Pour les ouvriers, la vie est tranquille, sans
tracasserie administrative concernant le séjour légal et leur permis de travail. Cette
situation contribue largement à créer de nouvelles formes d’organisations collectives,
sur le plan syndical, politique dans le domaine socioculturel yiddish. Des syndicats
juifs par professions se formèrent à partir du début du siècle 2. Des sections en langue
yiddish existaient à la CGT ; elles étaient regroupées dans une Commission
intersyndicale des ouvriers juifs, rattachée à l'Union syndicale de la région
parisienne. Lorsque se créa en 1896 le syndicat des casquettiers, le yiddish fut la
langue officielle du syndicat… Il était dirigé par Lozovsky, qui deviendra plus tard le
dirigeant de l'Internationale syndicale rouge Des sections yiddishophones se
constituèrent aussi à la CGTU lors de sa création en 1921. Mais les bundistes, un
court temps adhérents à la CGTU, revinrent à la CGT. En 1936, 16 000 Juifs étaient
syndiqués, soit la majorité de la population travailleuse. Lors des élections de 1936
une rivalité naquit entre le candidat communiste favorable au Front Populaire et un
Juif de droite : Edmond Bloch fondateur de l’Union patriotique des Israélites français.
Les notables juifs, soupçonneux envers le communisme, préfèrent appeler au vote
pour Edmond Bloch même s’il était proche des croix de feu. Cependant les électeurs
juifs élurent le communiste.
Association Ouvrière Juive
Cette association ‘’Association Ouvrière Juive’’ est créée en décembre 1919 et a son
siège au 13 rue Geoffroy l’Asnier.
Un Compte rendu est adressé au Préfet de Police lors d’une manifestation organisée
par l’Association ouvrière Juive :
‘’Sous les auspices de l’Association Ouvrière Juive’’ dont le siège est situé au Syndicat des
Casquettiers, 13 rue Geoffroy L’Asnier, un nommé A. Grimberg a fait hier soir au Café du
Tambour, 10 place de la Bastille, une conférence sur ‘’La dictature et la Démocratie’’.
Cette conférence était privée ; seules ont pu y assister les personnes munies du tract rédigé en
yiddish que l’Association Ouvrière Juive a fait distribuer ces jours derniers dans les milieux
ouvriers juifs de la Capitale.
Grimberg, qui s’exprime en yiddish, a dit que pour la classe ouvrière la démocratie n’était
qu’un mot, puisque c’était la bourgeoisie seule qui édictait les lois et les faisait exécuter pour
ses suppôts.
Il a fait ensuite l’historique des dictatures depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Puis, parlant de
celle de Lénine et Trotsky, il a déclaré qu’avant de se prononcer sur ceux-ci il importait de
savoir si ces deux dictateurs exerçaient le pouvoir au nom d’un groupement ou au nom du
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prolétariat. Grimberg a fait l’apologie de Karl Marx et a terminé en disant que la dictature ne
pouvait être admise que dans certaines circonstances et pour un temps limité.
Un nommé Chapiro, prenant la parole également en yiddish, a reproché au conférencier de ne
pas s’être prononcé pour ou contre Lénine. Il estime que celui-ci a eu raison de dissoudre
l’Assemblée Constituante russe et d’exerce, depuis la dictature au nom de la faction
bolcheviste. Il termine en criant : ‘’Vive le Bolchevisme intégral’’. 80 personnes environ ont
assisté à cette conférence.
Une lettre du Préfet de Police est adressée au Ministère de l’Intérieur en date du 9 mai
1972 :
‘’Vous avez bien voulu me demander de vous renseigner sur ‘’L’Association Ouvrière Juive’’,
13 rue Geoffroy Marie à Paris.
J’ai l’honneur de vous faire connaître que cette association n’existe pas à l’adresse indiquée et
n’est pas inscrite aux bureaux des sociétés de ma préfecture et du Ministère du Travail.
De 1919 à 1923 ; a fonctionné, 13 rue Geoffroy l’Asnier, une association ouvrière juive ‘’qui a
été dissout à la suite de l’expulsion de ses dirigeants. Cette association qui avait un but
nettement révolutionnaire avait fait éditer à plusieurs reprises des tracts de propagande
bolcheviste, en langue yiddish, qui étaient adressés à tous les ouvriers juifs de la région
parisienne. Ses réunions avaient lieu 13, rue Geoffroy l’Asnier, où se trouve le siège du
Syndicat Unitaire des Ouvriers Casquettiers’ qui est formé en grande partie d’ouvriers
d’origine juive. D’autre part, les renseignements recueillis au cours de l’enquête ne permettent
pas d’affirmer que l’Association Ouvrière Juive a été reconstituée à Paris.
Le Préfet’’.
Syndicat des Casquettiers Juifs
Ce syndicat juif est domicilié dans le quartier du Marais. Il a son siège dans le ‘’Café
Robert’’ au 2 rue de la Verrerie.
Parti Socialiste Juif Poalé Zion
Une réunion publique est organisée par le Prolétariat Juif français le 3 septembre 1899.
Les Anciens Combattants
De nombreux soldats juifs français ou Engagés volontaires étrangers ont
combattu sur tous les fronts durant la Première Guerre Mondiale. L’Association des
Volontaires Juifs de la Grande Guerre a même reçu un drapeau. De nombreux soldats
juifs étrangers furent cités à l’Ordre de l’Armée. Un grand nombre reçurent différentes
médailles pour leurs actes de bravoure : Croix de Guerre, Médaille du Roi de Serbie,
Légion d’Honneur, etc…
La Commission Durkheim
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Pour ce qui est de la présence des étrangers sur le sol français au début du
Premier conflit Mondial, neuf personnalités permanentes, dont des représentants du
Ministère de la Guerre, du Conseil d’Etat, de la Sûreté générale et de la Préfecture,
siègent sous la présidence de Brelet, Conseiller d’Etat. En tout cette commission se
réunit soixante-douze fois entre janvier 1916 et juin 1917. Deux sous-commissions sont
créées dont l’une est confiée à Émile Durkheim, professeur à la Sorbonne. Elle doit
étudier le cas des Russes et des Italiens. L’éminent sociologue accepte et il enquête en
premier lieu sur la colonie russo-juive. Il remet fin janvier son rapport au Président
Brelet où il évoque notamment le patriotisme francophile des juifs russes. Lorsque le
président Brelet adresse à Malvy les conclusions de Durkheim en février 1916, il
rappelle que les volontaires juifs gravement blessés au front ne sont pas secourus par
l’État et demande, en conséquence, l’égalité de traitement. Évoquant la situation des
sujets russes, il constate que des trois quart des trois mille personnes interrogées sont
en règle, il compte que cent vingt quatre d’entre elles sont désignées comme des
déserteurs et insoumis et que quatre cent seize refusent de servir. Emile Durkheim
pense qu’il pourrait y avoir des effets néfastes d’une telle politique aux États-Unis à
cause de l’exacerbation de la question juive. Selon lui, elle pourrait profiter à la
propagande allemande en présentant « La France comme ralliée à la politique des
pogromes ».
Léon Daudet dans L’Action française du 17 janvier 1916 estime qu’une telle
commission est complètement inefficace et de son côté La Libre Parole du 19 janvier
considère que cette commission n’est qu’un simulacre dont Durkheim est un espion
allemand. A la lecture des différents documents et des différentes prises de position, il
ressort que les avis sont très partagés sur le rôle de cette commission. On peut noter
par exemple qu’André Spire reconnaît que cette action a eu « pour conséquence de faire
sortir les Juifs français de leur isolement traditionnel et les a décidés à donner désormais une
assistance morale à leurs malheureux coreligionnaires nouvellement immigrés’’. Les
responsables des Consistoires Central et de Paris se rendent bien compte de la
persistance de l’antisémitisme en France, ils créent alors, en septembre 1916, sur
l’exemple des immigrés en 1915, une Commission historique de recherches des
documents sur les israélites de France pendant la guerre, présidée par Durkheim.
Dans l’esprit des notables juifs, il fallait de recueillir l’ensemble des informations
relatives à l’engagement et au patriotisme des Juifs, français et étrangers, aux côtés de
la France dans la guerre.
Avec la tournure des événements du mois de février en Russie, la Préfecture de
Police et les autorités militaires pouvaient penser à des émeutes ou à de la rébellion,
mais finalement ils constatent que les ressortissants étrangers de ce pays, surtout les
69
Juifs, ne s’intéressent pas aux bouleversements de leur patrie d’origine. Selon les
inspecteurs de la Préfecture de Police et dans un rapport du 8 janvier 1918, la cette
colonie d’immigrés ne compte qu’une infime minorité extrémiste. Avec les deux
révolutions et l’incertitude pesant sur l’engagement des Russes auprès des Alliés, les
fantasmes de la presse nationaliste resurgissent. Le mythe de la conspiration judéobolchevique prend naissance et alimente les vieux préjugés antisémites d’une assez
large fraction de l’opinion parisienne, même si celle-ci est, comme l’ensemble de la
population, vite distraite par les nouvelles offensives de 1918 et la perspective de la
victoire.
En janvier 1919, les engagés volontaires sont enfin démobilisés. Albert Manuel,
dans son étude sur Les Israélites dans l’Armée française (1921), recense près de 3 500
morts pour la France dont 322 engagés parmi lesquels 103 Russes. Une minorité de ces
anciens combattants rejoint la terre natale. Le sacrifice consenti, l’attente de la
naturalisation, leur méfiance à l’égard du régime bolchevique qui sombre dans la
guerre civile sont autant d’éléments qui les incitent à demeurer en France. Certains
concluent des mariages mixtes avec leur marraine de guerre. Malgré les épreuves
endurées aussi bien à la Légion qu’à l’arrière, les Juifs russes s’assimilent lentement en
s’identifiant aux israélites français. Déjà, ils se distinguent de leurs coreligionnaires
qui fuient les nouvelles persécutions de la Russie bolchevique…
Les Soldats étrangers sur le front.
Or, également des soldats juifs d’origine étrangère, alors qu’ils sont sur le
front, sont déchus de leur nationalité française acquise quelques années ou quelques
mois avant. Un rapport sur la création d’un comité de volontaires est rédigé pour la
Préfecture de Police le 20 juin 1915. Ce comité se donne pour tache de démontrer que
40.000 juifs étrangers combattent pour la France, et de réfuter les arguments
xénophobes et antisémites. Ce comité a également pour but d’assembler et de publier
les faits héroïques accomplis par les Juifs servant dans l’armée française.
‘’Appel
Le Monde entier enregistre l’Histoire de chaque jour. Chacun écrit pour soi. Ecrivons donc
notre histoire aussi !
L’Europe, engagée dans une guerre effroyable, a entraîné le peuple juif répandu un peu
partout.
Quelques-uns de nos écrivains, notamment Prestbach, ont invité les Juifs de tous les pays à
rechercher les actes héroïques accomplis par ceux des leurs qui prennent part à cette guerre
sanglante. Tout acte héroïque accompli par un juif doit être inscrit à notre compte.
70
Nous devons être nos historiens de notre propre cause et ceux des nôtres qui assistent à cette
guerre doivent retenir les faits intéressants pour servir plus tard à répondre aux attaques qui
pourraient survenir.
Si nous ne faisons pas cela, notre nom disparaîtra complètement de la presse, car il se trouvera
des gens qui écriront en notre nom et qui ne seront pas nos amis.
Quoique nous versions notre sang, on cherchera par tous les moyens à nous enchaîner et à
faire le procès de la race juive en inventant des choses ignobles contre elle, mais il ne faut pas
que le nom de juif soit sali.
Il ne faut pas que notre histoire soit faite par des étrangers à notre race et si un ami veut nous
défendre, il est indispensable qu’il sache quoi dire.
Il faut donc que nous devenions nous-mêmes nos propres historiens. Cet appel est un devoir
de chaque soldat juif est de noter ce qu’il fait et ce qu’il voit sur-le-champ de bataille dans
l’intérêt du peuple israélite.
Les juifs de Paris prennent une grande part dans cette catastrophe. Des milliers d’entre eux
ont tenu, dans ces heures tragiques, à défendre la République contre un ennemi qui cherchait à
envahir son territoire.
Combien sont-ils ? De quel pays ? A quelle classe appartenaient-ils quand ils se sont lancés
dans la lutte ? Des centaines des leurs sont déjà tombées sur les champs de bataille, des
centaines d’autres sont prisonniers. Mais qui sont-il ? Où se trouve la terre où ils reposent ?
Quelle a été leur dernière pensée ? Ont-ils des parents pour les pleurer ? Ceux qui luttent
sont-ils secourus ? Ce bulletin fera connaître la réponse à ces questions et à d’autres encore.
Le Comité se chargera de rechercher et de publier des nouvelles des soldats juifs incorporés
dans l’armée française. Nous nous adressons, dans ce but, à tous les juifs de Paris et à tous
ceux qui pourraient nous être utiles dans la lourde tâche que nous entreprenons.
Pères et mères, frères et sœurs, femmes et enfants, amis et connaissances, aidez-nous à établir
la liste des enfants juifs ; donnez-nous leurs noms, leur âge,
Nous nous adressons encore aux organisations ouvrières pour obtenir des renseignements.
Infirmes ou réformés, il faut nous écrire ce que vous avez fait, ce que vous avez vu et nous dire
ce que vous pensez de la vie de caserne et des champs de bataille.
Que tout soit relaté.
N’oublions aucun nom.
Ecrire au Comité ‘’Volontaires’’, 16, rue Ferdinand Duval, Paris.
Le Comité se charge de recueillir les renseignements intéressant les familles des volontaires’’.
71
1)Monument aux Morts dans la Synagogue de la Victoire à Paris
2) Plaque à la mémoire de Charles Péguy
Liste des Morts dans la cour de la Synagogue de la Victoire à Paris
Au début du Premier grand conflit mondial, un très grand nombre de ces juifs
étrangers répondirent spontanément à l’appel de la France, et convergèrent vers les
centres de recrutement pour devenir engagés volontaires. Nombre d’entre eux
tombèrent au champ d’honneur tels ceux de l’Ecole d’Horticulture du Plessis-Piquet :
72
" L'Anniversaire de l'Armistice, dimanche 11 novembre, fuit commémoré dans la petite
commune de Plessis-Robinson par l’inauguration d'un monument aux morts de la guerre.
Cette cérémonie a pris une importante participation pour nous par suite d'une circonstance
émouvante ; parmi les 77 noms gravés sur le monument, 47 sont juifs, sur lesquels 45 engagés
volontaires, tous élèves de l'école d'horticole, établie au Plessis-Piquet. Peu de personnes se
rappellent aujourd'hui cette institution créée aux portes de Paris et qui a réussi à
transformer un grand nombre de jeune gens immigrés en bon Jardiniers...". Chaque année,
l école organisait une section à l’exposition d’horticulture au Cours la Reine, où elle
recevait le 1er Prix. La guerre surgit : tous ses élèves, quoique n’ ayant nulle obligation
militaire (comme étrangers) se sont, d’un élan magnifique, rendus aux Invalides... Et
sur les champs de bataille ils ont laissé 45 de leurs camarades. A la cérémonie
d’inauguration du monument une délégation de la Société des volontaires Juifs,
drapeau en tête. Une magnifique couronne fut déposée par elle au pied du
monument : ‘’Après le discours du maire et l’appel des morts, M. S. Goldenberg, président de
l'amicale des Anciens élèves de l’Ecole horticole, prit la parole, pour évoquer en termes émus le
souvenir de ses 45 camarades tombés au champ d honneur. Il fit ensuite un exposé de la
fondation de l’école, qui voulait enraciner au sol de France les déracinés des pays des pogromes.
Aujourd’hui, le village de Plessis, en adoptant les 45 juifs morts pour la France, montre ses
sentiments fraternels vis-à-vis des Juifs immigrés et leur donne leur l’exemple de la véritable
hospitalité française. ‘’ Ensuite M. Jules Jean, ancien président de l’Amicale des anciens
élèves de l’Ecole Horticole, fit un grand discours patriotique et parla de ceux qui, n
étant pas nés dans la commune, ni même sur le sol français, ont donné leur vie pour la
France, pays de la liberté et du droit. M. Krouker, président des Volontaires juifs, remercia
les autorités de Plessis-Robinson pour la délicate pensée qui les poussa à inviter les anciens
combattants juifs à assister à cette cérémonie. Il signala le retentissement qu elle aura à travers
le monde juif, qui associera pieusement les jeunes horticulteurs juifs, morts pour la France,
avec l’œuvre de propagation de l’agriculture qui jouit d une grande popularité parmi les Juifs.
Il parla de la Russie, où la crise économique d après guerre a provoqué la naissance d une
classe rurale juive importante ... Votre mouvement témoignera aux générations futures le
dévouement des juifs étrangers pour leur pays d adoption. Aux yeux des Juifs, il sera
désormais comme un fragment sacré de ce mur des pleurs, où viennent se recueillir les enfants
d Israël. Après une minute de silence la cérémonie prit fin. Voici la liste des Juifs, élèves de l
Ecole horticole, tombés pour la France et dont les noms sont gravés en deux colonnes sur le
monument : Edouard Berkowitz, Dinin, Eisenbeth, Grunbaum, Haller, Julewitz, Kasmin,
Lajeunesse, Lévy Isaac, Linkewer, Medzioukès, Mette, Obstler, Rudnanski, Simon Gaston,
Vous Léon, Weinstein, Worms Salomon, Kleinhoff Abraham, Kleinhoff Marcel, Konetzki,
Fischer, Lévy Moïse, Cohn André, Lewinger, Gottlieb Léon, Liebsket, Guttman, Ginsburger,
Marx Henri, Marx Gabriel, Gottlieb Marcel, Kupniss, Gross, Ottenberg, Sandler Samuel,
Aron, Landschner, Suraqui Emile, Suraqui Maurice, Punch, Ketterer, Radzanowsky, Netter.
Comité de défense des Juifs Allemands persécutés
à partir de 1933
73
L’Agence Coral
En été 1933, est fondée l’Agence Coral qui est une émanation du ‘’Comité de
défense des Juifs persécutés en Allemagne’’.
Dans le courant de la deuxième quinzaine de juin 1933, une certaine partie de la
presse de la région parisienne a reçu la circulaire suivante :
‘’Agence Coral
76 avenue des Champs Elysées
Paris
Monsieur,
Nous nous permettons de vous adresser le premier numéro de notre service d’information et de
documentation sur l’Allemagne et les Pays de l’Europe Centrale.
L’Agence Coral se présente à vous sous le patronage d’un Comité composé, dès à présent, de
MM. Marcel Déat, député de la Gironde, Jacques Kayser, Monnet, député de l’Aisne,
Wladimir d’Ormesson, rédacteur du ‘’Temps’’, Ernest Pezet, député du Morbihan, Jean Piot,
député de la Seine, Philippe Serre, député de la Meurthe et Moselle, François de Tessan, député
de Seine-et-Marne, Pierre Vienot, député des Ardennes. La composition de ce Comité au sein
duquel se rencontre d’éminentes personnalités appartenant à des tendances politiques
différentes garantit la complète indépendance de notre entreprise.
Le Comité de défense des Juifs persécutés en Allemagne a été créé le 31 mars 1933 sous
les auspices de la L.I.C.A. (Ligue Internationale Contre l’Antisémitisme). Son siège est
domicilié dans les locaux du ‘’Lido’’ de M. Rosenthal.
Son bureau est constitué de : MM.
Pierre Dreyfus, Président
Bernard Lecache, Vice-Président
Maurice Worms, Secrétaire Général
Max Klang, Trésorier,
Parmi les membres se trouve :
- M. Wolff, président de l’Association des Volontaires Juifs Anciens Combattants.
-M. Revitzky, chemisier
- Georges Midlanski, chef du service publicité chez Pathé Nathan et Pathé Journal.
Président de l’œuvre dite ‘’Pour nos Enfants’’.
Pierre Dreyfus est le fils du Capitaine Dreyfus, né le 5 avril 1891 à Paris (8ème)
74
Propagande antisémite et antimaçonique
Association Universelle pour les Exilés Allemands :
Association créée le 31 mai 1933
Siège : 56 rue du Faubourg Saint Honoré Paris
Association des Juifs Polonais réfugiés d’Allemagne
Association créée le 19 juin 1933
Siège : rue Lamarck Paris
Association des Emigrés Israélites d’Allemagne en France
Association créée le 7 juillet 1933
Siège : avenue des Champs Elysées Paris VIII
Comité de Défense des Juifs persécutés en Allemagne
Association créée le 12 juillet 1933
Siège : 78 avenue des Champs Elysées Paris VIII
Foyer Henri-Heine, Association des Intellectuels Allemands Emigrés.
Association créée le 29 juin 1933
Siège : 146 avenue des Champs Elysées Paris VIII
Association des Emigrés d’Allemagne en France
Association créée le 13 juillet 1933
Siège : 56 rue du Faubourg Saint Honoré Paris
75
Comité de Défense des Droits des Israélites en Europe Centrale et
Orientale
Association créée le 4 août 1933
Siège : avenue Matignon Paris VIII
Comité National de Secours aux Réfugiés Allemands Victimes de
l’Antisémitisme.
Association créée le 9 août 1933
Siège 5 rue de la Durance Paris III
Comité de Défense des Juifs persécutés en Allemagne
Siège rue du Château d’Eau Paris X
Comité d’aide aux victimes du facisme hitlérien.
Siège : Bld St Germain Paris V
La Fédération des Sociétés Juives de France
La Fédération des Sociétés Juives de France
Fondée en 1923 pour coordonner les activités de secours mutuels des diverses
sociétés, la Fédération a pris un grand essor avant la Seconde Guerre Mondiale au
moment des persécutions nazie en Allemagne. Elle a aussi pris part à la défense des
Juifs palestiniens constamment en conflit avec les communautés musulmanes de
Palestine.
Sous l’occupation a poursuivi dans la clandestinité son œuvre de sauvetage de la
population juive. Procurant une aide matérielle à des dizaines de milliers de Juifs, et
contribuant à leur sauver la vie (faux papiers, service de passeurs, etc…)
La Fédération met à la disposition de ses adhérents plusieurs institutions : un fonds de
démarrage économique, un service Juridique et aide aux étrangers s’occupant plus
particulièrement de l’aide administrative et juridique, un service social (visites aux
hôpitaux, distribution de colis alimentaires et assistance aux diminués psychiques
dans les colonies de placement familial. Dans le cadre du service culturel, elle organise
des cours complémentaire et l’Université Populaire (cycle de conférence en Yddish et
en Français), des conférences sont organisées dans différentes villes de province. La
Bibliothèque contient un nombre important d’œuvres talmudiques rares. La colonie
de vacances de Saint Pierre de Cherennes recevait plus de 350 enfants chaque année.
La F.S.J.F. publiait aussi la revue : Unzer Kiyoum . Le siège de la F.S.J.F. a été
domicilié dans différents lieux : 60 rue d’Amsterdam, Rue de la Folie-Méricourt, elle
est aujourd’hui au 70 rue de Turbigo.
76
Les personnalités marquantes de la Fédération des Sociétés Juives de France furent :
Marc Jarblum, Jules Jefroykin, Claude Kelman, Mordekhai Lerman……
L’Union des Sociétés Juives de France (Farband)
Union des Sociétés Juives de France (Farband)
L’Histoire de l’Union des Sociétés Juives de France est un peu compliquée. Au début
de l’année 1937, s’est tenu le premier congrès réunissant ‘’l’Arbeiter Orden’’ (‘’l’ordre
ouvrier’’), une association qui regroupait plus de 80 sociétés et une quarantaine
d’autres sociétés indépendantes. Mais la Fédération des Sociétés Juives de France
refusa d’intégrer ‘’l’Arbeiter Orden’’. Néanmoins, la FSJF accepta que chacune des
sociétés puissent adhérer individuellement soit à la FSJF soit à l’Arbeiter Orden.
Finalement 34 sociétés rejoignirent la FSJF et 77 autres sociétés optèrent pour la
création d’une entité plus laïque, plus ‘’ouvriériste’’. Le 8 juillet 1938, l’Union des
Sociétés Juives de France (USJF) fut créée (‘’Farband foun die Yiddché Geseltschaften in
Frankrâich’’, en Yiddish). L’Union des Sociétés Juives de France eut pour objet d’aider
ses coreligionnaires, mais aussi défendre le prolétariat juif. Elle stimulait et
coordonnait l’activité dans tous les domaines intéressant la population juive en France
et dans le monde.
En 1938, des juifs polonais furent expulsés d’Allemagne et furent bloqués à la
frontière, après la fameuse Nuit de Cristal, le 9 novembre 1938 (1). L’USJF collecta de
l’argent (100.000 francs de l’époque) et des vêtements. A Paris, l’Union ouvrit alors
deux cantines populaires qui distribuèrent 1500 repas par jour à des réfugiés
d’Allemagne et d’Autriche. Ce sont des petits commerçant, des artisans et des
ouvriers qui aidèrent les réfugiés dans le besoin.
Le 19 mars 1939, se tient le troisième congrès du Farband. Les délégués sont inquiets
et divisés. L’Allemagne nazie se préparait à la guerre. A la tribune, le peintre Marc
Chagall témoigna de cette inquiétude : ‘’Commençons par travailler ensemble, sans
exclusive. Peut être les Juifs prendront-ils l’habitude de se mettre d’accord sur les
problèmes vitaux qui les concernent’’. Le Farband, bien qu’ayant une direction à
majorité communiste, s’opposa au pacte germano-soviétique (2). Pendant la guerre,
les membres du Farband entrèrent dans la résistance juive, à travers la Main d’œuvre
Immigrée (MOI) (2), l’Organisation Juive de Combat (OJC) (3) et les Forces Françaises
de l’Intérieur (FFI). Les membres du Farband participèrent également à la création du
CRIF (4) avec d’autres organisations.
Mouvement Populaire Juif
Le Mouvement Populaire Juif a son siège au 176 rue Montmartre. En octobre 1936, se
produit une scission au sein du Mouvement Populaire Juif. Celui-ci favorise la
création de la Fédération de la Société Juive de France. En effet, suite à cette scission
ans le Mouvement ‘’Populaire’’ Juif, quatre vingt seize associations appartenant aux
77
organisations ci-après décident de reprendre leur liberté pour se regrouper dans la
Fédération des Sociétés Juive de France :
- Section française de l’organisation mondiale ‘’Hicem’’ (Hias J.C.A. Emigration),
siège 5 rue de la Durance.
- Fédération des Sociétés Juives de France, siège 5 avenue de la République
- Fédération française de l’organisation mondiale des Sionistes Généraux, siège 11
rue Etienne Marcel prolongée ;
- Section française des dames sionistes de l’organisation mondiale ‘’Wizo’’, siège 11
rue Etienne Marcel prolongée
- Poalei Zion (droite) (Parti ouvrier sioniste) section française, siège 68 rue Saint Sabin
- Organisations syndicales françaises affiliées à la Section française de
l’’’Histadrouth’’(Confédération du Travail Palestinienne), siège 68 rue Saint Sabin
- Section française du ‘’Hehaloutz’’ (Pionnier), siège 27 rue des Petites Ecuries.
- Keren Kayemeth Israël (Section française) du ‘’Fonds National Juif’’, siège 11 rue
Etienne Marcel
- Confédération Universelle des Juifs Séphardim, siège 18 rue Saint Lazare
- Consistoire Israélite de Paris, 17 rue Saint Georges.
Les causes de cette scission sont dûes, d’une part à l’évolution politique nouvelle de la
Ligue internationale contre l’antisémitisme qui se proclame maintenant organisation
non juive et, d’autre part, à l’action trop agissante des organisations communistes
juives, surtout de la sous-section juive du Parti Communiste, parmi la colonie juive en
France et dans l’Afrique du Nord.
Quant au ‘’Mouvement Populaire Juif’’, fondé en septembre 1935, par cent cinquante
trois groupements juifs, il est actuellement présidé par M. Henri Levin, vice-président
de la Ligue Internationale contre l’Antisémitisme.
Il ne reste donc plus au ‘’Mouvement Populaire Juif’’ que cinquante sept associations,
dont les principales sont :
- La Ligue Internationale contre l’Antisémitisme, siège 176 rue Montmartre et ses
organisations affiliées.
- La section française des Sionistes Socialistes Révolutionnaires, siège 47 rue de
Bretagne
- La section française Poalei Sion (Gauche) (Parti Ouvrier Sioniste Socialiste), siège
47 rue de Bretagne.
- Le Cercle Ouvrier (Wladimir Medem), siège 110 rue Vieille du Temple.
- Le Groupe Polonais Juif, socialiste marxiste, appelé ordinairement ‘’Bund’’, siège
110 rue Vieille du Temple
- La sous-section juive du Parti Communiste, siège 10 rue de Lancry
- Les organisations syndicales juives affiliées à la C.G.T.
78
Les Groupements Juifs de France.
Après les émeutes des arabes de Palestine en 1929, les Juifs de France se mobilisèrent
et organisèrent différents meetings de protestation. Selon la Préfecture de Police, un
meeting a été organisé par les Groupements Juifs de France le 3 septembre 1929 à la
Salle Wagram. Cette réunion avait été présidé par M. Hillel Zlatopolski. Plusieurs
orateurs devaient y prendre: Léon Blum, Fernand Corcos, Marc Jarblum, Bernard
Lecache, Joseph Caillaux, I. Jeffroykin, Marcel Myrtill, le Dr. Aisenstadt, Henri
Gernut, Elie Krouker Georges Pioch, Yvonne Netter, Haïm Weizman et le Grand
Rabbin Stephen Wise. Pierre Renaudel, Justin Godart et Weiller furent excusés. A
l’issue de la réunion, l’ordre du jour suivant fut soumis au votre de l’assemblée :
‘’Les citoyens, réunis le 3 septembre 1929 dans la grande salle Wagram, à l’appel de trente
organisations juives de Paris, sous la présidence de M. Hillel Zlatopolski, assisté de MM.
Bernard Lecache et Marcel Myrtill :
Rendent un hommage solennel aux Juifs qui, en Palestine, sont tombés pour la défense légitime
de leurs droits et aux chrétiens qui sont morts auprès d’eux en accomplissant le suprême
devoir de solidarité humaine ;
Protestent énergiquement contre l’administration et le gouvernement palestinien qui n’ont ni
prévu ni prévenu les tragiques événements de ces jours-ci ;
Enregistrent leur carence et dénoncent les nombreux fonctionnaires anti-juifs responsables de
l’insuffisance des mesures prises pour empêcher le conflit, comme de la suppression de la presse
juive et du désarmement des ouvriers juifs ;
Constatent en outre que l’Administration Palestinienne n’a pas voulu trouver la solution
concernant le Mur des Pleurs, symbole cher à tous les Juifs et, de cette façon, a donné prétexte
aux Arabes fanatiques d’attaquer la population juive.
Repoussant hautement les calomnies répandues contre les Juifs de Palestine qui ont toujours
été inspirés par un esprit de paix, expriment le fervent espoir que, parmi la population arabe, il
se trouvera des éléments qui comprendront où mène la politique provocatrice et chauvine des
exploiteurs effendis.
Exigent le châtiment de tous les coupables, l’élimination de tous les coupables, la libération
immédiate de tous les Juifs accusés de self-défense, le paiement des dommages ;
Demandent au Gouvernement Britannique l’application stricte de son mandat,
particulièrement au par.2 ;
Adressent leur salut fraternel aux Juifs palestiniens défendant leurs droits’’.
Plus de 2000 personnes assistèrent à cette manifestation au cours de laquelle aucun
incident n’eut lieu.
L’œuvre Israélite pour les Gardes Malades et l’Association
professionnelle pour l’éducation de la Jeunesse et Société de
Prévoyance La Terre Promise :
.
Le Journal Officielle publie cette petite annonce le 4 septembre 1942 :
‘’Le Commissaire Général aux Questions Juives
79
Vu le décret n° 164 du 26 février 1942 fixant les conditions du transfert à l’Union Générale
des Israélites de France des biens des Associations juives dissoutes par la loi du 29 novembre
1941 :
Arrête :
Article Unique : l’Union Générale des Israélites de France prendra possession, le 1er septembre
1942 des biens de l’association juive dissoute ainsi dénommée :
Œuvre Israélite des Gardes Malade, 13 rue de …. à Paris
Fait à Vichy le 27 août 1942
Darquier de Pellepoix
-.-.- .Le Commissaire Général aux Questions Juives
Vu le décret n° 164 du 26 février 1942 fixant les conditions de transfert à l’Union Générale des
Israélites de France des biens des associations juives dissoutes par la loi du 29 novembre 1941.
Arrête :
Article Unique : l’Union Général des Israélites de France prendra possession le 15 aout 1942,
bien des associations juives dissoutes ainsi dénommées :
Association professionnelle pour l’éducation de la Jeunesse
17 rue Saint Georges Paris
Société de Prévoyance La Terre Promise
Rue du Château d’Eau Paris ;
Fait à Vichy le 28 aout 1942
Darquier de Pellepoix.
Aide à l’Immigration
American Joint Distribution Committee
L’American Jewish Joint Distribution Committee fut créé par le diplomate américain
Henry Morgenthau, le philanthrope Jacob Chiffe, le banquier Félix Warburg et Louis
Marschall en 1914 pour venir en aide aux Juifs vivant en Palestine. Pourtant, cette
institution s’est spécialisée dans l’assistance matérielle et sanitaire aux communautés
frappées par les affres qui ont suivi la Première Guerre Mondiale. Avec l’arrivée
d’Hitler au pouvoir, la priorité du Joint devenait le secours aux Juifs fuyant le
nazisme. Avant la Seconde Guerre Mondiale, il était présidé par le Rabbin Stephen
Wise et l’une de ses actions éclatantes est le sauvetage des Juifs de Shanghai. En effet,
80
avec l’arrivée massive de groupes de juifs allemands, autrichiens et lituaniens, l’AJDC
envoie Laura Margolis à Shanghaï auprès des réfugiés juifs européens qui avaient
trouvés cet asile. C’est à cette occasion qu’elle devient une des responsables du Joint.
En janvier 1942, suite à la défaite de Pearl Harbour, l’American Joint Distribution
Committee doit rapatrier de toute urgence Laura Margolis. Bien que de retour aux
USA, celle ci fait tout ce qui est possible pour faire parvenir de l’argent aux
organisations juives shanghaïennes. Laura Margolis est la représentante du J.D.C. en
France dès 1943 lors de la création clandestine du CRIF.
La Hicem en Extrême-Orient
Des efforts furent tentés, dès la fin de la première guerre mondiale, pour regrouper en
une seule institution les œuvres juives d'assistance aux émigrants à travers le monde.
En 1921, la J.CA. convoqua à cet effet une conférence spéciale à Bruxelles, et sur
l'initiative de la Hias of América (Hebrew Immigration Association) et la Conférence
Juive de Secours; l'Emigdirect fut créée à Prague en fin de cette même année.
Dès fin 1926, des pourparlers entre la J.C.A., d'une part, et la Hias-Emigdirect,
d'autre part, furent entamés. Un accord signé constitua l'institution unique "L'Association pour Immigration Hias-Jca-Emigdirect "Hjcem’’. Le Hias et la J.c.a. ont
donc assumé pendant huit ans la charge budgétaire de la Hjcem et cet état de fait a été
légalisé par un changement de statuts en 1934. En effet, à cette date l'Emigdirect cessa
de faire partie de l'association. L'association continua pourtant de fonctionner sous le
nom de "Hias-Jca-Emigration- Association" : Hicem.
Outre une œuvre d'assistance immédiate, l'Hicem a créé des institutions de
préparation agricole ou professionnelle, des cours de langues étrangères et des caisses
de prêts destinées à faciliter l'intégration productive des immigrés dans la vie
économique des pays de refuge. L'action particulière en faveur des réfugiés
d'Allemagne a permis, après l'établissement dans les pays de transit des éléments
capables d'être immédiatement intégrés dans la vie de ces pays, malgré les difficultés
politiques et économiques, de diriger vers les autres pays d'Europe, vers les pays
d'outre-mer et la Palestine.
Tableau des émigrants partis de Harbin pour la Chine du Sud, la Mongolie, le Japon,
les pays limitrophes, l'Indonésie, Singapour et Hong Kong:
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------Année Chine du Sud, Mongolie, Japon, pays limitrophes : Indonésie, Singapour, HK*
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------1926
27
:
26
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------1927:
75
:
28
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------1928:
72
:
47
81
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------1929:
421
:
81
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------1930
181
:
57
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------1931:
303
:
61
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------1932:
515
:
43
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------1933:
173
:
30
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------1934:
161
:
14
--------- ------------------------------------------------------------------------------------------------------1935:
160
:
11
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------Total:
2.250
: 398
----------------------------------------------------------------------------------------------------------------* Hong Kong
Les réfugiés expédiés par la Hicem en Extrême-Orient y reçurent un accueil
chaleureux. Il leur fut prêté de l'argent, cette aide leur fut fournie pour qu'ils puissent
se procurer un logement, des instruments de travail etc.., et comme de pouvoir
voyager dans d'autres endroits de la Mandchourie et de la Chine. Grâce à l'activité du
Daljewisb, le Bureau de l'HICEM à Harbin, prés de 500 réfugiés juifs allemands
purent s'établir dans les pays d'Extrême-Orient. Plus de 150 de ces réfugiés exercèrent
la médecine notamment le Dr Joseph Preuss, médecin de Mesdames Sun Yat Sen et
Tchang Kaï Tchek , qui légua à sa mort sa collection d'art chinois au Musée "Haaretz"
de Tel-Aviv. Ces réfugiés créèrent une communauté spécifique à Shanghai sous le
nom de "Jewish Community of Central European Jews".
Le Bureau Central de Hicem était domicilié à Paris au 25 rue de la Bienfaisance et
l'action de cette association se situait sur trois points avec un programme bien
particulier pour chaque point : 1) dans les pays d'émigration, 2) dans les pays de
transit et dans les pays d'immigration.
1) dans les pays d'immigration.
a) Informer les émigrants des conditions qui prévalaient dans les pays
d'immigration et les renseigner plus particulièrement au sujet de la situation du
marché de la main-d'œuvre dans l'industrie et dans l'agriculture.
b) Leur prêcher l'assistance légale en intervenant en leur faveur auprès des
différentes institutions nationales et consulaires, en leur facilitant l'obtention de divers
documents (passeport, visas, etc...)
82
c) Préparer les émigrants aux conditions qu'ils trouveront dans les pays
d'immigration et de transit, en créant pour eux des cours où ils peuvent apprendre la
langue du pays auquel ils se destinent et en leur dispensant l'enseignement
professionnel et agricole qui doit leur permettre d'apprendre un métier leur donnant
la possibilité de gagner leur vie en exerçant une occupation lucrative.
2) dans le pays de transit
a) Suivre les émigrants dans tous leurs déplacements à travers les pays de
transit et leur assurer, en cours de route, l'assistance matérielle et morale qu'ils sont en
droit d'attendre; faire toutes les démarches nécessaires auprès des autorités ou des
compagnies de navigation ou de transport.
3) dans les pays d'immigration
a) Organiser la réception des immigrants en les accueillant à leur débarquement
et en créant ou en subventionnant des hôtelleries qui leur soient destinées dans les
principaux ports d'outre-mer.
b) créer des bureaux de travail, ou contribuer au fonctionnement des cours qui
existent déjà et qui proposent d'assurer le placement des immigrants et leur
dispersion à travers les provinces de l'intérieure des pays où ils se rendent.
Pour avoir une idée générale de l'ampleur du travail accompli par la Hicem, il
suffit de considérer que des centaines de milliers d'émigrants ont été reçus ou établis
par les Comités affiliés des pays d'émigration et d'immigration et de transit.
H.I.A.S. (Hebrew Immigrant Aid Society)
Dès les années 30, cette association assure l’émigration des Juifs vers les pays du
nouveau monde. Elle facilite la recherche des familles, facilite les formalités
d’immigration et finance l’acheminement des émigrants nécessiteux. L’HIAS a
beaucoup aidé à l’émigration vers l’Extrême-Orient : La Mandchourie, la Chine, etc…
H.I.C.E.M.
L’HICEM est une organisation créée en 1927 dont le but était d'aider les juifs
européens émigrer. HICEM a été formé avec la fusion de trois associations de
l'immigration juive: HIAS (Hebrew Immigrant Aid Society), qui était basé à New
York. ICA ( Jewish Colonization Association), qui était basée à Paris, mais enregistré
comme un organisme de bienfaisance de la société britannique, et Emigdirect, une
organisation de migration basé à Berlin. Le HICEM nom est un acronyme de HIAS,
l'ICA, et Emigdirect. L'accord entre les trois organisations stipulait que toutes les
branches locales en dehors des Etats-Unis allaient fusionner sous le label HICEM,
tandis que HIAS se consacrerait encore à faire face à l'immigration juive vers les
États-Unis. Toutefois, Emigdirect a été contraint de se retirer de la fusion en 1934, et
plus tard, les règlements de guerre britannique a limité la CIA d'utiliser ses fonds en
dehors de la Grande-Bretagne. Ainsi, pendant un certain temps, l’HICEM a été
financé exclusivement par l’HIAS. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate en
Septembre 1939, HICEM avait ouvert des bureaux dans toute l'Europe du Sud et
83
l'Amérique centrale et l'Extrême-Orient. Le siège européen de l’siège européen
HICEM était basé à Paris. Après que l'Allemagne eut envahi et conquis la France à la
mi-1940, l’HICEM décida de fermer ses bureaux de Paris et de les déplacer à
Lisbonne. Le Portugal, un pays neutre, était ami avec les Alliés et avait une
communauté juive reconnue officiellement.
L’ORT
La société ‘’ORT’’, sous la direction d’un membre du ‘’Central Board Word ORT Union’’,
M. Ch. Rozenbes, polonais, préparait, depuis septembre 1941 les jeunes juifs à la vie
agricole, aux métiers manuels ou aux techniques industrielles. Plus de 1.200 jeunes
gens sont passés par cette école pendant la guerre, un plus grand nombre depuis lors.
Cependant que les études plus poussées d’ingénieurs pouvaient se donner, depuis le
début de 1945 à l’Ort Engineering Seminar ; et que les étudiants de sciences ou de
médecine étaient admis à suivre les cours dans ces trois établissements (non-juifs) de
Shanghaï : le Henry Lester Institut, St John’s University, et l’Université ‘’l’Aurore’’.
Le Sioniste
En 1929, les élections sionistes en France pour la participation au 16ème Congrès
Sioniste ont lieu au début de l’été. L’ Univers Israélite n° 84 (2) en donne les
préparatifs : ‘’Les élections pour le seizième Congrès sioniste auront lieu, le dimanche 30 juin
et lundi 1er juillet, à Paris. On nous a communiqué à ce sujet l’appel suivant :
Plusieurs groupes sionistes de France, viennent d’apprendre avec grande satisfaction la
décision de Mr Isaac Naïditch de poser sa candidature comme délégué au prochain Congrès
Sioniste.
Il n’échappe à personne l’importance qu’il faut attribuer au seizième Congrès Sioniste, qui est
appelé à trancher définitivement la question de l’Agence Juive. M. Isaac Naïditch, qui a
consacré toute sa vie à l’idéal sioniste, qui pendant quarante-cinq ans a toujours été sur la
brèche, qui durant vingt année a figuré dans les Congrès sionistes, qui a été le créateur du
Keren Hayesod, dont il préside le Comité directeur, qui a présidé le Conseil économique et
financier de Palestine, qui a su faire de gros sacrifices personnels pour la reconstruction de la
Palestine, qui a été l’animateur du ‘’Tarbouth’’, en parfait hébraïsant et l’écrivain qu’il est, M.
Isaac Naiditch est l’homme qui apportera l’expérience voulue, l’esprit de décision, l’esprit
pratique.
D’autre part, nous applaudissons à la candidature de M. Isaac Naiditch parce qu’il est un des
rares hommes qui jouit d’une grande sympathie dans tous les milieux sionistes. Les tendances
de ce grand industriel sont nettement démocratiques et les travailleurs juifs de Palestine ont
toujours trouvé en lui un ardent défenseur.
Les ‘’Mizrahi’’ aussi bien que les travaillistes trouvent en M. Isaac Naiditch le candidat qui
réalise le mieux les aspirations du peuple juif tout entier.
Notre devoir, notre conseil est de voter pour M. Naiditch.
Notre reconnaissance nous l’ordonne’’.
84
Cet appel est signé de MM. Léonce Bernheim, avocat à la cour, du Rabbin M.
Eisenstadt, du Dr Jacobson, de Marcel Myrtil, avocat à la cour et de V. Penso.
Finalement I. Naiditch est élu au Congrès Sioniste par 509 voix. Les révisionnistes
obtiennent 459 voix et 147 voix vont au Poalé Sion. Au Congrès Sioniste, les
principaux délégués du Judaïsme français à l’Agence Juive de Palestine sont : MM.
Léon Blum, député, Léon Zadock-Kahn, Henry Lévy, minotier à Strasbourg et Robert
Bollack.
Les grands leaders sionistes en France étaient : Chalom Asch, Victor Basch,
Nahum Hermann ; publiciste, Léo Motzkin, Président du Comité d’Action de
l’Organisation sioniste universelle, Hillel Zlatopolski, vice-président de la Fédération
sioniste.
Le Keren Kayemeth Léisraël : K.K.L
La branche française du Keren Kayemeth Léisraël (Fonds National Juif) a été
constituée selon la loi de 1901. Elle se propose de faire participer les Juifs de France à
la réalisation de la tâche que lui a assignée le K.K.L. Celui-ci a été fondé à Bâle en 1901
sur une idée d’Hermann Shapira et relève l’inaliénabilité du sol national d’Eretz Israël
et de son utilisation par la voie de baux héréditaires. Depuis 1920, le K.K.L. se
consacre à l’achat et au défrichement des terre.
Le Keren Hayesod.
En juillet 1920, les instances sionistes mondiales décidèrent, lors du Congrès de
Londres, de créer un Fonds pour la reconstruction de la Palestine. Les pères
fondateurs de cette institution voulaient renouveler par ce biais l’antique tradition du
‘’Maaser’’ qui leur aurait permis de réunir cinq millions de livres sterling pour le
développement de la Palestine sous tutelle britannique. En face des espérances
suscitée par la Déclaration Balfour, il y avait un petit ychouv, dépourvu de tout, et un
mouvement sioniste, ayant perdu le meilleur de lui-même dans la Première Guerre
Mondiale et dans la Révolution russe, qui essayaient de redynamiser l’idée du
‘’Retour à Sion’’. C’est grâce à la collecte du Keren Hayesod, au cours des vingt-huit
années du mandat anglais que deux cent cinquante centres agricoles furent fondés
dans tous les coins du pays et que les bases d’un Etat Juif purent être jetées.
A l’origine, la tâche du Keren Hayesod était de recueillir de l’argent pour la
construction de la Palestine. Les sommes collectées devaient être réparties comme
suit :
•
1/5 pour l’achat de terrains et leur préparation à l’usage des colons. Le reste
devant être divisé en tiers
•
1/3 pour les travaux d’utilité publique comme l’afforestation, le drainage des
marais, les hôpitaux et les logements d’ouvrier.
85
•
1/3 pour des entreprises de nature commerciale ou industrielle susceptible de
rapporter un intérêt, telles que la force motrice, l’irrigation, le crédit à l’entreprise.
•
1/3 pour l’organisation de l’immigration (abris, hôpitaux, instructions sociales).
Le Keren Hayesod prit des placements en hypothèques sur immeubles sur les sociétés
‘’Palestine Electric Corporation’’, ‘’Palestine Land Development Cy’’, ‘’Solel Boneh’’,
‘’Tnuva’’, ‘’Rasko’’, ‘’Artisan’s Bank’’ et sur l’Institut Technique de Haïfa (Techniun).
Nombre de ces sociétés ‘’palestiniennes’’ furent l’ossature de la Histadrut ; ‘’La
Confédération Générale des Travailleurs’’.
Le Comité Français du Keren Hayesod
Les activités du Comité de Paris étaient uniquement dirigées vers le
développement complet de la Palestine, et pour réaliser cet objectif le Bureau Central
du Keren Hayesod avait nomme en 1929, le Dr Nathan Halpern comme son
représentant permanent en France. L’intensification des activités du Keren Hayesod
démarra chez le Baron Henri de Rothschild, à l’occasion d’une réunion dont le
principal intervenant fut le Dr Haïm Weizmann, président de l’Organisation Sioniste,
et depuis cette date le travail s’est accentué. Le Comité Parisien était composé de
sionistes et de non sionistes parmi lesquels le Dr Léon Zadock-Kahn (Président)
Maître Fernand Corcos et Robert Bollack (vice-Président), Joseph Asscher (Trésorier),
Léon Salmon (Trésorier adjoint), Dr Léon Filderman (Secrétaire Général), Léon
Bernheim (instructeur propagandiste) et le Dr N. Halpern (représentant permanent).
Les membres en étaient MM. Isaac Naïdich, Henri Bodenheimer, Jacques Marx, Léon
Bril et Angélo Domski. La contribution minimum au Keren Hayesod était fixée à cent
francs, et pratiquement toutes les contributions ont été réglées sur place à la
souscription. Le Comité Parisien du Keren publia une importante propagande
littéraire. Au printemps 1929, un pamphlet fut édité sous le titre’’ La Renaissance
d’Eretz Israël’’.
Un grand nombre d’hommes politiques français dont MM. de Monzie,
Painlevé, Justin Godart et Léon Blum, prêtèrent au Sionisme français l’appui de leur
influence politique. Messieurs Edouard Herriot, Aristide Briand et Raymond Poincaré
prononcèrent quelques paroles d’encouragement, tandis que Gaston Doumergue,
Président de la République, acceptait la Présidence du Comité d’honneur du Comité
France-Palestine. Ce dernier Comité a permis de susciter un intérêt maximum pour la
renaissance palestinienne parmi les non juifs français.
Le Fonds Français pour la Reconstructions de la Palestine est une association
déclarée conformément à la loi du 1er juillet 1901. Elle a pour but :
•
d’accomplir tous actes pouvant donner son maximum d’efficacité et d’utilité à
la Déclaration en date du 2 novembre 1917 , adoptée par les gouvernements alliés,
enregistrée et confirmée par la Société des Nations et concernant l’établissement d’un
Foyer national juif en Palestine.
86
•
d’aider, d’encourager et de promouvoir l’immigration en Palestine,
principalement des juifs originaires de pays où ils sont persécutés.
•
d’éditer à cet effet toutes publications
•
de créer aux mêmes fins des sections locales sur le territoire de la France et des
colonies.
•
de fournir aux autorités française tous renseignements et statistiques
concernant la vie économique en Palestine
L’association s’efforcera de maintenir, par l’ensemble de son action, une continuité
de vues et d’entente entre la France et la population de la Palestine.
Elle encourage les rapports d’ordre intellectuel et commercial entre la France et la
Palestine. Jusqu’à 1968, ce Comité sera connu sous le nom de : ‘’Appel Unifié pour
Israël’’.
L’Agence Juive
Lorsque la Société des Nations confia, en juillet 1922 à la Grande Bretagne, un mandat
sur la Palestine dans l’esprit de la Déclaration Balfour, il s’agissait de créer un Foyer
national juif dans cette partie du monde, compte tenu des liens historiques du peuple
juif avec la Palestine, afin de faciliter l’immigration et la colonisation du pays.
L’Organisation Sioniste Mondiale fut reconnue comme ‘’Agence Juive’’, organisation
destinée à aider l’administration mandataire à remplir ses obligations quant à la
colonisation juif du pays d’Israël. La constitution de l’Agence Juive fut élargie en 1929
pour permettre à des non sionistes d’y collaborer et il fut résolu de mettre en place
plusieurs organes. Les statuts décrivent les rôles de chacun des organes : le Conseil, le
Comité Administratif, l’Exécutif ; l’Agence Juive a pour président, le président en
fonction de l’Organisation Sioniste, à moins que le Conseil n’en décide autrement, à la
majorité des trois-quarts. En lançant un appel en faveur des Palestiniens Juifs lors des
massacres de 1929, notamment à Hébron, l’Agence Juive joua son premier rôle
politique sur la scène internationale.
L’Agence Juive garda son statut jusqu’à la proclamation de l’Etat d’Israël, le 14 mai
1948, mettant l’accent sur l’activité en faveur de l’immigration, sur la propagation de
l’idée sioniste dans les masses juives, sur l’éducation juive dans la Diaspora, et
particulièrement parmi la jeunesse.
87
Sionisme ou Socialisme :
En 1929, Jean Rolland un article intéressant sur les rapports entre le socialisme et le
sionisme sous le titre :
‘’Au Congrès Sioniste de Zurich
Comment M. Léon Blum concilie le socialisme et le Sionisme.
Le Congrès Sioniste de Zurich vient de se terminer au chant de la ‘’Hatikva’’ ‘’L’Espérance’’
chanté debout par les délégués, y compris M. Léon Blum qui siégeait sur l’estrade parmi les
grands israélites des divers pays du monde. Citons-en quelques-uns uns : Einstein de Berlin,
Sir Herbert Samuel, Sir Melchett, Avigdor, Goldschmidt de Londres, Louis Marschall de New
York, Félix Warburg de New York, Oscar Wasserman de Berlin, Schalom Asch, d’autres
encore. Il est vraisemblable que l’’’Espérance’’ n’est pas tout à fait l’’’Internationale’’, bien que
de ce chant religieux s’exhale un mysticisme messianique étendu au monde entier.
Ce Congrès Sioniste de Zurich n’a pas été uniquement ‘’sioniste’’, il n’a pas tendu à la seule
reconstruction de la nation, de la patrie judaïque que tentent en Palestine les pionniers
d’Israël. Il y avait même des délégués non-sionistes, qui considèrent d’une manière plus
idéale, plus symbolique, en même temps d’ailleurs que très matérielle, le royaume de Sion.
Sans doute feront-ils tous leurs efforts pour aider l’Etat juif de Palestine. Ils en seront les
fourriers en Amérique comme en Europe, sans toutefois quitter leur pays d’élection où l’exil
leur est doux.
Ainsi le Congrès Sioniste fut, en réalité, un Congrès israélite universel. Et c’est une bien
curieuse entreprise dont cette assemblée marque déjà les grandes lignes.
Autour de Jérusalem se dresse peu à peu la nouvelle patrie juive. Il faut avouer que cette
reconstruction, après des siècles, est assez émouvante. Mais auprès d’elle, une force
internationale, d’une puissance qui peut devenir incomparable, force morale et matérielle,
incarnée par ‘’l’Agence Juive élargie’’ qui vient d’être constituée à Zurich. Cette ‘’Agence
juive’’ universelle aura, comme le dit M. Chaïm Weizmann qui avec M. Nahum Sokolov, est à
la tête du Comité directeur., composé de 13 membres, la responsabilité locale de la renaissance
de la Palestine. Par suite, dit-il encore, des évènements politiques, du mandat sur la Palestine
accordé à l’Angleterre, de la grande misère des communautés juives de l’Europe orientale, des
difficultés d’émigration, la Palestine est devenue un point central de toute l’activité israélite,
un centre de culture, un foyer où viendront s’abriter des milliers d’exilés.
De la sorte, tout juif perdu dans le monde aura deux patries ; celle où il réside, et puis la patrie
intime de Jérusalem. Celle-ci aura sa vie assurée par l’Agence juive élargie’’, à qui, dit M.
Ussichkin, les sionistes apportent en cadeau de fondation : la déclaration Balfour, le
mouvement des pionniers, plus d’un million de domaines de terre, plus de 100 colonies juives,
une langue hébraïque vivante, une université hébraïque, et le mysticisme enthousiaste du
monde juif tout entier…
On se demande sans doute comment M. Léon Blum qui, pendant la tragédie de La Haye,
siégeait au Congrès sioniste, accorde son socialisme et son nationalisme juif. Il le fait le plus
aisément du monde.
- Le socialisme que je suis, dit-il, ne serait pas présent dans la salle si, comme on le prétend à
tort, le sionisme était l’expression d’un nationalisme fanatique juif. Il n’en n’est rien. Le home
national juif est sous la protection de la Société des Nations. Il devient ainsi la préfiguration de
88
la future nation internationale. La Palestine deviendra un merveilleux laboratoire
expérimental pour les réformes qui modifieront profondément l’économie du monde. Elle devra
être construite sur des bases démocratiques où les organisations ouvrières devront avoir la
puissance politique ; mais, en outre, elle devra bénéficier de certaines formes de capitalisme
moderne.
Telles furent les idées exposées par M. Léon Blum au Congrès sioniste. Nous
souhaiterons que le leader du socialisme français exposât plus largement et à loisir, dans son
journal, ces conceptions sur le home national juif. Peut-être aussi, M. Léon Blum pourrait-il
aller en Palestine pour y réaliser sur un terrain particulièrement propice ses rêves d’un Etat
national-international, protégé par la Société des Nations, mais sous le mandat, ne l’oublions
pas, de la Grande-Bretagne. Peut-être aussi pourrait-on opposer quelques objections si M.
Léon Blum voulait donner un exemple à la France cette nation internationale.
- Nous ne songeons certes pas à blâmer M. Léon Blum d’avoir participé au Congrès de Zurich
et d’avoir chanté l’hymne national israélite. Répétons-le : l’effort sioniste mérite le respect ;
celui des non-sionistes, mais qui considèrent l’œuvre de reconstruction de Sion comme un
symbole, ne l’est pas moins. Et M. Léon Blum a raison de ne point cacher ses sympathies pour
ses frères de race. Cependant, la France n’est pas la Palestine et n’a nul besoin d’être mise en
tutelle par une Internationale quelconque.’’
Commission Centrale du Chekel en France
Au sein du Keren Kayemeth LéIsraël se crée le 9 mai 1934, la Commission Centrale du
Chekel en France. Son siège est situé au 10 rue Etienne Marcel.
Association des Sionistes Etatistes ou ‘’Parti de l’Etat Juif’’.
Son siège est situé au 11 rue du Faubourg St Martin.
Cette association a pour but de contribuer par tous les moyens légaux à la création
d’un état juif en Palestine, de faire la propagande nécessaire à cet effet. Elle se propose
de créer à Paris et en Province des sections de jeunesse sportives et éducatives dite
‘’Menorah’’ et ‘’Brith Hakanaïa’’.
Comité Directeur des Sionistes de France
En 1947, le président du Comité Directeur des Sionistes de France est Marc Jarblum.
Le Comité directeur des Sionistes de France représente les organisations suivantes :
Poalé Sion Histrachdout
Poalé Sion de Gauche
Sionistes Généraux
Mizrahi Hachomer Batsair
Mouvement de la Jeunesse Sioniste
Keren Kayemeth léisraël et Keren Hayesod
Wizo Hahalouts Bahad
Sionistes Révisionnistes Unifiés
89
Vice-Président et trésorier : René Kapel
Secrétaire Général : Sam Segal
Membres du Bureau : Michel Topiol, Tony Gryn
Ligue Franco-Sioniste
Cette ligue est fondée en février 1916 et son siège était domicilié au 17 rue des Fossés
St Jacques.
Parmi les membres de cette ligue, on trouvait : Charles Andler ; Professeur à la
Sorbonne, Edmond Fleg ; Homme de lettres, Charles Gide ; Professeur à la Faculté de
Droit, A. Ferdinand Hérold ; Vice-Président de la Ligue des Droits de l’Homme,
Gustave Kahn ; Homme de lettres, Adolphe Lods ; Professeur à la Sorbonne, Paul
Loewengard, Homme de lettres, Levy-Wogue, Professeur au Lycée Janson de Sailly,
Wilfred Monod ; pasteur, professeur de théologie, Marius Moutet ; Député, Paul
Otlet ; Secrétaire général des associations internationales, Paul Passy ; ancien
Professeur à la Sorbonne, Gabriel Seailles ; Professeur à l’Université de Paris, membre
du Comité Central de la Ligue des Droits de l’Homme, Nahum Sloush ; Docteur es
lettres, André Spire ; Homme de lettres, Emmanuel Weil; Rabbin….
Les partis Sionistes représentés en France
Le Mapam
Socialiste de Gauche lié au Mapam en Israël
Mizrahi –Hapoel Hamizrahi
Religieux lié au Parti national religieux.
Organisation Sioniste de France (libérale)
Liée au Parti Libéral israélien et à la Conférence mondiale des Sionistes Généraux.
Parti Sioniste Indépendant ou Sioniste Général Indépendant
Ce partie est également appelé Parti Sioniste Général Progressiste. Apolitique dans la
mesure où il ne veut pas s’identifier à un parti israélien.
Parti Sioniste Socialiste (Avoda)
Socialiste, né de la fusion du Poalé Sion Hitahdout et du Poalé Sion Gauche-Ahdout
Avoda, lié au parti travailliste israélien par le canal de l’Ihoud Olami (Union Mondiale
des Partis Sionistes Socialistes).
Parti Révisionniste
Mouvement nationaliste lié au Hérout.
90
La Presse juive de l’après guerre.
Arbeiter Wort (la Parole ouvrière)
Ce Bimensuel en yiddish à caractère politico-littéraire est fondé en 1943 et est publié
par l’Ahdout Haavoda-Poalei Sion.
Die Naie Stime (La nouvelle voix)
Cette revue bimensuelle en yiddish des Sionistes Généraux est fondée en 1961 et est
éditée par l’Organisation Sioniste de France.
Unzer Kiyoum (Notre Existence)
Cette Revue mensuelle littéraire et sociale en yiddish est fondée en 1959 et est éditée
par la F.S.J.F.
Unzer Shtime
Quotidien du Bund
Unzer Weg (Notre Chemin)
Cet hebdomadaire religieux en yiddish est fondé en 1946. Il est affilié au Mizrahi
Hapoel Hamizrahi d’Europe.
Unzer Wort (Notre Parole)
Ce quotidien en yiddish, de tendance sioniste socialiste, est fondé en 1945 et est édité
par le Poalé Sion Hitachdrout Mapai. Il passe sous le contrôle des Sionistes
travaillistes et de la Fédération des Sociétés Juives de France.
Zionistiche Shtime (La Voix Sioniste)
C’est l’organe central de la Confédération Mondiale des Sionistes Généraux.
Notes rédigées par Marc Knobel
(1) Le 7 novembre 1938, un jeune juif de 17 ans, Herschel Grynszpan, attend à la porte
de l’Ambassade d’Allemagne à Paris avec un revolver. Ses parents ont été persécutés
en Allemagne. Il veut les venger et tire sur un conseiller de l’Ambassade nazie, Von
Rath. C’était l’occasion qu’attendaient les nazis pour mener une opération de grande
envergure contre les Juifs. A la demande d’Hitler, c’est Goebbels qui pousse les
dirigeants du parti nazi et les S.A. à attaquer les Juifs. Heydrich organise les violences
qui doivent viser les magasins juifs et les lieux de culte juifs. La Nuit de Cristal est
aussi la première vague d’arrestation. 20.000 à 30.000 juifs sont arrêtés et déportés
dans les camps de concentration existants (Dachau, Sachsenhausen...). 91 personnes
91
trouent la mort au cours de la nuit de violences. En Autriche, la Nuit de Cristal est
particulièrement violente. 6500 juifs sont arrêtés par la Gestapo et 3000 déportés à
Dachau.
2° Le 23 août 1939, le monde apprend avec stupéfaction la signature au Kremlin, à
Moscou, d’un pacte germano-soviétique. Connu aussi sous le nom de pacte
Ribbentrop-Molotov (du nom des deux ministres des Affaires Etrangères d’Allemagne
et de l’Union Soviétique qui ont négocié l’accord), il était constitué de deux parties :
un accord économique, signé le 19 août 1939 qui prévoyait que l’Allemagne
échangerait des biens manufacturés contre des matières premières soviétiques, et un
pacte de non-agression d’une durée de 10 ans, signé le 23 août 1939, dans lequel
l’Allemagne nazie et l’URSS se promirent de ne pas s’attaquer mutuellement. Le pacte
germano-soviétique permit à l’Allemagne d’attaquer la Pologne le 1 er septembre 1939
sans crainte d’une intervention soviétique.
3° La M.O.I. (Main d’œuvre Immigrée) est le secteur du Parti Communiste qui
regroupe les résistants d’origine étrangère. Ce sont ceux de l’Affiche Rouge. Elle
comporte une sous-section juive très active. Elle fait paraître un journal clandestin en
Yiddish (langue parlée par les Juifs de Pologne et de Russie : ‘’Unzer Wort’’ (Notre
Parole. A partir de 1941 (attaque de Hitler contre l’URSS), elle se lance dans l’action
armée, en plein Paris. Elle aura de sérieuses pertes et son réseau principal sera
démantelé en 1943. Les héros de l’Affiche Rouge seront exécutés au printemps 1944.
La direction nationale de la section juive quitte alors Paris pour Lyon. Pour
reconstituer le mouvement, une organisation plus large est créée : l’U.J.R.E. ( Union
des Juifs pour la Résistance et l’Entraide) qui publie un journal clandestin, Droit et
Liberté. En 1944, les militants restant de la MOI (surtout de la Banlieue) se constituent
en groupes militaires de la FTP-MOI (Francs Tireurs et Partisans) et participent aux
combats de la Libération de Paris.
4° L’O.J.R. (Organisation Juive de Combat) est créée à Toulouse en 1941. Ses cadres
viennent des Jeunesses Sionistes et des Eclaireurs Israélites de France. Elle fabrique de
faux papiers, puis passe à l’action militaire. Son réseau s’étend progressivement à
toute la zone sud. Une section de sauvetage tente de sauver les enfants en les cachant
sous de fausses identités ou en les faisant passer en Suisse. Au début de 1943, le
premier groupe de maquisards juifs s’organise. En novembre 1943, un groupe de
jeunes juifs monte au maquis du Roc. Un maquis juif est créé en janvier 1944 dans le
Tarn. Deux autres maquis sont organisés dans la Montagne Noire, mais ils dépendent
de l’A.S. (Armée Secrète). Ces maquis sont très actifs et pratiquent sabotages et
embuscades. A l’annonce du débarquement, leurs activités redoublent. On raconte
qu’après l’explosion d’un train, le maquis fait des prisonniers allemands. Au moment
où ces derniers passent, chacun des résistants leur dit ‘’ich bin Jude’’ (Je suis Juif).
92
5° La naissance du CRIF se situe au cœur même de la Shoah, alors que l’occupant nazi
et les forces de la collaboration française, le gouvernement de Vichy, s’acharnaient
contre une communauté Juive meurtrie. De nombreuses organisations politiques et
culturelles, des institutions cultuelles et sociales fonctionnent avant-guerre, dont le
Consistoire Central des Israélites de France et d’Algérie, l’Alliance Israélite
Universelle, la Fédération des Sociétés Juives de France, l’ORT, l’OSE, les Eclaireurs
Israélites de France. Il y avait des groupements communisants, des formations
sionistes, bundistes, une association d’étudiants juifs, des mouvements de jeunesse
haloutzique, des cercles religieux et laïcs. Les rafles commencent à servir dans la
communauté en zone nord et sud dès 1941-1942. Les premiers visés sont les Juifs
étrangers. Les organisations juives mettent en place des opérations de sauvetage : se
procurer des faux papiers, des moyens de subsistance, cacher les enfants. En juillet
1943, des négociations permettent de créer le Comité Général de Défense Juive. Enfin,
un accord conclu avec le Consistoire central aboutit à la création clandestine du CRIF
dont la charte est définitivement élaborée en 1944. Sa première tâche est d’unifier les
actions de sauvetage. Le CRIF est la seule représentation politique de la communauté
organisée ; il représente l’unité de la communauté. Son premier président est Léon
Meiss. Il faut rendre hommage à d’autres grands noms qui ont contribué à la
naissance du CRIF : Léo Glasser, Joseph Fisher, Nahum Herman, Zvi Levin, Michel
Topiol, Joseph Frydman, F. Schrager, Henri Adam, Claude Kelman et Adam Rayski.
Recherches scientifiques
Institut Scientifique Juif (YIVO)
Cette Société est fondée en mai 1939. Elle cesse ses activités en juin 1940. Son siège est
domicilié au 13 rue des Petits champs(1er).
Son but est :
- effectuer des recherches en matière linguistique sur le langage yiddish et sur
l’histoire et le folklore du peuple juif
- organisation de conférence sur le même sujet
- publication du résultat des recherches et travaux effectués par la société.
Elle est composée ;
Président : Tscherikower Elias
Secrétaire : Goichgilerint Génoch
Trésorier : Bocser Meer
Tscherikower Elias, né le 13 aout 1881 à Poltava (Russie) de Chaïm et de
Teplinsky Reissa, réfugié russe, était marié à Tiplitzki Rebecca, née le 15 janvier 1884 à
Poltava (Russie), de Nahum et de Brodosky Braina. Ecrivain, historien et homme de
lettres, Tscherikower vivait de droits d’auteurs et de la rétribution d’articles publiés
dans des revues juives à l’étranger. IL écrivait notamment dans la revue ‘’Judaïca’’ de
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Buenos Ayres et a publié en anglais et en yiddish l’ouvrage ‘’Yivo Studios in history’’
Wilno, 1937’’.
Goichgilerint Genoch, né le 29 mai 1892 à Krimzenice (Pologne) est marié à
Karinei Chana, née le 3 décembre 1896 à Smalna (Pologne). Il a un fils Jules, né le 13
juillet 1928 à Berlin. Entré en France en 1933, il est domicilié 7 rue de Dantzig. Il est
commissaire en marchandises (colis postaux) et a un bureau 30 rue de Grammont. Il
est correspondant à Paris de plusieurs journaux yiddish et notamment du ‘’Naje
Folkscajtung’’ qui paraît à Varsovie.
Bocser Meer, né le 4 mars 1889 à Lipcani (Roumanie) de nationalité roumaine, il
est marié à Blanc, Brana, née le 15 juin 1890 à Lipcani (Roumanie). Il n’a pas d’enfant.
En France depuis 1932, il est établi commerçant en tissus et exploite sous la raison
sociale ‘’Lerner et Bocser’’, 58 rue de Turenne, un magasin. Il prend part à la guerre
1914-1918 en Russie et à ce titre, il est membre de l’Union Fraternelle des Anciens
Combattants de la Grande Guerre dont le siège est au 116 rue du Fg St Martin.
La Reconstruction
En 1950, l’Annuaire du Judaïsme publiait la liste des différentes organisations
et associations juives en France, en ce qui concerne les sociétés yiddishisantes, il
soulignait :
Fédération des Sociétés Juives de France
L’un des fondateurs de la F.S.J.F. est Israël Jeffroykin. Son Conseil d’administration
était composé ainsi :
Président : Jules Jeffroykin, Président du Bureau Exécutif : Claude Kelman, Secrétaire
Général : Mordecaï Lerman.
Après la Libération, elle s’est consacrée au relèvement économique, culturel et social
de la population juive.
Au nombre de ses activités :
Le Fonds de démarrage économique
Service Social
Bureau de placement
Service d’aide aux étrangers
Colonies de vacances
Maison d’enfants
Maison de vieillards
Service Juridique
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Service de recherche de familles
Service Culturel
Editions et publications. ‘’Editions Kyoum’’ et la revue ‘’Kyoum’’.
Union des Sociétés Juives de France
Dans l’immédiat après-guerre le compagnonnage avec l’Union des Juifs pour la
Résistance et l’Entraide (UJRE) se poursuit avec la prise d’un local commun et des
activités communes (maisons d’enfants, dispensaires. Mais les militants du Farband et
de l’UJRE s’opposèrent lorsqu’il fut question de la politique totalitaire qui était menée
en Union Soviétique. En 1967, lors de la guerre des Six Jours, la rupture fut consommé
entre les militants de l’USJF, qui soutenaient Israël, et ceux de l’UJRE. Le Farband en
se retrouva qu’avec 28 sociétés, qui avec le temps se réduisirent à 24. Aujourd’hui,
avec une équipe rajeunie, elle rassemble 39 sociétés mutualistes et/ou associations de
loi 1901.
Le ‘’Farband’’ propose différents services :
Dispensaire ‘’l’Aide Médicale’’
Consultations juridiques
Caisse de Prêts sans Intérêts
Bureau de Législation
Bureau de Recherches
Assistance Sociale
Commission de l’Enfance
Centre Culturel
En 2004, Les sociétés affiliées à la Fédération et à l’Union sont :
Enfant d’Abraham
Ahavat raim de szczekociny
Alliance Nouvelle
Alliance Israélite de Paris
Amitiés,
Avenir de Sion
Bendzin et Zaglenbia
Amicale Bessarabienne
Bikour Holim
Amicale de Brest-Litowsk
Cercle Familial Ahawat Chessed
Chelm
Amis de Ciechanow
Amis de Demblin
Amicale des enfants lithuaniens
Entr’aide Fraternelle
Grodzisk Mazowiecki
Honneur Travail Volonté
Agoudah Achim
Ahawa Chalom
Alliance Mutualiste de Paris
Amicale du XVIIIème
Association juive des Galiciens de France
Avenir Fraternel
Ass. Française des Bessarabiens en France
Amis de Biala Podlaska
Carreau du Temple
Charité Vérité
Enfants de Chrzanow
Les Amis de Czenstochow
Amicale des enfants de Minsk-Mazowieck
Entraide familiale
Foyer des israélites réfugiés
Amis de Grojec et environs
Humanité des Ouvriers du XIème arrond.
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Idéal Fraternel
Amicale israélite de Clichy
Amicale Israélite de Montreuil
Amicale des originaires de Kalisz
Kock Zelechow
Aide Amicale de Kozienice
Amicale de Kutno et environs
Amis de Laskarzew Sobolew
Fraternelle de Livry-Gargan
Amis de Lubartow
Enfants unifiés de Lublin et environs
Amis de Minsk Mazowiecki National
Jeunesse de Nowo Radomsk
Amis de Olkusz
Otwock Falenica Karczew
Paradis
Fraternelle israélite de Paris
Praga
Originaires de Przytyk et environs
Amis de Radom
Amicale de Récupération
Renaissance Juive
Originaires de Rowno
Secours aux amis
Originaires de Siedlec et Garvolin
La Solidarité
Originaires de Sosnowiec et environs
Amicale des originaires de Stopica
Amis de Szydlowiec
Amis de Tomaszow Mazowiecki
Union Amicale de Montmartre
Amical Israélite
Amis Israélites de France
Alliance Israélite de Paris
Enfants de Kielce et environs
Amicale de Konsk
Amis de Krasnik
Amis de Lask
Amis Solidaire des Lilas
Amis de Lodz Katzenelson
Originaires de Lublin
Michknos Israel
Mon Repos
Amicale de Prévoyante d’Odessa
Fraternelle israélite du XIème arrond.
Amicale de rencontres Ozarow et environs
Amis de Parczew
Amis de Plock
Le Progrès Mutualiste
Amis de Pulawy et environs
Amis de Radzymin
La Renaissance
Amis Retrouvés Egalité
Salve
Amicale de Siedlec et ses environs
Amis de Sokolow Podlaski
Solidarité Bessarabienne
Souvenir d’Isaac
Sympathie Rawa Mazowiecka
Tarnow et environs
Tsedoko Tatsil Mimoves
Unisson.
Biographies de quelques personnalités ashkénazes
du XXème siècle en France.
Bernard Lazare : Homme de lettres anarchiste, Bernard Lazare est contacté par
Joseph Reinach au profit de la famille d’Alfred Dreyfus. Il
enquête alors sur la culpabilité du Capitaine et démontre très
vite les machinations du Ministère de la Guerre. Désormais
il allait consacrer sa vie publique et militante à la défense des
droits des minorités juives opprimées. Il est acquis parallèlement
aux idées sionistes de Théodore Herzl. En 1897, à l’occasion du
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premier congrès sioniste de Bâle, il fit une conférence sur le
nationalisme juif. Le sionisme est l’instrument d’émancipation
collective du Peuple Juif, et en ce sens nullement contradictoire
avec l’idéal d’une humanité pacifique et internationaliste auquel
il continuait d’être fidèle. Il s’éloigna des options diplomatiques
de Théodore Herzl et démissionna de ses fonctions officielles au
sein de l’Organisation sioniste en 1899.
Isaac Naïditch :
A l’occasion du soixantième anniversaire d’Isaac Naiditch, en 1928
L’Univers Israélite publia ce médaillon : ‘’Le 5 septembre dernier,
M. Isaac Naïditch est rentré dans sa soixantième année, à la
grande surprise de ceux qui connaissent sa robuste et active personne. Ce militant bien connu de la cause juive est né en 1868 à
Pinsk dans une famille hassidique, un de ses aïeux appartenant
Au Conseil des Juifs de Pologne, et son père fut un grand ami du
célèbre Tzadik de Karline. C’est donc dans une ambiance purement hassidique que se passa la jeunesse de Naïditch. A l’âge de
quinze ans il adhère comme la plupart de ses camarades au groupement ‘’Hovevei Sion’’ par lequel début le mouvement sioniste
en Russie. Il est nommé secrétaire de l’organisation à Pinsk, qui a
créé la colonie de Rehovot en Palestine. En 1887, Isaac Naïditch,
qui n’avait que dix neuf ans, commence une carrière d’écrivain
hébraïque dans le quotidien Hatséfira, ou, sous le titre général de
‘’Pirké Chira’’, il étudie les écrivains juifs de l’époque. En 1888, il
publie un poème dans la revue Knesset Israël dirigée par
l’historien hébraïque fort connu Rabinovitch (le traducteur de
Graetz). En 1889, I. Naïditch quitte sa petite ville de Russie
Blanche pour s’installer à Moscou, il y deviendra un membre actif
Du ‘’Bné Sion’’.. En 1903, Isaac Naïditch créa, avec le concours du
Dr Tchlenoff, la colonie ‘’Migdal’’ dont il deviendra l’un des
propriétaires, puis en 1911, il vint chercher refuge en France où il
devint membre du ‘’Comité des délégations juives’’.
A la première conférence internationale sioniste, qui se tient après
la guerre à Londres en 1920, Isaac Naïditch fait une
communication sur les moyens de financer les œuvres
sionistes. Ses idées sont adoptées et réalisées par la création du
Keren Hayesod, dont il est nommé président du Comité
directeur. Spécialiste des questions économiques du Parti
Sioniste, il est élu en 1921 Président du Conseil financier de
l’Organisation mondiale. Au dernier Congrès de Bâle, il est
nommé président de la Commission de l’emprunt, sur laquelle
pèse désormais la responsabilité de la reconstruction de la
Palestine juive. Il participe à d’autres œuvres juives ; à la ‘’Jewish
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Colonial Bank’’ ou à ‘’Ohel Jacob’’ de Paris, dont il est membre du
Comité. Grand Industriel jouissant d’une excellente réputation,
grand philanthrope et grand juif, Isaac Naïditch était l’un des
notables les plus considérés de la colonie israélite russe de Paris,
et toute la communauté s’estimait heureuse de compter un tel
coreligionnaire parmi ses rangs’’.
Hillel Zlatopolsky : Membre du Keren Hayesod depuis sa création en 1921, Hillel
Zlatopolsky a été vice-président de la Fédération sioniste en
1929, mais il est également connu pour son militantisme en faveur
de la renaissance de l’Hébreu. Fondateur de la Société ‘’Tarbouth’’ à
Paris, L’Univers Israélite lui a rendu un brillant hommage en ces
termes : ‘’L’inauguration du cercle d’hébraïsants ouvert par la
Société Tarbouth a eu lieu samedi dernier dans les magnifiques
salons de l’Amicale des Saloniciens. La grande salle était à peu près
remplie. Y-aurait-il tant d’hébraïsant à Paris ? M. le Grand Rabbin
de France a prononcé une éloquente allocution. Il a rappelé ce que
le Consistoire de Paris, l’Ecole Rabbinique de France, l’Alliance
Israélite ont fait, non sans lui, pour développer la connaissance de
l’hébreu, et il a terminé par un chaleureux appel en faveur de la
connaissance de la langue sacrée.
M. Hillel Zlatopolsky, l’initiateur et le mécène du mouvement
connu sous le nom de ‘’Tarbouth’’, qui est aussi le fondateur et le
Président du groupe parisien, a exposé, en hébreu naturellement,
ce que cette organisation a fait dans l’Europe Orientale, où cent
mille enfants et jeunes gens apprennent à parler l’hébreu, et ce
qu’elle propose de faire à Paris. M. Samuel Daiches, professeur au
Jew’s Collège de passage à Paris, et Mayer Lambert, professeur à
l’Ecole Rabbinique de France, ont également pris la parole. Puisse
ce succès avoir des lendemain’’.
Fabricant, originaire de Russie Hillel Zlatopolsky, l’un des grands
Leaders Sionistes russes en France a été assassiné à Paris.
Shoshana Persitz : Née à Kiev le 16 novembre 1893, morte à Tel Aviv le 22 mars
1969. Fille de Hillel Zlatopolsky, il fit ses études d’abord à
Moscou, puis à Paris où sa famille s’installa après la révolution
soviétique. Elle manifesta un très vif intérêt à l’œuvre de
Tarbouth (organisation éducative hébraïque) en Russie même,
ensuite dans la Diaspora.
Elle immigra en Palestine en 1925 et l’année suivante, fut élue au
Conseil Municipal de Tel Aviv dont elle dirigea le Département
Education et de la Jeunesse pendant une dizaine d’années. Elle
98
fut faite citoyenne d’honneur de Tel Aviv en 1962. Elue à la
Knesset en 1949, dans la fraction des Sionistes Généraux, elle
Resta membre du Parlement pendant une douzaine d’années.
Elle dirigeait une société d’éditions ‘’omanouth’’ spécialisée dans
le livre pédagogique.
Léon Motzkin :
En 1933, L’Univers Israélite publiait l’article suivant :
‘’La dépouille mortelle de Léo Motzkin, qui fut président du
Comité des délégations juives, a été transféré en Palestine. A la
Gare de Lyon, le Grand Rabbin Eisenstadt, Monsieur Isaac
Naïditch et le Docteur Kreinine, président de l’Emigdirect’’ et
membre de l’ exécutif de la HICEM, ont prononcé des discours.
Le Yichouv palestinien se prépare à faire à l’illustre défunt de
solennelles funérailles.’’
Léon Motzkin fut également Président du Comité d’Action de
l’Organisation Sioniste Universelle.
Léon Zadock-Kahn. Docteur en médecine, Léon Zadock-Kahn est le fils du Grand
Rabbin Zadock Kahn. Il fut durant de longues années le
Président du Fonds Français pour la Reconstruction de la
Palestine Juive; le Keren Hayesod.
Joseph Asscher:
Cet industriel était le président de la Chambre de Commerce
Néerlandaise à Paris. Il s’occupait de beaucoup d’œuvres entre
autres du Keren Hayesod en France, dont il était trésorier.
Joseph Asscher était l’une des personnalités les plus distingués
de la colonie étrangère de Paris.. En 1928, il fut promu au grade
de Commandeur de la Légion d’Honneur. Son frère, Louis
Asscher, Officier de la Légion d’Honneur, était le président du
Comité de propagande du Consistoire israélite de Paris.
Léo Motzkin
Max Nordau
99
Laura Margolis Jarblum
Yvonne Netter
Wladimir Medem
Yvonne Netter naît à Paris le 8 avril 1889. Son père Mathieu
Netter industriel, est originaire de Strasbourg. Elle fait des études
et obtient le brevet supérieur. Elle épouse en 1911 Pierre Gompel,
ils auront un fils prénommé Didier. Pendant la Guerre 14-18, elle
s’engage comme infirmière. Son mari la quitte en 1917. Après son
divorce, elle passe son bac et poursuit ses études de droit.
Yvonne soutient sa thèse et s’inscrit au Barreau de Paris. Elle
milite également pour les droits de la femme, la réforme du Code
Civil, le contrôle des naissances puis milite au sein de l’UFSJ.
Avocat, elle se spécialise dans le divorce. Elle a aussi la plume et
le discours aisé. Elle est activement engagée auprès de diverses
sociétés de Bienfaisance juive. Elle préside la Société de Secours
Mutuel des Dames Israélites et défend la cause sioniste qui
commence à s’organiser en France. En 1924, elle est à l’initiative
de la fondation de l’Union des Femmes Juives pour la Palestine
qui adhérera à la WIZO. Dans les années 30, Yvonne Netter est
envoyée régulièrement pour faire des conférences en Afrique du
Nord afin de collecter des fonds en faveur du Congrès Juif
Mondial et du KKL.
Elle se convertit au Christianisme en 1940. Sa conversion est
Suivie par celle de son fils et de son frère. Après le décret du 16
juillet 1941 fixant le numérus clausus de deux pour cent
d’avocats juifs inscrit au Barreau, Yvonne Netter doit cesser ses
activités professionnelles malgré sa demande de dérogation. Elle
est arrêté le 4 juillet 1942 à son domicile parisien. Internée au
Tourelles, elle est transférée au Camp de Drancy puis à celui de
Pithiviers où elle est rejoint par Madeleine Fauconneau, sa
marraine, qui organise son évasion vers les Pyrénées.
A la fin de la Guerre, Yvonne Netter reprend ses activités
d’avocate et de militante féministe. Elle n’est plus conviée aux
activités officielles juives mais continue ses différents engagements qui lui valent la Croix d’Officier de la Légion d’Honneur.
100
Marc Jarblum (1887-1972). Marc Jarblum ne fut pas seulement un dirigeant mais aussi
un militant mais aussi le forgeron d’un monde qui devait
déterminer les contours du juif moderne. Marc Jarblum était issu
de cette bourgeoisie juive de Varsovie qui s’y établit après avoir
quitté Moscou. Marc Jarblum naquit en 1887 à Varsovie. Il est l’un
des fondateurs du parti ‘’Poalé Sion’’ (l’ouvrier de Sion’’) et après
une première arrestation, il s’installe à Paris en 1907 où il fit des
études de Droit. Il fut ensuite déporté en Sibérie après un premier
retour à Varsovie en 1911 car il a été un militant très actif du
mouvement socialiste. Durant la Première Guerre Mondiale, il se
distingua comme diplomate et journaliste au service de la cause
sioniste. Lors de la Révolution russe de 1917, Jarblum se rendit en
Russie où il interviewa Lénine sur la ‘’Question Juive’’ et participa
aux événements aux côtés de Ber Borochov, comme dirigeants du
‘’Poalé Sion’’ puis séjourna en Pologne. Il fut même élu conseiller
municipal de Varsovie puis continua son errance en Scandinavie,
Allemagne pour se fixer en France en 1920. A Paris, il va mettre
en place son réseau de relations politiques et journalistiques. Il est
l’un des fondateur de la Fédération Sioniste de France. Marc
Jarblum était très lié avec Jean Jaurés puis avec Léon Blum qu’il
incita à s’intéresser de nouveau à la renaissance juive. Il fut élu
député travailliste sioniste et participa au Congrès ouvrier en
1921. En 1936, il reprend une place de leader populaire juif : il
représente à Paris l’Agence Juive pour la Palestine et le Congrès
Juif Mondial. Il est aussi porté à la présidence de la Fédération
des Sociétés Juives de France. Il s’opposera aux communistes, aux
consistoriaux, à l’UGIF mais devint dans la tourmente le porteparole le plus populaire des intérêts juifs. Entré dans la
Résistance, il organise les secours financiers qui deviennent vite
un sauvetage et s’accompagnent de lutte armée. Il était un citoyen
du monde, un Français d’adoption, un Israélien de cœur. Ce sont
les hommes de cette génération qui ont su, quand la tradition
s’étiolait, susciter un judaïsme nouveau. Il appartenait à ce vaste
courant rénovateur où passaient le sionisme, le socialisme, la
littérature, l’art. Rien d’humain ne lui fut étranger, bien qu’il se
cantonna modestement dans son activité d’homme public. Il fut
bien plus qu’un politicien, il éprouva une sensibilité frémissante
toute particulière. S’il fut un juif en France, il fut Français en
Israël. Il fut son alyah en 1954 et Pendant dix ans, il travailla au
Département Internationale de
la Histadrout (Centrale
Syndicale). Marc Jarblum s’évertua à conjuguer nationalisme et
socialisme avec un peu de malice et beaucoup de pudeur. Le
101
tournant qu’a pris la communauté juive de France dans l’aprèsguerre, elle le doit à des hommes comme Nahum Herman, Joseph
Fischer et Marc Jarblum. Les multiples fonctions qu’il accumulait
à souhait ne l’empêchèrent pas d’être d’une fraternité un peu
tyrannique pour ses cadets. On peut aussi dire de lui que sa
conscience et son dévouement étaient mus par un amour de ce
peuple juif qu’il avait vu grouiller à Varsovie et qu’il aurait voulu
porter aux plus hautes destinées. Il meurt en 1972 en Israël.
Le nom de Marc Jarblum est associé celui de sa première épouse
Anna, qui a été donnée au home d’enfants orphelins de la Shoah
organisé par l’OPEJ à Pontault-Combault. Sa seconde épouse,
Laura Margolis, joua un rôle très important dans la vie de la
communauté juive de France comme représentante du ‘’Joint’’ et
co-fondatrice du F.S.J.U. Elle participa à de nombreuses missions
à Cuba, en Chine, Espagne, Belgique, Scandinavie, Israël etc….
Elle a terminé ses jours auprès de sa famille américaine dans le
New Jersey.
Léonce Bernheim, Avocat à la Cour. Né en Alsace en 1886, Léonce Bernheim est
déporté sur Auschwitz par le convoi 63 du 17 décembre 1943. Il
fut probablement gaze dès son arrivée dans ce camp d’extermination. Il fut une des personnalités les plus éminentes du Mouvement Sioniste en France. Membre du Fonds français pour la
Reconstruction de la Palestine Juive ; Le Keren Hayesod, il est
aussi le beau-frère d’Edmond Fleg. Proche de Robert Gamzon,
responsable des Eclaireurs Israélites de France, il s’occupa de
faire passer des enfants juifs en Suisse dès le début de l’occupation nazie.
Nahum Hermann, Publiciste. Nahum Hermann est l’un des leaders sionistes des
plus en vue dans les années 1929/30. C’est le beau-père de
Julien Samuel.
Fernand Corcos ; Avocat à la cour : Vice-Président du Comité Parisien du Keren
Hayesod. Membre de l’Association ‘’France-Palestine’’ dans les
années 20.
Fernand Corcos est issu d’un groupe de plusieurs familles qui a fait
l’histoire des Juifs de France et tout simplement l’histoire de la
France. En effet Fernand Corcos, qui fut Vice-Président du Fonds
Français pour la Reconstruction de la Palestine et directeur de son
organe de presse : « L’Appui Français », était le cousin de Bernard
Lazare et d’Ephraïm Mikhaël.
102
Fernand Corcos a toujours été fier de ses racines juives, mais il
gardait au fond de son cœur un sentiment particulier d’être français
faisant souvent allusion aux lettres patentes que ses aïeux reçurent
du Roi Louis XV. En 1870 son père s’engagea dans la marine et servit
à bord de la frégate « La Victoire ».
Né à Toulouse le 30 Juillet 1875, il y fit probablement ses études.
Bien que le nom de sa famille ne soit pas inscrit en 1896 dans :
« L’indicateur Israélite » de Philippe Sapin, il est à penser qu’il était
encore dans la ville rose lors des émeutes antidreyfusardes qui
secouèrent le département de la Haute-Garonne. Attiré très tôt par le
droit, il monta à Paris où il commença sa carrière comme
sténographe assermenté puis en 1916, âgé de 41 ans et avec le titre de
Docteur en Droit, il prêta serment comme avocat. C’est sans doute
lors de l’Affaire Dreyfus que débuta son combat politique ; il
s’acharna alors à promouvoir l’évolution sociale. Son intransigeance
doctrinale le conduisit dans les réunions populaires où il soutint avec
passion le droit au bien être des classes laborieuses tant en France
qu’en Palestine. C’est au cours de son premier voyage aux USA qu’il
se maria.
Sioniste, il le fut jusqu’au bout des ongles car il fut à l’initiative de la
création de l’ Association « France Palestine » dont son ami Painlevé
fut l’un des membres actifs. Membre du Bureau français du Keren
Hayesod dont il fut l’un des fondateurs à Paris en 1923, Fernand
Corcos publia de nombreux articles dans « Ménorah » puis dans le
journal sioniste qu’il fonda et dont il fut le directeur : « L’appui
Français ». Il écrivit de nombreux articles dans « L’Univers Israélite »
et plusieurs livres notamment un sur son voyage en Palestine en
1925. Lorsque le Dr Haim Weizman vient à Paris pour une réunion
du Comité Français du Keren Hayesod en 1923, Fernand Corcos le
reçut chez lui et fit en cette occasion l’historiques du sionisme et une
critique positive de l’antinomie du Sionisme. Il offrit également une
réception en l’honneur de Emile Vandervelde, chef socialiste belge,
lorsque celui-ci fit une conférence publique sur son voyage en
Palestine en 1926.
S’il participa à de nos nombreuses élections sionistes où il fut élu, il
ne se lança dans la politique française qu’une fois où il brigua le siège
de député de la Nièvre à Cosnes-sur-Loire aux élections législatives
de 1928, il fut malheureusement battu.
Avant la Seconde Guerre Mondiale, il visita l’Allemagne et la Russie
mais outre la Palestine, c’est l’ Amérique qui retint toute son
attention. Ayant pourtant très bel appartement au 27 avenue Foch à
Paris, il séjourna durant de longues années aux USA. En 1939, il
revint à Paris pour servir de son mieux et après l’exode, ses biens
103
furent confisqués ce qui l’obligea à repartir outre-Atlantique. En
1945, il retrouva ses meubles, ses biens et sa combativité. Reprenant
ses activités professionnelles ce n’est qu’en 1954 qu’il démissionnait
du barreau, recevait la Légion d’Honneur et accédait à l’honorariat.
De tous ces titres ; Avocat, Docteur es Sciences politiques et
économiques, Membre du Comité Central de la Ligue des Droits de
l’Homme, Professeur au Collège Libre des Sciences Sociales ; c’est
sans doute celui de Vice-Président du Fonds Français pour la
Reconstruction de la Palestine juive dans les années 30 dont il fut le
plus fier.
Fernand Corcos, qui disparut le 12 décembre 1959, eut l’ultime plaisir
de voir la création de l’Etat d’Israël pour lequel avec tant d’autres il
s’était battu. L’immigration légale vers Israël, qu’il avait appelé de
ses voeux, se trouvait écrite dans les bases de l’Etat par la « Loi
Fondamentale » de 1952 chargeant l’Agence Juive et l’Organisation
Sioniste Mondiale de rassembler les exilés.
Les frères Marmorek: La Fédération Sioniste de France fut fondée en 1901. Son
premier directeur était un ami personnel de Théodore Herzl, le
Dr Alexandre Marmorek. Ses deux frères, Oscar et Isidore,
furent également très actif dans le cadre du Mouvement
Sioniste. Ils s’occupèrent des étudiants juifs et s’efforcèrent de
répandre l’idée sioniste dans ces milieux. En 1899, les trois
frères Marmorek fondèrent un journal, le premier de cette
tendance, intitulé ‘’L’Echo Sioniste’’. Il parut par intermittence
jusqu’en 1921.
Oskar Marmorek
Chalom Asch (1880-1957) Auteur dramatique en Yiddish, Chalom Asch entreprend, au tournant du XIXème et du XXème siècle un travail
très important sur la littérature Yiddish et Hébraïque. L’une
de ses nouvelles dramatiques ‘’Dos Shtetel’’ a eu beaucoup
de succès. Il incarne l’esprit révolutionnaire du changement du
temps : dans une de ses nouvelles historiques, il glorifie la
104
martyrologie juive et la piété. Après avoir vécu quelques
années aux Etat Unis, il s’installe en Israël en 1956.
Victor Basch (1893-1944) Philosophe français, Président de la Ligue des Droits de
l’Homme, Victor Basch est assassiné avec son épouse, Hélène,
par les miliciens le 10 janvier 1944.
La LDH a été créée en 1898 pour lutter contre l’Antisémitisme
généré par l’Affaire Dreyfus. Dès sa création, elle a déclaré
étendre son action à la défense de tout citoyen victime d’une
injustice ou d’une atteinte à ses droits.
A l’initiative de son Président, Victor Basch, la LDH est à la
pointe de la dénonciation du nazisme et du fascisme en Europe.
Dr Victor Jacobson L’Organisation Sioniste Mondiale désigna le Dr. Victor Jacobson
comme son représentant en Turquie après la Révolution en 1908.
A peine arrivé, Victor Jacobson lance une grande campagne afin
de propager les idées sionistes à Istanbul. Les Sionistes créent
deux journaux : ‘’Ha Mevaser’’ en hébreu et ‘’Le Jeune Turc’’
(Courrier d’Orient) en français puis ensuite deux autres :
‘’El Judio’’ en judéo-espagnol et ‘’L’Aurore’’ en français. Les
grands centres de rayonnement du Sionisme sont alors Istanbul
et Salonique. Les différents entre les tenants du Sionisme et ceux
de l’Alliance Israélite Universelle en Turquie causèrent quelques
dégâts dans les rangs des différentes communautés ottomanes.
Wladimir Medem (1879-1923) Né à Libau (Lettonie) dans une famille juive assimilée, Wladimir Medem, après avoir été baptisé fit ses études
secondaires à Minsk. Influencé par les étudiants révolutionnaires
il prend conscience de sa judéité et devient militant du Bund ; le
parti socialiste Juif créé à Vilna en 1897. W. Medem, sous
l’influence de Simon Doubnov, historien et autonomiste juif, et
des austro-marxistes élabora la doctrine de l’autonomie nationale
et culturelle du judaïsme, l’internationalisme prolétarien, la lutte
de classe et la conscience nationale juive. Ami de Jean Jaurès, il fut
l’un des dirigeants du Bund (Union Générale des Ouvriers Juifs
de Russie et de Pologne). Sa contribution à l’orientation bundiste
d’ ‘’autonomie nationale-Culturelle’’ est essentielle. Défenseurs de
l’autonomie du Bund et se heurta à ce titre plus d’une fois à
Lénine. Il participe à la révolution de 1905 et s’est illustré durant
les deux de février et d’octobre 1917 où il s’oppose à la prise du
pouvoir par les bolcheviques au nom de la ‘’démocratie’’.
Dirigeant l’aile droite du Bund lors de la conférence nationale du
105
Bund de 1920, il décide de s’effacer et émigre aux U.S.A. Il meurt
à New York en 1923 des suites d’une infection rénale.
Robert Bollack: Membre parisien de l’Agence Juive
Nathan Halpern : Représentant permanent en France du Keren Hayesod.
Léon Salmon : Trésorier adjoint du Comité Parisien du Keren Hayesod.
Dr Léon Filderman : Secrétaire Général du Comité Parisien du Keren Hayesod.
Israël Jefroykin :
Israël Jefroykin est un self-made-man : d’étudiant bohême il est
devenu millionnaire dans les années 1920. Penseur génial ami
d’Hanna Arendt, il est aussi le fondateur de l’Agence de voyage
Océania. Il est né en 1884 en Lituanie, milita très jeune parmi les
‘’séjmistes’’ un de ces mouvements qui essayaient de synthétiser
le nationalisme juif et les idées socialistes. Pendant la Première
Guerre Mondiale, il fut l’un des dirigeants du Yékopo,
l’organisme de secours qui cherchait à alléger l’immense détresse
des millions de Juifs russes résidents de la zone de combats. Par
ces actions, Israël Jefroykin a pu acquérir un savoir-faire
extraordinaire dans la prise en charge des populations réfugiées.
Cette manière de faire lui a servi plus tard d’assimiler les
techniques des agences de voyage et de faire rapidement fortune.
Lors de l’effervescence révolutionnaire en Russie, Israël Jefroykin
devint le collaborateur de Simon Doubnov qui avait fondé le
parti folkiste : il s’agissait d’obtenir pour les Juifs une autonomie
nationale, sans base territoriale mais avec une compétence
politique. Après la victoire des Bolcheviques, Israël Jefroykin
s’installa à Paris en 1920 et devint un membre éminent de cette
élite libérale en exil du judaïsme russe. En 1936, il est à la
présidence de la Fédération des Sociétés Juives de France et mêlé
à toutes formes d’organisation internationales du Peuple Juif. Il
devint ensuite Président du Congrès Juif Mondial et se joindra
que tardivement au mouvement sioniste. Il adhère au Mapaï en
1946. Donateur important du Keren Hayesod, il est l’un des
responsables ‘’non-sionistes’’ de l’Agence Juive. Il participe
également aux travaux de l’ORT et du Congrès de la Culture
Yiddish en 1937. Il préconise en 1939, le ‘’Retour au Ghetto’’ mais
sa philosophie est vite rattrapée par l’histoire. Pourtant en 1941,
il ne refuse pas d’envisager la création de l’UGIF (l’Union
Générale des Israélites de France, imposée par le Gouvernement
106
Pétain). De 1942 à 1946, Israël Jefroykin se réfugia en Uruguay
avec toute sa famille.
A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il consacra le reste de sa
vie (mort en 1954) au renouveau de la Communauté Juive
parisienne. Il publia alors l’œuvre de sa vie : ‘’Hechbon Nefech’’
(Examen de conscience) dans laquelle il critique la négation des
traditions religieuses et fonde une revue intellectuelle yddish :
‘’Unzer Kiyoum’’ ‘’Notre Existence’’. Le Centre d’Art ‘’Israël
Jefroykin’’ (domicilié pendant de longues années rue de la FolieMéricourt) était rattaché au F.S.J.U. et fut le siège de la F.S.J.F.
Dika Jefroykin succéda à son père dans le travail communautaire
et dans l’Agence Océania. Il fut notamment le représentant du
Joint américain en France occupée et le patron du journal ‘’La
Terre Retrouvée’’. Son fils, Michel a été membres du Comité
directeur du F.S.J.U. et l’un des animateurs de Radio-Shalom.
Jules Jefroykin :
Président de la Fédération des Sociétés Juives de France.
Né en 1911, à Petrograd (Russie), Jules Jefroykin est fils d’Israël,
un des écrivains de la pensée juive en yiddish, et de Mme, née
Malka Silberfarb. Il fait ses études à Paris et est licencié en droit.
Après avoir collaboré à la revue ‘’Chalom’’ et présidé, en 1936,
l’Union Mondiale de la Jeunesse Juive, dont il fut le délégué au
Congrès Juif Mondial, il participe comme lieutenant de réserve à
la campagne de 1939-1940. Interné en Suisse, puis démobilisé, il
devient un des fondateurs de l’Organisation Juive de Combat. Il
est Président de la Fédération des Sociétés Juives de France et de
l’Association des Anciens de la Résistance juive. Directeur du
bimensuel ‘’La Terre Retrouvée’’ , Jules Jeffroykin est médaillé de la
Résistance et titulaire de la Médaille du combattant volontaire de
la Résistance.
Joseph Milbauer
Dans son ‘’Anthologie de la pensée Juive’’, Edmond Fleg rappelait le
nom du poète Joseph Milbauer. S’il a vécu très longtemps en
France, Joseph Milbauer est né à Varsovie en 1897. Poète et
publiciste , il s’établit en Israël après avoir, durant la Seconde
Guerre Mondiale, combattu sur le front français. Sioniste depuis
la première heure, il fut nommé aux instances du Keren Hayesod
à Jérusalem. Il a écrit de nombreux articles dans L’Univers Israélite
et a publié des ouvrages tels que ‘’Fers et Aciers’’, ‘’Chants
provisoires’’, ‘’Contes de l’année juive’’ ou ‘’Poètes Yiddish,
aujourd’hui’’. Cet éminent lettré fut également à la direction de la
revue ‘’Etudes Palestiniennes’’.
107
Robert Sommer,
Né le 31 Octobre 1905 à Paris (11ème).
Il fait son service militaire en 1925 au 21ème régiment d’artilleurs
algériens et participe à la Campagne de Syrie. Il est titulaire de la
Médaille des T.O.E. Robert Sommer est bachelier es-lettres et
philosophie depuis 1927 et bachelier en droit de la Faculté de
Paris en 1939.Il est marié avec la fille du Grand Rabbin Maurice
Lieber, directeur de l’Ecole Rabbinique. Il a été aumônier de juillet
1940 à octobre 1944 au camp de réfugiés de Toulouse. En 1944, il
est directeur d’un cabinet juridique appartenant à son oncle M.
Jacobi Fernand, prisonnier en Allemagne. Après la Seconde
Guerre Mondiale, il participe à la création de plusieurs
associations juives.
Baruk Henri-Marc Né en 1897 à Saint Avé (Morbihan). Fils de Jacques Baruk, psychiâtre, Président de l’Amicale des Médecins aliéniste de France,
directeur pendant quarante ans de l’hôpital psychiatrique
d’Angers, et talmudiste, et de Mme, née Marie Bréchon. A été successivement interne des Hôpitaux de Paris (1922-1926), chef de
clinique à la Faculté de Paris, directeur à l’Ecole Pratique des
Hautes Etudes, membre de l’Académie de Médecine, médecinchef de la Maison nationale de Charenton. Il a consacré
d’importants travaux à la psychologie du cerveau et aux
localisations centrales, à l’étude des troubles mentaux dans les
tumeurs cérébrales et à des recherches au célèbre Institut du
cerveau d’Amsterdam. Il est l’un des fondateurs du dictionnaire
de la Médecine hébraïque avec le Dr Isidore Simon. Henri Baruk
est Décoré au grade d’Officier de la Légion d’Honneur, Croix de
Guerre 14-18, commandeur de la Santé Publique.
108
Les leaders français du Keren Hayesod
Fernand Corcos
Léon Blum
Passeport de Fernand Corcos
Au lendemain de la Première Guerre Mondiale de grandes
personnalités politiques juives françaises telles que Léon Blum
avaient pris conscience de la nécessité de la fondation du foyer
national juif en Palestine. Celui-ci, ayant commencé une carrière
journalistique dans la ‘’Revue Blanche’’ des frères Natanson
durant l’Affaire Dreyfus, exprima dès la fin du XIXème siècle
son engagement juif. Blum fut très tôt concerné par le Sionisme
qu’il soutiendra avec plus de vigueur à la fin du conflit mondial
de 14/18, s’étant laissé convaincre par Haïm Weizman d’aider
les dirigeants sionistes grâce à ses connaissances des milieux
politico-administratifs. En 1924, Léon Blum faisait partie des
quelques membres influents du Keren Hayesod en France, et
dès 1925 il se joignit également à la création d’un Comité FrancePalestine, auquel participera André Spire. A la conférence
constitutive de l’Agence Juive élargie de 1929, il figura parmi les
représentants français, en tant que délégué de la Ligue des Amis
de la Palestine ouvrière. Il déclara à cette époque : ‘’Etant sioniste
parce que français, parce que juif et parce que socialiste, parce que la
Palestine juive moderne, c’est la rencontre inouïe et unique des vieilles
traditions de l’humanité et de ses recherches de liberté et de justice
sociale les plus neuves et les plus hardies’’. Or Léon Blum
interviendra souvent pour hâter la naissance de l’Etat d’Israël et
notamment lors de l’affaire ‘’Exodus’’, dans laquelle il souligna
avec vigueur et sans l’ombre d’un regret : ‘’Je suis né juif, depuis
vingt-cinq ans j’ai aidé de mon mieux à la constitution d’un ‘’Home
national juif’’ en Palestine et je n’ai jamais songé à quitter la France’’.
109
Grand commis de l’Etat ayant fait un mariage endogamique,
Léon Blum aurait de toute manière refusé l’intégration à cet Etat,
si celui-ci avait imposé une assimilation à la religion dominante ;
à des degrés divers la plupart des Juifs, tout au long de la IIIème
République, s’adonnèrent avec passion aux Service de l’Etat,
tout en marquant leur fidélité aux traditions qui leur avaient été
léguées par leurs pères.
Militant convaincu du Keren Hayesod, Léon Blum s’est en effet
battu pour l’indépendance d’un Etat juif bâti sur le travail, sur la
régénération et la remise en valeur de la terre. Pour lui rendre
hommage, c’est en son honneur que fut fondé le Kibboutz ‘’Kfar
Blum’’.
Lily Jean-Javal : (1882-1958). Lily Jean-Javal est née d'un père de vieille famille juive
alsacienne et d'une mère d'origine bordelaise. Lily Jean-Javal se
résume en quatre mots: Femme, juive, sioniste et romancière.
Passionnée par le de destin d'Israël, elle écrira plusieurs livres et
de nombreux articles sur le Judaïsme et sur la Palestine Juive
qu'elle visita. Très traditionaliste, chaque année Lily Jean-Javal
faisait un don à la Synagogue de la Victoire et était membre de
quelques associations juives parisiennes. Lily Jean-Javal, bien
avant sa nièce Louise Weiss, fut une féministe avant la lettre, ses
combats furent de tous ordres: identitaires, politiques, culturels
et ses seules armes furent la plume.
Gustave Kahn (1859-1936) : Le poète symboliste Gustave Kahn est né à Metz
(Moselle) le 21 décembre 1859 et meurt à Paris le 5 septembre 1936. Il
fut aussi l’un des plus éminent critique d’art de son époque. Après une
scolarité studieuse, il entre à l’Ecole des Chartes et ses études terminées
il part pour quatre ans en Afrique. Gustave Kahn a marqué son époque
comme poète de l’école symboliste dont faisait partie Stéphane
Mallarmé. Il animera de petites revues et sera un critique d’art
prolifique ainsi qu’un intellectuel engagé. Kahn écrit son premier
recueil de poèmes en vers libres en 1887. Il fut le premier à développer
une théorie de ce procédé poétique. Bien que plus connu pour sa
poésie, Gustave Kahn a aussi écrit des romans, des pièces de théâtre,
une histoire du mouvement symboliste et de nombreux articles de
critique. Il a joué un rôle important dans des revues telles que ‘’La
Vogue’’, ‘’La Revue Indépendante’’, ‘’La Revue Blanche’’ qui était considéré
comme un ‘’Nid à Youtres’’ et ‘’Le Mercure de France’’. Il fut également
un amateur d’art compétent et averti qui suivi avec attention
l’évolution des arts plastiques sur la longue durée, de 1886 à 1936.
Défenseur du néo-impressionniste aux côtés de Félix Fénéon, il
110
s’intéressa à plusieurs courants d’avant-garde. G. Kahn s’illustra dans
les principaux mouvements d’idées de la fin du XIXème siècle et du
début du XXème siècle. Il prit aussi position dans les débats sur
l’anarchisme, le socialisme, le féminisme et le sionisme. Il est enterré
dans un carré juif du cimetière du Montparnasse à Paris.
Isaac Pougatch :
Isaac Pougatch est le type même de l’intellectuel juif biculturel ;
un éducateur dispensateur de son savoir. Né à Kiev en 1897, il est
élevé à Genève à partir de 1906. Il était chez lui dans la langue et le
patrimoine yiddish comme dans la culture française la plus moderne.
Certain pourtant le désigne comme ‘’La Yiddichkeit’’. Installé à Paris
à partir de 1923, Isaac Pougatch dit ‘’Poug’’ anima avec le poète André
Spire l’association ‘’Agriculture et artisanat’’. Le but était d’accueillir
dans des exploitations rurales de jeunes réfugiés juifs allemands puis
autrichiens fuyant le nazisme et émigrants potentiels. L’épouse de
‘’Poug’’ était à l’époque Julie Pary, journaliste talentueuse et juive
d’origine russe. Elle écrivit ‘’Mes 126 gosses’’, reportage sur une
colonie de vacances prolétarienne au temps du Front Populaire.
L’éducation juive était le centre de la vie d’Isaac Pougatch, très lié à la
grande école de pédagogie genevoise. A partir de 1940, ses relations
avec les Mouvements de Jeunesse juifs s’épanouirent avec
l’organisation par les EIF de leurs communautés rurales du Midi de la
France. Le Centre principal fut Moissac mais il y eu aussi Charry, une
expérience audacieuse, dont ‘’Poug’’ fut l’inspirateur. Réfugié en
Suisse à la fin 1942, il a développé une véritable énergie pour palier
aux besoins éducatifs des enfants juifs physiquement sauvés mais
psychiquement menacés. De 1946 à 1950, Isaac Pougatch a poursuivi
son travail dans le Centre de formation des éducateurs juifs du
Plessis-Trévisse, créé par l’OPEJ (Œuvre de Protection de l’Enfance
Juive). Pougatch ne prit jamais réellement sa retraite, avec sa seconde
épouse la pédagogue Léna Zalcman, il poursuit son abondante œuvre
écrite. Il collabora avec l’ensemble des courants politiques et
communautaires. Parmi ses écrits, il faut compter ses nombreuses
traductions de classiques Yiddish ou du ‘’Précis d’histoire Juive’’ de
Simon Dubnov. Il a aussi beaucoup œuvré dans les domaines de l’art
et dans le cadre des ‘’Amitiés Judéo-chrétiennes’’. Compositeur et
musicien à ses heures, il lui arrivait d’interpréter au piano devant ses
amis des pièces musicales de son cru. Il s’est éteint en 1988.
Elie Krouker : Elie Krouker fut le Président des Engagés Volontaires Juifs pendant
la Grande Guerre.
111
Fajwel Ostrynski : Fajwel Ostrynski, plus connu sous le nom de Schraguer, est né
en
1907 et appartenait à l’intelligentsia judéo-polonaise. Il meurt en
1979. Militant dans les rangs du communisme juif, il adhéra au
Bund en 1936 après les procès de Moscou qui décapita la vieille
garde bolchevik. Prisonnier de guerre en 1940, il s’évada puis
échappa à la rafle de la rue Sainte-Catherine à Lyon sous la
direction de Klaus Barbie. Représentant du Bund
dans la Résistance juive, il fut très lié aux socialistes SFIO de la
zone sud, il fut l’un des fondateurs du CRIF en 1943. En 1955,
il
est appelé à diriger l’ORT France et écrivit ses mémoires en
yiddish, traduites en français par Henri Bulawko sous le titre :
‘’Un militant parle’’. Doté d’une vaste culture, c’était un
homme
affable et d’une grande aménité.
Ignace Fink : Qui n’a pas entendu parler de la rue Rembrandt. Dans le bâtiment
communautaire de cette rue étaient domiciliées différentes
associations juifs importantes dont le Cojasor. Le Comité Juif
d’action sociale et de reconstruction a été créé par un groupe
d’anciens résistants au lendemain de la dernière guerre
mondiale. Le premier bureau d’assistance sociale devait tut
d’abord aider les familles dépossédées pendant l’occupation et
recevoir les survivants des camps, dans un premier temps avec le
concours du Joint, ensuite avec celui actif du F.S.J.U. Plus tard, le
Cojasor facilita l’installation en France des Juifs contraints de fuir
leurs pays au rythme des crises successives qui secouèrent la
Hongrie, l’Egypte, la Roumanie, la Tchécoslovaquie, le Liban, le
Chili, l’Argentine, l’Iran, la Pologne, enfin à partir de 1988, la
Russie. De première valeur dans la chaîne des institutions
communautaires juives, le Cojasor fut reconnu par le Haut
Commissariat des Nations Unis pour les Réfugiés comme une de
ses filiales. Tant la Délégation française auprès de ce
Commissariat que le ministère des Affaires étrangères, celui des
affaires sociales et les pouvoirs publics, assistent le Cojasor à leur
politique d’intégration des réfugiés en France. Depuis sa
création, le Cojasor a porté secours à plus de 250 000 personnes.
Ignace Fink, lui-même réfugié de Pologne, a gagné par la
Belgique la France, aussitôt après la débâcle. Ancien résistant, il
assume pendant plus de quarante cinq ans la direction du
Cojasor. Il a su lui donner vie et le transformer en un outil de
premier ordre d’accueil et d’insertion.
112
Simon Levitte : L’un des fondateurs du Mouvement sioniste de France. Créateur, sur
les bords du Tarn, d’un grand centre d’études sionistes durant
l’occupation.
Jacques Kayser : Né à Paris en 1900, Jacques Kayser mène, après des études en droit
et en lettres, une carrière de journaliste dès le début des années
1920. Rédacteur en chef de La République, il collabore aussi
régulièrement à de nombreux journaux nationaux et régionaux.
Parallèlement à ces activités journalistiques, il exerce des activités
politiques au sein du Parti radical socialiste, dont il devient viceprésident puis secrétaire général, tandis qu'il siège au comité
central de la Ligue des droits de l'Homme.
Conseiller à l'ambassade de France à Londres, de juillet 1943 à
juin 1944, il prend après-guerre un certain recul avec ses activités
politiques, sans pour autant qu'elles ne disparaissent. Par contre
son engagement comme homme de presse s'intensifie et se
diversifie.
Il siège dans les délégations françaises à la conférence sur la
liberté de l'information, à l'ONU et l'UNESCO, il entre au Conseil
économique et social, devient directeur adjoint de l'Institut
français de presse, enseigne au sein de divers organismes en lien
avec la presse et donne de nombreuses conférences en France et
dans le monde entier. Tout au long de sa vie, Jacques Kayser,
auteur, publie différents ouvrages et études, dont une Histoire du
radicalisme ou encore Mort d'une liberté dans lequel il exprime ses
inquiétudes sur l'évolution de la liberté de la presse et de
l'information dans le monde de l'après-guerre. Il décède en 1963.
Robert Gamzon : né le 30 juin 1905 à Lyon, décédé en 1961 en Israël, alias Castor
Soucieux. Ce petit-fils du Grand Rabbin Alfred Lévy est le fondateur
des Eclaireurs Isréalites de France (EEIF) en 1923. Il est Diplômé de l'
Ecole Supérieure d’Electricité). Officier français en 1940, il est révoqué
de son grade en tant que juif. Organisateur d'un chantier rural à Lautrec
dans le Tarn en 1940, il rejoint les Maquis de Vabre dont il prend le
commandement de la 2e compagnie (dite Marc Haguenau) en 1944, à la
tête de laquelle il libère les villes de Mazamet et de Castres.
Après la guerre, il fonde l'école Gilbert Bloch d'Orsay. Elle se propose
d'aider les jeunes juifs traumatisés par la guerre et la Shoah à
reconstruire leur identité juive par l'étude de l'histoire juive, de la Bible,
de la Guemara et de donner ainsi un sens à leur vie. Au lieu de subir la
judéité de manière passive, être celui qu'on a persécuté, il s'agit de
113
devenir juif d'une manière positive et active en intégrant la catastrophe
à l'histoire des Juifs. La dramaturge Liliane Atlan est une des élèves.
Son premier mari, le scientifique Henri Atlan y étudie également. Il fait
son Alyah en Israël. Il meurt accidentellement par noyage. Il a été
décoré de la : Croix de guerre 1939-1940, Croix de guerre 1944, et fait
Chevalier de la Légion d'honneur à titre militaire et de la Résistance
Edmond Fleg : Edmond Flegenheimer dit Edmond Fleg est un écrivain français, né
à Genève le 26 novembre 1874, mort à Paris le 15 octobre 1963, chantre
du peuple juif, de sa culture et de ses traditions. Sa notoriété d'écrivain
juif français s'étendait bien au delà de la France et de l'Europe.
Sensibilisé par l'Affaire Dreyfus, Edmond Fleg (comme Théodore Herzl,
André Spire et d'autres grands esprits) prit alors conscience de sa
vocation juive à laquelle il demeura fidèle pour le restant de ses jours.
Issu d'une famille alsacienne venue s'installer à Genève après la guerre
franco-allemande de 1870, Edmond Fleg a été imprégné, dans son
enfance, de culture française peu teintée de judaïsme. Il compléta ses
études à Paris où il s'établit définitivement avant la première guerre
mondiale et, fidèle à une tradition familiale, il combattit en qualité de
volontaire dans l'armée française. Les deux jeunes fils d'Edmond Fleg
sont morts tragiquement en 1940, presque en même temps, l'un sur le
front et l'autre à Paris.
André Spire : Cet auteur est né à Nancy en 1868. Il fut l’un des propagateurs de
L’idéal sioniste en France. Poète et essayiste, il publie de 1905 à 1930
ses œuvres principales. Charles Péguy révéla dans ses cahiers de la
quinzaine les premiers éléments de cette œuvre poétique et passionné,
juive et socialiste. Réfugié aux Etats-Unis en 1941, André Spire y
enseigne la poétique française. Ses cours de la ‘’New School’’ de New
York ont paru sous le titre insolite de Poésie et exercice musculaire.
Marc Jarblum
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115
David Rappaport
Léo Glazer
M. Henryk
Cours de Talmud Torah
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Leaders de la Bibliothèque Medem
‘’Le Travailleur’’ Journal du Bun
Journaux en Yiddish
l’historien Simon Dubnov
Hommes politiques français favorables au Sionisme
Justin Godart : Né le 26 novembre 1871 à Lyon (Rhône), Justin Godart est fait
docteur en Droit en 1899; adjoint au maire de Lyon en 1904, il fait une
carrière politique dans la mouvance radical socialiste. Il est élu
député de Lyon (1906-1926) puis sénateur du Rhône (1926-1940), il
se
consacre aux questions sociales: à la santé, à l'hygiène et aux
"diminués physiques". Président de la Commission internationale
d'enquête dans les Balkans (Serbie, Bulgarie, Grèce, Turquie, Albanie)
organisée par la Dotation Carnégie pour la paix internationale (1913).
En 1914, il occupe la vice-présidence de la Chambre des députés (1914).
Sous-secrétaire d'État de la Guerre, il est responsable du "Service de
117
santé militaire" de 1915 à 1918 et le réorganise de fond en comble. A la
fin de la guerre il fonde la "Ligue contre le cancer", puis en 1934, la
"Ligue internationale contre le cancer". Il est l'initiateur d'une législation
internationale et participe à l’Organisation internationale du
Travail" et du " Bureau international du Travail".
Ministre du Travail et de l'Hygiène (1924-1925) et ensuite nommé
ministre de la Santé en 1932 .En 1929, il crée l'Hôpital Foch à
Suresnes. Dès 1924, il est membre de l’Association ‘’France Palestine’’ et
milite pour la création d’un Etat Juif au Moyen-Orient. Dès 1933,
devant la montée d nazisme, il défend la communauté Juive allemande
et il s'occupe de l' Œuvre de Secours aux Enfants. En 1940 il fait partie
des 80 parlementaires qui disent "non" à Pétain. Appartenant à un
groupe de résistants nommé à la tête du Comité du Front National
clandestin de libération de la France Zone Sud, abrite des Juifs, et cache
dans le jardin de sa maison de Pommiers (Rhône) l'argent servant aux
actions de sauvetage des Juifs. A la fin de la guerre, il est élu Maire de
Lyon jusqu'au retour d’Edouard Herriot. Il préside ensuite de
nombreuses associations dont le "Comité d'aide et de défense des
immigrés" et diverses autres œuvres sociales. Le Yad Vashem lui
décerne le titre et la Médaille des Justes parmi les Nations.
Raymond Poincaré : Né le 20 août 1860 à Bar-le-Duc (Meuse) et mort le 15 octobre
1934 à Paris, Raymond Poincaré est un homme politique, cousin du
mathématicien Henri Poincaré. Formé à la politique par Jules Develle
dont il fut pendant 18 mois directeur de cabinet au Ministère de
l'Agriculture en 1886, élu ensuite conseiller général dans la Meuse,
Poincaré se forgea une réputation d'homme politique modéré et
conciliant dès son premier mandat de député de la Meuse en 1887.
Cela n'empêcha pas ce fils de polytechnicien, lui-même avocat célèbre
à Paris et entré avec réticence sur la scène politique, de s'y imposer
rapidement. À trente-six ans, il avait déjà été trois fois ministre : de
l'instruction publique (1893), sous Dupuy, puis des finances 18941895 après la victoire électorale des modérés, et de nouveau en charge
de l'instruction publique en 1895. Il fut bien partisan de la laïcité mais
à condition que celle-ci soit dégagée de tout anticléricalisme, ce qui
l'éloigna naturellement des radicaux et des socialistes. En effet,
Poincaré prônait "une école neutre", dont la vocation aurait été de
produire de vrais patriotes. Il peut être considéré comme le leader
des modérés, la droite républicaine. Durant l’affaire Dreyfus, il
adopta une attitude très prudente même si il faisait partie de ceux qui
souhaitaient étouffer le scandale, comme tous les opportunistes
privilégiant la raison d'État sur toute autre considération. Il se rallia
finalement au camp dreyfusard, plus par légalisme que par
118
conviction. Cela ne le rapprocha pas pour autant de la gauche, avec
laquelle il garda ses distances. Il ne soutint absolument pas la
politique de Waldeck-Rousseau et encore moins celle d’Émile
Combes. Il préféra le Sénat à la Chambre où il représenta la Meuse
entre 1903 et 1913 puis entre 1920 et 1934. Belle consécration, il fut élu
à l’Académie française en 1909 et sera également professeur aux
écoles HEI-HEP. Il fut élu Président de la République.
Paul Painlevé : Paul Painlevé est né à Paris le 5 décembre 1863 et meurt à Paris le 29
octobre, est un mathématicien et homme politique français.
Spécialiste de l'aéronautique, président de l'Académie des sciences,
normalien, professeur à la faculté des sciences de Paris et à l'École
polytechnique, élu à l'Académie des sciences en 1900, il entra en
politique à l'occasion de l'affaire Dreyfus et deviendra membre de la
Ligue des droits de l'homme, créée à cette occasion. Élève de l'École
normale supérieure, agrégé en 1886, il alla suivre les cours de
Schwarz et de Klein à Göttingen. Il enseigna ensuite à la Faculté des
sciences de Lille, puis à Paris. Il fut professeur à la faculté des sciences
de l'université de Paris (1892-1896), à l'École polytechnique, au
Collège de France (1897-1900) et à l'École normale supérieure.
Commençant par sa thèse Sur les lignes singulières des fonctions
analytiques soutenue le 10 juin 1887, ses travaux mathématiques les
plus réussis portèrent sur les points singuliers des équations
différentielles algébriques du premier et du second ordre
(singularités) et sur les fonctions abéliennes. Ils lui valurent d'être élu
à l'Académie des sciences en 1900. Il en deviendra président en 1918.
En tant que mathématicien, dans le cadre de ses recherches en
mécanique des fluides, ses travaux portèrent principalement sur les
systèmes d'équations différentielles et leurs singularités, les fonctions
elliptiques, l'analyse complexe. Lazarus Fuchs avait établi une
typologie des équations différentielles du 1er ordre. Painlevé s'attaqua,
avec Charles Émile Picard, à celles du second ordre. Les équations de
la forme : y" = f(z,y,y'), où f désignent une fonction rationnelle en y et
y', portent son nom et permirent une classification d'où émergea des
équations types, comme y" = 6y² + x, possédant des solutions
transcendantes appelées fonctions transcendantes de Painlevé. Enfin
Paul Painlevé a trouvé en 1921 une forme de métrique inhabituelle,
trop méconnue, qui rend compte du champ gravitationnel d'un astre
dans l'univers vide de Minkowski. Il s'engagea dans une carrière
politique à partir de 1910, se faisant d'abord élire député du V e
arrondissement de Paris. Créateur, au tout début du conflit mondial,
de la Direction des Inventions intéressant la défense nationale, il
devint le grand théoricien de l'aviation et obtint du Parlement, en
119
1910, le vote des premiers crédits pour l'achat d'avions. En octobre
1915, alors qu'il vient d'être nommé ministre de l'Instruction Publique
dans le gouvernement présidé par Aristide Briand, les fondateurs du
comité d'initiative de l'œuvre des Pupilles viennent lui expliquer que
les œuvres non-laïques obtiennent tous les fonds des quêtes
publiques en faveur des orphelins. Il décide de faire agréer l'œuvre
des Pupilles pour qu'elle puisse obtenir des fonds et aider les
orphelins des écoles laïques. Sa présidence est marquée notamment
par la multiplication des colonies de vacances et d'écoles de plein air,
l'attention portée à la santé des pupilles, et la modification des statuts
de l'œuvre qui s'occupe désormais non seulement des orphelins mais
de tous les enfants en difficulté. Ministre de la Guerre en mars 1917, il
devient président du Conseil en septembre et nomme alors Philippe
Pétain commandant en chef et Ferdinand Foch chef d'état-major. Il est
remplacé deux mois plus tard par Georges Clemenceau.
Il est réélu député en 1919. Il anime la Ligue de la République en
1921-22, puis participe au Cartel des Gauches. Après la victoire du
Cartel des gauches, il présida la Chambre du 9 juin 1924 au 17 avril
1925, jusqu'au moment de sa candidature à la présidence de la
République, après la démission d’Alexandre Millerand. Battu par
Gaston Doumergue, il est réélu président de la Chambre puis
nommé, le 17 avril 1925, président du Conseil en remplacement d
Edouard Herriot. Renversé le 22 novembre de la même année, il
devient ministre de la Guerre de 1925 à 1929 (avec une interruption
de 3 semaines en juin 1926), sous Aristide Briand, Edouard Herriot
et Raymond Poincaré. Il fit voter la loi sur le service militaire
obligatoire d'un an (1928) et ordonna les premiers travaux de la
Ligne Maginot. En décembre 1925, il écrit une lettre au député
André Marty, membre du Comité central de la SFJC (communiste),
dans laquelle il refuse d'accorder la grâce au tirailleur Cheikou Cissé
(1890-1933), condamné à la déportation en Nouvelle-Calédonie en
1919. Il meurt en octobre 1933. Après des funérailles nationales, il
est inhumé au Panthéon. Son fils Jean Painlevé (1902-1989),
documentariste français, a réalisé un grand nombre de films
scientifiques.
Bernard Lecache : Bernard Lecache était le Président de la Ligue Internationale AntiSémitiste.
Après la Seconde Guerre Mondiale, il fallait tout reconstruire. Les Communautés
Aschkénaze et Séfarade se sont unies pour fonder dans les années 50, le Fonds Social Juif
Unifié afin de palier aux besoins de la Communauté entière. Elle en aura grand besoin car
les Juifs d’Afrique du Nord commencèrent à affluer vers l’hexagone quelques années plus
120
tard. En 1968, après la Guerre des Six Jours, les principaux responsables communautaires
s’associèrent pour fonder l’Appel Unifié Juif de France afin de mieux canaliser la collecte
tant pour les besoins de la communauté française que pour Israël.
121
Le Consistoire de Paris
et le Communautés aschkénazes
du XIXéme siècle à la Seconde Guerre Mondiale
A Paris, le Consistoire était dirigé par des Juifs Français, la direction était
principalement assurée par des Juifs d’Alsace ou de Lorraine. Depuis la Révolution
française, il y avait eu une émigration juive vers la capitale mais dès 1880, et bien
que le Consistoire ait érigé pour eux des oratoires, certains d’entre eux préférèrent
pratiquer les rites de leur pays d'origine et créèrent leurs propres lieux de prières.
Les Archives de la Préfecture de Police conservent différents rapports effectués sur
les ordres des commissaires de police des quartiers de Paris. Ces rapports
concernent tous les actes et évènements de la vie juive à Paris tels les surveillances
des synagogues lors des grandes fêtes, les mariages, les ouvertures de nouveaux
oratoires, les actes antisémites, etc….
Ouverture de synagogues ou d’oratoires
Adass Yereim
La Communauté Israélite de la Stricte Observance a été fondée en 1845 et a pour
objet l’exercice du culte rigoureusement conforme aux règles du Judaïsme
traditionnel. Elle est domiciliée au 10 rue Cadet, 75009 Paris. Des cours pour enfants
et pour adultes y sont régulièrement dispensés. Le nom des membres défunts est
consigné dans des livres et leur souvenir est rappelé à chaque fête (Matnas Yad) et à
chaque anniversaire (Yahrzeit).
Synagogue, rue Buffault
Rapport, en date du 3 septembre 1877, sur l’inauguration du Temple juif de la rue
Buffault :
‘’J’ai l’honneur d’informer Monsieur le chef de la Police Municipale qu’un service a été
fourni au Temple Israélite de la rue de Buffault à l’occasion de son inauguration. 1200
personnes ont assisté à cette cérémonie. La plupart appartenaient à la riche société juive.
215 voitures ont amené du monde.
La cérémonie était présidée par le grand rabbin Isidor.
M.M. Les Barons Alphonse et Gustave de Rothschild et Crémieux ont rempli certaines
fonctions du culte.
Le service a été pris à 1heure ½ et levé à 6 heures 20.
Je n’ai aucun incident à signaler
122
L’Officier de Paix’’.
Ce même jour, autre rapport fourni par le service des Garnis de la Préfecture de
Police :
‘’L’inauguration du temple israélite situé rue de Buffault a eu lieu aujourd’hui à 3 heures.
Le grand rabbin de France et le rabbin de Paris Zadock Kahn ont été reçus à la porte du
Temple par les membres de la commission.
Une centaine de curieux stationnaient aux abords.
Après une courte prière, M. M. de Rothschild, Crémieux, Allégri, Moïse Léon, Moïse Lunel,
Alfred Paz, Beaucaire aîné et Alfred Mayer, ont été chercher les tables de la loi, déposées dans
la salle des mariages, et les ont apportées processionnellement, entourés d’un nombreux
clergé, dans le tabernacle.
A ce moment on comptait au moins 1800 personnes dont 400 ou 500 femmes.
M. Le grand rabbin Isidor a prononcé un discours dans lequel il a remercié les principaux
fondateurs du nouveau temple. Puis l’orateur a rendu grâce au Seigneur de ce qu’il lui a
permis avant de mourir d’inaugurer trois nouveaux temples à Paris.
Diverses prières ont été dites, des chants en hébreu leur ont succédé puis M. Zadock Kahn a
prononcé un discours qui n’a été que la paraphrase de celui de M. Isidor.
De nouvelles prières ont été dites puis M. Diaz de Soria, artiste amateur s’est fait entendre.
Mmes Léonce Astruc, Pimentel, Léon fils, Melles Rachel Bloch, Lunel, Raynal,
Monteaux, L Crémieux et M. Paz ont fait des quêtes parmi les assistants.
Tous les rabbins et les ministres officiants ont récité à haute voix une prière pour la France et
la République et à la fin de cette prière tous les assistants ensemble ont dit : Amen.
Aussitôt la bénédiction donnée par les ministres officiant pendant que les chœurs se faisaient
entendre. Tous les assistants se sont retirés, il était 5 heures 30.
Aucun incident ne s’est produit.
Parmi les assistants on a remarqué M. M. Block, Abraham Cohen, Abraham Lévy, Ernest
Meyer et Alphonse et Gustave de Rothschild.
L’Officier de Paix’’.
Programme de l’inauguration du temple de la rue Buffault.
‘’1° Entrée des Ministres officiants avec les enfants de chœur par un solo d’orgue
(composition de M. Humblot, organiste du Temple).
2° Entrée des Membres de la Commission avec les quêteuses par les portes de droite et de
gauche au chant de Theïlath ; ce cortège est précédé des Samassims.
Chaque quêteuse ira occuper la place qui lui est désignée par la Commission ; reprise de
Theïlath avec accompagnement d’orchestre ; la Commission ira recevoir MM. Les Membres
du Consistoire central et les Membres du Consistoire de Paris ;
3° Dans l’intervalle, la Commission se rendra dans la salle des mariages et le cortège
rentrera dans l’ordre suivant :
123
Pour cette entrée, la porte du milieu est ouverte à deux battants, l’assistance se lève, deux
Samassims portent chacun un cierge allumé, huit enfants de chœur placés sur deux rangs,
MM. les Grands Rabbins et les Rabbins s’avancent, puis, avant d’entrer dans le Temple, ils
récitent le verset du Psaume 118 : Ouvrez-nous les portes de la Justice.
Le premier Ministre officiant, en se retournant vers la porte, répondra par le verset 20 : C’est
ici la maison du Seigneur. Le cortège entrera au chant traditionnel de Houdo. A mesure que
le cortège avancera dans le Temple, chacun prendra la place qui lui est désignée : le
Consistoire Central, le Consistoire de Paris, les Rabbins et la Commission administrative.
4° Double quatuor (adagio de Mozart, orchestre) ;
5° Entrée des Sépharim avec le Mizmor leDavid (Psaume 29), en chœur (musique de M.
Emile Jonas). Ce cortège se divise à droite et à gauche : le premier à chaque côté est seul
accompagné.
Arrivé sur le palier de l’Ehal, tout le cortège s’arrêtera, M. le Ministre officiant récitera le
Chéhéyanou, le chœur répondra Amen ; à ce moment, M. Abraham Léon allumera le Thamid
(1)
Pendant qu’on déposera les Sépharim dans le Tabernacle, M. Félix Lévy chantera le Hélim
avec chœurs. Les Sépharim placés et le Hélim terminé, le cortège attendra que M. le Ministre
officiant ait récité le Chouva Lemanékha, et, en s’inclinant, chacun regagnera sa place ;
6° La cantate Abat Sion avec solo, par M. Félix Lévy et les chœurs.
7° Discours de M. le Grand Rabbin du Consistoire Central
8° Baroukh Haba (Soyez les bien venus au nom de l’Eternel), avec solo, chanté par M. Diaz
de Soria, composition de M. Alp. Perpignan, de Bordeaux.
9° Hallélou du Psaume 117, par M. le Ministre officiant et les chœurs répliquant par
Houdou du Psaume 118 ;
10° Sortie du Sépher précédé de Véani Téphilati, par M. le Ministre officiant et les chœurs ;
Baroukh Hamakom (Loué soit l’Eternel), Chema Israël et Gadlou. Prière pour la France ;
11° Imbloch, par M. Bloche fils. Rentrée du Sépher au chant de Hallélou, avec les chœurs.
Le Ministre officiant revient à la Thébat ; les personnes qui ont eu les honneurs religieux
reprennent leur place.
Solo d’orgue ;
124
12° Discours de M. le Grand Rabbin de Paris,
13° Quête (Otteto de M. Franco Mendès)
14° Hymne sacré, par M. Diaz de Soria (solo) avec orchestre, musique de Meyer, directeur
des chœurs.
15° Bénédiction avec chœurs
16° Ygdal (treize articles de Foi) des fêtes.
--------------------------------------Membres de la Commission
MM. Crémieux, Sénateur, Président d’honneur : MM. S. Pontremoli
Bloche, Président
:
N. Astruc
Abr. Cohen, vice-Président
:
F. Silva
Abr. Léon, Trésorier
:
Ch. Monteaux
P. Lunel, Secrétaire
:
Alfred Paz
T. Astruc
:
S. Beaucaire aîné.
M. Léon
:
Ernest Mayer
(1) Le Thamid a été offert au Temple par madame veuve David Léon ; son fils, M. Abraham
Léon, est chargé de l’allumer à la mémoire de son père, qui était Membre de la Commission.
-----------------------------------------------------Quêteuses
Mmes Léonce Astruc
Rodrigue Pimentel
Léon fils
: Melles Rachel Bloche
:
Alice Lunel
:
Zénaïde Monteaux
:
Raynal
:
L. Crémieux
:
Marguerite Paz
--------------------------------------------------------------Les Sépharim sont portés par MM.
Côté droit
1° Le baron A. de Rothschild, Président
du Consistoire central
2° Crémieux, Sénateur, Président d’honneur
du Conseil de la Société civile et Président :
de l’Alliance Israélite.
:
Côté gauche
: 1° Le baron Gustave de Rothschild,
:
Président du Consistoire de Paris
: 2° L. Bloche, Président du Conseil
du Conseil de la Société civile
: 3° A. Cohen, vice-Président
125
3° Allégri, doyen d’âge de la communauté
4° Moïse Léon
5° Moïse P. Lunel
6° Alfred Paz
7° S. Beaucaire aîné
8° Ernest Mayer
: 4° Osiris Iffla
: 5° T. Astruc
: 6° Félix Silva
: 7° Nathan Astruc
: 8° Ch. Monteaux
:
Après la cérémonie, Office de Minha’’
Oratoire israélite, passage Thierré
En 1894, les membres de l’Oratoire, 14 passage Thierré (Quartier de la Roquette)
demande une autorisation provisoire ou temporaire pour l’ouverture d’un lieu de
culte à cette même adresse.
Oratoire Israélite, 51 rue Letort
Le 17 août 1900
Le Préfet de Police au Commissaire de Police du quartier Clignancourt :
‘’M. Ritz, Isaac, demeurant rue Letort 31, sollicite l’autorisation de transférer à cette adresse
un oratoire israélite provisoire dont l’ouverture avait été autorisée en septembre 1891 rue
Duhesme 74.
Je vous prie de notifier à M. Ritz que je ne m’oppose pas à la tenue de réunions dans ce local.
Vous lui ferez connaître outre que cette autorisation est accordée à titre essentiellement
provisoire et jusqu’au 1er décembre prochain seulement.
Le Préfet de Police’’.
Oratoire Israélite, 73 rue Mont Cenis (Quartier Clignancourt)
Le 25 novembre 1902, un rapport est fait au Préfet de Police sur l’autorisation
d’ouverture de l’Oratoire israélite, sis 73 rue Mont Cenis, il en résulte :
‘’M. Rosen, demeurant 41 rue Ordener demande que l’autorisation qui lui a été accordée
d’ouvrir un oratoire pour le culte israélite rue du Mont Cenis 73 soit maintenue.
Les locaux, ni les conditions d’autorisation n’ayant été modifié, je ne vois aucun
inconvénient à ce que ce que l’autorisation soit maintenue. ‘’
Synagogue, 5 rue Nobel
126
Rapport du commissaire de Police en date du 10 octobre 1905 au sujet de la
synagogue située rue Nobel 5 :
‘’La synagogue visée par la lettre anonyme à la note ci-jointe, est installée 5, rue Nobel, au
rez-de-chaussée, depuis le 1er avril 1904.
L’immeuble appartient à M. Daval, entrepreneur de constructions, rue Francoeur, 4, et le
loyer annuel de 1800 francs a été consenti à M. Dreyfuss (Jacques Henri), né à Schirrofen
(Bas-Rhin) le 19 avril 1844, Grand Rabbin du Consistoire Israélite de Paris, domicilié 95,
rue Taitbout.
Le rez-de-chaussée dans lequel est installé la synagogue a une entrée particulière et est
divisée en deux partie par une cloison en bois, pleine à sa base et grillagée dans le
haut.
La première partie, réservée aux femmes, peut contenir 100 places et la seconde,
réservée aux hommes, contient 170 sièges. Dans le fonds se trouve un autel, ainsi
qu’une sorte d’estrade réservée à l’officiant.
Le local, assez spacieux, donne sur les cours des n° 5 et 7 de la rue Nobel, de sorte que les
locataires des entresols de ces cours peuvent très bien entendre les offices, tandis que de la
rue, il est difficile de percevoir ce qui se dit ou se chante dans la synagogue.
Du reste, sauf trois ou quatre fêtes annuelles, où de nombreux fidèles viennent prier et
chanter, un peu bruyamment peut-être, les cérémonies habituelles auraient lieu dans le plus
grand calme.
Presque tous les matins, une vingtaine de personnes assistent à un office célébré de 7 à 8
heures ; quelques personnes seulement font leurs dévotions à la synagogue, de 6 heures 30 à
7 heures du soir.
Le jeudi et le dimanche, de 8 heures 30 à 11 heures 30 du matin, des cours de lectures
hébraïques sont faits à de jeunes enfants, à l’aide de tableaux spéciaux ; les bruits occasionnés
par ces cours ne dépasseraient pas ceux généralement entendus à proximité d’une école.
En somme, l’exercice du culte à la synagogue de la rue Nobel, 5, paraît loin d’apporter
autant de trouble que le mentionne la lettre anonyme.
On apprend seulement qu’il y a eu tout dernièrement à cette synagogue des offices à
l’occasion du Jour de l’An Juif ; les fidèles venus en grand nombre, auraient chanté à haute
voix jusqu’à 11 heures du soir, pendant deux jours de suite, et des voisins mécontents
auraient proféré des injures à l’adresse des israélites à la sortie de la synagogue et leur
auraient même jeté de l’eau
Le Commissaire de Police’’.
Synagogue rue Saint Isaure
Le 28 juin 1907, rapport du Commissaire de Police au Directeur Général des
Recherches concernant l’inauguration de la synagogue de la rue Saint Isaure :
‘’Le Commissaire de Police, chef de la 3ème brigade à Monsieur le Directeur Général des
Recherches.
127
J’ai l’honneur de rendre compte à Monsieur le Directeur Général qu’il ne s’est produit aucun
incident au cours de la surveillance exercée hier de 3 heures ½ à 6 heures du soir par des
inspecteurs de mon service à l’occasion de l’inauguration du temple israélite situé, 13, rue St
Isaure.
450 personnes environ ont assisté à la cérémonie.
Le Commissaire de Police’’.
Oratoire du Sinaïsme, 17 rue Greuze
Le 20 octobre 1902, le Sinaïsme (Judaïsme Réformé), dont la devise est :
‘’Sinaï
Humanité
La foi par la raison
L’espérance par l’instinct
La charité par le cœur
Justice
Vérité
adresse un courrier au Préfet de Police de remerciement pour l’ouverture de son
oratoire au 17 rue Greuze :
‘’Monsieur le Préfet,
J’ai l’honneur de vous remercier de la bienveillance que vous avez bien voulu avoir pour moi
en m’autorisant à ouvrir l’oratoire dont j’ai formé le projet.
Votre obéissant serviteur
A. Pereyra’’.
Temple de l’Union Libérale Israélite, 24 rue Copernic
Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, le maître mot de la Communauté
Juive en France ; c’est de moderniser le Judaïsme. En France, la réforme du Judaïsme
est influencée par deux penseurs, issus de l’esprit du Siècle des Lumières : Joseph
Salvador (1796-1873) et James Darmesteter (1848-1894) Selon Catherine Pujol ; ‘’Il
s’avère en effet que le souffle libéral est le fruit du phénomène français d’émancipation et de
cette forme de religion juive républicaine que l’on désigne du terme générique
d’israélitisme’’.
Pour Joseph Salvador, le Renan Juif, il faut un judaïsme sans rite alors que pour
James Darmesteter, ce qui prévaut c’est ‘’La croyance au progrès’’. Il rêve de la
fusion des valeurs juives avec les valeurs françaises, d’autant que rajeunies par la
Révolution, il leur voit une singulière affinité. Différences fondamentales entre les
128
deux ; Salvador croyait en Dieu et Darmesteter croyait à la science. La loi de
séparation de l’Eglise et de l’Etat fut un élément déterminant de la création de
l’Union Libérale Israélite. En effet, elle stipule que les églises, les presbytères, les
séminaires ont la possibilité d’être confiés gratuitement à des associations cultuelles
élues par les fidèles. L’U.L.I. ouvre la brèche en 1905, en constituant son premier
Comité-directeur. Elle demande ensuite un local au Consistoire de Paris afin de
célébrer un office religieux le dimanche matin. Devant le refus de celui-ci, il ne reste
plus qu’à installer un lieu de culte dans un immeuble privé et d’engager un rabbin.
Rue Copernic, un atelier de peintre est à louer et Louis-Germain Lévy accepte le
poste de rabbin.
Le 2 décembre 1907, ‘’La Libre Parole’’ publie un long article de H. de Rauville
sur l’inauguration de la synagogue libérale de la rue Copernic sous le titre:
‘’Un schisme en Israël
La synagogue moderniste de la rue Copernic – Il y avait foule… de curieux –
Quelques silhouettes – L’officiant, le rabbin Gonnain-Levi expose ses raisons et son
plan - La ‘’bedide gommerce ‘’avant tout – Chez nous !
Ce n’est pas un fait banal que le schisme qui vient d’éclater en Israël : près des Juifs
orthodoxes, il prend des proportions d’une véritable révolution rituelle – si je puis
ainsi m’exprimer.
……’’
L’Union Libérale Israélite a pour but de repenser la doctrine religieuse juive
ainsi que la pratique religieuse et le déroulement du culte. Fondée par un groupe qui
avait institué un choix de prières en français autorisé par le Grand Rabbin Zadock
Kahn. Elle s’inspire du culte célébré dans les synagogues libérales d’Europe et
d’Amérique : offices abrégés, comportant la liturgie hébraïque mêlée de prières en
français, enseignement portant sur l’Ethique juive plus que sur le rationalisme, etc…
En 1926, elle adhéra à la World Union for Progressive Judaïsm, fondée à Londres par
Claude Montéfiore, Lilly Montagu et Léo Beck. Dès 1922, elle avait fait appel comme
prédicateur à Aimé Pallière, l’élève ‘’noachide’’ d’Elie Benamozegh. Il fut également
l’un des principaux éducateurs de la Jeunesse Juive de l’Union Libérale.
Oratoire particulier, 10 impasse Ribet
Demande faite au Préfet de Police en date du 13 août 1907 afin d’ouvrir un oratoire
particulier :
‘’Monsieur le Préfet,
Nous vous sollicitons Monsieur le Préfet de bien vouloir autorisé la société Beneï-Israël n°
2189 d’ouvrir un oratoire particulier impasse Ribet 10.
….
129
(signé) Meyer Epstein’’
Oratoire Israélite, rue du Théâtre
Rapport du Commissaire de Police concernant la création d’un oratoire israélite, rue
du Théâtre en date du 9 avril 1910 :
‘’L’Oratoire israélite situé 144, rue du Théâtre, fonctionne en dehors de toute association
cultuelle et de toute déclaration de réunions.
La ‘’Beneï-Israël’’, Société de Secours Mutuels, fondée en novembre 1907, y a son siège ; le
local est d’un loyer annuel de 305 francs, enregistré au nom de ladite société.
Les fidèles se réunissent tous les samedis pour célébrer le ‘’Sabbat’’. Les prières sont dites en
langue hébraïque. Le Sr Epstein (Mayer), né le 20 juin 1844 à Jérusalem, de nationalité
turque, demeurant 8, rue Caille, remplit occasionnellement les fonctions de rabbin.
Les réunions à cet oratoire sont souvent tumultueuses, à cause de l’entassement des
personnes. Des discussions éclatent parfois, qui dégénèrent en pugilats, au grand
mécontentement des voisins, dont le repos se trouve ainsi fréquemment troublé’’.
Oratoire, 8 bis rue des Gobelins
Courrier adressé le 25 mai 1910 au Préfet de Police afin d’obtenir l’autorisation
d’ouvrir un oratoire israélite au 8 rue des Gobelins :
‘’Monsieur le Préfet de Police,
Nous avons l’honneur de vous annoncer, Monsieur le Préfet, que nous avons fonder, bis rue
des Gobelins, 13èm arr. un oratoire pour y célébrer les rites religieux israélites et, en même
temps, d’apprendre aux enfants, à lire les prières.
Donc, nous vous adressons, Monsieur le Préfet, pour vous prier de nous donner une
autorisation.
Veuillez, agréer, Monsieur le Préfet, nos sincères salutations.
Le Président de l’oratoire
M. Schulmann, 77 rue Mouffetard
A.
Le Secrétaire
Bilensky, 86 rue Claude Bernard’’.
130
Oratoire israélite, rue de Meaux
Le 18 septembre 1911, M. Samuel adresse un courrier au Préfet de Police pour lui
demander l’autorisation d’ouvrir un oratoire, rue de Meaux :
‘’Monsieur le Préfet de la Seine,
Nous avons l’honneur de solliciter de votre bienveillance une autorisation pour un oratoire
israélite se composant d’environ trente personnes et qui est situé 15 rue de Meaux.
Nous vous remercions à l’avance et dans l’attente de vous lire, nous vous prions d’agréer,
Monsieur nos empressées salutations.
Le Président
Mr. Schuster
68 Bld de la Villette
Le Vice Président
M. Samuel
27 rue des Chaufourniers
Le Trésorier
M. Jacob Borochovitch
91 av. Gambetta
L’un d’eux
Samuel’’.
Synagogue de la Rue Chasseloup-Laubat
Rapport de la Préfecture de Police en date du 30 septembre 1913 :
‘’ Conformément aux instructions ministérielles du 17bre 1908, j’ai l’honneur de vous faire
connaître qu’un nouveau lieu de culte va s’ouvrir le 2 octobre prochain etc…
Copie jointe dans rapport du service des R.S. du 26 7bre 1913’’
Rapport en date du 26 septembre 1913 du Commissaire de Police, chef du Service
des Jeux, à Monsieur le Directeur du Service des Renseignements généraux et des
Jeux
‘’ Office
En conformité des instructions contenues dans une lettre de M. le Garde des Sceaux,
Ministre de la Justice et des Cultes, en date du 14 septembre 1908, je fais connaître qu’un
nouveau lieu de culte va s’ouvrir le 2 octobre prochain, 14-16-18-, rue Chasseloup-Laubat.
Union des Associations Cultuelles Israélites de France et d’Algérie.
En 1906, Le Consistoire Central est dissout suite à la loi de séparation des biens de
l’Eglise et de l’Etat. Il doit donc se constituer en association selon la loi de 1901. Les
administrateurs déposent donc à la Préfecture de Police déposent de nouveaux
statuts de l’Union des Associations Cultuelles Israélites de France et d’Algérie.
131
L’Association Cultuelle de l’Oratoire de Montmartre
Talmud-Thora
Cette association cultuelle a été fondée en 1926, son siège était situé : 80 rue
Daudeville (18ème)
Association Yabné
L’’’Association Yabné’’ fut fondée le 26 juillet 1954. Son siège social est située à l’école
libre israélite 60, rue Claude Bernard à Paris (5ème).
Son but est :
La fondation et l’entretien d’établissements israélites d’enseignement pour garçons
et jeunes filles.
L’organisation de cours et conférences d’enseignement du Judaïsme.
Le maintien et le développement de l’éducation et de la culture juive en France et
dans les pays d’expression française.
L’’’Association Yabné’’ groupait à son origine 110 adhérents dont 6 membres
fondateurs, 15 membres bienfaiteurs, 20 membres donateurs, 25 membres actifs et
44 membres simples qui payaient respectivement chacun à l’époque une cotisation
annuelle de cent mille, cinquante mille, dix mille, cinq mille et mille francs.
Elle était administrée par un conseil dont le bureau était composé comme suit :
- Président
M. Rottenberg
- Secrétaire
M. Weil
- Trésorier
M. Sommer
M. Rottenberg Noémie, né le 29 avril 1892 à Sofet (Safed) en Israël, était marié et
avait trois enfants. Il était domicilié au 17, rue du Colonel Moll (17ème) depuis 1937.
M. Rottenberg était directeur général de la société des ‘’Verreries de Vienne’’, 21, rue
Saint Fiacre (2ème). Il était le Vice-Président de l’Organisation des Sionistes
Traditionalistes ‘’Mizraki’’ et trésorier des associations ‘’Foyer des enfants israéliens de
Paris’’, du ’’Comité de Bienfaisance Israélite de Paris’’ et ‘’Aide à Israël’’.
M. Weil Jacques, né le 23 mai 1897 à Paris (16ème) était marié et avait un enfant.
Il demeurait 4, rue Sainte Anne (1er). Il était administrateur des sociétés ‘’Fourrures
Weil’’ et ‘’Parfums Weil Paris’’, situées respectivement 4, rue Sainte Anne et 28, rue de
la Pépinière.
M. Sommer Robert, Sylvain, né le 31 octobre 1905 à Paris (11ème) était marié et avait
six enfants. Il était domicilié 4, rue du Cardinal Lemoine depuis mars 1945.
Il était conseil juridique à son domicile.
132
M. Sommer avait demandé l’autorisation à la Préfecture de Police afin d’installer
une coopérative à son domicile. Il était intervenu auprès du Ministère des Affaires
Etrangères pour que soit délivré un visa d’entrée en France à un membre influent du
Parti Communiste hollandais.
Association dite ‘’Groupe Rabbi Yéhiel de Paris’’ (Yéchiva Urbaine)
Cette association avait son siège au 24 rue des Martyrs.
Président
Elie Munk
Secrétaire Général
Merzbach Charles
Trésorier
Sommer Robert
Elie Munk
Président du Groupe Rabbin Yéhiel
Président de l’Association Poaleï Agoudath Israël (29 rue St Lazare)
Président de la Société de Secours dit ‘’Union des Amis de Jérusalem’’, 10 rue Cadet.
Shema Israël, Association Israélite d’éducation et de propagande religieuse
Cette association a été fondée en 1919.
Présidente : Mme Zadock-Kahn, demeurant 16 rue Jasmin
Vice-Président : M. Sommer Robert Sylvain, 17 quai aux Fleurs
Secrétaire : M. Merzbach Charles, 43 av. Foch
Trésorier : M. Kohn Samuel, 16 rue de Maubeuge
Membres : Klein Nathan, Théodore, 3 rue de Valenciennes
Lazare Marcel, 131, av. de Villiers
Agoudath Hakéhilos, Union des Communautés
En 1911, neuf associations qui entretenaient des oratoires (Saint Paul, TalmudThora, Varsovie, Fils d’Abraham, Israélites roumains, Mont Cenis, Labat, Reine
Blanche, Geoffroy Cavaignac) fusionnent en une Union des Communautés sur
l’impulsion de M. J. Landau et du Grand Rabbin Joël Leib Herzog. L’association
cultuelle israélite a pour but de subvenir aux besoins des Communautés orthodoxes
de Paris et du département de la Seine. Elle administre la Synagogue du 10 de la rue
Pavée. Cette synagogue a été bâtie d’après les plans de l’architecte Hector Guimard.
Temple de Belleville,
Fondé en 1931, ce temple organise les réunions de prières ainsi que des cours
d’instruction religieuse et des cours d’hébreu. Il a son siège au 75 rue Julien Lacroix
à Paris.
133
Adath Israël, (Association Cultuelle israélite, Fondation Mongatte-Kantorovitch)
Fondée en 1927 pour subvenir à Paris aux frais et à l’entretien de l’exercice public du
culte israélite et de l’enseignement de la Thora. Elle est domiciliée au 32 rue Basfroi à
Paris.
Agoudath Israël de France.
Association fondée en 1931 pour la défense des intérêts des israélites pratiquants et
l’observation des principes de la Thora. Son siège est au 38 rue des Blancs-Manteaux
à Paris. Elle est rattachée au Mouvement Agoudath Israël et fait partie d’un réseau
de Yéshivot, de kibboutzim et des séminaires pour filles.
Association des Israélites Pratiquants
Cette association fondée en 1939 et possède un réseau de plusieurs institutions
communautaires :
Synagogue : rue Saulnier à Paris
Adath Yechouroun, rue des Rosiers à Paris
Adath Israël, rue du Duc à Paris
Oratoire : rue Dieu
Maisons d’enfants
Collège Tmimim à Eragny (S et Oise)
‘’
‘’
à Boissy-Saint-Leger (S et Oise)
Société du Culte Traditionnel Israélite
Fondée en 1906, cette société a pour but l’entretien du culte orthodoxe : Maison de
prières et Talmud Thora. Elle est domiciliée au 24 rue Lalo (Paris XVI) et passera
quelques années plus tard au 31 rue Montévidéo à Paris.
Société des Etudes Talmudiques.
En 1877 , le Conseil d’Administration de la Société des Etudes Talmudiques demande
la reconnaissance légale de la société.
Guemilouth Hessed
Le 10 août 1888, un groupe d’askénazim dépose les statuts pour la création d’une
société d’hommes ayant pour buts d’assister ses adhérents à leurs derniers moments
et de leur rendre les derniers devoirs sous le nom de : Société Guemilouth Hessed.
134
Association Cultuelle Israélite du rite traditionnel Sfard’’
En 1906, création d’une Association Cultuelle Israélite du Rite traditionnel ‘’Sfard’’
dont le siège est établie au 25 rue des Etouffes. Hermann Henry Battner, Président de
l’Union des Sociétés Juives de France’’ propose l’explication suivante : ‘’les différents
dirigeants de l'époque étaient surtout pour les rues pavée et des Ecouffes de purs orthodoxes
dits ''Sfards'' tous pratiquement fraichement immigrés et qui auraient confondu les 2 termes
Sepharad et Sfard, c'est l'explication qui m'avait été donnée par un érudit dont je ne me
souviens plus du nom, j'ai été élevé rue des Ecouffes et connaissait bien la rue pavée. 'Les
Sfards'' seraient des descendants de juifs expulsés de la péninsule ibérique installés en
Pologne et qui se seraient fondus dans la communauté Ashkénaze ambiante en conservant
quelques rites particuliers’’
Association Cultuelle israélite du rite ‘’Séphardi’’
‘’Préfecture de Police
Paris le 20 janvier 1913
Le Préfet de Police à Monsieur le Ministre de l’Intérieur (Bureau des Cultes)
J’ai l’honneur de vous informer que l’association cultuelle israélite du rite ‘’Séphardi’’
a déclaré le 14 de ce mois à ma Préfecture, avoir transféré son siège sociale au n° 12 de la Rue
Pavée
Le Préfet de Police’’
‘’Association cultuelle Israélite du Rite Séphardi
Paris le 18 février 1913
Monsieur le Préfet
Paris,
J’ai l’honneur de vous faire savoir que l’Association Cultuelle Sephardi n° 152.397 a procédé
au renouvellement du Comité.
Ont été élus pour l’année 1913
M.M. S Horowitz, Président, commerçant, rue St Martin Paris
Seinfeld, Vice-Président, marchand, 11 bld Beaumarchais,
Has Goldstein, Secrétaire, fourreur, 2 rue St Claude,
Rothbart, Trésorier, bijoutier
S. Haber, Contrôleur, commerçant, 20, rue du Roi de Sicile
135
Gartemberg, Contrôleur, 29, rue des Blancs Manteaux
S. Fridman, Administrateur, 26, rue du Bourg-Tibourg
Stern, Administrateur, 11 rue des Tournelles
Schwartzenberg, Administrateur, 51 rue de Turenne.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet de Police, l’assurance de mon profond respect.
Le Président :
Signé : S. Horowitz.’’
Les Sfards
En dépit de son nom, le rite sfard n'est pas celui des Juifs sépharades, mais des juifs sfards plus populaire
même que le rite ashkénaze. Certains, pour plus de clarté, préfèrent l'appeler « rite des Hassidim» Afin d'éviter
toute confusion avec le rite des séfarades, ce dernier est appelé noussah' Séfarade ou noussah' haSefaradim. Le rite
sfard concerne les juifs polonais, russes, tchèques, hongrois tandis que le rite ashkénaze concerne les juifs
originaires d'Allemagne, d'Alsace et d'Autriche.
‘’Dans la communauté.
Une certaine effervescence règne parmi nos coreligionnaires russo-polonais du quartier
Saint-Paul. Les membres d’un oratoire situé rue des Lions, qui sous le nom de ‘’Anché Sfard’’
(les personnes séfarades) y tenaient depuis plus de six ans des réunions de prières et d’études
sacrées, ont été expropriés du local qu’ils occupaient par les membres de la Société les Lois
rabbiniques. Ceux-ci, en effet, sont allés trouver le propriétaire de l’immeuble et ont signé
avec lui un bail d’une assez longue durée. Du propriétaire, les ‘’Anshé Sfard’’ n’ont rien à
dire. Il a trouvé une location plus avantageuse, et il a donné congé à ceux qui n’ayant pas de
bail pouvaient légalement être expulsés. Mais que penser de la conduite des membres de la
Société les Lois Rabbiniques qui, trouvant un local à leur convenance, sans se préoccuper de
sa destination et sans entrer en négociation avec les détenteurs, leurs coreligionnaires , en vue
d’une indemnité à leur offrir et d’arrangements à prendre, les font expulser sans aucun
ménagement, et infligent à des objets de culte tels que Sépher Torah, Aron Hakodesch, etc…
pareille profanation et privent des frères de leur lieu de prières et de réunions pieuses ? Car
les ‘’Anshé Sfard’’ sont de pauvres gens, aux ressources, aux ressources exigües, et en
attendant qu’ils trouvent à se loger ailleurs, leurs rouleaux sacrés et leur bibliothèque
traînent abandonnés dans une remise.
Ces victimes de leurs coreligionnaires ont saisi le Consistoire de Paris de leur situation et du
déni de justice dont ils sont l’objet du fait de la Société Les Lois Rabbiniques’’. Le Consistoire
a commis l’un de ses membres, l’honorable Docteur Klein, à l’effet de mettre fin à ce
regrettable conflit. Mais la décision qu’il a rendue n’a pas encore été acceptée.
Nous espérons que les membres de la Société ‘’Les Lois Rabbiniques’’, se rendant compte du
Chiloul Hashem qui résulte de leur si singulière attitude à l’égard de leurs coreligionnaires,
reviendront à de meilleurs sentiments, et que ce déplorable incident qui fait l’objet de
commentaires passionnés et sévères se terminera à la satisfaction des plaignants’’.
Archives Israélites 18 août 1898.
136
Association Cultuelle dite Communauté Israélite de la Sainte Observance ; Adass
Jereïm Hebré Kadischa de Chass.
En 1906, le Conseil d’administration dépose les statuts de Association Cultuelle dite
Communauté Israélite de la Sainte Observance ; Adass Jereïm Hebré Kadischa de
Chass. Son siège est établi au 10 rue Cadet
‘’Paris, le 11 novembre 1906
Préfet de Police à Monsieur le Ministre de l’Instruction Publique, des Beaux-Arts et des
Cultes.
Cabinet
J’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint, à toutes fins utiles, copie de la déclaration
effectuée le 9 novembre courant par l’Association cultuelle dite Communauté Israélite de la
Sainte Observance ainsi que la liste des membres fondateurs et des statuts qui y étaient
annexés.
Pour le Préfet
Le Directeur de Cabinet’’
Association Zadock Kahn
Suite à la loi de séparation des biens de l’Eglise et de l’Etat , l’association Zadock
Kahn à Paris, dépose en 1906, de nouveaux statuts.
Association Cultuelle Israélite du Rite Traditionnel Askénazi
En 1907, création de l’Association Cultuelle Israélite du Rite Traditionnel Askénazi
Siège 8 rue de l’Hôtel de Ville.
Culte israélite (rite Polonais)
En 1908, le Rabbin Brauer, 16 rue André del Sarte et M. Maurice Chakin 13 rue André
del Sarte du culte israélite (rite Polonais) organisent des réunions cultuelles au 2
passage Ramey à partir du 24 septembre 1908
Association Cultuelle ‘’Chevra Talmud Torah’’
En 1910, création de l’Association Cultuelle ‘’Chevra Talmud Torah’’ de Montmartre
34 rue Labat.
137
Association Cultuelle ‘’Beis Agoudas Israël’’
Association Cultuelle ‘’Beis Agoudas Israël’’ dont les buts sont pour subvenir aux frais
du Culte Israélite orthodoxe :
‘
’ Le Préfet de Police
A Monsieur le Ministre de l’Intérieur
(Direction de la Sûreté Générale. Associations.
J’ai l’honneur de vous rendre compte, à toutes fins utiles, qu’à la date du 11 décembre
dernier, une association cultuelle israélite dite ‘’Beis Agoudas Israël’’ a effectué dans mes
Bureaux, une déclaration de constitution sous le régime des lois des 1er Juillet 1901 et 9
décembre 1906.
Aux termes des statuts composés – dont vous trouverez ci-joint un exemplaire – cette
association a pour objet de subvenir, à Paris et dans le département de la Seine, aux frais du
culte israélite orthodoxe, conforme au Schoulchan Aurouch’’ (loi rabbinique), ainsi qu’à la
création et à l’entretien des établissements religieux qui s’y rattachent.
Elle est dirigée par un bureau composé comme suit :
Président : M. Gorembarg, de nationalité russe, demeurant 177 rue de Belleville, où il
exploite un magasin de nouveautés.
Vice-Président : M. Groblias, de nationalité polonaise, demeurant 12 boulevard de la
Villette, établi commerçant en maroquinerie, 147 rue Oberkampf
Caissier : M. Storchan, Leib, de nationalité polonaise, demeurant 1 rue des Trois
Cornes, où il exploite un commerce de chaussures.
Trésorier : M. Tzirelsehn, d’origine russe, naturalisé français, représentant en
Chaussures, demeurant 81 rue Pixérécourt.
Secrétaire : M. Schneider, d’origine russe, français par naturalisation, demeurant
80 boulevard de la Villette, où il exploite un magasin de chaussures.
Contrôleur : M. Ramoff, de nationalité russe, tailleur-coupeur, demeurant
110 Boulevard Ménilmontant.
MM. Gorembarg et Tzirelsehn sont notés aux sommiers judiciaires comme suit : le 1er
‘’Faillite, Paris, 12.5.1921’’ et le second ; ‘’ 50 frs, 26.11.18, hausse illicite’’.
Les autres membres du bureau font l’objet de renseignements favorables.
138
L’Association cultuelle ‘’Beis Agoudas Israël’’ se trouve actuellement en période de
formation. Elle ne compte qu’un petit nombre d’adhérents. Son fonds sociale est nul. Elle
semble pour le moment, s’en tenir à la réalisation du but confessionnel en vue duquel elle a
été constituée.
Le Préfet’’.
Association Cultuelle Israélite dite Beth Israël
En 1924, création de l’Association Cultuelle dit Beith Israël, dont le siège se trouve
rue Richer selon la loi du 1er juillet 901 et du 9 décembre 1905. Les buts de cette
association sont : Subvenir à Paris et dans le département de la Seine aux frais du
culte israélite polonais ainsi que la création et à l’entretien d’établissements religieux
qui s’y rattachent.
Administrateurs
Président : M. Rapoport, naturalisé français, courtier en diamants.
Vice-Président : M. Zucker né à Miehe Galicie, négociant en plume.
M. Kutner, polonais, commissionnaire en marchandises
Trésorier :
M. Lefel Henri, polonais, courtier en bijoux.
Secrétaire :
M. Rathaus Fischel, polonais, négociant en plumes.
Membres : MM. Weinberger Henri, d’origine polonaise, naturalisé français, négociant
en pelleteries
Glasberg Hirsch, d’origine polonaise, naturalisé français, fourreur
buts de l’association : subvenir à Paris et dans le département de la Seine aux frais du culte
israélite polonais, ainsi qu’à la création et à l’instruction d’établissements religieux qui s’y
rattachent.
Pertschuk Jacob, russe, courtier en diamants
Baretzki Maurice, français, commissaire en marchandises
Galizer Adolf, polonais, fourreur
Kapelusz Charles, polonais, établi horloger 28 rue de Rivoli
Toutes ces personnes font présentement l’objet de renseignements favorables ; elles sont
inconnues aux sommiers judiciaires, sauf M. Kutner qui y est noté comme suit :
‘’Faillite Paris le 13-2-1914 – 6 mois (10ème) 18-5- 1915 banqueroute simple sursis’’.
Jusqu’à ce jour le fonctionnement de l’Association cultuelle Beth Israël n’a donné lieu à
aucune remarque particulière, notamment au point de vue politique.
Le Préfet’’.
Tephilat Israël
139
Association Cultuelle fondée en 1932. Elle gère une synagogue, un cours de Talmud
Thora et de littérature rabbinique pour adultes. Elle est domiciliée au 23 rue du
Bourg-Tibourg à Paris.
Tiferet Israël
Fondée en 1933, cette association s’occupe de culte, de l’étude du Talmud et de
Bienfaisance.
Ecole Maimonide
Ecole fondée en 1935 à Boulogne-sur-Seine. Cet établissement israélite
d’enseignement secondaire est mixte ; un internat réservé aux jeunes gens. De la
sixième à la classe de philosophie et mathématiques élémentaires. Programme
officiel des lycées et collèges plus cours d’hébreu, bible, histoire et littérature juives.
Netzah Israël Ohel Mordehaï
5 rue Sainte Anastase
Dans les années 30, un petit oratoire a été établi par la Société de Secours Mutuels du
même nom.
Culte juif à Berck et à La Baule
Les Juifs de Paris partent en villégiature l’été sur la cote normande mais
également à Berck-Plage et La Baule. En août 1928, ‘’L’Univers Israélite’’ annonce les
services religieux à Berck et La Baule :
‘’ Un service religieux a lieu tous les jours à Berck-Plage pendant le mois d’août.
S’adresser à M. le Rabbin Kaplan, villa ‘’Les Margueritte’’, rue Tours, Berck-Plage’’.
Nos coreligionnaires en villégiature à La Baule et dans les environs sont informés qu’un
office religieux sera célébré sous la présidence de M. Léon Sommer, de Tours, membre du
Consistoire Central, qui officiera le samedi 18 aout prochain à la villa Ker Ludo à La Baule
sur Mer’’
A la fin de la Seconde Guerre mondiale le paysage du Yddishkeit à
complètement changé.
Remerciements
Il m'est agréable de remercier ici tous ceux qui m'ont permis de mener à bien la
rédaction de cette étude sur cette courte histoire du Yiddishland à Paris, tant pour
140
leurs conseils que par les pistes qu’ils ont bien voulu m’indiquer : Le Conservateur et
le Personnel des Archives de la Préfecture de Police, les Archives photographiques
du Centre Vladimir Medem, le Conservateur et le personnel des Archives de Paris, le
Conservateur et le personnel de la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, le
Conservateur et le personnel des Archives Nationales, Jean-Claude Kuperminc et le
personnel de la bibliothèque de l’Alliance Israélite Universelle, les membres de la
Commission des Archives Juives, Laurence Sigal et à tout le personnel du Musée
d’Art et du Judaïsme à Paris. Un merci particulier à Mme Sophie Rosenberg qui a été
durant de longues années la directrice du Musée Juif de la rue des Saules. Ma
gratitude va tout particulièrement à mon épouse et à mes enfants ainsi qu’à mes amis
Henry Battner, Henry Battner, Bernard Grynbaum, Lucien Kalfa, Claude Bochurberg,
Joseph Pulvermacher et Jean-Jacques Spingarn. J’adresse des remerciements tous
particuliers à tous les Présidents de Sociétés mutualistes et d’entraide du Farband
-Union des Sociétés Juives de France et de la Fédération des Sociétés Juives de France
pour les encouragements qu’ils m’ont prodigué pour la réalisation de cette étude. Une
pensée particulière va à Mordekhaï Lerman (zal) pour son œuvre de sauvegarde du
Yiddishkeit et j’ai une pensée émue pour Bernhard Blumenkranz (zal) que je n’ai
rencontré qu’une seule fois mais qui a donné un sens à toutes les recherches que j’ai
entrepris.
Frédéric VIEY
Avon, Avril 2010
141
Bibliographie
Azema Jean-Pierre ; (Sous la direction de) Vivre et survivre dans le Marais au coeur
de Paris du Moyen-Âge à nos jours, Mairie de Paris, Le Manuscrit, 2005
Baldran Jacqueline et Bochurberg Claude : David Rapoport, ‘’La Mére et l’Enfant’’,
36 rue Amelot, édition du CDJC, Montorgueil, 1994
Bensimon Doris : Les Juifs en France, H/Histoire n° 3, Hachette 1979.
Billy André, Terwsky Moïse : ‘’Comme Dieu en France’’.
Birnbaum Pierre : Un mythe politique ; ‘’la République Juive’’ de Léon Blum à
Pierre Mendés-France, Fayard, 1988
Blumentkranz B : Histoire des Juifs en France, Privat ed 1972
Bourdel Philippe, Histoire des Juifs de France, Albin Michel, 1974
Cholvy Gérard : Mouvements de Jeunesse, Chrétiens et Juifs, Sociabilité juvénile
dans un cadre européen 1799-1968, Edition Cerf, 1985
Hamel Frédéric. Ch. : Souviens-toi d’Amalek, Témoignage sur la lutte des Juifs en
France (1938-1944).
Hyman P., The Jews in post Dreyfus France, 1906-1939, these, Columbia University
1975.
Hyman P., Challenge to assimilation : French Jewish youth movements between
the wars, the Jewish Journal of Sociology, XVIII, 1976.
Ikor Roger; les Eaux Mêlées, Livre de Poche.
Marrus Michaël : Les Juifs en France,
Marrrus Michaël R. Les Exclus, Calmann-Lévy, Collection Histoire, 1986
Philippe Béatrice : Etre Juifs dans la Société Française du Moyen Age à nos jours,
Edition Montalba, Collection Pluriel, 1979
Poujol Catherine : Aimé Pallière (1868-1949) Un chrétien dans le Judaisme, Midrash,
Desclée de Brouwer, 2003
Rabi W : De 1906 à 1939, in Histoire des Juifs de France, Toulouse, 1972,
Roblin Michel : Les Juifs de Paris
Weinberg D.H. Les Juifs à Paris de 1933 à 1939., Paris, 1974,
Winock Michel : la France et les Juifs de 1789 à nos jours, UH Seuil, 2004
Weinberg David H : Les Juifs à Paris de 1933 à 1939, Calmann-Lévy, 1974
Epelbaum, Les Enfants de papier, Grasset , 2002
Documents Modernes sur les Juifs sous la direction de B. Blumenkranz
Guide du Judaisme Français
Côtes des documents à la Préfecture de Police
BA 2273 : dossier sur diverses associations juives
BA 2341 : amicales, associations juives
BA 2315 : amicales, associations juives
142
BA 1849 : Camps d’internement ; Palaiseau, Rolland Garros, Vaujours
BA 1721
BA 1722
BA 1723 : Séparation des églises et de l’Etat
BA 1724 Loi de 1904
BA 1741 Lieux de Culte à la fin du XIXème siècle ; culte israélite
BA 1811 : associations juives
BA 1812 : associations juives
BA 1813 : questions juives
BA 1814 : Réfugiés allemands
BA 1815 : Hébergement
BA 1816: UGIF
BA 1817 : Mesures antijuives
BA 182 ?: Camp d’internement
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