Validation des résultats des frottis de crachats dans le Registre
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Validation des résultats des frottis de crachats dans le Registre
INT J TUBERC LUNG DIS 17(10):1317–1321 © 2013 The Union Validation des résultats des frottis de crachats dans le Registre Electronique TB pour la prise en charge de la tuberculose, Afrique du Sud A. Dilraj,* C. C. Bristow,† C. Connolly,* B. Margot,‡ S. Dlamini,§ L. J. Podewils¶ * South African Medical Research Council, Durban, Kwazulu-Natal, † Global AIDS Program, Centers for Disease Control and Prevention, Pretoria, ‡ Tuberculosis Program, Republic of South Africa Kwazulu-Natal Department of Health, Durban, § TB Control and Management, Republic of South Africa National Department of Health, Pretoria, South Africa ; ¶ Division of Tuberculosis Elimination, Centers for Disease Control and Prevention, Atlanta, Georgia, USA RÉSUMÉ C O N T E X T E : La précision des systèmes de surveillance de la tuberculose (TB) est un élément fondamental pour la lutte contre la TB. En Afrique du Sud, les informations provenant des laboratoires ne sont pas directement liées aux registres électroniques de TB (ETR). O B J E C T I F : Valider les résultats des frottis dans l’ETR avec ceux des laboratoires. M É T H O D E S : On a mené une évaluation rétrospective chez tous les patients enregistrés dans l’ETR comme TB à frottis positif au cours du quatrième trimestre de 2009 dans la province du KwaZulu-Natal. R É S U LTAT S : Sur 1036 patients enregistrés comme à frottis positif dans l’ETR, les résultats étaient positifs dans le registre de laboratoire chez 683 (65,9%). Les résultats des frottis enregistrés dans l’ETR à la fin de la phase intensive de traitement ne concernaient que 364 patients (53,2%) ; des 326 (89,6%) enregistrés comme négativation, 224 (61,5%) étaient confirmés comme négatifs au laboratoire. Sur les 331 patients dont les résultats de fin du traitement étaient connus dans l’ETR, 302 (91,2%) ont été enregistrés comme guéris, mais 105 (34,8%) seulement d’entre eux avaient été confirmés au laboratoire. C O N C L U S I O N S : Plus d’un tiers des patients TB enregistrés comme à frottis positif dans l’ETR n’ont pas pu être confirmés par les résultats du laboratoire. Un enregistrement de laboratoire faisait défaut chez de nombreux patients, ce qui confère une incertitude sur la validité des résultats de frottis et sur les résultats de traitement enregistrés dans l’ETR. M O T S - C L É S : tuberculose ; validation ; frottis de crachats ; surveillance EN AFRIQUE DU SUD, on estime qu’annuellement le diagnostic de tuberculose (TB) est porté chez 490.000 personnes, soit un taux d’incidence de 981 pour 100.000 habitants, ce qui classe ce pays comme le troisième le plus atteint des 22 pays à fardeau élevé de TB selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).1 En Afrique du Sud, c’est dans la Province de KwaZulu-Natal que le fardeau de la TB est le plus élevé. En 2009, le nombre de nouveaux cas à frottis positif a été de 42.659 au KwaZulu-Natal, avec un taux de guérison de 58% et un taux d’achèvement du traitement de 70,3%.2 La performance d’un programme de lutte contre la TB peut être mesurée sur la base des tests de laboratoire pour calculer les indicateurs-clé tels que le dépistage, la négativation des crachats et les taux de guérison. En Afrique du Sud, le diagnostic de TB est confirmé par la preuve microscopique de la présence de bacilles acido-résistants (BAAR) dans les frottis de crachats, testée par le Service National de Laboratoire de la Santé dans le secteur public.3 Les résultats de crachats sont également utilisés pour suivre la réponse au traitement. Toutefois, les informations provenant du laboratoire et de la clinique ne sont pas directement liées ; les résultats du laboratoire sont captés dans le système d’information du laboratoire (SIL) et communiqués ensuite aux structures de soins par copie-papier où ils sont enregistrés dans les registres-papier TB. Les registres TB sont envoyés au bureau TB du sous-district où l’information est enregistrée dans le Système de Surveillance TB du Département de la Santé (DOH), le Registre Electronique TB (ETR ; Idema C, Amélioration de la prise en charge de la TB en Afrique du Sud par le registre électronique TB, présentation non publiée à la Conférence TB d’Afrique du Sud, Durban, Afrique du Sud, 1–4 juillet 2008).4,5 L’ETR est utilisé pour produire des rapports utilisés par les directeurs du programme Auteur pour correspondance : Athmanundh Dilraj, South African Medical Research Council, 491 Peter Mokaba Ridge, Overport, Durban 4001, South Africa. Tel: (+27) 31 203 4700. e-mail: [email protected] [Traduction de l’article : « Validation of sputum smear results in the Electronic TB Register for the management of tuberculosis, South Africa » Int J Tuberc Lung Dis 2013; 17(10): 1317–1321. http://dx.doi.org/10.5588/ijtld.12.0904] 2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease pour déterminer le fardeau de la maladie, suivre la prise en charge de la TB et attribuer les ressources ; la précision des résultats de crachats dans l’ETR est pour cette raison d’une importance majeure pour la capacité du programme de contrôler et de prendre en charge effectivement la TB. Une revue conjointe OMS-DOH du Programme National de TB (PNT) en Afrique du Sud en 2009 a observé des discordances en matière de cohérence et de qualité entre les systèmes de gestion des données (données-papier versus ETR).6 Des incohérences dans la collecte des échantillons, dans le caractère complet des formulaires de demande de laboratoire, dans le suivi du patient et dans la réconciliation entre les échantillons soumis et les résultats reçus par le laboratoire ont également été notées. Plus récemment, une évaluation nationale de l’ETR a montré que les données de l’ETR étaient fréquemment incomplètes et non cohérentes avec les autres sources de donnéespatient.7 L’étude a noté que les résultats des frottis de diagnostic avant traitement étaient enregistrés chez seulement 52,3% des patients dans l’ETR provincial, ce qui a suscité des préoccupations concernant le caractère complet de l’information sur les examens de frottis contenus dans l’ETR. Plusieurs études dans d’autres contextes ont également démontré des discordances entre les données basées sur la clinique et le laboratoire concernant les échantillons de laboratoire utilisés pour le diagnostic, le suivi et la détermination du résultat du traitement.4,8,9 Une évaluation au Botswana a montré que sur 374 patients dont les résultats des frottis de crachats avant traitement faisaient défaut dans l’ETR, 60% avaient effectivement un résultat de frottis de crachats au laboratoire.9 D’autres ont également rapporté avoir trouvé plus d’individus dont les résultats de frottis étaient positifs dans les dossiers de laboratoire que dans les dossiers cliniques.8,9 L’objectif de la présente étude était de valider les informations sur les résultats de crachats enregistrés et rapportés dans l’ETR en provenance des services de santé de la Province de KwaZulu-Natal en se basant sur les données présentes dans les registres de laboratoire. TB le plus élevé dans la province, six services dont le fardeau de la TB était le plus élevé selon l’ETR ont été sélectionnés au hasard. Pour tous les autres districts, on a sélectionné quatre services à fardeau élevé. Les services à fardeau élevé ont été identifiés comme ceux dont la charge de cas de TB était > 250 par an ou ceux dont le fardeau était le plus élevé au sein du district. Pour chaque service, on a sélectionné au hasard jusqu’à 30 patients à partir de l’ETR (jusqu’à 45 dans le District Ethekwini). Si le service avait rapporté moins de 30 patients pendant ce trimestre, on a inclus tous les patients. MÉTHODES Analyse des données On a calculé la proportion de résultats positifs des frottis de diagnostic enregistrés dans l’ETR qui ont pu être validés dans le registre de laboratoire. Parmi les patients confirmés comme à frottis positif au moment du diagnostic de TB, pour lesquels un résultat de frottis était disponible à la fin de la phase intensive du traitement, la proportion de négativation des frottis dérivée de l’ETR a été comparée à celle dérivée du laboratoire. Parmi les patients TB à frottis positif confirmé disposant d’un résultat de frottis à la fin du traitement, la proportion de chaque résultat (guérison, échec ou On a mené une évaluation rétrospective concernant l’ensemble des patients TB à frottis positifs, enregistrés dans l’ETR pendant le quatrième trimestre de 2009 (octobre–décembre) au KwaZulu-Natal. Les données des patients provenant de l’ETR ont été recueillies et comparées avec celles des registres de frottis de crachats des laboratoires TB ou du SIL. Echantillonnage et population étudiée L’ensemble des 11 districts de la province ont été inclus dans l’étude. Dans le District Ethekwini, où la population est la plus nombreuse et le fardeau de la Collecte des données Pour chaque patient, on a extrait de l’ETR la date de naissance, le sexe, la catégorie de patient, le classement de la maladie, la date de collecte de l’échantillon, le résultat du frottis et son degré de positivité sur chaque échantillon, la date de début du traitement, le résultat du traitement et la date du résultat du traitement. A partir de cette information, on a couplé manuellement les patients avec les résultats de leurs tests dans les registres du laboratoire. L’information pour chaque échantillon a été recueillie et enregistrée à partir du registre de laboratoire. Définitions On a défini comme négativation des frottis le fait d’avoir eu un résultat positif pour BAAR au moment du diagnostic et un résultat négatif à la fin de la phase intensive du traitement TB (2 mois pour les nouveaux cas et 3 mois pour les cas de retraitement). Les seuls résultats de traitement qui ont pu être vérifiés dans le registre de laboratoire étaient ceux dépendant des résultats des frottis de crachats : guérison ou échec. Ont été considérés comme « guéris » les patients dont le résultat de frottis était négatif en fin de traitement et dont le résultat d’un frottis antérieur était négatif au moins 30 jours avant la fin du traitement. Les patients ont été considérés comme « échec du traitement » lorsque le résultat du frottis était positif à la fin du traitement. On a défini comme « traitement terminé » un frottis négatif à la fin du traitement sans enregistrement antérieur d’un frottis négatif. Validation des résultats des frottis de crachats dans l’ETR 3 toire ; P < 0,05 a été considéré comme statistiquement significatif. Figure 1 Diagnostic : diagramme du flux des patients identifiés comme atteints d’une tuberculose à frottis positif dans l’ETR et disponibilité et concordance des résultats de frottis entre l’ETR et le registre de laboratoire au moment du diagnostic. ETR = registre électronique de TB. traitement terminé) dérivé de l’ETR a été comparée avec celle présente dans les dossiers de laboratoire. Toutes les analyses ont été menées au moyen de la version 11 de Stata (Stata Corp, College Station, TX, USA) en utilisant les méthodes d’enquête. Les intervalles de confiance (IC95%) prennent en compte le schéma complexe et le poids de sondage individuels. Les poids de sondage ont été basés sur la proportion d’enregistrements sélectionnés dans chaque site couplée avec l’indicateur de probabilité de sélection du site selon sa taille. Les pourcentages pondérés et les effectifs non pondérés ont été présentés. On a utilisé le test χ2 de McNemar pour comparer la concordance entre les résultats de l’ETR et ceux du labora- Revue éthique L’étude a été examinée et approuvée par l’Ethics Committee du South African Medical Research Council. L’étude a également été examinée par les Centers for Disease Control and Prevention des Etas Unis et a été considérée comme étant une non-recherche n’exigeant pas de ce fait l’approbation par le bureau institutionnel de revue pour la recherche chez les sujets humains. L’autorisation de l’étude a été accordée par le Département Provincial de la Santé du KwaZulu-Natal. RÉSULTATS Diagnostic Sur les 46 services, 38 ont signalé moins de patients à frottis positifs sur l’ETR que la taille cible de l’échantillon ; dès lors, on n’a trouvé que 1.036 patients à frottis positif dans l’ETR. Parmi ceux-ci, 683 avaient des résultats de frottis positifs trouvés dans le registre de laboratoire (65,9% ; 66,2% après pondération ; Figure 1). Négativation à la fin de la phase intensive Parmi les 683 patients chez qui une TB à frottis positif a été confirmée lors du diagnostic, les résultats des frottis à la fin de la phase intensive du traitement n’étaient notés dans l’ETR que chez 364 (53,2% ; 54,9% après pondération ; Figure 2). Parmi ceux-ci, Figure 2 Fin de la phase intensive : diagramme du flux de patients identifiés comme atteints d’une tuberculose à frottis positif dans l’ETR et disponibilité et concordance des résultats des frottis entre l’ETR et le registre de laboratoire à la fin de la phase intensive. ETR= registre électronique de TB. 4 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease à la fin de la phase intensive, 326 ont été enregistrés comme à frottis négatif dans l’ETR (89,6% ; 90,6% après pondération, IC95% 86,2–93,7) et 224 (61,5% ; 65,9% après pondération, IC95% 59,8–71,5) ont été enregistrés comme frottis négatif au laboratoire. Toutefois, chez 108 patients (29,7% ; 26,9% après pondération) l’enregistrement au laboratoire ne se retrouvait pas dans l’ETR. Parmi les 256 patients ayant des résultats à la fois dans l’ETR et dans le registre du laboratoire, 224 (87,5% ; 90,5% après pondération, IC95% 84,6–93,7) étaient enregistrés comme étant frottis négatif au laboratoire par comparaison avec 227 (88,7% ; 90,5% après pondération, IC95% 85,0–94,1) dans l’ETR (P = 0,5). Sur les 364 patients dont l’ETR comportait des résultats de frottis pour déterminer la négativation du frottis à la fin de la phase intensive, 323 (88,7% ; 88,0% après pondération) étaient des nouveaux cas et 41 (11,3% ; 11,5% après pondération) étaient des cas de retraitement. Chez les nouveaux patients, 286 (88,5% ; 89,4% après pondération, IC95% 84,4– 93,0) étaient enregistrés comme négatives dans l’ETR par comparaison avec 196 (60,7% ; 66,2% après pondération, IC95% 59,9–71,9) au laboratoire. Pour les patients en retraitement, 40 (97,6% ; 97,6% après pondération, IC95% 79,9–99,8) étaient enregistrés comme négatives dans l’ETR par comparaison avec 28 (68,3% ; 64,1% après pondération; IC95% 43,5– 80,5) au laboratoire. Résultats à la fin du traitement Sur les 683 patients initialement diagnostiqués comme étant frottis positif, moins de la moitié (n = 331, 48,5% ; 49,4% après pondération) avaient des résultats de frottis de fin de traitement enregistrés dans l’ETR (Figure 3). Trois cent vingt-cinq patients (47,6%) étaient perdus de vue et 27 (4,0%) n’avaient aucun résultat de frottis ou de résultat final enregistrés à la fin du traitement. Parmi les 331 patients dont les résultats de frottis en fin de traitement étaient présents dans l’ETR, la proportion enregistrée comme guéris était significativement différente entre l’ETR et le laboratoire (n = 302, 91,2% ; 90,3% après pondération, IC95% 85,3–93,8 vs. n = 108, 32,6% ; 28,4% après pondération, IC95% 23,9–33,3). Sur les 302 patients dont le résultat dans l’ETR était « guérison », 101 seulement (34,98% ; 30,1% après pondération) ont pu être confirmés comme guéris au laboratoire et 17 (5,6% ; 4,0% après pondération) ont été enregistrés comme traitement terminé. Les 180 autres (59,6% ; 65,2% après pondération) n’avaient aucun enregistrement au laboratoire. Sur les cinq patients (1,5% ; 1,3% après pondération) enregistrés dans l’ETR comme échec du traitement, aucun n’était enregistré comme ayant un échec de traitement au laboratoire : un était considéré comme bactériologiquement guéri, un comme traitement terminé et chez trois, il n’y avait aucune donnée au laboratoire. Figure 3 Fin du traitement ; diagramme du flux des patients identifiés comme atteints d’une tuberculose à frottis positif dans l’ETR et disponibilité et concordance des résultats des frottis entre l’ETR et le registre de laboratoire à la fin du traitement. ETR = registre électronique de TB. Validation des résultats des frottis de crachats dans l’ETR DISCUSSION Cette étude a identifié un manque majeur de preuves de laboratoire permettant la validation des résultats des frottis de l’ETR. Plus d’un tiers des patients TB enregistrés comme étant frottis positif au diagnostic dans l’ETR n’ont pu être confirmés par des résultats de laboratoire. Alors que l’ETR signalait des taux élevés de négativation des frottis dans cette cohorte de patients TB à frottis positif, on n’a pu vérifier cela au laboratoire que dans tout juste un peu plus de la moitié des cas. Moins de la moitié des taux élevés de guérison enregistrés dans l’ETR pour cette cohorte ont pu être vérifiés dans la base de données du laboratoire. Bien qu’un petit nombre seulement de patients étaient considérés comme des échecs dans l’ETR, les résultats discordants enregistrés au laboratoire suggèrent que certains patients pourraient ne pas avoir été pris en charge de manière appropriée. Cette étude a montré également quelques patients (1,1%) classifiés par erreur comme étant frottis positif dans l’ETR au moment du diagnostic et chez qui les résultats du laboratoire signalaient effectivement un frottis négatif. Cela est similaire à une autre étude en Afrique du Sud, où 3/204 (1,5%) avaient été enregistrés de manière incorrecte comme étant frottis positif dans le registre de TB et où 42 (20,6%) avaient été enregistrés de manière incorrecte comme étant frottis négatif.10 Un enregistrement inadéquat pourrait affecter les soins individuels au patient. Si les patients sont pris en charge en fonction des résultats de leur frottis et si leur frottis de diagnostic est enregistré de façon inadéquate, les agents de santé peuvent traiter de façon inappropriée certains patients et peuvent laisser échapper des cas de TB résistants aux médicaments. Pour qu’un programme TB soit efficace, ses cadres doivent avoir confiance dans la précision de l’ETR. Cette étude a identifié également le fait que de nombreux patients n’ont pas d’enregistrement au laboratoire à la fin de la phase intensive ou à la fin du traitement, ce qui conduit à des incertitudes concernant la validité des résultats de frottis et des résultats finaux enregistrés dans l’ETR. Cela concernait aussi bien les nouveaux cas que les cas de retraitement. La raison pour laquelle une proportion élevée de résultats de frottis n’a pas pu être retrouvée au laboratoire n’est pas claire. Cette étude a été menée à la période de transition d’un registre de laboratoire basé sur des documents-papier vers un registre électronique, et il est possible que certains cas n’aient pas été enregistrés ou aient été introduits de manière incomplète au cours de la transition. De plus, il pourrait y avoir eu des imprécisions dans l’information ETR utilisée pour localiser les enregistrements dans les laboratoires. Une étude évaluant l’information TB dans deux collectivités d’Afrique du Sud a suggéré que des imprécisions dans les données de laboratoire pouvaient 5 être dues à des erreurs dans le formulaire de demande de l’échantillon et dans l’enregistrement des données au laboratoire.11 Cette étude connait plusieurs limitations. La stratégie d’échantillonnage a sélectionné les patients enregistrés comme étant frottis positif dans l’ETR au moment du diagnostic et à vérifié ensuite les résultats de leurs frottis dans les enregistrements de laboratoire. Par suite de cette approche, beaucoup de résultats n’ont pas pu être trouvés au laboratoire. Toutefois, l’étude visait à être la plus utile au PNT et a été pour cette raison menée intentionnellement dans la perspective du directeur du PNT qui voulait évaluer la précision des résultats de frottis de l’ETR. Nous avons tenté de coupler les cas de l’ETR à ceux des laboratoires en utilisant pour chaque patient le nom, le sexe, la date de naissance et la date de collecte de l’échantillon. Toutefois, l’information présente dans les formulaires de demande du laboratoire n’avait pas été conçue dans un objectif de recherche et n’a pas été recueillie de façon diligente ; ces divers items faisaient donc souvent défaut, ou contenaient des erreurs d’orthographe ou de classification. Pour cette raison, nous n’avons pas été à même d’identifier ou de trouver de nombreux patients dans le registre de laboratoire. De plus, le diagnostic est souvent porté chez les patients dans un service et ensuite ces patients déménagent ou sont transférés ailleurs pour la prise en charge. En raison de l’absence d’un identifiant unique au sein du système de surveillance/ETR, nous n’avons pas été capables de retrouver les dossiers des patients qui pourraient avoir eu des résultats au laboratoire dans un autre service ou dans une autre circonscription hospitalière. Une autre limitation résulte du fait que la taille de l’échantillon était inférieure à la taille prévue à partir du nombre de cas de l’année antérieure. La taille de l’échantillon a été pour cette raison sélectionnée et pondérée en fonction du nombre réel d’enregistrements de cas à frottis positif rapportés par la structure de soins. On peut faire plusieurs recommandations pour répondre aux problèmes mis en évidence par les observations de notre étude. La prise en charge des patients et la qualité des statistiques sur les tests bactériologiques pourraient être améliorées si l’on insistait davantage sur l’importance de la collecte des crachats et des tests bactériologiques au moment du diagnostic et au cours du suivi. L’incorporation d’un identifiant unique par patient pour les patients TB pourrait fortement améliorer le suivi des patients qui ont déménagé ou ont été transférés, et fournirait une meilleure vision de la prise en charge des patients TB. Un investissement en contrôle de qualité pour s’assurer que les données sont enregistrées complètement et avec précision dans le registre de laboratoire, dans les registres-papier des services de santé et finalement dans l’ETR, renforcerait la capacité du PNT à apprécier le fardeau de la TB et à évaluer les performances du 6 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease programme. Finalement, le croisement des systèmes de données cliniques et de laboratoire pourrait aider à répondre aux problèmes des cas manquants et des données incomplètes. Ces types de système ont été mis en œuvre dans d’autres contextes et ont démontré des améliorations dans la qualité et la rapidité de mise à disposition des données de laboratoire en démontrant un plus petit nombre d’erreurs et un plus petit nombre de résultats de laboratoire manquants au niveau des centres de santé.12,13 Un système de gestion des résultats de crachats visant à améliorer la prise en charge des patients TB fait actuellement l’objet d’une étude pilote dans un certain nombre de structures de soins de Cape Town, Afrique du Sud.11 CONCLUSION La proportion élevée de personnes dont les données de laboratoire font défaut et de patients TB enregistrés dans l’ETR comme étant frottis positif mais dont le diagnostic n’a pas pu être confirmé dans les dossiers de laboratoire constitue une préoccupation majeure. Ce constat induit des incertitudes quant à la validité des résultats des frottis lors du suivi et des résultats finaux enregistrés dans l’ETR. Comme les indicateurs-clé d’évaluation des PNT reposent fortement sur les résultats de frottis de crachats, il y a lieu d’insister davantage sur des données de laboratoire à la fois complètes et précises. Comme les enregistrements électroniques sont actuellement opérationnels au niveau des laboratoires, des recherches complémentaires s’imposent pour confirmer la complétude de l’enregistrement de l’ensemble des échantillons de crachats reçus et une transmission précise des résultats. Un lien direct entre le laboratoire et l’ETR minimiserait les données manquantes ainsi que les discordances et fourniraient des informations plus précises au programme TB. Remerciements Les auteurs expriment leur gratitude au National Health Laboratory Service, au National Department of Health et au personnel du Department of Health du KwaZulu-Natal qui ont permis cette étude. Les auteurs reconnaissent également les contributions du personnel de l’étude qui a consacré leur temps aux objectifs de celle-ci. Le projet a été rendu possible grâce au soutien et à la collaboration des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) et du South African Medical Research Council (Cooperative agreement 5 387 U51 PS000729-05, PA PS07-006). Les observations et conclusions de ce rapport sont celles de leurs auteurs et ne représentent pas nécessairement la position officielle du CDC. Conflit d’intérêt : aucun conflit déclaré. Références 1 World Health Organization. Global tuberculosis control. WHO report 2011. WHO/HTM/TB/2011.16. 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