Bulletin_de_l_Andeva..
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Le bulletin de l’ANDEVa Association Nationale de Défense des Victimes de l’Amiante Qui veut enterrer le procès des responsables ? ANDEVA 8, rue Charles Pathé 94300 VINCENNES Tel : 01 49 57 90 95 Mail : [email protected] Fax : 01 49 57 97 71 Site Internet : andeva.fr N°47 JANVIER 2015 SOMMAIRE 01 : La Une 02 : Témoignage 03 : Editorial Pénal 04: 2015 année décisive Faute inexcusable 06: Renault : témoignage à deux voix 08: Latty - Deville Bombardier Manifestation 09 La manif nationale de l’Andeva à Paris Aulnay-sous-Bois 12 : Recherche et suivi médical d’anciens élèves de 3 écoles proches du CMMP Acaata 16 : Élargissement aux fonctionnaires dont la maladie a été reconnue 19 : Recalcul de l’allocation Régimes spéciaux 17: Militaires pris en otage Anxiété 18 : Rassemblement à Aix 19 : Mineurs de Lorraine Cancers professionnels 19 : Larynx, ovaires Dossier 20 : L’Andeva : 19 ans de combats, des résultats Fiva 24 : Une info Nouvelle Calédonie 24 :Etat et gouvernement calédonien condamnés Nouvelles assos 25 : AFPA 86, Adeva Artois Médical 26 : Cancer du rein 28 : Forum santé Cherbourg 30 : Repérage précoce des cancers : Paul Hofman. Prévention 32 : Inrs, enrobés, VLEP, HLM, auditions, mesures L’Andeva porte plainte 34 : Montparnasse : L’Andeva porte plainte Formations Andeva 36 : Maladies professionnelles, Prévention, Fiva International 38 : Rome : verdict scandaleux aàla cour de cassation 43 : Notes internationales Associations 44 : Adresses, tél, mail, sites La Der 48 : Vins filtrés à l’amiante 2 Courriers, témoignages « Nous avons tous été choqués. C’était insupportable, incompréhensible » J’ai perdu mon père en 2010, à la suite d’un cancer broncho-pulmonaire d’origine professionnelle qui l’a emporté en 6 mois. Il avait 63 ans. Il avait été pris en charge par le service oncologie de l’hôpital des Peupliers, à Paris, dans le treizième arrondissement pour ses chimiothérapies et des radiothérapies. Quatre ans après son décès, je reçois un coup de téléphone d’une personne de cet hôpital qui demande à parler à mon père pour lui rappeler qu’il doit honorer un rendez-vous dans la semaine ! J’avais la gorge nouée. Nous avons tous été choqués. C’était insupportable, incompréhensible. Ils ne pouvaient pas ne pas avoir été informés du décès. Il y a vraiment des choses à changer dans le système hospitalier français. Et pourtant nous n’avions pas encore tout vu ! Quelques jours plus tard arrivait dans notre boîte aux lettres un courrier de la caisse primaire d’assurance maladie du Val-deMarne adressé à mon père : « Objet : agent cancérogène fibres réfractaires. Modalités de la surveillance : un examen clinique tous les deux ans. Monsieur, Vous m’avez adressé en date du 14/10/2014 une demande de renouvellement de prise en charge de votre suivi post professionnel. L’étude de votre dossier m’a permis de vérifier que vous pouvez toujours prétendre à un suivi post-professionnel, sans avoir à faire l’avance des frais. Vous trouverez dans ce pli l’imprimé de réglement qu’il vous appartient de remettre au médecin de votre choix. Avec toute mon attention. Votre correspondant de l’Assurance Maladie.» Mon père, décédé n’avait évidemment pas pu écrire de lettre en octobre 2014. Si elle avait vraiment fait l’étude de son dossier, la CPAM 94 n’aurait jamais envoyé cette lettre. Ces deux événements, à quelques jours d’intervalle, nous ont laissés sans voix. J’aurais à la rigueur pu comprendre un retard de mise à jour quelques jours après son décès. Mais, quatre ans après, je trouve cela aberrant, scandaleux Les plaies du deuil - jamais totalement refermées - se sont rouvertes. Qui peut dire que cela ne se reproduira pas dans quelques mois ou quelques années ? Qui peut dire que ce qui nous est arrivé n’arrivera pas demain à d’autres ? Nous alerterons l’hôpital et la CPAM 94 pour leur demander d’être plus vigilants à l’avenir. Il faut absolument éviter des aberrations qui peuvent bouleverser des familles. Soraya BERKANE (Addeva 93) SI L’ANDEVA PEUT VIVRE Le directeur de publication du Bulletin est c’est grâce aux cotisations de ses adhérents et aux dons de ceux qui acceptent de l’aider. Sa réalisation a été coordonnée par COTISATION 2014 Avec l’aide de bénévoles des associations de l’Andeva, Individuelle : 42 euros Membre associé : 120 euros Prenez contact avec l’Andeva ou avec une association locale Pierre PLUTA Alain BOBBIO de Patrice RAVENEAU, photographe amateur, et du docteur Lucien PRIVET Editorial Nos vœux pour l’année nouvelle A chacun de ses adhérents et à sa famille, l’Andeva souhaite que l’année qui vient soit plus douce. Que la recherche sur le mésothéliome devienne une priorité nationale afin que les chercheurs et les praticiens consacrent leur énergie à rechercher des traitements efficaces plutôt qu’à mendier des subventions. A toutes les victimes de l’amiante, elles souhaite que nos combats collectifs apportent de nouvelles victoires. *** Que la santé au travail ne soit pas sacrifiée sur l’autel de la « compétitivité » . *** Que l’année nouvelle soit l’année de la Justice. Que les derniers obstacles mis par le Parquet sur la longue route du procès pénal de l’amiante soient enfins levés pour que soient jugés tous les responsables des tragédies d’Eternit, Condé-sur-Noireau, Jussieu, Amisol, la Normed et tant d’autres... Que rendent des comptes à la Justice en premier lieu les industriels qui ont dissimulé le danger d’un matériau mortel pour faire du profit, mais aussi ceux qui se sont faits les complices de leur action de lobbying visant à « assouplir » la réglementation et retarder l’interdiction. *** Que la Prévention du risque soit une priorité dans les faits et pas seulement dans les mots. Que l’engagement d’abaisser la valeur limite d’exposition professionnelle d’un facteur 10 au premier juillet 2015 soit tenu. Que l’information sur la présence d’amiante et son état de dégradation soit enfin accessible à tous par Internet, aussi bien aux locataires des HLM, qu’aux parents d’élèves ou aux Fort des concessions que lui fait le gouvernement, les patrons en salariés qui assurent des mis- veulent toujours plus. Beaucoup sions d’entretien ou de mainte- de leurs exigences risquent, si nance dans les bâtiments. elles sont satisfaites, d’impacter Que l’éradication de l’amiante directement la santé au travail et s’inscrive dans un plan d’action, dans la cité. à long terme, au plan national Les reculs sur la pénibilité comme dans les régions, avec risquent vider de tout contenu un des moyens et des priorités. dispositif visant à compenser la Que la collecte des déchets perte d’espérance de vie et l’al« amiante » des particuliers soit tération de la santé dues à des généralisée, et que la recherche travaux pénibles et malsains. de procédés de transformation de l’amiante en matériau inerte soit privilégiée. *** Que tous ceux et celles qui souffrent d’une maladie liée à l’amiante ou de la perte d’un être cher puissent faire valoir leurs droits. Le droit à conserver des indemnisations décentes, conquises de haute lutte, que certains magistrats veulent tirer vers le bas, en présentant les victimes de l’amiante et leurs familles comme de coûteux privilégiés et les personnes exposées comme des simulateurs. Le droit à des soins de qualité, au respect du patient et de sa famille, à leur implication dans les choix thérapeutiques, La suppression des CHSCT dans les petites entreprises risque de vulnérabiliser des salariés déjà précarisés. Les coupes sombres dans les budgets des hôpitaux altérent la qualité des soins... *** Les vœux ne sont que des vœux. Notre mobilisation unie reste et restera toujours la meilleure garantie. Que l’Andeva demeure une associations combative, indépendante des syndicats, des partis et des gouvernements, capable d’unir dans l’action des adhérents d’opinions diverses, rassemblés pour la défense intransigeante des victimes. Alain BOBBIO Pierre PLUTA 3 2015 : année décisive pour DIx-neuf ans après le dépôt des premières plaintes au pénal, l’année 2014 s’est terminée sans que, dans aucun des dossiers en cours, l’instruction ne soit terminée et l’affaire renvoyée en correctionnelle. En 2013 et 2014, deux hauts responsables de l’industrie de l’amiante (Cyril X. Latty et Joseph Cuvelier), décédés sans avoir jamais comparu, ont échappé à la Justice des Hommes. La chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris résiste à la Cour de cassation et continue ses tirs de barrage avec le soutien du parquet. Dix-neuf ans après les premières plaintes, on ne sait toujours pas qui sera jugé ni à quelle date ! Le procès Eternit aurat-il lieu en 2015 comme annoncé ? Dans les dossiers Jussieu, Condé et Normed, les mises en examen se limiteront-elles aux chefs d’établissements ou inclueront-elles des membres du CPA et de la haute administration ? La chambre de l’instruction suivra-telle le parquet qui réclame une nouvelle fois un non lieu pour le dernier patron d’Amisol ? Tels seront dans les prochains mois les enjeux de la bataille judiciaire pour le procès pénal de l’amiante. 4 Eternit Bientôt un procès ? (sans Cuvelier) Dans toutes les usines d’amiante-ciment d’Eternit, on retrouvait le même empoussièrement des ateliers, la même absence d’information et de protection du personnel, la même distribution des rebuts de fabrication et la même contamination environnementale. A Thiant, Vitry-en-Charollais, Port-de-Bouc ou Albi les tombes des victimes de l’amiante confirment l’ampleur de ce crime industriel. Suite aux arrêts de la Cour de cassation désavouant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, les directeurs d’établissements sont remis en examen, mais Joseph Cuvelier, PDG d’Eternit France, a quitté la partie. Les lenteurs de l’instruction lui auront permis, en mourant, d’échapper à la justice des hommes. Après ce décès puis le verdict de la cour de cassation à Rome, on imagine l’amertume des victimes et des familles qui voulaient que les responsabilités soient recherchées « tout en haut » de la hiérarchie, là où se décidait la straté- gie industrielle du groupe et pas seulement au niveau des chefs d’établissements qui la mettaient en pratique sans état d’âme. L’instruction du dossier se poursuit avec de nouvelles auditions. La perspective d’un procès pénal Eternit semble se rapprocher, sans qu’on puisse encore fixer de délai. Les faits sont accablants. Mais les mis en examen persisteront sans doute à nier toute responsabilité et à décrire les usines Eternit comme de petits paradis d’air pur. CONDÉ - JUSSIEU Le Parquet veut mettre hors de cause le CPA et la haute administration La Justice va-t-elle rechercher et punir tous les responsables : les chefs d’entreprises mais aussi les lobbyistes du Comité permanent amiante (CPA) et les décideurs publics ? C’est la question posée par les dossiers de Condé-surNoireau et Jussieu. Ferodo-Valéo a fait de Condé une ville-martyre de l’amiante. Dans cette « vallée de la Mort », l’Aldeva a recensé plus de 700 malades et 115 morts pour le dossier de l’instruction (le nombre réel atteint sans doute le double). A Jussieu, le campus était bourré d’amiante. Le danger était connu, mais rien n’a été fait pendant 20 ans. Résultat : 162 maladies professionnelles, avec 41 cancers dont 11 mésothéliomes. A Jussieu comme à Condé, des mises en examen avaient été notifiées à des membres du CPA et de la haute administration. La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris les avait annulées avec l’appui militant du Parquet. A Jussieu comme à Condé, elle fut publiquement désa- vouée par la cour de cassation. Mais la cour d’appel de renvoi lui a résisté, annulant de nouveau ces mises en examen, comme le souhaitait le Parquet. La cour de cassation va donc se prononcer de nouveau. L’audience prévue en décembre a été reportée au 2 février 2015. le procès pénal de l’amiante NORMED 1148 dossiers en souffrance La plainte contre la Normed a été déposée en 1997. Le 17 février 2014 une délégation massive de l’Ardeva Nord-Pas-de-Calais appuyée l’Andeva et par des délégations de toute la France est venue remettre 1148 nouveaux dossiers de la Normed et de la Sollac aux magistrats du pôle de santé publique à Paris. Ils ont demandé à les rencontrer pour leur remettreces dossiers et faire le point sur l’avancée de la procédure. Cette demande s’est heurtée à un refus. Michel Ledoux, leur avocat a écrit aux magistrats en charge du dossier une lettre insistant pour que l’association soit reçue. Elle est restée sans réponse. La mise en examen de deux directeurs perdure, mais la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a annulé celle de Jean-Luc Pasquier, en charge de l’hygiène et de la sécurité dans les entreprises au ministère du Travail. Un pourvoi a été formé contre cet arrêt. Comme pour les dossier de Condé et de Jussieu, l’audience qui devait avoir lieu en décembre 2014, a été reportée au 2 février 2015. Dans le dossier Sollac (466 dossiers dont 83 décès), l’instruction de la plainte est au point mort. *** A l’occasion du huitième anniversaire de la stèle aux victimes de l’amiante à Dunkerque, l’Ardeva a demandé aux députés présents d’agir pour une révision de la loi Fauchon. AMISOL Résistant à la cour de cassation, la procureure requiert encore un non lieu Le 8 février 2013, la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris a estimé « qu’aucune charge ne pouvait être retenue » contre Claude Chopin, dernier PDG d’Amisol et a rendu un non lieu. Le 24 juin 2014, la cour de cassation l’a désavouée par un arrêt précisant que le chef d’entreprise avait enfreint les mesures particulières de protection des travailleurs contre le risque amiante prévues par les articles R-232-10 et suivants du Code du travail. Le non lieu de Claude Cho- pin a donc été annulé. La cour d’appel de renvoi se rangera-t-elle à l’arrêt de la cour de cassation en le renvoyant rapidement devant un tribunal correctionnel, comme le demandent les ouvrières d’Amisol ? Au vu de l’audience, on peut penser qu’une décision favorable n’est pas acquise. En effet, dans un réquisitoire qui ressemblait à un copier-coller d’une précédente intervention, la procureure générale a requis de nouveau un non-lieu, jugeant « insuffisantes » les charges contre Claude Chopin présenté comme « un gérant sans véritable pouvoir » et soutenant qu’on ne « voit pas quel type de mesure aurait pu être mise en place ». Arguments balayés par Jean-Paul Teissonnière. La cour d’appel de renvoi rendra son arrêt en février. Lu dans « M » Un article délibérément provocateur Les victimes ont-elles encore une place dans le procès pénal ? On se pose la question en lisant un article du Monde magazine du 13 décembre qui dénonce la « glorification des victimes ». L’auteure, qui a suivi le procès Xynthia, estime que la Justice est devenue « l’otage » de la parole des victimes. Elle cite les propos de certains magistrats qui dénoncent le « business » d’une « bulle spéculatrice de l’émotion » et la « mise en scène du malheur [qui] dénature la justice pénale et la transforme en simple instrument de vengeance collective et individuelle.» Elle ironise : « on a froid, on est mouillé, les mots coulent, les sanglots roulent, tout se mélange (...) et voilà le tribunal qui se transforme en annexe d’une émission de confidences télévisées, en une sorte de Mireille Dumas judiciaire. » L’auteure critique « la pression toujours plus forte exercée par les victimes et leurs associations sur les responsables politiques pour se voir accorder davantage de droits dans la procédure pénale. » L’idée directrice de cet article tient dans une citation de Caroline Eliacheff et Daniel Soulez-Larivière : en abandonnant la loi du Talion « depuis la Bible, tous les efforts des sociétés ont convergé pour écarter progressivement la victime de la scène pénale ». 5 UN TéMOIGNAGE à DEUX VOIX Pierre Bernardini et André Lancteau sont deux retraités bénévoles. Adhérents de l’Addeva 93, ils suivent des dossiers de victimes de diverses usines Renault et Chausson. Plusieurs actions en faute inexcusable de l’employeur viennent d’être gagnées récemment. Ces victoires judiciaires ne sont pas le fait du hasard. Elles sont le fruit d’un long travail, patient et méthodique pour monter des dossiers solides, documenter les expositions à l’amiante au poste de travail recueillir des attestations, prouver la responsabilité de l’employeur qui connaissait le danger et n’a pas pris les précautions nécessaires. « Chez Renault, il faut être tenace pour faire reconnaître une maladie liée à l’amiante ou la faute inexcusable de l’employeur. » Quelle a été votre première bataille ? nions. En 2007, nous avons créé un blog. Pierre : C’était en 1992. à Billancourt. L’atelier de traitement thermique était vendu avec ses salariés. On leur a fait déménager sans précaution une cave où il y avait des tonnes de matériaux amiantés. Avec la CGT, nous avons engagé une action pour mise en danger d’autrui. Le tribunal a reconnu la faute de l’employeur, mais a déclaré l’action prescrite. C’est parti de là. Nous avons créé une association Renault. Quand l’usine a fermé, nous avons demandé à l’Addeva 93 de nous accueillir et de nous aider. André : Au Centre technique Renault de Rueil (CTR), cela a commencé en 2000. Nous avons fait une enquête sur les cancers avec un questionnaire. Vers 2002, nous avons créé un collectif contre l’amiante. Quand un de nos collègues est décédé nous avons sorti un tract : « Nous voulons savoir ». La hiérarchie a répondu qu’il était fumeur.... Y a-t-il beaucoup de victimes chez Renault ? Pierre : Il y en a dans toutes les usines du groupe. André : L’usine de Rueil était un centre d’études avec une majorité de techniciens et d’ingénieurs. Il y a parmi eux des victimes. Eric par exemple était magasinier et travaillait avec les bancs moteurs pour des essais et de la maintenance au contact des embrayages amiantés. Il est mort en Vous avez travaillé séparément., puis ensemble... Pierre : En 2006 nous avons créé un collectif inter-usines et tenu des réu- 6 2005 d’un cancer bronchopulmonaire. Il avait 45 ans. Il a fallu se battre pendant quatre ans pour que sa maladie soit reconnue et que son épouse et ses enfants puissent être indemnisés. Nous avons fait reconnaître la faute inexcusable (F.i.) par le Tass d’Evreux, puis saisi la cour d’appel, car l’indemnisation était insuffisante. Un autre Eric, technicien de maintenance, est mort à 53 ans de la même maladie (F.i. gagnée en 2014). paroles d’amiantés « à Rueil, nous développions des composants électriques et électroniques avant de les expérimenter sur des véhicules d’essais. La manipulation et le découpage de plaques d’amiante étaient chose courante. Elles servaient à faire des barrières thermiques dans le compartiment moteur. Pour implanter un capteur qui mesurait l’usure des plaquettes de freins. il fallait les percer, les rôder, et en éliminer les copeaux avec une soufflette. » « A Billancourt, nous installions des moteurs pour les faire tourner 24 heures sur 24. Ni la direction ni nos responsables hiérarchiques ne nous avaient informés des risques de l’amiante, or tous les motoristes avaient une exposition à l’amiante. A Rueil, en 2004 deux bâtiments ont été évacués à cause de la présence d’amiante ». « Chez Chausson, avant de démonter un embrayage, nous utilisions la soufflette pour dépoussiérer. La poussière volait dans l’atelier, tout le monde la respirait. Il fallait confectionner des joints de klingérite (à base de caoutchouc et d’amiante), nous les découpions à la scie électrique, à la cisaille et au besoin nous les meulions. » Jean-Michel travaillait à la section moteurs, Camille analysait les plaquettes de freins en recherche. Il est décédé d’un mésothéliome. Dans les deux cas, la faute inexcusable de l’employeur a été reconnue. Pierre : A Renault Billancourt l’effectif a atteint jusqu’à 35 000 personnes. Nous avons pris en charge de nombreux dossiers. J’ai été responsable du travail des CHSCT. Je connaissais les conditions de travail de chaque atelier. Chaque prénom évoque pour moi une histoire personnelle : Raymond modelait les empreintes des moules en fonderie. Il est mort d’un cancer du poumon. La faute inexcusable a été reconnue par le Tass de Guéret. Jean-Michel, était électricien. Il passait des câbles dans les faux plafonds. Il a des plaques pleurales. Michel était tourneur. Il usinait des entretoises en céleron, un matériau qui contenait de l’amiante. Antonio travaillait aux presses. Il a une asbestose (la F.i. a été reconnue par le Tass de Toulon). Il y a aussi des victimes à Renault Flins ? Pierre : Oui, nous suivons plusieurs dossiers de re- Pierre Bernardini et André Lancteau connaissance en maladie professionnelle et de faute inexcusable de l’employeur. Bernard, était responsable des méthodes en tôlerie. Il était souvent dans les ateliers pour la mise au point des procédés. A cette époque on débosselait les carrosseries à chaud. Pour éviter que la tôle ne bleuisse, on utilisait un mélange d’eau et de poussières d’amiante. Nous suivons les dossiers de victimes ayant travaillé sur des sites Renault en Ile-de-France (Billancourt, Flins, Guyancourt), mais certains retraités sont partis loin en province. Renault cultive une image de marque de grande entreprise sociale, attachée à la sécurité et à la santé de ses salariés. André : Pour la santé au travail, cette image est trompeuse. J’ai travaillé de 1990 à 2003 à Billancourt. A cette époque, les dangers de l’amiante étaient archi-connus. Je n’ai pourtant jamais passé un scanner, ni même une radio. Plus tard, j’ai travaillé à Rueil, et je ne me souviens pas d’avoir vu la hiérarchie inciter le personnel à passer des visites médicales. En fait, on parlait beaucoup de la sécurité, mais peu de la santé au travail. Pierre : Le médecin du travail nous interrogeait : « Vous n’avez mal nulle part ? » C’était devenu un sujet de plaisanterie... Comment se comporte la direction de Renault face aux actions en justice ? Pierre : Elle a perfectionné sa stratégie judiciaire. Elle conteste tout. Nous devons mener des batailles sur l’expertise médicale, le montant des indemnisations, le mode de calcul de la rente, le lien causal entre maladie et décès... Renault paye même un médecin qui assiste maintenant à toutes les expertises pour tirer le niveau des indemnisations vers le bas ! Les procédures durent souvent plusieurs années. La liste des dossiers en cours est chargée. Je pense à Bernard, Henri, Patrice, Ampar, Daniel, Philippe, Rahal qui ont des plaques pleurales. Je pense à Rabah, Mustapha, Abderamane, Paul, Henri, Mohamed, JeanPierre et Ali atteints d’un cancer du poumon. Je pense à André atteint d’un mésothéliome. Je pense à Paul, Lahcène, Mohamed, tous atteints d’une asbestose. Je pense à Ibrahim atteint d’un cancer du côlon, maladie difficile à faire reconnaître parce qu’elle n’est pas spécifique de l’amiante et n’est dans aucun tableau. Il faut savoir être tenace pour obtenir qu’une maladie soit reconnue et correctement indemnisée. Cela demande souvent beaucoup de travail, mais quand on obtient gain de cause pour une victime ou pour la famille d’un compagnon de travail décédé, la satisfaction est énorme. Imaginez ce qu’on ressent quand on fait passer un taux d’IPP (incapacité permanente partielle) de 5 à 50% ! Qui est touché par ces maladies chez Renault ? Beaucoup de victimes sont des immigrés qui travaillaient à des postes pénibles et malsains en production aux presses, à l’emboutissage, en fonderie ou dans les centrales. Mais certains cadres qui n’allaient jamais dans les ateliers ont été, eux aussi, touchés parce qu’il y avait de l’amiante dans leur bureau. Vous vous occupez aussi de victimes des usines Chausson... Pierre : Oui, les conditions de travail dans leurs ateliers étaient très proches de celles que nous avons connues chez Renault. Les maladies sont les mêmes. Chez Chausson aussi, on peut mourir d’un cancer du poumon quand on a travaillé aux presses ; on peut aussi avoir des plaques pleurales quand on a été soudeur. Et même dans des métiers, où l’on ne s’attendrait pas à trouver de l’amiante comme par exemple les chauffeurs de camions, car le conducteur assurait aussi l’entretien et la réparation de son véhicule. Il intervenait sur l’embrayage et les freins... Comment un liste peut-il une expertise gestion des « amiante » ? syndicaacquérir dans la dossiers André : Au départ il faut avoir un esprit militant pour la santé au travail, être motivé, en avoir envie... Ensuite, on apprend sur le tas, on se documente en lisant les brochures de l’Andeva. Pierre : J’ai eu la chance d’avoir une longue expérience des CHSCT, à Billancourt et au niveau du groupe. J’ai concentré mon activité syndicale sur les conditions de travail. Ce faisant, j’ai acquis un savoir faire sur les dossiers. J’avais animé des formations pour la fédération de la métallurgie CGT. Et puis, à l’Andeva, j’ai moi-même suivi des formations avec Hélène Boulot à Vincennes, puis en Moselle avec Lucien Privet et les mineurs de Lorraine. 7 ADDEVA 08 Deville condamnée La cour d’appel de Reims a reconnu la faute inexcusable de l’entreprise Deville, fabricant de matériels de chauffage, suite au décès de deux salariés victimes de l’amiante. Cet arrêt qui confirme le jugement rendu en première instance a donné du baume au coeur de Mohamed, dont le père, décédé de l’amiante en 2007, avait passé vingt années à installer des joints en amiante sur des cuisinières. Sept longues années de procédure avant une victoire qui rend enfin hommage à sa mémoire. On ne sait pas encore si l’entreprise ira en cassation. A ce jour, la Justice est saisie de vingt et un dossiers liés à des expositions à l’amiante chez Deville qui sont en cours d’instruction. Bombardier dans le collimateur Les dossiers de deux familles d’anciens salariés morts de l’amiante indemnisées par le Fiva passeront au TASS de Valenciennes pour la reconnaissance de la faute inexcusable de l’entreprise Bombardier, (ex-ANF Crespin). C’est une première. L’audience est prévue début janvier. 8 LATTY INTERNATIONAL L’entreprise condamnée veut faire payer ses fautes par les contribuables L’Andeva conteste le jugement rendu par le tribunal administratif d’Orléans qui met à la charge de l’État la moitié des indemnités dues par l’employeur fautif aux ayants droit de la victime. Les faits Le site Latty de Brou fabriquait des bagues, des tresses et des joints en amiante. Les conditions de travail étaient terribles : un empoussièrement massif, des protections inexistantes, des repas de midi pris sur place dans un environnement saturé de poussières d’amiante... Suite au décès de Monsieur Pierre Funel, un technicien mort d’un cancer bronchopulmonaire professionnel, le Fiva a indemnisé sa famille puis s’est retourné contre l’employeur pour récupérer les sommes versées. Le Tribunal des affaires de la Sécurité sociale (Tass) de Chartres puis la Cour d’appel de Versailles ont reconnu la faute inexcusable de l’employeur. Condamnée en appel, Latty présente la facture à l’État La société Latty International n’étant pas allée en cassation, la condamnation est devenue définitive. Mais, pour en annuler les conséquences financières, elle a demandé à l’État - seul fautif selon elle - de régler l’intégralité de la facture à sa place (167 100 euros + 544 585 euros) ! Repoussant les limites de l’indécence, elle lui a même réclamé 50 000 euros au titre du « préjudice moral » lié à « la dégradation de son image » (plus que ce que touche la veuve pour la perte de son mari !). L’Etat ayant refusé, Latty a alors saisi le tribunal administratif d’Orléans qui par un jugement du 27 mai 2014 a partagé les responsabilités « fifty-fifty » entre l’employeur fautif et l’État qu’il condamne à verser à Latty la moitié des indemnités accordées aux ayants droit du défunt par la cour d’appel de Versailles. Les enjeux L’Etat a fait appel. Il ne s’agit encore que d’un jugement en première instance mais l’affaire prend d’ores et déjà valeur de test national. Si cette jurisprudence était confirmée en appel et en cassation, des milliers d’employeurs condamnés pour « faute inexcusable » ne manqueraient pas de réclamer devant les tribunaux administratifs un partage du coût financier de leur faute avec l’État. C’est pourquoi Madame Funel et l’Andeva interviennent aussi en appel contre Latty pour faire valoir que l’employeur ne peut invoquer la faute de l’Etat pour réglementation insuffisante quand il n’a pas respecté la réglementation existante ! La stratégie consistant à faire payer l’Etat concerne aussi les actions sur le préjudice d’anxiété devant les prud’hommes (voir ci-dessous). Dans les deux cas la condamnation de l’employeur résulte d’un manquement à son obligation de sécurité de résultat. Dans les deux cas, l’employeur (ou l’organisme qui reprend ses créances) tente d’en amoindrir voire d’en annuler les conséquences par une contribution de l’Etat. Si cette démarche aboutissait, elle aurait pour effet d’amoindrir voire d’annuler l’incitation financière à la prévention qu’implique la condamnation de l’employeur. C’est pourquoi elle doit être mise en échec. Une stratégie partagée par l’AGS Maître Spinosi, l’avocat de Latty International, est aussi celui de l’AGS, l’organisme assurantiel financé par les employeurs qui garantit les créances des entreprises défaillantes en cas de liquidation judiciaire. Dans son rapport d’activité 2013, l’AGS évalue à 400 millions d’euros le total des créances qui lui ont été adressées au titre du préjudice d’anxiété. Pour alléger cette facture, son avocat développe la même stratégie que celle utilisée pour défendre Latty : partager les frais avec l’État qui ne saurait « se soustraire à sa responsabilité ». La mise en oeuvre a déjà commencé : « des actions devant les juridictions administratives sont d’ailleurs en cours », précise-t-il dans une interview incluse dans ce rapport d’activité. PARIS 11 OCTOBRE 2014 « Amiante : plus jamais ça ! » Cette année encore, les adhérents et soutiens de l’Andeva, les victimes et leurs familles, se sont retrouvées pour défiler dans les rues de Paris. Ils étaient entre 4000 et 5000 pour dire ensemble : « amiante plus jamais ça ! ». Venues de toute la France, les délégations se rassemblent petit à petit sur le parvis de la Tour Montparnasse. Un podium a été dressé au pied de la Tour. En attendant le départ de la manifestation, des délégations s’y succèdent pour apporter leur témoignage : Adeva 76, Addeva 93, Adeva Centre, Aldeva Drome-Ardèche.Leurs interventions sont rythmées par des intermèdes musicaux d’un talentueux harmoniciste. La veille de la manifestation, la presse a révélé un nouveau dépassement de la valeur limite d’exposition réglementaire de 5 fibres d’amiante par litre d’air dans la Tour. Un groupe de salariés est descendu des étages pour rejoindre les manifestants. Sur le podium, Michel Parigot, vice-président de l’Andeva, dénonce les mensonges et le « bricolage » des copropriétaires qui refusent obstinément d’évacuer la Tour pour la désamianter en toute sécurité. 99 Vers 13 heures se forme une immense chaîne humaine autour de la Tour Montparnasse. Chacun apporte sa pierre à l’édifice. La Tour et son complexe immobilier sont bientôt ceinturés par la foule qui forme une sorte de cordon sanitaire contre l’irresponsabilité des copropriétaires. Sur le parvis, résonne « Poussière », une chanson composée par un jeune musicien du Nord qui a perdu son père emporté par un mésothéliome. Le défilé s’ébranle à l’heure prévue. La rue de Rennes s’emplit du flot des victimes de l’amiante et de leurs proches. C’est une marche silencieuse, où l’on vient défendre ses droits mais aussi un moment propice au recueillement et au souvenir. Chacun pense à ceux qui nous ont quittés. La marche est aussi un moment d’échanges et de retrouvailles. Le message public est clair : il faut des soins de qualité et des moyens pour la recherche sur le mésothéliome. Il faut juger les responsables de la catastrophe et renforcer la prévention pour préserver les générations futures. 10 10 Devant l’entrée des Invalides, Pierre Pluta prononce des mots forts et émouvants pour remercier les participants, dont certains sont venus de très loin. Puis il rappelle les exigences fondatrices du combat de l’Andeva : l’éradication totale de l’amiante en place, le jugement de tous les responsables, l’aide et le soutien aux victimes et aux familles. Aucune ne doit se sentir abandonnée avec sa souffrance et sa colère pour seule compagnie. A l’issue de cette manifestation, une délégation de l’Andeva a été reçue par les ministères du travail, de la santé et du budget. Elle a rappelé et argumenté les revendications de l’association sur l’Allocation de cessation anticipée et sur le Fiva. Vous pouvez retrouver et télécharger une centaine de photos prises lors de cette journée sur le site de l’Andeva : www.andeva.fr 11 11 TRIPLE PEINE Le 23 novembre dernier, dans Le Parisien, Gisèle Delhaye, une orthodontiste, témoignait avec courage à sa sortie de l’hôpital : « Je suis en train de mourir de l’amiante. Il faut que les gens sachent ». Installée à Aulnaysous-Bois depuis 1967 elle est atteinte d’un mésothéliome. Si cette maladie spécifique de l’amiante l’a frappée, ce n’est pas du fait de son travail, c’est parce qu’elle a inhalé les poussières d’une usine où elle n’a jamais mis les pieds ! Elle ignorait alors que le Comptoir des minéraux et matières premières (CMMP) broyait de l’amiante, du mica et du zircon radioactif. Comment aurait-elle pu imaginer que des poussières apportées par le vent pourraient - si longtemps après - menacer sa vie ? « Je suis victime d’une triple peine, a-t-elle expliqué. Je suis malade. J’ai habité dans une commune abritant une usine d’amiante sans le savoir. Et enfin, c’est avec mes impôts que la municipalité a payé la démolition et la dépollution de l’usine. Je veux faire tout ce que je peux pour révéler ce scandale. » La force de ce témoignage et l’envoi inédit à 13000 anciens élèves de trois écoles d’Aulnay par l’Agence régionale de la Santé (ARS) d’une lettre leur proposant de passer un scanner ont alerté les medias sur la gravité de la situation. 12 CMMP (Aulnay-sous-Bois) Un scanner proposé à 13 000 anciens élèves de 3 écoles proches de l’usine d’amiante Les écoliers scolarisés dans la période 1938-1975 dans une des trois écoles du Bourg 1, du Bourg 2 et de l’Ormeteau (maternelle et primaire) recevront une lettre les informant qu’ils ont été exposés aux poussières d’amiante du CMMP et les incitant à consulter leur médecin pour se faire prescrire un scanner. C’est une première. Jamais une telle initiative n’aurait été prise sans la bataille opiniâtre menée d’abord par une famille puis par un collectif d’associations1. Mais la façon dont cette action de santé publique est mise en oeuvre par l’Agence régionale de Santé (ARS) en réduit malheureusement la portée (voir p.13) « Une pollution environnementale massive » Pendant plus de 35 ans le CMMP a broyé des centaines de tonnes d’amiante en zone résidentielle. Elle a disparu, mais les dégâts humains sont énormes : plus de 130 victimes recensées à ce jour par les associations, dont 33 mésothéliomes (maladie rare et spécifique de l’amiante) ; 80 sont décédées ; la majorité n’a jamais mis les pieds dans l’usine. Certaines ont inhalé des fibres d’amiante à l’école, dans leur maison ou sur un lieu de travail proche du CMMP ; d’autres vivaient sous le même toit qu’un salarié qui ramenait chez lui ses bleus poussiéreux que lavait son épouse Et pourtant ces chiffres sont encore en-dessous de la réalité. Ils ne prennent en compte ni les travailleurs immigrés retournés mourir au pays, ni les habitants rattrapés par la maladie après avoir déménagé en province, ni toutes les personnes qui, ignorant leurs droits, n’ont fait aucune démarche. Le nombre de cancers broncho-pulmonaires est, lui aussi, sous-estimé. Les associations demandaient depuis 2001 aux pouvoirs publics d’engager une recherche active des victimes et des personnes exposées, de les informer, de leur proposer un suivi médical et de les aider à faire valoir leurs droits. Une étude de l’INVS a confirmé l’existence de victimes environnementales. Un rapport de la HAS a recommandé une expérience pilote de suivi médi- cal post-exposition pour le CMMP. Une étude du Giscop a prouvé sa faisabilité. L’Agence régionale de Santé (ARS) et le Ministère de la Santé ont ciblé cette action sur les ex-écoliers des écoles les plus proches de l’usine d’amiante. 1) Collectif des riverains, Addeva 93, Ban Asbestos, et Aulnay environnement. Le CMMP a broyé des centaines de tonnes de « farine d’amiante » 1 Année Tonnage vendu 1938-59 de 500 à 800 ou 1400 ( selon les sources) 1960-70 de 100 à 500 1971-75 de 170 à 480 Il y a eu jusqu’à onze broyeurs dans cette usine, où les ouvriers, qui travaillaient dans des nuages de poussières, voyaient à peine leurs collègues à quelques mètres d’eux. La direction leur distribuait du lait (comme contrepoison). « A l’école du Bourg la cour de récréation était à deux pas de l’usine d’amiante » Vue aérienne DU SITE CMMP CMMP Les bâtiments iante de l’usine d’am CMMP La cour de récréation Les maisons L’école L’USINE VUE DE L’ECOLE Les bâtiments de l’usine étaient à quelques mètres des marelles de la cour de l’école. Une fine couche de poussières d’amiante recouvrait le sol et la végétation. Portées par le vent, ces fines poussières ont arrosé le voisinage : les écoles voisines, les pavillons, les tombes du cimetière, les boutiques des commerçants, les salades du maraîcher... L’INVS a fait des modélisations de la zone impactée. Elle est très étendue. Voici par exemple la distribution des seuils d’exposition estimés (moyenne annuelle des fibres d’amiante dans l’air pour la période 1960-70). CMMP CMMP L’USINE VUE DE L’ECOLE Ses poussières ont arrosé les alentours Le cimetière Le mur de l’usine en briques creuses était une vraie passoire. Suite aux plaintes des parents d’élèves les trous ont été tardivement rebouchés avec du plâtre. Aulnay-sous- Bois Sevran Seuils d’exposition estimés (en fibres par litre) 0,12 0,30 1 2 Limites communales Limites départementales Ces données sont issues de la monographie historique publiée en 2007 par Emilie Counil, Côme Daniau et Hubert Isnard de l’Institut de veille sanitaire (INVS) : Etude de santé publique autour d’une ancienne usine de broyage d’amiante : le CMMP. On peut la télécharger sur le site de l’INVS 13 CMMP (Aulnay-sous-Bois) Comment s’organisent la recherche des anciens élèves et le suivi médical ? Les noms des anciens élèves ont été relevés sur les registres manuscrits des écoles qui avaient été conservés. Ces données ont été croisées - avec l’autorisation de la CNIL - avec d’autres fichiers qui ont permis de savoir si la personne était encore en vie et de retrouver son adresse actuelle en région parisienne ou en province ainsi que celle de son médecin traitant. Les lettres La lettre aux anciens élèves est envoyée à ceux qui ont été scolarisées entre 1938 et 1975 dans un trois groupes scolaires (Bourg I, Bourg II ou Ormeteau) à proximité du CMMP qui se trouvait au 107, rue de Mitry à Aulnay-sous-Bois. Elle informe le destinataire que le CMMP a broyé des poussières d’amiante durant cette période et que « ayant été scolarisé à proximité immédiate, vous avez donc pu être exposé à ces poussières » qui « peuvent provoquer des pathologies pulmonaires ». Elle lui recommande de consulter son médecin traitant « qui pourra faire le point avec vous, établir un diagnostic et, si vous le souhaitez, vous faire bénéficier d’un suivi médical adapté ». 14 2005 : manifestation contre l’amiante à Aulnay. Les enfants sont en tête du cortège. Le mot d’ordre est simple : « je ne veux pas d’amiante à côté de mon école ». Elle informe les destinataires d’Ile-de-France de la possibilité de « passer un scanner au Centre Hospitalier Robert Ballanger situé à Aulnay-sous-Bois, cet établissement ayant mis en place, sur sollicitation de l’ARS, un dispositif d’accueil spécifique », sur prescription délivrée par le médecin traitant. La lettre aux médecins les avertit qu’ils vont probablement recevoir en consultation un ou des patient(s) adressé(s) par l’ARS. Elle les informe que « ces patients ont été exposés à l’amiante pendant leur enfance » par l’activité du CMMP et leur précise qu’un « suivi médical spécifique leur est proposé. » Elle est accompagnée d’une notice leur recommandant de « les informer sur les risques sanitaires liés à l’amiante, faire un bilan clinique de leur état de santé, leur prescrire un examen TDM thoracique » et de « leur restituer les résultats ». Si cet examen repère une pathologie, elle leur recommande de les orienter « vers un service de pneumologie » en les informant qu’ils peuvent être indemnisés par le Fiva. Si l’examen est normal, elle recommande que le patient le renouvelle « tous les 10 ans », consulte en cas de « signes cliniques respiratoires ou d’altération de l’état général » et cesse de fumer « en cas de tabagisme actif ». Le dispositif national Un comité de suivi national sous l’égide de l’ARS a été créé. La CPAM 93, la mairie d’Aulnay, l’INVS, la préfecture et les associations y participent. L’accueil téléphonique a été sous-traité par l’ARS. Le dispositif local Un comité de pilotage existe depuis plusieurs années avec le soutien de la municipalité. Des permanences ont été assurées bénévolement par le docteur Maurice Allouch avec beaucoup d’humanité et d’efficacité. Pour la phase opérationnelle a été créé un Comité d’information et d’accompagnement des personnes exposées à un risque amiante qui tient des permanences au centre médical d’examen de santé (CMES). Il fonctionne entièrement sur la base du bénévolat. Le rôle des associations y est déterminant, en particulier pour aider les victimes et les familles à faire valoir leurs droits. Ce que demandent les associations Quand le ministère de la Santé et l’ARS ont annoncé que les anciens élèves de trois écoles d’Aulnay allaient être recherchés, les associations ont salué cette décision. Mais la mise en oeuvre du dispositif révèle une absence de réelle volonté de concertation et des divergences importantes qui ont été évoquées sans détours le 9 décembre lors d’une réunion avec Claude Evin, directeur de l’ARS. A cette occasion les associations ont fait une série de propositions concrètes pour élargir et pérenniser ce dispositif inédit de recherche de personnes exposées et de suivi médical. « Un véritable suivi médical inscrit dans la durée » Préserver les données Les associations ont contesté l’arrêté du 27 mai 2014 qui prévoit de ne conserver les données « que pendant la période nécessaire à l’ARS pour proposer un suivi médical aux personnes concernées par l’envoi d’un unique courrier postal ». Détruire ces données est contradictoire avec la notion même de suivi médical dans la durée. Les associations et la mairie d’Aulnay demandent qu’elles soient conservées. Veiller à la qualité de l’accueil Les associations regrettent que l’accueil téléphonique ait été sous-traité par l’ARS à une jeune société sans compétences sur l’amiante. 600 appels ont été reçus mais l’imprécision des réponses a mécontenté des appelants. Les associations ont demandé une réunion de travail avec les personnes chargées de cet accueil. Envoyer des lettres nominatives 2000 lettres (sur 13 000) ont déjà été envoyées aux anciens élèves. Elles ne comportent pas de nom et peuvent laisser penser qu’il s’agit d’une simple publicité. Elles devraient être nominatives . Faire remonter l’information Les lettres aux médecins devraient les inciter à faire remonter l’information, si une maladie liée à l’amiante est découverte. Deux autres sources d’informations pourraient aider à repérer des cas, présents ou passés, dus aux poussières du CMMP : 1) les dossiers du Fiva . 2) les déclarations obligatoires des mésothéliomes Si vous avez habité, travaillé ou été écolier(e) à Aulnay entre 1938 et 1975 Prenez contact avec l’Addeva 93 qui pourra vous renseigner et vous conseiller. « L’Addeva 93 est depuis 15 ans dans le collectif d’associations, dit Alain Bobbio, son président. Depuis 15 ans nous demandons aux pouvoirs publics de rechercher tous ceux qui ont été exposés et de leur proposer un suivi médical. Connaître son état de santé est un droit. » ADDEVA 93, 26 avenue Gabriel Péri 93120 LA COURNEUVE 01 48 37 34 64 / [email protected] Des indicateurs pour tirer un bilan Les indicateurs retenus par l’ARS se limitent à des données techniques sur le nombre et la nature des appels reçus. Les associations estiment qu’ils « devraient aussi et surtout porter sur les pathologies repérées et l’accès effectif des victimes et des familles de victimes décédées à la réparation de leurs préjudices ». La gratuité des examens Les assurés doivent s’acquitter du ticket modérateur. Les frais sont pris en charge par l’assurance maladie et par « les assurances complémentaires des assurés s’ils en ont une ». Ceux qui n’ont pas de mutuelle risquent de renoncer. Les associations réclament la gratuité des examens;. Étendre le dispositif Les associations et la mairie d’Aulnay demandent l’extension à d’autres écoles en particulier « au lycée technique Voillaume qui se trouve dans la même rue, exactement à la même distance que l’école de l’Ormeteau, et où un enseignant a été atteint d’un mésothéliome, ainsi qu’au personnel de ces écoles ». Il faudrait aussi l’étendre « aux ex-salariés du CMMP et à d’autres professionnels intervenus en sous-traitance ou ayant travaillé à proximité de l’usine » ainsi qu’aux personnes ayant habité près de l’usine. Soutenir le dispositif local Elles demandent un soutien de l’ARS au Centre d’information et de suivi d’Aulnay, qui ne repose aujourd’hui que sur le bénévolat. DES réponses peu satisfaisantes Claude Evin a promis qu’on « ne détruira pas le fichier tant qu’on en aura besoin. » Cela donne un sursis, pas une garantie. L’ARS reverra l’accueil téléphonique avec son prestataire mais sans les associations. Elle sollicitera le Fiva et les déclarations du mésothéliome mais pas les médecins traitants. Elle fera suivre les appels des familles de victimes décédées (indemnisables par le Fiva) au Comité d’Aulnay. Elle étudiera l’extension (enseignants, lycée Voillaume) et l’envoi de lettres nominatives, mais refuse de rechercher les anciens salariés du CMMP, jugeant que c’est à cette entreprise de le faire ! Elle confiera l’évaluation à l’INVS, mais les indicateurs resteront inchangés. Les associations ont été écoutées mais pas vraiment entendues. 15 UN RETARD à rattrapper Très souvent présentés par les médias comme des « privilégiés », les fonctionnaires sont en fait restés longtemps « à la traine » par rapport aux salariés du privé dans tous les domaines touchant à la santé au travail, qu’il s’agisse de la cessation anticipée d’activité amiante, des conditions de reconnaissance et d’indemnisation des maladie professionnelles, du suivi médical des agents exposés à des cancérogènes ou des droits des institutions représentatives du personnel pour la sécurité et les conditions de travail. L’ouverture annoncée de la « pré-retraite amiante » aux fonctionnaires ayant une pathologie reconnue est une bonne nouvelle. L’Andeva a soutenu cette proposition de la Cour des comptes, reprise par Jean-Marc Ayrault, quelques jours avant qu’il ne soit plus premier ministre. Nous sommes intervenus auprès des élus de l’Assemblée, du Sénat et des représentants de divers ministères pour qu’ils appuient cette demande. Suite à une rencontre avec l’Andeva en mai dernier le chef de l’Etat s’y est engagé. Un pas est donc franchi, mais il reste beaucoup à faire pour qu’enfin les droits de tous les fonctionnaires en matière de santé au travail rejoignent ceux des salariés du privé. 16 UNE AVANCée que réclamait L’ANDEVA La « pré-retraite amiante » s’élargira aux fonctionnaires atteints d’une maladie professionnelle reconnue Le 26 novembre 2014, Maryise Lebranchu, ministre de la la Fonction publique a annoncé dans un communiqué que les fonctionnaires « ayant développé une maladie professionnelle reconnue en lien avec l’amiante » pourront - comme ceux du privé depuis 1999 bénéficier d’une allocation de cessation anticipée d’activité. Elle a indiqué que « les agents concernés pourront ainsi partir en pré-retraite à compter de l’âge de 50 ans avec maintien de 65% de leur rémunération ». Elle a ajouté que « les agents n’auront désormais plus à apporter la preuve de l’imputabilité de leur maladie à leur service » et qu’un « dispositif de suivi médical post-professionnel » sera mis en place pour « l’ensemble des agents publics exposés à un risque cancérogène, mutagène ou toxique pour la reproduction ». Un premier pas qui en appelle d’autres Le 19 décembre, une délégation de l’Andeva (MarieJosé Voisin, Michel Parigot et Alain Bobbio) a été reçue par Myriam Bernard, directrice adjointe du cabinet en charge de la fonction publique. Les trois fonctions publiques concernées L’Andeva a pris acte de la volonté de la ministre d’aligner les conditions de départ des fonctionnaires ayant une maladie liée à l’amiante reconnue sur celles des salariés du privé dans la même situation (à partir de 50 ans avec maintien de 65% de leur rémunération brute). Madame Bernard a confirmé que les textes annoncés pour 2015 (loi et décrets) s’appliqueraient à aux trois fonctions publiques : fonction publique d’Etat, hospitalière, collectivités territoriales. L’Andeva a alerter le ministère sur des questions incontournables qui ne manqueront pas de se poser, et qui pourraient, si elles ne sont pas anticipées, nourrir des contentieux. Citons notamment le mode de calcul de l’allocation, le point de départ des versements, le financement du dispositif, les conditions de gestion des allocations, l’articulation avec d’autres régimes de Sécurité sociale (si le bénéficiaire a travaillé à la fois dans la fonction publique et dans le privé), Améliorer la reconnaissance des maladies L’Andeva a a pris acte de la volonté de la ministre d’introduire la notion de « présomption d’imputabi- lité » des maladies professionnelles aux expositiions subies dans le cadre du travail. Cette notion déjà présente dans la jurisprudence, ne l’était pas encore dans la loi. Elle a insisté sur la nécessité d’améliorer les conditions de reconnaissance des maladies professionnelles qui sont à la fois hétérogènes dans les trois fonctions publiques et globalement plus défavorables que dans le privé. La délégation a donné des exemples de dysfonctionnements administratifs très pour une égalité public-PRIVÉ Dans le privé, la cessation anticipée d’activité « amiante » existe depuis 1999. Elles est ouverte à des salariés dont la maladie professionnnelle a été reconnue, mais aussi à des salariés non malades qui ont été exposés à l’amiante dans certaines activités (fabrication et transformation, flocage et calorifugeage, réparation et construction navales, dockers). L’ouverture aux fonctionnaires malades reconnus est un premier pas important, mais qui en appelle d’autres. Si l’on veut avancer vers une égalité public-privé, il faudra - dans les trois fonctions publiques - ouvrir le dispositif à des personnes exposées dont l’exposition à l’amiante a réduit l’espérance de vie. INSUPPORTABLE Des militaires malades pris en otage tous les trois ans ! L’Addeva Finistère réclame que le Code des pensions militaires d’invalidité soit modifié. Des députés interviennent. L’association dénonce le traitement infligé aux militaires atteints d’une maladie de l’amiante reconnue et prise en charge par le Service des Pensions des armées de la Rochelle. Dans beaucoup de collectivité territoriales ou d’hôpitaux on retrouve des métiers et des situations de travail exposant à l’amiante analogues à celles de l’industrie importants auxquels se sont heurtés des victimes de cancers qui n’ont pu être indemnisées de leur vivant. Elle a dressé une première liste des problèmes urgents à résoudre : information des salariés sur leurs droits, encadrement des délais de traitement des dossiers, rôle des commissions de réforme. Elle a aussi souligné que les maladies liées à l’amiante étaient des maladies évolutives, qui dans la majorité des cas se déclaraient après la période d’activité. Ce qui nécessite de prendre en compte non seulement le certificat médical initial mais aussi les aggravations successives. Elle a aussi critiqué le retard de la loi sur l’évolution des mœurs et la nécessité de prendre en compte les droits non seulement du conjoint survivant mais aussi des concubin(e)s et pacsé(e)s. L’Andeva s’est engagée à remettre des documents écrits résumant ses demandes et ses propositions d’améliorations. LES engagements pris DOIVENT être tenus Depuis une dizaine d’années, l’Andeva a porté devant les ministres des Affaires sociales et du Travail successifs la demande d’une voie d’accès individuelle à la cessation anticipée d’activité « amiante » complétant le dispositif existant dans le privé. Cette mesure permettrait d’ouvrir le système à des salariés du bâtiment qui en sont aujourd’hui exclus, alors qu’ils ont travaillé dans des nuages de poussières d’amiante ainsi qu’à des sous-traitants de sites industriels déjà inscrits sur les listes. Les promesses faites depuis 2012 que « cette ouverture allait figurer dans le prochain PLFSS » doivent être tenues. Suite à une restructuration des services administratifs il y a d’énormes retards dans le traitement initial des demandes d’attribution de la pension (de huit mois à un an en moyenne) auxquels s’ajoutent d’autres retards incompréhensibles et injustifiables lors de la révision triennale. « Le Code des pensions militaires prévoit une révision tous les trois ans du droit à pension avec une expertise médicale, explique Gérard Fréchou, le président de l’Addeva Finistère. Ce renouvellement s’entoure d’un tel formalisme qu’il peut se traduitre par une suspension prolongée du versement de la pension qui met en difficulté les personnes concernées. Exemple : le versement de ma propre pension est suspendu depuis novembre 2013 ! Plus d’un an... Je considère qu’il s’agit d’une véritable séquestration administrative et financière. » Alors qu’une procédure de renouvellement devrait être allégée et réduite à une simple visite médicale, tout se passe comme si l’on reprenait à chaque fois à zéro l’instruction initiale du dossier. Une aberration !.. Le Code des pensions militaires d’incapacité autorise l’administration à disposer d’un délai de 500 jours (!) pour revalider les droits à pension. Cette disposition devrait être modifiée. L’Addeva Finistère a écrit aux élus de la région pour les alerter sur cette situation. De nombreux députés et sénateurs du Finistère et des Côtes d’Armor sont intervenus auprès de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense. Ce dernier a répondu qu’il était « conscient des retards de traitement » et souhaitait « réduire significativement la durée d’examen des demandes de pension d’invalidité ». Dans ce cadre il annonce qu’une « simplification des procédures régissant les modalités des expertises médicales » est à l’étude et évoque la possibilité d’une « modification du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre ». Il ne reste plus qu’à passer aux actes. 17 ACAATA Un arrêté du 1er décembre 2014 a inscrit les Verreries de Magnières sur la liste des établissements ouvrant droit à l’allocation de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante, pour la période 1962-1996. A cette date, on est toujours dans l’attente d’un arrêté faisant suite à l’arrêt de la cour administrative d’appel de Lyon du 17 juillet qui enjoint le ministre de procéder à l’inscription.pour la période 1965-1996. anxiété Victoire en appel pour 153 salariés de l’usine Courtaulds à Coquelles, en activité de 1970 à 1990, fermée et rachetée par Courtimmo Holding, Ils avaient engagé il y a trois ans une action pour faire reconnaître le préjudice d’anxiété. par les prud’hommes de Calais qui leur avaient octroyé une indemnisation au cas par cas de 2000 à 7000 euros. La Cour d’appel accorde 7500 euros à chacun des 153 salariés (dont 120 sont aidés par l’ARDEVA 59-62). La direcrtion de Courtimmo Holding a deux mois pour faire appel. Jean-Claude Ghelein, vice-président de l’association a incités les salariés concernés à ne pas dépenser cet argent tant que ce délai ne serait pas dépassé. 18 AIX-EN-PROVENCE, 21 OCTOBRE Rassemblement sur les marches du Palais de Justice Les victimes de l’amiante et les personnes exposées étaient très nombreuses sur les marches du Palais de Justice d’Aix-enProvence, le 21 octobre dernier1. Venues de toute la région Sud-Est, elles s’étaient mobilisées contre les lenteurs de la Justice et l’effondrement scandaleux du niveau des indemnisations, mais aussi contre les Rien ne va plus à la Cour d’appel d’Aix-en-Provence Les délais d’instruction des dossiers sont 4 à 6 fois plus longs qu’à la cour d’appel de Douai. Les dossiers en attente s’accumulent. « Il faudrait qu’ils soient ramenés à trois mois », dit Houssine Rehabi, de l’Adevimap. La Cour opère aussi une baisse drastique des indemnisations accordées en première instance pour les actions en faute inexcusable comme pour les actions devant les juridictions prud’homales. Une véritable braderie. « J’ai vu l’indemnisation de mon préjudice d’anxiété passer de 30 000 à 1500 euros, raconte René Pierre Garcia, un ancien d’Arkema. Une division par vingt ! L’amertume et la colère sont grandes chez ceux qu’on a fait travailler au contact demandes de remboursement adressées par l’AGS2 à des personnes déjà indemnisées pour leur préjudice d’anxiété, au motif que leur entreprise avait fermé avant d’avoir été inscrite sur les listes ouvrant droit à la cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante. d’un matériau cancérogène sans les informer du danger et qui ont vu mourir des collègues de travail. Les audiences se tiennent dans de très mauvaises conditions : loin du centre ville, dans une salle exigüe et difficile à trouver. Une lettre a été envoyée à la présidente du Tribunal pour demander davantage d’équité et de respect des justiciables. Contre les demandes de remboursement de l’AGS2 Ce rassemblemement devant la Cour d’appel avait aussi pour but de protester contre les demandes de remboursement adressées par l’AGS à des personnes indemnisées de leur préjudice d’anxiété. Ces demandes font suite à un arrêt défavorable rendu par la Cour de cassation le 2 juillet dernier. La Cour considère que l’AGS ne doit garantir la réparation du préjudice d’anxiété que si l’inscription sur les listes ouvrant droit à l’Acaata est antérieure à la liquidation de l’entreprise. Cette jurisprudence restrictive met en difficulté des centaines d’anciens salariés qui ne sont pas en mesure de rembourser, en particulier dans les chantiers navals. 1) Étaient présents : SOS Amiante, Centaure, Avapa, Pôle amiante, Asava, Adevimap, Mutuelle de la Méditerranée, Ardeva Sud-Est, Cerader24, Adeva Gard rhodanien, Caper nord Isère, Caper 04 ; Collectif amiante pays de Sorgues, Ustm CGT région, Fédération CGT métallurgie... 2) L’AGS est un organisme patronal, financé par les cotisations patronales. Il hérite des créances des employeurs défaillants en cas de liquidation judiciaire. UNE VICTOIRE DE L’ADDEVA 88 (Vosges) Un recalcul de l’Acaata majore la retraite de 150 euros par mois Jean-Paul Salzard était parti en « préretraite amiante » à 51 ans. La Carsat de Nancy avait mal calculé son salaire de référence sur lequel est basée l’allocation de cessation anticipée d’activité. Classé en catégorie 2, il touchait 75 % du plafond de la Sécurité sociale (au lieu de 100 %). Sur 9 ans cela faisait 2 ans de cotisations en moins !. Jean-Paul a d’abord contesté ce calcul, devant le Tribunal des Affaires de la Sécurité sociale qui l’a débouté. Il a alors fait appel. Le dossier a été plaidé par François Lafforgue devant la cour d’appel de Nancy, qui lui a finalement donné gain de cause. La caisse régionale n’ira pas en cassation. Le dossier est en cours de règlement. L’allocation de Jean-Paul sera revalorisée et, par voie de conséquence, sa retraite le sera aussi. « Cela représente une majoration de 150 euros par mois, explique Jean-Paul. C’est loin d’être négligeable...» multi-expositions 770 mineurs de Lorraine veulent faire reconnaître leur préjudice d’anxiété Amiante, silice, goudron, bitumes, brai de houille, huiles minérales, hydrocarbures polycycliques aromatiques, benzène, trichloroéthylène, pyralène... Un Jusqu’ici les actions pour faire reconnaître le préjudice d’anxiété se menaient surtout pour des entreprises ouvrant droit à la cessation anticipée amiante. Le syndicat des mineurs CFDT veut ouvrir ce champ d’action aux poly-expositions. La mine ce n’est pas que la silicose. C’est aussi les cancers de la silice, de l’amiante et de bien d’autres produits à effet différé. « A chaque fois que je rencontre un ancien collègue, j’apprends qu’un tel a un cancer ou qu’untel est cocktail de cancérogènes que respiraient les mineurs de charbon de Merlebach. Avec leur syndicat CFDT, ils engagent une action aux Prud’hommes. décédé. Je me dis que le prochain ce sera moi », dit un ancien mineur. Le liquidateur, ancien PDG des Charbonnages, campe dans le déni : « les Houillères n’ont jamais manqué à leur devoir de précaution » : « Les mineurs meurent mais pas plus que la population lorraine ». Mais les témoignages sont accablants : les poussières nettoyées à la « soufflette », l’usage massif du trichloroéthylène, les maux de têtes dus aux huiles et aux colles... Après plusieurs renvois, la première audience devrait être plaidée en février 2015 pour une soixantaire de dossiers par JeanPaul Teissonnière. Les mineurs CFDT de Lorraine savent que la route sera longue. Il faudra sans doute aller en appel, puis en cassation, mais leur détermination est à la hauteur des enjeux. Depuis le début de la procédure en 2013, sur les 770 mineurs, il y a déjà eu 8 décès et plus de 50 ont commencé à développer une pathologie. Imputation à l’amiante des cancers des ovaires et du larynx pour les agents du Tripode Beaulieu à Nantes : une avancée historique ! Ces cancers sont reconnus par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) comme imputables à une exposition à l’amiante depuis 2009. Pourtant, la France refuse toujours d’inclure ces cancers dans les tableaux de reconnaissance des maladies professionnelles de l’amiante. Une première brèche avait été ouverte en début 2014 pour une salariée dans les Ardennes, par décision individuelle. Les ministres de Bercy, messieurs Sapin et Eckert viennent de prendre une décision d’imputabilité(1) au service de ces deux cancers hors tableau pour les agents de l’Insee, des Finances Publiques et du Ministère des Affaires étrangères ayant été exposés à l’amiante dans la tour Tripode à Nantes entre 1972 et 1993 (2). Cette décision intervient à la suite d’un long combat de plus de deux ans de l’intersyndicale amiante du Tripode aux côtés d’une agent des Finances publiques, qui vient de décéder quelques jours après la reconnaissance de sa maladie. Les fédérations saluent le courage et la détermination de cette agent à demander réparation face à l’injustice d’être malade pour avoir travaillé exposée à l’amiante. Jamais elle ne sera oubliée. Les fédérations des Finances souhaitent que cette décision positive pour les agents du Tripode fasse jurisprudence pour toutes et tous les agents de l’État exposés à l’amiante, que ce soit la fonction publique de l’État, territoriale et hospitalière. Au delà, au côté des associations de victimes, elles demandent que les cancers du larynx et des ovaires soient enfin intégrés aux tableaux de maladies professionnelles pour toutes et tous les salariés du public comme du privé exposés à l’amiante et qui développent ces deux maladies. Solidaires Finances CGT Finances FO Finances CFDT Finances (1) Reconnaissance de la responsabilité de l’employeur. (2) Pour mémoire, plus de 1 800 agents de l’INSEE, du Trésor Public et du Ministère des Affaires étrangères ont été intensément exposés à l’amiante dans la tour Tripode Beaulieu à Nantes. L’immeuble a été évacué en 1993 sur demande de l’intersyndicale, désamianté et détruit en 2005. 19 Mesurons le travail accompli par l’Andeva depuis 19 ans. Elle s’est battue pour faire interdire l’amiante, améliorer l’indemnisation, protéger les salariés et la population. Sans elle, il n’y aurait ni Fiva ni « pré-retraite amiante ». Ses combats ont fait avancer toutes les victimes du travail. Des milliers d’actions en faute inexcusable ont révolutionné le droit social, boosté la jurisprudence, durci la réglementation des cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques (CMR). Ces avancées ont été gagnées de haute lutte par des mobilisations, des actions judiciaires, une médiatisation et une intervention méthodique vers les pouvoirs publics et le parlement. L’Andeva a su être un outil national au service des victimes, réunissant des personnes de sensibilités diverses afin d’agir ensemble pour une même cause, trouver des alliés dans le mouvement syndical, mutualiste ou associatif. Elle n’aurait pu être efficace, si le mouvement s’était divisé, éparpillé par région ou s’il avait perdu son autonomie par rapport aux partis et aux syndicats. A l’heure où pèsent des menaces sur la santé au travail, rappelons-nous bien ces conquêtes pour les défendre et les étendre. 20 20 L’ANDEVA : 19 ANS DE COMBATS, DES RÉSULTATS... Maladies professionnelles L’action de l’Andeva et de la Fnath a amélioré la reconnaissance des maladies liées à l’amiante : Les plaques pleurales ont été reconnues sur un seul poumon Une instruction simplifiée a été recommandée par la Cnam pour les mésothéliomes, Les indemnités en capital ont été indexées sur les prix, Le délai de prise en charge de certaines pathologies a été allongé. Toute durée minimum d’exposition a été supprimée pour les plaques pleurales et le mésothéliome. La prescription a été levée pour les maladies constatées entre le janvier 1947 et décembre 1998. Des avancées réclamées par les victimes de l’amiante ont été utiles à d’autres victimes du travail : Des clauses discriminatoires pénalisant les maladiées liées à l’inhalation de poussières minérales (les pneumoconioses) ont été supprimées, et notamment le fameux Des avancées pour toutes les victimes du travail « collège des trois médecins ». La « contestation préalable » qui affranchissait les caisses primaires de tout délai contraignant pour l’instruction des dossiers a été supprimée. Le taux d’incapacité minimum exigé pour qu’une maladie ne figurant dans aucun tableau soit reconnue a été abaissé (de 66% à 25%) La rente de conjoint survivant est passée 30% à 50% du salaire de référence du défunt avant 55 ans et de 40% à 60% à partir de 55 ans, Les droits des conjoints survivants ont été étendus aux pacsés et aux concubins, etc. Faute inexcusable Avant la création de l’Andeva, les actions en faute inexcusable de l’employeur pour des maladies professionnelles étaient rarissimes. Avec l’Andeva et ses avocats, des milliers de victimes et de familles ont engagé dès la fin des années 90, des procédures, ciblées d’abord sur les employeurs contre lesquels il y avait le plus de chances d’aboutir. Cette stratégie a permis de faire reconnaître la responsabilité de l’employeur et d’indemniser les souffrances physiques et morales, la perte de qualité de vie, le préjudice esthétique... Elle a tiré vers le haut les indemnisations., La levée de la prescription entre 1947 et 1998 a été étendue à ces procédures. Le 28 février 2002, les arrêts « amiante » de la Cour de cassation ont révolutionné la jurisprudence maladies professionnelles et accidents du travail : L’employeur, qui avait ou aurait dû avoir conscience du danger a une « obligation de sécurité de résultat », Elle vaut pour les fabricants et pour les utilisateurs d’amiante faire reconnaître la responsabilité des employeurs Sont indemnisés les préjudices personnels des ayants droit d’une victime décédée, mais aussi l’action successorale (ce qu’aurait dû toucher la victime si elle avait été indemnisée de son vivant). Les préjudices des petits enfants sont pris en compte. Ces procédures ont été aussi portées par par la Fnath et des secteurs du mouve- ment syndical. Elles ont presque toutes arraché des victoires., ouvrant la voie à d’autres victimes professionnelles. L’Andeva a obtenu qu’un nouvel article du Code de la Sécurité sociale interdise à des employeurs condamnés d’invoquer des vices de forme pour obtenir que le jugement leur soit « inopposable » et ne rien payer. FIVA La multiplication des actions judiciaires a permis au Fiva de voir le jour. Lors de sa création, l’Andeva a défendu des principes : - la réparation intégrale de tous les préjudices subis, - l’indemnisation de toutes les victimes, qu’elles soient ou non professionnelles et de leurs ayants droit, - une instruction simplifiée des dossiers (reconnaissance par le Fiva des maladies déjà reconnues par une CPAM ; pas besoin de preuve d’exposition pour une maladie spécifique), - Des taux « planchers » d’incapacité - le droit de recourir contre le Fiva devant une cour d’appel, - le principal financement par la branche AT-MP (employeurs), - des actions récursoires du Fiva pour se faire rembourser par l’employeur fautif, - la liberté pour les victimes et leurs familles d’être aux côtés du Fiva dans les actions récursoires et de se constituer partie civile au pénal, - une représentation des victimes et salariés au CA du Fiva. La plupart de ces demandes ont été satisfaites, mais en 2003 le gouvernement appuyé par le Medef a rejeté le barème proposé conjointement par les associations et les syndicats et imposé un barème inférieur à l’indemnisation moyenne des tribunaux. D’où une série de contestations des offres devant des cours d’appel. L’Andeva a réclamé que le délai de prescription passe de 4 ans à 10 ans. 600 dossiers refusés ont été ainsi repêchés. Mais elle n’a pas obtenu que les victimes calédoniennes soient indemnisées par le Fiva. Une ordonnance présidentielle a ouvert cette possibilité, mais aucune convention avec le Fiva n’a été signée par le gouvernement calédonien. Le Fiva avait demandé à des victimes de rembourser d’importantes indemnités accordées par les tribunaux. La mobilisation de l’Andeva et de ses associations 22/11/2002 : rassemblement devant le Fiva avec le soutien de 400 parlementaires ont permis d’annuler ces demandes. Malgré des limites le Fiva est un acquis très important. De sa création à 2013, le Fiva a traité 81 552 demandes de victimes et 109 405 demandes d’ayants droit et de compléments d’indemnisations. Le cumul des dépenses d’indemnisation depuis la création du Fiva atteint près de 4 milliards d’euros. En Italie, en Belgique existent aussi des fonds « amiante ». Mais aucun d’eux n’indemnise comme le fait le Fiva toutes les victimes, professionnelles ou non, quel que soit leur statut, de tous les préjudices causés par une maladie liée à l’amiante quelle qu’elle soit, sans les priver de la possibilité d’être partie civile au pénal ou d’être aux côtés du Fonds dans une action récursoire au civil contre l’employeur. Prévention Les militants qui ont créé l’Andeva sont intervenus sur le contenu des deux décrets de février 1996 sur la prévention du risque amiante au travail et dans les immeubles. Dès le début, l’Andeva et le Comité antiamiante Jussieu ont fait des propositions concrètes sur le repérage de l’amiante dans les bâtiments, les chantiers de désamiantage, l’élimination des déchets... L’Andeva a été auditionnée par des missions parlementaires, dont les rapports ont repris certaines de ses propositions. Elle a stoppé in extremis un retour en arrière sur le seuil de gestion et obtenu des avancées en matière de repérage et d’obligation de travaux. Ces dernières années, son intervention sur le terrain de la prévention s’est renforcée. Une série d’associations locales ont mené bataille pour la dépollution de friches industrielles, pour la mise aux normes des déchetteries et la collecte des déchets des particuliers, pour le désamiantage en sécurité d’immeubles bâtis, pour la forma- tion des salariés exposés au risque. Dans ces combats souvent très médiatisés, elles ont tissé des liens avec des syndicalistes, des parents d’élèves ou des défenseurs de l’environnement. Plusieurs associations ont été partie civile aux côtés de structures syndicales dans des procédures qui ont débouché sur une condamnation d’employeurs pour mise en danger d’autrui (avec versement d’indemnités et peines de prison avec sursis). Ces combats ont renforcé Améliorer la sécurité sur les chantiers leur crédibilité et fait de certaines d’entre elles des interlocuteurs incontournables des pouvoirs publics sur le terrain de la prévention. L’Andeva a déposé des recours en Conseil d’Etat contre les dérogations données aux propriétaires d’immeubles de grande hauteur et les dérogations pour l’emploi de jeunes travailleurs de moins de 18 ans exposés à l’amiante, Elle a poursuivi l’expert de la Tour Montparnasse pour diffusion de fausses nouvelles. Malgré certains défauts, la réglementation française sur la prévention reste l’une des plus avancées. Mais le contrôle de l’effectivité de sa mise en oeuvre est encore insuffisant. 21 « Pré-retraite amiante » L’allocation de cessation anticipée d’activité « amiante » (Acaata) a été créée en 1999 pour les salariés l’établissement inscrit sur une liste officielle ou dont la maladie est reconnue. La première année, l’Andeva a proposé au ministère plusieurs établissements dont l’inscription fut acceptée sans difficulté. Au départ, le dispositif excluait les personnes atteintes de pleurales. L’Andeva a obtenu l’ouverture du dispositif à toutes les pathologies liées à l’amiante reconnues (une pétition lancée par l’Addeva 44 avait recueilli 33 000 signatures) Le dispositif était au départ limité aux industries de fabrication et de transformation de l’amiante. L’Andeva et ses assocations ont milité - souvent en convergence avec le mouvement syndical pour qu’il s’élargisse. De fait il s’est progressivement étendu au flocage/calorifugeage, à la navale (sous réserve d’une liste de métiers) et aux dockers (sous réserve d’une liste de ports), ainsi qu’à certains ouvriers d’Etat. Après 2003, devant l’hostilité grandissante des gouvernements successifs face aux demandes d’inscriptions, c’est au prix de longues batailles judiciaires qu’a été arrachée l’inscription de plusieurs dizaines de nouveaux établissements. En 2008, une plateforme signée par l’Andeva, la Fnath et les confédérations syndicales a demandé la création d’une voie d’accès individuelle à l’Acaata, permettant d’ouvrir le dispositif à des ouvriers du BTP ou à des sous-traitants qui en sont exclus. Cette demande n’a pas encore abouti. En revanche l’élargissement du dispositif à tous les agents reconnus en maladie professionnelle, appuyé par l’Andeva, devrait Préjudice d’anxiété Suite au long combat dont les salariés de ZF Masson soutenus par l’Addeva Yonne ont été les pionniers, la Cour de cassation a reconnu l’existence d’un préjudice d’anxiété et d’un bouleversement des conditions d’existence inhérent à ce préjudice. Elle a admis que des salariés se retrouvent du fait de l’employeur qui les a exposés aux fibres d’amiante, « dans une situation d’inquiétude permanente face au risque de déclaration à tout moment d’une maladie liée à l’amiante. » Ce nouveau contentieux prud’homal a 22 22 porté par des associations et des structures syndical a connu un développement massif. Il permet au civil (comme la mise en danger d’autrui au pénal) de faire reconnaître la responsabilité d’un employeur qui a manqué à son obligation de sécurité de résultat, sans attendre la « réalisation du dommage » (la maladie ou le décès). Au fil des procédures, la cour de cassation a précisé sa jurisprudence. Elle a considéré qu’un plaignant pouvait obtenir réparation de ce préjudice « qu’il se soumette ou non à des examens médicaux ». Elle a considéré que l’appartenance à un établissement inscrit sur les listes ouvrant droit à l’Acaata valait preuve d’exposition. Elle a jugé que le préjudice d’anxiété naissait à la date à laquelle les salariés étaient informés de l’inscription de leur établissement sur les listes. Elle a jugé que cette créance devait être prise en charge par l’AGS, mais a restreint la prise en charge aux cas où l’inscription sur les listes est antérieure à la liquidation de l’entreprise. Un droit pour les personnes dont l’exposition à l’amiante risque de raccourcir la vie. s’appliquer en 2015 dans les trois fonctions publiques (Etat, hôpitaux, collectivités territoriales). En Italie, la « pré-retraite amiante » s’est réduite comme une peau de chagrin. En France nous avons réussi jusqu’ici à écarter les tentatives de remise en cause (la dernière étant le rapport Ricordeau). Depuis la création de l’allocation de cessa- tion anticipée des travailleurs de l’amiante 82 894 personnes au total en ont bénéficié. Il n’existe dans aucun pays de dispositif équivalent encore en vigueur. Au fil des années, le nombre de nouveaux entrants dans le dispositif a baissé. Des moyens financiers existent pour l’élargir à des salariés qui en sont aujourd’hui exclus. Suivi médical En 1999, l’Andeva a participé à l’élaboration des recommandations de la conférence de consensus sur le suivi médical post-professionnel des salariés exposés à l’amiante. Plus tard a été partie prenante, aux côtés du mouvement mutualiste, des expériences pilotes de suivi par scanner en Aquitaine, Normandie et Rhône Alpes. Elle a travaillé sur les dernières recommandations de la Haute Autorité de Santé. Elle est aussi investie dans la recherche et le suivi des anciens écoliers exposés aux poussières de l’usine d’amiante CMMP à Aulnay-sous-Bois. En France le scanner est devenu, avec quinze ans de retard l’examen réglementaire de référence pour le suivi médical post-professionnel. Mais il y a encore un gouffre entre la réglementation et sa mise en oeuvre effective. 20 ans après la sortie des premiers textes réglementaires sur le suivi post-professionnel, la grande majorité des personnes ayant été exposées à des cancérogènes ne sont ni informées de leur droit à un suivi médical gratuit ni incitées à s’engager dans cette voie. Procès pénal Déposée en juin 1996, la « plainte fondamentale » contre X est un des actes fondateurs de l’Andeva. C’était la demande adressée à la justice pénale de rechercher toutes les responsabilités dans la catastrophe sanitaire de l’amiante, à commencer par celle des industriels, des pouvoirs publics et des lobbyistes du CPA. Elle a été suivie par des dépôts de plainte dans une trentaine de dossiers, dont ceux d’Eternit, Jussieu, Condé-sur-Noireau, Amisol, la Normed... Confiés région par région à des juridic- tion non spécialisées, les dossiers ont dormi pendant des années. L’Andeva a demandé et obtenu la création d’un Pôle de santé publique composé de magistrats spécialisés dans les affaires de santé publique. Elle s’est battue pour que ces magistrats aient des moyens pour mener une instruction de qualité dans des délais raisonnables, avec un nombre suffisant de magistrats et d’officiers de police judiciaire. La mobilisation des veuves de Dunkerque a été déterminante. L’Andeva s’est mobilisée aux côtés des syndicats de magistrats contre la suppression du juge d’instruction et aux côtés d’autres associations de victimes contre la loi Fauchon. Elle a tenté d’empêcher la mutation forcée de la juge Bertella-Geffroy. Aujourd’hui le combat pour le procès pénal se heurte encore à l’inertie des gouvernements et à l’hostilité du Parquet et de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, qui résiste à des arrêts de la Cour de cassation. La volonté inébranlable de nos amis italiens de l’Afeva de Qualité des soins et recherche L’Andeva a soutenu la mise en place de Mesoclin, un réseau d’une quinzaine de centres experts sur le mésothéliome. Ce réseau a commencé à se mettre en place. Il devrait permettre aux médecins d’accéder à une information de qualité sur les derniers traitements ainsi qu’une aide au diagnostic. Il devrait aussi faciliter la déclaration obligatoire de cette maladie. Plusieurs réunions de travail ont eu lieu avec le Professeur Scherpereel, du Centre expert national de Lille, pour réfléchir à la place de l’Andeva et de ses associations locales dans ce dis- positif au plan national et régional. Elles peuvent faire remonter le vécu et les difficultés des victimes et les aider à faire valoir leurs droits. Elles peuvent aussi contribuer à la formation des médecins sur ces droits et agir pour que des moyens suffisants soient dégagés pour la recherche sur le mésothéliome. Marc Hindry a participé au congrès de l’IMIG sur le mésothéliome qui s’est tenu en Afrique du Sud en tant que représentant de l’association nationale. La dernière assemblée générale de l’Andeva a décidé de faire de ces questions une priorité pour combler le retard pris dans ce domaine. Juger et condamner tous les responsables de la catastrophe sanitaire continuer la lutte pour faire condamner les responsables d’Eternit après le verdict de la cour de cassation annulant toutes les poursuites contre le PDG suisse Schidheiny doit nous donner la force de persévérer, Aujourd’hui le but premier est la tenue rapide de ce procès, avant que tous les principaux responsables ne décèdent. Le second est que l’instruction ne se focalise pas sur des lampistes et que tous les responsables de ces maladies et de ces morts soient jugés : les employeurs et les industriels de l’amiante, mais aussi les représentants des pouvoirs publics et les lobbyistes du CPA qui ont été leurs complices. Solidarité internationale Le combat contre l’amiante ne connaît pas de frontières. Parce qu’il est humainement inacceptable que dans la majorité des pays du monde, l’amiante ne soit pas encore interdit. Parce que les multinationales de l’amiante font pression sur les Etats et sur la justice. Parce que chacun s’enrichit des lutteS et des acquis d’autres pays du monde. Pour l’Andeva, l’histoire de ces dernières années a été jalonnée de grands rendezvous internationaux. A Turin, Rome ou Casale en Italie pour le procès contre EternitAu Brésil ou en Belgique pour d’autres procès au civil contre Eternit. A Paris pour faire revenir l’ex Porteavion Clemenceau en route vers l’Inde pour être désossé par des « désamianteurs aux pieds nus ». A Genève pour exiger l’inscription de l’amiante chrysotile sur la liste des produits dangereux de la Convention de Rotterdam. A Bruxelles pour rencontrer des parlementaires européens. A Paris pour une journée internationale des victimes de l’amiante organisée par l’Andeva avec des scientifiques et des représentants des victimes du monde entier. 23 23 ADEVA NC La « carence fautive » de l’État français et du gouvernement calédonien reconnue à Nouméa Par un jugement du 11 décembre 2014 le tribunal administratif de Nouméa a condamné solidairement l’Etat français et le gouvernement calédonien à verser une indemnisation complémentaire à un ancien salarié de la Société Le Nickel (SLN) victime de l’amiante, déjà partiellement indemnisé par le tribunal du Travail de Nouméa. François Lafforgue, avocat de la victime, demandait que soient reconnues comme « carences fautives » l’absence de réglementation efficace sur la prévention dans la période d’exposition et l’absence d’indemnisation des victimes calédoniennes par le Fiva jusqu’à ce jour. Le tribunal a fait droit à la première demande, mais pas à la seconde, jugeant qu’il était « loisible » à la Nouvelle Calédonie « de ne pas mettre en place un dispositif d’indemnisation des victimes de l’amiante et de ne pas conclure une convention avec le Fiva ». La lutte pour que les victimes calédoniennes puissent être indemnisées de tous leurs préjudices par le Fiva continue. « La responsabilité de l’employeur ne doit pas être occultée » En mai 2009, une ordonnance de Nicolas Sarkozy a autorisé le Fiva à gérer l’indemnisation des victimes de l’amiante pour le compte de la Nouvelle Calédonie. Cinq années ont passé et les victimes calédoniennes ne sont toujours pas indemnisées par le Fiva. Victimes d’une double inégalité « Nous avons transmis 42 dossiers de victimes de l’amiante. Seuls deux retraités contaminés en métropole ont été indemnisés. Aucune victime calédonienne contaminée sur place ne l’a été, disait André Fabre le président de l’Adeva NC en septembre 2013 dans le Bulletin de l’Andeva. Il y a une double inégalité : entre les victimes de métropole que le Fiva indemnise et les victimes calédoniennes qu’il n’indemnise pas ; mais aussi chez les victimes calédoniennes entre les victimes professionnelles qui touchent au moins une indemnisation de la CAFAT [la Sécu calédonienne] et les victimes environnementales qui n’ont rien. C’est le résultat de l’omerta qui a régné sur l’amiante et l’industrie du Nickel.» 24 Une injustice reconnue par le médiateur de la République L’Adeva NC et l’Andeva sont intervenues à de multiples reprises pour demander que soit mis fin à cette discrimination. Quand il était médiateur de la République, Jean-Paul Delevoye, avait soutenu cette demande et écrit en ce sens au Président du Gouvernement calédonien, sans obtenir de résultat. Saisie par un adhérent de l’Adeva NC, la cour d’appel de Nouméa a refusé de transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). L’action d’une victime de l’amiante de la SLN C’est dans ce contexte particulier qu’il faut comprendre l’action devant le tribunal administratif de Nouméa. Elle a été engagée après l’envoi d’une lettre à l’Etat français et au gouvernement calédonien les mettant en demeure de débloquer l’indemnisation des victimes calédoniennes par le Fiva et les avertissant qu’en l’absence de réponse les juridictions administratives seraient saisies. La procédure a été engagée par une victime de la socité Le Nickel (SLN), partiellement indemnisée par la CAFAT pour sa maladie professionnelle. Elle a réclamé une réparation intégrale de ses préjudices à l’Etat français et au gouvernement calédonien en raison d’une double « carence fautive » : en matière de prévention des risques et en matière d’indemnisation par le Fiva. Condamnés solidairement Le tribunal a condamné « solidairement » l’Etat et la Nouvelle Calédonie à verser à la victime un million de francs CFP (8300 euros environ) et 150 000 francs CFP (1200 euros environ) en application du Code de justice administrative. Il a retenu la « carence fautive » en raison des « insuffisances » des administrations métropolitaines et calédoniennes en matière de prévention « au regard des risques courus par les travailleurs durant cette période ». En revanche il n’a pas suivi la demande de la victime et de l’Adeva NC sur le Fiva, en jugeant qu’il «était loisible à la Nouvelle Calédonie de faire le choix de ne pas mettre en place un dispositif d’indemnisation des victimes de l’amiante et de ne pas conclure une convention avec le Fiva ». La lutte pour que toutes les victimes calédoniennes soient indemnisées de tous leurs préjudices par le Fiva continue. La responsabilité de l’employeur La responsabilité des gouvernements est évidente, mais on ne saurait occulter celle de l’employeur. L’Adeva NC suit une cinquantaine de dossiers de salariés contaminés par la Société Le Nickel (SLN), filiale d’Eramet dont le siège est dans la Tour Montparnasse et dont les filiales (Comilog, Aubert et Duval) ont déjà été condamnées pour « faute inexcusable ». Sa responsabilité ne doit pas être oubliée, ni sa contribution financière réduite. POITOU - VIENNE - ARTOIS Deux nouvelles associations ont rejoint le combat de l’Andeva En 2014 se sont créées deux nouvelles associations locales : l’Association des fonderies du Poitou et de la Vienne (l’AFPA 86) et l’association de défense des victimes de l’amiante en Artois (ADEVARTOIS). Nous souhaitons la bienvenue à ces associations qui renforcent le combat des victimes de l’amiante ! L’AFPA 86 (fonderies du Poitou et de la Vienne) L’AFPA 86 a été créée en 2014. Cette association a pour objectif principal de regrouper les salariés, sous-traitants, intérimaires et retraités de cette fonderie et les personnes confrontées aux problèmes liés à l’amiante sur le département. Une demande est également en cours pour faire inscrire l’entreprise sur la liste ouvrant droit à l’ACAATA (allocation de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante). De façon plus générale, elle a pour objectif d’aider les personnes victimes de l’amiante dans leurs démarches, que ces malades de l’amiante aient travaillé dans la fonderie ou dans d’autres endroits. Elle représentera dorénavant l’Andeva sur le département de la Vienne. Elle a été créée à l’initiative d’une dizaine de salariés des Fonderies d’Ingrandessur-Vienne, à quelques kilomètres de Châtellerault, avec l’aide de l’ADEVA Centre. Ayant déjà bénéficié de formations, ils sont tous très motivés par le combat en faveur des victimes de l’amiante ; certains sont touchés par la maladie, ou connaissent un collègue qui a été touché. L’Association regroupe déjà près de 170 adhérents et tient des permanences régulièrement. Dès les premières permanences, les dossiers de maladies professionnelles ont « explosé ». En quelques semaines, ce sont 27 dossiers de personnes reconnues en maladies professionnelles, 16 qui sont en instance, 8 personnes avec des maladies pulmonaires dont le diagnostic reste à préciser... Et la liste malheureusement va s’allonger. Des personnes extérieures à l’usine ont aussi poussé la porte de la permanence pour y trouver aide et soutien. Permanences le 3ème lundi du mois au CE Fonderie du Poitou Fonte 06.46.29.96.72 [email protected] L’ADEVARTOIS (victimes de l’amiante en Artois) Basée dans le Pas-de-Calais à Hénin Beaumont, l’Adevartois a été créée à l’initiative de Lydie, dont le père est atteint d’un cancer de l’amiante. Il a travaillé longtemps avec un membre de l’Adeva Centre. Après une formation organisée par l’Andeva pour l’antenne de la Guerche-sur-l’Aubois, Lydie a décidé de créer une structure dédiée aux victimes de l’amiante sur son secteur. Pour prendre contact avec l’Adevartois, s’adresser au siège de l’Andeva qui transmettra. création du site Fivadirect Le Fiva a mis en place, un site Internet intitulé Fiva-direct. Il permet aux victimes d’avoir accès à un certain nombre d’informations sur le traitement de leur demande d’indemnisation, en se connectant avec un code confidentiel. Dans un premier temps, les informations auxquelles pourront accéder les victimes seront limitées à l’avancement du dossier : est-il bien complet ? Son instruction estelle en cours ? Une offre a-t-elle été faite ? Où en est le paiement ? Ce site est amené à évoluer. Dans le futur, les victimes et les ayants droit de victimes de l’amiante décédées pourront ainsi par exemple, savoir plus précisément, quelles sont les raisons pour lesquelles l’instruction de leur dossier bloque, et même faire parvenir par télétransmission des pièces qui seraient éventuellement manquantes. 25 LES CONSEILS DU DOCTEUR PRIVET « Le cancer du rein peut être d’origine professionnelle » Selon les derniers chiffres disponibles (année 2012), 11500 nouveaux cas de cancer du rein sont détectés par an, ce qui représente 3 % des cancers. Il se situe au 6ème rang des cancers chez l’homme et au 9ème rang chez la femme. Environ 4000 personnes meurent chaque année de cette maladie. Les hommes sont 2 fois plus touchés que les femmes. C’est un cancer qui survient surtout après 60 ans. Le nombre de nouveaux cas de cancer du rein augmente régulièrement chaque année. LES FACTEURS DE RISQUE lésions liées à l’amiante, permet régulièrement de détecter un cancer du rein qui ne s’est pas manifesté jusqu’alors par des signes cliniques, augmentant ainsi les chances de survie, puisque le traitement intervient très tôt. Il existe plusieurs facteurs de risque notables et parmi ceux-ci des facteurs de risque d’origine professionnelle. Nous n’avons pas de données sur la proportion de cancers du rein attribuables à une exposition professionnelle. Tumeur Le rein est un organe complexe Chaque rein est composé d’un million d’unités fonctionnelles appelés « néphrons » (voir schéma). Le néphron est composé du « glomérule » (une sorte de filtre) et du « tubule » (machine à trier), constitué par un long conduit (bout à bout, cela fait 70 km). Le glomérule filtre le plasma (il s’agit du sang débarrassé des globules qu’il contient), mais à l’état normal il ne laisse pas passer aussi les grosses molécules véhiculées dans le plasma comme l’albumine. Il filtre ainsi près de 200 litres par jour. Le tubule fait un tri et réinjecte dans le sang du liquide ainsi qu’un certain nombre de produits qui ont passé le filtre. Par ce système sont éliminés dans les urines un certain nombre de déchets, dont l’urée est le chef de file, ainsi que les toxiques 26 que l’organisme aura pu absorber. Le rein règle le volume de l’eau dans l’organisme et la teneur en sels, sachant que l’organisme est composé au 2/3 d’eau salée (chlorure de sodium) mais que d’autres molécules sont concernées comme le calcium, le potassium. LES PRODUITS SE RETROUVENT DANS LES URINES En matière de toxicologie et notamment de toxicologie industrielle, les produits absorbés par l’organisme se retrouvent dans les urines où l’on peut alors mesurer leur quantité et voir s’ils sont en quantité excessive. C’est le principe de base de la « surveillance biologique » en médecine du travail. Lors de leur passage certains toxiques vont provoquer des dégâts au niveau des structures qu’ils traversent et notamment des cancers. 80% des cancers du rein sont des adénocarcinomes On parle d’adénomes à cellules claires (ou tumeur de Grawitz). Ils se développent à partir du revêtement des tubules. Le cancer se manifeste au départ par du sang dans les urines, des douleurs lombaires ou l’apparition d’une masse dans la région lombaire. Mais un certain nombre est de découverte fortuite, à l’occasion d’examens d’imagerie médicale pratiqués pour d’autres raisons. un traitement chirurgical de la maladie Ce traitement consiste à ôter le rein malade, mais de plus en plus les chirurgiens essaient, dans la mesure du possible, d’enlever uniquement la tumeur en préservant la partie du rein qui reste saine. Le taux de survie à 5 ans après la détection du cancer est de 60 %. les facteurs extraprofessionnels Ce sont le tabac, l’obésité, l’hypertension artérielle, la dialyse (notamment rein artificiel) mise en œuvre parce que les reins ne fonctionnent plus, en raison d’une atteinte par d’autres maladies. le scanner, un bon outil de repérage lE FACTEUR DE RISQUE professionnel le PLUS IMPORTANT : LE TRICHLORéthylène La pratique du scanner thoracique, débordant sur l’abdomen (voir image ci-dessus), pour le dépistage des Le trichloréthylène fait partie de la famille des solvants chlorés, dont fait également partie le perchloréthylène Artère Glomérule Tubule Veine de toxicité comparable au trichloréthylène, utilisé par le passé pour le nettoyage à sec dans les pressings, mais objet d’une interdiction progressive depuis 2013. Le trichloréthylène a été abondamment utilisé par le passé comme dégraissant dans de multiples usages et notamment dans le dégraissage des métaux. Le trichloréthylène a été classé en 2012 par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), émanation de l’OMS (Organisation mondiale de la santé), comme un cancérogène avéré pour l’homme (groupe 1) à la suite d’une réévaluation des études épidémiologiques. La synthèse est disponible dans la monographie 106, accessible sur internet, mais en anglais. Une traduction est disponible au siège de l’ANDEVA. L’utilisation du trichloréthylène comme dégraissant devrait être rapidement abandonnée et substituée par des solvants moins dangereux dans le cadre de la réglementation des substances CMR (substances cancérogènes, mutagènes, Vers le bassinet et l’uretère toxiques pour la reproduction) intégrée dans le Code du travail (article R4412-59 et suivants). Les autres facteurs de risque de cancer identifiés sont l’arsenic, le plomb, le cadmium, les produits pétroliers et les hydrocarbures polycycliques aromatiques (émanation du goudron chauffé) LE lien entre cancer du rein et exposition à l’amiante Les fibres d’amiante inhalées et ingérées sont éliminées par les voies urinaires. On a trouvé des fibres dans les urines des travailleurs de l’amiante et des populations qui boivent de l’eau de distribution ayant traversé des terrains amiantifères. Plusieurs études estiment qu’il y a un lien entre cancer du rein et exposition à l’amiante. Malgré cela, le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) n’a pas intégré le cancer du rein dans sa réévaluation sur l’amiante et les sites de cancers autres que le poumon et la plèvre (monographie 100 C). Comment faire reconnaître un cancer du rein ? Le cancer du rein n’est pas mentionné dans les tableaux des maladies professionnelles, alors qu’il devrait l’être au moins pour l’exposition au trichloréthylène. Il convient donc de faire une démarche dans le système complémentaire, en soumettant le dossier au CRRMP (Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles),. Pour une maladie hors tableau, il n’y a pas de reconnaissance si le taux d’IPP prévisible est inférieur à 25 %. Si l’exposition au trichlo est l’exposition principale à faire valoir avec des preuves solides, il ne faut pas négliger les autres facteurs de risque professionnels, en insistant sur le fait que dans le cadre d’une multiexposition, les effets des différents toxiques s’additionnent et peuvent même se multiplier. Un certain nombre de cancers du rein ont déjà été reconnus par le système complémentaire. Le niveau d’indemnisation est plus aléatoire car le cancer du rein n’est pas prévu dans les barèmes des accidents du travail et des maladies professionnelles et qu’on ne saurait réduire les conséquences de ce cancer à une simple néphrectomie, suite à un accident du travail. L’indemnisation d’un cancer du rein devrait s’aligner par analogie sur celle d’un cancer du poumon ou d’une leucémie, dont le taux plancher est de 67 %. L.P. *** Le Tribunal des affaires de la Sécurité sociale (TASS) de Metz a reconnu la faute inexcusable de l’employeur pour un cancer du rein d’un salarié ayant travaillé dans le secteur des chemins de fer des Charbonnages de France. Marcel Nicolaus, le président de l’ADEVAT-MP de Saint Avold, qui défend ce dossier depuis 2008, souligne l’importance de cette gagnée de haute lutte : « Il a d’abord fallu démontrer l’origine professionnelle de ce cancer (les produits utilisés dans l’entreprise). Puis il a fallu contester le taux d’IPP attribué par le service médical (5% pour un cancer !) d’abord devant le tribunal du contentieux de l’incapacité (TCI) qui a accordé un taux de 30%, puis devant la Cour nationale de l’incapacité (CNITAAT) qui a confirmé les 30%. Puis il a fallu faire reconnaître la faute inexcusable de l’employeur. Six ans pour en arriver là... de tels délais sont révélateurs des difficultés pour faire reconnaître et indemniser les cancers professionnels. Un véritable parcours du combattant. » A.B. *** Le 5 décembre 2014, le TASS de Nantes a reconnu l’origine professionnelle de la maladie d’un docker décédé à 56 ans d’un cancer du rein et de la thyroïde. Il a estimé que la multi-exposition aux poussières et à des produits toxiques et cancérogènes chargés et déchargés dans le port de Nantes « a eu un rôle causal direct et essentiel dans la survenance de ses pathologies». Une première dans la profession. Le dossier était défendu par l’Association pour la protection de la santé au travail des métiers portuaires. A.B. 27 UN FORUM SANTÉ DANS LA CAPITALE DU NORD COTENTIN POURQUOI CE FORUM ? Accompagner au jour le jour une personne gravement malade n’est pas chose facile. L’arrivée d’un cancer a souvent d’importantes conséquences sur la vie familiale. Ceux qu’on appelle les « aidants familiaux » sont en première ligne : ils encaissent des chocs émotionnels douloureux, ils gèrent des rapports parfois difficiles avec les médecins, résolvent une multitude de problèmes matériels et administratifs. Un parcours qui peut être épuisant si l’on ne reçoit ni soutien psychologique ni aide matérielle. Des bénévoles aussi, confrontés aux souffrances physiques et morales des victimes et des familles peuvent être déstabilisés. A partir de ce constat, la ville de Cherbourg a eu la bonne idée de créer ce forum Santé. Forte d’une expérience dans ce domaine qui remonte à 2008, l’Adeva Cherbourg a participé aux débats. 28 Ce soir là, à l’Hôtel de ville de Cherbourg, quatre femmes : épouses, filles et mères de victimes - sont venues témoigner. Elles ont relaté quatre expériences vécues, difficiles et douloureuses, d’accompagnement de proches dans la maladie et parfois jusqu’à la fin de vie. Elles ont aussi raconté comment elles avaient trouvé la force de faire face à des situations dures et complexes et de surmonter des difficultés dont certaines se poursuivent encore aujourd’hui. Chantal, bénévole de l’Adeva Cherbourg, était l’une d’elles. CHANTAL, VEUVE DE L’AMIANTE « Quand on est plongé dans la maladie d’un proche, il est trop tôt pour échanger sur ce que l’on ressent. Cela vient plus tard. » Chantal a toujours accompagné son mari, depuis le dépistage d’une maladie bénigne liée à l’amiante en 2004 jusqu’à son décès d’un mésothéliome en 2009.Durant les quatre mois qui ont précédé le décès, Chantal, ancienne infirmière, a décidé en accord avec son mari d’assumer seule son accompagnement dans la maladie, et ce jusqu’à la fin. Après le décès de son mari, Chantal s’est engagée auprès de la maison des usagers de l’hôpital du Cotentin. Mais elle ne s’y est pas sentie aussi utile qu’elle l’aurait pensé. C’est en se remémorant sa propre expérience d’accompagnante qu’elle a compris pourquoi Lorsqu’on doit gérer au jour le jour la maladie grave d’un proche, lorsqu’on est plongé corps et âme dans le drame et dans l’urgence, on n’est pas prêt à parler, à échanger. C’est trop tôt, il y a trop à faire, trop de décisions à prendre. Impossible de trouver en soi le recul nécessaire à l’analyse. Pour elle, ce n’est donc pas à l’hôpital que la parole des accompagnants arrivera à se libérer, et que ceux-ci parviendront à entamer le bilan intérieur de ce qu’ils ont vécu, mais plus tard, et dans un cadre plus neutre. Voilà pourquoi elle s’est engagée dans le projet dirigé par la psychologue Maguy Vrignaud. MAGUY VRIGNAUD, PSYCHOLOGUE « Je fais circuler la parole. Le but est que les participants partagent leurs expériences et se soutiennent réciproquement » Maguy Vrignaud est psychologue. Elle a été détachée à l’Adeva Cherbourg par l’Hôpital du NordCotentin. Une fois par mois, elle prend en charge un groupe de parole dans les locaux de l’Adeva. Elle nous explique le pourquoi et le comment de ces échanges collectifs. Comment ce projet a-t ‘il vu le jour ? Tout est venu de la convention passée entre l’Adeva Cherbourg et l’hôpital Pasteur. Suite à cela, un premier cycle de groupes des paroles a démarré en 2008. L’idée motrice était d’apporter un soutien psychologique groupal aux personnes endeuillées. Ce groupe a pris fin car les participants étaient davantage demandeurs d’un accompagnement individuel afin d’approfondir certaines problématiques. Aujourd’hui encore, je viens à l’Adeva une matinée par mois pour rencontrer individuellement les gens qui le souhaitent. J’ai également la possibilité de recevoir ces personnes à l’hôpital. L’idée des groupes de paroles a été relancée très récemment, en 2014. Cette fois ci, la demande est venue des secrétaires de l’association qui ont perçu une demande d’accompagnement groupal et ont répertorié la liste des personnes souhaitant participer à un groupe.. Comment cela se passe-t-il concrètement ? Nous avons constitué un groupe d’une dizaine de personnes intéressées par ce type d’accompagnement. Ils ne sont pas tous présents à chaque réunion mais en ont la possibilité. Le groupe se réunit une fois par mois dans la salle de l’Adeva. Les réunions sont très libres. Comment définiriez-vous votre rôle ? Je suis chargée d’encadrer et d’animer le groupe mais je m’interdis d’être trop dirigiste. L’objectif est que ce soient les participants qui s’apportent un soutien mutuel. D’ailleurs, les sujets de conversations sont choisis par les participants eux-mêmes. Ensuite, je m’efforce de faire circuler la parole entre eux. J’essaye également de faire en sorte que tout le monde puisse bénéficier d’un espace de parole, même s’il n’y a aucune obligation. Celui ou celle qui ne se sent pas capable d’intervenir, que ce soit par timidité ou parce que l’émotion du moment est trop forte, ne doit pas être poussé à le faire. Le but est de faire en sorte que les participants partagent leurs expériences et se soutiennent réciproquement. Forment-ils un groupe homogène ? Non, et c’est tout l’intérêt. Certains sont endeuillés depuis plusieurs années, d’autres depuis quelques mois seulement.. Du coup, ceux qui ont du recul apportent de l’espoir aux autres en leur montrant qu’il y a une issue à la souffrance et qu’eux aussi parviendront, avec le temps, à retrouver le goût de la vie et des plaisirs simples. Par ailleurs, le fait de se découvrir tant de points communs, tant de similitudes dans leurs parcours respectifs les fait se sentir moins seuls. Même si chacun vit son deuil d’une manière différente… En effet. Pour certains, ce sera plus long et pénible que pour d’autres. Certains vont demeurer longtemps dans la culpabilité du survivant, pendant que d’autres vont plus rapidement s’autoriser de petits moments de bonheur. Je me souviens d’un couple qui avait pour projet de vendre sa maison et de s’installer en appartement. Lorsque le monsieur est mort peu de temps après, sa femme a continué ce projet et quitté la maison car elle ne pouvait pas rester dans ce lieu trop chargé affectivement. Au contraire, d’autres vont conserver les lieux presque en état. Ils vont jusqu’à laisser la veste du conjoint disparu au porte-manteau, ou conserver sa voix sur un répondeur, car cela leur donne l’impression qu’il est toujours présent. Tous les cas sont différents, même si, au final, il faudra bien « laisser partir » celui qui n’est plus là. L’ADEVA CHERBOURG Elle recense plus de 1300 adhérents. Deux salariées y travaillent et une dizaine de bénévoles Elle s’est créée en 1996. Elle a été lontemps présidée par Didier Sayavera. Didier était aussi membre du conseil d’administration, puis du Bureau de l’Andeva et a représenté la CGT au conseil d’administration du Fiva. Il nous a quittés en 2012, emporté par une grave maladie. Le domaine de l’aide aux accompagnants et aux aidants n’est pas un sujet nouveau pour l’association. Dès 2008, elle débutait une collaboration avec une psychologue de l’hôpital Pasteur et inaugurait un groupe de parole pour les conjoints de victimes décédées de l’amiante. Sa légimité dans ce domaine est ancienne. Elle s’est traduite par la tenue d’un stand et par la participation de Chantal, bénévole de l’Andeva au débat organisé le 24 novembre à l’Hôtel de ville. Si l’Adeva Cherbourg n’a pas initié ce projet de forum, elle s’y est largement impliquée car elle y avait toute sa place. 29 L’INSERM ANNONCE UN NOUVEL OUTIL DE REPÉRAGE PRÉCOCE DES CANCERS LA TECHNIQUE ET L’ETHIQUE PAUL HOFMAN (CHU de NICE) L’INSERM a annoncé le 31 octobre qu’une équipe de chercheurs dirigée par Paul Hofman, (Unité 1081/Université de Nice) venait de faire « une avancée significative dans le domaine du diagnostic précoce des cancers invasifs ». Il indique qu’un test sanguin permet de repérer des cellules cancéreuses circulantes chez des personnes à risque de développer un cancer du poumon , et cela « plusieurs mois et dans certains cas plusieurs années avant que le cancer ne devienne détectable par scanner », ce qui devrait faciliter une « éradication précoce de la localisation primitive du cancer ». « Cette technique est très prometteuse, mais nous devons rester prudents » Face à une telle annonce une association comme l’Andeva est toujours partagée entre l’espoir d’une avancée médicale majeure et le souci de ne pas donner de fausses joies. Merci à Paul Hofman d’avoir accepté de présenter ses travaux dans le Bulletin de l’Andeva et de nous livrer son point de vue sur l’intérêt mais aussi sur les problèmes éthiques que peut soulever cet outil de diagnostic ultra-précoce du cancer bronchopulmonaire 30 30 Votre équipe de l’INSERM a réalisé une étude sur la détection précoce du cancer broncho-pulmonaire en partenariat avec une société privée. Paul HOFMAN : Des études chez l’animal ont montré que les tumeurs invasive diffusent dans le sang des cellules cancéreuses depuis les toutes premières étapes de leur formation. Nous avons utilisé la méthode ISET 1 pour isoler et analyser ces « cellules sentinelles » circulantes avant même que la tumeur ne soit détectable au scanner. Ces cellules sont rares. Elles partent de la tumeur primitive et reviennent s’y nicher. Comment fait-on pour isoler ces cellules ? PH : On prélève dix centimètres cubes de sang qu’on fait passer sur un filtre en polycarbonate à pression négative. Ce filtre laisse passer les globules blancs et retient les cellules cancéreuses dont la taille est plus importante. C’est comme si l’on passait un mélange de sable et de graviers sur un tamis qui ne retiendrait que les graviers. Puis on colore ces cellules pour en faire une analyse cytologique et morphologique en microscopie optique. La filtration doit avoir lieu deux à trois heures après la prise de sang. Les résultats sont disponibles une demi-heure après. Cette méthode est simple, spécifique et sensible. Ce test sanguin est déjà ancien. Oui, les premiers travaux ont été publiés en 2000, à l’initiative d’une unité de l’INSERM. Un litige sur les L’étude et ses résultats Un article paru dans la revue Plos one d’octobre 2014 donne les informations suivantes : L’étude réalisée a commencé en 2008 dans le cadre d’une expérimentation clinique. Elle a porté sur 245 gros fumeurs dont 168 étaient atteints d’une BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive). Ils ont subi tous les ans un test sanguin ISET (Isolation by SizE of Tumor cells) et un scanner. 5 cancers broncho-pulmonaires ont été repérés par ce test chez les patients atteints d’une BPCO, plusieurs mois, voire de 1 à 4 ans avant que la tumeur ne soit visible au scanner. Tous ont ètè opérés à un stade précoce. Aucun n’a fait jusqu’à présent de récidive. Aucun cas de cancer n’a été repéré chez les personnes dont le test sanguin avait donné un résultat négatif. brevets avec une première société privée a retardé sa mise en oeuvre. Comment ont été recrutés les participants à cette étude ? Nous avons choisi une population à haut risque de cancer, avec des sujets qui ont à la fois une broncho-pneumopathie chronique obstructive sévère et un tabagisme important. Quel est le coût de ce test ? Quelques centaines d’euros. Il est commercialisé par la société Rarecells Diagnostics. Je précise que ni moi ni aucun membre de notre famille n’avons d’intérêts dans cette société. Quel est le bénéfice médical de ce repérage précoce ? Seuls 15% des cancers bronchopulmonaires sont diagnostiqués à un stade de maladie localisée. Les 5 cancers bronchopulmonaires repérés par ce test et confirmés ultérieure- Un prélèvement pour recueillir 10 cc de sang ment par un scanner ont été opérés à un stade précoce, sans récidive à ce jour. Mais tous les cancers bronchopulmonaires ne sont pas opérables. Effectivement. Les cancers à petites cellules (15% des cas) sont chimiosensibles et se traitent pas chimiothérapie. Pour les autres (85%) une opération peut être envisagée s’ils sont détectés assez tôt. Sur quels critères avezvous choisi la périodicité des examens (une prise de sang et un scanner par an) ? Nous avons consulté des radiologues. Nous avions le souci de limiter l’irradiation et d’avoir un rapport coûtbénéfice acceptable. Notre démarche a été assez empirique. La méthode ISET peut repèrer des cellules cancéreuses circulantes. Permet-elle d’identifier la nature d’un cancer ? Cela dépend du type de cancer et de la fiabilité des marqueurs. Pour le mélanome malin par exemple, il y a des marqueurs très spécifiques. mais ce n’est pas le cas pour tous les cancers. Pour le cancer bronchopulmonaire il n’y a pas de marqueur avéré, mais on sait que la probabilité est très forte quand on associe tabagisme et BPCO. Une filtration pour isoler les cellules cancéreuses Pour affiner le diagnostic de certains cancers on utilise plusieurs marqueurs. Des recherches sur les signatures génomiques sont également en cours. Cette étude permet-elle d’exclure l’éventualité de faux positifs (repérage de cancers inexistants) ou de faux négatifs (cancers non repérés) ? Non. Cette technique nécessite une analyse morphologique très fine. En 2011, nous avons mené une étude comparative des observations d’une dizaine de chercheurs. Les variations entre opérateurs étaient faibles. En fait, la fiabilité. des observations dépend beaucoup de l’expérience de l’opérateur. Pour 163 personnes ayant une BPCO, les tests ont été négatifs Peut-on en conclure qu’elle n’auront jamais de cancer ? Non, le test nous renseigne sur la situation à un moment donné, mais ne permet pas de prédire l’avenir. Votre étude a-t-elle une puissance statistique suffisante pour qu’il soit possible d’en tirer des conclusions définitives ? 100% des patients ayant eu un test positif ont développé un cancer du pourmon. Ces résultats sont prometteurs, mais à ce stade nous devons rester très prudents. Une observation de ces cellules restées à la surface du filtre Il serait prématuré, à partir du cas de ces 5 patients, d’en conclure aujourd’hui que cette méthode a une valeur prédictive de 100%. Nous souhaitons étendre la cohorte à un plus grand nombre de personnes. Le test sanguin a permis de détecter des cellules cancéreuses plusieurs années avant qu’elles ne soient visibles et localisables au scanner. L’annonce d’un tel résultat ne risque-t-elle pas d’avoir des effets anxiogènes majeurs ? Elle peut effectivement bouleverser la vie de la personne qui la reçoit et lui donner l’impression qu’elle vit désormais sous une épée de Damoclès. Il est important de rappeler que nous sommes ici dans le cadre strictement défini d’un protocole de recherche clinique, avec consentement éclairé des participants. Ils savent à l’avance qu’ils auront une prise de sang et un scanner par an et qu’ils ne seront pas informés des résultats des tests sanguins. Si le scanner repère un nodule, il sera surveillé pour voir si sa taille évolue. Si le diagnostic de cancer est posé, le patient sera pris en charge. C’est une question éthique qui doit être traitée avec une grande vigilance. J’ai une formation initiale d’oncologue. Je connais par expérience la vulnérabilité des patients à qui l’on promet des remèdes-miracles. Pour nous, chercheurs, il y a une juste balance à trouver entre l’enthousiasme et la frilosité. Nous devons rester prudents et faire attention aux messages publics qui sont délivrés. L’éthique doit prévaloir sur la logique commerciale. 31 31 selon des ingénieurs de la ville de paris Prévention du risque Plus du tiers des chaussées de la capitale contiendraient de l’amiante AMIANTE Remise à jour de la liste des produits et des fournisseurs L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) a établi une liste de produits et de matériaux contenant de l’amiante (note ED 1475). Destinée aux professionnels du BTP susceptibles d’y être confrontés (entretien, maintenance, rénovation ou démolition), elle peut aussi être utile aux associations ou aux médecins du travail qui recherchent des expositions professionnelles passées. Elle a fait l’objet d’une remise à jour en novembre 2014. La première édition n’était basée que sur des informations fournies par des fabricants et des distributeurs. La seconde les complète à partir de documents divers (fiches de données de sécurité, notices techniques, bulletins d’analyse des labos spécialisés). Des mises à jour régulières sont prévues Ce document de 6 pages indique la dénomination commerciale, le nom du fournisseur, le type d’utilisation et - chaque fois que possible - la nature de l’amiante utilisé. Des remises à jour périodiques sont annoncées. Il s’agit d’un outil utile, à condition de bien garder à l’esprit qu’une telle liste ne pourra jamais être exhaustive : L’absence d’un produit ou d’un matériau ne peut en aucun cas être considérée comme une preuve qu’il ne contient pas d’amiante. La dernière éditionn n’existe que sous forme de fichier informatique, téléchargeable sur le site de l’INRS (recherche par mots-clés : «ED» et «1475» ou par le titre « amiante, les produits, les fournisseurs »). 32 L’information est relatée par Le Moniteur du Bâtiment et des Travaux publics : dans 39 % des enrobés routiers de Paris a été inorporé de l’amiante pour renforcer la résistance des couches de roulement. Il y en a dans les enrobés sur des chaussées pavées ainsi que les granulats réputés « sans amiante ». Le travail à l’humide est une précaution indispensable 39% des voies à Paris intra-muros « Sur près de 1 000 sondages que nous avons réalisés sur des chaussées en enrobés bitumineux dans Paris intra-muros et sur le périphérique, 39 % ont révélé la présence d’amiante, ce qui est énorme. », explique au Moniteur Damien Balland, chef du laboratoire d’essais des matériaux à la direction de la voirie et des déplacements (DVD) de la Ville de Paris. L’’amiante était utilisé pour renforcer la tenue à la fatigue des couches de roulement. 836 000 mètres carrés « L’amiante de type chrysotile était incorporé, à l’échelle industrielle, dans les enrobés Compoflex et Médiflex (à hauteur de 1 %), mis en oeuvre sur les chaussées pavées entre 1978 et 1994 ». La surface totale concernée est estimée à 836 000 mètres carrés. Une autre variété d’amiante, plus dangereuse encore (l’actinolite) « a été découverte par hasard, en septembre 2013, dans les granulats de certains revêtements... qui étaient réputés non amiantés. Des investigations sont menées actuellement par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) pour connaître l’origine exacte de cette fibre naturelle », indique Daniel Balland. Les ingénieurs de la Ville de Paris préconisent le travail à l’humide lors des chantiers de voirie, pour limiter l’empoussièrement. Il existe pour cela des dispositifs d’arrosage et de brumisation utilisables lors des opérations de déconstruction totale ou de décroutage de la chaussée, de fraisage de la couche de roulement et du sciage de l’enrobé pour une tranchée. BORDEAUX Où vont aller les 20 tonnes d’amiante de la Jeanne d’Arc et du Colbert ? AU 1er JUILLET 2015 La valeur limite en milieu de travail doit être divisée par 10 En application du décret du 4 mai 2012, la valeur limite d’exposition professionnelle (VLEP) devrait passer dans quelques mois de 100 fibres d’amiante par litre d’air à 10 fibres par litre. L’Andeva demande au gouvernement de ne pas différer la mise en oeuvre d’une mesure préconisée par l’Agence de Sécurité sanitaire depuis 2009. DÉSAMIANTAGE DES HLM La Montagne accouche d’une souris Pour démanteler la Jeanne d’Arc et le Colbert il faut d’abord éliminer les 20 tonnes d’amiante présentes sur ces deux navires. Les opérations commencent en 2015. Une filiale de Veolia assurera le désamiantage, une autre le démantèlement. Il est prévu d’enfouir les déchets amiantés en décharge de classe 1. L’association « Allo Amiante » alerte les députés et sénateurs de Gironde L’association s’étonne que l’enfouissement des déchets amiantés ait été choisi, « alors que le port de Bassens ne se trouve qu’à une centaine de kilomètres de la torche à plasma de la société Inertam, à Morcenx (Landes), la seule qui assure en France l’élimination définitive de ce qu’il convient d’appeler un poison ». Georges Arnaudeau, le président d’Allo Amiante, a alerté les députés et sénateurs de Gironde. Deux d’entre eux ont indiqué qu’ils avaient demandé des explications à Véolia et qu’ils informeraient Allo Amiante Du point de vue de la toxicité, il y a une nette différence entre l’amiante enfoui qui reste un cancérogène et l’amiante vitrifié qui est un matériau inerte et réutilisable. Mais l’enfouissement coûte 150 euros la tonne, l’inertisation par torche à plasma coûte 1500 euros, soit dix fois plus ! Veolia dit que le choix définitif n’a pas été fait, mais tout indique que c’est l’enfouissement sera choisi. D’autant qu’à Lapouyade existe un centre d’enfouissement géré par Véolia. Georges Arnaudeau souligne les limites de la méthode d’en- fouissement : « Les fibres d’amiante sont toujours présentes et pourront réapparaître lors d’excavations ultérieures. Nous comprenons les contingences économiques, mais un chantier comme celuici, traitant des navires de la Marine nationale, se doit d’être exemplaire.» Le chantier Veolia devrait s’achever en mai 2017. La facture (hors taxes) du chantier sur les deux navires est de 11,5 millions d’euros pour Veolia qui annonce plus de 90 % de matériaux recyclés. Il s’agit principalement de ferrailles qui seront acheminées par voie maritime dans des aciéries du Pays basque. Le désamiantage est devenu un problème majeur dans les HLM. Le ministre du logement a annoncé l’attribution d’un prêt « amiante » à taux bonifié pour les travaux de rénovation. Mais ce prêt est plafonné à 10 000 euros par logement (la plupart des travaux de désamiantage dans un appartement coûtent au moins le double) et il ne pourra bénéficier qu’à 40 000 logements par an. On est loin du compte. LOI DE SANTÉ PUBLIQUE L’Andeva auditionnée Le 9 décembre, une délégation de l’Andeva a été auditionnée par les rapporteurs du projet de loi relatif à la Santé. Elle a insisté sur l’importance de la prévention du risque amiante dans les immeubles bâtis et notamment du repérage de l’amiante en place. Elle a demandé que données des dossiers techniques amiante soient mis en ligne sur Internet et accessibles aux occupants et aux intervenants. OPPBTP Campagne de mesures sur les chantiers L’Office professionnel de prévention du BTP va établir une cartographie des niveaux d’empoussièrement en fibres d’amiante pour divers processus de travail de courte durée. Le but est d’’aider à l’évaluation des risques par les employeurs. Ces mesures devraient concerner entre 400 et 800 chantiers. 33 AMIANTE à la Tour Montparnasse L’Andeva dépose plainte contre l’« expert » de la copropriété pour diffusion de fausses informations Le seuil réglementaire de 5 fibres d’amiante par litre d’air ayant été dépassé pas moins de 72 fois au sein de la Tour Montparnasse sur une période de trois ans et demi, le préfet avait ordonné le 13 août 2013 la réalisation d’une « expertise indépendante » visant notamment à « vérifier l’hypothèse d’émission de fibres d’amiante par les gaines verticales ». Les copropriétaires l’avaient confiée à André Jacq, gérant de plusieurs sociétés intervenant dans le secteur de l’amiante pour les diagnostics, la formation et l’ingénierie. Ce dernier avait affirmé que les gaines de désenfumage ne contenaient pas de produit amianté. Mais, quand le Dossier technique amiante a prouvé le contraire, il a soutenu publiquement que ces informations étaient connues de longue date. « On ne peut accepter de privilégier les copropriétaires au détriment de la santé des occupants » Pour l’ « expert » des co-propriétaires, les gaines de désenfumage n’étaient pas une « source de pollution » mais un simple «vecteur de transfert» Le Dossier Technique Amiante (DTA) réfute totalement ces affirmations : les gaines de désenfumage contiennent bien des produits amiantés. Dans son rapport remis en janvier 2014, André Jacq avait considéré - sans faire la vérification - que les gaines de désenfumage ne contenaient pas de produit amianté et exclu en conséquence qu’elles puissent être une « source d’émission » de pollution. La mise à jour du dossier technique amiante (DTA) exigée par le préfet a été remise à la mi-novembre. Réalisée par la société STM, elle a infirmé les hypothèses fondant le rapport d’André Jacq : les gaines de désenfumage contiennent de l’amiante (pas seulement sous forme de poussières, mais de produits amiantés) et sont donc une source potentielle d’émission de pollution. Il affirmait qu’elles n’étaient qu’un « vecteur de transfert » de pollutions et que les pollutions constatées étaient dues à une mauvaise organisation des chantiers de désamiantage. Cela lui permettait de conclure, comme le souhaitaient les copropriétaires, qu’il n’y avait pas besoin d’évacuer la Tour Montparnasse pour la désamianter et qu’on pouvait la maintenir en fonctionnement sans risque pour les occupants. 34 « Rien de nouveau » sous le soleil ? Réagissant à cette information donnée par Le Figaro le 5 décembre, André Jacq, devenu conseil des copropriétaires, a déclaré dans une dépêche AFP du 8 décembre : « Il n’y a rien de nouveau et l’évacuation n’est pas du tout une question qui se pose » En finir avec les conflits d’intérêts Une délégation de salariés de la Tour à la manifestation de l’Andeva du 11 octobre 2014 « Si on parle précisément des gaines de désenfumage, les informations qui sont portées dans ce rapport sont des informations qui sont connues depuis 2010. La mise en forme précise dans le DTA qui va être remis ce mercredi à la préfecture ne fait que formaliser cette connaissance » Or ceci est entièrement faux ! La présence de matériau amianté dans les gaines de désenfumage est bien une information nouvelle qui contredit ce qu’André Jacq avait luimême déclaré il y a un an. N’écrivait-il pas dans son rapport d’expertise de janvier 2014 que « les gaines d’air verticales de désenfumage par opposition aux gaines techniques ne contiennent pas selon les sources du DTA d’amiante dans leur constitution » ? N’avait-il pas déclaré dans le Parisien, en décembre 2013 que « les gaines ont été souillées mais ne contiennent pas en elles-mêmes de produits amiantés » ? La diffusion de fausses informations est punie par la Loi La présence de matériau amianté dans les gaines de désenfumage est aussi une information essentielle qui change le diagnostic sur les mesures à mettre en œuvre et repose la question de l’évacuation de la tour. La diffusion de fausses informations en cette matière en invoquant le titre d’« expert », est extrêmement grave. L’Andeva a donc décidé de porter plainte contre André Jacq pour cette diffusion de fausses informations : il s’agit du délit de « diffusion de fausses nouvelles » prévu par l’article 27 de la loi du 29 juillet 1881. L’Andeva ne peut accepter qu’on continue à exposer des milliers de salariés dans la Tour Montparnasse sur la base de recommandations d’un « expert » qui travestit la réalité du risque dans le bâtiment et conforte le choix aberrant des copropriétaires : un désamiantage par petits bouts en présence des salariés qui conduit à des pollutions récurrentes des locaux. Elle ne peut accepter qu’on privilégie les intérêts des propriétaires au détriment de l’exposition et de la santé des occupants. Des activités à professionnaliser et moraliser Au delà du cas de la Tour Montparnasse, l’Andeva souhaite alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de professionnaliser et de moraliser les professions liées au repérage, à l’évaluation des risques et aux préconisations de traitement de l’amiante dans les bâtiments. Cette tour n’est malheureusement pas un cas isolé : la prévention du risque amiante dans les bâtiments pâtit de l’absence de contrôle réel de la compétence et l’indépendance des acteurs en charge de ces tâches. Le Code de la construction et de l’habitation prévoit que la personne qui assure le repérage ne doit avoir aucun lien ni avec le propriétaire, ni avec les entreprises pouvant réaliser des travaux (article L 271-6). Jusqu’en 2011, une troisième condition était incluse dans le Code de la santé publique : l’entreprise assurant le repérage/ diagnostic « ne doit avoir aucun lien de nature à porter atteinte à son impartialité et à son indépendance avec une entreprise susceptible d’organiser des travaux de retrait ou de confinement des matériaux et produits contenant de l’amiante » (article R1334-29) Il était donc interdit à une même personne de faire un repérage/ diagnostic et de d’organiser des travaux. Cette disposition a été effacée par le décret du 3 juin 2011 sur « la protection de la population contre les risques sanitaires liés à une exposition à l’amiante dans les immeubles bâtis ». L’article R1334-29 du code de la Santé publique a été remplacé sans information ni explication par l’article R1334-23 où ne figure plus cette condition. La réglementation devrait continuer à interdire explicitement à la même personne de faire du repérage/diagnostic et de la maîtrise d’oeuvre. Ces fonctions doivent être considérées comme strictement incompatibles (on ne saurait être à la fois juge et partie). Une lavcune sur un point aussi important dans la réglementation risque d’ouvrir la porte à toutes les dérives. 35 LES FORMATIONS DE L’ANDEVA VINCENNES Martigues Faire reconnaître une maladie L’Adevimap de Martigues a reçu 15 personnes dans ses locaux, les 6 et 7 novembre 2014, pour une formation sur la reconnaissance des maladies professionnelles liées à l’amiante. Une salariée de la Communauté de communes, trois personnes de SOS amiante cheminots de Marseille et un membre de la CMCAS (EDF/GDF) de Toulon étaient présents. Certains des participants avaient déjà une solide expérience, d’autres débutaient et souhaitaient s’engager plus activement dans les permanences et la gestion des dossiers. Les exposés de Christine Preschner et Alain Bobbio, accompagnés de diaporamas et d’exercices leur ont donné des bases. Il reste à consolider ces connaissances par la pratique, d’abord en tandem avec des bénévoles expérimentés puis seuls, avec l’aide des nombreux documents distribués dans cette formation, qui ont été conçus comme de véritables outils de travail. 36 Deux journées sur la prévention du risque amiante « C’était une première pour l’Andeva. Ce fut un succès » 50 stagiaires représentant 18 associations locales s’étaient inscrits. Sans compter les invités : un employé communal de la MNFCT, deux élus CGT d’un CHSCT de la RATP. et un syndicaliste retraité des transports de l’Abeva (Belgique) Cette session avait été préparée par un travail collectif minutieux de la commission prévention de l’Andeva, qui s’est créée en 2009. La session a débuté par deux brefs rappels sur les pathologies et l’histoire de l’amiante présentés par Georges Arnaudeau (Allo Amiante). Elle s’est poursui- vie par un exposé de Pierre Bernardini (Addeva 93) sur l’amiante dans le logement social HLM qui a provoqué de nombreuses questions dans l’auditoire. Didier Faure (Addeva 93), avec sa double expérience de professionnel du BTP et de victime, a présenté les diverses obligations réglementaires en matière de diagnostic amiante selon les situations (dans les parties communes ou privatives d’un immeuble, avant une vente ou avant des travaux...). Puis il a brossé un tableau simplifié de la réglementation amiante en France, exercice difficile lorsqu’on sait que près de 2000 pages de textes sont parues au journal officiel. Cette première journée bien remplie s’est conclue par deux exposés d’Alain Lenormand (Adeva Cherbourg), ancien chimiste EDF : sur la collecte des déchets et sur les techniques actuelles de transformation de l’amiante en matériau inerte et sans danger. Maurice Pierron (Cerader 24) a évoqué les actions menées en Dordogne par son association qui est intervenue auprès des autorités pour qu’une nouvelle déchetterie accueille l’amiante dans de bonnes DUNKERQUE Formation sur le FiVA conditions de sécurité et a même assuré une formation des salariés concernés au risque amiante. Comme à chaque fois qu’une formation se tient à Vincennes, une soirée conviviale a été organisée avec une promenade nocturne sur un bateau restaurant où les stagiaires ont pu admirer les principaux monuments parisiens. Le lendemain, Alain Bobbio (Addeva 93 et Andeva) a évoqué le droit d’alerte et de retrait, les actions en justice pour mise en danger d’autrui, dans lesquelles une association locale peut être partie civile. L’intervention d’un militant CGT de la RATP a montré ce que pouvait obtenir un CHSCT actif dans une entreprise. Alain Bobbio a aussi présenté l’état et les insuffisances de la législation sur la valeur limite d’exposition professionnelle et le seuil de gestion de l’amiante dans les bâtiments. La dernière partie du stage était consacrée aux expériences locales menées dans les différentes régions par des associations du réseau. Ce fut l’occasion de mettre en lumière la diversité des problèmes qui sont posés aux militants à travers des dossiers aussi différents que celui de l’installation d’une grande surface sur un site Eternit à Vernouil- let, des dalles de vinyleamiante dans une école ou de la déconstruction de l’usine CMMP d’Aulnaysous-Bois, sous confinement extérieur global . Ce fut aussi pour les stagiaires eux-mêmes l’occasion d’exposer la nature des problèmes rencontrés dans leurs régions et la manière dont ils s’efforcent d’y répondre. De l’avis général, ces deux journées furent extrêmement profitables. Elles constituent une base de travail solide qui va fournir aux associations locales des outils d’intervention et de formation des bénévoles à ces problématiques parfois mal connues. L’apport des invités Une clé du succès de cette formation est d’avoir trouvé un équilibre entre transmission de connaissances et échanges d’expériences. Le capital d’expériences accumulées des associations de l’Andeva mais aussi par des invités était impressionnante. Yannick Lapergue a présenté une analyse fouillée de la stratégie mise en oeuvre par des militants CGT élus dans les CHSCT de la RATP qui ont su à la fois utiliser les prérogatives classiques de cette instance (droit d’alerte, enquête, expertises, réunions extraordinaires), mais aussi toutes les ressources des actions judiciaires telles que la mise en danger d’autrui. Jean-Pierre Fumière, retraité de la STIB (société belge de transports en commun) a montré ce que pouvait faire un syndicalisme pêchu pour faire avancer le recensement et le suivi des salariés exposés, l’enregistrement des expositions, l’efficacité des masques, la sécurité des chantiers de désamiantage... dans un contexte souvent marqué par le déni du risque et la répression des lanceurs d’alerte. Une formation sur le FIVA s’est tenue les 16 et 17 décembre 2014 au siège de l’Ardeva Nord - Pas-de-Calais à Dunkerque. Les bénévoles qui assurent les permanences de Dunkerque, Calais, Gravelines, Mazingarbe, Grand Fort Philippe et Hazebrouck étaient là. Pierre Pluta, président de l’Ardeva et de l’Andeva, Laétitia qui coordonne les permanences et Dominique étaient aussi présents. L’Ardeva maîtrise bien la préparation des dossiers FIVA (victimes et ayants-droit). La formation a permis d’approfondir la compréhension et la vérification des offres du FIVA aux victimes ou aux ayants droit. Les participants ont travaillé sur plusieurs questions : Comment calculer le montant de l’indemnisation en fonction des barèmes du Fiva, à partir de la première constatation médicale de la maladie ? Que faire si le Fiva prend du retard pour l’envoi des offres? Quels critères pour contester avec nos avocats une offre du Fiva, devant une cour d’appel ? La formation s’est déroulée dans une ambiance animée et très amicale. Le travail en commun d’une équipe soudée est toujours très joyeux. Deux autres formations FIVA sont prévues à l’Adeva Centre et à l’Adeva 27. 37 ROME : PRocès Eternit La Cour de cassation bafoue la Justice au nom du Droit Le 19 novembre elle a annulé sans renvoi l’arrêt de la Cour d’appel de Turin qui condamnait Stephan Schmidheiny, PDG et copropriétaire d’Eternit, responsable d’une « catastrophe environnementale dolosive permanente », à 18 ans de prison. « Vergogna ! » (Honte à vous !), c’est par ce cri que les victimes de l’amiante, massées dans la salle d’audience ont accueilli l’impensable verdict de la plus haute juridiction italienne. Assommés, les larmes aux yeux, beaucoup ont encore du mal à croire à ce verdict. Puis viennent la rage et la colère. Présentes à leurs côtés, des délégations d’associations de tous les pays partagent ce moment de douleur avec elles. Quelques minutes plus tard, devant les journalistes massés sur les marches du Palais, Bruno Pesce, cordonnateur de l’AFEVA, l’association des victimes italiennes, dénonce ce verdict scandaleux et appelle à continuer la lutte. 3000 victimes sans coupable ! Hier encore, la justice italienne donnait l’exemple. Mais aujourd’hui, elle se déshonore. Le 3 juin 2013, en condamnant Schmidheiny en tant que responsable d’une « catastrophe environnementale permanente » la Cour d’appel de Turin avait pris la mesure des dégâts humains et environnementaux causés par cette tragédie collective qui a déjà fait plus de 3000 morts parmi les ouvriers de Casale Monferrato, Rubiera, Cava- 38 Schmidheiny. Ils ont reconnu les faits, mais ont soutenu qu’ils étaient prescrits, La Haute Cour les a suivis, laissant 3000 victimes sans responsable ni coupable... Comment des morts à venir peuvent-ils être prescrits ? gnolo, et Bagnoli ; une tragédie dont le responsable a sciemment dissimulé les dangers d’un matériau mortel dont il tirait profit ; une tragédie permanente qui continue, jour après jour, d’endeuiller des familles et dont nul ne peut prévoir la fin. En infligeant une peine de 18 ans de prison au milliardaire suisse elle avait souligné la gravité de cette criminalité industrielle. Le 19 novembre, la cour de cassation a annulé sans renvoi l’arrêt de la Cour d’appel pour la totalité des dossiers. Ni le ministère public ni Copi, son propre avocat, n’ont innocenté Stephan L’ARTICLE 434 DU CODE PÉNAL ITALIEN Il punit d’une peine de 1 à 5 ans de prison l’auteur d’actes susceptibles de provoquer une catastrophe mettant en danger la santé publique. Si cette catastrophe se réalise, la peine est de 3 à 12 ans de prison. La notion de catastrophe recouvre des faits d’une gravité exceptionnelle, provoquant des dommages étendus et globaux, qui menacent la vie et l’intégrité d’un nombre indéterminé de personnes. La Cour d’appel de Turin avait considéré le caractère permanent de la catastrophe et l’intention frauduleuse de son auteur (qui avait sciemment dissimulé le danger) comme des circonstances aggravantes. Le délai de prescription prévu par le Code pénal italien est de 12 ans. La défense de Schmidheiny a estimé que le point de départ de ce délai était la fermeture de l’entreprise Eternit en 1986. Toutes les maladies survenues après 1998 sont donc prescrites, avant même d’avoir existé ! Cette conclusion repose sur une lecture très particulière de l’article 434 du code pénal. Selon elle, le législateur aurait inclus par anticipation la possibilité d’une catastrophe dans la définition de la faute pénale, la survenue effective de cette catastrophe n’étant qu’une circonstance aggravante. Les maladies et les morts ne seraient donc pas la conséquence directe de la faute pénale, mais celle de la catastrophe provoquée par cette faute ! Une casuistique judiciaire byzantine totalement coupée du réel, contredite par le sens commun du mot « Justice ». Comment des morts actuels et à venir peuvent-ils être prescrits ? A Rome, le lendemain du procès se tient une conférence de presse organisée par l’Afeva et les trois confédérations syndicales avec des associations de victimes d’une dizaine de pays. « Je n’ai pas pleuré à l’annonce du verdict, explique Romana Blasotti Pavesi, la présidente de l’Afeva. Je n’ai ni haine ni désir de vengeance. Je souhaite simplement que Schmidheiny, qui se prétend innocent vienne nous le dire en face, à Casale, les yeux dans les yeux », ajoute Romana qui a perdu 5 membres de sa famille, tués par l’amiante d’Eternit. J’ai 85 ans. Je mène ce combat depuis plus de 35 ans. Je continuerai, parce qu’il n’est pas possible que des personnes qui font mourir d’autres personnes pour gagner de l’argent ne soient pas punies. Ce verdict est une injure à nos souffrances et une honte pour l’Italie. Copi, son avocat n’a exprimé aucune compassion pour les victimes. Schmidheiny échappe cette fois-ci à la justice, mais je ne veux pas penser que nous avons subi une défaite. Je peux me regarder dans la glace et vivre en paix avec moimême. Pas lui. Nous ne lui laisserons pas de répit. Ce procès a été un formidable encouragement pour les victimes de l’amiante du monde entier. Nous trouverons la force de surmonter notre chagrin, notre rage et notre colère et de reprendre notre combat pour la justice. » Bruno Pesce, coordonnateur de l’Afeva, montre l’absurdité de ce verdict : « Imaginons que quelqu’un pose une bombe à retardement et qu’elle explose un jour après le délai de prescription de 12 ans. Si l’on suit la cour de cassation, il sera bien responsable d’une catastrophe mais il sera impossible de le condamner !... Comme dit un proverbe italien, d’un mal peut naître un bien. Nous espérons que ce verdict provoquera dans ce pays un sursaut de dignité, d’équité, de résistance à l’injustice, » Nicola Pondrano, dénonce le cynisme des avocats de Schmidheiny qui espèrent que la cour de cassation mettra un point final aux « persécutions judiciaires » des magistrats italiens contre le milliardaire suisse. Une malheureuse « victimes des victimes » en quelque sorte... Les représentants des trois confédérations syndicales d’Italie (CGIL, UIL, CISL) ont tenu à être présents. Ils soulignent la gravité de ce verdict non seulement pour les victimes de l’amiante mais aussi pour l’ensemble des victimes du travail atteints par des cancers professionnels. Tous apportent leur soutien sans réserve à l’Afeva. Les délégations étrangères apportent à leur tour une chaleureuse solidarité. la solidarité internationale DES ASSOCIATIONS de VICTIMES Venues de France, de Belgique, de Grande-Bretagne, de Suisse, du Brésil, d’Argentine, des États-Unis et du Japon, des délégations internationales ont assisté à l’audience de la cour de cassation. Celle de l’Andeva regroupait une vingtaine de personnes de diverses associations locales (Addeva 93, Ardeva 59-62, Addeva 08, Advarm 72, Addeva 44). Les mineurs de Lorraine CFDT étaient aussi présents. « La solidarité internationale des victimes de l’amiante est importante quand les associations obtiennent des victoires, mais elle l’est sans doute plus encore, quand la situation est difficile », a expliqué Alain Bobbio au nom de l’Andeva. UNE VAGUE D’INDIGNATION Toute la presse italienne dénonce très durement ce verdict qualifié de « sinistre farce ». Elle fait ses gros titres du cri poussé par les familles à l’écoute de la sentence : « Vergogna ! » (Honte à vous !). Les quotidiens publient des interviews poignants de victimes et de veuves. La Repubblica titre à la Une : « 3000 morts, aucun coupable ! » La Stampa consacre 5 pages au verdict. Le Corriere della Sera souligne que ce verdict permet à Schmidheiny non seulement d’échapper à la prison, mais encore de ne verser aucune indemnisation : « Personne ne paiera pour Eternit ». Toutes les radios et les télés s’indignent et donnent la parole à des victimes de Casale et aux dirigeants de l’Afeva Le premier ministre Matteo Renzi annonce à la radio qu’il changera « les règles du jeu de la prescription». 39 DE L’INDIGNATION à LA RIPOSTE A Casale Monferrato, 30 ans après la fermeture d’Eternit, on compte aujourd’hui un nouveau cas de mésothéliome par semaine. Trois jours après le jugement, le quotidien La Stampa annonçait que la catastrophe prescrite et impunissable de Schmidheiny avait causé le décès de trois nouvelles victimes, tuées par l’amiante : Maria Luisa, Vincenzo et Emilio. Dans l’interminable liste des disparus de l’amiante, le plus jeune, contaminé dans l’enfance, n’avait que 28 ans... Si quelque part au monde le mot « catastrophe » a un sens, c’est bien ici. La première exigence des Casalais, avant l’indemnisation des vivants, c’est la justice pour leurs morts. Après les condamnations en première instance et en appel, ils attendaient que la Cour de cassation confirme ces arrêts. Son verdict a été ressenti comme un coup de poignard, une négation des souffrances de la maladie et du deuil. Il a provoqué l’indignation et le soulèvement citoyen d’une ville entière, bien décidée, s’il le faut, à soulever l’Himalaya pour obtenir justice. 40 21novembre - 17 heures : assemblée générale de l’AFeVA : une salle pleine à craquer, une volonté inébranlable de continuer la lutte CASALE MONFERRATO Contre l’injustice Mobilisation générale La nouvelle du verdict tombe le mercredi soir à 21 heures. A Casale, elle se répand comme une trainée de poudre. Dès le jeudi matin, alors que les dirigeants de l’Afeva sont encore à Rome, une révolte citoyenne s’organise dans une ville secouée d’indignation. Les kiosques à journaux sont pris d’assaut. Madame Titi Palazetti, maire de la ville, décrète une journée « ville en deuil ». Les commerçants baissent leur rideau de fer. Sur les édifices publics les drapeaux sont en berne. Les cloches des églises sonneront le tocsin. Une affiche, imprimée à la hâte, porte ces simples mots : « Eternit, combien de fois doivent-ils encore tuer ? ». Elle est bientôt sur tous les murs. Dans la ville un cortège spontané s’organise. Plusieurs milliers de personnes descendent dans la rue. L’affiche devient pancarte. Les lycéens descendent dans la rue. Tous ont un proche, un voisin ou un ami tué par l’amiante. Ils sont la conscience et l’avenir de la cité. Les membres de l’Afeva et des délégations internationales, de retour de Rome, arrivent en car à Casale à la nuit tombée. Une surprise les attend. Sur la place une centaine de personnes sont venues les accueillir. Avec simplicité et émotion, la maire de la ville serre chacun et chacune dans ses bras en lui disant quelques paroles d’encouragement. Puis chacun va sa coucher car la journée du lendemain s’annonce chargée. COMMUNIQUÉ après l’arrêt de la Cour de Cassation Casale Monferrato, le 21 novembre 2014 Nous exprimons la plus ferme indignation et notre désaccord total avec l’arrêt honteux et injuste rendu par la Cour de cassation italienne le 19 novembre. Schmidheiny, PDG et co-propriétaire d’Eternit Italie avait été condamné en appel à 18 années de prison pour avoir commis avec une intention frauduleuse une catastrophe humaine et environnementale permanente. En cassation, ce n’est pas l’innocence du milliardaire suisse qui a été reconnue mais la prescription de son crime. En fait, le procureur général et même son propre avocat ont admis sa culpabilité. 21 novembre - 18 heures 30 : marche aux flambeaux les enfants des écoles sont en tête du cortège CASALE MONFERRATO « Nous allons continuer » Le vendredi commence par une réunion internationale. Les représentants des associations présentent la situation dans chaque pays, et affirment leur solidarité. Pour la France sont présents Pierre Pluta, Jacques Faugeron et Alain Bobbio ainsi que quatre membres du Caper Bourgogne. Chacun explique la situation dans son pays. Franck est venu de Manchester avec un groupe de veuves de l’amiante, qui se lèvent en montrant le portrait de leur mari. Par-delà les frontières, la sympathie est immédiate entre celles et ceux qui on vécu les mêmes deuils. L’après-midi, une discussion s’engage sur les perspectives d’action. Un appel international est rédigé en italien, en anglais. Il sera bientôt traduit en français Puis, tout le monde se rend à l’Assemblée de l’Afeva. La salle est archi-pleine. Une trentaine de maires sont présents avec leur écharpe tricolore. Romana, Bruno et Nicola savent trouver les mots justes pour expliquer, réconforter et appeler malgré les difficultés à continuer la lutte. L’avocat suisse David Hussman explique comment il a fait condamner la Suisse par la Cour européenne des Droits de l’Homme pour une action au civil frappée injustement de prescription. Les délégations internationales sont invitées à la tribune. La salle applaudit. La journée se termine par une « fiacolatta », une marche aux flambeaux silencieuse. Des petits écoliers sont en tête du cortège. La flamme des bougies éclaire la nuit. « Notre cause est juste, nous allons continuer ». expliquent des manifestants aux journalistes. C’est une monstruosité et une honte de considérer comme prescrit un crime qui a déjà provoqué plus de 3000 victimes, et qui dans la seule ville de Casale, tue encore une personne par semaine. Aujourd’hui encore cette catastrophe a fauché une enième victime. C’est pourquoi cet arrêt viole les principes fondamentaux des Conventions sur les droits de l’homme : les garanties que la loi donne à l’accusé ne peuvent en aucune manière effacer le droit à la justice de milliers de victimes. La responsabilité personnelle pour une criminalité industrielle aussi grave ne peut être annulée par des arguties juridiques. La lutte ne s’arrête pas là. Nous impulserons toutes les actions légales et toutes les mobilisations sociales possibles dans le monde entier, y compris de nouvelles actions judiciaires contre Eternit, comme le nouveau procès pour homicide volontaire qui commencera prochainement à Turin. La coordination internationale réunie à Casale le 21 novembre exprime sa solidarité aux victimes et aux familles de Casale et du monde entier. Ce verdict honteux ne nous arrêtera pas. La coordination internationale des associations de victimes de l’amiante et des familles, la CGIL, la CISL, l’UIL des représentants syndicaux de divers pays, des juristes et des experts. - AFEVA (Italie) - ANDEVA (France) - ABREA (Brésil) - ABEVA (Belgique) - FEDAVICA (Espagne) - ASAREA (Argentine) - UAO (Suisse) - ASBESTOS VICTIMS SUPPORT GROUP FORUM UK (Grande-Bretagne) - A-BAN (Japon) - BAN ASBESTOS NETWORK ASIA (Asie) L’ADAO (Etats Unis) et l’EWHN Secretary (Europe) soutiennent cet appel. 41 Bientôt un procès «Eternit-bis» Schmidheiny n’en a pas fini avec la justice italienne. Le lendemain du verdict, le procureur Raffaele Guariniello a annoncé un procès « Eternti-bis » regroupant les dossiers de 213 victimes. L’incrimination retenue n’est pas la « catastrophe environnementale », injustement déclarée prescrite par la Cour de cassation, mais l’homicide. «J’espère que les vicimes ne perdront pas confiance en la justice, a déclaré le procureur. Un chapitre se clôt, un nouveau chapitre s’ouvre. Nous n’en démordrons pas. Nous sommes prêts à avancer. Les familles ne doivent pas désespérer. » Saisir la Cour européenne des Droits de l’Homme ? Lors de l’Assemblée à Casale, David Hussman a évoqué la condamnation de l’Etat suisse sur le problème de la prescription, suite à une action engagée au civil par des victimes helvétiques. Ce type d’action estil envisageable au pénal ? Il est sans doute trop tôt pour le dire. La question mérite d’être étudiée, après examen approfondi des attendus du jugement. 42 Après le verdict de la honte L’AFeVA RENCONTRE LES PLUS HAUTES INSTITUTIONS Bruno Pesce avait espéré que l’électrochoc de l’arrêt rendu par la Cour de cassation provoquerait une prise de conscience et un « sursaut » dans la société italienne. Cet espoir n’était pas vain. « Nous avons écrit au Sénat, à la chambre des députés, au conseil des ministres, au conseil supérieur de la magistrature... » L’injustice était si manifeste qu’elle a percuté la magistrature et le monde politique italien jusqu’au sommet de l’Etat. L’AFeVA a réagi très vite, en s’adressant au président du Sénat, au président de la chambre des députés, au président du conseil des ministres et au conseil supérieur de la magistrature, pour leur demander d’entendre « le cri que lancent les 3000 victimes d’Eternit ». « L’Etat italien doit être aux côtés des victimes » Le 25 novembre ont eu lieu des rencontres avec ces institutions et les présidents des commissions de la Justice, de l’Environnement et du Travail. Toutes les composantes de la majorité et de l’opposition étaient présentes. L’AFeVA a demandé que « l’Etat se constitue partie civile aux côtés des victimes » dans le procès Eternit-bis et qu’il légifère pour empêcher qu’une interprétation défavorable de la prescription du délit par les magistrats n’aboutisse à « supprimer le droit des victimes à la justice, au nom des garanties et finalement de l’impunité accordées à l’accusé ». L’association a demandé à l’Etat italien « d’engager des procédures afin de récupérer les sommes dues aux victimes auprès des juridictions internationales ». Indemnisation, dépollution, recherche L’association a mis à profit ce contact avec les plus hautes autorités de l’Etat pour évoquer d’autres demandes telles que l’élargissement du Fonds d’indemnisation aux victimes environnementales, le déblocage du « Plan national amiante » décidé en 2012, et des financements suffisants pour la dépollution, au niveau national, régional et local. Les maires de Casale et de Cavagnolo ont réclamé des moyens pour la dépollution. L’AFeVA demande une amélioration des parcours de soins du mésothéliome et un renforcement de la coordination nationale et internationale des recherches sur cette maladie. Un premier accueil favorable Tous les interlocuteurs ont manifesté leur solidarité. Le premier ministre a annoncé que l’Etat se porterait partie civile dans le prochain procès Eternit. Des projets de loi vont être discutés sur la prescription et l’intégration spécifique du crime de catastrophe environnementale dans le code pénal. La présidente de la commission de la Justice s’est prononcée en faveur d’une aide financière de l’Etat aux victimes pour les procédures au pénal et au civil. L’AFeVA se félicite de ces avancées. « Reste à vérifier que ces engagements seront tenus et que ces promesses se traduiront par des actes » indique-telle dans un communiqué. JOURNÉE INTERNATIONALE DES VICTIMES DE L’AMIANTE Les actes du colloque sont parus en français et en anglais Bruin) ainsi qu’un état des lieux européen en Belgique (Éric Jonckheere), en Allemagne (Gerd Albracht) et en Albanie (Romeo Hanxari). Les actes du colloque « Journée internationale des victimes de l’amiante » organisé à Paris, le 12 octobre 2012, par l’Andeva comportent deux parties. L’écho du procès Eternit Enfin sont abordés le retentissement mondial du procès Eternit en Italie (Bruno Pesce) et un aperçu de la situation générale en France et dans le monde (Marc Hindry et Pierre Pluta). état de la science La première partie traite de « l’état de la science ». LE LIVRE Épidémiologie Elle inclut les textes sur l’histoire et l’état de l’épidémiologie des maladies de l’amiante par Richard Lemen, sur l’épidémiologie des maladies de l’amiante en Italie par Enzo Merler, au Québec, Canada par Fernand Turcotte et au Brésil par Hermano Castro. Médecine Elle inclut aussi des textes de médecine et recherche fondamentale de Arnaud Scherpereel, Pier-Giacomo Betta et Marie-Claude Jaurand. état DU MONDE La seconde partie « état du monde » dresse un panorama de la situation mondiale concernant les expositions à l’amiante, les législations, l’indemnisation des victimes, les luttes et actions à entreprendre pour la santé publique. Situations contrastées Sont aussi évoquées les situations contrastées de l’Inde (Mohit Gupta), du Japon et de la Corée avec un aperçu de la tragique situation en Asie, notamment en Chine (Sugio Furuya et Yeyong Choi). Deux contributions font le point sur la situation au Brésil (Fernanda Giannasi) et en Australie (Lisa Singh). L’indemnisation Sont aussi présentés une analyse de l’indemnisation en Afrique du Sud (Tina da Cruz), en France (Marie-José Voisin) et aux Pays-Bas (Tinka de Il a un double objectif : accroître la diffusion des connaissances scientifiques et développer un mouvement international de santé publique, amenant à une meilleure connaissance des risques et dommages dus à l’amiante et au développement de meilleures politiques de santé publique pour lutter contre ce fléau au niveau régional, national, européen et mondial. Edition papier et site Internet Les actes de ce colloque sont publiés. L’intégralité du volume (400 pages) et chacun des articles séparément sont téléchargeables le site de l’Andeva : - en français : http://andeva.fr/?Les-actes- ducolloque-Journee - en anglais : http://andeva.fr/?Proceedings-ofthe-symposium Le commerce de l’amiante Cette partie aborde les données géo-économiques du commerce de l’amiante (Laurie Kazan-Allen), la responsabilité historique du Canada (Pat Martin et Kathleen Ruff), la situation aux États-Unis (Linda Reinstein) Les décisions judiciaires Elle évoque les deux grandes décisions judiciaires aux répercussions internationales concernant l’interdiction de l’amiante : l’annulation en 1991 du règlement de l’EPA aux États-Unis (Laurie Kazan-Allen) et le rejet par l’OMC de la plainte du Canada contre la France en 2000 (Michel Parigot). 43 AMIANTE : La carte de France des associations NORD PAS-DECALAIS ARDEVA 59-62 (Nord - Pas-de-Calais) Pierre PLUTA, 19, rue du Jeu de Paume, BP 80078 59942 DUNKERQUE Cedex 2 [email protected] Permanences : - Dunkerque : au secrétariat Lundi, mardi, jeudi : 9h-12h30 et 14h-16h30 (17h30 jeudi). Vendredi : 9h-12h30 Tél-Fax : 03 28 51 16 87 [email protected] - Auberchicourt : 03 27 90 31 52 - Calais : Maison des associations, rue Hagueneau : 2e samedi du mois : 9h-12h - Gravelines : Maison des associations : 1er samedi : 9h-11h - Mazingarbe : ancienne mairie, rue Lefèbvre : dernier samedi : 9h-12h - Grand Fort Philippe : CCAS, salle de la Vannerie, rue des Alouettes : 1er mardi du mois : 13h30-17h30. - Hazebrouck : Maison des associations, 21 rue Donckèle, dernier mercredi du mois 14h-17h CAPER Thiant Jean-Michel DESPRÉS, 12, rue Anatole France 59224 THIANT Tél. : 03 27 24 61 43 Fax : 03 27 34 52 91 [email protected] 44 44 Permanences : - Thiant : lundi à jeudi : 9h-11h30 Permanences téléphoniques lundi à jeudi 14h-17h - Raismes : au CCAS, 3ème jeudi de chaque mois de 14 H à16 H - Roeulx : mairie 1er mercredi de chaque mois de 14 H à 16 H ALDEVA SA (Sambre-Avesnois) Ancienne mairie de Leval, rue Marcel Ringeval 59620 LEVAL / SAMBRE Tel / Fax : 03 27 65 10 55 Correspondante association : Mme Sabine CROISY 06 67 47 26 35 [email protected] Permanences : Leval : Lundi, mercredi, jeudi, vendredi : 9h-12h Fermière La Grande : Maison Emploi et Solidarité mardi : 9h-12h ADEVA 59 Alain CLINCKEMAILLIE, Maison des services publics 5, rue Henri Barbusse BP 103, 59580 ANICHE 06 67 45 70 84 [email protected] Permanence : tous les jours uniquement sur rendez-vous NORMANDIE ADEVA 76 (Seine maritime) Gaston MORISSE, 119, cours de la République 76600 LE HAVRE Tél (accueil) : 02 35 25 02 02 [email protected] http://adeva.76.free.fr Permanences : - Pour Fécamp, Montivilliers, Bolbec, Le Havre, Dieppe : 02 35 25 02 02 - Pour Sotteville-lès-Rouen, Le Trait, Saint-Etienne du Rouvray, Grand Couronne, Tourville-la-Rivière : 02 35 72 88 83 Permanences sur RDV. ADEVA Cherbourg Pascal CANU, 12, rue Pasteur 50130 CHERBOURG-OCTEVILLE Tél : 02 33 54 12 20 Fax : 02 33 54 12 66 [email protected] Site : www.adeva50.fr Secrétariat : lundi et mercredi : de14h30 à 17h30. mardi et jeudi : de 10h à12h et de 14h30 à 17h30. Samedi : 10h-12h les semaines impaires, sur RDV semaines paires. Permanence Acaata : lundi de 14h30 à 17h30. ALDEVA Condé- Flers (14-61) François MARTIN, BP 27 14110 CONDÉ-SUR-NOIREAU Tél : 02 31 84 68 28 06 80 43 44 71 Fax : 02 31 83 00 92 ADEVA 27 (Eure) Elisabeth DELAPORTE Maison des associations, Adeva 27, 6, rue Gadenvilliers 27930 AVIRON 06 58 68 21 69 [email protected] Permanences : sur RDV Maison des associations, à côté de la cour de l’école, face à la salle polyvalente à partir de 14 heures, les 1er, 2è, 3è mardi et le dernier vendredi, 09 83 74 11 79 SVADH (Solidarité victimes amiante dockers havrais) Johann FORTIER, rue des Chargeurs réunis 76600 LE HAVRE 06 21 02 79 49 [email protected] Permanences : Foyer du docker : mardi, jeudi 9h30-11h30. Sur RDV : 06 21 02 79 49 PICARDIE ARDEVA Picardie Marcel LAGANT, 33, rue Marcel Poulin 60400 CRISOLLES Tél/Fax : 03 44 93 08 24 Départements : 60, 02, 80 Permanences : - Beauvais : Espace Pré Martinet, 17, rue du Pré Martinet,4e jeudi du mois sur rendez-vous, 14h-16h - Sempigny : salle des fêtes de Sempigny; 1er jeudi du mois de 14h à 16h30 - Chauny : espace Services publics, 160 Bd de Bad Kostritz, 02300 Chauny 3e mercredi 14h-16h ADVASUM (Sollac, Usinor, Arcelor Mittal Montataire et entreprises de l’Oise) Jean-Claude BOULANGER, Mairie de Montataire 60160 MONTATAIRE 06 79 82 38 31 [email protected] Permanences : 2e et 4e lundi du mois, 9h30-11h30, ss-sol Eglise BRETAGNE ADDEVA 29 (Finistère et Côtes d’Armor) Gérard FRÉCHOU 6, rue Traverse / BP 71019 29210 BREST Cedex 1 Tél : 02 98 46 91 51 Fax : 02 98 80 45 18 [email protected] Permanence : téléphonique, du mardi au vendredi sur place, le lundi et le jeudi de 14h à 17h. - Correspondant Quimper : M. Goubil : 02 98 52 33 00 Permanence : 2e mercredi du mois Maison des associations, 53, impasse de l’Odet. - Corresp. Audierne et Cap Sizun : M. Chéné Tél/Fax : 02 98 75 09 79. Permanence : 1er vendredi mairie d’Audierne, 10h-12h - Côtes d’Armor ( 22) : dernier vendredi du mois, locaux de la Ligue contre le Cancer, 1, rue Alain Colas 22950 TREGUEUX 9h-12h, 14h-17h. - Ile d’Ouessant : 2e mardi du mois à la mairie 14h-17h ADDEVA 56 (Morbihan) Julien LE CALVAR, Centre Alpha 2e étage, 44, avenue Billoux 56600 LANESTER 02 97 81 64 41 [email protected] Permanence : lundi 14 h -17 h PAYS DE LOIRE ADDEVA 44 (Loire Atlantique) Patrick HAMON Siège social : Maison Henri PEZERAT, 6, rue Louis Bourdaloue 44600 SAINT-NAZAIRE addeva44president@ orange.fr Site : www.addeva44.fr Couvre les départements : 44, 85, 49, 35 Permanences : - Châteaubriand : 1er jeudi, 14h-17h, CCAS, 9 esplanade des terrasses. Renseignements : du lundi au vendredi : 02 40 28 04 41 06 47 39 30 64 - Derval : 3e mercredi, 14h17h, Pôle social, 14 rue de la Garlais, 44590 DERVAL. Renseignements du lundi au vendredi : 06 47 39 30 64 - La Chapelle des Marais: 1er et 3e mardi, 14h-16h, mairie (salle de l’assistance sociale). Renseignements et RDV du lundi au vendredi : 06 78 60 72 01 - Le Croisic : mardi, 9h-12h, 4 bis rue du Lin. Renseignements et rendez-vous du lundi au vendredi : 07 86 78 80 45 [email protected], représentant l’Andeva au Fcaata - St Herblain : 1er-3e jeudi, 14h-16h30, Centre socioculturel de la Bernardière, 11 rue de Dijon. Renseignements du lundi au vendredi 16h30 : 06 75 45 07 31 - St-Nazaire : chaque lundi et vendredi 14h-16h, Maison des associations, 2 bis av. Albert de Mun. Renseignements et rendezvous du lundi au vendredi : 06 76 57 75 07 - St Nicolas de Redon : 2e et 4e jeudi, 14h-17h, bureau des permanences, 15 rue d’Ahaut. Renseignements du lundi au vendredi : 06 81 60 86 54. - St-Viaud : 1er et 3e mardi, 14h-17h, salle annexe mairie, rue Aimé Bigeard. Renseignements et RDV du lundi au vendredi : 06 52 61 70 73 - Trignac : Permanence tous les jours sur rendez-vous au 1, rue de la Paix à Trignac, et sans RDV 2e-4e jeudi, 8h30-11h30. Renseignements et RDV de lundi à vendredi 14h-17h : 02 40 91 33 46 [email protected] ADVARM 72 (Renault Le Mans et Sarthe) Michel BOUVET, 15 rue de Contrexeville 72100 Le Mans 06 83 87 55 29 06 70 02 10 03 [email protected] [email protected] ADDEVA 49 (Maine et Loire) Thierry BAZOT, Lieu dit la Gasnerie 49460 FENEU 06 13 57 27 15 du lundi au vendredi jusqu’à 20h [email protected] CENTRE ADEVA Centre (Dépts 18, 45, 58, 36, 03, 28, 41) Serge MOULINNEUF 50, avenue de l’Europe 18150 LA GUERCHE SUR L’AUBOIS 02 48 74 02 62 ou 06 81 60 30 73 Permanences : - La Guerche sur l’Aubois : Serge MOULINNEUF, Salle des fêtes, parc Maurice Fuselier, 2ème et dernier mardi du mois 10 h-12 h et sur rendez-vous. - Eure et Loir : Claude MAROLLES, La Bletterie 28480 LUIGNY 02 36 35 91 52 - Loir-et-Cher / Loiret : André LETOUZÉ, 02 54 32 17 28, 06 21 36 18 34 - Tours : sur rendez-vous - La Ferté-Saint-Aubin : sur rendez-vous - AASED (amicale des anciens salariés d’Everite Descartes) : Gustave BRION, correspondant Adeva Centre (37), 9, place Bérégovoy, 37160 DESCARTES Tél/Fax : 02 47 95 71 38 Permanence : 2e mardi et sur rendez-vous ILE-DEFRANCE ADDEVA 93 (Seine St-Denis) Alain BOBBIO, Henri BOUMANDIL Bourse du Travail, 26, avenue Gabriel Péri 93120 LA COURNEUVE Tél 01 48 37 34 64 Fax 01 48 36 01 56 [email protected] Permanence : sur rendez-vous. ARDEVA 77 (Dammarie-les-Lys) Madeleine SAVARIS 133, rue Charles de Gaulle 77190 DAMMARIE-LES-LYS 01 64 39 86 90 (à tout moment de la journée pour rendez-vous ou renseignements) 06 47 23 95 84 (pour RDV uniquement) ardeva77@voilà.fr Permanences : - lundi à vendredi 9h-12 h - Jeudi après-midi sur RDV 1er, 3e et 5e samedi du mois 9h-12h et sur RDV 06 13 77 63 31 Autre Permanence : St-Pierre lès Nemours Bernard CANIPEL 1er et 3e jeudi 10h-12h et 15h-18h, 7 rue Fleuret Charpentier 77140 St-Pierre lès Nemours Tel/fax : 01 64 28 76 25, Courrier : Mairie de Saint Pierre les Nemours, 7 chemin de la messe Comité antiamiante Jussieu Permanences : - Saint Avold : du lundi au jeudi 8h30-11h30 et l’après-midi sur rendez-vous - Bouzonville : lundi matin, mairie - Creutzwald : lundi après-midi, mairie - Forbach : vendredi matin, mairie - Folschviller : Mardi après-midi, centre culturel Marcel Martin (association co-fondatrice de l’Andeva) ADDEVA 88 Michel PARIGOT Case 7023 Université Paris 7, 75205 PARIS cedex 13 Tél : 01 44 27 83 28 Fax : 01 44 27 83 29 [email protected] Permanence : jeudi après-midi Robert LATRIVE, 14, allée des peupliers 88380 ARCHES 07 81 46 15 14 [email protected] Site : addeva88.fr LORRAINE ADDEVA 54 (Meurthe-et-Moselle, Meuse, Vosges, Haute Marne, Alsace, Moselle) Bernard LECLERC, 34, rue de Niederbronn 54300 LUNEVILLE 03 83 77 45 78 [email protected] Permanence : mardi 14 h-17h 1er samedi du mois 9-12h ADEVAT-MP (Moselle Est) Marcel NICOLAUS, 7, rue des Anges, Résidence Vaudémont 1er étage 57500 SAINT-AVOLD Tél 03 87 81 68 59 (Vosges) Permanence : 41 rue de la tranchée de Docelles 88000 Epinal, Lieu dit : La folie Finot, jeudi 9H30- 11H30 Permanences maladies professionnelles (syndicats sidérurgie, mines de Lorraine) François DOSSO, 13, rue de la Rosselle, BP 40116, 57803 FREYMING MERLEBACH Cedex Tél. 03 87 04 71 75 Fax. 03 87 81 54 27 [email protected] Permanence : - Mines : Merlebach 03 87 04 71 75, lundi - Sidérurgie : Hagondange 03 87 71 43 30, 1er et 3e jeudi 45 45Rent . BOURGOGNE CAPER Bourgogne Jean-François BORDE, 8, rue Denis Papin 71600 PARAY-LE-MONIAL Tél : 06 86 21 06 50 Fax : 03 85 81 60 19 caperbourgogne01@ orange.fr caperbourgogne02@ orange.fr LIMOUSIN CERADER 87 (Haute-Vienne) Patrick EUSTACHE Espace associatif Charles Sylvestre 87100 LIMOGES 06 82 37 40 76 [email protected] AQUITAINE ALLO AMIANTE (cheminots et tous régimes Bordeaux) Georges ARNAUDEAU, 132 bis, rue Amédée St-Germain, 33800 BORDEAUX Tél /Fax : 05 56 91 60 69 [email protected] ou [email protected] allo-amiante.over-blog.fr Permanence : le mardi matin sur RDV 9h15-11h45 et l’après-midi 13h30– 16h30. CERADER 24 (Bergerac et Dordogne) René VINCENT, 16 bis impasse du moulin de la Canselade 24100 BERGERAC 06 88 46 55 33 [email protected] Site : http://www.cerader24.fr.st Permanences : - Bergerac : 1er jeudi aprèsmidi - Lalinde : 3e jeudi matin - Périgueux : 3e jeudi aprèsmidi CERADER ADPA CMCAS Alain BOUSQUET, Siège de l’Union locale CGT, 86 rue Léon Jouhaux 47500 FUMEL 05 53 40 99 49 ou 06 31 97 56 91 Permanence : le lundi à 17h Christian GALVEZ, 15, boulevard Paccatianus CS 60 228 38217 VIENNE Cedex Tél. : 04 74 31 37 79 Fax : 04 74 31 37 85 Section MP de la CMCAS (EDF) Gironde CAPER Haute- Fumelois (47) Pierre NOZERES, Domaine de la Jacquotte, 8 rue Aristide Berges BP 34, 33270 FLOUARAC 05 57 01 89 41 Permanence : lundi CMCAS Gironde. 05 57 01 89 74, lundi matin RHÔNEALPES ALDEVA Drôme Ardèche Michel DOREL, Mairie d’Andancette 26140 ANDANCETTE 04 75 03 10 27 [email protected] Permanence : lundi de 9h à 12h CAPER 07 (Ardèche) Jean-François MAURIN 17, boulevard Stalingrad 07400 LE TEIL 06 19 31 05 05 04 75 49 59 65 Permanence : jeudi 9h-12h et 14h-17h [email protected] 46 46 (Loire-sur-Rhône) Permanence : 1er lundi du mois (non férié), de 13h30 à 16h30 Savoie Mont Blanc Jean Pierre BATTISTEL, 489 Grande Rue Salvador Allende 74190 PASSY 04 50 93 52 72 CAPER du Giffre Roland GLIERE, 71 chemin du Martinet 74130 VOUGY 04 50 34 59 69 [email protected] Permanence : 1er vendredi du mois 9h-11h30, salle des fêtes de St Jeoire, 1er étage APER (Rhône-Ain) Renault RVI/Irisbus Cité Berliet 4-5 place Steven Spielberg 69800 SAINT-PRIEST Georges THEVENARD, 06 32 17 94 05 Jean-Paul CARRET 06 22 66 85 00 Tél : 04 78 77 17 08 Fax : 04 78 76 58 33 Entretien sur rendez-vous Permanence le 2è mercredi du mois de 14h à 16h au siège [email protected] Permanences : - Paray-le-Monial : lundi 9h12h et 14h-17h30, mardi 9h-12h, mercredi 14h17h30, 8, rue Denis Papin. Tél : 03 85 81 54 42 Fax : 03 85 81 60 19 - Chalon-sur- Saône : 1er-3e mardi du mois, 9h-12h, Espace associatif Jean Zay rue Jules Ferry. M. Leroy : 06 88 95 48 52 - Nevers : Mme Jacqueline Cachoir, sur rendez-vous 03 85 81 54 42 06 78 35 76 63 - Le Creusot : (voir presse locale), 14h-17h, M. Tetard 19, rue Jules Guesde 06 33 68 30 22 - Gueugnon : M. Depinet, 2è mardi du mois, 16h3017h30, 21 rue des Potiers (près des bureaux des transports RSL) - Dijon : sur RDV, Paul Gueth 06 83 49 98 20 - Autun : M. Janiaud, 2è mardi du mois 9h-12h, Fonderie d’Autun, 11 Bd Giberstein 06 76 35 17 82 - Macon : sur rendez-vous à prendre au 03 85 81 54 42, Mutuelles Santé Plus, 278 rue Carnot ADDEVA 89 (Yonne) Patrick THOURIGNY Ezzine KHALFAOUI , 22, rue de Sainte Colombe 89100 ST-DENIS-LèS-SENS Tél / Fax : 03.86.83 27 96 06 48 13 39 84 (P.T.) 06 16 58 74 07 (E.K.) Permanence : St-Denis-lès-Sens (mairie) 2e mercredi 17h-18h30 St-Florentin (à la MAIP) 1er mercredi 15h30-17h FRANCHECOMTÉ ARDEVA Franche-Comté Permanence tous les mardi à Montbéliard (25200) De 9h à 11h30 Centre des Hexagones La petite Hollande (Rez de Chaussée, salle 2) Pour tout contact, appeler le siège de l’Andeva à Vincennes : 01 41 93 73 87 AUVERGNE CAPER Auvergne (Section des Combrailles) Bernard GRAND , 39, route de Montjoie 63700 YOUX Tél : 06 07 42 12 56 Fax : 04 73 83 45 41 CAPER Auvergne Section Issoire Marie-Reine CHALVIGNAC, 14, Chemin de la Plaigne 63500 ISSOIRE 04 73 55 98 64 caper.comiteamiante. [email protected] Permanence : 1er et 3è mardi du mois, 14, Chemin de la Plaigne à Issoire 16h-19h (Urgences : 04 73 89 17 65) CAPER Auvergne (Section Les Ancizes) Mairie des Ancizes 63770 LES ANCIZES Franck BARSE : 04 73 52 51 38 [email protected] Gérard SEMME : 04 73 85 40 19 06 76 44 56 49 Permanence : 1er vendredi du mois 9h11h local des jeunes près de la caserne des pompiers CHAMPAGNEARDENNES LANGUEDOCROUSSILLON ADEVA Gard rhodanien (30) ADDEVA 08 André BERTHELIER Centre Pépin 30130 PONT SAINT ESPRIT 06 33 65 85 34 (Ardennes) secrétariat : secretariat.adeva@gmail. com [email protected] Permanence : Pont St-Esprit : 2e samedi 9h30-11h30 salle des permanences 06 33 65 85 34 Alès : 3e mercredi 9h-12h, La Maison du Peuple de Tamaris, Place Danielle Casanova 30100 ALES 04 66 83 70 17 Nîmes : dernier mercredi 9h-11h, « Mas Verdier », 222 rue Guy Maupassant (parking Caisse d’Epargne) 30000 NIMES 06 83 27 48 51 06 32 34 23 53 06 85 38 33 94 06 72 82 54 85 ANDEVA-FT (Fonctionnaires territoriaux Montpellier) 10, rue des bleuets 34070 Montpellier 06 03 57 28 34 amiante.territoriaux@ tele2.fr http://andevaft.free.fr/ PROVENCE, ALPES, CÔTE D’AZUR ADEVA du Golfe de Fos Françoise BRUNEL, Maison des associations, chemin de Tartugues 13800 ISTRES 04 42 11 80 76 06 45 84 49 51 adeva.dugolfedefos@ wanadoo.fr http://adeva.dugolfede.fos. pagesperso-orange.fr Permanence : mercredi 14h30-17h Maison des associations d’Istres et sur rendez-vous. SOS Amiante cheminots Claude TRESSAUD, Mutuelle ENTRAIN 5, bd Camille Flammarion 13001 MARSEILLE 04 91 50 71 92 [email protected] Site : http://sos.amiante.free.fr/ Permanence : jeudi 14 h-17 h ADEVIMAP (Martigues) Maurice HUC, 14 cours Aristide Briand 13500 MARTIGUES 06 30 33 74 93 (si urgence) [email protected] [email protected] http://www.adevimap.net Permanence : 1er-3e mardi 14h-16h30, Maison de la Justice, place Paradis St-Roch (Sur RDV : 04 42 41 32 20) AVAPA (Pays d’Arles) Jacques Fray, Mas Saint-Antoine, route de Port Saint-Louis, 13200 ARLES 04 90 96 85 60 CAPER Eternit Caronte-Martigues Nicolas CRISTOFIS, 22, rue de la République, 13110 PORT-DE-BOUC Tél/Fax : 04 42 43 18 02 [email protected] Permanence : mercredi 17h-19h CAPER 04 Permanence : mardi 14h-17h 05 46 41 85 34 René VILLARD, Immeuble Communal 04160 CHÂTEAU-ARNOUX 04 92 64 07 47 CRIDEVIT (Alpes de Haute Provence) Permanence : mercredi 16h-18h CAPS 84 (Collectif amiante Pays des Sorgues) Christian ARENA, Union locale CGT, 14 rue Combe 84700 SORGUES 06 83 39 71 43 [email protected] Permanences : mardi de 9h à 12h MIDIPYRÉNÉES ADDEVA 65 (Hautes-Pyrénées) Francis CAYRET 14, rue du colonel Fabien 65390 ANDREST Permanence : 25 avenue du Maréchal Joffre, mardi 14h-16h30 Bibliothèque du CE SNCF Tél permanence : 05 62 51 99 93 [email protected] POITOU CHARENTES ADDEVA 17 (Charente maritime) Claude FABIEN, 6, rue Albert 1er 17000 LA ROCHELLE 05 46 45 00 72 [email protected] (Energie Poitou-Charentes) Jacques SOURIE 27, rue des Chevreuils 17139 DOMPIERRE-SURMER 06 10 97 34 19 (Jacques Sourie) 06 82 67 90 94 (JM Desbois) [email protected] [email protected] [email protected] CERADER 16 (Charente) Jacqueline GERVAIS 16, rue des Oiseaux « Les Barrets » 16400 LA COURONNE 05 45 67 71 91 cerader16-amiante@ orange.fr Permanence : 2e et 4e mardi du mois 14h-17h, 6 place de l’Hôtel de Ville (en face de la mairie) 16400 LA COURONNE Claude HUET, Permanence - siège social : 46 Bd Lucien Pierquin 08000 WARCQ (parking obligatoire : place de l’église Saint-Paul) 09 80 44 56 52 06 14 46 75 53 addeva08ardennes@ wanadoo.fr [email protected] Permanence sans rendezvous : lundi et mercredi 14h17h ; le reste de la semaine sur RDV (sauf vendredi) ADDEVA 52 (Haute-Marne) Pascal VAGLIO, Espace Brossolette, 4, rue de l’Ecole 52100 SAINT-DIZIER Tél : 03 25 08 08 81 Tél/Fax permanences : 03 25 07 64 41 [email protected] NOUVELLECALÉDONIE ADEVA NC André FABRE, 128, rue Georges Lèques, Tina-sur-Mer BP 1681 98845 NOUMEA Cedex NOUVELLE CALEDONIE Tél/Fax : 00 687 41 98 38 Site : http://adeva-nc.com Mail : [email protected] AFPA 86 (Vienne) Joël BOURDILLEAU 10, chemin La Trompaudière 86270 COUSSAY-LES-BOIS Permanence : 3è lundi du mois 11h-14h au CE FOnderie du Poitou Fonte Boite vocale : 06 46 29 96 72 [email protected] Là où il n’existe pas d’association locale, les dossiers sont gérés par ANDEVA 8, rue Charles Pathé 94300 VINCENNES 01 49 57 90 95 [email protected] 47 47 Les GRANDS défenseurS DES PETITS VINS filtrés à l’amiante L’amiante a longtemps été utilisé pour filtrer des liquides alimentaires comme le vin, l’huile ou la bière. En 1976, l’UFC Que Choisir publiait une fracassante enquête sur l’amiante dans le vin. Quatre ans plus tard les pouvoirs publics se décidaient enfin à interdire cet usage des filtres amiantés. « Sur 29 crus de consommation courante, 15 contiennent de l’amiante provenant du filtrage.» Tels sont les inquiétants résultats de l’enquête menée en 1976 par l’UFC Que choisir. Soupçonnant ce produit d’être cancérogène, l’association de consommateurs appelle au boycott des marques qui continuent à utiliser ce procédé. La contre-offensive est immédiate : les « pinardiers » lui réclament cinq millions de dommages-intérêts... Le 10 novembre 1976, Cyril Latty, président de l’Association française de l’amiante (AFA) écrit aux ministres de la santé, de l’économie et de l’agriculture pour dénoncer une polémique « démagogique et politique » sur un sujet « rendu artificiellement brûlant ». Selon lui, « dans l’état actuel des connaissances il n’y a pas lieu de penser que ces procédés puissent présenter un risque pour la population. » Un mois plus tard, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) confirme la cancérogénicité des fibres d’amiante par inhalation, mais considère qu’il n’y a pas assez de données probantes pour la toxicité par ingestion. Il recommande toutefois par précaution de proscrire l’utilisation de filtres en amiante pour le vin et la bière. Sur 16 échantillons de vins examinés par ses experts, 48 8 étaient contaminés par l’amiante, avec jusqu’à 100 millions de fibres dans une seule bouteille de vin ! Les industriels de l’amiante s’opposent à l’interdiction : la toxicité de l’amiante ingéré n’étant pas prouvée « le doute doit profiter au consommateur. » (dans le doute, empoisonne toi !) Quatre années passent. Le 12 mars 1980 une circulaire ministérielle précise que « l’emploi de l’amiante comme matériau de filtration ne saurait être admis, en raison des risques de scientifique pour l’alimentation humaine » qui soutient que l’utilisation de filtres d’amiante « réduit la teneur en fibres d’amiante dans le liquide filtré » ! Le 13 novembre 1980 l’Association française de l’amiante tient à Beaune une « journée d’échanges et d’informations entre scientifiques, représentants de l’Administration, oenologues et professionnels ». Présidée par le professeur René Truhaut, elle comporte la visite d’une usine de fabrication de filtres et Les étonnantes conclusions du « Comité scientifique pour l’alimentation humaine » « Aussi paradoxal que celui puisse paraître, il a été observé à plusieurs reprises que la filtration au moyen de ce type de filtre de cellulose-amiante réduit la teneur en fibres d’amiante du produit final. » rémanence des fibrilles d’amiante, même dans le cas de filtrations répétées. » Les industriels réagissent. Au nom de la Chambre syndicale de l’amiante Cyrill Latty demande au ministre de « rapporter cette mesure, que rien ne justifie » et d’attendre - avant toute décision - les résultats d’une étude menée par l’industrie de l’amiante sur « les effets de l’administration de l’amiante par voie orale chez le rat. » Il revient à la charge en brandissant l’effarant rapport d’un obscur « Comité celle de l’établissement d’un négociant en vins. L’histoire ne dit pas s’il y a eu dégustation... Durant cette journée, plusieurs orateurs citent des faits alarmants : deux cas de mésothéliome d’ouvriers des chais figurent sur un registre des mésothéliomes. Le professeur Bignon évoque onze cas depuis 1976 pour le seul hôpital intercommunal de Créteil. Cela n’empêche pas Daniel Bouige, secrétaire de la chambre patronale de l’amiante, membre de l’As- bestos international Association et pilier du Comité permanent amiante (CPA), de rassurer son monde : « Compte tenu de la très courte durée effective » de manipulation des plaques filtrantes « par rapport à la durée du travail totale de l’opérateur » la valeur moyenne de l’exposition reste « insifigniante ». Des études épidémiologiques évoquent un taux accru de cancers gastro-intestinaux chez les travailleurs fortement exposés. Qu’on se rassure ! Les études sur l’animal ne confirment pas ce risque ! En décembre 1980, Cyril Latty intervient une nouvelle fois auprès du ministre pour dénoncer « l’illégalité » de la circulaire et brandir la menace de poursuites judiciaires au motif que « la charge qui lui est imposée dans l’intérêt général lui fait supporter un préjudice anormal et grave » dont elle serait fondée à « solliciter l’indemnisation ». Les industriels de l’amiante perdront ce combat douteux. Leur formidable campagne de désinformation et de pressions sur les pouvoirs publics a réussi à retarder de quatre ans l’interdiction des filtres amiante pour le vin. Elle n’a pas obtenu que cette mesure soit annulée. 35 ans plus tard, des anciens ouvriers des chaix meurent encore de l’amiante.