exposition à la Cricothèque de Cracovie

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Le centenaire de Tadeusz Kantor - exposition à la Cricothèque de Cracovie
L'année 2015 marque le centenaire de la
naissance de Tadeusz Kantor. A cette
occasion, le musée Cricothèque de Cracovie
organise jusqu'au 30 octobre une
exposition d'art dédiée à l'artiste. Christian
Boltanski, le célèbre plasticien français, y
présente une installation en l'honneur de
l'homme qui l'a tant inspiré. Artiste complet,
Kantor a laissé une empreinte indélébile sur la
scène artistique contemporaine que ce soit dans
le domaine du théâtre, des arts plastiques, du
happening ou en tant que théoricien de l'art.
Résolument anti-conformiste et avant-gardiste,
il est l'auteur d'une œuvre dépassant largement
les frontières polonaises.
Un étudiant des Beaux-Arts
Tadeusz Kantor est né le 6 avril 1915 à Wielpole Skrzyńskie, un petit village de Galicie
polonaise. A 19 ans, il intègre l'Académie des Beaux-Arts de Cracovie et y étudie jusqu'à
l'éclatement du second conflit mondial. Peintre de vocation, c'est durant sa vie d'étudiant à
Cracovie qu'il se familiarise avec le monde du théâtre. Il monte un spectacle de marionnettes
dans son école en 1937 et joue dans une version de La Mort de Tintagiles du dramaturge belge
Maurice Maeterlinck qu'il monte avec ses amis des Beaux-Arts. En 1941, il cofonde le groupe
"Jeune Plastique", association de jeunes artistes plasticiens polonais qui organisent des
expositions clandestines d'art pictural. Durant cette période troublée, Kantor produit
illégalement des pièces telles que Orphée de Jean Cocteau ou le Retour d'Odysée de Stanisław
Wyspiański.
Des débuts d'enseignant
Après la guerre, il travaille en tant que scénographe dans différents théâtres de Cracovie.
Parallèlement à ce métier, il continue de peindre et obtient une bourse du ministère polonais
des Arts pour partir à Paris. Après un séjour de six mois en France, il retourne en Pologne où il
obtient son diplôme d’État en 1947 et devient professeur de peinture à l'Ecole supérieure des
arts plastiques de Cracovie. Il organise dans la ville la première exposition d'art moderne
d'après-guerre en Pologne. Tadeusz Kantor est très admiratif des peintres avant-gardistes. Il est
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notamment fasciné par le Bauhaus allemand et le dadaïsme français qui utilisent l'absurde pour
répondre à l'horreur de la guerre. Cette attirance pour ces différents courants artistiques
d'avant-garde le conduit à développer dans son œuvre un discours dissident et très critique sur
les abus de pouvoir de l’État. Il manifeste une vive opposition à l'art officiel et récuse toute
ingérence de l’État dans l'activité créatrice. Cette volte-face conduit Kantor à la rupture avec le
régime et il est contraint de quitter son poste de professeur en 1950.
Kantor et la fondation du Cricot 2
Après son éviction de l'Ecole supérieure
des arts plastiques, Tadeusz Kantor
continue d'être employé en tant que
scénographe au théâtre J.Słowacki. C'est
une période frustrante sur le plan créatif
pour l'artiste, forcé de se concentrer sur
un travail "alimentaire". La fondation en
1955 du théâtre expérimental et
indépendant "Cricot 2" marque un
tournant dans sa vie. Il peut enfin exercer
son talent pour la mise en scène. Il y
bouleverse les codes théâtraux en
impliquant son audience dans l’œuvre et en utilisant des mannequins comme acteurs et des
acteurs comme mannequins vivants. Ce jeu consistant à brouiller systématiquement les
frontières du réel et du fictionnel fait une des spécificités du théâtre de Kantor.
"Le plus mondial des artistes polonais et le plus polonais des artistes mondiaux"
A la fin des années 1950, Tadeusz Kantor se bâtit une réputation sur la scène artistique
internationale au travers de ses nombreux voyages en France, en Allemagne, en République
Tchèque et en Suède où il organise une exposition à la galerie Samlaren de Stockholm. Son
œuvre picturale est internationalement reconnue mais son œuvre théâtrale reste cantonnée à la
scène polonaise. En 1965, Kantor part sept mois aux États-Unis. Sa rencontre avec les milieux
artistiques new-yorkais est décisive : il y découvre le happening, une performance artistique qui
exige la participation active du public. Grâce à cette technique, il réalise son ambition de créer
un "théâtre dans la société" et abat la dernière barrière séparant le spectateur de la scène.
La Classe morte et le triomphe
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L’œuvre phare de Kantor qui le propulse
au premier plan aux yeux du grand public
est La Classe morte qu'il monte au Cricot
2 en 1975. La pièce, qui s'inspire de
l’œuvre de Stanisław Ignacy Witkiewicz
Tumeur cervicale, raconte l'histoire de
vieillards revivant leur jeunesse dans une
salle de classe. Les mannequins
omniprésents dans l’œuvre de l'artiste
représentent l'enfance des vieillards.
Kantor qui joue sur scène interprète le
rôle de chef d'orchestre de cette scène
surréaliste. La pièce est un véritable
succès aussi bien auprès de la critique
que du public. Tadeusz Kantor poursuit
son œuvre expérimentale jusqu'à sa mort.
Il monte en 1980 la pièce WielopoleWielopole, portrait de son village
d'enfance très critique envers la société
traditionnelle polonaise.
Kantor s'éteint à Cracovie le 8 décembre 1990, laissant derrière lui une œuvre posthume :
Aujourd'hui, c'est mon anniversaire, auto-célébration pour ses 75 ans. Il était censé y
interpréter un des rôles principaux. Il fût remplacé par une chaise vide lors des premières
représentations de Paris et de Toulouse. Un ultime hommage métaphysique à la mémoire de
celui qui avait été l'âme du Cricot 2 depuis sa création.
En France, l'Institut Polonais a recensé tout les événements relatifs au centenaire de Tadeusz
Kantor sur : http://www.institutpolonais.fr
A Cracovie, la Cricothèque est le musée vivant du théâtre Cricot 2. Retrouvez le programme du
centenaire sur le site : http://www.cricoteka.pl
L'exposition de Christian Boltanski « In the Blink of an eye » se tiendra du 3 juillet au 4 octobre
2015 au Cricothèque de Cracovie. Plus d'info ici :
http://www.news.cricoteka.pl/christian-boltanski-so-quick-tak-szybko/
Source : lepetitjournal.com/Varsovie
Crédit photo : © Cricothèque et © Andrzej Kobos (« Kantor09 ». Sous licence Domaine public
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