Questionnaire 2008-MEETS
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Questionnaire 2008-MEETS
SELECTION D’ENTREE EN FORMATION DE MONITEUR EDUCATEUR ET D’EDUCATEUR TECHNIQUE SPECIALISE DU SAMEDI 26 JANVIER 2008 EPREUVE ECRITE QUESTIONNAIRE Durée : 3h30 Notation : /20 Coef. 1 Vous devez traiter l’ensemble de ces questions. Question n°1 : Lors d’un récent séjour en France, KADHAFI, questionné par les journalistes sur le thème des droits de l’homme et de son expression en Lybie, a répondu « qu’il n’avait pas de leçons à recevoir des occidentaux, qui devraient se questionner sur les droits des travailleurs immigrés qui sont relégués dans les banlieues et sur des emplois précaires » Qu’en pensez-vous ? Question n°2 : Les orientations actuelles sur la question des jours de travail le dimanche et les jours fériés sont susceptibles de modifier profondément la Société Française. Selon vous, en quoi, et qu’en pensez-vous ? Question n°3 : Le Parc National des hauts vient de se créer à la Réunion. Quels sont ses objectifs principaux ? A votre avis, en quoi le Parc National des hauts va contribuer au développement de la Réunion ? « Ces formations sont financées par le Fonds Social Européen et la Région Réunion pour le public étudiant et demandeur d’emploi. L'Union Européenne et la Région Réunion investissent dans votre avenir » SELECTION D’ENTREE EN FORMATION DE MONITEUR EDUCATEUR ET D’EDUCATEUR TECHNIQUE SPECIALISE DU SAMEDI 26 JANVIER 2008 EPREUVE ECRITE NOTE DE SYNTHESE Durée : 2 heures CONSIGNES : L’actualité « people » actuelle (l’affaire Laure MANAUDOU, Carla BRUNI/Nicolas SARKOZY, Christine BOUTIN/Jean Paul BOLUFER) questionne la délimitation vie privée/vie publique et la façon dont elle est traitée par les médias. En vous appuyant sur les documents que vous avez à votre disposition, essayez de faire une synthèse de la question sur ce sujet. (noté sur 20, coef. 1) « Ces formations sont financées par le Fonds Social Européen et la Région Réunion pour le public étudiant et demandeur d’emploi. L'Union Européenne et la Région Réunion investissent dans votre avenir » Vie privée/vie publique : problématique de la délimitation Le conflit entre liberté d'informer et secret de la vie privée. Il a fallu attendre les années d'après-guerre pour que la vie privée soit reconnue comme un droit fondamental de l'individu. Longtemps, l'espace public et politique a été valorisé au détriment de l'espace privé. L'un semblait devoir accueillir tous les talents et toutes les vertus alors que l'autre était suspecté d'abriter les plus grands vices et de cacher toutes les turpitudes. Toujours est-il qu'aujourd'hui, la liberté d'information et d'expression doit s'arrêter aux frontières de la vie privée. Les compromis sont-ils convenablement réalisés ? Faut-il mettre en place de nouvelles institutions ? Les règles déontologiques du journalisme sont-elles suffisantes ? Hubert Beuve-Méry, le fondateur du journal Le Monde, estimait que « l'on n'a pas le droit de dire n'importe quoi, n'importe où, n'importe quand et n'importe comment parce qu'il peut y avoir des conséquences ». Les médias ne peuvent pas tout dire et tout montrer ; la liberté d'information doit s'arrêter notamment au mur de la vie privée. Ce mur n'est cependant pas une barrière infranchissable. Dès lors que l'individu y consent ou dès lors qu'il existe un intérêt public, il est possible de divulguer des informations personnelles de nature confidentielle. Le fait d'être atteint d'une grave maladie ne regarde que le malade ; il en va différemment si cette maladie concerne le chef de l'État. Tous les grands textes qui reconnaissent la liberté d'expression marquent des limites, comme l'article 11 de la Déclaration des droits de l'homme de 1789 ou l'article 10 de la Convention européenne de 1950. Il en va de même pour la protection de la vie privée. Ainsi, la directive européenne sur la protection des données de 1995 prévoit des exemptions et des dérogations pour les traitements mis en œuvre à des fins de journalisme, d'expression littéraire ou artistique. Un double mouvement contradictoire Au cours des dernières décennies, on observe un double mouvement contradictoire. Le développement des médias et des techniques de communication s'est accompagné de violations de plus en plus nombreuses du droit à la vie privée. Dans le même temps, on a eu le souci de mieux formaliser et de mieux protéger ce droit, grâce à la création de normes et d'institutions nouvelles. Si la liberté d'expression est reconnue dès la fin du XVIIIe siècle, il faut attendre la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 pour voir affirmé le principe d'une protection de la sphère privée. En France, c'est une loi de juillet 1970 qui consacre cette protection. La liberté d'information a toujours été présentée comme une exigence démocratique fondamentale. Un pays où la presse est muselée n'est pas un pays démocratique. En disant la vérité et en faisant apparaître les mensonges de pouvoirs en place, les médias constituent un contrepouvoir. Surtout, ils permettent aux citoyens de se former un jugement et participent ainsi à la constitution d'une opinion publique. L'intérêt démocratique du droit à la vie privée est moins évident. Ce droit a pu apparaître en effet comme un encouragement donné à l'individualisme contemporain et comme une possibilité, pour une minorité de nantis, de cacher leurs privilèges. On considère de plus en plus aujourd'hui que ce droit constitue une base essentielle de la citoyenneté. Plus qu'un retrait de la vie publique, il en constitue un préalable permettant d'éviter les discriminations et les manipulations de toutes sortes. Sans secrets de l'individu, il n'y aurait pas d'individu et tous les régimes totalitaires ont toujours œuvré dans le sens d'une plus grande transparence. I.R.T.S de la Réunion - Sélection d’entrée en formation ME/ETS – Samedi 26 janvier 2008 - Page 2/5 Entre deux libertés essentielles qui s'opposent, il n'y a pas de hiérarchie à établir. Jamais une liberté ne doit l'emporter clairement sur l'autre, et l'on doit effectuer des pondérations selon les situations. Pour réaliser dans les meilleures conditions cette balance des intérêts, on peut établir la liste des différents cas où l'intérêt public exige de limiter la protection de la vie privée ou, inversement, les cas où celle-ci ne souffre aucune exception. Par exemple, la diffusion de la photo d'une personne sur son lit de mort ou la photo d'une personne menottée. La pondération est de toute façon toujours difficile et, pour reprendre l'exemple de la photo de presse sur la détresse humaine, il existe une frontière imperceptible entre la volonté de témoigner et le voyeurisme. Rechercher un juste équilibre Le thème de réflexion le plus important concerne la recherche d'un juste équilibre entre deux droits opposés. Cette recherche est toujours délicate et rarement satisfaisante. On peut estimer que la balance des intérêts penche trop soit en faveur du droit au respect de l'intimité, soit au contraire en faveur de la liberté d'expression. Ainsi, certains estiment que, depuis la loi sur la presse de 1881, la liberté d'information a été constamment limitée par les différentes mesures prises pour protéger la vie privée. La grande sévérité d'application de ces textes par le juge aggrave la situation et entraîne une grande insécurité juridique. Une approche comparative montre que la France est le pays où la vie privée est la mieux protégée. La liberté d'expression est moins contrainte dans des pays comme la GrandeBretagne ou les États-Unis. Cette liberté n'est pas sans limite mais ses abus y sont mieux tolérés. On estime finalement que c'est la démocratie qui sort gagnante d'une expression la plus libre possible. Au début du XXe siècle, le grand journaliste américain Joseph Pulitzer invitait ses collègues à dévoiler tout, parce que, disait-il, « tôt ou tard, l'opinion publique s'en débarrassera ». À l'opposé de cette position, on peut considérer que la balance des intérêts néglige par trop le droit de l'individu à voir sa vie privée respectée. La fin de la vie privée ? Devant l'ampleur des agressions et les énormes possibilités offertes par les nouvelles technologies, on annonce même la fin de la vie privée. Est ici présenté un argumentaire particulièrement convaincant. Tout d'abord, la liberté d'expression ne doit pas être confondue avec la liberté du commerce. En effet, dans la plupart des cas, la logique dominante et parfois exclusive des médias est une logique commerciale. Si la vie privée est dévoilée, ce n'est pas à cause de l'intérêt public, mais bien pour satisfaire le voyeurisme et la soif de sensationnel du public. Les nouvelles technologies permettent de suivre dans le même temps l'individu à la trace. On bénéficie sur Internet d'une totale liberté d'expression, mais tout ce que nous exprimons est enregistré, pour le plus grand profit des marchands. Par ailleurs, le droit à la vie privée est d'autant plus menacé que les individus ne se mobilisent pas suffisamment pour le faire respecter. Ils ne voient pas que les technologies de la communication sont aussi des technologies de contrôle. Parfois même, ils participent activement à leur propre mise à nu. Après les reality shows, des émissions comme « Big Brother » ou « Loft Story » franchissent un degré de plus dans l'indiscrétion. Sans parler de la diffusion sur Internet, depuis le domicile d'une personne et 24 heures sur 24, de ses moindres faits et gestes. Patrick BAUDRY, Claude SORBETS, André VITALIS La vie privée à l'heure des médias, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2002, pp. 16-18 (extrait). I.R.T.S de la Réunion - Sélection d’entrée en formation ME/ETS – Samedi 26 janvier 2008 - Page 3/5 L’irruption de la vie privée dans le champ de l’information Presse dite people : un état des lieux Si les Français boudent les quotidiens nationaux, ils dévorent la presse people. Chaque semaine, 18 millions de lecteurs, soit un Français sur trois, lisent Voici, Gala, VSD, Public, France Dimanche, Ici Paris, Paris Match, Point de Vue et Closer. Depuis le lancement de Voici, en 1987, ces titres ont vu leur diffusion (nombre d'exemplaires vendus) augmenter de 65 %, passant de 2,09 millions d'exemplaires chaque semaine en 1987 à 3,46 millions en 2005. L'audience, c'est-à-dire le nombre de lecteurs, pour Paris Match, France Dimanche ou Voici, est équivalente à celle du journal télévisé de 13 heures de TF1. (...) Des scores d'autant plus surprenants que la concurrence s'est intensifiée. Le 13 juin 2005, Emap a lancé avec force campagne de pub télé Closer. Vendus moins cher que ses rivaux Voici et Public, les exemplaires sont partis comme des petits pains. Mais, bizarrement, l'arrivée de Closer n'a fait que renforcer cette « famille de presse ». Si bien qu'au lieu de prendre des parts du marché à la concurrence, Closer a élargi le gâteau. Une fois n'est pas coutume, la concurrence lui dirait presque merci. (...) Au total, ce nouveau magazine pourra annoncer une moyenne sur l'année 2005 de près de 400 000 exemplaires vendus. Un chiffre qui classe d'emblée ce magazine parmi les meilleurs lancements dans l'histoire de la presse française. Le succès du lancement de Closer rompt avec la monotonie ambiante qui règne dans les rédactions de journaux en France, empêtrées depuis quelques années par une baisse récurrente des ventes et des volumes publicitaires. (...) Le people ne deviendrait-il pas la recette miracle d'une presse en crise ? La presse féminine, déjà très friande de photos de stars pour ses couvertures, ne peut plus s'en passer aujourd'hui. En 1998, Marie Claire et Vogue ne mettaient pas une seule célébrité en une. En 2003, les deux revues en plaçaient respectivement 45 et 50 %. C'est encore plus flagrant pour Elle (53 %). Le 1er mai 2006, l'hebdomadaire a même consacré sa une aux « stars ont-elles encore une vie privée ? ». Mais, plus récemment, ce sont les magazines d'actualité qui ont cédé à cette tendance. L'Express consacre une rubrique au sujet people et n'hésite pas non plus à faire sa une sur ces thèmes : « Montand-Signoret, les secrets d'un couple mythique », ou encore « People, le grand déballage ». L'hebdomadaire Le Point publie chaque jeudi son « carnet » rose. Le Nouvel Observateur et Marianne y ont consacré plusieurs dossiers. Même la presse gratuite s'y est mise. Le journal 20 minutes accorde une page par jour à ce thème. Certains vont même plus loin encore, le Figaro envisagerait de lancer un gratuit de l'après-midi avec comme ligne éditoriale principale le people. (...) Le people est donc plus qu'une mode, une tendance de fond. Soucieux de coller au plus près des désirs de leurs lecteurs, les éditeurs ont interrogé leur service marketing et de veille éditoriale pour tenter de comprendre les réalités de ce phénomène. La presse people et ses recettes (photos volées, révélations, scandales...) ne datent en effet pas d'hier. Sans remonter très loin, on notera que Paris-Soir Dimanche, lancé en 1935 par Prouvost et Lazareff, publiait des enquêtes sur « les grands de ce monde dans l'intimité ». Le premier procès pour photo volée et atteinte à la vie privée date de 1965 : le journal France Dimanche avait osé publier la photo de Gérard Philipe sur son lit d'hôpital. Depuis, la presse people s'est enrichie de nouveaux titres : Voici et Gala en 1987 et 1993. I.R.T.S de la Réunion - Sélection d’entrée en formation ME/ETS – Samedi 26 janvier 2008 - Page 4/5 Mais tout bascule quand, en 2001, M6 lance la première émission de télé-réalité, « Loft Story ». Le phénomène intrigue. Le Monde consacre dix-sept unes à l'événement. La téléréalité devient un élément clé du contenu des magazines people qui cherchent à faire perdurer le mythe de la star en dehors des écrans. La presse people « joue » de cette nouvelle forme de star éphémère, vénérée et aussitôt oubliée. La téléréalité a transformé des anonymes en vedettes, élargissant d'emblée le « marché du people ». Surfant sur cette vague, Hachette Filipacchi Médias, filiale du groupe Lagardère, lance Public. La télé-réalité n'est pas la seule explication du succès de la presse people. En interrogeant des sociologues, les journaux ont compris que l'époque est à la transparence à tout prix, voire à l'impudeur. « Il y a en France une véritable fascination pour l'intime. C'est le triomphe de Dolto », analyse l'écrivain Alexandre Jardin, auteur d'un best-seller sur sa famille. On ne compte plus les émissions de télévision comme celle de Mireille Dumas dans lesquelles les stars révèlent leur intimité. Dans la foulée, le public devient exigeant. Il ne se contente plus de l'interview policée de la star en promotion qui vend sa marchandise. Le lectorat évolue. Avec des résultats étonnants : aujourd'hui, Voici a plus de lecteurs cadres à haut revenus que Gala. En parallèle, les journaux se segmentent de plus en plus. Tandis que Voici fait de l'investigation, que Gala mise sur le luxe et les belles sagas, que Public fait la part belle aux starlettes de la télé, d'autres journaux comme Choc et Guts se rapprochent de la presse anglaise comme le Sun et le Daily Mirror. Les articles deviennent de plus en plus trash avec photos sous les jupes des stars ou Christophe Dechavanne entièrement nu en couverture. D'autres tabous sur les stars droguées (Kate Moss et Whitney Houston) et sur la vie privée d'hommes politiques (Albert de Monaco et Nicolas Sarkozy) volent en éclats. Pour Luciano Bosio, directeur de la stratégie du groupe Figaro, « il y avait un tabou assez français. Les Anglo-Saxons n'ont jamais pensé que la vie privée des hommes publics était un tabou : l'affaire Lewinsky a tenu en haleine un pays entier pendant deux ans. La mondialisation a fait tomber les résistances. En France, ce mouvement est arrivé plus tard car la dignité des institutions était préservée. Manifestement, elle est en train de se craqueler » Léna LUTAUD et Thiébault DR0MARD Les dessous de la presse people, Paris, Editions de La Martinière, 2006, pp. 7-11 (extraits). I.R.T.S de la Réunion - Sélection d’entrée en formation ME/ETS – Samedi 26 janvier 2008 - Page 5/5