Journal du textile
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INDUSTRIE Jaqk veut mettre la mode dans son jeu La marque, qui s’inspire de l’univers du poker, propose des hauts pour l’homme dans un segment milieu-haut de gamme. vons dans le poker : l’audace, l’instinct, le respect, les sensations fortes comme dans un sport. Le plaisir, aussi, c’est important, car notre projet est vraiment parti d’un groupe d’amis passionnés. L’argent est présent, c’est vrai, dans le poker. Cela fascine les jeunes, d’ailleurs, mais pour nous, c’est secondaire.» La marque est diffusée par une quinzaine de multimarques, principalement dans la moitié nord de la France. Elle y côtoie Hartford, Tommy Hilfiger, Parajumpers ou Polo Ralph Lauren. Depuis décembre dernier, le site Internet de Jaqk propose également la vente en ligne de sa collection. Les responsables de la marque vont structurer leur société au fil de cette première année d’existence. Ils envisagent d’exposer à Bread & Butter en priorité ou dans un autre grand Salon européen dès l’hiver prochain pour présenter leur collection automne-hiver 2012-13. CHRISTEL DIVERT ● La Maison des savoir-faire ouvre ses portes La structure a pour ambition de faciliter les contacts et les échanges entre donneurs d’ordres et façonniers. L modèle et logo L poker fait des émules et suscite des vocations dans le textile. Issu de cet univers, Jaqk est né dans le nord de la France, au cœur de la métropole lilloise. Antoine Leclercq, un agent de fabriques textiles, spécialiste du sourcing, a créé cette marque masculine avec cinq amis, devenus ses associés pour l’occasion. Pour le moment, chacun conserve son activité professionnelle et en profite ainsi pour apporter des compétences complémentaires (marketing, partenariat, finance ou web) à cette jeune marque. Le projet s’est esquissé deux ans avant de prendre forme. «Nous sommes partis du constat qu’il n’y avait pas d’offre textile intéressante et de valeur autour du poker. Il n’y avait que des tee-shirts bas de gamme. Nous voulions proposer une collection de hauts milieuhaut de gamme au même titre qu’Eden Park dans le rugby ou Ralph Lauren dans le polo», explique Antoine Leclercq. Peu après la création de la marque, les associés ont recruté Justine Vanhauwaert comme directrice générale. La première collection pour le printemps-été 2011 comprend des tee-shirts en jersey siliconé ou à toucher peau de pêche, des polos (manches courtes ou longues) ainsi que des chemises et des pulls (déclinés dans un mélange de coton, soie et cachemire). Les détails sont soignés : bouton métallique frappé d’un «pique» sur un polo ou une chemise, finitions intérieures en tissu imprimé contrasté et manches des pulls reprenant les codes de la manche de chemise. Les jerseys et les popelines des chemises sont achetés en Europe. La maille vient de Chine. La fa- jaqk. La marque souhaiterait devenir pour le poker l’équivalent de ce qu’est Eden Park pour le rugby. E brication est réalisée en Turquie. «Nous nous sommes concentrés sur les hauts, car c’est le seul élément qui est visible quand vous êtes assis à une table de poker. Les pantalons ? D’autres en font très bien, nous avons préféré ne pas nous éparpiller. A terme, nous envisageons de développer des hauts pour la femme puisqu’il y a de plus en plus de joueuses parmi les joueurs.» Trois thèmes Cette collection est segmentée en trois thèmes : Jaqk en ville, pour la semaine comme pour le week-end; Casino Chic, pour sortir; et I am a Jaqk, plus «marqué» (logo, phrases imprimées notamment). La jeune griffe propose aussi des accessoires : foulards, pochettes en cuir pour smartphone, sacs mais aussi des jeux de cartes et un bouton «dealer» (destiné à celui qui a la main au poker) griffé, en céramique. Antoine Leclercq s’est pris de passion pour le poker il y a six ans. Il a fondé un club d’amateurs. «Le nombre de joueurs de poker est actuellement estimé à 5 ou 6 millions de personnes en France. C’est un univers qui est en train de grandir, de mûrir, qui commence à intéresser de plus en plus de sponsors et de partenaires. Nous voulions partager les valeurs que nous trou- ’OUVERTURE de la Maison des savoirfaire pour les métiers de la mode s’annonce sous de bons auspices. Inauguré le 3 mai prochain en présence de Lyne Cohen-Solal – adjointe au maire de Paris, chargée du Commerce, de l’Artisanat, des Professions indépendantes et des Métiers d’art –, ce nouveau lieu occupera, comme prévu, deux étages (dont un quart de la surface était déjà dédiée à la Plate-forme des façonniers),soit 200 m2,dans l’immeuble de la Fédération française du prêt-àporter féminin, rue Caumartin, à Paris. Sa vocation est de faciliter les relations, dans un lieu d’échanges convivial, entre les façonniers français, souvent établis en région,et leurs donneurs d’ordres.Les donneurs d’ordres étrangers pourront également bénéficier de ce lieu, pour faciliter leurs contacts avec les détenteurs du savoir-faire hexagonal. «Nous avons prévenu de notre initiative les organisations professionnelles et les institutions britanniques, belges, espagnoles, italiennes et américaines, qui l’ont accueillie avec beaucoup d’intérêt, observe Jean-Pierre Mocho, président de la Fédération du prêt-à-porter féminin. Mais, attention, notre objectif est bien de mieux exporter notre savoir-faire à l’étranger, pas de livrer nos secrets de fabrication.» La Maison des savoir-faire aura une vocation d’abord pratique. Dans les trois show-rooms mis à leur disposition, les donneurs d’ordres pourront discuter avec leurs façonniers ou faire des essayages. La Maison sera aussi un lieu d’information et de services. «L’entreprise qui cherche un renseignement sur un process particulier – comme confectionner tel tissu – doit pouvoir y trouver une réponse», précise JeanPierre Mocho. Le lieu sera également ouvert aux écoles du secteur et permettra ainsi à leurs élèves de venir y rencontrer les représentants de la profession. Isabelle de Maistre et Véronique Bekhadi, les responsables de la Plate-forme des façonniers, avec laquelle la Maison travaillera en synergie.Toutefois, à moyen terme, un responsable ad hoc devrait être chargé de la structure. Autre nouvelle intéressante sur le front de la façon, la Fédération française du prêt-à-porter féminin s’apprête à signer, lors de son assemblée générale, le 16 juin prochain, un accord avec la Fenecon, la Fédération des façonniers espagnols. «Il s’agit d’aller plus loin dans nos relations, notamment en matière de politique européenne, en menant davantage d’actions communes de lobbying et d’échanges, relève Jean-Pierre Mocho.La Fenecon est importante en Espagne, où l’on trouve encore beaucoup de fabricants proposant des coûts intéressants.» Selon Jean-Pierre Mocho, «les propositions française et espagnole peuvent donc s’avérer complémentaires». Le responsable se dit aussi agréablement surpris par le niveau de qualité des collections des jeunes créateurs espagnols, fabriquées sur place et qui se vendent bien localement. «La preuve que, malgré la crise, un besoin existe», observet-il. Un exemple dont les Français auraient intérêt à s’inspirer, selon lui. SOPHIE BOUHIER DE L’ECLUSE ● lyne cohen-solal. L’adjointe au Maire de Paris inaugure la Maison des savoirfaire ce 3 mai. Stéphane de Sakutin/Afp L’autonomie en 2013 Financée, dans un premier temps, par le Défi – sur l’initiative de la Fédération et de l’Ufih (Union française des industries de l’habillement) –, la structure sera amenée, petit à petit, à gagner son autonomie, qui devrait aboutir à l’horizon 2013, selon Jean-Pierre Mocho. L’idée est, selon lui, que les services (payants à terme) délivrés aux façonniers et donneurs d’ordres permettent de la financer. Dans un premier temps, la coordination de la Maison des savoir-faire sera confiée à N°2084 / 3 mai 2011 Journal du Textile 25