JPMS 2015 - L`officiel du Cycle

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JPMS 2015 - L`officiel du Cycle
salon
sommaire
1 DES EXPOSANTS MOTIVÉS
2 BILAN DE L’ORGANISATEUR
3 DU CÔTÉ DES ACTEURS
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par François Blanc, photos FB et SLG
RETOUR
POSITIF
N’en déplaise aux grincheux, les JPMS ont bien eu lieu et c’est
déjà une belle victoire pour l’équipe organisatrice. Elle prouve
avec cette édition de reprise qu’un salon professionnel reste
une nécessité pour de nombreux acteurs du milieu de la moto.
A
u lendemain de ces JPMS 2015, les chiffres de
fréquentation ne nous avaient pas encore été
communiqués. Sur place, l’impression à ce
sujet n’était guère différente de celle qu’auront
laissée d’autres éditions – en l’occurrence,
à Lyon : des périodes calmes et des pics horaires, mais
aussi des secteurs du hall plus spontanément chargés en
visiteurs que d’autres. L’aspect quantitatif des choses mis à
part, critère trop réducteur s’il est considéré seul à l’heure
d’un bilan, il convient de saluer le retour du seul salon
professionnel réservé au secteur du 2-RM. Il serait en effet
difficile à admettre, aujourd’hui, que la moto, le scooter et
le quad soient une des rares industries de ce poids à ne pas
sauvegarder une telle manifestation sur le sol français.
À taille humaine
Sur place, les installations (surface totale, répartition des
stands, taille moyenne de chaque emplacement) ont
conféré à cette édition une taille humaine, dans le meilleur
sens du terme. Pas de course à l’armement chez les
exposants, même si certains avaient souhaité travailler dans
des conditions confortables. Les impressions échangées
entre visiteurs, exposants et observateurs, à l’issue de la
deuxième journée, ne permettent pas de dégager un avis
marqué dans un sens ou dans un autre. Il a bien sûr été
question de quelques exposants absents. Un réflexe naturel,
peut-être. Mais ne fallait-il pas plutôt se réjouir de la
présence de plus de 300 sociétés, venues parfois d’assez
loin ? Sans oublier la participation, bienvenue, de la branche
deux-roues du CNPA et de la CSIAM.
Ce qui est certain, c’est que l’initiative de cette relance doit
avant tout être saluée ; et les perspectives pour 2016
envisagées sereinement. Sans doute quelques réglages
devront-ils être effectués. Reste à espérer une mobilisation
accrue de tous les acteurs invités à se joindre à la “fête de la
famille”, comme dit Jean-Pierre Bonato. Une confirmation de
la reprise économique, même timide, en 2015, favoriserait
>>
grandement l’accomplissement de ces vœux. 
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1 DES EXPOSANTS MOTIVÉS
DES MARQUES VENUES
D’AILLEURS QUI Y CROIENT
L’organisateur des JPMS 2015 ne s’en cache pas : mettre en scène de nouvelles Journées pros dans la
continuité, mais en tâchant de faire évoluer la formule : le pari n’était pas gagné. Cependant, les JPMS
newlook ont fait le plein d’exposants, dont quelques nouveaux venus de l’étranger. Présentation.
GIVI
L
« DES RENCONTRES ENTRE ÊTRES HUMAINS ! » a maison Givi n’a évidemment pas besoin de se faire
connaître plus et mieux, même si elle s’efforce,
comme la plupart des fabricants, de proposer
nombre de nouveautés chaque année. En revanche,
Philippe Roekhaut, directeur commercial de Givi France,
confie d’emblée que la marque « tient à ce qu’un salon
professionnel comme celui-ci perdure. C’est un canal
pertinent qui vaut tous les show-rooms. Par ailleurs, les pros
doivent bien comprendre que rien ne remplace un contact
direct avec nous, avec nos offres. En venant aux JPMS, ils
peuvent voir les produits de leurs yeux, les manipuler et nous
poser toutes les questions qu’ils veulent. Je dis ça parce qu’ils
sont de plus en plus amenés à pêcher de l’information via le
multimédia pour, pensent-ils, gagner du temps et donc de
l’efficacité. Aujourd’hui, n’importe quelle fiche technique,
photo, vidéo ou avis de consommateur se trouve sur Internet.
C’est bien, mais ce flux ininterrompu – un véritable
changement de culture et de réflexes – ne dispense pas, à
mon avis, d’une rencontre entre êtres humains ! ». Le made
in Europe, avec Givi, a encore pas mal de choses à dire…
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u total, 120 exposants et plus
de 300 marques ont répondu
présent : la cuvée 2015 n’a pas à
rougir de la performance. Surtout,
et puisqu’il s’agissait de conserver
les fondamentaux tout en rafraîchissant la
recette, le fait que des nouveaux venus aient
misé sur cette manifestation pour se faire
connaître et apporter leur énergie à un secteur
pas encore remis de quelques années noires,
semble donner raison à Jean-Pierre Bonato,
le chef d’orchestre. Et ce d’autant plus que
quelques absents notables – Shoei, Bihr, Ixon
et les marques du groupe Trophy par exemple
– auront finalement “laissé la place” à des
acteurs moins connus. À l’arrivée, et sans parler
des animations, ni des rendez-vous pris en
amont par des importateurs avec leurs clients,
la mayonnaise prend, parole d’exposant ! ¢
LEXMOTO
« NOUS SOMMES LA 4E MARQUE AU ROYAUME-UNI »
L
a société britannique Llexter fait partie des
petits nouveaux des JPMS. Avec sa marque
Lexmoto, lancée au Royaume-Uni en 2005,
elle a toutes les raisons d’inspirer confiance. Comme
le révèle James Broom, responsable clientèle de
Llexeter France, « Nous sommes venus proposer des
deux-roues motorisés de 50 cm3 et 125 cm3 fabriqués
en Chine. Mais il faut que les professionnels français
sachent qu’en moins de dix ans, Lexmoto est devenue
la quatrième marque la plus vendue au
Royaume‑Uni ! ». Précision : cette performance a pu
être réalisée grâce aux 120 concessionnaires qui,
outre-Manche, maillent le territoire. Les reins
solides, une implantation en France et une petite
équipe chargée de faire connaître la marque et les
produits – une quinzaine de moto et scooters, y
compris des exclusivités Lexmoto – constituent
l’arsenal dont la mise en œuvre est censée attirer
l’attention de revendeurs de l’Hexagone. Deux
choses à noter encore : Llexeter, dans quelques
semaines, lance une moto de 250 cm3. Enfin, cette
entreprise se veut « le plus grand fournisseur de
pièces de 2-RM chinois en Europe, avec 75 000
références au catalogue », indique James Broom.
Cela devrait bouger encore dans le commerce du
2-RM léger fabriqué en Chine et commercialisé sur
le Vieux continent…
PARTS EUROPE
« LES JPMS SONT UN
RENDEZ-VOUS UTILE »
ASIAWING
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arts Europe, émanation européenne du poids
lourd américain Parts Unlimited (52 pays
couverts dans le monde), persiste à se faire
connaître des revendeurs français. « Seulement
quatre saisons commerciales pour être connu à coup
sûr de tout le monde, c’est un peu court », résume
Vincent Arnoult, directeur commercial France. Les
JPMS 2015 se présentent donc opportunément
pour le distributeur. Présent sur le territoire
national depuis la saison 2010-2011, il revendique
quelque 460 marques au catalogue, de
l’équipement du pilote (route et TT, y compris des
marques de vêtements détenues en propre) au
consommable en passant par l’accessoire pour
la moto – l’épaisseur du catalogue dévolu au
custom laisse songeur… « Les JPMS font clairement
partie du plan de développement de Parts Europe en
France, reprend le directeur commercial, notre offre
est tellement vaste qu’il importe de la faire
(re) découvrir aux professionnels français ».
Sur le stand de Parts Europe, les visiteurs du
salon auront pu apprécier, entre autres, l’offre
de la marque française (!) de guidons Neken,
les systèmes d’échappement Spark (fabriqués par
l’italien Vicchi), ou encore la nouvelle collection
de vêtements Icon, « plus vintage et un rien élitiste,
estime Vincent Arnoult. Tous les professionnels
français n’ont pas pu faire le déplacement à
Cologne ou Milan. Les JPMS restent donc le
rendez‑vous utile pour leur permettre de prendre
la température… », conclut-il.
« UNE OCCASION EN OR DE NOUS MONTRER »
T
hierry Charbonnier, ancien
champion du monde d’enduro,
a trouvé un moyen intéressant
de « revenir à ses racines », comme il
dit. En 2014, il a lancé la
commercialisation de machines
frappées de la marque Asiawing. Au
départ, c’est un ami, commercial
expérimenté du secteur moto et
implanté en région Rhône-Alpes
(il s’agit de Gilbert Ghio) qui l’a
gentiment poussé à s’intéresser à ses
motos venues de Chine. Séduit par la
qualité et les performances des
250 et 450 4-temps qu’on lui
présente, mais aussi par les
conditions commerciales attachées
aux véhicules, Thierry décide de
miser sur la marque, sur sa passion
de l’enduro et celle des revendeurs
français. Sa première participation
aux JPMS va de soi : « D’abord, à mon
avis, les absents ont toujours tort !
Ne pas venir exposer sur le seul salon
réservé aux professionnels me semble
regrettable. Ensuite, c’est une occasion
en or de nous montrer, de discuter
avec des revendeurs. Nous cherchons
bien sûr à densifier notre modeste
réseau actuel, qui comprend quinze
concessionnaires aujourd’hui »,
résume Thierry, qui précise que le
gérant de la petite structure
d’importation française d’Asiawing,
ce n’est pas lui : « C’est mon fils ! »,
lâche-t-il. Réaliste, il termine en
précisant que son objectif pour 2015
consiste à « vendre 150 motos. Après,
on verra ce que ça donne ».
>>
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salon
RIEJU
« C’EST LE BON TEMPO »
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ieju, la petite marque espagnole qui monte, n’aurait
manqué le rendez-vous avec ces JPMS cuvée 2015 pour
rien au monde. « Nous attendions beaucoup de cette
édition du salon professionnel français », confirme Alberto
Mendez, le patron du marché français. Et pourquoi donc ?
« D’abord, nous sortons, comme beaucoup de constructeurs de
notre catégorie, d’une zone de turbulences. Or 2014 a été une
assez bonne année, en tout cas une année de reprise. Exposer aux
JPMS 2015 nous semble donc logique et opportun. Si on ajoute à
cela que les JPMS de Marseille ont dû être annulées et que nous
n’avons pas exposé au Salon de la moto de Paris de fin 2013,
il était grand temps que nous reprenions un contact direct avec les
professionnels français. Le mois de janvier, en plus, nous semble
bien choisi pour cette relance, juste avant le début de la saison.
Enfin, le fait de nous poser deux jours à Paris nous intéressait
vraiment dans la mesure où l’Île-de-France est une des régions où
nous sommes le moins implantés », expose Alberto.
Une conjonction d’occurrences favorables, en somme.
NECO
L
EUROCKA
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« COMME DES PORTES OUVERTES »
acky Cai, que les lecteurs de L’Officiel connaissent déjà (Cf. L’OCMQ
n° 3826), a exposé aux JPMS. Pourquoi ? Parce qu’il fait partie de
ces jeunes entrepreneurs qui ont grand besoin de se montrer, de
se faire connaître et de convaincre. Dans son cas, on pourrait y ajouter
la nécessité de rassurer. Car même si la perception du scooter chinois
évolue dans la tête des consommateurs français, il reste du travail à
faire… « Nous cherchons de nouveaux clients », confirme le directeur
général d’Eurocka Motorcycles. Certes, on se souvient qu’il vend aussi
« EN ORDRE DE BATAILLE »
a marque de scooters Neco n’en
est pas à son coup d’essai. Son
distributeur, la société belge
Mooof NV, a néanmoins décidé de
marquer son passage aux JPMS 2015.
Comme l’explique Marc Mantello,
chargé du développement de la
marque sur le marché national, « Mooof
a réalisé son meilleur score en 2014. Ses
projets pour la France se précisent. Quel
endroit plus propice à des prises de
contact avec les revendeurs français que
ces JPMS ? J’enfonce une porte ouverte,
mais ce rendez-vous me semble
indispensable pour favoriser les affaires
présentes et à venir. En outre, nous
présentons cette année des vélos
à assistance électrique de marque
Beaufort, fabriqués en Belgique. Notre
stand est situé à proximité de la piste
d’essai et les visiteurs étaient
cordialement invités à tester ces produits.
Il est un autre produit totalement
nouveau que nous aurions aimé
présenter sur ces JPMS. Il s’agit d’une
moto 125 cm3 de marque Bullit, très
inspirée néo-rétro et qui sera proposée en
deux versions. Hélas, sa mise au point est
en train de se terminer, mais pas tout à
fait à temps pour nous permettre d’en
donner la primeur aux visiteurs du Parc
Floral de Paris ». Quoi qu’il en soit,
Mooof NV, annonce qu’il n’aura jamais
été aussi prêt à entamer une année
commerciale prometteuse : « Nous
démarrons 2015 avec sept commerciaux,
dont un pour l’outre-mer. Le distributeur
belge se met en ordre de bataille dans les
meilleures conditions possibles.
2015 s’annonce comme une année
vraiment intéressante pour lui en
France », conclut Marc Mantello.
ses scooters à l’enseigne Feu Vert. Mais il n’en démord pas : son offre
devrait et doit intéresser les revendeurs du réseau classique. Benjamin
Harivel, responsable du SAV et des relations client, proposait même aux
pros venant sur son stand Eurocka une visite des locaux de l’entreprise,
en région parisienne. « Si cela peut leur donner confiance, c’est bien.
Notre porte leur est ouverte », confie-t-il. À part ça, le constructeur a fait
aussi le déplacement pour exposer deux nouveautés dans l’air du
temps : un scooter et une voiture sans permis tous deux électriques.
PAASCHBURG & WUNDERLICH
« L’ENTREPRISE VEUT BRILLER »
C
réée en 1982, la société
allemande Paaschburg
& Wunderlich s’active assez
discrètement en France depuis une
quinzaine d’années. Surtout
spécialisée dans la conception, la
fabrication et la vente d’éclairages de
toutes sortes (ce poste pèse à hauteur
de quelque 60 % de son volume
d’affaires), elle propose aussi de
l’échappement, des équipements
et composants électriques, de
l’accessoire, des consommables,
et même un peu d’outillage
– le catalogue compterait environ
22 000 références. Représentée par
Bruno Härtel, son responsable des
ventes pour la France et l’Italie, elle
expose pour la première fois aux JPMS.
Très occupée jusqu’à présent à asseoir
sa position en Allemagne et au sein d’autres pays limitrophes, l’entreprise affirme
aujourd’hui plus nettement ses ambitions hexagonales. « En 2014, nous avons
augmenté notre chiffre d’affaires de 25 % en France. Nous voulons poursuivre ce
déploiement. Les JPMS, à ce titre, constituent un rendez-vous opportun. Nous avons
simplement dû nous partager, car en même temps que ce salon professionnel
parisien se tenait celui de Birmingham, au Royaume-Uni… », note Bruno Härtel.
Une concomitance que bien peu de professionnels présents aux JPMS auront relevée.
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2 LE BILAN DE L’ORGANISATEUR
JEAN-PIERRE BONATO, DIRECTEUR GÉNÉRAL DES JPMS
« RETOUR AUX FONDAMENTAUX »
Jean-Pierre Bonato, directeur des JPMS 2015, propose un premier bilan de cette édition de reprise. Un
salon pro, pour lui, doit être envisagé comme un outil d’aide à la relance de l’activité. Qui l’aime le suive…
V
ous êtes l’inventeur du
concept des JPMS et on
vous a vu au côté de
Stéphane Clair depuis
l’origine de ce salon, en
2002. L’édition 2015 en relance l’idée,
mais vous êtes cette fois aux manettes.
Pourquoi ?
Au départ, en effet, je sais imaginer, concevoir
et définir un événement comme les JPMS.
Mais je ne sais pas le produire a priori. J’ai
effectivement porté et promu l’idée jusqu’en
2008. Après, lorsque l’organisation a renoncé
à l’édition 2014, Stéphane Clair m’a appelé
pour discuter de la suite. Je lui ai proposé de
revenir aux fondamentaux, de sortir de la
notion de salon “grosse machine”. Améliorer
l’accessibilité géographique, éviter les stands
“cathédrales” et donc privilégier des surfaces
à taille humaine pour chaque exposant,
favoriser les notions de prise de contact, de
découverte et de rencontre sans miser à fond
sur la prise de commande, bref, faire renaître
la “fête de la famille” des professionnels de la
moto : voilà ce que j’ai défendu auprès de
Stéphane Clair. Il m’a alors proposé de
prendre les manettes pour 2015.
Pourquoi le choix de Paris ?
Comme un choix de raison. Si on trace un
cercle avec un compas en cherchant à
englober 85 % du territoire dans un rayon de
trois heures de déplacement, la pointe doit
en être posée sur Paris… Quant au Parc Floral,
outre le fait d’être entouré d’arbres, d’être
accessible en transports en commun et
d’offrir de la place pour garer un véhicule aux
portes de Paris, j’ai aimé ce pavillon fermé par
des parois et portes de verre : quand on arrive
dans ce bâtiment, on a vraiment l’impression
de passer les portes d’un magasin ! Je voulais
que les visiteurs aient ce sentiment d’entrer
dans le magasin de leur profession. En plus,
avec une hauteur de plafond limitée à quatre
mètres, il était impossible pour les exposants
d’installer une structure susceptible d’écraser
celles des autres… Cette contrainte
garantissait un salon et des stands à taille
humaine, en totale cohérence avec le concept
que j’ai décrit à l’instant – la fête de famille,
pas le concours de gigantisme.
La relance des JPMS n’allait pas de soi,
surtout avec une relocalisation.
Comment avez-vous pris le problème ?
On a eu peu de temps pour communiquer,
en effet, à partir du moment où nous étions
d’accord sur l’idée et les moyens à engager.
Nous nous sommes mis au travail, à deux,
à partir du 15 septembre dernier. Nous avons
contacté chaque exposant potentiel, discuté
des options, écouté attentivement leurs
discours et doléances, échangé avec chacun
d’eux. Ce qui est ressorti de cette prospection,
c’est que tous ont vraiment tenu à venir.
Un mot à adresser à ceux qui n’ont pas
voulu ou osé venir ?
Je déplore le cynisme de certaines marques
phares. Dans une période de reprise
économique encore fragile, il ne faut surtout
pas négliger la moindre occasion de
rencontrer ses clients et prospects, que ce soit
pour les rassurer, leur redonner confiance,
trouver des solutions de nature à les aider,
etc. S’abstenir de venir parce qu’il s’agirait
surtout, aujourd’hui, de vendre à des
centrales de référencement, à des
franchiseurs ou des gros sites de vente en
ligne, c’est assez méprisant à l’égard de tous
les professionnels indépendants du secteur
qui irriguent le territoire et font vivre la moto.
Êtes-vous soucieux du nombre de
visiteurs sur ces deux jours de salon ?
Pour être franc, je me soucie surtout de
l’ambiance, de ce qui a été perçu comme utile
à la profession, de ce qui donne à penser que
nous nous préoccupons vraiment de recréer
un grand rendez-vous annuel, avec toute la
pertinence que l’ensemble des participants
sont en droit d’attendre. Les exposés, débats
et conférences proposés pendant ces JPMS
font partie de cette qualité de prestation
globale. N’oublions pas que c’est un salon de
reprise, au sortir d’une période très difficile
pour le commerce du deux-roues motorisé.
Il ne faut pas attendre un feu d’artifice
d’entrée. Chaque chose en son temps.
Leur décision procède d’une volonté forte,
déterminée. Ça, c’est très important,
parce qu’ils ont eu une démarche axée
sur la qualité. Aujourd’hui, lundi 19 janvier
après-midi, quand un Elf, un Castrol ou un
Avon m’attrapent par le bras dans les allées
pour me dire leur satisfaction d’être ici, que le
pari, pour eux, est gagné, j’ose croire que
cette dimension qualitative a été bien
perçue, bien vécue. Ces entreprises ont tenu
à être là, elles ont joué le jeu, engagé
certains moyens et atteint leur objectif.
Je m’en réjouis et remercie toutes ces sociétés
qui nous ont fait confiance, qui ont pris un
(petit) risque en tablant sur ces JPMS 2015.
Je veux encore leur dire à quel point nous
partageons les mêmes idées, le même désir
d’aller de l’avant.
Jean-Pierre Bonato,
DG des JPMS, a porté cet
événement dont il avait
imaginé le concept au
début des années 2000.
La formule des JPMS a-t-elle de l’avenir ?
Oui, dans la mesure où nous sortons d’une
période de la 125 reine, portée par les
titulaires de permis auto, pour revenir à un
marché de spécialistes de la moto. Il faut se
préparer à une sorte de renaissance, rebâtir
l’édifice, le défendre et le promouvoir. Pour
cela, tous les professionnels doivent faire
front ensemble. Je rappelle que c’était la
première fois que la branche deux-roues du
CNPA et que la CSIAM ont activement
participé aux JPMS, ou qu’il a été question de
formation pour les revendeurs. Quant au lieu
de rendez-vous des JPMS à Paris, nous avons,
pour l’avenir, les moyens d’agrandir la surface
pour les exposants ici, au Parc Floral.
Une idée se propage dans les allées :
associer les JPMS et le salon de la moto
de Paris. Qu’en pensez-vous ?
Il existerait un schéma idéal où des
compétences et des attentes distinctes
pourraient se compléter. Je ne suis pas fermé
à l’idée, mais attentif au risque de nous diviser.
Il se trouve que nous avons déjà discuté avec
les organisateurs du salon de Paris, pas plus
tard qu’aujourd’hui. Donnons-nous le temps
de réfléchir, de discuter. Encore une fois,
je ne suis pas fermé au dialogue. Mais pour
l’instant, il y a pas mal d’obstacles logistiques
>>
et pratiques à lever…¢
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3 DU CÔTÉ DES ACTEURS
DES REGARDS DIFFÉRENTS
En plein salon, quatre professionnels du secteur confient leurs avis et impressions à L’Officiel. Eu égard
aux exigences de leurs métiers respectifs, ils sont venus avec des objectifs et des regards distincts.
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LAURENT ET VÉRONIQUE CLEM
Gérants des magasins Discount Moto Center
« PAS ASSEZ D’EXPOSANTS… »
I
ls n’ont pas eu à traverser tout ou partie de
l’Hexagone pour franchir la porte des JPMS.
Laurent et Véronique Clem, gérants de deux
magasins d’accessoires moto et scooter dans
le Val-de-Marne (94) depuis 1999 et dans les
Hauts-de-Seine (92) depuis un peu moins
longtemps, sont venus voir les « produits actuels ».
Leur spécialité, c’est donc l’accessoire, mais pas à
n’importe quel prix… En réalité, ils sont des
spécialistes des « lots achetés à faible coût ». Pour
autant, ils ont besoin de s’informer, de humer les
tendances et de repérer les bonnes affaires. A priori,
les JPMS restent le bon endroit pour approcher les
fournisseurs du monde des détaillants. Sauf que
cette édition 2015, selon eux, ne présentait « pas
assez d’exposants ». Non que ceux qui ont fait le
déplacement et installé leur stand n’étaient pas au
niveau qualitatif requis. Mais quelques acteurs
majeurs de premier plan, décidément, manquaient
à l’appel. La localisation du salon, elle, n’appelle
aucun commentaire négatif. Reste qu’il est possible
« que des visiteurs aient été déçus après avoir fait le
tour de l’espace réservé au Parc Floral ». Au passage,
ils s’étonnent que des « Shark, Bering ou Shoei »
n’aient pas fait le déplacement. Quant à Bihr,
Laurent et Véronique se demandent si, par hasard,
le distributeur estimerait n’avoir « plus d’affaire à
réaliser avec les détaillants ». Ces remarques mises à
part, ils expriment clairement le désir de voir ce
genre de manifestation se perpétuer : « L’époque de
l’année, à l’aube de la saison 2015, est bonne. Les
deux jours n’empiètent pas sur les jours d’ouverture
des magasins et la rencontre des fournisseurs est
toujours une nécessité, analyse Laurent. Le script est
bon mais il n’y a pas assez d’acteurs pour faire le
film », poursuit Véronique. Et les deux gérants de se
poser la question : « Comment motiver les exposants
à venir plus nombreux ? Là, franchement, à froid nous
n’avons pas la réponse ! ». Qui est premier, de la
poule ou de l’œuf ?
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CLAUDE MAJOR
VRP aux 38 ans de métier
« CE SALON EST PRIMORDIAL »
Dans les allées des JPMS, il est naturel
(et très fréquent !) de croiser des
commerciaux. À leur façon, ils
incarnent une certaine expertise
propre aux professionnels de la filière
moto, même s’ils ne défendent pas
tous un niveau de compétence
technique comparable. Claude Major,
lui, est un vieux routier du métier.
Après 38 ans passés sur les routes
d’Île-de-France et dans les magasins
de toutes enseignes et de toutes
tailles, cet authentique VRP conserve
en mémoire mille histoires, et plus
encore de rencontres avec ses clients.
Aujourd’hui, il roule pour Powersports
(depuis 13 ans) donc pour les marques
TCX, Shot, Freegun ou Stormer mais
aussi Maggi, et depuis peu pour les
nouveaux casques fabriqués au Japon,
Kabuto. Bref, il connaît ce monde-là
sur le bout des doigts. Un salon réservé
aux professionnels ? « C’est
LUDOVIC LASRY
primordial », songe-t-il. À son tour,
il s’attarde toutefois sur l’absence de
quelques acteurs majeurs du monde
de l’accessoire et de l’équipement,
« surtout dans les domaines du casque
et du vêtement », précise-t-il. Il ignore,
au fond, si cet état s’explique par
le rayonnement de grands salons
européens (Cologne et Milan) et
l’internationalisation/médiatisation
des présentations destinées aux pros.
Ou si le ralentissement économique de
ces cinq dernières années « dissuade
encore quelques têtes d’affiche
d’investir “à perte” dans un salon comme
celui-ci ». En revanche, il se réjouit que
pour des « JPMS de reprise, pas mal de
monde a transité dans les allées… ».
Il conçoit que, loin de l’âge d’or qu’aura
connu sa profession, « il ne s’agit plus
vraiment de conclure des affaires dans ce
genre de contexte, mais plutôt de nouer
des contacts, de découvrir des gens ou des
matériels, de discuter avec des collègues
ou quelques fournisseurs, et notamment
les spécialistes du financement,
de l’assurance ou de la gestion »,
résume‑t‑il. Et de conclure que
l’initiative prise par l’organisation
en matière de rendez-vous non
commerciaux (formation à la vente
sous forme de conférence, débat
avec le CNPA et la CSIAM, etc.) procède
probablement d’une « bonne idée
et confère à ces JPMS un caractère
professionnel différent ».
Beau joueur, le VRP !
Responsable du développement réseau
de l’enseigne Dafy Moto
« NOUS AVONS EU
BEAUCOUP DE VISITES »
L
udovic Lasry en est à ses
cinquièmes JPMS en qualité
d’exposant. Et quelle que soit
l’implantation choisie par
l’organisation, le groupe Dafy met un
point d’honneur à s’y rendre. « Nous
sommes toujours présents sur ce genre
de manifestation, en tout cas au moins
une fois par an. Les années de Salon de
Paris, si des JPMS étaient programmées
à un mois d’intervalle, nous y
réfléchirions », confie-t-il. Quoi qu’il
en soit, ce ne sont pas les promesses
de grande affluence qui motivent le
franchiseur. « Nous nous devons d’aller
au devant de nos clients », tranche
Ludovic, qui précise qu’en l’occurrence,
la maison Dafy a « procédé à un envoi
de messages en masse à 4 000 clients
et prospects pour inviter les gens à
passer nous voir sur les JPMS 2015 ».
Ce qui importait le plus, en ce début
d’année, c’était « de rencontrer des
franchisés et des commerçants
indépendants pour leur présenter nos
propositions », explique le responsable
de développement du réseau. Car les
170 points de vente actuels (tous
confondus) laissent encore de la place
à une bonne centaine d’autres, à
terme. Ce rendez-vous des 18 et
19 janvier 2015 a-t-il tenu ses
promesses ? « Oui, dans la mesure où
nous avons reçu beaucoup de visites.
En tout cas pour nous, c’est un bon
rendez-vous. Mais nous ne sommes pas
venus ici pour signer des engagements.
Ces rencontres-là consistent plus à faire
connaissance, à informer, à échanger
et à répondre aux questions des
revendeurs professionnels »,
expose-t-il. Enfin, il relève son tour
que « quelques grands spécialistes de
l’accessoire et de l’équipement ont fait
le choix de ne pas venir ». Ce n’est pas
seulement dommage pour les
visiteurs, ça l’est aussi pour l’enseigne
Dafy dans la mesure où « en général,
sur ce genre de salon, nos acheteurs
profitent du contexte pour aller eux
aussi discuter avec des responsables de
marques. »
CHRISTOPHE LE MAO, JOURNALISTE À MOTO STATION
« L’OCCASION DE SE RENCONTRER DE VISU »
Une quinzaine d’années
d’expérience au compteur,
plusieurs supports de presse à
son actif et un intérêt toujours
aussi marqué pour le
deux-roues motorisé :
Christophe Le Mao fait partie
des journalistes spécialisés
français que le public averti
connaît bien. Depuis 2009,
il travaille pour Moto Station,
site d’information créé en
1999 – l’un des premiers à avoir osé le tout numérique à
l’époque. Essais, actualités et sport composent les pages
quotidiennes du titre. Les JPMS 2015 sont les troisièmes
couverts par Christophe. Son avis sur cette édition
parisienne ? Pour aller du général au particulier, il estime
tout d’abord que le principe d’un salon professionnel doit
être préservé. « C’est un salon utile qui a entre autres
pour vocation de permettre aux acteurs de se rencontrer
“pour de vrai”. Nous voyons souvent des revendeurs qui
parlent à tel ou tel de leurs fournisseurs pour la première
fois de visu. Mettre un visage sur une voix, dans leur
métier, c’est important. En tout cas, ce salon joue la
carte de la dimension humaine », note-t-il. S’agissant
des exposants, il estime que « les accessoiristes et
prestataires de service ont tout à fait leur place ici, mais
pas les constructeurs, même si nous aurions aimé y voir
la Sima. Les grands salons sont, eux, dimensionnés pour
présenter des véhicules, avant premières comprises.
En revanche, si le salon professionnel français doit être
maintenu, il faudrait aussi que la grande majorité des
acteurs précités (services et accessoires, donc) joue le
jeu, aussi bien des nationaux que des grands faiseurs
européens. Or ça n’a pas été le cas pour les JPMS 2015.
C’est dommage. Par exemple : Bridgestone et Avon sont
venus. C’est bien. Mais pourquoi les autres grands
manufacturiers n’ont-ils pas fait le déplacement ?
Pourquoi ne se donnent-ils pas le mot pour faire une
mini-convention sur le pneumatique moto, notamment
pour parler technique ? Je suis sûr que les revendeurs
auraient apprécié. Mais ce n’est qu’un exemple… ».
Une idée, déjà entendue dans les conversations ici et là,
lui traverse l’esprit : « Je me demande si, finalement,
il ne faudrait pas profiter du Salon de la Moto de Paris
pour organiser des JPMS au même endroit et à la même
date, quitte à combiner ce salon pro avec les journées
professionnelles de ce genre de salon », s’interroge-t-il.
Une question à laquelle Jean-Pierre Bonato a répondu
dans nos pages précédentes…
L’Officiel 3834 - février 2015 33
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