Grave pénurie de main-d`œuvre dans le plus gros secteur de la

Transcription

Grave pénurie de main-d`œuvre dans le plus gros secteur de la
Grave pénurie de main-d'œuvre
dans le plus gros secteur de la transformation alimentaire
L'industrie de la viande, qui compte pour 64 570 emplois à travers le Canada, est le volet le
plus important du secteur de la transformation des aliments de notre pays.
Enregistrant des recettes de 23,6 milliards de dollars et 4,5 milliards de dollars en exportations, le
conditionnement des viandes, leur transformation et leur équarrissage constituent un volet
intégral et vital de la chaîne de valeur du secteur canadien de l'élevage et de la viande. Bien que
situés antérieurement dans ou à proximité des grands centres urbains, les empaqueteurs et
transformateurs de viande ont progressivement migré vers des milieux moins densément peuplés.
Les établissements de traitement des viandes ont besoin de travailleurs ayant une vaste gamme
de qualifications et de compétences, comme des professionnels de la sécurité alimentaire, des
électriciens, des plombiers, des spécialistes des technologies de l'information, des représentants
des ventes et du marketing et des experts des ressources humaines. En ce moment, une pénurie
nationale en rapide détérioration de bouchers, de coupeurs de viande et de manœuvres menace
les intérêts des éleveurs, des empaqueteurs et des transformateurs de viande, des travailleurs,
des consommateurs, des exportateurs et des collectivités rurales.
Des travailleurs compétents et expérimentés
La plupart des emplois de la chaîne de production d'un établissement de traitement des viandes
exigent de bonnes compétences cognitives et interpersonnelles, ainsi que des compétences
spécialisées (p. ex., l'utilisation sécuritaire et précise de couteaux manuels, de hachoirs
électriques, de scies à ruban, de machines à découper) et des connaissances (p. ex., bien-être
des animaux, sécurité alimentaire, caractéristiques des muscles et anatomie de la carcasse) qui
sont acquises au moyen d'une combinaison d'apprentissage en classe et de formation en emploi
étroitement mentorée et supervisée. De plus, les travailleurs à la chaîne doivent avoir une
dextérité et une endurance physique, une bonne coordination oculomanuelle, l'attention aux
détails, un bon jugement, la capacité de se tenir debout pendant de longues périodes et la
volonté de travailler dans des milieux chauds et humides et froids et réfrigérés.
…/2
-2Il y avait jadis deux catégories de bouchers et de coupeurs de viande selon l'endroit où ils
travaillaient. Les bouchers et coupeurs de viande « industriels » préparaient soit les coupes
primaires pour transformation ultérieure, soit les coupes spécialisées pour des acheteurs
industriels, commerciaux ou de gros. Les bouchers et coupeurs de viande « de détail » ou « de
gros » préparaient les coupes de viande pour la vente dans les établissements alimentaires de
détail ou de gros.
Cette distinction ne représente plus la réalité de l'industrie. Aujourd'hui, on demande de plus en
plus aux transformateurs de préparer des coupes de viande selon des spécifications de « viande
prête à vendre » des clients individuels non seulement du Canada, mais aussi des marchés
d'exportation dans le monde entier. À leur arrivée dans un établissement de détail, les coupes qui
sont préparées selon les spécifications des clients individuels sont placées sur les tablettes
réfrigérées sans intervention du boucher ou du coupeur de viande maison. Par conséquent, les
connaissances et les compétences remplacent l'endroit comme principal facteur du type de
boucher ou de coupeur de viande nécessaire dans un poste particulier.
Historiquement, les travailleurs des établissements de traitement des viandes provenaient des
villes et municipalités voisines ou étaient de nouveaux arrivants au Canada. Pendant les dernières
années, le secteur a constaté une baisse sensible de la proportion de Canadiens prêts à travailler
dans l'industrie et pris acte de la décision du gouvernement fédéral de sélectionner des immigrants
« mieux qualifiés ». Cette décision politique a sérieusement limité l'accès non seulement aux
candidats des postes de départ de manœuvre, mais également aux nouveaux immigrants qui ont
des compétences spécialisées à forte demande comme ceux de boucher et de coupeur de viande.
Les conséquences de cette évolution, exacerbées par une main-d'œuvre intérieure vieillissante,
ont été une baisse rapide du nombre de Canadiens et de nouveaux immigrants capables et prêts à
travailler dans l'industrie.
Recrutement agressif et minutieux des travailleurs
En accord avec une politique sans équivoque « les Canadiens d'abord », le secteur de la viande fait
du recrutement agressif, intensif et constant dans l'ensemble du Canada parmi les sans-emploi, les
nouveaux immigrants, les réfugiés, les autochtones et les jeunes. Outre une publicité
ininterrompue dans la presse imprimée et sur les sites Web du gouvernement et du secteur privé,
les recruteurs des compagnies organisent et participent aux salons de l'emploi, collaborent
étroitement avec les organisations d'immigrants et d'installation de réfugiés et visitent les écoles et
les collectivités autochtones.
…/3
-3L'industrie est hautement syndiquée au Canada. Les taux de salaire ont été augmentés plus vite
que l'inflation et sont non seulement supérieurs au salaire minimum, mais dépassent ceux offerts
par les exploitants concurrents des États-Unis. Les régimes collectifs d'assurance vie, de soins de
santé et de soins dentaires, d'invalidité et de retraite sont habituellement assumés par
l'employeur. Des mesures incitatives de réinstallation sont souvent offertes pour aider les
nouvelles recrues prêtes à travailler dans un établissement de traitement des viandes.
L'industrie a demandé que le gouvernement fédéral facilite la sensibilisation des personnes aux
occasions de travail dans les banques de données du gouvernement, de même que la
communication directe avec ceux qui cherchent activement un emploi. Cette proposition, si elle
était acceptée et mise en œuvre, renforcerait les initiatives sectorielles qui tentent de s'assurer que
les personnes qui cherchent du travail sont informées des centaines d'emplois immédiatement
disponibles qu'offre le secteur de la viande.
Sérieuse pénurie chronique de bouchers et coupeurs de viande canadiens
Invariablement, le « Guichet-Emplois » sur le site Web d'Emploi et Développement social Canada
affiche plusieurs pages d'entreprises d'emballage et de transformation de la viande, de détail et
de gros qui cherchent des bouchers, des coupeurs de viande et des manœuvres.
L'industrie de la viande à elle seule fait de la publicité pour trouver les travailleurs nécessaires
pour pourvoir à au moins 1 000 postes vacants en ce moment. Un seul employeur sur cette liste
peut offrir jusqu'à 250 postes. Compte tenu de l'ampleur de la demande insatisfaite des grossistes
et détaillants, y compris des commerces situés dans de grands centres urbains, il n'est pas
surprenant qu'il y ait une dangereuse rareté de bouchers, de coupeurs de viande et de
manœuvres canadiens prêts à accepter de pourvoir aux postes vacants souvent situés dans des
milieux plus petits, plus éloignés et ruraux.
La pénurie de bouchers, de coupeurs de viande et de manœuvres au Canada est critique; elle
limite les perspectives d'avenir des secteurs de l'élevage et de la viande et restreint l'économie
des municipalités rurales.
Contribution indispensable des travailleurs étrangers temporaires
Les emplois dans le secteur de la viande ne sont pas temporaires, ils sont permanents. Toutefois,
compte tenu du nombre manifestement insuffisant de Canadiens et de l'absence de
reconnaissance de la forte demande d'immigrants spécialisés ou semi-qualifiés ayant une
…/4
-4connaissance et des compétences de boucher et de coupeur de viande, la seule option qui reste
pour les transformateurs depuis dix ans a été de compléter leurs initiatives de recrutement
intérieur par des travailleurs obtenus en vertu du Programme des travailleurs étrangers
temporaires (PTET). Les travailleurs étrangers temporaires permettent à l'industrie non
seulement de maintenir le niveau de production actuel, mais d'augmenter la capacité des usines,
le nombre de quarts de travail et la production à valeur ajoutée pour tirer parti des occasions de
marché nouvelles et élargies.
Dans l'ouest du Canada en particulier, l'expansion de la capacité et de la production à valeur
ajoutée dépend directement de l'accès à des travailleurs d'origine étrangère. Habituellement, le
pourcentage de travailleurs étrangers temporaires dans un établissement augmente pendant une
phase d'expansion, puis baisse pendant les trois ou quatre années après leur arrivée au Canada,
car la majorité d'entre eux seront sélectionnés par les programmes des candidats immigrants des
provinces pour le passage à la résidence permanente.
Contrairement aux circonstances que vivent plusieurs nouveaux arrivants au Canada, ces
nouveaux résidants permanents possèdent déjà non seulement des connaissances et des
compétences spécialisées, mais ont un emploi à temps plein et une connaissance de la langue
locale et sont bien intégrés dans les collectivités. De même, dans l'est du Canada, le manque
d'accès à suffisamment de travailleurs pour permettre aux usines de fonctionner à plein
rendement entraîne la perte d'occasions de valeur ajoutée et d'exportation, diminue leur
compétitivité sur les marchés intérieurs et de l'exportation, et réduit le volume des ventes et
les prix pour les producteurs canadiens.
Répercussions de la pénurie de main-d'œuvre
Les répercussions de l'accès limité à la main-d'œuvre toucheront de plus en plus et
cumulativement les usines de transformation de la viande des façons suivantes : incapacité de
pourvoir en personnel les postes vacants; incapacité de pourvoir les postes devenus vacants à
l'expiration du permis de travail des travailleurs temporaires étrangers; incapacité de recruter
suffisamment de travailleurs pour pourvoir les postes à mesure qu'ils deviennent vacants à cause
du roulement de personnel normal; et incapacité de même considérer les quarts supplémentaires,
les nouveaux produits à valeur ajoutée ou les occasions accrues d'exportation.
Cette incapacité interminable d'obtenir suffisamment de travailleurs pour exploiter leurs usines à
une capacité normale fait que les exploitants d'abattoir et les transformateurs réduisent ou
coupent la production de produits à valeur ajoutée; détournent les viandes spécialisées vers des
…/5
-5produits de moindre valeur plutôt que de les réserver à l'exportation; abandonner des occasions
d'exportation existantes et nouvelles; perdent une partie de leur rentabilité, leur compétitivité et
leur viabilité; et augmentent le nombre d'emplois canadiens menacés. Par conséquent, les éleveurs
vendent moins d'animaux à des prix plus bas à des emballeurs canadiens et deviennent plus
dépendants des ventes à l'exportation aux transformateurs américains.
Pendant les 11 premiers mois de l’année passée 1 104 999 bovins sur pied et 4 392 970 porcs sur
pied ont été expédiés aux États-Unis. En exportant le bétail plutôt que le transformer, le Canada
exporte en fait des emplois et des occasions économiques et met en péril la compétitivité du
secteur canadien de l'élevage et des viandes. Les viandes transformées aux États-Unis peuvent
entrer ou revenir au Canada pour concurrencer directement les fournisseurs canadiens. D'une façon
ou d'une autre, les producteurs, les transformateurs, les travailleurs, les consommateurs, les
municipalités et l'économie y perdent donc tous.
L'industrie ayant de la difficulté à maintenir même les niveaux de production actuels, il sera
impossible pour les éleveurs, les transformateurs et les travailleurs canadiens de tirer profit des
nouvelles occasions de marché issues des nouveaux accords commerciaux comme l'accord de
libre-échange Canada-Corée, l'accord économique et commercial global Canada-Europe, des
négociations du Partenariat transpacifique ou celles du Partenariat économique Canada-Japon.
Offres d'emploi
Le premier choix absolu de l'industrie canadienne des viandes est de recruter des travailleurs
chez les chômeurs, les jeunes, les Premières Nations, les nouveaux immigrants et les réfugiés.
Pour l'heure, on estime qu'il y a au moins 1 000 postes ouverts chroniquement vacants pour
lesquels l'industrie cherche d'urgence des travailleurs. L'industrie offre l'enseignement en
classe et l'accompagnement en cours d'emploi pour les postes de départ de même que pour
l'avancement professionnel subséquent dans des postes nécessitant des qualifications
supérieures. Par conséquent, l’industrie de la viande encourage tous les Canadiens, les
résidents permanents, les nouveaux immigrants ou réfugiés qui cherchent un emploi à temps
plein avec une rémunération et les avantages sociaux d'un boucher, d'un coupeur de viande ou
d'une fonction connexe à postuler ces postes en consultant la banque de données de
« Guichet- Emplois » sur le site Web d'Emploi et Développement social Canada à l'adresse
http://www.guichetemplois.gc.ca ou http://www.jobbank.gc.ca.
…/6
-6Même si les transformateurs de viande ont à cœur de poursuivre leurs efforts intensifs et agressifs
pour recruter des Canadiens, des nouveaux immigrants ou des réfugiés, l'histoire et l'expérience
démontrent toutes deux sans équivoque que les candidats canadiens ne suffisent pas pour
satisfaire les besoins urgents en compétences en forte demande nécessaires à l'industrie.
L'industrie des viandes continue donc de demander accès à des travailleurs d’origine étrangère
pour pourvoir les postes que les initiatives permanentes de recrutement agressif ne peuvent pas
combler au Canada.
Malheureusement pour les éleveurs, les transformateurs, les travailleurs, les consommateurs et les
municipalités, le programme canadien d'immigration ne tient pas compte des besoins démontrés
en travailleurs spécialisés et semi-qualifiés dans des postes en forte demande pour lesquels les
occasions et les besoins dépassent de loin les candidats disponibles. Le Canada a besoin d'un
programme d'immigration qui permet l'accès aux travailleurs d’origine étrangère qui ont des
connaissances et compétences spécialisées lorsqu'il y a pénurie flagrante de Canadiens possédant
ces connaissances et compétences. C'est ainsi que l'industrie des viandes a demandé que les
bouchers et coupeurs de viande soient immédiatement admissibles au nouveau programme
« Entrée express » au Canada.
Un point de vue partagé
Les exploitants d'abattoir et les transformateurs ne sont pas seuls à demander qu'on reconnaisse la
gravité de la pénurie chronique de bouchers et de coupeurs de viande et la nécessité pour
l'industrie d'avoir accès à des travailleurs d’origine étrangère pour combler le déficit de travailleurs
canadiens. Les risques concrets et importants associés à la pénurie de travailleurs pour les éleveurs,
les transformateurs, les travailleurs canadiens, les consommateurs et les économies rurales sont
également reconnus par les agriculteurs, l'Union internationale des travailleurs et travailleuses unis
de l'alimentation et du commerce, les maires des collectivités rurales et les gouvernements
provinciaux.
En l'absence d'un accès à suffisamment de travailleurs d'origine étrangère pour combler l'écart
profond entre l'offre et la demande de bouchers et de coupeurs de viande canadiens, la viabilité
future du secteur de l'élevage et de la viande continuera d'être menacée. À l'inverse, si on
permettait à l'industrie d'avoir accès à des travailleurs étrangers lorsque les Canadiens ne sont
manifestement pas disponibles, toute la chaîne d'approvisionnement, y compris les producteurs,
les transformateurs, les travailleurs, les consommateurs, les municipalités rurales, les provinces et
les économies locales et nationales, en bénéficierait.