Qui Fait Quoi - 7 avril 2014

Transcription

Qui Fait Quoi - 7 avril 2014
Lundi 7 avril 2014, QUI FAIT QUOI Alexis Gagnon
| INDUSTRIE |
USA : Y'a un p'tit peu de nous autres là-dedans
Hans Fraikin, Denis Vaugeois et Jean-François Nadeau Photo: Alexis Gagnon
En collaboration avec l'UQÀM et le Canal Savoir, la Grande bibliothèque (BANQ) a réuni
au début du mois, dans le cadre de sa série «Québec – USA: plus qu'un voisinage
géographique», un panel ayant pour thème «L'empreinte historique et actuelle du
Québec». Venus d'horizons très différents, les invités, à qui la journaliste Manon
Globensky distribuait la parole, étaient l'historien Denis Vaugeois, le commissaire du
BCTQ, Hans Fraikin, et le directeur adjoint de l'information au journal Le Devoir, JeanFrançois Nadeau.
Le curieux mélange a donné lieu à une conférence qui n'a pu s'attarder, ni s'approfondir,
faute de temps, sur des sujets précis, mais qui a néanmoins connu quelques temps forts
autour du destin nord-américain des Québécois, d'hier à aujourd'hui.
Tout entier tourné vers le passé, Denis Vaugeois, que le Québec a connu ministre dans
les années 70 et 80 (à la Culture, notamment), mais aussi comme auteur d'ouvrages
historiques accessibles, s'est attaché à célébrer la grandeur et le courage des
explorateurs canadiens-français qui ont découvert et cartographié ce qui forme
aujourd'hui le Mid-West et l'Ouest des États-Unis.
Pressé par le temps, Denis Vaugeois a aussi vanté les entrepreneurs de chez nous qui
ont fait fortune dans les É.-U. encore naissants, tout en évoquant le rôle décisif des
jésuites, comme celui de nos mineurs et de nos bûcherons, sans oublier de parler
d'Esther Parizeau, une religieuse qui a marqué l'histoire de l'État de Washington.
Un peu moins disert, Jean-François Nadeau a confié qu'il avait des origines américaines
du côté de Lowell, au Massachusetts, ville où a grandi Jack Kerouac – dont les parents
avaient émigré de Rivière-du-Loup. L'écrivain phare du mouvement littéraire beatnik, a
rappelé Jean-François Nadeau, a beaucoup écrit en français. Ses premiers textes
étaient rédigés dans sa langue maternelle, a-t-il souligné, mentionnant le passage
mémorable de l'auteur – en français – à l'émission radio-canadienne «Le sel de la
semaine» dans les années 1960. Le journaliste a aussi insisté sur l'immense popularité
des violonneux, chanteurs et gens de spectacle canadiens-français dans l'Amérique du
20e siècle, nommant entre autres la cantatrice Emma Albani, ou encore l'homme fort,
Louis Cyr.
«À cette époque, un marché francophone existait bel et bien aux USA, a dit JeanFrançois Nadeau. Certains artistes pouvaient gagner quelques milliers de dollars par
semaine, des sommes énormes pour l'époque. Le peuple canadien-français, tant celui
établi au Québec que celui vivant dans l'Est américain, se sentait grandi par les succès
des compatriotes. On avait le sentiment que ces gens nous représentaient sur le plan
collectif. On observe la même chose avec le phénomène Céline Dion aujourd'hui.
L'adulation est la sublimation d'une faiblesse ressentie par toute une population. Le
succès individuel interpelle, quelque part, un succès collectif qui n'est pas réalisé.»
Prenant la balle au bond, Hans Fraikin a fait observer, à propos de Kerouac, que son
classique «Sur la route», porté au grand écran pour la première fois il y a deux ans,
avait été tourné au Québec par un réalisateur brésilien, Walter Salles, aidé d'une équipe
créative et technique composée de dizaines de gens de chez nous. Davantage porté à
parler du présent et de l'avenir, Fraikin a noté que le Québec se retrouve aujourd'hui très
présent à Hollywood, tant devant que derrière la caméra. Devant l'objectif se produisent
des acteurs anglophones ou, lorsqu'ils sont francophones, parfaitement bilingues. Le
commissaire a cité les François Arnaud, Jessica Paré et Jessalyn Gilsig, entre autres.
Renonçant à nommer des noms de Québécois officiant à divers postes derrière la
caméra, sans doute parce que les gens du Québec essaiment par centaines dans
l'industrie hollywoodienne, Hans Fraikin a relevé que Montréal est depuis peu le
troisième foyer en importance pour les effets visuels numériques. Le promoteur du
Québec comme destination cinéma et partenaire industriel a rappelé au passage que le
premier logiciel d'animation 3D avait été lancé au Québec par Daniel Langlois à la fin
des années 80.
À Denis Vaugeois qui venait de signaler que Los Angeles, au 19e siècle, avait eu pour
maire un certain Prudent Beaudry, un natif de Mascouche, Hans Fraikin y est allé d'une
suggestion gastronomique pour ceux qui se rendront prochainement dans la ville des
anges: Le P'tit soleil, un restaurant de Westwood qui propose près d'une trentaine de
poutines différentes. [Alexis Gagnon]
Nouvelle 10 de 17 - Quotidien Qui fait Quoi - Le lundi 7 avril 2014 No 4171