Les rapports intervieweur-interviewé en magazine d`information

Transcription

Les rapports intervieweur-interviewé en magazine d`information
Lrs CnurcRS
N"4 . JANVTER
DU JouRNAlsue
I99B
Les rapports intervieweur-interviewé
en magazined'information télévisée :
question de confiance?
ltr
Nathalie Dollé
Journaliste au magazine " Saga-Cités "
diffusé sur France 3
il0
o Siony slngeun instant,l'interaiew
n'estqu'une
conaersation
médiatisée.
Ce qu'il faut reteniraaant
tout, cependnnt,
c'est qu'iI doit s'agir d'une
conu
ersationorganisée,
c'est-à-dire
clnçue,préparéeet
>, éuit
réalisée
enungenreradiophonique
0utéléaisuel
Larue-Langlois.t
Uinterviewreprésente
le
Jacques
tournage de questions-réponses
entre un
journalisteet un participantau reportagequi a
acceptéle principed'interrogation.L'entrevueest
une discussionbeaucoupplus longue dans la
diffusion, avec un journalisteéventuellement
présentà l'écran et peu de séquences
images.
L'entrevuedanscetteconception
sefait souventen
plateau,rarementdans le cadred'un reportage.
L'intervieweur est Ie poseur de questions.
Journaliste,spécialisteou non, il possèdeune
somme de techniques, de savoir-faire et
d'expérience
pour recueillirdesinformationsdans
le but de lesdiffuser.L interviewéestla personne,
spécialisteou non, rodée ou pas, qui répond
volontairement
aux questions.
L interviewestune
des composantes
importantesde tous les sujetsmagazines
: < Certnins
domaines
humaine
deI'actiaité
ne s'expriment
pasà trauersdest'aitsdrnmatiques
et
sensationnels
: leconcubinage,la
culturedesbonsaïs
ou
Iesmots-croisés..,
Danscecastoutdeuient
possible
car
0n échappe
au tourbillonde I'nctualitéet à ses
contraintes,
à la clncurrence
infernale
et à |urgence
Il fait bonalorstrouaerI'oiseaurarequi
castratrice.
régalera
lesyeuxou lesoreilles
du téIéspectateur
ou de
2...>
I'auditeur,
desafaconde
et desonauthenticité
Le magazine d'information télévisée se
caractérisepar la périodicitéde sa diffusion,
hebdomadaireou mensuelle.Il est composéde
reportagesréaliséspar des journalistes,qui
commencent
à prendrele statutderéalisateur
dans
certainesémissions,
et éventuellement
de plateau.
rÉÉwsÉr
EN MA)AZ:NED'rNFoRMATtoN
Lrs BrcpoRTSTNTERVTEWEUR-:NTERw:vÉ
Le présentateur,le
plussouventproducteurenmêmetemps,y lancelessujets,un
débat,ou donnela paroleau joumalistequi a fait le reportage.< Cettenppellation
d'affaires
d'actualité,
derEortages,
lesémissions
[de magaztne]permetderegrouper
de mêmequecellesquel'on
de sciences,
d'artset spectacles,
publiques,
d'économie,
raresdossiers
de l'nctunlitéet lesquelques
nuv clmmentaires
et à l'analyse
clnsacre
, (Jacques
journalistiques
les
médias
électroniqus5
si
auares
dont
semblent
fouillés
commeun genre
1989).Le magazine
d'informationestconsidéré
Larue-Langlois,
riche,qui doit permettred'approfondirdessujets
qui passenttôp rapidemeni aux informatiôns
dites courtes,celles des journaux télévisés.Le que lui donne le reporter autant que
magazineinduit plus de temps d'antenneet celle de l,éaénement >>
normalement
plus de tempspour la conceptionet
o [Dansle magazine]l'éaénement
au
estcommuniqué
la réalisationdesreportages.
sontbien
Collecte,
traitement
et dffision de l'int'ormation
publicune foisaccompli.
autantquecellede
du reportnge
estcellequelui donnele reporter
distincts.
Lacohérence
et
queln preparation
l'éaénement.
La miseenforme- après- estaussiimportante
d'eux3.,
maisdépend
I'enregistrement,
Ce travail est fondé sur une sériede douzeentretiensdirigésa avecdes
s.Lesjournalistes-reporters
journalistes
de
de magazines
d'informationtélévisée
magazinesemblentêtre plutôt jeunes,ceuxqui ont réponduà mes questions
avaientenvirontrenteans.A un certainâge,certainsprennentdesresponsabilités
hiérarchiquesqui n'envoient plus sur le terrain, d'autres passentaux
de grille. Ils
avecle titre, dansun changement
documentaires
ou disparaissent
sontpigistesou en contratà duréedéterminéedansla majoritédescas,ce qui
signifieune positionle plus souventprécaire.On ne peut pas f ignorerpour
de questionsen tout,
Lesentretiens,
une quarantaine
commenterleursréponses.
ont duré de deuxà troisheures.Lesparticipantsà cetteenquêteont étésollicités
au hasarddesrencontres,
sanscontrainted'àge,de sexeou d'expérience.6
Jen'ai
pas distinguéle statut de journalistereporterd'images,qui filme sespropres
reportages.Chaquejournalistea répondu aux questionsselon sa pratique
régulièredansun magazineparticulier.Il faut tenir comptedu fait queje me suis
d'abordcommejoumalistede télévisionet de magazinemoitoujoursprésentée
même. Les conversationsont donc toutes été empreintesd'une sorte de
connivenceprofessionnelle.
Selonune techniquepeut-êtreplus joumalistique
que de chercheur,il m'est souventarrivé de jouer un peu la provocationou
l'incompréhension
pour aidermon interlocuteurà approfondirsaréflexion.Il ne
faudrajamaisoublierquej'ai utilisél'interviewpour un travail sur l'interview.
le tutoiements'est imposé,règle entre les membresde la
Spontanément,
nousétionsquasimentà chaquefois dansla mêmecatégoried'âge.
profession,
Mes interlocuteursse sont tous très facilementprêtés au jeu, et s'ils
apparaissaient
d'embléecommesûrset certainsde leur pratique,c'estau fil de
voire
lesinterrogations,
lesparadoxes
l'entretienqueles failles,lesincertitudes,
lescontradictions
sesontrévélés.Il estévidentquemesquestionsont beaucoup
lll
Lts CnurcBsDU JIURNAL:SME
No4 - JANVTER
l99B
suqpriset auraientpu êtretrèssouventl'occasion
d'un vrai débat.Lesjournalistes
interrogésm'ont véritablement
sembléavidesde prendrela parolesur leur façon
de travailler,un grandnombred'entreeuxn'avaientjamaiseu ou pris l'occasion
d'y réfléchiren groupe.C'estla raisonpour laquellej'ai souventdû précisermes
questions,
pour lesaiderà structurerleur penséed'abord,leursréponses
ensuite.
Lesjournalistes
de magazinede téIé,parleur stafutincertain,selonceluide leurs
émissions,
par le manquede transparence
intemedansleur façonde travaillerou
par la rude concurrence,
ont rarementl'occasion
cette enquête m'a paru réaélatrice à'échangerhonnêtementet sereinementleurs
d'un grflnd malaise >> doutes,ou simplementmêmeleurspratiques.On
parle en généraldans ces rédactionsbeaucoup
plus du résultatquede la démarche.
Cetteenquêtem'a paru révélatriced'un grand malaise.Plusieursde mes
interlocuteurs
m'ont dit par la suiteavoirplus longuementréfléchisur tel ou tel
aspect,souventlesquestionsqui lesavaientmis en difficulté.
Jedéfinis,dansun premiertemps,la placeet le rôle de l'interviewdansle
type de reportage-magazine.
Uinterviewestcomposée
d'unepréparation,d'une
conduiteet d'un après.A chacunede cesphasesserontétudiéesles relations
entre intervieweuret interviewé,dans leur implicationmutuelle,dans leur
niveaud'échangeet de confiance.
Placeet rôle de I'interview
o L'interuiew
constitue
un modepriailégié
de transmission
del'information.
Elle
permetdediffuserlespropos
dela personne
miseensituationpnrl'actualité,luioffrant
l'occnsion
deraconter
elle-même
sln histoire,On mèneuneinteraiew
pourobtenirde
l'information,
mnisd'abordet auanttoutpourprlcurerà l'auditeur0u au
bien-sûr,
téléspectateur
uneinformation
depremière
slurce.Celuiquia quelque
chose
à direuient
Iedirelui-même,
On éaiteainsiunebonnepartdesrisques
dedistorsions
inhérents
à la
>
(Larue-Langlois,
journalistes
de
transmetteur
1989).
Dix
douze
sur
fonction
accordentà f interviewuneplacefondamentale
ou importantedansleurssujets.
Pour six d'entreeux, elle occupeau moins la moitié du sujet: o Lesinteruiews
représentent
70%du sujet,c'estnormal,nousdonnons
la pnroleauxgenset net'aisons
> Pour les quatreautresréponses
nous-mêmes
quetrèspeu0u pasdecommentaire.
exprimées,l'interview atteint au moins le tiers du reportage.Les chiffres
exprimésreflètentdavantagel'impressiondesjournalistesque la part réellede
l'interviewdansleur reportage,
Rappelons
encore
Quin'a pasétéchronométrée.
quel'interviewen 0n ou en off (la personneparlemaisn'estpasvisible)n'inclut
paslesséquences
dites"d'ambiance"où desgenspeuventêtrefilmésen train de
parler,mais sanss'adresser
directementau journaliste.L'interviewest doncun
élémentessentiel
du reportage.
Sonutilisationparaîtpourtanttrèscodifiéedans
la durée. La majorité des journalistesinterrogésestimentla longueur des
interviews à moins d'une minute, en arguant du rythme et de l'intérêt, avec
112
EN MA;AZ:NED':NFIRMATI)NrÉÉwsÉr
Lrs BnppoRTS
NTERV:EWEUR-NrERwrwÉ
souventla certitudenon expriméequela concisionestun atout'.< Lesinteraiews
secondes
d'unclup,
c'estquequarante-cinq
règletacite,
font deaingtù trentesecondes,la
,, < II faut qu'uneinteruiewsoitsaignante,
tranchante,
etfinalement
c'estpaspossible
quandonfait court>.
0na cescaractéristiques
Lesinterviewsen magazined'informationtéléviséesont doncimpératives,
personnene penseun reportagesansinterview.Mais elles sont montéesen
on enfait pasmal
pnr Ie commentsire,
sontdonnées
pointillés.o Lesinfosobjectiues
, Septjoumalistesmettent
et l'émotion.
L'interaiew
apporte
le témoignage
indiaiduel
individuel,anecdotique
de l'interview:
personnel,
en avantl'apportémotionnel,
< C'estdu spectacle,
aaecleurstripes.l'en
il t'nutdel'émotion,
quelesgenss'expriment
> Trois en revanchedonnent à l'interview un rôle
ni marredesgénérnlités.
sur leuraécuou sur leurétatd'esprit,
prioritairementinformatif: o Pasdequestion
ni
Lesfaits m'intéressent,
maissur leur métier,leur connaissnnce
d'un mécsnisme.
, Deux lui octroientun rôle et une fonctionbeaucoup
ni Ie personnel.
I'émotion,
pour
c'està lafoispourleaécuetpourl'info,indissociables
plus souples: o L'interuiew,
c'estle
hunmin"; cequi m'importe
d'abord,
moi.Pnsuniquement
le "prot'ondément
>
messaSe.
L interview peut donc remplir des fonctionsdifférentes,selonle type de
montre
magazinedanslequelelleestinsérée.Uneanalyseplus fine desréponses
avant tout
que les émissionsà thèmeéconomiqueou scientifiquerecherchent
l'interview informative,celle d'expert.Les magazinesde sociétérecherchent
davantagel'histoire de personnesparticulières.L'utilisationde la parole
recueillieétantdifférente,lesméthodesd'interviewrisquentde l'êtreégalement.
Lescritèresde choixdesinterviewéssemblentaussitrèsvariés,en fonction
estchoisiplur cequ'ila à direet cequ'il
du typede magazine: < Mon interlocuteur
,, Il restecependantclair que
est>>,< Pour ce qu'il dit et ce qu'il représente
l'interviewéest là avant tout pout "dite" et "s'exprimer".Sa fonction
socialeou
représentative
estlargementminorée,l'individuprimesur sacatégorie
lesgensplur cequ'ilsdisentet comment
par exemple: <l'interuiewe
professionnelle
à la limitedu
ilsledisent,doncje peux,j'ni déjàmontédesinteruiews
degensquiétaient
,>,< Fautquele mecfasseaaancer
le rnisonnement
et soitcapable
d'expliquer
bégaiement
tenircomptede la
leschoses
trèssimplement,
c'estIeplusdfficile,.ll fautégalement
notion de "profil", danslaquellele journalistechercheun individu certes,mais
à un certainnombrede critères,pertinentspar rapportau sujetet
qui correspond
la structuredessujetsestcaractéristique.
à l'angle choisis: o Pourcetteémission,
prot'il
A un perslnnage
parséquence,le
Enuironsixséquences
plur aingt-sixminutes.
estclairement
dét'inià I'nannce,
et trèssimple.A moi de trouaerensuitele mecqui
le bonclient,
correspond
à magrille.le doisenfnit remplirlescases,
et dèsquetu trouaes
, Pour la démonstration,
tu fonces...
il est nécessaire
d'interrogertel type de
personnequi a vécutelleexpérience
et qui devraittenirtei typede discours: o /e
mesinteruiewés
ent'onction
queje doisdonner.
Et je m'engage
choisis
desint'ormations
deleurs
plur euxau niaeaudu contenu,
deleurt'nçondeparleret deIa structuration
prlpls, maisaussiau niaeaudeIa représentatiaité
du prot'il., Lesgensinterviewés
|1
No4 - JANVTER
l99B
Lrs CnutrRSDrJlouRNALtsptr
devront d'abord avoir quelque chose à exprimer,mais aussi se fondre
généralement
dansle discoursattendudansle reportage.Commesi l'interview
étaituneillustration.
Il ressortdoncquel'interviewapportetantôtdu vécu,tantôtde l'information
par le biaisd'un personnage
qui, dansle fond,représente
plus quelui-même.On
retrouvel'analysede Jacques
aumicroou
Larue-Langlois
pour qui o cetteprésence,
à l'éuan,des"acteurs"dela nouaelle
dansle
sffit à conférer
à l'interaiewun rôle-clé
traaaildujournaliste
enintroduisant
enaudiouisuel,
L'interuielJJ,
uneaoixnouaelle
kt
entéléaision,'un
aisage
nouaeau),
constitue
qui mise
enoutreun élément
spectaculnire
(...)Ala téléIa aoixsedouble
(...)
sur l'aspect
diaertissement
desmédias
électroniques
>.
d'unenouuelle
image,
brisantIa monotonie
Quellesrelationsexiste-t-ilentrele journalisteet cettepersonne? Echange?
Interrogatoire
? Complicité? Professionnalisme
froid ? Quel niveau d'engagementpour quelrésultatprévu ?
Premières
démarches
La préparationde l'interviewsecaractérise
par descontraintes
de rapiditéet
d'efficacité.
La pratiquela plus répanduereflèteun rapporttemps-résultat
qu'on
n'imaginepas nécessairement
en magazineet que l'on attribueraitplutôt aux
reportages
d'actualité.La trèsgrandemajoritédesjoumalistesdécidenttrèsvite
d'interviewerou non la personnequ'ils ont au téléphone,ce qui sous-entend
d'ailleursque les gensne possédantpas le téléphoneont peu de chanced'être
sollicités.Parquelquesquestions-clés,
avecun peu d'intuition,lesintervieweurs
saisissent
en quelquesminutesl'intérêtpour ieur
reportage
de filmer tel ou tel interlocuteuret
o ie précise d'entrée de jeu que ie
: o on dit toutdesuitede
immédiatement
,hrràh, quelqu'un à intercii*tr;
ï,ljt"iPjlle
jen,aipoét, tumps
a' to"*.,r,li?:;":;i'i'':;:#,r'rT:li,f::;"r!'ir"iu'::ri;:,
autour du pot > insuite
ir,it rc ueutsurtoutpasêtret'ilmé,, o le précise
quelqu'un
d'entrée
dejeuqueje cherche
à interaiewer.le
n'aipasIetemps
detournerautourdupot,r,,, LetélEhone,
c'estla première
barrière,
on
sentla façonde pnrler,la pêche,. Parfois,le mot interviewn'est pas prononcé,
commes'il coulaitde sourcequ'on interroge,devantla caméra,quelqu'unqui a
accepté
le principedeparticiperau reportage.
Lejournalistejouesur satechnique
pour gagnerla confiance: ( ll net'autjamaisinduireunereponse
négatiae,
donc
,,
l'interaiewesttoujoursimplicite,clmmes'il n'y auaitaucunproblème
enaisageable
o le neposemêmepasdirectement
j'en arriaetrèsuiteau planningr. Une
la question,
catégorie
d'interviewésestmêmedispensée
direct,les
de cecontacttéléphonique
personnalités,
à qui on demandeune interview commeune faveur,quand leur
discourssur le sujetest connuou sanssurprise: < Lesinteraiews
de trèsgrlssr.s
pointures
sedemandent
biensûrsnnsaaoirà parlerau mec., Seulsdeuxjournalistes
de la même émissionse donnent du temps avant de décider qui va être
|4
D'tNFoRMAnoNrÉtÉwsÉr
Lrs BrcpoRrsNTERVTEWEUR-tNrcBwrwÉ
EN MACAZTNE
jamaisd'interaiewer
quelqu'un
aprèsune
interviewédevantla caméra: o le nedécide
ni mêmeà la première
rencontre,
à moinsd'un uraicoupde
conaersation
téIephonique,
foudre,l'attendsen plus d'aaoirau tout le monde., Uattitudela plus répandue
consistedonc à trouver rapidementla bonnepersonne,le bon profil, et une
conversationtéléphoniquelimitée dans le temps suffit le plus souvent.Les
journalistesse font au moins confiance,dans leurs techniquesde dépistage
commedansleur intuition.
n'ont pasle tempsde
Dansplus de la moitiédescas,lespersonnes
sollicitées
réfléchir,c'estoui ou non, tout de suite.Toujoursla questiondu tempset des
moyens.Aux interviewéspotentielsde selancertrèsvite dansl'aventure,en s'en
je ne
à nccepter,
remettantaux soinsdu journaliste: o Quandje aoisqu'ilshésitent
j'essnie
leur laissepasle tempsde réfléchir,
de conaaincre
tout desuite,Lesgensqui
,,, ,, I€ ne peuxpnslaisserde placeà
réfléchissent
desjournalistes
sontlesennemis
>.
I'hésitation,les
gensdoiuent
répondre
immédiatement
Un journalisteaffirmelaisserun délaicourt,par principeet par politesse:
< Aaantd'accepter
peutréfléchir
uneinteruiew,
quelqu'un
un jour ou deux,maispas
jointeau téléphone
plus.,Il sembledoncacquisquela personne
accepte
assez
vite ou mêmespontanément
le principed'êtreinterrogéedevantune caméra.A
savoirmaintenantsi elle mesurebien la portéed'une décisionqu'ellen'a en
laissentaux gensun lapsde tempsavant
généralpasmûrie.Quatrejournalistes
de s'engager,
pour êtrecertainsde l'adhésioncomplètede la personne.Paspar
1o l'aibesoin
philanthropiedonc,maispar soucid'efficacité
professionnelle
queles
,,,<<
gensquiacceptent
un
departiciper
Iet'assent
enconnaissance
decause
le peuxlaisser
tempsderéflexion,
maisje précise
aussiques'ilsdisentoui, ils doiaentaraimentêtre
>.La pratiquemajoritairefait doncquelesgensinterviewés
partant,snnsréticence
moinsréticents,les
plus
sontpar la mêmeoccasion
lesplusrapidesà accepter,les
intéressés
ou lesmoinsréfléchis.
Cela la peine de convaincrequelqu'und'accepterune interview la large
majoritédesjournalistesinterrogésen estpersuadéè.
Lesjournalistes
ont besoin
d'un sonore,ils sontdoncet avanttout demandeurs
: o l'insistesystématiquement,
même
lesréticences
qu'ilmefaut cetteinteraiew
si je comprends
du type.l'insiste
parce
plur mln sujet,le peuxmêmem'en&ager
à nepasaborder
thèmes,
on
certains
et,après,
aoitunet'oisqu'onestsurplace.,Chacunpossède
desarguments
manifestement
variés,variables: o Il y a deuxou troisnns,jet'onctionnnis
sur le registre
de
beaucoup
j "vouspourrezpasservotre
laconaiction,
aujourd'hui,
c'estplutôtle dealquimarche
message
ou je vais de toutefaçonparler de vous,alorsautantque vous soyez
présent".> Lesargumentssontacquisau fil de l'expérience
: la bonneimagedu
magazine: o L'émission
estclnnueet a bonnecote,lesgenset leshistoires
sonten
> ; la flatterie: < Lesujetseradéséquilibré
général
unlorisés,
donconestbienaccueilli
si
,,, ,, Si les
T)lusneparlezpas,je gonfleun peu,je lesrendsabsolument
indispensables
gensne ueulentpasêtreinteraiewés,
touteIa gammedeflagornerie,
de rouerie,de
de
mensonges
éhotttés
le
dérangement
: < Letemps
peut
y
pnsser,
moindre
;
flatterie,
rnpidequenlus pnsserlns,
del'équipe,.Uintérêt est d'abordcelui du
et la légèreté
ll,
LesCmtrBs DU JIURNAuSME
No4 - JANVTER
l99B
reportageou du joumalistemêmesi f intérêtde l'interrogélui-mêmepeut aussi
êtreinvoqué: ole nediraipasd'emblée
parexemple
queçapeutleurfairedeIapub,j'en
> Deuxfois l'argument
saisrienà arnidire,maissi c'estIetypequi le dit,j'approu'ue.
de la confianceest cité,commesi le journalistesavaitce qui estbon, aprèsune
simpleconversation
téléphonique
; commes'il étaitlégitimequel'interviewés'en
remettenaturellement
au solliciteur.
Maisl'argumentestreçu,il estdoncefficace.
Deuxréponses
paraissent
plus désabusées
de
ou définitives: o On n'a pasbesoin
,r,o Celanefait
conuaincre,
chacun
y trouuesoncompte
(< si les gens ne aeulent pas être plus peur à persoinela télé,lesgens sonttoujours
r. kois journalistes
ont décidé,
interztiewés, toute la gamme de flattésd'êtresollicités
par
expérience,
ne
tenter
de
les
de
plus
convaincre
ftagornerie, de rouerie, de flatterie, de
éhontés
tnensonses
peity porruo f"iïl,iïiii :2'il::;:,"î,jil#:;,toTT,if,!ii
moins,c'esttellement
compliqué
depasser
defairepnsser
une
à Ia télé.Si lefait d'issayer
je n'aiplusaraiment
) ; pour ne pasêtreen
idéen'estpassuffisant,
d'autreargument
positionde quémandeur
et doncétablirdesrelationséquilibrées: o le ne suispns
unemendiante
et je ueuxqu'ilsy trouuentaussileurintérêt> ; paf la possibilitéde
pouvoirtrouverquelqu'und'autre: o C'estIeluxedenotreémission,
pouaoirreaenir
sansrien,En toutcns,0nn'apasla pression
dedeuoirà toutprix ramener
quelque
chose,
même
si c'estn'importe
quoi,. L'impérieuxbesoind'uneinterviewsemblepousser
à toujourstrouver des argumentsen sa faveur,les meilleurssont simplement
jamnisqueceuxqui aeulent
ceuxqui fonctionnent: < On neconaainc
bienI'être.,
Lesdiscussions
ont lieu au téléphone,
plus de la moitié desjournalistesde
magazineparticipantà cetteenquêtene rencontrentpas les gensavantde les
interviewerdevantla caméra: o Ent'ait,je traanille
clffimeennews.letéléphone,
on
débarque
etontourne., Deuxeffectuent
un repérage
surplace,maisle tournageest
déjàprogrammé: o Il faut négocier
au clup parclup le repérage,
surtoutenproaince.
joursaaantl'équipe,
maisc'estunfaux repérage,
c'estseulement
le parsalorsquelques
unerenclntrepréalable
aaecdesgensdéjàchoisis
Tu saisquetu nepeux
par télEhone.
pas tout annuler,, Deux autrespassentpas mal de temps avec leurs futurs
interviewés: o le discutetoujoursplusieurs
heures
nl)eceuN,pourêtrecertaine
dece
qu'ilsontà direetqu'onseclmprendbien.,
Unefoisle principedel'interviewfilmée
acquis,laphaseintermédiaire
de rencontresembledoncle plussouventéliminée.
Il apparaîtmajoritairement
qu'il n'estpasnécessaire
de faireampleconnaissance
avantl'interview.PierreGanzrecommande
pourtantle repérage,
maispeut-être
ne pense-t-ilqu'à une reconnaissance
géographiquedes lieux : < Toutsujet
magazine
exigeun repérage
in situ. Lerepérage
permet[...] qaantI'enregistrement
de
préaoirunescénarisation
du reportage
: décider
parexemple
oùemmener
Ietémoinpour
qu'il raconte
ensituation.
derécitplusagréable
et plus
[...] Leproduitfini a un aspect
>
conaaincant.
Lesraisonsobjectives
et subjectives
qui influentsur la décisiond'accepter
ou
pasune interviewsonten généralinconnuesdesjournalistes,
la majoritéd'entre
eux ne s'interrogentpas sur la motivationdes interviewés: o Cen'estpasmon
il6
rÉtÉvsÉe
Lrs BnppoRTs
TNTERVTEWEIJR-rNTERwewÉ
EN MA;AZ:NED'tNFoRMATtoN
,,, ,, C'estplusmonmétier,. Deux décèlentdesmotivationsavanttout
problème
pasgrand
publicitairesou de notoriété: < La possibilité
defnirepasser
un message,
, kois y
chose
à perdreet peut-être
pasmalà gagnerentermes
d'image,
deIapublicité.
pour
mettentdesintentionsplus personnelles,
plus affectives: < C'estengénéral
défendre
desidées,
0upnrcequ'ilsm'aiment
plutôtbien.C'estbienIà le côtéperaers.
On
jouesurI'affectif
je pense
nlusclmm€€ilt >ro Leplussouuent,
que
pouraaoirdeschoses,
nosinteraiewés
n'Acceptent
Iacaméra
à un longprlcessus
deprise
queclmmeconclusion
à eux,je croisque
decontact,
demiseenconfiance,
d'échange
et d'écoute.
On s'intéresse
çajustifietoutle reste>. La motivationpour parlerdevantune caméran'estdonc
majoritairementpas prise en compte par les journalistescomme étant
déterminante
dansl'acceptation
ou le refusd'êtreinterviewé,ni mêmepertinente
pour construirel'interview.On peutimaginerqu'unjournalistequi saitpourquoi
uneinformationutile.
unepersonneaccepte
de parlerdevantunecamérapossède
Maison peutl'imaginerseulement,
puisquelesautress'enpassenttout à fait.
Dansle cadrecontraignantdu tempsimparti,et dansla majoritédescas,il
faut encorenoterque la préparationde l'interviewne fait l'objetni d'un travail
de réflexion,ni d'une conceptionélaborée.Septjournalistesnotent quelques
idéesdirectrices,
maisne sortentpasleurcalepinpendantle tournage:o l'ai noté
,,, ,, le continue
lesthèmes
principaux
à la louche,
clmmeaide-mémoire
mapréparntion
pendant
qu'oninstalle
la lumière
parexemple,
maisj'ni peudequestions
à poser
et peu
r. Troisjournalistesreconnaissent
dethèmes
ne pas préparer,de façongénérale,
en généralau t'eeling,,, ,, Si
par écrit leur interview t o Ie t'aismesinteraiews
je ne prépare
l'interaiewé
rien,c'est
estquelqu'un
qui doit medonnerde I'émotion,
éaident.
un radeau
Comme
surIamer,je I'oriente
dsnstelsens,
puisdanstelautre>,<<
le
justefluant,je me
n'écrisrien,maisj'ai destrouspart'ois
demande
dequoi0nanparler>.Deuxjournalistes
du
même magazinerédigent trèr piâ;;;"
l.;
reste le oouuoiement à I'antenne
ioletrauaitfelesinteraiewsde
questionsuil.urordre
témoinpendant
façontrèsécrite,lecahierestlà comme
Ie tournage,
tout estaraiment
Auant,t..,1je m'y nccrlche
quandj'aibesoinde
pensé
réfléchir
un peu.))
Faut-ilvouvoyerou tutoyer? La questiondu tutoiementou du vouvoiement
renvoieimmédiatementaux conventionsjournalistiques,au degré d'intimité
entredeuxpersonnes
Il estacquis,pour l'ensemble
du
et à la façonde i'assumer.
groupe,que la règle reste le vouvoiementà l'antenne: o Ie aouuoiesystématiquement,
mêmelesenfnntsà partir de 13 lns, c'estunet'ormede respect.
Le
tutoiement
m'estittsupportable.
le ne saispnsaraimentpourquo|maisçû mechoque
,, o VlurJliement
toujours
systématique
la cnméra.Il
m'estarriuédel'oublier
une
deaant
, La plupart des
ou deuxt'ois,c'étaitunet'niblesse.
Pourquoi? Dfficilederépondre...
intervieweursadmettentpourtantpouvoirassezfacilementtutoyerlesgenshors
camératout en pratiquantle vouvoiementpendantle toumage:o Quandçnne
tournepas,tu t'aiscequetu ueux.> Un seuljoumalistes'opposeviscéralement
à
cettepratique: ( le uouaoie
systématiquement.
Uneseuleraison,letutoiement
esttrop
I t7
Lrs CnutrRSDUJouRNAusue
No4 . JANVTER
l99B
personnel,
c'estgênant,çafait "rJieux
pltes",et le téléspectateur
sesentalyeur.Celame
"tlt",
je
chier
que
tout
le
monde
se
tutoie.
Même
si
on
me
dit
continue
à dire"TJlr.ts".
fait
Si tu asdesrapports
priailégiés
aaectoninteruiewé
tantmieux,maisc'estdangereux.
La
téléc'estclmmeunescène,
et lespectateur
n'apasà saaoircequisepnsse
en coulisses.
ll
n'a pasà sauoiret il s'ent'out., La large majoritédes autresse remet donc à
vouvoyerquand la camératourne,pour respecterla règle,en reconnaissant
parfoisla difficultéde l'exercice,mais sansêtre dupe : o Moi, je n'nimepasla
conniuence
du "tu". Celadit, il y a tellement
desujetsoùonsaittrèsbienquelesgensse
tutoienthorscaméra,
parcequ'ilssontcopains
dansIa aie.Quellehypocrisie
quele
"ultts"danscescas-là.
> Lejournalistemaîtriseleschosesenjouantavecle "tv" ou
avecle "vous" selonla phasedu reportageet son propredésir.Lesraisonsdu
vouvoiementserésumentau manquede tempspasséensemble: o On n'apasle
temps
det'aireconnaissance
etdonconaouaoie
même
horscaméra.le
n'aipasdeposition
deprincipela-dessus,
implique
unecertaine
; à la volontéde recul: o Leaouaoiement
,,,,, I€ ne suispasIàpourfairesentirqu'ily
distance.le
suisun acteur,
pasun complice
a desgenssympaet d'autres
nln >;à la tactiquedéfensivede prisede distancepour
ne pas tomber dans la connivence: o Il t'aut en plus lutter contreIe poidsdes
tutoiements
desseraices
depresse
oudesjeunescndres
quit'ont aussidu marketing
aaec
nous.Alorsje rétablisIa distance
enaluaoyant) ; au parasitagequereprésenterait
touteentorseà unerèglelargementconnuedu public: o Laplupartdesgensnesont
pasgênés
quandtu te metsà lesaouuoyer
pnrcequela camérn
tourne.Celnaccentue
la
pression,
maisils trouuentle procédé
normaLlls connaissent
Iefonctionnement
de ln
tdé ,, < C'estliéà l'objectiaité,
si onentendun "tu", c'estpeut-être
un peuacadémique
de direçn,mais0n aa tout de suitepensercopinage,
et ça a plur effetde détourner
,; à l'inintérêtsupposépour le public
l'attention
une certaine distance;
je suis un acteur, pas un complice
l'interviewé i <<Moi, ie uois que nlus slmmes
métier.
On exclutenplusle téléspectateur
deIa boucle,
ll faut enplussemét'ier
dut'aireaaloirjournalistique
quereprésente
cetteapparente
complicité.
Celaa quelque
chose
à aoir
>>,
<<
aaecle nombrilisme
Letutoiement
estuneannitéjournalistique.
S'ilfaut existerau
repérage,
il nefaut plusdonnerI'impression
d'êtrelà au tournage.
le trouaeterriblela
dériaedu journaliste
tropimpliqué.
Cequi estimportnnt,
c'estlesgens,paslui ,.La
difficultéde mélangerdansle mêmesujetdes"tu" etdes"vous"estun argument
supplémentaire
pour le vouvoiement: o Il faut quetout le mondesoittrnitédela
mêmefaçon.> Cette attitude généraliséecorrespondaux conseilsde Pierre
Ganz: < Uneinteraiew
n'estpasun dinlogue
priaé.Ellea desmillionsdetémoins,
[.,.]
ll faut éaiterlesallusions
à cequi s'estdit horsinteruiew,
plur quel'auditeurou le
téléspectateur
n'ait pasI'impression
d'êtretenuà l'écart,considéré
clmmequantité
négligeable.
Mêmesi I'interaiewé
estsonmeilleur
ami,lejournaliste,
saufà lepréciser
au
public,neletutoiera
pas.>Lesdeuxseulesjoumalistesqui pratiquentle tutoiement
pendantle tournagereconnaissent
plusieursconditionsparticulières: le long
ilB
Lrs BppoRts tNTERVtEWEUR-tNrcBwrwÉ
EN MA;AZ:NED'tNFoRMATtoN
rÉtÉvsÉr
tempsde repérage,
la spontanéité
de leur interlocuteur: o le netutoieques'ilsIe
trèssouaent.
Normal,0npasse
beaucoup
detempsà préparer
lessujets.
font,c'est-à-dire
Lesgensprennent
I'initiatiae.
toujours
où
C'estenplusunt'auxproblème
dansla mesure
, ; la difficultéde repasserau
la réponse
m'intéresse
toujoursplusquela question
"vous" qui casseraitune relationqui a mis du temps à s'établir: o Il sersit
inconceaable
de tutoyerpendantle repérnge
pendantIe tournags, ; Ies
et aouaoyer
codesde la micro-société
danslaguelleils travaillent: o C'estarai quetu peux
toujours
êtreperçuparIespectateur
clmmecomplice
ou
démagogue,maisilnefautpnsoubIierquetuntet'iImes<<
passeulem1nt
quelqu'un
et sesprl.pls,ty reryd2
comptypendant le repérage et oouooyer
aussidesrelntions
entre.un
etun interaiewé.
iournaliste
'pendant le tournage >>
Il faut alorsrespecter
lesmodes
decommunication
du
,; le désirde ne pasessayerde nier la préparation:
grlupenaeclequeltu traaailles
< le peuxmêmemaintenant
dansl'interuiew
direout'airenpparaître
et
qu'ona trauaillé
préparé
leschoses
ensemble.
la phnse
derencontre
le n'ai plusenaiedu toutd'occulter
,. Cesjournalistesrompent avec la conventiontacitedu médiateur
préalable
neutreet invisible,en assumantune relationparticulièreavecleursinterviewés
qui ont un espacede libertéplus granden décidantdu modede communication
avecle journaliste,
sur le ton du "vous"ou du "tu".Uinterviewéa doncplus de
responsabilité
et s'engagedavantage.
Le mélangedu "vous" et du "tu" dansle
mêmesujetne semblepasrésoludansle principe.Cettefaçonde travaillerparaît
plus souple que la traditionnelle,et laisse finalementplus de place à la
personnalité
et au sensdesrapportsde chacun.
Mêmesi on considèreque le tutoiementest révélateurde bonnesrelations
humaines,la grandemajoritédesjournalistesreprend,quandla camératourne,
un "vous" qui les révèlecommeétant éloignéde la personneà laquelleils
Malgré les difficultés,la règle doit donc être respectée.
s'adressent.
Il paraît
évidentque le public interviewés'attendà ce mode de fonctionnement
et s'y
prête.La confiance,au moinsprofessionnelle,
est doncprésenteparceque des
codesconnusbalisentla relation.Personnene se sent en dangerquand les
rapportsrestentconvenus.
Laconduitede I'interview
Touspensentque les interviewésdoivent être placésdans les meilleures
conditionspour répondreaux questions,qu'ellessoientbienveillantes
ou non :
o On fnit un sujet aaecquelqu'un,
pûs contre., Quelqu'un "en confiance"
s'exprimeratoujoursmieux.La qualitéde l'expression
estprimordialesi le but
estbiende transmettre
uneparole: < C'esttoujoursmieuxquandlesgenssesentent
à I'aise,
alorsjefais toutpour.Pnspargentillesse,
parefficacité,
ilsserontmeilleurs.
Parce
queIe stress,
recommandé
de
çanedonnerien., Il seraitdoncprofessionnellement
mettreles gensdansla situationla plus confortablepour qu'ils répondentle
mieux possible.Les "trucs" pour décontracter
les personnesinterrogéessont
ll9
No4 - JANVTER
l99B
Lrs CmtrRSDUJouRNAusur
.,le
>>,
justeaaantl'interaiew,
multiples: <le parlebeaucoup
d'autrechose
maissouaent
donnepasmald'informations
techniques,les
gensensonttrèsaaides,
et ilsconnaissent
demieuxenmieuxIet'onctionnement
de
deln télé, Iescoupures
.. >>
, lemontage.
, <l' essaie
j'ai toujoursunepetitehistoiremarrante
>. Pierre
Iesfairemarrer,de lesdécontrncter,
Sormany7 va dans le même sens,quand il exposequ'en cas de blocagede
l'interviewé,o Ielangage
du corpsdeaient
alorsimportant
pourrecréer
l'intimité.Pour
ruserûaecle stress,
In personne
resplnsable
de ln caméra
plurrû arrêterde tourner,
prétextant
quelque
dfficultétechnique,,
Votreinaitéreclmffiencera
à respirer.,Vous
reprendrez
ln conaersation,
détendu,
horscaméra
: quelques
remûrques
anecdotiques,
des
allusionsgénérnles,
puis des questions
précises...
Entre temps,la caméraaurn
>.
reclmmencé
à tournersansmême
queaotreinaiténes'ensoitrenducompte
Chacuna apprisau fil du tempsdesastuces
finalementassezpersonnalisées.
Chacuna trouvéou empruntéquelquechosequi lui correspond
et qui le marque
commeindividu précispour un interviewéqui ignorele recourssystématique
à
ces petitesphrases,à ces petiteshistoires.I1 n'est pas étonnantqu'elles
fonctionnentet restaurent
ou invententun peu de confiance.
Mêmesi ces"ttucs"
sontencorede la techniqueprofessionnelle,
leur apparentepersonnalisation
les
rend efficaces.Dans ce souci de convivialité,dix journalistesprésentent
systématiquement
l'équipede tournage.Il ne faut pasoublierquel'interviewen
télévisions'enregistre
presqueenpublic,en tout casenprésence
d'uneéquipede
plusieurspersonnes,
Quin'est pas invisibleet qui peut influer sur l'ambiance
générale.
Lesmêmesjournalistes
prennentdesrepasavecl'équipede tournageet
leurs interviewés.La moitié par efficacitéou par obligationprofessionnelle
:
o Rarement
encequi meclncerne
de
pourleplaisir.On paietoujours.
C'estIerèglement
l'émission.
pasenaiededéfendre
ceprincipe,
mnisje meretranche
le n'nipersonnellement
derrière
lui ,, ,<Onpeutêtreinuitéouinaiterà déjeuner.
C'estparfoisutile,c'estpart'ois
impossible
de refuser.
La télé,c'estune institutionet tu la représentes.
Ln tradition
d'accueil,
c'estenclretrèsuiaant>.L'autremoitiépeut partagerun repasavecson
interviewépour le plaisir : o Si lesgenssontsympas,
0n passe
de bonsmoments
ensemble,
ondîne,leslimitesnesonteffectiaement
pastoujoursclaires,
maisbon.,
Deuxjournalistesne partagentpasles repas,pas le temps,pas l'envie.Les
journalistes,dans leur large majorité,prennentdonc leur repaspendant le
tournage,avecleurs interviewéset mêlentl'utile à l'agréable.Un momentde
convivialitéet de partage,c'estimportant.La moitiédesjoumalistesde l'enquête
admettentégalement
l'idéed'élargirla discussionà un autrethèmequele sujet
qui lesamène,sanstoutefoisavoirle tempsde selaisseraller : o le peuxparlerdu
doncdu temps.
l'nimebienparlerun peunuecles
fonddemonsujetnaeceux.le pnsse
gens,etsouaent
eux-mêmes
sontcurieuxdesaaoircequelesautresm'ontdit surlesujet,
je net'aisau maximum
cequej'en pense.,C'estpourquoi
quedeuxinteraiews
pardemijournée.Certnins
ent'ontbenucoup
plus., Deuxjournalistesy sont farouchement
opposés: o Un interaiewé
n'estni un copninni un collègue,
0n n'a pnsà seraconter
notreaie...> Deuxjoumalistesaffirmentl'intérêtprofessionnel
depouvoirdévier:
o le discute
debeaucoup
desujetsdffirents,etj'écoute
toutcequ'onueutmedire,ou
120
rÉÉvsÉt
Lrs BappoRTS
TNTERVTEWEUR-rNrcBwtwÉ
EN MA)AZ:NED'tNFoRMATtoN
,r,<,Lesrelations
presque,
c'esttrèsimportant
deseconnaître
aaantdetraaailler
ensemble
humaines,
de
c'estunedesbases
du métierr. La largemajoritéparaîtdoncintéressée
dépasser
le cadredu sujetprécispour lequelellerencontrequelqu'un.Cen'esten
généralpas possible,les relationsrestentdonc le plus souventdansun cadre
strictementprofessionnel.
Lesintervieweurset les interviewéssecontententde
conversationsdirectementrentables,sans autre échange.Les journalistes
semblentavoirenvied'allerun peuplus loin, de vraimentrencontrerquelqu'un.
Maisc'esthorssujet.
Toujourspar cordialité,pour mettreà l'aise,
par curiosité même, Ia moitié des journalistes et les interciewés se contentent
disentpouvoir écouterd'éventuelles
suggestions,de conaersations directement
sur le lieu où va se déroulerl'interview par rentables, sans autre échange>
leursidées,
exemple: <l'écoute
etj' ai parfois
debonnes
surprises,mais les genss'exprimenttrès peufinalement.> Encorefaut-il que
l'interviewésachequ'il peutfairedespropositions.
Quatreautresestimentnepas
avoir assezde temps de tournagepour se mettre à discuterde ce sujet :
< L'interaiew
sefnit ensituation
dansun décorrErésentntif
deIaperslnne.
le n'aipasle
tempsde discuterde cesdétailstechniques
nuecelle. Là jouent plur nlus les
, Deux journalistes,par principe,estimentque choisirles lieux
automatismes.
d'interviewfait partiede leursprérogatives
: ( Leslieuxd'interaiew
dépendent
des
,
gens.Part'ois
trèsposé,
parfoisà In aolée
surle terrain,entoutcasc'estmoiquidécide,
Les journalistesdans cet aspectparticulierpeuventdonc avoir un véritable
échange,pas vraiment primordial mais au moins symboliqueavec leurs
interlocuteurs.
L interview est un dialoguecodifié qui passepar le filtre du montage.
L'interviewédonnedesmotsque le journalisteutiliseou pas.Huit journalistes
sur douzeestimentfairedesinterviewslonguespar rapportau renduantenne:
o le peuxfairedelongues
interaiews
pourobtenircequeje aeux,iI n'estpasraredu tout
r, la longueurest
quejefasseunecassette
detrenteminutes
pourauoirtrentesecondes
expliquéepar la nécessité
de se "couvrir" ou encorepour être agréab\e: o l'ni
tendance
à beaucoup
t'ilmer,pnrfoispourt'aireplaisiraux gens,ou qu'ils puissent
s'exprimer
sur quelque
chosequi leur tient à cæur,mêmesi ça ne m'intéresse
pas
je
,.
je
directement.
que
n'utiliserni
sais
pas
ces
passages,
parler
mais
les
lnisse
La
le
vidéopermetfacilementceslongueurs.Le dangerde frustrationde l'interviewé,
aprèsavoir parlé si longtempspour une sélectionsi sévèreet une diffusionsi
courte,est connuet assumépar lesjournalistes: ( Leproblème,
c'estqueplustu
> Quatre
passes
du tempsaaecquelqlt'un,
plus il estfrustrédescoupes
à l'antenne.
autresestimenten revanchefairedesinterviewscourtes,par manquede temps
de tournageou de montage,parmaîtrisede leur sujetou par respectde l'emploi
du tempsd'un interviewépressé: < Aaeclesgensimportants,
lesinteraiews
sont
,, Chaqueattitude
toujoursrapides,ils n'ont pasbeaucoup
de tempsà {nccorder.
correspondà l'idée des relationsqui doivent existerentre l'intervieweuret
l'interviewé.La majoritéqui a le sentimentde réaliserde longuesinterviewsle
121
Lrs CnutrBsDLJtouRNALtsME
No4 - JANVTER
I99B
fait aussipour que l'entretiensoit plus sympathique,pour que les gensaient
l'impressionqu'onpasseeffectivement
du tempsaveceux.Quandlesinterviews
sontcourtes,lesargumentsdéveloppés
sontlescontraintes
de part et d'autre,de
tempsle plus souvent.Lesjournalistes
essaient
doncde s'adapterle pluspossible
à leursinterviewéspour obtenirdansles meilleuresconditionsce dont ils ont
besoin.
Dix foissur douze,lesjournalistes
ne préparentpasl'interviewde façontrès
(<dixfoissurdouze,
journaristes
tes
F:Hi:[,'f,Î.tff:il:r?ï::r5tTTil,:ffiriTi
ne préparent pas l'interaiew de façon sujet,jamaislesquestions
précises,
dansun objectif
< La meilleure
de
spontanéité
et.de
fraîcheur
:
trèsprécise aaeclapersonne
"brut.d.e
méthode
pour
moi,
c'est
de
clmmencer
décofqui se prête à l,exercice >>
sans
aaoir
discuté
du
sujet
nu
préalable.
Si on
frage",
<<Si je suisdansle registre
parleaaant,on perdsouuent
Iafraîcheur>>,
du "ressenti",
j'essaie
denepasleurparleraraiment
aaantquela camérs
tourne.Souaent,
cequi estdit
lapremière
est
bien
meilleur.
moi-même
enaie
d'être
surpris.
ne
passaaoir
aeux
l'ai
t'ois
le
à l'aannce
cequeje uaisentendre.
Doncje préftreaborder
leschoses
det'açonabrupte.
On
ne perdpasde tempsen preparation,
>. L'interviewé
on tentetrèsuitele tournage
accepte
doncde répondredevantla camérasansconnaîtredansle détailcequ'on
va lui demander.L'approximation
lui suffit.Une restriction,les "habituésde la
télévision"réclamentenpréalableplusde discussion
ou plusde détails: o Parfois,
j'enaoielesquestions
Dr<<
à l'aaance,
parfax,si on melesdemand€
qu'ily a
l'ai constaté
deplusenplusdegens,surtoutceuxquiconnaissent
lesmédias,
quiaeulent
rapidement
saztoir,
et mêmeaaantd'allerplus loin dansIa discussion,
de quoi 0n aa parler
exactement,
quelseral'nngle,même
si le motn'estpasemployé,
quelles
questions
0n ua
plser.le générnlise
,.
etj'éludelepluspossible
Une fois le principe acquis,la rencontreavec la personneet les détails
concernantles questionsne semblentdonc guèreavoir d'importance.Ou les
interviewésmaîtrisentassezbienla techniqued'interviewou ils ont unesortede
confiancedansun journalisteinconnumaisprofessionnel,
ils s'enremettentalors
à lui pour queleschosessedéroulentbien.
Danscemêmesoucide décontraction,
Ia majoritédesjournalistesacceptent
d'aborderla globalitédu sujet,sa construction,
le nomsdesautresinterviewés,
maisils ne le font passpontanément
: o le peuxdiscuter
dela construction
du sujet,
dEend
auec
qui.
,,
o
Les
ne
clnses
pas
sont
conrplètement
compnrtimentées
On peut
ça
discuter
dela structure
du sujet,maisc'estaraiment
plur sedédouaner.
Lerédacteur
en
chefpeuttoutcouper,
toutinaerser,
supprimer
desséquences
entières
et le nôtrenes'en
priaepas,C'estaussicequeje disauxgensquiueulent
sauoir,. Ils enparlentavecplus
ou moinsde précisionou d'honnêteté
en fonctionde leur estimationdesenjeux:
o Sidansl'intérêtdu reportage,
je noieunpeu,,, ,, Il m' est
il nefaut pasqueletypesache,
arriaéde mentirpnr omissiln,car si j'aaaisdit quej'allais interaiewer
telleautre
perslnne,la
première
j'ai pasdesuupule.Sinon
nem'aurait
pasrépondu,
Aaeclescons,
je peuxlesreplacer
dansla structure,
sanstropentrerdnnslesdétails,
sinontu lesincites
122
rÉÉwsÉr
EN MACAZTNE
D'tNFoRMATtoN
Lrs BnppoRTS
:NTERV:EWEUR.tNTERvTwÉ
je parle
deconfiance,
qui estdetrop,Pnrcourtoisie
etplur unehistoire
à unediscussion
Lesgensontbesoin
un peudusujet,maisje n'explique
pnslestenants
et lesaboutissants.
que tu maîtrises,. Deux
de saaoiroù tu rsns,c'est tout. D'auoir l'impression
joumalistesrefusentde parler avecleurs interlocuteursdu sujet : o le ne parle
jamaisni demesdoutes,
ni dela structuredu sujet.le suiscellequi sait.le n'ai pasle
je n'enparlerais
pas.Jeneaeuxpasmemettreenposition
temps,
maismême
sije l'naais,
defniblesse
et risquerdemefairemenerparle boutdu nez.> Un seulen revanchele
delaconstruction
: ole discute
beaucoup
aaeclesgensdemesdoutes,
fait spontanément
professionnelle.
Au
du sujet.le n'aipasl'impression
pournutantdeperdremacrédibilité
> Il semblenécessaire
je metsen aaantmonhonnêteté.
de répondreà la
contraire,
demandedes interviewésquant à la nature du sujet traité. Les joumalistes
gardentnéanmoinspour eux leurs doutes et affichentla responsabilitédu
reportage.En parlel,d'accordpour le principe,mais sansdonnerf impression
qu'onhésiteou quela personnepeutintervenird'unefaçonou d'uneautresur le
danslequel
du reportage
contenu.La connaissance
quepeutavoirun personnage
il intervientsembledonc ne pouvoir être que de circonstance
et floue, mais
tactique.
Quandellesvont dansle sensde la personnequi setrouveen faced'eux,cinq
journalistesdisent pouvoir donner leurs opinions,comme une stratégiede
rapprochement
: o Ie mesersde mn personnnlité
quandje suisen phnsenaecmes
je
pas.
ilsnelesaaent
interlocuteurs,
Ilssaaent
cequeje pense.
suis
endésnccord,
Qunnd
,
ne
me
retranche
le
professionnel.
autres
évitent
de
s'exprimer
pour
derrière
Cinq
le
neconnaît
a prioripnsmln auissurla question,
pasprendrede risque: < L'interuiewé
maisaprèset seulement
si on n le temps.,Selonle principede
On peutendiscuter,
recul obligatoire: ( Lesgensquej'interaiewene
connaissent
mon opinionsur le sujetquedet'nçon ie ne parle jamais
"
, Deux ni
rarissime,
le aeuxmnintenirIa distance.
de mes doutes, ni de la structure
journalistes
exprimentparfoisde fausses
opinions, du sujet je suis celle qui sait >>
;
toujoursdansle mêmeespritde détenteou même
: o Quandlesthèmes
sontun tant soitpeupolémiques,
dansce cas-làde connivence
je nepeuxpasprendre
parti.Lesgenspourraient
utiliserl'opinionqueje leurni réuélée
pourjustit'ier
leurposition.
Donclesgensneconnaissent
pasmonopinionsur le sujet.
je
neutre,
pensequeçapeutm'aider,,
au
maximum
d'être
ooire
hypouite,
si
l'essnie
L'expression
considérée
commefaisant
ou non d'uneopinionestmajoritairement
partie d'une méthode de travail. S'engagerou pas relève d'une stratégie
professionnelle,
dansle but de ne pasheurterla personneà interviewerou de se
placerde soncôté.
Toutle monderéfutela notionde stratégiedansla conduited'interview,pour
lui préférercelle d'expérience: ( Il y a une logiquede questions,
maispasà
,r,,,le n'aipasdemodèIe
>.
d'interaiew
prlprement
parlerde"stratégie"
deconstruction
Il sembleen tout casimportantde ne pas figer le dialoguedansun exercice
formel: < L'interaiew
doitêtrepriseet menée
clmmeuneclnaersation,
Onpeutreaenir
,r,,, l'essaie
ennrrière,
hésiter,
reprendre,
il y a peudecontrninte
setromper,
finalemeflt
121
l99B
Lrs CautrBs DU JIURNAuSME
No4 - JANVTER
,. Chacunsemblepourtantavoir mis au point
queçaressemble
à uneconaersatiol,t
une façond'interrogerles gensdevantla caméraqui évolueau fil du temps:
o Mesquestions
Ellescontiennent
déjàdes
sontdeaenues
trèst'ermées.
mêmesouaent
> ; en fonctionde l'interlocuteur,
éléments
deréponse,
trèsorientés
du ton et parfois
etdemaforme,
du feeling: <Laconstruction
del'interaiew
dépend
decequeje recherche
qui est un élément
peux
rnter
une
interaiew
si
mon
esprit
manque
de
important.
le
je tâtonne.
Danscescas-là
Sinon,je
aiuacité
0u queje n'ai pascette"curiosité
sincère".
joue Ia conaersation.
c'estce qu'ln me raconte>, o I'essnie
Ce qui est intéressant,
le regard,de t'nire oublierln télé. En mêmetemps,ça n'est jamnis
d'nccrocher
complètement
possible.
d'orienterlesgens,sanscourt-circuiter
cequ'ilsont à
l'essaie
dire.Fautêtremodeste,
mais0nnepeutpnsseglmmercomplètement.le
mène
l'interaieru
je la sens,
comme
sansrespecter
destratégie
qu'onapprend
à l'école,
Celane
enentonnoir
jamais>.
marche
Une astucerevientplusieursfois,éviterle stressdu "ça tourne": o le préfère
méthode,
clmmencer
I'interaiew
sans
ledébut.Celamnrche
plutôtbiencomme
formaliser
serenddoucement
I'interaiewé
compte
queça tourne,0n clmmence
à parlerdu sujet
gentiment,
defaçonglobale.,Dansun premiertemps,PierreSormanyrecommande
d'êtretrès théorique: n ll estbonquela première
question
nilledroitau but,place
l'entretien
aucæurdusujetqueaousentendez
entrées
immédiatement
couurir.
Eaitezles
enmatière
tropgénérales
peut
dfficile
de
ramener
ensuite
uotre
interlocuteur
au
être
;il
niaeau
trèsconcret
oùaoussouhsitez
situerlespropos.,Trèsvitepourtant,il amende
temps,
sesconseilso Enmême
rappelez-aous
quele stress
estplust'ortaudépartetque,
parconséquent,ln
première
rêponse
rarement
tellequelle.
de
la
est
utilisable
formulation
Aussiest-ilprét'érable,
plur une entreaue
qui se ueut décontrqctée,
de choisirune
une méthode dans un cadre qui
aisance.,
posent
Danscettelogique,sixjournalistes
>
denepasêtretropformet
essaie
i_:_'#::::iin
lffiflTi:i,gâi:ïil.:T'.^Ë:
auecunequestion
qui n'apasgrand-chose
à aoirauecle sujet,justepourentrerdansla
>>,<<Sansparlerde stratégie,
je ne clntmence
conaersntiotl
pasmesinteraiews
pnr
,. La fin
I'essentiel,
il t'autun peudetempsplur quetoutle monde
trouaesesmarques
estreconnuepar troisjournalistes
commepleined'enjeux;ou pour terminerpar
un bon point,ou pour aborderl'aspectimportantde l'interview: < le peuxdireà
lafin "aousnaezenuiededirenutrechose
?" Mêmesi souuent
lesgensdisentnon,je crois
quec'estuneconclusion
gentille,diplomatique
et démagogue.
Celalaisseunebonne
impression
en toutcas)>r< aientendernierIa question
la plusennuyeuse
pourle mec,
cellequipourraitmettreI'interaiew
enpéril,,
De façon globale,les interviews paraissentdonc menéesde manière
empiriquepar chaquepersonnalité,mais le plus souventdans un sensde
décontraction
et de non-traumatisme
pour l'interviewé.Chaquejournalistes'est
construituneméthode,dansun cadrequi essaiede nepasêtrehop formel.Toute
la démarchede questionnement
paraîtêtreau servicede la miseen confiance,
t24
Lrs BnppoRTsINTERVIEWEUR.tNTEBwTvÉ
EN MA;AZ:NED'rNFoRMAnoNrÉÉvsÉt
pour quele dialoguesoitplus aisé.C'estle sensde la conclusiond'YvanCharon:
o L'inexpérience
et la maladresse
dansl'expression
de certainsacteurssocinux,trop
longtemps
silencieux
ou muselés,
nedoiaentpasdécourager
le questionneur
; mnisnu
contraire
Iestimuler.
Laplusbelleinteruiew
n'est-elle
pascellequit'aitparlerun muet7 >
Tout le mondeest d'accordsur la nécessité
de guiderl'interviewé,dansla
formeau moins: o le saiscequeje aeuxquelesgensmedisent.Le "bonclient",c'est
celuiqui tedit cequetu aeuxenaingtsecondes,
aaecle sourire
et unechutemarrante,
maisilsnesontpasnombreux
àt'airecela., Répondreà uneinterviewn'estdoncpas
considéré
commenaturel,c'estau mieuxun exercice,
au pire uneépreuve: < Nos
je nepeuxpasmettreuneinteruiew
sujetsset'ontsur le même
caneT)as,
dehuit secondes
etunede1 minute.Ily a doncuneespèce
destandardisation
Faut
obligatoire
desformats.
trouuerlesgensquipeuaent
Iefaire.Ous'arranger
plur qu'ilsIefassent>.Pourtant,les
joumalisteseux-mêmes
ne semblentpas tous très à l'aisedanscet exercicede
reprise,de recadrage: ( le peuxfairereprendre
pourfaire
dansI'interaiew,
souuent
je suissûrquec'estsuper
pluscourt,maisçamegênebeaucoup
etje nelet'aisquelorsque
et inutilisable
danscette
aussiquandle mecdigresse
ou introduitdes
forme.lereprends
je doisexpliquer
choses
quimeparaissent
personnelles.
Parsoucid'efficacité,
danscecaslà,sinonle mecneclmprendpas,, o I€ n'aimepasaaoiràfaireredirequelque
chose
à
quelqu'un,
cen'estpasbonpourIaforceet l'intérêtdemonsujet,cen'estpasbonpour
le mecnonplusr. Le degréet la méthoded'inventionvarientensuite.Plusde la
moitiédesjoumalistescontourneles difficultéset tâched'intervenirde la façon
la moins voyantepossible: o La règlenbsolue
et de
estde bannliser,
de aaloriser
rassurer
lesgensqui ont souuent
peurdemnls'exprimer.
leur
dis
sotnsent,
c'est
bien,
le
c'estclair.Mnissi uousaoulez,
0n plurrait le refaireen clmmençant
I'histoire
par cet
"n'essayez
aspect
par exemple.
del'attitude
générale;
pas de
le parleaussisouaent
vousbridef,continuezà parleravecvos mains"., Le succès
n'estjamaisgaranti
non plus : o Quandj'essaie
defaire redire,çane marche
pas,mêmesi la plupartdes
journalistes
j' essaie
lefont.Part'ois
deretrouaer
quelque
chose
, entournantautourdupot,
>>,
,,
remarque,
engénéral
Pns
d'interaention
directe
pour
çat'oire
fairepluscourtouplus
clair,on s'arrange
autrement.
Pourtanton t'npprend
àl'écoleà demander
cegenrede
choses,
maispourparalyser
quelqu'un,
0n net'aitpasmieux.Alorsje change
dedécor,
j'attendsun mlmentpluspropice
r. Une
etpuis0nreclmmence,
sans
le
début
formaliser
autrepartiedesjoumalistesva droit au but en donnantdesconsignes
précises:
o Sije sensquele mecpeutmeformulerquelque
chose
enpluscourt,je n'hésite
pasune
seconde,
Mêmeenmagazine,
0nn'apasdetemps
à perdre
aaecdeschoses
sansintérêtou
qui cassent
le rythme.Si c'estpassionnant
en troisminutes,
çapeuttoutàt'aitl'êtreen
quarante-cinq
secondes.le
peuxdoncdire"faitesplus court,ou nebredouillezpasou
évitezcettedigression,
ou refaitesle, en supprimantleshésitations",,,,, Non,ce
n'estpasdeIa direction
d'acteur,
c'estdela réalisation.
C'estdirectif
, maisuniquement
aider
les
à
dire
gens
qu'ils
ont
à
dire
ce
les
meilleures
pour
dans
conditions
formel.llt'aut
êtreécouté
et compris>. Quatrejournalistespeuventaussifaire despauses: o Il
m'estrégulièrement
arriaéd'interrompre
carrément
letournage
encasdeblocnge
éaident,
de boireun clup ensemble
et de recommencer
dansla t'oulée., Deux journalistes
12,
N"4 - JANVTER
l99B
Lrs CmrcBs DU JIURNAuSME
peuventdirectementfaire allusionpendantl'interview filmée aux discussions
jt r'y aaispas
chose,
préliminairesavecleur interviewé: o Pourt'aireredirequelque
"tu m'asdit l'autrefois que",maisl'idéeestlà.Maintenant
directement
enrappelant
,
je peuxdire"quandon a préparél'émissionensemble",
à la nature
Troisintervieweurs
soulignentl'adaptationde leur comportement
de leursinterviewés,
habituésou pasde l'exercice
: o On nepeutpasfairereprendre
toutle mond4c'estseulement
danslediscours
possible
aaecdesgensquiontdest'acilités
et les
et qui ont l'hnbitude
dejoueraaeclesstructures
moment dfficile pour lequel il faut
trouaer la mesure entre la parole
entraînées
tedisent"vous
clmmtffi,,,,, Desperslnnes
Ils
voulezuneréponseen combiende secondes?"
>>
dediffusion
oraieet tescontraintes
i:"irr;ii::#r,:m#,::iii,:;H,?jli::':i:Ji:
"dites-moice
registredu "sentiment"où l'on intervientmoins: o Ie dissouaenf
quevouspensezavecvosmotset votrerythme,on verraaprès",Etredeaantune
caméra,c'estdur,t'aut être indulgent.La camérnintimide,lesgenssont souuent
r, et celuide "l'information"où on auraitmoinsde scrupules: o Quand
perturbés
je peuxdemander
on maniedesidées,
dansIa mesure
où
d'êtreplusclairpar exemple,
nlus sûalnstouslesdeuxoù nousallonset quel'importantestdemettreenaaant,en
accord
toujourstouslesdeux,quelque
deprécis>.L'interventiondu journaliste
chose
doit cependantêtre mesuréepour ne pas apparaîtrecommeune suggestion
appuyéede réponse: o Si tu donnes
desaaoiroù tu aas,detenterdefaire
l'impression
direquelque
chose,
ent'ait:
ontetrsitetrèsuitedemanipulateur.
Mnisc'estçàla réussite
trèsbienconnaître
lesujetet le mecent'ncedetoi,l'assumer
lereaendiquer
plur
et même
> Pierre Ganz rapporteque o certnins
que ln communication
soit la meilleure.
journalistes,
" dites-moi".
plur obtenirlemeilleur
témoignage,
n'hésitent
pasà ordonner
Et soufflent
lat'ormulation
correcte.
On gagneenclartéet enbrièaeté
cequ'ln perden
maisc'estparfoisla seule
Il
spontanéité,
à Inrédaction.
t'açondenepasreuenirbredouille
est mêmequelquet'ois
nécessaire
de rédigeraaecI'interlocuteur
ce qu'il a à dire,
notamment
s'il maîtrise
mnlIefrançais.
Attentionalorsà cequele tonne soitpnscelui
r, Personnedansl'enquêten'a fait allusionà
deln lecture,maisbiendu dialogue
cettepratique.
L'-interview
estperçuecommeun momentdifficilepour lequelil faut trouver
la mesureentre la parole vraie et les contraintesde diffusion.Il fait partie
intégrantedu travail de journalisteque d'essayerde respecterle fond en
poussantla personnequi parle à respecterde son côté une forme souvent
L'intervention,en fonction du type de sujet et du type de
prédéterminée.
En casde
personneinterviewée,serale plus souventdouceet peu perceptible.
réponsestrès informativesdonc très pointues,ou avec des gens rodés à la
télévision,lesdirectivesne secacheront
plus.Le premierdangerà éviterestalors
de frustrerlesinterviewésen égratignant
leur sensibilité
par trop de consignes
et
en les enfermantdans un carcantechniquequi peut apparaîtrecommetrès
contraignant.Le seconddangerconcernela dérive de manipulation,quand le
126
Lrs BappoRTS
:NTERV:EWEUR-tNrcBwrwÉ
EN MACAZTNE
D'tNFoRMATtoN
rÉtÉvtsÉt
joumalistesait exactementce qu'il veut et commentil veut l'entendre,sans
accorderle respectnécessaire
à la personnequi estlà avanttout pour s'exprimer.
Toutle mondea constaté
la bonnevolontédesinterviewésà seprêterà l'exercice.
Le journalistesait,il estprofessionnel,
C'estpeut-être
on lui fait doncconfiance.
plus tard,au renduantennequedéception,frustrationou colèreapparaissent.
Peut-onbien interviewerquelqu'un qu'on n'aime vraiment pas ? Huit
joumalistestrouvent cette questionincongrue,et n'atteignentpas ce degré
d'intimité avecleurs interlocuteurs1 o l'ai pasle
tempsd,aimer0upaSquelqu,un,,ojenesuispaspayé<<
pouraimer0u pas,, Les quatre_autres
peuventle des journalistes ne reconnaît pas
faire,par.principe,pour la qualité du sujet,
ryi: h notion d,objectioité >
sans enthousiasme: <<On est part'oisobligé
d'interaiewer
desgensqu'ln n'Aime
pas,c'estnotremétier,
il t'autaussimontrerlescôtés
négattfs.
dois
donc
pnrt'ois
être
uraiment
hypocrite.
ll
notreposition
le
faut reprendre
juge
d'obseraateur,
très
suis
mal
à
l'aise.
bien
ils
ne
s'en
doutent
pas,ou ils
On
sûr,
et
le
s'enfoutent,, o Si on estprofessionnel,
qu'ln n'aimepas.
onpeutinterroger
quelqu'un
>.Lesjournalistes
Heureusement
ne semblentguèreà l'écoutede leurssentiments.
Ils ne sontpaslà pour entretenirdescontactsaussipersonnels.
Le métierprend
le dessus.Pourtant,commele remarquePierre Gânz,o Êtrejournaliste
èt être
reporter,
c'estaccepter
denepasauoirI'objectiaité
maisaussiutilisersa
d'unemachine,
subjectiuité,
sn personnalité
plur clffiprendre
et transmettre
un éuénement,
Celnen
gardantla têtefroideet enayantconscience
qu'onestun témoinprofessionnel
et nonun
simplepassant.
n'estpnsunemachine
à enregistrer
desimages
et des
[...] Un reporter
sons.Sonprlpre regardest subjectif,maisil est aussiune slurce.Il nefnut pas
systématiquement
étouffersesimpressions.
ale droitd'nuoirun auisr.
[...] Lereporter
CommePierre Ganz,la grandemajoritédes journalistesne reconnaîtpas la
notion d'objectivité: < Celan'existepas,, o I0 n'y croispas,, < C'estunehistoire
s>,<<
d'éthique
personnelle
Et enclre,même
C'estbidon>>
l'atteindre.
pas.le
,<<
l'aimerais
uoudrais
direquec'estdêpassé
maisqu'ln estobligédefaire aueccetteidée.Mais si
I'objectiuité,
c'estmélanger
leblanc
etlenoirpouraaoirun résultatgris,c'est
t'aux,.Les
journalistesse sont forgé un comportementqu'ils qualifientd'honnêteet de
sincère,en remplacementd'une idée mal définie et inexplicable.Mais trois
seulementessaientde l'expliquer: ( NousnT)lnsI'habitude
dnnsnotreémission
de
parlerplutôtde "subjectiaité
honnête".
Le regnrdexistetoujourset heureusement.
le
préftreêtrehonnête
et engagée
queneutreet sanssaaeupt,,, La subjectiaité
est un
constatparcequele journalistequi posedesquestions
plse aussisonregardsur la
perslnne
et sur sonsujet.Celadit, pourêtreefficace,
il nefaut surtoutpasêtreobjectif.
Seprétendre
objectif
serait&lmmerla réalité,si riche,si diaerse,
si aariée.
Maisil t'aut
>.
êtrehonnête
Lesjournalistesde magazineassumentun regardqui leur appartient.S'ils
sont finalementtrès peu à tenterde lui donnerune forme,une largemajorité
refuseen tout casla mythiqueobjectivitéet est prêteà assumercetteposition
dans le cadre étroit de l'interview. La neutralitén'est pas une attitude
127
| 998
No4 ' tANV;ER
DUJouRNALtsur
Lrs CnurcRS
estplus
agressiae
YvanCharonva encoreplus loin : o Llnequestion
d'intervieweur.
parler,
faire
est
de
Sifobjectif
complaisante.,>
qu'unequestion
deréponses
générntrice
le
déclencher
technique
de
â. prouoquerune réaction,ii faut un minimum
Pour
o
La
:
actif
être
doit
l'autre,
u.1b.. Le journaliste,dans un sens ou dans
directepeutêtreunetnctiquequi marche,,, ,, I€ p-eux
confrontation
iouerdesrôles
Ie
p.lus
d'instinct
: actit',soutien,prlalc, je cherche
différents
fficac9,,, " I€ ne me
ac.tiae.
ceseraitplutôtdela p,articipation
jamàisenattaqunnte,
le peuxt'aire
pisitionne
'dans
c'estla
,t,
<<
a.ussi,
bien
qui
marche
Ia prôror,maistoujoursdansla complicité Ce
sur Ia
,.
insistent
c'estpasctédible Tioisiournalistes
enreaanche,
nalueté
prnaxc,'La
idées,
des
niveau
au
de s'engagerdanslespropos,pasnécessairement
nécessité
o
l'impression
:
mais surtout daÀsla relationaveClapersonneinterviewée l'ai
etd'êtredeplusenplusmoi,auecmapersonnalité
d'auoirdemoinsenmoinsdedistance,
Et
il faut échange-r..
partngé..Donc
Cequi estt'ilmé,c'estun moment
l'interaiew,
pendant
'I'assumer
<<
n
Il
y
qu',annlytiq,u€
plusémotionnel
,, o l'emploie
benucoup
un langage
,>>,
tout
j'y
chnnge
Cela
nrrtaé.
sttis
Progressiaement,
enosantlet'ie".
àt'ranchir
unebanière
paraître
qui pourraient
dansuneintiraieu.Pourtanton éaitedemonterlesquestions
si >,
comme
monde
tout
Ie
troppersonnelles.
fai.t
le croisqueperslnnen'estdupe,mnis
intér-ieur,
araiment
de
d'intime,
chose
quelque
o Sionueutquequelqu'un'
nousdise
-qu'il
II faut
d.'empathie'
dynamiqye
aueclui, dansuneaéritable
itt'nuiqu'ons'engage
donne,
d'auoirun engagement
nimé.Doncil estnécessaire
presque
enconfianie,
qu'il ses'ente
de
aatedonner,plein
qu'o.n
Et croire
personnel
'chosesfort. Tunôpeu,pasenfnireI'économie.
journnliste,
pur
urai
qu'un
Peut-être
neutre,
tu restes
si t-oi
çanetientpasdebout.
et dur ne te dirnitpasça >, La neutralitén'est donc pas une techniqueefficace
s'engage,
chacun
d'interview,
:*ii#:tîî
une technique efficace d'interaiàw
"âïïf:'
;:tii.îiÏiûi:"îi
pensentréussirà
: Dansce sens,six intervieweurs
degré-s;;;;i;
â'des
s,engage
chacun
" iî:;:,,i:i.î%jî.:îiËTJ'r,"^ri?,i'ii1;
et
l'exercicequi consisteà poserdesquestions: ( le croispouaoirresterjournaliste
demnndent
te
ne
pnuares
les
gens
Même
journaliste
uneinteruieut.
pendant
uniqtrcmeni
nousn'allonspns
pasdesolutions,
À/ousn'aT)lns
sontclaires.
rien.le croisqueleschoses
de
I'interaiewPlur
l'occnsion
lesaider,Il n'estjamaisnrriaéquedesgenssaisissent
d'éviter
>
journalistes
plutôt
sont
de glisserautre chose. Les
essayer
_fiers
<
ne
:
I/
l'amalgam.lpur.. qu'il fait partiede leur métierde cloisonner
inmnis
fa.u.t
éaiter
etdu trauail,c'estla dffision.IIfaut d'emblée
lajinatitédesrencontres
oublier"que
de
trouaer
pas
ne
peut
on
mais
Onpeutnaoirun rôled'écoute,
là-dessus.
touteambiguité
crédible,
clnnue,
n
émission
,
une
enplusplur
rien. le traaaille
ol,n, résoudra
solution,
qssumer,
enligne
n'entrepasuraiment
Ma
personnalité
à
j'ai
marque
de
image
une
araie
'de
o
que
de.se
connerie
une
:
C'est
compte''' Troisdénoncentl'amalgamemalsain
t'-es
citoyen,
ou
curé
côté
du
II t'autsemét'ier
à aaoirplusieurscasquettei.
lnisser'aller
mec
se
rue
et
qug.ton
la
dans
journaliste,
t'a!!
'cnsser un poinic'esttout.Si tufnisuneinteraiew
tu fiImes,On estIà
la gueule,quellesttitudeadopter? Cetledu boniournaliste,
t28
Lts BtppoRTSNTERV:EWEUR-tNrcBvrwÉ
EN MACAZTNE
D'tNFoRMArtoNrÉÉwsÉr
,,, ,, Lecôtéconfession
plur Ça,quoiqu'onte dise,quoiqu'il sepûsse
medégoûte,
c'est
unemode,
L'intimitéestredoutnble
et les
cesgensquisedéboutonnent
deuant
la caméra.
grosplansqui tuentmet'ontaomir.Y'aquelesgensaaecquion couche
qu'onuoitensi
grosplan>,Troisreconnaissent
quele joumalistepeutparfoisglisserversun autre
métier.Ils assumentdoncen essayant
d'êtreclairseuxaussi: < Difficiledejongler
auecautantdecasquettes
Toutestunequestion
dedosage,
d'implication,
de
différentes.
,,,,,Le
recul,deproximité
macihines
etdechaieur,
0nn'estpas"des
C'estun araiproblème,
je le uisbien.C'estunedesrichesses
changement
de casquettes,
de notretraaail,une
superauenture
et il net'autpas
humaineaussi.
On a toutà gagnerù mieuxseconnaître,
auoirpeur,Eaidemment,
il fnutt'airenttention
tropdetoi et qui
auxgensqui nttendent
te prennent
pourunebouée
d'êtreclairet d'aaoirdes
desauaetage.
D'où la nécessité
,,,n ll faut araiment
relations
saines
ethonnêtes
àgérerInfluctuation
d'emblée
apprendre
- etaprès- uneinteraiew.
desrôlespendant
Lesgensinaestissent
beaucoup
sur
souaent
j'ai tendance
toi,ou cequetu rErésentes.
Maintenant
à dire"vous ditesdeschoses
trèsimportantespour vous,vousêtessûr quevous n'alIezpastrop loin ? Jesuis
là pour uneintervierymaisje ne vaispasréglervotreproblèmeet le fait depasser
à la téléne le réglerapasnon plus". Parfois,
tu donnes
desadresses
ou tontéléphone,
maischacunn sa aie.Et 0n net'ait quepasser,
Vite ,. La moitié desjournalistes
estimentdonc toujoursresterdansle rôle de questionneur.
Ils donnentun peu
d'écoute,maisne tiennentpasà allerplusloin avecleursinterlocuteurs.
Unepetit
minorité en revancheinclut dans sa conceptiondu métier une relationplus
procheaveclesinterviewés,tout en sachantqu'ellene résoudrapasdirectement
lesdifficultés.
Lesprolongements
de I'interview
Tous les joumalistesaffirment pouvoir faire des interviewsen sachant
qu'ellesne sontpas destinées
à la diffusion.Ellesserventà ouvrir les portes,à
donner de f informationsupplémentaire
à l'intervieweurou à remplacerune
"de couverture"ou de "calepin",elles
défaillance.
Interviews"de complaisance",
trompentdirectement
la confiancedesinterviewés,
mêmesi c'estparfoispour la
"bonnecause".Cinqjournalistes
peuventfilmer desinterviews"diplomatiques"
qui ne serontpas montées,ellessont utiliséescommestratégied'approche,le
plus souventdansde grosses
: o Onpeutinteraiewer
des
structures
administratives
chefspar exemple
plur nlus ouurir lesportes,en sachantbienqu'ils ne serontni
spontnnés,
tti sincères,
ni aut'aitdesréalités.
Maison lefait pourleurplaisir.Et pour
, Quatrefilment des
pouaoirtournerleshommes
du dessous
dansla hiérarchie.
interviews"en plus", Celane coûterien et peut représenter
une sécuritési une
autreestmauvaise,
ou estannulée.C'estl'interviewde remplacement
potentiel:
o Il m'arriaedet'airedesinteraiews
plur mecouurir,snnsêtresûr de lesutiliser,,
o l'éaited'utiliserlesinteraieu)s
clmmecarnetdenotes.
Mnisj'enfaissouaent
plusque
je n'enni besoin,
au casoù...,Il arrivequedesinterviewssoientprolongées
pour
recueiilirdesinformationscomplémentaires.
Lesréponses
ne sontpasdestinées
129
l?98
Lrs CnurcBsDU JIURNAu;MEN"4 - JANVTER
à êtrediffusées,maisserventauxjournalistes: ( le peuxmeseraird'uneinteraiew
à être
qui ne sontpasdestinées
clmmed'un cnrnetde notes,et poserdesquestions
, En dehorsdes
montées,
maisqui me serairontpour mesinfosen clmmentnire,
interviews filmées en sachantqu'elles ne seront pas montées,il arrive
régulièrement
que desinterviewspour une raisonou pour une autrene soient
"de bonnefoi" jamaisdiffusées.Parceque le joumalisteestimequ'ellesne sont
n'estpnsutilisée,
c'estqueIe
pasbonnes,de sonfait ou non : o Quanduneinteraiew
de moinsen moins., Pas
sujetestmalfichu.Le manque
d'expérience.
Celsm'Arciae
redondantes
ou parce
assezfortes,pasassezémouvantes,
confuses,
ennuyeuses,
ne font
quequelqu'und'autredit la mêmechosemaisen mieux,lesjournalistes
queje airedes
en généralpasde cadeauà leursinterviewés: < C'estsansscrupule
ousansintérêt.
interaiews.
Sic'estpasmonté,
c'estquec'estmsuaais.
Ou malexprimé,
>,o Quandc'estpas
rtraies
intenses,
Pourunedffisionà 22h 30,il t'nutdesinteraiews
sansémotion
0u sans
monté,
c'estqu'onset'aitchier,langue
debois,choses
attendues,
,.
npportpersonnel
La sciencede l'interviewn'estpasexacte.Pourdesraisonsdifférentes,
celleci peut ne pasêtresatisfaisante.
Ne pasdiffuserquelquechosede mauvaisn'est
pasgênanten soi,maisles raisonsqu'on en donnesontdéterminantes
pour les
conséquences
sur les interviewés.Les journalistesne les préviennentpas
systématiquement
et semblenttrèsgênéspar lesexplications
à donner:o Lesgens
sonttrèsdéçus.,Plusde la moitiéévitedoncd'entrerdanslesdétails: < l'utilise
pourm'ensortir,l'excuse
souuent,
du temps,,,,,I€ nepeuxpasdire"vousparliezmal",
>.Tioisjournalistes
alorsje peuxt'airedegrosmenslnges
n'informentpasde la nondiffusiond'une interview notammentsi elleétait diplomatique.Deuxjouentle
jeu et tententd'expliquerauxgenspourquoifinalementils ne figurerontpasdans
le reportage: o le racontela aérité,mêmequandc'estpour direqueIe mecserait
desserai
araiment
encasd'utilisation
desonslnlre.DansIet'ond,je pense
quelesgens
>, o J'essaie
te sontreconnaissants
detonhonnêteté
d'êtrehonnête
mn
et dereconnaître
responsnbilité.
mais
du
plus
il
ne
C'estjamais
partie
contrat
entre
nous.
En
çat'nit
facile,
surtout
pas
qu'ils
croient
ne
pas
qu'ils
ressentent
une
saaoir
s'exprimer
ou
faut
impression
d'échec.
l'essaiedefaire attention,. Deux autresjournalistespensent
mêmequ'il estbeaucoupplusfaciledeprévenirquelqu'unavecqui on n'a paseu
de rapportstrop proches: o Lesrelations
sontdfficiles,plus tu esprochede ton
interlocuteur,
plustu asdepression
desapart,plusteschoixet tesoptions
leconcernant
sontdfficileset engageants,
et plustu prends
le risquedelafrustration.
Finalement,
gardersesdistances,
c'estaussisefaciliterle trnuailquandtu n'aspasmontél'interaiew,
c'estdur.,
ouquandtu ascoupételextrait.Parce
quequandtu doisrendre
descomptes,
La non-utilisationde parolessembleassezmal vécueet assezmal géréepar les
journalistesde magazine.Ils ont conscience
de l'échecqu'ellereprésente
et se
réfugientderrièreleur décisionprofessionnelle
pour ne pasentrerdansunemise
encausede leur travailou de la prestationde leur interlocuteur.
Difficile,eneffet,
d'éviterde parler des erreursde part et d'autre,de mauvaiseappréciationde
temps,de réponses
mal formulées,commes'ilsn'assumaient
ni leur
entièrement
110
EN MACAz:NED'tNFoRMAnoNrÉtÉvtsÉt
Lrs BappoRrsNTERVTEWEIJR-tNrcBwrwÉ
choix, ni leur responsabilité.Ou peut-êtrecomme s'ils avaient mauvaise
conscience
d'avoir sollicitédesgens,d'avoirparfoisinsisté,d'avoirbâti un type
qui manqueau bout du
de relationsprofessionnelles
et normalementefficaces
comptesonbut clairementaffiché: la diffusion.
Touslesjournalistes
s'accordent
à reconnaître
qu'il esttoujourspossiblede se
qui
qu'il n'y a aucunmlyendeseprémunircontrequelqu'un
fairepiéger: ( le pense
mentou qui joueun rôle.S'il lefait bien,mêmeIe tempsquetu pnsses
aueclui n'y
rien.Tu estoujoursà Ia mercideça ,, o Lafiabilitéestdeplusen plusun
chnngera
de uoiser,de aérifier,
problème.
On n'estjamaissûr de cequ'ln nousdit. On essaie
d'appeler
d'qutres
gens,maisil esttrèsdfficiledenepasset'aireaaoir.l'en ai peurtous
. Lesgensclnnaissent
lesjours.D'autantqu'aujourd'hui,
on estdeplusenplus"décodé"
l'émission,
ilsontcompris
cequ'ln ueut,cequ'onaime,c'estla limitedenotretraaail.
/ > Quatreprétendentmême"faire
En toutjournaliste,
il y a un manipulé
potentiel
avec", ne pasvraimentêtredupes,maiss'accommoder
du jeu de l'interviewéqui
lesarrangeparfoistrèsbien : < le nepeuxuérit'ier
le tournage,
desinfosquependant
alors
pas
préparation.
Parfois,
tu
pas
trop,
tu
marches
ouaprès,
de
temps
de
ne
sais
faute
malnufeeling.Maisauecunpeud'expérience,
tu peux,dnnsla majorité
descas,terendre
pnrfois,
compte
si quelqu'un
essnie
degonflerun peuleschoses.
Remarque,
çat'arrange
bien! Alorstu te dupesun peu,cen'estquedeln télé., Tioispensentques'il existe
un remèdeà cespièges,mêmede bonnefoi, c'estle temps,une protectionpas
: < Notreatoutprincipnl,c'estle tempsqu'ln
suffisantemais au moinsnécessaire
passeaaeclesgens.Mais 0n nefait pasd'enquête
de moraliténon plus.Lesrares
j'aaaispassé
peudetemps.,Les
mnuuaises
surprises,
c'étaient
desgensaueclesquels
journalistesde magazinene seraientdoncpasmieuxarmésque lesautrespour
lutter contrel'intoxication,la provocationou la
( la majorité desjournalistesne sont
manipulationdansleursinterviews.
La majoritédesjournalistes
ne sontpas,par pns opposésà une interoentionde
principe, opposésà une modification,à une leur inteilocuteuraprèsle tournage>
intervention de leur interlocuteur après le
La
tournage.Maisils ne sontpasnon plus prêtsà acceptertouteslesdemandes.
plupart discutentet marchandentpour obtenir ce qu'ils veulent 1 o Quand
exige
quelqu'un
dit "je préfèrequeçane passepàs",je nel'enlèae
pas.Si quelqu'un
je peuxaccepter.
le retraitd'unephrase,
si c'estpersonnel
ouanecdotique,
Si c'estsurIe
<<Quand0n medit "ne mettez-pascela",je
un maximum>>,
fonddu sujet,je négocie
ne tienspasnécessairement
parole.
réfléchis
et je décide
seulde monterou noncet
le
extrait>. Troisadmettent,par principe,le droit d'interventiondesinterviewés:
n On n'estpasIàpourlespiéger,,,o llsonttoujours
lederniermot,çafait partiedenotre
contratimplicite>.Lesjournalistesde magazineprennenten compte,dansl'idée
au moins,le droit légitimede tout interviewéà gérersesparoles,jusqu'à la
diffusion.La réalisationestbeaucoupplus compliquée,
quand,à un moment,les
intérêtsdivergent.C'estpourquoil'attitudela plus répandueestd'éviterqueles
interviewésse revoient.De peur qu'ils se rétractent,parcequ'il n'est facilede
juger ni son propre discours,ni sa propre image,par manquede temps,par
tll
| 998
N"4 - JANVTER
Lrs CanrBs DU JIURNAL:IME
audernier
le risquequequelqu'un
sedét'ile
manquede place: o le neaeuxpasprendre
Ia aeille
moment.
c'estjusqu'aubout.On nepeutpassepermettre
S'iltefait confinnce,
il faut un minimumde garantie,DèsIe
d'unedifusionde perdreun perslnnage,
,,,,, Parprincipe,
je neaeux
diffusion
estpréaue,
tournage,la
0nnepeutpasIarepousser
j'accepte
je
coincé,
de
pasquelesgenssereaoient.
suis
araiment
Quand
faxerIe texte
maisj'éaite.C'esttoujoursun risque.le suisopposé
au aisionnage
d'uneinteruention,
ici tout
aaantla diffusion,,, ,, Ie disquecen'estpaspossible.
On nepeutpasaccueillir
lemonde,
0na un boulotdingueet0nn'apasIetemps
des'arrêtertouteslescinqminutes
je ne laisse
parcequequelqu'un
paslesgensse
A enaiedesereaair,r,,, Parprinctpe,
qui nelepermet
pas.Si tu
reaoir.
Maisje suislâchequandje leurdisquec'estla caméra
passln
parlestechnique,
désamorce
la
A
priori,
n'nime
tout
de
suite
discussion.
0n
çn
et cen'estpasunebonnechose
desereaoirtoutdesuite,à chaud.Ily a toujours
image,
dese
aprèsuneinteraiew,
unedépression,
etje croisquele moment
unechutedetension
au bout.Se
reuoirseraitmalchoisi.Ilssontenclresousle chocet contents
d'êtrearciaés
aisionnerne plurrûit être que déceaant>).Une fois encore,les interviewés
"institutionnels"ont un statutdifférent: o On at'aitdeuxexcEtions
pourd'énormes
au
sociétés
quiaaaient
du
uisionnage
un
préalable
tournage.
Eaidemment,
0nn euun
t'ait
problème
clmmec'étaitça0u rien,on a
déontologique
et puisau boutd'unesemnine,
accEté,, Cinq journalistesacceptent
pourtantque leursinterviewésvisionnent
les séquencesqui les concernent.Par sympathie,confiance,et honnêteté:
o Souaent
je montrelessujetsaaantla dffision.Cen'estpasun risque,les
gensnous
)>r
<<
la
dffision,
tellement
Aucun
problème
pour
aoir
le
sujet
monté,
aaant
confianc€
font
>.
c'estla suitelogique
denosrelations
Yvan Charonexprimel'attitude des journalistesqui vivent mal ce qu'ils
du
ressentent
commeun passage
d'examendevantles interviewés: < L'essentiel
message
En casdedoutes,
ona d'abord
doitêtrerestitué
et sonsens,afortiori,respecté.
en
reclursauxrushes,la
uersion
intégrale,
qui estun "jugedepaix". Siledoutepersiste,
raison
d'unlapsus,0n
clnsltltel'intéressé.
àl'interaiewé
Maissoumettrelaaersionfinale
extrême,
parlejournaliste
proche
estunemesure
uécue
clmmeun contrôle
a posteriori,
> Lesintervenants
d'unecensure.
sontdoncquasimentobligésde faireconfiance
Ils leur donnentuneparoleet s'enremettentensuiteà eux,sans
auxjournalistes.
avoirle choix,leurlaissentl'entièrelibertéd'utiliserleursmots,leurimage.Il est
donclogiquequepersonnen'avertisse
lesinterviewésde leur droit à serétracter.
Un tiersdesintervieweursavancela questionde confiancer o Pasla peinede les
préaenir
deleurdroit,c'estunequestion
deconfiance
entrenlus. > Deuxtiersparlent
desimpératifsde diffusionet descomplications
le respectd'un
qu'engendrerait
jusqu'ùla diffusion,
: <le neparlejamaisdela possibilité
tel engagement
deserétracter
pasnette,çapourraitnuireà monuédit et gâcherun peula
ça induit unedémarche
confinnce.
On n'apasIe tempsdefaireconnnissance
aaeclesgens.Si tu leurdis"vous
pouvez changerd'avis", le typese dit "ah bon, pourquoi devrais-jechanger
d'avis?" , Lesjournalistes
agissentcommes'ilss'étaientappropriésl'imageet la
paroledes gensqui acceptentde participerà un reportageet ne leur laissent
surtoutpasde portede sortie.La méfianceprovientdesjournalistes
pour qui la
t12
Lrs BnppoRTS
tNTERVtEwEURzNrcBwrwÉ
rÉtÉwsee
EN MA;AZ:NED'tNFoRMATroN
libertéde l'interviewéentraîneun "risqtJe",celui de modifierpartiellementou
complètementun reportage,celui de l'annuler même,un luxe que peu de
journalistes,
mêmeen magazine,
peuventsepermettre.
par
Septjoumalistessedisentconcemés
par "l'aptèsinterview",c'est-à-dire
les conséquences
sur les
d'un reportage: o Seplser la questionde Ia repercussion
> S'ils
gens,c'estpart'ois
nepasmonterunephrase
qui pourraitleurretomber
dessus.
n'interrompentpas le tournagequand une paroleles choque,les intervieweurs
font appel à leur propre responsabilitépour
décidei' de ne pa; monter i.r extraits qui
pourraient, selon eux, porter préjudice à leur des journalistes de magazine
auteur.Ils p-rennent
alorsla décisionseuls,sansen essaient de prendre en compte les
: o II m'arriae
parleravecl'intéressé
diredes répercussions d,une pflrole diffusée >
delaisse.r
choses,
maisje saisimmédiatement
que je ne les
je medébrouille.
qui
monterai
pas.le nediscute
pasaaecl'intéressé,
même
chose
Quelque
,,,
,,
pourraitêtremnlinterprété,
marche
ou qui pourraitinutilement
souffrir
On
faire
beaucoup
à In confiance,
et ôtercertains
pendantI'interuiew
On peuttout enregistrer
passages
aprèscoup.On let'ait,c'estuneuieilleémission,
on traaailletoujoursdansle
même
milieu,faut pasqu'onsegrille,,,,, Nlus,onconnaîtlesrouages
deIa télé,alorson
>>,
<<
s'Atttocensure.
décide
souaent
qui
pas
mln
ce
est
bon
0u
plur
interlocuteur
le
Quand
tu sorsdeI'école
que
deiournalisme,
tu nefaispasattention
auxrépercussions.
Ledanger
tu peuxfnirecourirà quelqu'un,
surtoutIedangermoralpourlui-même
n'estpasclair
du tout.Aprèstu te rendscompte
qu'uneséquence
detêléneaautjamaisla peinequ'on
>.Tioisjournalistes
oubliela suitepourI'interaiewé
estimentne pasavoirà prendre
en compteconséquences
d'une interview sur la personnequi a acceptéde
répondredevantleur caméra,commesi leur métiers'arrêtaità la diffusion: < le
je n'aipasà interaenir
suisjournaliste,
pnspsychologue...
Lesgenssontdesadultes,
dans
cequ'ilsm'lnt dit. Et puistu croisquej'ai le tempsdem'occuper
deçn ? ,,, ,, le suis
toujourshonnête,
mêmesi je saisquecertaines
int'ospeuuent
t'airedu maLMaisje me
"
jamais
j'aurAi
refuse
à mentir,même
paromission.
ne
me
dis
pasdû Iefaire". Toutle
le
monde
accepte
lejeu deIa téléenconnaissance
decause.
Notremétierestd'informer.
le
netrichepasetje neferaijamaisdireù quelqu'un
cequ'il neaeutpas.Maiscen'estpas
,.
à moideprotéger
mesinteraiewés
Un peu plus de la moitié des journalistesde magazineessaientdonc de
prendreencomptelesrépercussions
d'uneparolediffusée.Ils essaient
commeils
peuventd'éviter les conséquences
négativespour leur interlocuteur,sansque
celui-cine soit prévenuet sans,finalement,quelesrelationsentreeux ne soient
alléestrèsloin.L intention,au moins,estgénéreuse.
Cesjoumalistesestimentque
cetteresponsabilité
fait partiedu métier,non qu'ils ont à en discuteravecleurs
interviewés.Ces choix sont très personnels.Une grosseminorité penseau
contrairene jamaisêtre confrontéeà cettesituation,ou ne pas devoir faire de
choixseloncescritères.La responsabilité
du contenuestremiseà la personnequi
s'exprime.PierreGanzsouligneI'intérêtde savoircommentles gensimpliqués
dansle sujetréagissent
aprèssadiffusion: o ll estintéressant
également
decontacter
111
l99B
No4 - JANVTER
LesCnnrRSDUJouRNAusmr
: elles
Iespersonnes
rencontrées
Leurscritiques
séaères
durantlereportage.
sontsouaent
oublientquele sujetnes'adresse
pnsqu'àelles,maisù un largepublic,dontle thème
au
abordén'estni Ia spécialité
ni la pnssion.
Cependant
leursremarques
permettent
reporter
d'éanluer
sa
sln prlpretraaail.Cedialogue
lui permetpeuà peud'améliorer
capacité
à êtreun médiateur
entredesfaits et un public., La trèslargemajoritédes
joumalistesprévientou fait prévenirsesinterviewésde la diffusiondessujetsles
concemant.Les deux autrescomptentsur la notoriétéde l'émissionet de son
échodans la pressepour les informer.Le passageà l'antenneest le résultat
concret,il estconsidérégénéralement
commeévidentet normalde prévenirles
journalistes
intervenants.
remarquent
après
pourtantle peu de feed-back
Qautre
la diffusiondessujets: o On a peuderetour.C'estd'ailleurs
parcequ'ln en
déceaant
a besoin.
c'estbien,maisc'estun peucourt.> Quatre
Quelesgenssoientcontents
journalistessetrouvent"intéressés"
par lescritiquesde leursinterviewés,mais
ils ne lesprovoquentpas: ol'aifini montraaailaprèsIadffision.Mnisje peuxlefnire
tactiquement,
sije saisqueje uaisaaoirenclreaffaire
aumême
mec.>Deuxjournalistes
sollicitent directementles critiques de leurs interviewés: <<Les retours
m'intéressent
etje peuxallerleschercher
pns.llst'ontfait confiance,
tu
s'ilsneaiennent
asfait du mieuxquetu aspu,çaleursuffit.On a peuderetouraraiment
constructif.
Si
on t'aimebien,si tu asà peuprèsbienfait tontrnaail,si tu n'aspastrahi,c'estnormal,
et lesgensn'lnt pasgrand-chose
à diresur le sujetfini., Troisne sontpasintéressés
par lesretours: < le n'attends
pasderetouretje n'ai ni à plaire,ni à dElaire., Les
journalistesde magazinepeuventdoncêtreintéressés
par lesréactionsdesgens
qui ont participéau tournage,maisils ne sontpasvraimentprêtsà lessolliciter.
Lescritiquesspontanées
sontelles-mêmes
peu courantes,
commes'il étaitacquis
depart et d'autrequelesrelationsseterminentà la
fin du tournage.
Une grandemajoritéde journalistesne se sentni
pour le court terme sans se sentir concernée
ni intéressée
par l'utilisationultérieure
liés aux interciewés >> des reportageset des interviewsréalisés: o Nos
sujetssont pas mnl aendus,et mêmeremontés
et
o
>>,
réutilisés.
C'estcomm€
L'utilisation
mes
n'est
pas
problème,
de
sujets
un
Ça
çat'ait
r. Deuxessaient,
partiedu système
par principe,d'êtrevigilantssur l'utilisation
dessujetset mêmedesrushesaprèsla diffusioninitiale: < Personne
à nos
n'naccès
rushes
sansnotreautorisation,
c'est-à-dire
tout
celledesinteraiewés.
Mais,fficiellement,
appartient
à la chaîne
quipeuttoututiliserclmmeellel'entend,
toutaendre.
C'estnlors
quepeutapparnître
la notiond'auteurplur nlus et dedroitù l'imagepourlesgensaaec
>, <<Lessujetsaendus
lesquels
nousbossons
c'estinsupportable,
et réutilisés,
on clupe,
onprenddesextraits,
onestentrainderéfléchir
poursaaoircomment
seprémunircontre
>.Lesjournalistes
cegenrederisques
travaillentpour le courtterme,sanssesentir
liés aux interviewéset attachésaux propos recueillisau-delàde leur propre
travail, commesi leur métier s'arrêtaità la diffusion.Quelqu'unaccepteune
interviewavecun journalistepour une émission,et peut retrouverun jour dans
une autreémissionou sur une autrechaîneson imageet sesproposdansun
114
rÉtÉwsÉr
EN MACAZTNE
D'tNFoRMATtoN
Lrs mppoRrs NTERVTEWEUR-tNrcBwtwÉ
ne prennentpasen comptecettequestion,qui
contextedifférent.Lesjournalistes
ne doit mêmepas effleurerl'esprit de la majoritédes personnesacceptantde
répondreà uneinterview.
Il sembleexister autant de définitions de la bonne interview que de
>>,
journalistes: ( Unebonneinteraiew
et intéressante
estnarratiae
et drôle,touchante
o Unebonneinteraiew,
quelqu'un
un
qui
bien,
quand
c'estcomme instrument aibre
c'est
a exprimé
chose
àfairedirecequetu
quelque
du araifonddelui ,,o Quandtu réussis
aoulnis>,oQuandtu asobtenucedonttu aaaisbesoin>. La bonneinterviewserait
donc une conversationsans retenue,avec de l'émotion et de la surprise,
intéressante
et pertinente.Il faut d'abordde l'émotion,ensuitede l'information.
retrouve
dans cetteapprochede l'interview idéaletoute la dualité de sa
On
D'une part l'interviewédoit êtrespontané,
naturel,il doit donner,
construction.
fortesqui ne
d'autrepart,il doit le fairedansun cadredéterminéauxcontraintes
doiventpasl'inhiber.
Lesinterviewssontessentielles
Elles
auxmagazines
d'informationtélévisée.
rythmentle reportage,sontun élémentd'écriture,maisconstituentrarementle
sujet en lui-même. L'interview est un travail sur la communication,sur
l'émission-réception,
sur la transmission,
sur le messageet son adéquationau
sujet,sur la parolehumaine.Unedesconditionspréalables
estdoncde s'écouter
mutuellementet de se parler dans les meilleuresconditions.Lesjournalistes,
même en magazined'information,n'en ont pas le temps,mais ils donnent
l'illusion.Connaissant
trèspeuleursinterlocuteurs,
ils tententpourtantd'utiliser
la facettede la personnalité,
l'extraitde vie qui est le plus pertinentpour leur
reportage.Les intervieweursne veulent pas connaîtreles motivationsdes
interlocuteurs
et ont peu l'occasiond'anticiperles conséquences
de la diffusion
d'une parole.Quasimentpas de repérage,une préparationsommairede
l'interview,l'obligationacceptée
de gommerla médiation,lesjournalistes
ne font
qu'effleurerleursinterviewéset parlentd'ailleursrégulièrement
d"'intuition",en
l'incluantdansun chapitreprofessionnel.
Ils n'ont aucunmoyende ne pas se
faire piéger,mais sont obligésde se faire confiance,de s'en remettreà une
techniqueempirique.Tout l'art de l'interviewconsistefinalementà faireparler
quelqu'unde façontrèsnaturelledansun cadredéterminéet souventrigide.La
gageureestdoncd'intervenirénormément,
et de façonla plus invisible,sansque
l'interviewé et le téléspectateur
ne s'en aperçoivent.L'interview n'est pas
naturelle,maisil faut quel'interviewéait l'air naturel.Il estconvenud'effacerau
maximum la médiationentre le téléspectateur
et la personnequi acceptede
s'exprimer,tout en sachantqu'elleestindispensable
et souventtrèsactive.
Lesrelationshumainessemblentêtreune partiepeu analyséedu travail de
journalisteen généralet d'intervieweuren particulier.Cen'estpaspar hasardsi
les journalistesqui paraissentle plus engagésdans leurs relationsavecleurs
interviewéssont ceux qui ont l'habitudede s'exprimeren groupe sur leurs
interrogations
pratiques,leurs
difficultés,leurs
Parcequ'il fautoser
quotidiennes.
s'engageravec un interlocuteuren étant certain que le rédacteuren chef
11r'
I 998
N"4 - JANVTER
Lrs CmrcBsDu touRNALtsME
qu'0n
et quel'émissions'y prête.o Unjour,0nm'abalancé
soutiendrala démarche
C'est
sefaisaitdeI'argentsurleurdos,aaeccequ'ilsnousdisent,cequ'ilsnousdonnenL
un peuçnquandmême), reconnaîtune journaliste.Il pourraitdoncêtre
peut-être
primordial de connaîtrel'intérêt que peut avoir quelqu'un à accepterune
interview,et peut-êtremême de lui en trouver un._Pour ne pas seulement
utiliser" uneparole,maiséchanger,
ce qui paraîtfondamentalpour un rapport
équilibréet sain entre deux personnes.Les interviewéset les intervieweursne
s'investissentpas de la même façon. Les
Ies rapports entre intercieuteurs et joumalistesont beaudire et répéterqu'ils ne sont
intentiewés sont très instru- là " qur" pour recueillir et transmettre de
mentalisés : la parole n'est f information,l'interview est un exercicequi met
face de l'autre;
> $::Jttsonnalités l'une en
ni libte, ii gratuite '.
l'aspect"humain"ne peut pasêtrenié.C'estaux
premiersde faire confianceaux secondsqui se retrouventdépositairesd'un
discoursqu'ils ont provoqué,qu'ils doivent utiliser, qu'ils peuvent même
interpréter,mais sanstrahir.Il peut paraîtredifficile,malgrél'envieaffichéeet
certainement
sincère,de respecter
et de ne pashahir quelqu'unqu'onne connaît
pas.Pluson seraproche,plus on auralesélémentsde fond qui permettrontde
malentendus
ou mêmeles
décoderun discourset d'éviterlesapproximations,les
lapsus.Le journalisteseretrouvedansla situationparadoxalede devoirécouter
davantage,
cernerau plus prèsl'individu pour réussirà prendreplus de reculet
à êtreplus professionnel.
Le public,qui estaussiacteur,connaîtla télévision.Il a aujourd'huiuneidée
précisede son fonctionnement
et peut mêmeen jouer.Lesgensont un rapport
avecla télévision,l'effetde surpriseet de découverte
étroitet souventpassionnel
ne joue plus dorénavant.Lesrapportsentrelesintervieweurset les interviewés
la parolen'estni libre,ni gratuite.Lesinterlocuteurs
sonttrèsinstrumentalisés,
d'uneinterview.Créerun climat
potentielsont uneidéeprécisedu déroulement
de confiance,c'estaussine pas détonner,ce qui ferait un effetparasite,en se
de télévision.Les
comportantdanslesgrandeslignescommetouslesjournalistes
interviewésacceptent
de jouerle jeu.Sur le terrain,les gensqui ont eu affaireà
des journalistesde télévision,même de magazine s'en plaignent très
Parfoisavecraison,parfoispour des malentendusqui seraient
régulièrement.
vite régléssi lesjournalistesdonnaientune suiteinformelleau tournage.Mais
l'engagementpersonneldes journalistesauprèsde quelqu'unest vite perçu,
d'abord par eux-mêmes,comme un risque,une faiblesse,une atteinteà la
distanceet à la neutralitéconvenues.
Un risquequ'iis disentne pas pouvoir
prendre,mêmes'ils en avaientenvie.Lesjournalistessemblentdonc faire le
qui les
mieuxpossibleaveclesmoyensdont ils disposentet touteslescontraintes
ils utilisentla confiance
encadrent.Parcequ'ils sont le plus souventefficaces,
de confiance"estnécessaire
à la réalisationd'une
commeoutil. Si "l'atmosphère
bonneinterview,les interviewésn'ont pas à faire confianceaux journalistes.
Ceux-cin'ont parfoispasl'envie,parfoispas les moyensde prendreen charge
116
rÉÉvtsÉt
D'rNFoRMATtoN
EN MACAZTNE
Lrs BappoRTstNTERV:EWEUR-tNTEBwrwÉ
f intensitéde ce type de relation.Les chosessont normalementclairesdès le
départ : un joumalistea un reportageà faire,il a besoind'interlocuteursqui
doivent accepterde s'exprimerdevantla caméra.Pour que les propossoient
journalistiquement
le journaliste
regardables,
intéressants
et télévisuellement
La "miseen confiance"de la personneà
possèdetout un éventailde techniques.
interviewerest très utile d'abord pour qu'elle veuille bien se prêter au jeu
ensuitepour qu'elleexprimele mieuxpossiblece
pendantla phasepréparatoire,
de cette
qu'ellea à dire dansla phasede conduitede l'interview.L établissement
confianceestprofessionnel,
et ressenti,revendiqué,commetel par les reporters
de magazinetélévisé.
Lesjournalistesseservent,à desdegrésdiverscertes,maistoujours,de leur
Il suffit de se rappeler
Ils doivent être actifspour être efficaces.
personnalité.
commentils réclamentun regard"honnête",et pasuneobjectivitéfroide.On fait
un sujetet une interview avecsa proprehistoire,sa propre expérienceet ses
propresdéfautsaussi.Mais lesjournalistespensentaussique desrelationstrop
prochesnuisent.Ellessemblentd'ailleursnuire davantageau journalisteluimêmequ'à la qualitédu reportage.Le climatde confianceestune construction
professionnelle,
une technique.Une préoccupation
d'efficacité,pour rendrele
travail plus facile,plus agréableplus rentablepour tout le monde,pour que la
communications'établisse
dans les meilleuresconditions."Faireconfiance"à
quelqu'un,c'estdéjàlui demanderde s'engager
beaucoupplus.
personnellement
C'estlui mettrede la pression,c'estattendredeschosesbien précisesde sapart,
c'estétablirun rapportéquilibréfondésur l'échange.
La confianceaccordée
est
alorsuneétapesupplémentaire
danslesrelationsintervieweurs- interviewésqui
engageplus lesdeuxpartiesl'une enversl'autre,qui lesrendplus dépendantes,
maisqui respecte
plus solidaires,
moinslesrôlesfigésde chacun,imposépar le
modejoumalistique.
Cetteformede confiances'illustrebien,quandelle existe,dansla phasede
l'aprèsinterview.Peudejournalistes
sontprêtsà allerjusqu'àun tel engagement
qui revientplusauxdocumentaristes,
auxauteurs,auxréalisateurs
dontle travail
et le renduparaissent
de
êtrebeaucoupmoinscodifiésque ceuxdesmagazines
télévision.Lesjournalistespourraient,et quelques-uns
le font, approfondirles
relationsavecles gensqu'ils rencontrent,
passerplus de temps,parler d'autre
chose,faire véritablementconnaissance,
être davantageà l'écoute,mieux
anticiperd'éventuelles
conséquences
aprèsuneinterview.Danscecasde figure,
c'est un vrai contratde confiancequi doit exister.C'est là que la notion de
dialogueet d'échangeprendtout sonssens.Il estalorsimpératif,souspeinede
commettrede grosses
fautes,de connaîtrelesmotivations,lepassé,lesfaiblesses,
les attentes,les illusions de la personne.Il est important de lui donne1de
s'investir,pour qu'il donneà sontour.La confiance
danscetypede relation,c'est
aussileur permettrede se revoir s'ils en ont envie,de discuterensembledu
reportage.
Lesgensqui participentsontalorsde véritablesacteurs,ils sontpartie
prenanteet deviennentsujet,passeulement
objet.
117
Lrs CnurcBs DU JIURNAuSME
N"4 . JANVTER
II IB
Il pourrait être intéressantd'approfondir les différencesentre publics
interviewés,en établissantet en analysantles variationsde pratiqueset les
rapportsavecle journaliste.Il apparaîten effetnécessaire
de fairela distinction
entre les interviewéshabituésde la télévisionet ceux qui la découvrent.La
premièrecatégoriene subit pas l'exercice,mais a acquisau fil du tempsune
contre-technique
d'interviewoù la miseenconfiance
ne sontplus
ou la confiance
importantesdu tout. Cesgens-làont un intérêttrèsclair à défendre,un message
à fairepasser.
Ils sonten mêmetempsle typemêmedu "bon client",en donnant
à l'intervieweurexactement
cedont il a besoin,en contenucommeen durée.De
la même façon,il faudrait étudier en profondeurles naturesdifférentesdes
"d'économie",de "sciences"
interviewsenregistrées
pour desmagazines
ou alors
de "société".Entre les interviewsde témoignages
vécus,de "tripes" et ceux
d'information,d'expertise,
les enjeuxet les motivationsne sontpas les mêmes,
lestechniques
de questionnement
et lesrelationsnon plus I
Annexe : le questionnaire
I Quelleplacereprésentent
lesinterviewsdanstessujets?
I Quelleest la fonction,le rôle de l'interview? Apportet-elledes informations"objectives",
du
"commentaire",
du "vécu"?
O Commentchoisis-tutes interviewés? Pour ce qu'ils disent,pour ce qu'ils sont,pour ce qu'ils
représentent,
pour la façondontils disent?
O Y at-il deséquilibresà respecter,
âge,sexe...
dansun sujet?
jamais?Justifier.
O Tutoies-tu
? Fréquemment,
quid de la connivencc
tesinterlocuteurs
Si tutoiement,
apparente
? Desrisquesde démagogie
? Peut-ontutoyertout le monde? Le ttitoiementimplique-til'desrelationsdifféientes
avectoi i-nterlocuteur
? Peit-onmélangerdes"tu" et des"vousi'dins le
mêmesujet?
I A quelmomentdécides-tuquela personneserainterviewéedevantla caméra,pourquoi?
I Essaies-tu
parfoisde convaincre
quelqu'und'accepter
uneinterviewavecquelsarguments
?
I Teposes-tula questionde l'intérêtde l'interviewé,de sesmotivations?
e Combiende foisparles-tuavectesinterviewéspotentielsavantde lesfilmer ?
O Commentprépares-tul'interview,par écrit ?
I Présentes-tu
systématiquement
l'équipede toumage?
I Peux-fuprendreun repasavecun interviewé?
I Peux-tuparlerd'autrechosequedu sujetstrictosensuqui t'amène?
O Peux-tudiscuterde l'ensembledu sujet,de saconstruction,de tesdoutes,avecun interviewé?
O L interviewéconnaît-ilton opinionsur le sujet?
I L interviewéconnaît-illesquestionsà l'avance?
O L interviewépeut-il donnersonavissur le lieu de l'interview?
O Quelleestla longueurmoyennedesrushes
d'une interview?
tlB
Lrs BnppoRrsTNTERVTEWEUR-:NrcBnrwÉ
EN MA)AZ;NED'tNFoRMATtoN
rÉtÉvtsÉt
I T'arrivet-il de fairerecommencer
en demandantde faireplus court,plus clair ?
O Peux-fuinterviewerquelqu'unquetu n'aimesvraimentpas?
I Qu'est-cequ'êheobjectif,est-cepossible,est-cesouhaitable
?
I N'as-tu pas l'impressiond'être assistantsocial,copain,flic, complice,psychologue? Comment
réagir,commentassumer?
I Commentqualifierais-tuta méthodede questionnement,
professionnalisme
neuhe,soutienactif,
analysecritique,provocation
?
I Toutestesinterviewssont-ellesfaitespour êtremontées?
O Qu'est-cequ'unebonneinterview?
I Pourquoiune interviewn'est-ellepasmontée?
O Informes-tulesinterviewésde ta décision,quellesraisonslui donnes-fu?
O Et si quelqu'undemandeunemodificationaprèsle tournage?
O Leuras-tupréciséqu'ilspeuventchangerd'avisjusqu'àla diffusion?
I Penses-tu
parfoisauxrépercussions
quedesparolesdiffusées
peuventavoirsur l'interviewéou son
entourage,
commentréagis-tualorsi
O As-tu desretoursaprèsdiffusion,lesrecherches-tu
?
I T::gj:!t et donctesinterviewspeuventêtrevenduset réutilisés
horsde ton contrôle,tu y asdéjà
réfléchi?
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