HISTOITRE DU RELAIS 4 X 100 N.L

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HISTOITRE DU RELAIS 4 X 100 N.L
Le Relais 4X100 m. nage libre de l’Equipe de
France de Natation: sa naissance, sa première histoire!
Par Robert Christophe ‘Capitaine de l’Equipe de France’ de:
1960 à 1964
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Les Jeux Olympiques de 1960 à Rome, sont terminés.! Nous sommes le 12
Septembre.
Une partie de la délégation sportive française ayant participée à cette manifestation
mondiale et pour la première fois retransmise à la télévision, notamment en France ;
vole dans la«Caravelle»d’Air France, sur le chemin du retour, vers Paris.
Parmi tous ces passagers sportifs ou dirigeants se trouve l’Equipe de France de Natation.
Je suis assis prés de «Tonton» (Georges Garret) et de «Doudou» (Lucien Zins) tous
deux entraîneurs de cette équipe de France masculine de natation, nous faisons comme
à notre habitude l’examen des événements sportifs qui viennent de se dérouler, en
quelque sorte un bilan. Le moins que l’on puisse dire, c’est que notre prestation n’a pas
été des meilleures pour ces dix septième Olympiades.
Le meilleur résultat, comme en 1956 à Melbourne, est ma quatrième place en finale du
100 mètres Dos. Mais si en 1956 j’étais le plus jeune, en 1960, je suis le plus âgé, (j’ai
22 ans), les anciens comme A. Jany, J.Boiteux, G. Bozon, A. Eminente, principalement
et d’autres ont «raccroché», et les membres de la nouvelle génération qui émerge, même
s’ils ont réussit les minima olympiques pour être sélectionnés, ne sont pas encore ’murs’
pour des finales olympiques.
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Avec ‘Tonton’ et ‘Doudou’ nous évoquons l’avenir des uns et des autres, en ce qui me
concerne, ils m’apprennent que la F.I.N.A, à retiré du programme olympique de
natation le 100m dos et que cette épreuve est remplacée par le 200 m dos!
Catastrophe pour moi, tout se bouscule dans ma tête, un moment je pense que je vais
mettre un terme à ma carrière sportive. Le 200 m dos n’a jamais été ma distance et n’a
jamais fait partie de mes préférences, ma position de nage ne s’y adaptant pas (trop
assis et hors de l’eau).Mais une petite lueur d’espoir renaît dans mon esprit quand dans
la conversation j’apprends de nouveau qu’une nouvelle épreuve vient d’y être inscrite
au programme, le relais 4X100 m nage libre. Cette épreuve existait depuis longtemps,
avec records de France, d’Europe et du Monde, mais n’était pas une épreuve officielle
au programme olympique. Seuls les relais 4X200 m libre et 4X100 m 4 Nages en faisait
partie pour les hommes.
Et là, ça fait ’tilt’ dans ma tête, j’aime mon sport, j’ai encore envie de nager et je
souhaite participer aux prochains Championnats d’Europe qui doivent se dérouler en
1962 à Leipzig et surtout également aux prochains Jeux Olympiques de 1964 à Tokyo.
Et puis ne suis-je pas depuis 1955 un nageur de crawl, reconverti par le fait de certaines
circonstances et du hasard, en un nageur de dos? Surtout qu’il y a quelques semaines à
peine au cours des Championnats de France qualificatifs pour les J.O de Rome, j’ai
remporté le 100 m nage libre! (tout ça parce que dans la chambre d’appel du 100 libre
des Championnats de France, avant le départ un concurrent ’ami’, un des meilleurs
nageurs français du R.C.F et qui nous venait du Sporting Club Saïgonnais m’avait fait
cette réflexion: «vous les spécialistes: dossistes, brasseurs et papillonneurs vous êtes
des crawleurs ratés!» ) piqué au vif, ma réponse s’est faite dans le bassin.
Tout de suite je pense au 4X100 libre et aux prochaines échéances sportives, avec Alain
Gottwalles, Gérard Gropaiz, Jean-Pascal Curtillet, Pierre Duchateau et d’autres nous
pourrions former au niveau Européen un relais de choc.
Je m’empresse de faire connaître à nos deux entraîneurs nationaux mon idée, ils me
regardent avec surprise , mais sont surtout séduits par l’idée.
A la descente de l’avion, je sais que cette idée a fait son chemin dans leurs têtes, lorsque
Doudou me prenant à part me dit: Robert, tu es capitaine de l’équipe de France,
serais-tu capable de les motiver tous, de leur demander de faire abstraction de leur
esprit de club, pour ne penser qu’à l’esprit de l’équipe de France». Si oui,alors on y
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va. Nous avons un peu plus d'un an et demi devant nous avant les Championnats
d'Europe.
Motiver mes camarades n’a pas été difficile, ils avaient en eux un état d’esprit
extraordinaire, sur le plan sportif, de l’amitié, du respect des autres et du désir de
réussite, et cela avec beaucoup d’humilité et la passion de la natation.
Personnellement je voudrais indiquer que ce n’est pas l’esprit des nageurs qu’il fallait
convaincre, mais bien celui de nos dirigeants de club de l’époque, qui maintenaient une
certaine rivalité entre nous par le biais de l’appartenance au ‘Club’.
En 1960 Alain était membre de « La Glorieuse Marine Oranaise », Jean-Pascal
du « Bridja Sport d’Alger », Gérard lui du « Racing Club de France », Pierre quant à
lui du « Stade Français » et moi du « Cercle des Nageurs de Marseille ». En 1961
Alain signa au Racing Club de France et Jean-Pascal au « Sporting Club de Lyon » !
Fort heureusement notre amitié, notre camaraderie, je dirais presque l’affection que
nous avions entre nous, a prit le dessus.
Donc en 1961, Doudou qui était particulièrement l’entraîneur des ‘crawleurs’, aidé de
Pierre Barbit Directeur Technique National à cette époque, multiplia les ‘stages’, les
‘officiels’ où toute l’Equipe était rassemblée et surtout les non officiels (ceux que le
monde de la natation française surnommait avec un peu de jalousie ‘ les stages de
l’équipe à Doudou’ !) ça été le cas en particulier de celui de Thionville en 1962 ou plus
tard ceux de Bagnols sur Cèze.
C’est au cours du stage de Thionville où devant notre motivation profonde et notre désir,
que Doudou effectua à notre demande, auprès de la Fédération Française de Natation
une demande de tentative de record de France pour le relais 4X100 mètres nage libre.
Cette autorisation fut accordée et le 10 Août 1962 vers 17 heures, par une fin d’après
midi de grisaille et fraîche pour un mois d’août, les dirigeants, les chronométreurs
officiels de la F.F.N, et nous, nous nous sommes retrouvés à la piscine olympique de
Thionville, pour notre tentative de record.
Et nous avons atteint le but de nos espoirs, nous effacions des tablettes mondiales les
Américains dans l’allégresse générale, nous devenions recordman du Monde !
Anecdote pour anecdote je rajouterais que nous avons ce jour là fait un concours de
pronostics entre nous, entraîneurs y compris sur notre performance. Nous avons donc
tous en secret, inscrit sur un petit bout de papier le temps que réaliserait notre relais.
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Quand arrivés à l’hôtel nous avons fait le dépouillement de ces pronostics, nous avons
eu la surprise de constater qu’une majorité des nageurs et officiels indiquaient que le
record de France serait battu (ils n’avaient pas de mal à le croire !!!) quelques uns dont
Doudou et Tonton indiquaient que le record d’Europe serait battu. Les seuls qui avaient
indiqué que le Record du Monde serait battu, c’était nous, les quatre Mousquetaires
comme l’on nous avait surnommés.
Nous voulions prendre aux Américains ce record du Monde et rien ne pouvait nous
arrêter. Et ce n’est qu’à l’hôtel que nous avons réalisé notre performance.
Quelques jours plus tard, à Leipzig, le dimanche 26 Août se nageait pour la première
fois aux Championnats d’Europe une finale du relais 4X100 m nage libre.
Nous avons été les premiers à être sacré Champions d’Europe du relais 4X100 m libre
devant l’équipe de Grande Bretagne et l’équipe de Suède. De ce jour là jusqu’à Tokyo
aucune équipe Nationale Européenne ne nous a battu dans quelques compétitions que
cela soit.
Quand aux Jeux olympiques de Tokyo en 1964 notre relais à été disqualifié en finale,
pour virage incorrect, alors que nous étions à l’arrivée médaille de Bronze. (Derrière les
U.S.A et l’Allemagne pour la circonstance unifiée !)
En effet pour les séries du 4X100 j’ai nagé malade et fiévreux et Doudou a préféré pour
la finale me remplacer par un autre nageur de l’équipe de France (dont je préfère taire
le nom, car c’est son seul fait de gloire) et qui a effectué un virage comme on le
pratique à l’heure actuelle, virage que nous avions appris en stage aux U.S.A, à
l’Université de Sud Californie, sans toucher avec la main et qui était interdit, le
règlement obligeant que l’on touche le mur du ‘virage’ avec la main. Il aurait été
préférable de me remplacer par Pierre Duchateau, avec lui le relais montait sur le
podium Olympique à la 3° place. Même quelque peu frustré, j’aurais été très heureux.
C’était l’aboutissement de notre carrière sportive à tous les quatre et du but que nous
nous étions fixé : monter sur le podium olympique quelque en soit la place et finir tous
en beauté, dans la joie et l’amitié. Ces évènements ne nous l’ont pas permis, c’est la loi
du sport, mais nous avons vécu quatre années extraordinaires faites de travail, de joies,
de fierté, d’amitié profonde. Quatre années de Bonheur intense où nous avons tout
partagé.
Nous sommes rentré en France, Nous avons arrêté la natation de compétition. Chacun
de nous a fait en sorte de se faire une vie professionnelle et familiale, ce qui nous a
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écarte du monde de la natation sportive Nous nous sommes revus quelques fois pour
certains. Toujours dans la joie des retrouvailles et de nos souvenirs. Je ne sais ce qu’est
devenu Pierre Duchateau , j’ai quelques nouvelles de Gérard Gropaiz , la vie passe,
mais les souvenirs et l’affection demeurent et c’est çà le principal
Depuis Jean –Pascal en premier, puis Alain en ce début d’année, nous ont quittés pour
rejoindre le « Paradis Olympique Eternel » en compagnie de Jean Pommat qui était
très proche de nous quatre et que j’associe pour l’affection que nous lui portions et qu’a
son tour il nous portait. Je suis sur que de leur « Olympe Eternel » comme moi dans
mon salon, devant mon écran de télévision, ils ont vibrés aux exploits de cette Equipe
de France 2008 à Pékin, et que notre « Histoire » continuait, qu’ils ont ressenti cette
motivation, cette envie de gagner, de prouver que les nageurs français ont de grandes
qualités, voir les meilleures, et qu’avec du travail, de la volonté et surtout une grande
AMITIE ont peu réaliser des choses extraordinaires et ça été le cas pour nous, mais
aussi ce que nous ont démontrés : Alain Bernard, Amaury Leveaux, Fabien Gillot,
Frédérick Bousquet et Grégory Mallet .C’est comme s’ils avaient soufflé sur les ‘braises’
que nous avions laissé il y à 44 ans et je souhaite que le feu qu’ils ont rallumé ne
s’éteigne plus pour longtemps.
Si nous, nous avons écrit les premières pages de l’Histoire du Relais 4X100 m nage
libre de l’Equipe de France, nos relayeurs actuels en ont écrit les plus belles.
Je sais d’une manière générale que toute ‘Histoire’ ne s’écrit pas deux fois et qu’il
appartient à chaque génération d’écrire sa propre ‘Histoire’. C’est fait pour nous ! c’est
fait pour eux ! il faut que d’autres ‘Histoires’ suivent.
Souvenons nous que chaque génération devient à son tour le passé de celle qui la suit !
C’est souvent avec les ‘lumières du passé que l’on peut se diriger vers l’avenir’ ! ne
serait-ce qu’en ce qui concerne l’histoire. Et toutes les histoires deviennent alors la
Tradition !
Longue vie et réussite à notre Relais 4X100 mètres Nage libre, et à tous ceux qui le
mèneront sur les chemins de la Gloire quelques en soient les années !
Robert CHRISTOPHE.
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Morières les Avignon le 28.10.2008
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