Scarabee 15 - Energies Renouvelables
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Scarabee 15 - Energies Renouvelables
SCARABÉE Bulletin de liaison du réseau des exper ts de l’énergie décentralisée N° 15 - juillet 2005 LE PETIT ÉOLIEN DANS LES PAYS EN DÉVELOPPEMENT 1. La ressource : le vent 2. La machine et la transformation du vent en électricité 3. Les systèmes éoliens, pour un service rendu continu 4. Coût d’un système éolien 5. La disponibilité mondiale des petits aérogénérateurs en 2005 6. Retour d’expériences de projets éoliens dans les PED 7. L’avenir du petit éolien dans les PED Numéro spécial petit éolien Éditorial L’air et le vent… La dernière livraison de ce numéro de Scarabée est consacrée presque exclusivement à l’énergie éolienne et à son utilisation dans le cadre de l’électrification rurale décentralisée (ERD). Nous n’aborderons donc pas le domaine des grandes éoliennes qui poussent en Allemagne, en Espagne, au Danemark… mais aussi au Maroc, en Inde ou en Chine. Ce numéro cherche, comme le précédent, à donner des repères, aux maîtres d’ouvrage qui, dans la panoplie des énergies disponibles, peuvent être tentés de faire appel au gisement éolien. L’idée est séduisante, c’est sûr, mais l’expérience montre que, sans précaution ni méthode, l’enthousiasme laisse souvent place à la déception. Mieux vaut alors disposer de la méthode, des clefs et des adresses avant de se lancer dans l’exploitation de l’énergie du vent et réussir son projet. Tel est l’objectif de ce numéro. Yves Maigne, directeur de la Fondation Énergies pour le Monde Photos de couverture : Photos d’ouverture : - en haut : Levage d’un aérogénérateur Westwind de 20 kW à Exmouth en Grande Bretagne. - en dessous à gauche : Ferme éolienne comportant un ensemble d’aérogénérateurs Vergnet de type GEV 10/56, située à l’île des Pins en Nouvelle-Calédonie. - en dessous à droite : Aérogénérateur Vergnet de petite puissance installé en Mauritanie. En bas à gauche : Ferme éolienne dans les îles Cocos, constituée d’aérogénérateurs de 20kW Westwind. Ce numéro de Scarabée est livré avec l’ouvrage : « Guide pratique du mécanisme pour un développement propre et de son application à l’électrification rurale par énergies renouvelables » (programme Reverse). Éditeur L’OBSERVATEUR DES ÉNERGIES RENOUVELABLES 146, rue de l’Université - 75007 Paris - www.energies-renouvelables.org Tél. : 33 (0)1 44 18 00 80 – Fax : 33 (0)1 44 18 00 36 E-mail : [email protected] Directeur de la publication : Alain Liébard Rédacteur en chef : Yves-Bruno Civel I m p re s s i o n : I m p r i m e r i e s d e C h a m p a g n e - D é p ô t l é g a l : 3 e t r i m e s t re 2 0 0 5 - I S S N : e n c o u r s Sommaire 1. La ressource : le vent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 1.1.5. Les variations locales de vitesses de vent . . .5 1.2. La ressource éolienne des Pays en Développement .5 1.2.1. Documentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 1.2.2. La mesure sur le site . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 1.1. Description générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 1.1.1. La puissance cinétique du vent . . . . . . . . . . . .3 1.1.2. La limite de Betz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 1.1.3. L’énergie du vent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .3 1.1.4. Variations des vitesses annuelles moyennes de vent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .5 2. La machine et la transformation du vent en électricité 2.1. Principes de fonctionnement des aérogénérateurs à axe horizontal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 2.1.1. L’hélice . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 2.1.2. Le générateur électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 2.1.3. L’orientation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 2.1.4. Le mât ou le support . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 2.1.5. Régulation et contrôle de la vitesse de rotation de l’hélice. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 2.2. Les équipements aval . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 2.2.1. Chargeurs de batterie d’accumulateurs . . . . . 8 2.2.2. Convertisseurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 2.2.3. MPPT (Maximum Power Point Tracking) . . . . 9 3. Les systèmes éoliens, pour un service rendu continu 3.1. Systèmes avec stockage évident, accumulateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9 4. Coût d’un système éolien . . . . . . . . . . . . . .6 . . . . . . . . . . . . . . . . .9 3.1.1. Systèmes simples, sans secours . . . . . . . . . . .9 3.1.2. Systèmes hybrides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .10 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .11 4.1. Prix de quelques équipements éoliens . . . . . . . . .11 4.2. Évaluation simplifiée du prix de l’énergie délivrée en systèmes isolés . . . . . . . . . . . . . . . . . .11 4.2.1. Limites de l’évaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . .11 4.2.2. Hypothèses technico-financières . . . . . . . . .11 4.2.3. Présentation des résultats . . . . . . . . . . . . . . .11 5. La disponibilité mondiale des petits aérogénérateurs en 2005 . .13 5.3.2. Tentatives de comparaison . . . . . . . . . . . . . .13 5.4. Les options concurrentes (systèmes photovoltaïques ou groupes électrogènes) . . . . . .14 5.1. Les constructeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13 5.2. Indicateurs de prix unitaires . . . . . . . . . . . . . . . . . .13 5.3. Comparaison entre les différentes machines . . . .13 5.3.1. Généralités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .13 6. Retour d’expériences de projets éoliens dans les PED 6.1. Inadéquation des projets . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15 6.2. Insuffisance de l’entretien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15 6.2.1. Exemple historique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15 6.2.2. Courte vue des bailleurs . . . . . . . . . . . . . . . .15 . . . . . . . . . . . . . . .15 6.3. Observation générale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15 6.4. Recommandations issues des expériences antérieures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .15 7. L’avenir du petit éolien dans les PED 7.1. Environnement énergétique . . . . . . . . . . . . . . . . . .16 7.1.1. Énergie primaire : le pétrole . . . . . . . . . . . . . .16 7.1.2. Les systèmes photovoltaïques . . . . . . . . . . . .16 7.2. Environnement technologique . . . . . . . . . . . . . . . .16 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16 7.2.1. Progrès technologiques des aérogénérateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16 7.2.2. Progrès des outils de dimensionnement . . .18 8. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .19 Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 1 Le petit éolien dans les pays en développement Dans la perspective du lancement de la Facilité Énergie de l’Union européenne, Scarabée s’intéresse à l’énergie éolienne et aux aérogénérateurs. Il examine les conditions de son utilisation, les précautions à prendre pour son développement. Authentique vademecum, ce numéro sera utile aussi bien aux étudiants qu’aux ingénieurs, ainsi qu’à ceux qui, sur le terrain, s’interrogent sur la mise en œuvre de ce type de générateur d’électricité. Toutefois, le sujet, extrêmement vaste, a obligé à limiter le contenu de ce numéro à la description des principes et des règles à suivre aux seuls systèmes éoliens adaptés à des programmes d’électrification rurale décentralisée dans les Pays en Développement (PED). On le verra, des équipements éoliens peuvent être judicieusement utilisés comme source d’énergie de base pour assurer l’électrification de petits réseaux villageois. Les puissances éoliennes à mettre en œuvre sont de l’ordre de quelques dizaines de kilowattheures, soit des machines d’un diamètre de 15 à 20 mètres. Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 2 1. La ressource : le vent Faire appel à la ressource éolienne nécessite de bien connaître le gisement local. Mais avant, un retour aux sources sur les principales caractéristiques du vent s’impose pour bien comprendre l’étendue de la question du petit éolien. 1.1. Description générale La mise en œuvre de l’énergie éolienne consiste à capturer une partie de l’énergie cinétique du vent. La connaissance, d’une part des principes théoriques et, d’autre part des règles de base visant à la sélection, ou à l’exclusion de sites potentiels, est fondamentale pour s’assurer de la pertinence d’un projet faisant appel à cette source d’énergie. L’énergie récupérable dans le vent varie, selon les sites, de 296 à 4 512 kWh/m2.an de la surface balayée par l’hélice de l’aérogénérateur pour des vitesses moyennes annuelles de vent allant de 4 à 9 m/s. Cette énergie annuelle présente des variations de ± 15 %. En un point donné, il est très important de se souvenir que la vitesse moyenne du vent augmente de façon importante avec la hauteur, un vent moyen de 5 m/s à 10 m de hauteur devient 5,55 m/s à 20 m et 5,90 à 30 m, soit respectivement 37 et 64 % de plus d’énergie théoriquement récupérable. Et puis la turbulence du vent est un élément qui raccourcit considérablement la durée de vie des aérogénérateurs, tandis que les discontinuités de relief créent simultanément des accélérations du vent et des turbulences. 1.1.1. LA PUISSANCE CINÉTIQUE DU VENT Le vent est la composante horizontale du déplacement de l’air de l’atmosphère sous l’effet des différences de pression. La puissance cinétique de cet écoulement de vitesse P = 1/2 m V2, où V est la vitesse du vent et m est la masse d’air qui traverse la surface pendant l’unité de temps, la seconde. Elle est le produit de la masse spécifique de l’air ρ, par la composante de 1 sa vitesse, VS, perpendiculaire à la surface S, m = ρ S VS. D’où, la puissance cinétique du vent : P = 1/2 ρ S VS3. Si l’on considère une surface de 1 m2, une vitesse de vent de 10 m/s et la masse spécifique standard de l’air à l’altitude zéro, 1,225 kg/m3, la puissance cinétique spécifique du vent est de 615 W/m2. 1.1.2. LA LIMITE DE BETZ Aucun capteur d’énergie éolienne ne peut avoir une efficacité de 100 % par rapport à la puissance cinétique du vent. Cela signifierait que la vitesse du vent devient nulle à la sortie du capteur et que donc l’air s’y accumulerait. Betz 1 a montré, vers les années 1920, que le meilleur des capteurs, théoriquement, ne pourrait extraire que les 16/27 de la puissance cinétique du vent. Dans le système d’unités utilisé, la puissance maximale récupérable dans le vent devient, pour les conditions standard : P (kW) = 0,37 S (m2) X V3 (m/s). Dans les conditions du paragraphe précédent, la puissance spécifique maximale que peut récupérer un capteur éolien pour un vent de 10 m/s devient 370 W/m2. 1.1.3. L’ÉNERGIE DU VENT Si l’on évoque des notions de puissance, il est fondamental de rappeler que le commerce de l’électricité porte sur l’énergie et non pas sur la puissance. Aussi, faudra-t-il, dans quelque projet que ce soit, déterminer avec autant de précision possible, l’énergie susceptible d’être produite par un aérogénérateur. La période la plus commune d’observations des échanges énergétiques est l’année, laps de temps particulièrement bien adapté à l’énergie éolienne dont la ressource, le vent, présente une périodicité marquée à l’échelle de l’année. Aussi, l’énergie annuelle que l’on pourra tirer d’un site éolien sera l’intégration des puissances, fonctions du cube de la vitesse du vent, fournies par l’aérogénérateur tout au long de l’année. Il ne faut jamais perdre de vue le caractère stochastique de l’énergie éolienne, c’est-à-dire son indétermination à court terme. Ainsi, toutes les études pour établir et allonger la précision des prévisions de vitesse de vent continuent d’achopper sur l’augmentation de l’imprécision au-delà de quelques heures. Aussi est-il toujours impossible de dire quelle sera la vitesse du vent à 5 % près dans 24 heures en un point déterminé. L’écart augmente, bien entendu, à 48 heures d’échéance. Le vent et sa vitesse sont des phénomènes extrêmement variables en durée et en intensité et pour caractériser la vitesse du vent, on en définit donc des vitesses moyennes, au pluriel puisque la valeur des moyennes dépend de la période d’intégration. La notion de vitesse moyenne est utilisée pour pouvoir classer les sites éoliens et il ne faudra pas oublier que, si la période d’observation de la vitesse moyenne est longue, une année par exemple, cette notion peut cacher des variations importantes. La vitesse moyenne la plus utilisée, dont on ne rappelle même plus la durée d’intégration, est la vitesse moyenne mesurée pendant 10 minutes. C’est d’ailleurs la vitesse indiquée par les services météorologiques. Elle résulte du calcul de la moyenne arithmétique d’échantillons de vitesse mesurés au minimum toutes les 2 secondes pendant 10 minutes consécutives. C’est donc la moyenne de 300 mesures au moins et elle s’exprime, pour les techniciens et dans ses applications à l’énergie éolienne en m/s. Cependant, en météorologie francophone, elle s’exprime en km/h (10 m/s = 36 km/h). Toutes les périodes d’observation Albert Betz (1885-1968) : collaborateur du physicien allemand Ludwig Prandtl, il publia en 1926 sa loi dans « Wind-Energie ». Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 3 tion est, pour la plupart des sites, très bien représentée par une application de la loi statistique de Weibull. Par exemple, le graphe n° 1 ci-dessous représente la distribution des vitesses de vent pour deux sites ayant la même vitesse moyenne annuelle, 8 m/s, pour le premier, représentatif des zones côtières de latitude moyenne comme le littoral Ouest de l’Irlande ou de l’Écosse, le facteur de forme du spectre des vitesses de vent, k, est égal à 2. Pour le second, représentatif des zones d’alizés des régions tropicales, k est égal à 4. Il est connu qu’il y a des zones du intermédiaires entre 10 minutes et une année sont cependant possibles : le jour, la semaine, le mois, le trimestre, etc. La notion de vitesse moyenne annuelle de vent sur un site est précisée par la notion de distribution des vitesses de vent. Pour connaître les caractéristiques d’un site, il est ainsi nécessaire d’étudier la distribution temporelle des vitesses de vent pendant une année en répartissant les observations de vitesses moyennes sur 10’ par classes de vitesse de 1 m/s. Cette distribu- globe très ventées et d’autres pas du tout. La carte mondiale des vitesses moyennes annuelles de vent (cf. carte en 3è de couverture) va rassembler ces informations dans leur globalité. Les contours d’égales vitesses de vent sont gradués en m/s. Les éléments qui ont permis de réaliser cette carte sont des mesures de vent de la période 1976-95. Les mesures, ramenées à la hauteur standard de 10 m au-dessus du sol, ne sont significatives que pour des lieux exempts de tout effet de turbulence ou pour les zones boisées de l’influence de la canopée. Graphe n° 1 nb d’heures par an DISTRIBUTION DES VITESSES DE VENT , VITESSE MOYENNE = 8 m/s 1 600 1 400 k=2 1 200 k=4 1 000 800 600 400 200 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 vitesse de vent, m/s Graphe n° 2 Cette carte montre, selon les graduations des contours, que les zones équatoriales continentales disposent de vitesses moyennes de l’ordre de 1 m/s, alors que des zones maritimes du sud de l’océan Indien ont des vitesses moyennes supérieures à 11 m/s. Le document original est accessible que le site Internet http://www.windatlas.dk, site géré par le Centre de recherches de RISØ au Danemark. Sur le graphe n° 2 ci-dessus, on a représenté la distribution des énergies récupérables en application de la loi de Betz pour les deux gisements éoliens définis au paragraphe précédent. Ce graphe montre que, pour deux mêmes vitesses moyennes de vent, 8 m/s, le site dont le facteur de forme est le plus petit, k = 2, est le plus énergétique. Cela est la conséquence de la caractéristique cubique de la relaBulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 4 tion entre la puissance éolienne et la vitesse du vent. Ainsi, pour une vitesse moyenne annuelle de vent identique, mais pour deux distributions différentes, les énergies éoliennes surfaciques récupérables sont très différentes, comme le montre le tableau n° 1 ci-contre. 1.1.4. VARIATIONS DES VITESSES ANNUELLES MOYENNES DE VENT Comme tous les phénomènes météorologiques, la vitesse moyenne annuelle du vent est variable, de l’ordre de 10 %, soit 30 % en énergie théoriquement récupérable. Tableau n° 1 : Énergie récupérable selon la loi de Betz Énergie annuelle théorique récupérable par m2 de surface d’aérogénérateur, kWh Vitesse moyenne annuelle en m/s 4 396 k, facteur de forme de la loi de Weibull (k = 2 ) 256 (k = 4) 1.1.5. LES VARIATIONS LOCALES DE VITESSES DE VENT Par ailleurs, la vitesse du vent qui pourrait être déduite d’une étude générale en un point donné peut être différente de façon très importante, en valeurs moyennes par l’effet du gradient vertical, en valeurs instantanées par les effets de la turbulence. 1.1.5.1. Le gradient vertical de la vitesse du vent et le relief Le vent est un fluide qui s’écoule le long d’une paroi, le sol, dont l’écoulement peut être modifié, ralenti, par la présence et la qualité du revêtement de cette paroi jusqu’à une certaine hauteur au-dessus de celle-ci. Par ailleurs, au-delà de la végétation et des obstacles créés par l’homme, la vitesse du vent au voisinage du sol, de 0 à 30 m de hauteur, est modifiée par les petites variations du relief : le sommet de collines arrondies ou le bord supérieur d’une falaise soumise à un vent perpendiculaire à sa crête créent des accélérations. En revanche, le fond des vallées perpendiculaires à la direction du vent, le retrait derrière une falaise, l’ombre portée par une falaise ou la zone morte existant au pied d’une falaise créent des ralentissements. Dans la plupart des situations, pour une surface horizontale de l’ordre du km de rayon, l’accroissement de la vitesse moyenne du vent au-dessus du sol est bien représenté par l’équation : Vx = Vref X (x/ref) exp. α, où x est la hauteur (m) d’évaluation de la vitesse moyenne du vent, ref. est la hauteur où l’on connaît la vitesse moyenne du vent, α un coefficient qui dépend de la rugosité météorologique du terrain, essentiellement la végétation, dans la direction d’où souffle le vent. Il varie de 0,07 pour une surface très lisse (sable, neige) à 0,4 pour une forêt ou une ville. 5 6 7 8 9 774 1 337 2 123 3 169 4 512 500 864 1 372 2 048 2 916 1.1.5.2. La turbulence Les obstacles à l’écoulement du vent posés sur le sol ont un autre effet que l’obstacle et dont la hauteur maximale est de l’ordre de la hauteur de l’obstacle majorée de 10 m. de ralentir le vent : ils le rendent turbulent, c’est-à-dire que les directions et vitesses du vent présentent des fluctuations rapides et importantes. Ces fluctuations peuvent générer des pertes de puissance des éoliennes par désorientation et majorer considérablement les contraintes de fatigue alternée, principalement sur les pales. Il est donc absolument nécessaire, pour l’installation d’un aérogénérateur, de rechercher l’emplacement le plus voisin du point d’utilisation de l’énergie présentant le minimum de risques de turbulence. Les premières parades à la turbulence créée par des obstacles du sol consistent à installer l’aérogénérateur : - au vent de tels obstacles ; - le plus haut possible, ce qui en outre majorera la vitesse moyenne du vent reçu. 1.2. La ressource éolienne des Pays en Développement La notion de vitesse moyenne est utilisée pour pouvoir classer les sites éoliens. Toutefois, cette notion peut cacher des variations importantes. Pour faire simple, toute discontinuité du sol, variation de pente comme l’arête d’une falaise, angle d’une maison, arbre isolé, etc., génère des turbulences qui peuvent affecter un volume dont la dimension horizontale est de l’ordre de 10 fois la hauteur de Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 5 1.2.1. DOCUMENTATION Il y a quelque audace à définir la ressource éolienne, ressource d’exploitation géographiquement très ponctuelle, à l’échelle planétaire, mais l’un des documents les plus intéressants actuellement disponibles est la carte des isorythmes, vitesses moyennes annuelles de vent, établie par le département Énergie éolienne du Centre de recherches danois de RISØ (voir carte en 3è de couverture). L’échelle de cette carte ne permet que de définir des valeurs moyennes de vitesse de vent pour des sites standardisés : c’est-à-dire un point situé à 10 m de hauteur, au centre d’une zone circulaire de 1 000 m de rayon, dépourvue de végétation supérieure à 0,5 m de hauteur. Les coordonnées de sites Internet fournissant des informations sur les gisements éoliens sont en page suivante ; tous ces sites Internet ont une présentation en anglais. 1.2.2. LA MESURE SUR LE SITE L’imprécision des mesures disponibles tant au niveau mondial qu’au niveau national et l’impact sur le gisement éolien local de la configuration de sites susceptibles d’être équipés soulignent l’importance d’une campagne de mesure locale dont la durée doit être comprise entre 6 mois et une année, en fonction des conditions climatiques locales et de la distance du site à des stations météorologiques devant servir de référence sur le long terme. En effet, de l’opinion des experts, il ressort que : - la meilleure précision à attendre de l’utilisation d’un atlas, ou d’une évaluation sur carte, est de l’ordre de 10 % sur la vitesse moyenne du vent, soit 30 % sur le niveau de l’énergie éolienne disponible ; - l’utilisation de ce type de données, obligatoirement standardisées, ne permet pas d’accéder à une information pertinente pour la définition des projets hybrides (éolien et diesel, ou éolien/photovoltaïque et diesel) ; - la mise en œuvre éventuelle d’un outil informatique de définition des équipements hybrides comme le logiciel Talco implique la disposition des chroniques de vitesse de vent, V(t), c’est-à-dire les valeurs successives de la vitesse de vent à intervalles réguliers, horaires ou trihoraires. L’exploitation de tels équipements, dont les prix augmentent rapidement avec la hauteur de mesure et le nombre de capteurs, ne requiert qu’une visite mensuelle. NREL (American) Wind contour maps for some countries. http://www.rsvp.nrel.gov/wind_resource s.html The World of Wind Atlases (English) Very important data collection. Some data are free access, some other against payment. http://www.windatlas.dk/ Sander + Partner GmbH (Deutsch English) Realises wind analysis against payment at any place in the world. http://www.sander-partner.ch/ Stanford University (English) Maps of mean 80 meters wind speeds. http://www.stanford.edu/group/efmh/w inds/global_winds.html Winddata.com (English) A lot of wind data gathered by this Danish organisation (RISØ & Danish Technology University) can be obtained against payment. Same maps can be read freely. http://www.winddata.dk/ 2. La machine et la transformation du vent en électricité En francophonie, la dénomination officielle des machines qui transforment l’énergie du vent en courant électrique est “aérogénérateurs”, dénomination adoptée dans ce numéro de Scarabée. 2.1. Principes de fonctionnement des aérogénérateurs à axe horizontal En dehors des aérogénérateurs à axe horizontal, les autres machines n’ont qu’un caractère épisodique et ne seront pas examinées. Les ensembles fonctionnels qui constituent un aérogénérateur sont les suivants : - l’hélice à axe horizontal : elle fournit l’énergie mécanique sous la forme du couple d’un arbre tournant. C’est le transformateur de l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique ; 2 - le générateur électrique rotatif : il transformateur de l’énergie mécanique en énergie électrique ; - le support de l’aérogénérateur : l’axe de l’hélice doit être placé à plus d’un demi-diamètre au-dessus du sol pour assurer une garde au sol suffisante pendant la rotation ; - le dispositif d’orientation : l’ensemble hélice et générateur électrique installé sur une nacelle doit être orientable autour d’un axe vertical pour que l’axe de l’hélice puisse suivre les variations de la direction du vent. Ces deux dernières fonctions sont assurées par le support de l’aérogénérateur dont l’extrémité haute comporte les organes de pivotement de la nacelle. 2.1.1. L’HÉLICE L’hélice comprend deux sous-ensembles : les pales et le moyeu. 2.1.1.1. Les pales Sur une section de pale, la composante de portance du vent apparent 2, qui s’exerce sur le profil de section aérodynamique appropriée est transformée en force d’avancement. L’intégration de ces forces élémentaires le long de la pale crée un moment par rapport au moyeu et la somme des moments de toutes les pales, de deux à cinq, appliquée au moyeu crée le couple moteur de l’hélice. L’évolution de la section le long de la pale suivant en général une loi de Le vent apparent est la somme vectorielle du vent naturel (de 3 à 30 m/s par exemple) et du vent créé par la rotation de l’hélice, Ω X R (50 à 60 m/s en bout de pale en moyenne) où Ω est la vitesse de rotation de l’hélice et R son rayon. Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 6 vrillage et une loi d’effilement est souvent rencontrée, même sur les petits aérogénérateurs. Des pales cylindriques de corde et de calage constants de leur racine à leur extrémité sont aussi utilisées. Leur rendement aérodynamique est plus faible que dans le cas précédent, cette réduction est compensée par un prix de fabrication des pales plus faible, et une longueur augmentée. La plupart des pales actuelles sont construites selon différentes méthodes de moulage de matériau plastique ou composite, permettant d’obtenir à moindre coût des pales de forme élaborée, vrillées et effilées. Apparaissent par ailleurs des tentatives de construction de pales par extrusion de matériau composite. Cela conduit à des pales cylindriques mais d’un prix de revient beaucoup plus faible que les pales moulées en forme. 2.1.1.2. Le moyeu Fixé à l’arbre tournant d’entraînement du générateur électrique et généralement abrité par un capot de forme aérodynamique, le moyeu est la partie centrale de l’hélice qui porte les pales. Deux modes de fixation coexistent : - l’hélice est à calage fixe : pales fixées rigidement sur le moyeu ; - l’hélice est à calage variable. Des éléments de roulement, roulements à billes, couronnes d’orientation, permettent aux pales de pivoter autour de leur axe longitudinal. 2.1.2. LE GÉNÉRATEUR ÉLECTRIQUE 2.1.2.1. Types de générateurs La quasi-totalité des petits aérogénérateurs actuellement disponibles est équipée d’alternateurs à aimants permanents, formant le rotor, et assurant l’excitation. Selon le cas, les aimants sont des ferrites de nouvelle génération, ou des aimants au néodyme/ fer/bore. Les rendements de ces machines sont en général bons puisque la puissance habituellement consommée par l’excitation n’existe pas. Ces générateurs fournissent un courant électrique dont la tension et la fréquence sont proportionnelles à leur vitesse de rotation. 2.1.2.2. Entraînement des générateurs Pour un rendement aérodynamique maximal, la vitesse périphérique en extrémité de pale doit être de l’ordre de 50 à 60 m/s, représentant des vitesses de rotation nominales pour les machines de 1 à 16 m de diamètre de 1 000 à 65 tr/min. On peut équiper les rotors et les stators des générateurs à aimants permanents du nombre de paires de pôles tel que la fréquence des courants délivrés ne soit pas trop éloignée de la fréquence des courants industriels, 50 Hz. La plupart des pales actuelles sont construites selon différentes méthodes de moulage de matériau plastique ou composite permettant d’obtenir à moindre coût des pales de forme élaborée. En conséquence, de 1 m à 14 m de diamètre, les aérogénérateurs à alternateurs à aimants permanents sont à entraînement direct. L’arbre qui porte le rotor du générateur peut quelquefois être l’arbre du moyeu. Il lui est relié par un accouplement. 2.1.3. L’ORIENTATION Si la très grande majorité des petits aérogénérateurs n’est pas équipée de servomécanisme d’orientation, deux modes d’orientation coexistent, selon les constructeurs. 2.1.3.1. Machines au vent Pour ce type d’aérogénérateurs, l’hélice tourne en amont du support. Cette disposition minimise les perturbations entraînées lors du passage de chacune des pales à proximité du mât. L’orientation est assurée par un gouvernail, plan vertical fixé à l’extrémité d’un tube horizontal ou incliné dont l’autre extrémité est fixée à la nacelle. La position d’équilibre du système est celle où le plan vertical est dans le lit du vent. Si le vent change de direction, les forces aérodynamiques qui s’exercent alors sur la plaque créent Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 7 un moment par rapport au pivot qui ramène la plaque dans le nouveau lit du vent, d’où l’orientation de la machine. Une des limitations de cette disposition est la flexibilité des pales : sous l’effet des forces aérodynamiques et gyroscopiques, leur extrémité se rapproche du mât. 2.1.3.2. Machines sous le vent Pour ce type d’aérogénérateurs, l’hélice tourne en aval du support. Sans carénage du mât, cette disposition augmente les perturbations entraînées lors du passage de chacune des pales à proximité du mât. L’orientation est assurée par la traînée de l’hélice qui crée un moment d’orientation. Le système a une seconde position d’équilibre quand l’hélice est exactement en amont du mât mais les instabilités directionnelles du vent sont suffisantes pour que la machine, même si elle démarre dans cette position, n’y reste pas longtemps. 2.1.3.3. Le transfert du courant vers le sol Le pivot d’orientation des machines est équipé d’un collecteur tournant à 2 ou 3 bagues lisses qui assure la liaison électrique entre la partie orientable de la nacelle et le sol par un câble électrique. 2.1.4. LE MÂT OU LE SUPPORT Pour les petites machines installées la plupart du temps dans des zones isolées, le support haubané basculant est la solution la moins coûteuse (poids plus faible que les supports autoporteurs) et la plus facile à installer : montage au sol et érection au moyen d’un treuil mécanique qui peut être manuel, dont le câble de hissage s’appuie sur l’extrémité d’une flèche de manœuvre. De plus, ce type de support est précieux en zone cyclonique, car il permet, en une heure environ, de ramener l’ensemble aérogénérateur au sol où les risques d’endommagement par les cyclones sont beaucoup plus réduits qu’en position normale. La limitation d’utilisation de ce type de support est la nécessité de dégager un segment horizontal de longueur égale à la hauteur du support pour créer la charnière de basculement. La question de la régulation des petits aérogénérateurs leur est spécifique : pendant de faibles fractions du temps total, leur fluide moteur, le vent, peut atteindre des valeurs telles que la puissance captée par l’hélice peut détruire le générateur ou bien que le couple frein du générateur électrique devienne trop faible par rapport au couple moteur de l’hélice qui va alors s’emballer. La réponse à cette question est apportée, plus ou moins bien, par le système de régulation qui, dans la gamme de diamètres considérée, de 1 à 16 m, diffère selon les fabricants. 2.1.5.1. Absence de régulation Certaines, parmi les plus petites machines, autour de 1 m de diamètre, ne sont pas équipées de système de régulation. Machines à calage fixe, le rendement se dégrade lorsque la vitesse de vent augmente. Le générateur, dans le meilleur des cas, a été calculé pour supporter la puissance électrique générée sous les grandes vitesses de vent. Pour éviter tout risque de surcharge de la batterie, un régulateur de charge dissipe la puissance électrique de l’aérogénérateur dans des résistances. La sécurité de fonctionnement est en fait confiée aux utilisateurs qui doivent demeurer à proximité de la machine pour actionner, avec précaution, le frein électrique. Par court-circuit, il crée un couple supérieur à celui que peut fournir l’hélice. La machine ralentit considérablement et peut alors tourner au ralenti ou être attachée. Ces machines sont à déconseiller pour les sites non gardés. 2.1.5.2. Régulation par désorientation de l’hélice Les hélices de ces aérogénérateurs sont à calage fixe. Le principe est le suivant : la traînée de l’hélice croît grossièrement comme le carré de la vitesse du vent, l’axe de l’hélice est décalé par rapport à l’axe d’orientation. Le moment de désorientation créé par l’hélice va croître jusqu’à équilibrer le moment d’orientation du gouvernail. Si la vitesse du vent continue d’augmenter, la poussée de l’hélice va entraîner sa désorientation et il va se créer un équilibre instable entre la désorientation de l’hélice et le couple de rappel du gouvernail. Quand l’hélice est en dehors du lit du vent, la surface de captation est réduite et les pales fonctionnent dans des conditions aérodynamiques dégradées. Le couple disponible sur l’arbre du moyeu diminue et il y a une certaine régulation de vitesse et de puissance. La désorientation du rotor peut être organisée soit autour d’un axe vertical, effacement ou furling pour les anglophones, soit autour d’un axe horizontal, basculement ou tilting. Dans les deux cas, un rappel est créé, soit par la pesanteur, soit par un ressort pour ramener l’hélice dans le lit du vent quand la vitesse de celui-ci diminue. On imagine aisément que les turbulences de vitesse et de direction qui se superposent à ces désorientations peuvent créer des phénomènes de pompage et des vibrations. L’inconvénient majeur de ce système de régulation est que des contraintes gyroscopiques élevées apparaissent pendant les phases d’orientation et consomment le potentiel de fatigue du matériau des pales. Ce système de régulation, simple et bon marché, équipe la majorité des aérogénérateurs de petite puissance, il est toutefois à déconseiller pour des vitesses moyennes de vent ≥ 6 m/s ou des sites turbulents. 2.1.5.3. Régulation à calage variable Les hélices de ces aérogénérateurs sont à calage variable. Leur principe de fonctionnement est le suivant : un senseur, dispositif sensible à la force centrifuge qui augmente comme le carré de la vitesse de rotation, mesure la vitesse de rotation de l’hélice. La force créée par ce dispositif est équilibrée par des ressorts. Quand la précontrainte des ressorts est atteinte, le dispositif commande la modification du pas des pales, soit dans le sens de la mise en drapeau (feathering), soit dans le sens du décrochage aérodynamique (stalling). Dans le premier cas, une course de 30° est nécessaire pour assurer la régulation. En revanche, dans le second, seuls quelques degrés suffisents. Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 8 La régulation, quasiment indépendante de la puissance absorbée par le générateur, fonctionne même à charge nulle, donnant à l’aérogénérateur la possibilité de “roue libre ”, c’est-àdire de tourner à une vitesse proche de la vitesse de rotation nominale à vide, quelle que soit la vitesse du vent. Ce type de régulation, de loin le plus sûr, autorise l’installation d’aérogénérateurs en sites isolés, quel que soit le régime de vent. Westwind 2.1.5. RÉGULATION ET CONTRÔLE DE LA VITESSE DE ROTATION DE L’HÉLICE 2.2. Les équipements aval 2.2.1. CHARGEURS DE BATTERIE D’ACCUMULATEURS Le courant fourni par les aérogénérateurs équipés d’alternateurs à aimants permanents est variable en tension et fréquence. La partie redressement des chargeurs de batterie modernes est constituée par une alimentation à découpage, dont la tension de sortie est ajustée pour débiter le maximum de courant possible en fonction de la vitesse du vent. Cette même alimentation permet de réguler la tension et le courant de charge quand la batterie est en fin de charge. Enfin, ces alimentations permettent de générer quand il en est 2.2.2. CONVERTISSEURS 2.2.2.1. Conversion directe Si l’énergie de l’aérogénérateur est directement déversée dans un réseau en courant alternatif, le convertisseur est constitué par un simple redresseur dont le courant continu de sortie est découpé en fréquences élevées (une vingtaine de kHz) en MLI (modulation à largeur d’impulsion) puis mis en forme et filtré à la fréquence exacte du réseau. 2.2.2.2. Conversion depuis la batterie d’accumulateurs Le convertisseur ne comporte alors plus que la partie découpage de la tension continue. cette fréquence. S’il y a écart, l’hélice ralentit ou accélère pour annuler cet écart. En définitive l’hélice fonctionne à vitesse de rotation variable et optimisée. 2.2.3. MPPT (MAXIMUM POWER POINT TRACKING) On a intégré dans le redresseur ou le convertisseur un circuit qui mesure la vitesse de rotation de l’hélice par sa fréquence, ainsi que les puissances de la courbe théorique de rendement maximal de l’hélice qui correspond au fonctionnement à λ constant 3. Un circuit PLC règle en permanence le redresseur de façon à ce que la puissance débitée corresponde à la valeur mémorisée pour Westwind besoin les tensions dites d’égalisation qui, en faisant légèrement bouillir l’électrolyte de la batterie, en interdisent la stratification. En définitive, la charge des batteries d’accumulateurs est optimale. 3. Les systèmes éoliens, pour un service rendu continu Une des caractéristiques fondamentales de l’énergie éolienne est, sauf très rares exceptions géographiques, son caractère stochastique, c’est-à-dire quasiment aléatoire. Or les usagers d’une installation éolienne souhaitent disposer d’un service, si ce n’est continu au moins régulier afin de pouvoir éclairer le soir, écouter la radio, regarder la télévision, etc. Aussi, la mise en œuvre de l’énergie éolienne devra être associée à des moyens de stockage, évidents ou implicites. Enfin, le courant électrique disponible doit être formaté pour s’adapter aux appareils d’utilisation car, à la sortie de l’aérogénérateur, il est variable en tension et en fréquence. 3.1. Systèmes avec stockage évident, accumulateurs 3.1.1. SYSTÈMES SIMPLES, SANS SECOURS C’est la typologie la plus simple des systèmes éoliens isolés devant alimenter une application professionnelle ou un village, et son architecture est pratiquement toujours la même : - l’aérogénérateur est le moyen de 3 production principal ; - une batterie d’accumulateurs est le moyen de stockage. Entre l’aérogénérateur et la batterie, un chargeur de batterie, alimentation à découpage, formate le courant de l’aérogénérateur, alternatif à fréquence et tension variables, en un courant continu d’intensité variable (en fonction de la vitesse du vent) et de tension appropriée à l’état de charge de la batterie d’accumulateurs. Les chargeurs plus récents sont équipés d’un dispositif MPPT (Maximum Power Point Tracking) permettant à l’aérogénérateur, en le faisant fonc- λ est le rapport entre la vitesse en bout de pale et la vitesse du vent. Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 9 tionner à vitesse de rotation d’hélice variable, d’optimiser le rendement de capture sur une large plage de vitesse de vent. Le chargeur peut également être équipé d’un régulateur de charge simpliste, consistant en des résistances de dissipation de la puissance de l’aérogénérateur quand la batterie est chargée. Côté utilisation, si les plus petits récepteurs, de quelques dizaines de watts moyens, fonctionnent en courant continu, la très grande majorité des installations utilisent le courant industriel, alternatif. Un convertisseur 3.1.2. SYSTÈMES HYBRIDES Des expériences anciennes, il y a une trentaine d’années, ont montré que même avec des batteries d’accumulateurs assurant une autonomie de quinze jours, des feux de signalisation maritime pouvaient tomber en panne d’alimentation, faute d’un stockage suffisant. L’adjonction de petits panneaux photovoltaïques a depuis permis d’atteindre une fiabilité de 100 %. L’hybridation, ou l’appel à des sources d’énergie complémentaires, a donc pour but de pallier les incertitudes de l’énergie éolienne sans pour autant installer des batteries d’accumulateurs trop importantes. Si l’exemple cité est typique d’une hybridation par des modules photovoltaïques, toute conception de système hybride doit analyser l’opportunité technique, financière et économique d’un complément de production d’énergie électrique. Quel type d’énergie retenir, pour quel pourcentage de temps, à quel coût, avec quelle contrainte d’exploitation, etc. ? 3.1.2.1. Hybridation avec des cellules photovoltaïques Les conditions climatiques peuvent être adaptées à un mixte éolien-solaire si, par exemple, la charge, consommant au maximum l’hiver, correspond à la période la plus ventée et si des modules photovoltaïques assurent une consommation estivale plus faible, en période de vents faibles. Cette configuration s’adapte bien aux latitudes moyennes, de 40° à 55°. 3.1.2.2. Hybridation avec des groupes électrogènes Lorsque le couplage éolien-solaire n’est pas pertinent, compte tenu des conditions climatiques ou des puissances appelées, le groupe électrogène est la solution de complément la plus courante. Le groupe électrogène à démarrage automatique prend le relais de la batterie d’accumulateurs, dont la taille est réduite au minimum technique, de l’ordre d’une journée de stockage, dès que son niveau de décharge atteint une limite préétablie. Le groupe électrogène est par ailleurs dimensionné de façon à pouvoir simultanément assurer l’alimentation de la charge et à recharger la batterie d’accumulateurs jusqu’à un niveau de charge préétabli. Lorsque ce niveau de recharge est atteint, le groupe électrogène est alors arrêté. Si la panne de vent est très longue, la batterie fonctionnera en cyclage, alimentée après chaque décharge par le groupe électrogène. Il est, une fois encore, nécessaire de dimensionner chaque source d’énergie du système, aérogénérateur, batterie d’accumulateurs et groupe élec- trogène, de telle sorte que la durée de fonctionnement du groupe soit limitée. Seront alors réduites les consommations de carburant, les visites de maintenance, etc. Pour un projet bien étudié, la durée annuelle de fonctionnement du groupe est inférieure à 1 000 heures pour une disponibilité de l’électricité voisine de 100 %. 3.1.2.3. Intérêt économique des systèmes hybrides La justification économique de cette solution est claire : - l’installation d’un aérogénérateur est un investissement lourd mais avec des coûts récurrents faibles ; - l’installation d’un groupe électrogène est un investissement relativement faible mais avec des coûts récurrents, combustible et maintenance, relativement élevés. L’installation d’un groupe électrogène de secours fonctionnant avec un faible pourcentage du temps : - limite ses coûts récurrents ; - permet de limiter les investissements en puissance éolienne installée et en stockage de l’électrique ; - assure, enfin, une excellente disponibilité d’électricité. 3.1.2.4. Dimensionnement des projets hybrides Il est clair qu’un système hybride idéal est celui qui, pour un même taux de disponibilité de l’électricité, conduira au prix minimal du kilowattheure pendant la durée de vie de l’installation. Westwind DC/AC délivre du courant 230 V/50 Hz, voire triphasé 400 V/50 Hz. La limite de conception de ces systèmes est la taille et, bien entendu, le coût du banc de batteries. La garantie de disponibilité de l’électricité dépend de sa capacité de stockage. Plus grande est la garantie, plus grande doit être la capacité de la batterie d’accumulateurs et plus élevé en est le coût. On sait par ailleurs que la durée de vie des batteries est limitée, de 7 à 12 ans, pour des batteries professionnelles. Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 10 4. Coût d’un système éolien Une présentation, même succincte de l’énergie éolienne et de son utilisation, ne saurait passer sous silence ni les équipements disponibles ni leur coût, ni même une estimation du coût d’utilisation de l’électricité éolienne. La présentation de quatre équipements éoliens répartis dans la gamme des petits aérogénérateurs et une approche de l’estimation du prix de l’électricité éolienne permettent de définir les ordres de grandeurs des coûts. 4.1. Prix de quelques équipements éoliens Le tableau n° 2 de la page suivante rassemble : - une brève description de quatre équipements de taille significativement différente recouvrant toute la plage des diamètres des petits aérogénérateurs ; - leurs productibilités annuelles brutes ; - leurs productions quotidiennes moyennes utilisables pour la plage de vitesses de vent les plus rencontrées. Les indications de prix n’iront pas jusqu’à l’évaluation du prix du groupe électrogène associé pour constituer une installation hybride, dont les prix sont disponibles auprès des revendeurs locaux. La puissance du groupe dépendra principalement de la puissance nominale appelée par les applications et de l’intensité du courant nécessaire pour la recharge du banc de batteries en 10 heures. Ces quatre équipements ont été retenus pour la qualité de leur fabrication et la disponibilité des prix. - les prix d’emballage et de livraison dépendants de la destination ; - les prix d’installation et de mise en service, dépendants du lieu d’installation ; - les prix d’achat du groupe électrogène assurant la continuité de la fourniture, du combustible et du coût d’exploitation et de maintenance principalement fonction du temps d’accès au site. Ces simplifications sont identiques pour chacun des systèmes analysés. 4.2.2. HYPOTHÈSES TECHNICOFINANCIÈRES Les hypothèses complémentaires retenues pour comparer ce qui est comparable : le prix unitaire du kilowattheure délivré en courant de format industriel 230 V, monophasé ou triphasé 50 Hz, portent sur : - la durée de vie de l’équipement, estimée égale à 15 ans, y compris pour les batteries d’accumulateurs ; - le taux d’amortissement de l’investissement initial de 7 %, ce qui combiné à la durée de vie de 15 ans, entraîne une charge annuelle de rembourse- ment de 10 % de l’investissement ; - la non prise en compte des coûts d’entretien et de maintenance compte tenu de leur importante variation selon les contextes. 4.2.3. PRÉSENTATION DES RÉSULTATS Le graphe n°3 ci-dessous donne un ordre de grandeur du prix de revient du kilowattheure éolien en électrification rurale décentralisée. Pour une localisation donnée, on peut ajouter l’hypothèse que les coûts non pris en compte varieront tous dans le même sens et que les prix relatifs du kilowattheure fournis par les différentes machines seront du même ordre. Ces ordres de grandeur de prix permettent des comparaisons approximatives avec des champs de cellules photovoltaïques et la fourniture exclusive à partir de groupes électrogènes. Graphe n° 3 4.2. Évaluation simplifiée du prix de l’énergie délivrée en systèmes isolés Le graphe d’évaluation du prix de l’énergie délivrée par les quatre systèmes présentés antérieurement donne les indications suivantes : prix du kWh en euros COÛT DU kWh DÉLIVRÉ PAR DES AÉROGÉNÉRATEURS* 3,00 SUPERWIND 350 EOLTEC 5.5 - 6 2,50 PROVEN WT15000 PITCHWIND PW 30/14 2,00 1,50 1,00 4.2.1. LIMITES DE L’ÉVALUATION Il s’agit d’une évaluation simplifiée dans la mesure où n’ont pas été compris : 0,50 0,00 4 4,5 5 5,5 * ce coût est estimatif Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 11 6 6,5 7 7,5 8 vitesse moyenne annuelle du vent au moyeu, m/s Tableau n° 2 : Description et performances de quatre aérogénérateurs Constructeur Superwind Eoltec Proven Pitchwind Pays Allemagne France Royaume-Uni Suède Aérogénérateur, modèle Superwind 350 Scirocco E 5.5-6 WT 15000 PW 30/14 Diamètre Unité m 1,20 5,60 9,00 14,00 Surface balayée m2 1,13 24,63 63,62 153,94 Nombre de pales Puissance nominale Pn 3 2 3 2 W 350 6 000 15 000 30 000 Vitesse de Pn m/s 12,5 11,5 12,0 10,0 Calage variable, mise en drapeau Calage variable, décrochage aérodynamique Calage variable, décrochage aérodynamique Calage variable, mise en drapeau Type de régulation Vitesses moyennes annuelles de vent au moyeu, m/s, k = 2 4 Productibilité, kWh/an (Altitude : 0 m) 170 5 500 16 912 20 000 5 300 10 000 29 054 40 000 6 520 15 100 42 250 65 000 7 740 20 100 54 860 90 000 8 950 25 000 65 541 112 000 Les productibilités ci-dessus sont des données constructeurs. Ce sont des productibilités brutes, évaluées aux bornes de sortie du redresseur ou du coupleur au réseau. Vitesses moyennes annuelles de vent au moyeu, m/s, k = 2 4 Énergies quotidiennes moyennes disponibles, kWh/jour 0,280 9,00 28,00 33,00 5 0,495 10,45 48,00 66,00 6 0,855 24,80 69,00 107,00 7 1,220 33,00 90,00 148,00 8 1,560 41,10 108,00 184,00 Les énergies quotidiennes calculées ci-dessus l’ont été dans les conditions suivantes : fonctionnement du système avec stockage dans des batteries d’accumulateurs, rendement global entre l’énergie disponible à la sortie du redresseur et à la sortie de l’onduleur : 60 %. Estimation de prix du système Aérogénérateur Support haubané Chargeur de batterie Commande frein électrique Batterie d’accumulateurs Onduleur sortie 230 V/50 Hz Cumul 1 000 9 750 21 903 H = 10 m H = 18 m H = 25 m 500 2 660 17 640 CR 30 W MWI-5200-48 MIC 15000-048 180 5 250 6 615 49 800 7,5 kWh 1 150 40 kWh 6 000 600 VA Prix clés en main du projet Osmussaar, Estonie. Fourniture de 6 kVA à une station radar. 10 kVA 600 3 479 † 100 kWh 15 200 H = 35 m 9 600 24 460 † 70 958 † 200 000 † Les prix ci-dessus proviennent des tarifs constructeurs si disponibles ou de différents catologues pour estimer des systèmes complets. Ce sont des prix en euros, HT, pour les équipements départ usine Europe. Ces données sont indicatives et devront être confirmées en s’adressant directement au constructeur qui figure dans la liste de la page 22. Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 12 5. La disponibilité mondiale des petits aérogénérateurs en 2005 Concevoir un projet d’électrification rurale par énergie éolienne requiert une bonne connaissance des fabricants d’aérogénérateurs et des gammes de machines proposées. Quelques éléments d’appréciation, de comparaison et de mise en garde afin de s’assurer que la demande en énergie soit satisfaite sont par conséquent nécessaires. 5.1. Les constructeurs Une liste, aussi exhaustive que possible, des constructeurs mondiaux de petits aérogénérateurs est donnée en page 22. Toutefois, les constructeurs spécialistes de machines pour environnement urbain, les tout nouveaux constructeurs et les nombreux constructeurs chinois ne sont pas mentionnés dans ce numéro. 5.2. Indicateurs de prix unitaires Un tableau, en page 21, rassemble une sélection d’aérogénérateurs à axe horizontal, classés par surface balayée croissante. Il comporte une estimation du prix du système composé de l’aérogénérateur, d’un support et de l’équipement électronique spécifique à l’application. 5.3. Comparaison entre les différentes machines Connaissant les informations de base : - le projet en cours de développement requiert x milliers de kWh/an ; - le gisement éolien sur le site du projet est voisin de y m/s, avec un facteur de forme, k, de la loi de Weibull locale, ayant la valeur z ; la question à laquelle doit répondre tout prescripteur de centrale éolienne est la suivante : Quel aérogénérateur ou quelle combi- 4 naison d’aérogénérateurs pourront répondre à la demande en énergie au meilleur coût ? 30 % inférieures aux performances annoncées, mais qu’à sa connaissance aucun utilisateur n’avait contesté ces écarts !4 5.3.1. GÉNÉRALITÉS C’est là un exercice délicat car les informations fournies par les constructeurs comportent des marges d’incertitudes : - les constructeurs n’hésitent pas toujours à augmenter la puissance du générateur électrique, souvent pour faciliter la régulation, mais cette puissance n’est fournie que pendant une faible fraction du temps. Aussi, un expert chevronné des petits aérogénérateurs, Paul Gipe, affirme que : «la bonne façon de comparer les aérogénérateurs, toute chose étant égale par ailleurs, est d’en comparer les prix spécifiques, en euros par mètre carré balayé. » Ce faisant, il introduit une autre hypothèse : les petits aérogénérateurs ont des rendements voisins. Or, cela est de plus en plus inexact avec la mise sur le marché d’aérogénérateurs à vitesse variable ; - la seule comparaison valable est alors de comparer le prix des kWh produits dans des conditions identiques si toutefois les caractéristiques de puissance P(V) fournies par les constructeurs de petits aérogénérateurs ou les AEP (Annual Energy Production) – productibilités annuelles – peuvent être considérées comme justes. Jusqu’à présent ces caractéristiques de puissance ne sont pas ou peu mesurées par des organismes indépendants. Paul Gipe, toujours lui, a créé son propre site d’essai à Tehachapi, en Californie, et il indique que les performances mesurées sont souvent de La biographie de Paul Gipe est mentionnée en page 23. Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 13 5.3.2. TENTATIVES DE COMPARAISON 5.3.2.1. Intercomparaisons de machines développées Les performances des quatre aérogénérateurs proposés pour la définition d’installations types ont été comparées à celles des deux seuls aérogénérateurs du monde qui ont été vérifiées par un centre d’essais indépendant (l’aérogénérateur Southwest Windpower type Whisper H40 et l’aérogénérateur Bergey Wind Company type Excel) et elles ont été publiées. En effet, les caractéristiques de puissance de chacune de ces deux machines ont été récemment mesurées par le centre d’essais de petits aérogénérateurs de Boulder (dans le Colorado) géré par le NREL, organisme d’État dépendant du DOE américain, conformément aux exigences de la norme IEC 64100-12. Le tableau n° 3, en page suivante, résume les AEP spécifiques, c’est-àdire ramenées au mètre carré de surface balayée et brutes, c’est-à-dire mesurées à la sortie du convertisseur ou du redresseur, sans prendre en compte les pertes dans les batteries d’accumulateurs et/ou les équipements de transformation du courant, pour six machines : Tableau n° 3 : Productibilités spécifiques annuelles affichées pour six machines Énergie spécifique kWh/an.m2 V annuelle m/s 4 5 6 7 8 Prix spécifique euros/m2 S (m2) Superwind 350 1,13 150 265 460 654 840 1007 Whisper H40 3,60 110 228 358 485 599 700 Eoltec 5.5-6 24,60 224 407 614 817 1016 1220 Bergey Excel 29,90 92 215 370 535 685 1073 Proven WT 15000 63,62 266 457 664 862 1030 1037 Pitchwind PW 30/14 154,00 130 260 422 584 727 935 5.4. Les options concurrentes (systèmes photovoltaïques ou groupes électrogènes) En grisé : aérogénérateurs dont les performances ont été mesurées et certifiées. En blanc : aérogénérateurs dont les performances ont été fournies par leur constructeur. Quelles garanties vis-à-vis du fournisseur ? Dans la plupart des projets d’installation de petits aérogénérateurs, le responsable du projet n’aura pratiquement aucun recours contre le fournisseur de l’aérogénérateur si la machine ne fournit pas l’énergie attendue. La démonstration précise de cette carence obligerait : - à installer, pour au moins une année, une station d’anémométrie dans des conditions canoniques ; - à faire fonctionner l’aérogénérateur pendant cette même année de façon à ce qu’il délivre la totalité du productible. Les promoteurs de projets doivent assumer la responsabilité de la mesure correcte du gisement éolien sur site. Par ailleurs, ces mêmes promoteurs doivent s’assurer que la caractéristique P(V) de l’aérogénérateur dont ils envisagent l’installation est bien la caractéristique affichée dans le catalogue du constructeur. Il apparaît clairement que les performances des machines non mesurées paraissent très supérieures à celles des machines mesurées. Les technologies mises en œuvre sont effectivement très différentes, les deux machines américaines sont équipées de régulations par désorientation et leurs premiers modèles sont vieux de plus de 10 ans, mais il reste quelques doutes sur l’exactitude des performances annoncées par les constructeurs européens. Que peut-on en conclure ? Simplement que les performances annoncées pour les machines Superwind 350, Eoltec 5.5-6 et Proven WT 15000 ne sont peut-être pas exagérées, mais sans mesures des performances de ces machines par un organisme indépendant, on ne peut en conclure que les performances annoncées sont garanties. Il n’y a pas de raison évidente pour que les performances de la machine Pitchwind 30/14 soient nettement plus mauvaises que celles des trois autres machines, à moins qu’elles n’aient été effectivement mesurées ! Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 14 Les générateurs photovoltaïques se sont rapidement révélés comme une très bonne solution technique pour assurer la fourniture de petites quantités d’électricité dans les PED, pour la plupart largement pourvus en ressources solaires. La constante réduction du prix spécifique des modules photovoltaïques, de 10 à 15 euros/Wc installés, a élargi leur champ d’application et réduit d’autant celui des tout petits aérogénérateurs. Si la comparaison des coûts d’investissement a été un élément significatif dans l’abandon des tout petits aérogénérateurs au bénéfice des systèmes photovoltaïques, celle des fiabilités l’a été tout autant. Les modules solaires, totalement immobiles, bénéficient d’une excellente fiabilité, sans commune mesure avec celle des petits aérogénérateurs, dont les pièces en mouvement requièrent une maintenance suivie. Mais l’incapacité des systèmes photovoltaïques à répondre à des besoins de puissance, laisse un vaste champ d’application aux aérogénérateurs capables de répondre aux gammes d’énergies nécessaires à l’électrification de villages isolés. 6. Retour d’expériences de projets éoliens dans les PED Une introduction à l’énergie éolienne et à son utilisation dans les PED ne serait pas complète sans une analyse des programmes d’équipement en cours ou passés. Tirer un enseignement de ces expériences peut être d’une grande utilité tant pour les maîtres d’ouvrage que pour les opérateurs privés du Nord comme du Sud. 6.1. Inadéquation des projets Il n’est pas rare d’observer des projets dont les conditions d’implantation devaient conduire rapidement à un échec : - absence d’informations précises sur le gisement éolien ; - absence de cadre réglementaire définissant les responsabilités des intervenants ; - absence de motivation des utilisateurs compte tenu du manque de consultation préalable ; - limitation des capacités de paiement des usagers ; - méconnaissance des difficultés d’approche limitant les capacités d’entretien ; - conditions climatiques rigoureuses (air salin, humidité, etc.). 6.2. Insuffisance de l’entretien 6.2.1. EXEMPLE HISTORIQUE On peut rapporter une situation historique d’un système d’entretien volontariste à son abandon puis à l’arrêt de l’ensemble du système éolien en une saison : Une étude générale des gisements éoliens dans la boucle du Niger, autour de Tombouctou conduit, dans les années 1950, à un programme d’installation d’une centaine d’éoliennes de pompage Aermotor, constructeur américain de très bonne réputation. Une équipe d’entretien, avec les moyens logistiques nécessaires, et dont l’activité consistait essentiellement en deux tournées annuelles de toutes les installations fut mise en place. La première, juste avant la saison des pluies et des tornades, avait pour objectif d’immobiliser les éoliennes. La seconde, à la fin de la saison des pluies, pour remettre toutes les éoliennes en service après la révision recommandée par le constructeur. Ce système a fonctionné correctement pendant plusieurs saisons mais vers 1959, l’équipe d’entretien fut dissoute et son matériel dispersé. Dès la première saison des pluies, la plupart des éoliennes qui n’avaient pas été immobilisées avaient été détruites par les tornades. En deux saisons, plus aucune éolienne ne fonctionnait. 6.2.2. COURTE VUE DES BAILLEURS Cette anecdote, somme toute banale, montre combien la prise en compte des contraintes de la nécessaire exploitation des systèmes est fondamentale. Pourtant, la grande majorité des bailleurs de fonds occidentaux financent des projets clés en main. La responsabilité de mener le projet jusqu’à cette étape est déléguée au constructeur du matériel. Le produit du projet, électricité ou eau, est, en général, mis gracieusement à la disposition de la population locale sans porter l’attention nécessaire aux mécanismes de pérennité. D’où l’absence de revenus pour assurer l’entretien des équipements. Dans le cas de l’étude conduite dans les années 1950, rapportée précédemment, comme dans d’autres cas survenus plus récemment, l’entretien, peu coûteux en heures de travail sur le site et en dépenses de pièces détachées, voyait son prix augmenter audelà des possibilités de ressources locales parce qu’il n’avait pas été envisagé de développer un savoir-faire Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 15 local pour assurer l’entretien d’une installation unique. Si bien que le constructeur du matériel, informé des désordres survenus sur les équipements de sa fourniture, ne pouvait pas supporter les dépenses d’entretien qui n’avaient pas été budgétées lors de la consultation. Alors, rapidement, deux à trois années après la mise en service, survenait une panne non réparée qui conduisait à l’abandon du projet. 6.3. Observation générale Quand bien même quelques installations de petit éolien fonctionnent de façon satisfaisante, les applications de petite énergie éolienne dans les PED sont encore actuellement très limitées. La raréfaction des réserves d’énergies fossiles et le phénomène du changement climatique ne peuvent laisser indifférents. Ils suscitent une plus large exploitation des ressources éoliennes, une fois définies les modalités adaptées à son exploitation. 6.4. Recommandations issues des expériences antérieures Les expériences passées de mise en œuvre de l’énergie éolienne dans les PED ont rarement été couronnées de succès et toute nouvelle tentative de développement devra se garder de tomber dans les mêmes travers. Quelques recommandations peuvent être formulées. La principale recommandation est d’éviter, autant que faire se peut, la politique du saupoudrage. pris entre 15 et 20, dans une surface d’environ 30 000 à 40 000 km2. Deuxièmement, des modalités de paiement du service électrique doivent impérativement être élaborées et mises en place pour assurer un budget d’exploitation / gestion pérenne et suffisant. Enfin, la disponibilité en pièces de rechange et en services de réparation, au-delà de la maintenance de routine, doit être assurée, pour une continuité de service aussi large que possible. Vergnet SA Au contraire, il faut rassembler des systèmes éoliens en bouquets de telle sorte qu’une équipe de maintenance, même réduite au minimum, 2 à 3 personnes dont une compétente, équipée d’un véhicule adapté aux routes locales, puisse assurer l’entretien avec un taux de charge normal. Les coûts d’entretien, inévitables, seront répartis sur une plus grande quantité d’électricité vendue et la charge unitaire d’entretien sera limitée au maximum. Des simulations ont montré que le nombre de stations, dont une équipe pouvait assurer l’entretien, était com- 7. L’avenir du petit éolien dans les PED La question se pose de savoir pourquoi un article sur l’énergie éolienne mise en œuvre dans les PED si, jusqu’à présent, on n’a globalement observé que des échecs ? La réponse semble évidente : l’environnement, lui, a beaucoup changé. 7.1. Environnement énergétique 7.1.1. ÉNERGIE PRIMAIRE : LE PÉTROLE Il n’est pas besoin de souligner que l’augmentation du prix moyen international du pétrole, passé de 20 dollars US à 60 dollars US le baril ces trois dernières années, a complètement modifié les termes d’une comparaison économique entre énergie fossile et énergies renouvelables, et ce particulièrement pour les sites isolés. Le coût du transport final majore encore le prix du gazole ou du fioul. L’accroissement de la demande mondiale en produits pétroliers ne laisse pas envisager de renversement de tendance, au contraire. 7.1.2. LES SYSTÈMES PHOTOVOLTAÏQUES Les systèmes photovoltaïques permettent une électrification d’habitations isolées et de faible consommation électrique au meilleur coût. Par contre, ils ne savent, compte tenu de leur coût, répondre seuls aux demandes en énergie correspondant à un village, ou à de petites entreprises. Les Objectifs du Millénaire, présentés à Johannesbourg en août 2002 lors du Sommet pour un développement durable et repris par les bailleurs de fonds internationaux, visent le développement d’activités génératrices de revenus afin de contribuer à la lutte contre la pauvreté. L’énergie, fournie en quantité suffisante, est l’un des vecteurs de cette stratégie, que les systèmes photovoltaïques ne sont pas en mesure de fournir. L’augmentation du prix du pétrole a modifié les termes d’une comparaison économique entre énergie fossile et énergies renouvelables, et ce particulièrement pour les lieux isolés. Les aérogénérateurs, avec les baisses de coûts aujourd’hui annoncées, seront en mesure, là où les ressources éoliennes sont suffisantes, de répondre à la demande. Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 16 7.2. Environnement technologique Après description d’un certain nombre d’informations sur les matériels actuellement existants, il est important d’en reprendre une partie ciaprès. 7.2.1. PROGRÈS TECHNOLOGIQUES DES AÉROGÉNÉRATEURS 7.2.1.1. Développement d’aérogénérateurs adaptés aux faibles ressources éoliennes Les aérogénérateurs existants sont presque tous adaptés à des gisements éoliens de climats tempérés, donc vigoureux. C’est la raison pour laquelle, leur puissance nominale est en général fournie pour une vitesse de vent de 12 m/s. Dans un gisement éolien de vitesse moyenne annuelle de 4 m/s et un facteur de forme k = 2, la vitesse de 12 m/s n’est atteinte ou dépassée que pendant une douzaine d’heures par an. Par exemple, si l’on considère la machine Eoltec 5.5-6, on pourrait remplacer le générateur actuel de 6 kW par un générateur de 1,5 kW qui fournirait sa puissance pour un vent de Westwind 8 m/s qui lui est présent pendant 300 heures par an. L’intérêt économique de cette opération est de diviser par quatre le prix du générateur électrique et de réduire le prix des équipements aval, dimensionnés pour 1,5 kW et non pas 6 kW. La productibilité annuelle de la nouvelle machine serait du même ordre de grandeur que la machine actuelle pour un prix de l’équipement qui serait réduit de 20 % environ. 7.2.1.2. Amélioration des performances électriques Tous les petits aérogénérateurs européens actuels, hormis un modèle équipé d’une génératrice homopolaire à réluctance variable, sont équipés d’alternateurs à aimants permanents dont la technologie présente un certain nombre d’avantages : - sans la consommation électrique due à l’excitation de la machine, leur rendement (rapport de la puissance électrique délivrée à la puissance mécanique à l’entrée) est meilleur que celui de tous les autres types de machines électriques ; - le nombre de paires de pôles de ces alternateurs peut être très élevé et choisi par le constructeur. Avec l’entraînement direct, le multiplicateur est supprimé et la fiabilité de l’ensemble aérogénérateur en est accrue. Par ailleurs, un nombre de plus en plus important de machines européennes est équipé de systèmes efficaces de régulation de la vitesse, fon- La raréfaction des réserves d’énergies fossiles et le phénomène du changement climatique suscitent une plus large exploitation des ressources éoliennes, une fois définies les modalités adaptées à son exploitation. dés sur le contrôle du pas des pales, soit par mise en drapeau, soit par décrochage aérodynamique. Ces deux solutions permettent aux aérogénérateurs de supporter des grandes vitesses de vent pendant des durées significatives sans accumulation de fatigue à l’inverse des aérogénérateurs dont la régulation de puissance est assurée par la désorientation du rotor visant à le placer parallèlement à la direction du vent. 17 La fiabilité des nouvelles machines en est accrue. Enfin, tout en conservant des prix acceptables, les équipements électroniques associés aux aérogénérateurs (redresseur chargeur de batterie, convertisseurs DC/AC, etc.) ont récemment fait des progrès tant en fiabilité qu’en performances, permettant aux aérogénérateurs équipés de génératrices à aimants permanents de fonctionner dans des conditions aérodynamiques optimales. 7.2.1.3. Exemples de nouveaux aérogénérateurs Ces améliorations commencent à être appliquées et une nouvelle gamme d’aérogénérateurs plus performants, mais encore de petite taille, est aujourd’hui disponible. - L’aérogénérateur SWIFT (puissance nominale de 1,5 kW), construit par Renewable Devices Ltd (RoyaumeUni), a un diamètre de 2 m. La documentation Internet annonce que la production annuelle brute de cette machine atteindrait 4 000 kWh sans préciser le vent annuel moyen correspondant, soit une AEP (productibilité annuelle) spécifique de 1 273 kWh/m2, ce qui paraît très élevé. Les conditions d’évaluation de ce chiffre devraient être précisées. Le prix de vente annoncé est de 2 25 euros pour l’équipement installé en Angleterre, sans équipement électronique. Supposons qu’après raccordement au réseau le prix final soit de 3 000 euros, on en arriverait, dans les conditions de calcul économique énoncées précédemment, à un prix de revient au kWh de 0,075 euro. Il y a beaucoup de réseaux de distribution d’électricité au monde qui facturent des prix plus élevés. - Le prix de l’aérogénérateur WS 1000 (diamètre 1,5 m, puissance nominale 1 kW), construit par Windsave Ltd (Royaume-Uni), est de 1 500 euros/ kilowattheure pour l’équipement complet (aérogénérateur et appareillage électronique de raccordement au réseau) départ usine. La productibilité de cette machine est indiquée comme étant comprise entre 800 kWh/an et 1600 kWh/an, selon le niveau du gisement éolien, soit une AEP de 573 kWh/m2.an pour un vent supposé de 8 m/s, ce qui est crédible. Ce sont là de nouveaux prix très intéressants et prometteurs ! Si ces deux équipements qui visent le marché de l’économie de l’électricité dans les pays développés aboutissent, ces mêmes machines pourront être utilisées pour des microprojets dans les PVD après avoir remplacé l’onduleur de couplage au réseau par un redresseur. ment éolien de la durée de mesure et de l’interprétation des résultats. Le premier prix d’un équipement de mesure de vent de qualité professionnelle est de l’ordre de 1 000 euros pour le matériel nu départ usine. Il permet d’acquérir, à 10 m de hauteur au-dessus du sol, tous les paramètres d’entrée d’un programme de simulation temporel pour une station hybride éolien/diesel. Au-delà, pour un prix de matériel de l’ordre de 1 500 euros pour le matériel nu départ usine, on peut obtenir un équipement permettant de mesurer la vitesse du vent à 10 et 20 m de hauteur, donc de calculer α, mais aussi d’enregistrer la direction du vent ainsi que l’ensoleillement. Ainsi on peut rassembler tous les paramètres météorologiques requis pour appliquer un logiciel du genre Talco au dimensionnement d’un équipement hybride éolien/photovoltaïque et diesel. 7.2.2. PROGRÈS DES OUTILS DE DIMENSIONNEMENT 7.2.2.3. Logiciels de simulation Pour une approche d’optimisation des systèmes hybrides, le Fraunhofer Institute (Allemagne), bureau d’études spécialisé dans les énergies renouvelables, a mis au point un logiciel de simulation dénommé Talco. Ce logiciel comporte de nombreuses entrées : chronique5 des vitesses de vent, chronique des ensoleillements, prévision de la chronique de la demande d’électricité, prix des équipements en fonction de leur taille, prix du combustible rendu sur le site, taux d’intérêt, etc. Les paramètres d’entrée du code de calcul sont : - les gisements locaux d’énergies renouvelables : gisement éolien, gisement solaire, ressource hydraulique avec leurs chroniques (leurs enregistrements chronologiques pendant une certaine période) ; 7.2.2.1. La mesure du vent Le prix relatif, par rapport à celui d’un projet complet, des stations de mesure du vent actuellement disponibles est beaucoup plus faible qu’il ne l’était tant en investissement qu’en coût d’exploitation. Mesurer et analyser le régime du vent sur un site de projet n’est plus financièrement coûteux. Ce qui est incompressible, c’est le temps. Mesurer et analyser le régime des vents sur un site implique un délai de 18 mois en moyenne. 7.2.2.2. Prix et délais Une telle campagne a un coût et repousse l’installation d’un équipe5 Les aérogénérateurs, avec les baisses de coûts aujourd’hui annoncées, seront en mesure, là où les ressources éoliennes sont suffisantes, de répondre à la demande. - le prix local des combustibles ; - le chronogramme de la fourniture d’énergie à assurer ; - les coûts d’investissement, d’installation et d’exploitation des différents types d’équipements de production électrique utilisant les sources énergies renouvelables ou fossiles ; - les coûts de maintenance ; - les taux d’intérêt. Le logiciel de calcul fonctionne par pas de temps. À chaque pas, le logiciel calcule l’état des différents paramètres du système, par exemple l’énergie encore stockée dans la batterie d’accumulateurs, et les durées de fonctionnement du groupe électrogène quand la batterie atteint sa limite de décharge, pour, in fine, définir le coût du kilowattheure distribué. En modifiant les paramètres maîtrisables, le calcul est réitéré pour définir les puissances installées : aérogénérateur, champ photovoltaïque, capacité de la batterie d’accumulateurs, groupe électrogène, etc. Des tableaux et graphiques présentent finalement les variations du prix du kilowattheure en fonction de la composition et des conditions d’utilisation du système hybride. L’intérêt essentiel de ce code de calculs, ou de tout autre code équivalent, est de disposer d’une analyse numérique du taux d’hybridation, rapport entre les puissances nominales du système éolien, du système photovoltaïque, des groupes électrogènes et des durées de fonctionnement de ces derniers. Cette précision remplace des estimations souvent grossières. Ne serait-ce que du fait de la nécessaire collection des données d’entrée, ce seul travail éviterait probablement un certain nombre d’erreurs souvent constatées sur le terrain. Le coût d’une application de ce logiciel, quelques milliers d’euros selon la complexité du problème, paraît acceptable par rapport au prix unitaire minimal de projets d’électrification rurale décentralisée. Par exemple, les premières applications de ce logiciel ont déjà montré que l’installation de systèmes hybrides solaire et éolien était économiquement justifiée pour des vitesses moyennes annuelles de vent de l’ordre de 2 m/s, ce qui n’est pas évident a priori. La chronique des vitesses de vent ou des ensoleillements est la suite des valeurs de ces deux paramètres relevés à intervalle de temps uniforme, par exemple toutes les heures, pendant un cycle météorologique, une année. 18 8. Conclusion Si les aérogénérateurs de faible puissance ont aujourd’hui démontré leur fiabilité dans leurs domaines d’application, il reste aux maîtres d’ouvrage à mettre en œuvre les outils appropriés pour se lancer dans des programmes d’électrification rurale décentralisée faisant appel aux ressources éoliennes locales. Ces outils principaux sont : - des mesures in situ du potentiel éolien aussi précises que possible pour connaître les vitesses moyennes, les distributions de vitesse et les chroniques du vent, seules données permettant d’estimer les énergies disponibles ; - des outils de dimensionnement capables de définir des équipements simples ou hybrides pour obtenir le prix du kilowattheure aussi faible que possible ; - des éléments de comparaison fiables entre les différentes sources d’énergie qu’elles soient renouvelables ou fossiles ; - des informations de fabricants sur les caractéristiques de leurs machines mesurées par des organismes indépendants. Munis de ces outils, les maîtres d’ouvrage seront alors en mesure de convaincre investisseurs et bailleurs de fonds de la pertinence des aérogénérateurs, une fois qu’ils auront pris soin d’envisager non pas l’équipement d’un ou deux hameaux mais au contraire des groupes de villages. Vestwind Une fois encore l’union fait la force. Viser l’installation d’une dizaine, d’une vingtaine de systèmes éoliens, c’est s’assurer des équipes d’entretien/maintenance, c’est s’assurer d’un prix de l’énergie aussi réduit que possible, c’est enfin s’assurer de la pérennité du service. Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 19 DÉTAILS ET SYNOPTIQUES D’UN AÉROGÉNÉRATEUR AÉROGÉNÉRATEUR L’hélice bipale, transforme l’énergie cinétique, 1/2 ρSV3 en puissance mécanique de rotation, CΩ. V : vitesse du vent S : surface de l’hélice ρ : densité de l’air C : couple à la sortie de l’hélice Ω : vitesse de rotation de l’hélice L’alternateur à aimants permanents transforme la puissance mécanique de rotation, CΩ en puissance électrique, UI à la fréquence f. Le courant électrique est transmis au sol par un collecteur à bagues lisses. La dérive (plan vertical) se cale dans le lit du vent et commande l’orientation de l’aérogénérateur. Vergnet SA Le support place l’axe de l’hélice à au moins un demidiamètre au-dessus des obstacles environnants. ÉQUIPEMENT AU SOL ÉLECTRIFICATION RURALE DÉCENTRALISÉE Réseau de distribution Aérogénérateur Redresseur Onduleur Batterie d’accumulateurs SYSTÈME POUR COUPLAGE RÉSEAU Aérogénérateur Réseau de distribution Onduleur piloté Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 20 Sélection d’aérogénérateurs à axe horizontal disponibles en 2005 Surface balayée Diamètre Constructeur Type Puissance garantie kW Productibilité Contrôle annuelle de la vitesse estimée, de rotation et kWh de la puissance V moyeu = 12 m/s Vitesse annuelle au moyeu = 6 m/s, k=2 Utilisation Estimation de prix, en euros m2 m 0,65 0,91 Marlec Rutland FM 910-3 0,093 272 Désorientation Charge batterie 1 092 0,68 0,93 Ampair Pacific 100 0,065 169 Sans Charge batterie 1 042 0,95 1,10 Eclectic Energy D400 0,400 598 Sans Charge batterie 1 258 1,17 1,22 Superwind Superwind 350 0,310 500 Calage variable Charge batterie 1 229 1,23 1,25 Windsave WS 500 0,500 N.A. Désorientation Charge batterie P.O.A. 2,41 1,75 Windsave WS 1000 1,000 1 200 Désorientation Couplage réseau 1 450 2,74 1,87 Marlec Rutland FM 1803 0,455 865 Désorientation 1 988 3,14 2,00 Renewable Devices Swift 1,500 N.A. Désorientation Couplage réseau 3,60 2,10 Southwest W.E. Whisper H40 0,900 358 Désorientation Charge batterie 700 3,80 2,20 Fortis Espada 0,600 1 487 Désorientation Charge batterie 3 360 5,11 2,55 Proven WT 600 0,600 1 948 Calage variable Couplage réseau 4 750 7,65 3,12 Fortis Passaat 1,000 2 582 Désorientation Charge batterie 4 000 9,62 3,50 Proven WT 2500 2,500 6 333 Calage variable Charge batterie 11 157 19,62 5,00 Fortis Montana 4,000 9 130 Désorientation Charge batterie 12 000 19,63 5,00 Iskra AT1-5 5,300 13 100 Couplage réseau P.O.A. 23,76 5,50 Proven WT 6000 6,000 16 900 Calage variable Charge batterie 18 470 24,63 5,60 Eoltec Scirocco 6,000 15 880 Calage variable Charge batterie 24 660 30,20 6,20 Bergey Wind Turbines Excel 7,000 11 060 Désorientation Couplage réseau 32 089 38,50 7,00 Fortis Alize 9,700 21 906 Désorientation Couplage réseau 23 250 63,62 9,00 Proven WT 15000 15,000 42 250 Calage variable 61 358 78,50 10,00 Vergnet SA GEV 10/20 14,800 33 500 Décrochage passif & calage Couplage réseau variable 95,03 11,00 Gazelle Gazelle 20,000 53 000 132,73 13,00 Gaïa 11 kW 153,93 14,00 Pitchwind PW 30/14 176,71 15,00 Vergnet SA 637,94 28,50 Vergnet SA Décrochage passif N.A. 10,000 Charge batterie Charge batterie 2 960 34 950 Couplage réseau P.O.A. Couplage réseau P.O.A. Charge batterie 129 950 65 000 Calage variable GEV 15/60 97 600 Décrochage passif & calage Couplage réseau variable 82 000 GEV MP 498 300 Calage variable Couplage réseau 275 000 Les prix ci-dessus ne doivent être pris en compte que comme des indications. L'application est soit “charge batteries”, dans ce cas, le prix du chargeur est inclus, soit “couplage réseau” dans ce cas le prix du couplage au réseau, convertisseur ou coffret de couplage si la génératrice est une machine asynchrone est compris. Les hauteurs de mâts prises en compte sont proportionnelles au diamètre de la machine. Pas de mât pour les plus petites machines. Ces prix sont vérifiables auprès du constructeur par consultation électronique. Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 21 Sélection de constructeurs mondiaux de petits aérogénérateurs à axe horizontal ACSA, Aerogeneradores Canarios SA Espagne [email protected] www.acsaeolica.com Machines de 250 W à 10 kW Ampair Natural Energy Royaume-Uni [email protected] www.ampair.com Machine de 100 W Bergey Windpower Co. USA [email protected] www.bergey.com Machines de 1 et 7,5 kW Eclectic Energy Ltd Royaume-Uni [email protected] www.eclectic-energy.com Machine de 400 W Eoltec France [email protected] www.eoltec.com Machine de 6 kW Fortis, Johan Kuikmann Pays-Bas [email protected] www.fortiswindenergy.com/ Machines de 600 W à 10 kW Iskra Royaume-Uni [email protected] www.iskrawind.com Machine de 5 kW J. Bornay, Aerogeneradores Juan y David Bornay, S.R.C. Espagne [email protected] www.bornay.com Machines de 250 W à 6 kW LVM Royaume-Uni [email protected] www.lvm-ltd.com Machines de 140 W et 280 W Marlec Engineering Co. Ltd Royaume-Uni [email protected] www.marlec.co.uk/ Machines de 150 à 600 W Pitchwind Suède [email protected] www.pitchwind.se/ Machine de 30 kW Proven Royaume-Uni [email protected] www.provenenergy.com Machines de 600 W à 15 kW Renewable Devices Swift Turbines Ltd Royaume-Uni [email protected] www.renewabledevices.com Machine de 1,5 kW Solener Soluciones Energèticas SA Espagne www.solener.com/ Machines de 300 W à 15 kW Southwest Windpower Inc. USA [email protected] www.windenergy.com/ Machines de 400 W à 3,2 kW SVIAB Svensk Vindkraft Industriab M. Lars Wikberg Suède [email protected] www.sviab.com Machine de 750 W Superwind GmbH Allemagne [email protected] www.microwind.de/ Machine de 350 W Vergnet SA, département Énergie éolienne France [email protected] www.vergnet.fr Machines de 5 à 60 kW Westwind Australie [email protected] www.venwest.iinet.net.au/ Machines de 2,5 kW à 20 kW Windsave Royaume-Uni [email protected] www.windsave.com Machine de 1 kW Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 22 Bibliographie 1. Livres Wind comes of age, Paul Gipe. - John Wiley & Sons, Inc. 1995. Guide de l’énergie éolienne. IEPF/Fondation Énergies pour le Monde, 1998. 2. Revues Systèmes Solaires. Systèmes Solaires | 146, rue de l’Université | 75007 Paris - France www.energies-renouvelables.org 3. Constructeurs d’équipements anémométriques Ammonit Gill Instruments Maywind NRG systems Secondwind Vector Instruments [email protected] [email protected] [email protected] [email protected] www.gill.co.uk www.nrgsystems.com www.secondwind.com http//www.windspeed.co.uk [email protected] 4. Sites Internet d’informations générales sur l’énergie éolienne Danish Wind Industry Association http://www. Windpower.org Heiner H. Dœrner, professeur d’aérodynamique à Stuttgart http://www.ifb.uni-stuttgart.de/%7edoerner/edoerner.html Hugh Piggot, Wind Turbine Design Notes http://www.scoraigwind.com L’auteur Jean-Marc Noël, ingénieur École navale, est impliqué dans la mise en œuvre de l’énergie éolienne, plus particulièrement les petits aérogénérateurs depuis 1962. Il a assuré la direction de la Société Aérowatt de 1970 à 1989. Depuis, il assure essentiellement des missions de conseil, de formation et d’enseignement, toujours dans le même domaine. Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 23 PREMIÈRE ANNONCE SÉMINAIRE « LE POMPAGE PHOTOVOLTAÏQUE » OUARZAZATE, PREMIÈRE SEMAINE DE DÉCEMBRE 2005 À l’issue du programme « Installation de systèmes solaires de pompage et de purification d’eau dans les pays du Maghreb », les thèmes traités seront les suivants : • Spécifications techniques des systèmes solaires de pompage et traitement d’eau • Recommandations de conception et d’installation des équipements associés • Appropriation des systèmes par les usagers • Impacts sociaux et économiques des systèmes • Retour d’expériences • Visites de sites Pour toute information complémentaire : - Association Tichka – Attn Mohamed AANDAM ([email protected]) - Fondation Énergies pour le Monde ([email protected]) Bulletin du réseau Scarabée, juillet 2005 24 * en mètre/seconde. Carte mondiale des vitesses moyennes annuelles de vent ou des isorythmes* Partenaires financiers de Scarabée Ce bulletin est édité dans le cadre de l’initiative Scarabée, menée par la Fondation Énergies pour le Monde Président : Alain Liébard Directeur : Yves Maigne 146, rue de l’Université 75007 Paris – France Tél. : 33 (0)1 44 18 00 80 Fax : 33 (0)1 44 18 00 36 E-mail : [email protected] Internet : www.energies-renouvelables.org Prix de vente du numéro : 14 euros TTC.