Nouveau carburant : quelques précisions

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Nouveau carburant : quelques précisions
Nouveau carburant : quelques précisions
JA 85 // 02 51 36 84 07
03/04/2011 I Mise à jour : 08:45
L'arrêté du 10 décembre 2010 relatif à la consommation du gazole non routier (GNR) rend obligatoire son utilisation pour tous les
engins mobiles non destinés au transport routier de marchandises. Cette obligation s’applique donc aux machines agricoles et
aux tracteurs agricoles et forestiers. Face aux informations contradictoires qui circulent, y compris sur Internet, voici à ce jour les
informations en notre possession. Quelques éléments de réponse ci-dessous.
Le gazole non routier (GNR) présente les mêmes caractéristiques que le gazole blanc utilisé pour les voitures. Il est par contre défiscalisé et
donc teinté en rouge. Comme pour le fioul, il existe deux qualités pour le nouveau carburant, un GNR de base et un GNR supérieur. Comme
pour le gazole routier blanc, il existe initialement le GNR hiver et le GNR été dont les températures limites de filtrabilité sont différentes (cf.
ci-dessous), donc avec une résistance au froid différente.
Température limite de filtrabilité
Fioul ordinaire - 4 °C
Fioul supérieur - 20°C
GNR de base été 0 °C
GNR de base hiver - 15°C
GNR supérieur été - 12 ou -15°C (selon les pétroliers)
GNR supérieur hiver - 21 ou -24°C (selon les pétroliers)
Définition :
Température limite de filtrabilité (TLF) : température limite à partir de laquelle le carburant passe encore à travers les mailles du filtre. Plus la
TLF est basse, moins il y a de risque de colmatage du filtre par grand froid.
Pourquoi ce passage au GNR ?
L’arrivée de ce nouveau carburant s’inscrit dans un cadre européen. La Directive Européenne 2009/30/CE impose, à partir du 1er janvier
2011, une réduction de la teneur en soufre à 10 mg/kg des gazoles destinés aux véhicules non routiers (soit 10 ppm), afin d’abaisser les
émissions polluantes des moteurs. La teneur en soufre du GNR est de 10 ppm (contre 1000 ppm pour le fioul domestique). L’indice de cétane
est supérieur ou égal à 51 (40 pour le fioul domestique) ce qui permet une meilleure combustion et moins d’émissions polluantes. En France,
un Arrêté et une circulaire encadrent l’arrivée du GNR.
Les dates clés
Pour les engins non routiers, l’utilisation du GNR doit être effective à partir du 1er mai 2011. Seuls les tracteurs agricoles et forestiers
bénéficient d’une dérogation jusqu’au 31 octobre 2011. Cependant, il ne devrait pas y avoir de contrôle avant cette date pour les automoteurs.
Il n’y pas spécialement d’informations sur le type de contrôle qui pourrait être réalisé. Les factures de carburant pourraient être demandées
pour un éventuel remboursement partiel de la TIC (anciennement TIPP).
Reportez vous au dernier paragraphe de cette page pour retrouver les définitions exactes des termes 'engin mobile non routier' et 'tracteur
agricole ou forestier'.
Des préconisations générales :
- faire nettoyer la cuve avant le passage au GNR. Ce dernier peut contenir jusqu’à 7% de biodiesel (EMAG : esters méthyliques d'acides
gras). Ces esters ont des propriétés tensioactives qui ont tendance à décoller et mettre en suspension les dépôts accumulés sur les parois ou
au fond des cuves. La conséquence est un risque de colmatage des filtres.
- changer les filtres quand nécessaire
- éviter de stocker le GNR pendant de longues périodes ()
- éviter un stockage en plein vent, et de manière générale des écarts de températures trop importants (avec les UV notamment).
Questions - réponses au président et au délégué régional des Entrepreneurs des Territoires (EDT)
Les EDT ont fait le choix de fonctionner avec un GNR supérieur, initialement d’été mais qui sera étendu sur toute l’année. Ce GNR, résistant à
moins 15°C, présente les caractéristiques suivantes : « une plus grande stabilité à l’oxydation, une résistance à la corrosion améliorée et une
protection contre la formation de dépôts ». Les EDT avaient l’habitude de fonctionner avec un fioul supérieur présentant les trois avantages
ci-dessus. Ils ont souhaité retrouver ces avantages avec le nouveau carburant. Le prix sera sans doute un peu plus cher que pour du GNR de
base, mais les EDT souhaitent disposer d’un carburant pouvant être stocké toute l’année.
- Le GNR de base ne doit pas être stocké plus de 6 mois, qu’en est-il pour le GNR supérieur ?
« D’après les fournisseurs, le stockage peut s’effectuer jusqu’à 6 mois. Les conditions de stockage (UV, écarts de température…) influent sur
cette durée. Avec un GNR de qualité supérieure, plus stable dans le temps, on pourrait peut-être aller jusqu’à 10 mois ».
- Y a-t-il un type de cuves à privilégier entre l’acier et le PEHD (polyéthylène haute densité) ?
« Jusqu’à un volume de 5000 L, le PEHD est plutôt conseillé pour diminuer la condensation. Au-delà de 5000 L, acier et PEHD peuvent
stocker du GNR de qualité supérieure sans problème. Les cuves doivent par contre être opaques pour une meilleure stabilité du carburant.
Des cuves opaques étaient déjà préférable avec le fioul, avec le GNR c’est encore plus marqué ».
- Les agriculteurs se posent souvent la question de remplacer une grande cuve par une plus petite pour une meilleure conservation du
carburant (moins de condensation), qu’en pensez-vous ?
« Selon l’utilisation du carburant au fur et à mesure de l’année, selon sa qualité (de base ou supérieur), la taille des cuves est problématique
ou non. Il faut éviter des cuves à moitié vide trop longtemps, surtout pour du GNR de base. Les conditions de stockage jouent aussi
(humidité…). Il vaut mieux faire venir le livreur plusieurs fois ».
- Quelle vigilance est de mise au niveau des filtres ?
« Afin d’éviter le colmatage, il faudra les changer avant la première utilisation du nouveau carburant puis, suivant les recommandations du
constructeur et en fonction de l’utilisation du matériel ».
- Est-il nécessaire de nettoyer les réservoirs des engins ?
« Si l’agriculteur pense que le réservoir est sale, il peut éventuellement le vidanger, c’est suffisant. Il n’y a pas besoin de produit ».
- Que pensez-vous des additifs à ajouter dans le carburant une fois la cuve remplie?
« Il vaut mieux privilégier un GNR supérieur dans lequel les additifs nécessaires ont été mis dès la raffinerie. Ajouter des additifs dans la cuve
n’est pas nécessaire avec du GNR supérieur.»
- Conseilleriez-vous aux agriculteurs de faire nettoyer les cuves si elles sont récentes ?
« A chaque agriculteur de trancher en fonction de l’âge de la cuve et de son état, mais aussi de ses particularités (avec ou sans trou d’homme
notamment) et du fioul qui s’y trouvait... Il existe différents degrés de nettoyage. A chacun de déterminer ce dont il a besoin. »
- Pour les vieux tracteurs, le passage au GNR devrait-il poser problème ?
« Il ne devrait pas y avoir de souci pour les vieux tracteurs, sauf s’il y a des tuyaux et raccords de cuivre car le GNR attaquera le cuivre. Il est
préférable de se rapprocher du concessionnaire ».
- Quant aux chaudières, doivent-elles fonctionner avec du GNR ou avec du fioul ?
« Dans la majorité des cas, il faut continuer à utiliser le fioul domestique pour les chaudière car il y a généralement du cuivre dedans. Le
mieux est de se renseigner auprès de son chauffagiste ».
- Peut-on réaliser un mélange GNR - fioul s’il reste du fioul après le 1er novembre ?
« Il vaut mieux vider au maximum sa cuve avant le passage au GNR, même si la date du 1er novembre est un peu dépassée. A ce jour, selon
les informations dont nous disposons, les pétroliers préféreraient éviter les mélanges ».
- On annonce que le GNR de base ne doit pas être stocké plus de 6 mois, comment faire pour le réservoir d’une moissonneuse par exemple ?
« Six mois c'est ce qui est annoncé pour le GNR de base. Avec un GNR de qualité supérieure, plus stable dans le temps, il n’est pas
nécessaire de vidanger le réservoir, alors qu’avec un GNR de base c’est plutôt conseillé. Il y a un décanteur d’eau sur les réservoirs, il faut le
purger. L’humidité avec l’acier est propice à la formation de rouille. Avec le fioul, on faisait le plein des réservoirs pour l’hivernage afin d’éviter
la rouille justement ».
- A-t-on une idée du coût de ce nouveau carburant ?
« Non on ne sait pas vraiment. Il serait question de 15 € de plus /mètre cube à produire. Il faudra attendre que le gazole revienne à un prix
normal pour comparer le prix d’achat moyen du GNR à celui du fioul. »
- Le mot de la fin ?
« Il y a quelques mois on appréhendait le passage au GNR, aujourd’hui ce n’est plus le cas. Le GNR n’est ni plus ni moins que du gazole pour
les voitures teinté en rouge. Il y avait déjà environ 4 % d’esters dans le fioul supérieur que nous utilisions, donc le GNR ne va pas changer
tant de choses que ça dans notre fonctionnement ».
Nettoyage des cuves : Démêler le vrai du faux
Nettoyer ou faire nettoyer ?
Pour les exploitants qui font le choix de garder leur cuve, le nettoyage par un tiers n’est pas obligatoire. Il est cependant fortement conseillé :
- d’une part, le traitement des déchets qui s’en suit est assuré : un bordereau de suivi des déchets issus du nettoyage sera remis à l'exploitant
;
- d’autre part, en cas de panne moteur sur un tracteur sous garantie, les concessionnaires demanderont sans doute un certificat de nettoyage
(fournie par un organisme) ou la facture d’une nouvelle cuve. Les livreurs de carburant demanderont aussi ces documents, ou feront signer
une décharge à leurs clients avant le remplissage des cuves.
- enfin, il est risqué d'opérer seul le nettoyage de sa cuve.
Quel nettoyage faut-il réaliser ?
Les entreprises réalisant les prestations de nettoyage assurent que seul le nettoyage complet, avec l'ouverture du trou d'homme, est efficace.
- 1er point sur lequel s'interroger : Les petites cuves carrées n'ont généralement pas de trou d'homme.
- 2ème point : Pour les agriculteurs ayant acheté récemment une cuve, il y aura probablement peu de dépôts. Que faire dès lors ?
A chacun de trancher en fonction de :
- l’âge de la cuve
- de son état de conservation
- de ses particularités (cuve aux normes ou non, voir la feuille Réglementation)
- du fioul qui était dedans : standard ou supérieur
- du nouveau carburant : de base ou supérieur
Précisions sur les termes - dates :
Extrait de l’annexe de l’Arrêté du 10 décembre 2010
1 - Engin mobile non routier : obligation fixée au 1er mai 2011
" Pour être couverts par le présent arrêté, les moteurs doivent être montés sur des engins qui répondent aux exigences spécifiques suivantes
:
– être destinés ou propres à se déplacer ou être déplacés au sol ou en dehors des routes ;
– être équipés d’un moteur à allumage par compression ayant une puissance nette supérieure à 18 kW ;
– fonctionnant à vitesse intermittente plutôt qu’à une seule vitesse constante"
"Les engins dont les moteurs sont couverts par cette définition comprennent, entre autres, les matériels suivants :
– équipements de construction, notamment chargeuses sur roues, bulldozers, tracteurs et chargeuses à chenilles, chargeuses
transporteuses, chargeuses compactes rigides à pneus ou à chaînes, camions toutterrain, excavateurs hydrauliques, recycleuses
malaxeuses, décapeuses, raboteuses ;
– équipements d’entretien des routes (niveleuses automotrices, rouleaux compresseurs, finisseurs) ;
– chasse-neige et balayeuses urbaines ;
– machines agricoles automotrices, émotteuses et équipements de sylviculture ;
– équipements de manutention, grues mobiles, chariots élévateurs à fourche, chariots élévateurs tout-terrain dès lors qu’ils ne sont pas
immatriculés ;
– échelles et nacelles automotrices ;
– équipements d’assistance aéroportuaire au sol ;
– équipements industriels de forage ;
– compresseurs et motopompes ;
– locomotives ferroviaires ;
– groupes électrogènes ou hydrauliques sur camion.
Les engins et véhicules à usage non commercial ou non industriel (ex. : tracteur-tondeuse à gazon utilisé par un particulier, tronçonneuse,
taille-haie...) sont exclus du champ du présent arrêté".
2. Tracteur agricole ou forestier : dérogation jusqu'au 31 octobre 2011
"Aux fins du présent arrêté, on entend par tracteur agricole ou forestier tout véhicule à moteur, à roues ou à chenilles, ayant au moins deux
essieux, dont la fonction réside essentiellement dans sa puissance de traction et qui est spécialement conçu pour tirer, pousser, porter ou
actionner certains outils, machines ou remorques destinés à l’emploi dans l’exploitation agricole ou forestière. Il peut être aménagé pour
transporter des charges ou des convoyeurs".
Cas des moteurs thermiques utilisés pour l'irrigation
(Source : FNSEA ayant interrogée le ministère de l'écologie)
Les moteurs thermiques Diesel utilisés pour l'irrigation, par exemple montés sur une pompe, une motopompe ou un surpresseur, sont
considérés comme des moteurs d'appareils mobiles ou d'engins mobiles non routiers. A ce titre, les moteurs thermiques Diesel utilisés pour
l'irrigation, dès lors que les engins sur lesquels ils sont montés ne sont pas immatriculés et qu'ils sont utilisés à des fins industrielles ou
commerciales (par exemple sur une exploitation agricole), sont concernés par l'obligation d'utilisation du gazole non routier à compter du 1er
mai 2011.