la surveillance des métaux lourds en nord
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la surveillance des métaux lourds en nord
SURVEILLANCE DES MÉTAUX LOURDS Arabelle ANQUEZ1 LA SURVEILLANCE DES MÉTAUX LOURDS EN NORD-PAS DE CALAIS : UN REGARD SUR 25 ANNÉES RÉSUMÉ Le Nord-Pas de Calais se caractérise par un contexte industriel développé et diversifié : chimie, sidérurgie, métallurgie, industries automobiles, industries agroalimentaires, UIOM, etc… Quel que soit l’élément métallique concerné, la première source des émissions en Nord-Pas de Calais est le secteur de l’industrie manufacturière. La stratégie d’Atmo Nord-Pas de Calais, association régionale agréée pour la surveillance de la qualité de l’air, permet d’assurer depuis 25 années la surveillance des métaux et de la développer sur divers types d’environnements : zone urbaine, proximité d’émetteurs industriels, UIOM, air intérieur… Elle permet ainsi d’affiner la connaissance du territoire régional et d’ajuster au mieux l’évaluation à plus fine échelle. La surveillance historique a montré une nette diminution des concentrations en plomb, depuis notamment l’apparition de l’essence sans plomb et les efforts entrepris pour le traitement des poussières d’origines industrielles. principales catégories d’émetteurs par période de 5 ans jusqu’en 2000, puis ensuite annuellement. Les années enregistrant les valeurs minimales et maximales ont été ajoutées ; les émissions pour l’année 2007 apparaissent sous forme de résultats préliminaires. Les émissions d’arsenic dans l’atmosphère (figure 1) proviennent, d’une part, de la présence de cet élément dans les combustibles minéraux solides ainsi que dans le fioul lourd et, d’autre part, de la présence de ce composé dans certaines matières premières telles que certaines installations de production de verre, de métaux ferreux ou non-ferreux. Le principal secteur d’émission, l’industrie manufacturière, représente, en 2006, environ 67 % des émissions de la France métropolitaine, dont près de la moitié est liée au soussecteur des minéraux non-métalliques et matériaux de construction (verre, ciment). Emissions atmosphériques d'arsenic par secteur en France métropolitaine UTCF Autres transports 20 Transport routier Agriculture - sylviculture 18 ATMO Nord-Pas de Calais Service Etudes, Recherche et Développement - Centre Jean Monnet Avenue de Paris 62400 Béthune 1 [email protected] CITEPA : Centre Interprofessionnel Technique d’Etudes de la Pollution Atmosphérique 2 I – L’ESTIMATION DES ÉMISSIONS NATIONALES ET RÉGIONALES 1 – Les émissions de métaux lourds au niveau national Les émissions estimées par le CITEPA2 sont présentées sous forme de graphiques pour chaque élément ainsi que pour les Résidentiel - Tertiaire 16 Industrie manufacturière 14 Transformation de l'énergie 12 10 8 6 4 2 0 1990 1991 1995 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 (e) Figure 1 : Emissions estimées d’arsenic en France métropolitaine Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 - 27 UTCF 4500 Les émissions de cadmium (figure 2) proviennent principalement de plusieurs activités : • la combustion de combustibles minéraux solides, du fioul lourd mais également de la biomasse • l’incinération d’ordures ménagères • l’aciérie électrique • la métallurgie des métaux non–ferreux • certaines verreries La baisse constatée entre 1990 et 2006 est principalement liée aux progrès réalisés dans les secteurs industriels de la sidérurgie, de la métallurgie des non-ferreux et dans le traitement des fumées d’usines d’incinération. 20 UTCF 18 Autres transports 16 Transport routier Agriculture - sylviculture 14 Résidentiel - Tertiaire 12 Industrie manufacturière Transformation de l'énergie 10 8 6 4 2 0 1990 1995 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 (e) Figure 2 : Emissions estimées de cadmium en France métropolitaine Deux secteurs prédominent dans les émissions de nickel : la transformation de l’énergie (en particulier le raffinage de pétrole et la production d’électricité) et l’industrie manufacturière (la chimie, la métallurgie des métaux ferreux, l’agro-alimentaire). Les autres secteurs contribuent faiblement aux émissions. Les variations au cours des années (figure 3) s’expliquent en partie par les conjonctures climatiques et techniques très variables (moindre possibilité de l’énergie nucléaire ou forte vague de froid, nécessitant un recours accru aux énergies fossiles, en particulier le fioul). La diminution des émissions totales depuis 1999 est due en particulier aux progrès réalisés dans l’industrie des métaux ferreux. UTCF 400 Autres transports 350 Transport routier Agriculture - sylviculture 300 Résidentiel - Tertiaire 250 Industrie manufacturière Transformation de l'énergie 200 150 100 50 Autres transports 4000 Transport routier 3500 Agriculture - sylviculture 3000 Résidentiel - Tertiaire 2500 Industrie manufacturière Transformation de l'énergie 2000 1500 1000 500 0 1990 1995 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 (e) Figure 4 : Emissions estimées de plomb en France métropolitaine 2 – Zoom sur la région Nord - Pas de Calais Avec une superficie de 12 414 km², la région Nord - Pas de Calais compte 3 997 700 habitants, soit 6,7 % de la population française pour un territoire représentant 1,8 % de la surface nationale. C’est une région au contexte industriel important : 1 638 établissements soumis à autorisation dont 122 carrières. 813 établissements sont soumis à la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP). Les activités industrielles sont variées selon la zone géographique concernée : • industries lourdes sur le littoral : sidérurgie, métallurgie, chimie (raffinage de produits pétroliers…), ainsi que la sidérurgie et la métallurgie sur le Valenciennois • industries de l’automobile et de la papeterie sur l’ancien bassin minier et l’agglomération lilloise • carrières • unités d’incinération d’ordures ménagères • industries agro-alimentaires… Les données estimées par le CITEPA se rapportent à l’année 2000 (mise à jour en février 2005) et couvrent l’ensemble des sources anthropiques et non anthropiques. Quel que soit l’élément métallique, la première source d’émissions en Nord – Pas de Calais concerne le secteur de l’industrie manufacturière. La région Nord - Pas de Calais se trouve au 4ème rang des émissions totales d’arsenic et de nickel pour l’année 2000. Pour l’arsenic (figure 5), la contribution relative la plus importante pour la région Nord Pas de Calais aux émissions nationales concerne le secteur des autres transports (maritime, fluvial, aérien et ferroviaire) avec plus de 14 % des émissions nationales. Le secteur de l’industrie manufacturière vient ensuite, avec une contribution d’environ 9 % aux émissions nationales d’arsenic. 0 1990 1991 1995 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 (e) Corse Basse - Normandie Figure 3 : Emissions estimées de nickel en France métropolitaine Les émissions de plomb (figure 4) sont en forte baisse depuis 1990, enregistrant une diminution de 97 % sur cette période. Les principaux secteurs dépendent de la période considérée : • de 1990 à 1999, le transport routier est largement prédominant • à partir de 1999, la disparition de l’essence plombée laisse la place, en tant qu’émetteur principal, au secteur de l’industrie manufacturière. 28 - Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 Transformation de l'énergie Languedoc - Roussillon Franche - Comté Industrie manufacturière Bretagne Alsace Résidentiel - Tertiaire Limousin Aquitaine Poitou - Charentes Agriculture - sylviculture Pays de la Loire Champagne - Ardenne Autres transports Picardie Centre Midi - Pyrénées Bourgogne PACA Lorraine Haute-Normandie Nord - Pas-de-Calais Ile de France Rhône - Alpes Auvergne 0 500 1000 1500 2000 Figure 5 : Répartition des émissions d’arsenic par région 2500 kg Concernant le nickel (figure 6), la contribution la plus importante est celle du secteur de l’industrie manufacturière, près de 16 % des émissions nationales estimées se font en Nord - Pas de Calais. Limousin Franche - Comté Les cartes d’émissions issues du cadastre et de l’inventaire régional des émissions (année 2005) mettent en évidence les zones d’émissions estimées les plus importantes. Les densités les plus importantes sont situées sur les zones industrielles de Dunkerque, de Valenciennes et le long de l’ancien bassin minier. Transformation de l'énergie Midi - Pyrénées Auvergne Industrie manufacturière Poitou - Charentes Basse - Normandie Centre Résidentiel - Tertiaire Bourgogne Bretagne Agriculture - sylviculture Champagne - Ardenne Languedoc Corse Autres transports Picardie Alsace Aquitaine Lorraine Pays de la Loire Rhône - Alpes Nord - Pas-de-Calais Ile de France PACA Haute-Normandie 0 5000 10000 15000 20000 25000 30000 35000 40000 45000 kg Figure 6 : Répartition des émissions de nickel par région Concernant les émissions de plomb et de cadmium (figures 7 et 8), la région Nord - Pas de Calais occupe la première place avec des émissions totales en plomb très nettement supérieures aux autres régions (4 fois supérieures aux émissions estimées en Rhône-Alpes, par exemple). La part prépondérante des émissions est attribuée à l’industrie manufacturière (96 % des émissions régionales estimées). Il est important de signaler que l’année 2000 tient compte des émissions de l’usine de Métaleurop de Noyelles-Godault (Pas-de-Calais), encore en activité en 2000. Depuis les émissions liées à ce secteur d’activité ont nettement diminué. De même pour le cadmium, la source prépondérante est l’industrie manufacturière. Corse Figure 9 : Carte des émissions de cadmium (estimation 2005) Transformation de l'énergie Basse - Normandie Limousin Franche - Comté Industrie manufacturière Bretagne Résidentiel - Tertiaire Haute-Normandie Picardie Centre Agriculture - sylviculture Pays de la Loire Bourgogne Figure 10 : Carte des émissions de plomb (estimation 2005) Transport routier Poitou - Charentes Midi - Pyrénées Autres transports Alsace Auvergne Languedoc - Roussillon Champagne - Ardenne Aquitaine PACA Lorraine Ile de France Rhône - Alpes Nord - Pas-de-Calais 0 10000 20000 30000 40000 50000 60000 70000 kg 80000 Figure 7 : Répartition des émissions de plomb par région Corse Basse - Normandie Transformation de l'énergie Limousin Franche - Comté Industrie manufacturière Auvergne Aquitaine Résidentiel - Tertiaire Bourgogne Bretagne Agriculture - sylviculture Pays de la Loire Poitou - Charentes Picardie Autres transports Alsace Midi - Pyrénées Haute-Normandie Languedoc - Roussillon Champagne - Ardenne Centre PACA II – UNE SURVEILLANCE HISTORIQUE Le réseau de l’agglomération lilloise a été le premier réseau en Nord - Pas de Calais à mesurer les métaux lourds. Plusieurs sites ont été équipés de préleveurs à partir de 1984 : • Lille Pasteur de 1984 à 2006 • Loos de 1984 à 2001 • Marquette de 1984 à 1996 • Roubaix de 1984 à 1994 • Fives en 2002 •Marcq-en-Baroeul depuis 1984, station de mesure encore opérationnelle. Lorraine Ile de France Rhône - Alpes Nord - Pas-de-Calais 0 500 1000 1500 2000 2500 kg Figure 8 : Répartition des émissions de cadmium par région Pour l’ensemble de ces sites, le plomb et le cadmium ont été mesurés ; les mesures de nickel et d’arsenic ont débuté en 1997. Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 - 29 5.8 5.8 1990 0.4 2005 2004 0.3 1.1 2003 2002 2001 2000 0.5 1.1 0.8 1.6 1.4 1999 1998 3.6 3.4 2003 3.5 3.5 2002 4.5 4.0 3.0 2005 2004 2001 2000 1999 1998 1997 1.6 1.6 2003 0.8 0.7 2005 3 4.8 0.3 0.4 2004 2005 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1995 1994 1993 1992 1991 1990 1988 1989 1986 1987 0.5 1.1 1.1 1.0 0.8 1.6 1.5 1997 1.4 1.5 1996 2005 2004 2000 1999 1998 1997 2.3 2.7 2.4 3.2 3.2 4.0 0.0 2.0 1985 0.8 0.2 3.0 4.0 1984 1.0 0.4 5.0 3.0 1.2 1.0 2004 [As] en ng/m 1.4 0.6 5.8 5.8 5.5 5.8 7.0 2002 1.6 1.6 1.8 2001 2.0 1.7 28 19 2003 Figure 14 : Evolution annuelle des concentrations en nickel Figure 11 : Evolution annuelle des concentrations en plomb 3 4.4 5.0 4.9 5.7 7.0 3 36 25 2002 48 34 2001 1999 2000 82 66 1998 130 90 1992 1991 1990 1989 1988 1987 1986 1985 1984 100 1997 1996 159 137 1995 1994 190 165 1993 200 [Cd] en ng/m 1.5 6.9 8.0 0.0 236 300 0.0 1.5 Les mesures concernant le nickel et l’arsenic (figures 14 et 15), commencées plus tard, donnent des résultats plus variables : entre 2002 et 2005, les concentrations en nickel sont stables, autour de 50 % de la valeur maximale enregistrée en 1999. Les concentrations en arsenic diminuent très nettement à partir de 2004. 310 400 6.0 1995 Figure 13 : Evolution annuelle des concentrations en cadmium 1.0 500 0 1994 1993 1992 1991 1988 1986 1987 1985 1984 0.0 2.0 523 630 600 400 3 [Pb] en ng/m 700 578 800 1996 1.0 [Ni] en ng/m 865 770 900 1997 2.0 6.0 1000 2.3 2.7 2.4 3.0 3.2 3.2 4.0 4.0 3.0 3 4.8 5.0 1989 5.8 6.0 5.5 7.0 [Cd] en ng/m Les niveaux de plomb en air ambiant, sur l’agglomération de Lille, sont en diminution constante depuis le début des mesures (figure 11). Cette baisse des concentrations est concomitante à l’apparition de l’essence sans plomb en Europe en 1985, destinée aux véhicules équipés d’un pot catalytique. Généralisée en France en 1989, l’essence sans plomb remplace définitivement l’essence, qui n’est plus commercialisée le 1er janvier 2000. Cette diminution des concentrations est d’autant plus marquée sur le site de mesure en proximité automobile, site sur lequel on enregistre les maxima en concentrations en 1984 : Pasteur, 1 430 ng/m3 (figure 12) en moyenne annuelle. Entre le début des mesures et l’arrêt de la commercialisation du supercarburant, la concentration moyenne sur l’agglomération lilloise a été divisée par 18 et par 24 en proximité automobile. Les concentrations liées au trafic relevées ces dernières années atteignent en général le niveau de fond urbain régional. La mesure des métaux a donc été interrompue en proximité automobile fin 2006 au profit d’une agglomération qui jusqu’alors ne bénéficiait pas de mesures continues. Figure 15 : Evolution annuelle des concentrations en arsenic 3 ) Figure 12 : Evolution des concentrations en plomb en proximité automobile L’évolution des concentrations en cadmium (figure 13) n’est pas identique à celle du plomb. Les concentrations passent de valeurs minimales en 1986 à des concentrations de nouveau en augmentation. Elles atteignent la valeur enregistrée en 1984 durant deux années consécutives (1989 et 1990). Les concentrations en air ambiant diminuent très nettement entre 1990 et 1991 (autour de 50 %) puis plus progressivement jusqu’en 2002. 30 - Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 III – ATMO NORD - PAS DE CALAIS : UNE STRATÉGIE DE SURVEILLANCE RÉGIONALE 1 – Le point réglementaire Le décret 2002-213 du 15 février 2002 fixe, pour le plomb, un objectif de qualité à 0,25 µg/m3 en moyenne annuelle. La valeur limite est fixée à 0,5 µg/m3 en moyenne annuelle à partir du 1er janvier 2002. Avant le 1er janvier 2010 et depuis le 1er janvier 2002, la valeur limite applicable est la valeur de Année Marge de dépassement µg/m3 2002 2003 2004 0,8 0,7 0,6 2005 2006 0,5 0,4 2007 2008 2009 0,3 0,2 0,1 Tableau 1 : Marges de dépassement autorisées pour le plomb Polluant Arsenic Cadmium Nickel Valeur cible 6 5 20 Tableau 2 : Valeurs cibles (en ng/m3) Depuis peu, la mesure des métaux a été intégrée dans l’évaluation des lieux clos fréquentés par du public (gares, métro…). La mise en place de la stratégie régionale a notamment permis la mise en place d’un planning d’échantillonnage unique (même fréquence, mêmes dates de prélèvement) et la sélection d’un seul et unique laboratoire accrédité pour ces analyses. 2 – Le suivi réglementaire sur les stations fixes Il est assuré au 1er janvier 2008 par 6 stations de mesure, illustrées sur la figure 16. Les sites couvrent différentes typologies : • Marcq-en-Baroeul et Valenciennes : en zone urbaine, • Evin-Malmaison : ancien site de proximité industrielle, reconverti en site d’observation depuis 2007, • Dunkerque, Wingles et Roost-Warendin : sites de proximité industrielle. Carte des stations mesurant les métaux lourds dans la région Nord - Pas de Calais Figure 16 : Carte d’implantation des sites fixes de mesure des métaux Figure 17 : Station fixe de mesures à Evin -Malmaison Figure 18 : Préleveur de métaux. L’air aspiré passe à travers un filtre sur lequel les métaux sont piégés. Les échantillons sont ensuite analysés en laboratoire. L’objectif principal est de mesurer, sur au moins un site de chacune des zones de surveillance, les concentrations en éléments métalliques réglementés. Les sites sont déterminés en fonction de la densité de population pour les zones urbaines (Marcq-enBaroeul et Valenciennes), en fonction des densités de population et d’émissions pour les zones industrielles (Dunkerque, Wingles). La mesure sur le site d’EvinMalmaison a été maintenue durant les travaux de dépollution du site industriel de MétalEurop, qui se sont achevés en 2006. Après trois années consécutives de mesures sur Béthune et compte tenu des faibles valeurs enregistrées, le prélèvement a été arrêté et transféré sur l’agglomération valenciennoise, non couverte en mesures fixes à ce jour. Depuis 2005, les mesures d’arsenic (figure 19) sont en légère hausse en Nord – Pas de Calais, notamment en raison des récentes mesures sur le site industriel de Wingles, enregistrant le maximum régional. Les valeurs annuelles, toutes typologies de sites confondues, restent inférieures à la valeur cible, les maxima étant enregistrés en proximité industrielle (Dunkerque et Wingles). Depuis les premières mesures en 1999, les concentrations ont diminué d’environ 42 %. 1.20 1.00 [As] en ng/m 3 2010 augmentée des marges de dépassement figurant dans le tableau 1. La valeur limite pour le plomb pour l’année 2008 est donc fixée à 0,7 µg/m3, soit 700 ng/m3. La directive 2004/107/CE du Parlement européen du 15 décembre 2004 fixe une valeur cible pour l’arsenic, le cadmium et le nickel (tableau 2), ainsi que des seuils (haut et bas) d’évaluation. L’arsenic, le nickel et le cadmium ont été intégrés au décret 2007-1479 du 12 octobre 2007. La fédération régionale de la surveillance de la qualité de l’air en Nord – Pas de Calais a permis la mise en œuvre d’une stratégie de surveillance uniforme à l’échelle de la région, déclinée autour de trois axes : • la surveillance dite réglementaire • l’évaluation des zones urbaines ou rurales non couvertes •l’évaluation en proximité d’émetteurs importants. 0.9 0.9 1.0 0.80 0.60 0.40 0.20 0.00 2005 2006 2007 Figure 19 : Evolution des concentrations en arsenic Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 - 31 8.0 6.0 5.0 3.0 2.0 1.0 [Cd] en ng/m 3 Figure 22 : Evolution des concentrations en nickel 0.30 Les variations annuelles de la moyenne régionale sont donc influencées majoritairement par les variations de la moyenne annuelle du site de Dunkerque. 0.20 0.10 2005 2006 2007 Figure 20 : Evolution des concentrations en cadmium La baisse des concentrations en plomb (figure 21) dans l’air ambiant se poursuit. Depuis les premières mesures en 1984, le minimum en moyenne annuelle régionale a été obtenu en 2007. Les zones urbaines se distinguent par une moyenne autour de 13 ng/m3. Les mesures en proximité industrielle sont plus élevées et plus variables d’une année à l’autre, étant soumises aux nombres d’heures sous le vent de l’émetteur et à l’activité de ce dernier. Le maximum régional pour 2007 est enregistré sur le site de Wingles. La concentration moyenne en plomb a diminué sur l’intégralité des sites de mesure en 2007. Les résultats sont très nettement inférieurs à l’objectif de qualité et à la valeur limite. 26.5 [Pb] en ng/m 3 25 20.8 20 15.7 15 10 5 2005 2006 2007 Figure 21 : Evolution des concentrations en plomb Estimation objective : méthode d’évaluation permettant de respecter un objectif de qualité minimum (ordre de grandeur des concentrations de polluants en un point donné et sur une aire géographique) sans recourir nécessairement à des méthodes mathématiques complexes. 2 2007 0.4 0.40 0 2006 0.6 0.50 30 2005 0.6 0.60 0.00 5.3 4.8 4.0 0.0 0.70 6.7 7.0 [Ni] en ng/m 3 Les mesures de cadmium (figure 20) sont en baisse pour la troisième année consécutive sur la région. Les moyennes sont très inférieures à la valeur cible et ont été divisées par 10 depuis les premières mesures effectuées sur l’agglomération lilloise. Les maxima sont observés en proximité industrielle, ces valeurs restent malgré tout très inférieures à la valeur cible. Les résultats obtenus pour le nickel (figure 22) se distinguent en Nord – Pas - de - Calais par une valeur particulièrement élevée sur le site de proximité industrielle de Dunkerque, dépassant en 2006 la valeur cible. Les concentrations ont diminué en 2007, mais restent malgré tout très élevées. Ce site fait donc l’objet d’une attention toute particulière et d’un suivi en continu tout au long de l’année. Les valeurs maximales sur ce site sont observées par vent de sud-ouest, vent qui englobe l’intégralité de la zone industrialo-portuaire (raffinerie, sidérurgie). Hormis ce contexte particulier, les valeurs relevées sur les autres sites de mesure sont globalement homogènes, autour de 3 ng/m3, et donc largement inférieures à la valeur cible. 32 - Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 • Arsenic : en F3)(légèrement) • Cadmium : en f • Plomb : en f (fortement) • Nickel : vigilance accrue / évolution des concentrations, concentrations locales élevées en proximité industrielle Tableau 3 : Bilan général synthétique : Tendance des évolutions 3 – Les campagnes d’étude sur les zones « non couvertes » Atmo Nord – Pas-de-Calais dispose de deux unités mobiles équipées pour le prélèvement des métaux. Elles sont utilisées pour : • la réalisation d’études ponctuelles sur des zones « non couvertes » par la mesure fixe (zone rurale, agglomérations inférieures à 100 000 habitants), • la validation de la représentativité des stations fixes de mesure dans le cadre du Plan de Surveillance de la Qualité de l’Air (PSQA) • la recherche de sites pour l’installation de nouvelles stations de mesure. Au total, 80 semaines de mesure des métaux ont été effectuées entre 2005 et 2007 dans le cadre de ces campagnes sur 23 sites de la région. Ces études de quelques semaines ne permettent pas de statuer par rapport aux valeurs limites annuelles, mais elles fournissent des informations qui, en comparaison avec les sites fixes de mesure, permettent de positionner les résultats sur l’année. Ceci peut être assimilé à une estimation objective2 et, en tout état de cause, peut faire émerger des problématiques locales. Figure 23 : Station mobile sur le site d’étude à Merville (Pas-de-Calais) de Valenciennes). D’une manière générale, les campagnes d’étude menées sur l’agglomération de Valenciennes mettent en évidence des teneurs en plomb plus élevées que la moyenne régionale, ces données sont confirmées par les premières mesures en site fixe. Le contexte industriel historique (industrie métallurgique) sur l’agglomération est probablement à l’origine de ces valeurs. Enfin, les données relatives au nickel varient de 1,8 ng/m3 pour le site de Saint-Laurent-Blangy (Agglomération d’Arras) et 22,4 ng/m3 pour un site à Calais. Les sites situés en dehors de la zone littorale de la région ont des teneurs en nickel du même ordre de grandeur que la moyenne régionale. Les teneurs en nickel augmentent en proximité maritime, dépassant parfois la valeur cible. C’est le cas des mesures réalisées dans le cadre de l’étude d’implantation d’une station fixe à Calais. Les campagnes de mesure en zone urbaine sur Calais et Dunkerque mettent régulièrement en évidence des concentrations 2 à 3 fois plus élevées qu’en zone régionale. 4 – La surveillance en proximité d’émetteurs Figure 26 : Station mobile à proximité des UIOM Figure 24 : station mobile pour l’étude à Calais Figure 25 : station mobile pour l’étude à Saint Laurent Blangy Ces études n’ont pas mis en évidence d’anomalies sur les concentrations relevées en arsenic, étant toutes inférieures à la valeur cible fixée à 6 ng/m3. Elles varient selon les sites et les périodes d’échantillonnage entre 0,2 et 1,1 ng/m3 et se situent dans le même ordre de grandeur de la moyenne régionale. Concernant le cadmium, les moyennes sont comprises entre 0,1 et 0,6 ng/m3. Elles sont globalement conformes à la moyenne régionale et très largement inférieures à la valeur cible. Le site de Prouvy (Agglomération de Valenciennes) enregistre le maximum (1,2 ng/m3) lors d’une campagne de mesure de 3 semaines en 2005. Cette valeur reste néanmoins inférieure à la valeur cible. Les résultats des mesures sont plus contrastés pour le plomb : ils varient de 4,4 ng/m3 pour le site de Saint-Laurent-Blangy (Agglomération d’Arras) à 37,5 ng/m3 pour le site de Prouvy (Agglomération Outre les campagnes de mesures en zones urbaines ou rurales, Atmo Nord - Pas de Calais réalise également des études en proximité d’émetteurs de métaux, répondant à la fois aux besoins d ’ i nve s t i g a t i o n s d’Atmo Nord - Pas de Calais et aux besoins de certains adhérents visant à améliorer les connaissances locales. Dans ce cadre, plusieurs types de démarches et d’investigations ont été menées par Atmo Nord - Pas de Calais depuis 2005. Quelques cas ont été sélectionnés ci-après pour illustrer la démarche suivie. Suite à la révision, en 2005, de l’arrêté préfectoral d’autorisation d’exploitation, renforçant la prévention et la limitation des rejets de poussières et de métaux, et de l’évaluation de l’impact sanitaire de ses rejets, V§M Saint Saulve (entreprise Vallourec) a confié à Atmo Nord - Pas de Calais, une étude préalable à la mise en place et à l’exploitation d’un dispositif de surveillance de l’air dans l’environnement de l’aciérie, notamment sur la commune de Bruay-sur-l’Escaut. Les teneurs enregistrées pour les six éléments étudiés (arsenic, cadmium, nickel, plomb, manganèse et zinc) sont caractéristiques des mesures de sites urbains et inférieures à celles de proximité industrielle de la région. Il apparaît donc que le site initial pressenti Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 - 33 n’est pas le plus pertinent pour le suivi des métaux en proximité de l’aciérie V&M Saint Saulve. Le site, situé à l’ouest de l’infrastructure, ne se trouve pas sous les vents dominants et n’est impacté que lors de conditions météorologiques très spécifiques (vents très faibles à nuls). Par ailleurs, les résultats d’analyse ont mis en évidence l’influence d’un autre émetteur, situé sur la commune voisine d’Anzin. Il a donc été nécessaire de réitérer la recherche d’un site d’accueil pour la station fixe : finalement, grâce à ces études, le site d’Escaupont a été retenu. La première phase d’étude avait d’ailleurs montré un impact de l’émetteur sur ce site par vent de Sud – Sud Ouest. D’une manière générale, les concentrations en cadmium et en arsenic des sites d’étude sont conformes aux mesures effectuées sur d’autres sites fixes régionaux. Les valeurs de plomb et de nickel sont, par contre, plus élevées que sur les sites urbains et avoisinent les mesures de proximité industrielle, pour le plomb notamment. Aucune valeur limite n’est dépassée sur les sites d’étude pour les éléments réglementés. Figure 27 : Site de mesure sur le Valenciennois En raison de concentrations en nickel relativement élevées sur le site de mesure de Dunkerque, une étude de trois mois a été réalisée sur plusieurs sites de l’agglomération dunkerquoise afin de déterminer l’origine de ces teneurs (fin 2006 – début 2007). L’exploitation des résultats montre des niveaux homogènes pour l’arsenic. Les concentrations moyennes sont conformes aux mesures réalisées dans la région Nord -Pas de Calais. Les niveaux sont plus variables selon les sites pour le nickel, le cadmium et le plomb. Les concentrations de ces éléments dans l’air ambiant sont influencées par les émissions ponctuelles. La fréquence des vents sous l’émetteur a été faible. Combinés à des durées de prélèvement hebdomadaires, les changements de dominante ne nous ont pas permis de cibler un émetteur, responsable des valeurs particulièrement élevées en nickel sur le site de Dunkerque. Aucun dépassement de la valeur cible n’a été relevé en nickel sur les sites provisoires de mesure durant l’étude. Le site de Dunkerque Port Est est soumis à l’influence d’une source ponctuelle en proximité qu’il ne nous a pas été possible d’identifier lors de cette étude. La liste des études présentées n’est pas exhaustive ; celles-ci permettent néanmoins de refléter la diversité des objectifs et résultats des différentes campagnes de mesures dans la région. Dans le cadre de leurs arrêtés préfectoraux d’autorisation d’exploitation, le SIAVED (propriétaire de l’usine d’incinération d’ordures ménagères de DouchyLes-Mines) et le SMIAA (propriétaire de l’usine d’incinération d’ordures ménagères de Maubeuge) ont confié à Atmo Nord Pas de Calais la surveillance de la qualité de l’air dans l’environnement proche de leurs installations. Depuis 2005, des campagnes d’études et des campagnes de mesures par stations fixes sont menées régulièrement, incluant la mesure des métaux. Les résultats mettent parfois en évidence, que, par vent de Nord – Nord Est, les teneurs en plomb, zinc et manganèse sont nettement plus élevées sur Neuville-sur-Escaut, probablement en lien avec l’activité de la Fonderie Aciérie de Denain. Ce programme sera reconduit tous les ans jusqu’en 2010. En 2006, une étude d’impact a été réalisée à la demande de la société Endesa France, exploitant de la centrale thermique d’Hornaing (Nord). En plus de la partie modélisation, une série de mesures des métaux a été effectuée durant deux périodes de l’année sur 7 sites autour de la centrale. Les niveaux atteints durant la campagne sont restés bien inférieurs aux valeurs réglementaires pour la totalité des sites. Toutefois, les concentrations en arsenic sont plus élevées sur Somain. Les teneurs les plus importantes en nickel ont été observées à Saint-Amand-Les-Eaux. Enfin, les valeurs en cadmium sont légèrement supérieures sur les sites de Somain et de Denain. Atmo Nord - Pas de Calais a également réalisé une campagne de mesure des métaux lourds suite à la sollicitation, en 2007, de la société des Laminés Marchands Européens (Trith-Saint-Léger, Nord). Les directions de vents plaçant les sites d’étude sous le vent de l’usine LME ont été relativement peu fréquentes durant les deux phases d’étude. Malgré une durée d’exposition sous le vent de l’usine plus importante pendant la seconde étude que durant la première, les concentrations sur un des deux sites étudiés sont en nette diminution (environ 50 % en moyenne). Il est probable que cette baisse des concentrations soit en lien avec la diminution des émissions, puisque la seconde période d’étude intégrait une période de fermeture de l’usine. 34 - Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 5 – Les mesures en espaces clos Atmo Nord – Pas de Calais a initié depuis quelques années un programme de mesures de la qualité de l’air en espaces clos recevant du public : les gares, le métro, les espaces d’accueil de la petite enfance, les écoles… La mesure des polluants présents en espaces clos intègre le suivi des métaux puisqu’il existe également des sources émettrices en air intérieur. Suite aux deux premières études en gares de Béthune et d’Arras, Atmo Nord - Pas de Calais a notamment reconduit en 2005 et 2006, en partenariat avec la SNCF, une surveillance de la qualité de l’air dans les gares de Lille Flandres (gare TGV et locomotives diesel) et Lille Europe (gare TGV quasi uniquement), gares de la région particulièrement fréquentées. BIBLIOGRAPHIE Bilan 2007 des mesures de métaux lourds, Atmo Nord – Pas-deCalais ; www.atmo-npdc.fr « Cadastre des émissions de polluants atmosphériques en Nord – Pas-de-Calais » ; www.atmo-npdc.fr Emissions dans l’air en France, substances relatives à la contamination par les métaux lourds, Mise à jour de mai 2008 ; www.citepa.org Etude Saint-Saulve « Bruay sur Escaut 05.07.05 au 13.09.05 – Préleveur séquentiel » ; www.atmo-npdc.fr Figure 28 : Mesures en gare de Lille Flandres L’étude a pris en compte la mesure des métaux, les points de prélèvement étant localisés sur les quais. L’analyse a porté sur les éléments métalliques réglementés ainsi que sur le fer, le cuivre, le chrome et le manganèse. Selon les éléments, les teneurs en polluants métalliques sont plus élevées dans l’air intérieur des gares qu’en air ambiant extérieur (de 2 à 25 %). La gare de Lille Europe présente quant à elle des taux de 4 à 44 % plus élevés que ceux de la gare de Lille Flandres. Une campagne de mesure comparable a également été menée dans le métro lillois, en partenariat avec Transpole (société d’exploitation du métro lillois). Les résultats sont en cours d’exploitation. IV- ÉVOLUTIONS ET PERSPECTIVES DE LA MESURE La mesure des métaux est un volet important de la stratégie de mesure d’Atmo Nord – Pas de Calais. Dans le cadre du suivi réglementaire, les mesures se poursuivent et s’étoffent avec le redéploiement de certains préleveurs sur des zones jusqu’ici peu ou non couvertes (mesures en zone rurale, mesures sur le Valenciennois). La station rurale permettra notamment de recueillir des données en métaux nous précisant les niveaux de fond de la région, en dehors de sources de pollution proches. Des évaluations préliminaires sont menées depuis le début de l’année 2008 en proximité d’émetteurs industriels importants, dans le cadre de l’application de la directive européenne et du guide stratégique national. La mesure des métaux sera ensuite quasi systématique dans les campagnes d’étude menées sur les agglomérations de 10 000 à 50 000 habitants. Ce programme se déroulera sur plusieurs années intégrant des phases intermédiaires pour définir et/ ou réadapter la stratégie de mesures. Etude « Dunkerque 27.11.06 au 04.03.07 – métaux lourds » ; www.atmo-npdc.fr Etude « Etude qualité de l’air autour des UIOM de Douchy-les-Mines et de Maubeuge – Synthèse 2005-2007 » ; www.atmo-npdc.fr Etude Endesa France « Hornaing 29.08.06 au 28.11.06 – station mobile » ; www.atmo-npdc.fr Etude « Gares Lille Flandres et Europe – rapport d’étude 2006 » ; www.atmo-npdc.fr Etude « LME Phase 1 23.04.07 au 03.03.07. – mesure des métaux par préleveurs séquentiels » ; www.atmonpdc.fr Etude « LME Phase 2 24.09.07 au 18.11.07. – mesure des métaux par préleveurs séquentiels » ; www.atmonpdc.fr Industrie au Regard de l’Environnement 2008, DRIRE Nord – Pasde-Calais ; www.nord-pas-de-calais.drire.gouv.fr Inventaire départemental France 2000, Emissions dans l’air, Régions de la métropole, Mise à jour de février 2005, CITEPA ; www.citepa. org Un bilan annuel des résultats de mesures des métaux est réalisé dans le cadre de l’élaboration du bilan annuel de la qualité de l’air. Il est accessible en téléchargement à partir de www.atmo-npdc.fr ou auprès de [email protected] Air Pur N° 75 - Deuxième semestre 2008 - 35