Hommage à Félix Leclerc Hommage à Félix Leclerc

Transcription

Hommage à Félix Leclerc Hommage à Félix Leclerc
Louis Plamondon
DÉPUTÉ DU BLOC QUÉBÉCOIS
DE BAS-RICHELIEU - NICOLET - BÉCANCOUR
www.louisplamondon.com
307, route Marie-Victorin
Sorel-Tracy, Québec
J3R 1K6
Téléphone : 450 742-0479
Télécopieur : 450 742-1976
Courriel : [email protected]
Bureau 206, Édifice de la
Justice
Ottawa, Ontario
K1A 0A6
Téléphone : 613 995-9241
Télécopieur : 613 995-6784
Courriel : [email protected]
Journal mensuel d’éducation patriotique et littéraire
Volume 05, numéro 7 - Avril 2009
Hommage
Hommage
à
à Félix
Félix
Leclerc
Leclerc
Richard Nadeau
Bureau de circonscription :
430 boul. de l’Hôpital, bureau 200-A
Gatineau, Québec
J8T 1T7
Téléphone : 819-561-5555
Télécopieur : 819-561-0005
Courriel : [email protected]
Député de Gatineau
www.richardnadeau.org
Jean-Marie Aussant
Député de Nicolet-Yamaska
Bureau parlementaire :
Chambre des communes
Édifice de l’Ouest, pièce 437
Ottawa, Ontario
K1A 0A6
Téléphone :613-992-4351
Télécopieur : 613-992-1037
Toutes les langues étaient officielles à la Tour
de Babel. De là, la confusion. - Félix Leclerc
On n’a pas le droit d’être
des nains quand nos ancêtres étaient des géants.
Hommage et reconnaissance
à Félix Leclerc,
le poète national du Québec
qui a longtemps vécu
dans le Suroît
et dont l’oeuvre est éternelle
www.aussant.com
819-293-8937
Guy Leclair
Député de Beauharnois
Hôtel du Parlement
1045, rue des Parlementaires
3e étage, Bureau 3.40
Québec (Québec) G1A1A4
Téléphone : 418 644-7844
Télécopieur : 418 646-7810
[email protected]
157, rue Victoria
Bureau 135
Salaberry-de-Valleyfield (QC)
J6T1A5
Téléphone : 450 377-3131
Télécopieur : 450 373-5272
[email protected]
244, rue Ellice
Beauharnois (Québec)
J6N1X1
Téléphone : 450 429-3102
Télécopieur : 450 225-1505
[email protected]
Le jour où j’ai su marcher sans faux pas, je ne suis plus allé nulle part.
Page : 2 - Avril 2009 - LA PRESSE QUÉBÉCOISE
ÉDITORIAL
Félix Leclerc (1914-1988), l'âme d'un peuple
a Presse
Québécois
e a décidé
de rendre hommage à Félix Leclerc
dans ce numéro.
Entreprise difficile dans si peu de
pages tant l’homme dépasse tout
ce que l’on peut
imaginer. Nous espérons qu’après lecture de ces quelques articles, le lecteur en
saura un peu plus sur un homme hors de
l’ordinaire qui a inspiré, non seulement
toute une génération de chansonniers et
de poètes au Québec mais aussi dans le
monde entier. Nous publions aussi dans
ce numéro le témoignage d’un de nos
collaborateurs, Yves Saint-Denis qui a
eu la chance de le connaître et de le fréquenter.
Félix Leclerc était une personne simple qui a écrit et chanté le « P’tit bonheur », la vie, la mort, la peine, les souffrances, la nature et son pays. Animateur
de radio, écrivain, poète, auteur de piè-
L
ces de théâtre, chansonnier, il a su rester
lui-même en ne reniant jamais ses origines. Jean Giono, de l’Académie
Goncourt n’a-t-il pas écrit dans la préface de « Moi mes souliers » : « … Il ne
cherche pas à copier chez ces autres,
l’expression de ce qu’il n’a pas senti. Il
ne veut pas se faire prendre pour plus
fort qu’il n’est. De là, des qualités personnelles qu’on chercherait vainement
chez tels et tels qui se contorsionnent
pour imiter les attitudes des rois du
cirque... » ? Félix ne copie personne. Il
reste lui-même et représente la force
tranquille et rassurante d’un homme qui
connaît ses origines et qui exprime avec
génie la réalité quotidienne de ce que
chacun d’entre nous peut éprouver individuellement dans sa propre vie, avec
émotions. Ses paroles vont au-delà du
sens commun et de la généralité. Elles
décrivent des réalités qu’évoquent certains souvenirs et la condition humaine
dans laquelle elles sont vécues. Ses textes respirent la liberté. Il chante cette
liberté pour lui-même et son peuple.
Comme son père, il a l’âme d’un
pionnier. Pionnier de la chanson, de la
poésie, il a inspiré nombres d’artistes à
se produire. Le témoignage de Jacques
Brel est éloquent à cet égard : « Croyezle ou non, c’est l’audition du premier
long-jeu de Félix Leclerc qui m’a orienté vers la chanson définitivement.
J’avais toujours aimé la chanson mais je
n’avais pas osé m’y lancer… ». Pionnier,
il l’a été aussi pour son peuple dont il
souhaite l’émancipation politique et son
indépendance. Il a écrit le texte :
« l’Alouette en colère » en voyant l’armée canadienne occupée le Québec lors
de la crise d’Octobre de 1970. Il souffre
de voir les siens dominés et exploités. Il
souffre de nous voir « locataires dans
son propre pays.. » et subordonnés aux
décisions politiques d’une autre nation.
Félix Leclerc a incarné la liberté de tout
être humain et les aspirations de tout un
peuple. Il a été et il reste l’âme de notre
peuple.
BENOÎT ROY, Président du
Rassemblement pour un pays souverain
et éditeur de La Presse Québécoise
Service de consultation partout au Québec
et estimation gratuite
Gilles Paquette, maçon
Tél. : (514) 425-5552 / Téléc. : (514) 425-1165
[email protected]
SOMMAIRE
Volume 5, numéro 7, avril 2009
2. Éditorial - BENOÎT ROY
Discographie de Félix Leclerc
3. Les gloires du Suroît - GILLES RHÉAUME
Les Canadiens français minoritaires au Québec
- PAUL-ÉMILE ROY
4. Cercles d’amis de Félix - YVES SAINT-DENIS
Bibliographie de Félix Leclerc
5. La famille de Félix - YVES SAINT-DENIS
Prix, distinctions et monuments - YVES SAINT-DENIS
6. De ma bibliothèque pour vous - GILLES RHÉAUME
7. Chronique de l’Ontarie - YVES SAINT-DENIS
8. Chronologie de la vie de Félix Leclerc
9. Le voyage du général de Gaulle en 1967
- CHANTAL MALLEN-JUNEAU
10. Félix Leclerc, la voix du Québec - PAUL-ÉMILE ROY
L’alouette en colère - FÉLIX LECLERC
11. Un lac à découvrir - ONIL PERRIER
ABONNEMENT
Envoyez votre nom et vos coordonnées postales avec un chèque
fait à l’ordre de : RPS - La Presse Québécoise
20 $ pour l’abonnement annuel
50 $ et plus pour 9 numéros et l’adhésion
au Cercle des Ami(e)s du journal
Somme jointe :
Retournez le tout à :
La Presse Québécoise : C. P. 306, succursale « C », Mtl (Qc) H2L 4K3
NOM :
PRÉNOM :
ADRESSE :
VILLE :
CODE POSTAL :
TÉL. :
COURRIEL :
LA PRESSE
QUÉBECOISE
est un mensuel
et est la propriété de :
RPS
C. P. 306, succursale
« C », Montréal
(Québec) H2L 4K3
ÉDITEUR
Benoît Roy
Quand tout est dit et fait, on a généralement plus dit que fait.
TABLEAU D’HONNEUR DE
DISCOGRAPHIE
(non-exhaustive)
Félix Leclerc et sa guitare, Vol.1 (1958) Épic LF-2001 (v)
Félix Leclerc et sa guitare, vol. 2 (1959) Épic LF-1008 (v)
Félix Leclerc et sa guitare, vol. 3 (1959) –
Phillips B-77.899L (v)
Le roi heureux (1962) – Phillips B-77.389L
(v)
Félix Leclerc vous propose 14 nouvelles
chansons (1964) Phillips B-77.801L (v)
Mes premières chansons (1964) – Phillips
B77.846 (v)
Moi, mes chansons (1966) – Phillips 70.352
(v)
L’alouette en colère (1972) – Phillips
6325.022 (v)
Le tour de l’Ile (1975) – Phillips 6325.242 (v)
Claude Léveillé et Félix Leclerc : Le temps
d’une saison (1976) – Polydor 2675.144 (v)
Mon fils (1978) – Polydor 2424.1887 (v),
3176.187 (cassette)
La légende du petit ours / Le journal d’un
chien (1979) Polydor 2424.196 (v)
Félix Leclerc, Collection « Chanson d’auteur » (compilation 1988) – Phillips 822995-2
(cd)
Félix Leclerc raconte aux enfants (compilation 1989) Amplitude CH-cd-3002
L’ancêtre (spectacle au Théâtre de l’île
d’Orléans en 1976 ; réédition 1989) Amplitude
CH-cd-3008
Le p’tit bonheur (intégrale, 1989), Phillips
838459-2 (coffret 6 cd)
Félix Leclerc : 21 titres, chansons d’auteur
(compilation 1991) Phillips 822.995-2 (cd)
Félix Leclerc, (compilation 1992) Phillips
846-422-2 (cd double)
Heureux qui comme Félix (2000) Amplitude
3001, 3002, 3004 3008 (coffret de 10 cd)
l’Académie des Patriotes
La Presse québécoise a besoin de votre soutien pour croître et rejoindre de plus en plus de lecteurs partout au
Québec. Pour ce faire, nous avons créé L’ACADÉMIE DES PATRIOTES dont le nom des membres ainsi leur
municipalité de résidence seront publiés dans chaque numéro de notre journal mensuel d’éducation populaire.
Il y a trois clubs dans cette amicale :
1- Le CLUB LOUIS-JOSEPH PAPINEAU regroupe les personnes, les organismes et les groupes qui versent,
en un ou plusieurs versements, la somme de 250 $ ;
2- Le CLUB HENRIETTE-CADIEUX, du nom de la veuve de Chevalier de Lorimier, regroupe les personnes ou
les groupes qui versent 101 $
3- Le CLUB LA MINERVE DUVERNAY regroupe toutes les personnes ou groupes qui versent 100 $ et moins.
L’argent ainsi amassé servira à répandre notre journal dans tous les milieux québécois. Un certificat aux
couleurs des Patriotes de 1837 sera transmis à celles et ceux qui souscriront à cette campagne.
Le tableau d’honneur apparaîtra dans LA PRESSE QUÉBÉCOISE à chaque mois.
Pour s’inscrire dans l’un de ces clubs, faites parvenir un chèque à l’ordre de LA PRESSE QUÉBÉCOISE
C. P. 306, succursale « C », Montréal (Québec) H2L 4K3
LE JOURNAL LA PRESSE QUÉBÉCOISE RECHERCHE
Nous sommes à la recherche de :
Représentants publicitaires dans toutes les régions administratives du Québec.
Le représentant publicitaire verra ses efforts
couronnés d’une généreuse commission. Il
devra posséder une voiture. Expérience
dans le domaine de la vente de publicité
souhaitable mais non obligatoire.
Recherchistes bénévoles. La Presse
Québécoise est à la recherche de recher-
IMPRESSION
Payette & Simms inc.
(450) 672-6380
INFOGRAPHIE
Réjean Mc Kinnon
chistes bénévoles afin de préparer des dossiers sur différents sujets qui seront appelés
à être publiés. Qualité requise : la
débrouillardise.
Distributeurs(trices) bénévoles. La
Presse Québécoise recherche des distributeurs(trices) pour porter notre journal dans
chaque boîte à lettres dans un secteur précis ou le déposer dans différents endroits
commerciaux.
CARICATURISTE
Jocelyn Jalette
PHOTOGRAPHE
Donald Landreville
REGISTRAIRE
Claudette Carpentier
Ne criez pas sur tous les toits ce que vous êtes capable de faire : faites-le !
Page : 3 - Avrl 2009 - LA PRESSE QUÉBÉCOISE
LES GLOIRES DU SUROÎT
Sur les traces de Lionel Groulx 1
Note de l’éditeur : à compter de ce numéro,
notre collaborateur Gilles Rhéaume tiendra
une nouvelle chronique intitulée « Les
Gloires du Suroît » vouée à cette région du
pays québécois parmi les plus patriotiques.
« Notre État français, nous l’aurons »
Lionel Groulx (1878-1967)
La Bataille des plaines d’Abraham,
rien à fêter !
Le Suroît est une région du Québec qui
regroupe trois Municipalités régionales de
comté : Vaudreuil-Dorion, BeauharnoisSalaberry et le Haut-Saint-Laurent. Félix
Leclerc, Lionel Groulx, Maxime
Raymond, entre autres, sont des gloires de
cette région. Nous les ferons connaître.
Nous commençons avec Lionel Groulx.
Notre historien national.
Le récent débat suscité par ce fol et malveillant espoir d’Ottawa de commémorer
et de célébrer, le 250e anniversaire, notamment par un bal d’époque costumé, la
Bataille des Plaines d’Abraham de 1759,
fait remonter à la surface des eaux québécoises généralement trop calmes, la figu-
re et la pensée nationale de Lionel Groulx,
cet historien, cet animateur national, cet
éveilleur des consciences qui, en son
temps (1878-1967), a si vivement ébranlé
les colonnes du temple de la soi-disant
confédération canadienne. L’Abbé Groulx
c’est celui qui a initié la démarche historiographique qui a fait que depuis lors, la
« Conquête anglaise » n’est plus considérée comme un bienfait de la Providence,
laquelle libéralité des cieux, nous aurait
sauvés des affres révolutionnaires de 1789.
En d’autres termes, la « conquête » aurait
été rien de moins qu’une chance inouïe
semblable à celle que seuls connaissent les
grands gagnants de la loterie nationale.
Pendant un siècle et demi, en effet, l’occupation militaire puis le Régime anglais
avaient été présentés comme un acte de
Dieu, rien de moins qu’une grâce divine à
considérer comme telle…
C’est lui qui a démontré la véritable
nature et la portée nationale du drame
consommé par le Traité de Paris de 1763,
qui céda l’Empire français d’Amérique du
Nord à l’Angleterre. Depuis Groulx, la
Guerre de Sept ans s’est achevée par une
tragédie pour notre peuple. Cette révolution de type historiographique marque un
tournant majeur dans le regard que les
Canadiens-Français du Québec porteront
désormais sur leur passé collectif et sur ces
années singulièrement troublantes.
Né à Vaudreuil, sur lequel il a écrit dans
ses oeuvres littéraires des pages magnifiques, il fit ses études au Séminaire de
Les Canadiens français
minoritaires au Québec
es Canadiens français sont mis en
minorité même au Québec. Je sais
bien qu’il ne faut pas parler des
Canadiens français, mais des Québécois.
Vous pouvez parler des Canadiens
anglais, des Juifs, des néo-Québécois,
mais pas des Canadiens français, c’est
du racisme, de l’ethnicisme ! On nous a
demandé d’oublier les « souches », on
est à l’ère du nationalisme « civique ».
L’ethnicité n’existe pas, à moins que vous
ne soyez pas Canadien français. Aux
élections, par exemple, les Canadiens
anglais votent à 95 %, 98 % pour le Parti
libéral. Cela ressemble beaucoup à un
vote ethnique, quoi qu’on en dise. Les
néo-Québécois en font autant. On peut
interpréter cela comme un vote anti-canadien-français, ou un vote pro-canadienanglais, un vote canadien, ou canadian.
Les Canadiens français, eux, sont divisés. Certains votent pour le Parti libéral,
d’autres pour le PQ, d’autres pour l’ADQ,
d’autres pour Québec solidaire, et même
d’autres pour le Parti Vert. Si vous examinez la situation d’un peu plus près, cela
veut dire que le Parti libéral gouverne le
L
Québec avec une très faible minorité de
Canadiens français, 25 % peut-être ?
Ce qui est évident, c’est que cet éparpillement des votes favorise les libéraux
fédéralistes. Si nous avions le sens politique, nous comprendrions qu’il faut d’abord faire l’indépendance, et après cela
mettre sur pied des partis de différentes
orientations. D’ailleurs, l’ADQ n’a aucune
chance au Québec. Il n ‘y a pas de place
pour un troisième parti au Québec, encore moins pour un quatrième. La multiplication des partis ne fait que favoriser les
libéraux, c’est-à-dire les fédéralistes,
c’est-à-dire le Canada, en éparpillant les
votes indépendantistes, ou autonomistes
au Québec, en faisant des Canadiens
français du Québec, dans l’ordre du pouvoir, une minorité qui se marginalise de
plus en plus. Un gouvernement libéral au
Québec ne gouverne pas pour le Québec
mais pour le Canada. C’est ce qui
explique le caractère ambigu de la politique québécoise ces dernières années.
PAUL-ÉMILE ROY
Sainte-Thérèse, avant d’entrer au Grand
Séminaire de Montréal. Dès l’âge de 22
ans, alors grand séminariste, il débute dans
l’enseignement à Valleyfield et fonde dans
le collège campivalencien, un cercle de
jeunes, puis un autre mouvement de jeunes
collégiens qui font de lui, l’un des fondateurs de l’ACJC, l’Association catholique
de la jeunesse canadienne-française, association dont seront issus les futurs chefs du
nationalisme canadien-français devenant
québécois et ce, jusqu’après la Deuxième
Guerre mondiale. Après quelques années
comme professeur, il ira étudier trois ans
en Europe à Rome et Fribourg d’où Il
reviendra avec deux doctorats : l’un en
théologie, l’autre en philosophie. Il en
obtiendra finalement un troisième en lettre
celui-là, sans compter les doctorats honoris causa qu’il accumulera au cours de sa
longue et studieuse vie. L’histoire le passionne dès les premières années de son
enseignement alors qu’il constate la pauvreté voire la misère qui caractérisent cette
matière académique. Sa carrière est
contemporaine de la naissance du mouvement nationaliste lancé par le jeune député
de Labelle, Henri Bourassa (1868-1952) et
animé par Armand Lavergne (1884-1935),
Olivar Asselin (1874-1937)et Jules
Fournier (1884-1918), natif de Côteau-dulac et qui fut l’élève de Groulx à
Valleyfield.
En 1915, il inaugure l’enseignement
universitaire de l’histoire à l’Université de
Montréal, il occupera cette chaire jusqu’en
1949, deviendra par la suite professeur
émérite de cette même institution qui l’honorera davantage en lui décernant, après
l’Université Laval qui le fit en 1937, un
doctorat honorifique.
Il fera longtemps
des causeries historiques sur les ondes de
CKAC à Montréal, sous les auspices de la
SSJB-M, dont il sera vice-président jusqu’à ce qu’il cède son fauteuil de
Conseiller général à un jeune fort prometteur, Roger Duhamel, qui deviendra, en
1942, le plus jeune successeur de Jacques
Viger et de Ludger Duvernay, à la présidence de notre première société nationale .
Le professeur formera des générations
entières d’historiens comme les Michel
Brunet (1917-1985), les Guy Frégault
(1918-1977) et les Maurice Séguin (19171984), ces illustres représentants de la
célèbre École historique de Montréal. Ce
courant de pensée a démontré combien et
comment la cession de la Nouvelle-France
à l’Angleterre avait été, au contraire de ce
que l’on enseignait depuis des lustres, une
calamité, un drame national, une catastrophe pour tout un peuple. Ce qu’Alexis
de Tocqueville avait d’ailleurs noté luimême, lors de son séjour au Bas-Canada et
qui lui fit écrire, dans ses notes de voyage,
que c’est au Québec qu’il a compris le
drame épouvantable dans ses conséquences que devait subir un peuple conquis.
Lionel Groulx fut le Maître à penser de
toute une génération, la première depuis
1837 à relever la tête et revendiquer la plénitude de nos droits nationaux. Le professeur s’est fait, au cours de sa longue vie,
bien des ennemis dans les milieux et les
cercles hostiles, fermés aux aspirations
même les plus naturelles du Québec français. Les politiciens des vieux partis ne le
prisaient guère. Encore en 2009, quarante
ans après sa mort, la persécution contre sa
mémoire se continue y compris en répandant sur l’homme et son oeuvre les mensonges les plus contraires à la vérité. Selon
ses détracteurs, ce prêtre historien aurait
été un raciste, un anti-sémite et un anglophobe. Sur les traces de Lionel Groulx se
veut une chronique qui proposera un regard
renouvelé sur l’action intellectuelle du plus
audacieux Patriote que notre nationalité ait
connu depuis Papineau.
GILLES RHÉAUME
Pour annoncer
communiquez avec Benoît Roy par courriel : [email protected]
Notre vie ne s’évalue pas en années, mais en actes.
Évite d’être en mouvement sans ne jamais passer à l’action.
Page : 4 - Avril 2009 - LA PRESSE QUÉBÉCOISE
CERCLES D’AMIS DE FÉLIX
AMIS D’ENFANCE (1920-1934)
- Lucien Filion (âge de Félix), maire de
La Tuque (1961-1985).
- Fidor Comeau, petit Acadien, jamais
revu.
- Lédéenne Hardy, sa petite blonde
(chanson « L’Édéenne »).
- Mare-Ange Pinaud, qui lui laisse
chaque matin une orange, une fleur à la
sacristie du couvent (chanson « Lettre de
mon frère » ?).
- Le curé Eugène Corbeil dont il est le
servant attitré pour la messe quotidienne
au couvent de l’Assomption, école des
filles.
- Yolande, mère de François
Dompierre, joue Iphigénie au couvent de
la rue Rideau à Ottawa, en décembre 1931.
Félix a 17 ans et c’est une flamme éclair.
- La garde Lemieux, avec qui il fait
une première sortie mondaine à TroisRivières.
AMIS et RELATIONS PROFESSIONNELLES (1934-1988)
- Yvan Desève, *mon chef direct, celui
qui m’a appris le métier+ (Bertin, p. 81) à
la radio (Québec, Trois-Rivières et
Montréal).
- Ti-Loup, serveuse du restaurant que
fréquente Félix à Québec, un béguin, premier amour : photo collée dans le fond de
sa guitare.
- Pauline Duval, qui travaille à la station de radio de Trois-Rivières (Brouillard,
p.37).
- Louise Leclerc, sa cousine, fille
d’Alphonse, qui dira :*Il a été mon premier amoureux+ -(Brouillard, p. 37).
- Yves Thériault, d’abord collègue à
CHLN, Trois-Rivières (Bertin, p. 104).
- Mireille Bastien, secrétaire à RadioCanada. Amie d’Andrée Vien selon qui
Félix aurait rencontré Mireille à Ottawa.
C’est elle qui présente Guy Mauffette et
Andrée Vien à Félix.
- Guy Mauffette, sans doute le plus
grand ami de Félix, rencontré en 1941.
Jeune réalisateur à Radio-Canada (rue
Sainte-Catherine, angle Drummond)
depuis 1937. *Fils d’un médecin montréalais, il a débuté comme comédien à dixsept ans [...] Même taille, mêmes cheveux,
même âge, même allure [que Félix...]
grande vedette de la radio durant vingt ans
et plus. De l’avis général, la chanson québécoise n’existerait pas sans lui. Surtout,
il sera le frère de Félix, son jumeau, son
mentor, son amitié profonde, son ennemi
juré, son mal et sa tendresse.
Accessoirement, il sera aussi son beaufrère.+ (Bertin, p. 107, 108).
Plus l’âme a reçu dans le silence, plus elle donne en action.
Doudouche précise qu’ils sont plutôt
*cousins par alliance+. Mauffette présente Félix à Henri Deyglun, Paul Leduc,
Paul Langlais.
Guy Mauffette épousera Louise Vien.
- À la pension Archambault logent les
amis Jacques Auger (mari de Jean
Despréz), Lucien Thériault, Yves
Thériault et Paul Dupuis.
- Henri Deyglun, 2e mari de Janine
Sutto, pruducteur, lui donne des rôles pour
l’aider à vivre à ses débuts à Montréal.
- Émile Legault (v.1906-), père de
Sainte-Croix, de la lignée des Jacques
Copeau, Léon Chancerel et Henri Ghéon,
fondateur des Compagnons de SaintLaurent en septembre 1937 avec les comédiens Jean Gascon, Georges Groulx,
Jean-Louis Roux, Yvette Brind’amour,
Thérèse Cadorette et Félix, comme comparse, puis auteur. (Bertin, p. 140).
- En 1944, Félix et Doudouche habitent
à la Maison des Compagnons, 1275, rue
Saint-Viateur à Outremont, où demeurent
aussi Gérard et Alex Pelletier, Réginald
Boisvert et plusieurs autres artistes et écrivains (Sylvain, p. 34).
- L’abbé Albert Tessier de TroisRivières, présenté à Félix par le chanoine
Rodolphe Mercure (Sylvain, p. 32) à
Saint-Jovite (1942-1943), édite les premières oeuvres de Félix, aux éditions Fides.
- Paul-Aimé Martin (1917-2007?),
père de Sainte-Croix, fondateur et directeur des Éditions Fides de 1937 à 1978.
- André Groleau, père de Sainte-Croix,
directeur littéraire de Félix chez Fides.
- Clément Saint-Germain, père de
Sainte-Croix, directeur littéraire de Félix
après 1951.
- Pierre Dulude (vrai nom: Huet),
copain de Mauffette, pionnier de la radio,
réalisateur à CKVL (Bertin, p. 113), ami
intime de Félix: lui fera enregistrer des 78
tours.
- Louis Morrisset, textes RC, et son
épouse Mia Riddez, amis.
- À Vaudreuil, dans les années ‘50, on
note les couples voisins amis de Félix et
Dedouche, Guy Mauffette et Louise
Vien, Yves Vien et Thérèse Cadorette,
Henri Deyglun et Janine Sutto.
- Il y a aussi les visiteurs français amis :
Lucien Morisse (directeur artistique),
Dalida qui a interprété une chanson de
Félix, Michel Legrand, Jacques Brel,
Raymond Devos, Charles Raynaud,
Daniel Gelin.
- *Il est resté ami avec Jos Pichette,
l’habitant de l’île d’Orléans: -Il m’accompagnait en tournée, je le payais. Il me servait d’homme à tout faire, régisseur,
chauffeur, secrétaire, technicien+ (Bertin,
p. 201).
- Jacques Canetti, impresario (19501965), et son groupe d’artistes : Francis
Blanche, 1951, Fernand Raynaud, 1951,
Raymond Devos, v.1954 Maurice
Biraud, Boris Vian, trompettiste pour
« MacPherson », Robert Lamoureux,
André Claveau, Darry Cowl, Patachou.
- Lucienne Vernay, « pour qui il éprouve une sorte de vénération » (Bertin p.
195), épouse de Canetti, interprète des
BIBLIOGRAPHIE
(partielle)
Adagio (contes) 1943
Allegro (fables) 1944
Andante (poèmes) 1944
Pieds nus dans l’aube (roman) 1946
Dialogues d’hommes et de bêtes
(théâtre) 1949
Les chansons de Félix Leclerc, le
Canadien (chansons) 1950
Théâtre du village (théâtre) 1951
Le hamac dans les voiles (contes)
1951
Moi, mes souliers…Journal d’un lièvre à deux pattes (roman) 1955
Le fou de l’île (roman) 1958
12 chansons de Félix Leclerc (chansons) 1958
Le p’tit bonheur (théâtre) 1959
Sonnez les matines (comédie théâtrale) 1959
Le calepin d’un flâneur (maximes)
1961
L’auberge des morts subites (comédie théâtrale) 1964
Chanson pour tes yeux (poésie) 1968
Carcajou ou Le diable des bois
(roman) 1976
L’ancêtre (poésie) 1974
Bonjour de l’île (poésie) 1975
Qui est le père ? (théâtre) 1977
Un matin (poésie) 1977
Le petit livre de Félix ou Nouveau
Calepin d’un même flâneur (maximes)
1978
L’avare et le violon magique (contes)
1980
Rêves à vendre ou Troisième Calepin
d’un même flâneur (maximes) 1984
Dernier calepin (maximes) 1988
rôles féminins dans les chansons de Félix
- Monique Miville-Deschênes, fille
d’un notaire de Saint-Jean-Port-Joli. Félix
la rencontre en 1956. Elle a 17 ans. Elle
sera sa 2e interprète féminine.
- Félix maintient des liens avec plusieurs chansonniers à qui il a montré la
voie, dont Jacques Brel, Georges
Brassens.
Des liens aussi avec les immortels
Compagnons de la chanson, en particulier
les frères Mella, dont le célèbre soliste
Fred Mella et son épouse Susanne Avon.
- Louis Nucéra, écrivain et son attaché
de presse chez Philips.
- Jean Dufour, agent européen (déc.
1966 -1972).
- Pierre Jobin (1943-), secrétaire et
agent de Félix au Canada (1972-1988)
- Jean Lapointe.
- Yolande et Jean-Paul Filion.
- Yves Massicotte.
- Madame Humphries de Toronto : traductions.
Loin d’être exhaustive, cette nomenclature d’amis et de relations professionnelles
ne constitue qu’un aperçu et se fait particulièrement discrète après 1965, alors que
surviendra la césure dans la vie de Félix et
qu’il quittera Vaudreuil pour aller bâtir
maison à l’Ïle d’Orléans.
Recherches et texte : YVES SAINT-DENIS
Curieuse drogue que l’adversité qui paralyse les uns et stimule les autres.
Page : 5 - Avrl 2009 - LA PRESSE QUÉBÉCOISE
LA FAMILLE DE FÉLIX
Nérée Leclerc, grand-père paternel
Homme fort, illettré, cuisinier de chantiers.
*… un conteur célèbre, Nérée Leclerc,
une espèce de Merlin aux formes athlétiques.+ (Andrée Vien, Félix Leclerc de J.P. S., p. 28). C’est Tit-Jean le Barbu raconté par sa bru Fabiola aux enfants Leclerc.
Richard Leclerc, grand-oncle paternel
Bûcheron et draveur qui ne craint pas
les pires embâcles [grand manieur de
doloir, de tourne-bille, de godendard et de
gaffe]. Vieux garçon qui a habité pendant
plus de 20 ans avec la famille de Léo à La
Tuque. Conteur.
Eugène Parrot, grand-père maternel
(? - 1911) Jurassien français du département de Doubs en Franche-Comté, à
proximité de la Suisse, horloger huguenot
venu de Besançon, marchand général à
Sainte-Emmélie-de-Lotbinière.
Nathalie Langlois, grand-mère
maternelle
*Ancienne institutrice, coquette, parfumée+ (Bertin) ; *une femme racée et digne
[...] élégante+ (Brouillard)
Léo(nidas) Leclerc, père
(v.1876 - 1-10-1965) Colosse de 125
kilos, géant aux mains énormes, roi des
forêts. Aventurier et bâtisseur - voyage
dans l’Ouest au début du siècle
-1903-05 ? boulanger à Belliford
(Maine) où naît Marthe, faillite (Bertin);
*en 1904, le couple achète une fromagerie
à Biddeford [...] Deux ans plus tard, Léo,
qui a la bougeotte et le goût du risque,
vend à profit son entreprise.+ (Brouillard)
- 1905-printemps – fondateur de La
Tuque.
Le pionnier bâtit maison à 3 étages au
168, rue Tessier. Marchand général et
maquignon, gros marchand de bois, de
foin, d’animaux.
Une dizaine d’employés qu’il loge chez
lui
*Il avait beaucoup d’entregent, il vendait n’importe quoi, il savait tout, il
connaissait tout le monde, il circulait sans
cesse, il était aimé de tous...+ (Lucien
Filion -Bertin, p.38-39).
-1928: Rouyn - Léo part avec Camille
Rivard, Frank Spain et son fils John. Léo
et John *louent une première maison « ben
minable » rue Perrault et bâtissent un commerce sur la rue principale+ (Bertin, p.
45). Puis Léo achète une maison, plus
belle, et la famille le rejoindra à l’automne
ou, selon Brouillard, au printemps 1929 (p.
32); ils séjourneront aussi à Noranda
(1929?) et Val-d’Or (1930?) (p. 30)
-1931: Trois-Rivières, rue Sainte-Julie épicier, rue Saint-Maurice. De plus, *Il
donne un coup de main comme homme de
peine+ (Bertin, p. 62) à son vieil ami hôtelier, Jos Lamarche .
-1932: Sainte-Marthe-du-Cap-de-laMadeleine, cultivateur. La terre est au
nom de John. En janvier 1933, Léo achète bétail et machinerie d’un cultivateur en
faillite. Mais il n’a plus un sou et Félix ne
pourra poursuivre ses études en septembre.
Greg a gardé l’épicerie mais ne pourra
réussir à cause de la concurrence.
Fabiola Parrot, mère
(18??-mars 1946) Musicienne, *sainte
femme+, conteuse d’histoires à ses
enfants, dont celle de Ti-Jean le Barbu
Elle avait eu un prétendant, Napoléon
Francoeur, *intellectuel empesé+ qui sera
député.
Alphonse Leclerc, oncle et parrain
Représentant de commerce, il conduit
Félix à Québec, vers la radio.
Aurèle Leclerc, notaire, et Oscar,
autres frères de Léo.
Frères et sours :
1 - Marthe (1904-1928?), musicienne,
maladive, meurt d’une angine de poitrine à
peine mariée à Normand Tremblay.
2 - Clémence (1906), épouse un chimiste à Rouyn et y demeure.
3 - Jean-Marie (1908) appelé John,
cours d’agriculture chez les trappistes
d’Oka, cultivateur à Sainte-Marthe, il
Rien n’est plus agaçant que de discuter avec quelqu’un qui sait de quoi il parle.
Quelques prix, distinctions et monuments
1950, 1958, 1973 Grand Prix du Disque de
l’Académie Charles-Cros.
Triple récipiendaire : 1950 (12 chansons), 1958 (pour le
microsillon « la Drave ») et 1973
20-12-1968 Officier de l’Ordre du Canada.
Félix ne recevra sa médaille que le 27 mars 1971.
1975 Prix Calixa-Lavallée [et médaille « Bene
merenti de patria »] de la Société Saint-Jean-Baptiste de
Montréal.
1977 Prix Denise-Pelletier pour l’ensemble de son
oeuvre, premier lauréat du prix créé par le gouvernement
du Québec comme la plus haute distinction dans le domaine des arts.
1978 Journée Félix-Leclerc créée par le Mouvement
national des Québécois. Acceptée par le Québec en 1980.
1979 Les Félix de ADISQ.
Félix permet à
l’Association du disque et de l’industrie du spectacle au
Québec de surnommer ses trophées « FÉLIX ».
Il reçoit le premier trophée « TÉMOIGNAGE ».
04-04-1983 Le Printemps de Bourges fête Félix. Spectacle en son honneur.
26-06-1985 Ordre national du Québec.
10-03-1986 Chevalier de la Légion d’honneur. Remise des insignes au Consulat
de France à Québec.
1989 Monument Bronze sur roche à l’entrée de l’Île d’Orléans, au bureau touristique. Oeuvre de Raoul Humper.
1989 Bronze Sculpture géante [5 mètres ?] de pied en cap au parc Lafontaine à
Montréal. Oeuvre de Roger Langevin d’Abitibi.
Documentation partielle recueillie
par YVES SAINT-DENIS
mourra nonagénaire. Propriétaire de la
ferme familiale, une belle ferme québécoise agrandie par des achats successifs - 100
vaches - son fils héritier: *un gaillard aux
yeux bleus qui ressemble à l’oncle Félix
[...] les neveux et nièces ont, dans leurs
vingt ans, marché sur les traces du chanteur : des spectacles à la guitare+ (Bertin,
p. 93). Gaétan Leclerc poursuit une carrière d’interprète des chansons de Félix et
fait honneur à son illustre oncle avec une
solide voix.
4 - Grégoire (1910) (1911 selon
Brouillard), un an et demi chez les capucins, *a, pendant un temps, géré l’épicerie
familiale à Trois-Rivières [...] sera fonctionnaire à Québec, au ministère de la
Colonisation (Brouillard) ou de la Santé
(Sylvain?). Il rêvait d’être chanteur d’opéra.+ (Bertin, p.82).
5 - Gertrude (1912), mariée à néoQuébécois d’origine yougoslave à Rouyn
où elle restera. Elle a pris la relève de
Marthe au piano à Trois-Rivières
(Brouillard, p. 33).
6 - FÉLIX (2 août 1914).
7 - Cécile et 8 - Thérèse,
toutes deux *institutrices sans diplômes
et sans expérience+ à Red Mill, près de
Trois-Rivières (Bertin, p. 52).
9 - Gérard, retraité en Californie.
10- Brigitte.
11- Sylvette (1924), étudie la médecine
à Paris avec son mari qui sera médecin.
Andrée Vien, 1ère épouse, (mai 19162008 ?) Félix la surnomme « Dedouche »
ou « Doudouche ». Blonde, jolie, bourgeoise rangée (Bertin, p. 203)
1-07-1942) Mariage béni par le Père
Émile Legault, à la cathédrale SaintJacques de Montréal, courte réception à
l’Hôtel Windsor. Voyage de noces : tour
du Saguenay en bateau puis séjour à la
ferme *de mon beau-frère, à Bedford, dans
l’Estrie.+ (Sylvain, p. 31).
- séparation (1966). divorce (1968).
- père : capitaine Louis Vien de Lévis,
mort à la guerre de 1914
- mère morte *depuis belle lurette+
- adoptée par son oncle Thomas Vien,
politicien, qui lui procure, en 1938, un
emploi de secrétaire à la publicité au secteur français de Radio-Canada où elle travaille avec son amie Mireille Bastien, qui
loge avec elle à *la pension Archambault,
rue Drummond, à deux pas de la station,
au-dessus d’un restaurant chinois+ (Bertin,
p. 111) oû dînent les jeunes gens de la
radio tous les midis.
Thomas Vien, politicien libéral, ancien
député fédéral de Lotbinière, député
d’Outremont, vice-président de la chambre des communes, sera nommé sénateur en
1942 et présidera le sénat de 1943 à 1945.
Yves Vien, ancien aide-de-camp du
général Georges Vanier, frère d’Andrée
Vien, époux de la comédienne Thérèse
Cadorette.
Louise Vien, cousine d’Andrée, fille de
Thomas Vien, épouse de Guy Mauffette.
Martin (juillet 1945 -), fils, photographe
Gaëtane Morin (1939?- ), 2e épouse,
Mariage en 1968 à l’église anglicane de
Sorel.
Nathalie (1969), fille, se consacre à
l’ouvre de son père.
Francis 1972?), fils, cinéaste.
Chien Kimo et chèvre Barbichette à
Vaudreuil.
YVES SAINT-DENIS
Écriteau de bureau : « Si vous n’avez rien à faire, prière de ne pas le faire ici ».
Page : 6 - Avril 2009 - LA PRESSE QUÉBÉCOISE
DE MA BIBLIOTHÈQUE POUR VOUS
par Gilles Rhéaume
es
auteurs,
les
Wilhelmy, Mylène
et Jean-Pierre, la fille et
le père, elle, étudiante en
médecine, lui, auteur
aguerri de plusieurs
ouvrages
remarqués,
dont son incontournable
Les Mercenaires allemand au Québec, ont conjugué leur talent
dans une œuvre, Sarah. À l’ombre des
hommes, chez les Éditions Libre
Expression. Livre grand format, ce roman
raconte une histoire qui se déroule à
Montréal à la fin du 19e siècle. Sarah veut
devenir médecin afin de combattre les épidémies comme celle qui frappe la métropole en 1885. Ce qui frappe dans cet
ouvrage singulièrement bien écrit, c’est le
rythme, l’harmonie, un don aiguisé de l’intrigue ainsi que la qualité exceptionnelle
qui caractérise la reconstruction de l’époque avec son esprit, ses rêves et ses
épreuves. Rien de mieux pour ces fameuses lectures printanières, que ce roman historique qui divertit et qui instruit.
obert Lévesque,
qui a guillotiné,
dans ses écrits critiques, plus d’oeuvres
que la France ne le fit
avec ses citoyens sous
La Terreur et qui a déjà
publié une dizaine de
livres, vient de rééditer
chez VLB, tout en
ayant pris soin de jeter aux orties ce que
l’on désigne dans la préface, signée par
l’historien patenté de la SRC, André
Champagne, qui parfois lui aussi devrait
L
R
faire de même, « le jargon marxisant de
l’époque », deux textes remontant à 1979,
l’un consacré au Curé Antoine Labellle,
l’autre à Camillien Houde. Les amants de
l’histoire du Québec apprécieront cet
ouvrage.
iane Gabaldon est
parmi les auteurs
les plus lus de notre
époque.
Avec Une
affaire privée. Lord
John Tome 1, c’est
dans l’Angleterre du
XVIIIe siècle que cet
écrivain
aux
20 millions de lecteurs
nous entraîne à la suite du Lord John Grey
lequel est en plus officier supérieur de l’armée de Sa Majesté. Quiconque veut comprendre l’histoire du Québec se doit de
bien fréquenter celle de l’Angleterre sans
la connaissance de laquelle, bien des versants de notre passé demeureraient inintelligibles.
vec une main d’écriture rien de moins
que géniale et un sens aigu de l’intrigue et des rebondissements, Diane
Gabaldon, par le biais des éditions Libre
Expression, lève le voile sur la vie politique, sociale, militaire, amoureuse et
morale de toute une époque, de tout un
peuple. C’est en 1757 que débute ce qui
deviendra certainement une des sagas
parmi les plus importantes de ce début de
millénaire. C’est l’époque de la Bataille
des Plaines d’Abraham… Cet ouvrage en
dit beaucoup sur l’époque et l’esprit qui
animaient le pays de Wolfe, de Murray et
de tous ces officiers anglais qui ont dévasté la Nouvelle-France pourtant plus que
D
A
séculaire dans
Amérique.
son
installation
en
es Éditions Pocket
sont le paradis du
voyageur, l’oasis des
salles d’attente, le salut
dans l’imprévu. Ce
n’est pas le chien qui
est le meilleur ami des
humains mais bien ces
ouvrages si pratiques et
si attrayants. Des livres
qui se faufilent partout !
Et leur facture est des plus agréables. Avec
ce Jean Teulé, son sixième chez Pocket, lui
qui a d’abord publié tous ses romans chez
Julliard, c’est un voyage au temps du Roi
Soleil qui attend le lecteur. Le Montespan,
c’est le marquis du même nom, celui-là
même, dont l’épouse qu’il adore, la fameuse Madame de Montespan, aura été choisie
par Louis XIV comme maîtresse.
Souvent, les nobles qui vivaient « cet honneur » se régalaient dans les prébendes en
tous genres que générait un semblable état
de faits… Montespan, au contraire, installa de gigantesques cornes surplombant
son carosse et ses armoiries de leur troublante révélation. Un livre passionnant et
porteur d’évasion salutaire.
et ouvrage est
déjà un classique ! Marc Geet
Éthier est un croisé,
un apôtre, un visionnaire, l’un des
esprits les plus lucides de son temps.
Comme pas un, il a
réfléchi sur l’empoi-
L
C
sonnement chimique dont la terre et ses
habitants sont les victimes. Zéro Toxique.
Pourquoi la médecine environnementale,
c’est un livre pratique qui plaide en faveur
du grand ménage que commande notre
survie. Un livre indispensable, un livre qui
interpelle et dénonce, un ouvrage essentiel.
a prestigieuse collection
Grandes
biographies
de
Flammarion constitue
la plus riche galerie de
l’Histoire. Les plus
grandes figures de tous
les temps sont ainsi
accessibles aux esprits
curieux qui ne se satisfont pas des monographies si substantielles soient-elles mais qui leur préfèrent les
œuvres de longue haleine qui se situent à
des années-lumière des résumés et des
synthèses pour gens pressés. Ce SaintJohn Perse de Renaud Meltz se démarque
par l’ampleur du défi qui attendait l’auteur.
Comment concilier le grand écrivain et le
diplomate. Saint-John Perse vs Alexis
Leger. Né en Guadeloupe en 1887, mort
en 1975, dans le Var, celui qui recevra le
Nobel de littérature en 1960 a mené deux
vies parallèles dans chacune desquelles il
aura laissé une marque indélébile : le
sceau du génie. Cette magistrale biographie, c’est aussi l’histoire d’une des colonnes de la vie littéraire française. Renaud
Meltz s’est superbement acquitté de sa
tâche en concevant un livre aussi indispensable que réussi. Alexis Leger dit SaintJohn Perse, Grandes Biographies
Flammarion, Paris, 2008.
L
À travers son oeuvre, Félix Leclerc a su décrire
le mieux l’âme du peuple québécois
à un niveau où, encore aujourd’hui, il demeure
le poète le plus cher à notre culture !
Noëlla Champagne
DÉPUTÉE
PORTE-PAROLE
DE
CHAMPLAIN
EN MATIÈRE DE FORMATION PROFESSIONNELLE
278, rue Saint-Laurent, G8T 6G7
819 694.4600 — [email protected]
Pour trouver les gens aimables, il est indispensable de l’être.
Ne pas apprendre, c’est ne pas vivre.
Page : 7 - Avrl 2009 - LA PRESSE QUÉBÉCOISE
CHRONIQUE DE L’ONTARIE
Félix Leclerc, un héros de toujours
Drapeau franco-ontarien,
Le lys sur fond vert et le trille sur fond blanc,
deux liliacées, deux plantes de la même famille.
’ai toujours profondément aimé Félix
Leclerc. Je crois bien pouvoir affirmer
sans prétention que je l’ai bien connu.
Je l’ai écouté toute ma vie. J’ai mémorisé
toutes ses chansons. Je les fredonne régulièrement. Je peux réciter de ses poèmes, citer
des extraits de ses écrits. Je l’ai vu de nombreuses fois en spectacle et visité souvent
aussi, pendant près de trente ans. J’ai
conservé précieusement, bien sûr, des
photos de lui et avec lui, comme on le fait
en toute admiration pour son héros, quand
on a une telle chance.
Jeune, chacun de nous a besoin d’un
modèle, de s’identifier à un héros. Comme
beaucoup de petits Canadiens français, mon
héros d’enfance fut l’immortel Maurice
Richard. Il le demeurera toujours. Je porterai
son numéro au hockey et hériterai même de
son surnom en Ontarie. Puis à l’adolescence,
le grand Félix s’est naturellement imposé,
progressivement sans doute, jusqu’à plonger
au cour de toutes les fibres de mon être. Lui
aussi, héros de toujours. Même que notre fils
aîné, à mon épouse Hélène et moi, se prénomme Maurice Richard FÉLIX.
Adolescent, j’avais lu et relu Adagio,
Allegro et Andante. Je n’étais pas d’accord
à ce que Félix laisse de côté cette belle trilogie lorsqu’il révisa l’ensemble de son
ouvre pour une édition finale de collection,
en quatre tomes magnifiques. J’ai encore
relu récemment Pieds nus dans l’aube,
magnifique récit poétique de son enfance
(1947). Plus de vingt ans après son départ,
Félix est encore de quelque façon présent au
quotidien dans ma vie.
Des rencontres stimulantes
J’étais encore tout jeune homme lorsque
J
je poussai un jour une pointe pour la première fois à L’Anse Vaudreuil. Je m’étais
aventuré profondément dans la cour de
Félix. Des poules picoraient autour des
vieux bâtiments. Félix était sorti doucement. Homme de peu de mots, il ne m’avait
rien demandé. Il avait simplement saisi
l’importance de ce moment pour moi et
toute l’admiration que je lui portais.
De même au début de 1962, je terminais
mon cours classique au Petit Séminaire
d’Ottawa. Félix était venu y donner un
concert, sans doute pour un cachet fort
modeste, presque rien du tout, comme il lui
arrivait souvent de faire avec ce genre d’institution. Le professeur–artiste Normand
Pagé nous avait amené le rencontrer après,
cinq d’entre-nous parmi les plus passionnés,
finissants de Philo II. Je chérirai cette heure
inoubliable toute ma vie. L’artiste se montrera toujours avenant avec les FrancoOntariens, comme on allait bientôt commencer à s’appeler. Il n’oubliera pas ses
années d’études à Ottawa.
Ces heureux moments se sont additionnés. Une fois, après son tour de chant au
Patriote à Jean-Lou à Saint-Pierre-deWakefield, j’avais eu droit à une bonne
conversation et des photos. Peu entreprenant
lui-même, Félix se montrait tout de même
fort attentif et très coopératif. À Gatineau en
1966, à la fin d’une longue prestation, gonflée de nombreux rappels, alors qu’Hélène
était enceinte de notre fils aîné et qu’on lui
demandait gentiment la permission de l’appeler Félix, il avait eu cette exclamation : «
Ah ! Pauvre p’tit gars ! »
Un enseignement enthousiaste
Mais c’est à compter de 1970 que j’allais
La meilleure façon d’apprivoiser un tigre, c’est d’être poli avec lui.
intensifier mon bourdonnement autour de
Félix Leclerc. Il construisait maison à l’Île
d’Orléans et moi de même non loin de mon
village natal de Chute-à-Blondeau. Après
six ans d’enseignement dans les collèges
classiques du Québec qui disparaissaient, je
revenais chez moi en Ontarie, à titre du chef
de la section de français d’une grosse école
secondaire. Là j’ai eu beau jeu et tout le
budget pour commander des livres et des
disques de Félix. J’avais une belle équipe
qui ne demandait pas mieux que d’enseigner l’oeuvre de notre barde national. Chez
les élèves, les dissertations et les présentations de vedettes préférées, où Félix était à
l’honneur, se sont multipliées. Mais ce qui
m’a le plus contenté le cour, c’est le pèlerinage annuel de mai de mes étudiants de 13e
année au pays des auteurs étudiés (FélixAntoine Savard, Gabrielle Roy, Yves
Thériault, Marcel Dubé) et, bien sûr, à l’Île
d’Orléans.
Jaloux de sa retraite dans son Île, Félix
n’aimait guère les visites
de groupes. Nous le
comprenions et nous
n’avons jamais abusé de
son temps. Il ne nous a
jamais non plus invité à
entrer. Peut-être notre
gros autobus jaune a-t-il
été le seul à s’arrêter
chez lui. Une année, je
ne m’étais pas annoncé.
Je suis descendu seul et
j’ai demandé à Félix de
venir dire bonjour à tous
ces jeunes de 18 ans, si
enthousiastes. Il est
monté dans l’autobus, a
salué de sa grande main,
dit de sa chaude voix
grave un beau « Bonjour », est descendu et
repartit de son pas
majestueux. Je m’explique encore mal que
mes étudiants aient été
heureux. Ils l’avaient
vu, l’avaient entendu. Ils
avaient été sidérés.
Simplement à me le
remémorer, j’en ai encore le frisson. Nous
connaîtrons deux autres
années successives sans
rendez-vous.
Félix était de 27 ans
mon aîné, mais j’en étais
venu naturellement à le
tutoyer puisque, dans ma
tête, il faisait partie de
mon quotidien. Ce n’était pas son cas et il me
vouvoyait. En 1980,
nous ne l’avions pas rencontré. Était-il absent, je
ne sais plus ? J’ai
conservé ma lettre d’avril 1981 dans laquelle
je lui rappelle, vers la fin
: « je t’ai écrit… je n’ai
probablement pas su
trouver les mots. Je sais
ta soif de solitude, mais
ne veux pas me la rappe-
ler. Te voir !... quelques minutes… » Félix
m’avait tourné une admirable réponse.
« Cher Yves Saint-Denis,
Vous savez très bien trouver les mots
qu’il faut, mais je ne me sens pas assez bien
pour rencontrer les étudiants de
Plantagenet, et je m’en excuse.
D’ailleurs, le “ tour de l’île ” se fait sans
cela et même mieux.
L’île a 300 ans de France dans le corps.
Elle en sait plus que moi, elle est aussi plus
bavarde, elle adore les rencontres sur ses
champs qui ne sont pas de batailles.
Bienvenue et bon mois de mai !
Félix Leclerc »
Félix Leclerc, surnommé le Canadien en
1950, deviendra Félix Leclerc le Québécois
vingt ans plus tard. Il a cru au pays français
en devenir. Précurseur en chanson.
Précurseur de pays. Les héros ne meurent
pas, ils sont immortels.
YVES SAINT-DENIS
Luc Desnoyers
DÉPUTÉ
DE
RIVIÈRE-DES-MILLE-ÎLES
172, rue Saint-Louis
Saint-Eustache, Québec
J7R 1Y3
Téléphone : 450 473-4864
Télécopieur : 450 473-9043
Courriel : [email protected]
Bureau 430, Édifice de l’Ouest
- Chambre des communes
Ottawa, Ontario K1A 0A6
Téléphone : 613 992-7330
Télécopieur : 613 992-2602
Courriel : [email protected]
Un enfant doit se sentir approuvé pour apprendre à avoir confiance en lui.
Page : 8 - Avril 2009 - LA PRESSE QUÉBÉCOISE
CHRONOLOGIE DE FÉLIX LECLERC
Tirée du livre de Marguerite Paulin, Félix Leclerc, Filou, le troubadour, aux éditions XYZ, 1998
1914 Naissance de Félix Leclerc à La
Tuque, le 2 août. Fils de Fabiola Parrot et
de Léonidas (Léo) Leclerc (mariés en
1904), il est le 6e de 11 enfants. Léo
Leclerc est un homme prospère qui fait le
commerce des chevaux, du foin, des grains
et du charbon, tient un hôtel et s’occupe de
déménagement et de transport.
1920 Félix Leclerc commence son
cours primaire, au collège Saint-Zéphyrin
des frères maristes, à La Tuque. Élève
moyen, il brille dans le théâtre scolaire et
chante avec la chorale des petits.
1928 Félix entreprend ses études secondaires au séminaire des oblats de MarieImmaculée à Ottawa. Sa mère souhaite
qu’un de ses enfants entre en religion
mais, comme ses frères et soeurs, Félix y
renoncera.
1929 Déménagement de la famille
Leclerc à Rouyn, en Abitibi, où Léo fonde
une compagnie et tient un important commerce d’épicerie.
1931 La famille Leclerc déménage à
Trois-Rivières puis dans une ferme à
Sainte-Marthe, près du Cap-de-laMadeleine. Félix étudie en 1ère et 2e années
collégiales à l’Université d’Ottawa.
1933 Trop pauvre pour continuer ses
études, Félix retourne dans sa famille. Il
réalise qu’il n’a pas la vocation agricole ;
c’est l’écriture qui l’attire.
1934 Félix devient annonceur et animateur à la station de radio CHRC de
Québec. Il prend des cours de guitare et il
écrit ses premiers textes et sa première
chanson, Notre sentier.
1938 Félix devient annonceur au poste
CHLN de Trois-Rivières. Il fait également
ses premières expériences d’auteur radiophonique.
1939 À Montréal, Félix rencontre le
comédien et réalisateur Guy Mauffette qui
l’aide à entrer à Radio-Canada. Il devient
comédien et joue plusieurs rôles dans les
radioromans populaires. Il comme également à écrire des sketches pour des feuilletons radiophoniques, tels La grand nuit et
Le rival.
1941 Félix présente la série mensuelle
Je me souviens à Radio-Canada avec au
générique les noms de ses amis : Janine
Sutto, François Rozet, Miville Couture,
Robert Gadouas, etc. Il se joint aux
Compagnons de Saint-Laurent, la troupe
de théâtre fondée par le père Émile Legault
en 1937. La troupe fait une tournée en
Nouvelle-Angleterre.
1942 Félix réalise des émissions spéciales à Radio-Canada, par exemple une
émission consacrée au centenaire de la
naissance de sir Wilfrid Laurier, ancien
premier ministre du Canada. Le 1er juillet,
il épouse Andrée Vien, rencontrée à RadioCanada où elle travaille au service de la
publicité depuis 1938. Félix est exempté
de son service militaire à cause d’un souffle au coeur.
1943 Repos forcé de Félix afin de recevoir un traitement contre la tuberculose
pulmonaire au sanatorium de SainteAgathe. Publication chez Fides de son premier livre, Adagio, dont le tirage de 4000
exemplaires s’envole en moins d’un mois.
Souvenons-nous
avec respect
et gratitude
du grand Félix
Leclerc
Qui laisse la parole à l’argent ne peut plus s’exprimer autrement.
1944 Publication d’Allegro et
d’Andante, qui connaissent le même succès qu’Adagio.
1945 Mort de Fabiola Leclerc.
Naissance de Martin, premier fils de Félix,
le 13 juillet. La famille déménage au
domaine des Compagnons dans les
Chenaux, à Vaudreuil. Félix écrit La gigue,
Bozo, Demain si la mer et une nouvelle
série d’émissions à la radio, L’encan des
rêves.
1946 La famille Leclerc déménage à
l’anse de Vaudreuil ; c’est là que Félix
écrit Le train du Nord, Francis, Moi, mes
souliers, Le p’tit bonheur et L’hymne au
printemps. Il séjourne à l’ile d’Orléans et y
écrit une première version du Fou de l’île.
Publication de Pieds nus dans l’aube.
Radio-Canada présente 12 émissions sous
le titre Théâtre dans ma guitare.
1947 Les Compagnons de SaintLaurent créent la seule pièce canadienne
qu’ils aient montée, Maluron, de Félix
Leclerc, au Gesù, à Montréal, et à l’École
technique, à Ottawa.
1948 Fondation de la compagnie VLM
(Vien-Leclerc-Mauffette) qui présente Le
p’tit bonheur à Vaudreuil et à Rigaud. La
pièce sera reprise au Québec, en France et
en suisse. VLM présente aussi La p’tite
misère et La caverne des splendeurs, premier prix du Concours dramatique des
Amis de l’art.
1949 Publication de Dialogues d’hommes et de bêtes. Félix apparaît comme le
premier fabuliste du Québec.
1950 Grâce à Jacques Normand et à
Jean Rafa, Félix rencontre l’impresario
français Jacques Canetti, qui sera son
gérant jusqu’en 1966. En décembre, il fait
ses débuts à l’ABC à Paris.
1951 Félix présente son tour de chant
aux Trois Beaudets, à Paris. Il obtient le
Grand Prix du disque de l’Académie
Charles-Cros pour son premier album. Son
premier livre de chansons est publié par les
Éditions Raoul Breton. Andrée et Martin
viennent s’installer à Paris avec Félix, en
février. Court séjour triomphal au Québec,
en avril.
1952 Félix fait sa première tournée en
France et dans plusieurs pays d’Europe et
d’Afrique du Nord. L’Office nationale du
film réalise un reportage sur Félix à Paris.
1953 Grande tournée au Québec.
Maluron est présenté à la télévision de
Radio-Canada.
1954 Séjour d’écriture à Vaudreuil.
1955 Publication à Paris de Moi, mes
souliers aux Éditions Amiot-Dumont.
Soixante-dix représentations du P’tit bonheur sont données en Suisse, par la compagnie du Faux-Nez.
1956 Félix achète une maison et des
bâtiments de ferme à l’anse de Vaudreuil.
Il écrit une première série télévisée, Nérée
Tousignant, pour Radio-Canada. Création
de Sonnez les matines par le théâtre du
Rideau-Vert à Montréal.
1958 Félix remporte un deuxième
Grand Prix du disque de l’Académie
Charles-Cros pour son deuxième album.
Le fou de l’île, refusé par Fides en 1950,
est publié à Paris chez Denoël.
1960 Tournée de spectacles au Québec.
Lancement d’un quatrième microsillon.
1961 Parution de Calepin d’un flâneur.
1962 Grave accident d’auto de Félix
avec son père et son fils Martin.
1965 Publication d’un Félix Leclerc,
dans la collection « Poètes d’aujourd’hui »
aux Éditions Seghers, à Paris.
Mort de Léo Leclerc. Séparation d’avec
Andrée Vien.
1967 Tournées en Europe organisées
par un nouvel impresario, Jean Dufour.
1968 Naissance de Nathalie Leclerc, à
Paris. Félix refait Bobino, le music-hall de
la rive gauche.
1969 Divorce d’avec Andrée Vien ;
mariage avec Gaétane Morin Les Leclerc
achètent une maison à Saint-Légier, en
suisse.
1970 Félix et sa famille s’installent
définitivement à l’île d’Orléans, à SaintPierre. Félix ne fera désormais qu’une
tournée par an ne dépassant pas un mois.
Devant les événements de la crise
d’Octobre, Félix écrit L’alouette en colère,
qui exprime publiquement pour la première fois ses opinions politiques. Naissance
de Francis Leclerc.
1972 Félix publie un recueil de nouvelles, Carcajou ou Le diable des bois, chez
Robert Laffont, à Paris ; Il embauche
Pierre Jobin comme secrétaire.
1974 Le 13 août, Félix participe à la
Superfrancofête
sur
les
plaines
d’Abraham, à Québec, en compagnie de
Gilles Vigneault et de Robert Charlebois.
Production de l’album J’ai vu le loup, le
renard, le lion à partir de cet événement.
1975 Il reçoit le prix Calixa-Lavallée de
la SSJB de Montréal et la médaille Bene
Merenti de Patria.
1977 Au gala du 25e anniversaire de
Radio-Canada, Félix prend position en
faveur de l’indépendance du Québec. Il est
le premier lauréat du prix Denise-Pelletier,
que lui décerne le gouvernement du
Québec pour l’ensemble de son oeuvre
théâtrale.
1980 Félix reçoit la Médaille d’argent
du MNQ et se prononce en faveur du OUI
au référendum du 20 mai
1983 Création de la fondation FélixLeclerc dans le but de venir en aide aux
jeunes artistes de la relève.
1984 Publication de Rêves à vendre.
1985 Le premier ministre René
Lévesque nomme Félix grand officier de
l’Ordre national du Québec.
1986 Félix est fait chevalier de la
Légion d’honneur par le gouvernement
français.
1988 Félix meurt subitement chez lui, à
l’île d’Orléans, le 8 août.
1990 Inauguration d’une imposante statue en l’honneur de Félix au parc
Lafontaine, à Montréal. Fondation à
Esprit-Saint du Camp littéraire Félix.
Établie par Michèle Vanasse
L’avenir, il faut y penser, sinon on peut ne pas en avoir.
Page : 9 - Avrl 2009 - LA PRESSE QUÉBÉCOISE
LE VOYAGE DU GÉNÉRAL DE GAULLE
De Gaulle annule sa visite à Ottawa... Mercredi 26 juillet 1967
De 1963 à 1969, Pierre-Louis Mallen est délégué de la Radio-Télévision française au Canada.
Le voyage du général de Gaulle, la montée des forces québécoises, leur reconnaissance progressive par la France, ces événements, Mallen les a vécus et en témoigne activement.
Après son « Vive le Québec libre »le Général de Gaulle, très serein, a visité l’Exposition Terre
des Hommes. Vers 18h, Ottawa a communiqué ses réflexions : « certaines déclarations […] sont
inacceptables »
Le Général visite le métro de
Montréal
Légitime orgueil du maire Drapeau, le
métro de Montréal était surtout un exemple de coopération franco-québécoise. Sa
supériorité sur tout ce qui existait dans le
genre en Amérique donnait une importance politique à la véritable provocation que
constituait – on a peine à l’imaginer en
France – le fait d’être allé chercher des
ingénieurs et une technique à Paris.
Comme la R.A.T.P. (régie autonome des
transports parisiens) a, depuis, construit
d’autres métros sur ce continent, le public
français a tendance à réduire la portée de
l’événement en pensant qu’il s’agit d’un
succès parmi plusieurs. En réalité, c’est le
contrat de Montréal, dû à la qualité du dossier et à l’habileté des négociateurs mais
aussi à la volonté personnelle de M. Jean
Drapeau, qui a ouvert l’Amérique à cette
technique française. On dit volontiers à la
R.A.T.P. que « c’est grâce à Montréal
qu’il y a eu Santiago » et on ajoute que
c’est grâce à la réussite des systèmes
installés à Montréal que les ingénieurs ont
obtenu, en France même, qu’on « croie à
l’automatisation ». Si l’exécution du
R.E.R. de Paris a été retardée indirectement par les travaux du métro de Mexico,
il doit beaucoup à l’expérience de
Montréal.
Pour tous ces motifs, dont certains n’étaient alors que potentiels, il convenait de
mettre en lumière par une visite du
Président de la République le métro de
Montréal dont l’inauguration, neuf mois
plus tôt, avait déjà été si largement placée
sous le signe de la France.
La quatrième journée du général de
Gaulle au Québec commença donc sous
terre.
Quand j’arrivai, un peu avant l’heure du
rendez-vous, au Centre de contrôle du
réseau, Jean Jurgensen qui, avec quelques
autres hauts fonctionnaires, était venu de
Paris pour suivre le voyage du Président de
la République, me prit à part et me dit
« Ce ne sera officiellement annoncé que
tout à l’heure, mais c’est décidé : le
Général repart… Oui, il reprend l’avion
cet après-midi pour Paris. Il interrompt le
voyage à la fin du programme prévu au
Québec ; il ne se rendra pas à Ottawa. Ce
n’était plus possible qu’il aille voir
Pearson après la déclaration de celui-ci. »
– Oui, dis-je, reprenant une formule
dont on s’était beaucoup servi, en sens
inverse, depuis trente-six heures : un mot
de trop… »
– Bien sûr !... inacceptable… ! Le
Général n’ira pas chez des gens qui se
permettent de trouver inacceptable ce
qu’il a fait. Le Gouvernement fédéral n’a
plus qu’à annuler toutes les cérémonies
qu’il avait prévues pour ce soir et demain
à Ottawa. »
C’était un événement énorme. « Il n’y a
guère de précédent » avait ajouté le diplomate. Je me précipitai à l’intérieur du
Centre de contrôle, et attrapai le premier
téléphone que je vis et demandai Paris. Il
ne s’agissait pas de diffuser une nouvelle
qui était en somme sous embargo mais
d’alerter la rédaction de la RadioTélévision française sur l’éventualité de
l’événement. Pour une fois, je n’eus pas la
communication sur le champ. Je ne me
souviens de rien dans ce Centre de contrôle du métro sinon de ce téléphone avec
lequel je me battis tout en surveillant le
cortège du Président de la République qui
visitant les installations.
Quand je le vis se diriger vers la sortie,
j’annulai mon appel et suivis le mouvement vers la station Berri-de-Montigny.
Les plus vives bousculades du métro de
Paris à l’heure de pointe ne sont rien à côté
de la ruée du cortège sur la voiture de tête
où montait le général de Gaulle. La police
gardait les portes, filtrait les ayants droit,
repoussait les journalistes vers les autres
voitures de la rame spéciale. Je me tenais
le plus près possible du maire ; on me
reconnaissait ; je fus admis.
Le trajet ne fut pas long et il ne se produisit rien de notable, mais je manquerais
de sincérité si je n’avouais pas que j’étais
sensible au piquant de la situation rare où
un concours de circonstances me plaçait :
se trouver dans la même voiture de métro
que le général de Gaulle…
Au fait, me dis-je, il doit y avoir longtemps qu’il n’a pas utilisé de transport en
commun… Comment en avoir le coeur net
autrement qu’en le lui demandant ?
La visite de la Place des Arts
On descendit de voiture à la station
Place des Arts et, à grands pas, on se lança
dans les couloirs. Il n’y avait plus guère de
protocole. Me trouvant dans le peloton de
tête, je pus facilement me porter à la hauteur du Président de la République qui
marchait à côté de M. Drapeau. Je lui
demandai si ce n’était pas la première fois
qu’il prenait le métro depuis l’avant-guerre.
Avec une hésitation dans la voix, le
Général répondit « Oui, il me semble. »
Puisqu’il n’était pas sûr, j’insistai : « Peutêtre l’avez-vous pris à Londres ? »
Cette fois, le Général fut très net :
« Non, à Londres, jamais ! » Puis, après
une seconde de réflexion, il ajouta : « Mais
je l’ai pris à Moscou. Les Russes m’ont
fait visiter leur métro… Ce n’était pas à
mon dernier voyage, mais en 1944. »
On continua la marche. Un instant plus
tard, le Président de la République se tourna à nouveau vers moi et repris : « Ne
croyez pas que je n’aime pas le métro.
C’est un moyen de communication merveilleux, essentiel pour les grandes
villes ». Avec un sourire, il conclut :
« Mais, vous comprenez, si j’y allais, ça
dérangerait trop les gens !... »
Trop souvent, nous réclamons justice pour notre propre bénéfice.
Photo prise sur la terrasse de l¹hôtel de ville, le 24 juillet 1967. Entre le général de Gaulle et P.L. Mallen,
le maire Drapeau a une figure bien sombre, juste après le « Vive le Québec libre »
Dans la vie d’un grand homme il n’est
pas de petit détail. Motif supplémentaire
pour rapporter cette anecdote : une photo
du général de Gaulle dans le métro de
Montréal fut publiée par un grand hebdomadaire parisien avec pour légende :
« Dernier voyage : 1936. » Ce n’était pas
tout à fait exact. Sans doute les futurs
auteurs de livres de petite histoire aurontils les dossiers du voyage à Moscou pour
rectifier, mais autant leur permettre de dire
que, vingt-trois ans après celui-ci, de
Gaulle n’avait rien oublié.
Je n’accompagnai pas le cortège dans la
visite du magnifique foyer et de la grande
salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts
mais me précipitai dans les locaux administratifs de cet admirable bâtiment, réclamant un téléphone et un endroit tranquille.
On finit par me donner le bureau du
Directeur général, lequel était, naturellement, en train de faire les honneurs de sa
maison.
Ce qu’un ami sincère du Canada …
Cette fois j’obtins Paris (en « charge
renversée » préciserai-je pour rassurer le
trésorier de la Place des Arts s’il lit ce
récit…) et fis mon message à la rédaction
en insistant sur le caractère confidentiel
que devait conserver la nouvelle jusqu’à
ordre contraire. On ne me laissa pas finir :
l’information était déjà parvenue par voie
d’agence et avait été diffusée sur nos
antennes… Mais on me questionnait avidement sur le sens d’une décision qui, de
loin, semblait déroutante. Je répondis,
remettant à plus tard la recherche de celui
qui avait violé l’embargo. « Je fais basculer la ligne sur le magnétophone, me dit
mon interlocuteur. Expliquez cela aux
auditeurs. »
J’improvisai un commentaire dont le
point de départ était : « Le général de
Gaulle juge inacceptable qu’on juge inacceptable ce qu’il a fait », mais qui pour
l’essentiel éclairait le Vive le Québec libre
! par le discours du Frontenac : ce qu’un
ami sincère du Canada peut souhaiter de
mieux aux peuples répandus dans ces
immensités c’est de trouver un équilibre
véritable en fondant leurs rapports sur l’équité.
Soudain la porte s’ouvrit et le Directeur
général de la Place des Arts, accompagné
par les membres du Conseil d’administration, entra dans son bureau. Ils devisaient
bruyamment, heureux sans doute ce que la
cérémonie d’où ils sortaient se soit bien
passée. Ils se figèrent sur le seuil en voyant
le siège directorial occupé par quelqu’un
qui ne s’interrompait même pas de téléphoner, leur imposait silence à grands gestes et commentait d’une voix forte la politique du Président de la République française.
Je m’excusai ensuite et m’expliquai
rapidement, ce qui me fut facilité par la
vieille amitié qui me liait avec M. Gérard
Lamarche, Directeur général de la Place
des Arts. Puis je courus dehors.
Le cortège était reparti pour
l’Université de Montréal. Bien que ne
disposant pas de motards, j’y parvins avant
que la séance commençât. Les équipes
chargées de la couverture radio-télévisuelle étaient en place. Je me glissai dans la
Salle des Actes où les autorités s’apprêtaient avant de faire leur entrée. Je racontai aux gens de l’Élysée que la nouvelle
était déjà rendue en France. Ils furent effarés ; comment l’embargo avait-il sauté ?...
On sut plus tard que la fuite s’était produite à Ottawa.
C’est très tard dans la soirée de mardi
que le général de Gaulle avait pris la décision de contremander son voyage à Ottawa
et de rentrer directement à Paris. Il était
plus de minuit quand le ministre des
Affaires étrangères, M. Couve de
Murville, le notifia à M. Jules Léger,
ambassadeur du Canada en France, qui,
selon l’usage, suivait le voyage du chef de
l’État. Vers 1h 30, M. Léger communiqua
la décision présidentielle à M. Marcel
Cadieux, sous-ministre des Affaires extérieures du Canada. Celui-ci prévint une
proche collaboratrice de M. Lester
Pearson, Mlle Marie Mac Donald. Cette
dernière jugea inutile de réveiller sur le
champ le Premier ministre ; elle ne l’appela qu’à 6 heures du matin. M. Pearson
convoqua pour 9 heures le Conseil privé. Il
résulta de cette réunion un très court communiqué où le Gouvernement canadien
prenait acte de la décision, « facile à comprendre dans les circonstances » et dégageait sa responsabilité. C’est, semble-t-il, à
l’occasion de cette convocation hâtive des
ministres que se produisit la fuite de la
nouvelle.
Extrait no 26 de « Vivre le Québec libre »
Plon, Presses de la Cité, 1978. Extraits
sélectionnés par Chantal Mallen-Juneau.
Pour que le mal triomphe, il suffit que les hommes de bien ne fassent rien.
Page : 10 - Avril 2009 - LA PRESSE QUÉBÉCOISE
FÉLIX LECLERC, LA VOIX DU QUÉBEC
C’est au chansonnier surtout que je pense, même si tous ses livres ont tenté d’exprimer le Québec, la nature
québécoise, notre héritage culturel.
es chansons de Félix Leclerc sont
celles d’un grand poète, d’un troubadour qui rêve, qui écoute ses voix
intérieures, et qui se confie à ses auditeurs
dans l’intimité et le recueillement. Une
voix et une guitare, c’est suffisant. Félix
nous parle dans l’intimité, il nous fait ses
confidences sur le rêve, sur la vie, sur les
gens qu’il a rencontrés ou qu’il a imaginés.
En un sens, il n’est pas moderne, il n’est
pas actuel. Sa chanson n’est pas de l’ordre
du grand spectacle rock où l’on fait beaucoup de bruit, où les hurlements de l’assistance enterrent la voix de l’artiste. La
chanson de Félix est toute intériorité, il
faut l’écouter en silence, rêver avec lui,
éprouver ses sentiments, ses joies et ses
peines.
Et cette voix de Félix, si intime, et si
confidentielle, est celle du poète et en
même temps celle du Québec même. Celle
L
du Québec bien planté en Amérique du
Nord, celle du Québec de la grande nature,
celle du Québec marqué par son histoire,
celle du Québec humilié, dominé par le
conquérant, celle du Québec qui hésite, qui
n’est pas sûr de lui, qui reste insatisfait de
son sort, et qui rêve de liberté. Son Hymne
au printemps, c’est un hymne au Québec,
il chante le réveil du Québec, c’est le souffle de la Révolution tranquille, c’est l’affirmation de l’indépendance.
Dans son beau petit livre Félix Leclerc,
publié chez XYZ, Marguerite Paulin fait
dire à Félix: « En 1970, j’ai vu l’armée qui
occupait le pont de l’île et j’ai bondi d’indignation. Le soir même, j’ai composé
L’Alouette en colère. C’était mon cri dans
les ténèbres de la honte. Réveillez-vous !
Levez-vous ! Des soldats sur mon île violaient mon idéal, être maîtres chez nous. Je
re pensais à LaTuque et à notre bel hôtel
Hommage
à Félix Leclerc
L’ALOUETTE
EN COLÈRE
J’ai un fils enragé
Qui ne croit ni à dieu
Ni à diable, ni à moi
J’ai un fils écrasé
Par les temples
à finances
Où il ne peut entrer
Et par ceux des paroles
D’où il ne peut sortir
J’ai un fils dépouillé
Comme le fût son père
Porteur d’eau, scieur
de bois
Locataire et chômeur
Dans son propre pays
Il ne lui reste plus
Que la belle vue sur
le fleuve
Et sa langue maternelle
Qu’on ne reconnaît pas
J’ai un fils révolté
Un fils humilié
Un fils qui demain
Sera un assassin
Alors moi j’ai eu peur
Et j’ai crié à l’aide
Au secours, quelqu’un
Le gros voisin d’en face
Est accouru armé
Grossier, étranger
Pour abattre mon fils
Une bonne fois pour
toutes
Et lui casser les reins
de la rue Tessier. Je voyais la grande
enseigne : LÉO LECLERC, WOOD DEALER. Se pourrait-il qu’un jour mes enfants
soient étrangers à leur propre culture?
Moi qui avais d’abord habité une langue,
je me révoltais contre l’aliénation qui nous
guettait. Tout de même ! Je n’ai pas porté
les espoirs de mon peuple pour le voir
disparaître ! »
« L’Alouette en colère », il faut écouter
et écouter cette chanson de Félix. Peut-être
nous aidera-t-elle à rester éveillés, à ne pas
nous résigner, à ne pas accepter cette capitulation tranquille qui malheureusement
Et le dos et la tête
Et le bec, et les ailes
Alouette, ah !
Mon fils est en prison
Et moi je sens en moi
Dans le tréfonds de moi
Pour la première fois
Malgré moi, malgré moi
Entre la chair et l’os
S’installer la colère
caractérise assez bien la démission de nos
hommes politiques actuels.
PAUL-ÉMILE ROY
On peut lire dans Le Devoir du 9 août
1988, sous la plume de Robert Lévesque :
« Félix Leclerc est mort, hier matin, à huit
heures et demie, à sa maison de l’Île
d’Orléans. Le poète, qui avait fêté ses
74 ans avec ses amis la semaine dernière,
a été victime d’un arrêt cardiaque. Le
Québec est en deuil de la plus grande figure culturelle de son histoire ».
SOIRÉE-GALA DES PATRIOTES 2009
Paul
Crête
DÉPUTÉ DE
MONTMAGNY–
L’ISLET–
KAMOURASKA–
RIVIÈRE-DU-LOUP
LORS DE LA JOURNÉE NATIONALE DES PATRIOTES
LUNDI LE 18 MAI 2009, À 18 H.
Au Centre des congrès Renaissance, 7550, boulevard Henri-Bourassa Est, à Montréal
Sous la présidence d’honneur
de monsieur Yves Duhaime
Animatrice de la soirée :
Sophie Faucher (Professeur à Star Académie)
Récipiendaire du Prix Louis-Joseph-Papineau 2009 :
monsieur Jacques-Yvan Morin
Récipiendaire du Prix Marie-Victoire-Félix-Dumouchel 2009 :
madame Louise Beaudoin
Récipiendaire du Prix Chevalier-de-Lorimier 2009 :
monsieur Gilles Rhéaume
Récipiendaire du Prix Joseph-Papin-Archambault S.J. 2009 :
Monsieur Fernand Daoust
5, rue Iberville
Rivière-du-Loup (Québec)
G5R 1G5
(418) 868-1280
Le plus grand don que l’on puisse faire à quelqu’un, c’est le bon exemple.
D’autres prix patriotiques seront décernés : Richard Séguin, Onil Perrier
PRIX DU BILLET : 25$ PAR PERSONNE.
PRIX
DU BILLET
: 25$ PAR
PERSONNE.
RÉSERVATIONS
: MADAME
SUZANNE
LAMBERT
AU (514) 722-2441
RÉSERVATIONS : MADAME SUZANNE LAMBERT AU (514) 722-2441
Il n’existe point de bonne façon de mal faire.
Page : 11 - Avrl 2009 - LA PRESSE QUÉBÉCOISE
UN LAC À DÉCOUVRIR
Pour le 400e de CHAMPLAIN
l’été 1609, un an après la fondation de Québec, Samuel de
Champlain remontait le rivière
menant aux Yroquois et que nous appelons
maintenant le Richelieu. Il fut le premier
Européen à voir le lac « grandissime »
auquel, par coquetterie, il donna son nom.
Il fut frappé par les montagnes verdoyantes sur sa gauche et donna à la région le
nom qui lui est resté : le VERMONT. Son
voyage avait pour but de mettre fin aux
incursions
iroquoises
contre
les
Algonquins, les Montagnais et les autres
nations qui voulaient commercer avec les
Français.
Par cette découverte, Champlain intégrait le lac et ses alentours à ce qui allait
devenir la Nouvelle-France. En effet, pendant 150 ans (1609-1759)), les Français
puis les « Canadiens » y construisirent des
forts, s’y établirent et le défendirent contre
les prétentions des Anglais.
Le régiment de Carignan édifia le fort
Sainte-Anne sur l’Îsle Lamotte en 1666.
En 1731, ce fut le fort Saint-Frédéric à la
Pointe-à-la-Chevelure (Crown Point); en
1755, le fort Carillon (auj. Ticondéroga)
plus au sud ; et enfin le fort de l’Îsle-auxNoix en 1758.
On concéda même autour du lac, à partir de 1733, une quinzaine de seigneuries,
comme on avait fait le long du fleuve et le
long du Richelieu. Un territoire fut acquis
À
par Claude-Pierre Pécaudy, seigneur de
Contrecoeur et de Saint-Denis, qui voulait
exploiter une mine d’ardoise près de la
rivière à la Loutre. Voir la carte ci-jointe.
Pendant longtemps, les pionniers n’osèrent pas s’établir sur les rives du lac, à
cause des Iroquois qui demeuraient menaçants, même si leur pays se trouvait à plus
de 100 kilomètres plus loin, entre Orange
(Albany) et le lac Ontario.
L’histoire du lac m’intéresse personnellement puisqu’un de mes ancêtres, JosephJacques Payant, fut le premier à construire
des “batteaux” à Saint-Jean et à naviguer
régulièrement sur le lac à partir de 1740
pour approvisionner les troupes françaises.
Il fit un premier relevé bathymétrique du
lac et il fut le dernier à résister à la flotille
d’Amherst à l’été de 1760 près de l’Îsleaux-Noix .
C’est lui aussi qui conduisit, de SaintFrédéric à Montréal, le fameux svant suédois EHR KALM, qui visita le pays en
1749 à la demande de quelques rois européens. Ce pasteur luthérien fut fort frappé
par la culture qui déjà fleurissait en
Nouvelle-France, en comparaison avec ce
qu’il avait vu en Nouvelle-Angleterre.
Le région sud du lac fut le théâtre de
deux brillantes victoires du marquis de
Montcalm, au début de la Guerre de SeptAns : la prise du fort William Henry en
1757 et la déroute d’une armée de 15 000
VENEZ FAIRE LE TOUR
DU LAC CHAMPLAIN !
Avec l’appui de la Société d’Histoire des Riches-Lieux,
les AMIS DES PATRIOTES fêtent le 400e de CHAMPLAIN
en faisant le TOUR DU LAC
Ce voyage SUR LES TRACES DE CHAMPLAIN ,
de Montcalm et des Patriotes
se fera les 26-27 et 28 juin 2009 pour visiter :
1. les monuments à Champlain autour du lac
2. l’impressionnant Fort Carillon (devenu Ticondéroga)
3. les lieux d’exil des Patriotes (de 1837 à 1845)
Un itinéraire sera fourni, des chambres de motel
seront réservées par les Amis
Transport : les participants voyagent en autos privées
et partagent les dépenses
On peut encore s’inscrire au (450) 787-3229
Noter que le lac Champlain mesure 180 km de long, 19 km dans sa plus grande largeur
et couvre 1130 km carrés; Il compte 80 îles.
hommes, à Carillon, avec seulement 3500
soldats, miliciens et autochtones, le 8
juillet 1758. L’été suivant, le fort Carillon
et le fort Saint-Frédéric durent être abandonés devant l’avance d’ennemis trois fois
plus nombreux.
Après l’abandon de ces deux forts, à
l’été 1759, les troupes anglo-américaines
prirent possession du lac et fixèrent la
frontière au 45e degré. Les seigneuries
furent abolies et la plupart des colons rentrèrent dans la nouvelle « Province of
Quebec. »
À l’époque des Patriotes, de nombreux
« Canadiens » se réfugièrenrt dans les
états du Vermont et du New York. D’autres
s’y installèrent à la recherche d’un emploi
jusque vers 1920. Pendant un siècle au
moins, le lac vit passer beaucoup de barges
remplies de produits d’ici (bois, céréales,
pommes etc) destinés aux États ou de charbon ou d’autres produits américains vendus au Québec. Et depuis près de 100 ans,
beaucoup de plaisanciers vont faire de la
voile sur ce lac grandissime et toujours
aussi beau.
Car il faut souligner que les états du
Vermont et de New York prennent soin
mieux que nous ne l’avons fait jusqu’ici de
l’eau et des rives de ce joyau. Les habitants de la vallée du Richelieu jouissent
ainsi d’une eau abondante et moins polluée.
ONIL PERRIER
Pourquoi pas faire le TOUR DU LAC
cet été ? Voyez l’invitation !
TABLEAU
D’HONNEUR
DE L’ACADÉMIE
DES PATRIOTES
CLUB LOUIS-JOSEPH-PAPINEAU
RASSEMBLEMENT
(RPS)
JEAN GIRARD, Montréal
GÉRARD HÉROUX, Terrebonne
BENOÎT ROY, Saint-Eustache
SAINT-DENIS, Chute-à-Blondeau, Ontario
POUR UN PAYS SOUVERAIN
YVES
CLUB HENRIETTECADIEUX-DE-LORIMIER
LOUIS-PHILIPPE DE LORIMIER, Laval
BERNARD COURTEAU, Sherbrooke
RITA JEAN-DUBÉ, Ville Saint-Laurent
CLAUDE -P. VIGEANT, London, Ontario
CLUB LA-MINERVE-DE-DUVERNAY
GILLES BRASSARD, Beauharnois
SOCIÉTÉ SAINT-JEAN-BAPTISTE
DU CENTRE DU QUÉBEC, Drummondville
GRÉGOIRE BONNEAU-FORTIER, Québec
GILBERT DUPUIS
MEMBRES D’HONNEUR
DE L’ACADÉMIE DES PATRIOTES
GHISLAINE BRASSARD
LÉANDRE FRADET DE LAURENTIE
Certifié conforme, Gilles Rhéaume,
secrétaire de l’Académie
Visitez le site du RPS sur la Toile à l’adresse :
RPS - www.rpsquebec.qc.ca
Être civilisé, au fond, c’est soupçonner que l’autre peut avoir raison.
Page : 12 - Avril 2009 - LA PRESSE QUÉBÉCOISE
RÉSUMÉ: Nos trois amis patriotes se retrouvent, le premier mai 1837, au village de L’Industrie (Joliette) pour l’anniversaire
de David Gérald. La révolte gronde, car des rassemblements se préparent un peu partout au Bas-Canada.